La Civilisation Ma Mère

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2.

ÉTUDE DES PERSONNAGES

La mère

La mère, personnage principal du roman, est dans la première partie du livre une femme dont l’univers se limite à son
mari, ses deux enfants et sa maison. Elle est la gardienne des traditions qui n’a pas forcément choisi de jouer ce rôle
puisqu’elle a été mariée à treize ans avec un homme plus âgé. Elle est présentée dans des scènes de la vie quotidienne où
son ignorance, confrontée à des objets occidentaux (radio, téléphone, fer à repasser, cuisinière, etc.), offre une grande
dimension comique. Néanmoins, elle n’apparait jamais ridicule : le regard tendre de ses enfants donne à voir une femme
simple et pure, capable de se réapproprier tout ce qu’elle touche.

En la poussant à sortir, ses deux fils la font naitre une seconde fois, à trente-cinq ans, inversant alors les rapports de
filiation. Elle va, grâce à eux, découvrir un nouveau monde, celui de la liberté. Quelque peu réticente au début, car elle
expérimente l’angoisse d’être sortie de sa « prison », elle s’émancipe peu à peu du carcan des traditions. Elle commence
par apprendre à lire et finit par devenir un membre actif du mouvement de libération des femmes et plus généralement,
de son peuple et des pays du Tiers Monde. Les cheveux coupés, le permis de conduire et les diplômes en poche, elle
décide à la fin de rejoindre son jeune fils en France pour élargir encore ses connaissances.

Le livre raconte donc son éclosion culturelle. Cette conquête de la liberté s’accompagne certes de changements radicaux,
mais n’abime pas sa sincérité, son humour et son amour pour sa famille.

Le fils cadet

Le fils cadet est le narrateur de la partie « Être ». Doué à l’école, il est celui qui part poursuivre des études de médecine
en France et qui, auparavant, forme culturellement le premier sa mère : il lui apprend à lire, lui enseigne l’Histoire et la
géographie, etc. Il adore son grand frère qui le surnomme « le petit loustic », admire sa force, sa bonne nature et l’amour
merveilleux qu’il porte, lui aussi, à leur mère. Il a, sur son père, un regard moins enthousiaste, notamment lorsqu’il
décrit le rapport que ce dernier entretient avec sa mère. Il lui reproche son manque de tendresse et le tient quelque peu
responsable de l’enfermement de sa mère.

Nagib

Nagib est le narrateur de la partie « Avoir ». Fils ainé, il est celui qui reste aux côtés de sa mère. Grand, fort, débrouillard,
il décide d’arrêter les cours afin de se consacrer à sa « contre-école », une école de la rue où il est possible de gagner
facilement de l’argent, et surtout dans le but de mieux suivre l’évolution culturelle de sa mère. Très fier de cette dernière,
il est son protecteur et répond présent à chaque fois qu’elle a besoin de lui, même lorsqu’il s’agit de mettre en place des
actions loufoques (cf. le passage avec le Général de Gaulle, p. 113). Il joue également un rôle important dans la prise de
conscience du père en étant son confident.

Le père

Le père est très peu présent dans la première partie du livre. Les premiers pas de sa femme vers la liberté se font dans
son dos, lorsqu’il part au travail. Commerçant, il assure à sa famille un confort agréable. Il croit d’ailleurs que le bonheur
de la mère réside dans la possession de nouvelles technologies :

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il ne semble pas voir qu’elle n’y comprend rien. Conditionné par les traditions, il n’accepte pas, au départ, l’émancipation
de sa femme, mais peu à peu, devient pour elle un appui certain. À la fin, il la conduit au port et admet que toute sa
famille quitte le Maroc pour la France.

Il symbolise la seconde libération, car il se libère lui aussi du carcan des traditions en portant un regard neuf sur sa
femme et de manière générale sur le rôle de la femme dans la société ( « Quand elle entre maintenant dans cette
maison, je me lève aussitôt et ce n’est pas seulement une femme nouvelle que je vois devant moi mais, à travers elle, un
homme nouveau, une société nouvelle, un monde jeune et neuf », p. 174).

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