Feuilletage
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Feuilletage
de
biologie
moléculaire
Cours + QCM/QROC
Abderrahman Maftah
Professeur à l’université de Limoges
Jean-Michel Petit
Professeur à l’université de Limoges
Raymond Julien
Professeur émérite à l’université de Limoges
4e édition
9782100773688-Livre.fm Page II Dimanche, 22. octobre 2017 5:00 17
Les illustrations de cet ouvrage ont été réalisées par Sébastien ARICO.
Directeur d’ouvrage
Raymond JULIEN
IV Biologie moléculaire
3 La transcription de l’ADN 75
3.1 Les mécanismes de la transcription 75
Les ARN polymérases 75
Les différentes étapes de la transcription 77
3.2 La transcription chez les bactéries 78
Les promoteurs bactériens 78
Le démarrage de la transcription 79
La phase d’allongement 79
L’arrêt de la transcription 81
9782100773688-Livre.fm Page V Mercredi, 15. novembre 2017 6:13 18
VI Biologie moléculaire
Glossaire 249
Index 259
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1 Structure
de l’ADN
et de l’ARN
H H
O
N
N C N C
7 6 7 C5 6
C5 1 N 1 N H
H C 8 H C 8
4 2 4 2
9 C 3 C H
9 C 3 C
N N N N N H
H
Adénine Guanine
(6 aminopurine) (2 amino, 6 oxopurine)
H H
N O
H C H3C C H
4 4
C5 3 N C5 3 N
2
C6 1
2
C C6 1 C
O O
H N H N
Cytosine Thymine
(2 oxo, 4 aminopyrimidine) (5méthyl-uracile)
H H
O
N
H 3C C H C H
4 4
C5 3 N C5 3 N
6 2 6 2
C 1 C C 1 C
O O
H N H N
5 méthyl-cytosine Uracile
(2,4 dioxopyrimidine)
Figure 1-1 Structures chimiques des bases puriques (Adénine, Guanine) et des
bases pyrimidiques (Cytosine, Thymine, Uracile) des acides nucléiques ADN et ARN.
Des formes méthylées peuvent aussi être rencontrées (5-méthyl cytosine).
3' C C 2' C C
H H 3' 2'
H H
OH OH OH H
β-D-ribose β-D-désoxyribose
Figure 1-2 Les deux pentoses respectifs de l’ARN et de l’ADN.
H H
N
N C
- - O- H
7
C5 6
N
O O 1
- γ β α H C 8
O P O P O P O C H 4 2
5' 9 C 3 C
O O O O H
N N
4' C C 1'
H H
H
3'
C C 2'
OH H
Base (A)
Désoxyribonucléoside (dA)
a) O- H O- H
O O
P O C H P O C H
5' O A O-
5' O A
O-
C H C H H C
H C
H H
3' C C 3' C C
H H
O H O H
O O
P O C H P O C H
5' O T O-
5' O T
O-
C H C H H C
H C
H H
3' C C 3' C C
OH H H
POLYMÉRASE O H
O
P O C H
O-
5' O C
O- O- O- H
γ
-O P O P β O Pα O C H
C H H C
5' O C H
O O O 3' C C
4' C H H C1' OH H
H
3' C C2' O- O-
γ
OH H + - O P O Pβ O -
O O
pyrophosphate
b) A T C A C
T
3' 3' 3' POLYMÉRASE 3' 3' 3'
P
P
P P OH P OH P P P OH
O O
pyrophosphate
Figure 1-4 Principe de la formation d’un brin d’ADN par la polymérisation des
nucléotides. Noter que le brin matrice qui est normalement copié n’est pas ici
représenté. a) représentation développée ; b) représentation simplifiée.
Dans l’ARN, l’ose étant un ribose (Fig. 1-2), les nucléotides sont
des ribonucléosides monophosphates. Dans l’ARN, l’uracile remplace
la thymine. Dans l’ADN, la cytosine peut être méthylée sur le
carbone 5 pour donner la 5-méthyl-cytosine (Fig. 1-1). Les cytosines
méthylées sont souvent présentes dans des régions de séquences ADN
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0,29 nm
7
8
5 4
0,30 nm
6 5 9
6 C 3 1
G 4
1 2 2 3
0,29 nm
1,08 nm
0,28 nm
7
8
5 4 0,30 nm 6 5 9
6
1
T2 3 1 A 4
2 3
1,11 nm
Bases (%)
Origine de l’ADN (A+T)/(G+C) (A+G)/(T+C) %GC
A G C T
Bactériophage T7 26,0 23,8 23,6 26,6 1,11 0,99 47,4
a) Extrémité 3'
Extrémité 5'
H OH
3'
O- 5' O-
O
O O
P O CH2 O H2C O P
O- O
H
H
O O-
O O O
P O CH2 O H2C O P
O- O
H
H
O O-
O O O
P O CH2 O H2C O P
O- O
H
H
O O-
O O O
P O CH2 O H2C O P
5'
O- O-
3'
OH H
Extrémité 5'
Extrémité 3'
Extrémité 3'
b) Extrémité 5'
P HO
3' 3'
5' 5'
P P
3' 3'
5' 5'
P P
3' 3'
5' 5'
P P
3' 3'
5' 5'
HO P
Extrémité 5'
Extrémité 3'
Figure 1-6 Structure des appariements complémentaires de deux brins anti-
parallèles d’ADN. a) Représentation développée ; b) représentation simplifiée.
