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par là, sur le standard des productions écrites). De fait, il valorise tout un genre
et lui donne des lettres de noblesse en réunissant une collection de pièces
versifiées les plus intéressantes appartenant à Si Mohand, ou à des poètes
secondaires d’Adeni, ou des villages voisins.
Ce livre sera le fidèle compagnon de trois ou quatre générations de Kabyles
lettrés ou fraı̂chement alphabétisés, et comme l’écrit Feraoun « il est ‘‘le Livre’’,
l’unique livres des jeunes kabyles. » L’entreprise de collecte par Boulifa a eu
lieu aux cours des années 1892 à 1896, pendant ses premières années d’exerci-
ces à l’école de formation des instituteurs de Bouzaréah :
« Toutes les poésies de Si Mohand, écrit-il, nous ont été communiquées par
certains élèves du Cours normal et par des jeunes gens du village d’Adeni, qui,
grâce à leur bonne mémoire, nous ont permis de donner ici quelques poésies du
maı̂tre. Pendant quatre années de suite, nous n’avons cessé de les collationner
et de les contrôler avec tous ceux qui ont approché Si Mohand et qui l’ont
intimement connu, soit à Bône, soit ailleurs. Quelques unes que nous avons
lues à l’auteur même ont été déclarées par lui authentiques. 1 »
Si dans la première partie de l’ouvrage, le professeur de kabyle a accordé la
place aux poésies qui lui paraissaient les plus authentiques (108 pièces au total),
pour avoir été contrôlées jusque auprès de l’auteur lui même, dans la seconde il
a réuni des pièces toutes aussi bien frappées (au nombre de 166), mais d’auteurs
moins connus, ainsi que toutes celles de Si Mohand dont il doute de l’au-
thenticité. Les plus belles poésies du recueil, aux dires même de Boulifa (1904 :
LXIV), sont celles qu’il a recueillies de la bouche du poète, les nos 102 à 108.
Feraoun nous dit que Boulifa, poète lui-même, nourrissait une réelle admira-
tion pour Si Mohand-ou-Mhand et goûtait sa poésie avec délectation. Il nous
rappelle les quelques faits biographiques relatifs au barde kabyle, que son pré-
décesseur a réunis et qui ont contribué de façon certaine à perpétuer sa légende.
Pour Boulifa la présentation de ce poète s’annonce en contrepoint de
l’imagerie du général Hanoteau (1867) sur les poètes kabyles. Il s’agit donc
d’un portrait positif pour révéler l’âme d’un poète représentatif de la poésie
paysanne de Kabylie et d’un portrait qui s’inscrit en négatif contre la vision
réductrice de l’auteur des Poe´sies populaires de la Kabylie du Jurjura.
Ainsi la première page de Si Mohand retenue par Boulifa est celle du ‘‘poète
errant’’, qui voyage et improvise selon sa fantaisie. Et, au contraire de la vision
hanotiste, Si Mohand n’est pas de ces poètes qui chantent sur les places
publiques, dans les cafés maures et font de leur art une œuvre mercantile. En
un mot, il n’est pas un meddah au sens stricte du terme. L’image de troubadour
ne lui convient pas ; celle de voyageur errant d’un nouveau genre est plus juste.
La seconde image, très significative de la poésie kabyle, est de voir en Si
Mohand un ‘‘poète de l’amour’’, ou un ‘‘amant des muses érotiques’’.
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Ce qu’a parfaitement compris Boulifa, et l’a souligné avec justesse, est que Si
Mohand incarne au sein de la société kabyle une figure du poète d’un genre
nouveau.
Si les auteurs de la poésie kabyle ancienne sont impersonnels, et excellent
dans le genre hagiographique, épique, édifiant ou satirique, les nouveaux
poètes de la génération 1871 qui manient l’asefru à la mode de Si Mohand
se distinguent dans le lyrisme. Les seconds sont supérieurs dans la chanson
lyrique, conçue comme expansion du « moi », sur les premiers.
Par exemple, un Si Mohand ne s’intéresse en vérité qu’à lui-même ou à tous
ceux qui lui ressemblent. Il peut s’identifier à ses semblables et ces derniers
peuvent parfaitement bien le lui rendre. Yiwen d nekk, wayed. am nekk (L’un
c’est moi-même, l’autre est celui qui me ressemble) dit un dicton bien connu.
Ce poète dit cœur, sentiment, instinct, là où les anciens diraient raison
communément partagée, ordre social, piété, soumission à Dieu.
