Hildegarde Von Bingen (Prophète & Docteur Pour Le Troisième Millénaire)
Hildegarde Von Bingen (Prophète & Docteur Pour Le Troisième Millénaire)
Hildegarde Von Bingen (Prophète & Docteur Pour Le Troisième Millénaire)
Béatitudes :
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UN GRAND ÉQUILIBRE
En un siècle où les luttes entre les États, les schismes et la
dégradation des mœurs du clergé pouvaient inspirer un grand
pessimisme vis-à-vis de l’humanité, susciter une attente
apocalyptique de la fin du monde ou inviter à un rigorisme
désespérant, Hildegarde, dans sa direction spirituelle, ouvre les
cœurs à une espérance et une confiance qui évoquent souvent
celles de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face.
On peut glaner, çà et là dans ses écrits, ces appels à la confiance
dans la vie spirituelle d’une actualité bouleversante :
« Ne crains pas tant, car Dieu ne cherche pas toujours le céleste en toi ! »
« Le Seigneur te tient dans sa main, de sorte que tu n’as besoin en aucune
façon de t’appuyer sur ta propre sécurité… Dieu te voit et te connaît. Il ne
t’abandonnera jamais. »
(Lettre à la comtesse Gertrude)
« Ne crains pas, ne fuis pas, car le Bon Pasteur cherche en toi sa brebis
perdue. »
« Le bon Médecin traite les blessures des hommes avec pitié. » (Scivias,
vision 13)
« C’est la paix que rétablit le Fils de Dieu. »
« Bien que Dieu soit tout-puissant pour exécuter ses sentences,
Il ne les accomplit que dans l’équilibre de son amour. »
(Livre des Mérites de la Vie, vision finale)
« Ô Feu de l’Esprit Saint,
Toute créature te loue, vie de toute chose,
Baume très précieux
qui transfigures nos blessures béantes et souillées
En pierres précieuses !
(Harmonies célestes)
2. Régine Pernoud, Hildegarde de Bingen, conscience inspirée du XIIe
siècle (Poche, 1996).
CHAPITRE 1
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canonisation ne fut menée à son terme (la dernière se déroula en
1244, sous le pape Innocent IV) et Hildegarde resta
bienheureuse. Cependant, elle fut très vite qualifiée de sainte
par le peuple et, à la fin du XVIe siècle, comme elle était l’objet
d’une dévotion de longue date, son nom fut inscrit au
martyrologe romain sans autre formalité, avec le titre de sainte.
Elle est aussi fêtée par l’Église anglicane. Sa Fête locale est
fixée au 17 septembre. En mai 2012, le pape Benoît XVI a
officiellement étendu le culte local de sainte Hildegarde de
Bingen à l’Église universelle, c’était un préalable indispensable
pour la déclarer « Docteur de l’Église » le 7 octobre 2012. Cet
acte illumine d’une lumière nouvelle l’œuvre de la grande
prophétesse dont l’actualité du message est soudainement
proclamée à toute la chrétienté…
2. L’œuvre de sainte Hildegarde
L’œuvre d’Hildegarde qui nous est parvenue est immense et
variée : on lui attribue environ quatre cents lettres, une
douzaine de livres, soixante-dix poèmes et plus de soixante-dix
pièces musicales.
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Hildegarde a aussi inventé un alphabet et sans doute une
« Langue inconnue » pour communiquer secrètement avec ses
religieuses, en une sorte de jeu qui renforce l’unité de la
communauté et lui permet de se protéger des attaques
extérieures. Mais on peut aussi noter que le latin utilisé par
Hildegarde dans ses ouvrages et dans ses poèmes témoigne d’un
génie indépendant, capable d’inventer des mots et des
expressions, d’abréger et de réunir des paroles.
3. Vie de sainte Hildegarde par les moines Godefroid et Théodoric , Acti
SS.Bolland.Sept.tom.V.die 17, ex édit, Coloniensi et Surii, collata cum ms,
Bodecensi. Chapitre 2, paragraphes 21 à 23.
4. Il existe une édition française de certaines Lettres (1146-1179), trad.
Rebecca Lenoir, éd. Jérôme Millon, 2007, 260.
5. G. Hertzka, « Voilà comment Dieu guérit », la médecine de sainte
Hildegarde, nouvelle méthode de guérison par la nature (Parvis, 1988).
CHAPITRE 2
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ne puisse le séparer du service et de l’amour de Dieu.
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le cœur, mais les énergies de l’âme dépassent en puissance celle du
corps… elles s’étendent sur l’orbe de la terre entière. Ainsi c’est dans la
(con-) science de Dieu qu’existe le fidèle et c’est à Dieu qu’il tend, à
travers toutes les nécessités de l’esprit et du siècle. C’est à Dieu qu’il
aspire… Dans la foi, partout, il contemple Dieu, c’est Dieu que l’homme
reconnaît… il sait Dieu… » (LOD, 8)
L’homme doit donc se laisser modeler, purifier, transfigurer
par la grâce, pour rayonner de façon lumineuse et utile à la juste
harmonie de l’univers. Il lui faut donc mener un juste combat en
lui-même afin de devenir, au service de l’univers entier, ce
qu’un des tableaux des dernières visions présente comme le but
de la vie spirituelle : la figure ailée terrassant le dragon,
symbole de la « victoire en Dieu ». Toute l’œuvre divine tend
vers une élaboration de l’univers par l’homme, par cette victoire
de la conscience sur les forces du chaos. La transformation
extérieure du monde passe donc par l’intérieur de chaque
homme : « En ayant Dieu seul comme but, l’homme rapprochera
la création de la Lumière. »
5. Le Christ, Homme-Dieu, centre de l’univers
« Le Verbe de Dieu brille dans la forme de l’homme… L’homme, lui,
reflète la lumière du Verbe. »
« Les vertus ne sont pas plus séparées de la divinité que la racine de
l’arbre : Dieu, qui est amour, conserve son humilité dans toutes ses
œuvres et dans tous ses jugements. Amour et humilité descendirent sur
terre avec ce même Fils de Dieu et c’est elles qui l’accompagnèrent quand
il rejoignit le ciel. » (LOD, 8)
L’homme qui régit la roue cosmique dans un juste équilibre
ne peut donc être que l’Homme parfait, le Christ, « milieu vital
et but de la vie de toute créature ». Partie du Dieu Trinité et de
son amour, la vision, traversant les sphères et les forces
cosmiques, en est venue à l’homme, mais l’homme véritable,
c’est le Christ :
« Dieu… fit la forme de l’homme à sa propre ressemblance, parce qu’il
voulut aussi couvrir la sainte divinité comme de la forme de l’homme, et
c’est pourquoi il représenta aussi dans l’homme toutes les créatures. »
Le centre de l’univers, donc, c’est l’Homme-Dieu, en qui tout
homme trouve sa vraie nature. Rétabli à sa dignité originelle
dans et par le Christ, chaque homme catalyse en lui-même le
rétablissement de l’univers. C’est la contemplation, l’imitation
du Christ, l’union avec lui qui, rendant à l’homme sa véritable
beauté, fait de lui un réceptacle actif de toutes les énergies de
vie, infiniment supérieur à toute autre créature.
