Lacan Et Les Mathematiques

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Lacan et les

Mathématiques
dirigée par Michel GARDAZ

1. ASSOUN Paul-Laurent, Leçons psychanalytiques


sur le regard et la voix - Tome 1 : Fondements.
2. ASSOUN Paul-Laurent, Leçons psychanalytiques
sur le regard et la voix - Tome 2 : Figures.
3. LAPEYRE Michel, Clinique freudienne.
4. MEYER Conrad-Ferdinand, Les souffrances d'un
enfant (trad., notes : A. S. Petit-Emptaz ; post-
face : F. Sauvagnat).
5. PORGE Erik, Freud Fließ. Mythe et chimère de
l 'auto-analyse.
6. LAPEYRE Michel, Le complexe d'Œdipe et le
complexe de castration (en préparation).
7. LAPEYRE Michel, Au-delà du complexe d'Œdipe.
8. DRAÏ Raphaël, Relations internationales et psy-
chanalyse (en préparation).
9. ASSOUN Paul-Laurent, Leçons psychanalytiques
sur corps et symptôme - Tome 1 : Clinique du
corps.
10. ASSOUN Paul-Laurent, Leçons psychanalytiques
sur corps et symptôme - Tome 2 : Corps et
inconscient.
11. CHARRAUD Nathalie, Lacan et les mathéma-
tiques.
L a c a n e t l e s

M a t h é m a t i q u e s

Nathalie CHARRAUD

Diffusion : Economica, 49, rue Héricart - 75015 Paris


DU M Ê M E AUTEUR

I n f i n i et i n c o n s c i e n t , e s s a i s u r G e o r g C a n t o r , Paris,
Anthropos, 1994.

© Ed. ECONOMICA, 1997


Tous droits de reproduction, de traduction, d'adaptation et d'exécution
réservés pour tous les pays.
INTRODUCTION

L'usage, jamais démenti par Lacan, des mathématiques


dans son enseignement, a intrigué plus d'un de ses audi-
teurs, plus d'un de ses lecteurs. Comment la reine des
sciences, modèle et phare de la rigueur et de l'objectivité à
travers les temps, pourrait-elle s'allier à une discipline
s'intéressant aux passions et aux drames subjectifs mar-
qués par l'histoire et la singularité ? Beaucoup tenteront
d'écarter comme bizarrerie, maniérisme ou écho d'une
mode aujourd'hui dépassée le guidage pourtant insistant
par les mathématiques dans l'œuvre de Lacan.
Cette orientation, sensible du début à la fin de son ensei-
gnement tant écrit qu'oral, ne se fait pas à la manière des phi-
losophes qui cherchent à se mesurer à la sûreté des mathé-
matiques ou qui forgent des concepts pour tenter de
comprendre leur étrange efficacité. La psychanalyse en effet
n'est pas seulement une pensée, elle est de façon primordiale 5
une expérience, celle d'une parole. Elle n'expose pas une
théorie, elle a ses racines dans cette expérience singulière,
dont elle essaie dans un second temps de rendre compte.
Si l'on considère la parole comme un moyen de com-
munication et de suggestion, un outil de domination, d'inti-
midation, d'éducation, un outil politique, une théorie sera
nécessaire pour expliquer, à ce niveau, son étrange effica-
cité, à elle aussi, quels que soient les canaux, médiatiques
ou non, utilisés. C'est l'efficacité symbolique que Lévi-
strauss avait repérée par exemple chez les chamans, c'est
aussi l'efficacité imaginaire qui utilise les mots comme
moyen de maîtrise, de soi ou des autres. Mais l'expérience
analytique ne cherche pas seulement à éclairer l'emprise de
ces deux dimensions, symbolique et imaginaire, sur l'ana-
lysant qui va parler à un analyste. Elle vise encore ce qui
chez le sujet détermine son rapport au monde, au-delà de
l'éthologie et de ce que Freud mettait dans l'Œdipe.
Pour Lacan, cette dimension du réel ne peut s'attraper que
par du mathématique, tant il est vrai que seules les mathéma-
tiques nous donnent accès au réel, comme tout le champ de la
physique de son côté nous le montre. Mais le réel en psycha-
nalyse ne peut bien entendu se mathématiser à la manière
d'une science de la nature, et il ne s'agira non plus de mathé-
matiques statistiques comme les sciences humaines peuvent
en faire usage pour en tirer de grandes régularités dans les
comportements humains. Il ne s'agira pas davantage de rap-
procher la psychanalyse des sciences cognitives. La psycha-
nalyse ne vise ni à recenser le plus général, ni à décrire le
fonctionnement de l'intelligence. Son rapport aux mathéma-
tiques, depuis Lacan, est foncièrement original. Le but de ce
petit livre, en rassemblant certains de nos articles sur cette
question, est de poser de premiers jalons sur le rapport propre
de l'inconscient aux mathématiques.
S'il n'y a jamais de nombre choisi au hasard, Lacan fit
le pas de parler de « la comptabilité de la jouissance » dans
l'inconscient, de sa prise dans le corps par le biais de la
marque. Il n'a cessé de nous confirmer que ce que Freud
appelait la pulsion, lien entre le réel du corps et le langage,
concerne cette frange du langage à la fois plus primitive et
plus sophistiquée que sont les mathématiques : sans aucun
doute, celles-ci ne se réduisent pas aux élaborations abs-
traites les plus positives des spécialistes, mais se retrouvent
de façon certes naïve, dans la pratique et la clinique analy-
6 tiques.

