AEYN-1-Risques Et Litiges Des Marchés Privés de Travaux
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GUIDE
Ce guide aborde les règles et les pièges liés à la passation des marchés privés de travaux
de bâtiment. Il présente également les litiges découlant de l’exécution de l’ouvrage jusqu’à
la garantie de parfait achèvement.
Sont ainsi évoqués les différents types de marchés (dont le contrat de construction de maisons
individuelles), les règles qui les régissent et les obligations qui en découlent (norme NF P03-001,
sous-traitance, garanties, etc.).
Les risques et les litiges nés à l’occasion de l’exécution sont abordés au regard des dommages
causés tant au maître de l’ouvrage qu’aux autres entrepreneurs et aux personnes extérieures aux
chantiers (tiers, voisins).
À chaque fois sont rappelés les grands principes de responsabilités fondant les recours (avec les
références aux articles de loi et aux jurisprudences phares) ainsi que les garanties et/ou assurances
obligatoires ou facultatives permettant de sécuriser le constructeur dans l’acte de construire.
Rédigé par François-Xavier Ajaccio, consultant en risques et assurances-construction, ce guide est
SIÈGE SOCIAL
8 4 , AV E N U E J E A N J A U R È S | C H A M P S - S U R - M A R N E | 7 74 4 7 M A R N E - L A -VA L L É E C E D E X 2
T É L . ( 3 3 ) 0 1 6 4 6 8 8 2 8 2 | F A X ( 3 3 ) 0 1 6 0 0 5 7 0 3 7 | w w w. c s t b . f r
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Ce guide a été réalisé d’après les documents de référence déjà publiés à la date du 10 avril 2013.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage,
faite sans l’autorisation de l’éditeur ou du Centre Français d’Exploitation du droit de copie (3, rue Hautefeuille, 75006 Paris), est illicite et
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à une utilisation collective et, d’autre part, les analyses et courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de
l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (Loi du 1er juillet 1992 - article L 122-4 et L 122-5 et Code Pénal article 425).
© CSTB avril 2013 ISBN 978-2-86891-565-8
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GUIDE PRATIQUE
DROIT & CONSTRUCTION
Risques et litiges
des marchés privés
de travaux
François-Xavier AJACCIO
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S OM M AI R E
7 Passation des marchés : ce qu’il faut savoir
7 1. Le « marché de travaux »
11 2. Différents marchés
16 3. Règles spécifiques relatives à la sous-traitance
21 4. Règles relatives au contrat de construction de maisons individuelles
(CCMI)
39 5. Garanties financières liées aux marchés de travaux privés
43 6. Grands principes assurantiels
49 Risques et litiges liés à l’exécution des travaux (principes)
50 1. Risques et litiges à l’égard du maître de l’ouvrage
60 2. Risques et litiges à l’égard des personnes extérieures au chantier
(tiers/voisins)
79 3. Risques et litiges entre constructeurs
81 4. Risques à l’ouvrage en cours de travaux 5
85 La réception des travaux et son contentieux
85 1. Nature juridique de la réception des travaux
88 2. Conditions de la réception des travaux
90 3. Effets de la réception des travaux
92 4. Modalités de la réception selon la norme NF P03-001
95 La garantie de parfait achèvement (GPA)
95 1. Nature et objet
96 2. Mise en œuvre
98 3. Cumul avec la responsabilité contractuelle de droit commun
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CHAPITRE 1
OBSERVATION
Distinction avec un contrat de fourniture de matériaux : « constitue un
contrat de sous-traitance et non un contrat de fourniture la convention
passée entre un entrepreneur et un fabricant de laquelle il résulte que le
7
travail de fabrication était plus important et coûteux que la seule fourniture
du matériau, que le produit, qui était un procédé du donneur d’ordres,
ne pouvait être remplacé par un autre, qu’il s’agissait d’un travail exclusif
avec interdiction de l’exécuter pour un autre client et que l’entrepreneur se
réservait le contrôle de la fabrication et imposait ses directives et contraintes
spéciales dans un cahier des charges » (Cour de cassation, 3e chambre civile,
19 juin 1991, 89-21.906 ; v. aussi : 1re chambre, 14 décembre 1999, 97-19.620).
Distinction avec un contrat de travail d’un contrat d’entreprise : est
considérée comme soumise à un contrat de travail, la personne qui agit sous
un « lien de subordination » (c’est-à-dire de direction et de surveillance)
d’une autre, y compris de façon occasionnelle (par exemple, en cas de mise
à disposition de personnel).
Dans ces cas, l’entreprise est tenue des faits de ses préposés (articles 1797
et 1384 du Code civil). En outre, vis-à-vis d’eux, elle est soumise à une
obligation de sécurité de résultat (v. p. 70).
Distinction avec le mandat : le mandat est un acte par lequel une personne
donne le pouvoir d’accomplir un acte juridique pour elle et en son nom
(article 1984 du Code civil). Dès lors, il se distingue du louage d’ouvrage qui
a pour objet l’exécution matérielle d’une construction.
Le contrat d’entreprise est « principal » lorsqu’il est passé directement avec le maître
de l’ouvrage ou découle d’un « sous-traité », c’est-à-dire d’un marché par lequel un
entrepreneur confie, sous sa responsabilité, à une autre personne appelée « sous-
traitant » l’exécution de tout ou partie du contrat d’entreprise conclu avec le maître
de l’ouvrage.
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Dans le cadre de son projet de construction, le maître de l’ouvrage peut choisir de faire
appel à un seul entrepreneur, ayant un rôle d’entreprise générale exécutant en tout
ou partie les ouvrages ou à plusieurs entreprises auxquelles ils confient l’exécution
des différents lots (gros œuvre, couverture, électricité, étanchéité…). Les entreprises
peuvent aussi répondre à un marché en entreprises groupées selon une convention
de groupement momentané d’entreprises (GME) conjointes ou solidaires. Dans ce
cas, une entreprise est désignée comme mandataire du groupement.
Selon les marchés/missions confiés aux différents intervenants (architecte, maître
d’œuvre, bureaux d’études, entreprises), l’opération de construction entraîne des
interactions non sans risques techniques et juridiques (v. p. 49 et s.).
ATTENTION
L’entrepreneur principal peut également être désigné par le terme de
« constructeur » ou de « locateur d’ouvrage ».
L’entrepreneur sous-traitant peut également être désigné sous le vocable de
« sous-traitant » ou de « constructeur ».
L’entrepreneur principal est seul soumis à la présomption de responsabilité
décennale pour les dommages à l’ouvrage après réception et à l’obligation
d’assurance en découlant.
8
Maître d’ouvrage
Contrat d’entreprise
(louage d’ouvrage)
Autres intervenants :
autres locateurs d’ouvrage
Fournisseurs maître d’œuvre,
Locateur d’ouvrage architecte,
de matériaux
bureau d’études…
Bureau de contrôle
Sous-traité C.S.P.S
Cordinnateur sécurité
prévention santé
CSTB_G0255_fig01
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ATTENTION
Selon les dispositions de l’article 1341 du Code civil, tout marché supérieur
à la somme (ou valeur) fixée à 1 500 € (décret n° 2004-836 du 20 août 2004)
requiert un écrit sous signatures privées.
L’article 1341 n’étant pas d’ordre public, en l’absence d’un contrat signé entre
les parties, un commencement de preuve par écrit (bon de commande,
devis accepté, quittance, lettres à l’entrepreneur…), peut être rapporté par
celui qui réclame l’exécution du contrat (article 1347 du Code civil). Notons
que l’existence de relations professionnelles entre le donneur d’ordre et
l’entrepreneur n’entraînait pas, pour ce dernier, une impossibilité morale de
se procurer une preuve par écrit.
En outre, entre commerçants, la preuve du contrat peut être rapportée
par tous moyens (Cour de cassation, 3e chambre civile, 19 décembre 2006,
05-20.326).
Le défaut d’un écrit signé des parties, n’entraîne pas la nullité du marché.
Mais son existence ainsi que ses conditions peuvent être difficiles à rapporter.
Ainsi, l’entrepreneur qui réclame le paiement de travaux qu’il a effectués
doit justifier par écrit de l’accord du maître de l’ouvrage : « quelle que soit 9
la qualification du marché, retenue, il est nécessaire de constater que des
travaux supplémentaires dont un entrepreneur demande le paiement, ont
été soit commandés avant leur exécution, soit acceptés sans équivoque
après leur exécution » (Cour de cassation, 3e chambre civile, 27 septembre
2006, 05-13.808).
A fortiori, selon les termes de l’article 1793 du Code civil, cette règle
s’applique au marché à forfait : « la preuve de l’accord du maître de l’ouvrage
à l’exécution de travaux non prévus au marché à forfait ne peut résulter
que d’une autorisation écrite préalable aux travaux délivrée par lui et
précisant le prix convenu et qu’il appartient à l’entrepreneur, qui demande
le paiement de ces travaux, d’apporter la preuve de cette autorisation
ou, à défaut, de l’acceptation expresse et non équivoque par le maître de
l’ouvrage des travaux une fois effectués » (Cour de cassation, 3e chambre
civile, 16 décembre 1992, 91-11.048).
Un écrit est donc conseillé. Signalons que la norme NF P 03-001 (cahier des
charges administratives générales des marchés privés) ne s’appliquera au
marché que si le marché s’y réfère expressément.
C’est un contrat fait à titre onéreux (article 1106 du Code civil). S’agissant d’un contrat
à exécution successive, il peut être résilié en cours d’exécution (voir notamment,
articles 1794 et 1795 du Code civil).
Il s’agira, selon la qualité du maître de l’ouvrage, d’un marché privé ou public. Ces
derniers relèvent du Code des marchés publics et leur contentieux est soumis aux
juridictions de l’ordre administratif.
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OBSERVATION
Rôle et missions du maître de l’ouvrage
Le maître de l’ouvrage privé est la personne physique ou morale titulaire
d’un droit de construire sur le terrain ou un immeuble existant qui conclut
le ou les marchés et pour lequel l’ouvrage est construit. Les litiges nés de ces
contrats relèvent du droit privé et des juridictions de l’ordre judiciaire.
Il agit pour son compte mais il peut se faire représenter par un mandataire
(dit maître de l’ouvrage délégué).
La destination de la construction (habitation, rénovation, bureaux…)
implique le respect de règles de construction propres définies au Code de la
construction et de l’habitation.
C’est au maître de l’ouvrage qu’il appartient, après s’être assuré de la faisabilité
et de l’opportunité de l’opération, d’en définir le programme, d’en arrêter
l’enveloppe financière prévisionnelle, d’en assurer le financement avec ou sans
recours au crédit, de choisir le processus selon lequel l’ouvrage sera réalisé et
de conclure les contrats ayant pour objet les études et l’exécution des travaux
avec les maîtres d’œuvre et entrepreneurs qu’il aura choisis.
En outre, le maître de l’ouvrage doit souscrire l’obligation d’assurance de
dommages-ouvrage (v. p. 22 et 47) et réceptionner l’ouvrage avec ou sans
réserves. Après la réception des travaux, il assure l’entretien et la maintenance
de l’ouvrage.
2. Différents marchés
Le maître de l’ouvrage privé contracte avec l’entreprise de son choix sans être tenu à
une quelconque obligation de publicité et/ou de mise en concurrence. Le contrat se
forme par la rencontre des consentements des parties.
Un écrit signé des parties contractantes est préférable à titre de preuve et pour
prévenir tout litige (il permet d’établir l’existence de l’engagement et son contenu).
La référence, dans le marché, au cahier des clauses administratives générales (CCAG)
applicable aux travaux faisant l’objet d’un marché privé (norme française NF P03-001
de décembre 2000) est vivement recommandée.
Ce CCAG définit d’une façon générale les droits et obligations des parties
contractantes, il ne prend effet comme pièce constitutive du marché que s’il est, soit
signé pour acceptation, soit rendu applicable par le cahier des clauses administratives
particulières du marché.
On distingue essentiellement trois types de marché : « à prix forfaitaire global », « au
métré », de « travaux sur dépenses contrôlées ».
Dans un marché forfaitaire « le travail demandé à l’entrepreneur est complètement
défini et les prix correspondants sont fixés en bloc à l’avance. L’insertion de clauses
de variation de prix ne fait pas perdre à ce type de marché son caractère forfaitaire »
(définition 3.3.1 de la norme NF P03-001, p. 12). Le plan de l’ouvrage, la nature et les
caractéristiques des travaux sont définis et arrêtés à la signature du marché. Le prix
est global et forfaitaire.
11
Pour les marchés à forfait, il y a application des principes inscrits dans les articles 1793
et 1794 du Code civil.
ATTENTION
Selon les dispositions de l’article 1793 du Code civil, lorsqu’un entrepreneur
s’est chargé de la construction d’un bâtiment (la notion de « bâtiment »
est appréciée par la jurisprudence : Cour de cassation, 3e chambre civile,
29 octobre 2003, 02-13.460), à partir d’un plan définitif, pour un prix
forfaitaire, il ne peut demander aucune augmentation de prix, ni sous
le prétexte de l’augmentation de la main-d’œuvre ou des matériaux, ni
sous celui de changements ou d’augmentations faits sur ce plan, si ces
changements ou augmentations n’ont pas été autorisés par écrit, et le prix
convenu avec le propriétaire.
Aussi, les travaux imprévus sont à la charge de l’entrepreneur (Cour de
cassation 3e chambre civile, 18 décembre 2012, 11-26.791 ; 8 juin 2005,
04-15.046). Les travaux supplémentaires doivent faire l’objet d’un accord
écrit du maître de l’ouvrage (ou acceptation expresse et non équivoque) et
d’un prix convenu.
La clause du marché prévoyant la possibilité de travaux supplémentaires
conditionnés à un ordre écrit du maître de l’ouvrage ne fait pas au marché
son caractère forfaitaire (Cour de cassation, 3e chambre civile, 15 mars 2005,
04-11.087).
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Mais des marchés perdent leur caractère forfaitaire dès lors qu’il est
constaté que de nombreuses modifications ont été apportées, que ni les
plans originaires ni les descriptifs n’ont été respectés, que le volume et la
nature des prestations fournies par chaque entrepreneur ont été modifiés
de façon considérable et qu’il en est déduit que ces modifications, voulues
par le maître de l’ouvrage, ont entraîné un bouleversement de l’économie
des contrats (Cour de cassation, 3e chambre civile, 8 mars 1995, 93-13.659 ;
Cour de cassation, 3e chambre civile, 20 mars 2002, 00-16.713). Dans ce
dernier cas, il y dénaturation du marché d’origine et bouleversement de
l’économie du contrat permettant une révision du prix du marché.
Les dispositions de l’article 1793 du Code civil ne sont pas applicables à une
convention de sous-traitance entre deux entreprises (Cour de cassation,
3e chambre civile, 15 février 1983, 81-15.558).
OBSERVATION
Selon la norme NF P03-001 « les prix du marché sont réputés tenir compte
de toutes les circonstances de l’implantation, des particularités du projet
et des délais et rémunèrent l’entrepreneur de tous ses débours, charges
et obligations normalement prévisibles ainsi que de celles des dépenses
d’intérêts communs mises à sa charge par le descriptif de son lot ou par le
jeu du compte prorata. En sorte que la rémunération de l’entrepreneur pour
l’exécution des travaux formant l’objet défini du marché ne subira aucune
variation sauf application des dispositions différentes […]. L’exécution
d’ouvrage différent de ceux prévus au marché n’ouvre aucun droit à
paiement supplémentaire à l’entrepreneur sous réserve de modifications
des travaux (art. 11), de travaux exécutés sur injonction administrative
(art. 11.3), de travaux urgents intéressant la stabilité de l’ouvrage (art. 11.4).
L’entrepreneur n’a droit à aucune indemnité de la part du maître de
l’ouvrage pour pertes, avaries ou dommages occasionnés par sa négligence,
son imprévoyance ou ses fausses manœuvres, pas plus que pour ceux
occasionnés par le fait de tiers ou phénomènes naturels.
L’entrepreneur a droit à une indemnité couvrant le montant total des
dépenses justifiées entraînées par la découverte de vestiges sur le chantier ».
Dans tous les cas, le « prix », qui doit comprendre la taxe sur la valeur ajouté (TVA),
est un élément essentiel.
En tant que marchés privés, leur exécution est soumise aux règles de droit commun
des contrats quant à leur exécution.
Tableau 2 : Modalités de paiement des travaux selon la norme NF P03-001
13
DÉFINITIONS
Attachement : document écrit ou dessiné constatant soit un état de fait,
soit l’exécution de travaux ou d’ouvrages qui ne pourraient être vérifiés
ultérieurement, soit des particularités susceptibles de faire l’objet de
contestations ultérieures.
Avenant : document écrit modifiant les dispositions du marché.
Décompte définitif : document établi par le maître d’œuvre, qui fixe le
montant du règlement.
Décompte provisoire : document établi par le maître d’œuvre d’après l’état
de situation.
État de situation : document établi par l’entrepreneur.
Mémoire définitif : document établi par l’entrepreneur.
ATTENTION
Les contestations sur les comptes doivent être formulées par écrit
(v. acompte, art. 19.4.2).
Tout arrêt des travaux de l’entrepreneur, en cas de retard de paiement
(art. 10.3.2.1) doit être signifié par LRAR.
L’application d’intérêts moratoires (art. 20.8) n’est possible qu’après mise en
demeure par LRAR. Le désaccord sur le décompte définitif (art. 19.6.3) doit
être formulé dans un délai précis.
Les termes d’une lettre recommandée par laquelle, en réponse à la vérification
de son mémoire par le maître d’œuvre qui avait écarté sa demande, un
entrepreneur se borne à indiquer qu’il maintenait ses prétentions sans 15
fournir aucun motif, ne constituent pas des « observations » telles que
prévues par la norme (art. 16.6.3). Dès lors, cette lettre ne fait pas courir
le délai imparti au maître de l’ouvrage pour y répondre et son absence de
réponse ne démontre pas l’acceptation implicite de la contestation (Cour
de cassation, 3e chambre civile, 4 décembre 1991, 90-13.335).
Le compte définitif ayant reçu l’accord de l’entrepreneur et du maître de
l’ouvrage ne peut plus être contesté : aucune demande en révision de
compte n’est recevable, sauf si elle est présentée en vue d’un redressement
en cas d’erreur, d’omission ou de présentation inexacte (article 1269 du
Code procédure civile).
Mais, selon l’article 1793 du Code civil, lorsqu’un entrepreneur s’est chargé
de la construction à forfait d’un bâtiment, d’après un plan arrêté et convenu
avec le propriétaire du sol, il ne peut demander aucune augmentation
de prix, ni sous le prétexte de l’augmentation de la main-d’œuvre ou des
matériaux, ni sous celui de changements ou d’augmentations faits sur ce
plan, si ces changements ou augmentations n’ont pas été autorisés par écrit
et le prix convenu avec le propriétaire. Dès lors, un maître de l’ouvrage ne
saurait être condamné à payer le prix de travaux supplémentaires, par ce
qu’il n’a pas notifié à l’entrepreneur, dans le délai prévu, ses observations
sur le décompte général définitif des travaux comprenant le montant
de travaux supplémentaires. La norme Afnor ne peut prévaloir sur les
dispositions légales (Cour de cassation, 3e chambre civile, 11 mai 2006,
04-18.092).
