1121AC0213
1121AC0213
2013-2014
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Séances 3 et 4
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112 – Droit des sociétés 2013/2014
I - CAS PRATIQUES
CAS 1 :
1.
a) Dans quelle mesure un créancier social peut-il se retourner contre un associé d’une
SNC en cas de non-paiement de la dette par la société ?
En cas de non-paiement de la dette par la société dans les huit jours suivant cette
mise en demeure, le créancier social peut alors poursuivre le paiement de la dette
contre un associé.
L’obligation aux dettes des associés en nom est affirmée par l’article L 221-1 du
code de commerce qui précise que les associés en nom collectif ont tous la qualité
de commerçants et répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales.
1
Cass. Civ. 3ème Revue des sociétés 1995 n° 1 janvier mars 1995 p. 41, note Jean François Barbiéri ; Y. Guyon,
Droit des affaires, t.1, 9ème éd., n° 123, P. Merle, Droit des sociétés, Précis Dalloz, 4ème éd. n° 40 ; M. Jeantin,
Droit des sociétés, Montchretien, 3ème éd.,
n° 212.
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112 – Droit des sociétés 2013/2014
b) Les sommes exigées en vertu d’un prêt souscrit au moment où l’associé faisait partie
de la société constituent des dettes sociales antérieures au départ de l’associé. La
cession des parts sociales était postérieure à la date du prêt.
Les associés en nom ne peuvent échapper à leur responsabilité en cédant leurs parts.
Cela signifie que toutes les dettes de la société nées pendant l’époque où
l’intéressé était associé sont couvertes par son obligation légale de garantie. Peu
importe le temps où elles sont devenues exigibles. C’est par rapport à la solvabilité
de la société et de ses associés au moment de la formation du contrat que le
contractant a accepté de traiter avec la société en nom collectif.
2. Une société en nom collectif est-elle engagée à l’égard des tiers par tous les actes
accomplis par son gérant ?
Aux termes de l’article L. 221-5 du code de commerce, dans les rapports avec les tiers, le
gérant engage la SNC uniquement par les actes entrant dans l’objet social.
Conclusion : M. Jacquet ne peut donc pas accomplir cet acte d’achat d’un appartement.
En effet, l’opération envisagée est étrangère à l’objet social et ne peut donc pas
engager la société.
3. Dans quelle mesure un associé de SNC est-il tenu du paiement des dettes sociales à
l’égard des créanciers sociaux ?
Par ailleurs, selon l’article L. 221-14 du code de commerce, pour être opposable aux
tiers, la cession des parts sociales doit, en plus des formalités destinées à la rendre
opposable à la société, être publiée au RCS.
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112 – Droit des sociétés 2013/2014
Dès lors, la combinaison de ces deux articles nous amène à la règle suivante : les
associés de SNC sont tenus de toutes les dettes sociales nées jusqu’à la publication
au RCS de la cession de leurs parts sociales.
En l’espèce, nous devons donc nous poser la question suivante : la cession des parts
sociales de M. BONNEL a-t-elle fait l’objet d’une publication au RCS ? L’énoncé ne
nous le précise pas…
Conseil : Les associés d’une SNC ont intérêt à prendre toutes les précautions
nécessaires pour que la publication des cessions de parts soit effectuée dans les
meilleurs délais.
L’analyse de l’étendue des pouvoirs du gérant d’une SNC doit être menée sous deux angles,
complémentaires :
- D’une part, nous devons définir les pouvoirs de ce gérant dans l’ordre interne, c’est-à-
dire dans ses rapports avec les associés de la SNC,
- D’autre part, nous devons également nous placer dans l’ordre externe, c’est-à-dire
dans les rapports de la société avec les tiers (et plus particulièrement avec ses cocontractants),
afin de déterminer la SNC est engagée ou non vis-à-vis des tiers par l’acte accompli par le
gérant.
Dans l’ordre interne (c’est-à-dire dans les rapports entre le gérant et les associés), les
pouvoirs du gérant sont définis librement par les statuts (art. L221-4 al. 1 C.com). Les statuts
peuvent ainsi interdire au gérant d’accomplir certains actes, ou établir une liste d’actes pour
lesquels le gérant ne peut agir qu’après avoir obtenu une autorisation préalable (des associés
majoritaires par exemple). Si le gérant viole une de ces clauses statutaires limitatives de
pouvoirs, il s’expose à des sanctions futures, décidées ou initiées par les associés : engagement
de leur responsabilité personnelle en cas de préjudice, révocation pour justes motifs (ne
donnant donc pas lieu au versement de dommages-intérêts).
