Algeria Migration Study 2014 12 FR Elect
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Ce rapport a été élaboré dans le cadre du projet de la Commission européenne « Algérie : Renforcer la
protection des migrants et des capacités pour la gestion des flux migratoires mixtes » :
Sous la direction de : Arabelle BERNECKER-THIEL (ICMPD), Mohamed Saïb MUSETTE
(CREAD) et Hocine LABDELAOUI (CREAD).
Et la contribution de :
• Au titre de la CNCPPDH : Yasmina TAYA, Abbelouahab MERDJANA et Sid Ahmed
KEHAL
• Au titre de l’ICMPD : Arabelle BERNECKER-THIEL et Jean-Yves CHARRIOU.
• Au titre du CIR : Gino BARSELLA et Riad Kenzi BRAHIMI
• Au titre du UNHCR : Sabrina AMIRAT
• Des représentants au titre des départements ministériels et institutions publiques algériens ci-
après : Ministère de la Défense Nationale, Ministère de la Solidarité Nationale, de la Famille
et de la Condition de la Femme, Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité Sociale,
Direction Générale des Douanes et le Centre National du Registre du Commerce.
Financé par l’Union européenne dans le cadre du Programme thématique de coopération avec les pays
tiers dans le domaine des migrations et de l’asile (2009-2010)
Le présent rapport «Contribution à la Connaissance des Flux Migratoires Mixtes vers, à travers et
de l’Algérie» a été produit à un moment crucial, durant lequel le rôle de l’Algérie s’est affirmé dans la
région, non seulement du point de vue politique et économique mais surtout dans sa position
géostratégique. Les crises politiques s’aggravèrent et l’arrivée des migrants vers l’Algérie devenait
préoccupante. Un changement radical s’est opéré ainsi. L’Algérie, connaissant déjà la migration de
transit, devenait un pays de destination pour de nombreux migrants pour des durées de plus en plus
longues. Ce nouveau défi s’inscrit ainsi comme une problématique nouvelle, qui reste aussi pertinent
pour le futur.
Ce rapport n’est donc pas seulement un des principaux résultats du projet de la CE « Algérie :
renforcer la protection des migrants et les capacités de gestion des flux migratoires mixtes ». Une
tentative d’apporter des réponses à ce nouveau défi est ainsi élaborée, il est beaucoup plus que cela : il
rassemble les conclusions et les recommandations d’un travail de trois ans, qui a – pour la première
fois - réuni de nombreuses institutions et experts de différentes nationalités et structures engagés sur le
chemin de la coopération, parfois controversée, mais toujours dans le cadre d’un échange amical et
constructif sur un sujet qui nous préoccupe tous : un phénomène aux multiples facettes - la migration.
Les réalisations concrètes du projet sont importantes et nombreuses : de l’aide matérielle a été
fournie aux migrants, le retour volontaire au pays d’origine a été facilité pour ces derniers, grâce au
travail de la CNCPPDH, du CIR et du HCR, qui ont d’ailleurs également élaboré et mis en œuvre une
procédure pour la protection des migrants vulnérables et les mineurs, comblant ainsi une
lacune importante dans le système algérien de protection.
Les activités de renforcement des capacités dans le projet, qui a porté sur les différentes formes de
migration régulière et irrégulière de point de vue théorique et pratique, sont également pertinentes.
Les six ateliers et les trois missions d’études ont réussi à réunir les parties prenantes du gouvernement,
du milieu universitaire et de la société civile, devenant ainsi d’importants forums pour l’échange
interdisciplinaire et intersectoriel de l’expérience et des idées. Les ateliers ont également généré des
recommandations concrètes pour la gestion des flux migratoires mixtes en Algérie, qui sont reflétées
dans le présent rapport.
Ce document doit être considéré comme une contribution au discours algérien sur la migration
auquel notre projet a contribué au lancement, et comme résultat de notre partenariat sincère et
fructueux que nous espérons continuer dans l’avenir, à savoir : travailler conjointement sur une vision
humanitaire et une approche régionale du phénomène migratoire.
Ralf GRUENERT
(Représentant de l’UNHCR)
3
Table des matières
4
5.2.6. Retour et réadmission ................................................................................................................... 52
6. Cadre institutionnel................................................................................................................55
6.1. Niveau national .................................................................................................................................55
6.1.1. Ministères ..................................................................................................................................... 55
6.1.2. Autres acteurs étatiques................................................................................................................ 65
6.1.3. Les ONG Algériennes .................................................................................................................. 66
6.1.4. ONGs étrangères de droit algérien ............................................................................................... 70
6.2. Les acteurs internationaux ................................................................................................................71
6.2.1. Organisations internationales et intergouvernementales .............................................................. 71
6.2.2. Les ONG étrangères ..................................................................................................................... 76
7. Mécanismes de Coopération et de Coordination .................................................................79
7.1. Coordination nationale .....................................................................................................................79
7.2. Coopération régionale.......................................................................................................................81
7.2.1. Coopération avec les pays du Maghreb et du Sahel ..................................................................... 81
7.2.2. Coopération avec des partenaires européens ................................................................................ 83
III. ELEMENTS DE RADIOSCOPIE DES FONCTIONS..........................................................................87
8. Entrée et sortie des migrants .................................................................................................87
8.1. Procédures Administratives ..............................................................................................................89
8.1.1. Formalités d’entrée....................................................................................................................... 89
8.1.2. Formalités de sortie du territoire .................................................................................................. 91
9. Réception des Migrants .........................................................................................................93
10. Trafic illicite de migrants et traite d’êtres humains ............................................................95
11. Asile et Réfugiés......................................................................................................................98
11.1. Procédures des demandes d’asile ...................................................................................................100
12. Prise en charge des personnes en situation de vulnérabilité.............................................102
13. Migration de Travail ............................................................................................................107
13.1. Les salariés étrangers ......................................................................................................................107
13.2. Les employeurs étrangers ...............................................................................................................108
13.3. Les entreprises étrangères ...............................................................................................................108
13.4. Principes régissant l'emploi de la main d'œuvre étrangère .............................................................109
14. Retour et Réadmission .........................................................................................................111
IV. RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES...................................................................................116
15. Résumé analytique ...............................................................................................................116
16. Recommandations ................................................................................................................118
16.1. Niveau international .......................................................................................................................118
16.2. Niveau national ...............................................................................................................................119
16.2.1. Recommandations sur la protection internationale et sur le droit relatif au statut des réfugiés . 119
5
16.2.2. Recommandations pour une vision humanitaire du phénomène migratoire .............................. 119
16.2.3. Recommandations sur la prise en charge des personnes en situation de vulnérabilité............... 121
16.2.4. Recommandations sur la migration pour motif de travail .......................................................... 122
16.2.5. Recommandations sur le retour volontaire................................................................................. 123
17. Perspectives ...........................................................................................................................124
Annexe 1. Glossaire de la terminologie liée à la migration ........................................................................126
Annexe 2. La liste des associations qui ont participé dans les ateliers du projet .....................................130
Annexe 3. Références bibliographiques .......................................................................................................131
17.1. Principaux textes ............................................................................................................................134
6
Tableau N° 9. Effectifs des Algériens interceptés en situation irrégulière dans les pays de l’UE .....................42
Tableau N° 10. Evolution des effectifs d’Algériens en rétention administrative en France ..............................43
Tableau N° 11. Effectifs des Algériens ayant fait l’objet d’une décision de quitter les territoires des
pays de l’UE.......................................................................................................................................................43
Tableau N° 12. Accords bilatéraux de l'Algérie sur la réadmission des personnes ...........................................46
Tableau N° 13. Entrées et sorties du territoire national de 2001 à 2010 ............................................................87
Tableau N° 14. Evolution des interceptions au niveau des postes frontaliers de 2006 à 2008 ..........................88
Figure N° 12-13. a) Evolution des retours des algériens de 2000-2012; b) Evolution des
étrangers autorisés à migrer en Algérie 88
Figure N° 14. Evolution de migrants interceptés par la gendarmerie nationale (2006-2012) ..........................94
Figure N° 15. Evolution des effectifs d’Algériens demandeurs d’asile dans les pays industrialisés .................99
Tableau N°15. Evolution des effectifs de réfugiés dans les pays industrialisés ..............................................100
Figure N° 16. a) Répartition des migrants assistés selon le sexe et l’âge ; b) Répartition des migrants
de la nature de l’assistance ...............................................................................................................................104
Figure N° 17. Répartition des bénéficiaires selon la nationalité ......................................................................105
Figure N° 18. Evolution des salariés étrangers inscrits auprès des services de l’emploi.................................107
Figure N° 19. Evolution des commerçants (personnes physiques et morales) étrangers en Algérie de
2006 à 2012 ......................................................................................................................................................108
Tableau N° 16. Evolution du nombre de commerçants étrangers inscrits au registre du commerce –
période fin 2006-fin 2012 ................................................................................................................................109
Figure N° 20. Effectifs des Algériens refoulés aux frontières aériennes des pays de l’UE .............................112
Tableau N° 17. Effectifs des Algériens contraints à un retour forcé dans leur pays d’origine ........................112
Tableau N° 18. Evolution des Algériens expulsés et reconduits vers l’Algérie à partir des pays
européens .........................................................................................................................................................113
Tableau N° 19. Evolution des migrants de retour subsahariens assistés par l’association Rencontre &
Développement ................................................................................................................................................114
Tableau N° 20. Evolution des retours assistés par l’association Rencontre & Développement par
nationalité.........................................................................................................................................................115
7
Acronymes
AA Accord d’Association
AFAD Association des Femmes Algériennes pour le Développement
ANEM Agence Nationale de l’Emploi
BAPRA Bureau Algérien pour les Réfugiés et les Apatrides
BIT Bureau International du Travail
CARIM Consortium for Applied Research on International Migration
CE Communauté Européenne
CICR Comité International de la Croix Rouge
CIMADE Service œcuménique d’entraide (initialement Comité inter mouvements
auprès des évacués)
CIR Conseil Italien pour les Réfugiés
CISP Comité International pour le Développement des Peuples (Comitato
Internazionale per lo Sviluppo dei Popoli)
CNCPPDH Commission Nationale Consultative pour la Promotion et la Protection des
Droits de l’Homme
CNRC Centre National du Registre du Commerce
CP Code pénal
CPP Code de procédure pénale
CREAD Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le Développement
C.U.G.F Commandement des Unités des Gardes-frontières
DA Dinar Algérien
DGD Direction Générale des Douanes
DGSN Direction Générale de la Sûreté Nationale
DPVCT Direction de la Protection des Végétaux et des Contrôles Techniques
ECHO Service d'Aide Humanitaire de la Commission européenne
GTO Groupe Thématique ONUSIDA
ICMPD Centre International pour le Développement des Politiques Migratoires
IST Infection sexuellement transmissible
LADDH Ligue Algérienne de Défense de Droits de L’Homme
MDM Médecins du Monde
MTM Dialogue sur la migration de transit en Méditerranée
MESRS Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
OCLIC Office Central pour la Lutte contre l’Immigration Clandestine
OI Organisation internationale
8
OIM Organisation Internationale pour les Migrations
OIT Organisation Internationale du Travail
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONG Organisation non-gouvernementale
ONS Office National des Statistiques
ONUSIDA Le Programme Commun des Nations Unies Sur le VIH/SIDA
OSCE Organisation sur la sécurité et la coopération en Europe
OTAN Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
PAF Police aux Frontières
PAM Programme Alimentaire Mondial
PNUD Programme des Nations unies pour le Développement
SNAPAP Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique
TEH Trafic d’êtres humains
Triangle GH Génération Humanitaire
UA Union Africaine
UE Union Européenne
UGTA Union Générale des Travailleurs Algériens
UNHCR Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés
UNICEF Fonds des Nations unies pour l’Enfance
9
Résumé synthétique
La réalisation de cette étude, en accompagnement du projet, n’a pas été aisée tant les questions
des migrations internationales sont de plus en plus complexes et exigent des réajustements permanents
autant des instruments conceptuels que des outils d’analyse. Toutefois, c'est le résultat d’une
concertation sur les migrations internationales, impliquant autant les acteurs nationaux
qu'internationaux, qui a été auguré.
Partant du fait que les flux migratoires mixtes, dans un pays du Sud, ne peuvent être examinés
selon les lunettes théoriques classiques et en fonction des impératifs des pays du Nord, le changement
de perspectives adopté pour cette étude est riche d’enseignements mais des failles aussi sont relevées,
donc des réajustements sont possibles.
La position de l’Algérie dans les migrations internationales offre une vision nouvelle sur les plans
de l’histoire et de la géographie. Les analyses produites dans la première partie, permettent de sérier
quelques enseignements inédits.
L’histoire des mouvements migratoires a été toujours observée uniquement à partir de
l’émigration algérienne. L’Algérie réputée d’être un pays d’émigration. Or l’histoire des migrations
impose une double vision : les mouvements des Algériens vers l’étranger ainsi que ceux des étrangers
vers l’Algérie sont nécessaires pour une objectivation des faits historiques. En ce faisant, on découvre
que la tendance des migrations algériennes vers l’étranger s’oriente vers une reprise des mouvements,
parce que non organisée, celle-ci emprunte les voies irrégulières. La tendance de l’immigration
indique une reprise active des mouvements réguliers.
La position géographique de l’Algérie, à proximité des pays en crise (du printemps arabes et des
crises africaines), renforce les mouvements terrestres des migrants irréguliers. Le pays subit ainsi des
pressions énormes, sans pour autant bénéficier du concours de la communauté internationale qui est
pourtant associée aux conflits armées dans la région. Ces mouvements, étant incontrôlés, s’organisent
à travers le pays dans des couloirs défiant toute possibilité de régulation interne des flux. Les
ressources mobilisables par l’Algérie pour contrôler tous les couloirs risquent d’être
insuffisantes à terme.
L’analyse des données statistiques sur les migrations internationales offre quelques lumières sur
les mouvements des catégories multiples de migrants. Les mouvements des étrangers vers l’Algérie
ont existé bien avant l’indépendance. Depuis il y a eu un ralentissement. Une reprise à la hausse est
observée depuis les années 2000. Le contexte actuel a amplifié cette tendance avec l’arrivée des
personnes déplacées ainsi que le rapatriement des Algériens des pays en crise. La mesure des
migrations reste un défi international et mérite une observation constante. Le dispositif algérien est à
parfaire. Les données nationales, malgré leur importance pour l’analyse et la gestion des flux
migratoires sont incomplètes et peu accessibles. Les données diffusées par les sources étrangères sont
souvent en contradiction avec les observations nationales – aussi bien pour les étrangers en Algérie
que pour les Algériens à l’étranger. Les étrangers, en transit ou en situation irrégulière dans le pays
sont réputés d’être mobiles donc statistiquement non mesurables. Des images sont produites et ils
s’effacent dans le temps.
L’analyse de la réglementation, des acteurs et de la coordination institutionnelle, est la partie
centrale de l’étude.
L’analyse du cadre juridique condense, avec force de détails et de textes, tout l’arsenal des
dispositifs réglementaires permettant de dresser une configuration de l’effort de l’Algérie pour se
doter d’instruments nationaux en conformité avec les instruments internationaux qu’elle a ratifiés,
honorant ainsi les engagements du pays sur le plan des droits humains.
10
Ces dispositifs, quoique régulièrement adaptés, son perfectibles. Des failles sont relevées et
peuvent faire l’objet d’un réajustement par les différents secteurs en fonction des ressources
nécessaires et du besoin de renfoncement des capacités institutionnelles. Le groupe de travail
intersectoriel (dite « Table ronde sur la migration »), installé par la CNCPPH dans le cadre de notre
projet, mérite ainsi d’être élargi pour inclure tous les acteurs institutionnels intervenant sur le cadre
réglementaire.
L’étude a permis aussi d’établir une liste exhaustive des acteurs qui interviennent de manière
permanente ou ponctuelle, dans la gestion des flux migratoires. La pluralité des acteurs, y compris les
ONG (nationales et étrangères) offre une plus grande lisibilité des actions conduites sur le terrain au
profit direct des migrants, qu’ils soient algériens à l’étranger ou étrangers en Algérie, en situation
régulière ou irrégulière, en transit ou demandeurs d’asile. Loin d’être uniquement un répertoire, cette
liste révèle aussi l’implication de la société civile dans la prise en charge de la situation d’urgence ou
de détresse des migrants et contribue ainsi à identifier des chevauchements structurels ou substantiels
le cas échéant.
La coordination institutionnelle révèle encore toute la complexité des parties prenantes dans la
gestion des flux migratoires. Cette analyse établit les modes de coordination, de concertation des
acteurs selon des échelles diverses : mondiale, régionale et nationale. Il est aussi connu que les modes
de coordination multilatérale restent la plus délicate (car informelle) en matière de gestion des
mouvements migratoires. C’est la coordination bilatérale qui est, en règle générale, observée en
particulier pour les migrations régulières. La coordination institutionnelle des flux mixtes reste encore
un défi pour l’Algérie.
Les deux premières parties de l’étude, qui offrent une analyse documentée des rapports, études et
textes juridiques, aussi importantes qu’elles sont, resteraient limitées sans une immersion dans les
fonctions importantes de la gestion des flux migratoires mixtes.
La dernière partie engage une saisie factuelle des flux migratoires mixtes, selon des thématiques
estimées essentielles pour la gestion de ces flux. Il s’agit de questions relatives à l’entrée et sortie du
territoire, à la réception des migrants, au trafic illicite des migrants ainsi qu’à la traite des êtres
humains, l’asile et les réfugiées, la prise en charge des personnes vulnérables, la migration travail, le
retour et la réadmission.
11
Introduction
Dans le cadre du projet “Algérie : Renforcer la protection des migrants et les capacités de gestion
des flux migratoires mixtes” le Centre International pour le Développement de Politiques Migratoires
(ICMPD), en collaboration avec le Conseil Italien pour les Réfugiés (CIR), le Haut Commissariat des
Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), l’Union des Juristes Italiens pour la Défense des Droits
de l’Homme (UFTDU) et la Commission Nationale Consultative pour la Promotion et la Protection
des Droits de l’Homme (CNCPPDH), était chargé de conduire une étude sur les flux migratoires
mixtes et d’évaluer les capacités institutionnelles de gestion de ces flux en Algérie.
L’objectif principal de ce document est donc de compiler l’ensemble des informations d’ores et
déjà à disposition concernant les flux migratoires mixtes en Algérie et donnant des indications quant
aux capacités de gestion de ceux-ci par les autorités nationales, de montrer les résultats projet, et
également de permettre d’identifier les besoins de l’Algérie en matière de gestion de migration
régulière et irrégulière.
Le rapport envisage aussi à être utile à la communauté des donateurs, en soulignant les
domaines sur lesquelles les autorités algériennes se concentreront à l'avenir et où la coopération
internationale pourrait être bénéfique.
La méthodologie utilisée pour l'élaboration de cette étude était en coopération. Basé sur une
recherche documentaire1, qui a été réalisée au début du projet par des experts nationaux et
internationaux ainsi que sur les résultats des différentes activités du projet, un projet de rapport rude a
été préparé. Ce document a ensuite été affiné dans le cadre de plusieurs missions et de réunions par
une équipe d'experts nationaux et internationaux, qui comprenait des experts algériens de migration,
des représentants de la CNCPPDH et le consortium international ainsi que les représentants des
différents ministères algériens, dans le cadre de la Table permanente de migration, établi dans le cadre
dédit projet.
12
I. PANORAMA DES MOUVEMENTS MIGRATOIRES EN
ALGERIE
Aujourd’hui l’Algérie, comme les autres pays du bassin méditerranéen est confrontée à un
nouveau paradigme en matière de migration. Les récentes crises souvent appelées «printemps
arabes », avec la crise politique, économique et sociale dans les pays MENA. Les résolutions adoptées
par l'UE pour protéger ses frontières se déplacent vers les pays de la Méditerranée. La question n'est
pas seulement la protection de l'Europe contre les flux migratoires en provenance d’Afrique (Sud-
Nord), mais il est nécessaire de prendre également en compte les schémas de migrations Sud-Sud.
Ce changement de paradigme peut être illustré pars les mouvements migratoires vers, à travers et à
partir de l’Algérie. Ce pays, situé dans le Maghreb central en Afrique du Nord a connu plus d'une
révolution qui a eu un impact sur le mouvement des populations. Épargnée par les vagues du
Printemps arabe mais bénéficiant également de moyens conséquents en lien avec les ressources
énergétiques, l'Algérie est devenue un pays de plus en plus attractif pour les réfugiés en Afrique du
Nord. Ces mouvements de population peuvent être considérés comme une situation de « crise
migratoire ». Les théories classiques des migrations internationales sont inopérantes pour comprendre
les mouvements récents. Du coup, les réglementations (bilatérales ou multilatérales) deviennent aussi
difficiles à observer. Les effets provoqués par ce vide juridique sont laissés à l’appréciation des
chaque Etat en fonction des migrations subies.
En parlant de migration suite à une crise (politique, économique et sociale) en Afrique du Nord, il
est toujours fait référence aux pays d'accueil dans le nord de la Méditerranée. Cette vision reste
incomplète. Les impacts de la crise de la migration se font également sentir dans d'autres pays du Sud,
comme l’Algérie.
Historiquement, l'Algérie est réputée pour être un pays d'accueil pour les réfugiés, connu comme la
«Mecque des révolutionnaires », une expression inventée par Amílcar Cabral dans les années
soixante. Depuis son indépendance, l'Algérie a conclu de nombreux accords avec les pays limitrophes
du Sahara, notamment au Mali et au Niger et également avec les pays maghrébins (Tunisie, Maroc,
Libye et Mauritanie) dans le traité d’Union du Maghreb Arabe à la fin des années quatre-vingt.
Après chaque crise due aux catastrophes naturelles dans le désert du Sahara, les Africains sub-
sahariens se déplacent régulièrement vers le sud de l'Algérie. L'hospitalité des Touaregs est bien
connue. La population Touareg est dispersée dans différentes régions du Sahel. Depuis 1975, l'Algérie
accueille des réfugiés sahraouis sur son territoire. Ils sont des hommes, femmes et enfants dans des
camps dans le sud de l'Algérie, sous la supervision du HCR. Ces réfugiés bénéficient, également, des
programmes d'aide alimentaire de l’appui des Nations Unies.
Après les crises dans la région, dites de «printemps arabe», l'Algérie est devenue un refuge pour
les flux migratoires mixtes à partir de la Tunisie, la Libye, l'Egypte et la Syrie. Les mêmes
mouvements sont observés avec un flux de migrants en provenance des pays situés dans le sud du
Sahara, par exemple la crise en Côte-d’Ivoire, en République Démocratique du Congo et, récemment,
au Mali. Dans ces flux, il y a aussi des réfugiés en quête d’un pays tiers. De nombreux analystes
13
voient dans ces flux, seulement une voie de transit pour les pays d'Europe du Nord. Cette observation
est partiellement vérifiée, car il y en a beaucoup qui trouvent refuge en Algérie.
Les impacts de ces flux sur l'Algérie sont multiples. Deux signes immédiats sont fortement
ressentis. Tout d'abord, ces mouvements sont partiellement couverts par les instruments
internationaux souvent inefficaces pour des actions d’urgence, y compris pour la protection des droits
fondamentaux de l’homme. Deuxièmement, les autorités algériennes ont le devoir de sécuriser et
d’assurer la protection des ses frontières, mais aucun accord (bilatéral ou multilatéral) n’est réellement
opérationnel.
La situation actuelle en Algérie, pays unique en Afrique du Nord, accueille aujourd'hui plus de
flux migratoires mixtes. Ce nouveau contexte expose les migrants à des conditions sociales très
difficiles. Après avoir adopté des mesures strictes de migration de régulation, les règles ont connu une
certaine flexibilité pour répondre aux besoins fondamentaux des personnes en déplacement forcé
selon les rythmes des crises politiques en Afrique du Nord.
Les autorités algériennes doivent contrôler près de 1200 km de la côte Méditerranée ainsi que les
6000 km de frontières terrestres avec le Maroc, la République Sahraouie, la Mauritanie, le Mali, le
Niger, la Libye et la Tunisie. Les autorités algériennes, après avoir fermé les frontières terrestres avec
le Maroc en 1994 sont maintenant obligés de fortifier leurs frontières avec la Libye (Décembre 2012) ,
le Mali (Janvier 2013) et la Tunisie (Août 2013) , eu égard à l'ampleur du trafic transfrontalier et
crimes transnationaux, induits par la crise dans la sous-région
Les coûts de cette sécurité aux frontières sont supportés exclusivement par le budget de l'Etat. Ces
dépenses couvrent non seulement les frais liés aux forces de sécurité à mobiliser mais aussi ceux
d’acquisition des équipements de sécurité nécessaires pour détecter toutes les formes de trafic
transfrontalier, à savoir la traite des êtres humains, le trafic de migrants ainsi que des substances
prohibées, d'armes (parfois lourdes) circulant dans la sous-région.
Au regard de ces constats, les questions soulevées par cette étude portent sur ce changement de
paradigme : Comment l’Algérie fait-elle face à ces flux migratoires mixtes dans une situation de
crise où les accords ne sont plus opérationnels ? Quels sont les ajustements nécessaires dans cette
situation ?
Pour répondre à ces deux questions, trois hypothèses peuvent être formulées. D’abord, l’Algérie,
de par son histoire et sa position géographique est exposée à des mouvements mixtes, notamment,
dans la conjoncture actuelle. Puis, l’Algérie disposant d’un cadre juridique en évolution constante et
perfectible, des acteurs multiples interviennent avec des effets limités souvent non mesurables. Les
mécanismes de coordination, nombreux et souvent mal maîtrisés, s’articulent en fonction des
urgences. Enfin, les fonctions centrales des mouvements migratoires méritent une observation
permanente.
La démarche adoptée pour la réalisation de cette étude, reposant sur ces fils conducteurs, fait appel
à plusieurs techniques d’investigation. Il y a lieu d’abord de procéder à une analyse documentaire des
études, des rapports, des textes réglementaires ainsi que des données statistiques. Ensuite, il y a eu
l’installation d’un groupe de travail intersectoriel sous l’égide de la CNCPPH, avec des séances de
14
brainstorming régulières pour des précisions sur les procédures adoptées par les acteurs. Enfin, pour
chaque fonction centrale des mouvements migratoires, une série d’Ateliers a été organisée, avec les
acteurs locaux pour des discussions approfondies, assorties de recommandations.
15
2. Histoire de l’immigration et de l’émigration
La présence des étrangers en Algérie n’est pas un phénomène nouveau. L’Algérie est, depuis
plusieurs siècles, une destination de populations étrangères dont la présence est dominée par
l’occupation militaire et coloniale. Cependant, c’est au cours de la période coloniale, qu’on assista à
une arrivée de plus en plus forte d’immigrés européens vers l’Algérie.2 De seulement 160 000 en
1836, la population étrangère atteignait 750 000 en 1911. Le recensement de 1948, donne une
population française de l’ordre de 932 000, dont 485 000 femmes. Les immigrés français constituaient
95% de la population étrangère. Les 5% restant sont composés, d’anglais, d’allemands, d’espagnols,
d’italiens, de belges, de suisses, de britanniques, de maltais pour les plus importants et d’autres
nationalités pour une infime minorité. On signale, également, la présence de tunisiens et de marocains
durant cette période. En 1926, il y avait plus de 30 000 marocains en Algérie contre seulement 1 300
tunisiens.
Après l’indépendance, les français quitteront massivement l’Algérie. Les autres nationalités vont
suivre ce mouvement. Le départ de la quasi-totalité des étrangers d’Algérie va se faire durant les
années 1980 sous la pression de la politique de l’arabisation de l’enseignement et de l’algérianisation
des services, puis durant la décennie noire (1990-2000) sous la pression des actes terroristes visant,
notamment, les étrangers « non-musulmans ».
Il existe aussi un autre mouvement de populations durant les années 1970 dont on ne peut passer
sous silence. Ce mouvement est double : il comprend les réfugiés Palestiniens ainsi que les
populations en provenance du Sahara Occidental en 1975. L’expulsion des marocains d’Algérie la
même année3. Des camps de réfugiés sahraouis existent en Algérie. Ils bénéficient de l’assistance
internationale sous couvert du HCR4. Durant les années 2000, un autre phénomène a été amplement
médiatisé : les flux migratoires mixtes venant notamment des pays d’Afrique sub-saharienne5. Ces
flux comportaient non seulement des migrants économiques vers l’Algérie mais aussi des réfugiés et
surtout des migrants de transit vers l’Europe.
Avant d’entrer dans un processus d’évolution vers un pays d’immigration, l’Algérie était et reste
encore un pays d’émigration. Certains historiens, comme Benjamin Stora proposent une périodicité à
partir de 19126. C’est ainsi que l’émigration algérienne en France est passée entre 1912 et 1992 par
cinq étapes se distinguant les unes des autres par des événements politiques affectant l’évolution des
mouvements migratoires en l’Algérie et la France et les conditions d’installation de la communauté
algérienne en métropole.
2
Cf. Gouvernement Général de l’Algérie. Vol II. Population non-musulmane. Etat Civil et activité
professionnelle. Résultats statistiques du dénombrement de la Population, effectué le 31.10.1948. Service de
Statistique Générale. Direction Générale des Finances. Edition Non datée. Alger.
3
Plusieurs témoignages existent sur Internet à propos de cet évènement qui reste encore des pages sombres entre
l’Algérie et le Maroc. Sur la toile, on parle aussi de l’expropriation des algériens au Maroc en 1973.
4
Cf. site web http://www.unhcr.fr/cgi-bin/texis/vtx/page?page=4aae621d59b
5
Cf. L’étude du CISP sur les migrations subsahariennes en Algérie, 2008 – Alger.
6
Benjamin Stora (1992), Ils venaient d’Algérie, les immigrés algériens en France, Paris Fayard, 492p.
16
La première étape (1912-1924) a vu l’arrivée massive des Algériens en métropole dès les années
1920. Cette immigration est alors essentiellement originaire de Kabylie et représente, à la veille de la
seconde guerre mondiale, près de cent mille personnes. Elle est relativement âgée, les candidats à
l’exil ont souvent la trentaine : des paysans envoyés par leur village avec, pour mission, d’envoyer des
mandats postaux à leur famille. Cette présence visible des Algériens a donné lieu à la naissance des
premières organisations politiques algériennes en France, l’Etoile Nord-africaine (ENA) en 1926, le
Parti du Peuple Algérien (PPA) en 1937, le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques
(MTLD) en 1946.
La période 1945 -1954 a vu le débarquement en France d’une seconde vague d’Algériens. Les
hommes viennent maintenant de toutes les régions : du Constantinois (Est), fuyant la famine de 1944-
1945, et de l’Ouest algérien. Les années 1950-1952 voient surtout le début de l’immigration familiale.
On assiste alors à une autre construction de l’exil algérien dans le sens de l’installation dans le pays
d’exil.
La quatrième période entre 1954 et 1962 a été marquée par l’ampleur prise par le rôle de
l’émigration algérienne au mouvement de libération nationale. Les violences policières françaises,
comme la nuit tragique du 17 octobre 1961 où périrent de nombreux Algériens n’ont pas freiné le
développement de l’élan patriotique des émigrés algériens.
Entre 1962 et 1992, l’émigration algérienne en France est passée par deux périodes. Dans les
années 1960-1970, l’arrivée des émigrés algériens en France était réglementée par des accords entre
les gouvernements algérien et français. Les émigrés entretenaient l’idée de « retour » au pays même si
le séjour est devenu plus long pour une partie parmi eux. Certains s’engagent pourtant directement
dans la vie politique française, comme les « événements » de 1968.
La période 1962-1992, marquée surtout par la décision prise en 1971 par le gouvernement algérien
pour l’arrêt de l’envoi des travailleurs algériens vers la France, a inauguré une nouvelle étape de
l’évolution de l’émigration algérienne en France. Les mouvements entre les deux pays se réalisent
dans le cadre de projets individuels ou dans le cadre du regroupement familial. Au même moment se
développe au sein de l’émigration une tendance à la participation à la vie politique du pays de séjour.
A cette cinquième période, nous ajoutons une sixième période qui débute de 1992 jusqu’à nos
jours et qui est marquée par l’accélération de la migration des compétences, la place prise par la
migration des femmes et la multiplication de nouvelles formes d’émigrer telle que l’émigration par
voie irrégulière.
La périodisation proposée par la majorité des historiens français s’appuie sur une grille de lecture
de l’histoire de l’émigration algérienne en France à partir des événements survenus en métropole. Il
s’agit d’une histoire de l’immigration algérienne et non une histoire de l’émigration.