Concrètement, qu’est-ce que tout cela veut dire ? Que je ne
deviens moi-même qu’en m’ouvrant à la grâce du Christ. Que,
par Lui, les dispositions intérieures de paix, de bonté, de pureté
permettent de rayonner le bien, le bon… C’est l’état dans
lequel doit se maintenir tout chrétien afin que l’Esprit Saint
puisse agir en lui et à travers lui :
« L’amour a créé l’homme, l’humilité l’a délivré. L’espoir est comme l’œil
de l’amour ; l’amour du céleste est son soutien intérieur. La foi est de
même l’œil de l’humilité, l’obéissance son cœur. L’amour existe de toute
éternité et a fait sortir dès l’origine toute la sainteté des créatures. » (Livre
des Œuvres divines, vision 8)
C’est donc sur ce qui se passe à l’intérieur de lui que l’homme
doit veiller : pensées, émotions, désirs, mouvements de l’âme.
Selon la célèbre phrase d’Emerson : « Ce que vous êtes crie si
fort que je n’entends plus ce que vous dites. » La relation
permanente de l’homme avec le Christ permet la guérison de
son âme profondément blessée et le rayonnement de la grâce à
travers elle : « Il est le médecin des infirmes que nous sommes,
il est le salut du monde », écrit Hildegarde. Cette relation
s’exprime en un dialogue permanent au cœur de l’être, en une
intériorisation qui rejaillit en présence. Il ne s’agit pas tant de
faire que d’être établi dans le Christ. Il s’agit de demeurer en
présence de Dieu afin d’écouter, de recevoir ce que Lui infuse.
L’homme, centre de l’univers, n’est grand, n’est unique que par
cette humble « conscience » de Dieu. « L’humilité ouvre la
porte des cieux aux imitateurs de Dieu, et elle la ferme à ceux
qui Le négligent. » (Livre des Œuvres divines, vision 7) Par
elle, il découvre sa propre profondeur, apprend à aimer, est
transfiguré et transfigure le monde. C’est lorsqu’il est petit
devant Dieu que l’homme est immense dans l’univers :
« Par l’humilité victorieuse… nous prenons visage d’homme, nous nous
détachons de l’existence bestiale pour vivre conformément à la dignité de
notre nature… alors nous rayonnons de l’éclat le plus clair. » « L’humilité
ne détient rien, elle maintient tout au sein de l’amour, c’est en son sein
que Dieu se penche vers la terre, et c’est par elle qu’il rassemble toutes les
vertus. » (LOD, 8)
« Moi, l’humilité, reine des vertus, je dis : venez à moi, vous toutes vertus,
je vous apprendrai à rechercher la drachme perdue et à recevoir par votre
persévérance la couronne du bonheur. » (Scivias, 13)
Hildegarde ne présente donc pas la vision d’un homme perdu
dans un univers mécanique, mais le rétablissement d’une
harmonie jaillissant du plus intime de son être : avec sa dignité,
elle rend à l’homme sa responsabilité. La conscience, régénérée
par l’imitation du Nouvel Adam, catalyse la grâce et restaure
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La vision finale, quant à elle, comprend quatorze chants
accompagnés d’antiennes et de répons. Les poèmes sont classés
par paires, selon l’ordre des hiérarchies célestes : deux pour la
Vierge Marie, deux pour les anges et deux pour chaque
catégorie de saints : patriarches, prophètes, apôtres, martyrs,
confesseurs et vierges. Les paroles de ces hymnes sont écrites
dans un style assez énigmatique et foisonnant de réminiscences
bibliques, qui évoquent certains chants de troubadours et
nécessitent une bonne connaissance de l’Écriture Sainte pour
en décrypter les symboles.
Le livre se termine par une apothéose musicale qui veut
donner le goût de l’harmonie céleste vers laquelle, de vision en
vision, Hildegarde a conduit ses lecteurs.
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de l’homme intérieur agissant : par elles, la grâce divine et la
volonté humaine coopèrent pour le salut des croyants.
L’Amour du ciel, la Discipline et la Pudeur sont les trois
premières vertus qui habitent la volonté divine : c’est par elles
que l’homme se met en chemin pour vivre selon Dieu, puis
viennent la Miséricorde et la Victoire (deux vertus propres au
Christ), enfin la Patience et le Désir de Dieu achèvent cette
œuvre. La volonté divine qui se réalise dans l’homme vertueux
ne sera parfaitement manifestée que dans le Verbe incarné, seul
capable de synthétiser toutes les vertus et d’accomplir ainsi la
volonté du Père. Cette manifestation suprême a été préparée par
la révélation faite à Abraham et aux prophètes qui ont indiqué
la voie des vertus. La circoncision, qui préparait le baptême,
était déjà une invitation à la pureté : elle annonçait la Vierge
Marie et le Christ, parfaits exemples de pureté.
4. Le pilier de la Parole de Dieu
La « Parole » désigne à la fois le Christ et l’Écriture : il est la
Parole faite chair. Celle-ci, selon Hildegarde, comprend aussi
l’interprétation qu’en donnent les Pères de l’Église : c’est
seulement grâce à eux que nous pouvons lire la Parole sans
nous tromper ni devenir hérétiques. Le pilier de la Parole a
donc trois côtés : celui des prophètes de l’Ancien Testament,
celui des Apôtres et des martyrs, et celui des saints interprètes
qui ont autorité. Au sommet, sous l’apparence d’une colombe,
trône le Saint-Esprit qui inspire les uns et les autres.
5. La connaissance et le zèle de Dieu
La connaissance de Dieu à laquelle l’homme est invité se
gagne par les voies de la miséricorde et du jugement. Hildegarde
insiste sur ce dernier point : le jugement divin permet de
ramener les pécheurs à travers les épreuves : la maladie et les
épreuves de la vie présente participent au salut des pécheurs en
les détournant de leurs vices et en les forçant à entrer dans le
chemin de la grâce.
Une face ornée de trois ailes se dresse, menaçante, orientée
vers le nord d’où vient l’ennemi : c’est l’ardeur jalouse de Dieu.
Devant elle, aucun péché n’est épargné, la pénitence seule
permet d’y échapper. Ainsi se manifeste la justice divine : Dieu,
dans sa miséricorde infinie, est juste en exigeant de tous la
conversion et une pénitence appropriée, car les hommes ont
reçu la capacité de discerner le bien et le mal. Pour vivre selon
le bien, ils doivent apprendre à refuser de suivre leur volonté
propre qui les pousse à s’éloigner de Dieu. Pour Hildegarde, les
prêtres et les puissants sont les premiers menacés : il n’y a pire
péché que de déshonorer la demeure de Dieu ; ceux qui croient
le faire impunément par des actes sacrilèges ou simoniaques
seront soumis à une vengeance terrible.
