Fouchet

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Le diagnostic ne sert pas uniquement à donner le nom d’un trouble.

Le diagnostic tente de rendre


compte de cet ensemble de relation entre les éléments qui constituent cette dynamique subjective.
Le nom d’un trouble ne rend pas compte des relations entre les différents éléments du système.

En tant que thérapeute, on a une place dynamique, on fait partie de l’univers du patient, nous
sommes d’une façon responsable de ce qui arrive au patient. Nous ne sommes pas de simples
observateurs. Nous sommes attentifs à ce qui, chez nous, peut aider le sujet à surmonter ce qui est
pour lui difficile ou insurmontable.

Nous sommes partie prenante en tant que clinicien. Sur le plan de l’accompagnement, nous faisons
partie des figures que rencontre le sujet. Nous allons le soutenir dans ce qu’il essaye de faire pour
l’aider dans son rapport à l’autre. Le risque est que nous pouvons également être un obstacle pour le
sujet. Le premier élément de traitement mis en place est le traitement de « l’autre » du sujet, de la
personne à qui il doit faire face (nous et l’institution faisons partie de cet autre).

La première fonction d’un accompagnement psy est une fonction d’adresse (permettre au patient de
se mettre à nos côtés et de nous saisir comme adresse, lui permettre de dire quelque chose de sa
souffrance). Cette fonction est essentielle.

Dans cette approche, on est pris dans la dynamique, on fait partie de l’univers relationnel du patient.
On est engagé en tant que partenaire dans la dynamique, nous sommes impliqués. Sur le plan de
l’accompagnement thérapeutique, nous serons très attentifs sur ce qui chez nous, peut aider le sujet
et peut l’aider à surmonter ce qui est difficile pour lui, voir impraticable.

Lire Alfredo Zedoni

Il est important de se connaître nous avant de s’engager dans la relation thérapeutique avec l’autre.
On tente de formuler des hypothèses sur ce qui forme une dynamique, avec l’idée que nous sommes
partie prenante en tant que clinicien. On va considérer que l’on fait partie des figures de l’autre que
rencontre le sujet. On se met donc aux côtés de l’autre dans son travail sur son rapport au corps…
avec le risque bien sur de constituer un obstacle pour le sujet.

Le traitement de l’autre du sujet, de l’autre auquel le patient a à faire face. On ne sait pas ce qui est
impraticable pour le sujet au début de la relation thérapeutique. C’est une dynamique subjective
complexe dans laquelle nous sommes impliqués. On peut être fixé/ identifié à une image qui peut
être aliénante. La dynamique est une dynamique où les mouvements sont des mouvements de lien,
de séparation et de distance. Mais c’est en même temps un point d’appui et un point dont on se
sépare pour construire ses propres points d’identification.

On suppose quelles sont les représentations que l’autre à des nous. La supposition d’un univers de
représentation auquel l’autre nous associerait. Ce qui, dans l’autre se situe du côté de la
représentation/ de l’image est un point d’appui pour le sujet. À partir de là, il sera possible de
formuler des hypothèses pour le clinicien.

Chaque sujet a sa trajectoire singulière, mais chaque sujet est de la même façon confronté aux
mêmes questions, aux mêmes difficultés. Il n’y a pas de séparation entre les gens qui fonctionnent de
manière différente.

En tant que clinicien, on est engagé. On est engagés dans un travail sur soi pour jouer avec plus de
souplesse de ses caractéristiques personnelles et de ses pensées. On essaye d’avoir plus de souplesse
dans nos façons de faire.
Il est essentiel de savoir mettre entre parenthèses certains éléments de notre lecture du monde,
pour savoir se montrer suffisamment curieux par rapport aux représentations du sujet.

On a dans l’idée que la personne qui a les moyens de dire une série de choses sur la situation dans
laquelle elle se trouve, c’est le sujet. Le clinicien lui, doit se rendre compte que c’est le sujet qui fait le
travail. Il doit soutenir le sujet sans être un obstacle à son travail. Il faut mettre le projecteur sur ce
que le sujet peut nous apprendre. La position du clinicien est une position pleine de modestie. La
position du sujet est celle de celui qui aura quelque chose de fondamental à nous apprendre (difficile
de dire si c’est une position haute ou basse).