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que la faute du maître de l’ouvrage avait consisté soit à ne pas se faire communiquer
l’acte de cautionnement par la SAEC, soit l’ayant eu en sa possession, à ne pas s’assurer
que le sous-traitant avait eu connaissance des clauses particulières de l’engagement
souscrit par la banque, et que cette faute était en rapport direct de cause à effet avec
le préjudice subi par la société VPS, privée de recours à l’encontre de la caution par
suite de l’expiration du délai de 6 mois prévu à l’acte (3e chambre civile, 18 juin 2008,
01-17.366).
➪ Le maître de l’ouvrage qui s’est abstenu d’exiger de l’entrepreneur principal la
fourniture du cautionnement bancaire commet une faute en causant au sous-traitant
un préjudice direct le privant du règlement de sa facture de travaux (3e chambre civile,
29 octobre 2003, 02-10.734).
➪ Il appartient au maître de l’ouvrage de veiller à l’efficacité des mesures qu’il met en
œuvre pour satisfaire aux obligations mises à sa charge par l’article 14-1 de la loi du
31 décembre 1975 (3e chambre civile, 21 novembre 2012, 11-25.101).
➪ L’obligation de mettre en demeure l’entrepreneur principal de fournir une caution
bancaire n’est prévue qu’en cas d’acceptation du sous-traitant (3e chambre civile, 9 mai
2012, 10-27.079).
➪ L’article 14-1 ne crée d’obligation qu’à l’égard du maître de l’ouvrage qui reste toujours
le même quelle que soit la succession des sous-traitants (3e chambre civile, 15 janvier
2003, 01-02.967).
➪ Si le législateur n’exige pas expressément que la mise en demeure prenne la forme
d’une lettre recommandée, encore faut-il en cas de l’envoi d’une lettre simple, outre la
mention d’une interpellation suffisante pour constituer une telle mise en demeure, que
17
la réception de ladite lettre par l’entreprise principale soit, non pas possible ou probable,
mais certaine, preuve à défaut de laquelle il est impossible de retenir l’existence d’une
mise en demeure (Cour d’appel de Paris, 19e ch. A, 10 avril. 2002, RG n° 2002/02797).
La norme NF P03-001 de décembre 2000 (art 4.4) prévoit, lorsque l’entrepreneur
a manqué à ses obligations de déclaration/acceptation de ses sous-traitants et de
faire agréer leurs conditions de paiement, que le maître de l’ouvrage peut le mettre
en demeure de s’y conformer dans un délai qu’il prescrit à cet effet. En outre, le
non-respect de ces obligations entraîne une faculté de résiliation du marché de
l’entrepreneur à ses torts et de plein droit (art. 22.1.2.1).
Ces dispositions concernant le maître de l’ouvrage ne s’appliquent pas à la personne
physique construisant un logement pour l’occuper elle-même ou le faire occuper par
son conjoint, ses ascendants, ses descendants ou ceux de son conjoint.
Le sous-traitant confiant à un autre sous-traitant l’exécution d’une partie du marché
dont il est chargé est tenu de lui délivrer une caution ou une délégation de paiement.
Dans le cadre d’un contrat de construction de maison individuelle (v. ci-après), les
mêmes obligations de garantie de paiement pèsent sur le constructeur ; il est toutefois
possible de recourir à des garanties de paiement spécifiques : « […] g). La justification
de l’une ou l’autre des garanties de paiement prévues à l’article 14 de la loi n° 75-1334
du 31 décembre 1975 relative à la sous-traitance ou de toute autre garantie, délivrée
par un établissement de crédit ou une entreprise d’assurance, de nature à garantir le
paiement des sommes dues au titre du sous-traité » (article L. 231-3 du Code de la
construction et de l’habitation).
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La délégation de paiement, prévue par l’article 1275 du Code civil, est l’opération par
laquelle l’entrepreneur principal (délégant) délègue au maître de l’ouvrage (délégué),
qui y consent, le soin de payer en son nom une dette dont il est tenu envers le sous-
traitant (délégataire) et cela, à concurrence du montant des prestations exécutées.
➪ L’entreprise principale est libérée du paiement des travaux exécutés par son sous-
traitant. De son côté, le maître de l’ouvrage est libéré du paiement de l’entreprise
principale à concurrence des sommes payées directement au sous-traitant.
Principe
Mais l’entreprise principale reste engagée vis-à-vis du sous-traitant (délégation
dite « imparfaite ») si le maître de l’ouvrage s’avérait défaillant (Cour de cassation,
3e ch. civ., 15 janvier 1992. 90-11 356 ; 15 décembre 1993, 92-10 689 ; 3 décembre
2008, 07-19 997).
En pratique, une convention tripartite (maître de l’ouvrage, entreprise principale,
sous-traitant), prévoyant les termes selon lesquels les paiements seront effectués au
sous-traitant, est souhaitable.
Le sous-traitant direct du titulaire du marché ayant été accepté et dont les conditions
de paiement (c’est-à-dire les modalités de paiement prévues par le sous-traité : acomptes,
clauses de révision des prix, pénalités…) ont été agréées par le maître de l’ouvrage.
Choix
➪ est payé directement par lui pour la part du marché dont il assure l’exécution.
Ce paiement est obligatoire même si l’entrepreneur principal est en état de liquidation
des biens, de règlement judiciaire ou de suspension provisoire des poursuites.
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Montant des prestations exécutées par le sous-traitant ; elles lui sont réglées au
fur et à mesure des situations présentées par le sous-traitant après vérification par
l’entrepreneur principal de la bonne exécution des travaux.
Attention : le maître de l’ouvrage qui consent à payer, en qualité de délégué de
Étendue l’entrepreneur principal, le sous-traitant, ne peut subordonner ce paiement à un
(assiette) ordre de l’entrepreneur principal (notamment lorsque celui-ci est placé en liquida-
tion judiciaire) ; l’ordre de paiement de l’entrepreneur principal ne peut ainsi ni être
une condition de validité de la délégation, ni être un élément constitutif de celle-ci,
mais seulement être une modalité de son exécution : Cour de cassation, 3e ch. civ.,
19 décembre 2012, 11-25 622.
Le sous-traitant doit notifier son décompte par lettre recommandée avec accusé de
réception à l’entrepreneur principal.
Celui-ci dispose d’un délai de quinze jours, comptés à partir de la réception des
Modalités de
pièces justificatives servant de base au paiement direct, pour les revêtir de son ac-
mise en œuvre
ceptation ou pour signifier au sous-traitant son refus motivé d’acceptation. Passé
ce délai, l’entrepreneur principal est réputé avoir accepté celles des pièces justifica-
tives ou des parties de pièces justificatives qu’il n’a pas expressément acceptées ou
refusées.
Si le sous-traitant n’a pas été déclaré, l’alinéa 2 de l’article 3 précise que « lorsque
le sous-traitant n’aura pas été accepté ni les conditions de paiement agréées par le
maître de l’ouvrage dans les conditions prévues à l’alinéa [1], l’entrepreneur principal
sera néanmoins tenu envers le sous-traitant mais ne pourra invoquer le contrat de
sous-traitance à l’encontre du sous-traitant ».
Cette disposition a été interprétée de la façon suivante :
■■ même en cas d’absence d’acceptation par le maître de l’ouvrage ou d’agrément
des conditions de paiement, le sous-traitant est tenu, à l’égard de ce dernier, d’une 19
obligation contractuelle de livrer, exempts de vices, les ouvrages dont il a reçu
paiement (Cour de cassation, 3e chambre civile, 15 janvier 1992, 90-16.081 et
13 avril 1988, 87-11.036) ;
■■ le sous-traitant a la faculté de faire prononcer la résiliation du contrat aux torts
À peine de nullité du sous-traité les paiements de toutes les sommes dues par l’en-
trepreneur au sous-traitant, en application de ce sous-traité, sont garantis par une
Auprès de
caution personnelle et solidaire obtenue par l’entrepreneur d’un établissement
qui ?
qualifié, agréé, soit une banque ou un établissement financier ou une société de
caution mutuelle, voire un assureur.
Doit être expresse et garantir le paiement de toutes les sommes dues par l’entrepre-
neur au sous-traitant en application du contrat de sous-traitance.
Forme et
Le cautionnement doit être solidaire, la caution est privée du bénéfice de la discus-
étendue
sion (elle ne peut pas exiger que le sous-traitant poursuive d’abord la réalisation des
biens de l’entrepreneur principal).
Préalablement ou lors de la conclusion du contrat de sous-traitance : le sous-traité
est nul du fait de l’absence de fourniture de cautionnement lors de sa conclusion et
Quand ?
il importe peu que le sous-traitant ait reçu l’intégralité des sommes contractuelle-
ment dues (3e ch. civ., 12 mars 1997, 95-15.522).
Les cautions flottes sont interdites : par application des dispositions des articles 14
et 15 de la loi du 31 décembre 1975 relative à la sous-traitance, la caution person-
nelle et solidaire, garantissant le paiement de toutes les sommes dues par l’entre-
preneur principal au sous-traitant en application du sous-traité, doit comporter le
nom de ce sous-traitant et le montant du marché garanti (3e ch. civ., 15 décembre
2004, 03-13.588).
Comment ? Mais un accord cadre de « cautions de sous-traitance par attestations » peut, à
certaines conditions, constituer un cautionnement au sens de l’article 14 de la loi
du 31 décembre 1975 relative à la sous-traitance (3e ch. civ., 20 juin 2012, 11-18.463).
Une condition suspensive peut être incluse au contrat de sous-traitance liant l’effec-
20 tivité du contrat à la fourniture du cautionnement. Mais, attention, la caution doit
être délivrée avant l’intervention du sous-traitant sur le chantier, sauf peine de nul-
lité du contrat.
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dans le champ d’application de la loi dès lors qu’aucune entreprise ne fournit le plan
ou ne se charge seule de l’exécution des travaux de gros œuvre, de mise hors d’eau
et hors d’air.
L’architecte ou le maître d’œuvre, fournissant le plan et assistant le maître de l’ouvrage
pendant les travaux, sans se charger, directement ou indirectement, de l’exécution
des travaux n’est pas soumis aux dispositions réglementaires du CCMI. Mais le juge
peut requalifier le contrat (Cour de cassation, 3e chambre civile, 17 décembre 2003,
02-17.015).
Le CCMI reste un louage d’ouvrage au sens du 3° de l’article 1779 du Code civil (le
constructeur est soumis à la présomption de responsabilité décennale et à la garantie
de bon fonctionnement ainsi qu’à l’obligation d’assurance de responsabilité) ; c’est un
marché à forfait au sens de l’article 1793 du Code civil (Cour de cassation, 3e chambre
civile, 30 janvier 2013, 11-20.441).
Le contrat doit être rédigé par un écrit (sous-seing privé ou par acte authentique) et
doit prévoir les énonciations prévues à l’article L. 231-2 du CCH.
Une « notice d’information » (v. textes de référence, ci-après) doit être annexée au
contrat ; elle sera jointe à l’envoi du contrat par lettre recommandée avec accusé
de réception permettant la computation du délai de rétractation réglementaire de
7 jours à compter de la réception du contrat et de la notice. Une notice descriptive
doit être également jointe au contrat et à son envoi.
Avant le début des travaux, devront être obtenues les pièces suivantes :
22 ■■ le permis de construire ;
■■ l’accord du banquier sur les prêts ;
■■ l’assurance de dommages-ouvrage ;
Au cas où ces dernières pièces ne seraient pas fournies dans le délai fixé, le contrat
sera considéré comme n’ayant jamais existé. Les fonds versés par le maître de l’ouvrage
pourront être récupérés sans retenue ni pénalité.
La réception des travaux ayant une portée spéciale quant aux garanties (de livraison,
des vices cachés, décennale), le maître de l’ouvrage peut se faire assister lors des
opérations de réception par un professionnel.
ATTENTION
Un contrat portant sur la rénovation ou la réhabilitation d’un immeuble
existant ne constitue pas un contrat de construction de maison.
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Construction d'un immeuble à usage d'habitation (ou d'un immeuble à usage professionnel
et d'habitation) ne comportant pas plus de deux logements destinés au même maître de l'ouvrage
d'après un plan qu'elle a proposé ou fait proposer
Particulier Constructeur
CSTB_G0255_fig03
ATTENTION 23
Article L. 231-1
Toute personne qui se charge de la construction d’un immeuble à usage d’habitation
ou d’un immeuble à usage professionnel et d’habitation ne comportant pas plus de
deux logements destinés au même maître de l’ouvrage d’après un plan qu’elle a pro-
posé ou fait proposer doit conclure avec le maître de l’ouvrage un contrat soumis
aux dispositions de l’article L. 231-2.
Cette obligation est également imposée :
Champ
a) à toute personne qui se charge de la construction d’un tel immeuble à partir d’un
(qui et
plan fourni par un tiers à la suite d’un démarchage à domicile ou d’une publicité
quand ?)
faits pour le compte de cette personne ;
b) à toute personne qui réalise une partie des travaux de construction d’un tel im-
meuble dès lors que le plan de celui-ci a été fourni par cette personne ou, pour
son compte, au moyen des procédés visés à l’alinéa précédent.
Cette personne est dénommée constructeur au sens du présent chapitre et répu-
tée constructeur de l’ouvrage au sens de l’article 1792-1 du Code civil reproduit à
l’article L. 111-14.
Article L. 231-2
Le contrat visé à l’article L. 231-1 doit comporter les énonciations suivantes :
a) la désignation du terrain destiné à l’implantation de la construction et la mention
du titre de propriété du maître de l’ouvrage ou des droits réels lui permettant de
construire ;
b) l’affirmation de la conformité du projet aux règles de construction prescrites en
application du présent code, notamment de son livre Ier, et du code de l’urba-
24 nisme ;
c) la consistance et les caractéristiques techniques du bâtiment à construire com-
portant tous les travaux d’adaptation au sol, les raccordements aux réseaux divers
et tous les travaux d’équipement intérieur ou extérieur indispensables à l’implan-
tation et à l’utilisation de l’immeuble ;
d) le coût du bâtiment à construire, égal à la somme du prix convenu et, s’il y a lieu,
du coût des travaux dont le maître de l’ouvrage se réserve l’exécution en préci-
sant :
– d’une part, le prix convenu qui est forfaitaire et définitif, sous réserve, s’il y a
lieu, de sa révision dans les conditions et limites convenues conformément à
l’article L. 231-11, et qui comporte la rémunération de tout ce qui est à la charge
du constructeur, y compris le coût de la garantie de livraison ;
Mentions – d’autre part, le coût des travaux dont le maître de l’ouvrage se réserve l’exécu-
obligatoires tion, ceux-ci étant décrits et chiffrés par le constructeur et faisant l’objet, de la
part du maître de l’ouvrage, d’une clause manuscrite spécifique et paraphée par
laquelle il en accepte le coût et la charge ;
e) les modalités de règlement en fonction de l’état d’avancement des travaux ;
f) l’indication que le maître de l’ouvrage pourra se faire assister par un professionnel
habilité en application de la loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture ou des
articles L. 111-23 et suivants lors de la réception ou par tout autre professionnel
de la construction titulaire d’un contrat d’assurance couvrant les responsabilités
pour ce type de mission ;
g) l’indication de l’obtention du permis de construire et des autres autorisations
administratives, dont une copie est annexée au contrat ;
h) l’indication des modalités de financement, la nature et le montant des prêts
obtenus et acceptés par le maître de l’ouvrage ;
i) la date d’ouverture du chantier, le délai d’exécution des travaux et les pénalités
prévues en cas de retard de livraison ;
j) la référence de l’assurance de dommages souscrite par le maître de l’ouvrage, en
application de l’article L. 242-1 du Code des assurances ;
k) les justifications des garanties de remboursement et de livraison apportées par
le constructeur, les attestations de ces garanties étant établies par le garant et
annexées au contrat.
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Interdiction II. – Aucun versement, aucun dépôt, aucune souscription ou acceptation d’effets de
de versement commerce ne peuvent être exigés ou acceptés avant la signature du contrat défini à
anticipé l’article L. 231-1 ni avant la date à laquelle la créance est exigible.
III. – Le contrat peut stipuler qu’un dépôt de garantie sera effectué à un compte
spécial ouvert au nom du maître de l’ouvrage par un organisme habilité.
Le montant de ce dépôt ne peut excéder 3 % du prix de la construction projetée tel
Dépôt de
qu’il est énoncé au contrat.
garantie
Les fonds ainsi déposés sont indisponibles, incessibles et insaisissables jusqu’à la réa-
lisation de toutes les conditions ; dans ce cas, ces sommes viennent s’imputer sur les
premiers paiements prévus par le contrat.
Les fonds déposés en garantie sont immédiatement restitués au maître de l’ouvrage,
sans retenue ni pénalité, si toutes les conditions suspensives ne sont pas réalisées
dans le délai prévu au contrat ou si le maître de l’ouvrage exerce la faculté de rétrac-
tation prévue à l’article L. 271-1.
Le contrat peut prévoir des paiements au constructeur avant la date d’ouverture du
chantier, sous réserve que leur remboursement soit garanti par un établissement
Restitution en habilité à cet effet.
cas de rétrac- Un décret en Conseil d’État fixe la nature de la garantie et les conditions et limites
tation dans lesquelles ces sommes sont versées.
Article R. 231-8
I. – Lorsque le contrat n’a pas stipulé un dépôt de garantie conforme à l’article L. 231-
4-III, il prévoit un paiement n’excédant pas 5 % du prix convenu de la construction
au jour de la signature ainsi qu’un paiement n’excédant pas 5 % dudit prix à la
délivrance du permis de construire. En ce cas une attestation de garantie de rem-
boursement est annexée au contrat.
Article R. 231-8
[…] II. – La garantie de remboursement est constituée par une caution solidaire
donnée par un établissement de crédit ou une entreprise d’assurance agréés à cet
effet.
26 Garantie de
rembourse-
La garantie est donnée :
1. pour le cas où le contrat ne peut être exécuté faute de réalisation des conditions
ment
suspensives dans le délai prévu ;
(nature)
2. pour le cas où le chantier n’est pas ouvert à la date convenue ;
3. pour le cas où le maître de l’ouvrage exerce la faculté de rétractation prévue à
l’article L. 271-1.
Cette garantie prend fin à la date d’ouverture du chantier.
Article R. 231-4
I. – Est aussi annexée au contrat visé à l’article L. 231-2 une notice descriptive
conforme à un modèle type agréé par arrêté du ministre chargé de la construction
et de l’habitation indiquant les caractéristiques techniques tant de l’immeuble lui-
même que des travaux d’équipement intérieur ou extérieur qui sont indispensables
à l’implantation et à l’utilisation de l’immeuble.
II. – Cette notice fait la distinction prévue à l’article L. 231-2 (d) entre ces éléments
Notice selon que ceux-ci sont ou non compris dans le prix convenu. Elle indique le coût de
descriptive ceux desdits éléments dont le coût n’est pas compris dans le prix.
La notice mentionne les raccordements de l’immeuble à l’égout et aux distributions
assurées par les services publics, notamment aux distributions d’eau, de gaz, d’élec-
tricité ou de chauffage, en distinguant ceux qui sont inclus dans le prix et, s’il y a lieu,
ceux dont le coût reste à la charge du maître de l’ouvrage.
La notice doit porter, de la main du maître de l’ouvrage, une mention signée par
laquelle celui-ci précise et accepte le coût des travaux à sa charge qui ne sont pas
compris dans le prix convenu.