Pour pallier à cette lacune, Abdelamlek Sayad a proposé une grille de lecture construite autour
d’une mise en relation entre l’émigration et l’immigration, ce qui lui a permis de reconstruire
l’histoire de l’émigration algérienne en France à partir des mécanismes de sa formation en Algérie et
des facteurs déterminant sa reproduction en France. Les trois âges marquant l’évolution de
17
l’émigration des Algériens vers la France expriment, selon Sayad, l’évolution de la société algérienne
dans la construction du projet migratoire comme un outil de reproduction sociale.7
7
Sayad Abdelamlek, « Les trois ages de l’émigration », in Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 15,
1977, pp.59-79
18
3. Géographie - une position propice à la fluidité des
mouvements de populations
Source : wikipedia9
8
Le tracé de la frontière de l’Algérie avec la Tunisie est délimité en application des accords de bornage signés
par les gouvernements des deux pays. Il s’agit du : Décret no 83-378 du 28 mai 1983 portant ratification de la
convention relative au bornage de la frontière d'État entre la République algérienne démocratique et populaire et
la République tunisienne, de la mer méditerranéenne à Bir Romane, signée à Tunis le 19 mars 1983, Journal
officiel de la République algérienne, 4 juin 1983 ; l’accord sur le tracé de bornage de la frontière algéro-
tunisienne entre Bir Romane et la frontière libyenne , signé à Tunis le 28 Choual 1389 correspondant au 6
janvier 1970. Le tracé de la frontière entre l'Algérie et le Niger est hérité du découpage de la colonisation
française. Il a été définitivement entériné par la ratification côté algérien le 28 mai 1983 de la convention de
bornage entre les deux pays, signée le 5 janvier 1983 par les présidents Chadli Bendjedid et Seyni Kountché. Le
tracé des frontières avec le Mali a été définitivement entériné par la ratification côté algérien le 28 mai 1983 de
la convention de bornage entre les deux pays, signée le 8 mai 1983 par les présidents Chadli Bendjedid et
Moussa Traoré. Le tracé des frontières avec la Mauritanie a été définitivement entériné par la ratification côté
algérien le 18 février 1984 de la convention de bornage entre les deux pays, signée le 13 décembre 1983 par les
présidents Chadli Bendjedid et Mohamed Khouna Ould Haidalla.
9 www.wiképédia.com, extrait le 01/10/2013
19
S’étalant sur une longueur de 6380 Kms, les frontières terrestres accueillent les mouvements de
populations venant de Tunisie, de Libye, du Niger, du Mali, de la Mauritanie, du Sahara occidental et
du Maroc. Leurs caractéristiques physiques et topographiques marquées par un relief montagneux et
accidenté au Nord et par l’étendue du désert au Sud, ne facilitent guère la surveillance des
mouvements de passage des populations. Cette difficulté est accentuée par l’étendue du tracé de ces
frontières permettant, l’établissement des connexions avec plusieurs routes venant des régions
subsahariennes ce qui multiplie les points d’entrées et de sorties du territoire algérien10 .
D’une longueur de 1200 km, les frontières maritimes s’étendent sur une bande côtière délimitée
par les frontières maritimes avec le Maroc à l’Ouest et par les frontières maritimes avec la Tunisie à
l’Est.
Leurs caractéristiques physiques dominées par des plaines et un relief montagneux important ne
facilitent guère la surveillance des mouvements vers et à partir du territoire algérien.
Aux frontières terrestres et maritimes s’ajoutent les frontières aériennes qui assurent à travers 35
aéroports dont 13 internationaux davantage de possibilités pour les mouvements de populations vers
et à partir de l’Algérie en élargissant l’espace de destination et de provenance.
La circulation sur le territoire algérien est facilitée par l’existence d’un réseau routier important
comportant 112 696 km de routes dont 29 280 km de routes nationales et plus de 4 910 ouvrages d'art.
Ce réseau devrait être complété par un important tronçon de 1 216 km qui est en voie de réalisation, et
qui devrait à terme relier la ville d'Annaba de l'extrême Est jusqu'à la ville de Tlemcen à l'extrême
Ouest11. Il sera renforcé également par la réalisation prochaine de l'autoroute des hauts plateaux de
1020 km et l’achèvement des travaux de doublement des route reliant Alger et les principales villes
des Hauts plateaux aux villes sahariennes ce qui va améliorer les mouvements sur la route
transsaharienne reliant le nord de l’Algérie aux frontières de six pays traversés par cette route
(Algérie, Mali, Niger, Nigeria, Tchad et Tunisie).
D’une longueur de 2.150 km, le réseau ferroviaire facilite également les circulations sur le
territoire algérien. Ces circulations vont s’améliorer davantage avec l’électrification de certains
tronçons, ce qui doit conduire incessamment à l'installation de trains à grande vitesse qui devraient
relier les villes les plus importantes du pays.
Cette position géographique stratégique a fait de l’Algérie depuis l’antiquité à nos jours un espace
de passage de populations en provenance du Sahara et de la région méditerranéenne pour effectuer des
échanges commerciaux et culturels et mener des conquêtes militaires. Les pistes de passage des
caravanes de commerçants à travers le Sahara n’ont pas encore disparu et constituent des repères aux
routes migratoires actuelles.
Mais cette fonction circulatoire accomplie par l’Algérie a pris une nouvelle dimension au cours des
dernières années dans le contexte de l’évolution de la situation politique et sécuritaire dans la région
du Sahel et du Maghreb. Aux mouvements de migrants et commerçants s’ajoutent désormais les
circulations des bandes de réseaux mafieux et de groupes armées. Les mouvements des populations ne
se caractérisent plus seulement par les flux migratoires mixtes mais également par les flux de
nouvelles catégories comprenant des groupes de terroristes et bandes de trafiquants et de commerce
illicite. Les événements vécus par la Tunisie, la Libye, le Mali ou encore la Cote d’Ivoire auxquels
10
Labdelaoui Hocine, « La gestion des frontières en Algérie », CARIM, rapport de recherche 2008/02, 43p
11
http://www.andi.dz/index.php/fr/secteur-de-transport, 14/08/2013
20
s’ajoute la dégradation de la situation dans d’autres pays subsahariens, ont accéléré aussi bien les
mouvements migratoires que les circulations des groupes armés de la mouvance Djihadiste et les
activités de trafiquants d’armes et de stupéfiants.
Depuis la fermeture des frontières avec le Maroc, les entrées et sorties légales du territoire algérien
par voie terrestre se font à travers les 13 postes frontaliers situés sur le tracé des frontières avec cinq
pays : la Tunisie et la Libye à l’Est, le Niger, le Mali et la Mauritanie au Sud. L’entrée à partir du
territoire du Sahara Occidental n’est pas encore assurée par un poste frontalier.
Quant à l’entrée et sortie des flux irréguliers, elles s’effectuent massivement à partir des frontières
Sud et à un degré moindre à partir du territoire de la Tunisie, la Libye et le Maroc. Ces entrées
empruntent des itinéraires mouvants tracés et retracés en suivant la progression des routes amenant
aux grands axes qui connaissent des transformations socio-spatiales et économiques et l’émergence de
pôles de développement et d’urbanisation générateurs et des relais de circulation. Ce qui fait que ces
itinéraires débouchent sur les principales villes relais entre le Sud et le Nord et entre les villes
frontalières de la région12.
Vue sous cet angle, les entrées et les sorties terrestres du territoire algérien se font à partir de six
principaux couloirs terrestres. Chaque couloir comporte plusieurs points d’entrée matérialisés par les
postes frontaliers contrôlés par les services de sécurité et de douanes et par des points frontaliers non
balisés permettant une connexion avec des pistes et chemins situés sur le territoire algérien. Quant aux
entrées et sorties par voie maritime, elles se font à partir des ports et aéroports internationaux et par
trois couloirs de sortie irrégulière par voie maritime.
• Le couloir algéro – malien : du territoire malien, les flux des migrants arrivent des pays
de l’Afrique de l’Ouest en partant de Bamako vers Gao et en transitant par la ville de
Mopti. De Gao, les flux pénètrent dans le territoire algérien par un couloir débouchant sur
deux directions : vers Tamanrasset en passant par Tin Zaouatine et vers la ville d’Adrar en
passant par Bordj Badji Mokhtar. Cette localité peut être également jointe à partir du poste
frontalier de Tin Zaouatine en passant par Timiaouine.
12
Ali Bensaâd, « Ancrages territoriaux, réseaux sociaux et initiatives des acteurs migrants : cas des
constructions des itinéraires transsahariens », Méditerranée [En ligne], 113 | 2009, mis en ligne le 31 décembre
2011, consulté le 17 août 2013. URL : http://mediterranee.revues.org/3805.
21
• Le couloir algéro – nigérien : du territoire nigérien arrivent les flux en provenance des
pays de l’Afrique de l’Ouest transitant par Ouagadougou et Niamey pour rejoindre la Ville
d’Agadez, point d’arrivée des flux en provenance des pays de l’Afrique centrale. De cette
ville, les flux se dirigent vers la ville d’Arlit qui ouvre les routes amenant vers
Tamanrasset en passant par In Guezzam ou vers Djanet par le point reliant la route
nationale no 3.
• Le couloir algéro – libyen : les entrées et les sorties du territoire algérien à partir des
frontières avec la Libye peuvent se faire à travers deux points de circulation
transfrontalière. En provenance de la ville de Sebha, l’entrée se fait par la localité
frontalière libyenne de Ghât au point reliant la route vers la ville algérienne de Djanet. En
provenance de la ville libyenne de Ghadamès, l’entrée se fait par le poste frontalier de
Debdeb ouvrant la route vers Illizi en passant par In Amenas au sud et vers Ouargla au
Nord.
• Le couloir algéro – tunisien : les frontières avec la Tunisie offrent le plus grand nombre
d’entrées et de sorties du territoire algérien. 9 postes frontaliers assurent l’organisation des
flux entre des villes tunisiennes de Tunis, Tozeur, Gafsa, El Kef et Jendouba et les villes
algériennes d’El Taref, Souk Ahrass, Tébessa, et El Oued.
• Le couloir algéro – marocain : fermées aux mouvements des populations, les frontières
avec le Maroc offrent un couloir de circulations à partir de quatre postes frontaliers situés
sur les axes permettant l’accès au territoire algérien à partir des villes marocaines de
Saidia vers Marsa Béni M’hidi, de Oujda vers Maghnia, d’Ahfir vers Bâb El Assa, et de
Figuig vers Béni Ounif. En plus de ces points d’entrée frontaliers, l’entrée peut se fait par
la localité algérienne de Beni Ounif en provenance de la localité marocaine de Figuig et
aussi par les points reliant la frontière marocaine aux six pistes locales desservant la route
nationale entre Bechar et Tindouf.
22
Carte N° 2. Carte des voies de circulations terrestres
Source : MTM13
Les frontières maritimes offrent des possibilités d’entrées et sorties régulières du territoire algérien
à travers les 29 ports de commerce, de pêche et de plaisance et cinq ports de transports de voyageurs
qui sont : Alger dans le centre, Bejaia, Skikda et Annaba dans l’Est et Oran dans l’Ouest. Ces ports
sont desservis par les ports de Barcelone, Alicante et Malaga en Espagne14.
Les données disponibles sur les mouvements transfrontaliers par voie maritime montrent que le
gros des flux d’entrée et de sortie du territoire algérien s’effectue par les cinq ports de transport de
voyageurs. Ces derniers constituent trois principaux couloirs :
Le couloir Algérie – France : Ce couloir est constitué des dessertes assurées par une compagnie
algérienne et une autre française pour relier le port de Marseille en France à Alger, Bejaia, Skikda, et
Annaba dans l’Est et Oran à l’Ouest.
13 Carte MTM sur les routes de migration irrégulière et mixte – Afrique de l’Ouest, Nord et Est, Méditerranée et
Moyen-Orient (2012)
14
http://www.algerieferries.com/, 14/08/2013
23
Le couloir Algérie – Espagne : Le port d’Alicante est relié aux ports d’Alger et Oran par la
compagnie algérienne, Algérie Ferries qui assure également des liaisons entre le port de Barcelone et
Alger et celui de Palma et Alger.
Les couloirs de sortie illégale : Comme pour les mouvements d’entrée et de sortie illégale par
voie terrestre, le recours aux récits des migrants et informations diffusées par diverses sources est
l’outil utilisé pour identifier les points de sortie et reconstituer les traversées de la mer. Cette
démarche a permis d’identifier trois couloirs de sortie :
• Le couloir Ouest : Ce couloir est composé de plusieurs points de sortie illégale situés sur les
cotes de l’Ouest algérien ; des cotes de la Wilaya de Mostaganem jusqu’aux cotes de la
Wilaya de Tlemcen en passant par les cotes des Wilaya d’Oran et de Ain Témouchent. Les
points de départ vers les côtes espagnoles les plus connues sont : Bouzedjar et Béni Saf dans
la Wilaya de Ain Témouchent et Ghazaouet dans la Wilaya de Tlemcen.
• Le couloir Centre : Les départs irréguliers par ce couloir se font occasionnellement par
l’embarcation clandestine, éventuellement avec la complicité du personnel navigant ou
travaillant au port d’Alger ou de Bejaia à bord de bateaux de commerce ou de voyageurs
assurant des dessertes avec les ports français de Marseille et la Ciotat. Il arrive que des
départs vers les côtes espagnoles soient effectués à partir de plages isolées de la région de
Ténès située dans la Wilaya de Chlef à l’ouest de la wilaya de Tipaza.
• Le couloir Est : Les côtes de l‘Est algérien comportent plusieurs points de départ clandestin
vers les côtes siciliennes. Le gros des départs s’effectue à partir des plages des Wilayas
d’Annaba et d’El Taref et à un degré moindre celles de la Wilaya de Skikda .Certaines
localités, comme Sidi Salem dans la périphérie de la ville d’Annaba, sont devenues célèbres
par leurs activités d’organisation des flux de la migration irrégulière.15
Quant à l’entrée et la sortie par voie aérienne, elle peut se faire à travers les 14 aéroports
internationaux accueillant des vols venant de quarante-cinq villes européennes, asiatiques, africaines
et canadiennes desservies par deux compagnies nationales : Air Algérie et Tassili Airlines et une
dizaine de compagnies étrangères. Les voyageurs transportés par ces vols peuvent rejoindre 31 villes
algériennes desservies par trois compagnies, les deux compagnies nationales et la compagnie Aigle
Azur.
15
Pour résumer cette tendance, un journaliste du quotidien El Watan a intitulé son reportage sur la localité de
Sidi Salem : « A Sidi Salem, les Haragas rapportent plus que le poisson », voir El Watan du 16 juillet 2010.
24
3.2. Eléments de cartographie relatifs aux entrées, sorties et circulations
irrégulières sur le territoire algérien
Les entrées et les sorties du territoire algérien s’opèrent par étapes et donnent lieu à la mise en
œuvre d’une organisation des parcours. Au terme d’un long et pénible parcours à travers le désert, les
migrants irréguliers sont abandonnés par leurs transporteurs, généralement, à une trentaine kilomètres
des villes. De ces points d’arrivée, ils se dirigent vers les endroits de regroupement des migrants en
attente de poursuite du trajet vers le Nord algérien. C’est ainsi que ces endroits se sont transformés
progressivement de lieux de passage en territoires d’attente, fonctionnant comme des cadres spatiaux
de préparation de stratégies de circulation à travers le territoire algérien avec tout ce que cela
comporte comme collecte de ressources financières et d’informations . Cette fonction a donné lieu à la
mise en place d’un système de communautarisation du territoire.
Ces territoires portent le nom des endroits qui sont devenus le lieu de regroupement et de séjour
des migrants irréguliers. A Tamanrasset, le quartier Gataa El Oued est devenu un territoire de séjour
et de conclusion de transactions de diverses natures entre migrants et entre ces derniers et des
Algériens. A Ghardaïa, le quartier Melika est devenu célèbre par la présence des migrants
subsahariens en attente de poursuite de leur périple migratoire. A Maghnia Oued Djorgy est
désormais connu pour être un territoire d’installation de migrants appartenant à plusieurs nationalités
en attente de départ vers l’Europe ou d’installation dans une autre région algérienne.
Les circulations sur le territoire algérien se font par étapes, dans un premier temps vers des villes
de connexion à travers des couloirs de pénétration, de transit et de destination. L’observation des
circulations des migrants entrés par les frontières du Sud permet de distinguer entre trois principaux
couloirs de pénétration :
Peu important, les flux en provenance des frontières tunisiennes et libyennes ne suivent pas des
itinéraires tracés sur de passages propres à la migration irrégulière et ne constituent pas, de ce fait, des
couloirs de pénétration au sens utilisé dans le présent rapport.
La seconde étape des circulations sur le territoire algérien est de se diriger soit vers les villes de
transit ou vers les destinations. Le choix de la première solution implique le passage par des trois
principaux couloirs de transit :
• Ghardaïa – Alger
• Ouargla – Ghardaïa
• Alger – Oran
En revanche, le choix de se diriger directement vers les villes de destination implique le passage
par quatre principaux couloirs de destination :
25
• Adrar – Maghnia en passant pat Bechar et Naamma
• Ghardaïa – Maghnia
• Oran – Maghnia
• Ouargla – Annaba
A travers ce bref aperçu sur les configurations des mouvements migratoires, il ressort que l’entrée
sur le territoire algérien donne lieu à deux types de rapport à l’espace algérien : le transit et
l’installation.
La réalisation des projets de migration vers l’Europe nécessite le passage par des territoires de
transit pour accumuler des ressources financières et des informations nécessaires pour la poursuite
des parcours migratoires, ce qui donne lieu à la prolongation du séjour et parfois à la reconversion du
transit en installation plus ou moins longue. Ces territoires se sont formés autour des principales villes
connexion qui sont :
• Ghardaïa
• Ouargla
• Alger
• Adrar
• Oran
Chaque territoire prend sa configuration et sa localisation dans l’une des périphéries de la ville,
généralement, dans les quartiers constitués d’habitations en construction.
Cette configuration des entrées, des circulations et d’installation des migrants a fait que la présence
de cette population étrangère se concentre au niveau des territoires de séjour directement après
l’entrée et en attente de sortie du territoire algérien.
Si on prend les statistiques relatives aux étrangers arrêtés par les services de sécurité comme un
indicateur de répartition de ces flux sur le territoire algérien, nous relèverons que la région Sud est le
premier territoire d’installation des migrants venant des pays subsahariens.
En 2010, 5143 migrants ont été arrêtés, 4393 à Tamanrasset, 172 à Ghardaïa, 171 à Illizi, 169 à
Adrar, et 120 à Ouargla. La région Ouest forme le second territoire d’installation en attente de sortie
vers l’Europe via le Maroc. 1311 migrants ont été arrêtés, 892 à Tlemcen, et 190 à Oran. Fonctionnant
comme un territoire d’attente à la concrétisation de projets de migration ou d’installation, la région
26
Centre a vu en 2010 l’arrestation de 494 migrants dont 291 à Alger. La majorité des 361 migrants
arrêtés dans la région Est vivaient dans les Wilayas frontalières, 60 à Annaba, 76 à El Taref, 34 à
Tébessa et 13 à Souk Ahras.16
Au cours de ces dernières années, l’installation des migrants algériens tend à se diversifier. Au
continent européen qui reste le plus important espace d’installation sont venus s’ajouter de nouveaux
territoires d’installation. Les données consulaires permettent de dresser une première classification
comprenant cinq territoires :
• L’Europe
• Amérique du Nord
• Pays arabes
• Afrique
• Asie Océanie
• Amérique du Sud
L’Europe reste le premier territoire d’installation des émigrés algériens. Les USA et le Canada
attirent ceux qui sont porteurs de diplômes et de compétences qu’on retrouve également dans les pays
du Moyen Orient et en Grande Bretagne.
16
DGSN citée par Aissa Kadri, Achaibou Mahfoud, Lendja Ngemzue Anger Bergson, les enfants migrants non
accompagnés (EMNA), sociologie et parcours (Afrique de l’ouest –Maghreb –Europe), pays étudiés : Mali,
Niger, Sénégal, Mauritanie, Libye, Algérie, Maroc, rapport de recherche final, ERASME-Université
Paris8 /UNICEF, 2012.
27
4. Panorama des flux migratoires
A la lecture de ce schéma, le volume des étrangers est plus important en Algérie sur toute la
période observée : ils étaient un peu plus 400 000 étrangers dans les années 1960. Le volume de
migrants a baissé dans les trois pays. Le nombre d’étrangers en Algérie demeure encore le plus
important avec près de 250 000, soit 75% des étrangers dans ces trois pays du Maghreb.
La situation en 2012 a connu des changements, notamment dans le contexte des « migrations de
crise » qu’a connu la région. La Tunisie a connu un afflux important d’étrangers, notamment de la
Lybie. L’Algérie aussi a connu des flux en provenance de Lybie, mais aussi du Mali et de la Syrie.
28
Tableau N°1. Données sur les étrangers selon les statuts en 2012
En 2012, le nombre d’étrangers, selon notre compilation de sources diverses, est estimé à 264 150
personnes au minimum, sans compter le nombre de migrants naturalisés, d’étrangers résidants qui
n’ont besoin d’aucune autorisation préalable ou encore les migrants en situation irrégulière.
La notion de flux migratoires mixtes est une des composantes mises en relief par la théorie des
« migrations des crises ». Ces flux sont composés de personnes dont les raisons et/ou les objectifs, à
l’origine de leur migration, diffèrent selon les groupes auxquels elles appartiennent. D’après notre
estimation, ces flux sont estimés à 23,1% de la population étrangère en Algérie.
29
Figure N° 2. Répartition des étrangers selon le statut en Algérie (en %)
Source: compilation de données selon les différentes sources, CREAD, 2013, Alger
Ces flux représentent davantage les migrants provenant des pays subsahariens, mais aussi des
migrants en provenance de la Libye et de la Syrie, notamment ces dernières années. Les flux
provenant du reste de l’Afrique est composé essentiellement de Maliens, suite à la crise politique qu’a
connu ce pays en 2012. Si l’on se réfère aux arrestations effectuées par la Gendarmerie nationale, les
flux en provenance de pays l’Afrique sont en baisse ces dernières années, après avoir connu une
croissance inquiétante dans les années 2000.
Durant les années 2000, la première nationalité en situation irrégulière en Algérie était celle du
Niger. Elle était suivie par celle du Mali et du Maroc. En 2012, selon les données afférentes aux
migrants interceptés par la Gendarmerie Nationale, ce sont les ressortissants marocains qui viennent
en première position au niveau des frontières terrestres.
Les flux migratoires en provenance du continent existent depuis de nombreuses années. Ces flux
sont composés de personnes dont les raisons et/ou les objectifs, à l’origine de leur migration, diffèrent
selon les groupes auxquels elles appartiennent. Les profils de migrants identifiés permettent un
classement des flux migratoires en trois principales catégories :
• La migration économique et/ou de transit : elle concerne des personnes quittant leur pays par
manque de perspectives socio-économiques ou désirant s’installer en Algérie. Les personnes
30
traversant le territoire algérien et se fixant momentanément dans les grandes villes afin de
rejoindre l’Europe par le Maroc, la Tunisie, la Libye ou par l’Algérie (Migrants économiques,
Migrants de transit et Immigrés en Algérie).
• La migration frontalière ou pendulaire : elle est traditionnelle et spécifique aux grandes villes
du Sud. Elle concerne les personnes faisant des allers-retours entre l’Algérie et les pays
d’origine (notamment du mali, Niger, Tunisie, Maroc) selon les saisons et les besoins
économiques (Migrants pendulaires).
• La migration pour recherche de protection internationale : elle concerne les personnes
craignant avec raison d’être persécutées dans leur pays d’origine (notamment du Mali et de la
Libye actuellement) conformément aux critères d’éligibilité de la Convention de Genève de
1951 et de la Convention de l’OUA de 1969 (Refugiés, Demandeurs d’asile et Apatrides).
Ces flux migratoires mixtes s’accentuent, deviennent de plus en plus complexes et tendent à
s’observer sur l’ensemble du territoire algérien. L’Algérie est passée en quelques années de pays de
transit à un pays de destination et d’installation. Une des régions les plus confrontées à la gestion de
ces flux migratoires mixtes est Tamanrasset. Située dans l’extrême Sud algérien, cette Wilaya est
considérée comme une des principales zones d’entrée de populations migrantes à travers les postes
frontières d’In Guezzam et de Tin Zaouatine17.
Les données disponibles sur ces flux irréguliers des migrants étrangers à partir des territoires
algériens montrent que la direction de l’Europe tend à perdre de l’importance au profit de
l’installation en Algérie ou le retour dans le pays d’origine.
Tableau N° 2. Les trois scénarios de réalisation des projets migratoires à partir de l’Algérie
Nature du projet %
Partir en Europe 43,0
S’installer en Algérie 57,0
Retour au pays d’origine en cas d’échec 67,8
D’après ce tableau construit à partir des résultats de l’enquête du CISP et de la SARP sur les
migrants subsahariens en situation irrégulière en Algérie19, les chances de réalisation de projets de
migration en Europe s’estompent au fur et à mesure de la progression dans l’accomplissement du
parcours migratoire depuis le pays d’origine jusqu’à l’arrivée en Algérie en passant par des pays
africains. Seuls les migrants économiques entretiennent l’espoir de poursuivre leur trajet vers le
continent européen. Pour une majorité de migrants subsahariens interrogés dans le cadre de cette
l’enquête (67.8% des enquêtés), le retour au pays d’origine est positivé en cas d’échec du projet de
17
Source : note interne CIR.
18
CISP/SARP, 2008, Les migrants subsahariens en situation irrégulière en Algérie : caractéristiques, profils et
typologie, rapport final, projet AENEAS
19
CISP/SARP, 2008, Les migrants subsahariens en situation irrégulière en Algérie : caractéristiques, profils et
typologie, rapport final, projet AENEAS
31
migration vers l’Europe en particulier après le renforcement des mesures de surveillance des
frontières des pays européens. Cette option est relevée dans les réponses des migrants frontaliers, des
migrants économiques et des réfugiés. Elle est plus forte chez les femmes et chez les nouveaux
migrants.
S’agissant des flux vers l’Europe, on relève que la préférence des migrants subsahariens porte sur
les routes terrestres pour rejoindre les pays voisins. Les départs par voie maritime sont peu nombreux
et tendent à disparaître.
Tableau N° 3. Evolution des effectifs de migrants étrangers interceptés par les gardes cotes
algériens en situation d’émigration irrégulière
Les statistiques des services de sécurité algériens révèlent que les cotes de la région ouest
constituent le principal point d’embarcation de migrants étrangers comme en témoigne le nombre de
personnes étrangères interceptées en situation de migration irrégulière. Le plus grand nombre
d’interceptions est enregistré en 2007.
Les flux de migrants étrangers par voie terrestre se dirigent vers la frontière algéro-marocaine où
se développe au niveau de la ville de Maghnia un espace d’installation de migrants subsahariens en
attente d’entrée dans le territoire marocain. Cette installation a donné lieu au développement d’un
phénomène de communautarisation de l’espace d’installation dans le lieu connu sous le nom « El
Oued Gordji » situé dans la banlieue de la ville.21 Chacune des 13 communautés présentes s’est
accaparé d’un espace qu’elle gère en coordination avec les autres communautés à travers la tenue de
réunions hebdomadaires regroupant les chefs des communautés. Les rapports entre les membres de
chaque communauté sont régis par une organisation interne présidée par la personne la plus ancienne
dans la migration.
La constitution des autres zones d’attente est observée dans la région de Tamanrasset dans le sud
algérien ce qui montre que l’option pour les routes terrestres a donné lieu à la mise ne place d’une
organisation d’attente pour s’adapter à la gestion suivie par les autorités algériennes et entretenir des
relations de bon voisinage avec la population locale.
Comme pour les flux irréguliers de migrants algériens, les flux des migrants étrangers traversent
une phase de recomposition. Face au renforcement de la surveillance des frontières, ils développent
20
Eléments de réponse au questionnaire portant sur les flux migratoires mixtes et les capacités de gestion de ces
flux en Algérie, p. 2
21
C’est le constat relevé lors d’une mission dans la ville de Maghnia organisée dans le cadre des activités de
collecte d’informations organisées par la CNCPPDH et le CIR en 2013, dans le cadre du projet « Algérie:
Renforcer la protection des migrants et les capacités de gestion des flux migratoires mixtes ».
32
des stratégies d’adaptation comportant la modification des routes et la constitution des espaces
d’attente gérés selon une organisation communautaire.
Les flux migratoires mixtes à partir de l’Algérie ont pris de l’ampleur depuis l’entrée en
application des restrictions sévères à l’octroi des visas et le renforcement des contrôles aux frontières
des pays de l’Union européenne. La mise en œuvre de nouvelles mesures plus strictes que les
précédentes a donné lieu à l’apparition de nouvelles formes d’entrée, à l’élargissement de l’espace de
circulation et à la multiplication des différents types de flux mixtes.
Partant d’un pays devenu pays de transit, les flux migratoires mixtes à partir de l’Algérie tendent à
se mondialiser. A coté de ressortissants algériens, on dénombre des migrants irréguliers appartenant à
une soixantaine de nationalités originaires d’Afrique subsaharienne, d’Asie et même d’Europe. Ces
flux empruntent des filières de circulation transnationales vers les pays voisins. Mais peu de flux de
migrants subsahariens traversent actuellement la Méditerranée pour regagner les cotes européennes à
partir du littoral algérien. Les départs par voie maritime s’effectuent généralement à partir des côtes
tunisiennes et libyennes pour les flux en provenance du territoire algérien.
De part le caractère clandestin de la majorité de leur composante, ces flux échappent à une
évaluation aussi précise que complète. L’objectif recherché serait, par conséquent, de cerner les
tendances de leur évolution et avoir une idée sur leur ordre de grandeur pour proposer des éléments de
leur gestion.
Nous proposons de présenter un panorama des flux de migrants algériens à partir du territoire
algérien au cours de ces dernières années en essayant d’embrasser les différents aspects et catégories.
33
Ces données sont différentes des estimations élaborées par les pays d’accueil.22 Durant la décennie
2000, il est observé un flux moyen annuel de départ de 35 000, avec un pic en 2004 (41 000). Au
total, 430 000 personnes ont quitté l’Algérie entre 2000 et 2011 vers les pays de l’OCDE.
Figure N° 5. Flux des départs d’Algériens vers les pays de l’OCDE (2000-2011)
Les flux de départ sont concentrés vers trois pays (France, Espagne & Canada) avec plus de 80%
des nouveaux migrants.
Les flux des migrants algériens peuvent être évalués à travers l’étude de deux principales formes
d’entrée dans les pays de destination : les entrées légales et les entrées illégales.
22 Cf. MPC (2013) – Fargues estime le stock des Algériens établis à moins d’un million.
23
Labdelaoui, H., 2012 « L’Algérie face à l’évolution de son émigration en France et dans le monde », Hommes
& Migrations, no 1298, juillet-aout 2012, »France- Algérie, le renouveau ».
34
Figure N° 6. Evolution des entrées et sorties des Algériens dans les pays de l’OCDE et dans
d’autres pays (pays arabes non comprises)
Source: OCDE, migration data base, www.oecd.org, data extracted on 24 juin 2013
Si on se réfère à la période 2000- 2011 et on se limite aux 34 pays couverts par le système
d’observation de l’OCDE, on relèvera que les flux des migrants algériens ont constamment progressé
entre 2000 et 2004. La nouvelle augmentation enregistrée en 2007 s’arrêta en 2008 pour réapparaître
l’année suivante et laissera place à une régression jusqu’à 2011 mais sans descendre en dessous des
niveaux enregistrés à partir de 2002.
Cette fluctuation de la progression des effectifs des Algériens entrés dans les pays observés n’a pas
atteint des proportions de nature à modifier le volume de la progression de l’installation des Algériens
à l’étranger. Le solde entre les entrées et les sorties est positif durant toute la période observée. Entre
2000 et 2011, 381 890 algériens se sont installés dans ces pays. Ce constat est confirmé par les
statistiques consulaires algériennes qui révèlent qu’entre1980 et 2010, 396 470 Algériens ont émigré
vers trois principales destinations, l’Europe, l’Amérique du Nord et les pays arabes.
Tableau N° 4. Evolution des effectifs d’Algériens installés dans les pays de l’OCDE
24 Cité par Mebroukine Ali, “Migrations, Genre et relations internationales, le cas de l’Algérie”, notes d’analyse
et de synthèse, CARIM, n° 7, 2011, p. 14.
35
De toute évidence ces flux de migration ne constituent pas, au départ, des flux migratoires mixtes.
Mais l’hypothèse de reconversion des profils des nouveaux migrants en acteurs des flux mixtes reste
plausible. Si on se réfère au cas de la France on relèvera que 24289 algériens ont été admis en 2010
dans le territoire français en tant que nouveaux migrants.
On relève également que le regroupement familial est le premier motif de ces admissions. 67.57%
des Algériens sont entrés en France dans le cadre de ce regroupement. La migration pour les es études
constitue le second motif d’admission, loin devant la migration économique, l’entrée pour des raisons
diverses et l’admission pour des motifs humanitaires.
Il est clair que toutes ces formes d’admission ne garantissent pas la régularisation définitive des
nouveaux migrants. Une partie de ces derniers peut verser dans les profils de la migration mixte dans
la mesure ou ils peuvent formuler des demandes d’asile ou devenir des migrants en situation
irrégulière.
Les flux migratoires légaux peuvent donc évoluer vers la migration mixte qui peut être également
alimentée par les flux irréguliers.
Une principale catégorie de la migration mixte est constituée dans le cas des Algériens par les
demandeurs d’asile.
Figure N° 8. Evolution des effectifs d’Algériens demandeurs d’asile dans les pays industrialisés
36
Source : UNHCR25
Selon les statistiques de l’UNHCR, le nombre d’Algériens ayant introduit une demande d’asile
auprès des pays industrialisés a atteint le niveau le plus élevé en 2004 pour enregistrer une régression
brutale l’année suivante. Une légère tendance à l’augmentation des demandes réapparaît entre 2006 et
2009 mais sans atteindre le niveau enregistré en 2003 et 2004. Globalement les demandes d’asile
demeurent stables depuis 2009, mais les chiffres enregistrés restent en dessous du seuil des 2000.