Il faut permettre aux sujets de venir vers nous et de nous parler. Certains sujets ont dans l’idée qu’ils
n’ont pas besoin de consulter un psychologue car il considèrent que c’est pour les fous, et cela
constitue un obstacle à la relation.

Les êtres humains pensent le monde de manière très narcissique, il pensent le monde selon leur
vision des hoses, et pensent que les choses fonctionnent à leur manière. Nous avons donc une
interprétation/une lecture des choses dès que l’on voit le patient. Là où on a l’impression que c’est
familier, on a une lecture qui ne permet pas tellement de percevoir les particularités et les
différences. -> Tâche aveugle

Les autres nous font apercevoir nos erreurs, il nous offrent un retour sur ce qu’on dit. Les
supervisions permettent de nous rendre compte de nos tâches aveugles (réunions avec les
collègues).

Dans le champ de la clinique, on a à voir à la fois à des choses spécifiques (qui ne se produisent pas
dans d’autres lieux, qui ne fonctionnent pas de la même façon que d’autres institutions), mais il y a
aussi une spécificité de la part du sujet (de s’adresser à une personne en sachant que le secret est
gardé).

Le secret professionnel est très important. Cette garantie de savoir que nos paroles sont gardées et
ne seront connues de personne est très précieuse et est primordiale.

Une caractéristique centrale de la folie est la dimension d’aliénation ( ne pas se sentir libre,
indépendant, autonome). Il ne se sentent que comme des marionnettes. Certains de ces sujets
présentent des caractéristiques qui se rapportent à l’aliénation. Cette aliénation est épuisante, il faut
donc essayer de trouver des solutions pour aider le sujet à se reposer.

La fonction sociale que les institutions occupent permettent aux sujets de se poser et de se reposer,
de se débrancher, de se mettre à l’écart de la place et de la position impraticable dans laquelle ils se
trouvent.
Cours 3
Résumé du cours 2 :

Tout ce qui concerne Margueritte nous concerne, mais s’applique de manières différentes chez
chacun (en fonction de notre rapport au corps et au rapport à nous-même).

Aspect 1 : Nous nous servons beaucoup du matériel symbolique d’une part, et imaginaire d’autre
part (très utilisé par les humains). C’est un registre très important qui rend compte des difficultés que
nous rencontrons dans le champ de la clinique, comme des difficultés relatives à la condition
humaine.

Aspect 2 (à mettre en tension avec le premier) : dans le même temps, Margueritte semble dans un tel
état d’épuisement, d’impossibilité de répondre à ce à quoi elle est confrontée autrement que par un
débranchement radical. C’est tellement difficile, elle a tellement peu de point d’appui pour trouver
des solutions, que l’institutions psychiatrique devient pour elle un refuge, un moyen de se reposer.
Les institutions permettent à des sujets de se poser et de se reposer quelque peu, de relancer
autrement cette dynamique, de se mettre à l’écart de la position impraticable dans laquelle se trouve
le sujet pour que du lien puisse se relancer et se nouer.

À la fois, Marguerite témoigne de difficultés que rencontre chaque être humain, et en même temps,
ce à quoi st confrontée Margueritte est tellement impraticable que l’institution du champ de la santé
mentale (autre que celle qu’elle rencontre dans sa vie quotidienne) devient une sorte de nécessité,
de réponse sociale, de possibilité de mise à l’abris.

Première dimension : celle de la solitude à opposer à celle de l’adresse, de la possibilité de l’adresse


(adresser un témoignage).
Le premier registre de difficulté pour elle est la solitude fondamentale. C’est un registre que tout
sujet est susceptible de rencontrer parce que, d’un côté, les lieux d’adresse doivent exister dans
l’autre (tout faire pour que les sujets puissent instituer l’autre comme témoin, comme quelqu’un de
suffisamment digne de confiance pour instituer sa parole), et d’un autre côté, il faut que le sujet
consente à les investir. Le sujet doit placer sa confiance dans le psy, quelqu’un qu’il ne connaît pas et
qui n’a pas encore pu faire des preuves de sa confiance. C’est pourquoi, dans un premier temps, le
travail du psy est celui de créer un espace qui puisse occuper comme fonction l’accueil (accueil du
sujet et de la confiance du sujet). La confiance se gagne d’entretien en entretien, de rencontre en
rencontre : c’est un travail actif et d’élaboration (réfléchir aux façons de faire et aux façons de dire). Il
est devenu difficile d’investir le lien social dans ce monde extrêmement individualiste. On se rend
compte à quel point tout individu est susceptible de rencontrer un moment de solitude qui nécessite
une présence, quelqu’un pour écouter. Cette fonction de l’écoute renvoie à des choses très précises :
l’adresse, le témoignage, qui nécessitent que l’autre soit là et instituent un lieu qui permet l’écoute.