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Article L. 231-5
L’obligation, instituée par le deuxième alinéa de l’article L. 261-10, de conclure un
contrat conforme aux dispositions de l’alinéa premier de cet article ne s’applique pas
lorsque celui qui procure indirectement le terrain est le constructeur.
NB. Si le constructeur vend le terrain, il ne peut pas bénéficier de cette dérogation ;
ne pouvant conclure un contrat de construction, un contrat de vente en l’état futur
d’achèvement ou de vente à terme doit être envisagé.
« Lorsque la société venderesse du terrain détient une participation au capital de la
société de construction, sous réserve de l’appréciation souveraine des tribunaux, il
Cas du terrain convient de considérer qu’il y a fourniture indirecte du terrain par le constructeur, étant
procuré par le donné les liens financiers existant entre le vendeur et le constructeur […] la société
constructeur de construction ainsi liée à la société venderesse du terrain doit conclure un contrat
de construction de maison individuelle avec fourniture de plan en application de
l’article L. 231-5 du Code de la construction et de l’habitation. De manière plus géné-
rale, l’expression de fourniture indirecte renvoie aux cas où le constructeur fait œuvre
d’entremise dans la recherche du terrain ou est lié financièrement ou juridiquement au
vendeur » (Réponse. min. n° 16282 : JO Sénat Q 3 mars 2011, p. 528).
L’exonération prévue par l’article 257, 7° du Code général des impôts en faveur de l’ac-
quisition par une personne physique d’un terrain destiné à la construction d’un loge-
ment n’est pas applicable lorsque le vendeur du terrain est le constructeur de la maison
individuelle (CCRADB, rapp. annuel 2006, 3 avr. 2007 : BOI 13 L-1-7, aff. n° 2005-29).
Article L. 231-6
Garantie
I. – La garantie de livraison prévue à l’article L. 231-2 (k) couvre le maître de l’ouvrage,
de livraison
à compter de la date d’ouverture du chantier, contre les risques d’inexécution ou de
(objet)
mauvaise exécution des travaux prévus au contrat, à prix et délais convenus.
En cas de défaillance du constructeur, le garant prend à sa charge :
a) le coût des dépassements du prix convenu dès lors qu’ils sont nécessaires à l’achè-
vement de la construction, la garantie apportée à ce titre pouvant être assortie d’une
franchise n’excédant pas 5 % du prix convenu ;
b) les conséquences du fait du constructeur ayant abouti à un paiement anticipé ou
à un supplément de prix ;
27
c) les pénalités forfaitaires prévues au contrat en cas de retard de livraison excédant
trente jours, le montant et le seuil minimum de ces pénalités étant fixés par décret.
La garantie est constituée par une caution solidaire donnée par un établissement de
crédit ou une entreprise d’assurance agréés à cet effet.
II. – Dans le cas où le garant constate que le délai de livraison n’est pas respecté ou
que les travaux nécessaires à la levée des réserves formulées à la réception ne sont
pas réalisés, il met en demeure sans délai le constructeur soit de livrer l’immeuble,
soit d’exécuter les travaux. Le garant est tenu à la même obligation lorsqu’il est
informé par le maître de l’ouvrage des faits sus-indiqués.
Quinze jours après une mise en demeure restée infructueuse, le garant procède
à l’exécution de ses obligations dans les conditions prévues au paragraphe III du
présent article.
Obligations
Au cas où, en cours d’exécution des travaux, le constructeur fait l’objet des procé-
du garant
dures de sauvegarde et de redressement judiciaire prévues par le Code de commerce,
le garant peut mettre en demeure l’administrateur de se prononcer sur l’exécution
du contrat conformément à l’article L. 621-28 dudit code. À défaut de réponse dans
le délai d’un mois et sans que ce délai puisse être prorogé pour quelque raison que
ce soit, le garant procède à l’exécution de ses obligations. Il y procède également
dans le cas où, malgré sa réponse positive, l’administrateur ne poursuit pas l’exécu-
tion du contrat dans les quinze jours qui suivent sa réponse.
III. – Dans les cas prévus au paragraphe II ci-dessus et faute pour le constructeur
ou l’administrateur de procéder à l’achèvement de la construction, le garant doit
désigner sous sa responsabilité la personne qui terminera les travaux.
Toutefois, et à condition que l’immeuble ait atteint le stade du hors-d’eau, le garant
peut proposer au maître de l’ouvrage de conclure lui-même des marchés de travaux
avec des entreprises qui se chargeront de l’achèvement. Si le maître de l’ouvrage
l’accepte, le garant verse directement aux entreprises les sommes dont il est rede-
vable au titre du paragraphe I du présent article.
En cas de défaillance du constructeur, le garant est en droit d’exiger de percevoir
directement les sommes correspondant aux travaux qu’il effectue ou fait effectuer
dans les conditions prévues à l’article L. 231-2 (e).
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IV. – La garantie cesse lorsque la réception des travaux a été constatée par écrit et, le
cas échéant, à l’expiration du délai de huit jours prévu à l’article L. 231-8 pour dénoncer
Fin de la
les vices apparents ou, si des réserves ont été formulées, lorsque celles-ci ont été levées.
garantie
Article R. 231-10
Les mises en demeure visées au § II de l’article L. 231-6 sont faites par acte d’huissier.
Article L. 241-8
Sera puni d’un emprisonnement de deux ans et d’une amende de 37 500 €, ou de
Sanctions l’une de ces deux peines seulement, quiconque, tenu à la conclusion d’un contrat
pénales par application de l’article L. 231-1 ou de l’article L. 232-1, aura entrepris l’exécution
des travaux sans avoir conclu un contrat écrit ou sans avoir obtenu la garantie de
livraison définie à l’article L. 231-6.
Article L. 231-7
I. – Dans le cas prévu à l’article L. 231-2 (d), le constructeur est tenu d’exécuter ou de
faire exécuter les travaux dont le maître de l’ouvrage s’est réservé l’exécution aux prix
et conditions mentionnés au contrat si le maître de l’ouvrage lui en fait la demande
dans les quatre mois qui suivent la signature du contrat.
II. – Est réputé non écrit tout mandat donné par le maître de l’ouvrage au construc-
teur ou à un de ses préposés aux fins de percevoir tout ou partie d’un prêt destiné
au financement de la construction.
Travaux
III. — Les paiements intervenant aux différents stades de la construction peuvent
réservés
être effectués directement par le prêteur, sous réserve de l’accord écrit du maître de
l’ouvrage à chaque échéance et de l’information du garant.
À défaut d’accord écrit du maître de l’ouvrage à chaque échéance, le prêteur est
responsable des conséquences préjudiciables des paiements qu’il effectue aux diffé-
rents stades de la construction.
Article R. 231-11
La demande d’exécution des travaux prévus à l’article L. 231-7 est valablement faite
par lettre recommandée avec demande d’avis de réception.
Article R. 231-7
28 I. – Le pourcentage maximum du prix convenu, exigible aux différents stades de
la construction d’après l’état d’avancement des travaux, est fixé, par application du
troisième alinéa de l’article L. 242-2, de la manière suivante :
15 % à l’ouverture du chantier, pourcentage incluant éventuellement celui du dépôt
de garantie ;
25 % à l’achèvement des fondations ;
40 % à l’achèvement des murs ;
60 % à la mise hors d’eau ;
75 % à l’achèvement des cloisons et à la mise hors d’air ;
95 % à l’achèvement des travaux d’équipement, de plomberie, de menuiserie et de
Échéancier de chauffage.
paiement II. – Le solde du prix est payable dans les conditions suivantes :
1. Lorsque le maître de l’ouvrage se fait assister, lors de la réception, par un profes-
sionnel mentionné à l’article L. 231-8, à la levée des réserves qui ont été formulées
à la réception ou, si aucune réserve n’a été formulée, à l’issue de la réception ;
2. Lorsque le maître de l’ouvrage ne se fait pas assister par un professionnel pour la
réception, dans les huit jours qui suivent la remise des clés consécutive à la récep-
tion, si aucune réserve n’a été formulée, ou, si des réserves ont été formulées, à la
levée de celles-ci.
Dans le cas où des réserves sont formulées, une somme au plus égale à 5 % du prix
convenu est, jusqu’à la levée des réserves, consignée entre les mains d’un consigna-
taire accepté par les deux parties ou, à défaut, désigné par le président du tribunal
de grande instance.
Article L. 231-8
Le maître de l’ouvrage peut, par lettre recommandée avec accusé de réception dans
les huit jours qui suivent la remise des clefs consécutive à la réception, dénoncer les
vices apparents qu’il n’avait pas signalés lors de la réception afin qu’il y soit remédié
Vices appa-
dans le cadre de l’exécution du contrat.
rents remise
La disposition prévue à l’alinéa précédent ne s’applique pas quand le maître de l’ou-
des clés
vrage se fait assister, lors de la réception, par un professionnel habilité en application
de la loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 précitée ou des articles L. 111-23 et suivants ou
par tout autre professionnel de la construction titulaire d’un contrat d’assurance
couvrant les responsabilités pour ce type de mission.
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Article L. 231-9
Une notice d’information conforme à un modèle type agréé par arrêté conjoint des
ministres chargés de la construction et de la consommation est jointe au contrat qui
Notice
est adressé par le constructeur au maître de l’ouvrage par LRAR.
d’information
Article R. 231-9
La déclaration d’ouverture du chantier est notifiée par le constructeur à l’établisse-
ment garant.
Article L.231-10
Aucun prêteur ne peut émettre une offre de prêt sans avoir vérifié que le contrat
comporte celles des énonciations mentionnées à l’article L. 231-2 qui doivent y figu-
rer au moment où l’acte lui est transmis et ne peut débloquer les fonds s’il n’a pas
communication de l’attestation de garantie de livraison.
Dans les cas de défaillance du constructeur visés au paragraphe II de l’article L. 231-6
et nonobstant l’accord du maître de l’ouvrage prévu au premier alinéa du para-
graphe III de l’article L. 231-7, le prêteur est responsable des conséquences préju-
Obligations diciables d’un versement excédant le pourcentage maximum du prix total exigible
de vérification aux différents stades de la construction d’après l’état d’avancement des travaux dès
du prêteur lors que ce versement résulte de l’exécution d’une clause irrégulière du contrat.
NB. Commet une faute la banque qui, en débloquant une partie des fonds destinés à
financer un contrat de construction de maison individuelle, alors qu’elle n’a pas reçu
copie de l’attestation de la garantie de livraison à prix et délai convenus, prive les
maîtres de l’ouvrage, qui n’étaient pas tenus de s’assurer de la délivrance de cette attes-
tation, d’une chance d’éviter la faillite de leur projet (3e ch. civ., 14 mars 2012, 11-10.291).
L’obligation qui pèse sur les banques ne va pas jusqu’à leur imposer de conseiller aux
accédants à la propriété tel cadre contractuel plutôt que tel autre pour réaliser leurs
projets de construction (3e ch. civ., 14 janvier 2009, 07-20416).
Article L. 231-11
Au cas où le contrat défini à l’article L. 231-1 prévoit la révision du prix, celle-ci ne
peut être calculée qu’en fonction de la variation d’un indice national du bâtiment
tous corps d’état mesurant l’évolution du coût des facteurs de production dans le
bâtiment, publié par le ministre chargé de la construction et de l’habitation, et, au
29
choix des parties, selon l’une des deux modalités ci-après :
a) révision du prix d’après la variation de l’indice entre la date de la signature du
contrat et la date fixée à l’article L. 231-12, le prix ainsi révisé ne pouvant subir
aucune variation après cette date ;
b) révision sur chaque paiement dans une limite exprimée en pourcentage de la
variation de l’indice défini ci-dessus entre la date de signature du contrat et la
date de livraison prévue au contrat, aucune révision ne pouvant être effectuée au-
Clauses delà d’une période de neuf mois suivant la date définie à l’article L. 231-12 lorsque
de révision la livraison prévue doit avoir lieu postérieurement à l’expiration de cette période.
du prix Ces modalités doivent être portées, préalablement à la signature du contrat, à la
Révision connaissance du maître de l’ouvrage par la personne qui se charge de la construc-
du prix tion. Elles doivent être reproduites dans le contrat, cet acte devant en outre porter,
(modalités) paraphée par le maître de l’ouvrage, une clause par laquelle celui-ci reconnaît en
avoir été informé dans les conditions prévues ci-dessus.
La modalité choisie d’un commun accord par les parties doit figurer dans le contrat.
À défaut des mentions prévues aux deux alinéas précédents, le prix figurant au
contrat n’est pas révisable.
L’indice et la limite prévus ci-dessus sont définis par décret en Conseil d’État. Cette
limite, destinée à tenir compte des frais fixes, des approvisionnements constitués
et des améliorations de productivité, doit être comprise entre 60 % et 80 % de la
variation de l’indice.
L’indice servant de base pour le calcul de la révision est le dernier indice publié au
jour de la signature du contrat. La variation prise en compte résulte de la comparai-
son de cet indice avec le dernier indice publié avant la date de chaque paiement ou
avant celle prévue à l’article L. 231-12 selon le choix exprimé par les parties.
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Article R. 231-6
L’indice mentionné à l’article L. 231-11 est l’index national du bâtiment tous corps
d’état dénommé BT 01, créé par le ministre chargé de l’Économie et des Finances et
utilisé pour la révision des prix des marchés de construction de bâtiment. Il traduit la
variation des coûts salariaux, y compris les charges annexes, des coûts des matériaux
Indice
et leur transport, des coûts d’utilisation, amortissement compris, des matériels mis
(détermina-
en œuvre ainsi que des coûts des produits et services divers nécessaires à la gestion
tion)
des entreprises définis par décision du ministre chargé de l’Économie et des Finances
et publiés au Bulletin officiel de la concurrence et de la consommation.
L’index BT 01 est publié mensuellement au Journal officiel par le ministre chargé de
la construction et de l’habitation.
La limite mentionnée à l’article L. 231-11 est fixée à 70 %.
Article L.231-12
La date prévue pour l’application des deuxième (a) et troisième (b) alinéas de l’ar-
ticle L. 231-11 est celle de l’expiration d’un délai d’un mois qui suit la plus tardive
des deux dates suivantes :
a) La date de l’obtention, tacite ou expresse, des autorisations administratives néces-
saires pour entreprendre la construction ;
b) La date de la réalisation de la condition suspensive sous laquelle le contrat a été
conclu ou est considéré comme conclu en application des articles 17 et 18 de
la loi n° 79-596 du 13 juillet 1979 relative à l’information et à la protection des
emprunteurs dans le domaine immobilier.
Article L.231-13
Le constructeur est tenu de conclure par écrit les contrats de sous-traitance avant
tout commencement d’exécution des travaux à la charge du sous-traitant. Ces
contrats comportent les énonciations suivantes :
a) la désignation de la construction ainsi que les nom et adresse du maître de l’ou-
vrage et de l’établissement qui apporte la garantie prévue à l’article L. 231-6 ;
b) la description des travaux qui en font l’objet, conforme aux énonciations du
contrat de construction ;
30 c) le prix convenu et, s’il y a lieu, les modalités de sa révision ;
d) le délai d’exécution des travaux et le montant des pénalités de retard ;
e) les modalités de règlement du prix, qui ne peut dépasser un délai de trente jours
Obligations
à compter de la date du versement effectué au constructeur par le maître de
pour les
l’ouvrage ou le prêteur, en règlement de travaux comprenant ceux effectués par
sous-traités
le sous-traitant et acceptés par le constructeur ;
f) le montant des pénalités dues par le constructeur en cas de retard de paiement ;
g) la justification de l’une ou l’autre des garanties de paiement prévues à l’article 14
de la loi n° 75-1334 du 31 décembre 1975 relative à la sous-traitance OU de toute
autre garantie, délivrée par un établissement de crédit ou une entreprise d’assu-
rance, de nature à garantir le paiement des sommes dues au titre du sous-traité.
Copie des contrats de sous-traitance est adressée par le constructeur à l’établisse-
ment qui apporte la garantie prévue à l’article L. 231-6.
Article R. 231-12
La copie des contrats de sous-traitance est adressée à l’établissement garant dans les
huit jours de la signature de ces contrats.
Article L. 241-9
Sera puni d’un emprisonnement de deux ans et d’une amende de 18 000 €, ou
de l’une de ces deux peines seulement, quiconque, chargé de l’une des opérations
mentionnées à l’article L. 241-8, n’aura pas conclu par écrit un contrat de sous-
traitance avant l’exécution des travaux de chacun des lots de l’immeuble ou aura
conclu un contrat ne comportant pas l’énonciation prévue à l’avant-dernier alinéa
de l’article L. 231-13.
Article R. 231-13
Sont approuvées les clauses types mentionnées au dernier alinéa de l’article L. 231-2
et figurant en annexe au présent code.
Article R.231-14
En cas de retard de livraison, les pénalités prévues à l’article L. 231-2 (i) ne peuvent
être fixées à un montant inférieur à 1/3 000 du prix convenu par jour de retard.
Pénalités de
Le contrat peut prévoir à la charge du maître de l’ouvrage une pénalité pour retard
retard
de paiement. Toutefois, le taux de celle-ci ne peut excéder 1 % par mois calculé sur
les sommes non réglées si la pénalité pour retard de livraison est limitée à 1/3 000
du prix par jour de retard.
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Nature Objet
Aucun versement ne peut être exigé ou accepté avant la signature du contrat.
Toutefois, le contrat peut stipuler qu’un dépôt de garantie sera effectué à un compte
spécial ouvert au nom du maître de l’ouvrage par un organisme habilité. Le montant
de ce dépôt ne peut excéder 3 % du prix de la construction énoncé au contrat. Les
fonds déposés sont indisponibles jusqu’à la réalisation de toutes les conditions sus-
pensives. Elles viendront s’imputer sur les premiers paiements qui seront demandés
selon l’échelonnement prévu à l’article R. 231-7 du CCH. Si le contrat n’est pas signé
parce que les conditions suspensives ne sont pas réalisées dans le délai prévu au
contrat ou si le maître de l’ouvrage exerce la faculté de rétractation, les fonds dépo-
sés en garantie sont immédiatement restitués au maître de l’ouvrage, sans retenue
ni pénalité. Il est interdit de subordonner le remboursement du dépôt de garantie à
l’obligation, pour le maître de l’ouvrage, de justifier du refus de plusieurs demandes
de prêt.
Par exception, le contrat peut prévoir des paiements au constructeur avant la date
d’ouverture du chantier, sous réserve qu’il n’a pas été prévu de « dépôt de garantie »
Garantie de
et, s’ils sont assortis d’une « garantie de remboursement », objet d’une attestation
rembourse-
annexée au contrat.
ment
Dans ce cas, l’échelonnement des paiements est fixé ainsi :
– 5 % à la signature du contrat ;
– 5 % à la délivrance du permis de construire.
Les autres paiements seront effectués conformément aux dispositions de l’ar-
ticle R. 231-7 du CCH
La garantie de remboursement est constituée par une caution solidaire donnée par
un établissement de crédit ou une entreprise d’assurance.
Elle s’applique, pour le cas où :
– le contrat ne peut être exécuté faute de réalisation des conditions suspensives
dans le délai prévu ;
– le chantier n’est pas ouvert à la date convenue ;
– le maître de l’ouvrage exerce la faculté de rétractation prévue à l’article L. 271-1.
31
Cette garantie prend fin à la date d’ouverture du chantier.
À défaut de garantie de remboursement, seul le dépôt de garantie ci-dessus peut
être envisageable.