A défaut de précision dans les statuts sur l’étendue des pouvoirs du gérant, celui-ci peut
accomplir tous les actes de gestion qui vont dans le sens de l’intérêt social.
Dans l’ordre externe (c’est-à-dire dans les rapports entre la société et ses cocontractants, plus
généralement les tiers), les pouvoirs du gérant sont limités à l’objet social. Ainsi, la SNC n’est
engagée que par les actes du gérant qui entrent dans l’objet social (art. L221-5, al. 1 C. com).
Les clauses statutaires limitatives de pouvoirs sont inopposables aux tiers.
En cas de pluralité de gérants, ceux-ci peuvent séparément engager la société par les actes
entrant dans l’objet social. Même si un gérant s’oppose aux actes d’un autre gérant, cette
opposition est sans effet à l’égard des tiers, sauf s’il est prouvé qu’ils en ont eu connaissance
(art. L221-5, al. 2 C. com).
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En l’espèce, Monsieur SERGE, gérant de la SNC Alp Authentic, a accompli un acte d’achat
immobilier, au nom de la société. Il a acquis un chalet d’alpage, pour un montant de 1.150.000
€, alors qu’une clause des statuts lui interdisait d’agir seul, au nom de la société, pour un
montant supérieur à 300.000 €. Aux termes de cette clause statutaire, tout acte réalisé au nom
de la société pour un montant supérieur à 300.000 € exige l’accord de la majorité des autres
associés. Cette clause statutaire vient donc valablement limiter les pouvoirs de Monsieur
SERGE, dans ses rapports avec les associés (conformément à la faculté reconnue aux statuts
par l’article L221-4, al. 1 C. com). Par ailleurs, nous pouvons constater que l’acte accompli
par Monsieur SERGE entre dans l’objet social (l’achat de biens immobiliers permettant la
réalisation des activités de restauration est expressément visé par la définition statutaire de
l’objet social).
Par conséquent, sur le fondement des règles légales ci-dessus développées, nous pouvons
établir une double déduction.
D’une part, Monsieur SERGE ayant violé une clause statutaire limitant valablement ses
pouvoirs, nous devons donc considérer qu’il a outrepassé ses pouvoirs dans ses relations avec
les associés (c’est-à-dire dans l’ordre interne).
D’autre part, dans l’ordre externe (c’est-à-dire dans les relations entre la société et les tiers),
en revanche, la SNC est valablement engagée par l’acte accompli par Monsieur SERGE dans
la mesure où cet acte entre dans l’objet social. A cet égard, la violation de la clause statutaire
limitative de pouvoirs est inopposable aux tiers et est donc sans effet dans les relations de la
SNC avec le cocontractant.
Ainsi, Monsieur SERGE a outrepassé ses pouvoirs dans l’ordre interne, mais la SNC est
malgré tout engagée par l’acte accompli en son nom.
2. Quelles sont les conditions et les éventuelles conséquences de la révocation d’un gérant de
SNC ?
La révocation d’un gérant de SNC est régie par les dispositions de l’article L221-12 du Code
de commerce. Aux termes de cet article, la révocation du gérant intervient par une décision
des associés, prise en assemblée générale. La décision de révocation du gérant est soumise à
des règles de majorité qui varient en fonction du statut du gérant. Dans tous les cas, si la
révocation est décidée sans justes motifs, elle pourra donner lieu au versement de dommages-
intérêts au gérant révoqué (celui-ci devra intenter une action en justice pour obtenir cette
indemnisation). Il convient de rappeler que si le gérant révoqué est un associé, il ne perd que
sa qualité de gérant : il demeure donc associé.
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autres associés (art. L221-12, al. 1 C. com). Cette décision de révocation doit être prise par
tous les autres associés, y compris ceux qui sont également gérants. A défaut de clause
statutaire contraire ou de décision de continuation de la société prise immédiatement à
l’unanimité des autres associés, cette révocation du gérant entraîne la dissolution de la société.