En outre, il est à signaler que cette évolution des demandes d’asile ne s’est pas répercutée sur le
rythme d’octroi du statut de réfugiés. Selon les données disponibles, le taux de réponses positives aux
demandes formulées n’est pas très élevé ce qui explique que le nombre d’Algériens bénéficiaires du
statut de réfugiés n’a pas évolué et enregistre depuis 2010 une régression (voir tableau ci-dessous). Si
on prend l’année 2012 comme référence, on relève d’après les statistiques de l’Eurostat que sur 4770
demandes déposées par les Algériens, 70 ont fait l’objet d’un accord favorable pour l’accès au statut
de réfugié et 10 ont été classés dans la catégorie de protection humanitaire.26
Année Effectifs
2009 8185
2010 6689
2011 6121
Source : UNHCR27
A travers ce bref survol de la situation des flux irréguliers de migrants algériens vers les pays de
l’Union européenne, il apparaît clairement que les Algériens ne constituent pas une catégorie
particulière. L’évolution de leurs flux tend à s’insérer dans les configurations des migrations
internationales au niveau régional. C’est dans cette évolution que s’inscrit le développement de la
migration mixte à partir des territoires algériens, ce qui implique l’évaluation des flux irréguliers de
migrants étrangers à partir de l’Algérie.
Confrontés aux difficultés d’obtention de visas d’entrée dans les pays étrangers, des Algériens, en
majorité des jeunes, recourent à l’émigration par voies illégales créant une nouvelle catégorie de
migrants irréguliers appelée « Harraga », mot arabe signifiant les brûleurs. Brûler les frontières
signifie partir sans passer les voies légaux28.
25 UNHCR, tendances et tendances de l’asile dans les pays industrialisés, panorama statistiques des demandes
d’asile en Europe et dans certains pays non européens, rapports des années 2003 à 2011
26 Eurostat, Asylum applications on 2012
27 UNHCR, tendances et tendances de l’asile dans les pays industrialisés, panorama statistiques des demandes
d’asile en Europe et dans certains pays non européens, rapports des années 2003 à 2011
28
Labdelaoui, H, « Harga ou la nouvelle forme de l’émigration irrégulière des Algériens », CARIM, Notes
d’analyse et de synthèse, 2010, www.carim.org
37
L’évaluation de ce phénomène qui a pris de l’ampleur à partir des années 2000 montre que la
question de l’identification des migrants n’est pas un obstacle à l’évaluation de l’ampleur des flux
mixtes en général. Débarrassés de tous les documents d’identité, les migrants interceptés à l’arrivée
des pays de destination peuvent déclarer n’importe quelle nationalité en fonction des circonstances
d’interpellation gonflant ainsi les effectifs d’un pays par rapport aux autres, ce qui explique la
différence des données des sources algériennes et celles avancées par les organismes des Etats
européens tel que l’agence Frontex29. Il arrive que des migrants irréguliers appartenant à d’autres
nationalités se déclarent algériens au moment de leur interception dans l’espoir de bénéficier des
protections qu’ils pensent que les migrants algériens en sont les seuls bénéficiaires.
Les données algériennes composées majoritairement par les chiffres relevés par les services de
sécurité révèlent que le phénomène de l’émigration irrégulière par voie maritime est en nette
régression au cours des dernières années.
Source : MDN30
Après une période de progression entre 2006 et 2008, la courbe d’évolution des migrants
interceptés par les gardes côtes algériens entame à partir de 2009 une chute atteignant au premier
semestre de 2011 un niveau très bas31. Les chiffres avancés montrent que les côtes espagnoles
demeurent la première destination des migrants irréguliers algériens. Les côtes italiennes occupaient
cette position au cours des années 2008 et 2009. Quant aux flux à partir des côtes de la région centre,
ils se dirigent aussi bien vers les côtes espagnoles qu’italiennes et parfois vers d’autres destinations
lorsqu’ils se réalisent à bord de bateaux de marchandises. A ces effectifs s’ajoutent les chiffres de
migrants irréguliers interceptés par les gardes espagnols, italiens et tunisiens.
29
En vue d’harmoniser les données sur les mouvements migratoires irréguliers, le gouvernement algérien à
travers l’ex ministère de la solidarité nationale, de la famille et de la communauté algérienne à l’étranger avait
proposé la mise ne place d’un observatoire méditerranéen des migrations. Ce projet est resté un vœu pieux
puisqu’il n’a pas donné lieu à des mesures concrètes.
30 MDN, 2011, Eléments de réponse au questionnaire portant sur les flux migratoires mixtes et les capacités de
gestion de ces flux en Algérie, p. 2
31
Recherchant l’effet médiatique, la presse écrite algérienne avance des chiffres sur les tentatives d’émigration
irrégulière sans prendre suffisamment de précautions pour vérifier les chiffres utilisés dans l’opération
quantification des flux. Pour 2012, le dépouillement de certains titres de la presse quotidienne révèle que plus de
400 personnes furent interceptés en 2012.
38
Tableau N° 7. Evolution des effectifs des personnes de nationalité algérienne ou présumée
algérienne interceptées par les gardes cotes espagnols, italiens et tunisiens en situation
d’émigration irrégulière
Source : MDN32
Ces sources confirment la préférence des migrants irréguliers pour les côtes espagnoles. Elles
confirment également la tendance à la régression des effectifs en signalant que la progression a atteint
son plus haut niveau en 2010 pour chuter brusquement l’année suivante.
En additionnant les chiffres des deux sources on obtiendra une évaluation plus exhaustive des flux
des migrants interceptés. Dans ce cadre, il y a lieu de signaler l’apparition d’un phénomène de
féminisation qui, bien que peu important, mérite d’être observé33.
Tableau N° 8. Evolution des effectifs de migrants algériens de sexe féminin interceptés par les
gardes côtes algériens en situation d’émigration irrégulière
Source : MDN34
L’explication de son apparition est à rechercher dans le processus de recomposition des flux de
migration irrégulière dans le contexte de l’évolution des migrations internationales. Cette
recomposition est marquée par l’apparition de nouveaux profils. C’est ainsi que les chômeurs ne
constituent plus les principaux acteurs. D’autres catégories sociales sont désormais impliquées dans
32 MDN, 2011, Eléments de réponse au questionnaire portant sur les flux migratoires mixtes et les capacités de
gestion de ces flux en Algérie, p. 2
33
Labdelaoui, H., 2011, « Les dimensions socio politiques de la question genre et migration en Algérie »,
CARIM notes d’analyse et synthèse ; 2011/12, 30p.
34 MDN, 2011, Eléments de réponse au questionnaire portant sur les flux migratoires mixtes et les capacités de
gestion de ces flux en Algérie, p. 2
39
cette migration telle que les personnes occupées, les intellectuels, les professions libérales, les adultes
et les mineurs35.
Les sources algériennes et les sources européennes s’accordent sur le fait que les effectifs de
migrants irréguliers algériens amorcent au cours des dernières années une tendance à la régression
comme en témoigne l’évolution des effectifs de migrants algériens interceptés à l’entrée des pays
européens ou au cours de leur séjour dans ces pays. Les divergences entre les deux sources
apparaissent lorsqu’il s’agit d’évaluer l’ampleur de ce phénomène. On relève que les sources
européennes avancent des chiffres plus élevés et proposent des procédés diversifiés en matière de
détection des migrants irréguliers.
Le premier procédé utilisé pour la détection des migrants irréguliers est appliqué au moment de
l’entrée dans les pays de l’Union européenne. Les ressortissants des pays tiers sont reconnus comme
migrants irréguliers lorsqu’ils sont en possession de faux documents d’identité ou ne possédant pas de
titres de voyage ou lorsqu’ils tentent de traverser les frontières en dehors des postes de contrôle.
Figure N° 9. Evolution des effectifs des Algériens signalés en situation illégale au moment de
leur entrée dans les pays de l’UE (toutes frontières confondues)
Les données diffusées par l’agence Frontex montrent que les migrants irréguliers algériens ou
présumés algériens constituent une catégorie importante des flux interceptés à l’entrée des frontières
des 27 pays de l’Union européenne. Les 28 918 migrants irréguliers algériens interceptés aux portes
des pays de l’UE représentent 04.97 % du total des migrants irréguliers de toutes les nationalités. Leur
nombre enregistre le niveau le plus élevé en 2010 pour amorcer au cours des deux dernières années
une régression signalée dans les statistiques algériennes Comparés aux effectifs en provenance des
pays du Maghreb, leur nombre est nettement inférieur à celui des Tunisiens dont les effectifs ont
nettement augmenté en 2011 à cause des événements vécus par leur pays d’origine. Mais il est
supérieur à celui des Marocains.
Les données de l’agence Frontex révèlent une autre caractéristique relative aux routes empruntées
par des flux de migrants irréguliers algériens. On relève une tendance à l’utilisation au cours des
dernières années des routes terrestres.
35
SARP, 2010, Prévention de la migration illégale des mineurs, rapport final sur le volet recherche, 48 p.
40
Figure N° 10. Evolution des effectifs des Algériens signalés en situation illégale au moment de
leur entrée dans les pays de l’UE par type de frontières
Fortement emprunté avant 2009, les routes maritimes cèdent progressivement la place aux routes
terrestres et ce suite au renforcement de la surveillance des rives de la Méditerranée aussi bien par les
gardes côtes et services de sécurité algériens que par les services européens et l’agence Frontex. Les
migrants irréguliers algériens sont ainsi amenés à emprunter les routes terrestres de l’Europe centrale
à partir de la Turquie qu’ils regagnent légalement par voie aérienne ou en transitant par la Syrie36.
L’importance de l’utilisation des frontières apparaît dans le constat que 59% des migrants algériens
interceptés entre 2008 et 2012 ont emprunté ces frontières.
Le second procédé utilisé par les services de sécurité des pays de l’Union européenne pour détecter
les migrants irréguliers concerne les passages clandestins des frontières européennes. Le voyage à
bord des véhicules de transport de marchandises ou l’embarquement dissimulé dans les voitures et
trains de voyageurs ou encore la tentative de franchissement des frontières en dehors des points de
contrôle sont considérés comme des indices d’une entrée clandestine.
Figure N° 11. Effectifs des Algériens interceptés après leur entrée clandestine dans les pays de
l’UE
36
Pérouse, J, F, « Transits maghrébins à Istanbul, trajectoires, profils et stratégies », REMM, no 199-120, pp
115-138
41
Les données diffusées par l’agence Frontex révèlent que les migrants algériens constituent une
composante relativement importante de cette catégorie de migrants irréguliers. Leur nombre
représente 12% du total des migrants détectés en situation de passage clandestin des frontières
européennes. Il est en constante progression passant du simple au double entre 2009 et 2012.Comparé
aux effectifs de certaines nationalités, ce nombre est, néanmoins, plus élevé que celui des Marocains
et inférieur à celui des Turcs.
Le troisième procédé utilisé pour détecter les migrants irréguliers est celui des arrestations des
personnes des pays tiers sans documents d’identité ou en possession de faux documents après leur
entrée dans l’espace des pays de l’Union européenne.
Tableau N° 9. Effectifs des Algériens interceptés en situation irrégulière dans les pays de l’UE
Total général 441 237 412 125 353 077 350 948 344 928 1 549 190
des migrants de
toutes les
nationalités
Sur ce plan, les migrants algériens ne constituent pas une catégorie particulière. Leur situation est
pratiquement identique à celle des ressortissants des pays du Maghreb. Ils sont légèrement plus
nombreux que les migrants tunisiens et nettement moins nombreux que les migrants marocains. Leur
nombre représente 4.5% du total des migrants en séjour irrégulier dans les pays de l’UE. Il enregistre
une tendance à la stabilisation au cours des deux dernières années en restant dans le niveau de
progression amorcé en 2010 après une légère régression en 2009.
Les migrants irréguliers interceptés peuvent faire l’objet d’une décision de rétention administrative
en vue soit de leur régularisation ou de leur éloignement ou expulsion.
42
Tableau N° 10. Evolution des effectifs d’Algériens en rétention administrative en France
Source : CIMADE37
Les données disponibles sur la France révèlent que les migrants algériens sont plus nombreux que
les Marocains et les Tunisiens à faire l’objet de rétention administrative .La courbe de leur évolution
enregistre depuis 2008 une tendance à la régression pour atteindre en 2011 un niveau inférieur à celui
des Marocains et des Tunisiens.
Plus nombreux dans les centres de rétention administrative, les migrants irréguliers algériens ne
constituent pas la première catégorie de migrants faisant l’objet de décisions de quitter le territoire du
pays dans lequel ils sont arrêtés. Leur nombre ne représente que 5% des effectifs de migrants faisant
l’objet d’une décision administrative de quitter les territoires des pays de l’UE. Il est identique à celui
des migrants marocains et supérieur à celui des Tunisiens.
Tableau N° 11. Effectifs des Algériens ayant fait l’objet d’une décision de quitter les territoires
des pays de l’UE
37 Rapports de la CIMADE sur la rétention administrative, années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010 et 2011
43
II. CADRE LEGAL, INSTITUTIONNEL ET MECANISMES DE
COOPERATION
5. Cadre réglementaire
Cette partie examine la réglementation algérienne en direction des étrangers. On présente d’abord
les instruments légaux et accords internationaux, puis le cadre réglementaire national pour les
différents axes retenus, à savoir l’entrée et la sortie du territoire national, la réception des étrangers, le
trafic illicite des migrants ainsi que la traite des être humains, les conditions de demande d’asile et de
refugiés, les dispositifs relatifs aux personnes vulnérables, la migration travail et enfin les conditions
de retour et de réadmission.
Tous ces dispositifs réglementaires sont élaborés selon les règles du droit positif, mais ils se
greffent sur un patrimoine culturel ancestral qui accorde à l’hospitalité et l’accueil des étrangers une
place importante. Les textes coraniques comme les Hadiths du prophète Mohamed abolissent toute
distinction ou discrimination entre les Arabes et les Perses et à travers eux les différentes nationalités.
Dans la culture algérienne, l’hospitalité des étrangers est un devoir sacré comme en témoigne
l’obligation de s’assurer chaque soir que la salle de la mosquée ne contient aucun étranger de passage
pour lui offrir un repas de hôte.
Le listing ci-dessous met en évidence le statut de l’Algérie par rapport aux instruments légaux
internationaux relatifs à la protection des migrants :
44
• la Convention supplémentaire relative à l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves et
des institutions et pratiques analogues à l’esclavage des Nations Unies, ratifiée par décret n°
63-340 du 11 septembre 1963
•
• la Convention n° 105 de l’OIT concernant l’abolition du travail forcé, ratifiée par Ordonnance
n° 69-30 du 22 mai 1969
• Déclaration relative au droit du travail38 pris sous l’égide de l’organisation internationale du
travail (OIT) en 1998
• la Convention N° 182 de l’OIT concernant l’interdiction des pires formes de travail des
enfants et l’action immédiate en vue de leur élimination, complétée par la recommandation
190, ratifiée par décret présidentiel n° 2000-387 du 28 novembre 2000
• Convention de 1969 de l’OUA relative aux droits des refugiés
• la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, ratifiée par décret présidentiel n° 03-
242 du 8 juillet 2003
Il convient de préciser que les engagements internationaux de l’Algérie ont la primauté sur la loi
nationale. Ainsi, le Conseil Constitutionnel, dans une décision du 20 août 1989, a confirmé le principe
constitutionnel selon lequel « les traités ratifiés par le Président de la République, dans les conditions
prévues par la Constitution, sont supérieurs à la loi » (Art. 132).
L'Algérie a signé six accords de réadmission avec des pays européens entre 1994 et 2007 afin de
rapatrier des ressortissants algériens en situation irrégulière. Le premier accord de réadmission avait
été signé en 1994 avec la France, un pays qui était à l'époque la destination privilégiée des Algériens.
Par la suite, avec le durcissement des conditions d'émigration vers la France, d'autres destinations se
sont ouvertes pour l'émigration clandestine. En 1996 d'autres accords de réadmission ont été signés
avec l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie et plus récemment avec le Royaume-Uni et la Suisse. En outre,
l’Algérie est en train de négocier des accords de réadmission avec la Belgique, le Luxembourg, Malte
et les Pays-Bas. Les accords de réadmission signés avec les pays européens stipulent l'établissement
préalable de la nationalité et de l'identité de la personne à rapatrier, de lui assurer un retour dans la
dignité et l'obligation pour l'Etat de reprendre la personne rapatriée lorsqu'il y a erreur. Ils prévoient
également des procédures de travail et de gestion coordonnée des personnes à rapatrier.
L’Algérie n’a encore conclu aucun accord de réadmission avec les pays subsahariens, bien que des
négociations soient en cours avec le Niger et le Mali.39
38
La Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail (1998) «déclare que
l'ensemble des Membres, même lorsqu'ils n'ont pas ratifié les conventions en question, ont l'obligation, du seul
fait de leur appartenance à l'Organisation, de respecter, promouvoir et réaliser, de bonne foi et conformément à
la Constitution, les principes concernant les droits fondamentaux qui sont l'objet desdites conventions, à savoir:
a) la liberté d'association et la reconnaissance effective du droit de négociation collective ;
b) l'élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire ;
c) l'abolition effective du travail des enfants ;
d) l'élimination de la discrimination en matière d'emploi et de profession
cf. http://www.ilo.org/actrav/areas/WCMS_DOC_ATR_ARE_DECL_FR/lang--fr/index.htm »
39
CARIM, L’attitude des autorités algériennes devant le phénomène de la migration irrégulière, (Firenze :
CARIM, 2009, 5.) article de Ali Mebroukine
45
Tableau N° 12. Accords bilatéraux de l'Algérie sur la réadmission des personnes
Belgique Négociation
Luxembourg Négociation
Pays-Bas Négociation
Autre pays
Mali Négociation
Niger Négociation
40European University Institute, Robert Schuman Centre for Advanced Studies, source de cette information:
MIREM: http://www.mirem.eu, consulté dernièrement le 25/11/2012.
46
« Article 67 : Tout étranger qui se trouve légalement sur le territoire national jouit, pour sa
personne et ses biens, de la protection de la loi »41.
Il convient de rappeler que l’article 132 de la Constitution consacre le principe de supériorité des
traités internationaux par rapport aux lois.
Secundo, l’Algérie a adopté la Loi n°08-11 du 25 juin 2008 relative aux conditions d’entrée, de
séjour et de la circulation des étrangers en Algérie, en remplacement de l’ordonnance n°66-211 du
21 juillet 1966 relative à la situation des étrangers en Algérie. La loi ne fait pas de distinction entre
différentes catégories de migrants. Tous les étrangers en situation irrégulière seront traités d’une
manière identique. Nous débuterons par une brève présentation de cette loi actuellement en vigueur en
rapport avec les thématiques retenues.
L’entrée, tout comme le séjour des étrangers, en Algérie est régie par les dispositions de la Loi n°
08-11 en date du 25 juin 2008 relative aux conditions d’entrée, de séjour et de circulation des
étrangers en Algérie. Il est exigé des étrangers qui se rendent en Algérie un passeport en cours de
validité ou un titre de voyage.
Les enfants en bas âge (moins de 15 ans) peuvent voyager sous le couvert du passeport national ou
du titre de voyage de la personne qui les accompagne, à condition que leur état civil et leurs
photographies figurent sur ce document. S’ils ont moins de 7 ans, il suffit simplement la mention de
leur état civil.
Toutefois, pour les apatrides et les réfugiés politiques, il n’est exigé qu’un simple titre de voyage
qui est considéré comme un passeport spécial conformément à la Convention de Genève de 1951. Ce
titre de voyage est un passeport spécial. Il est délivré par les autorités du pays d’accueil aux étrangers
(réfugiés politiques, apatrides) ne bénéficiant pas de la protection des autorités de leur pays d’origine.
Ces conditions d’entrée prennent appui aussi sur les différents types de visas consulaires qui sont
introduits par le Décret présidentiel n° 03-251 du 19 juillet 2003. (Les différents types de visa sont
décrits dans la partie III, 4.1.1).
Il est préconisé de créer des centres d’attente destinés à l'hébergement provisoire des ressortissants
étrangers en situation irrégulière et en attendant l'accomplissement des formalités pour leur reconduite
à la frontière ou leur rapatriement vers leurs pays d'origine.
L’article 36 de la loi 2008 indique que ce placement peut être ordonné par arrêté du wali (préfet)
territorialement compétent pour une période de 30 jours renouvelable (article 37) :
47
« Art. 37. Il peut être créé, par voie réglementaire, des centres d’attente, destinés à l’hébergement
des ressortissants étrangers en situation irrégulière en attendant leur reconduite à la frontière ou
leur transfert vers leur pays d’origine.
Le placement d’un étranger dans ces centres peut être ordonné par arrêté du wali territorialement
compétent pour une période maximale de trente (30) jours, renouvelable en attendant
l’accomplissement des formalités de sa reconduite aux frontières ou son rapatriement vers son
pays d’origine. »
La loi No. 09-01 de 2009 du 25/02/2009, section 5 bis 2, intitulée « trafic illicite de migrants » et
section 5 bis intitulée « trafic des personnes », couvre tous les aspects de la lutte contre la traite. Cette
loi consacre une définition qui reprend les spécifications de la définition internationale donnée par le
Protocole de Palerme42 et les condamnations prévues par le Code pénal sont en conformité avec les
recommandations internationales.
Il faut entendre par trafic illicite de migrants conformément à l’article 303 bis 30 du code pénal
Algérien « le fait d’organiser la sortie illégale du territoire national d’une personne ou plus afin d’en
tirer directement ou indirectement, un avantage financier ou tout autre avantage ». Ces dispositions
sont reprises de l’article 3 du protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, mer et air
additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée qui est
entrée en vigueur le 28 janvier 2004. Sauf que le législateur algérien condamne celui qui organise la
sortie illégale du territoire national, et le protocole réprime le fait d’assurer l’entrée illégale d’une
personne dans un État partie.
Le trafic illicite de migrants est réprimée par les articles 303 bis 30 alinéa 2 et 303 bis 31 du code
pénal qui stipulent respectivement :
« Le trafic illicite de migrants est puni d’un emprisonnement de trois (03) ans à cinq (05) ans et
d’une amende de 300.000 DA à 500.000 DA. »
« Est puni d’un emprisonnement de cinq (05) à dix (10) ans et d’une amende de 500.000DA à
1.000.000 DA, le trafic de migrants illicite de migrants prévu à l’article 303 bis 30, ci-dessus,
lorsqu’il est commis avec au moins l’une des circonstances suivantes :
Ces peines sont aggravées à des réclusions à temps quand l’infraction est commise avec au moins
l’une des circonstances prévues à l’article 303 bis 32.
42 Les deux protocoles de Palerme obligent les États à ériger en infraction pénale ce trafic et cette traite.
L’incrimination et la répression ne visent que les trafiquants et passeurs de migrants relevant d’un groupe
criminel organisé.
48
La traite des personnes
La loi n° 09-01 du 25/02/2009 dans son article 303 bis 4 a défini la traite des personnes en tenant
compte de toutes les spécifications de cette expression telles que désignées par l’article 3 du
protocole, visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des
enfants. Ledit protocole, additionnel à la convention des Nations Unies contre la criminalité
transnationale organisée, est entré en vigueur le 25 décembre 2003.
Le code pénal algérien réprime la traite des personnes dans ses articles 303 bis 4 et 303 bis 5 et lui
donne la définition suivante en vertu des dispositions de l’article cité en premier Art. 303 bis 4 :
Cette définition est reprise fidèlement par le législateur algérien de l’article 3 du protocole, laquelle
assure une protection à la victime de la traite, du fait qu’elle soit soumise à une contrainte morale, et
même si elle est consentante, son consentement est sans effet, lorsque l’auteur utilise un des moyens
énoncés à l’article 303 bis 4 alinéa 1).
La traite des personnes est réprimée par l’article 303 bis 4 alinéas 3 et 4 du code pénal qui stipule :
« La traite des personnes est punie d’un emprisonnement de trois (3) ans à dix (10) ans et d’une
amende de 300.000 DA à 1.000.000 DA.
Lorsque la traite est exercée sur une personne dont la situation de vulnérabilité résulte, de son
âge, sa maladie ou son incapacité physique ou mentale, apparente ou connue de l’auteur, la peine
encourue est l’emprisonnement de cinq (5) ans à quinze (15) ans et l’amende de 500.000 DA à
1.500.000 DA ».
Ces peines sont aggravées à des réclusions à temps, quand l’infraction est commise avec au moins
l’une des circonstances prévues à l’article 303 bis 5.
Le Code de procédure pénale (CPP) a fait l’objet d’amendements ouvrant des perspectives
nouvelles pour les enquêteurs. Ainsi, les Articles 16 et 16 Bis modifiés du CPP prévoient une
extension de compétence territoriale de la police judiciaire pour effectuer des surveillances et la
recherche d’informations sur des affaires liées au crime organisé. Cela concerne de nombreux cas de
la traite des personnes et de trafic de migrants. De même, une extension de compétence est prévue
pour le Procureur de la République et le juge d’instruction aux ressorts des autres tribunaux, s’il est
saisi d’une affaire ayant trait au crime transnational organisé. (Art.37 et 40 modifiés du CPP). Ces
mesures procédurales permettent aux enquêteurs et aux magistrats de pouvoir connaître l’ensemble
d’une affaire complexe liée à la criminalité organisée et mener ainsi plus facilement les investigations
visant à démanteler la structure criminelle.
De même, le CPP prévoit la possibilité de mettre en œuvre les techniques spéciales d’enquête
relatives aux affaires liées à la criminalité organisée, le trafic de drogue et le terrorisme. Ces nouvelles
possibilités d’investigation (interception téléphoniques, filature, infiltration, perquisitions en dehors
des heures légales, garde à vue prolongée) au cours de l’enquête préliminaire, en matière de flagrance
ou sur commission rogatoire sont autant d’aspects positifs de cette nouvelle législation.
49
Les victimes de la traite peuvent se faire représenter par un avocat de leur choix dans tout procès
pénal. Dans le cas ou cette victime se trouve dans une situation d’indigence qui ne lui permet pas
l’assistance d’un avocat, la loi n° 09-02 datée du 25 février 2009 modifiant et complétant
l’ordonnance n°71/57 du 5 août 1971 relative à l’assistance judiciaire, permet à toute victime
(étrangère ou nationale), personne physique ou morale de demander une assistance judiciaire dans les
conditions énumérées par cette loi.
La loi relative à l’assistance judiciaire octroie de plein droit l’assistance judiciaire aux victimes de
la traite des personnes et du trafic d’organes ainsi qu’aux personnes victimes du trafic illicite de
migrants. Il n’est pas admis dans la pratique judiciaire que la plainte soit déposée dans la langue
maternelle de la victime. Elle doit être rédigée dans la langue arabe qui est la langue nationale et
officielle. Toutefois, il est possible qu’une victime fasse usage de sa langue maternelle ou dialectale
lors des audiences et qu’elle soit assistée par un interprète.
La victime ne peut pas être au stade de l’enquête policière assistée par un avocat, du fait du secret
de l’information. Afin d’éviter la propagation d’informations parcellaires ou inexactes, ou pour mettre
fin à un trouble à l’ordre public, la loi n°06-22 du 20 décembre 2006 du CPP permet au représentant
du ministre public de rendre public des éléments objectifs tirés de la procédure ne comportant aucune
appréciation sur le bien fondé des charges retenues contre les personnes mises en cause. La victime ne
peut pas lors de l’enquête policière se procurer une copie du dossier. La partie civile peut prendre
connaissance de son dossier au stade de l’instruction judiciaire par le biais de son avocat.
Toute personne qui prétend avoir été lésée par un crime, un délit ou une contravention, peut se
constituer partie civile à l’audience et à l’appui de sa constitution, demander réparation du préjudice
qui lui a été causé. La victime de la traite peut demander réparation en même temps que l’action
publique et devant la même juridiction (juridiction répressive) ou séparément de celle-ci. Toutefois, le
désistement de la partie civile devant la juridiction pénale ne fait pas obstacle à l’exercice de l’action
civile en réparation devant la juridiction civile. Cependant, la victime doit attendre que la juridiction
pénale se soit prononcée pour pouvoir prétendre à une indemnisation, du fait que le pénal tient le civil
en l’état.
La loi 2006 suscitée prévoit que «peut bénéficier de l’assistance judiciaire tout étranger en séjour
régulier sur le territoire national et dont les ressources sont insuffisantes pour faire valoir ses droits en
justice. »
Cette disposition est sans bénéfice pour les victimes car les personnes considérées sont soit des
migrants soit des victimes de la traite des personnes étrangères en situation irrégulière pour leur
grande majorité. La loi n’a pas été accompagnée d’un renforcement des capacités des autorités pour
assurer sa mise en œuvre. Par manque de réelle connaissance de cet instrument juridique, la prise en
charge des victimes est mise en échec par leur situation administrative qui prend le pas. Un nouveau
plan d'action national est en préparation pour compléter la loi anti-traite.
Dès son accession à l’indépendance, l’Algérie a ratifié la Convention de Genève de 1951 relative
au statut des réfugiés, entrée en vigueur le 22 avril 1954 et son protocole additionnel de 1967 qui
retire les restrictions géographiques et temporelles existantes dans la Convention. En 1969, elle a
ratifié le traité régional de l’OUA régissant les aspects propres des réfugiés en Afrique. Ces
instruments revêtent une importance capitale pour l’Algérie qui a conduit une longue lutte armée
contre la puissance coloniale, non seulement à l’intérieur du pays mais aussi à partir des algériens en
exil à l’étranger.
50
Le Décret n° 1963-274 en date du 25 juillet 1963 fixant les modalités d'application de la
Convention de Genève prévoit la création du Bureau Algérien pour les Réfugiés et les Apatrides qui
devait avoir la charge de la détermination de statut de réfugié.
La protection des demandeurs d’asile, des réfugiés et des personnes vulnérables est une
préoccupation qui se manifeste dans l’adhésion de l’Algérie aux projets mondiaux en matière de
développement. Dans ce cadre, il importe de préciser que le gouvernement algérien a adopté depuis
septembre 2000, les Objectifs du Développement du Millénaire, s’engageant ainsi à atteindre à
l’horizon 2015 de réduire la pauvreté extrême et la faim, d’assurer une éducation primaire pour tous,
promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, de réduire la mortalité infantile et
maternelle, d’assurer un environnement durable et de mettre en place un partenariat mondial pour le
développement.
Le pacte des droits sociaux économiques et culturels, la convention relative aux droits de l’enfant
et la convention internationale contre toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme, la
convention internationale relative aux droits des personnes handicapées ainsi que les conventions de
l’Organisation Internationale du Travail ont été ratifiées.
Les Etats signataires sont censés s’assurer du respect de l’intérêt supérieur de l’enfant (art 3), du
droit à la vie, à la survie et au développement (art 6). Pour les enfants non accompagnés, la protection
de l’identité est garantie (art 8), la réunification familiale (art 10), la protection et l’assistance dues
aux enfants réfugiés ou demandeurs d’asiles (art 22), le droits des enfants de ne pas être séparés de
leurs parents (art 9), la protection de la vie privée (art 17), le droit d’être protégé contre les mauvais
traitements (art 19), le droit à la santé et aux services médicaux (art 24), le droit à l’éducation et aux
loisirs (art 28 & 31), le droit d’être protégé contre toute exploitation économique, sexuelle, la vente, la
traite, ou toute formes d’exploitation (art 32, 34 & 36) et le droit d’accéder à la justice (art 40).
Le CPP ne fait pas cas de la protection des victimes, excepté pour les mineurs victimes d’un crime
ou d’un délit. Il est dans ces cas prévu des mesures de placement chez un tiers ou dans une institution
spécialisée. Aucune mesure n’est envisagée pour permettre à une victime ou un témoin de déposer
plainte sous le couvert de l’anonymat, de pouvoir changer de résidence ou de témoigner à l’aide de
moyens de télécommunication rendant toute identification impossible d’être protégée par les forces de
police.
La loi 08-11 prévoit la possibilité de protéger certaines catégories d’étrangers pouvant être
considérés comme vulnérables (en raison de leur âge, de leur statut politique, de liens éventuels avec
une famille algérienne, etc.) contre une éventuelle mesure d’expulsion, hormis pour les cas portant
atteinte à la sûreté de l’Etat, à l’ordre public, aux mœurs et à la législation en matière de stupéfiants.
Ils peuvent se voir reconnaître la possibilité de séjourner temporairement en Algérie. Sinon, ils sont
soit reconduits à la frontière soit ils font l’objet d’un rapatriement dans leurs pays d’origine. La loi ne
prévoit pas des mesures de régularisation pour les migrants en situation irrégulière présents sur le
territoire algérien. Aucune disposition légale ne prend en compte et n’ouvre la possibilité d’une
régularisation.
43
Décret présidentiel n° 03-251 du 19 Joumada El Oula 1424 correspondant au 19 juillet 2003 modifiant
51
peuvent être accordées aux étrangers. L’article 2 apporte les précisions suivantes pour le visa de
travail :
« Le visa de travail est délivré à l’étranger titulaire d’un contrat de travail et d’une autorisation
provisoire de travail, préalable au permis de travail, délivrée par les services compétents chargés
de l’emploi et d’une attestation, visée par ces mêmes services, par laquelle l’organisme employeur
s’engage à assurer la prise en charge du rapatriement du travailleur étranger dès la rupture de la
relation de travail.