La garantie de livraison couvre les risques d’inexécution ou de mauvaise exécution
des travaux prévus au contrat, à prix et délais convenus (en cas de défaillance du
constructeur, il doit faire réaliser l’ouvrage prévu sans surcoût pour le maître de
l’ouvrage et sans retard).
En premier lieu, le garant prend en charge les défauts de conformité de la construc-
tion, c’est-à-dire les travaux, finitions ou réparations nécessaires pour rendre
conforme la construction à ses prévisions contractuelles. Il faut entendre par là que
le garant intervient pour couvrir le coût des dépassements du prix convenu néces-
saires à l’achèvement de la construction comprenant les surcoûts pour reprendre
les défauts/non-conformités affectant la construction. Mais, il ne couvre que les
dépassements des prévisions financières (pas son financement). Le garant est tenu
Garantie de
du paiement des travaux nécessaires à l’achèvement de l’opération et des pénalités
livraison à
de retard jusqu’à la livraison.
prix et délais
En deuxième lieu, la caution garantit « les conséquences du fait du constructeur
convenus
ayant abouti à un paiement anticipé ou à un supplément de prix ».
Enfin, le garant est tenu de régler au maître de l’ouvrage le montant des pénalités
forfaitaires prévues au contrat en cas de retard de livraison excédant trente jours.
➪ « La garantie de livraison à prix et délais convenus, ayant pour but de protéger
le maître de l’ouvrage contre les risques d’inexécution ou de mauvaise exécution
de la construction telle qu’elle est prévue au contrat, provoqués par la défaillance
du constructeur, constitue une garantie légale d’ordre public et autonome, qui ne
s’éteint pas du seul fait de la résiliation du contrat de construction qui n’a pas d’effet
rétroactif » ; c’est-à-dire que nonobstant résiliation du contrat de construction, la ga-
rantie accordée par la caution ne devient pas caduque (Cour de cassation, 3e ch. civ.,
22 septembre 2010, 09-15.318).
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➪ « Le dépassement de prix objet de la garantie de bonne fin est constitué par la dif-
férence entre le coût total réel de la construction et le prix global stipulé au contrat »
(3e ch. civ., 20 janvier 1993, 91-11.905).
➪ « Les réserves [relevant de la garantie de livraison doivent correspondre] à des presta-
tions prévues au contrat de construction » (3e ch. civ., 9 mai 2012, 11-14.943).
➪ « Les pénalités prévues en cas de retard ont pour terme la livraison qui peut-être opé-
rée avant l’achèvement total de l’ouvrage sous forme de prise de possession anticipée, et
non la levée des réserves consignées à la réception » (3e ch. civ., 10 mai 2007, 06-12.513).
➪ « en cas de défaillance du constructeur le garant prend à sa charge le coût des dépas-
sements du prix convenu, dès lors qu’ils sont nécessaires à l’achèvement de la construc-
tion, et les pénalités forfaitaires prévues au contrat en cas de retard de livraison excédant
30 jours ; que faute pour le constructeur de procéder à l’achèvement de la construction
le garant doit désigner sous sa responsabilité la personne qui terminera les travaux »
(3e ch. civ., 4 juin 1997, 95-20.416).
➪ « L’article L. 231-6 du Code de la construction et de l’habitation ne prévoit pas la dé-
duction d’une période de 30 jours pour le calcul des pénalités forfaitaires en cas de retard
de livraison excédant cette durée, mais seulement l’absence d’indemnisation lorsque le
retard ne dépasse pas 30 jours » (3e ch. civ., 11 mai 2000, 98-18.773).
Garantie de ➪ « Selon l’article L. 231-6 III du CCH, le garant peut avoir recours à plusieurs interve-
livraison à nants alors qu’il résulte de ce texte qu’il doit désigner une personne unique » (3e ch. civ.,
prix et délais 12 septembre 2007, 06-10.246).
convenus ➪ « La garantie de livraison de l’ouvrage à prix et délai convenus à laquelle s’engage le
(suite) garant en application de l’article L. 231-6 du Code de la construction et de l’habitation
s’analyse en un cautionnement de caractère particulier stipulé en faveur du maître de
l’ouvrage en cas de défaillance du constructeur et en aucun cas en une garantie de paie-
ment en faveur des sous-traitants » (3e ch. civ., 15 janvier 2003, 01-14.697).
➪ v. figures 4 et 5
L’attestation de garantie de livraison spécifiant l’opération doit obligatoirement être
annexée au contrat.
La garantie cesse lorsque la réception des travaux a été constatée par écrit et, le cas
échéant, à l’expiration du délai de huit jours prévu à l’article L. 231-8 pour dénoncer
32 les vices apparents ou, si des réserves ont été formulées, lorsque celles-ci ont été levées.
Selon l’article L. 433 du Code des assurances, le garant dispose de plein droit et dans
tous les cas d’un recours contre le constructeur défaillant pour les sommes supportées
(v. application : 3e ch. civ., 12 septembre 2012, 11-13.309).
Par ailleurs, le garant dispose d’un recours contre l’assureur par police « dommages-ou-
vrage », pour les dommages de nature décennale, survenus avant réception des travaux
(y compris ceux qui ont été signalés à la réception par des réserves), dès lors que les
conditions d’intervention de celui-ci sont réunies (à savoir une mise en demeure restée
infructueuse de l’entreprise de réparer les dommages et une résiliation de son marché
consécutive).
Garantie
Souscrite par le maître de l’ouvrage ; elle préfinance les dommages de nature décen-
obligatoire de
nale survenant après la réception des travaux. Sous certaines conditions, elle peut
dommages-
intervenir avant la réception.
ouvrage
Garantie
obligatoire de
Souscrite par le CMI pour couvrir sa responsabilité décennale après réception.
responsabilité
décennale
Garanties de
dommages
Souscrites par le CMI pour couvrir les dommages pouvant affecter l’ouvrage pen-
en cours de
dant son exécution.
travaux
(facultatives)
Garanties de
responsabilité Souscrites par le CMI pour couvrir les dommages causés aux tiers découlant de
civile l’exécution du chantier.
(facultatives)
Autres
garanties Selon le contrat souscrit.
(facultatives)
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Qui
Un établissement de crédit ou une entreprise d'assurance (dite extrinsèque)
la délivre ?
Quelle est
Il s’agit d’une caution solidaire en cas de défaillance du constructeur
sa nature ?
Lorsque le garant constate (ou est informé par le maître de l'ouvrage d’un
dépassement de livraison ou que les travaux nécessaires à la levée
des réserves formulées à la réception ne sont pas réalisés :
Comment
est-elle Il met en demeure sans délai le constructeur soit de livrer l'immeuble,
mise en soit d'exécuter les travaux.
œuvre ?
15 jours après la mise en demeure restée infructueuse
CSTB_G0255_fig04
Dans le cas où le garant constate que le délai de livraison n'est pas
respecté ou que les travaux nécessaires à la levée des réserves
formulées à la réception ne sont pas réalisés, il met en demeure
1er CAS sans délai le constructeur soit de livrer l'immeuble, soit d'exécuter les travaux.
Le garant est tenu à la même obligation lorsqu'il est informé
par le maître de l'ouvrage des faits sus-indiqués.
Quinze jours après une mise en demeure restée infructueuse.
Note explicative
Toute maison individuelle doit être construite dans le respect des articles
R. 111-1-1 et suivants (livre Ier, titre Ier, chapitre Ier, section II, Dispositions
générales applicables aux bâtiments d’habitation) du Code de la construction
et de l’habitation relatifs notamment aux règles élémentaires d’hygiène et
de sécurité. Ces articles imposent également des dispositions particulières
concernant, par exemple, les caractéristiques thermiques des logements.
Les règles de construction relatives à la prévention du risque sismique pouvant
varier selon la zone de sismicité dans laquelle est édifiée la construction, il
convient de préciser celles qui s’appliquent.
D’autre part, il doit être précisé si le projet se situe dans une zone soumise à une
obligation d’isolement acoustique vis-à-vis des bruits extérieurs.
L’attention des constructeurs est appelée sur le problème du traitement des
bois en particulier dans les zones affectées par les termites ou autres insectes
xylophages. Il leur appartient de se renseigner auprès de la mairie pour savoir si
la zone de construction est infestée.
■■ Notice d’information :
voir http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006078332
■■ Annexe concernant les clauses types afférentes au contrat de
construction d’une maison individuelle avec fourniture de plan
rédigées en application de l’article R. 231-13
V. GARANTIES DE LIVRAISON
Clause :
« La garantie de livraison aux prix et délai convenus est donnée par
l’établissement X…, qui prend à sa charge les obligations prévues à l’article
L. 231-6 du Code de la construction et de l’habitation ci-après reproduit :
« Art. L. 231-6. –...
«Une attestation de cette garantie est annexée au présent contrat. »
Variante :
« Le présent contrat est soumis à la condition suspensive de l’obtention par le
constructeur de la garantie de livraison prévue à l’article L. 231-6 du Code de la
construction et de l’habitation ci-après reproduit :
« Art. L. 231-6. –...
«Une attestation de cette garantie délivrée par un organisme habilité sera
adressée à M., dans le délai prévu pour la réalisation des conditions suspensives.
« M… s’engage à communiquer cette attestation au prêteur dès sa réception. »
39
de 12 000 € sonne autre qu’aux entreprises tant que celles-ci n’ont pas reçu le paie-
Loi n° 71-584 du Exception : Le maître de l’ouvrage ment de l’intégralité de la créance née du marché correspondant au prêt.
16 juillet 1971, construisant pour son propre ➪ Article 1799-1 du Code civil Les versements se font sur l’ordre écrit et sous la responsabilité exclusive
modifiée par la compte et pour des besoins non du maître de l’ouvrage entre les mains de la personne ou d’un manda-
loi n° 72-1166 du professionnels ➪ Norme NF P03-001 (art. 20.9) taire désigné à cet effet ;
23 décembre 1972 ➪ Si le maître de l’ouvrage ne recourt pas à un crédit spécifique ou
➪ d’ordre public lorsqu’il y recourt partiellement, et à défaut de garantie résultant d’une
stipulation particulière [v. ci-dessous] :
le paiement est garanti par un cautionnement solidaire consenti par un
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ne s’applique que si le marché la préjudices comme ceux résultant d’un retard La caution est libérée si le maître de l’ouvrage n’a pas notifié à la caution
Les paiements prévoit (3e ch. civ., 7 octobre 2009, ou de l’inachèvement des travaux (3e ch. civ., ou au consignataire, par lettre recommandée, son opposition motivée
des acomptes des 08-70030 ; c’est le cas des marchés 13 avril 2010, 09-11 172 ; 3e ch. civ., 7 décembre par l’inexécution des obligations de l’entrepreneur.
marchés de travaux se référant à la norme NF P 03-001 2005, n° 05-10 153 ; 3e ch. civ., 26 février 1992, 90- L’opposition abusive entraîne la condamnation de l’opposant à des dom-
privés peuvent être – art. 20.5). 12 684 – v. a contrario : 3e ch. civ., 7 octobre 2009, mages-intérêts.
amputés d’une 08-70 030).
retenue égale au
plus à 5 % TTC Elle ne concerne que les malfaçons survenues en
de leur montant cours de travaux et/ou signalées à la réception par
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41
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ATTENTION
Conformément aux articles 2374-4 et 2382 du Code civil, l’entrepreneur
dispose, outre la garantie de paiement, d’un privilège spécial sur les
immeubles du maître de l’ouvrage mais celui-ci reste difficile à mettre en
œuvre.
Doit être prévue au marché Peut être remplacé par une caution
Réception Mise en
Réception Réception des Quantum des demeure de
sans
avec réserves travaux réserves l’entrepreneur
réserves
avec réserves connu restée
42 infructueuse
Conservation
Libération
jusqu’à la
de la
levée des réserves
retenue
dans la limite de l’année
de garantie
de parfait achèvement
CSTB_G0255_fig06
Ne commet pas de faute, un maître de l’ouvrage qui met fin au contrat de l’entreprise
devant le refus d’exécution survenu en dépit de la fourniture de la garantie dans
le délai de quinze jours prévu à l’article 1799-1, alinéa 3, du Code civil (Cour de
cassation, 3e chambre civile, 12 septembre 2012, 11-13.562).
En revanche, l’entreprise invoquant l’absence de fourniture par le maître de l’ouvrage
d’une garantie de paiement est fondée à suspendre l’exécution du contrat de sorte
qu’aucune pénalité de retard ne pouvait lui être imputable (Cour de cassation,
3e chambre civile, 16 mars 2012, 10-30.414).
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Les événements couverts sont mentionnés au Perte à la charge de l’entrepreneur : Facultative mais à privilégier. L’entrepreneur assuré Permet de faire face à un risque
contrat* : effondrement de l’ouvrage, dommages article 1788 du Code civil (et, si four- La couverture des risques de perte de l’ouvrage en cours
accidentels affectant l’ouvrage exécuté par niture par le maître de l’ouvrage : ar- dépend de la formulation de travaux ; l’assureur verse une
exemple par incendie, catastrophes naturelles… ticle 1789) de la garantie* et des termes indemnité équivalente aux pertes
du contrat (nature des dom- subies permettant la continuation
mages couverts, conditions du marché sans conséquences
de garantie, montant de pécuniaires pour l’entrepreneur et
garantie, franchise, appli- sans retard.
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Les « tiers » peuvent être les voisins, les autres ticles 1382 et suivants du Code civil) ; de la garantie* et des termes l’assureur. tibles de s’appliquer la défense de
intervenants sur le chantier, voire le maître de – théorie des « troubles excédants les du contrat (nature des dom- l’assuré.
l’ouvrage (Cour de cassation, 3e ch. civile, 18 dé- inconvénients normaux de voisi- mages couverts, conditions Attention : Sont oppo- Permet de faire supporter par
cembre 2012, 11-27 488). nage » ; de garantie, montant de sables aux tiers, par l’assureur les conséquences pécu-
– atteintes à l’environnement dont RC garantie, franchise, appli- l’assureur, la franchise niaires des dommages causés aux
environnementale ; cation dans le temps de la contractuelle et la limite tiers et engageant la responsabi-
– responsabilité contractuelle ** garantie…) du montant de garantie. lité de l’assuré dans les limites du
La franchise sera sup- contrat (franchise, montant de
portée par l’assuré ainsi garantie..).
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45
46
Bénéficiaire
Risques et dommages couverts Charge/responsabilité Assurance avantages
de l’assurance
Dommages aux préposés
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La recherche de la faute inexcusable de l’em- De l’entrepreneur/employeur en cas de Facultative mais Il est impé- L’entrepreneur/assuré Survie de l’entreprise et de ses
ployeur permet à la victime (ou à ses ayants faute intentionnelle commise par un ratif de disposer d’une cou- fonds propres
droit) d’obtenir une majoration de la rente ver- préposé (visée par l’article L.452-5 du verture d’assurance adaptée. (les préjudices sont à la charge
sée par la Sécurité Sociale et une indemnisation Code de la Sécurité sociale) ou en de exclusive des employeurs et recou-
complémentaire concernant certains postes de faute inexcusable (visée par les articles En effet, Depuis 2010, la vic- vrables sur leurs fonds propres,
préjudices personnels non pris en compte dans L. 452-1 à 4 du Code de la Sécurité time peut demander des sauf à être pris en charge par une
le système de base (souffrances physiques et sociale). indemnités complémen- assurance).
morales, préjudice esthétique et préjudice d’agré- taires, liées aux frais d’amé-
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ment, pertes de chance de promotion profes- Ne sont notamment pas couverts : nagement du logement ou L’employeur est tenu d’une obliga-
sionnelle…). – les conséquences pécuniaires de la du véhicule, à l’assistance tion de sécurité de résultat ; l’ab-
Le dispositif de couverture des arrêts de travail faute intentionnelle de l’assuré ou des d’une tierce personne, voire sence de poursuites pénales ou la
et des maladies professionnelles repose sur une représentants légaux ou statutaires de à la perte de revenus des relaxe par le juge pénal ne fait pas
indemnisation automatique et forfaitaire des la société ; proches, etc. Ces préjudices, obstacle à la reconnaissance de la
préjudices patrimoniaux (livre IV du Code de – le paiement de la cotisation supplé- qui pèseront directement sur faute inexcusable.
la Sécurité sociale), prise en charge par les orga- mentaire mentionnée à l’article L. 242-7 l’entrepreneur responsable,
nismes sociaux : du Code de la Sécurité sociale réclamé ne seront pas préfinancés par
– frais médicaux et paramédicaux selon le sys- par la Caisse régionale d’assurance la Sécurité sociale.
tème du tiers payant ; maladie (c’est-à-dire les conséquences
– indemnités d’incapacité temporaire ; pécuniaires découlant de la majoration
– indemnisation de l’incapacité permanente du taux de cotisation due au titre des
(capital, rente viagère ou même tierce personne accidents du travail et des maladies
en fonction de la gravité) ; professionnelles prévue par le décret
– indemnisation des ayants droit en cas de décès n° 95-1109 du 16 octobre 1995 (Code
(rente). de la Sécurité sociale).
Lorsque la faute inexcusable est reconnue, l’em-
ployeur répond des conséquences de sa propre
faute ou de celle d’un subordonné. Il est, dès lors,
tenu de rembourser aux organismes sociaux les
indemnités supplémentaires allouées aux vic-
times. Il le fait sur les fonds de l’entreprise, puis
sur les siens propres.
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ATTENTION
L’entrepreneur lié au maître de l’ouvrage (dit « locateur d’ouvrage »
article 1792-1 du Code civil) réalisant des ouvrages soumis à la
responsabilité décennale (article 1792 et 1972-2 du Code civil) doit
obligatoirement souscrire une assurance de responsabilité telle que visée
à l’article L.241-1 du Code des assurances (le sous-traitant n’y est donc pas
tenu mais la souscription d’une assurance facultative de responsabilité en
cas de dommages à l’ouvrage après réception est, néanmoins, vivement
recommandée). Le locateur d’ouvrage doit pouvoir en justifier à l’ouverture
du chantier. À défaut, il est passible de sanctions pénales (article L.243-3
du Code des assurances). En outre, il peut être civilement condamné à des
dommages-intérêts. Le particulier ayant lui-même construit un ouvrage
soumis à la présomption de responsabilité décennale le revendant, dans les
10 ans de la réception, doit, également, pouvoir justifier de cette assurance,
au moment de la vente (Cour de cassation, 3e chambre civile, 7 septembre
2012, 11-25.370). Le maître de l’ouvrage est lui-même soumis à la souscription
de l’obligation d’assurance de « dommages-ouvrage » (article L.242-1 du
Code des assurances), à l’ouverture du chantier. Toutefois, la personne
physique construisant un logement pour l’occuper elle-même ou le faire
occuper par son conjoint, ses ascendants, ses descendants ou ceux de son
conjoint, ne peut être poursuivie pénalement en cas de non-souscription
de l’obligation d’assurance dommages-ouvrage (article L. 243-3, alinéa 2).
Mais, cette même personne, lorsqu’elle vend son ouvrage, dans les 10 ans
de la réception, devra justifier de la souscription de l’obligation d’assurance
de « dommages-ouvrage ». À défaut, l’acquéreur pourra demander une 47
réfaction sur le prix de vente (3e chambre civile, 16 janvier 2013, 11-26.780).
Le notaire devra mentionner dans l’acte de vente la souscription ou non de
l’assurance de dommages-ouvrage et de responsabilité.