La vérité chez lui n’est ni vraissemblance ni révélation, mais tout ce qui
existe et qui est perceptible, et exprime aussi l’extraordinaire, l’injuste, l’ab-
surde, le morbide, l’individuel. En fait, l’art mohandien n’est ni simple ni
serein. Bien au contraire, il est prenant et inquiétant parfois.
Si Mohand, bien plus que les poètes retenus par Hanoteau, est le barde
populaire par excellence de la poésie kabyle. Homme issu de la tribu des Beni
Iraten, il est né près de Tizi-Rached (mais Boulifa ne précise pas l’année). Là,
très jeune, son père le place dans une zaouı̈a pour y apprendre la langue sacrée,
la science religieuse et les arts profanes. Il conserve dans la particule de son
nom – la syllabe Si réservée généralement à la caste maraboutique –, l’image de
l’homme lettré qu’était son père. La perte tragique de ce dernier a eu un impact
sur le fils et décidé de son cheminement de poète hors des préceptes sacrés.
Boulifa continue sa narration sur son personnage ainsi :
« Possesseur d’un petit bien qu’il dédaigna de cultiver, il donna libre élan à sa
jeunesse, à ses passions et à sa rêverie, et peu à peu, le patrimoine paternel fut dissipé.
Le poète contemplatif était peu fait pour cultiver le champ de ses ancêtres. Tombé dans
la misère, il suivit son inspiration et alla toujours droit devant lui. Son âme sensible
s’éprit non seulement de la nature mais aussi des créatures ; d’un caractère aimant et
très sentimental, il ressentait plus que tout autre les douleurs de l’ingratitude et de
l’inconstance. Dans ses poésies, il pleure sur son malheur, sur ceux du temps, sur sa foi,
ses croyances, car Si Mohand a cessé depuis longtemps de suivre les prescriptions du
« Livre Sacre´ », Si Mohand a usé des boissons fortes auxquelles il a demandé l’oubli de
ses peines. Toutefois, dans ses dernières poésies, il se reproche sa conduite passée, il
chante le retour vers le pays natal, il implore le dieu de ses pères et lui demande pardon
de ses fautes, en une langue sobre, vive et imagée qui, malheureusement, perd beaucoup
à être traduite. Du reste, dans les poésies qui vont suivre, le barde kabyle, un peu trop
ignoré, se dépeint lui-même ; selon son état d’âme, ses poésies sont tour à tour gaies,
amoureuses ou mélancoliques.
Avec sa nature droite et très sensible, avec son tour meurtri, jeune, encore inassouvi, Si
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Quelques années plus tard, Henri Basset dans sa thèse, Essai sur la litte´rature
des Berbe`res (1920), consacre tout un chapitre à la littérature kabyle (pp. 398-
2. « Il serait cruel de juger avec sévérité cette page un peu naı̈ve, écrira Feraoun (1960b : 18),
dont le mérite insigne restera d’avoir la première esquissé le portrait du poète, tel que l’imagina-
tion populaire se plaisait à le concevoir. »
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427). Dans cet ouvrage, où la méthode pratiquée fait une part belle à la critique
littéraire historique et comparative, l’auteur s’est révélé être un orfèvre en
matière d’érudition dans l’ensemble du domaine, en ayant pris en compte tout
l’existant documentaire. Et malgré, l’insuffisance de la documentation pour
certaines aires dialectales, mal assurée ici et incomplète là, Henri Basset en a
tiré le maximum.
Dans ce travail de synthèse, très novateur en son temps, il fait remarquer
que, grâce au recueil de Hanoteau et tous ceux qui ont été constitués jusqu’au
début du XXe siècle, on possède un siècle d’histoire littéraire kabyle. Ce qui est
déjà beaucoup pour un domaine comme la littérature orale.
Il met en vis à vis deux recueils majeurs de poésies kabyles, que sépare près
d’un demi-siècle, « et quel demi-siècle pour les populations kabyles ! ». Entre
l’ouvrage de Hanoteau (1867) et celui de Boulifa (1904), Henri Basset met une
ligne de démarcation, traduite par une date plus que symbolique : l’année 1871,
celle de la grande insurrection qui s’est mal terminée pour les populations
révoltées contre l’ordre colonial. C’est une année de rupture, et on peut parler
d’un « avant » et d’un « après » 1871.
L’auteur d’Essai sur la litte´rature a parfaitement compris à quel point un
événement historique a pu générer un changement radical, et dans les menta-
lités et dans les comportements culturels dans toute une société, et, par là,
modifier les modes de création et la sensibilité littéraire parmi le public.