Le visa de travail temporaire est délivré à l’étranger titulaire d’un contrat de travail dont la durée
ne peut excéder trois (3) mois et d’une autorisation provisoire de travail temporaire, délivrée par
les services compétents chargés de l’emploi et d’une attestation, visée par ces mêmes services, par
laquelle l’organisme employeur s’engage à assurer la prise en charge du rapatriement du
travailleur étranger dès la rupture de la relation de travail.
Le visa de travail temporaire est également délivré à l’étranger titulaire d’un contrat d’assistance
ou de prestation de service conclu par lui-même ou son organisme employeur avec une société ou
un organisme exerçant une activité en Algérie ».
Quant aux conditions d'emploi, il s'agit de la loi 81-10 du 11 juillet 1981 relative aux conditions
d'emploi des travailleurs étrangers et du décret n°82-510 du 25 décembre 1982, fixant les modalités
d'attribution du permis de travail et de l'autorisation de travail temporaire.
• Loi n°90-11 du 21 avril 1990, modifiée et complétée, relative aux relations de travail
• Les conditions qui fixent l'octroi du visa de travail sont précisées par le décret présidentiel
N° 03-251 du 19 juillet 2003. Celles-ci portent sur les délais et type de visa.
• Les textes régissant les conditions de travail des réfugiés et apatrides sont les suivants :
• Annexes au décret n° 63-256 du 16 juillet 1963 -J.O- du 30 juillet 1963, notamment
l’annexe 2 qui fixe aussi les droits aux demandeurs d’asiles et de refugiés
• Décret n° 63-274 du 25 juillet 1963 fixant les modalités d'application de la Convention de
Genève du 28 juillet 1951, relative au statut des réfugiés -J.O- du 30 juillet 1963 ;
• Décret n° 64-173 du 08 juin 1964 portant adhésion à la Convention relative au Statut des
Apatrides, signée à New-York le 28 septembre 1954 -J.O- du 14 juillet 1964.
La loi algérienne ne fait pas mention expressément aux types de retour (forcé ou volontaire). La loi
de juin 2008 permet au Ministère de l'Intérieur, en cas de trouble à l'ordre public, de prendre des
mesures d'éloignement des étrangers du territoire algérien. Il existe différentes mesures d'éloignement
d'étrangers séjournant irrégulièrement sur le territoire, notamment (a) la reconduite à la frontière et (b)
l'expulsion.
L’expulsion d’un étranger hors du territoire algérien peut être prononcée par arrêté du ministre de
l’Intérieur en cas de menace pour l’ordre public ou la sécurité de l’Etat, lorsque l’étranger a fait
l’objet d’un jugement ou d’une décision de justice définitive et comportant une peine privative de
et complétant le décret n° 66-212 du 21 juillet 1966 portant application de l’ordonnance n° 66-211 du 21 juillet
1966 relative à la situation des étrangers en Algérie.
52
liberté pour crime ou détail, lorsqu’il n’a pas quitté le territoire algérien, dans les délais qui lui sont
impartis.
« Art. 22. La carte de résident peut être retirée à tout moment à son titulaire s’il est établi
définitivement qu’il a cessé de remplir l’une des conditions exigées pour son attribution. »
« Art. 30. Outre les dispositions prévues à l’article 22 (alinéa 3) ci-dessus, l’expulsion d’un
étranger hors du territoire algérien peut être prononcée par arrêté du ministre de l’intérieur, dans
les cas suivants :
1. lorsque les autorités administratives estiment que sa présence en Algérie constitue une
menace pour l’ordre public et/ou à la sécurité de l’Etat ;
2. lorsqu’il a fait l’objet d’un jugement ou d’une décision de justice définitive et comportant une
peine privative de liberté pour crime ou délit ;
3. lorsqu’il n’a pas quitté le territoire algérien, dans les délais qui lui sont impartis
conformément aux dispositions de l’article 22 (alinéas 1er et 2) ci - dessus, à moins qu’il ne
justifie que son retard est dû à un cas de force majeure. »
Par ailleurs, en ce qui concerne les procédures de reconduite à la frontière du migrant irrégulier, il
convient de se référer à l’article 36 de la loi du 25 juin 2008 qui prévoit que dans tous les cas où
l’étranger n’est pas régularisé, s’il est entré irrégulièrement en Algérie ou s’il est en situation de séjour
irrégulière, il peut être reconduit aux frontières par arrêté du Wali (préfet) territorialement compétent.
« Art. 36. Sauf régularisation de sa situation administrative, l’étranger qui entre illégalement en
Algérie ou qui se trouve en situation de séjour irrégulière sur le territoire algérien peut être
reconduit aux frontières par arrêté du wali territorialement compétent. »
La loi de 2008 prévoit des voix de recours (avec effet suspensif) pour l’étranger visé par un arrêté
d’expulsion. Cependant, il n’est pas toujours possible de former un recours dans les cinq jours
impartis44.
« Art. 31. La décision d’expulsion est notifiée à l’intéressé. Selon la gravité des griefs qui lui sont
reprochés, il bénéficie d’un délai de quarante-huit (48) heures à quinze (15) jours à compter de la
notification de l’arrêté d’expulsion du territoire algérien.
Sous réserve des dispositions de l’article 13 du code pénal, l’étranger faisant l’objet d’une
décision d’expulsion hors du territoire algérien, émise par le Ministre de l’Intérieur, peut
introduire une action devant le juge des référés, compétent dans les affaires administratives dans
un délai maximal de cinq (5) jours à compter de la date de notification de la dite décision.
Le juge statue sur l’action dans un délai maximal de vingt (20) jours, à compter de la date de
l’enregistrement du recours.
La résidence de l’étranger qui introduit un recours en vertu du 3ème alinéa du présent article peut
être déterminée, si les autorités administratives compétentes le jugent nécessaire. »
44RéseauEuro-Méditerranéen des droits de l’homme, “ Etude sur la migration et l’asile dans les pays du Maghreb’,
(Copenhague: REMDH 2010), 30.
53
« Art. 33. L’étranger qui a fait l’objet d’une mesure d’expulsion et qui justifie de l’impossibilité de
quitter le territoire algérien peut jusqu’à ce que l’exécution de la mesure soit possible, être
astreint, par arrêté du ministre de l’intérieur, à résider au lieu qui lui est fixé. »
Comme l’arrêté d’expulsion (comme toute arrêté ministériel), l’arrêté de reconduite à la frontière
peut faire objet d’un recours en annulation de la décision d’expulsion devant le Conseil d’Etat ou
d’une action devant le juge des référés pour geler son exécution.
Concernant la réadmission des migrants, les Etats membres européens ont développé un réseau très
dense d’accords bilatéraux de réadmission facilitant la réadmission des migrants en situation
irrégulière et définissant des procédures standard afin de faciliter le processus. L’Algérie a conclu un
accord d’association (AA) avec l’Union Européenne (UE) en 200545. Cet accord contient une clause
rappelant l’engagement de l’UE et de l’Algérie à réadmettre leurs nationaux. Les accords de
réadmission permettent à l’UE de renvoyer dans le pays d’origine ou de transit les migrants en
situation irrégulière en Europe. De ce fait, la Commission européenne a obtenu mandat du Conseil
afin d’entamer la négociation d’accords de réadmission avec l’Algérie en 2002. Ces projets d’accords
concernent tant les nationaux des pays concernés que les ressortissants de pays tiers et les apatrides
ayant transité par ces pays.
45
Source de cette information : European External Action Service :
http://www.eeas.europa.eu/algeria/agreement/index_en.htm, consulté dernièrement le 26/11/2011.
54
6. Cadre institutionnel
6.1.1. Ministères
Le ministère des affaires étrangères est un acteur important dans la réception des flux migratoires
vers l’Algérie et la réception des flux à partir de l’Algérie dans les pays de destination. Cette double
mission figure dans les attributions assignées au Ministre des Affaires Etrangères qui est chargé de
veiller à
« L’unité de la défense des intérêts de l’Etat et de ses ressortissants à l’étranger », (Art. 2), « de
participer à l’élaboration des textes législatifs ou réglementaires et des décisions intéressant les
personnes physiques ou morales algériennes installées à l’étranger ou étrangères installées en
Algérie » art. 10. Il est « consulté sur l’octroi de tout agrément aux activités culturelles et
médiatiques de personnes physiques et morales étrangères en Algérie » (art. 21)46.
Le Ministère des Affaires Etrangères se charge donc de traiter les questions relatives à la réception
des Algériens dans les pays de destination et de séjour et aussi de la réception des étrangers en
Algérie. Pour accomplir cette mission, le Ministère des Affaires Etrangères est doté d’une Direction
Générale de la Communauté Nationale à l'Etranger qui est chargée de « la mise œuvre et du suivi de la
politique nationale à l'égard de la communauté algérienne établie à l'étranger et de sa protection » (art.
10).47 Cette structure comprend deux directions :
46
Décret présidentiel n 02-403 du 21 Ramadhan 1423 correspondant au 26 novembre 2002 fixant les
attributions du ministre des affaires étrangères.
47
Décret présidentiel n 08-162 du 27 Joumada El Oula 1429 correspondant au 2 juin 2008 portant organisation
de l’administration centrale du ministère des affaires étrangères.
55
en matière de séjour, de circulation et de contentieux des biens des ressortissants
algériens établis à l'étranger ».
o La sous-direction de l'état civil et de la chancellerie, est chargée : « de délivrer les
différents actes d'état civil pour les ressortissants nés à l'étranger et transcrits auprès
des postes diplomatiques et consulaires, de délivrer les attestations d'immatriculation
consulaire, de la légalisation des documents administratifs et des actes d'état civil ».
• La Direction des Compétences Nationales à l'Etranger, des Programmes et des Affaires
Sociales est chargée « de suivre et de mettre en œuvre les opérations et programmes en
direction de la communauté nationale à l'étranger ». Elle comprend deux sous-directions :
o La sous-direction des compétences nationales à l'étranger qui est chargée «de la
tenue d'un fichier sur le mouvement associatif algérien et les compétences nationales
à l'étranger ; de contribuer à la promotion des mécanismes facilitant l'apport des
compétences nationales à l'effort de développement national».
o La sous-direction des programmes et des affaires sociales, est chargée « d'établir
des statistiques relatives à la communauté nationale à l'étranger, de prendre part à
toutes les opérations impliquant l'engagement de la communauté nationale établie à
l'étranger, que ce soit pour la participation de celle-ci aux consultations électorales ou
pour les manifestations de solidarité, de prendre part au programme Hadj et Omra en
coordination avec les instances nationales concernées ; d'assister et d'assurer le suivi
de tout programme en direction de la communauté nationale à l'étranger en
coordination avec les départements et institutions concernés, de la prise en charge des
dossiers liés aux successions, Kafala, service national et authentification de
documents administratifs ».
• Le traitement des questions relatives à la réception des flux vers l’Algérie est pris en charge
dans le Ministère des Affaires Etrangères par la Direction Générale des Affaires Juridiques
et Consulaires. Cette dernière est chargée « de donner des avis juridiques et de faire toutes
observations et remarques sur les projets de textes à caractère réglementaire ou juridique en
cours d'élaboration, qu'ils soient d'application au plan national ou qu'ils engagent l'Algérie
au plan international, de la prise en charge et du suivi des questions se rapportant aux
étrangers en Algérie ». Art. 11. Elle comprend deux directions :
o La Direction de la circulation et de l'établissement des étrangers, qui est chargée
« de prendre en charge et de suivre la situation des étrangers en Algérie sur le plan de
la circulation et de l'établissement ainsi que les questions migratoires ». Elle
comprend trois (3) sous-directions :
La sous-direction des Visas et des Questions Aériennes et Maritimes qui
est chargée : « du suivi des questions aériennes et maritimes ; d'assurer la
gestion des visas d'entrée sur le territoire national en coordination avec
l'ensemble des postes diplomatiques et consulaires ».
La sous-direction des affaires judiciaires et administratives est chargée de
« coordonner les activités consulaires en matière civile et judiciaire et des
autres questions se rapportant au séjour des étrangers en Algérie.
La sous-direction des migrations est chargée : « d'assurer la coordination
entre les départements ministériels et les instances algériennes sur les
questions migratoires ; de collecter, de diffuser et d'établir des rapports de
synthèse et d'analyse sur la problématique migratoire et de suivre les
questions se rapportant au séjour des étrangers en Algérie ».
• Placé sous la tutelle de la Direction des Affaires Juridiques et Consulaires, le Bureau
Algérien pour les réfugiés et les apatrides (BAPRA) est chargé exclusivement des
demandes du statut de réfugié et apatride. Mis en place en 1963, ce service est chargé
d’étudier les dossiers relatifs à la reconnaissance de la qualité de réfugié et de garantir la
protection juridique et administrative des réfugiés et des apatrides et assurer la mise en œuvre
56
de la Convention de 1951. Depuis 2010, un nouveau texte réglementaire est en préparation
visant à rénover cette institution et à redéfinir ses attributions48.
En plus de ces différentes structures, le Ministère des Affaires Etrangères s’appuie dans sa gestion
des questions de la migration sur le Ministère Délégué chargé des Affaires Maghrébines et
Africaines49.
Dans le cadre de l’accomplissement de ses prérogatives en tant que structure chargée d’appliquer
la politique du gouvernement algérien en matière de coopération régionale, le Ministère Délégué
Chargé des Affaires Maghrébines et Africaines se trouve ainsi impliqué dans la gestion du dossier de
la migration. Son action est orientée vers le volet relatif à la question des flux migratoires en général
pour défendre la position algérienne sur le traitement de cette question au niveau régional et
international.50
Pour mener ses missions relatives aux questions de présence des étrangers, le dispose de deux
structures :
48 REMDH, Asile et migrations dans le Maghreb - Fiche de renseignements par pays Asile et migrations dans le
Maghreb, Fiche de renseignements par pays ALGERIE, 2010, 32p.
49
Le Ministère des Affaires Etrangères avait sous sa tutelle dans le gouvernement précédent le dernier
remaniement, un Secrétariat d’Etat chargé de la communauté algérienne à l’étranger. Sa mission principale était
d’assister le Ministère des Affaires Etrangères dans l’accomplissement de ses attributions en matière de prise en
charge du séjour et de rapatriement des ressortissants algériens, le renforcement des liens de la communauté
algérienne à l’étranger avec son pays d’origine, la prise en charge de ses problèmes et sa participation au
développement du pays. Dans cette perspective, un site web destiné aux compétences algériennes à l’étranger
est mis en place pour créer une synergie entre ces dernières et les institutions étatiques et non étatiques.
50 Avant d’être nommé au poste de Ministre de la communication, Monsieur Abdelkader Messahel a mené à la
tète de ce département ministériel un travail stratégique qui a aboutit à l’adoption à Alger, à Banjul et à tripoli de
plusieurs textes sur la position des pays africains sur la question des négociations sur la question de la migration.
51Décret exécutif n° 94-247 du 10 août 1994
52 Organigramme de la DGSN, www.dgsn.dz, 29/07/2013
57
o Direction de la Police des Frontières et Immigration : Elle est, entre autres,
chargée de contrôler la circulation des personnes et des biens aux frontières et de
lutter contre l’immigration clandestine.
Office central pour la lutte contre l’immigration clandestine (OCLIC)
o Direction des Renseignements Généraux : Elle est chargée du cadre des attributions
qui lui sont confiées « d’animer la recherche des renseignements relatifs aux milieux
sensibles et à risques de la société algérienne, concernant les individus nationaux et
étrangers vivant sur le territoire national, et qui constituent des centres d’intérêts pour
la connaissance préventive de la criminalité sous toutes ses formes » et ce à travers
quatre sous directions chargées de la recherche opérationnelle, des affaires politiques,
des études et enquêtes, des activités économiques et sociales et aussi à travers un
centre opérationnel de recherches appliquées et de sondage d’opinion et des services
régionaux de recherches opérationnelles.
o Direction de la Police Judiciaire : Dans sa mission en matière d’animation, de
coordination et d’orientation des services actifs chargés de constater les infractions à
la loi pénale, d’en rassembler les preuves et d’en rechercher les auteurs, la Direction
de la Police Judiciaire participe à la gestion du séjour et de circulation des étrangers
en Algérie et ce à travers trois sous directions, un bureau central National (Interpol)
des offices centraux et cinq services centraux dont un spécialisé dans la lutte contre la
traite des êtres Humains.
Un service spécialisé dans la lutte contre la traite des êtres humains53
Le ministère de l’intérieur et les collectivités locales reste le pivot dans la gestion des frontières, en
étroite collaboration avec le Ministère de la Défense Nationale, notamment pour la surveillance de la
sécurité du territoire. Sa Direction de la Police des Frontières et Immigration : Elle est chargée dans le
respect des conventions internationales, des lois et règlements nationaux de contrôler la circulation
des personnes et des biens aux frontières, de contribuer à la prévention et à la répression des
infractions aux lois et règlements aux frontières , de contribuer à la recherche et la collecte des
renseignements dans les zones frontalières et de lutter contre l’immigration clandestine. Pour mener
ses missions en direction des étrangers, elle est dotée d’une sous direction de la circulation des
personnes, de l’office central de lutte contre l’immigration clandestine et des services de police des
frontières au niveau régional ainsi que des brigades au niveau local.
Avec l’OCLIC la police aux frontières est le service spécialisé dans la lutte contre la traite des
êtres humains. Il existe donc deux structures spécialisées différentes dans le même Ministère, luttant
contre les deux types d’infractions spécifiques que sont la traite des personnes et le trafic de migrants.
Rattachés au Commandement des forces navales, les Gardes Côtes accomplissent des missions de
police maritime, de service public en mer et d’administration maritime.59 Dans ce cadre, ils sont
habilités à surveiller la côtière terrestre en collaboration avec les services des douanes, de la
Gendarmerie Nationale et de la Sûreté Nationale. Ils exercent leurs missions de police judiciaire sous
le contrôle des autorités judiciaires et en collaboration avec les autres autorités de police et services de
de la Gendarmerie Nationale
57 Décret n°91-05/PR du 8 Janvier 1991 fixant les attributions du Commandement des unités des gardes
frontières
58 http://www.mdn.dz/site_cgn/index.php, 25/08/2013.
59 Forces navales, les gardes cotes, www.mdn.dz, 28/07/2013
59
sécurité, de la police de l'ordre public et la police des frontières maritimes. C’est ainsi qu’ils procèdent
à la vérification du respect des procédures de sortie et d’entrée par mer et prennent les décisions qui
s’imposent conformément à la réglementation en vigueur.60
Chargé de proposer les éléments de la politique nationale en matière financière et en assure la mise
en œuvre, conformément aux lois et règlements en vigueur61, le Ministère des Finances participe à
travers la Direction Générale des Douanes, à la gestion des flux migratoires à partir et vers
l’Algérie.
Les Douanes Nationales sont responsables du contrôle des marchandises aux points de passage
frontaliers. Les agents des Douanes peuvent procéder à la visite des marchandises, des personnes et
des moyens de transport. Régie par un texte particulier autre que le décret portant sur l’organisation
du Ministère des Finances62, la Direction Générale des Douanes est chargée, en plus de sa
participation à l'étude et à l'élaboration des projets de conventions et accords internationaux
intéressant l'action douanière, à l'initiation des textes législatifs ou réglementaires relatifs au droit
douanier et à l'administration des douanes et de les mettre en œuvre, à la protection de l'économie
nationale de concert avec les autorités concernées, à l’application des dispositions légales et
réglementaires en matière de fiscalité douanière et de parafiscalité applicables aux échanges
internationaux et au contrôle douanier des changes et des hydrocarbures, la surveillance douanière du
territoire douanier et à 'élaboration et l'analyse des statistiques du commerce extérieur, de prendre part
à la lutte contre l’immigration clandestine63.
La formation des douaniers algériens est assurée par un Institut supérieur, l’Institut maghrébin
d’économie douanière et fiscale, une école supérieure et sept écoles de formation des officiers de
contrôle, des agents de contrôle, des officiers de brigades, de perfectionnement et de recyclage des
corps de brigades, de perfectionnement et de recyclage du personnel de douanes et de lutte contre la
contrebande.
Ministère de la justice
Le Ministère de la Justice participe à la gestion des flux migratoires mixtes en prenant en charge le
volet relatif aux aspects juridiques de leur insertion dans la société algérienne.
De part ses attributions en tant que structure relevant de la Direction Générale des Affaires
Judiciaires et Juridiques, la Direction des Affaires Civiles et du Sceau de l’Etat intervient dans cette
insertion à travers les attributions de deux sous directions64.
• Cette mission est confiée à la Direction de la Régulation de l’Emploi qui est chargée : « de
mettre en œuvre la politique relative à la main d’œuvre nationale à l’étranger, d’organiser la
gestion de la main-d’œuvre étrangère et de participer à l’élaboration de la législation et de la
réglementation y afférente ». Art. 2.66.
o Rattachée à cette direction, la sous direction des qualifications et des mouvements
migratoires, est chargée : « de recueillir les données relatives à la main d’œuvre
nationale à l’étranger et d’en suivre l’évolution, de mettre en œuvre les procédures
65
Décret exécutif no 08-124 du 9 Rabie Ethani 1429 correspondant au 15 avril 2008 fixant les attributions du
ministre du travail, de l'emploi et de la sécurité sociale
66
Décret exécutif no 08-125 du 9 Rabie Ethani 1429 correspondant au 15 avril 2008 portant organisation de
l'administration centrale du ministère du travail, de l'emploi et de la sécurité sociale
61
relatives à l’utilisation de la main-d’œuvre étrangère et de veiller au respect des règles
la régissant » Art.3.
• L’Agence nationale de l’emploi (ANEM) : Créée en remplacement de l’ex Office national
de la main d’œuvre, l’Agence nationale de l’emploi (ANEM) est chargée « de suivre dans le
cadre de la législation et de la réglementation relative à l’emploi des étrangers, l’évolution de
la main d’œuvre étrangère, d’organiser et de gérer le fichier national des travailleurs
étrangers »67. La direction d’emploi de wilaya (structure déconcentrée), délivre des
autorisations de travail aux étrangers recrutés soit par des entreprises intervenant dans le cadre
de la réalisation des projets de développement ou par des entreprises algériennes ou
étrangères établies en Algérie, après l’obtention d’un accord de principe préalable donné par
les services de l’Administration.
67 Décret exécutif n°06-77 du 18 février 2006 fixant les attributions de l’agence nationale de l’emploi
68
Décret exécutif n° 13-77 du 18 Rabie El Aouel 1434 correspondant au 30 janvier 2013 fixant les
attributions du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique
69
Décret exécutif n° 13-78 du 18 Rabie El Aouel 1434 correspondant au 30 janvier 2013 portant organisation de
l’administration centrale du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique
70 Décret exécutif n °10-137 du 28 Joumada El Oula 1431 correspondant au 13 mai 2010 modifiant et
complétant le décret n ° 86-61 du 25 mars 1986 fixant les conditions d'admission, d'études et de prise en charge
des étudiants et stagiaires étrangers
62
Ministère de l'Agriculture
N’étant plus impliquée directement dans la gestion des migrations71, le Ministère de la Solidarité
Nationale, de la Famille et de la Condition Féminine réalise un vaste programme de prise en charge
des personnes en situation vulnérable dont les migrants peuvent en bénéficier.
Inscrite comme la lutte contre la pauvreté, elle est prise en charge dans le cadre d’une stratégie
économique et sociale ciblant la création des opportunités d’emploi pour les couches pauvres et
l’amélioration de leur accès aux services sociaux de base. Cette volonté s’est vue confirmer par
l’adoption depuis septembre 2000 des Objectifs du Développement du Millénaire, dans le but
d’arriver en 2015 à la réduction de la pauvreté extrême et de la faim, d’assurer une éducation primaire
pour tous, promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, de réduire la mortalité
infantile et maternelle, d’assurer un environnement durable et de mettre en place un
partenariat mondial pour le développement. Sur le plan juridique, cette volonté a amené le
gouvernement algérien à ratifier le pacte des droits sociaux économiques et culturels, la convention
relative aux droits de l’enfant et la convention internationale contre toutes les formes de
discrimination à l’égard de la femme, la convention internationale relative aux droits des personnes
handicapées ainsi que les conventions de l’Organisation Internationale du Travail. La législation
Algérienne a renforcé le cadre juridique réglementaire de protection sociale et des dispositifs d’aide
sociale et de promotion de l’emploi visant ainsi la lutte contre toutes formes de pauvreté et
d’exclusion.
71
Avant la création d’un secrétariat d’Etat auprès du ministère des affaires étrangères, le ministère de la
solidarité nationale était chargé du dossier de la communauté algérienne établie à l’étranger. A ce titre, il a mis
en place un programme ambitieux comportant la redéfinition de la politique du gouvernement en direction des
algériens établis à l’étranger et également la prise en charge de la question de l’émigration irrégulière des jeunes
algériens.
64
• Protection et promotion des personnes âgées ;
• Mise en place d’un dispositif d’aide et d’insertion sociale ciblant les catégories vulnérables et
les jeunes en chômage.
A cette énumération peuvent s’ajouter d’autres acteurs concernés par la question des migrations en
général comme le Conseil de la Nation et l’Assemblée Populaire Nationale. Chacune de ces deux
chambres est dotée d’une commission chargée des relations internationales et de l’émigration.
Le cadre légal relatif à la création de la CNCPPDH et définissant son mandat, ses prérogatives et
sa composition est constitué respectivement du décret présidentiel n°01-71 du 25 03 2001 et de
l’ordonnance n°09-04 su 27 août 2009.
La CNCPPDH, qui est ainsi une Institution publique, placée auprès du Président de la République
a un caractère consultatif de surveillance, d’alerte précoce et d’évaluation en matière de respect des
Droits de l’Homme.
Ainsi, dans le cadre du mandat qui lui échoit, la CNCPPDH est chargée, notamment, et sans
préjudice des attributions conférées aux autorités administratives et judiciaires :
C’est ainsi qu’elle lui réserve annuellement de larges développements dans le rapport annuel,
relatif à l’Etat des Droits de l’Homme en Algérie, qu’elle adresse au Président de la République.
65
A ce propos, autant les membres de la CNCPPDH, y compris les délégués régionaux que les
personnels des structures centrales en charge de la thématique des flux migratoires assurent, tout au
long de l’année, une évaluation et un suivi permanents au sujet de la question de prise en charge et de
préservation des droits de l’ensemble des catégories des personnels qui s’y rapportent en concertation
avec les acteurs institutionnels et non institutionnels nationaux.
L’Algérie est connue pour être un pays d’asile et d’accueil des populations étrangères. Sans faire
disparaître ces traditions ancestrales, les événements dramatiques vécus par la société algérienne au
cours des années 1990 ont obligé les Algériens à réapprendre l’entretien des rapports d’accueil et de
voisinage avec les populations étrangères ce qui explique que l’intervention des associations
algériennes en matière d’assistance aux migrants s’est inscrite jusqu’à présent dans le cadre des
actions et projets internationaux en particulier les projets initiés par l’UNHCR. A la différence des
ONG étrangères, elles n’ont pas encore évolué vers l’intégration de la question de l’assistance des
migrants et des réfugiés dans les objectifs structurels de leurs actions.
Il y a aussi les associations, comme le Croissant rouge algérien et les scouts musulmans algériens
qui agissent comme des auxiliaires de l’Etat algérien. Sans renier leur adhésion aux postions
algériennes, les autres associations tentent de concilier les positions de principe et les contraintes du
travail humanitaire en collaboration avec des organisations internationales.
Crée en 1956, le Croissant rouge algérien est une association de secours volontaire auxiliaire des
pouvoirs publics. S’appuyant sur un réseau de plusieurs milliers de bénévoles et une équipe de
salariés, il mène des actions quotidiennes pour prévenir et alléger la souffrance des plus vulnérables
sans distinction de race, de religion, de conditions sociales ou d’appartenance politique.72
Intervenant en tant qu’auxiliaire de l’Etat algérien73. Le Croissant rouge algérien a pris en charge la
mise en œuvre de l’aide du gouvernement algérien au profit des réfugiés sahraouis à Tindouf et de
l’assistance apportée par l’Algérie aux ressortissants subsahariens installés dans le Sud algérien et
syriens logés dans le centre d’accueil à Alger. Il a également exécuté les aides du gouvernement
algérien aux réfugiés installés dans les pays limitrophes comme la Mauritanie, la Burkina Faso et la
Tunisie.
Dans le cadre de l’exercice de ses prérogatives en tant qu’interlocuteur de l’Etat algérien auprès
des organisations humanitaires, le CRA a conclu des conventions avec l’UNHCR, Triangle GH, le
PAM pour mener des actions d’assistance aux réfugiés sahraouis.
Le CRA a aussi assuré la prise en charge des ressortissants syriens pour ce qui est de
l’hébergement et de la scolarisation de leurs enfants. Face aux mouvements des populations venues du
Mali et aussi de certains pays subsahariens qui ont vécu des conflits dramatiques, il a apporté les
premières aides et mis en place des camps, dans la wilaya de Tamanrasset et la wilaya d’Adrar. Il a
suivi la même démarche dans la prise en charge des populations forcées à quitter la Libye et la
Tunisie pour s’installer en Algérie.
72
Makaci M, Le croissant rouge algérien, témoignage, Alger, Editions Alpha, 2007.
73
Déclaration du président du CRA au quotidien Liberté du 15/05/2013
66
Les scouts musulmans algériens
Crée en 1935, les scouts musulmans algériens est une association d’éducation et de socialisation
qui entretient des relations de coopération avec les pouvoirs publics74.
C’est dans cette perspective que s’inscrit la participation des scouts musulmans algériens à la prise
en charge des migrants et réfugiés. Son intervention cible plus particulièrement les enfants et les
jeunes réfugiés et migrants. Dans ce cadre elle participe au projet UNHCR avec le Réseau algérien
pour la défense des droits de l’enfant (NADA) en matière de soutien scolaire et la mise en place de
campagnes de sensibilisation contre le racisme et aussi la mise en place d’activités génératrices de
revenus autour de projets d’utilité publique (ex. : nettoyage de jardins publics).
La présence des ressortissants syriens fuyant la guerre dans leur pays a permis à l’organisation de
prouver son efficacité en matière de gestion des situations humanitaires d’urgence. Elle a mobilisé
570 volontaires pour servir 3700 repas chauds à la rupture du jeune à Alger. Pour les autres Wilayas,
elle a mis à la disposition des ressortissants syriens les 68 restaurants avec 10 745 repas chauds et
1634 volontaires75. Elle a également participé aux opérations de recensement et de transfert au centre
ouvert pour accueillir des ressortissants.
Crée le 22 mars 1990 à Alger, le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui
(CNASPS) participe activement, en plus des ses activités de sensibilisation et d’animation politique à
l’échelle nationale et également internationale pour la protection des droits du peuple sahraoui, aux
actions d’assistance à la population sahraouie installée dans les camps de Tindouf76.
Créée en novembre 1991 et agréée en 1992, SOS Femmes en détresse a pour buts d’aider la femme
en détresse avec ou sans enfant(s), de l’informer et de défendre ses droits moraux et matériels,
d’œuvrer pour l’amélioration du statut personnel de la femme en Algérie et de propager les principes
humanitaires afin de développer les sentiments de solidarité et de compréhension mutuelle77.
En matière de soutien aux femmes migrantes, SOS Femmes en détresse a participé à la mise en
œuvre du projet d’aide au retour des migrants clandestins initié par le CISP, financé par la
Commission européenne et des partenaires Algériens. Dans ce cadre elle fut sollicitée comme
partenaire pour l’ouverture d’un point d’accueil des migrants à Tamanrasset avec pour mission
d’offrir l’aide et l’assistance pour la création de projets individuels ainsi que des micro-entreprises
dans leur pays d’origine, ainsi que pour soutenir les femmes par rapport aux modalités de leur
retour78.
74
www.scouts-dz.org, 05/082013
75
Déclaration de M.BENBRAHAM, commandant des scouts musulmans algériens 6 Octobre 2012
76
Parmi ces actions, on peut citer l’organisation à l’initiative conjointe du Comité national algérien de
solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) et du Croissant Rouge algérien (CRA), d’une caravane de soutien
au peuple sahraoui qui sillonné entre le 10 et 20 mai 2013 les camps de Tindouf et approvisionné les réfugiés
sahraouis en denrées alimentaires et en médicaments
77
www.sosfemmesendetresse.org, 05/08/2013
78
REMDH, Asile et migrations dans le Maghreb - Fiche de renseignements par pays Asile et migrations dans le
Maghreb, Fiche de renseignements par pays ALGERIE, 2010, 32p.
67
SOS Femmes en détresse a également été le partenaire de mise en œuvre de l’UNHCR de 2009 à
2011 pour le programme d’hébergement des réfugiés urbains à Alger. Dans le cadre de ce programme,
un appui psychologique était offert notamment aux victimes de violences basées sur le genre.79. SOS
Femmes en détresse continue d’accueillir lorsque cela s’avère nécessaire des femmes migrantes ou
réfugiées victimes de violences basées sur le genre.
Crée le 05 janvier 2004, le « NADA » est une organisation de défense des droits de l'enfant80. En
matière de défense des droits des migrants, le réseau NADA participe depuis 2010, à la mise en œuvre
des projets de l’UNHCR en matière de scolarisation des enfants de réfugiés à Alger81 en entreprenant
des démarches auprès du Ministère de l’Education Nationale pour obtenir les décisions de leur
inscription dans les établissements scolaires publics. Les résultats obtenus ont permis d’insérer dix
enfants réfugiés âgés de 5 à 14 ans de différentes nationalités (Angolaise, Ivoiriennes, Congolaise, et
Camerounaise) auprès de l’établissement Cheikh Bouamama dans les différents niveaux scolaires.