6. Le Triple Mur de la Loi
Le mur Nord-Ouest représente la Loi de l’Ancien Testament,
d’Abraham au Christ, et l’ordre politique (féodal) qui en
découle. Il s’articule à partir d’un principe d’autorité qui
maintient l’ordre et invite au respect de Dieu. Le monde
d’Hildegarde est divisé entre monde séculier et monde spirituel,
ayant chacun son pouvoir. Le monde séculier est divisé en
noblesse basse et haute, en hommes libres et en serfs. Le monde
spirituel est composé de supérieurs, d’obéissants et
d’exécutants.
Les vertus qui habitent ce mur sont d’abord l’Abstinence, la
Générosité et la Piété : c’est par le renoncement à soi-même que
l’homme apprend la générosité envers Dieu et les hommes. Puis
viennent la Vérité, la Paix et la Béatitude, qui sont les trois
étapes de la victoire sur le mal. La Discrétion ou discernement
est sur le côté, elle opère par la Croix du Christ qu’elle
contemple. Plus loin, le Salut des âmes est représenté par un
personnage sombre qui lave son vêtement, puis s’éclaircit et
serre contre lui un Crucifix qui fleurit.
7. Le Pilier de la Trinité
La Trinité apparaît pour la seconde fois (cf. 2, 2). Ici, elle est
contemplée non plus dans sa réalité éternelle, mais dans sa
manifestation historique : à la fin des temps, la vérité trinitaire,
qui est l’expression même de la connaissance du vrai Dieu
manifesté en Jésus-Christ, entrera en action et détruira le
mensonge. En effet, la connaissance de Dieu est fondamentale
car elle détermine la manière de vivre des hommes, la société
qu’ils bâtissent et leur éternelle destinée : si Dieu est un tyran
et un riche, l’idéal sera la volonté de puissance et la richesse ;
s’il est amour et liberté, toute la vie humaine tendra vers
l’amour et la liberté. La Trinité est la manifestation du Dieu
d’amour, de relation, d’alliance, de don de soi. Elle est
représentée sous la forme d’un pilier triangulaire dont les
angles sont comme les lames qui anéantissent les hérétiques, les
juifs et les païens qui ne sont que paille, plumes ou sciure.
8. Le Pilier de l’Humanité du Sauveur
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m’aide pas. » Écoute donc comment tu vas combattre contre toi-
même : lorsque le mal se lève en toi, si bien que tu ne sais pas
comment le rejeter, ma grâce te touche de son geste, elle
t’effleure à l’instant même en éclairant le regard de tes yeux
intérieurs. À cet instant-là, prie, confesse et pleure, afin que
Dieu vienne à ton secours, qu’il écarte de toi le mal et te donne
la force pour le bien. Tu es capable de faire cela, grâce à la
science par laquelle tu comprends Dieu, selon l’aide de
l’inspiration de l’Esprit Saint. Si tu étais ouvrier au service
d’un autre homme, combien de fois devrais-tu faire ce qui t’est
pénible ! N’endures-tu pas beaucoup d’épreuves pour gagner
ton salaire terrestre ? Alors pourquoi ne te mets-tu pas, en vue
d’une récompense céleste, au service de Dieu qui t’a donné ton
âme et ton corps ? Si tu voulais une chose temporelle, comme tu
te donnerais de la peine pour l’avoir aussitôt, fût-ce pour un
moment seulement !
Car ce qui paraît parfois bon aux hommes par une erreur de
leur esprit, lorsqu’ils ne veulent pas fixer intensément leur
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car, même s’il m’a reçue de cette façon, il ne m’a pas totalement
dédaignée. Donc, moi non plus, je n’ai pas travaillé en vain avec
lui.
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Scivias (Rupertsberg). 1er livre, 4e vision. L’infusion de l’âme
humaine et ses luttes pour aller au ciel.
Scivias (Rupertsberg). 1er livre, 6e vision. Les neuf chœurs des
anges.
Scivias (Rupertsberg). 2e livre, 2e vision. La Création (six jours
en six cercles), l’harmonie originelle (Adam respire le parfum
de l’obéissance), la chute (Adam vieilli) et la Rédemption (le
Christ vient à la rencontre de l’homme déchu).
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dans ce monde : “Voici, je viens faire, ô Dieu, ta volonté” (He 10, 7 ; Ps
40, 7). Jésus seul peut dire : “Je fais toujours ce qui Lui plaît” (Jn 8, 29).
Dans la prière de son agonie, il consent totalement à cette Volonté : “Que
ne se soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne !” (Lc 22, 42 ; cf. Jn
4, 34 ; 5, 30 ; 6, 38). Voilà pourquoi Jésus “s’est livré pour nos péchés
selon la volonté de Dieu” (Ga 1, 4). “C’est en vertu de cette volonté que
nous sommes sanctifiés par l’oblation du Corps de Jésus Christ” (He 10,
10).
Jésus, “tout Fils qu’il était, apprit, de ce qu’il souffrit, l’obéissance” (He
5, 8). À combien plus forte raison, nous, créatures et pécheurs, devenus
en lui enfants d’adoption. Nous demandons à notre Père d’unir notre
volonté à celle de son Fils pour accomplir sa Volonté, son Dessein de
salut pour la vie du monde. Nous en sommes radicalement impuissants,
mais unis à Jésus et avec la puissance de son Esprit Saint, nous pouvons
lui remettre notre volonté et décider de choisir ce que son Fils a toujours
choisi : faire ce qui plaît au Père (cf. Jn 8, 29) :
En adhérant au Christ, nous pouvons devenir un seul esprit avec lui, et
par là accomplir sa volonté ; de la sorte, elle sera parfaite sur la terre
comme au ciel (Origène, or.26).
Considérez comment Jésus Christ nous apprend à être humbles, en nous
faisant voir que notre vertu ne dépend pas de notre seul travail, mais de la
grâce de Dieu. Il ordonne ici à chaque fidèle qui prie de le faire
universellement pour toute la terre. Car il ne dit pas “Que ta volonté soit
faite” en moi ou en vous, “mais sur toute la terre” : afin que l’erreur en
soit bannie, que la vérité y règne, que le vice y soit détruit, que la vertu y
refleurisse, et que la terre ne soit plus différente du ciel (St Jean
Chrysostome, hom. in Mt. 19, 5 : PG 57, 280B).
C’est par la prière que nous pouvons “discerner quelle est la volonté de
Dieu” (Rm 12, 2 ; Ep 5, 17) et obtenir “la constance pour l’accomplir”
(He 10, 36). Jésus nous apprend que l’on entre dans le Royaume des
cieux, non par des paroles, mais “en faisant la volonté de mon Père qui
est dans les cieux” (Mt 7, 21). » (CEC
§ 2824-6)
La liste des trente-cinq vices et vertus développée par sainte
Hildegarde dans le Livre des Mérites est sans doute la plus
complète qui ait jamais été enseignée.