« La répression, d’autre part, bouleversa les conditions sociales ; les grandes familles
perdirent leur autorité, de nouvelles puissances, puissances de basse extraction, s’éle-
vèrent sur leur ruine ; et nous venons d’entendre les plaintes des gens attachés à l’ancien
état des choses, devant les transformations que les nouvelles mœurs administratives, et
l’application de lois faites par les chrétiens, apportaient en Kabylie. Un ordre consacré
par de nouveaux siècles disparaissait brusquement, et non sans déchirement. D’aucuns,
rares, préfèrent l’exil à ces changements : ils allèrent s’établir en Syrie. Plus nombreux
furent ceux à qui des querelles personnelles rendirent impossible le séjour de leur
patrie : premier groupe de déclassés que nous allons retrouver dans les villes. » (Basset
1920 : 416-7).
Les changements socio-économiques, la mobilité sociale, le déclassement
des anciens chefs et des élites, le désarroi des générations montantes sont
autant de maux qui ont durablement marqué la société. Une seule issue s’offre
à une partie de la jeunesse : partir et chercher fortune ailleurs. Autant de
bouleversements sociaux qui vont se ressentir dans la création littéraire.
Face aux accusations de Boulifa à l’égard du travail de Hanoteau, dans
lesquelles il est reproché à ce dernier de n’avoir pas enquêté sur la « vraie
poésie » kabyle et de s’être adressé à des poètes secondaires, meddahs ou
créateurs de second ordre, Henri Basset note que « ce n’est pas que celui-ci
ait mal recueilli, c’est que les poètes ont changé de manière » (Ibid., 415-6).
Sur Si Mohand proprement dit, il n’a pas donné d’élément biographique
quelconque car ce n’était pas véritablement son objet, mais, à juste titre et pour
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4. Il s’agit de Mouloud Feraoun, Les Poe`mes de Si Mohand, édition bilingue, Paris, Ed. de
Minuit, 1960, 111 pp. À sa sortie, cet ouvrage a été salué par la critique ; entre autres, Emmanuel
Roblès l’a signalé in « Trois écrivains espagnols et deux poètes algériens », Algeria, no 59,
été 1961, p. 30.
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dans son introduction. Ces différents témoignages donnent lieu bien entendu à
des interprétations contradictoires.
Youcef-ou-Lefki, qui est reconnu par tous comme un disciple de Si Mohand
et un ami durant plusieurs années du poète (même s’ils ne se voyaient pas très
souvent), est un témoin intéressant. « Lorsqu’il a évoqué cette période de son
existence, écrit Feraoun d’après les notes de l’inspecteur primaire, sa vieille
voix tremblait d’émotion, ses yeux éteints à moitié se fermaient et, pour nous
répondre, il rimait, rimait sans fin. On hésitait à l’arreˆter lorsqu’il s’e´cartait de
la question, on hésitait à torturer sa me´moire fatigue´e. Que de faits précieux
demeuraient à jamais enfouis dans les cendres de ses souvenirs et qu’on eut
aimé faire ressurgir ! Mais on le quittait avec l’impression d’avoir visité en un
voyage indiscret et rapide qui n’était pas le vôtre, qui se refusait à vous
accueillir et emplissait votre âme d’une mystérieuse angoisse. Le double de
Si Mohand semblait parler par sa bouche pour vous signifier gentiment d’avoir
à le laisser dans l’ombre, lui qui se pre´occupait si peu de se survivre. » (Feraoun
1960b : 19 ; italiques ajoutées).
Une telle page montre que tout témoignage oral sur le poète disparu, à
l’époque depuis un demi-siècle, est d’une fiabilité toute relative. Ajouter à cela
un témoin privilégié comme Youcef-ou-Lefki, qui se trouvait dans la force de
l’âge à ce moment là, si bien que l’enquêteur n’a pu en tirer que des faits
ordinaires. Cela dit, avec ce témoin, nous sommes loin du portrait idéalisé de
Boulifa :
« Quand j’ai connu Si Mohand, dit Youcef-ou-Lefki, c’était un homme de
grande taille, brun, avec des yeux marrons au regard à la fois ironique et vif. Il
portait une barbiche noire à peine grisonnante. C’était un grand marcheur. Il ne
montait jamais en diligence, train ou automobile, non par crainte du danger mais
par esprit d’indépendance. L’un des traits dominants de son caractère était la
curiosité. Il demandait des détails sur les pays qu’il traversait, sur les gens, sur leurs
mœurs. Il voulait tout savoir. » (Feraoun : 25).