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L’association des deux brins par des liaisons hydrogène génère une
contrainte physique qui impose à l’ensemble l’adoption d’une struc-
ture en double hélice (Fig. 1-7). Dans le modèle original, proposé
par James Watson et Francis Crick en 1953, la double hélice a un
diamètre de 2 nm et présente deux périodicités. La première de 0,34 nm,
correspond à la distance séparant deux plateaux de bases appariées.
La seconde de 3,4 nm correspond au pas de l’hélice qui couvre une
longueur de 10,5 plateaux de bases (Fig. 1-7). À la surface de la molé-
cule d’ADN, les deux brins torsadés ménagent deux sillons hélicoïdaux
de largeur différente, un sillon majeur ou grand sillon et un sillon mineur
ou petit sillon (Fig. 1-7). Ces deux sillons, tout particulièrement le
grand sillon, exposent de nombreux groupes chimiques avec lesquels
interagissent dans les conditions physiologiques de la cellule des
protéines dites de liaison à l’ADN. Ces protéines jouent des rôles de
régulation de l’expression de l’information génétique portée par la
séquence en bases proprement dite (voir chap. 5).
0,34 nm Sillon
majeur
(1,2 nm)
3,54 nm
Sillon mineur
(0,6 nm)
2,37 nm
Sens d'enroulement
Sens de l'enroulement
2,53 nm
11 paires de
bases par 3,54 nm
tour d'hélice 10,4 paires de
bases par 4,56 nm
tour d'hélice 12 paires de
bases par
tour d'hélice
2,55 nm
2,37 nm
1,84 nm
a)
dénaturation renaturation
(chaleur, urée) (baisse T°)
Absorbance de l'ADN à 260 nm
ADN monocaténaire
b)
100
(unités arbitraires)
Dénaturation (%)
50
ADN
bicaténaire
Tm Température (°C)
Tm = 69,3 + 0,41(% G + C)
Teneur en bases G+C (%)
100
c)
80
60
E.coli B
40
Homme
20 Tetrahymena
0 Tm (°C)
70 80 90 100 110
Plus un ADN est riche en bases G et C qui sont appariées par des
triples liaisons hydrogène, plus grande sera l’énergie nécessaire pour
les rompre et plus élevée sera la température de fusion. À l’inverse, un
ADN riche en bases A et T liées par seulement deux liaisons hydro-
gène, aura une température de fusion plus basse. La présence d’ions
ou d’agents déstabilisants (urée ou formamide) peut modifier la Tm.
La teneur globale en bases G+C est une caractéristique variable suivant les grands
groupes d’organismes (Fig. 1-9 c). Cela ne préjuge pas cependant de la distribution
des paires AT et GC, souvent irrégulière, tout au long de la séquence.
Dans certaines conditions expérimentales, les deux brins de l’ADN
dissocié peuvent se réassocier et former à nouveau une double hélice.
Le phénomène s’observe lors d’un refroidissement lent de la solution
d’ADN préalablement chauffée (Fig. 1-9 a). Il est exploité pour réasso-
cier des brins d’ADN d’origine différente. On parle d’hybridation molé-
culaire, et cette propriété est largement exploitée dans la recherche de
séquences particulières dans l’ADN d’espèces différentes ou dans le
génome d’une même espèce. Des duplex hybrides peuvent aussi se
former de cette manière avec l’ARN et cette propriété est largement
exploitée expérimentalement. La dissociation thermique de l’ADN suivie
de sa réassociation par refroidissement est une étape de base utilisée dans
la réaction de polymérisation en chaîne (voir chap. 6).
