Cours Désulfuration Traitement Des Effluents Gazeux

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Désulfuration des fumées d’incinération


1- Le Dioxyde de soufre (SO2)

a- Origines

Le dioxyde de soufre est emis lors de la combustion des matières fossiles telles que le charbon, le
fioul. 60% du SO2 est emis par les charbons, 30% par les fiouls lourds et 10% par les autres sources.
Les principales sources sont les centrales thermiques, les grosses installations de combustion
industrielles et les unites de chauffage individuel et collectif.
En ce qui concerne les ordures ménagères, la formation de composes soufres provient de la teneur en
soufre des dechets contenant en moyenne entre 0,2 et 0,6% de soufre en masse, exprime par rapport à
la phase organique.
Exemples de materiaux a forte teneur en soufre: Les pneus, le platre, les panneaux muraux.
- Des 250°C, le soufre est oxydé en dioxyde de soufre ou anhydre sulfureux (SO2) par l'oxygène.
(1) S + O2 → SO2
L'oxydation du SO2 a donc lieu dans les basses temperatures du four et peut etre reduite en diminuant
l'excès d'air de la combustion.
- Entre 300 et 500°C, il y a formation d'anhydride sulfurique SO3 par oxydation du SO2:
(2) SO2 + ½ O2 → SO3
Cette derniere reaction devient negligeable au dessus de 950°C.
b- Effets sur la santé.
Le SO2 est un irritant des muqueuses, de la peau et des voies respiratoires supérieures (toux, genes
respiratoires). Il agit en synergie avec d'autres substances, notamment avec les fines particules. Comme
tous les polluants, ces effets sont amplifies par le tabagisme.
c- Effets sur l’environnement.
Dans l’atmosphere, le dioxyde de soufre est oxydé le plus souvent par le radical OH - pour former de
l'acide sulfurique H2SO4.
(3) SO2 + H+ + OH-→H2SO4
Puis, une partie de ce gaz se dissout dans les gouttes d'eau creant les pluies acides. Ces dernières sont
responsables de la degradation de la vegetation, des pierres et des Matériaux de nombreux
monuments…
2- Désulfuration des fumées

La désulfuration est un procédé chimique (neutralisation) servant à la réduction des oxydes de soufre
SOx , des sulfures d’hydrogène H2S ou autres dérivés sulfurés dont les émissions dans l’air doivent
être sévèrement limitées.

Les valeurs limites d’émission (VLE), données par les différentes réglementations, imposent d'utiliser
soit des combustibles à très faible teneur en soufre, soit de prévoir une désulfuration des fumées.
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Les procédés de désulfuration des fumées sont nombreux. Les procédés d’absorption ou d’adsorption
sur charbon actif consistent tous en une neutralisation du SO2 par un élément basique (Ca, Mg, Na,
NH3). Cette neutralisation se fait en mettant en contact avec les fumées un produit contenant un de ces
éléments basiques:
- soit par injection sous forme solide et pulvérisée ;
- soit par pulvérisation en suspension dans l'eau qui s'évapore ensuite au contact des fumées ;
- soit par lavage avec des quantités d'eau importantes, très supérieures aux possibilités d'évaporation.

C'est la raison pour laquelle on classe assez souvent les procédés de désulfuration en :
- Procédés secs ;
- Procédés semi-humides ;
- Procédés humides.

Dans les procédés humides , on retrouve après neutralisation un liquide très chargé en sels, liquide qui
ne peut généralement pas être rejeté tel quel dans le milieu naturel et qui exige un post-traitement.
Dans les procédés secs et semi-humides , on se retrouve, après neutralisation, avec des produits
solides pulvérulents que l'on capte sur des filtres.

Les problèmes issus de l'utilisation des sous-produits pour la désulfuration des fumées sont cruciaux et
conditionnent souvent le choix du procédé de traitement. C'est la raison pour laquelle on classe ces
procédés en :

a- Procédés régénératifs :

On appelle procédés régénératifs, des procédés qui permettent de récupérer, à partir du SO2 contenu
dans les fumées, soit du soufre élémentaire, soit de l'acide sulfurique plus ou moins dilué. L'avantage
de ces procédés est que ces sous-produits sont recyclables. Ils ont parfois une valeur marchande et
surtout ne se présentent pas sous forme de déchets.