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5. Mokli, qui a très bien connu le poète in Mammeri (1969) n’a pas confirmé les dires de
Si Youcef-ou-Lefki.
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Son divorce et tous ces événements ont été le prélude à la vie vagabonde de
Si Mohand : une trentaine d’années d’errance entre la grande Kabylie et la
région de Bône, parfois jusqu’à Tunis (où se sont installés par la suite sa mère
et son frère cadet). Toujours à pied, comme le dit Youcef-ou-Lefki, sans
préciser toutefois qu’il n’avait guère d’argent pour emprunter d’autres moyens
de locomotion. Il n’est resté sédentaire qu’une brève période de sa vie, durant
laquelle il devient propriétaire d’une gargote près de Bône où il vendait des
beignets aux ouvriers ; mais un jour, il faillit les empoisonner en mêlant par
inadvertance du tabac (du kif selon d’autres versions) à la friture, une mala-
dresse qui a mis fin à son expérience.
Il buvait, fumait, passait beaucoup de temps dans les cafés, mais jamais
jusqu’à l’excès. Il savait rester modéré et avait toujours, en toute circonstance,
un comportement respectueux de la loi, allant jusqu’à exhorter les ouvriers à la
mesure et la haine des dérèglements, ce qui lui donna une réputation de sagesse
fort appréciée. C’est en 1906 (date présumée) qu’il mourut, à l’hôpital des
Sœurs Blanches à Michelet. Auparavant, il alla faire ses adieux aux lieux qui lui
étaient chers et choisir sa dernière demeure au lieu-dit Aseqqif n t.t.mana (‘‘l’abri
protecteur’’), près du sanctuaire de Sidi Saı̈d ou Taleb. À Michelet, le poète y
comptait des amis ; les Aı̈t Sidi Saı̈d, groupe maraboutique, ont réglé les frais
de ses funérailles et ont fait qu’il demeure parmi eux. Son cortège funèbre fut
suivi d’une foule impressionnante : riches, pauvres, vagabonds, des Français et
les infirmiers de l’hôpital... Une multitude de personnes qui lui rendit ainsi un
dernier hommage.
Sa vocation poétique, il la doit, selon la tradition à un ange qui se présente à
lui et lui dit : « Rime et je parlerai, ou bien alors parle et je rimerai. » (Feraoun
1960b : 8). L’aspirant poète opte pour la parole, mais en même temps c’est
l’ange qui est en lui qui parle, et par la bouche de Si Mohand.
Si bien que tous ses vers sont inspirés et toute l’œuvre de Si Mohand
ressemble à une confession. On peut y voir les rêveries d’un poète solitaire et
l’expression subjective et privilégiée des émotions et des sentiments humains.
En effet, on n’y trouve aucun didactisme ou moralisme, mis à part les formules
proverbiales. Si Mohand est un « sentimental » qui utilise le sentiment comme
fonction prédominante, son rapport au monde l’est également, ainsi que son
expression poétique, révélant une grande richesse intérieure et une profonde
sensibilité.
Après Feraoun, c’est Mammeri (1968) qui va reprendre le flambeau. Dans
un pénétrant article, publié dans une revue aujourd’hui difficile d’accès,
l’auteur de La Colline oublie´e trace un portrait du poète avec précision et
annonce un recueil avec de nombreuses pièces inédites en cours de publication.
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mation sur la vie de l’aède kabyle, et qui a confirmé ou infirmé certains faits
anecdotiques. Le corpus de Mammeri compte une douzaine de pièces inédi-
tes récitées par ce compatriote de Si Mohand, et ce dernier aurait même
composé pour lui un poème, « lorsqu’il avait épousé une femme plus âgée
que lui » (Mammeri 1969 : 294, poème no 149). (4) Arezki, un homme vieil-
lard, est lui aussi une mémoire. Une dizaine de pièces. (5) Enfin, à côté de
tous ces « anciens », l’enquêteur mentionne des sources diverses, sans autre
précision : 29 pièces en tout.
Mohand, fils de Mohand Ameziane Aı̈t Hmadouch, est né, suivant le calcul
de Mammeri non plus en 1840, mais vers 1845 à Icheraouen, un des hameaux
de Tizi Rached (tribu des Aı̈t Iraten). Là le récit de l’enfance ne diffère de celui
de Feraoun, sauf que Mammeri y ajoute quelques détails inédits. Il rapporte
notamment que les parents de celui qui sera un poète kabyle de premier plan
sont venu récemment d’Aguemoun, village proche du futur Fort-National.
