L'hydrogene Dans Tous Ses Etats
L'hydrogene Dans Tous Ses Etats
L'hydrogene Dans Tous Ses Etats
1. Introduction
L'hydrogène est considéré comme un des vecteurs d'énergie de l'avenir . Ce gaz, utilisé
comme combustible, peut servir de carburant dans diverses applications tout en permettant d e
répondre à la demande de la société en termes de développement durable . Cela nécessite
toutefois que plusieurs verrous technologiques soient surmontés . Le stockage de l'hydrogène
gazeux est l'un de ceux là. Il doit offrir d'une part un haut degré de sécurité et d'autre part ,
des facilités d'usage en terme de densité d'énergie et de cinétique pour permettre aux piles à
combustible et autres applications de fonctionner dans des conditions techniques acceptables .
Pour que l'hydrogène devienne une solution viable aux problèmes que posent les besoin s
d'énergie à l'environnement, les procédés de stockage devront donc être sûrs, économiques e t
adaptés aux diverses possibilités d'utilisation : applications automobiles, transports publics ,
transports lourds, deux-roues, outillage, électronique portable, etc . Aujourd'hui, plusieurs
modes de stockage fournissent des potentialités intéressantes mais ils demandent encore de
nombreuses recherches avant la réalisation de prototypes réalistes et un développemen t
industriel . Ces différents modes sont décrits ici en abordant les solutions physique s
(compression, liquéfaction) et chimiques (adsorption dans les solides poreux et absorption
dans les hydrures chimiques) .
2. Les différents systèmes de stockage
Le stockage du gaz hydrogène sous des pressions de l'ordre de 200 à 250 bar dans u n
réservoir en acier est une technique éprouvée depuis de nombreuses années et largemen t
répandue de nos jours dans le monde industriel . Toutefois, cette technologie est fortement
pénalisée par le poids des bouteilles . A température ambiante, la capacité volumique est d e
l'ordre de 14 g/dm 3 sous 200 bar. Compte tenu des problèmes de fragilisation de l'acier induit
par l'hydrogène, les parois doivent être suffisamment épaisses et résistantes . Toute
augmentation de pression entraîne ainsi un accroissement de la masse de l'enveloppe limitant
tout développement futur de cette technique [1] . La solution innovante pour le stockage sous
pression vient aujourd'hui des structures en fibres bobinées et en résine qui permettent
d'atteindre des pressions de stockage beaucoup plus élevées tout en réduisant la masse de
l'enveloppe . Actuellement, des pressions de service de 350 bar sont couramment proposées e t
les recherches s'orientent vers des pressions encore plus importantes de l'ordre de 700 à
800 bar. Dans ces conditions, des capacités volumiques de l'ordre de 40 g/dm 3 sont obtenue s
et des capacités massique de plus de 10 % pour le système complet sont envisageables [2] .
réservoir est très rapide. Il existe déjà des réseaux de distribution du gaz sous pression e n
Europe . Toutefois ce procédé présente quelques inconvénients . On notera la faible densit é
volumique, car même comprimé à 700 bar, l'hydrogène ne représente du point de vu e
énergétique que 4 .8 MJ.L"l contre 31 .2 MU-1 pour l'essence . D'autre part, la forme de s
réservoirs actuels est inadaptée à l'application automobile .
liquid metal
10 ' 106
Io" Io' lO Z l0 ' 10 ' Io'
Temperature (K)
Figure 1 : Diagramme de phase de l'hydrogène en fonction de la température et de la pression .
Bien que présentant une bonne capacité volumique de 70 g/dm 3, le stockage liquid e
pose un certain nombre de problèmes difficiles à résoudre . En premier lieu, ce procédé
nécessite des réservoirs cryogéniques à très forte isolation thermique ce qui pénalise à la foi s
le volume et le poids de ce mode de stockage et ne permet pas d'empêcher les perte s
thermiques inévitables à 20 K. D'autre part, pour des raisons de sécurité évidentes, le s
réservoirs sont conçus avec une architecture "ouverte" contrôlant une éventuelle montée e n
pression du système en cas de vaporisation du gaz . Ceci se traduit par des pertes importante s
par évaporation d'une partie de l'hydrogène (phénomène de boil-off) qui peut atteindre 1% pa r
jour . Ce phénomène n'est pas non plus sans conséquence sur la sécurité pour les systèmes de
stockage utilisés en milieux confinés . Enfin, le coût énergétique de la liquéfaction est trè s
important . Il dépend essentiellement de la capacité de production de l'usine de liquéfactio n
mais peut atteindre 50% du PCI de l'hydrogène ce qui rend ce système de stockage pe u
rentable sur le plan énergétique [3 ,4] .