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CHAPITRE 2
Victimes
Personnes exté-
Responsable
Maître d’ouvrage Autres constructeurs rieures au chantier
Acteur/personne
(tiers/voisin)
Litiges découlant de
l’exécution du chan-
Litiges nés de l’exé- Litiges nés des interac- tier : responsabilité
cution du contrat : tions sur le chantier : délictuelle ou applica-
Entrepreneur
responsabilité contrac- responsabilité tion de la théorie des
tuelle délictuelle « troubles dépassant
les inconvénients nor-
maux de voisinage »
Non-conformité, Accidents de chantier,
défauts d’exécution, dommages matériels
retard d’exécution, Accidents de chantier, causés à des avoisi-
Dommages
dommages matériels dommages matériels nants, troubles de
causés aux biens du voisinage, atteintes à
maître de l’ouvrage… l’environnement…
TEXTES DE RÉFÉRENCE
Article 1142
Toute obligation de faire ou de ne pas faire se résout en dommages et
intérêts, en cas d’inexécution de la part du débiteur.
Article 1143 51
Néanmoins le créancier a le droit de demander que ce qui aurait été fait par
contravention à l’engagement, soit détruit ; et il peut se faire autoriser à le
détruire aux dépens du débiteur, sans préjudice des dommages et intérêts
s’il y a lieu.
Article 1144
Le créancier peut aussi, en cas d’inexécution, être autorisé à faire exécuter
lui-même l’obligation aux dépens du débiteur. Celui-ci peut être condamné
à faire l’avance des sommes nécessaires à cette exécution.
Article 1147
Le débiteur est condamné, s’il y a lieu, au paiement de dommages et intérêts,
soit à raison de l’inexécution de l’obligation, soit à raison du retard dans
l’exécution, toutes les fois qu’il ne justifie pas que l’inexécution provient
d’une cause étrangère qui ne peut lui être imputée, encore qu’il n’y ait
aucune mauvaise foi de sa part.
Article 1184
La condition résolutoire est toujours sous-entendue dans les contrats
synallagmatiques, pour le cas où l’une des deux parties ne satisfera point à
son engagement.
Dans ce cas, le contrat n’est point résolu de plein droit. La partie envers
laquelle l’engagement n’a point été exécuté, a le choix ou de forcer l’autre
à l’exécution de la convention lorsqu’elle est possible, ou d’en demander la
résolution avec dommages et intérêts.
La résolution doit être demandée en justice, et il peut être accordé au
défendeur un délai selon les circonstances.
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considéré comme exonératoire de responsabilité) dès lors qu’il est constaté une
inexécution de l’obligation à la charge de l’entrepreneur (principalement exécuter
les travaux conformément aux prévisions contractuelles et dans les délais ; v. plus en
détail : tableau 1), sa responsabilité est engagée.
Mais, outre la démonstration de l’absence du résultat promis, le maître de l’ouvrage
doit, au moins, démontrer que le dommage est imputable au constructeur, ce
qui n’est pas toujours le cas dans les marchés de rénovation ou d’entretien ou de
maintenance : « mais attendu que la responsabilité de plein droit qui pèse sur le
vendeur-installateur ne s’étend qu’aux dommages causés par le manquement à son
obligation de résultat ; qu’il incombait, en conséquence, à M. X… et à son assureur
de démontrer que l’explosion avait trouvé son origine dans la prestation effectuée ;
qu’en l’espèce, se fondant sur le rapport d’expertise, la cour d’appel a retenu que
n’existaient que des hypothèses quant à l’imputabilité du dommage qui pouvait
provenir soit d’une installation défectueuse effectuée par la société Thiébaud ou par
M. X… ou Mlle Y…, soit d’une modification postérieure de l’installation par M. X…
ou Mlle Y… ; que, par ces seuls motifs relatifs à la pluralité de causes hypothétiques, la
cour d’appel a légalement justifié sa décision » (cour de cassation, 3e chambre civile,
16 octobre 2001, 99-16.854).
Notons, également, que la responsabilité de l’entreprise en charge de travaux
d’entretien, ne prenant pas un engagement de parvenir à un résultat, est moins
sévèrement appréciée ; il ne pèse sur elle qu’une obligation de moyen (c’est-à-dire
que la preuve de sa faute doit être rapportée, par la victime). En conséquence, le
demandeur doit démontrer que l’entrepreneur avait pris l’engagement de parvenir
au résultat escompté pour qu’une faute puisse lui être reprochée (3e chambre civile, 53
24 juin 1987, 86-11920).
Par ailleurs, l’entrepreneur, tenu d’une obligation particulière d’information, doit
rapporter la preuve de l’exécution de cette obligation pour s’exonérer (Cour de
cassation, 3e chambre civile, 27 janvier 2010, 08-18.026 ; voir paragraphe 1.4).
Le sous-traitant est également soumis à une obligation de résultat vis-à-vis de
l’entreprise principale.
En revanche, en matière de dépassement du coût des travaux, il n’y a pas de
responsabilité présumée des locateurs d’ouvrage (Cour de cassation, 3e chambre
civile, 3 juin 1987, 85-17.767).
La mise en œuvre de la responsabilité du constructeur de droit commun nécessite
par ailleurs deux autres conditions d’application :
■■ un préjudice causé au maître de l’ouvrage ;
■■ et, un lien de causalité en la faute imputable à l’entrepreneur et le préjudice subi
par le maître de l’ouvrage (illustrations : 3e chambre civile, 12 juillet 2011, 10-
30.276 ; 3e chambre civile, 8 février 2012, 10-19.246, ; 3e chambre civile, 12 avril
2012, 11-12.786).
Selon l’article 1150 du Code civil, « le débiteur n’est tenu que des dommages et
intérêts qui ont été prévus ou qu’on a pu prévoir lors du contrat » (le dommage est
prévisible lorsqu’il peut être normalement prévu par les contractants au moment
de la conclusion de la convention ; v. illustration : 1re chambre civile, 11 mai 1982,
80-17.077).
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ATTENTION
Notons que lorsque le constructeur est recherché au titre de sa responsabilité
de droit commun après la réception des travaux, il revient au maître de
l’ouvrage de rapporter la preuve de la faute du constructeur. Seul le sous-
traitant reste tenu, vis-à-vis de l’entrepreneur principal, d’une obligation de
résultat.
ATTENTION
Une simple non-conformité aux dispositions des DTU non visés au marché
d’entreprise, sans dommages à l’ouvrage, n’engage pas la responsabilité de
l’entreprise (3e chambre civile, 27 février 2001, 99-18.114).
TEXTES DE RÉFÉRENCE
« Constitue une tromperie grave sur la qualité d’exécution des travaux, au
sens de l’article 22.1.2.1 de la norme AFNOR P 03-001, la défaillance totale et
persistante de l’entreprise principale à faire respecter par ses sous-traitants les
prescriptions en vigueur en matière de sécurité des ouvriers et de prévention
des accidents, indispensables à la réalisation des ouvrages dans les règles de
l’art » (Cour de cassation, 3e chambre civile, 23 mai 2012, 11-13.011).
Mais, les non-conformités sont couvertes par une réception sans réserve lorsque
le maître de l’ouvrage en avait connaissance (Cour de cassation, 3e chambre civile,
7 septembre 2011, 09-16.172).
ATTENTION
56
Erreur d’implantation et assurance
Lorsque l’entrepreneur a la charge de l’implantation de la maison, sa
responsabilité peut être engagée en cas de défaut d’implantation (altimétrique
ou périmétrique) par le maître de l’ouvrage comme par les voisins.
Une telle erreur peut amener le juge à ordonner la démolition de l’ouvrage,
à octroyer des dommages-intérêts et/ou la démolition/reconstruction
de l’ouvrage en conformité avec le marché et la réglementation (Cour de
cassation, 3e chambre civile, 13 septembre 2006, 05-12.938 ; 3e chambre civile,
27 avril 1994, 92-14.854).
S’agissant de l’engagement contractuel, les garanties d’assurance de
responsabilité civile excluent ce risque.
Toutefois, certaines polices apportent une couverture propre de « l’erreur
d’implantation ». Aussi, compte tenu des enjeux économiques liés à une telle
responsabilité, l’entrepreneur doit veiller à y recourir.
Mais attention, les conditions de garantie sont strictement encadrées. Dès
lors, l’entrepreneur devra en prendre connaissance avec soin pour bien
appréhender l’étendue du risque assuré.
ATTENTION
Le « permis au feu » (art. R. 237-1 et suivants du Code du travail) est établi
dans un but de prévention contre les dangers d’incendie et d’explosion
pouvant être provoqués par l’utilisation d’un chalumeau ou d’un arc à
souder par exemple (dit « travail par point chaud »).
Il est délivré par le chef de l’établissement (ou son représentant qualifié) où
s’effectuent les travaux pour chaque travail par point chaud exécuté.
Le chef d’établissement (dit « donneur d’ordre ») y note les consignes
particulières résultant de son exploitation, les risques spécifiques et
les moyens particuliers pris pour éviter les projections. Il rappelle les
recommandations importantes et instructions impératives en matière de
protection incendie.
Ainsi, il détermine les mesures de prévention à mettre en place avant le
travail, les règles à respecter pendant les opérations et la surveillance à
exercer ultérieurement. Il ne décharge pas l’entrepreneur de son obligation
de sécurité.
ATTENTION
Tant pour l’application de pénalités contractuelle (clause pénale) que pour
la condamnation du constructeur à des dommages et intérêts (article 1147
du CC), il est nécessaire que le retard soit imputable au constructeur
(Cour de cassation, 3e chambre civile, 15 janvier 2003, 01-13.871 ; v. aussi :
3e chambre civile, 6 septembre 2011, 10-24.722).
ou à des biens (par explosion, incendie, chute de grue, démolition par engins,
dommages causés aux réseaux enterrés…) ;
■■ les dommages causés par les véhicules-outils ;
Opération de construction
Troubles graves
* Bruits
* Dommage matériel
* Perte
d’ensoleillement …
Troubles graves
* Bruits
* Dommage matériel
* Perte
d’ensoleillement …
CSTB_G0255_fig07
C’est le maître de l’ouvrage qui répond, en premier lieu, des troubles « dépassant les
inconvénients normaux du voisinage ». Le recours à la responsabilité pour troubles
dépassant les obligations ordinaires de voisinage n’implique pas, pour le voisin, la
nécessité de rapporter la preuve d’une faute mais seulement d’un trouble excessif
(grave) en relation avec le chantier : « une construction entreprise par une société 61
avait entraîné l’effondrement partiel d’un immeuble mitoyen et été à l’origine
d’un trouble anormal de voisinage, la condamnation de cette société à réparer le
dommage causé est légalement justifiée, indépendamment de toute faute mise à sa
charge » (Cour de cassation, 1er chambre civile, 23 mars 1982, 81-10.010 ; 2e chambre,
2 décembre 1982, 80-13.159). Il appartient aux juges du fond d’apprécier la gravité du
trouble (pour un rejet : 3e chambre civile, 5 septembre 2012, 11-21.771).
Les troubles peuvent être de toute nature ; il peut s’agir de bruits excessifs et
prolongés, de poussières, de pertes d’ensoleillement, de mauvaises odeurs, arrachage
d’un câble électrique (Cour de cassation, 3e chambre civile, 13 avril 2005, 03-20.575),
glissement de terrain…
Cependant, en présence d’un trouble occasionnant un « dommage matériel » aux
biens du voisin, il est admis que le voisin puisse actionner, sur ce fondement de
responsabilité de plein droit, directement les entreprises (ceux-ci, étant considérés
comme des voisins occasionnels) : « le propriétaire de l’immeuble auteur des
nuisances, et les constructeurs à l’origine de celles-ci sont responsables de plein droit
vis-à-vis des voisins victimes, sur le fondement de la prohibition du trouble anormal
de voisinage, ces constructeurs étant, pendant le chantier, les voisins occasionnels
des propriétaires lésés » (Cour de cassation, 3e chambre civile, 22 juin 2005,
03-20.068). Dans ce cas, l’entrepreneur doit être « l’auteur » du trouble ; on doit
pouvoir lui imputer (3e chambre civile, 19 octobre 2011, 10-15.303).
De même, le maître de l’ouvrage, recherché sur le fondement de la théorie des
troubles dépassant les inconvénients normaux du voisinage peut obtenir, dans le
cadre d’un recours contre les constructeurs, que la charge finale des indemnisations
pèse sur les entrepreneurs auxquels il peut être imputé les troubles, en considération
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ATTENTION
Une proposition de loi (réforme de la responsabilité civile de juillet 2010)
pourrait modifier la répartition de risques liés aux troubles excédant les
inconvénients normaux de voisinage.
Selon ce projet, « le propriétaire, l’occupant ou l’exploitant d’un fonds, qui
provoque un trouble excédant les inconvénients normaux du voisinage, est
responsable de plein droit des conséquences de ce trouble » sauf, preuve
d’une faute de l’entrepreneur : « l’entrepreneur effectuant des travaux sur
un fonds est responsable des dommages qu’une faute dans l’exécution de
ces travaux ou le fait de ses préposés peuvent causer aux tiers. Il garantit le
maître de l’ouvrage et le maître d’œuvre de tout recours qui pourrait être
exercé contre eux à raison du manquement à ses obligations ».
62
2.2 Les atteintes au droit de propriété
des voisins
Les atteintes au droit de propriété des voisins sont notamment caractérisées par des
empiétements sur le fonds voisin.
Par application de l’article 545 du Code civil (« nul ne peut être contraint de céder
sa propriété, si ce n’est pour cause d’utilité publique, et moyennant une juste et
préalable indemnité »), la démolition de l’ouvrage irrégulier peut être ordonnée,
même en l’absence de faute de l’auteur de la voie de fait : « la démolition de la partie
de construction reposant sur le fonds voisin doit être ordonnée, quand le propriétaire
de ce fonds l’exige, malgré l’importance relativement minime de l’empiétement »
(Cour de cassation, 3e chambre civile, 20 mars 2002, 00-16.015).
Un empiétement peut ainsi être caractérisé par des fondations débordant sur le
fonds voisin. Le propriétaire lésé peut demander la suppression des tirants d’ancrages
situés dans le tréfonds de sa propriété ainsi que des maçonneries construites en
sous-sol, fondée sur un empiétement du propriétaire voisin, même si le retrait des
tirants semble irréalisable et risque de créer de graves désordres (Cour de cassation,
3e chambre civile, 10 novembre 2009, 08-17.526).
Toutefois, les juges du fond peuvent estimer souverainement qu’il est techniquement
possible de supprimer l’empiétement d’une construction sur le fonds voisin, et
ordonner le rétablissement de cette construction dans les limites sans qu’il y ait
lieu de la démolir en son entier (3e chambre civile, 26 novembre 1975, 74-12.036 ;
3e chambre civile, 18 septembre 2012, 11-23.161).
La défense de son droit de propriété ne saurait dégénérer en abus de droit, par
exemple lorsque l’empiétement porte sur un surplomb minime et dépourvu de
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dommages et intérêts que si, préalablement, le permis a été annulé pour excès
de pouvoir ou si son illégalité a été constatée par la juridiction administrative.
L’action en responsabilité civile doit être engagée au plus tard deux ans après
l’achèvement des travaux […] ».
Ainsi, le permis de construire de la construction doit, préalablement à toute
décision du juge judiciaire, faire l’objet d’un recours en annulation pour excès de
pouvoir devant la juridiction administrative (dit « renvoi préjudiciel » ou « question
préjudicielle »).
Cette approche sécurise les opérations de construction sachant qu’une demande
d’annulation d’un permis de construire doit être engagée dans le délai de deux
mois à compter du 1er jour du dernier des affichages en mairie ou sur le terrain
(article L. 410-9 du Code de l’urbanisme). Pour faire partir ce délai, il y a lieu de
rapporter la preuve (notamment par un constat d’huissier) que l’affichage sur le
terrain a été effectif.
L’action civile en démolition ne peut viser que le propriétaire de l’immeuble ;
condamné, il pourra cependant mettre en cause la responsabilité de son conseil
(3e chambre civile, 31 octobre 2001, 99-15.084 ; 3e chambre civile, 28 février 2007,
06-10.832). Le constructeur, recherché par le tiers voisin, ne peut être concerné que
par une demande de dommages et intérêts.
D’une façon générale, lorsque l’action du tiers est fondée sur les principes de la
responsabilité civile délictuelle (art. 1382 du Code civil), il doit rapporter la preuve
d’une faute, d’un préjudice personnel en lien avec la faute commise (Cour cassation,
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cassation, 3e chambre civile, 14 décembre 2005, 04-11.036 ; 3e chambre civile,
23 janvier 2013, 11-27.086) ;
■■ au titre de la violation d’une règle d’un cahier des charges de lotissement
Les préjudices du tiers peuvent être des conséquences financières liées à la réparation
des dommages mais aussi des pertes consécutives.
Lorsque le maître de l’ouvrage est recherché sur le fondement du « principe selon
lequel nul ne doit causer à autrui un trouble anormal de voisinage » et lorsqu’il
exerce un recours contre les constructeurs, la jurisprudence considère que la charge
finale des dommages/préjudices (de la dette) pèse sur ces derniers pour autant que
la preuve d’un lien de causalité soit rapportée entre leur intervention et le trouble
(Cour de cassation, 3e chambre civile, 9 février 2011, 09-71.570).
Mais, la Cour de cassation a aussi considéré qu’en l’absence de faute la contribution
à la dette se répartissait à parts égales entre les coconstructeurs obligés (3e chambre
civile, 20 décembre 2006, 05-10.855).
Pour prévenir les conséquences financières de ces litiges, il y a lieu :
■■ d’une part, en amont du démarrage du chantier, de s’assurer de l’état des
avoisinants. Un constat contradictoire de ceux-ci est conseillé, généralement, par
le recours à un « référé préventif » permettant d’obtenir la désignation d’un expert
ayant pour mission d’évaluer l’état technique des immeubles.
ATTENTION
À cette occasion, les voisins sont tenus d’informer l’expert de toute difficulté
ou anomalie qu’ils peuvent connaître ; une rétention d’information peut
exonérer les constructeurs de toute responsabilité : « ayant relevé que le
syndic de l’immeuble ayant subi un dommage n’avait pas mentionné dans
la fiche de renseignements réclamée avant le commencement des travaux, 65
ni au cours des opérations d’expertise, la surélévation de deux étages qu’il
avait fait réaliser lui-même, sans respecter les règles de l’art, découverte
par hasard par l’expert, la cour d’appel, qui n’était pas tenue de répondre à
une argumentation fondée sur un document qu’elle avait écarté, a pu en
déduire que la dissimulation par le voisin de la surélévation dangereuse de
son immeuble, dépourvu de fondations, constituait pour le maître et les
constructeurs dont la responsabilité était recherchée sur le fondement du
trouble anormal de voisinage, une cause étrangère exonératoire » (Cour de
cassation, 3e chambre civile, 15 janvier 2013,11-28 371).
■■ d’autre part, de vérifier qu’une assurance « tous risques chantier » (dite « TRC »)
couvrant les dommages causés aux avoisinants à l’occasion du chantier a bien
été souscrite par le maître de l’ouvrage. La police peut prévoir un recours ou non
contre les constructeurs et leurs assureurs (l’absence de recours est préférable).
Elle subordonne sa garantie à un référé préventif des avoisinants.
