Les Cancers de L'Intestin Grêle Au Chu de Lomé (Togo) A Propos de 8 Cas Observes en 10 Ans
Les Cancers de L'Intestin Grêle Au Chu de Lomé (Togo) A Propos de 8 Cas Observes en 10 Ans
Les Cancers de L'Intestin Grêle Au Chu de Lomé (Togo) A Propos de 8 Cas Observes en 10 Ans
Pour chaque dossier nous avons étudié les paramètres été l’examen le plus couramment pratiqué. Elle a montré 4
suivants : l’âge, le sexe, les données cliniques et paraclini- fois des images caractéristiques d’une occlusion du grêle
ques, le traitement et l’évolution post-thérapeutique. (distensions gazeuses avec des niveaux hydro-aériques du
grêle).
RÉSULTATS
Le transit du grêle, examen de référence, a été pratiqué
1 - Aspects épidémiologiques chez 6 malades. Il a mis en évidence 5 fois une image d’ar-
rêt et une fois il n’était pas concluant.
a - Fréquence
Pendant la période d’étude 496 cas de cancers digestifs ont L’échographie abdominale, dans le cadre du bilan d’exten-
été observés, soit une fréquence de 1,6% pour le cancer de sion, n’a révélé qu’un cas de métastases hépatiques (diffu-
l’intestin grêle. ses).
b - Répartition selon le sexe et l’âge Le lavement baryté, demandé chez un seul malade, était
Le cancer du grêle a atteint 3 hommes (soit 37,5%) et 5 normal.
femmes (62,5%) dont l’âge moyen était de 41,75 ans
(extrêmes : 5 et 77 ans). Tableau II : Contribution des examens
Le tableau I répartit les tumeurs selon l’âge complémentaires au diagnostic et au bilan d’extension
2 - Aspects cliniques
4 - Siège et anatomie pathologique
Les circonstances de découverte ont dans 2 cas revêtu un
caractère aigu avec un tableau de péritonite par perforation L’examen macroscopique des pièces opératoires a montré :
de la tumeur. Dans les autres cas, existaient des manifesta- 4 tumeurs sessiles, 2 tumeurs infiltrantes, 2 tumeurs ulcéro-
tions cliniques chroniques réalisant un tableau subocclusif végétantes perforées.
ou un syndrome de Koenig.
La tumeur était unique dans 6 cas et multifocale dans 2 cas.
Tous nos malades ont présenté une baisse de l’état général Les tumeurs multifocales réalisaient dans un cas 3 tumeurs
et une déshydratation extra cellulaire. séparées sur l’iléon, et dans l’autre 4 foyers jéjunaux.
3 - Examens paracliniques On remarque sur le tableau III une relative fréquence des
adénocarcinomes sur le segment proximal de l’intestin
Les examens complémentaires pratiqués figurent au grêle et une prédilection des sarcomes pour la localisation
tableau II. La radio de l’abdomen sans préparation (ASP) a distale.
Tableau III : Siège et histologie des tumeurs des traitements immunosuppresseurs, les récidives sur
anastomose iléocolique après exérèse pour cancer sont
Histologie Siège Total rares. Expérimentalement des fragments de grêle inhibent
Jejunum Ileon la croissance d’autres tumeurs.
mais évocateurs d’un processus d’obstruction intestinale. hypothèse visant à incriminer la parasitose intestinale dans
Le polymorphisme clinique de la tumeur de l’intestin grêle la genèse de ce cancer.
est bien connu. En fait trois sortes de manifestations
révèlent habituellement la tumeur : 6 - Imagerie
1) Les manifestations cliniques progressives et aspéci- La radio de l’abdomen sans préparation (ASP) garde sa
fiques qui retardent le diagnostic. valeur dans les syndromes occlusif et perforatif.