3. Un enseignement spirituel et non seulement moral
Le texte ne se contente pas de décrire chaque vice par une
vision et d’en tirer un enseignement sur la nature même du vice,
puis de faire intervenir la vertu correspondante qui libère
l’homme. Hildegarde donne aussi çà et là une présentation de la
vie vertueuse et des obstacles qui se présentent sur la route de
celui qui veut harmoniser sa vie à la volonté divine. Elle
dénonce, par exemple, la dualité de cœur qui consiste à ne
jamais aller jusqu’au bout de sa convoitise, mais de « jouer » ou
« flirter » avec le péché :
« Certains hommes embrassent et regardent certains vices sans les mettre
dans leur lit ; ils en caressent certains, sans tomber dans des péchés plus
graves ; ils en commettent en pensée ou en paroles, mais sans passer à
l’acte. Tous ceux-là, l’ardeur de Dieu ne les perd pas absolument, mais,
par des peines diverses, elle élimine d’eux le cuivre (qui s’est mélangé à
l’or). »
Ailleurs, Hildegarde montre que tout péché est, en fin de
compte, une forme d’idolâtrie de soi-même et de ses propres
œuvres :
« Certains hommes considèrent l’ouvrage de leurs mains comme un dieu
et l’appellent Dieu. Cette pensée vient du diable et elle rend les hommes
enflés. Ils veulent avoir un dieu parce qu’ils n’ont pas Dieu. »
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des hommes. Car les hommes font dans leurs pensées beaucoup
d’entreprises qu’ils ne peuvent mener à bien.
SECTION 1 : EST/ TETE/ VUE/ L’HOMME RETABLI
DEPOSITAIRE DES VERTUS DIVINES
1 : Amour des biens de ce monde et Amour du ciel
Le vice est représenté comme un Homme noir, nu, enserrant
un tronc d’arbre sur lequel poussent des fleurs.
Amour du monde : « Je tiens tous les royaumes du monde
avec leurs fleurs et pourquoi me dessécherais-je, alors que je
suis en pleine verdeur ? Pourquoi vivrais-je comme dans la
vieillesse, alors que je suis dans l’éclat de ma jeunesse ?
Pourquoi userais-je de ma bonne vue comme si j’étais aveugle ?
J’aurais honte de faire cela. Aussi longtemps que je pourrai
jouir de la beauté de ce monde, j’en profiterai volontiers. Je ne
connais pas cette autre vie sur laquelle j’entends dire je ne sais
quelles fables. »
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au-dessus des cieux. »
Que ceux qui veulent sauver leur âme ne s’attachent pas aux
disputes, mais aient des paroles et des actes pacifiques et qu’ils
soient pleins de bonne volonté pour accomplir les actes de
justice.
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refuge ni salut. Ils se choisissent pour dieu une créature. Plus
on s’habitue à goûter la saveur de saletés immondes, plus
l’appétit pour les pires désirs interdits augmente aussi.
*****
SECTION 4 : SUD/ JAMBES/ ODORAT/ CHOIX DE LA
SAINTETÉ ET REJET DES TÉNÈBRES
23 : Injustice et Justice
L’injustice a une tête de faon, une queue d’ours et le reste est
comme un porc.
Injustice : « Qui prendrai-je pour base de la justice ?
Personne. Je suis plus sage et plus maligne que les autres. Je
connais… je comprends chaque chose et chaque cause…
Pourquoi me morfondrais-je, comme si je ne savais rien de bon,
alors que mes idées sont meilleures et plus utiles que celles des
autres. Je vaux bien autant que ceux qui discutent et jugent de
tout. »
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suffit, pourquoi désirerai-je plus que ce qu’il me faut ?
J’éprouve de la pitié pour tous, je suis doux et utile à tous. Je
participe au festin du roi, car je suis fils de roi. »
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contemple la vie harmonieuse des hommes unis et transfigurés
par l’amour. Ce sont eux qui transmettent le salut à l’univers,
rétablissant la création dans son harmonie. On retrouve ici la
pensée de saint Paul :
« La création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu, car elle a
été soumise à la vanité, non par sa volonté, mais à cause de celui qui l’a
soumise, mais c’est avec l’espérance d’être, elle aussi, libérée de la
corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu…
Toute la création gémit jusqu’à ce jour en travail d’enfantement… »
(Rm 8, 19-22)
À la fin de son ouvrage, Hildegarde résume la mission de
chaque chrétien : « Je vis la Lumière vivante et j’entendis une
voix du ciel qui m’enseigna ces paroles : Sois à présent la
louange de Dieu en son Œuvre, l’Humanité. Pour le salut de
celle-ci, Il a affronté sur terre les combats les plus violents… »
CONCLUSION : RETROUVER L’HARMONIE
Une thérapie globale de la personne visera donc à l’harmonie
de l’âme et du corps par l’ouverture à la grâce. Elle recherchera
le salut (salus = santé) éternel et non le bien-être momentané
corporel ou psychique. Préoccupé par sa santé corporelle,
l’homme, en réalité, est en quête de sa « santé » (salut)
éternelle. Pour l’acquérir, il doit parcourir le chemin évoqué
dans les visions d’Hildegarde, celui d’une progressive
adaptation aux lois de Dieu. Il doit se laisser ajuster,
harmoniser, mais surtout découvrir l’amour rayonnant auquel
l’invite le Christ. Ainsi pourra-t-il bâtir sur terre un monde de
justice et devenir citoyen de la cité de Dieu dont la beauté ne se
révélera que dans la gloire.
Ce merveilleux chemin vers la lumière suppose une
transformation, prélude à une transfiguration. Ce n’est pas le
fruit d’un effort extérieur, un simple changement de
comportement. C’est une conversion de l’être tout entier qui
doit retrouver son harmonie originelle en se laissant entraîner
vers un surcroît de grâce qui rend les hommes « participants de
la nature divine » (2 Pierre 1, 4). Tant que l’on est en vie, il est
possible d’entrer dans cette thérapie de l’âme et du corps qui
vise au salut éternel de la personne, encore faut-il le vouloir.
L’Église, prémices du Royaume d’amour, est le lieu où se
réalise, pour les hommes de bonne volonté, la transfiguration de
l’homme entraînant celle de l’univers.
3. Extraits du Livre des Œuvres divines
PROLOGUE
1. Que les hommes accèdent à la connaissance de leur
Créateur, qu’enfin ils consentent à l’adorer dignement et à le
vénérer ! Rédige donc cet écrit : non point comme le désirerait
ton cœur, mais comme le veut mon témoignage, témoignage de
Celui dont la vie n’a ni commencement ni terme ! Je n’ai pas
inventé cette vision, aucun homme non plus ne l’a imaginée.
C’est Moi qui ai décidé de tout, avant le début du monde. Je
connaissais l’homme par avance, avant même que je ne le
créasse. De même je prévoyais tout ce qui lui faisait défaut.
