Simulation Physique Des Procédés de Mise en Forme Théorie Et Pratique
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mise en forme de poudres [33] [28] (simulation de la compaction 2.1.2 Formulation de la déformation d’un métal
isostatique à chaud, de la densification de poudres hypersiliciées...). et simulation
■ Évolution des géométries au cours des déformations Elle exprime que, comme pour le matériau réel, le matériau de
simulation s’écoule lorsque les contraintes dépassent un certain
Cette évolution conditionne la validité d’un procédé ou d’une seuil. Pour le critère de Von Mises :
gamme de fabrication et renseigne sur les défauts éventuels. Lors
2
de la simulation d’une gamme de forgeage par exemple, on contrôle
la forme et le volume relatif outillage-lopin pour chaque étape de la ∑ S ij2 = --- σ 02
3
gamme (remplissage de la gravure, importance de la bavure).
avec Sij déviateur des contraintes,
εú tenseur des vitesses de déformation εú = λ · S et
λ > 0.
2. Définition des conditions ■ Loi de comportement
de simulation Elle se présente sous la forme :
m
σ 0 = K ε n εú ( exp Ð α ∆ T )
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négligeable ( n ≈ 0 ) ; la sensibilité à la vitesse de déformation m exposants tous nuls ; la déformation généralisée ε en est un
devient le facteur prépondérant : exemple.
Il est impossible de satisfaire toutes les conditions de similitude ;
σ 0 = k εú m 0,1 < m < 0,2 ainsi, pour la simulation par matériaux modèles, on ne respecte pas
la similitude des propriétés thermiques entre les matériaux réel et
● Travail à froid : la température du métal T est inférieure à 0,3 Tf de simulation.
la sensibilité à la vitesse est alors négligeable ( m ≈ 0 ) , l’écrouis-
sage n devient le facteur prépondérant : ■ Coefficients de similitude
Les relations entre le système similaire et le système réel doivent
σ0 = A εn 0,1 < n < 0,3 être linéaires [4] [8]. Pratiquement, ces relations sont constituées par
des coefficients de proportionnalité entre chaque variable du sys-
■ Conditions aux limites tème réel et sa correspondante dans le système similaire :
Elles concernent les surfaces en présence, ainsi que leurs inter-
actions (outils, matière). i
K i = -----
● La forme initiale des pièces et des outillages est semblable aux i*
formes réelles ; le choix de l’échelle est fait en fonction des phéno- avec i variable du système réel,
mènes que l’on veut observer.
i* variable du système similaire.
● Les conditions de frottement doivent être identiques dans les
deux systèmes. Ces conditions sont idéalisées par des lois. On définit ainsi :
Pour un modèle de Tresca, par exemple : x
K x = ------- échelle
σ0 x*
τ = m ------- 0<m<1 u
3 K u = ------- vitesse
u*
avec m coefficient de frottement. σ σ
La simulation n’est licite que si les coefficients de frottement sont
K σ = ------- = ------0- contrainte
σ* σ 0*
identiques ou très proches dans les deux systèmes (réel et simulé) :
k
K k = ------ consistance
m réel = m simulé k*
Cette identité des lois et des coefficients de frottement est souvent ε
K ε = ------- déformation
délicate à réaliser car la nature de l’outillage, du matériau et du lubri- ε*
fiant est différente dans les deux systèmes. ρ
K ρ = ------- masse volumique
L’analyse des équations qui régissent la déformation d’un maté- ρ*
riau montre qu’une simulation correcte nécessite :
— de garder les mêmes formes de pièce et d’outillage entre la Certaines variables adimentionnelles du système similaire doi-
simulation et la réalité; vent être égales au système original ; ce sont :
— d’avoir des rhéologies de matériaux aussi proches que — les déformations ε ;
possible ; — les coefficients de frottement m ;
— d’avoir des conditions de frottement aussi proches que — la sensibilité à la vitesse m ;
possible; — le coefficient d’écrouissage n.