Mohand Ameziane, son père, et ses deux frères (Arezki et Saı̈d), pour échapper
à une vendetta, sont venus s’établir à Icheraouen en demandant la protection
(leenaya), selon la coutume.
Selon une autre version recueillie par l’enquêteur : Mohand n’est pas né à
Icheraouen, mais à Tighilt El Hadj Ali, autre lieu de la confédération des Aı̈t
Iraten. En fait, toujours selon ce même récit, la mère du poète, Fatima Aı̈t
Saı̈d, est originaire de Taddart Bouadda, un village proche, avait un frère
Amar Aberkane, qui avait pris femme à Tighilt. C’est là que s’est réfugié la
famille avant de trouver asile et protection à Icheraouen. Ce qui fait écrire à
Mammeri en note (1969 :17), et non sans malice, « faut-il mettre cette tradition
sur le compte d’un désir de revendiquer un poète célèbre ? Ainsi sept cités de la
Grèce se disputaient Homère. ».
L’enfance de Mohand s’est passé dans l’insouciance, au sein d’une famille
vivant dans l’aisance. Elle avait des terres, et Mohand Ameziane, le père,
pratiquait l’usure. L’enfant puis l’adolescent reçoit successivement, comme il a
été dit plus haut, son instruction dans deux zaouı̈as. C’est à cette époque, sans
doute, qu’on accole à son nom la particule préfixe « Si », réservée aux clercs.
Ces années de formation d’un esprit et d’une personnalité ont été, malheu-
reusement pour lui, brisées par un événement sans précédent, la révolte de
1871.
Les Aı̈t Hmadouch ayant pris une part active à l’insurrection et, après la
défaite, ces derniers ont été dénoncés à l’autorité militaire par leurs adversaires
et leurs débiteurs. Le père de Si Mohand a été passé par les armes et l’oncle
paternel déporté en Nouvelle-Calédonie. Le second oncle, Saı̈d, doit la vie à sa
fuite en Tunisie. Tous les biens ont été séquestrés.
Si Mohand lui-même a été sauvé de justesse par l’intervention d’un officier.
Le frère aı̂né Akli a emporté ce qui pouvait l’être de la fortune familiale à
Tunis, où il s’est fixé : il s’y maria et acheta un magasin et une petite ferme. Si
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L’amour est un thème important dans son œuvre, influencé par la concep-
tion de l’amour chez les Kabyles de cette époque : ni conquérant, ni empreint
d’une sentimentalité puérile, mais sensuel, instinctif et puissant, hélas toujours
perturbé par les entraves sociales et morales. On retrouve, dans la poésie de Si
Mohand, d’infinies variations sur ces problèmes : éviter de salir une réputation
et les unions mal assorties, se rebeller contre les riches qui prennent les
« perdrix », etc. Toutefois, ce désenchantement permanent qui traverse son
œuvre ne le mènera jamais aux excès et l’auto destructivité, à la manière des
romantiques européens : pas d’alcoolisme démesuré, ni de désespoir égocen-
trique.
Le second thème, celui de l’exil, est bien présent : le triste sort des travailleurs
émigrés, qui se traduit par de dures conditions de vie et des salaires de misère.
Sa patrie est perdue, son monde intérieur aussi. Partout l’angoisse et la
solitude. La désillusion, l’impossibilité de vivre pleinement les choses révèle
ainsi une quête plus profonde, toujours inassouvie, quête existentielle, méta-
physique, ontologique...
Du destin qui lui est tombé dessus, il fera un troisième thème. Ses vers sont
une plainte permanente contre ce monde mal fait, où les uns sont heureux, les
autres seront toujours malheureux. Il fait partie des lésés et, malgré toute sa
bonne volonté pour sortir de l’impasse, il retombe dans ses travers. S’il était
possible de comparer Si Mohand, son destin et son attitude face à celui-ci, à
une, on ne saurait trouver mieux que la figure archétypique de Job. Lui-même
le dit d’ailleurs : « Me voici comme Job / Plus sec qu’un clou » (Mammeri 1969 :
199, poème 71). Se définissant « pauvre comme Job », le poète se trouve en
proie à ses désillusions, à son amertume de voir passer le temps et se trans-
former le monde autour de lui, qui le laisse sur la paille, condamné à l’exil de
son univers et de lui-même et à un âpre dépouillement de tout ce qui, dans sa
jeunesse, le comblait et faisait sa joie.