Deuxième dimension : la présence et l’absence de boussole


Margueritte est complètement perdue et ne possède pas de boussole qui lui permet au quotidien (et
à plus long terme) de donner une direction à son existence. Elle n’arrive pas à décider de quoi que ce
soit. La présence/l’absence de boussole peut être considérée assez facilement comme une
dimension, comme quelque chose à quoi un sujet peut être confronté et qu’il soit ou qu’il ne soit pas
atteint d’un trouble psychopathologique. C’est une dimension qui peut s’appliquer à chacun d’entre
nous. Notre boussole est quelque chose que nous construisons en allant chercher les éléments qui
nous permettent de la construire dans l’autre.
Il faut parler au sujet, aller puiser dans le sujet, pour le mobiliser et créer un élan. Il faut aussi que
certain degré de croyance pour que ces réponses comptent.

Comment continuer à faire exister des lieux qui permettent de penser que lorsque l’on se lève le
matin, ça vaut la peine de se lever, matin après matin ? Qui permettent de monter qu’il y a des
perspectives, qu’il y a des choses qui valent la peine d’être investies (c’est tout une série de
croyances) ? L’être humain est très caractérisé par sa capacité à mobiliser tous ces registres que sont
les croyances (registres réels et imaginaires). On s’appuie de manière très aveugle sur cette croyance
qui est de penser que chacun d’entre nous est un individu libre, autonome, que la vie vaut la peine
d’être vécue, qu’on peut faire des choses et que ces choses comptent (on le fait sans y prêter
attention). Est-ce que les choses qu’on fait comptent, sont importantes ? Elle sont importantes car
nous y prêtons de l’importance.

Margueritte témoigne du fait qu’elle n’est pas aveuglée par des croyances. Elle est aux prises avec
une solitude très radicale, avec une absence de boussole très radicale, et n’est donc pas prise par cet
aveuglement. Elle semble dégagée de ce voile, de ces moteurs, de ces points d’ignorance qui font
obstacle au savoir. En être dégagé constitue une rencontre brutale avec le réel.

Troisième dimension : l’aliénation

Margueritte témoigne du fait qu’elle est confrontée à un registre d’aliénation qui peut s’appliquer à
chacun d’entre nous. Le fait d’être marionnetisée, le fait que nos mots ne soient pas nos mots, que
nos idées ne soient pas nos idées (on ne les a pas crées de toute pièce, elles nous viennent de l’autre
même si on les a arrangées à notre façon). Il n’est pas délirant de penser que nous sommes des
marionnettes, mais Margueritte le vit de façon brutale. Elle est dépossédée de cette sorte
d’aveuglement. Cette aliénation la prend très directement dans le corps. Ce qui est en jeu pour elle
c’est de pouvoir introduire ces coupures et ces registres de coupures, qui est très essentiel pour
l’être humain.

Margueritte mobilise un registre de réponse de ce à quoi elle est confrontée, et qui peut d’appliquer
à chacun d’entre nous : c’est le registre de la nomination. Parmi les façons singulières de répondre à
la solitude, à l’absence de boussole, à l’aliénation il y a des nominations. Elle met ça sur le compte du
spiritisme, elle vit dans la suggestion. La nomination permet de localiser quelque chose qui part dans
tous les sens. Cette dynamique fait partie, pour le meilleur et pour le pire, des réponses que les êtres
humains donnent à ce à quoi ils sont confrontés : c’est du spiritisme.

Dans la paranoïa, contrairement à la solitude, l’autre est là, il est institué, il est bien présent et
incarné. Ce n’est pas seulement un sentiment d’être une marionnette (comme ça l’est pour
Margueritte), c’est un autre institué. Il y a une croyance qui se transforme même en certitude, ce qui
permet de créer un récit qui nous parait totalement logique (ex : je suis surveillé et je me pose plein
de questions, mais malgré ces questions il y a un point de certitude, c’est que je suis surveillé). Les
dispositifs sont mis en place pour accompagner les sujets avec l’hypothèse de la paranoïa, mais cela
peut concerner chacun d’entre nous.