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ATTENTION
Les polices d’assurances individuelles des constructeurs (volet responsabilité
civile) couvrent également les dommages causés aux avoisinants lorsqu’ils
engagent la responsabilité de l’assuré. Notons que, si le constructeur/assuré
est mis en cause sur le fondement d’un trouble de voisinage, l’assureur ne
couvre cependant que les dommages aléatoires, c’est-à-dire « imprévisibles »
et non intentionnels.
Lorsque la charge des dommages résulte d’une « clause de transfert
contractuel », l’assureur n’intervient normalement pas, sauf s’il résulte que
l’assuré démontre que sa responsabilité est, en état de cause, susceptible
d’être retenue. Dans ce cas, l’assureur interviendra en cas de « faute » et de
« dommage aléatoire » imputable à l’assuré.
DOMMAGES
OPÉRATION DE DÉMOLITION / CAUSÉS AUX TIERS – VOISINS –
CONSTRUCTION AVOISINANTS IMMEUBLES AVOISINANTS
66 Premier cas :
mise en cause du maître de l’ouvrage
et recours contre les constructeurs
MAÎTRE D’OUVRAGE
DOMMAGES
OPÉRATION DE DÉMOLITION / CAUSÉS AUX TIERS – VOISINS –
CONSTRUCTION AVOISINANTS IMMEUBLES AVOISINANTS
Second cas :
mise en cause des intervenants
avec ou sans assignation conjointe
du maître de l’ouvrage
ENTREPRENEURS /
MAÎTRE D’ŒUVRE /
SOUS-TRAITANTS…
CONDAMNATION
CSTB_G0255_fig12
Figure 3 : Recours du voisin à l’encontre des constructeurs « voisins occasionnels »
ATTENTION
L’entrepreneur ne répond pas des dommages causés « au tiers » par ses
sous-traitants. Il en répond seulement vis-à-vis du maître de l’ouvrage.
Par ailleurs, les litiges relatifs aux dommages de travaux publics relèvent de
la compétence du juge administratif. Ainsi, c’est à l’ensemble du litige et à
toutes les parties concernées que s’appliquent les règles de la responsabilité
en matière de travaux publics, à l’exclusion des articles 1382 et suivants
du Code civil. Dès lors, les victimes dont le préjudice a été intégralement
réparé par la juridiction administrative, ne peuvent présenter de demande
en paiement dirigée contre un tiers sur le fondement des articles 1382 et
suivants du Code civil (Cour de Cassation, 1re chambre civile, 17 mars 2010,
09-12.569).
TEXTES DE RÉFÉRENCE
Code civil
Article 1382 – Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un
dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer.
Article 1383 – Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non
seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence.
Article 1384 – On est responsable non seulement du dommage que l’on
cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des
personnes dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde.
Toutefois, celui qui détient, à un titre quelconque, tout ou partie de
68 l’immeuble ou des biens mobiliers dans lesquels un incendie a pris
naissance ne sera responsable, vis-à-vis des tiers, des dommages causés par
cet incendie que s’il est prouvé qu’il doit être attribué à sa faute ou à la faute
des personnes dont il est responsable.
[…/…].
Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques
et préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés.
Les instituteurs et les artisans, du dommage causé par leurs élèves et
apprentis pendant le temps qu’ils sont sous leur surveillance.
La responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que les père et mère et les
artisans ne prouvent qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette
responsabilité.
[…].
Article 1386 – Le propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage
causé par sa ruine, lorsqu’elle est arrivée par une suite du défaut d’entretien
ou par le vice de sa construction.
Sur ces fondements de responsabilité, l’entrepreneur répond des dommages causés
aux tiers du fait de sa faute (même non intentionnelle), de son imprudence, de sa
négligence. Par « tiers », il faut comprendre : toute personne autre que l’entrepreneur :
toute personne extérieure au chantier, les autres entrepreneurs…
Les dommages subis par les préposés (accidents du travail) relèvent d’un régime
spécifique d’indemnisation (v. plus loin). Toutefois, lorsque l’entreprise est
responsable d’un dommage à un préposé d’une autre entreprise, sa responsabilité de
droit commun peut être engagée.
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Cette responsabilité est étendue aux dommages causés par les préposés de
l’entrepreneur ou du fait des biens et des choses dont il a la garde (par exemple, des
engins de chantier, voire plus généralement du chantier).
ATTENTION
L’employeur répond des faits de ses préposés sauf lorsque ce dernier a agi
au-delà des limites de la mission qui lui a été impartie par son commettant
(Cour de cassation, assemblée plénière, 25 février 2000, 97-17.378).
Ainsi, n’engage pas sa responsabilité à l’égard des tiers le préposé qui agit sans
excéder les limites de la mission qui lui est impartie par son commettant,
hors le cas où le préjudice de la victime résulte d’une infraction pénale ou
d’une faute intentionnelle (Cour de cassation, 2e chambre civile, 21 février
2008, 06-21.182).
Lien de causalité
Faute /
RC « du fait de » / Dommage
Garde /
Trouble
Auteur 1 2 3 4 5
Victime/
ayants droit
{
3° Exonération totale : force majeure caractérisée
Causes
étrangères 4° Exonération partielle : faits du maître de l’ouvrage (immixtion fautive,
acceptation des risques, fautes particulières, faits d’un tiers)
5° Non imputabilité = absence de responsabilité
CSTB_G0255_fig10
2.6 Dommages causés aux préposés
En cas d’accident du travail, la responsabilité pénale des dirigeants, des éventuels
délégataires de pouvoirs, et de la personne morale elle-même, peut être recherchée
sur le fondement des délits d’homicide involontaire ou de coups et blessures
involontaires.
Sur le plan civil, l’accident du travail, quelle qu’en soit la cause, survenu par le fait
ou à l’occasion du travail à toute personne salariée ou travaillant, à quelque titre ou
en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs ou chefs d’entreprise
relève de la législation des accidents du travail et maladies professionnelles du Code
de la Sécurité sociale (livre 4, titre 1, articles L. 411-1 et suivants) prévoyant une
réparation forfaitaire.
La victime d’un accident du travail bénéficie :
■■ de la gratuité pour tous les frais liés aux soins ;
■■ d’indemnités journalières qui sont versées dès le lendemain de l’accident. Leur
montant est égal à 50 % du salaire journalier les quatre premières semaines, et à
66 % à partir du vingt-neuvième jour ;
■■ d’une rente d’incapacité permanente, en cas de séquelles. La Sécurité sociale en
TEXTES DE RÉFÉRENCE
Article L. 452-1 du Code de la Sécurité sociale : Lorsque l’accident est dû
à la faute inexcusable de l’employeur ou de ceux qu’il s’est substitués dans
la direction, la victime ou ses ayants droit ont droit à une indemnisation
complémentaire dans les conditions définies aux articles suivants.
ATTENTION
L’expression « d’ayants droit » de l’article L. 451-1 vise uniquement les
personnes énumérées aux articles L. 434-7 à L. 434-14 du même Code
percevant des prestations en cas de décès accidentel de leur auteur. À 71
l’inverse, le conjoint de la victime d’un accident du travail ayant survécu
n’a pas la qualité d’« ayant droit » au sens de l’article L. 451-1 et peut, dès
lors, être indemnisé de son préjudice personnel selon les règles du droit
commun (Cour de cassation, Assemblée plénière, 2 février 1990, 89-10 682).
En ce qui concerne les préjudices non couverts par l’article L.452-3, une importante
décision du Conseil constitutionnel du 18 juin 2010 (QPC-8) a considéré « qu’en
présence d’une faute inexcusable de l’employeur, les dispositions [du Code de la
Sécurité sociale] ne sauraient toutefois […] faire obstacle à ce que [la victime ou
ses ayants droit], devant les mêmes juridictions, puissent demander à l’employeur
réparation de l’ensemble des dommages non couverts par le livre IV du Code de la
Sécurité sociale ».
Consécutivement à cette décision, l’indemnisation d’autres préjudices subis par la
victime a été reconnue par différents arrêts (honoraires d’expertise, frais de garde ;
frais d’assistance temporaire d’une tierce personne ; déficit fonctionnel temporaire ;
préjudice sexuel ; frais d’aménagement de logement ou d’adaptation de véhicule…).
Il appartient au préposé ou à ses ayants droit de rapporter la preuve de la faute de
l’employeur et d’établir son caractère inexcusable (2e chambre civile, 8 juillet 2004,
02-30.984).
Mais celle-ci est appréciée sévèrement par la jurisprudence ; l’employeur en répond
en vertu d’une « obligation de sécurité de résultat ».
La conscience qu’avait ou qu’aurait dû avoir l’employeur du danger auquel était
exposé son salarié et l’absence de mesures nécessaires prises pour prévenir ce
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EXEMPLES
➪ « Un employeur ne peut ignorer ou s’affranchir des données médicales
afférentes au stress au travail et ses conséquences pour les salariés qui en
sont victimes. En l’espèce, la cour d’appel, appréciant souverainement la
valeur et la portée des éléments de fait et de preuve produits aux débats, a
pu déduire que les employeurs avaient ou auraient dû avoir conscience du
risque encouru par leur salarié et n’ont pas pris les mesures propres à l’en
préserver, de sorte que leur faute inexcusable était établie » (Cass. 2e civ.,
Cour de cassation, 2e chambre civile, 8 novembre 2012, 11-23.855).
➪ « Mais attendu que l’arrêt retient exactement qu’il résulte de l’article 4-1
du Code de procédure pénale que la faute pénale non intentionnelle, au
sens des dispositions de l’article 121-3 du Code pénal, est dissociée de la
faute inexcusable au sens des dispositions de l’article L. 452-1 du Code de
la Sécurité sociale ; qu’il appartient dès lors à la juridiction de la Sécurité
sociale de rechercher si les éléments du dossier permettent de retenir la
faute inexcusable de l’employeur, laquelle s’apprécie de façon distincte des
éléments constitutifs de l’infraction d’homicide involontaire » (Cour de
cassation, 2e chambre civile, 15 mars 2012, 10-15.503).
➪ « L’employeur commet une faute inexcusable en ne veillant pas à ce
que ses ouvriers, qui travaillaient à une hauteur de plus de trois mètres,
emportent et utilisent les dispositifs obligatoires de sécurité sur un chantier
dont il connaissait les risques pour avoir évalué les travaux à réaliser avec
72 le client » (Cour de cassation, 2e chambre civile, 16 décembre 2011, 10-
26.704).
➪ « Selon l’article L. 4121-1 du Code du travail, l’employeur prend les
mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et
mentale des travailleurs et, selon l’article L. 1251-21, pendant la durée de la
mission, l’entreprise utilisatrice est responsable des conditions d’exécution
du travail telles qu’elles sont déterminées par les dispositions légales et
conventionnelles applicables au lieu de travail, notamment pour ce qui a
trait à la santé et la sécurité au travail. Il en résulte que l’entreprise de travail
temporaire et l’entreprise utilisatrice sont tenues, à l’égard des salariés mis
à disposition, d’une obligation de sécurité de résultat dont elles doivent
assurer l’effectivité, chacune au regard des obligations que les textes mettent
à leur charge en matière de prévention des risques » (Cour de cassation,
chambré sociale, 30 novembre 2010, 08-70.390).
Il n’est pas primordial que la faute inexcusable de l’employeur ait été la cause
déterminante de l’accident, il suffit qu’elle en soit une cause nécessaire pour que sa
responsabilité soit retenue, alors même que d’autres fautes auraient concouru au
dommage (Cour de cassation, chambre sociale, 31 octobre 2002, 00-18.359).
Seule une faute inexcusable de la victime peut justifier une réduction de la majoration
de sa rente. Mais cette dernière est appréciée restrictivement ; elle s’entend comme
une faute volontaire, d’une exceptionnelle gravité, exposant sans raison valable son
auteur à un danger dont il aurait dû avoir conscience. Ainsi, la faute de la victime
qui, compétente et expérimentée, ayant nécessairement connaissance et conscience
du danger encouru à l’approche d’une ligne électrique par un matériel métallique,
ayant fait preuve de négligence, d’imprudence et d’inattention, ne constitue pas, de
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sa part, une faute inexcusable (Cour de cassation, Assemblée plénière, 24 juin 2005,
03-30.038).
ATTENTION
Fort heureusement, depuis, 1976, l’employeur peut s’assurer pour les
conséquences de la faute inexcusable commise par le préposé substitué
dans la direction de l’entreprise et, depuis 1987 pour les conséquences de sa
propre faute inexcusable. Mais il n’y a pas d’obligation d’assurance.
Compte tenu des risques financiers, l’entreprise devra y recourir néanmoins. Il sera
prudent de vérifier que la garantie proposée par l’assureur ait été étendue à la prise
en charge des préjudices non couverts par l’article L. 452-3 du Code de la Sécurité
sociale.
En cas d’accident du travail affectant un travailleur temporaire, c’est l’entreprise
de travail temporaire qui est tenue envers le salarié et/ou les ayants droit des
conséquences de la faute inexcusable de l’entreprise utilisatrice « il résulte des
articles L. 241-5-1, L. 412-6, R. 242-6-1 et R. 242-6-3 du Code de la Sécurité sociale
qu’en cas d’accident du travail imputable à la faute inexcusable d’une entreprise
utilisatrice, l’entreprise de travail temporaire, seule tenue, en sa qualité d’employeur
de la victime, des obligations prévues aux articles L. 452-1 à L. 452-4 du même Code,
dispose d’un recours contre l’entreprise utilisatrice pour obtenir simultanément ou
successivement le remboursement des indemnités complémentaires versées à la
victime et la répartition de la charge financière de l’accident du travail » (Cour de
cassation, 2e chambre civile, 12 mars 2009, 08-11735). 73
La prévention des accidents du travail (obligation à laquelle est assujetti tout
employeur) repose notamment sur :
■■ des délégations de pouvoirs ;
■■ des formations des collaborateurs efficaces ;
■■ une cartographie des risques ;
■■ la mise à disposition des notices d’usage des outils ;
■■ la fourniture des équipements de sécurité ;
■■ une élaboration d’un PPSPS (plan particulier de sécurité et de protection de la
santé : articles L. 4532-9 et R. 4532-56 à R. 4532-74 du Code du travail) pour
chaque chantier ;
■■ une procédure écrite prévoyant le dispositif d’information, d’alertes (une personne
doit être désignée contact) et de collecte des informations en cas d’accident…
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Code Délégation
du travail
• Le délégataire assume les obligations et les responsabilités liées aux pouvoirs délégués.
• En cas de manquement à une obligation pénalement sanctionnée, le délégataire
sera responsable aux lieu et place du délégant sauf si ce dernier a participé à l’infraction :
« Hors le cas où la loi en dispose autrement, le chef d’entreprise, qui n’a pas personnellement
pris part à la réalisation de l’infraction, peut s’exonérer de sa responsabilité pénale
s’il rapporte la preuve qu’il a délégué ses pouvoirs à une personne pourvue de la compétence,
de l’autorité et des moyens nécessaires. »
La délégation de pouvoirs est une mesure de bonne gestion et de prévention des risques
CSTB_G0255_fig15
ATTENTION
L’intervention du coordonnateur ne modifie ni la nature, ni l’étendue des
responsabilités incombant à chacun des intervenants (art. L. 4532-6 du
Code du travail).
ATTENTION
En cas de dommages causés par incendie, est considéré comme un accident
de la circulation, au sens de l’article 1er de la loi du 5 juillet 1985, l’incendie
ayant pris naissance dans un engin, immobilisé, moteur coupé, trouvant son
origine dans la défectuosité de circuits électriques internes, nécessaires ou
utiles à la fonction de déplacement (Cour de cassation, 2e chambre civile,
13 septembre 2012, 11-13.139).
A contrario, la responsabilité civile générale n’est envisageable que si un
accessoire de l’engin étranger à la fonction de déplacement a directement
causé les dommages.
Dommages au
milieu écologique privé
(étang, source…)
Victime dénommée
Milieu Environnement
RC Générale écologique naturel
protégé
RC Environnementale
CSTB_G0255_fig13
Dommages aux sols
Exploitants
relevant de
RC objective
la catégorie Dommages aux eaux
des activités
dangereuses
76 Dommages aux
espèces et habitats
Toutes autres RC pour faute
protégés
entreprises
Coûts de réparation
des dommages
Mesures préventives
nécessaires
en cas de menace
CSTB_G0255_fig14
En outre, l’entrepreneur peut être soumis, en raison de l’exploitation d’un site
au régime de déclaration ou d’enregistrement ou d’autorisation d’exploitation
d’installation classée (par exemple, pour un atelier d’imprégnation de bois ; un
stockage d’huiles…).
Pour en savoir plus sur les installations classées, consulter le site officiel du ministère :
http://www.ineris.fr/aida/
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ATTENTION
L’article L. 161-1.-II du Code de l’environnement prévoit que l’entreprise
ne répond pas des dommages affectant gravement le maintien ou le
rétablissement dans un état de conservation favorable d’espèces et des
habitats protégés (v. l’indication précise dans le texte) lorsqu’ils sont
consécutifs à des travaux réalisés dans des zones Natura 2000 autorisés par
l’autorité administrative.
À l’inverse, ces travaux autorisés dans ces zones Natura 2000 qui « créent
un risque d’atteinte grave à la santé humaine du fait de la contamination
des sols résultant de l’introduction directe ou indirecte, en surface ou dans
le sol, de substances, préparations, organismes ou micro-organismes ou
qui « affectent gravement l’état écologique, chimique ou quantitatif ou le
potentiel écologique des eaux » sont susceptibles d’engendrer une mise en
cause de l’entreprise à leur origine.
Dans ce contexte, au regard de l’activité du constructeur et de l’exploitation d’un site
relevant du régime des installations classées, une évaluation exhaustive des risques
doit être faite.
Les garanties d’assurance doivent être adaptées en conséquence. Il faut noter que
les contrats de responsabilité civile couvrent les « atteintes à l’environnement »
dans certaines limites (la distinction essentielle porte entre celles qui surviennent
accidentellement et celles qui sont occasionnées par une pollution dite « graduelle »,
c’est-à-dire qui se réalise dans le temps).
Les conditions d’assurance doivent donc être examinées attentivement. La garantie 77
habituelle couvre les atteintes à l’environnement « accidentelles ». Ainsi, les pollutions
« graduelles » sont exclues.
De même, il faut veiller que la garantie soit étendue à la RC environnementale (issue
de la loi n° 2008-757 du 1er août 2008).
Enfin, en cas d’exploitation d’un site révélant de la législation des installations classées
ou d’une activité liée à l’environnement (par exemple de dépollution de site ou
d’élimination de déchets), il y a lieu de souscrire une couverture étendue, adaptée
aux risques spécifiques.
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Tableau 2 : Application des garanties d’assurance de responsabilité civile en cas de dommages à des
personnes extérieures au chantier
6 novembre 2002, 01-03.925) qui peut être une faute « contractuelle » (c’est-à-dire
qui trouve sa source dans la violation des termes du contrat liant l’entrepreneur
mis en cause et le maître de l’ouvrage : Cour de cassation, Assemblée plénière,
6 octobre 2006, 05-13.255) ;
■■ et, enfin, qu’il rapporte la preuve d’un lien de causalité entre la faute et le dommage/
ATTENTION
Les actions entre constructeurs sont soumises à une prescription spéciale
à compter de l’entrée en vigueur de la loi du 17 juin 2008. L’article 1792-
4-3 du Code civil dispose qu’« en dehors des actions régies par les
articles 1792-3, 1792-4-1 et 1792-4-2, les actions en responsabilité dirigées
contre les constructeurs désignés aux articles 1792 et 1792-1 et leurs
sous-traitants se prescrivent par dix ans à compter de la réception des
travaux ». Mais, attention, cette prescription vise essentiellement les litiges
nés de dommages survenus à l’ouvrage après réception. Dès lors et, dans
l’attente d’une clarification de la jurisprudence, il y aura lieu d’être vigilant.