La participation du réseau NADA à la scolarisation des enfants de réfugiés s’étend aussi à leur
intégration dans la société algérienne. Dans cette perspective, il organise des sorties culturelles82 et
des journées de sensibilisation sur les droits de l’enfant réfugié. La convention conclue avec
l’UNHCR à cet égard vise une meilleure protection et promotion des droits de l’enfant réfugié à
travers la sensibilisation et l’information de l’opinion publique des institutions et des professionnelles
sur l’asile et les droits des réfugiés ainsi que la mise en place des activités d’éducation et plaidoyer.
Les bénéficiaires sont les enfants réfugiés inscrits á l’UNHCR pour les réfugiés et leurs familles, le
public ciblé est constitué de l’opinion publique, les autorités locales, les élus locaux et les
parlementaires.
L’intervention de l’association AFAD en matière de défense des droits des migrants se distingue
par la place accordée au volet relatif à la réflexion, la formation et la participation aux réseaux
internationaux de défense des migrants et des réfugiés83. Dans cette perspective l’AFAD est l’un des
membres actifs de la CIMADE avec laquelle elle a pris part à plusieurs projets nationaux et
internationaux. Elle est très active au sein de l’UNHCR et le partenaire de mise en œuvre de l’HCR à
Tindouf.
Quant au volet formation destiné aux migrants, il est réalisé à travers l’organisation en août 2008, à
Annaba, d’un stage de recyclage ayant trait aux nouvelles techniques d’enseignement au profit d’une
délégation sahraouie, composée de directeurs, d’inspecteurs et d’enseignants. Cette formation est
dispensée par des formateurs algériens spécialisés dans les techniques de l’enseignement.
79
IBID
80
www.nada-dz.org, 06/08/2013
81
REMDH , Titre : Asile et migrations dans le Maghreb - Fiche de renseignements par pays Asile et migrations
dans le Maghreb ,Fiche de renseignements par pays ALGERIE, 2010, 32p.
82 A l'occasion de la nouvelle année 2013 le réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant Nada en
partenariat avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en Algérie (UNHCR), organise une
sortie pour les enfants réfugiés au parc d’attraction de la foire le 30 décembre 2012, dont 20 enfants
participeront à cette activité accompagnés par les animateurs du réseau nada.
83 www.afad.org, 06/08/2013
68
AIDS Algérie
L’association AIDS Algérie focalise son action sur l’assistance médicale dans le domaine de la
protection du virus du SIDA. Les migrants subsahariens et les réfugiés font partie des populations
ciblées par ses actions réalisées en partenariat avec les organisations gouvernementales et
internationales comme ONUSIDA .En plus de travail de sensibilisation et de mise en œuvre d’actions
concrètes dans le Nord du pays comme dans le Sud en direction des populations subsahariennes, elle
accorde une attention particulière à l’accumulation des connaissances sur la situation épidémiologique
de ces populations. Dans ce cadre elle vient de réaliser une enquête qualitative sur le virus du SIDA
au sein des populations subsahariennes dans le sud algérien84.
L’Association ANISS
ANISS est une association spécialisée dans la prévention et la lutte contre les IST et le VIH/sida. A
ce titre, elle participe aux campagnes nationales et met en œuvre ses propres initiatives en mobilisant
une cinquantaine de bénévoles. En matière de prise en charge des migrants et réfugiés, elle travaille
avec les populations migrantes originaires d’Afrique subsaharienne présentes à Annaba :
Camerounais, Burkinabais et Guinéens.85
La question des migrations est au centre des préoccupations de la première centrale syndicale en
Algérie. Les actions menées dans ce cadre se sont focalisées sur la défense du droit syndical des
travailleurs étrangers86 et la formation d’une culture sur les questions des migrations au sein des
travailleurs en Algérie. Dans ce cadre, l’UGTA a organisé en collaboration avec le comité espagnol de
coopération international un cycle de formation sur les migrations. Elle est également le partenaire du
Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD) pour mener un projet
de recherche sur les étrangers dans le cadre des programmes nationaux de recherche.
Aux associations qui ont accumulé une expérience en matière de soutien aux migrants s’ajoutent
d’autres associations qui font l’apprentissage du soutien à cette population dans le contexte de
solidarité apparu suite à l’arrivée en Algérie de ressortissants syriens fuyant la guerre dans leur pays
d’origine. Pour venir en aide à ces ressortissants, des associations algériennes, Ness el Khir, Réseau
de défense des libertés et de la dignité (RDLD), Touiza, Star Jeunesse et la FOREM ont pris
l’initiative de se mettre en réseau pour venir en aide aux ressortissants syriens en partenariat avec les
Scouts musulmans algériens, le réseau Nada et l’UNHCR. D’autres associations, ont pris l’initiative
d’apporter une assistance aux réfugiés maliens à l’occasion du mois de Ramadhan. L’association la
FOREM apporte une aide alimentaire aux enfants de réfugiés sahraouis à Tindouf.
84 www.aidsalgerie.org ,06/082013
85 Interview du président de l’association Aniss à Sida Info Service du 11/05/2007
86 Les statuts adoptés lors du 22ème congrès de l’UGTA comportent une clause relative au droit des travailleurs
Caritas Algérie
En tant que service humanitaire de l’association de l’Eglise catholique d’Algérie crée le 28 juin
1962, Caritas Algérie mène dans le cadre de sa mission exécution pour l’action caritative catholique,
des actions en faveur des handicapés physiques ou mentaux, des femmes ou des enfants démunis. La
Caritas Algérie est également intervenue lors des catastrophes naturelles87.
Caritas Algérie reste également l’un des principaux acteurs de la société civile en Algérie en
matière de défense et d’assistance aux migrants et réfugiés. Caritas Algérie, a adopté un cadre
stratégique 2013-2015 comportant comme principaux objectifs : 2013, accompagner les migrants et
leur apporter un soutien psychologique ; 2014, permettre l’émergence et la réalisation de projets de
vie. Globalement, ces actions ont pour objectif l’insertion sociale des migrants, demandeurs d’asile et
les réfugiés dans le pays d’accueil en partenariat avec les personnes et associations locales et
régionales.
Le soutien aux migrants est réalisé d’abord dans les hôpitaux, auprès des malades, des traumatisées
et des femmes enceintes, mais aussi à travers des cours de formation professionnelle pour adultes
(soudure, électricité, couture etc.) ou par l’intégration de réfugiés dans les ateliers. Il se manifeste
également à travers la présence de Caritas dans les camps de réfugiés sahraouis. Depuis janvier 2010
Caritas Algérie coordonne un projet de création et de développement de jardins familiaux au camp de
réfugiés sahraouis d’El Ayoun, avec le partenariat financier de Caritas Italiana. Ce camp est l’un des
cinq camps situés dans le désert du Sahara Algérien, dans le Sud Ouest à proximité de Tindouf. Dans
cette zone d’hyper aridité, vivent 165,000 personnes en exil depuis 37 ans, selon le gouvernement
algérien.
Son action en faveur des migrants et des réfugiés s’est concrétisée dans des actions et projets de
terrain dans le cadre d’un partenariat avec l’UNHCR. En janvier 2012, Caritas Algérie a ouvert un
centre d’écoute Dar Essalem, qui a vocation de susciter des échanges de services entre différents
acteurs (migrants, réfugiés, algériens) chacun selon ses compétences. Ce projet permet ainsi
d’apporter des compléments de formation, sensibiliser les personnes sur les méfaits de certaines
démarches illicites qui surgissent dans la clandestinité. Des sessions de sensibilisation et des groupes
de parole sont organisés autour de thématiques diverses telles que les droits et obligations des
réfugiés, la traite de personnes et le trafic de migrants, la santé sexuelle et reproductive, les violences
basées sur le genre et de cours de soutien scolaire ou d’alphabétisation pour les enfants arrivés.
Créé en 1954 dans le sillage du comité chrétien de services en Algérie pour lutter pour
l’émancipation des peuples du sud, l’association Rencontre & Développement est devenue un acteur
important en matière de soutien aux migrants subsahariens. Elle a acquis ce statut au terme d’une
longue expérience d’aide aux personnes en difficulté et aux populations déplacées. Ses premières
actions avec les migrants ont commencé par l’aide apportée aux émigrés algériens en France pour
régulariser leur retraite et également avec l’assistance accordée entre 1962 et 1970, aux étudiants
87 www.caritas.dz, 05/08/2013
70
africains privés de leur bourse. Cette expérience s’est poursuivie avec l’assistance apportée aux
réfugiés sahraouis à Tindouf dans le cadre d’un projet d’élevage de moutons88.
Pour les migrants subsahariens, elle apporte des aides pour se loger, se soigner, se nourrir,
scolariser leurs enfants et les aider à retourner dans leur pays d’origine. La préoccupation d’aide à la
réinsertion s’étend également aux anciens migrants algériens, revenus volontairement ou refoulés
d’Europe.
Office du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR)
L'Office du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a été créé le 14 décembre 1950
par l'Assemblée générale des Nations Unies. L'agence a pour mandat de diriger et de coordonner
l'action internationale visant à protéger les réfugiés et à résoudre les problèmes de réfugiés dans le
monde entier. Elle a pour but premier de sauvegarder les droits et le bien-être des réfugiés. Elle
s'efforce de garantir que toute personne puisse exercer le droit de chercher asile et de trouver un
refuge sûr dans un autre Etat, avec pour option de retourner chez elle de son plein gré, de s'intégrer sur
place ou de se réinstaller dans un pays tiers. Elle a également pour mandat d'aider les apatrides.
Concernant les activités de l’UNHCR en Algérie, elles concernent deux types de programme. En
premier lieu, le plus gros programme de l’UNHCR concerne les réfugiés sahraouis accueillis å
Tindouf. Quatre camps et une zone d'installation, situés dans la province de Tindouf, dans le sud-
ouest du pays, continuent d'accueillir des réfugiés originaires du Sahara occidental. Les autorités
algériennes estiment leur nombre à 165 000. En attendant le lancement d'une campagne
d'enregistrement dans les quatre camps et la zone d'installation en Tindouf, l’UNHCR exécute un
programme fondé sur le chiffre prévisionnel de quelque 90 000 réfugiés vulnérables dans les camps.
Le second programme concerne les réfugiés urbains. En attendant l’adoption d’une loi d’asile par
l’Etat Algérien, l’UNHCR continue d’enregistrer les demandes d'asile et assure la détermination du
statut de réfugié en vertu de son mandat. Le Haut-commissariat avait enregistré près de 143 réfugiés
et plus de 2173 demandeurs d'asile vivant dans des zones urbaines, originaires pour la plupart de pays
d'Afrique subsaharienne. Plus de 4 000 Palestiniens vivent également dans le pays, totalement
intégrés, ils n'ont pour la plupart jamais pris contact avec l’UNHCR.
De plus en plus concerné par les questions migratoires, le gouvernement algérien a élaboré un
avant-projet de loi d’asile qu’il a partagé en octobre 2012avec l’UNHCR qui de son côté y a réservé
des commentaires.
L’OIT est présente en Algérie à travers le bureau régional Afrique du Nord du Bureau
International du Travail (BIT) qui a son siège à Alger et travaille entre autres pour l’application des
normes internationales du travail et la promotion de l’emploi. Concernant la migration, le BIT a
participe dans le projet Euromed.
Le partenariat entre l’Algérie et le Programme alimentaire mondial (PAM), qui fait partie du
système de l’ONU, remontent à 1963. L’Algérie est le premier donateur africain de l'organisation
humanitaire. PAM, est en coopération avec le Croissant Rouge algérien et la Croix-Rouge espagnole
sur la gestion du stock de sécurité de produits alimentaires qui sera établi à Rabouni près de Tindouf.
Etabli en Algérie sur la base d’un accord de siège signé avec le Gouvernement algérien en 197790,
le PNUD intervient en Algérie, concernant les réfugiés sahraouis, en travaille pour l’amélioration de
la situation de la population des camps en attendant qu’une solution politique soit trouvée.
89 Stratégie OMS de coopération avec les pays, République Algérienne Démocratique et Populaire, 2002-2005,
41 p.
90
Les partenaires du PNUD sont les ministères : des Affaires Etrangères, des Affaires Religieuses et des Wakfs,
de l'Aménagement du territoire, de la Culture, de l'Education Nationale, de la Solidarité Nationale et de la
famille, de l'Energie et des Mines ; des Finances , de l'Industrie, de l'Intérieur et des collectivités locales, de la
Justice, des Relations avec le Parlement, Travail, de l’emploi et de la Sécurité sociale, du Tourisme et de
l'Artisanat . L’Assemblée Populaire Nationale, le Conseil de la Nation et le Conseil national économique et
social sont également des partenaires du programme onusien à coté Croissant Rouge Algérien et des Scouts
Musulmans Algériens.
72
Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF)
Dans le cadre de la réalisation de la mission de l’organisation des Nations unies pour prévenir la
transmission et la propagation du VIH quatre agences des Nations Unies (FNUAP, OMS, PNUD,
UNICEF) mettent en place en 1996 le Groupe Thématique ONUSIDA (GTO) pour une intervention
stratégique coordonnée en Algérie. La question de lutte contre le virus du Sida par les mouvements
des populations en particulier dans les régions de transit constitue l’une des questions de coopération
entre le gouvernement algérien et le groupe. Dans cette perspective , un accord a été signé entre
l’Algérie et l’ONUSIDA pour la création d'un centre de recherche africain sur le sida à Tamanrasset,
région située dans le sud algérien et connue pour être un carrefour des mouvements de populations
venant de l’Afrique subsaharienne91. Depuis 2010, ONUSIDA collabore étroitement avec l’UNHCR
ainsi qu’AIDS Algérie, l’association El Hayet et l’hôpital El Kettar par l’organisation de sessions de
sensibilisation sur la prévention et la lutte contre le VIH/SIDA.
En matière de défense des droits des migrants et des réfugiés, le CICR s’attache à renforcer les
capacités opérationnelles du Croissant Rouge algérien, notamment dans le sud du pays (branches
d’Adrar et de Tamanrasset). Dans ce cadre, il a ouvert en 2007 un centre orthopédique qui produit des
prothèses pour les victimes de mines et autres engins explosifs et avait fourni en 2012 des services à
plus de 570 réfugiés sahraouis92. Son intervention a couvert le volet de coordination de l’action des
différents intervenants en matière de défense des droits des migrants. C’est ainsi qu’en collaboration
avec des associations locales et ONG, il a mis en place un réseau chargé de suivre les opérations
d’assistance destinée aux migrants.93
Aujourd'hui, sa principale activité en Algérie consiste à visiter des personnes détenues. Il se rend à
cet effet régulièrement dans les prisons, les postes de police et de Gendarmerie Nationale. À la suite
de ces visites, il remet aux autorités concernées un rapport confidentiel dans lequel il formule, s'il y a
lieu, des recommandations visant à améliorer les conditions de détention et le traitement réservé aux
détenus.
91
Horizons, du 02/04/2012
92 Déclaration de M. Peter Maurer, président du CICR à Alger le 30/05/2013
93 ICRC, 2012, Alegria document, extracted on 17/07/20132
73
Par ailleurs, le CICR s’attache à renforcer les capacités opérationnelles du Croissant-Rouge
algérien, notamment dans le sud du pays (branches d’Adrar et de Tamanrasset). Ce partenariat
concerne également le domaine des premiers secours et celui du rétablissement des liens entre
membres de familles séparées.
Il s'occupe également de la question des ressortissants algériens détenus à l’étranger ou vivant dans
des pays touchés par un conflit armé, en apportant un soutien aux activités de rétablissement des liens
familiaux réalisées par le Croissant Rouge algérien.94
L’Algérie et l’UE sont liées par un Accord d’association, ayant vocation à structurer l’ensemble
de leurs rapports, qui est entré en vigueur le 1er septembre 2005. L’engagement de l’UE auprès ce
partenaire stratégique a été concrétisé par des instruments successifs depuis le début des années 80
(protocoles méditerranéens, programmes MEDA I et II, Instrument européen de la Politique de
voisinage, Union pour la Méditerranée). 95
Aujourd’hui, l’UE continue à soutenir l’Algérie en fournissant d’expertise européenne spécialisée
répondant aux besoins des Autorités algériennes, par exemple sous forme d’études, de renforcement
institutionnel ou d'appui à la définition et à la mise en œuvre des stratégies sectorielles. Le total des
programmes bilatéraux de l'UE en cours, hormis ceux des États membres, s'élève à environ 250
millions d'euros. La coopération poursuit les objectifs suivants: a) appui aux réformes économiques et
au renforcement des institutions de l'économie de marché dans la perspective d'un développement
durable; b) développement des infrastructures économiques; c) développement des ressources
humaines et d) consolidation de l'État de droit et de la bonne gouvernance.96
Dans le cadre du projet Euromed Migration III (géré par l’ICMPD), l’Algérie a participé aux
sessions de formation sur la prévention de la migration clandestine avec la participation des
représentants des pays partenaires du Sud de l’IEVP (Instrument européen de voisinage et de
partenariat), y compris l’Algérie. Ces formations ont traité des aspects pratiques de la construction
d’une coopération dans les domaines de la coopération transfrontalière, de la gestion et du contrôle
des frontières.
La mise en œuvre de ce projet s’inscrit dans la continuité des projets MEDA I et MEDA II. Dans
le cadre de dernier projet l’Algérie a bénéficié d’une enveloppe estimée à dix millions d’euros pour
la formation en Algérie. Parmi les bénéficiaires, figurent la Police algérienne des frontières (PAF) qui
a bénéficié d’une assistance technique et matérielle pour lutter efficacement contre l’immigration
clandestine.
Le projet actuellement en cours « Algérie : Renforcer la protection des migrants et les capacités de
gestion des flux migratoires mixtes » est financé par l’UE dans le cadre du programme thématique de
coopération avec les pays tiers dans le domaine des migrations et de l’asile. Il est mise en œuvre par
un consortium dirigé par le CIR et comprenant comme partenaires le CNCPPDH, l’ICMPD,
l’UFTDU et l’UNHCR. Les objectives du projet sont :
94 http://www.icrc.org/fre/what-we-do/index.jsp
95
http://eeas.europa.eu/delegations/algeria/projects/overview/index_fr.htm
96
http://eeas.europa.eu/delegations/algeria/projects/overview/index_fr.htm
74
• Contribution à développer la protection et l’assistance humanitaire en faveur des migrants et
des demandeurs l’asile, en particulier celle des groupes vulnèrables ;
• Sensibilisation et information de la societé civile sur les questions liées aux flux migratoires
mixtes.
• L’intervention de l’Union européenne en matière de lutte contre l’immigration irrégulière ne
se limite pas au soutien à la formation des services de sécurité algérienne, mais elle s’étend
également à l’aide apportée aux projets initiés par les organisations internationales et les
associations algériennes en matière d’assistance aux migrants et aux réfugiés subsahariens et
sahraouis.
L’ICMPD a été fondé en 1993, à l'initiative de deux pays, l'Autriche et la Suisse. L’ICMPD sert de
mécanisme de soutien pour des consultations informelles, fournit des services d'expertise dans le
paysage émergent de la coopération multilatérale sur les questions de migration et d'asile et promeut
une approche innovante sur les politiques de migration durable et globale. L’ICMPD est aujourd’hui
une organisation internationale avec quinze Etats membres, des bureaux régionaux et des
représentants dans toute l'Europe, l'Afrique du Nord et le Moyen Orient. L’ICMPD dispose du statut
d'observateur à l'ONU.
La coopération entre l’ICMPD et l’Algérie existe depuis de nombreuses années, et va bien au-delà
du projet en cours « Algérie : Renforcer la protection des migrants et les capacités de gestion des flux
migratoires mixtes », dont le présent rapport fait partie.
L’Algérie est tout d'abord l’un des Etats Partenaires du Dialogue Migration de Transit en
Méditerranée (MTM) depuis son instauration en 2002[1]. Dans le cadre de ce dialogue MTM, l’Algérie
est particulièrement active dans les projets suivants :
• Carte Interactive sur la Migration (MTM i-Map): mise à jour des profils Algérie sur la
migration et le développement en juin 2012 et sur la migration irrégulière et mixte en fin
d’année 2013 et couverture médiatique dans la Salle de Presse i-Map ;
• Renforcer les politiques à l’égard des diasporas d’Afrique et du Moyen-Orient par les
échanges Sud-Sud (AMEDIP).
La participation et l’implication de l’Algérie dans les activités et réunions MTM, entre autres à
l'occasion du 10ème anniversaire du Dialogue qui a eu lieu à Malte en Mai 2012, contribuent
fortement à la qualité des discussions et à l’amélioration du dialogue entre les Etats Partenaires.
Par ailleurs, l’ICMPD est responsable de la mise en œuvre du projet « Soutien du Partenariat
Afrique-UE sur les migrations, la mobilité et l’emploi» (MME), où l’Algérie participe à titre d’état
membre de l’Union Africaine.
Le projet EUROMED Migration III, mis en œuvre par un consortium sous la direction de
l’ICMPD. Il s’articule autour de quatre composantes clés de la gestion de la migration c.-à-d. la
migration légale, la migration et le développement, la migration irrégulière et la coordination
interinstitutionnelle. Le projet se focalise plus particulièrement sur le développement d’un processus
national de profil migratoire (MPP) dans chaque pays partenaire. En outre le projet prévoit de réaliser
[1] http://www.icmpd.org/i-Map.1623.0.html
75
une étude succincte explorant et proposant un mécanisme pour l’adéquation de l’offre et de la
demande d’emploi dans la région de l’EUROMED.
Enfin, depuis 2011, l’Algérie est également pays observateur dans le Dialogue Euro-Africain sur la
Migration et le Développement (Processus de Rabat). Le Projet de Soutien pour ce dialogue
migratoire est mis en œuvre par un consortium que l’ICMPD dirige.
Parmi les projets réalisés, il y a un guide destiné à aider les migrants algériens de retour dans leur
pays d’origine fournissant des informations pratiques99.
La loi relative aux associations accorde aux étrangers le droit de créer leurs propres
associations100 ce qui a permis la création de 20 associations étrangères agrées par le Ministère de
l’Intérieur et des Collectivités Locales sur les 1001 associations nationales101. Les recherches menées
pour les besoins de la présente étude n’ont permis d’identifier que les actions menées par ces
associations en matière de défense des populations étrangères. Les ONG étrangères les plus actives
dans ce domaine sont celles intervenant comme des auxiliaires de projets initiés en collaboration avec
l’Etat algérien.
Cette organisation humanitaire a ouvert, en 2007, une mission en Algérie pour assister les femmes
et les enfants victimes de violences, en partenariat avec des intervenants locaux dans la continuité de
ses missions menées en Algérie depuis 1999 autour de la prise en charge psychosociale. Ses actions
en faveur des migrants portent essentiellement sur le volet de prévention et de prise en charge
sanitaire102.
Le premier volet cible les migrants en mettant en œuvre des actions d’éducation à la santé dans
leurs lieux de vie ou de rencontre. Le deuxième volet s’oriente vers les acteurs de santé afin de les
sensibiliser à la situation ainsi qu’aux besoins spécifiques des migrants, qu’ils soient sanitaires ou
juridiques. Enfin, le troisième volet porte sur la formation des acteurs associatifs, impliqués sur la
question des migrants, et des éducateurs pairs.
76
C’est ainsi qu’un travail de cartographie des lieux d’implantation des migrants à Alger ainsi qu’un
recensement des structures de soins pouvant les accueillir a été réalisé. Des actions sont prévues pour
des besoins spécifiques dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive des populations
migrantes. Parallèlement, MDM a mis en place un réseau de soignants amenés à jouer un rôle de
médiation au sein des structures de soins, en accueillant et en prenant en charge médicalement les
migrants.
L’intervention de cette ONG italienne se concentre sur l’assistance aux migrants en difficultés103 et
le travail avec l’UNHCR dans les camps sahraouis á Tindouf. Dans ce cadre, ses bénévoles vont
régulièrement voir les subsahariens aux fins de les orienter dans leurs différentes démarches et leur
fournir une aide alimentaire régulière. Un projet d’aide au retour financé par l’Union européenne a
permis de réaliser des retours dans les pays d’origine et de monter des projets de réinsertion
économique et sociale de migrants originaires de plusieurs pays subsahariens en 2005.
Crée en 1994 d’une volonté de développer une expertise transversale et pérenne, Triangle
Génération Humanitaire est une association de solidarité internationale qui met en œuvre, des
programmes d’urgence, de réhabilitation et de développement dans les domaines de l’eau, de
l’hygiène et de l’assainissement, du génie civil, de la sécurité alimentaire et du développement rural,
du socio-éducatif et du psychosocial.
Depuis 2001, Triangle GH intervient de façon continue dans les camps de réfugiés sahraouis de la
région de Tindouf, en territoire algérien et sous administration sahraouie, sur différents programmes
d’assistance humanitaire (gestion de la base de l’UNHCR, distribution de biens de 1ère nécessité aux
réfugiés, gestion d’un programme de santé en soutien aux infrastructures locales, gestion d’un atelier
mécanique pour la maintenance de la flotte de camions utilisés pour la distribution de vivres et d’eau,
assistance aux centres d’accueil pour personnes handicapées etc.). Ses interventions dans les camps de
réfugiés sahraouis ont débuté en 2001 avec un programme de construction et d’équipement de centres
d’accueil pour les personnes handicapées. 27. Des programmes ont été réalisés depuis et 4 autres
programmes sont en cours de réalisation104 .
Sa présence dans la région s’est poursuivie en 2011 par la conclusion d’un accord de partenariat
avec l’UNHCR, dans le cadre de l’assistance aux réfugiés urbains avec activités relatives à :
l’assistance, l’hébergement, le paiement des charges et le suivi d’éventuels menus travaux dans les
habitations (plomberie, électricité, etc.), la fourniture d’une aide alimentaire mensuelle prédéfinie, la
fourniture de lait en poudre, céréales et couches pour enfants ainsi qu’un kit hygiénique pour les
femmes et les enfants et à l’accompagnement social.
Autres ONG
Cette énumération des ONG étrangères reste incomplète dans la mesure où d’autres intervenants
apportent leur soutien aux migrants et aux réfugiés dans le cadre de projets d’aide humanitaire. Nous
pouvons citer les associations intervenant dans le cadre des actions d’ambassades et d’organisations
103
Comitato Internazional per lo Sviluppo dei Popoli (CISP), Réalités migratoire subsahariennes en Algérie,
Document, 2008
104 Triangle génération humanitaire, rapport d’activité, 2O11, p. 21
77
internationales et dans le cadre de la coopération entre le gouvernement algérien et ses partenaires
étrangers.
Au centre des préoccupations des différentes associations algériennes et étrangères, les migrants
subsahariens préfèrent le recours aux différents types de l’organisation communautaire. A l’exception
de quelques associations crées par les étudiants subsahariens en Algérie, comme l’association des
étudiants et stagiaires burundais en Algérie (ASSESBA)105, les migrants subsahariens s’organisent
dans le cadre de structures communautaires d’entraide et de solidarité.
105 Le Bouquier, « L’université algérienne aux couleurs de toute l’Afrique, étudiants subsahariens en Algérie »,
Paix et Concordia, revue de l’église catholique d’Algérie, no 8, 2011, p. 19.
78
7. Mécanismes de Coopération et de Coordination
Sans renoncer à sa position de principe en matière de gestion des flux migratoires, en particulier en
ce qui concerne l’adhésion aux dispositifs mis en place par l’Union européenne en matière de lutte
contre l’immigration irrégulière, l’Algérie participe activement aux activités de dialogue et
concertation avec ses partenaires européens et œuvre pour une position concertée des pays africains
dans les négociations et concertations internationales sur la question de la migration. Sa position
repose sur trois principes :
Pour donner à sa position au niveau international plus de force, l’Algérie tente de créer une
dynamique au niveau national sur la gestion de l’émigration algérienne et sur la question des flux
migratoires mixtes vers son territoire.
L’émergence d’une société civile impliquée dans la gestion des migrations intervient ainsi dans un
constat marqué par l’absence d’un dialogue structuré à tous les niveaux et d’un système de
référencement partagé par les autorités et les associations afin d’assister les migrants en situation
irrégulière. Bien que des échanges sporadiques puissent avoir lieu, les associations n’entretiennent en
règle générale pas de dialogue structuré avec les autorités sur la question des migrants ce qui amène
106 Labdelaoui H, « Algérie : la dimension politique et sociales des migrations » in Fargues PH. (Eds),
Migrations méditerranéennes, rapport 2006-2007, CARIM Rapports, 2007, pp.11-25
107 Réseau Euro-Méditerranéen des droits de l’homme, ‘Etude sur la migration et l’asile dans les pays du
79
certains analystes à penser que beaucoup d’associations se sentent tolérées mais pas reconnues et
craignent des mesures d’interdiction109.
On constate que quelques ONG algériennes de défense de droits humains, comme mentionnées
dans le chapitre « Cadre institutionnel », commencent à s’impliquer dans les questions relatives au
statut légal des migrants et leurs droits politiques et civils. Il y a aussi plusieurs associations de
migrants et réfugiés actives dans ce domaine. Grâce à l’appui de l’UNHCR, plusieurs associations
algériennes se sont occupées de la prise en charge des besoins des réfugiés, notamment les Scouts
algériens musulmans, SOS Femmes en Détresse, l’association Femmes Algériennes pour le
développement, Rencontre et développement, la LADDH et le Croissant Rouge Algérien. Cependant,
les programmes spécifiquement destinés aux migrants en situation irrégulière sont inexistants. Ceci
est lié au fait qu’aucun des organismes n’a de mandat de protection à proprement parler, à l’exception
de l’UNHCR – et ceci est limité aux réfugiés et demandeurs d’asile. En ce qui concerne les réfugiés et
les demandeurs d’asile, il existe un dialogue entre le gouvernement, l’UNHCR et les partenaires.
Ainsi, de manière générale, on constate que la coordination et la coopération entre les acteurs
intervenant dans ce domaine pourrait s’améliorer par une meilleure communication interne et un
échange d’informations (y compris de statistiques) entre les ministères, l’adoption d’une stratégie
nationale et la nomination d’une instance leader chargée des prendre des décisions concernant la
protection des migrants.
La création d’une dynamique au niveau national sur la prise en charge de la question des
migrations nécessite également qu’une attention particulière soit portée aux aspects réglementaires.
La loi revêt, en effet, une grande importance quant à la protection de la vie privée et de la sécurité des
victimes pendant la procédure pénale, notamment, à la protection des victimes contre les tentatives
d'intimidation. Il faudrait faciliter le séjour des victimes en Algérie pour que celles-ci puissent
témoigner et exercer leurs droits à se faire indemniser et obtenir réparation. A cet égard, il est
nécessaire de limiter les retards et renvois dans les procédures judiciaires liées à des affaires de traite
des êtres humains (TEH).
Il est nécessaire de développer des partenariats de qualité, qui apportent une contribution
déterminante à la lutte contre la TEH, au niveau national et international. Des relations de coopération
et d’assistance entre les pays d'origine, de transit et de destination des victimes de la traite sont
indispensables pour prévenir efficacement la TEH et faire aboutir les enquêtes sur des cas spécifiques.
Cela devrait passer par la conclusion d'accords écrits entre les services gouvernementaux et les ONG,
qui définissent le cadre spécifique de la coopération sur les questions liées à la TEH, et par
l’évaluation périodique de l’application de ces accords.
Quant à la coopération des victimes de la traite des êtres humains, une question se pose sur le
devenir de la personne étrangère en situation irrégulière qui accepte de témoigner. En effet, la
régularisation de sa situation administrative, la nature des droits qui lui sont attribués et les accès aux
soins et aux services sociaux qui lui sont autorisés restent peu explicites.
L’Algérie dispose néanmoins de centres pour l'accueil des femmes en détresse et des enfants en
danger moral dans lesquels sont placées les victimes de la traite des personnes. La prise en charge des
victimes d’un point de vue social et psychologique est une action sur le long terme. Aussi il pourrait
être intéressant de connaître la durée de prise en charge des personnes (temps de la procédure si le cas
de la victime fait l’objet d’une procédure judiciaire, temps nécessaire à l’établissement de documents
administratifs, temps nécessaire au rétablissement psychologique et autres).
109 REMDH, ‘La liberté d’association dans la région euro-méditerranéenne, rapport de suivi, 2009,16-22.
80
7.2. Coopération régionale
La coopération de l’Algérie avec ses partenaires régionaux et internationaux sur la question de la
migration s’appuie sur une coopération politique destinée à créer une dynamique de concertation et de
dialogue pour une vision globale et intégrée. Les initiatives entreprises dans ce sens par le
gouvernement ont permis l’adoption, en 2005 à Alger, d’une feuille de route de l’Union africaine en
matière de gestion de la question de la migration. L’objectif recherché à travers l’adoption de cette
feuille est doter l’organisation africaine, à l’instar de l’Union européenne, d’un instrument lui
permettant de négocier avec les autres regroupements régionaux entant que structure d’Etats et éviter
que les négociations sur la question des migrations s’enferment dans la logique Etat africain – Union
européenne110.