Il va chercher dans le domaine de la psychiatrie quelques grandes dimensions qui semblent


participé/avoir participé à la construction de la psychopathologie, et de montrer en quoi, s’il est
possible de les situer dans des dimensions qui sont directement connectées avec la clinique
structurale.
Ce qui devient intéressant lorsque l’on tente d’accompagner Margueritte, lorsque l’on tente avec elle
de soutenir des inventions c’est la possibilité d’éventuellement faire des propositions de nomination
qui constitueraient des points d’appui. Elle n’est pas très sensible aux grandes démonstrations, aux
grands discours articulés, et ça permet de faire la différence entre la schizophrénie et la paranoïa.

Il y a d’autres nominations que celles des suggestionistes, d’autres nominations qu’elle évoque.
Quand on prend les choses en termes d’inventions, à ce moment là sur le plan de
l’accompagnement, l’élément qui devient tout à fait essentiel est celui de la praticabilité. On ne se
demande pas ce qui est normal, quelle est la normalité du sujet.

C’est une nomination qu’elle formule plutôt dans le sens d’une croyance qui ne se discute pas.
Quand elle dit « c’est du spiritisme », ce n’est pas la même chose que « j’ai peut-être », c’est plutôt
du côté de la certitude. Et la certitude en termes de nominalisation, une certitude moins compatible
avec le lien social que « j’ai peut-être tout de même le cerveau un peut dérangé ».

On voit qu’au fond, si on prend les choses en termes de conséquences des inventions, qu’elle
s’attache à une invention comme « c’est du spiritisme de la suggestion », ça lui permet à elle-même
de localiser et de nommer, mais ça permet assez peu de choses dans l’inscription au lien social. Par
contre, nommer en termes de « j’ai peut-être tout de même le cerveau un peu dérangé », c’est plus
souple, c’est plus en termes d’hypothèses que de certitude, et ça ouvre à pas mal de possibilités à
partir de cette nomination qui peuvent s’offrir à elle ou au clinicien en termes de propositions (ex :
possibilité de dire « si vous vous posez ces questions-là, ça vaut peut-être la peine d’aller rencontrer
un médecin »). Le clinicien peut lui faire des offres de rencontres possibles avec des professionnels
(autres que lui-même) avec lesquels elle pourrait se constituer un petit réseau.

Lis idées et les pensées touchent directement au corps. Cette nomination est une nomination qui lui
donne une place, elle est objet des suggestions.

Une médicalisation de ses difficultés peut devenir une voie à travers laquelle des inventions viennent
un peu organiser les choses pour trouver leur place.

Cette approche structurale, en termes de dynamiques structurales considère qu’au fond, ces
questions sont vraiment très importantes, et vont surement animer les débats pendant très
longtemps. Mais il y a des grandes chances qu’on n’arrive jamais à répondre à ces questions.

Cette question est très importante, il faut donc que des chercheurs continuent de s’y intéresser, mais
on peut également s’en passer. On n’a pas toujours besoin de toutes les réponses du fin fond des
énigmes. C’est la même chose avec ces questions en rapport aux inventions et au style, on n’a pas
besoin d’avoir la réponse à la question pour partir du fait que ça part comme ça, et aux
conséquences que ça a sur la dynamique.

Ce n’est pas une approche qui privilégierait d’une façon ou d’une autre de soutenir ce qui est normal
ou pas normal. L’idée n’est pas d’accompagner le sujet en fonction d’une série de discours qui
seraient déjà là sur la normalité. L’idée c’est d’accompagner le sujet en fonction de ce qu’il peut
produire, de ce à quoi c’est susceptible de servir en termes d’inventions et en termes de praticabilité.
On tente de repérer la norme/les normes valables pour le sujet lui-même. C’est donc une norme au
cas par cas, de repérer ce qui fait point d’appui, ce qui constitue les normes de fonctionnement du
sujet pour, avec lui, procéder à des inventions qui vont donner plus d’assises, plus de liberté, plus
d’oxygène. Beaucoup de sujets tentent de paraitre normaux et de tenir des discours qui tentent de
paraitres normaux, si c’est le cas, nous allons suivre l’orientation du sujet. Mais pour d’autres sujets,
non, on soutiendra des façons de faire et de penser, de nommer qui ne s’inscriront pas dans les
discours habituels et dans la norme.

