Archanges
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Manfred Krüger
Dans la conférence donnée par Rudolf Steiner, le 13 octobre 1923, sur les relations
réciproques des quatre Archanges des quatre saisons, le conférencier évoque
d’abord le “ signe du Macrocosme ” tel qu’il est médité dans le Faust de Goethe:
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Mouvement des forces célestes,
Glissant puis reprenant l’essor
En se transmettant les seaux d’or,
Votre aile, avec de tendres gestes,
S’élance du ciel à travers
La Terre, emplissant d’ambroisie
Et d’universelle harmonie
De proche en proche l’univers! ”
(Traduction de Jean Malaplate: “ Goethe: Faust I & II ”, Ed. Flammarion)
Ou bien dans la version de Gérard de Nerval: “ Comme tout se meut dans l’univers!
Comme tout, l’un dans l’autre, agit et vit de la même existence! Comme les puissances célestes
montent et descendent en se passant de mains en mains les seaux d’or! Du ciel à la Terre, elles
répandent une rosée qui rafraîchit le sol aride, et l’agitation de leurs ailes remplit les espaces
sonores d’une ineffable harmonie ”.
Aux environs de 1770, Goethe a pris connaissance de l’Opus magico cabbalisticum ” de
Georg von Welling. Ce livre renferme divers symboles de la Tradition occulte
relatifs au Macrocosme. On admet qu’il connaissait aussi le “ Fama Fraternitatis
R.C. ” dans lequel il est dit: “ Que vaut l’or, pour celui à qui la nature dévoile ses secrets, qui
ne se réjouit pas de pouvoir faire de l’or — ou bien comme dit le Christ — de mettre le diable à
son service, mais découvre plutôt les secrets du Ciel, et les Anges de Dieu qui s’élèvent et
descendent, et se réjouit d’avoir son nom inscrit dans le livre de la vie ”.
Ce “ signe du Macrocosme ” reste un pâle symbole pour Goethe, par contre, il
donna une forme concrète à l’Esprit de la Terre. L’Esprit de la Terre est une
véritable imagination de Goethe.
Rudolf Steiner ne se contente pas d’une référence à Goethe; il saisit l’opportunité
de cette imagination et la développe par la pensée. Le “ signe du Macrocosme ”
devient pour lui une imagination concrète, aussi soigneusement construite que
l’Esprit de la Terre.
L’Esprit de la Terre devient évident dans la changement des saisons: d’abord une
image unique. Rudolf Steiner contemple la Terre dans son processus sal, sulfur et
mercure, dans le processus de formation de la cendre, dans la polarité or-argent, dans
la nature calcaire et l’activité du fer — et cela constamment en rapport avec
chacune des entités archangéliques. Puis, en regard du “ signe du Macrocosme ”, tel
qu’il fut artistiquement élaboré par Goethe, il donne la vue d’ensemble par cette
immense imagination inspirée de l’activité des Archanges dans le cours de l’année.
Par cette activité imaginative-inspirative, l’esprit qui est en l’homme trouve un
chemin vers l’esprit qui est dans l’univers. C’est alors que se manifeste la vérité
suivante: ce qui est extérieur est intérieur. Comme la Tradition occulte l’a toujours
révélé. Mais Rudolf Steiner montre que l’extérieur au sein de l’intérieur est quelque
chose de tout différent. Un processus de combustion extérieure naturel doit être
différencié d’un processus de combustion à l’intérieur de l’être humain. L’extérieur
se comporte vis-à-vis de l’intérieur comme la mort vis-à-vis de ce qu’est la vie. Le
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rapport est déterminé par l’Archange qui mène les événements de la saison, de
manière telle que cette vérité vaut pour les mondes supérieurs: Extérieur comme
Intérieur — Au-dessus comme en dessous.
L’homme microcosme est un être vivant pénétré d’âme et d’esprit. Sa nature
s’enchevêtre dans le cours de l’année par les Êtres vivants pénétrés d’âme et
d’esprit que sont Gabriel, Raphaël, Uriel et Michaël, membres du Macrocosme.
Gabriel
C’est l’Archange du temps de Noël. Un Annonciateur: il annonce à la Vierge Marie
la naissance de l’Enfant Jésus. Après la naissance, il veillera à son alimentation.
Selon un recueil de versets religieux du Moyen Âge, on le désigne comme
“ l’Archange qui fait pousser les épis de Dieu ”. La fête de Noël représente la
fête de l’espoir, en même temps que la fête du souvenir de la “ chute ” de l’homme.