En effet, il n’est pas impossible que les tribunaux appliquent, aux litiges
entre constructeurs relatifs à des dommages survenus avant la réception
des travaux, la prescription de droit commun de l’article 2224 du Code
civil : « les actions personnelles ou mobilières se prescrivent par cinq ans à
compter du jour où le titulaire d’un droit a connu ou aurait dû connaître
les faits lui permettant de l’exercer » dans la limite de 20 ans à compter du
jour de la naissance du droit (article 2232 du Code civil).
Maître d’ouvrage
Rapport
80 contractuel
Rapport
contractuel
Bureau de contrôle
Recours – action entre constructeurs C.S.P.S
Cordinnateur
Trois sécurité prévention santé
conditions
3
1 2
Lien
de causalité
Dommage entre
Faute
dommage
& faute
CSTB_G0255_fig08
Figure 8 : Recours entre constructeurs : principes de mise en œuvre
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TEXTES DE RÉFÉRENCE
Article 1382
Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige
celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer.
Article 1383
Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son
fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence.
Article 1384
On est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son
propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont
on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde.
Toutefois, celui qui détient, à un titre quelconque, tout ou partie de
l’immeuble ou des biens mobiliers dans lesquels un incendie a pris
naissance ne sera responsable, vis-à-vis des tiers, des dommages causés par
cet incendie que s’il est prouvé qu’il doit être attribué à sa faute ou à la faute
des personnes dont il est responsable.
Cette disposition ne s’applique pas aux rapports entre propriétaires et
locataires, qui demeurent régis par les articles 1733 et 1734 du Code civil.
[…]
Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques
et préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés.
Les instituteurs et les artisans, du dommage causé par leurs élèves et
apprentis pendant le temps qu’ils sont sous leur surveillance.
La responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que les père et mère et les
artisans ne prouvent qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette 81
responsabilité.
[…].
Dans le premier cas, la charge des pertes de l’ouvrage repose sur l’entrepreneur jusqu’à
la « réception de l’ouvrage », acte marquant le moment où les risques sont transférés
au maître de l’ouvrage.
Dans le deuxième cas, la charge des pertes est pour le maître de l’ouvrage.
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TEXTES DE RÉFÉRENCE
Article 1787
Lorsqu’on charge quelqu’un de faire un ouvrage, on peut convenir qu’il
fournira seulement son travail ou son industrie, ou bien qu’il fournira aussi
la matière.
Article 1788
Si, dans le cas où l’ouvrier fournit la matière, la chose vient à périr, de quelque
manière que ce soit, avant d’être livrée, la perte en est pour l’ouvrier, à moins
que le maître ne fût en demeure de recevoir la chose.
Article 1789
Dans le cas où l’ouvrier fournit seulement son travail ou son industrie, si la
chose vient à périr, l’ouvrier n’est tenu que de sa faute.
Article 1790
Si, dans le cas de l’article précédent, la chose vient à périr, quoique sans
aucune faute de la part de l’ouvrier, avant que l’ouvrage ait été reçu et sans
que le maître fût en demeure de le vérifier, l’ouvrier n’a point de salaire à
réclamer, à moins que la chose n’ait péri par le vice de la matière.
82
CSTB_G0255_fig09
En cas de fourniture par le constructeur des matériaux (application de l’article 1788
du Code civil), les conséquences d’un dommage affectant l’ouvrage, en cours de
travaux, de quelque nature qu’il soit (incendie, dégât des eaux, effondrement, foudre,
tempête, explosion, attentat…) sont à sa charge. Il devra reprendre l’ouvrage afin de
le livrer au maître de l’ouvrage conformément au terme du marché.
Cet événement dommageable pourra également avoir des répercussions sur le délai
de livraison. Une prolongation automatique du délai d’exécution consécutivement
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au dommage n’est pas possible, sauf dans l’hypothèse d’un événement de « force
majeure » (par exemple une tempête exceptionnelle).
Dès lors que « l’obligation de l’entrepreneur de travaux qui a fourni la matière à
supporter les risques de la chose en application de l’article 1788 du Code civil tient
son fondement de la théorie des risques et non pas de la responsabilité civile, il n’est
tenu de procurer au maître de l’ouvrage que la chose qu’il s’est engagé à fournir »,
sauf faute de sa part (Cour de cassation, 3e chambre civile, 15 décembre 2004,
03-16.820 ; 3e chambre civile, 28 octobre 1992, 90-16.726 ; 1re chambre civile,
2 décembre 1997, 95-19.466).
L’entrepreneur doit donc se prémunir contre ces risques par le biais d’une assurance
« dommages en cours de travaux ».
Généralement, cette garantie vise la couverture d’événements spécifiques ; par
exemple, les dommages matériels résultant :
■■ d’un incendie, d’une explosion, de la chute de la foudre ;
■■ d’un effondrement (ou d’une menace grave et imminente d’effondrement total
ou partiel de l’ouvrage) ;
■■ de tempête, d’ouragan ou de cyclone ;
ATTENTION
La garantie de dommages matériels à l’ouvrage en cours de travaux prévoit
dans tous les cas des exclusions précises liées à ce qu’il est commun
d’appeler « le risque de l’entreprise », c’est-à-dire l’obligation de faire et de
bonne exécution des travaux pesant sur l’entrepreneur/assuré.
Notamment, ne sont pas garantis :
– les préjudices consécutifs aux dommages assurés (dits « dommages
immatériels » (c’est-à-dire « tout préjudice pécuniaire résultant de la
privation de jouissance d’un droit, de l’interruption d’un service ou de la
perte d’un bénéfice ») ;
– les conséquences pécuniaires résultant du retard de chantier ;
– les dépenses nécessaires à la réalisation ou la finition de l’objet du marché
ainsi que celles visant à remédier à une non-conformité aux prestations
contractuelles ;
– les dépenses engagées pour pallier une insuffisance des résultats
techniques convenus au marché.
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84
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CHAPITRE 3
TEXTES DE RÉFÉRENCE
85
Article 1792-6, alinéa 1 du Code civil : « La réception est l’acte par lequel
le maître de l’ouvrage déclare accepter l’ouvrage avec ou sans réserves.
Elle intervient à la demande de la partie la plus diligente, soit à l’amiable,
soit à défaut judiciairement. Elle est, en tout état de cause, prononcée
contradictoirement. […] ».
Respect
du
contradictoire
Point
Transfert
de départ
des
des
risques
garanties
Saisine du juge
Levée des réserves
À défaut d’une récéption expresse ou judiciaire, ou arbitrage
(garantie de parfait
elle peut être reconnue comme avoir achèvement)
été prononcée tacitement.
CSTB_G0255_fig16
ATTENTION
Souvent, dans les faits, le maître de l’ouvrage prend possession des lieux
sans procéder à la réception des travaux. Concomitamment, il acquitte le
solde du marché et ne procède à aucune contestation. De leur côté, les
constructeurs ne la demandent pas plus.
Toutefois, à l’occasion de dommages affectant l’ouvrage ou d’un litige relatif
au paiement du solde du marché, la question de la réception des travaux
va être soulevée : par cette prise de possession, le maître de l’ouvrage a-t-
il marqué sa volonté de recevoir tacitement l’ouvrage et, dès lors, peut-
on considérer que la garantie décennale s’applique ou que le maître de
l’ouvrage doive solder le marché ?
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tacitement accepté l’ouvrage, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à
sa décision de ce chef » (Cour de cassation, 3e chambre civile, 19 juin 2012,
10-27.606) ;
➪ « Attendu qu’ayant relevé, sans se contredire, que si les consorts X…
avaient pris possession de l’ouvrage au début de l’année 1996, ils n’avaient
jamais réglé le solde des travaux et avaient manifesté leur refus de réception
de l’ouvrage en introduisant dès novembre 1997 une procédure de référé-
expertise, la cour d’appel […] a pu en déduire l’absence de réception tacite
de l’ouvrage » (Cour de cassation, 12 septembre 2012, 09-71.189).
2. Conditions de la réception
des travaux
La réception des travaux, qu’elle soit expresse, judiciaire ou tacite, doit être prononcée
contradictoirement à l’égard des entrepreneurs (Cour de cassation, 3e chambre civile,
20 février 2002, 99-17.062).
Ces derniers doivent être en mesure d’y participer et doivent pouvoir donner leur
avis sur les réserves faites par le maître de l’ouvrage. Son caractère contradictoire doit
être établi dans les faits. Ils doivent être ainsi convoqués aux opérations de réception
88 et ils doivent avoir connaissance des réserves émises par le maître de l’ouvrage afin
qu’ils puissent, s’il y a lieu, contester les réserves émises comme, par la suite, procéder
à leur levée.
Mais la validité de la réception des travaux n’est pas conditionnée par la signature, par
l’entrepreneur, du procès-verbal de réception : « la réception des travaux ne nécessite
pas la signature formelle du procès-verbal de réception de l’entrepreneur dès lors que
la participation aux opérations de réception de celui-ci ne fait pas de doute » (Cour
de cassation, 3e chambre civile, 12 janvier 2011, 09-70.262).
La date de la réception doit être établie précisément notamment pour la réception
prononcée tacitement ou judiciairement (Cour de cassation, 3e chambre civile,
23 mai 2012, 11-10.502 ; 3e chambre civile, 19 juin 2012, 10-25.971).
La réception des travaux ne peut pas être acquise frauduleusement pour permettre
l’application de la garantie d’assurance de responsabilité décennale de l’entrepreneur
(Cour de cassation, 3e chambre civile, 10 juillet 2012,10-25.385).
La réception des travaux peut intervenir même si l’ouvrage est inachevé : « vu
l’article 1792-6 du Code civil et l’article 455 du Code de procédure civile ; attendu que
pour dire que l’ouvrage n’a pas fait l’objet d’une réception et mettre hors de cause la
MAAF en sa qualité d’assureur garantie décennale, l’arrêt retient que le chalet était
inhabitable, que les époux X… n’ont pas volontairement soldé le marché et que
les désordres n’étaient pas cachés au jour de la prise de possession ; qu’en statuant
ainsi alors que l’achèvement des travaux et l’habitabilité de l’ouvrage ne sont pas des
conditions nécessaires de la réception tacite et sans répondre aux conclusions des
époux X… soutenant qu’ils avaient réglé les sommes dues au titre de la première
tranche et entamé les travaux de la seconde qui ne devait être réalisée qu’après
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réception des travaux de la première, la cour d’appel a violé les textes susvisés ; par
ces motifs, […] » (Cour de cassation, 3e chambre civile, 18 décembre 2012, 11-23.590).
L’habitabilité (comme l’inachèvement jusqu’à un certain point de l’ouvrage) n’est pas
une condition nécessaire de la réception des travaux (Cour de cassation, 3e chambre
civile, 25 janvier 2011, 10-30.617).
Mais, les travaux doivent être en l’état des reçus (Cour de cassation, 3e chambre civile
30 juin 1993, 91-18.696 ; 3e chambre civile, 11 janvier 2012, 10-26.898).
Dans le cas contraire, le maître de l’ouvrage peut refuser la réception des travaux.
■■ « qu’en statuant ainsi, alors qu’elle relevait que les désordres affectaient la
solidité de l’immeuble et compromettaient non seulement sa destination par le
défaut d’étanchéité des fermetures et du toit terrasse, l’insuffisance du drainage
périphérique provoquant des pénétrations d’eau importantes et généralisées et
la détérioration totale du réseau électrique, mais également sa pérennité par
l’absence de joints de rupture ne permettant pas à l’ouvrage de supporter les écarts
thermiques et par une maçonnerie non conforme aux règles de dimensionnement
et de conception des ouvrages en béton armé, ce dont il résultait que l’immeuble
ne pouvait pas être mis en service et n’était pas en état d’être reçu, la cour d’appel,
qui n’a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations, a violé
[l’article 1792-6 du Code civil] » (Cour de cassation, 3e chambre civile, 12 janvier
2012, 10-26.998).
■■ « Attendu qu’ayant constaté, se référant au rapport d’expertise judiciaire dont
ATTENTION
La réception des travaux ne met pas fin à la responsabilité contractuelle de
l’entrepreneur (limitée toutefois à 10 ans à compter de la réception selon
l’article 1792-4-3 du Code civil). Celle-ci subsiste, notamment, pour les
dommages dits « intermédiaires » (désordres ne portant pas atteinte à la
solidité de l’immeuble et ne le rendant pas impropre à sa destination ; v. par
ex. : Cour de cassation, 3e chambre civile, 13 février 2013, 11-12.016) ou,
encore, pour ceux qui affectent des travaux non assimilés à la construction
d’ouvrage au sens de l’article 1792 du Code civil (par exemple, les peintures).
La réception marque le point de départ de l’application de l’assurance
décennale obligatoire.
En ce qui concerne l’assurance « dommages-ouvrage » (préfinançant les
dommages de nature décennale), celle-ci prend effet après l’expiration du
délai de garantie de parfait achèvement. Exceptionnellement, elle couvre les
dommages lorsque :
– avant la réception, après mise en demeure restée infructueuse, le contrat
de louage d’ouvrage conclu avec l’entrepreneur est résilié pour inexécution,
par celui-ci, de ses obligations ;
– après la réception, après mise en demeure restée infructueuse,
l’entrepreneur n’a pas exécuté ses obligations.
Rappelons que l’obligation d’assurance de responsabilité décennale pesant
sur les constructeurs soumis à la présomption des articles 1792 et suivants
du Code civil doit être souscrite à l’ouverture du chantier.
Se reporter au Guide Pratique du CSTB « L’Assurance construction ».
91
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Articles de
Objet
la Norme
Rappel des dispositions de l’article 1792-6 du Code civil. Elle précise qu’elle ne
17-1-1 comporte pas de phase provisoire et qu’elle est définitive en une seule fois
(principe de l’acte unique).
La réception libère l’entrepreneur de ses obligations contractuelles à l’exception de la
17-1-2
garantie de parfait achèvement (article 1792-6).
Rappel que les garanties de bon fonctionnement et de responsabilité décennale ont
17-1-3
pour point de départ la réception.
Il est précisé que la réception soit amiable ou judiciaire et qu’elle intervient contradic-
17-1-4
toirement.
L’entrepreneur doit fournir un dossier des ouvrages (DOE) exécutés conformément
17-1-5
aux travaux réalisés.
Cet article concerne la réception amiable.
La réception doit être demandée par l’entrepreneur, par LRAR au maître de l’ouvrage
17-2
avec copie au maître d’œuvre, à l’achèvement de la totalité des ouvrages objets du
92 marché sauf si des réceptions partielles ont été prévues contractuellement.
Détermination de la date de visite de réception ; des dispositions sont prévues lorsque
17-2-2
le maître de l’ouvrage ne fait pas connaître la date de visite de réception.
Il est précisé que l’absence de l’entrepreneur n’est pas un obstacle aux opérations de
17-2-2-1-4
réception ; mais le PV de réception doit le mentionner.
Si le maître de l’ouvrage désire entrer en possession de tout ou partie des ouvrages, il
17-2-2-1-5
doit indiquer la date de la visite de réception à l’entrepreneur.
La réception et sa date sont fixées à l’issue de la visite de réception qui peut être une récep-
tion avec ou sans réserves ou un refus de réception.
17-2-3
Un exemplaire du PV de réception ou de refus de réception, signé par le maître de l’ou-
vrage, est remis le jour de la visite à l’entrepreneur ou lui est notifié dans un délai de 5 jours.
L’entrepreneur dispose de 20 jours après cette notification pour contester les réserves.
17-2-3-4
Passé ce délai, il est considéré avoir accepté les réserves.
17-2-4 Dès que la réception est prononcée, le maître entre en possession de l’ouvrage.
17-2-5 Le PV doit indiquer pour les omissions ou les imperfections des réserves.
L’entrepreneur dispose d’un délai, a priori de 60 jours à compter de la réception, pour
17-2-5-2
lever les réserves.
Si l’entrepreneur ne respecte pas ses obligations, le maître de l’ouvrage pourra, après
17-2-5-3 mise en demeure restée infructueuse, faire exécuter aux frais et risques de l’entrepre-
neur défaillant les reprises ou finitions.
Après achèvement des réserves, l’entrepreneur doit, par LRAR, demander la levée des
17-2-5-4
réserves
Cet article concerne le refus de réception : il ne peut être motivé que par l’inachève-
17-2-6 ment des ouvrages ou par un ensemble d’imperfections équivalant à un inachèvement
ou nécessitant des reprises d’ouvrage.
17-3 Cet article traite de la réception judiciaire.
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1 1
Ouverture Fin de la garantie
3 4
du chantier 3 1 décennale
5 (art. 1792-4-1)
Exécution
0 des travaux 2 2 6 6
(en lot unique
ou par lots séparés)
7
CSTB_G0255_fig17
Figure 3 : Tableau synoptique
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CHAPITRE 4
La garantie de parfait
achèvement (GPA)
1. Nature et objet
La loi du 4 janvier 1978, ayant abandonné le système de la double réception, a institué
la garantie de parfait achèvement (article 1792-6, alinéa 2 et s.) constituant le cadre
juridique dans lequel les travaux nécessaires à la levée des réserves formulées lors de
la réception doivent être réalisés.
Elle permet également au maître d’ouvrage d’obtenir une réparation en nature rapide
de tous les désordres et de toutes les non-conformités apparaissant dans l’année de
la réception.
Elle ne concerne pas les désordres apparents à la réception qui n’ont donné lieu à
aucune réserve. Sont toutefois exclus les désordres résultant de l’usure normale ou
de l’usage.
Cette garantie a aussi pour objet la mise aux normes minimales d’isolation acoustique
des bâtiments d’habitation, requises par la réglementation dans le cas où ces normes
n’auraient pas été respectées (article L. 111, alinéa 2 du Code de la construction et
95
de l’habitation).
La garantie de parfait achèvement est d’ordre public : aucune disposition contractuelle
ne peut y apporter une dérogation ou une modification (article 1792-5 du Code
civil).
TEXTES DE RÉFÉRENCE
Article 1792-6 du Code civil
[…]
[Alinéa 2] « La garantie de parfait achèvement, à laquelle l’entreprise est
tenue pendant un délai d’un an, à compter de la réception s’étend à la
réparation de tous les désordres signalés par le maître d’ouvrage, soit au
moyen de réserves mentionnées au procès-verbal de réception, soit par
voie de notification écrite pour ceux révélés postérieurement à la réception.
[Alinéa 3] Les délais nécessaires à l’exécution des travaux de réparation sont
fixés d’un commun accord par le maître d’ouvrage et l’entreprise concernée.
[Alinéa 4] En l’absence d’un tel accord ou en cas d’inexécution dans le délai
fixé, les travaux peuvent, après mise en demeure restée infructueuse, être
exécutés aux frais et risques de l’entreprise défaillante.
[Alinéa 5] L’exécution des travaux exigés au titre de la garantie de parfait
achèvement est constatée d’un commun accord ou, à défaut, judiciairement.
[Alinéa 6] La garantie ne s’étend pas aux travaux nécessaires pour remédier
aux effets de l’usure normale ou de l’usage ».