Mathématiques et expérience analytique


Dès le rapport de Rome (1953), les mathématiques sont
présentes dans l'élaboration de Lacan. Dans la deuxième
partie de ce texte, on peut lire :
« La découverte de Freud est celle du champ des inci-
dences, en la nature de l'homme, de ses relations à l'ordre
symbolique, et la remontée de leur sens jusqu'aux instances
les plus radicales de la symbolisation dans l'être. Le mécon-
naître est condamner la découverte à l'oubli, l'expérience à la
ruine. » 1

1. J. Lacan, « Fonction et champ de la parole et du langage »


(« Rapport de Rome »), Écrits, Seuil 1966, p. 275.
Les instances les plus radicales de la symbolisation,
Lacan les situera dans les mathématiques alors que pour
Freud elles se confondent avec le complexe d'Œdipe et
l'interdit de l'inceste. Lacan reprend et développe ces der-
niers tout au long des Écrits, mais en infléchissant le mythe
et sa signification vers ce qu'ils reflètent de la structure. Là
où Freud préconisait la lecture de romans pour la formation
des analystes, Lacan propose son « triangle épistémique »
constitué de la mathématique, l'histoire et la linguistique 1
Ces disciplines sont en effet celles qui vont apporter leurs
outils pour appréhender le signifiant, la temporalité et la
structure. S'il est vrai que l'on peut distinguer dans l'ensei-
gnement de Lacan deux grandes périodes, la première cen-
trée sur le signifiant, la seconde sur le mathème, il n'en
demeure pas moins qu'un projet initial est lisible d'emblée,
celui de porter la découverte de Freud jusqu'à ses consé-
quences les plus radicales : les incidences de l'ordre sym-
bolique dans la nature de l'homme ne sont pas dans le
champ de l'herméneutique, mais dans celui de la logique et
de la mathématique.
Après la théorie des jeux et quelques résultats élémen-
taires concernant les nombres et leurs limites, c'est sur la
topologie que Lacan tente de fonder une théorie du sujet,
alors que les dernières années du Séminaire engagent un
challenge avec la théorie des nœuds. Chacune de ces tenta-
tives puise dans les objets mathématiques des outils solides
pour la transmission, venant s'ajouter aux mathèmes que
Lacan lui-même a forgés. Le mode d'usage de ces objets
(mathématiques et mathémiques) est sans ambiguïté : il ne 7
s'agit pas d'en faire un calcul ni un appui à de simili
démonstrations. Ils représentent plutôt l'ultime réduction
de ce que Freud appelait pour sa part l'assèchement du
Zuydersee. Leur valeur de quintessence en fait autant de
modes possibles d'aboutissement de l'expérience analy-
tique, sans que l'on puisse prétendre en donner une liste
exhaustive. Ils représentent, dans l'enseignement de Lacan,
autant de franchissements et de « passes », dans la position
d'analysant qu'il se plaisait à rappeler être la sienne dans
son séminaire. Ces points d'aboutissement mathématique
révèlent la charpente d'une structure que le symbolique et
l'imaginaire viennent brouiller, tout en s'y appuyant.