Elle commence le 24 décembre, avec la fête d’Adam et Ève au Paradis. Gabriel
chasse Adam et Ève du Paradis, en conséquence de la chute. Dans les jeux du
Paradis de Oberufer, il leur crie: “ je vous rappellerai à travers la nuit des temps! ”.
Pour cela, l’envoi du Fils était nécessaire. Sa naissance survint à Noël. Gabriel
apporte le Message: “ Ave Maria gratia plena, Dominus tecum ” [Salut à toi, Marie,
le Seigneur est avec toi!].
Auréolé des forces de la grâce, il apporte aussi le message aux bergers dans les
champs et il veille sur les Rois. Il protège la fuite en Égypte et maîtrise de cette
manière la totalité des événements de la naissance. Il est vraiment, à proprement
parler, l’Archange de la naissance physique.
Rudolf Steiner décrit la Terre, la manière dont au printemps, elle inspire et en hiver,
expire. Vue du Cosmos, elle apparaît telle un goutte de vif-argent (mercure). Il parle
des processus sulfur, mercure et sal en liaison avec le langage alchymique. En hiver, le
processus sulfur se retire complètement, remplacé par la formation de cendre et
sous le croûte de sel de la Terre, les forces de la Lune s’imposent et se chargent de
caractère terrestre par l’entremise de la cendre.
Au temps de Noël, la Lune s’unit à la Terre et la Terre devient Lune. Marie, la Mère
devient aussi Vierge lunaire. Rudolf Steiner insiste: elle devient Lune, “ afin qu’elle
soit à même d’accepter en Elle l’activité du Soleil ”. Le Fils est Soleil. De même que
l’activité de la Lune prendra un caractère terrestre, au travers de la formation de
cendre, ainsi le Fils solaire acceptera la nature terrestre et l’incorporera au travers du
lait maternel. L’homme, la Terre et le Cosmos sont considérés là par Rudolf Steiner
dans leurs relations mutuelles.
L’accès historique de l’humanité à la fête de Noël prend corps dans cette Image des
images: l’Imagination de la Mère et de l’Enfant, telle que la donna Raffael de
manière archétype dans la Madone des Sixtines. À hauteur du visage, se manifeste
l’activité des étoiles; à hauteur de sa poitrine, elle porte le Soleil; dans les plis de sa
robe, se marque la pesanteur terrestre d’une Terre devenue lunaire.
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Le grand peintre du monde qui permit cette imagination de Noël, c’est Gabriel,
l’Archange de la lune. Tel un veilleur, il se campe sur le porche de la naissance. Son
nom le désigne comme “ Héraut de Dieu ”.
Raphaël
Lorsque s’éloigne l’hiver, Raphaël apparaît. Son nom veut dire: “ Dieu guérit ”.
C’est l’Archange de Pâques, par essence lié au Mystère du Golgotha, qui se
renouvelle chaque année sous sa régence.
Rudolf Steiner construit l’imagination pascale en prenant d’abord en considération
l’événement terrestre. Il évoqua à Dornach le sol calcaire [formé de craie du
secondaire ou “ jurassique ” qui vient de Jura; il faut signaler que ce calcaire est en
partie d’origine animale, ndt], et fit observer que le calcaire, au printemps, manifeste
des propriétés différentes de celles de l’hiver. Il devient “ gourd ”, s’anime de
convoitise et par là attire la nature du dragon. Au printemps, l’homme subit
particulièrement les assauts d’Ahrimane. Cela renforce également d’un autre côté
l’espoir et la force de l’être luciférien. Rudolf Steiner décrivit la polarité Lucifer-
Ahrimane dans la nature printanière jusque dans les détails: “ Lorsque les plantes
commencent à germer au printemps, alors l’acide carbonique [gaz carbonique
dissous dans l’eau, ndt] est attiré par les entités lucifériennes. Et tandis que les êtres
ahrimaniens s’efforcent de répandre une sorte de “ pluie astrale ”, afin d’astraliser
l’activité vivante du calcaire, les entités lucifériennes, quant à elles, s’efforcent
d’attirer l’acide carbonique vers le haut, en tentant de le vaporiser depuis la terre
vers les hauteurs ”.
L’homme aussi peut vivre au printemps de manière particulièrement intense cette
polarité Lucifer-Ahrimane et rechercher l’équilibre entre le chaud et le froid, la
dissipation et le durcissement, la tête et les membres, le passé et le futur. Sur le
Golgotha fut créé un centre. L’Imagination du monde est donc au printemps
l’imagination de Pâques, que Rudolf Steiner représente dans le groupe en bois
sculpté: Christ se dressant au centre, en tant que Représentant de l’humanité, entre
une forme d’homme-larynx aux oreilles ailées et une forme d’homme-membres
sclérosé. Du centre émane une force de guérison [d’où l’analogie entre “ santé ” et
“ salut ”, ndt]: sur le Golgotha, Christ devint Sauveur. C’est pourquoi Raphaël
édifie le fondement de cet événement. Raphaël avec le bâton de Mercure. Raphaël,
comme son nom l’indique est l’Archange de l’Art de guérir.