* Procédés à la soude
* Procédés aux amines
* Procédé à la magnésie
* Procédés au charbon actif
* Procédés à l’ammoniac

b- Procédés non régénératifs :

Par opposition, on appelle procédés non régénératifs les procédés qui ne permettent pas de retrouver
du soufre ou de l'acide sulfurique, ce qui ne veut d'ailleurs pas dire que les sous-produits n'en soient
pas parfois utilisables puisque, en particulier, l'un des sous-produits de désulfuration le plus important
en quantité, le gypse, peut être obtenu à partir d'un de ces procédés.

* Procédés à la chaux
* Procédés à la soude
* Procédé à l’ammoniac

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3- Les procédés régénératifs

a- Procédés à la soude

Une solution liquide de sulfite de sodium ( Na2SO3) absorbe le dioxyde de soufre ( SO2) présent dans
les fumées de combustion sous forme de bisulfite de sodium ( NaHSO3 )

Dans une seconde étape , en inversant la réaction ci-dessus par le chauffage de cette solution , le SO2
est désorbé et par suite envoyé dans une unité de fabrication de souffre où il est mélangé avec le H2S
(sulfure d’hydrogène) pour l’obtention du soufre pur.

La solution de sulfite est ensuite recyclée. Son activité est maintenue constante par ajouts réguliers de
soude ou de carbonate de sodium qui au contact de SO2 donne respectivement :

b- Procédés aux amines

Avant introduction dans la tour de lavage , les fumées soufrées sont dépoussiérées, refroidies et le SO3
est éliminé sous forme d'acide sulfurique. L’absorption de SO2 se fait dans une solution aqueuse
d’amines selon l’équation suivante :

Après régénération thermique de la solution enrichie en SO2, ce dernier peut être envoyé dans une
unité de fabrication de soufre ou d'acide sulfurique. Le rendement de désulfuration est très élevé et
peut atteindre 98 %.

Schéma du procédé aux amines


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c- Procédé à la magnésie

Assez similaire aux précédents, ce procédé consiste a absorber le SO2dans une solution liquide selon
la réaction :

Dans une seconde étape , on transforme les sulfites en sulfates après l’ajout du dioxygène

Ces sulfates sont ensuite séchés, puis calcinés en présence de coke, ce qui libère le SO2 qui peut être
exploiter :

Le rendement de désulfuration peut dépasser 90 %, mais, par rapport aux procédés précédents, on
nécessité de passer par une étape de calcination pour récupérer du SO2.

Schéma du procédé

d- Procédés au charbon actif

Dans ce procédé , le SO2 est adsorbé sur du charbon actif en présence d'oxygène. Il s'y oxyde en SO3.
Le lit de charbon actif est arrosé périodiquement par de l'eau qui absorbe le SO3. Le liquide qui
s'écoule à la base du lit est de l'acide dilué.

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Le procédé est cyclique. Pour obtenir un fonctionnement continu, on dispose plusieurs adsorbeur en
parallèle. Les fumées à l'entrée des réacteurs ne doivent pas dépasser une température de 85°C et ne
pas être chargées en poussières afin de ne pas dégrader ou réduire l'efficacité du charbon actif. Le
rendement de désulfuration croît avec la teneur en O2 des fumées à l'entrée qui doit être, de toutes
façons, supérieure à 5 %. Il peut atteindre 90 à 95 % pour des teneurs en oxygène élevées (nécessité
d’introduire, assez souvent, de l’air dans les fumées).

Schéma du procédé

e- Procédés à l’ammoniac

Le procédé (Walther) consiste à laver les fumées avec une solution ammoniacale qui absorbe le SO2 et
le transforme en sulfite et bisulfite d'ammonium:

SO2+ 2NH3+ H2O → (NH4)2SO3

SO2 + NH3 + H2O → (NH4)HSO3

La solution liquide ainsi obtenue est acidifiée par adjonction de bisulfite d'ammonium, ce qui permet
de désorber le SO2 :

(NH4)2SO3 + 2(NH4)HSO4 → 2(NH4)2SO4 + H2O + SO2

(NH4)HSO3 + (NH4)HSO4 → (NH4)2SO4 + H2O + SO2

La régénération de la solution de sulfates appauvrie après le dégagement du SO2, permet de récupérer


NH3 qui est recyclé dans le processus. Le rendement de désulfuration peut dépasser 95 %.

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Schéma du procédé

4- Les procédés non régénératifs

* Exemple : Les procédés à la chaux

Ils sont utilisés dans l’industrie en métallurgie, sur les chaufferies et génératrices de grosse puissance
fonctionnant au charbon, en incinération d’ordures ménagères.

Ce sont des installations de combustion qui sont sont soumises à une réglementation spécifique fixant
les taux de rejets, en termes de SO2 notamment.