— de tenir compte des forces de masse et d’inertie. On en tire des relations de similitude entre coefficients qui vont
permettre de calculer, à partir des conditions réelles, les conditions
expérimentales de la simulation :
2.1.3 Règles de similitude
K
K u = -----x-
Nous avons énoncé certaines conditions nécessaires à la validité Kt
d’un essai de simulation ; il nous reste à établir la relation existant
entre chacune des variables du système de simulation et sa corres- Kσ
K ρ = -------
- équation provenant de l’équilibre dynamique
pondante dans le système réel : ce sont les règles de similitudes. K u2
Ces règles sont basées sur « la théorie de la similitude des systè- K k K um
mes physiques » et sur « l’analyse dimensionnelle » [5], [6], [7], [8]. K σ = ---------------
- équation provenant de la loi rhéologique
K xm
■ Principes
1
À partir des grandeurs primaires : M masse, L longueur, T temps, Kk ---------------
d’où : K u = ------------------ 2Ðm (1)
θ température, on exprime les grandeurs secondaires : vitesse U, K ρ K xm
pression P ou contrainte σ , couple C…
Toute grandeur secondaire ai peut s’exprimer par le produit de Le respect de ces coefficients assure les mêmes amplitudes rela-
puissance de grandeurs primaires [7] : tives des phénomènes entre la simulation et le système original
(rhéologie, forces de masse et d’inertie).
ai = M n M L n L T n T θ n θ Inversement, ces coefficients de similitude permettent d’extra-
poler à des grandeurs réelles les grandeurs mesurées lors des
La convention qui préside au choix des formules est de maintenir essais de simulation sur matériau modèle :
invariantes telles équations de la physique quand on change d’uni-
tés [3]. Ces formules sont appelées formules de dimension ; dans — forces : K f = K σ K x2 = K um K k K x2 Ð m ;
notre cas, ce sont les équations de la mécanique et de la rhéologie.
— couple : K C = K σ K x3 ;
Pour conserver leur signification, les grandeurs sans dimension
doivent avoir, dans l’expression de la formule précédente, leurs — pression Kp = Kσ ;
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— travail : K w = K σ K x3 ; E (MPa)
K σ K x3 7
— puissance : K w. = ----------------
-.
Kt
6
5
2.1.4 Conditions réelles de simulation
4
■ Influence de la gravité Figure 1 – Module d’Young d’une pâte EMI en fonction de la vitesse
de déformation
La gravité n’a qu’une influence négligeable sur l’écoulement des
métaux usuels, mais son influence peut être plus importante dans
l’écoulement du matériau modèle.
commet en s’écartant de ces règles est relativement faible pour les
Dans l’établissement des coefficients de similitude précédem- procédés de mise en forme « classique » :
ment définis, nous n’avons pas fait intervenir la gravité, car cela a
pour effet de fixer tous les paramètres des essais de simulation. ∆ u2 ρ
e ≈ ----------------
En effet, en introduisant un nouveau coefficient de similitude égal σ0
au rapport des forces de masse :
Pour fixer les idées : une erreur de 1 % correspond à une variation
F de vitesse de 1 m/s pour une pâte à modeler (ρ ≈ 2 × 103 kg/m3,
K g = -----g- = 1 σ 0 ≈ 2 × 105 Pa).
F g*
■ Influence de la rhéologie
Le choix du matériau impose l’échelle de l’essai de simulation, car Lorsque la sensibilité à la vitesse devient faible ou nulle (m ≈ 0 :
ce nouveau coefficient implique que : travail à froid), les relations de similitude se simplifient :
2+m K
K ---------------
-----k- = K x 2 Kσ = Kk et K u2 = -----k-
Kρ Kρ
Pratiquement, pour une pâte à modeler, l’essai de simulation Notons que, dans ce cas, la sensibilité à la vitesse de déformation
devrait être 100 à 200 fois plus petit que la pièce réelle, ce qui rend n’a que peu ou pas d’influence sur les conditions de similitude.
souvent ce type de simulation impossible ou inexploitable.