Ses poèmes sont traversés par la nostalgie du passé. Les transformations
sociales, économiques, politiques et religieuses sous l’ordre colonial sont des
bouleversements violents qui génèrent leur part d’injustice, elles ne consti-
tuent pas un progrès pour Si Mohand ; et bien au contraire, selon son échelle
de valeurs, elles mènent à une dégradation des mœurs, une régression spiri-
tuelle et humaine où règnent le mensonge, l’hypocrisie, l’indignité et le dés-
honneur. Il est déchiré par ce choc entre les valeurs traditionnelles (idéalisées
ici ?) qui sont les siennes et qui lui semblaient régner dans le passé : vérité,
sagesse, honneur, loyauté, fidélité, et les nouvelles valeurs, totalement inver-
sées où sont reconnus les « métèques » et les « canailles » et où les « bons »
sombrent dans la misère.
Il met les méfaits du siècle sur le compte de la destinée, qui est tissée par
Dieu : c’est là un thème récurrent qui parcourt ses poèmes. Cette destinée qui
devient pour lui une douloureuse fatalité, il ne parvient pas à l’assumer, car il
en ressent le caractère injuste et incompréhensible à la raison humaine. Il va
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jusqu’à traiter Dieu d’« être abject » et se révolter contre lui : « Il comble les
fripouilles / Les gave de parfum de girofle / Et moi je passe la nuit dans une
écurie » (ibid. : 347, poème 191).
Mais en définitive, tel que Job, il finira lui aussi par accepter et assumer
pleinement cette inexorable loi de Dieu : « Nul n’est maı̂tre de son destin »
(ibid. : 253, poème 197), mais toutefois, malgré ses plaintes répétées face au sort
tragique qui domine sa vie, son attitude n’en demeure pas moins celle d’un
résistant véritable, non dépourvu d’héroı̈sme : « Nul d’eux ne me commandera
/ Plutôt rompre que plier / Plutôt être maudit / Dans un pays où les chefs sont
des entremetteurs » (ibid. : 153, poème 32).
Grâce à cette chaı̂ne d’écrivains et de berbérisants sur l’aède kabyle et sa
production poétique, il s’est trouvé que Si Mohand a pu être hautement
valorisé et qu’un champ de travaux savants ait pu s’ouvrir. Parmi les recher-
ches postérieures à Mammeri (1969) et qui peuvent retenir l’attention, il
convient de citer : Youssef Nacib, Si Mohand et Verlaine in Anthologie de la
poe´sie kabyle (1993 : 85-122) ; Tassadit Yacine, dans son édition et présenta-
tion de Mammeri Isfra, poe`mes choisis (1994) ; Younès Adli, Si Mohand ou
Mhand, Errance et re´volte (2001). Chacune de ces contributions trouvera sa
place dans une prochain étude sur Si Mohand.
Tels sont les renseignements d’intérêt biographique, qui ont été réunis de
façon cumulative depuis près d’un siècle, sur le poète Si Mohand. Écrire une
bonne biographie sur ce dernier n’est pas sans poser plusieurs types de
problèmes. C’est ce que nous allons voir dans ce qui suit.
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constitutifs du jeu littéraire que sont les formes : les codes rhétoriques, les
techniques narratives, les structures poétiques (Genette, 1972). Dans des
conditions idéales, l’oralité littéraire impose la synchronie : l’œuvre n’a d’exis-
tence concrète que dans le cadre d’une performance donnée, à un instant
donné. Et, pour le chercheur, il est de bon sens de confronter matériellement
cette performance avec des performances antérieures, ce qui permettrait de
mesurer objectivement une évolution de l’œuvre ou du genre.
L’un des problèmes méthodologiques qui sont posés, c’est qu’en oralité
littéraire il ne saurait y avoir d’œuvre « standard » ou de « modèle » d’une
performance p par rapport à une autre pour laquelle on pourrait examiner une
évolution. L’originalité de cette production de tradition orale réside dans le fait
que cette dernière implique un mode particulier de création : la transmission
fait de chaque agent colportant le texte un re-compositeur et rend ainsi vaine la
recherche du texte « premier ». La création et la recomposition sont générale-
ment collectives, même si quelquefois des individus, distingués par leur talent,
sont amenés à créer suivant des modèles en vogue et à remanier telle ou telle
composition en circulation.
Aujourd’hui encore chez les kabylophones, l’oralité demeure vivante, et la
révolution médiatique des cinq dernières décennies n’a pas modifié cet état de
choses. Bien au contraire cette incidence a valorisé l’oralité et stimulé la création
littéraire avec des fortunes diverses. De ce fait, d’innombrables poèmes demeu-
rent dans la tête et sur les lèvres chez de nombreuses personnes, pas spéciale-
ment illettrées et même si la révolution technologique est en train de bouleverser
profondément la représentation culturelle qu’ont les intéressés de leur patri-
moine littéraire oral. Cela n’a pas manqué de frapper plus d’un observateur.