- Les douleurs abdominales en rapport avec une N’étant pourvus ni de scanner ni d’artériographie, le transit
obstruction plus ou moins importante de la lumière baryté du grêle demeure pour nous l’examen de base en
intestinale (allant de simples phénomènes dyskiné- dehors d’une complication aiguë. Il nous a permis d’évo-
tiques douloureux au véritable syndrome de quer le diagnostic dans 5 cas sur 6. Mais la série de SETHI
KOENIG, très évocateur), les hémorragies digestives (13), relativise l’importance de cet examen : sur 34 tumeurs
minimes ou modérées, la constatation d’une masse du grêle opérées, 10% seulement ont pu être détectés par le
abdominale (plutôt rare et tardive). transit. Et, HOLLENDER (5), à partir d’une revue de la
- Le déclin de l’état général est parfois le seul symp- littérature, fait état d’une grande disparité dans la valeur
tôme chez une sujet amaigri, anémié et fébrile. Un diagnostique de cet examen : 12 à 50%.
syndrome de malabsorption peut aggraver la dénu-
trition. Une entéropathie exsudative avec stéatorrhée, Le lavement baryté, qui permet de visualiser la valvule de
créatorrhée, sans troubles de l’absorption des sucres Bauhin et l’iléon terminal, peut être utile dans le diagnostic
et des folates est aussi possible, liée à un blocage lym- des tumeurs situées sur ce segment intestinal.
phatique par la tumeur.
7 - Traitement
2) Les manifestations aiguës
Fréquemment révélatrices, elles peuvent revêtir 3 aspects : Notre attitude thérapeutique a été exclusivement chirurgi-
- Une occlusion aiguë du grêle par obstruction ou par cale par manque de moyen thérapeutique complémentaire.
invagination. En effet, si la chirurgie constitue la base du traitement des
- Une hémorragie intestinale massive et récidivante adénocarcinomes, la chimiothérapie et la radiothérapie ont
avec état de choc. L’association hémorragie-occlusion leur place dans le traitement des tumeurs lymphomateuses
paraît très rare (2% des cas pour RIVET (10). et sarcomateuses.
- Une perforation intestinale (peu fréquente) réalisant
soit un tableau de péritonite cloisonée, soit un tableau Aucune méthode de dérivation n’a été pratiquée dans notre
de péritonite généralisée. série. Cependant, certaines publications rapportent des cas
d’iléostomie et de dérivation interne court-circuitant la
3) Enfin, il est des formes asymptômatiques de tumeur (iléo-iléostomie, iléo-sigmoïdostomie).
découverte opératoire, qui suggèrent l’exploration systé- Le trop petit nombre de cas opérés et l’absence de suivi à
matique du grêle lors de toute laparotomie. long terme ne nous autorisent pas à faire des déductions
Citons l’éventualité d’une perforation de la tumeur dans un recevables en terme de mortalité et de survie. Le taux de
organe voisin, avec son cortège de signes d’emprunt pou- mortalité opératoire oscille généralement entre 8 et 37% (2,
vant égarer le diagnostic. 5) et la survie globale à 5 ans entre 14 et 31% (14). Ces
derniers chiffres recouvrent en fait des diversités fonctions
5 - Biologie du type histologique : 14% pour les sarcomes, 20 à 25%
pour les lymphomes, 20 à 30% pour les adénocarcinomes,
Ne disposant pas de marqueurs biologiques, nous nous 43 à 64% pour les carcinoïdes (1, 2, 5, 8, 14).
sommes contentés d’examens biologiques de routine
n’ayant aucune spécificité. Par ailleurs, la discordance CONCLUSION
entre la très grande fréquence des parasitoses intestinales et
la grande rareté du cancer du grêle en Afrique, écarte toute Les tumeurs malignes de l’intestin grêle posent des problè-
mes diagnostiques du fait de leur rareté et de l’absence de éventuellement associée à une radiothérapie, en cas de
signes cliniques spécifiques. Elles sont souvent des décou- lymphome.
vertes opératoires à l’occasion d’une complication aiguë. Leur pronostic à long terme encore réservé pourra s’amé-
liorer avec les traitements complémentaires. Malheureuse-
Le traitement de base est la résection emportant les gan- ment dans nos pays, ces thérapeutiques médicales complé-
glions satellites. Il est complété par une chimiothérapie, mentaires sont rarement disponibles.
BIBLIOGRAPHIE
1 - A.E. AWRICH, C.E. IRISH, R.M. VETTO, W.S. FLETCHER. 2 - B. DAI, A.G. GIUSTOZZI, S. ROHR, N. DE MANZINI, L.F.
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Surg. Gynecol. Obstet. 1980, 151 : 9-14. Lyon Chir. 1991, 87/4 : 301-303.