Si les effets de la gravité ne peuvent être négligés, d’autres solu- 2.1.5 Limites de la simulation
tions sont envisageables :
— réaliser les essais de simulation en gravité réduite : cette solu- ■ Différence de comportement élastique
tion n’est pas réaliste actuellement (coûts, complexité des essais) ;
Dans l’idéalisation du comportement que nous avons énoncée
— réaliser les essais de simulation immergés dans un fluide de précédemment, le domaine élastique n’est pas pris en compte.
masse volumique proche de celle du matériau de simulation (on L’identité de comportement des matériaux réel et de simulation
trouve relativement facilement des fluides jusqu’à une masse volu- n’est pas conservée pour le domaine élastique.
mique de 2) ;
Pratiquement, on note deux différences importantes.
— négliger les effets de la gravité.
● Les matériaux de simulation sont en général viscoélastiques :
L’erreur e que l’on commet sur la mesure de l’effort est fonction le module d’Young dépend de la vitesse de sollicitation alors que,
de la hauteur h de la pièce de simulation à étudier, de sa masse volu- pour les métaux, il n’en dépend pas (figure 1).
mique ρ, et de sa contrainte d’écoulement σ 0 :
● Les matériaux de simulation ont, pour une vitesse de déforma-
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F Force
l0
h0
h
h
a
Déplacement
Figure 3 – Principe du test de bipoinçonnement
Figure 5 – Principe du test de compression
h0
déformation généralisée = ------- lg ------ ,
2
Effort ε a
3
∂ lg ( σ 0 ) ∂ lg ( σ 0 )
m = ---------------------------
- et n = ---------------------------
-
F ∂ lg ( ε )
∂ lg ( εú )
Des essais réalisés à différentes vitesses et pour différentes hau-
teurs initiales h0 de lopin permettent de mesurer m et n qui repré-
sentent respectivement les coefficients de sensibilité à la vitesse de
déformation et d’écrouissage.
Pour accéder à la valeur du coefficient de sensibilité à la vitesse de
déformation m, on réalise l’essai à différentes vitesses.
h0 h=a Déplacement
Cet essai de bipoinçonnement donne de bons résultats pour la
Figure 4 – Courbe force-déplacement typique en bipoinçonnement mesure de ce coefficient de sensibilité à la vitesse (malgré une loca-
lisation des déformations dans la « croix du forgeron ») ; il est moins
probant pour déterminer le coefficient d’écrouissage n, du fait du
caractère hétérogène des déformations.
le matériau simulé ; les grandeurs à prendre en compte sont alors le
coefficient d’écrouissage et de sensibilité à la vitesse. ■ Écrasement de cylindre ou test de compression
L’essai consiste à écraser un cylindre à vitesse constante en mesu-
rant les forces au cours de l’écrasement (figure 5). L’élancement des
2.2.2 Essais rhéologiques cylindres initiaux (diamètre ∅0, hauteur h0) est faible pour éviter un
flambage lors de la déformation :
La nécessité de réaliser avant chaque simulation un essai rhéolo-
gique, dans les mêmes conditions que celle-ci, a poussé les utilisa- ∅0
teurs de simulation à concevoir des essais rhéologiques simples et -------- ≈ 0,833
h0
rapides d’exécution et de dépouillement. Les résultats de ces essais
simples sont comparés aux moyens conventionnels, de mise en On pratique l’essai à plusieurs vitesses de descente, pour en tirer
œuvre plus difficile sur les pâtes, tels que la traction et la torsion. le coefficient de sensibilité à la vitesse de déformation m.
■ Bipoinçonnement Les déformations sont obtenues pour différentes hauteurs.
Ce test consiste à mesurer la force d’enfoncement de deux poin- La contrainte d’ écoulement s’exprime par la relation :
çons opposés dans le matériau dont on recherche les caractéristi-
ques rhéologiques (figure 3). On prend une tôle de hauteur h0 , F
σ 0 = ------------------------------------------------------------------
supérieure à a (largeur du poinçon). La dimension transverse des h0 m ∅0 h
tôles l0 doit être supérieure à 5 a (l0 > 5 a ), pour assurer une défor- S 0 ------ 1 + ---------- ------- -----0-
mation plane. La dimension transverse des outils est supérieure h 3 3 h h
à l0.