Si on pense les choses en termes d’objectifs et de finalités, vous tentez à ce moment-là de mettre en
place un accompagnement et de clairement dire par avance quelle est sa vision (qu’est-ce que je
souhaite ? où je souhaite arriver ? que vais-je produire ?). Si on va dans cette direction là il est
difficile de dire quelque chose sur ce que je souhaite produire, sur là où je veux amener le sujet, sans
se référer à des normes/à des constructions normatives. On le fait en fonction de l’idée que l’on se
fait du bon fonctionnement.

Il faut accueillir le style du sujet, et son style c’est aussi ses difficultés et ses réponses à ses difficultés.

Sur le plan des fondements épistémologiques, c’est une orientation qui s’appuie sur une conception
de l’être humain (le point d’appui c’est sur une conception de l’être humain), et qui produit aussi une
conception de l’être humain, où on considère que toute une série de difficultés rencontrées par les
êtres humains sont des difficultés qui sont présentes parce qu’il s’agit d’êtres humains. Le sujet doit
bricoler et s’inventer ses propres réponses, et il va le faire en s’appuyant sur le matériel dans lequel il
peut aller puiser dans les espace sociaux et culturels dans lequel il peut aller puiser. Il y a toute une
série de possibilités de « faire avec », mais un faire avec qui est qu’au fond, pour l’être humain, la
normalité c’est que ça ne fonctionne pas.

Il faut accompagner activement le sujet dans une série de propositions, de suggestions qui vont servir
de point d’appui, que le sujet saisira ou ne saisira pas (il est important de toujours laisser la liberté
aux sujets de saisir ou pas ce qu’on va lui proposer comme relecture de ce qu’il nous dit, comme
décalage, comme possibilité de lire les choses comme des choses plutôt banales). Ces façons de dire
seront autant de propositions que va pouvoir saisir le sujet qui va pouvoir s’appuyer dessus en
termes d’inventions. Le travail final, c’est le sujet qui va le faire, et nous on va être aux côtés du sujet
pour essayer de repérer ce qui pourrait lui être utile (réfléchir à la façon dont le sujet pourrait se
servir de nous-même).

Cours 4

On a pu repérer plusieurs registres de fonctionnement (au moins 2). Il est important, en clinique, de
ne pas oublier qu’une personne peut avoir une multiplicité de registres de fonctionnement, surtout si
elle est prise/saisie par une série de difficultés dans les registres de la psychopathologie. Nous avons
tous des séries de fonctionnement différentes. Nos registres de fonctionnement bougnent,
s’adaptent, se modifie en fonction du contexte et des interlocuteurs. Les changements de contexte
ont des effets impressionnants qui peuvent faire qu’on est un peu moins pris. D’où le rôle des
institutions et fonctions d’accueil. C’est un accueil des difficultés, de la parole du sujet, qui va dire
quelque chose de ses difficultés s’il consent à faire de nous un interlocuteur. C’est également un
accueil des difficultés par elles-mêmes parce qu’il n’y a aucune raison qu’elles ne resurgissent pas
dans le contexte de l’accompagnement.

On tente d’accueillir comme on peut, et la plupart du temps malheureusement maladroitement,


parce qu’on ne connaît pas le sujet. Et quand on apprend à le connaître, on émet des hypothèses sur
sa façon de formuler, mais ces hypothèses ne sont jamais que partielles, elles ne recouvrent jamais
l’entièreté de ce que vit un sujet, et cela fait partie des difficultés fondamentales que vit un sujet. Ces
difficultés portent atteinte avec le lien social ou avec l’intégrité du corps.
Notre métier c’est l’accueil des croyances et des explications du sujet, il n’y a donc pas de raison
d’essayer de corriger le discours du sujet, de lui faire comprendre que ses explications ne sont pas
vraies (ce qui veut dire que j’estime que je sais ce qu’est le vrai). On va tenter de repérer les
fonctions que peuvent représenter pour elle ces explications :

- La première fonction qui est totalement essentielle est une fonction de nomination : le sujet
nomme ce qui lui arrive et ça a des effets d’apaisement qui sont relatifs et momentanés.