La coopération juridique
En plus des accords de réadmission, la coopération du gouvernement algérien avec ses partenaires
a permis la conclusion de plusieurs conventions d’entraide judiciaire et d’extradition et également la
signature d’instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme, aux réfugiés, à la
lutte contre la discrimination raciale et la traites des êtres humains. Dans ce cadre, on peut signaler
que le 07/01/2008, l’Algérie a ratifié 11 conventions judiciaires conclues avec les pays arabes, 25
conventions avec les pays d'Europe, 5 conventions avec les pays d'Afrique, une seule convention avec
Cuba. Elle a également conclu 6 conventions judiciaires. Elle a paraphé 8 conventions judiciaires
bilatérales et ratifié 2 conventions judiciaires multilatérales. Elle a également ratifié 19 conventions en
matière de lutte contre le terrorisme, 7 instruments généraux, 10 instruments relatifs à la femme,
l’enfant et les personnes handicapées, 6 instruments relatifs à la lutte contre la discrimination, 2
instruments relatifs au génocide et crimes de guerre, 9 instruments relatifs au droit humain et réfugiés,
6 instruments relatifs à la lutte contre l’esclavage et la traite des êtres humains et 15 conventions
internationales relatives aux droits de l’homme.
L'Algérie est liée aux deux principaux pays voisins du Sud, le Mali et le Niger, par des accords de
coopération frontalière signés respectivement en 1995 et 1997. Ces accords prévoient la coopération
en matière de lutte contre l'immigration irrégulière, à travers l'échange d'informations et le
démantèlement des réseaux de passeurs. L'Algérie a également conclu, en mars 2002, un arrangement
avec le Nigéria qui prévoit la coopération en matière de rapatriement de leurs ressortissants en
situation irrégulière.
Avec ses partenaires régionaux au niveau du Maghreb et de l’Afrique, l’Algérie entretient des
rapports de coopération en matière de gestion des flux migratoires dans le cadre de mécanismes
bilatéraux et conventions régionales.
Avec les pays du Maghreb, les mécanismes mis en place dans le cadre de l’institution de l’Union
du Maghreb arabe offrent un cadre de coordination entre les Etats maghrébins en matière de gestion
des flux migratoires. Les institutions mises en place représentent un cadre pour renforcer cette
coopération et entretenir des liens de coordination. Il s’agit de la commission ministérielle des
110 En application de ce principe, le gouvernement algérien se montre très réservé et critique à l’égard des
initiatives de l’Union européenne visant à traiter avec les Etats sans la participation des organisations régionales.
81
ressources humaines111 et des réunions des ministres concernés par cette gestion à savoir les Ministres
de l’Intérieur et ceux des
Affaires Etrangères. Dans le contexte actuel des relations entre les Etats marquées par de
divergences politiques, le fonctionnement de ces mécanismes se limite à l’adoption de déclarations
pour réaffirmer la nécessité de la coopération pour faire face à l’évolution des flux dans le contexte
des dernières crises dans la région du Maghreb et du Sahel. Le dernier conseil des Ministres de
l’Intérieur de l’UMA tenu au mois d’avril 2013 à Rabat pourrait faire sortir ces mécanismes de l’état
de mise en veilleuse dans lequel ils se trouvent depuis quelques années. La déclaration finale de ce
conseil adoptée dans la continuité des recommandations prises dans le cadre du Conseil des Ministres
des Affaires Etrangères annonce la mise en œuvre d’une «stratégie sécuritaire maghrébine commune»
dans laquelle figure la lutte contre l’immigration irrégulière et de la traite des personnes comme l’un
des cinq axes arrêtés112. Dans ce cadre, l’accent est mis sur la nécessité de prendre en considération
l’aspect humain. Les ministres maghrébins de l’Intérieur ont également recommandé d’encourager la
liberté de circulation et de résidence dans les pays de l’UMA, et ce, à travers des mécanismes qui
feraient l’objet d’un accord futur. Ils se sont également entendus pour élaborer une stratégie
maghrébine pour la lutte contre l’immigration clandestine et la traite de l’être humain.
Parallèlement à son engagement dans le cadre de l’UMA, l’Algérie accorde une importance à la
coopération avec les pays de la région, en particulier les pays frontaliers. Dans ce cadre, elle a établi
les contacts avec les Etat de Mauritanie, du Mali, du Niger, de Tchad et de la Libye. L’objectif
recherché est de conclure des accords de coopération entre les services de sécurité algériens et leurs
homologues des pays voisins pour un échange régulier d’informations et la coordination des actions
de contrôle des mouvements migratoires. Dans ce cadre il convient de signaler que quatre instruments
sont déjà fonctionnels113.
La coordination des actions de l’Algérie avec la Tunisie et la Mauritanie, y compris dans le volet
relatif à la coopération en matière de sécurité et de contrôle de la circulation des personnes est assurée
par les accords conclus dans le cadre des commissions mixtes présidées par les chefs de
gouvernement des deux pays. La conclusion des accords similaires avec le Maroc rencontre des
difficultés en rapport avec l’état actuel des relations entre les deux pays.
111 La commission des ressources humaines est l’une des commissions ministérielles spécialisées instituées par
le Traité instituant l'Union du Maghreb Arabe, adopté à Marrakech, le 10 Rajab 1409 de l'Hégire 1398
correspondant au 17 Février 1989 par les chefs d’Etat des pays du Maghreb en plus du Conseil
Présidentiel, du conseil des ministres des Affaires Étrangères du Comité de Suivi , du Secrétariat Général
permanent , du Conseil Consultatif ; d'une Instance Judiciaire
112 Le Matin, quotidien marocain, 22 avril 2013
113 Labdelaoui H, « Algérie : la dimension politique et sociales des migrations » in Fargues PH. (Eds),
La commission mixte de sécurité est un organe administratif et exécutif crée par les deux pays
pour prendre en charge les différents aspects de la coopération en matière de sécurité dans les régions
frontières. Les travaux de cette commission depuis sa création en ont été sanctionnés par l’adoption
d’une série de mesures telle que : L’organisation des rencontres périodiques pour renforcer les
mesures de sécurité le long de la frontière entre les deux pays, le renforcement des visites et l’échange
d’expériences entre les services de sécurité des deux pays, la multiplication des échanges
d’informations sur la sécurité dans les régions frontalières, le renforcement de la coopération
bilatérale en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité, la prévention et la lutte contre le
développement du phénomène d’immigration clandestine, les réseaux de passeurs et la traite d’êtres
humains.
En outre il convient de rappeler que le texte instituant cette commission prévoit la tenue de
réunions régulières regroupant les walis d’Adrar et de Tamanrasset du coté Algérien et les
gouverneurs de Gao, Kidal et Tombouctou du côté malien ainsi que les fonctionnaires des polices des
deux pays.
Cette commission est chargée de coordonner les actions des services de sécurité algériens et
libyens en matière de lutte contre le terrorisme, la criminalité, le contrôle de l’immigration clandestine
et la circulation des personnes. Pour activer ces projets, des groupes de travail ont été mis en place et
un planning de réunions a été arrêté.
L’Algérie a également conclu, en mars 2002, un arrangement avec le Nigéria qui prévoit la
coopération en matière de rapatriement de leurs ressortissants en situation irrégulière. Cet engagement
a été réitéré en octobre 2005 à Abuja.
Parallèlement à son action menée au niveau maghrébin, l’Algérie ne ferme pas la porte à la
coopération avec ses partenaires européens au sujet des questions relatives à la gestion des flux
migratoires. Dans cette perspective, elle participe aux projets mis en œuvre sur quatre niveaux :
83
• le sous-régional, surtout actif au sein de l’initiative « défense et sécurité dans le format 5+5114.
C’est dans ce cadre global de partenariat que s’inscrit la mise en place de mécanismes de coordination
et de coopération entre les services algériens chargés de la gestion des mouvements d’entrée et de
sortie et les organismes des pays européens.
Des accords de réadmission ont été conclus avec la France (le 28 septembre 1994), l’Allemagne (le
14 février 1997), l’Italie (le 24 février 2000), l’Espagne (le 31 juillet 2002), la Suisse (le 3 juin 2006),
le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord (le 11 juillet 2006). Ces accords ont été
signés sur la base des principes suivants : l’identification préalable, l’authentification de la nationalité,
l’accord de renvoi en cas d’erreur sur la nationalité, la préservation des droits acquis des ressortissants
concernés et le respect de la dignité des personnes réadmises. La mise en œuvre de ces accords bute
sur les délais trop longs enregistrés dans l’acceptation par les pays de renvoi, de reprendre les
personnes réadmises en Algérie dont la nationalité algérienne n’est pas formellement établie après
l’examen de leur situation
Au sujet de la conclusion des accords de réadmission des migrants des pays tiers partis du territoire
conformément aux clauses de l’Accord d’association avec l’Union européenne, l’Algérie reste
défavorable et adopte la même position à l’égard de la proposition de la commission européenne pour
établir des accords de réadmission au nom de l’Union. Elle est parmi les rares pays qui n’ont pas
d’accords de réadmission avec l’Union européenne en tant qu’organisation.115
Pour perfectionner sa gestion des flux migratoires et les mouvements transfrontaliers, une attention
particulière est accordée à la formation des agents et des personnels chargés de cette mission. La
stratégie suivie dans ce domaine est de s’appuyer sur les capacités nationales et de solliciter la
collaboration des partenaires étrangers.
La coopération avec les partenaires européens a lieu dans le cadre d’une participation aux projets
inscrits dans le cadre du programme MEDA qui a offert à la police algérienne une opportunité pour
bénéficier de l’expérience des polices/gendarmeries/douanes européennes. A cela s’ajoute la
coopération avec la police française et Interpole en matière de formation de certaines catégories
d’agents spécialisés dans les actions d’intervention et dans la lutte anti- drogue et le trafic des autres
marchandises illicites.
En 2010, des experts américains ont participés à la formation des douaniers algériens dans le
thème de “la sécurité des frontières en particulier en ce qui concerne la lutte contre le crime organisé
transfrontalier notamment dans l’utilisation des nouvelles techniques de sorties en opération, telles
que l’exploitation des cartes géographiques, GPS, boussole et le contrôle informatique des frontières.
L’organisation de cette session de formation intervient dans le cadre des cycles de formation de courte
durée prévus en application de l’accord conclu entre l'administration des douanes algériennes et son
114 Jean-François Coustillière, « Les rapports Europe-Maghreb en matière de sécurité et de défense », L’Année
du Maghreb [En ligne], IV | 2008, mis en ligne le 01 octobre 2011, consulté le 24 août 2013. URL :
http://anneemaghreb.revues.org/478
115
Cassarino Jean Pierre, La politique de réadmission de l’Union européen, étude de la Direction générale des
politiques internes, département thématique C, droits des citoyens et des affaires internationales, Bruxelles,
2010, p.16
84
homologue américaine116. La coopération avec l'Organisation mondiale des douanes (OMD) porte sur
la formation en ligne (e-Learning) pour permettre aux douanes algériennes de disposer des bases de
données des différents cours interactifs sur les techniques douanières que l'OMD met à la disposition
des institutions douanières à travers le monde. La coopération avec l’Union européenne est également
présente dans la stratégie de la Direction Générale des douanes algériennes en matière de formation.
Depuis 2008, grâce à l’assistance de l’Union, des mallettes pédagogiques sont fournies aux services
des Douanes dans le cadre du programme MARA relatif à la modernisation et à l’assistance aux
réformes administratives relevant du programme MEDA II117.
Conclu entre l’Algérie et la Commission européenne pour encourager l’Algérie à concrétiser ses
réformes dans la coopération judiciaire, le programme « Appui à la réforme de la justice en Algérie»
constitue un mécanisme de coopération entre l’Algérie et ses partenaires européens sur la question de
la gestion des flux migratoires. Bénéficiant d’un financement de 15 millions d’euros (environ, 1,5
milliard DA) fournis par l’Union Européenne et d’une contribution du Ministère de la Justice estimée
à 2 millions d’euros (environ 200 millions de dinars)120, l’objectif du projet n’est pas destiné
directement à la question de gestion des migrations, mais la réalisation de ses objectifs aura des
conséquences positifs sur la gestion juridiques des flux migratoires. C’est ainsi que la réalisation de
son objectif principal qui consistait en la consolidation de l’Etat de droit en Algérie, à travers
notamment, le renforcement des compétences du système judiciaire en matière d’organisation, de
qualité des services et de travail fournis aux citoyens et aux opérateurs économiques, créera les
conditions de l’émergence d’un droit des migrations en Algérie.
Cette relation entre modernisation de la justice et droit des migrations apparaît clairement dans le
Programme EuroMed Justice III (Septembre 2011 – Septembre 2014). D’une durée de trois ans avec
un budget de 5 M€121, ce programme se fixe pour objectif général la contribution au développement
d’un espace de coopération en matière de justice dans la région euro-méditerranéenne en s’articulant
116
El Moudjahid, quotidien national d’information, 15-12-2010
117
La Tribune, quotidien national d'information 08.01.2008
118
Délégation de l’union européenne, 30ans de coopération 199-2009, 2010, p. 100
119
Délégation de l’union européenne, Rapport annuel 2011 sur la coopération UE – Algérie, 2011, 122p
120
Délégation de l’Union européenne, Rapport annuel de la coopération UE – Algérie, 2011, 122p.
121
Délégation de l’Union européenne, Rapport annuel de la coopération UE – Algérie, 2011, 122p.
85
autour de trois composantes : Accès à la justice et aide judiciaire, résolution de conflits
transfrontaliers en matière familiale et droit pénal et droit pénitentiaire.122
122
Les activités du programme ont démarré le 15 septembre 2011 et une mission pour le lancement des activités
du programme s’est déroulée à Alger le 24 novembre 2011, par la visite en Algérie de la chef de projet afin de
discuter de la mise en œuvre des activités du programme Une conférence régionale de lancement du programme
aura lieu à Bruxelles le 29février 2012
86
III. ELEMENTS DE RADIOSCOPIE DES FONCTIONS
L’entrée et la sortie du territoire constituent une préoccupation première pour les autorités
algériennes, non seulement pour la circulation des personnes mais aussi pour les biens à travers
l’organisation des services appropriés. Les points de passage les plus importants en Algérie (c.à.d. là
où le plus grand volume de passagers et de marchandises traverse la frontière) sont les ports, les
aéroports et les points d’entrées terrestres.
La conjoncture actuelle, avec les crises politiques au niveau de la région (Printemps Arabes en
Tunisie et en Libye à l’Est), conflits politiques au Sud (le Mali), conflit territorial à l’Ouest (entre le
Maroc et la République Sahraoui), ont conduit les autorités algériennes à renforcer la sécurisation des
frontières avec des fermetures conjoncturelles des voies terrestres réduisant ainsi la mobilité des
personnes et les échanges commerciaux par voies terrestres.
Les données statistiques des forces sécuritaires font état d’une croissance des entrées et des sorties
entre 2001 et 2010, avec un effet multiplicateur de trois fois durant cette période, puis un solde plus
moins équilibré dans l’ensemble. Cependant des variations existent selon les voies. La voie aérienne
enregistre le volume le plus important, soit plus de deux tiers des entrées et des sorties avec une forte
hausse à partir de 2003. La voie terrestre vient en deuxième position, mais l’effet multiplicateur est le
plus important, soit près de six fois en 2010 du volume observé en 2001, avec une poussée forte à
compter de 2007. La voie maritime reste assez faible, le volume a été multiplié par deux durant la
période observée avec des variations intéressantes, notamment une hausse au début de période, puis
une baisse à compter de 2006.
87
Ces données traduisent notamment le mouvement des étrangers au niveau des postes frontaliers.
D’autres données, provenant des établissements hôteliers, font état d’un mouvement plus important
des personnes, incluant aussi le séjour de la communauté nationale à l’étranger, notamment durant la
saison estivale. Selon les données du Ministère du Tourisme, les données attestent un volume plus
important d’étrangers séjournant dans les établissements hôteliers. Ces statistiques sur des soldes
migratoires renseignent plus l’activité frontalière que les migrations internationales selon les
recommandations des Nations Unies.
Quelques données de la PAF permettent de situer l’ampleur des interceptions au niveau des postes
frontaliers. En moyenne, entre 2006 et 2008, 96% des interceptions ont été orientés vers la
reconduction aux frontières. Autour de 2% des interceptions concernent les personnes qui ont fait
l’objet d’une expulsion ou n’ont pu être admis sur le territoire national.
Tableau N° 14. Evolution des interceptions au niveau des postes frontaliers de 2006 à 2008
Les données des Douanes algériennes permettent de saisir les mouvements migratoires à travers le
certificat de changement des résidences aussi bien des algériens venant de l’étranger que des étrangers
au départ d’Algérie.
Figure N° 12-13. a) Evolution des retours des algériens de 2000-2012; b) Evolution des
étrangers autorisés à migrer en Algérie
Ces deux graphiques illustrent les tendances sur la période 2000 à 2012. D’une part, la tendance
des étrangers autorisés à s’établir en Algérie suit une courbe à la hausse au début de la décade, puis à
partir de 2006, elle décline progressivement. L’effectif global au moment du pic est à peine supérieur
à 200 immigrés changeant de résidence vers l’Algérie. D’autre part, nous pouvons observer presque la
même tendance : une hausse durant les premières années de l’année 2000 des Algériens qui ont
88
effectué un changement de résidence de l’étranger vers le pays d’origine. Ce mouvement de retour
atteint un pic en 2006, puis la tendance est à la baisse. L’effectif au moment du pic atteint presque
5000 certificats de changement de résidence délivrés par les Douanes algériennes. Certes, d’autres
mouvements sont aussi observés, à savoir le ballet des diplomates et des étudiants, autant des
algériens que des étrangers dans ces mouvements migratoires.
Sous réserve des conventions internationales ou d’accords de réciprocité, pour être admis sur le
territoire national, tout étranger doit être muni, outre d’un passeport ou d’un titre de voyage (réfugiés
et apatrides), d’un visa consulaire. Ce visa est valable pour une durée de trois mois à deux ans, selon
les catégories définies ci-après. A l’entrée des frontières (terrestres, maritimes et aériennes) de
l’Algérie, tous les voyageurs doivent remplir la carte de la police aux frontières, dite aussi la carte
d’embarquement. En Algérie les cartes aux frontières sont obligatoirement renseignées par tous les
passagers. La carte aux frontières qui est actuellement au niveau des postes aux frontières est conçue
en trois langues, l’arabe, le français et l’anglais pour la carte d’entrée.
Le visa consulaire est une formalité obligatoire. Lorsqu’il s’agit d’un transit par le territoire
national, le visa consulaire est remplacé par un permis d’escale ou de transit. Selon les accords
bilatéraux, les résidents d’un certain nombre de pays sont dispensés de visa d’entrée123.
Exceptionnellement, un visa de régularisation peut être délivré par les services de la Police aux
frontières.
Il existe plusieurs types de visas consulaires qui sont introduits par le Décret présidentiel n° 03-251
du 19 juillet 2003. Dans ce Décret, il est fait distinction de deux grandes catégories de visas, celle ou
le séjour de son titulaire est relativement court et celle qui donne droit à un séjour plus long. Un visa
consulaire à plusieurs entrées peut être délivré par les représentations diplomatiques et consulaires
algériennes pour des durées de trois (3) mois, de six (6) mois d’une (1) année ou de deux (2) ans. Il
comprend des périodes de séjour ne pouvant dépasser quatre vingt dix (90) jours. Le séjour effectif
cumulé sur le territoire national ne peut dépasser centre quatre vingt (180) jours par an.
Dans la deuxième catégorie on retrouve les visas qui ont trait à l’immigration. Il s’agit surtout de
visa de travail et de visa de travail temporaire ainsi que les visas pour études. La durée, pour ces types
de visa, est généralement supérieure à trois mois.
Les conditions d’obtention de ces visas ne sont pas les mêmes, elles varient en fonction du cadre
dans lequel ils sont délivrés. En dehors des autres catégories de visas qui ne sont pas en rapport direct
123La
Libye, la Tunisie, le Maroc, la Mauritanie, la Syrie, le Yémen, La Malaisie, Andorre, Bosnie Herzégovine,
Macédoine
89
avec l’immigration, le visa de travail ou le visa de travail temporaire ainsi que le visa d’études, ne
sont délivrées qu’à la condition d’être titulaire d’un permis ou d’une autorisation provisoire de travail
ou une attestation d’inscription dans un établissement d’enseignement national public ou privé. Dans
ce qui suit, nous nous attardons notamment sur la deuxième catégorie de visa, relative à
l’immigration. Trois types de visa relatifs à l’immigration sont délivrés par les services consulaires.
Visa d’étude
Le visa d’étude est délivré à l’étranger titulaire d’une attestation d’inscription auprès d’un
établissement d’enseignement public ou privé agrée par l’Etat algérien. Il doit en outre présenter une
attestation de bourse délivrée par les autorités algériennes ou les autorités de son pays ou des
justificatifs de moyens de prise en charge de ses études et de son séjour
Visa de travail
Le visa de travail est délivré à l’étranger titulaire d’un contrat de travail et d’une autorisation
provisoire de travail, préalable au permis de travail, délivrée par les services compétents, chargé de
l’emploi et d’une attestation, visée par ces mêmes services, par laquelle l’organisme employeur
s’engage à assurer la prise en charge du rapatriement du travailleur étranger dès la rupture de la
relation du travail.
Le visa de travail temporaire est délivré à l’étranger, titulaire d’un contrat de travail dont la durée
ne peut excéder trois(3) mois et d’une autorisation provisoire de travail temporaire délivrée par les
services compétents, chargé de l’emploi et d’une attestation, visée par ces mêmes services, par
laquelle l’organisme employeur s’engage à assurer la prise en charge du rapatriement du travailleur
étranger dès la rupture de la relation du travail. Le visa de travail temporaire est également délivré à
l’étranger titulaire d’un contrat d’assistance ou de prestation de service conclu par lui-même ou son
organisme employeur avec une société ou un organisme exerçant une activité en Algérie.
Refoulement
Tout étranger qui se présente aux frontières nationales non muni de document de voyage ou sans
visa consulaire peut faire l’objet d’un refoulement. De même, si la personne est signalée par le fichier
des services de la police des frontières, une procédure d’enquête ou de refoulement peut être
envisagée.
L’étranger qui désire résider en Algérie, doit impérativement faire une demande de carte de
résident auprès du service « étranger » de la Daïra, dont relève sa commune de résidence. L’étranger
qui, ayant pénétré en Algérie sans le visa réglementaire ou qui était en transit, désire prolonger son
séjour, peut demander un visa de régularisation auprès du service des étrangers de la Wilaya.
L’étranger qui désire prolonger son séjour sur le territoire national au-delà du délai accordé par le
visa sans vouloir toutefois y fixer sa résidence, ne peut obtenir qu’une seule prolongation de séjour.
90
Pour prolonger son séjour en Algérie au-delà du délai fixé par le visa en vue d’y fixer sa résidence
habituelle, tout étranger doit être muni d’une carte de résident. La durée de validité de celle-ci est de
deux ans.
Il en est de même des ressortissants des pays dispensés du visa d’entrée, en l’occurrence les
Maliens, les Nigériens, les Tunisiens et les Syriens, qui doivent, passés trois (3) mois, faire une
demande de carte de résidence. Celle-ci est dénommée «certificat d’identité» dans le cas des
ressortissants des pays du Maghreb (Maroc, Tunisie, Libye, Mauritanie), et «certificat de résidence»
dans le cas des ressortissants des autres pays.
Renouvellement
La demande de carte de résident formulée par l’intéressé doit préciser les motifs du prolongement
du séjour envisagé en Algérie et être accompagnée de toutes les indications relatives à son état civil, à
celui de son conjoint, des enfants vivant avec lui ainsi que les pièces requises. Le renouvellement
obéit aux mêmes règles. Il est introduit auprès du service « étranger » de la daïra de la commune de
résidence au moins deux mois avant l’expiration de la validité de la carte de résident. Des sanctions
sont prévues dans les cas d’étrangers ayant prolongé irrégulièrement son séjour en Algérie ou
d’étrangers qui changent de résidence sans aviser les services de la daïra.
La conversion repose sur le changement du statut de l’étranger. Comme il n’existe qu’’une seule
catégorie de permis de séjour, d’une durée de deux ans, le changement de statut (étudiant qui devient
travailleur, salarié qui devient employeur) n’a aucune incidence sur la carte de résidence. Lors du
renouvellement de sa carte, l’intéressé doit fournir les pièces justificatives de son nouveau statut.
Le retrait du permis peut intervenir lorsqu’il est établi que l’étranger cesse de remplir l’une des
conditions exigibles pour son attribution. A cet effet, la carte de résidant peut-être refusée ou retirée à
son titulaire. L’intéressé doit alors quitter le territoire dans le délai de 15 jours à compter de la date de
notification de la mesure (art. 22 de la Loi 2008).
En général le permis de séjour est d’une durée de validité de deux ans sauf pour les ressortissants
de certains pays qui peuvent bénéficier d’un permis d’une durée de validité de dix ans. C’est le cas
des Tunisiens, des Français et des Marocains.
Comme pour l’entrée, les personnes (algériennes ou étrangères) désirant quitter le territoire
national doivent présenter un passeport ou autres documents valables au niveau des frontières
(terrestre, maritime ou aérienne). Ils doivent aussi renseigner une Carte de sortie ou d’embarquement
(disponible dans les aérogares), à remettre aux services des polices des frontières. L’étranger résidant
qui désire quitter le territoire national doit être muni d’un visa de sortie délivré par la daïra du lieu de
91
sa résidence, selon l’Ordonnance N° 66-211 du 21 juillet 1966 relative à la situation des étrangers en
Algérie.
L’étranger résidant qui compte émigrer définitivement doit faire une demande de départ définitif
pour disposer d’un visa de départ définitif. Ce visa, délivré par le service « Etranger » de la Wilaya de
résidence de l’intéressé, a été suspendu en 1993. L’étranger, en départ temporaire, peut ainsi revenir
en Algérie, sur simple présentation de sa carte de résident étranger encore valable. Pour le visa de
sortie définitif, l’étranger est appelé à remettre sa carte de résident aux services de la police des
frontières en quittant le territoire national. Tout étranger, en départ définitif est autorisé à procéder à
un déménagement selon les règles établies par son pays d’origine ou son nouveau pays de résidence.
En pratique, tout étranger résident qui traverse la frontière algérienne est enregistré par la Direction
des Postes Frontières. La date de sortie est communiquée à la direction des étrangers et de
l’immigration. Le séjour à l’étranger d’un résident étranger ne devant pas dépasser six mois, sinon il
perd sa qualité de résident et le permis de résidence lui est systématiquement retiré. Cet étranger doit,
pour régulariser sa situation, faire une nouvelle demande de permis de résidence. Par ailleurs, à
l’expiration d’un permis de résidence, si une demande de prolongation n’a pas été faite, le résident
étranger est considéré comme émigré définitif. Sur l’expulsion et le retour volontaire voir chapitre 14
(Retour et Réadmission).
92
9. Réception des Migrants
Ce chapitre explique comment les migrants sont accueillis, hébergés et pris en charge par les
autorités algériennes, les organisations internationales et la société civile.
Pour les migrants en situation régulière, la réception est liée à la nature du visa obtenu. Pour les
travailleurs étrangers, un permis de séjour est établi pour la durée contractuelle. Nous verrons plus
loin les tendances caractérisant cette catégorie (cf. infra chapitre 11). Pour les étudiants étrangers,
deux catégories peuvent être observées. Ceux qui sont boursiers de l’Etat algérien, ils ont accès aux
résidences universitaires et ceux qui ne le sont pas peuvent accéder au marché locatif du logement.
Pour les migrants en situation irrégulière, il n’existe aucun dispositif d’accueil ou de réception.
Depuis les événements de l’année 2005, il y a une tendance de « sédentarisation » des migrants. La
plupart des migrants séjournent depuis quelques années en Algérie, incapables de retourner ou
d’avancer dans leur projet de migration124. Les étrangers en situation irrégulière en Algérie, une fois
interceptés sont parfois reconduits aux frontières d’entrée. Mais avec l’émergence des femmes et des
enfants dans les flux migratoires mixtes de et vers l’Algérie, la question de la réception et l’accueil
des migrants pose des problématiques dépassant le cadre juridique pour embrasser des questions
d’insertion socioculturelle.
Après le déclenchement des hostilités au Mali au début de l'année 2012, un nombre important de
Maliens a rejoint l'Algérie, en quête de sécurité, selon des sources gouvernementales. Le
gouvernement Algérien a ouvert un camp pour l’accueil de 350 refugiés maliens dans la localité de
Timiaouine (à 150 km Sud-Est de Bordj Badji Mokhtar). La plupart ont été accueillis dans des
familles qui vivent le long de la frontière. D'après les informations communiquées à l’UNHCR, des
milliers de Syriens seraient également arrivés par avion dans le pays. Tant les Maliens que les
Syriens, ils bénéficient de l'assistance du Croissant-Rouge algérien, qui dispose actuellement de
ressources nécessaires pour répondre aux besoins de ces deux populations réfugiés.
Quatre camps et une zone d'installation sont situés dans la province de Tindouf, dans le sud-ouest
du pays, et continuent d'accueillir des réfugiés originaires du Sahara occidental. Les autorités
algériennes estiment leur nombre à 165 000, tandis que le HCR dispose d’un programme d’assistance
qui cible 90 000 réfugiés les plus vulnérables.
Même si des statistiques fiables sont difficilement disponibles, soit par manque d’études et de
recensements officiels, nous pouvons nous baser sur des études et estimations effectuées par divers
organismes. L’écrasante majorité de ces immigrés sont des africains. Les nationalités les plus
dominantes en Algérie sont selon ces sources : le Niger, le Mali et le Maroc.
Durant les années 2000, la première nationalité en situation irrégulière en Algérie était le Niger.
Elle était suivie par le Mali et le Maroc.
124
Collyer M., ‘States of insecurity: consequences of Saharan Transit Migration ‘, Working Paper, Center on
Migration, Policy and Society, (Oxford: University of Oxford, 2007); De Hass H., ‘The myth of invasion-
irregular migration from West Africa to Maghreb and the European Union’, (Oxford: International Migration
Institute, 2007).
93
Figure N° 14. Evolution de migrants interceptés par la gendarmerie nationale (2006-2012)
94
10. Trafic illicite de migrants et traite d’êtres humains
Il existe une vaste littérature sur le trafic des migrants et la traite des êtres humains. Cependant, les
données statistiques font défaut. Il est souvent fait état des « cas » révélés par des ONG, sans
fondements réels. Ces cas sont repris par des rapports des ONG attirant ainsi la contestation des
autorités algériennes. Une étude récente125 réalisée, par un consortium algéro-italienne, avec le
soutien financier du PNUD/EU, met en évidence des cas de trafic des migrants mais l’absence de la
traite des êtres humains des pays du Maghreb vers l’Italie. Le trafic des migrants est le plus souvent
organisé par des réseaux autonomes, parfois semi-professionnels, et rarement par des réseaux
internationaux. Ces trafics concernent plus les pratiques des harragas, impliquant rarement des
ressortissants subsahariens.
L’émigration irrégulière par voie maritime est un acte collectif dont la réalisation nécessite
l’accomplissement d’un certain nombre d’actions en réseau. L’expression « en réseau » rend compte
du constat relevé lors de l’analyse des entretiens avec les candidats à l’émigration irrégulière par voie
maritime au sujet de l’existence des réseaux spécialisés dans l’organisation des départs (rapports
FACM/UE-PNUD, 2011).
Les réponses des enquêtés relativisent l’idée d’existence de ces réseaux. Les candidats interviewés
parlent plus des passeurs, des guides qu’on désigne dans le langage parlé par le terme « El bahri » qui
signifie en français « le marin », ou par le terme de : « Mou Laflouka » qui signifie le propriétaire de
la barque, ou encore par le terme « El Houat » qui signifie le pécheur et ce, pour insister sur le fait que
pour devenir passeur il faut acquérir des connaissances sur la mer et la navigation. En décrivant les
préparatifs de la traversée, ces mêmes candidats évoquent l’idée du travail en réseau autour de la
personne du passeur qui, dans certaines situations apparaît comme guide et dans d’autres, devient
l’organisateur principal de la traversée. En partant de cette double perception de réseau, à la fois
comme une construction des acteurs et comme un système ouvert aux acteurs, l’existence de trois
types de réseaux est relevée
Ce sont des réseaux constitués dans les circonstances de préparation de la traversée par les
candidats eux-mêmes. Il s’agit, en quelque sorte d’une organisation des actions et des tâches réparties
125
Etude FACM sur le trafic des migrants du Maghreb vers l’Italie, 2011, Alger.
95
entre une partie de ces candidats et des intervenants extérieurs, principalement, des fournisseurs
d’informations et d’équipements126.
Ce sont des réseaux constitués autour de la personne du passeur. Ce dernier qui peut être un
pêcheur propriétaire d’une barque ou d’un sardinier, voire d’un bateau plus grand, organise selon la
demande une ou deux traversées par an pour accroître ses revenus. Sa mission est de préparer son
bateau, d’acheter les équipements (un GPS et des gilets de sauvetage), faire le plein et la réserve en
gasoil et recueillir des informations sur la situation météorologique ainsi que les mouvements des
gardes côtes. Dans la majorité des cas ce passeur ne participe pas à la traversée. Il confie la mission de
diriger le bateau à un candidat à l’émigration choisi pour ses connaissances de la navigation ou à un
machiniste qui pourrait devenir candidat à l’émigration dans le cas où la traversée serait interceptée.