PREMIERE VISION : DIEU, ENERGIE D’AMOUR
2. Je suis l’énergie suprême, l’énergie ignée. C’est moi qui ai
enflammé chaque étincelle de vie. Rien de mortel en moi ne
fuse. De toute réalité je décide. Mes ailes supérieures englobent
le cercle terrestre car, par la sagesse, je suis l’ordinatrice
universelle. Vie ignée de l’essentialiste, Dieu est Intelligence,
comment aurait-il pu, dès lors, ne pas agir ? Par l’homme, il
assure l’épanouissement de toutes ses œuvres. Il le créa à son
image et à sa ressemblance afin d’inscrire en lui, avec fermeté et
mesure, la totalité des créatures. De toute éternité, la création de
l’homme était prévue en son conseil. Une fois son œuvre
achevée, il remit entre les mains de l’homme l’intégralité de la
création afin que celui-ci pût agir avec elle de la même manière
que Dieu l’avait façonné, lui. Ainsi donc, je suis serviteur et
soutien. Par moi, en effet, toute vie s’enflamme. Sans origine,
sans terme, je suis cette vie qui, identique, persiste, éternelle.
Cette vie est Dieu. Elle est perpétuel mouvement, incessante
opération, et son unité se montre en une triple énergie.
L’Éternité, c’est le Père ; le Verbe, c’est le Fils ; le Souffle qui
relie les deux, c’est l’Esprit Saint. Dieu a représenté cela dans
l’homme : il possède corps, âme et intelligence. Mes flammes
dominent la beauté des campagnes car la terre est la matière
grâce à laquelle Dieu façonna l’homme. Comme je pénètre les
eaux de ma lumière et comme l’eau, par son flux, pénètre la
terre entière, ainsi l’âme pénètre tout le corps. Si je dis que je
suis ardeur dans le soleil et la lune, c’est par allusion à
l’intelligence : les étoiles ne sont-elles pas semblables aux
innombrables paroles de l’intelligence ? Et mon souffle,
invisible vie, mainteneur universel, éveille l’univers entier à la
vie ; l’air et le vent en sont le symbole, ils maintiennent tout ce
qui pousse et mûrit, sans que rien ne s’écarte des données de sa
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13. Le repentir
« Le juste s’affermit dans ses voies, l’homme aux mains pures
redouble de force. » (Job 17, 9) L’homme qui aime la justice
tiendra le cap de la rectitude par la tension de son énergie, ainsi
celui qui demeure pur, loin de toute souillure, gagnera la
sainteté par ses œuvres. S’abstenant de ce qui est mal, il tourne
ses désirs vers ce qui plaît à Dieu jusqu’à ce qu’il acquière la
vie qui n’a pas de fin. Le juste s’empare de la sagesse : elle
réside dans la raison qui sait distinguer ce qui procure la vie ou
la mort, et enseigne les droits chemins. L’aveugle de cœur, fils
de l’appétit de la chair, ombrage la science pure en s’efforçant
d’accomplir ses volontés propres (et non les préférences de
Dieu). Il persiste dans l’aveuglement, jusqu’à ce qu’il prenne
conscience de ses blessures et renonce à lui-même, se
demandant où trouver encore une assise, puisqu’il s’est séparé
de Dieu.
L’âme, dont l’essence est vie, est un feu qui vit dans le corps,
et le corps réalise l’œuvre. Le corps ne peut se retenir d’agir
selon une double voie : selon le goût de la chair ou selon le
désir de l’âme.
(Par le repentir) la douleur saisit parfois le corps où l’âme se
cache, au point qu’il se met à rougir et à pleurer de ses actions
injustes. Il n’empêche que, souvent, le corps suit le goût de la
chair et résiste à l’âme, empêchant celle-ci d’atteindre les
sommets où elle sent Dieu, car le corps aveugle l’âme. Mais il
ne réussit cependant pas à la dominer, à empêcher que l’homme,
malgré le plaisir qu’il y trouve, ne souffre de ses péchés. Ce
repentir, jamais les mauvais esprits ne l’ont ressenti, ils en sont
furieux, incapables cependant de priver l’homme du repentir.
14. Les sept dons du Saint-Esprit
L’âme, du commencement à la fin de toute action, doit vénérer
avec un zèle égal les sept dons de l’Esprit Saint. Au
commencement de son action, elle accueille la sagesse, qu’elle
possède au terme de la crainte et conserve au milieu du
courage (force du cœur), elle se garde dans les choses célestes
p a r l’intelligence et le conseil et s’entoure dans les choses
terrestres de science et de piété : celles-ci doivent être
accueillies avec grand respect, car elles sont son soutien. Que
l’âme veille donc d’abord à s’ouvrir à la Sagesse pour se
refermer, au terme de son action, avec la timidité et la pudeur ;
que, dans l’intervalle, elle s’arme de fermeté grâce à la parure de
l’intelligence et du conseil, qu’elle se fortifie également par la
science et la piété. Le mouvement de l’âme raisonnable et
l’action du corps, selon ses cinq sens, suivent un seul et même
chemin, parce que l’âme ne meut pas le corps plus qu’il ne peut
accomplir, et que le corps n’œuvre que selon ce que l’âme met
en mouvement. Les différents sens, eux, ne se séparent pas l’un
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terre avec le Fils de Dieu, et c’est encore eux qui
l’accompagnèrent, quand il rejoignit le ciel. L’amour brûle dans
l’ardeur des cieux comme la pourpre, et l’humilité, dans la
candeur de la droiture, écarte toute souillure de la terre.
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sur l’harmonie. Il y revient souvent : « Dieu est Harmonie », dit-
il en parlant de la Trinité ; il parle d’un « retour à l’harmonie
primordiale », « d’hymne à la louange de Dieu », de « danse
avec les anges » ; comme Hildegarde, dans sa cosmologie il
évoque l’harmonia mundi et dans son anthropologie
l’harmonia hominis. Pour lui, la vertu est harmonie et il la
compare au chant polyphonique ; dans sa mystique, il présente
l’amour comme la force qui met l’âme en symphonie avec Dieu,
une idée que l’on retrouve chez Hildegarde : « Avec harmonie,
l’amour donne à toute chose sa juste mesure… » (LVM 2e
vision)
Grégoire utilise l’idée d’harmonie de deux façons. La
première est métaphysique : il parle d’ordre, de beauté, de liens
entre les différentes réalités et utilise pour cela des expressions
philosophiques. La seconde est plus musicale : il intègre dans
une vision théologique chrétienne des thèmes de l’art grec :
mousichè, harmonia, choreìa. Cependant, quand les
théologiens parlent d’une « théologie de la Musique » chez
saint Grégoire (Marrou), ils envisagent la musique dans un sens
plus platonique que réel. Ce thème de l’harmonie est, en effet,
ancien. Il est développé dans la philosophie grecque, en
particulier par les néoplatoniciens ; on trouve chez les
péripatéticiens l’idée des facultés de l’âme, donc de la vertu,
comme harmonie, ou celle de l’harmonie du monde, que
reprend Grégoire dans le traité De hominis opificio. Mais
Grégoire va plus loin que ses prédécesseurs : une sensibilité
particulière pour l’art musical et l’esthétique transparaît, surtout
quand il médite sur la création et sur l’homme comme image de
Dieu : certains passages du traité Sur les titres des Psaumes
font découvrir, au-delà de la signification de l’harmonie comme
union, ordre, beauté ou système de liens, une véritable
théologie de l’harmonie musicale.