En post-combustion, ce procédé vise à faire réagir de la chaux sous forme de lait de chaux ou de chaux
hydratée avec les gaz de combustion. Les réactions chimiques entrant en jeu sont les suivantes:

 Réaction principale :

SO2 + CaCO3 + ½ H2O → CaSO3, ½ H2O + CO2

 Réaction partielle :

CaSO3, ½ H2O + 3/2 H2O + ½ O2 → CaSO4, 2 H2O

Le sous-produit principal de ce procédé est un gypse synthétique qui peut alors être récupéré pour faire
des plâtres spéciaux, particulièrement durs.

Ces réactions chimiques sont optimisées lorsque le milieu réactif est oxydant, c’est-à-dire qu’il
présente une quantité importante de O2. D’autre part, en fonction du type de chaux utilisé, les
températures optimales de réaction peuvent varier (entre 130 °C et 900 °C).

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Schéma d'un système d'absorption du soufre (avec production de gypse synthétique)

Schémas des procédés

5- Problème du déchet de désulfuration

Pour les « sous-produits » des procédés de désulfuration, la solution la plus attractive est évidemment
de pouvoir déboucher sur des produits commercialisables. Malheureusement, les prix de vente
relativement faibles du soufre et de l’acide sulfurique sur le marché mondial ont assez peu souvent
permis de justifier les coûts importants liés aux investissements nécessaires pour passer d’une
épuration des fumées simple à une épuration avec élaboration d’un coproduit commercialisable.
Quelques grandes usines, ayant déjà sur leurs sites des unités permettant de passer du SO2 au soufre ou
à l’acide sulfurique, ont développé leurs procédés.

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La situation est sensiblement la même pour ce qui concerne les procédés qui débouchent sur le sulfate
d’ammonium, qui pourrait être intégré dans des engrais, mais où ce produit est en concurrence avec
d’autre sources de produits azotés.
Les procédés au charbon actif qui sortent directement de l’acide sulfurique dilué ont, quant à eux,
trouvé quelques applications dans des industries telles que celles des pigments qui peuvent recycler,
directement dans leur processus de fabrication, cet acide dilué.
Les procédés à la soude, handicapés par le coût initial du réactif, ne peuvent trouver des applications
que dans les industries susceptibles de reprendre un mélange de carbonate et de sulfate de soude, ce
qui est parfois le cas de l’industrie du verre.
Les procédés à la chaux ou au calcaire (secs ou semi-humides) se trouvent dans des conditions
similaires à ceux à la soude, le produit sortant est un mélange, parfois non stabilisé quand il contient
encore des sulfites, et les utilisations possibles, bien que variées, sont de toute façon à trouver à
proximité du site de production, si on veut éviter des frais de transport économiquement
insupportables.

6- Consommation énergétique et coûts d’exploitation

La consommation énergétique des unités de désulfuration de fumées est relativement élevée. Elle est
due à la puissance absorbée :
- par les pompes de lavage qui recyclent des débits importants de « lait de chaux », fluide à
viscosité élevée ;
- par les ventilateurs créant une élévation de pression qui doit vaincre les pertes de charge
engendrées par la circulation des fumées au travers de l’installation de désulfuration.
Globalement, la consommation en énergie électrique, pour les unités de désulfuration installées
derrière les centrales de production d’électricité, varie de 0,5 %, pour les procédés secs, à 2 %, pour les
procédés humides, de l’électricité produite par ces centrales.
Cette consommation croît rapidement avec le taux de désulfuration recherchée, elle augmente de plus
de 50 % lorsque le rendement passe de 90 à 98 %.

7- Coût des unités de désulfuration

La désulfuration des fumées est une opération complexe et les unités sont très diversifiées. Il est, de ce
fait, assez difficile de donner des valeurs de coûts des unités. Par ailleurs, ce domaine est toujours en
pleine évolution technico-économique.
Le paramètre le plus important est le débit de fumées qui conditionne les dimensions des laveurs et des
réacteurs : plus le débit de fumées à traiter sera élevé, plus élevé sera le coût de l’investissement.
Les frais d’exploitation sont fonction:
- de la teneur en soufre des fumées et du rendement de désulfuration souhaitée ;
- du réactif utilisé.
Le choix d’un procédé de désulfuration des fumées est fortement conditionné par le coût des réactifs et
le devenir des sous-produits qu’engendre ce procédé.
En effet, si le recyclage de ces sous-produits est théoriquement la meilleure solution, il n’est pas
toujours techniquement ou économiquement possible. La mise en décharge sous forme de déchets
devient de plus en plus délicate d’un point de vue réglementaire.

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