Si on doit qualifier les difficultés de Margueritte à partir des troubles diagnostiques produits par la
psychiatrie et par la psychopathologie, elle se situe du côté d’une position schizo-paranoïde. La
position schysophrénique se traduit par sa façon de penser que la coupure entre elle et l’autre, entre
ses pensées et celles des autres, entre toute une série d’éléments qui permettent au sujet de se
positionner à partir de ces distinctions n’existe pas. On a l’impression à partir de ce qu’elle dit, que
ces distinctions ne sont pas présentes. Elle est là à être engagée dans un monde où moi, l’autre, mon
corps, le corps de l’autre, mes pensées et celles des autres ne sont pas séparées.

Ce qui spécifie les êtres humains, c’est de produire du sens. Dans la paranoïa, il y a une machine à
produire du sens : on invente des histoires.

Les psychologues sont les seules personnes qui savent absolument et définitivement ce qu’est la
réalité, ce qui est vrai et faux.

On n’essaye pas de trouve une explication aux dires du patient. On est là pour l’accueillir, l’entendre,
aussi compliqué que ce soit. Il n’est pas question de dire si le patient à raison ou pas, si on est
d’accord avec lui ou pas, si ce qu’il dit est logique ou ne l’est pas, il s’agit de se rendre compte de la
fonction que prennent les dires du patient dans la dynamique et dans les mécanismes, à quoi ils
tentent de répondre, ce qu’ils tentent de palier. On cherche comment on peut faire des offres et
ouvrir des portes pour permettre au patient de se saisir d’opportunités d’avancer dans le travail qu’il
fait avec le thérapeute.

L’important est d’arriver à occuper une position auprès du sujet qui lui permette de dire quelque
chose, de se servir de nous comme témoin pour pouvoir nous dire quelque chose de ce à quoi il est
confronté. Pour formuler des hypothèses sur la logique de ce à quoi il est confronté d’une part, et sur
ses façons singulières d’y répondre d’autre part. Car dans ses façons singulières d’y répondre, il y a
une série de façons de faire du sujet qu’il est possible d’envisager non pas uniquement sous l’angle
des déficits que ça représente.

Une des fonctions que nous pouvons occuper est de tenter d’incarner pour le sujet un autre « autre »
que celui qu’il rencontre habituellement. Il faut tenter de proposer des offres qui présentent des
caractéristiques similaires ou compatibles avec ce dont le sujet peut le plus habituellement se saisir :
c’est totalement essentiel.

Margueritte est prise d’une part avec cette absence, cette difficulté à pouvoir installer de façon assez
solide cette séparation entre moi et l’autre, toute une série de séparation entre ce qui revient au
sujet et ce qui revient à l’autre, à l’environnement. Il y a une dynamique qui fait que le sujet instaure
cette séparation, à traves notamment du processus de séparation. Ce que nous avions évoqué c’est
qu’au fon Margueritte y est confrontée parce que d’une certaine façon ça lui arrive comme à ciel
ouvert, comme directement lisible, alors que la distinction entre moi et l’autre, le fait que cette
discussion n’est pas évidente, que c’est une sorte de construction, c’est vrai pour tout sujet : mes
pensées ne sont pas spécifiquement mes pensées, les mots que j’utilise viennent de l’autre. C’est
l’autre qui détermine en partie ce que je pense et ce que je suis. Une même structure est en jeu pour
Margueritte, la même structure qui est en jeu pour tout sujet, mais la sienne est beaucoup plus à ciel
ouvert, plus facilement lisible.

D’un côté, nous pouvons soutenir l’hypothèse que ce à quoi est confrontée Margueritte est à la fois
singulier et propre à Margueritte, dans le même temps, concerne absolument tout sujet (chacun s’y
inscrit de façon singulière mais tout sujet est confronté à ce à quoi est confronté Margueritte. Mais
quand même, au fond pour elle, dans son existence, il faut prendre au sérieux le fait que c’est
épuisant, qu’elle qualifie ça elle-même d’une façon qui nous permet de cerner à quel point ça surgit
de manière complètement folle parce que ça ne la laisse jamais tranquille. On voit dont la nécessité
de l’institution et de la réponse institutionnelle, parce qu’elle est confrontée à quelque chose qui
concerne tous les êtres humains, sans exception. Mais elle y est confrontée d’une manière qui ne lui
permet même plus de respirer, la réponse institutionnelle est nécessaire.