Hildegarde est, elle aussi, une passionnée d’harmonie, mais à
la différence de Grégoire, elle ne se contente pas de théorie, elle
compose. Non seulement ses livres de visions sont jalonnés de
références à l’harmonie, mais, par des répons, des antiennes ou
des œuvres liturgiques, elle a transmis la musique céleste
qu’elle recevait dans son inspiration, selon le témoignage de
son secrétaire, Guilbert de Gembloux, qu’Odon de Soisson
confirme :
« On raconte que, ravie en extase, tu contemples et racontes, au travers
des écritures, de nombreuses visions d’éternité, et que toi, qui n’as pas
appris la musique, tu composes des chants sur des mélodies nouvelles. »
(Ep. I, XL)
En 1150, elle compose un drame liturgique intitulé Ordo
Virtutum, qui comporte 82 mélodies et met en scène les
tiraillements de l’âme entre le démon et les vertus. De plus, sa
Symphonie des harmonies célestes regroupe 77 chants, écrits
sur ses propres poèmes religieux, destinés à être chantés par les
sœurs lors des messes et des cérémonies liturgiques. Cette
« Symphonie » comprend des hymnes, des séquences, des
antiennes, des répons, un kyrie et un alléluia. Deux manuscrits
originaux de cette musique nous sont parvenus : le
Dendermonde Codex et le Riesencodex à Wiesbaden, en
Allemagne. À eux deux, ils contiennent les 77 chants de la
Symphonia et l’Ordo virtutum.
2. L’harmonie du Psautier, chez Grégoire et Hildegarde
Le traité Sur les titres des Psaumes a sans doute été écrit
durant l’exil de Grégoire, entre 376 et 378. Il est dédié à un ami
qui lui avait demandé d’expliquer le sens de ces titres. Grégoire
évite de les commenter mot à mot et tente de donner un sens
mystique au Psautier dans son ensemble. Ce n’est donc pas une
œuvre d’exégèse, mais de spiritualité. Il ne donne pas seulement
une signification spirituelle aux titres, comme d’autres l’ont fait
avant lui (Origène, Eusèbe), mais recherche le but du psautier,
son utilité pour la vie spirituelle ; il y découvre un guide pour la
perfection. Il y voit un ordre précis selon une progression qui
conduit de psaume en psaume, en un itinéraire spirituel qui
s’achève, avec le psaume 150, par la participation à la vie
divine. Puisque les psaumes sont faits pour être chantés, la
transmission de cet enseignement se fait à travers le chant ;
Grégoire se demande donc quel est le sens des indications
musicales présentes dans les titres. Avec Basile de Césarée, il
constate que le chant favorise la mémorisation d’un contenu qui
écarte du mal et conduit vers le bien. Il permet ainsi d’acquérir
la vertu à travers un certain plaisir des sens qui rend l’effort
plus doux. De plus, le chant lui-même procure une joie
ineffable d’origine divine.
Huit siècles plus tard, Hildegarde, pour qui la musique est un
élément vital d’enseignement et de transmission de la vie
spirituelle, donne, elle aussi, une exposition de sa propre
conception du chant des psaumes, en parfaite harmonie avec
celle de Grégoire. Lorsqu’au terme de sa vie, elle voit son
monastère frappé d’interdit par les prélats de Mayence (c’est-à-
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jeu » de la liturgie de prise de voile lors de la consécration des
moniales. En réalité, la représentation des vertus face aux
tentations du diable par une savante composition de gestes, de
musique et de paroles a une valeur universelle et constitue une
véritable thérapie dans la ligne de l’enseignement des Pères :
Hildegarde soignait moralement et physiquement ses moniales
grâce au chant.
La vertu est aussi présentée comme musique de l’âme dans la
13e vision du Scivias :
« La musique, comme la voix d’une multitude, chantait en harmonie pour
encourager les vertus à aider l’homme et pour s’en prendre aux
machinations du diable qui le combattent, pendant que les vertus
dominaient les vices et que les hommes, sous l’inspiration divine,
revenaient enfin à la pénitence. »
La même pensée est reprise dans une lettre à l’Abbé Kuno :
« Ô homme, pourquoi dors-tu lors du récital délicieux des bonnes œuvres
qui résonnent devant Dieu, tel un concert ? Pourquoi ne renonces-tu pas à
ta concupiscence débridée en examinant la demeure de ton cœur ? » (Ep,
I, LXXIV, p. 161)
Dans la septième vision du Livre des Œuvres divines, on
trouve un passage qui met en jeu les hommes vertueux comme
assurant les diverses parties d’un grand concert :
« Les cithares évoquent les récompenses de la voie dure et étroite qui
conduit à la vie ; les orgues, la multiplicité des vertus qui se révèlent dans
le cœur de ceux dont la louange s’élève vers Dieu. Le concert de ces
instruments résonne comme un doux tonnerre… Ceux qui exercent leur
ministère d’enseignement résonnent des flûtes de la sainteté, faisant
pénétrer le chant de la justice dans le cœur de l’homme par la voix de leur
raison. La Parole s’exprime à travers eux et résonne, elle est perçue et se
répand aussi loin qu’elle est audible. De même que la flûte donne de la
force à une voix juste, de même la crainte et l’amour de Dieu multiplient
parmi les hommes la voix des docteurs, qui rassemble les croyants.