Si la dissolution est écartée par une clause des statuts ou par une décision prise sur-le-champ
par tous les autres associés, le gérant révoqué peut se retirer de la société en demandant aux
autres associés le remboursement de ses parts sociales.
- Si la gérance est exercée par un ou plusieurs associés, qui n’ont pas été désignés
gérants dans les statuts : la décision de révocation intervient dans les conditions prévues par
les statuts ; dans le silence des statuts, la décision doit être prise à l’unanimité des autres
associés, gérants ou non. Dans cette hypothèse de gérance, la révocation ne risque pas
d’aboutir à la dissolution de la société. Le gérant révoqué n’a pas la possibilité de se retirer de
la société en demandant le remboursement de ses parts sociales.
- Si la gérance est assurée par un gérant non-associé : la décision de révocation doit être
prise dans les conditions prévues par les statuts ; dans le silence des statuts, la décision doit
être prise à la majorité des associés (majorité par tête). Dans cette hypothèse de gérance, la
révocation ne risque pas d’aboutir à la dissolution de la société.
En l’espèce, nous pouvons constater que Monsieur SERGE est associé et seul gérant de la
SNC, et qu’il a été désigné gérant dans les statuts. Nous pouvons également constater, en
l’absence d’éléments sur ce point dans l’énoncé du cas pratique, que les statuts ne contiennent
pas de clause prévoyant la continuation de la société en cas de révocation du gérant.
Par conséquent, la révocation de Monsieur SERGE devra résulter d’une décision prise à
l’unanimité des autres associés, conformément aux dispositions de l’article L221-12, al. 1 du
Code de commerce.
En principe, le décès d’un associé met fin à la société, sauf clause contraire des statuts
prévoyant la continuation de la société (art. L221-15 C. com). Une décision prise à l’unanimité
des associés survivants, même très rapidement après le décès, ne permet pas d’éviter la
dissolution de la société.
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Lorsque la clause prévoit la continuation de la société avec un ou plusieurs héritiers, elle peut
subordonner leur entrée dans la société au vote d’un agrément (par les associés survivants). En
cas de refus d’agrément, les héritiers exclus seront créanciers de la société et auront droit à la
valeur des parts sociales devant leur revenir dans le cadre de la succession.
En cas de continuation de la société avec les héritiers de l’associé décédé, si l’un ou plusieurs
des héritiers sont mineurs non émancipés, la SNC doit être transformée dans un délai d’un an à
compter du décès. A défaut de transformation dans ce délai, la SNC est dissoute. L’article
L221-15 dernier alinéa envisage expressément la transformation en société en commandite
dans laquelle le ou les mineurs sont commanditaires. Toutefois, il est admis que la SNC se
transforme en une société d’une autre forme. De la même manière, le texte n’envisage que le
cas des mineurs non émancipés. Or, il convient d’étendre cette règle aux mineurs émancipés
qui n’auraient pas obtenu judiciairement la capacité commerciale.
En l’espèce, Monsieur FRED, associé de la SNC, est décédé. Il laisse pour héritiers ses deux
fils : Alain, 21 ans, et Jules, 16 ans. Une clause des statuts prévoit expressément que les
héritiers de l’associé décédé deviendront automatiquement associés de la société, et se
répartiront entre eux les parts sociales détenues par le défunt. Cette clause statutaire ne
subordonne donc pas l’entrée des héritiers dans la société à l’obtention d’un agrément.
Par conséquent, nous pouvons en déduire que le décès de Monsieur FRED n’entraîne pas la
dissolution de la société, dans la mesure où une clause des statuts écarte expressément cette
dissolution et affirme la continuation de la société (conformément à la faculté offerte par
l’article L221-15 du Code de commerce). De plus, l’application des termes de cette clause
statutaire aboutit à intégrer directement et automatiquement Alain et Jules comme associés de
la SNC. Or, Jules n’a que 16 ans et est donc mineur, non émancipé a priori. Dès lors, la SNC
devra se transformer dans un délai d’un an à compter du décès de Monsieur FRED. Si la
transformation se fait en société en commandite (simple ou par actions), Jules ne pourra avoir
que la qualité de commanditaire. A défaut de transformation dans le délai d’un an, la société
sera dissoute.
4. Dans quelle mesure un créancier social peut-il poursuivre un ancien associé de SNC au titre
de son obligation aux dettes ?