1. Ib. p. 287-8.
La lettre et le corps
C'est ainsi que, sans nier le rôle de l'imaginaire et de
l'intuition dans les mathématiques elles-mêmes, Lacan
insistera sur leur réduction littérale, sans se ranger pour
autant dans le camp des logicistes. Bien au contraire, il est
remarquable que l'évolution de sa pensée va bien plutôt
dans le sens de s'appuyer d'abord sur la linguistique, puis
sur la logique, pour finalement reconnaître, comme le font
les logiciens modernes, une sorte d'antériorité de la chose
mathématique elle-même. Lacan ne reculera pas devant
l'exploration des grands domaines des mathématiques
inévitablement présents dans la psychanalyse comme ceux
concernant le hasard, l'infini, le continu et ses paradoxes,
les nombres, les ensembles et la question de l'Un, l'espace,
avec une préférence marquée pour la topologie sur la géo-
métrie, du fait que la topologie est davantage dégagée de
l'imaginaire et que ses définitions échappent généralement
à toute figuration dessinée.
Si l'objet mathématique est vraiment au cœur de l'inter-
section du Réel, de l'Imaginaire et du Symbolique, ce qui inté-
resse Lacan c'est qu'il puisse finalement s'appréhender par
des lettres. C'est ce passage à l'écriture qui transforme l'intui-
tion mathématique (bien des réalités qui nous entourent pour-
raient être prises dans les rêts de cette intuition, et le sont pro-
bablement sans qu'on le sache) en idéalités mathématiques.
Il suffit d'ouvrir n'importe quel ouvrage ou manuel de
mathématiques, les formules constituées de petites lettres
8 sont omniprésentes et confèrent un aspect rébarbatif au texte.
Pourquoi toutes ces lettres ?
Pourquoi sont-elle si rébarbatives ?
Au niveau de la théorie des ensembles qui a marqué un
moment décisif dans l'histoire des fondements des mathéma-
tiques au début du siècle, les ensembles ne sont autre chose
que des lettres, leurs éléments de même. Ceci est sensible
dans la célèbre définition donnée par Cantor de l'ensemble :
« Nous appelons "ensemble" toute réunion M d'objets de
notre conception m, déterminés et bien distincts, et que nous
nommerons "éléments" de M. Nous écrirons ainsi M = {m }. »
Ensembles et éléments n'ont donc de consistance que
littérale. Comme le dit Lacan dans le Séminaire XX, les
lettres ne désignent pas ces assemblages, elles les font. 1