avec σ0 contrainte d’écoulement,
L’analyse mécanique de l’essai [20] montre que, lorsque la largeur
du poinçon a est égale à la hauteur h du matériau, la force de bipoin- F effort,
çonnement est minimale et ne dépend pas du frottement entre les ∅0 diamètre initial du lopin,
poinçons et le matériau (figure 4). π ∅ 02
S0 section initiale du lopin -------------- ,
La contrainte d’écoulement peut donc être déduite de cette force 4
minimale et de la géométrie de l’outillage de bipoinçonnement : h hauteur du lopin,
m coefficient de frottement,
3 F pour h = a
σ0 = --- --------------------------- h0
2 S ε = ln ------ déformation,
h
avec S surface de contact ≈ aLm ( l 0 < l m ) , V
εú = ---- vitesse de déformation.
lm largeur moyenne de la pâte sous emprise, h
2 V
εú vitesse de déformation généralisée = ------- ---- , L’essai se pratique en minimisant le frottement, afin d’assurer une
3 a déformation homogène du lopin ; pour cela, on augmente la rugo-
V étant la vitesse de la traverse de la machine sité des surfaces en contact avec l’outillage et on assure une bonne
d’essais, lubrification (gel aquasonic, m ≈ 0,05 ).
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2.3 Simulation et frottement Cet essai est rapide, fiable et donne de bons résultats sur les
matériaux modèles.
Lubrifiant m Observations
l
Gel Ultrasonic 0,05 Très faible frottement
h Talc 0,3 Frottement moyen
a Papier de verre 1 Frottement collant
F
Ces lubrifiants sont très employés : l’utilisation des trois lubri-
Figure 6 – Test de bipoinçonnement pour la caractérisation fiants du tableau 1 à coefficients de frottement très différents per-
du frottement met de comprendre et de caractériser l’influence du frottement.
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Laminage
Fils, plaques, Éléments constitutifs
savonnettes de la pâte
Pain de plasticine
Malaxage
Chauffage
Laminage
Découpe
Découpe des tôles Coulée en moule
Compactage d'une
pile de tôles
■ Compactage
Les tôles laminées sont prédécoupées, empilées puis écrasées Usinage ou
sous presse avec un taux de réduction de 30 % de la hauteur afin découpe de la
d’assurer une bonne cohésion dans la masse du lopin. pièce initiale
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c lopins découpés avec un fil de nylon d lopins découpés Figure 13 – Différentes étapes
avec un emporte-pièce de la préparation des lopins
3
Contrainte d'écoulement σ
(105 Pa)
Filé
1,5
1
2
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
Déformation ε = ln h0 /lnh
La figure ci-dessus donne les courbes des contraintes d'écoulement,
déduites d'un essai d'écrasement de cylindre ( ∅ = 50 mm, h = 60
mm), de la pâte Pierre-Humide qualité Maternelle de couleur jaune,
pour différents modes de préparation (lopins filés, laminés dans un
sens, laminés croisés). 3
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ε
4 est obtenue, on procède à un brassage énergique et éventuellement
à un dégazage de cette mixture, qui est ensuite coulée dans le / les
moule(s) approprié(s) (figure 17). La rhéologie peut être contrôlée et
ajustée au cours du processus de fabrication [19].
l Après démoulage, les blocs peuvent être parachevés par
l découpe, usinage, filage ou matriçage.
χ
3.3.1 Généralités
Pain de pâte ou éléments
constitutifs Un des principaux avantages de la technique de simulation par
matériau modèle est, comme nous l’avons déjà mentionné, de pou-
voir visualiser les écoulements de la matière pendant la mise en
forme du matériau. Les marquages les plus simples vont permettre
de « visualiser » les déformations, sans pouvoir les quantifier.
Fusion
Pour que cette quantification soit possible, il faut suivre les points
Ajustement de la de la matière dans leurs déplacements relatifs. Pratiquement, on
rhéologie : ajout de compare le marquage initial avec les différents stades d’évolution
cire ou de kaolin du marquage pour les différentes étapes de la mise en forme.
Brassage ■ En surface, le marquage va être matérialisé directement par
l’application d’une trame encrée.