Pas parce qu’un sujet serait dans un univers autre que les gens qui se croient normaux. Les gens se
croient rarement normaux, contrairement à l’idée qui circule. La plupart des gens pensent qu’ils ont
des difficultés dans le rapport à l’autre, au corps, au langage qui ne soient pas des difficultés pour les
autres. C’est une illusion forte. Les gens croient en l’existence de la norme pour les autres, mais au
fond, en s’explorant soi-même, on sait qu’on ne fonctionne pas comme on devrait fonctionner en
utilisait des repères normatifs. C’est parce que Margueritte est confrontée à quelque chose de
complètement humain qu’elle se trouve en difficulté : c’est un point essentiel concernant les
fondements éthiques de cette approche. Il n’est parfois pas évident de voir par quel bout prendre les
choses si on se dit que ce qui se passe pour le sujet est quelque chose qui concerne tout sujet. C’est
relativement facile avec le cas de Margueritte, mais c’est difficile dans le cas de quelqu’un qui
commet des atrocités dans lesquelles il est absolument impossible de se reconnaître. D’où la création
moderne de la figure du monstre faite à travers des diagnostiques, qui disent en général peu de
choses sur le fonctionnement, mais qi sont aussi des tentatives des nominalisation. Dans les sociétés,
on ne peut plus utiliser le terme de « monstre », on utilise donc des termes comme « pervers » ou
« psychopathe », qui tente de localiser le comportement de la personne du côté de l’inhumain. L’idée
est d’envisager en quoi les choses dans lesquelles ont ne peut pas se reconnaître ont à voir avec les
êtres humains. C’est prendre en considération que les autres espèces animales ne sont pas capable
de commettre les choses horribles et inimaginables dont les êtres humains sont capables. C’est situer
l’horreur comme une caractéristique de l’être humain.

Premier aspect : question des limites qui la situe à la fois su côté de la schizophrénie si on tente de
penser les choses du côté de la psychiatrie, qui en même temps la connecte à ce à quoi tous les êtres
humains sont confrontés. Il y a aussi l’éclatement, qui du côté du corps n’a rien d’évident : c’est un
processus d’identification. On s’appuie sur l’image de l’autre pour construire quelque chose qui sera
sa propre image, et sur laquelle on va pouvoir s’appuyer en vivant le fait que ce soit une unité. Mais
cette unité est une construction et elle est fragile (il suffit de la consommation de quelques produits
pour sentir des choses qui montent que c’est quelque chose de difracté – il suffit de vivre des
phénomènes liés à la douleur pour repérer que mon corps est une unité de l’ordre de la construction
d’une unité, qu’il y a des choses qui peuvent s’opposer à cette construction et la faire éclater). C’est à
ciel ouvert que l’on découvre avec Margueritte que c’est de l’ordre d’une construction qui n’est pas
évidente et qui peut produire de l’éclatement. D’où pour des sujets des offres qui peuvent aller de
« Comment on peut soutenir cette construction ? » « Comment on peut soutenir que vivre cet
éclatement peut passer par des productions, des créations, des passions qui vont permettre au sujet
de faire exister cet éclatement dans son existence, d’une manière qui va prendre place dans le lien
social, dans le regard de l’autre ? ».
Il y a ensuite la marionetisation (automatisme mental), avec toute une série de caractéristique que
Declairimbaut situait du côté de la schizophrénie. C’est aussi à ciel ouvert (veut dire qu’il n’y a pas de
voile – la plupart du temps on ne le voit pas, quand il y a des nuages, mais elle on le voit) ce à quoi se
trouve prit tout sujet. Le fait qu’il n’y a pas de sujet qui ne soit pas pris dans une position d’être
l’objet de l’autre, d’être aliéné à l’autre de façon symbolique.

C’est d’autant plus facile d’oublier ces dimensions d’éclatement du corps, de construction de la
séparation entre moi et l’autre, de marionetisation dans un univers social qui fait exister de façon
très forte la notion d’individu, qui est une notion qu’on est amené à adopter avec toutes les illusions
qui l’accompagnement : l’illusion que je suis un indépendant libre, autonome, que je pense par moi-
même. C’est une illusion qui fait que, tellement portés par l’illusion, tellement portés à croire que
nous sommes indépendants, j’en arrive à ne pas réfléchir à toutes les aliénations qui me constituent
(notamment notre aliénation à des machines sociales qui constituent la formation de discours qui
vont forger nos pensées).