Dans la SNC, les associés répondent tous indéfiniment et solidairement des dettes sociales
(art. L221-1, al. 1 C. com). Cette obligation aux dettes sociales est d’ordre public et ne peut
donc pas être écartée par les statuts.
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Ainsi, les créanciers sociaux doivent d’abord mettre la société en demeure, par acte
extrajudiciaire (exploit d’huissier), de payer ses dettes à leur égard (art. L221-1, al. 2 C. com).
Si, dans les huit jours suivant cette mise en demeure, la société n’a pas exécuté le paiement ou
n’a pas constitué de garanties, les créanciers peuvent alors s’adresser aux associés ou à l’un
d’entre eux. La responsabilité solidaire des associés permet aux créanciers de ne pas avoir à
diviser leurs recours, ils peuvent s’adresser à un seul associé et exiger de lui le paiement de
l’intégralité de la dette de la société.
L’associé qui se retire de la société reste tenu, à l’égard des créanciers sociaux, des dettes
sociales antérieures à la publication de son départ (au RCS) et ce, même si la cession de ses
parts a été régulièrement publiée.
Le nouvel associé, qui entre dans la SNC en cours de vie sociale, est tenu de l’intégralité du
passif de la société, y compris les dettes antérieures à son entrée.
En l’espèce, Madame BIANCA était associée de la SNC jusqu’à hier. La SNC a accumulé des
dettes à l’égard d’un fournisseur depuis plusieurs mois. Toutes ces dettes sont nées
antérieurement au départ de Madame BIANCA, et donc a fortiori antérieurement à la
publication de la cession de ses parts sociales. De plus, nous pouvons constater que le
créancier, la SARL « La Crémerie de la Tarentaise », a mis directement en demeure Madame
BIANCA, sans s’adresser préalablement à la SNC.
Dès lors, l’action menée contre Madame BIANCA est infondée. Le créancier ne peut pas
mettre en œuvre la responsabilité indéfinie et solidaire de Madame BIANCA sans respecter la
procédure imposée par le Code de commerce (laquelle implique de s’adresser, dans un
premier temps, à la société). Par conséquent, le créancier doit recommencer sa démarche : il
doit, tout d’abord, mettre la SNC en demeure de régler la totalité de ses dettes ; à défaut de
paiement ou de constitution de garanties dans les huit jours de cette mise en demeure, le
créancier pourra alors solliciter l’un des associés. Si la mise en demeure de la SNC reste
infructueuse, le créancier pourra demander le paiement de la somme de 35.000 € à Madame
BIANCA dans la mesure où son départ de la société, même régulièrement publié, ne l'exonère
pas de son obligation aux dettes au titre des dettes nées avant la publication de la cession de
ses parts sociales.
Dans les SNC, la cession de parts sociales ne peut intervenir qu’avec le consentement de tous
les associés, toute clause contraire étant réputée non écrite (art. L221-13 C. com). Toutefois, la
validité d’une cession de parts sociales ne se limite pas au respect de cette condition de fond.
Elle est également subordonnée au respect de conditions de forme.
- soit le dépôt d’un original de l’acte de cession (acte sous-seing privé) au siège social
de la société contre remise par le gérant d’une attestation de dépôt.
Enfin, il faut encore rendre cette cession opposable aux tiers. A cet effet, il convient, en plus
de la notification officielle faite à la société, de publier la cession au RCS.
La cession ne deviendra opposable aux tiers qu’après la réalisation des deux formalités
complémentaires : notification à la société et publicité au RCS. En revanche, entre le cédant et
le cessionnaire (celui qui achète les parts), la cession est valable et produit ses effets dès
l’échange des consentements.
En l’espèce, Madame BIANCA vient de céder, hier, l’intégralité de ses parts sociales. Nous
en déduisons donc qu’un acte a été établi entre elle et le cessionnaire. Pour s’assurer de la
validité de cette cession, il convient de vérifier que la cession des parts de Madame BIANCA
a bien été autorisée par un agrément voté à l’unanimité des associés. Par ailleurs, Madame
BIANCA doit encore réaliser deux formalités pour que la cession de ses parts produise des
effets à l’égard de la société et à l’égard des tiers. En effet, conformément aux dispositions de
l’article L221-14 du Code de commerce, deux conditions de forme s’imposent encore à elle :
- Elle devra, dans un premier temps, notifier à la société la cession intervenue. La
cession de ses parts est probablement intervenue par acte sous-seing privé. En conséquence,
elle devra signifier la cession à la société par acte d’huissier, ou déposer au siège social de la
SNC un original de l’acte de cession contre remise par le gérant d’une attestation de dépôt.