1. J. Lacan, Séminaire XX, Seuil 1975, p. 46.


Les théories se constituent ensuite en se donnant cer-
taines relations entre les éléments, ce qui définit différentes
structures de base comme les groupes, les espaces vecto-
riels, les corps, etc., à partir desquelles s'élaborent toutes
les architectures mathématiques.
À l'autre bout de l'histoire des mathématiques, que
voit-on dans les Éléments d'Euclide ? Les points, les
nombres, les grandeurs sont désignés par des lettres. Ce
pas de la littéralisation, franchi entre Platon et Aristote, a
permis la rédaction des Éléments.
Aristote s'interrogeant sur la nature du continu en arrive
à la conclusion que le point, qui n'a pas de parties, n'existe
pas, sauf pour repérer les extrémités d'un segment ou alors
pour en désigner un en particulier, ce qu'on ne peut faire
qu'en lui attribuant une lettre. Il n'a d'autre existence que
cette lettre. Et pourtant chacun a une intuition du continu,
par l'expérience du mouvement et du temps qui passe.
Mais cette intuition peut mener à des convictions fausses,
comme par exemple qu'une droite a un nombre plus grand
de points qu'un segment !
C'est en se libérant des périphrases pour parler des
objets mathématiques et en les désignant par des lettres que
les mathématiques ont pu se déployer. La lettre fait barre
aux dérives possibles de l'intuition, c'est sur la base de la
lettre et de son calcul que les mathématiques ne sont pas un
délire et s'extraient de l'ineffable et de l'ésotérisme.
Tout au long des Écrits, la présence d'un rapport fonda-
mental à la mort dans le langage, ce que Freud appelait pul-
sion de mort, est soulignée dans la perspective hégélienne 9
du mot comme meurtre de la chose. On pourrait penser,
dans la problématique du dilemme de la représentation et de
la chose représentée, que plus radicalement que le mot ou le
signifiant, la lettre mathématique « tue » ce qu'il y avait
d'intuition, voire de pulsion, dans l'approche du phénomène
qu'elle mathématise. Et pourtant, d'une certaine façon, elle
reste plus proche de la chose que le signifiant ou le mot.
Comme le montre en effet Lacan dans Radiophonie, 1
tout calcul est foncièrement calcul sur la jouissance, et donc
jouissance lui-même, tout comme le chiffrage et le déchif-
frage dans le travail de l'inconscient. Cette découverte de la
psychanalyse concerne le marquage du corps par la lettre,
marquage à situer sur une représentation adéquate du corps

1. J. Lacan, « Radiophonie », Scilicet 2/3, p. 72.


propre par le sujet. Les indications sont nombreuses chez
Lacan à repérer cette représentation du corps par la topolo-
gie, en particulier la topologie des surfaces, appelée plutôt
aujourd'hui géométrie réelle. Notons que la connexion
entre jouissance, lettre et calcul peut être un facteur expli-
catif du côté rébarbatif des pures lettres évoqué plus haut,
ainsi que de l'inhibition fréquente rencontrée face aux
mathématiques, écho de l'inhibition naturelle du sujet face
à la jouissance définie comme au-delà du plaisir.

Mathématiques et clinique
Du point de vue clinique, les mathématiques permettent
à l'analyste un repérage à deux niveaux :
• la topologie des signifiants, topologie des voisinages de
signifiants, base d'une théorie des associations, impliquant
éventuellement une combinatoire et un jeu de substitutions
(mécanismes entre autres de la métaphore et de la métony-
mie) aide l'analyste à se repérer dans la matière signifiante
élaborée par le patient ;
• la place de l'objet, l'objet a qui fait trou dans les signi-
fiants et dont Lacan répète qu'il n'a de consistance que
logique, ou topologique, polarise la topologie des signi-
fiants en orientant le désir du sujet. En même temps, recon-
naître à cet objet une consistance à la fois pulsionnelle et
mathématique aide à la construction de fin d'analyse sur ce
qui commande le rapport du sujet à la réalité. Le déroule-
ment d'une analyse, selon cet abord, s'effectue en tension
10 entre ces deux pôles : topologie des signifiants d'une part,
reconnaissance de la consistance mathématique de l'objet
pulsionnel à l'aide des indications de Lacan, d'autre part.
Elles font l'objet des deux derniers chapitres.
La théorie des jeux a été invoquée tout au long des Écrits
pour comprendre le hasard et le destin du sujet face à
l'Autre du Symbolique. Le premier chapitre recentre ainsi
la question du sujet autour de ce que Freud appelait son
déterminisme et Lacan plutôt son « choix forcé ».
Le présent ouvrage est loin d'être exhaustif concernant
les nombreux domaines des mathématiques consultés par
Lacan : entre autres, ses emprunts à la topologie des sur-
faces, à la théorie des nœuds ou au groupe de Klein pour
parler des structures quaternaires sont peu ou pas abordés,
non plus que son usage de la cybernétique dans le sémi-
naire II. Ils pourront être le mobile de travaux ultérieurs.
répertoriés par Lacan : la voix et les fèces. L'objet voix est
de l'ordre du transfini. La pulsion invocante est caractéri-
sée par une répétition indéfinie soutenue par la suite des
nombres entiers jusque dans leurs prolongements transfi-
nis 1 Quant à l'objet anal, il correspond fantasmatique-
ment aux nœuds, comme l'illustrent fort bien les nœuds
dont sont entourés les paquets-cadeaux... La théorie des
nœuds, quatrième objet mathématique intensément tra-
vaillé par Lacan, est utilisée dans les années ultérieures à
« L'Étourdit », mais il me semble qu'elle a sa place dans
cette table des objets mathématiques qui forment la « topo-
logie » de Lacan, à propos de laquelle il écrit :
«... Je confirme que c'est du discours dont se fonde la réa-
lité du fantasme (il s'agit du discours mathématique), que de
cette réalité ce qu'il y a de réel se trouve inscrit » 2
Si le « rapport » sexuel ne peut être pris dans aucune
mathématisation, Lacan répète dans ce texte qu'il n'en est
pas de même du fantasme dont le bâti s'appuie sur le cross-
cap et dont l'objet, mathématisable, fonde la réalité du fan-
tasme. Cet objet, pour chacun, commande son rapport à la
réalité. Sa réduction au mathème en révèle la double face
pulsionnelle et mathématique.