D’autres hommes, au son de la cithare, adressent à Dieu leur louange
qu’aucune science humaine ne peut expliquer. D’autres encore
rassemblent d’innombrables vertus par les préceptes divins, ils militent
dans l’humilité, reine des vertus : l’instrument dont ils jouent, c’est
l’orgue… Aucune persécution ne peut les débusquer : ils jettent l’orgueil
aux enfers, héritage des esprits arrogants. Ceux qui militent dans
l’humilité dominent l’enfer. De même que toutes les harmonies de l’orgue
servent à la louange, ainsi Dieu unit la louange des hommes (humbles) à
celle des anges. »
Le Livre des Mérites de la Vie, à son tour, utilise souvent des
images musicales pour décrire les vertus. On trouve dans la
Finale du livre :
« C’est dans l’homme que Dieu a parachevé tous ses ouvrages. Quand
l’homme se tourne vers la vie spirituelle, il ressemble à un animal qui
court vers son maître. Ainsi il porte tout dans sa chair, quand il domine en
lui-même ce qui est terrestre : c’est pourquoi on l’appelle l’étendard de
l’harmonie céleste. »
Plusieurs vertus s’expriment et termes musicaux :
L’Aspiration aux choses du ciel :
« Moi, je suis la vie de toutes les bonnes œuvres et le collier de toutes les
vertus… Je ne cherche… rien d’autre que ce qui est saint, je suis la cithare
de la joie. Je suis du ciel en toute chose. »
La Vigueur déclare :
« L’homme engourdi ne craint pas Dieu et ne L’aime pas parce qu’il ne Le
sent pas dans la crainte, n’est pas en harmonie avec Lui dans l’amour, ne
travaille pas à ses œuvres et ne Le prie pas en son âme. »
L’Abstinence dit :
« Quand les cordes d’une cithare sont abîmées, quel son en sort-il ? Tu
remplis tellement ton ventre que tes veines sont malades jusqu’à la folie,
où est alors le doux son de la sagesse que Dieu a donnée à l’homme ?…
Moi, je suis comme une cithare qui résonne de toutes les louanges et perce
la dureté du cœur par sa bonne volonté : quand un homme nourrit son
corps avec modération, je résonne comme une cithare au ciel, et quand il
est sobre et chaste, je suis comme une musique d’orgue. »
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contemporains. Les autres œuvres qui sont attribuées à la sainte
Abbesse sont une application pratique de cette anthropologie
dans des domaines concrets. Prenons l’exemple de la musique :
Hildegarde, connaissant la structure de l’homme, sait que la
musique, perçue par l’ouïe, influe directement sur l’âme
humaine et que l’on ne peut pas écouter n’importe quoi sans en
être contaminé intérieurement. Car tout ce qui entre en l’homme
par les sens informe et transforme son âme. Elle-même a
entendu l’harmonie céleste et la cacophonie infernale, et elle en
a vu les effets. Il est facile de comprendre alors les ravages que
font certains rythmes et certains accords sur les personnes qui
s’en abreuvent ou que l’on matraque à longueur de journée :
rien n’est innocent. Face à cela, Hildegarde propose d’abord le
silence, comme « musique » fondamentale de l’âme et, pour la
liturgie et la vie commune, une musique qui fait du bien, « écho
des harmonies célestes ». Elle propose même à ses filles d’en
devenir actrices et non pas seulement auditrices, afin de sortir
des passivités pour faire jaillir les capacités intérieures propres
à chacun : celui qui chante ou joue d’un instrument participe
avec tout son être à la musique qu’il diffuse. Il en va de même
dans les soins du corps : qui s’applique à un régime alimentaire
sain, prépare lui-même sa nourriture, veille à utiliser les
aliments et les plantes aromatiques utiles à sa santé, ne se
contente plus de manger : il entre dans une dynamique de
« prendre soin » qui implique toute sa personne, il nourrit son
être. Il ne respecte plus des interdits alimentaires et ne se laisse
pas mener par sa convoitise, mais regarde la nourriture comme
partie intégrante de sa vie. On dépasse ici la notion de
gourmandise ou de goinfrerie pour entrer dans une vision
complète de la personne transformant l’univers. Encore faut-il
ne jamais oublier que tout cela n’a de sens que si l’on garde
présent le but à atteindre : une meilleure disponibilité à Dieu et
à sa loi d’amour.
Hildegarde est donc une contemplative qui conduit à l’action :
beaucoup de gens disent aimer le football parce qu’ils regardent
les matchs à la télévision. Ils n’aiment pas le football ! Ils
aiment, confortablement installés dans un fauteuil, regarder et
critiquer d’autres qui, eux, jouent. Celui qui s’engage dans une
équipe aime vraiment le sport, car il en est acteur. Ainsi en est-
il de la vie spirituelle : Hildegarde veut faire de nous des
acteurs, dans toutes les dimensions de l’existence, et non des
critiques passifs et sans détermination qui ne se remettent
jamais en cause. C’est pourquoi les livres de visions, déjà
porteurs de nombreuses indications pratiques, sont
heureusement complétés par les autres écrits : lettres, poésies et
chants, traités sur les plantes ou autres qui sont une mise en
œuvre de la vie spirituelle dans la vie quotidienne. À une
époque où l’on redécouvre l’importance de l’expérience, des
travaux pratiques, de la « motivation » et de la participation aux
bénéfices dans la vie professionnelle, cette éducation à la vie
spirituelle par l’« implication » est essentielle.
UN MODE DE CONNAISSANCE A REDECOUVRIR
Hildegarde, guidée par « la lumière vivante », est témoin de ce
qui s’accomplit dans l’éternité. Les hommes de notre époque
vivent enfermés dans le temps qui passe, le fameux Chronos qui
dévore ses enfants. Ils jugent et décident en fonction des
événements, des réussites et des échecs, des modes et des
opinions ; prétendant tenir tout sous contrôle, ils sont
incapables de diriger leur propre vie, ils sont progressivement
« mangés » par l’âge et laissent à d’autres le soin de guider à
l’aveuglette la barque de l’humanité… La société de
consommation consomme même ses consommateurs…
Hildegarde nous fait entrer dans un autre registre, celui d’une
réalité présente au cœur de l’homme, un monde dont la porte est
en chacun, une fenêtre ouvrant sur un horizon bien plus vaste
que celui qui nous entoure. Un monde qui est plus réel que le
visible, le matériel auquel nous limitons la réalité. Les Grecs
appelaient cela le Kairos, l’instant d’éternité qu’il faut saisir à
l’intérieur du quotidien, et que saint Paul nomme « la plénitude
des temps » (Ga 4, 4). C’est le domaine de la vie intérieure,
infiniment plus riche que celui de la vie extérieure, le lieu de
paix, en chacun, où se produit la rencontre avec Dieu. Jésus
résume son Évangile en quelques mots : « Les temps sont
accomplis, le royaume de Dieu s’est approché de vous » (Mc
1, 15) et il ajoute : « Il est au-dedans de vous » (Lc 17, 21).
L’Abbesse visionnaire a tenté, lorsqu’elle sortait de cet univers
où elle était souvent plongée par grâce, d’en transmettre
quelque chose. Cela nous vaut une œuvre éblouissante, unique,
géniale. Elle a utilisé pour cela les supports que lui offrait la
civilisation du XIIe siècle : la littérature, bien sûr, mais aussi la
musique, la médecine, la correspondance, l’homélie, les
miniatures, l’architecture, etc. Pas un de ces domaines qu’elle
n’ait imprégné d’une vie qui dépasse les talents ordinaires de
l’homme. Le souffle qui traverse l’œuvre d’Hildegarde est
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À la Vierge Marie
1. Lettre de Jean-Paul II
au cardinal Hermann Volk, évêque de Mayence,
à l’occasion du 800e anniversaire
de la mort de sainte Hildegarde
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seulement réfléchir sur la Parole, mais également la lire de
façon juste. Tout comme à l’école rabbinique, chez les moines,
la lecture accomplie par l’un d’eux est également un acte
corporel. « Le plus souvent, quand legere et lectio sont
employés sans spécification, ils désignent une activité qui,
comme le chant et l’écriture, occupe tout le corps et tout
l’esprit », dit à ce propos Dom Leclercq (ibid., p. 21).
Il y a encore un autre pas à faire. La Parole de Dieu elle-même
nous introduit dans un dialogue avec Lui. Le Dieu qui parle
dans la Bible nous enseigne comment nous pouvons Lui parler.