- Elle devra, dans un second temps, procéder à la publicité de l’acte de cession au RCS.
Une fois ces deux formalités complémentaires effectuées, l’acte de cession produira alors
pleinement ses effets à l’égard de la société et à l’égard des tiers.
6. L’apport à une société d’un bien commun par un époux marié sous le régime de la
communauté légale réduite aux acquêts permet-il à son conjoint d’être également associé de
cette société ?
L’apport à une société d’un bien commun par un époux marié sous le régime de la
communauté légale réduite aux acquêts est encadré par certaines dispositions du Code civil.
Dans tous les cas, la qualité d’associé est attribuée à l’époux apporteur.
Ainsi, l’apport de certains biens exige l’autorisation du conjoint, à peine de nullité. Il s’agit,
principalement, des immeubles, des fonds de commerce, des exploitations artisanales et des
exploitations agricoles. Cette obligation s’impose quelle que soit la société. Le non-respect de
cette règle est sanctionné par la nullité : si un époux apporte à une société l’un de ces biens
pour lesquels l’autorisation du conjoint est requise, ledit conjoint peut demander, par voie
judiciaire, l’annulation de l’apport (cette action en nullité étant enfermée dans un délai de deux
années à compter du jour où le conjoint a eu connaissance de l’apport litigieux).
Pour les autres biens, l’apport en société est soumis à une formalité lorsqu’il est fait au profit
d’une société autre que par actions. S’il est réalisé au profit d’une société par actions, aucune
formalité n’est à accomplir : l’apport est donc libre.
Lorsque l’apport est réalisé au profit d’une société autre que par actions (c’est-à-dire au profit
d’une société civile, d’une SNC ou d’une SARL), l’époux apporteur doit impérativement
respecter une double formalité (art. 1832-2 C. civ.) :
- d’une part, en informer son conjoint ;
- d’autre part, prouver dans l’acte d’apport que l’information a bien été donnée au
conjoint.
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A défaut, le conjoint peut demander, par voie judiciaire, l’annulation de l’apport (cette action
en nullité étant enfermée dans un délai de deux années à compter du jour où le conjoint a eu
connaissance de l’apport litigieux).
En revanche, si les statuts de la société contiennent une clause d’agrément visant les conjoints
des associés ayant apporté un bien commun à la société, deux situations doivent être
envisagées :
- si le conjoint notifie sa demande lors de l’apport, la clause d’agrément vaut alors pour
les deux époux ;
- si le conjoint notifie sa demande postérieurement à l’apport, la clause d’agrément ne
s’appliquera qu’à lui ; l’époux associé ne participe alors pas au vote et ses parts ne sont pas
prises en compte pour le calcul du quorum et de la majorité.
Le bien apporté ne relève pas de la catégorie des biens pour lesquels l’autorisation du conjoint
est requise en cas d’apport à une société. Par conséquent, Monsieur LUCAS n’était pas tenu
d’obtenir l’autorisation de son épouse. Néanmoins, l’apport étant effectué à une SNC, il
devait, conformément aux dispositions du Code civil, en informer son épouse et prouver dans
l’acte d’apport l’existence de cette information. Or, Monsieur LUCAS n’a pas informé son
épouse de cet apport. Par conséquent, celle-ci peut exercer une action en justice afin de
demander l’annulation de l’apport effectué en violation des règles de l’article 1832-2 du Code
civil. Cette action est tout à fait envisageable, car le délai de prescription de deux ans n’est pas
arrivé à expiration.
Toutefois, puisque Madame LUCAS est intéressée par la société, une autre solution s’offre à
elle : elle peut demander à devenir associée de la SNC, à hauteur de la moitié des parts
sociales reçues par son mari en contrepartie de l’apport de la voiture. Elle n’aura donc pas de
nouvel apport à réaliser pour devenir personnellement associée. Les statuts de la société
contenant une clause d’agrément visant cette hypothèse, elle ne deviendra toutefois associée
que si elle obtient l’agrément sur lequel voteront tous les associés à l’exception de son mari
(dont les parts sociales ne seront donc pas prises en compte pour le calcul du quorum et de la
majorité).