101

1. J. Lacan, op. cit., p. 43 et p. 50.


2. Op. cit., p. 34.
CONCLUSION

De l'autre côté du miroir, la stratégie inconsciente


trame ce que le sujet va faire de son image, des cartes de
son destin et de son rapport aux autres. Cette stratégie est
déterminée par une « optimisation » de ce qui satisferait le
désir du sujet, tout c o m m e le rêve serait une « réalisation
d ' u n désir ».
Si le mathème est une notion qui traduit quelque chose
du savoir inconscient (ici sur le désir) en termes mathéma-
tisables, la stratégie est bien un mathème lacanien. Nous
avons montré ce qui, dans la théorie des jeux de stratégie,
pouvait être transmissible dans la psychanalyse.
La notion de stratégie est utile pour parler en termes
d'intersubjectivité et de calcul. A partir du m o m e n t où
Lacan abandonne l'intersubjectivité 1 où l'Autre est barré
de son incomplétude et où le désir file sur la métonymie
signifiante, cette formalisation par le jeu de stratégie est 103
abandonnée au profit d ' u n e recherche concernant l'Autre
en tant que lieu du signifiant plutôt que garant de la loi et
de la règle du jeu.
Le topologie des signifiants dégage l'équivalence qui
existe entre les trois notions de voisinage autour d ' u n signi-
fiant, de complexe au sens freudien et de groupement asso-
ciatif au sens de Saussure. Pour que la signification tienne
et ne se dissolve pas dans le morcellement des signifiants
q u ' i m p l i q u e la topologie discrète, il lui faut un signifiant
d'exception qui « unit » : c ' e s t la fonction du Nom-du-Père
qui va assurer un m i n i m u m de signification dans
« lalangue » propre du sujet.
Freud n ' a jamais renoncé au rapport entre le Père et
l'infini, tandis que Lacan a souligné un lien entre l'infini et
la jouissance dans leur c o m m u n e « interdiction » 2 Des
barrières, non pas morales, mais éthiques, quasi maté-
rielles, viennent faire barre aussi bien à l'un qu'à l'autre :
la finitude du signifiant d'un côté, la limite de la douleur et
de la mort de l'autre. L'infini serait le mathème par excel-
lence, venant témoigner, sous bien des égards, de la pulsion
et de la jouissance, tout en connaissant des développements
mathématiques sous les figures du continu ou du transfini.
Ainsi la stratégie, le voisinage, l'infini, sont-ils trois
mathèmes majeurs de Lacan, dans leur double face pul-
sionnelle (lien avec un savoir inconscient) et mathématique
(objet à partir duquel s'est déployé un savoir mathéma-
tique).

104

1. « Le transfert fait à lui seul objection à l'intersubjectivité » Silicet I,


p. 18.
2. « La jouissance est interdite à qui parle comme tel », Écrits, p. 821.
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107
Réalisé en P.A.O. par STDI - Z. A. Route de Couterne - 53110 LASSAY-LES-CHATEAUX
- JOUVE, 18, rue Saint-Denis, 75001 PARIS
N° 249855W. - Dépôt légal : Septembre 1997

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