La relation de Raphaël à l’homme est d’enseigner. Le contenu de son enseignement
est la thérapie du monde qui émane du Christ comme Sauveur. La forme
d’expression est dramatique. C’est pour cette raison que Rudolf Steiner composa
pour la configuration de la fête de Pâque un Drame-Mystère: “ Dans la mesure où
les forces lucifériennes et ahrimaniennes rendent l’homme malade, et dans la
mesure où celui-ci peut se laisser guider par la puissance de Raphaël, qui lui
enseigne le principe guérisseur, la grande thérapie du monde, alors l’homme peut la
contempler et la reconnaître dans le principe du Christ ”. Dans le Drame-Mystère,
l’action devient culte, dans lequel il n’y a pas de place pour un “ spectateur ”, car
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l’homme est inclus dans ce drame, il en est pour ainsi dire le personnage principal.
Il devient lui-même, avec l’aide de Raphaël, un guérisseur.
Uriel
Uriel règne au plus fort de l’été, tandis que la conscience humaine s’engourdit et
s’unit à la conscience de la nature.
Rudolf Steiner décrit le processus à l’œuvre dans la nature en été comme la
transformation de l’argent en or. Des fils d’argent organisent un décor sur fond
bleu profond. Dans ces formes cristallines étincelantes de reflets argentés, il voit, en
regardant vers le bas, l’expression de la volonté cosmique. En élevant le regard, il
contemple là-haut une lumière d’or manifestant l’intelligence cosmique. Et
“ l’argent de la Terre, cosmique-alchymique se transforme, là-haut, en or cosmique
s’animant de vie et de mouvement: c’est un jaillissement continuel de reflets
argentés vers le haut où les éclats d’argent se métamorphosent en lumière d’or ”.
Sur ce fond d’or, transparaît l’Archange Uriel dans son royaume. Il manifeste
l’intelligence. Son nom peut se traduire par “ Lumière de Dieu ” (d’où parfois la
variante “ Oriphiel ”, dans lequel “ l’on perçoit la trace de l’or et de la lumière ”,
ndt]. Il incarne la compréhension du monde, expression de l’activité des planètes
parcourant l’anneau zodiacal. Ses œuvres sont des activité lumineuses, les “ pensées
universelles ”.
Le geste d ’Uriel est décrit comme “ exhortant ” (“ mettant en demeure ”). Uriel
contemple d’un regard sévère les manquements et les vertus humaines et suscite
l’avènement de ce que Rudolf Steiner désigne comme la “ conscience historique ”.
La sagesse d’Uriel conduit à la justice au travers du temps.
Pour ainsi dire littéralement inspirée par la sagesse d’Uriel, surgit la première
affirmation de la philosophie occidentale, la phrase d’Anaximandre: “ Ce dont
provient pour toutes choses leur naissance, leur mort aussi survenant les y ramène,
par nécessité. Car elles se rendent mutuellement justice et se paient compensation
pour les dommages dans l’ordre du Temps. ”
Et comme une expression de la pensée d’Anaximandre, résonnent les paroles
mantriques de Rudolf Steiner, l’Imagination inspirée par la Saint Jean:
— les hauteurs:
Contemple notre trame
Agitation lumineuse,
Couvant la vie.
— les profondeurs:
Vis en pourvoyant au terrestre
Et structure en respirant
Comme essence régnante.
— le milieu, l’être humain:
Ressens ton squelette
Et son éclat céleste
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Dans l’un universel régnant.
— le tout:
Les substances sont condensées
Les manquements sont jugés
Les cœurs sont scrutés.
Dans l’imagination de Rudolf Steiner, nature et moralité sont intimement liées et
unies dans le grand concert de la Saint Jean. La musique y tient une place
prépondérante car Uriel est, depuis la nuit des temps, l’Archange qui “ conduit les
chanteurs qui chantent ses louanges jour et nuit ”.
Mais, comme imagination caractéristique de la Saint Jean, Rudolf Steiner décrit la
Trinité: le Fils entre l’Esprit-Père et la Substance-Mère, et à l’arrière plan,
l’Archange Uriel “ créant et exhortant ”, son regard sévère dirigé sur la colombe.
Lorsque les hommes réaliseront la force spirituelle de la colombe, la Substance-
Mère se transformera en Vierge-Sophia.