En particulier, dans le Livre des Psaumes, il nous donne les
mots avec lesquels nous pouvons nous adresser à Lui. Dans ce
dialogue, nous Lui présentons notre vie, avec ses hauts et ses
bas, et nous la transformons en un mouvement vers Lui. Les
psaumes contiennent en plusieurs endroits des instructions sur
la façon dont ils doivent être chantés et accompagnés par des
instruments musicaux. Pour prier sur la base de la Parole de
Dieu, la seule labialisation ne suffit pas, la musique est
nécessaire. Deux chants de la liturgie chrétienne dérivent de
textes bibliques qui les placent sur les lèvres des Anges : le
Gloria qui est chanté une première fois par les Anges à la
naissance de Jésus, et le Sanctus qui, selon Isaïe 6, est
l’acclamation des Séraphins qui se tiennent dans la proximité
immédiate de Dieu. Sous ce jour, la Liturgie chrétienne est une
invitation à chanter avec les anges et à donner à la parole sa
plus haute fonction. À ce sujet, écoutons encore une fois Jean
Leclercq : « Les moines devaient trouver des accents qui
traduisent le consentement de l’homme racheté aux mystères
qu’il célèbre : les quelques chapiteaux de Cluny qui nous aient
été conservés montrent les symboles christologiques des divers
tons du chant. » (cf. ibid., p. 229)
Pour saint Benoît, la règle déterminante de la prière et du
chant des moines est la parole du Psaume : Coram angelis
psallam Tibi, Domine – « en présence des anges, je veux te
chanter, Seigneur » (cf. Ps 138, 1). Se trouve ici exprimée la
conscience de chanter, dans la prière communautaire, en
présence de toute la cour céleste, et donc d’être soumis à la
mesure suprême : prier et chanter pour s’unir à la musique des
esprits sublimes qui étaient considérés comme les auteurs de
l’harmonie du cosmos, de la musique des sphères. Les moines,
par leurs prières et leurs chants, doivent correspondre à la
grandeur de la Parole qui leur est confiée, à son impératif de
réelle beauté. De cette exigence capitale de parler avec Dieu et
de Le chanter avec les mots qu’Il a Lui-même donnés est née la
grande musique occidentale. Ce n’était pas là l’œuvre d’une
« créativité » personnelle où l’individu, prenant comme critère
essentiel la représentation de son propre moi, s’érige un
monument à lui-même. Il s’agissait plutôt de reconnaître
attentivement avec les « oreilles du cœur » les lois constitutives
de l’harmonie musicale de la création, les formes essentielles de
la musique émise par le Créateur dans le monde et en l’homme,
et d’inventer une musique digne de Dieu qui soit, en même
temps, authentiquement digne de l’homme et qui proclame
hautement cette dignité.
Enfin, pour s’efforcer de saisir cette culture monastique
occidentale de la parole, qui s’est développée à partir de la
quête intérieure de Dieu, il faut au moins faire une brève
allusion à la particularité du Livre ou des Livres par lesquels
cette Parole est parvenue jusqu’aux moines. Vue sous un aspect
purement historique ou littéraire, la Bible n’est pas un simple
livre, mais un recueil de textes littéraires dont la rédaction
s’étend sur plus d’un millénaire et dont les différents livres ne
sont pas facilement repérables comme constituant un corpus
unifié. Au contraire, des tensions visibles existent entre eux.
C’est déjà le cas dans la Bible d’Israël, que nous, chrétiens,
appelons l’Ancien Testament. Ça l’est plus encore quand nous,
chrétiens, lions le Nouveau Testament et ses écrits à la Bible
d’Israël en l’interprétant comme chemin vers le Christ. Avec
raison, dans le Nouveau Testament, la Bible n’est pas de façon
habituelle appelée « l’Écriture », mais « les Écritures » qui,
cependant, seront ensuite considérées dans leur ensemble
comme l’unique Parole de Dieu qui nous est adressée. Ce
pluriel souligne déjà clairement que la Parole de Dieu nous
parvient seulement à travers la parole humaine, à travers des
paroles humaines, c’est-à-dire que Dieu nous parle seulement
dans l’humanité des hommes, et à travers leurs paroles et leur
histoire. Cela signifie, ensuite, que l’aspect divin de la Parole et
des paroles n’est pas immédiatement perceptible. Pour le dire
de façon moderne : l’unité des livres bibliques et le caractère
divin de leurs paroles ne sont pas saisissables d’un point de vue
purement historique. L’élément historique se présente dans le
multiple et l’humain. Ce qui explique la formulation d’un
distique médiéval qui, à première vue, apparaît déconcertant :
Littera gesta docet – quid credas allegoria… (cf. Augustin de
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Table des matières
Couverture
4e de couverture
Ouvrages du même auteur aux Editions des Béatitudes
Copyright
Titre
Prière à l’Esprit Saint
Introduction - Hildegarde, prophète pour le troisième
millénaire
CHAPITRE 1 - Hildegarde et son temps
1. Rappels de la vie d’Hildegarde
2. L’œuvre de sainte Hildegarde
CHAPITRE 2 - Une vision intégrale de l’homme
1. L’unité de l’être humain
2. Le corps
3. L’âme, atelier de l’esprit
4. L’esprit, capable de Dieu
5. La maladie et la guérison : un appel à l’essentiel
6. Quelques textes
CHAPITRE 3 - La place de l’homme dans l’univers :
Énergie et énergies
1. Dieu comme Énergie personnelle
2. Les créatures spirituelles
3. Les énergies cosmiques
4. L’homme au centre de l’univers
5. Le Christ, Homme-Dieu, centre de l’univers
6. Médiums, magnétiseurs et autres…
CHAPITRE 4 - Le Scivias, les chemins de Dieu
1. La révélation et son approbation
2. Manuscrits
3. Le titre
4. Une « somme théologique en images »
5. Le plan du Scivias
6. Résumé du contenu
7. Extraits du Scivias
CHAPITRE 5 - Le Livre des Mérites de la Vie
1. Garder sa viridité
2. Vertus et vices
3. Un enseignement spirituel et non seulement moral
4. Une invitation au repentir et à la conversion
5. Le plan du livre
6. Extraits du Livre des Mérites de la Vie
CHAPITRE 6 - Le Livre des Œuvres divines
1. L’homme dans l’œuvre divine
2. Plan et contenu du livre
3. Extraits du Livre des Œuvres divines
CHAPITRE 7 - À la recherche de l’harmonie perdue, de
Grégoire de Nysse à Hildegarde de Bingen12
1. Une « pensée musicale » chez Grégoire de Nysse et
Hildegarde
2. L’harmonie du Psautier, chez Grégoire et Hildegarde
3. Quatre types d’harmonies
4. Le chrétien est musicien
En guise de conclusion
UNE VISION DE L’HOMME POUR LE TROISIEME
MILLENAIRE
UN MODE DE CONNAISSANCE A REDECOUVRIR
Quelques Antiennes d’Hildegarde de Bingen
Prières de sainte Hildegarde
Appendice : documents
Chronologie
BIBLIOGRAPHIE
Table des matières
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