Les progrès dans les sciences humaines et sociales ont été tels que l’histoire
devient exacte, fondée sur des preuves écrites, et le subjectivisme est écarté ;
l’anthropologie est fortement liée au terrain et l’observation directe. Histo-
riens et anthropologues ont travaillé chacun de leur côté jusqu’au milieu du
XXe siècle. Mais dans la seconde moitié du siècle, les perspectives ont changé, si
bien que l’histoire et l’anthropologie se sont rejointes. Des sous-disciplines
sont nées : l’ethnohistoire d’abord, puis l’anthropologie historique.
L’anthropologie et l’histoire se sont donc renouvelées, la première en
reconnaissant la dimension historique de toute société, et de même l’universa-
lité de l’intérêt ethnologique. L’histoire, quant à elle, a intégré des notions de
longue durée (M. Kilani 1992 : 104) et accordé de l’intérêt sans se démentir aux
phénomènes sociaux.
Par exemple, pour l’étude de l’histoire locale, des sources complémentaires
– comme l’histoire provenant de l’oralité, l’analyse linguistique, les docu-
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6. Toby Morantz (2002). L’auteur appuie sa critique sur R. Folgelson (1974). Un chercheur
français, qui a participé à un numéro de la revue Clio traitant de l’histoire orale, y fait remarquer
que l’une des contributions de l’histoire orale, c’est de donner « une coloration inédite et vive » à
l’histoire officielle et académique, alors que plus tard, on ne pourrait faire l’économie de la
réflexion sur la mémoire (Rioux 1983 : 43-45).
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lies, évidemment divergentes, en une seule. Mais il s’agirait là d’un choix
entre l’écriture d’une histoire dominée dans un cadre euro-centré, et celle
que les ethnohistoriens ont toujours pratiquée. Celle-ci offre l’avantage
d’avoir un aperçu sur la pensée des producteurs des textes ; les données
recueillies étant mises à l’épreuve des principes de fiabilité, de représentati-
vité et de cohérence interne comme pour toute autre narration. La démarche
contraire desservirait, à mon sens, complètement la compréhension et le
développement de la littérature et l’histoire d’expression kabyle.
J’espère être parvenu à montrer que les recherches ethnohistoriques en
général sur les sociétés sans écriture, et sur la société kabyle en particulier,
sont bien plus complexes qu’on le pense. Quant à l’approche appelée « histoire
orale », elle recouvre bien des réalités et est en train d’occuper une place de plus
en plus affirmée en ethnohistoire.
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Lmakla-nsen di t¸t¸berna
Tissit di t.t.asa
Tih.dayin akkw gar-asen
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Tissit-nsen di t¸t¸berna
D ucˇcˇi ger t.t.abla
Tiqcicin akkw gar-asen
Abrid l_ Lǧamee i_ geedda
Lmiser d lmersa
Ger Dehbeyya ay d-t¸t¸asen
Les voici tous à Blida / Les enfants de l’exil / Dans les rues ils se promènent //
Ils boivent dans les tavernes / Leur repas est servi à table / En compagnie de jolies
filles //
Par le chemin du village Djemaa on passe / le village Elmisser est le port d’attache /
C’est pour Dahbia que l’on y vient //
À partir de ces deux versions qui ont beaucoup de ressemblances entre elles :
1) On peut envisager l’hypothèse de versions apocryphes d’une pièce versi-
fiée, prise comme la plus authentique si le terme veut dire quelque chose. En
fait, une version canonique (dite comme « authentique ») d’une production de
littérature pourrait très bien être postérieure à d’autres versions, il s’agirait en
fait d’une « recréation ».
2) Sur un modèle généalogique pur, deux pièces synoptiques partageant de
nombreux traits communs et une même thématique n’ont pas d’ancêtres
communs. Ceci, malgré leur ressemblance de structure et de contenu.
Le phénomène de la variante est propre à la tradition orale, et on ne peut
l’évacuer quand on veut remplir le cahier des charges de la méthode scienti-
fique. La variante touche également la tradition manuscrite, et les chercheurs
versés dans l’édition critique des œuvres littéraires connaissent bien cela.
Différents manuscrits peuvent transmettre une œuvre, médiévale ou non.