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CAS 32 :
1. Les ventes immobilières se passent en deux temps. Les parties signent dans un premier
temps un avant contrat (soit une promesse unilatérale de vente, soit un compromis de
vente), puis un acte authentique est établi par un notaire.
Lorsque l’avant contrat est un compromis de vente, il s’agit en réalité d’une promesse
synallagmatique de vente. Cela signifie que cette promesse est réciproque : elle engage
donc les deux parties, c’est-à-dire le vendeur et l’acheteur. Le vendeur s’engage de
manière définitive à vendre et l’acheteur à acheter. Le Code civil analyse le compromis
comme une vente parfaite. En effet, l’article 1589 de ce code prévoit que « la promesse
de vente vaut vente, lorsqu’il y a consentement réciproque des deux parties sur la chose
et sur le prix. La vente est alors définitive, le futur acte notarié de vente n’étant donc
finalement qu’une modalité d’exécution d’un contrat déjà définitivement conclu.
Conclusion : Le compromis de vente étant une vente ferme et définitive, effectuée sous
seing privé, il doit donc, selon les dispositions statutaires, être précédé d’une
délibération unanime des trois gérants. Signé par un seul gérant, sans accord des deux
autres gérants, il a donc été conclu en violation des dispositions statutaires.
2. Dans les rapports avec les tiers, le gérant engage la société par les actes entrant dans
l’objet social.
Les clauses statutaires limitant les pouvoirs des gérants sont inopposables à ces derniers
(C.Com., art. L. 221-5).
Mais la révocation décidée sans juste motif peut donner lieu à dommages-intérêts (C.
Com., art. L. 221-12).
2
Cas adapté de Germain et Legros : travaux dirigés de droit des sociétés 6ème édition LITEC 2004
3
Des controverses semblent opposer les auteurs sur le point de savoir si les associés gérants ont le droit de voter
la révocation du ou des autres cogérants. Selon M. Germain et J.P. Legros « un argument de texte semble le
permettre : l’article L. 221-12 du Code de commerce, qui concerne la révocation des gérants non statutaires,
prévoit une décision prise par les autres associés gérants ou non. A contrario, l’article L. 221-12, alinéa 1er,
n’évoquant qu’une décision des autres associés prévoirait seulement l’unanimité des associés qui ne sont pas
gérants ». Selon Mercadal et Janin, (Sociétés commerciales, 2004, n° 3839) : Il est vrai, et il s’agit là d’une des
incertitudes fréquentes de l’interprétation des textes juridiques, qu’il est tout aussi possible d’affirmer que,
l’article L. 221-12, alinéa 1er, ne distinguant pas, l’interprète ne doit pas distinguer, il ne faut pas distinguer
entre les associés gérant et les autres et les premiers ont aussi bien le droit de voter la révocation que les second
car le texte ne fait pas la distinction entre les 2 catégories d’associés.
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112 – Droit des sociétés 2013/2014
Conclusion : Dans notre affaire ce juste motif de révocation existe puisque Alexandre a
signé le compromis de vente de l’immeuble en violation des dispositions statutaires.
Alexandre ne pourra donc pas prétendre au versement de dommages-intérêts.
4.
a) La révocation d’Alexandre DITER, associé gérant statutaire, entraîne la dissolution
de la société (C. Com., art. L. 221-12 al. 1er).
Mais cette dissolution peut être évitée, soit que la continuation de la société soit
prévue par les statuts, soit que les autres associés la décident à l’unanimité. Si les
statuts de la société « DITER et Compagnie » ne contiennent pas une telle clause, il
est donc possible pour tous les associés, à l’exception d’Alexandre, de décider la
continuation de la société.
Si Alexandre choisit de se retirer, la valeur de ses parts sociales sera déterminée par
un expert désigné, soit par les parties, soit à défaut d’accord entre elles par
ordonnance du président du tribunal (1843-4 du Code civil).
CAS 4 :
1. Dans une affaire similaire4, la cour d’appel de Paris a considéré qu’il résulte de
l’article L 221-12 du code de commerce « qu’à défaut de dispositions particulières
dans les statuts, la révocation d’un gérant ne peut être décidée par les associés que
dans l’hypothèse où la société comprend au moins, en dehors du gérant lui-
même, deux autres associés ; que sa rédaction où figure, d’une part l’usage du
pluriel « les associés » et d’autre part, l’emploi du terme « unanimité », exclut
bien la possibilité de révocation du gérant par l’autre associé lorsque le capital
n’est détenu que par deux personnes ».