Les hydrures métalliques complexes sont des composés pour lesquels les atome s
d'hydrogène établissent des liaisons covalentes ou ioniques avec les atomes métallique s
voisins [8,9] . Ce type de liaison contraste avec celui mis en jeu dans les hydrures métallique s
interstitiels décrits précédemment où l'interaction hydrogène-métal est de type métallique.
Les hydrures métalliques complexes peuvent être classés dans deux familles : les hydrure s
complexes de métaux de transition, comme BaReH 9 et Mg2FeH6, et les hydrures complexe s
de métaux autres que ceux de transition, comme NaAlH4 et LiBH4. En ce qui concerne le s
propriétés de stockage, la première famille possède des rapports hydrogène/métal très élevé s
(H/M = 4 .5 pour le BaReH9) ainsi qu'une forte capacité volumique (150 g/dm 3 dans
Mg2FeH6) . En revanche, ces hydrures sont thermodynamiquement assez stables . Pour
atteindre une pression de désorption de 1 bar d'hydrogène, des températures supérieures à
300°C sont habituellement nécessaires. Pour les hydrures complexes de métaux autres qu e
ceux de transition, des températures de désorption plus modérées sont suffisantes . Ainsi, des
conditions proches des conditions normales de pression et de température sont obtenues pou r
l'alanate de sodium NaAJH4, l'hydrure complexe le plus intéressant aujourd'hui pour l e
stockage réversible de l'hydrogène .
100 -
80 -
LaNi5
•
60 -
H2 liquid e
40 - t
H2 gaz
20 -
0-
0 .01 0 .1 1 10 100 1000
Pression (bar)
Figure 2 : Capacité volumique en fonction de la pression pour les stockages gazeux, liquide et solide (hydrur e
de LaNis) . [10] .
4. Conclusion s
Dans l'état actuel d'avancement des recherches, chacune de ces voies présente de s
avantages et des inconvénients selon des critères économiques, énergétiques, de capacit é
spécifique, de sécurité et de cinétique de stockage/déstockage . Au prix de progrès importants ,
il est possible d'arriver à satisfaire les spécifications des différentes applications stationnaire s
et mobiles . De plus, il est fort probable que dans l'avenir, chaque voie trouvera ses propre s
marchés, selon le rapport performances/coût et conditions d'utilisation .
5. Références
C . Johnson, Association Française de l'Hydrogène, www .afh2 .or,g, Fiches 4 .1-4 .4 (2003) .
A . P . Niedzwiecki and A . R . Abele 14t' World Hydrogen Energy Conference Montréal, Canada (2002) .
U . Bossel, B . Eliasson and G . Taylor, www .evworld .com/library/ h2economyFinalReport .pdf (2003) .
U . Bossel, Renewable Energy World, March-April, 155-159 (2004) .
G. Sandrock, J . Alloys Compounds, 293-295, 877-888 (1999) .
R . C . Bowman, Jr. and B . Fultz, MRS Bulletin, 27, 9, 688-693 (2002) .
R . C . Bowman, Jr., C . H . Luo, C . C . Ahn, C . K . Witham and B . Fultz, J . Alloys Compounds, 217, 185 -
192 (1995) .
K . Yvon, Chimia, 52, 10, 613-619 (1998) .
H. Kohlmann, Encyclopedia of Physical Science and Technology, Third Edition, 9, 441-458 (2002) .
J .-M . Joubert, F . Cuevas, M . Latroche and A . Percheron-Guegan, Annales de Chimie - Science de s
Matériaux, " Matériaux pour le stockage de l'hydrogène ", 30, 5, 441(2005) .