Chaque copie manuscrite a son histoire propre, et il arrive souvent que des
copies attestent de sérieux points de divergence entre elles : il y a un passage ici,
qui est absent là, etc. Le chercheur qui prépare l’édition critique de l’œuvre va
mettre à contribution tous ces documents dans le but de reconstituer la
« bonne » version de l’œuvre, celle qu’on imagine sortie des mains de l’auteur.
Des médiévistes éminents, comme Jacques Monfrin dans les Documents
linguistiques de la France (1974) et Bernard Cerquiglini dans l’Éloge de la
variante (1989), nous ont convaincu que dans un groupe de manuscrits chacun
doit être étudié en lui-même.
Quand une œuvre, qui est déjà une forme idéale, se présente en diverses
copies, versions ou tirages du texte de cette œuvre, elle comporte de façon
évidente des variantes (tout ce qui varie sur un point donné du texte). Toutes
ces différences d’un support à un autre peuvent toucher au mot (variante
lexicale), à un groupe de mots ou à un fragment, mais aussi à l’ordre des mots,
à un signe de ponctuation, et à la stylistique. Ces variations sont soit des
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7. Ce récit est un élément important de la tradition kabyle. Transmis sur plusieurs générations
d’imeddah.en, il comporte donc des variantes dues aux interventions personnelles de chaque poète
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« L’histoire de vie est une de ces notions du sens commun qui sont entrées en
contrebande dans l’univers savant ; d’abord, sans tambour ni trompette, chez les
ethnologues, puis, plus récemment, et non sans fracas, chez les sociologues. Parler
d’histoire de vie, c’est présupposer au moins, et ce n’est pas rien, que la vie est une
histoire et qu’une vie est inséparablement l’ensemble des événements d’une existence
individuelle conçue comme une histoire et le récit de cette histoire. C’est bien ce que dit
le sens commun, c’est-à-dire le langage ordinaire, qui décrit la vie comme un chemin,
une route, une carrière, avec ses carrefours (Hercule entre le vice et la vertu), ou comme
un cheminement, c’est-à-dire un trajet, une course, un cursus, un passage, un voyage,
un parcours orienté, un déplacement linéaire, unidirectionnel (la « mobilité »), compor-
tant un commencement (« un début dans la vie »), des étapes, et une fin, au double sens,
de terme et de but (« il fera son chemin » signifie il réussira, il fera une belle carrière),
une fin de l’histoire. C’est accepter tacitement la philosophie de l’histoire au sens
de succession d’événements historiques, qui est impliquée dans une philosophie de
l’histoire au sens de récit historique, bref, dans une théorie du récit, récit d’historien
ou de romancier, sous ce rapport indiscernables, biographie ou autobiographie
notamment. » (Bourdieu 1986 : 69)
Dans ce passage sur l’Illusion biographique, le sociologue Pierre Bourdieu a
tout dit. Car une vie n’est ni unitaire, ni « intention » subjective ou objective,
mais l’enquêteur et l’enquêté d’une biographie « ont en quelque sorte le même
intérêt à accepter le postulat du sens de l’existence racontée (et, implicitement,
de toute existence) » (ibid.)
L’engouement du public aujourd’hui pour le mode biographique est tel que
les maisons d’édition dans plusieurs pays du monde en font parmi les genres les
plus publiés et les plus vendus, qu’il s’agisse de récits de vie, de biographie
romancée, de journaux intimes, de lettres, de témoignages ou de fragments de
correspondance.
Il y a les récits assimilables à de l’hagiographie, comme il y a des bio-
graphies-démolitions à travers la vogue des biographies scandaleuses où dire
le pire sur une personnalité reviendrait à dire le vrai. Les uns et les autres
évoquent les errements d’une époque ou les failles d’une société donnée. La
production biographique attire des lecteurs qui cherchent dans la littérature le
moyen de comprendre le réel. Le récit biographique relatif à une figure
littéraire concerne à part entière l’histoire littéraire. Consacrer l’écriture histo-
itinérant. Le récit s’apparente à la fois à l’histoire et à la légende. Il relate la vie d’un héros, d’un
saint et des épisodes de l’histoire locale et mythique.
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Lessing : « Nous fabriquons notre passe´ - c’est peut-eˆtre la plus grave impos-
ture. », un témoignage e´crit de Si Mohand sur Si Mohand n’a rien en soi
d’ordinaire. Bien sûr, c’est une exception et un privilège.
Analyser à travers cet écrit une mémoire qui secrète ses propres arrange-
ments, et reconstruit le monde à sa convenance – c’est compter sur les effets
littéraires, avec leur part d’enjolivement et de fiction –, ce sera un moyen de
repenser Si Mohand ou Mhand et sa production poétique.
Conclusion
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