Dans tous les cas, il prend la précaution de déclarer le vol de son bateau quelques heures après le
départ ce qui le protège de toute poursuite administrative.
Le passeur peut être un ancien candidat à l’émigration irrégulière qui décide de capitaliser les
connaissances acquises au cours des précédentes tentatives pour organiser des traversées. Cette
reconversion lui permet d’accumuler des revenus sans capital de départ puisqu’il effectue toutes
actions d’achat des équipements avec l’argent des candidats et parallèlement de réaliser son propre
projet d’émigration.
Ce sont des réseaux tendant à se spécialiser dans le trafic de migrants comme activité principale ou
comme l’une des activités principales. Les connexions entre le trafic des migrants et les autres formes
de trafic tel que le commerce des stupéfiants ne sont pas exclues127. Il n’a pas été possible d’avoir des
informations sur ces réseaux, mais les informations recueillies sur la question des Harragas portés
disparus en mer sans que leurs corps soient retrouvés et leur emprisonnement en Tunisie ou en Libye
confirmé, incitent à retenir l’idée de l’existence d’une connexion entre le trafic de migrants et les
autres trafics tels que le trafic d’organes.
L’idée de réseau existe, mais son organisation varie en fonction de l’ampleur et de la complexité
des tâches, ce qui nécessite une répartition précise de ces dernières entre les différents intervenants
pour prendre en charge les aspects relatifs aux équipements, la météorologie et les mouvements de
navigation et de contrôle maritime.
126
La place de ce type de réseaux est confirmée par les informations rapportées par la presse écrite. Dans son
édition du 17/12/2010, le quotidien El Watan écrit à se sujet : « S’ils étaient auparavant livrés à quelques
passeurs, seuls détenteurs de la clé du départ, les aventuriers de la mer s’organisent autrement à présent. Les
réseaux des harraga deviennent plus fluides et l’activité s’est bien structurée depuis. Des groupes se forment,
achètent leur propre matériel et adoptent un guide, la plupart du temps lui-même harrag ayant quelques
connaissances faciles à acquérir pour tenter l’aventure, mais pas forcément la réussir ».
127
Cette connexion entre le trafic des migrants et les autres types de trafic que nous avons relevée sans pouvoir
la vérifier est évoquée par la presse écrite. Dans son édition du 08/09/2009, le quotidien AKHER SAA , rapporte
en se référant à un rapport de services de sécurité , la découverte d’un réseau africain spécialisé dans
l’organisation des traversées par mer de migrants africains à partir des pays du Sahel en transitant par le
territoire algérien et ce avec la collaboration de réseaux algériens. Le même quotidien fait allusion dans son
édition du 20/02/2009 aux liens entre le trafic des migrants et le commerce de la drogue et le terrorisme.
96
Cette répartition des tâches n’implique pas la présence des intervenants dans un seul endroit, ni
l’établissement des contacts entre eux. Chaque intervenant travaille éloigné des autres et n’a de
compte à rendre qu’au contact ayant présenté la demande de la mission réalisée.
L’organisation du départ est l’occasion donnée aux candidats pour entrer en contact avec certains
organisateurs : le passeur ou le guide ou encore les personnes chargées de l’embarcation des
candidats128.
Le constat de déficit en matière de connaissances sur la question de trafic des migrants est à relever
en ce qui concerne les flux de migrants vers l’Algérie. A l’exception des écrits de presse relatifs à la
présence de réseaux de passeurs de migrants subsahariens et de connexions entre passagers réseaux
mafieux, on ne dispose pas d’études et données scientifiques.
4. Les informations rapportées par la presse écrite présentent une image assez sophistiquée de l’embarcation des
harragas. Le lecteur est tenté de croire qu’il s’agit d’une croisière et non d’une traversée illégale. Dans ce cadre
nous citons le reportage du quotidien »El Watan » du 04 août 2010 sur l’émigration irrégulière. Les départs sont
organisés par catégories de candidats. Il y a les candidats VIP connus dans le milieu sous le nom de
« fachafichs » qui sont transportés à bord de hors bord d’une puissance de 10 CV. Le prix des places varie entre
150.000 et 200.000 Dinars. Il y a ensuite la catégorie des candidats défavorisés qui sont transportés à bord de
petites embarcations appelées « chatina » de 5 ou 7 mètres pour un prix variant entre 40.000 et 45.000 Dinars.
97
11. Asile et Réfugiés
Les réfugiés et demandeurs d’asile urbains sont de nationalités diverses, venant majoritairement de
pays d’Afrique subsaharienne tels que la Côte d’Ivoire, la République Démocratique du Congo, la
République du Congo, le Cameroun, le Tchad, le Mali. A ces pays, il convient d’ajouter des réfugiés
et demandeurs d’asile d’origine somalienne, yéménite, iraquienne, palestinienne, afghane et syrienne.
Les problèmes rencontrés par les réfugiés dans le contexte africain sont de plusieurs ordres et sont
avant tout le reflet des difficultés politiques et socio- économiques rencontrées dans cet espace. La
proximité des camps de réfugiés des principales zones de conflits, la présence difficilement
canalisable d’anciens belligérants dans les camps de réfugiés, poussent bon nombre de réfugiés à se
déplacer de nouveau. La multiplication des crises (Angola, RDC, Sierra Léone, Libéria, Côte d’Ivoire,
Guinée, Corne de l’Afrique, etc.) a également provoqué une lassitude des donateurs mettant à mal la
gestion de l’assistance humanitaire des camps. Par ailleurs, ces phénomènes sont venus s’ajouter à la
difficulté que rencontrent bons nombre d’Etats africains à se doter d’institutions stables et pérennes
n’offrant pas de dynamique économique suffisante pour retenir les populations et provoquant des
mouvements migratoires de plus en plus importants de personnes en quête d’Eldorado. L’instabilité
quasi chronique des pays d’accueil est également parfois à l’origine des mauvais traitements infligés
aux réfugiés puisque certains ont été directement accusés d’être les complices de mouvements rebelles
comme cela a pu être le cas des réfugiés libériens et sierra léonais en Guinée en 2000, dans le camp de
Kalia ou dans les villes de Conakry et de Nzérékoré.
Ainsi, alors que l’Algérie a longtemps représenté une étape de transit de ces flux, le durcissement
des politiques migratoires européennes a rendu plus visibles ces populations qui étaient auparavant
seulement de « passage » sur le territoire algérien et qui, par la force des choses se sont trouvées dans
l’obligation de s’établir de façon plus durable.
Ces nouveaux mouvements mettent à mal la conception traditionnelle du réfugié qui est celle de
l’opposant politique accueilli dans les années 60-70 en provenance de l’Afrique, de l’Amérique du
Sud, de certains pays arabes, ou même de l’Europe. Elle concerne également des groupes identifiés et
médiatisés comme tels (Palestiniens, sahraouis) pour lesquels le pays s’est directement engagé
politiquement, occultant le fait que les conflits qui ont cours en Afrique subsaharienne se déroulent
sur le même continent ou encore qu’un réfugié ne fuit pas nécessairement son pays en raison d’une
guerre ou en raison de ses opinions politiques.
En pratique, la prise en charge juridique de ces populations arrivant d’Afrique subsaharienne par
les autorités algériennes est rendue complexe par la mixité des flux. Aussi, le mouvement associatif
national est quasi-inexistant quant à la protection des demandeurs d’asiles.
La difficulté majeure reste que ces problématiques sont nouvelles en ce qu’elles ne font pas encore
l’objet d’une intégration systématique dans les programmes de formation des principales autorités
concernées. Il est dès lors compliqué de faire la distinction entre une personne en besoin de protection
internationale et une personne quittant son pays à la recherche d’un avenir meilleur. Devant le flou
entourant ces questions, les personnes font souvent l’objet d’un traitement indifférencié et se
retrouvent condamnées au titre de l’immigration clandestine.
98
L’UNHCR détermine le statut de réfugié conformément à son mandat et délivre les documents
d’identité aux réfugiés et demandeurs d’asile, afin de leur permettre de circuler (un minimum) sur le
territoire algérien. Néanmoins, à ce jour, le Gouvernement ne confère pas encore de statut légal aux
personnes relevant du mandat de l’UNHCR, malgré les dispositions stipulées par le décret de 1963.
Par conséquent, les réfugiés n’ont pas accès à l’emploi, aux stages, et ne peuvent pas exercer leurs
droits élémentaires.
Ces derniers-ainsi que les demandeurs d’asile, sont donc contraints pour subvenir à leurs besoins
de rechercher des travaux dans le secteur informel et s’exposent ainsi à de nombreux risques en raison
de l’absence de couverture sociale, ou de protection contre des « employeurs » peu scrupuleux. Les
enfants réfugiés, quant à eux, jusqu’en septembre 2012, étaient contraints de s’inscrire dans des écoles
privées avec l’appui de l’UNHCR. Par le renforcement de la coopération du Gouvernement avec
l’UNHCR et son partenaire de mise en œuvre en charge de l’éducation NADA, les enfants réfugiés
ont pu avoir accès aux écoles publiques. Les démarches d’inscription dans les écoles sont entreprises
par le réseau NADA.
Les perspectives d’intégration locale des réfugiés demeurent extrêmement limitées voire nulles.
Cependant, l’UNHCR espère voir une amélioration de la situation par l’adoption de la future loi
d’asile.
Figure N° 15. Evolution des effectifs d’Algériens demandeurs d’asile dans les pays
industrialisés
Source : UNHCR, tendances et tendances de l’asile dans les pays industrialisés, panorama
statistiques des demandes d’asile en Europe et dans certains pays non européens, rapports des
années 2003 à 2011
Selon les statistiques de l’UNHCR, le nombre d’Algériens ayant introduit une demande d’asile
auprès des pays industrialisés a atteint le niveau le plus élevé en 2004 pour enregistrer une régression
brutale l’année suivante. Une légère tendance à l’augmentation des demandes réapparaît entre 2006 et
2009 mais sans atteindre le niveau enregistré en 2003 et 2004. Globalement les demandes d’asile
demeurent stables depuis 2009, mais les chiffres enregistrés restent en dessous du seuil des 2000.
En outre, il est à signaler que cette évolution des demandes d’asile ne s’est pas répercutée sur le
rythme d’octroi du statut de réfugiés. Selon les données disponibles, le taux de réponses positives aux
demandes formulées n’est pas très élevé ce qui explique que le nombre d’Algériens bénéficiaires du
statut de réfugiés n’a pas évolué et enregistre depuis 2010 une régression. Si on prend l’année 2012
comme référence, on relève d’après les statistiques de l’Eurostat que sur 4770 demandes déposées par
99
les Algériens, 70 ont fait l’objet d’un accord favorable pour l’accès au statut de réfugié et 10 ont été
classés dans la catégorie de protection humanitaire.129
Tableau N°15. Evolution des effectifs de réfugiés dans les pays industrialisés
Année Effectifs
2009 8185
2010 6689
2011 6121
Source : UNHCR130
Confrontés aux difficultés en matière de traitement des demandes d’asile, les migrants algériens
sont peu nombreux dans les effectifs des réfugiés enregistrés dans les pays industrialisés. On relève
une tendance à la régression de leur nombre au cours des dernières années.
Le Bureau d’Alger du HCR accueille les demandeurs d’asile et procède à des entretiens pour
réunir les éléments d’informations nécessaires à la détermination du statut de la personne. Une
attestation de demandeurs d’asile est délivrée à l’intéressé(e) par le bureau d’Alger du HCR.
Le bureau du HCR apporte une allocation financière de l’ordre de 12 000 Dinars algériens par
mois aux réfugiés devant couvrir les frais de la location d’un logement et des besoins minima en
attendant qu’il retrouve son autonomie financière.
Une fois la procédure de détermination achevée (en moyenne deux mois), un rapport est établi et
transmis au Bureau Algérien des Réfugiés du Ministère des Affaires étrangères, habilité à décider sur
le statut du réfugié.
Une fois la décision prise, l’intéressé reçoit une « Carte de réfugié » l’autorisant, selon les termes
de la Convention de Genève, de bénéficier des mêmes droits que les étrangers, admis régulièrement
sur le territoire national, dans tous les actes de la vie quotidienne : travail, éducation, formation, santé,
travail…
129
Eurostat, Asylum applications on 2012
130 UNHCR: Tendances et tendances de l’asile dans les pays industrialisés, panorama statistiques des demandes
d’asile en Europe et dans certains pays non européens, rapports des années 2003 à 2011
100
La durée de validité de la Carte de réfugié est de trois années. La carte de réfugié est renouvelable
selon les mêmes formes jusqu’à la terminaison de sa qualité de réfugié.
Si pour les étrangers, ils ont besoin d’avoir d’abord un «permis de travail» pour obtenir une «carte
de résident», pour le réfugié, l’ordre est inversé. Avec sa carte de réfugié, il obtient une carte de
résident étranger et il peut ainsi accéder à un emploi régulier et être affiliée automatiquement à la
sécurité sociale. Cette affiliation lui donne une couverture sociale totale pour sa personne de même
que ses ayant droits.
La cessation de la qualité de réfugié obéit aux règles de la Convention de Genève. Elle peut
survenir, entre autres, dans trois cas :
• la personne est parfaitement intégrée dans le pays d’accueil, devenant citoyen à part et entière
par la naturalisation, par le mariage.
• la réinstallation de la personne dans un pays tiers ou encore
• le retour volontaire dans le pays d’origine ou la situation sécuritaire ne présenterait plus de
menace à sa personne.
Les procédures, telles qu’elles sont présentées peuvent ne pas correspondre exactement à la
quotidienneté de réfugiés. Une observation permanente est nécessaire à cet effet pour souligner les
distorsions entre la règle et la réalité.
101
12. Prise en charge des personnes en situation de
vulnérabilité
La lutte contre la pauvreté s’inscrit parmi les priorités de l’Etat Algérien. Dans ce chapitre, on
s’arrêtera sur les modes de prises en charge des femmes et des enfants en relation avec les migrations
internationales, notamment des étrangers en Algérie ou des Algériens à l’étranger, qu’ils soient en
situation régulière ou non. Il est entendu que les personnes en situation de vulnérabilité ne se résument
pas strictement aux deux segments des migrants à savoir les refugiés ou les demandeurs d’asiles. Ces
segments sont à peine connus tant l’accès à ces populations ainsi que la diffusion des données sur
leurs conditions de vie, sont soumis aux restrictions devant protéger les droits des femmes et les
enfants. Il est admis que le statut de migrant est en soi une condition différente de celle des
« citoyens » du pays. En plus de cette différence, les femmes et les enfants, surtout non accompagnés,
sont plus vulnérables face aux dangers des migrations internationales.
Le secteur de la solidarité nationale dispose d’une infrastructure importante pour la prise en charge
de différentes catégories de personnes vulnérables – enfants, femmes, personnes vivant avec un
handicap, personnes âgées. Tous les établissements sont accessibles aussi aux migrants en situation
régulière. L’accès des migrants «en situation irrégulière» aux services de la solidarité nationale, ainsi
qu’aux autres services de l’Etat (tels la santé, le logement, l’école) est soumis à des restrictions et des
contraintes administratives pour les migrants en situation irrégulière. Face à ces contraintes, la prise
en charge des migrants en situation de vulnérabilité est assurée notamment par des ONG, avec
l’assistance des institutions algériennes et/ou étrangères.
Notre attention sera focalisée sur les femmes et les enfants qui demeurent des points sensibles dans
le cadre des questions migratoires. La vulnérabilité n’est pas seulement une question d’âge ou de sexe.
Les risques et les dangers auxquels sont confrontés les migrants proviennent aussi des « facteurs
externes », des conditions de vie et du statut social de migrant.
Sur le plan des études, force est d’admettre, qu’il n’existe pas de données statistiques sur l’ampleur
du phénomène et les conditions de vies des mineurs ou des femmes migrants en Algérie. Les
conditions des algériens, victimes d’exclusion sociale, restent aussi méconnues. Néanmoins quelques
initiatives méritent d’être citées :
• Il y a lieu de citer l’étude sur les migrantes subsahariennes réalisée avec l’appui de l’UNHCR
au niveau du Maghreb.
• L’étude du CISP/SARP (2006) sur le retour des migrants subsahariens vers leurs pays
d’origine (Niger, mali, RDC) a pu relever l’existence des migrants en situation de
« détresse », appelant l’aide au retour.
• L’étude du CISP/SARP (2008) sur les migrants subsahariens a mis en lumière les conditions
difficiles des femmes migrantes en Algérie. La SARP a contribué à la réalisation d’une étude
sur les harraga mineurs (2010) dans le cadre d’un programme maghrébin. L’action de ces
ONGs a contribué à réduire les situations traumatisantes dans lesquelles se trouvaient les
quelques 200 migrants pris en charge pour un retour digne avec la création d’une activité dans
le pays d’origine.
• L’action de CARITAS dans la réduction de la misère des migrants mérite aussi d’être
mentionnée. Ses activités ne se limitent pas dans le temps. Elles sont conduites de manière
permanente. La discrétion est de rigueur lorsqu’il s’agit de protéger la dignité des migrants.
L’absence de données sur la nature des activités de CARITAS ne réduit en aucune façon son
apport à l’assistance permanente aux migrants en difficultés.
102
• L’association Rencontre & Développement a poursuivi en 2012 les efforts accomplis au cours
des années précédentes. C’est ainsi qu’elle a reçu 2996 visites de migrants en quête
d’assistance et de soutien psychologique, accompagné la scolarisation de35 enfants de
migrants subsahariens ainsi que l’insertion de 24 migrants subsahariens dans des cycles de
formation professionnelle.
• En 2011, l’UNHCR publia une étude régionale sur les violences faites aux femmes lors de
leur voyage à travers les pays du Maghreb. En 2012, une nouvelle étude régionale a été
conduite (Aissa Kadri), avec l’appui financier de l’UNICEF, sur les migrants mineurs au
niveau du Maghreb.
• Dans le même sens, la SARP (2012), avec le soutien d’une ONG italienne (le CISS) et
marocaine (Joussour), a mené une étude sur les harraga mineurs, au départ d’Algérie vers
l’Europe. Cette étude met en évidence 5 profils dominants des mineurs : les mandatés (par la
famille), les exilés (en provenance des pays subsahariens en guerre), les exploités (par des
trafiquants), les fugueurs (quittant la famille ou les institutions de placement et enfin les
errants (pour vagabondage ou encore mineurs de la rue)131.
• Enfin, une récente étude, conduite par Marie Diop (2013), révèle les trajectoires des mineurs
non accompagnées de l’Afrique de l’Ouest vers l’Afrique du Nord. Ces enfants « en route
pour l’Europe » se trouveraient bloqués dans certains pays du Maghreb qui deviennent « pays
d’immigration par défaut ».
Ces études sont manifestement conduites selon les techniques qualitatives tant il est admis que la
mesure de ce phénomène nécessite une observation permanente, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Le contexte actuel invite aussi à de nouvelles conditions de vulnérabilité, émergées par la situation
des migrations de crises ajoutées aux problèmes historiques des réfugiés en Algérie. Le statut de
refugié n’élimine pas totalement la vulnérabilité. Les cas des refugiés sahraouis, regroupés dans les
camps au Sud de l’Algérie sont assez significatifs. Les crises politiques dans la région ont influé sur
les mouvements migratoires en fragilisant du jour au lendemain des personnes, des familles entières,
obligées à quitter leur pays d’origine ou leur pays d’accueil, afin d’éviter les violences menaçantes. Ils
sont des milliers de libyens, de syriens, de maliens à se diriger vers l’Algérie, fuyant leurs pays et
laissant tout derrière eux. Ils sont de différentes conditions sociales. Il y a aussi des migrants algériens
installés dans ces pays et qui ont du revenir en Algérie. Ces migrants algériens ont parfois perdu trace
de leurs racines, ce qui les rend dans ces conditions, totalement aliénés dans le pays d’origine. Ces
formes de vulnérabilité imposées par les situations de crises affectent différemment les migrants. Ces
formes de « déplacements forcés » imposent une nouvelle lecture des conventions internationales car
les accords bilatéraux ne fonctionnent plus dans de telles conditions.
L’UNHCR apporte, depuis des années, une assistance permanente à près de 90 000
personnes réputées vulnérables, y compris femmes et enfants.
Les activités menées par le CIR, dans le cadre de projet, Algérie : Renforcer la protection des
migrants et les capacités de gestion des flux migratoires mixtes, cofinancé par l’Union Européenne,
s’inscrivent dans les mêmes perspectives : porter assistance aux migrants en difficultés, notamment
ceux en situation irrégulière et dans une situation de vulnérabilité. Pour les enfants non accompagnés
131
Il est à relever que le phénomène des migrants mineurs ou des enfants « sans papiers » a été relevé
notamment pour les mineurs algériens non accompagnés dans les rues de Marseille (France). Ils étaient environ
160 mineurs, identifiés par des ONG, qui n’étaient pas « expulsables » et passibles de peines de prisons à cette
période. Cf. Communication S. Musette, APN, Alger.
103
(ENA), le CIR s’engage á trouver une structure d’accueil. Pour cela, la procédure ci-après a été
adoptée :
• Le HCR transmets la liste de l’ensemble des enfants concernés avec une note
d’accompagnement explicative au CIR
• Le CIR transmets la liste de l’ensemble des enfants concernés avec une note
d’accompagnement explicative á l’UNHCR ;
• L’identification des ENA se fait au moment de l’enregistrement auprès de l’UNHCR
• Pour tous les ENA, le CIR se charge de leur remettre un panier alimentaire mensuel, ainsi que
des frais de scolarisation pour certains.
• Le CIR prend en charge aussi les frais de formation professionnelle pour les réfugiés et
demandeurs d’asile.
• Aussi, en collaboration avec la CNCPPDH et l’UNHCR, le CIR, s’occupe des formalités
administratives et logistiques, dans le cadre de l’aide au retour volontaire.
• Le CIR prend en charge aussi les frais de soins médicaux pour certains cas parmi les plus
vulnérables.
L’unité d’enregistrement réfère le mineur à la chargée des affaires communautaires qui prend en
entretien l’enfant afin d’évaluer ses premiers besoins, mais aussi pour voir quels sont les liens
familiaux qui subsistent. Si certains sont identifiés, le cas est référé au CICR qui se charge du tracing
familial.
Pour tous les ENA, le CIR organise une visite médicale systématique et une consultation
psychologique via TGH pour avoir une évaluation rapide de la maturité de l’enfant.
Les données suivantes illustrent les actions engagées. Le profilage des bénéficiaires met en
exergue une part non négligeable des enfants, pas toujours accompagnés, en difficulté en Algérie.
Figure N° 16. a) Répartition des migrants assistés selon le sexe et l’âge ; b) Répartition des
migrants de la nature de l’assistance
132 dans le cadre de projet, Algérie: Renforcer la protection des migrants et les capacités de gestion des flux
migratoires mixtes – cofinancé par l’Union Européenne, 2012 - Alger
104
A la lumière du graphique (a), il y a environ 37% des personnes mineurs qui ont bénéficié d’une
assistance du CIR par le canal de la CNCPPDH. La différence, soit 65% sont des adultes, partagés
entre 35 des hommes et 28 de femmes.
Le deuxième graphique (b) fait un relevé des formes d’assistance apportées aux migrants qui ont
sollicité l’aide du CIR. La forme la plus importante se rapporte à l’assistance à l’éducation, puis vient
celle de la distribution de Kits aux migrants. L’accès aux soins figure aussi en bonne position, avec
près de 10% de migrants qui en font la demande d’assistance. Quant au retour, ils sont moins de 5%
qui ont pu bénéficier d’une aide au retour volontaire vers leur pays. Ces actions ne sont pas réservées
exclusivement aux migrants « étrangers » en Algérie, mais aussi aux émigrés algériens, comme
l’atteste la ventilation de la population bénéficiaire selon la nationalité. Ces migrants algériens, de
retour forcé au pays, n’auraient pas trouvé de dispositif de prise en charge par les autorités ou par les
institutions sociales133.
La lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale s’inscrit parmi les priorités de l’Etat algérien qui a
opté pour une stratégie économique et sociale ciblant la création des opportunités d’emploi pour les
couches vulnérables et l’amélioration de leur accès aux services sociaux de base. Cette volonté est
confirmée d’ailleurs par les migrants sub-sahariens qui semblent être parmi ceux qui sollicitent le plus
une assistance en Algérie. Ils proviennent de la Cote d’Ivoire, du République Démocratique du
Congo, du Cameroun, du Congo et du Nigéria. C’est le cas, également, des migrants en provenance de
la Palestine ou encore de la Syrie.
133
Il est intéressant aussi de relever l’existence d’algériens « pris au piège » de la migration irrégulière à l’étranger. L’OIM a
été saisie en 2011 par ces migrants pour un retour digne.
105
en situation régulière. Il existe ainsi une faille dans la législation algérienne quant à la protection des
« droits humains » des migrants en situation irrégulière. Cette faille augmente ainsi la vulnérabilité
des migrants, notamment les femmes et les enfants qui manifestement doivent recourir à l’assistance
des ONG qui interviennent dans l’humanitaire.
Le système de l’action sociale dispose pourtant des infrastructures, des services compétents et un
personnel qualifié pour venir en aide aux migrants. Un réajustement des dispositifs sociaux actuel
permettrait certainement une meilleure protection des migrants en situation de vulnérabilité et les
extraire ainsi de toute forme d’exploitation et de comportements déviants auxquelles ils peuvent être
exposés.
106
13. Migration de Travail
La migration du travail ne se résume pas exclusivement aux salariés mais aussi aux employeurs.
Les conditions d’exercice d’une activité économique relèvent ainsi des instances distinctes. D’une
part, Le MTESS délivre le « permis de travail » aux ressortissants qui y sont concernés. D’autre part,
le CNRCI délivre un registre de création d’activités aux employeurs et indépendants étrangers qui
s’installent en Algérie. Dans cette présentation, il n’est pas fait mention de l’état des travailleurs
migrants exerçant dans l’informel, sans permis de travail ou sans droit d’exercice d’une activité
indépendante.
Figure N° 18. Evolution des salariés étrangers inscrits auprès des services de l’emploi
Ces données indiquent une tendance globale en dents de scie ces dernières années : une hausse
rapide entre 2006 et 2008, où le pic peut être observé. Puis une tendance à la baisse en 2012 est
observée, notamment à partir du dernier trimestre (ce qui correspond probablement à la fin de certains
chantiers ou des entreprises étrangères opéraient). En effet, le taux les plus importants des salariés
sont dans le secteur le BTPH (56.7%) et (39.8%). Les nationalités les plus importantes sont les
Chinois avec 47% des travailleurs migrants. Les salaries sont partagés avec des poids similaires, entre
les cadres, les agents de maîtrise et les agents d’exécution. Ils sont concentrés notamment dans les
grandes villes (Oran, Alger et Skikda) avec plus de 50% de travailleurs étrangers.
107
13.2. Les employeurs étrangers
Selon les données du CNRC, l’installation des entreprises étrangères en Algérie poursuit son
rythme de croissance ces dernières années : ils étaient 4 439 étrangers inscrits auprès du CNRC en
2006. Ils sont plus de 10 000 en fin 2012. Les données font état des personnes « physiques » et des
personnes « morales », dont le gérant est d’une nationalité étrangère.
Les étrangers à la tête des sociétés en Algérie sont en nette croissance : les personnes morales sont
passées de 3261 en 2006 à 7865 en fin 2012. Quant aux personnes physiques, l’évolution est assez
lente : elles étaient 1178 en 2006, l’effectif a connu une légère hausse avec 2109 en fin 2012.
En Algérie, les travailleurs étrangers activent particulièrement dans les entreprises étrangères
relevant des secteurs des hydrocarbures, de la construction et des télécommunications. La
concentration sectorielle des travailleurs étrangers réguliers démontre clairement l'attraction vers les
branches du bâtiment et de l'industrie des hydrocarbures et à un degré moindre le secteur des services,
particulièrement avec l'émergence des entreprises de télécommunications. Dans le secteur
d'agriculture, la main d'œuvre étrangère reste peu présente.
Pour une partie, cela s'explique par le développement des projets de logements, de l'autoroute est-
ouest et de l'évolution des investissements dans le secteur des hydrocarbures et des services.
108
Les personnes morales sont passées de 3 261 en 2006 à 7 649 à fin 2012. Quant aux personnes
physiques, elles étaient de l’ordre de 1 178 en 2006, elles sont passées à 2 109 à fin 2012.
TOT
PERSONNES EVOL° PERSONNES EVOL° EVOL°
ANNEE AL
PHYSIQUES (1) %134 MORALES (2) % (3) %135
(1)+(2)
A FIN
1 178 - 3 261 - 4 439 -
2006
A FIN
1 345 14,2 4 041 23,9 5 386 21,3
2007
A FIN
1 468 9,1 4 986 23,4 6 454 19,8
2008
A FIN
1 720 17,2 5 848 17,3 7 568 17,3
2009
A FIN
1 850 7,6 6 459 10,4 8 309 9,8
2010
A FIN
1 964 6,2 6 641 2,8 8 605 3,6
2011
A FIN
2 109 7,4 7 649 15,2 9 758 13,4
2012
L'article 17 de cette loi stipule que toute disposition prévue au titre d'une convention ou d'un
accord collectif ou d'un contrat de travail de nature à asseoir une discrimination quelconque entre
travailleurs en matière d'emploi, de rémunération ou de conditions de travail, fondé sur l'âge, le sexe,
la situation sociale ou matrimoniale, les liens familiaux, les convictions politiques, l'affiliation ou non
à un syndicat est nulle et de nul effet.
Les travailleurs étrangers, en situation régulière, bénéficient des mêmes avantages que les
nationaux, en matière de dispositions légales relatives notamment au respect de leur intégrité physique
et morale et de leur dignité, à une protection contre toute discrimination pour occuper un poste autre
que celle fondée sur leur aptitude et leur mérite, au versement régulier de la rémunération qui leur est
due, aux œuvres sociales et à tout avantage découlant spécifiquement du contrat de travail.
Les droits fondamentaux de travail sont garantis aux travailleurs étrangers qui jouissent des droits
suivants: exercice du droit syndical, négociation collective, participation dans l'organisme employeur,
sécurité sociale et retraite, hygiène, sécurité et médecine du travail, repos, participation à la prévention
et au règlement des conflits de travail et recours à la grève.
S'agissant des questions relatives aux conflits de travail, il est indiqué que les litiges dans le
domaine du travail sont tranchés par une procédure prévue par les dispositions de la loi 90/04 du 6
février l990 relative au règlement des conflits individuels de travail. L'étranger employé sans titre de
travail n'est pas privé de droits. En vertu du principe de l'égalité de traitement, les dispositions
générales du droit du travail lui sont applicables.
A ce titre, qu'il s'agisse des structures de règlement des conflits ou des autorités judiciaires,
chacune est autorisée dans son domaine de compétence à recevoir ou à gérer les plaintes en cas de
violation présumée des droits des travailleurs étrangers.
Par ailleurs et en vertu de la loi sur les obligations en matière de sécurité sociale, il est important
de souligner que les travailleurs étrangers sont affiliées à la sécurité sociale quelque que ce soit leurs
nationalités, le montant ou la nature de leurs rémunérations et la forme, la nature ou la validité de leur
contrat de travail.
Les risques couverts par la Caisse Nationale d'Assurances Sociales des travailleurs salariés sont les
suivants : la maladie, l'invalidité, le décès, la maternité, les accidents du travail et les maladies
professionnelles, la retraite, l'assurance chômage et la retraite anticipée.
En ce qui concerne la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, ainsi
que l'hygiène et la sécurité au travail, les travailleurs migrants bénéficient des mêmes droits et de la
même protection que les travailleurs nationaux, en application des dispositions de la loi 88/07 du 26
janvier 1988 relative à l'hygiène, la sécurité et la médecine du travail.
Concernant le transfert des salaires des travailleurs étrangers, il y a lieu d'indiquer que les
dispositions de l'instruction de la banque centrale n° 02 du 02 mai 1998, prise en application des
articles 37 et 42 du Règlement N°95-07 du 23 décembre 1995 relatif au contrôle des changes
permettent aux employeurs et travailleurs étrangers d'arrêter contractuellement la part transférable et
la part payable en dinars Algérien.
Par ailleurs, le principe de l'élimination de toute forme d'exploitation et de traite des personnes ou
de travail forcé à quelque fin que ce soit et sous quelque forme que ce soit s'applique à toutes les
catégories de personnes nationales ou étrangères.
110
14. Retour et Réadmission
La question de retour et de réadmission n’est pas nouvelle dans la littérature des migrations
internationales. En Algérie, cette question a été d’une brûlante actualité notamment pour les migrants
algériens en situation irrégulière à l’étranger. Durant les années 2000, l’Algérie a été confrontée à la
situation des migrations irrégulières sur son territoire. Il y a eu une certaine tolérance des autorités
algériennes à l’égard des migrants de transit, qui étaient installés aux frontières du Sud (avec le Mali
et Niger) et de l’Ouest (avec le Maroc).
A partir de 2005136, l’Algérie a engagé des mesures sévères d’expulsion à l’égard des migrants en
situation irrégulière, avec des expulsions collectives. Le CISP, une ONG Italienne installée en
Algérie, avec l’aide de l’UE, engagé dans des opérations de retour des migrants « en situation de
détresse ». En 2005, une nouvelle étude est enclenchée pour assister ces migrants à un « retour
digne » dans trois pays (Mali, Niger et RDC)137.