L’exploitation du marquage de cette surface nécessite de connaî-
tre les déplacements relatifs des points. La photogrammétrie, asso-
Éprouvette test ciée à un logiciel de dépouillement, permet de remonter aux
déformations entre les différents stades de la mise en forme étudiés
(cette technique est également employée pour exploiter des essais
d’emboutissage).
La rhéologie Non ■ Les points du volume sont, quant à eux, déterminés par l’inter-
convient-elle ? section de lignes (matérialisées par des fils en pâtes à modeler de
couleurs différentes) et du plan de coupe où l’on désire connaître les
Oui déformations. La coupe étant destructive, il faut une pièce par stade
Dégazage de mise en forme étudié. La méthode de dépouillement, basée sur la
théorie de la déformation minimale, est décrite dans l’article
[M 3 021] de ce traité.
Coulée
3.3.2 Marquage de visualisation
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3.3.3.1 En surface
Figure 20 – Étude de l’évolution de la déformation d’un lopin
bicolore (forgeage d’un planétaire à dentures) avec marquage Cette méthode permet de suivre l’évolution de la déformation à la
vertical [34] surface de la pièce (« en peau » des lopins), mais également dans un
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Matrice supérieure
Figure 23 – Exemples de marquages au stylo bille, en surface a lopin initial mis en place dans la matrice
de lopins d’écrasement, mettant en évidence « le bombé » en cas
de frottement fort (talc et papier de verre) et l’étalement des surfaces
de contact lors d’une bonne lubrification (gel)
face
marquée
a marquage b simulation
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0 5 cm 0 5 cm
a étape 1 b étape 2
■ Rainurage
Pour visualiser les déformations à cœur, dans des cas axisymétri-
ques mais à grandes déformations, on ne peut pas toujours tra-
vailler sur des demi-lopins ou avec des outillages en plexiglas
(compétition d’écoulements, cas des différentes extrusions). Si l’on
désire utiliser un marquage en surface, on doit alors mailler l’une
des faces internes située dans le plan de symétrie (après une coupe
soigneuse du lopin initial), reconstituer celui-ci en juxtaposant les
deux demi-parties dans l’outillage pour réaliser la mise en forme (il
est conseillé de talquer légèrement la face non marquée, afin d’évi-
ter que les surfaces ne se « recollent » pendant la déformation).
L’essai se déroule comme si le lopin n’avait subi aucune découpe.
Cette méthode est applicable très aisément lorsqu’il n’existe pas de
contraintes dépressives à cœur et que l’essai est réalisé en matrice
fermée.
Si les déformations sont importantes, un marquage par impres-
sion d’encre ne suffit pas, il s’estompe. Nous utilisons alors un mar-
quage en léger relief.
Un cylindre cannelé (cannelures espacées régulièrement de
5 mm) permet de rainurer la surface. Pour obtenir un meilleur
contraste, il est bon de « repasser » au stylo à bille les rainures ainsi
incrustées.
talc gel
Contrairement au cas des marquages en surface utilisés avec des
matrices en plexiglas, où il est aisé de suivre à chaque instant de la Figure 27 – Étude de l’influence de la lubrification
déformation le comportement du matériau, avec cette procédure, il sur les écoulements avant et arrière en extrusion mixte
est impossible de voir l’évolution du marquage pendant le déroule-
ment de l’essai, puisqu’il a été réalisé dans un plan à l’intérieur du
lopin et que celui-ci est reconstitué avec ses deux demi-parties. On La figure 27 donne un exemple d’une étude de l’influence de la
doit donc procéder par étapes intermédiaires, démonter la matrice, lubrification sur les écoulements avant et arrière en extrusion mixte
l’ouvrir, dégager avec précaution le lopin, pour pouvoir, enfin, [35].
observer la déformation du maillage. Si le lopin n’a pas été endom-
magé pendant toutes ces manipulations, il pourra être réutilisé pour ● Étude de l’apparition du défaut d’aspiration ou d’écœurement,
la passe suivante (après avoir pris soin, bien sûr, de relever le en fin de filage
maillage, par un procédé de recopie quelconque : calque, photo ou Un exemple en est donné sur la figure 28.
photocopie).