Topoisomérases
a) b)
ADN Histone H1
c)
Queues
N-terminales
ADN
2 x H2A
2 x H2B
2 x H3
Octamère
d'histones 2 x H4
Nucléosome
ADN
Octamère
d'histones
ADN
internucléosomique
(20 - 60 pb)
Histone H1
Octamère Histone H1
d'histones
ADN
Le modèle présenté à la Figure 1-13 malgré ses vertus pédagogiques donne une
vision trop simpliste de l’organisation tridimensionnelle de la chromatine et des
chromosomes. En effet, de récentes analyses biophysiques très performantes
(tomographie par microscopique électronique, cryo-microscopie électronique,
diffraction des rayons X aux petits angles) montrent que les chromosomes sont plus
élastiques que ne laisse supposer le schéma présenté et surtout que l’ADN y
contribue autant que les protéines. Ces analyses excluent la possibilité que les chro-
mosomes soient construits à partir d’un improbable échafaudage protéique ; ils
posséderaient plutôt les propriétés d’une tresse d’ADN et de protéines. Les observa-
tions indiquent que les fibres de chromatine s’entrecroisent et sont à de fréquents
intervalles liées entre elles par un complexe protéique de condensine jouant le rôle
de liant. Par ailleurs, ni la fibre de 30 nm ni aucune autre organisation hiérarchique
n’est observée avec ces techniques modernes. La structure la plus probable serait
donc celle d’une chaîne de nucléosomes dont l’auto-organisation serait modulée
grâce aux seules contraintes imposées par le complexe protéique de la condensine.
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Nucléosomes formant
11 nm une structure en
« collier de perles »
Fibre compactée de
chromatine de 30 nm
de diamètre.
Structure en solénoïde
(6 nucléosomes/tour)
Filament de 300 nm
de diamètre.
Domaine en boucles
Support protéique
Filament superenroulé
de 700 nm de diamètre
Chromosome
métaphasique condensé
(1 400 nm)
Il est essentiel qu’un seul centromère soit présent par chromosome. Dans le cas
contraire, il en résulte des cassures, des pertes ou des duplications de chromosomes
dont les conséquences sont généralement graves.
Les télomères sont des séquences particulières localisées aux deux
extrémités du chromosome. Elles sont reconnues par des protéines
spécifiques qui protègent le chromosome des événements de recom-
binaison ou de dégradation, typiques des extrémités ADN libres. À
l’endroit des télomères se trouve une origine de réplication parti-
culière reconnue par une ADN polymérase spéciale, la télomérase,
qui réplique un certain nombre de fois la séquence correspondante
(voir chap. 2).
La duplication du chromosome puis sa ségrégation s’opèrent dans
des phases distinctes du cycle cellulaire. On distingue dans l’ordre
4 phases : G1, S, G2 et M (Fig. 1-14).
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a) Mitose
Ségrégation des
chromatides soeurs
Entrée en
M
Ségrégation des quiescence
G2
chromosomes en
préparation
S G1
Duplication
de l'ADN
b)
2Q
Quantité d'ADN
G1 S G2 M
Temps
Interphase
Interphase
Plantes
Oiseaux
Mammifères
Reptiles
Amphibiens
Poissons osseux
Poissons cartilagineux
Echinodermes
Crustacés
Insectes
Mollusques
Vers
Moisissures
Algues
Champignons
Bactéries Gram+
Bactéries Gram–
Mycoplasmes
102 103 104 105 106 107 108
(en kb)
Figure 1-15 Quantité d’ADN présent dans les génomes de différents groupes d’organismes.
Structure Nombre
Génome Groupe Taille (kb)
du génome de gènes
Eucaryotes :
Saccharomyces Levures 13 500 (L) 6 000
cerevisae
Caenorhabditis Nématode 100 000 (L) 13 500
elegans
Arabidopsis Plante 120 000 (L) 25 000
thaliana
Homo sapiens Humain 3 000 000 (L) 22 000
Procaryotes :
Escherichia coli Bactérie 4 700 (C) 4 000
Haemophilus Bactérie 1 830 (L) 1 703
influenza
Methanococcus Bactérie 1 660 (L) 1 738
jannaschii
Virus :
Virus T4 Virus 172 (L/C) 300
bactérien
HCMV (virus Virus 229 (L) 200
de l’herpès) eucaryote
Organites
Mitochondrie Levure 78 (C) 34
de S. cerevisae
Mitochondrie Humain 17 (C) 37
de H. sapiens
Chloroplaste Plante 121 (C) 136
Les épigénomes. La notion d’épigénome est une réponse, partielle sans doute, à la
question fondamentale posée en particulier chez l’homme : pourquoi les cellules d’un
individu diffèrent-elles d’un tissu à l’autre (et parfois au sein d’un même tissu), alors
qu’elles ont toutes le même génome nucléaire ?
Concrètement le terme « épigénome » désigne l’ensemble des marques (ou modifica-
tions chimiques) apposées sur les principaux constituants du génome (ADN et
histones) sans modification de la séquence en bases de l’ADN. Ces marques dites