Conclusion : « Axe développement » ne peut donc pas se fonder sur l’article L 221-
12 du code de commerce pour révoquer l’autre société cogérante car il n’y a que
deux associées.
2. La révocation judiciaire :
CAS 5 :
Une telle clause n’est pas valable. Elle ne pouvait l’être que s’il avait été prévu que
l’intéressée lui succéderait aussi dans sa situation de commandité et qu’elle
abandonnerait celle de commanditaire.
2. Gérance de la SCS.
On peut penser qu’une personne non associée peut devenir gérant d’une SCS par
application combinée des articles L 221-3 et 222-2 du code de commerce. Mais le
gérant non associé ne saurait alors être choisi que par les commandités.
Il est à noter que, dans notre cas, le candidat n’était pas associé. Il ne peut être
nommé que si les commandités l’agréent. Or, tel n’est pas le cas ici, Sylvie
SIMONET n’étant pas commanditée.
Ainsi le cédant reste tenu du passif social et ne peut pas se dégager de la société en soutenant
que le créancier a eu une connaissance personnelle de la cession.
Le principe de la responsabilité indéfinie et solidaire des associés aux dettes sociales est
posé par l’article L. 221-1 du code de commerce.
Le principe posé par l’article L 221-1 du code de commerce est d’ordre public : aucune
stipulation contraire des statuts ne pourrait faire exception, en faveur des associés, à la
règle de responsabilité indéfinie et solidaire.
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Bien sûr les associés ne sont responsables que dans la mesure où la société ne veut ou
ne peut payer une dette sociale :
• La poursuite des associés n’est possible qu’après que la mise en demeure soit restée
infructueuse pendant un délai de 8 jours : c’est donc le simple refus de payer qui
justifie la poursuite des associés.
• Grâce à la solidarité passive existant entre les associés, les créanciers sociaux ne
sont pas tenus de diviser leurs poursuites.
• Si tous les associés sont gérants ou si le ou les gérants sont des associés désignés
par les statuts, leur révocation ne peut être décidée qu’à l’unanimité des autres
associés (C. Com., L 221-12 al. 1).
• Si le gérant est un associé mais n’a pas été désigné par les statuts, sa révocation
sera décidée selon les modalités prévues par les statuts. Si rien n’a été prévu dans les
statuts, la décision de révocation sera prise à l’unanimité des autres associés.
• La révocation du gérant non associé est décidée dans les conditions prévues aux
statuts, à défaut, la décision est prise à la majorité.
Outre les causes de dissolution applicables à toutes sociétés, la SNC comporte des
causes de dissolution particulières.
◊ Décès d’un associé (C. Com., art. L 221-15) : le décès de l’un quelconque des
associés emporte dissolution de la SNC. Mais les statuts peuvent prévoir la
continuation de la société :
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112 – Droit des sociétés 2013/2014
• Continuation avec les seuls associés survivants : les héritiers deviennent de plein
droit créanciers de la SNC pour la valeur des parts sociales de leur auteur (C.
Com., art. L 221-15).
• Continuation de la société avec tous les héritiers de l’associé décédé (sauf s’il y
a des mineurs auquel cas la société a une année pour se transformer en SCS, le
mineur devant y être commanditaire.).
Il serait paradoxal que les associés dont les risques sont limités engagent la société
vis-à-vis des tiers alors que seuls les associés commandités sont indéfiniment et
solidairement responsables des dettes sociales.
Mais les juges pourront tout de même moduler l’étendue de la sanction suivant le
nombre ou l’importance des actes de gestion prohibés.
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112 – Droit des sociétés 2013/2014
IV - TEST DE CONNAISSANCES
1. Faux.
2. Faux.
3. Vrai.
4. Vrai.
5. Vrai, mais des dommages-intérêts doivent lui être versés par la société en l’absence
de juste motif.
6. Vrai.
7. Faux.
8. Vrai.
9. Faux.
10. Faux
11. Vrai
12. Vrai
13. Faux
14. Faux
15. Vrai
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