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ATTENTION
Si au cours de la première année suivant la réception des dommages affectant
l’ouvrage sont susceptibles de relever de la garantie de responsabilité
décennale ou de la garantie de bon fonctionnement, le maître de l’ouvrage
peut faire le choix de rechercher l’entreprise sur ces derniers fondements ; il
bénéficiera alors d’une action contre l’assureur de responsabilité décennale.
Les dispositions de l’article 1792-6 du Code civil ne sont pas exclusives de
l’application de celles des articles 1792, 1792-2 et 1792-3 du même Code
(3e chambre civile, 15 mars 2011, 10-14.860) et le maître de l’ouvrage peut
demander à l’entrepreneur, sur le fondement de la garantie décennale,
réparation des défauts qui, signalés à la réception, ne se sont révélés
qu’ensuite dans leur ampleur et leurs conséquences (3e chambre civile,
12 octobre 1994, 92-16.533).
Mais, l’assureur de responsabilité décennale ne couvre pas les dommages
objets de réserves à la réception (3e chambre civile, 26 septembre 2012, 11-
21.165 ; 3e chambre civile, 4 décembre 2012, 11-26.788) ou, mineurs (c’est-à-
dire ne portant pas atteinte à la solidité de l’ouvrage ou à sa destination) ou,
encore, les non-conformités.
Naturellement, dans le cadre et dans la limite de la franchise prévue au
contrat d’assurance de responsabilité décennale, l’entreprise aura toujours
intérêt à intervenir directement afin d’éviter une majoration de sa cotisation
(par un effet de malus). En outre, ce « service après-vente » est toujours
apprécié des maîtres d’ouvrage.
2. Mise en œuvre
L’article 1792-6 alinéa 2 du Code civil rappelle le principe selon lequel la garantie
de parfait achèvement à laquelle l’entreprise est tenue, dure un an à compter de la
réception.
Aussi, doit-elle être mise en œuvre dans le délai prévu par ce texte (Cour de cassation,
3e chambre civile, 15 janvier 1997, 95-10.097 ; 3e chambre civile, 17 mai 1995,
93-16.568).
Le délai de garantie de parfait achèvement est à la fois un délai de garantie et un délai
d’action (c’est-à-dire de dénonciation des désordres).
La garantie de parfait achèvement constitue pour l’entrepreneur une obligation
de réparer en nature les dommages réservés ou ceux apparus au cours la première
année. Dès lors, une mise en demeure doit lui être faite, en premier lieu.
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C’est en cas de mise en demeure infructueuse que le maître de l’ouvrage peut faire
intervenir, aux frais et risques de l’entreprise défaillante, une tierce entreprise (aliéna 4
de l’article 1792-6). Mais, aucun délai d’intervention n’est précisé par ce texte ; il
appartient aux parties de le déterminer ou de se référer à la norme NF P03-001 (v. ci-
après).
En cas de réserves à la réception, cette mise en œuvre ne résulte pas du simple fait
pour le maître d’ouvrage d’avoir émis ces réserves ; il doit, dans l’année qui suit,
avoir effectué, auprès de l’entrepreneur, les démarches nécessaires à la réparation des
désordres qu’il a signalés.
TEXTES DE RÉFÉRENCE
Dispositions de la norme NF P03-001 sur le délai d’intervention
17.2.5.1 – Lorsque le procès-verbal de réception fait état de réserves
motivées par des omissions ou imperfections, il indique les manques et
défauts auxquels il doit être remédié.
17.2.5.2 – L’entrepreneur dispose d’un délai fixé, sauf commun accord, à
60 jours au maximum à compter de la réception du procès-verbal pour
exécuter les corrections et compléments demandés.
17.2.5.3 – Passé ce délai, le maître de l’ouvrage pourra, après mise en
demeure restée infructueuse, les faire exécuter aux frais et risques de
l’entrepreneur défaillant.
17.2.5.4 – Immédiatement après leur achèvement, l’entrepreneur doit, par
lettre recommandée avec avis de réception, demander la levée des réserves.
97
2.1 Cas où les parties s’entendent sur les
modalités de levée des réserves
L’accord des parties va devoir porter sur la réalité des réserves ou des désordres
signalés postérieurement par le maître de l’ouvrage. Dans cette hypothèse, les parties
pourront fixer d’un commun accord les délais nécessaires à l’exécution des travaux
de reprise ; elles pourront constater que ces travaux ont été réalisés.
C’est à l’entrepreneur de prouver que des travaux de reprise ont été réalisés
(3e chambre civile, 1er avril 1992, 90-18.498).
1. Les parties s'entendent sur les modalités de levée 2. Les parties ne s’entendent pas
des réserves ou des dommages survenus sur les modalités de levée
pendant la 1e année. des réserves ou
des dommages survenus
pendant la 1e année.
Les délais nécessaires à l'exécution En l'absence d'un accord sur les délais
des travaux de réparation sont fixés nécessaires à l’exécution des
d'un commun accord par le maître d'ouvrage travaux de réparation ou
et l'entreprise concernée. en cas d'inexécution dans le délai fixé,
C'est à l'entrepreneur de prouver que des travaux les travaux peuvent, après mise en demeure
de reprise ont été réalisés. restée infructueuse, être exécutés aux frais
La Norme NF P03-001 prévoit que et risques de l'entreprise défaillante.
l’entrepreneur dispose
d’un délai fixé, sauf commun accord,
à 90 jours au maximum à compter de la réception
du procès-verbal pour exécuter
les corrections et compléments demandés.
Immédiatement après leur achèvement,
l’entrepreneur doit, par lettre recommandée
avec avis de réception, Lorsque l’entrepreneur
demander la levée des réserves. n’a pas rempli ses obligations,
98 le maître de l’ouvrage doit notifier,
par lettre recommandée,
L'exécution des travaux est constatée son opposition à la mainlevée
d'un commun accord de la consignation de la retenue
ou à défaut, judiciairement de garantie ou de la caution.
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3. Cumul avec la responsabilité
contractuelle de droit commun
La Cour de cassation admet que les désordres réservés et non réparés relèvent
également de la responsabilité contractuelle de droit commun de l’entreprise, fondée
sur l’article 1147 du Code civil (3e chambre civile, 17 novembre 1993, 91-17.982 ;
3e chambre civile, 22 mars 1995, 93-15.233). La responsabilité contractuelle de droit
commun de l’entrepreneur subsiste concurremment avec la garantie de parfait
achèvement due par celui-ci, même si la mise en œuvre de la responsabilité n’est pas
intervenue dans le délai de la garantie (3e chambre civile, 30 juin 2009, 08-18.410 ;
3e chambre civile, 27 janvier 2010, 08-21.085).
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Article 1792
Tout constructeur d’un ouvrage est responsable de plein droit, envers le maître
ou l’acquéreur de l’ouvrage, des dommages, même résultant d’un vice du sol,
qui compromettent la solidité de l’ouvrage ou qui, l’affectant dans l’un de ses
éléments constitutifs ou l’un de ses éléments d’équipement, le rendent impropre
à sa destination.
Une telle responsabilité n’a point lieu si le constructeur prouve que les dommages
proviennent d’une cause étrangère.
Article 1792-1
Est réputé constructeur de l’ouvrage :
1° Tout architecte, entrepreneur, technicien ou autre personne liée au maître de
l’ouvrage par un contrat de louage d’ouvrage ;
2° Toute personne qui vend, après achèvement, un ouvrage qu’elle a construit
ou fait construire ;
3° Toute personne qui, bien qu’agissant en qualité de mandataire du
propriétaire de l’ouvrage, accomplit une mission assimilable à celle d’un
locateur d’ouvrage.
Article 1792-2
La présomption de responsabilité établie par l’article 1792 s’étend également aux
dommages qui affectent la solidité des éléments d’équipement d’un ouvrage,
mais seulement lorsque ceux-ci font indissociablement corps avec les ouvrages
de viabilité, de fondation, d’ossature, de clos ou de couvert.
Un élément d’équipement est considéré comme formant indissociablement
corps avec l’un des ouvrages de viabilité, de fondation, d’ossature, de clos ou
de couvert lorsque sa dépose, son démontage ou son remplacement ne peut
100 s’effectuer sans détérioration ou enlèvement de matière de cet ouvrage.
Article 1792-3
Les autres éléments d’équipement de l’ouvrage font l’objet d’une garantie de bon
fonctionnement d’une durée minimale de deux ans à compter de sa réception.
Article 1792-4
Le fabricant d’un ouvrage, d’une partie d’ouvrage ou d’un élément d’équipement
conçu et produit pour satisfaire, en état de service, à des exigences précises et
déterminées à l’avance, est solidairement responsable des obligations mises par
les articles 1792, 1792-2 et 1792-3 à la charge du locateur d’ouvrage qui a mis en
œuvre, sans modification et conformément aux règles édictées par le fabricant,
l’ouvrage, la partie d’ouvrage ou élément d’équipement considéré.
Sont assimilés à des fabricants pour l’application du présent article :
Celui qui a importé un ouvrage, une partie d’ouvrage ou un élément
d’équipement fabriqué à l’étranger ;
Celui qui l’a présenté comme son œuvre en faisant figurer sur lui son nom, sa
marque de fabrique ou tout autre signe distinctif.
Article 1792-4-1
Toute personne physique ou morale dont la responsabilité peut être engagée en
vertu des articles 1792 à 1792-4 du présent Code est déchargée des responsabilités
et garanties pesant sur elle, en application des articles 1792 à 1792-2, après dix
ans à compter de la réception des travaux ou, en application de l’article 1792-3,
à l’expiration du délai visé à cet article.
Article 1792-4-2
Les actions en responsabilité dirigées contre un sous-traitant en raison de
dommages affectant un ouvrage ou des éléments d’équipement d’un ouvrage
mentionnés aux articles 1792 et 1792-2 se prescrivent par dix ans à compter de
la réception des travaux et, pour les dommages affectant ceux des éléments
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Article 1796
Mais le propriétaire est tenu de payer en proportion du prix porté par la
convention, à leur succession, la valeur des ouvrages faits et celle des matériaux
préparés, lors seulement que ces travaux ou ces matériaux peuvent lui être utiles.
Article 1797
L’entrepreneur répond du fait des personnes qu’il emploie.
Article 1798
Les maçons, charpentiers et autres ouvriers qui ont été employés à la construction
d’un bâtiment ou d’autres ouvrages faits à l’entreprise, n’ont d’action contre celui
pour lequel les ouvrages ont été faits, que jusqu’à concurrence de ce dont il se
trouve débiteur envers l’entrepreneur, au moment où leur action est intentée.
Article 1799
Les maçons, charpentiers, serruriers et autres ouvriers qui font directement des
marchés à prix fait, sont astreints aux règles prescrites dans la présente section :
ils sont entrepreneurs dans la partie qu’ils traitent.
Article 1er
Le seuil prévu au premier alinéa de l’article 1799-1 du Code civil est fixé, hors
taxes, à 79 000 F et, à compter du 1er janvier 2002, à 12 000 €. Les sommes dues
s’entendent du prix convenu au titre du marché, déduction faite des arrhes et
acomptes versés lors de la conclusion de celui-ci.
Pour l’application du deuxième alinéa de l’article 1799-1 précité, le crédit auquel
recourt le maître de l’ouvrage doit être destiné exclusivement et en totalité au
paiement de travaux exécutés par l’entrepreneur.
Le cautionnement solidaire prévu au troisième alinéa de l’article 1799-1 du Code
civil doit être donné par un établissement de crédit, une entreprise d’assurance
ou un organisme de garantie collective ayant son siège ou une succursale sur le
territoire d’un État membre de la Communauté européenne ou d’un autre État
partie à l’accord sur l’Espace économique européen. La caution est tenue sur les
seules justifications présentées par l’entrepreneur que la créance est certaine,
liquide et exigible et que le maître de l’ouvrage est défaillant.
La mise en demeure visée au troisième alinéa de l’article 1799-1 du Code civil est
faite par lettre recommandée avec demande d’avis de réception.
Loi n° 71-584 du 16 juillet 1971 tendant à réglementer les retenues de garantie
en matière de marchés de travaux définis par l’article 1779-3o du Code civil.
Article 1er
Les paiements des acomptes sur la valeur définitive des marchés de travaux
privés visés à l’article 1779-3° du Code civil peuvent être amputés d’une retenue
égale au plus à 5 % de leur montant et garantissant contractuellement l’exécution
des travaux, pour satisfaire, le cas échéant, aux réserves faites à la réception par
le maître de l’ouvrage.
Le maître de l’ouvrage doit consigner entre les mains d’un consignataire, accepté 103
par les deux parties ou à défaut désigné par le président du tribunal de grande
instance ou du tribunal de commerce, une somme égale à la retenue effectuée.
Dans le cas où les sommes ayant fait l’objet de la retenue de garantie dépassent
la consignation visée à l’alinéa précédent, le maître de l’ouvrage devra compléter
celle-ci jusqu’au montant des sommes ainsi retenues.
Toutefois, la retenue de garantie stipulée contractuellement n’est pas pratiquée
si l’entrepreneur fournit pour un montant égal une caution personnelle et
solidaire émanant d’un établissement financier figurant sur une liste fixée par
décret.
Article 2
À l’expiration du délai d’une année à compter de la date de réception, faite
avec ou sans réserve, des travaux visés à l’article précédent, la caution est libérée
ou les sommes consignées sont versées à l’entrepreneur, même en l’absence de
mainlevée, si le maître de l’ouvrage n’a pas notifié à la caution ou au consignataire,
par lettre recommandée, son opposition motivée par l’inexécution des
obligations de l’entrepreneur. L’opposition abusive entraîne la condamnation de
l’opposant à des dommages-intérêts.
Article 3
Sont nuls et de nul effet, quelle qu’en soit la forme, les clauses, stipulations
et arrangements, qui auraient pour effet de faire échec aux dispositions des
articles 1er et 2 de la présente loi.
Article 4
La présente loi est applicable aux conventions de sous-traitance.
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Article 13-1
L’entrepreneur principal ne peut céder ou nantir les créances résultant du
marché ou du contrat passé avec le maître de l’ouvrage qu’à concurrence des
sommes qui lui sont dues au titre des travaux qu’il effectue personnellement.
Il peut, toutefois, céder ou nantir l’intégralité de ces créances sous réserve
d’obtenir, préalablement et par écrit, le cautionnement personnel et solidaire
visé à l’article 14 de la présente loi, vis-à-vis des sous-traitants.
Article 14
À peine de nullité du sous-traité, les paiements de toutes les sommes dues par
l’entrepreneur au sous-traitant, en application de ce sous-traité, sont garantis
par une caution personnelle et solidaire obtenue par l’entrepreneur d’un
établissement qualifié, agréé dans des conditions fixées par décret. Cependant,
la caution n’aura pas lieu d’être fournie si l’entrepreneur délègue le maître de
l’ouvrage au sous-traitant dans les termes de l’article 1275 du Code civil, à
concurrence du montant des prestations exécutées par le sous-traitant.
À titre transitoire, la caution pourra être obtenue d’un établissement figurant sur
la liste fixée par le décret pris en application de la loi no 71-584 du 16 juillet 1971
concernant les retenues de garantie.
Article 14-1
Pour les contrats de travaux de bâtiment et de travaux publics :
– le maître de l’ouvrage doit, s’il a connaissance de la présence sur le chantier
d’un sous-traitant n’ayant pas fait l’objet des obligations définies à l’article 3, ou
à l’article 6, ainsi que celles définies à l’article 5, mettre l’entrepreneur principal
ou le sous-traitant en demeure de s’acquitter de ces obligations. Ces dispositions
s’appliquent aux marchés publics et privés ;
106 – si le sous-traitant accepté, et dont les conditions de paiement ont été agréées
par le maître de l’ouvrage dans les conditions définies par décret en Conseil
d’État, ne bénéficie pas de la délégation de paiement, le maître de l’ouvrage doit
exiger de l’entrepreneur principal qu’il justifie avoir fourni la caution.
Les dispositions ci-dessus concernant le maître de l’ouvrage ne s’appliquent pas
à la personne physique construisant un logement pour l’occuper elle-même ou
le faire occuper par son conjoint, ses ascendants, ses descendants ou ceux de
son conjoint.
Les dispositions du deuxième alinéa s’appliquent également au contrat de
sous-traitance industrielle lorsque le maître de l’ouvrage connaît son existence,
nonobstant l’absence du sous-traitant sur le chantier. Les dispositions du
troisième alinéa s’appliquent également au contrat de sous-traitance industrielle.
Index
Action directe — 16, 18, 45, 57, 84, 105
Assurance de dommages-ouvrage — 10
(mention par le notaire) — 47
(obligation de souscription) — 10, 22, 23, 47, 85, 91
Assurance de responsabilité décennale
(mention par le notaire) — 96
(obligation de souscription) — 10, 88, 89, 91
Assurances
(principales assurances) — 24, 31, 32, 34, 44, 47, 66, 83, 85
Atteinte à la propriété — 60, 62
Atteintes à l’environnement — 45, 50, 60, 75, 77
Avenant — 15
Causes d’exonération — 58
Conformité — 24, 31, 49, 50, 52, 55, 56, 64, 83, 85, 90
Contrat de construction de maisons individuelles — 17, 21, 27, 29, 52
(notice descriptive) — 22, 26, 35, 36, 37
Exécution forcée — 50
Exécution forcée des travaux — 51
Souscription assurance de responsabilité — 10, 22, 47, 56, 75, 78, 88, 89, 91, 96
Sous-traitance — 7, 12, 14, 16, 17, 19, 20, 21, 30, 34, 99, 104, 105, 106
Sous-traitant — 7, 8, 14, 16, 17, 18, 19, 20, 30, 34, 47, 53, 54, 59, 101, 104, 105, 106
(délégation de paiement) — 16, 17, 18, 19, 105, 106
Textes de référence — 22, 39, 79
Travailleur temporaire (faute inexcusable) — 73
Travaux sur dépenses contrôlées — 11
Troubles de voisinage — 50, 61, 64
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GUIDE
Ce guide aborde les règles et les pièges liés à la passation des marchés privés de travaux
de bâtiment. Il présente également les litiges découlant de l’exécution de l’ouvrage jusqu’à
la garantie de parfait achèvement.
Sont ainsi évoqués les différents types de marchés (dont le contrat de construction de maisons
individuelles), les règles qui les régissent et les obligations qui en découlent (norme NF P03-001,
sous-traitance, garanties, etc.).
Les risques et les litiges nés à l’occasion de l’exécution sont abordés au regard des dommages
causés tant au maître de l’ouvrage qu’aux autres entrepreneurs et aux personnes extérieures aux
chantiers (tiers, voisins).
À chaque fois sont rappelés les grands principes de responsabilités fondant les recours (avec les
références aux articles de loi et aux jurisprudences phares) ainsi que les garanties et/ou assurances
obligatoires ou facultatives permettant de sécuriser le constructeur dans l’acte de construire.
Rédigé par François-Xavier Ajaccio, consultant en risques et assurances-construction, ce guide est
SIÈGE SOCIAL
8 4 , AV E N U E J E A N J A U R È S | C H A M P S - S U R - M A R N E | 7 74 4 7 M A R N E - L A -VA L L É E C E D E X 2
T É L . ( 3 3 ) 0 1 6 4 6 8 8 2 8 2 | F A X ( 3 3 ) 0 1 6 0 0 5 7 0 3 7 | w w w. c s t b . f r