En 2006, avec l’appui financier de l’UE, l’IUE lance une étude sur le retour des migrants de
l’Europe vers les pays du Maghreb (MIREM)138. Durant cette même période, les interceptions des
migrants africains sur le territoire algérien devenaient de plus en plus intenses, avec le renforcement
des dispositifs des forces sécuritaires algériennes et l’adoption de la Loi sur les conditions de séjour
des étrangers en 2008.
En 2012, le rapport d’activité du CIR fait mention d’une action de retour de 3,7% de l’ensemble
des migrants ayant bénéficié d’une aide au retour, soit 15 migrants sur un ensemble de 460 personnes.
Dans les faits, en Algérie il n’existe pas de dispositif pour le retour volontaire de migrants
étrangers vers leur pays d’origine. Les données des forces sécuritaires font référence notamment aux
expulsions : pour les années 2006/2009. Le taux des migrants expulsés d’Algérie est estimé à 2.1%, ce
qui reste assez faible (cf. tableau chapitre 6).
Par contre les données des expulsions des migrants de l’Europe attestent d’une évolution
croissante des algériens parmi les maghrébins.
On relève que les Algériens ne figurent pas sur la liste des 20 premières nationalités les plus
refoulées aux frontières terrestres et maritimes européennes. Leur présence dans ce classement se
limite à la liste des refus d’entrée aux frontières aériennes.
136
A la suite des évènements de Ceuta et Melilla en octobre 2005 – cf. le livre noir publié par site web
migreurope : http://www.migreurop.org/IMG/pdf/livrenoir-ceuta.pdf
137
Cf. Etude CISP/SARP
138
www.mirem.eu
111
Figure N° 20. Effectifs des Algériens refoulés aux frontières aériennes des pays de l’UE
La lecture des données de cette liste montre que le nombre des Algériens ayant fait l’objet de refus
d’entrée par les frontières aériennes des pays de l’UE est pratiquement identique à celui des
Marocains, et nettement inférieur à celui des Brésiliens qui sont les plus nombreux à se voir refuser
l’accès aux pays européens par air. La part des Algériens dans les effectifs de la totalité des
nationalités reste, néanmoins, modeste, elle ne représente que 02 % du total général des migrants
entrés clandestinement en Europe.
Les migrants irréguliers algériens ne constituent pas également une catégorie particulière en
matière d’expulsion forcée en application à une décision d’expulsion ou après l’expiration de la durée
accordée pour quitter librement le territoire des pays de l’UE.
Tableau N° 17. Effectifs des Algériens contraints à un retour forcé dans leur pays d’origine
Ils sont moins nombreux que les Tunisiens et les Marocains à faire l’objet de retour forcé. Leur
nombre enregistre, toutes fois, une légère augmentation au cours des deux dernières années sans
atteindre, pour autant, un niveau de nature à modifier leur part par rapport aux migrants des autres
nationalités .Cette part ne représente que 2.80% de ce total. Par ailleurs, il convient de relever les
différences entre les chiffres avancés par les services de sécurité européens et ceux diffusés par les
sources algériennes.
112
Tableau N° 18. Evolution des Algériens expulsés et reconduits vers l’Algérie à partir des pays
européens
Selon les données de la police des frontières algérienne, on relève qu’entre 2005 et 2007, le
nombre d’Algériens accueillis par ce service de la sûreté nationale algérienne suite à leur expulsion ou
leur éloignement a atteint 16 329 personnes. Ce chiffre est au même niveau que celui des retours
forcés enregistrés au cours d’une seule année. Le seul point de convergence entre les sources
algériennes et européennes concerne la tendance à la régression des effectifs au cours des dernières
années.
Expulsion
La sortie d’étranger résident peut également intervenir à la suite d’une expulsion. Les clauses
relatives à l’expulsion sont précisées par l’ordonnance 66-211 du 21 juillet 1966, notamment dans le
chapitre VII, article 20, 21 & 22.
Celle-ci concerne notamment les étrangers entrés clandestinement en Algérie ou qui y séjournent
de façon irrégulière. Les régularisations sont pratiquement inexistantes sauf dans des cas rares et pour
des raisons bien précises. En général, il n’y a pas de régularisation de la situation d’étrangers, entrés
clandestinement en Algérie.
L’expulsion d’un étranger hors du territoire national est prononcée par arrêté du ministre de
l’intérieur. Trois cas précis sont relevés :
Selon l’article 21 de l’Ordonnance 66-211, il est laissé à l’étranger, selon la gravité des griefs qui
lui sont reprochés, un délai de 48 heures à 15 jours à compter de la date de notification de l’arrêté
d’expulsion pour quitter le territoire national.
L’étranger qui a fait l’objet d’une mesure d’expulsion et qui justifie de l’impossibilité de quitter le
territoire national, peut, jusqu’à ce qu’il soit en mesure d’y déférer, être astreint, par arrêté du ministre
de l’intérieur, à résider au lieu qui lui est fixé.
139 « Etat des lieux sur l’émigration clandestine en Algérie », communication de la direction de la police des
frontières de la direction générale de la sûreté nationale, actes du la rencontre - débat sur les jeunes expulsés
d’Europe et des Haragas, ministère de la solidarité nationale, p.29
113
Les effets de l’expulsion sont immédiats. L’étranger perd tous ses droits de résidence, de travailler
ou d’étudier en Algérie. Selon les délais fixés pour l’introduction d’un recours, de 10 à 30 jours,
l’étranger peut engager une procédure d’appel pour faire valoir ses droits selon l’acception de la
requête par le tribunal compétent.
Possibilités de retour
Il n’existe aucune indication dans la réglementation algérienne concernant les possibilités de retour
de personnes expulsées. Une personne expulsée peut, moyennant des documents réguliers, entrer de
nouveau en Algérie, sauf si elle est signalée par les services de la police des frontières comme étant
personna non grata.
A notre connaissance, il n’existe pas de programme de retour volontaire assisté, mis en œuvre par
les autorités algériennes.
Cette absence d’une politique de retour est également observable en matière de gestion de la
présence des étrangers en situation irrégulière. En application de la réglementation en vigueur, ces
derniers sont expulsés ou reconduits aux frontières en tenant compte à ce que toutes les voies du
recours soient épuisées. Ces opérations concernent des individus et non des groupes. Tout en optant
pour les expulsions, l’Algérie reste opposée aux expulsions collectives et elle n’a effectué que
quelques opérations de ce type en prenant à sa charge les frais occasionnés par les expulsions.
Le soutien au retour des étrangers en situation irrégulière n’est pas encore donc un élément de la
politique migratoire du gouvernement algérien. Des ONGs étrangères de droit algérien, comme
Rencontre & Développement et le CISP tentent d’apporter leur soutien aux migrants subsahariens qui
souhaitent retourner dans leurs pays d’origine. Dans ce cadre il est à relever que c’est l’association
Rencontre & Développement qui a pu maintenir cet objectif dans ses programmes. L’action du CISP
dans ce domaine s’est limitée à la réalisation d’un projet soutenu par l’Union européen appelé Réseau
Africain des Migrations (RAM).
Tableau N° 19. Evolution des migrants de retour subsahariens assistés par l’association
Rencontre & Développement
Source : Rencontre & Développement, Rapports d’activités, 2009, 2010, 2011 et 2012
L’observation de la courbe d’évolution du nombre de migrants assistés par l’association relève une
régression brutale des effectifs en 2012 que le rapport explique par le manque de ressources
financières et non par l’absence du désir des migrants de rentrer dans leur pays d’origine après l’échec
de leur projet migratoire.
114
La répartition du nombre des retours assistés par l’association en quatre années par nationalité que
le désir de retourner dans le pays d’origine est un phénomène qui concerne la majorité des pays
subsahariens.
Tableau N° 20. Evolution des retours assistés par l’association Rencontre & Développement par
nationalité
Source : Rencontre & Développement, Rapports d’activités, 2009, 2010, 2011 et 2012
115
IV. RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
La réalisation de cette étude, en accompagnement du projet, n’a pas été aisée tant les questions des
migrations internationales sont de plus en plus complexes et exigent des réajustements permanents
autant des instruments conceptuels que des outils d’analyse. Toutefois, c'est le résultat d'un discours
sur le thème de la migration qui implique les acteurs nationaux qu'internationaux, qui n'a pas eu lieu
sous cette forme auparavant.
Partant du fait que les flux migratoires mixtes, dans un pays du Sud, ne peuvent être examinés
selon les lunettes théoriques classiques et en fonction des impératifs des pays du Nord, le changement
de perspectives adopté pour cette étude est riche d’enseignements mais des failles aussi sont relevées,
donc des réajustements sont possibles.
La position de l’Algérie dans les migrations internationales offre une vision nouvelle sur les plans
de l’histoire et de la géographie. Les analyses produites dans la première partie, permettent de sérier
quelques enseignements inédits.
La position géographique de l’Algérie, à proximité des pays en crise (du printemps arabes et des
crises africaine), renforce les mouvements terrestres des migrants irréguliers – et il le fera dans
l’avenir prévisible. Le pays subit ainsi des pressions énormes, sans pour autant bénéficier du concours
de la communauté internationale qui est pourtant associée aux conflits armées dans la région. Ces
mouvements, étant incontrôlés, s’organisent à travers le pays dans des couloirs défiant toute
possibilité de régulation interne des flux.
L’analyse des données statistiques sur les migrations internationales offre quelques lumières sur
les mouvements des catégories multiples de migrants. Les mouvements des étrangers vers l’Algérie
ont existé bien avant l’indépendance. Depuis il y a eu un ralentissement. Une reprise à la hausse est
observée depuis les années 2000. Le contexte actuel a amplifié cette tendance, avec l’arrivée des
personnes déplacées ainsi que le rapatriement des Algériens des pays en crise. La mesure des
migrations reste un défi international et mérite une observation constante. Le dispositif algérien est à
parfaire. Les données nationales, malgré leur importance pour l’analyse et la gestion des flux
migratoires, sont incomplètes et peu accessible. Les sources étrangères sont souvent en contradiction
avec les observations nationales – aussi bien pour les étrangers en Algérie que pour les Algériens à
l’étranger. Les étrangers, en transit ou en situation irrégulière dans le pays, sont réputés d’être mobile
donc statistiquement non mesurables. Des images ont produites et ils s’effacent dans le temps.
116
L’analyse du cadre juridique condense, avec force de détails et de textes, tout l’arsenal des
dispositifs réglementaires permettant de dresser une configuration de l’effort de l’Algérie pour se
doter des instruments nationaux en conformité avec les instruments internationaux, honorant ainsi les
engagements du pays sur le plan des droits humains.
Ces dispositifs, quoique régulièrement adaptés, son perfectibles. Un autre élément important est
l’application des dispositions prévue dans la loi, par exemple dans le cas de centres d’accueil ou
d’hébergement. Des failles sont relevées et peuvent faire l’objet d’un réajustement par les différents
secteurs en fonction des ressources nécessaires et du besoin de renfoncement des capacités
institutionnelles. Le comité intersectoriel (dite « Table ronde sur la migration »), installé par le
CNCPPH dans le cadre de notre projet, mérite ainsi d’être élargi pour inclure tous les acteurs
institutionnels intervenant sur le cadre réglementaire.
L’étude a permis aussi d’établir une liste exhaustive des acteurs d’intervention, de manière
permanente ou ponctuelle, dans la gestion des flux migratoires. La pluralité des acteurs, y compris les
ONG (nationales et étrangères) offre une plus grande lisibilité des actions conduites sur le terrain au
profit direct des migrants, qu’ils soient Algériens à l’étranger ou étrangers en Algérie, en situation
régulière ou irrégulière, en transit ou demandeurs d’asile. Loin d’être uniquement un répertoire, cette
liste révèle aussi l’implication de la société civile dans la prise en charge de la situation d’urgence ou
de détresse des migrants, et aides à identifier des chevauchements structurels et substantiels le cas
échéant.
La coordination institutionnelle révèle encore toute la complexité des parties prenantes dans la
gestion des flux migratoires. Cette analyse établit les modes de coordination, de concertation des
acteurs selon des échelles diverses : mondiale, régionale et nationale. Il est aussi connu que les modes
de coordination multilatérale restent les plus délicats en matière de gestion des mouvements
migratoires que c’est la coordination bilatérale qui est, en règle générale, observée en particulier pour
les migrations régulières. La coordination institutionnelle des flux mixtes reste encore un défi pour
l’Algérie.
Les deux premières parties de l’étude offre une analyse documentée des rapports, études et textes
juridiques, aussi importantes qu’elles sont, resteraient limités sans une immersion dans les fonctions
importantes de la gestion des flux migratoires mixte.
La dernière partie engage une saisie factuelle des flux migratoires mixtes, selon des thématiques
estimées essentielles pour la gestion de ces flux. Il s’agit de questions relatives à l’entrée et sortie du
territoire, à la réception des migrants, au trafic illicite des migrants ainsi qu’à traite des êtres humains,
l’asile et les réfugiées, prise en charge des personnes vulnérables, la migration travail, le retour et la
réadmission.
117
16. Recommandations
Les recommandations ci-dessus ont été élaborées, conjointement, par des experts nationaux et
internationaux dans le cadre des ateliers du projet « Algérie: Renforcer la protection des migrants et
les capacités de gestion des flux migratoires mixtes ».
140 Elaborée dans l’atelier sur la « Situation et protection des migrants en Afrique du Nord », Nouakchott,
06.12.2012
118
gestion des flux migratoires au niveau national y compris les composantes de la Société
Civile comme cela a été constaté en Mauritanie.141
• Aussi, nous semble–t-il, le plus indiqué serait d’entrevoir le traitement du phénomène des
flux migratoires dans une approche régionale avec davantage de solidarité des pays de la rive
méditerranéenne, en collaboration avec ceux de la région subsaharienne. Le développement et
le renforcement du partenariat conclu entre la CNCPPDH et le partenaire italien pourrait
constituer une locomotive à l’aboutissement de cette approche.142
Recommandations générales :
• La migration est un phénomène très compliqué, il ne peut pas être arrêté par des sanctions
pénales ou des mesures de sécurité et des régularités, nous devons la comprendre comme une
réalité ancrée dans la vie des individus et des sociétés.
• Le traitement du phénomène de la migration doit se faire en conformité avec le respect et la
préservation de la dignité et des droits de l'homme.
• La nécessité de la coopération bilatérale, régionale et internationale pour arrêter l'immigration
illégale dans le cadre de la responsabilité partagée entre les pays de départ, de transit et de
destination.
• Le caractère inévitable de la coopération avec les pays pauvres en tant que source de
l'immigration clandestine à travers les programmes de développement et le transfert des
expériences réussies des programmes économiques pour les entreprises familiales dans les
domaines de l'agriculture, l'industrie et du commerce.
Recommandations spéciales :
• La création d'une base des données : afin de recueillir des informations sur les migrants et
leurs familles, notamment les informations suivantes :
o Les renseignements personnels : les empreintes digitales, la nationalité, l'âge, le sexe,
les renseignements familiaux: marié, seul, en famille, enfants, mineurs
o État de santé : personnes handicapées et/ou en situation vulnérable
o Les raisons de la migration
o Détermination du pays de destination
o Détermination de la situation : légale, illégale, réfugiés, travailleur illégal
• Mettre en place un mécanisme d’observation régionale pour assurer une meilleure visibilité et
lisibilité des mouvements migratoires dans la région afin d’apporter les solutions adéquates.
Les statuts et les missions de cet observatoire seront définis par un groupe de travail présidé
par la CNCPPDH.
• Assurer la non-discrimination dans le traitement des migrants selon le sexe, la race, la
religion, etc.
• L'adoption des mesures préventives contre les tentatives de persécution et de haine des
étrangers ou à la baisse dans les mains des groupes criminels organisés qui travaillent dans le
domaine de la contrebande de migrants et la traite des êtres humains.
• Fournir un logement temporaire pour les migrants avec le niveau minimal d'une vie décente :
nourriture, vêtements, soins, encadrée par des compétences locales qui ont une connaissance
des droits fondamentaux de l'homme.
• Donner aux migrants en situation irrégulière une résidence temporaire jusqu'à légalisation de
leur situation.
• Faciliter la connexion entre les migrants et leurs familles.
• Permettre aux migrants de se défendre devant les tribunaux dans le cadre de l'assistance
juridique.
• Une plus grande attention aux droits des enfants, des femmes et des personnes âgées et le
travail sur l'unification d'une famille en un seul endroit.
• La nécessité de la formation des employés activant dans le domaine des droits de l'homme
afin de leur permettre d'informer les migrants sur leurs droits.
• La préparation d'un programme visant à aider le retour des migrants, y compris ce qui suit :
o Sensibilisation sur les dangers de la migration en générale et la migration clandestine
en particulier.
o Sensibilisation sur le risque de tomber dans les mains des organisations criminelles de
la traite des femmes, des enfants et d'organes humains.
o La préparation des conventions mutuelles avec les pays de départ afin d'assurer le
retour des migrants sans danger et sans les exposer à aucune forme de discrimination
ou de persécution de la part de leurs gouvernements.
120
o La mise en place des agences contre l’emploi illégal des migrants : ces bureaux seront
chargés de recevoir les communications et de protéger les témoins. D'autre part le
rôle de l'inspection du travail doit être activé.
o L'activation du rôle des ONG qui travaillent dans les droits de l'homme en organisant
des visites dans les lieux où les migrants sont regroupés, d'évaluer leurs conditions de
vie et de santé et, enfin, d’élaborer des rapports sur les violations et les abus liés aux
droits de l'homme.
o L'importance d'inclure les entreprises dans la lutte contre l'immigration clandestine
qui sont appelés d’informer sur tout emploi illégal des personnes et aussi de faire des
dons pour les réfugiés. D'autre part, les grandes entreprises internationales doivent
transférer une partie de leurs investissements dans les pays d'origine (origine de la
migration).
o L'importance de l'élargissement des consultations dans le domaine du traitement des
migrations, y compris par des organisations gouvernementales et non
gouvernementales activant dans les droits humains, la société civile et toutes les
institutions liées à l’échelle nationale et internationale par lé phénomène pour une
meilleure maîtrise de l’information relative aux flux migratoires mixtes.
• Mettre en place un groupe multisectoriel en partenariat avec les organismes internationaux en
charge de la question sous la Présidence de la CNCPPDH qui aura pour mission de soumettre
des propositions aux parties concernées.
121
victimes de la torture et de la violence devraient être effectuée dés leur arrivée dans le pays
d’accueil.
• Une formation spécifique en faveur des fonctionnaires de police, des opérateurs sociaux et
des opérateurs auprès des ONG devrait être mise en place en ce cadre.
• Des services de réhabilitation physique, sociale et psychologique devraient être institués en
faveur des victimes de torture, en étroite collaboration avec les institutions de la santé
publique.
• La mise en place d’une législation spécifique, à la région, eu égard à la situation qui prévaut
et ce dans l’esprit des conventions internationales se rapportant à ce phénomène.
Recommandations supplémentaires :
• Collection des données statistiques sur l’ampleur du phénomène et les conditions de vies des
mineurs ou des femmes migrants en Algérie
• Introduire un système d’observation permanente du phénomène et les conditions de vies des
mineurs ou des femmes migrants en Algérie
• Prise en charge par les autorités ou par les institutions sociales des migrants algériens, du
retour forcé au pays
• Pour les enfants non accompagnés (ENA) : organiser une visite médicale systématique et une
consultation psychologique via TGH pour avoir une évaluation rapide de la maturité de
l’enfant.
• Faire aboutir, dans les plus brefs délais, le projet de loi sur l’asile en s’assurant que les
dispositions fondamentales soient conformes aux standards internationaux ;
• Définition et mise en place de mécanismes d’assistance au travail et à l’intégration des
réfugiés ;
• Promouvoir un partenariat pouvoirs publics - société civile en matière d’activités d’assistance
au travail et à l’intégration des migrants ;
• Favoriser le processus de professionnalisation de la société civile en matière d’assistance au
travail et à l’intégration des migrants ;
• Conclusion de traités bilatéraux avec les pays frontaliers en matière d’assistance au travail et
à l’intégration des migrants ;
• Définition et élaboration de plans nationaux et locaux en matière d’assistance au travail et à
l’intégration des migrants et des réfugiés en situation régulière.
S’agissant des solutions au niveau local, national et régional et l’élaboration d’un plan
d’assistance au travail et à l’intégration en coopération avec la société civile :
• Renforcer les capacités de prise en charge de la problématique du travail dans les pays
d’origine par des projets de coopération régionale et internationale ;
• Stratégies communes portant sur l’emploi des migrants dans les limites et les spécificités de
chaque pays ;
122
• Renforcer les capacités de la société civile par des programmes de formation et de
spécialisation ;
• Engager une réflexion sur une évaluation de l’offre et de la demande du travail pour les
migrants dans les pays des deux rives de la méditerranée ;
• Renforcer les activités de sensibilisation et de dialogue entre les différents partenaires ;
• Prendre en charge les flux migratoires afin d’éviter aux groupes criminels organisés d’abuser
de la confiance des personnes vulnérables.
123
17. Perspectives
Cette contribution à la connaissance des flux migratoires mixtes, pour intéressante qu’elle soit,
n’est qu’un début d’un processus de coordination et d’échanges qui mérite d’être poursuivi. Les
directions à prendre peuvent être déduites des trois parties de ce rapport.
Sur le plan global, l’Algérie n’est pas insensible aux événements et crises provenant de son
environnement immédiat ou du reste du monde. Récemment des migrants ont trouvé la mort aux côtes
de Lampedusa (Italie) et à nos frontières (Niger). Ces drames attestent de la nécessité d’une plus
grande concertation entre tous les acteurs de la région qui interviennent dans l’observation des
mouvements migratoires. La constitution d’un cadre de concertation nationale est ainsi indispensable
pour une surveillance constante afin de pouvoir déclencher une alerte à temps et éviter des drames à
nos portes et dans notre région. Certes, la position charnière, entre l’Afrique et l’Europe, fait de
l’Algérie un espace à des couloirs multiples avec des entrées et sorties permanentes qui restent
difficilement à contrôler sinon avec des coûts élevés qui peuvent être mutualisés.
Sur le plan réglementaire, l’Algérie dispose d’un arsenal impressionnant et s’est engagée dans
plusieurs conventions internationales. La publication des textes ainsi que l’adhésion aux règles
internationales sont importants mais la mise en application n’est pas toujours évidente. Les acteurs
intervenant dans le champ des droits de l’homme sont ainsi appelés à scruter toute pratique qui serait
contraire à nos textes et nos engagements auprès de la communauté internationale. Les failles
observées dans nos textes méritent aussi des ajustements nécessaires selon les normes admises.
L’articulation des rôles des acteurs intervenant dans la gestion des migrations reste l’un des défis
importants en l’absence d’un organe de coordination.
L’examen des thématiques de la gestion des migrations mérite aussi un approfondissement et une
observation constante. Cet exercice a produit un résultat inattendu : les secteurs agissant sur les
migrations ont pu se rencontrer, discuter des données produites, des modalités de mise œuvre et des
tendances révélées. Les quelques éléments dégagés sur les entrées et les sorties, sur les migrations de
retour, sur la migration de travail etc. attestent de l’effort qui reste à faire pour aboutir à une véritable
radioscopie des différentes fonctions de la gestion des flux migratoires mixtes.
124
régionale pour assurer une meilleure visibilité et lisibilité des mouvements migratoires dans
la région afin d’apporter les solutions adéquates». Cette idée d’observatoire n’est pas
nouvelle. Elle est un moyen indispensable dont il faut se doter. Elle n’est pas la solution au
problème des migrations internationales.
• Le troisième niveau de celui de l’action nationale : les solutions aux phénomènes des
migrations ne peuvent être que nationales avec le soutien des ses partenaires dans le monde.
Les visions des pays sont forcement différentes. L’Atelier « El Tarf » préconise le « travail »
comme l’une des solutions aux mouvements migratoires, avec une distinction entre
« migrants » et « réfugiés » : les pays doivent définir et élaborer « des plans nationaux et
locaux en matière d’assistance au travail et à l’intégration des migrants et des réfugiés en
situation régulière ».
• Le quatrième niveau est celui de l’action locale. Les mouvements migratoires ne se font pas
de la même manière dans tous les pays. Ces mouvements empruntent des voies particulières
qui traversent des localités, des zones spécifiques. Les zones frontalières sont ainsi des
espaces qui méritent une observation et un contrôle partagé. Les participants à l’Atelier « d’El
Tarf » appellent à la «conclusion de traités bilatéraux avec les pays frontaliers en matière
d’assistance au travail et à l’intégration des migrants ».
• Enfin, le cinquième niveau est celui de l’action institutionnelle. Cette action repose, dans le
cadre de la contribution, notamment, au niveau de la nécessité d’un renforcement des
capacités des acteurs militant dans le domaine des droits de l’homme avec un objectif
premier, celui de protéger les droits des femmes et des enfants mineurs. L’Atelier d’Alger, qui
est explicite à cet effet puisqu’il a été suggéré la mise en place « sous l’égide de la
CNCPPDH d’un groupe de travail multisectoriel en partenariat avec les organismes
internationaux, chargé de la thématique des migrants et de la gestion des flux migratoires
mixtes », est un prélude. Enfin, il s’agit d’agir pour protéger les droits des personnes
vulnérables dans des recommandations multiples.
125
Annexe 1. Glossaire de la terminologie liée à la migration
Asile Protection accordée par un Etat sur son propre territoire à un ou plusieurs
ressortissants étrangers fuyant une persécution ou un danger sérieux dans
son/leur pays d’origine.
Criminel condamné Un criminel condamné est ici, une personne qui a été jugée et condamnée
pour trafic de migrant(s) ou trafic d’être(s) humain(s) ou pour une
infraction équivalente dans le cas où ces incriminations en tant que telles
n’existeraient pas. Le jugement est devenu définitif et aucun appel n’est
possible.
Demandeur d’asile Citoyen étranger qui a présenté la demande d’asile et est en attente du
résultat de sa demande.
Expulsion/Eloignement Expulsion d’une personne du territoire d’un Etat par les autorités
gouvernementales.
Migrant International Une personne qui change son pays de résidence habituelle.
Migrant irrégulier/ Personne entrant sur le, voyageant au travers du ou résidant sur le territoire
Migrant en situation d’un pays sans les documents ou permis nécessaires.
irrégulière
126
Non-discrimination Principe fondamental du droit international faisant référence à l’absence de
– ou la pratique ou politique restreignant – toutes distinctions, exclusions
ou préférences déraisonnables.
Pays d’Origine / Pays d’origine : Un pays dont une personne ou un groupe de personnes est
originaire, c.à.d. le pays de sa nationalité ou, dans le cas d’apatrides, le
de Transit /
pays de résidence habituelle.
de Destination
Pays de transit : Un pays au travers duquel une personne ou un groupe de
personnes voyage en direction d’un pays tiers, impliquant une possible
installation temporaire.
Pays de destination : Un pays à destination duquel une personne ou un
groupe de personne se dirigent.
Protection Ensemble des activités entreprises dans le but d’obtenir le respect des
droits de l’individu conformément à la lettre et à l’esprit des droits de
l’homme, du droit international humanitaire et du droit des réfugiés.
Réception La réception des migrants en situation irrégulière peut être définie comme
le processus administratif suivant l’interception ou l’appréhension. Elle
peut également s’appliquer aux demandeurs d’asile en fonction des
législations nationales en vigueur. La réception peut impliquer un séjour
dans des centres ouverts.
Réfugié Personne qui, « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race,
de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe
social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la
nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de
la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve
hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels
événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner
».144
Regroupement familial Le processus de rassembler entre eux les membres d’une même famille,
/ Réunification particulièrement les enfants, épouse et personnes âgées dépendantes. Le
regroupement familial / la réunification permettent aux personnes
d’exercer leur droit fondamental à avoir une vie de famille en dehors de
127
leurs pays d’origine.
Retour Se réfère globalement au fait de repartir d’un pays de présence vers le pays
d’origine suite à une décision définitive prononçant l’illégalité du séjour. Il
existe de nombreuses sous-catégories de retours décrivant la façon dont il
se déroule : Retour volontaire, basé sur une décision informée et prise
librement par l’individu ; Retour volontaire assisté, inclut l’offre d’une
assistance organisationnelle ou financière pour le retour et, si possible, des
mesures pour la réintégration ; Retour forcé, est un retour qui n’est pas
entrepris par l’individu de façon volontaire.
Solutions durables Tout moyen par lequel la situation de réfugiés peut être résolue de façon
satisfaisante et permanente. Spécifiquement liées aux réfugiés, les
solutions durables sont définies par le HCR de la manière suivante :
Rapatriement volontaire : Retour dans le pays d’origine sur la base d’une
décision librement consentie et informée. Un rapatriement volontaire peut
être organisé, (notamment s’il a lieu sous les auspices des gouvernements
concernés et du HCR), ou bien il peut s’agir d’un retour spontané (cad les
réfugiés rentrent par leurs propres moyens avec une implication limitée,
sinon inexistante, du HCR et des gouvernements dans le processus de
retour).
Intégration locale : Une solution durable au problème des réfugiés établis
de façon permanente dans leur pays d’asile, menant le cas échéant à
l’obtention de la nationalité de ce pays hôte.
Réinstallation : Le transfert de réfugiés du pays dans lequel ils ont cherché
refuge vers un autre Etat qui a donné son accord pour les admettre sur son
territoire. Les réfugiés se verront généralement accorder l’asile ou une
autre forme de droits de résidence à long-terme et, dans de nombreux cas,
auront la possibilité d’être naturalisés Pour cette raison, la réinstallation
constitue une solution durable ainsi qu’un instrument de protection des
réfugiés. C’est aussi un exemple pratique de partage des charges et
responsabilités entre Etats au niveau international.145
Trafic de Migrants Le trafic de migrants (passage facilité) est défini comme « le fait d’assurer,
afin d’en tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou un
autre avantage matériel, l’entrée illégale dans un Etat Partie d’une
personne qui n’est ni un ressortissant ni un résident permanent de cet
Etat ».146
Traite des Personnes La traite des personnes est définie comme « le recrutement, le transport, le
transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de
recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par
enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de
Travailleur migrant Personne devant être recrutée, recrutée ou précédemment recrutée pour
une activité rémunérée dans un pays dont elle n’est pas ressortissante.
147 Protocole Additionnel à la Convention des Nations Unies contre la Criminalité Transnationale Organisée
visant à Prévenir, Réprimer et Punir la Traite des Personnes, en particulier des Femmes et des Enfants, signé à
Palerme, décembre 2000.
129
Annexe 2. La liste des associations qui ont participé dans les
ateliers du projet
La Caritas
Le réseau NADA
Médecins Du Monde
Sirta Oxygène
130
Annexe 3. Références bibliographiques
BELLIL R. et BADI D., 1995. "Les migrations des Touaregs du Mali vers le sud de l'Algérie
(1963-1990)", Etudes et Documents Berbères, 12, Paris, INALCO.
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2008/01
BOUKLIA-HASSAN Rafik, 2010. La migration hautement qualifiée de, vers et à travers les pays
de l’Est et du Sud de la Méditerranée et d’Afrique subsaharienne, Recherche Transversale. Document
Algérie, CARIM, Notes d’analyse et de synthèse 2010/33. Série sur la migration hautement qualifiée,
Module démographie et économique
BOUKLIA-HASSAN Rafik & TALAHITE Fatiha, 2009. Labour Markets Performance and
Migration Flows in Algeria, National, Background Paper November 2009
CNES & PNUD Algérie, 2008. Rapport sur le développement humain, Algérie 2007.
HAMMOUDA Nacer- Eddine, 2008. Le désir de migration chez les jeunes Algériens,
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131
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17.1. Principaux textes
La Constitution de la République Algérienne Démocratique et Populaire in JO N° 76 du 8
décembre 1996, modifiée par la Loi N° 02-03 du 10 avril 2002 in JO N° 25 du 14 avril 2002.
134
Conditions d’emploi des étrangers
Réfugiés et Apatrides
Naturalisation
135
Famille
Culturel
• Ordonnance N° 06-03 du 28 février 2006 fixant les conditions et règles d’exercice des
cultes autres que musulman
• Décret N ° 82-467 du 18 décembre 1982 relatif aux manifestations et compétitions
organisées par des étrangers in JO N° 53 du 18 décembre 1982
• Décret N° 81-293 du 24 Octobre 1981 portant réglementation des activités des centres
culturels et d'information étrangers in JO N° 43 du 27 Octobre 1981.
Education
• Décret présidentiel n° 04-433 du 29 décembre 2004 fixant les conditions d’ouverture des
établissements d’enseignement scolaire étrangers
• Loi N° 81-07 du 27 juin 1981 relative à l’apprentissage
• Arrêté du 17 avril 1979 fixant la liste des baccalauréats de l'enseignement secondaire et
certificats d'études secondaires étrangers (toutes séries) équivalent au baccalauréat algérien
(toutes séries) et permettant l'inscription dans les universités algériennes. JO N° 21 du 22 mai
1979.
• Décret N° 76-87 du 16 avril 1976 relatif à la gratuité de l’éducation et de la
formation
• Décret N° 76-66 du 16 avril 1976 relatif au caractère obligatoire de l’enseignement
fondamental
• Décret N° 76-35 du 16 avril 1976 portant organisation de l’éducation et de la
formation
Santé
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