Au fond, on a à faire à des dynamiques au cœur même de la condition humaine qui concernent tout
sujet. La fonction sociale de l’institution et de l’existence des psys est celle d’accueillir des sujets qui
n’arrivent pas à puiser du côté d’offres qui aideraient à traiter ce que chaque sujet a à traiter. Chacun
va le faire à partir d’inventions qui lui sont singulières et qui représentent son style. Ces styles
peuvent parfois s’inscrire au cœur d’une existence au point de permettre à un sujet de faire de son
symptôme un métier, ou vont caractériser ce sujet avec une caractérisation qui va fortement
dépendre de la façon dont elle est accueillie dans le social.

La fonction sociale de l’accueil des sujets qui n’arrivent pas à trouver de points d’appui en dehors du
champ de la santé mentale. Autre aspect de notre potentiel engagement dans le social : favoriser et
soutenir dans les structures sociales tout ce qui se présente comme non ségrégatif, tout ce qui lutte
contre l’exclusion, tout ce qui traite la discrimination. L’un des objectifs des structures qui
s’inscrivent dans le champ psychomédicosocial (qui concerne le champ de la santé mentale), est,
quand c’est possible, de permettre à des sujets de se connecter à d’autres structures, à d’autres
espaces institutionnels que ceux de la santé mentale. Mais pour ça, il faut que ces espaces aient un
caractère accueillant et non discriminant suffisamment marqué pour que le sujet puisse y inscrire
une partie de son existence.

Quand on travaille dans le domaine de la clinique, on n peut pas rester indifférent aux différentes
formes d’exclusion, de discrimination sociale et institutionnelle qui caractérisent dans le monde ces
différents espaces sociaux et culturels. Une des visées de notre accompagnement est de permettre
au sujet de s’inventer des points d’appuis qui, si possible, ne seront pas exclusivement des points
d’appui du côté de la santé mentale et de la psychiatrie, sinon ils vont de plus en plus fonctionner en
vase clos. L’idée est de trouver des points d’appui dans les institutions et les espaces sociaux qu’il
pourra rencontrer.
Dans les grandes catégories de difficultés qu’on nomme dans la psychiatrie, elles reviennent comme
des difficultés classiques chez les êtres humains.

Deux difficultés principales de la psychiatrie : la schizophrénie et la paranoïa.

Toutes les difficultés psychologiques qui existent sont dues au fait que l’on a la capacité de se
projeter dans le futur et à créer du sens/du non-sens.

La psychiatrie et la psychopathologie se construisent autour de troubles, de populations cliniques


définies à partir d’une série de traits, qui sont considérés comme une série de déficits et qui
permettraient de catégoriser des sujets/constituer une population.

Dans la schizophrénie, les sujets sont confrontés à des questions de séparation qui sont difficiles à
établir, à des constructions, à l’absence de boussole et d’unité, la marionetisation… sont au cœur des
difficultés humaines. Tous les êtres humains sont confrontés au fait que ces différents axes font
l’objet d’une construction spécifique à chacun, et qui révèlent des inventions de chacun. Chacun
produit des types de réponses en étant confronté à ces difficultés fondamentales.

On peut penser à un accompagnement car c’est le point le plus essentiel. Le repérage des ces
inventions subjectives permet de calibrer les offres que l’on va faire au sujet, et de calibrer notre
position dans la relation clinique et dans la relation avec le sujet. Tout cela se pense et se calibre à
partir des hypothèses qu’on va formuler concernant ce à quoi il faut confronter le sujet et ses façons
singulières d’y répondre. Nous avons une place d’objet pour l’autre, il porte de l’intérêt à notre
endroit. Le fait que l’autre me veuille quelque chose fait partie de la dynamique propre aux êtres
humains.

Il y a une série de situation qui rendent comme tel, plus compliquées les séparations, les coupures,
entre soi-même et la place d’objet qu’on est pour l’autre. On n’est pas totalement et uniquement
l’objet de l’autre.

Le manque est le moteur du désir

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