Cette méthode, qui reste lourde en manipulations diverses, est la ■ Remarque
mieux adaptée aux études de compétition d’écoulements dans les Lorsque ces différents marquages en surface sont réalisés avec
différents cas de filage (avant-arrière, double-arrière, tubulaire, par soin, il est tout à fait possible de faire un dépouillement
exemple) et au cas des déformations axisymétriques en général, car « quantitatif » des essais, à partir du maillage initial et des maillages
il n’y a pas l’intervention d’élément perturbant sur la face même de relevés à chacune des étapes, dans la mesure où les surfaces sur
la déformation. En reconstituant le lopin, on a un contact à l’inter- lesquelles a été réalisé le marquage restent sensiblement planes au
face pâte à modeler/pâte à modeler. Alors qu’avec les outillages en cours de la mise en forme. On peut ainsi obtenir les cartes d’isodé-
plexiglas, pour essayer d’avoir le meilleur glissement possible à formation dans la pièce pour chaque étape et étudier leur évolution
l’interface pâte à modeler/plexiglas, on fait intervenir un lubrifiant : pendant la mise en forme (figure 29).
le gel Ultrasonic.
● Forgeage
3.3.3.2 En volume
La figure 26 donne un exemple de lopins marqués par rainurage
régulier avant forgeage. On a recours à cette méthode :
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les fils ... et ainsi de suite jusqu’à la hauteur du lopin désirée. On réa-
lise ainsi un maillage dans tout le volume du lopin en pâte à modeler
dont le pas sera au choix un multiple de 5 mm (figure 32).
C’est ce type de marquage qui perturbe le moins les déforma- 3.4 Marquages spéciaux
tions. En effet, étant donné le faible diamètre des fils, on considère
que la rhéologie de la pâte qui les constitue n’a pas d’influence sur
l’écoulement du bloc de pâte dans lequel ils sont introduits (ou si Nous sommes souvent amenés à « inventer » de nouvelles sortes
peu, qu’elle est, sans conteste, négligeable). Le lopin est donc bien de marquages mieux adaptés au problème que l’on a à traiter ou
homogène et son comportement est celui de la pâte qui constitue que l’on doit mettre en évidence. Voici donc deux exemples de mar-
ses tôles. quages spéciaux.
ε < 0,700
0,700 < ε < 0,850
0,850 < ε < 1,000
1,000 < ε < 1,150
1,150 < ε < 1,300
1,300 < ε < 1,450
1,450 < ε < 1,600
1,600 < ε < 1,750
1,750 < ε
0 1,00
Figure 33 – Carte d’écrouissage obtenue
par le calcul des déformations minimales
ε : déformation généralisée (rapport sans dimension) à partir des maillages relevés sur les lopins
de compression de la figure 32
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II
2r
2b I
2a
ε I = ln a ε II = ln b
r r
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,,,,,,,,,,,
x ∅ = 20 mm
Lopin en pâte ocre
,,,,,,,,,,, ∅ = 36 mm ∅ = 5 mm
,,,,,,,,,,,
Noyau
en pâte rouge
y
,,,,,,,,,,,
∅ = 140 mm
Figure 39 – Schéma d’un lopin avec noyau central Figure 41 – Opération de cofilage
Cofilage
∅ = 140 mm (filière diamètre 36 mm)
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P
O
U
Simulation physique des procédés R
de mise en forme : théorie et pratique
E
N
par Alain LE FLOC’H
Ingénieur CNAM
Responsable du laboratoire de simulation plasticine au Centre de mise en forme
S
des matériaux (CEMEF)
École nationale supérieure des mines de Paris A
Suzanne JACOMET
Technicienne du laboratoire de simulation plasticine au Centre de mise en forme
des matériaux
V
et
École nationale supérieure des mines de Paris
Pierre MONTMITONNET
O
Ingénieur de l’École centrale de Paris
Directeur de recherche au CNRS
I
Responsable adjoint du groupe de recherche « Surface et Tribologie » au Centre
de mise en forme des matériaux
École nationale supérieure des mines de Paris
R
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