Cette Trinité comme Imagination de la Saint-Jean: le Fils entre Père-Esprit et Mère-
Substance, et en arrière, Uriel fixant la colombe du regard, représente le reflet
cosmique de la trinité humaine terrestre de Marie et de Joseph avec l’Enfant-Jésus,
sous le geste de bénédiction de Gabriel.
Michel
Sur le porche de la naissance, se tient Gabriel, l’Archange de la Lune. Sur le porche
de la mort se tient Michel, l’Archange du Soleil.
Le processus de la formation de la graine, en automne, mène à la formation de
cendre. La nature montre alors des processus de mort, lorsque Michel domine le
cours de l’année. À ce moment et en regard des processus de dépérissement qui se
répandent dans la nature, l’homme est appelé à développer un état supérieur de
conscience de soi.
Durant tout l’été, le dragon s’est sournoisement activé. Dans le déploiement des
beautés de la nature, l’homme s’est laissé complètement charmer à son sujet. Sa
conscience estivale s’oriente vers le Cosmos dominé par le processus sulfur. Les
processus de mort de l’automne sont l’inévitable conséquence de l’activité estivale
du dragon, qui en ce moment d’automne, engendre la crainte.
C’est alors que l’homme peut tourner son regard vers Michel qui vainc le dragon.
Cette imagination d’automne possède une origine très ancienne. Les Grecs
évoquaient Apollon, qui tua le dragon Python à Delphes. Rudolf Steiner montre
combien la chute des météorites de la fin de l’été est en rapport avec l’image des
Mystères de ces événements de cette époque de l’année. Le processus sulfur est
combattu par les météorites cosmiques. Ce processus se reflète aussi au niveau
microcosmique, dans la formation du Fer dans le sang [voir le dernier chapitre du
texte d’Ita Wegman, dans ce document, ndt]. Dans les deux cas, s’y active l’épée de
Michel. Le 15 octobre 1923, à Stuttgart, Rudolf Steiner parle d’une “ épée de
sagesse ”, par laquelle Michel enseigne “ la nature humaine la plus élevée ”.
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D’un côté, l’épée est forgée à partir du Fer des météorites, d’un autre côté, Rudolf
Steiner évoque “ l’épée de feu ” et ensuite, dans la vue d’ensemble de l’imagination
de la Saint Michel: l’épée du Fer flamboyant de Michel.
Dans la culture humaine extérieure, outre diverses commodités, le fer a toujours
répandu la mort et la corruption. Le fer suscite la crainte. “ L’épée de Fer ” de
Michel, de ce Fer “ tout puissant ”, désensorcelle la puissance en ôtant la peur qu’il
inspire. Rudolf Steiner a formulé à ce propos ces quelques vers révélant d’une
manière énigmatique le pouvoir du Fer:
Ô homme!
Tu le façonnes à ton service,
Et manifestes son mérite matériel
Dans nombre de tes œuvres.
Mais il ne te sera salutaire
Que lorsque se révélera à toi
La haute-puissance de l’Esprit qui l’anime
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Raphaël veille au renouveau de la nature matérielle. Les forces de vie constituent la
base de l’Art de guérir. Raphaël gouverne le corps éthérique.
Uriel, au plus haut de l’été, permet que les manquements soient transformés en
vertus. En tant qu’Esprit de l’été, il agit sur le corps astral.
Michel vainc le dragon, afin qu’en automne l’homme renaisse à lui-même, pour un
agir librement déterminé par la force de son Je.
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l’exprime dans son regard. C’est pourquoi Rudolf Steiner exprime le caractère de ce
regard comme (profondément, intensément) gravement mélancolique.
Uriel exerce ses forces depuis le lieu le plus éloigné pour l’humanité. Il maintient
cette distance au profit de ses jugements, qu’il incorpore dans la mémoire du
monde, manquements et vertus y sont inscrits. Certes, tous les Archanges ont une
attitude du regard sévère, mais Uriel exprime la sévérité la plus stricte: de son
regard de Juge émane la “ conscience de l’histoire ”.
Le regard de Michel est le plus intense, c’est un véritable “ geste ” du regard
exhortant l’être humain. Il agit par son regard même. Rudolf Steiner précise que
son regard est “ comme un index qui montre ”.
Gabriel sert les Chérubins qui gardent le Paradis. Il mène l’expulsion à bonne fin. Il
chasse les hommes du Ciel sur la Terre. Michel, lui, expulse le dragon sur la Terre.
C’est pourquoi tous deux brandissent un glaive de feu. En plus de cela, Gabriel
porte le lys ou la poutre de la Croix, comme Archange Annonciateur; Michel porte
la balance, signe de justice, au nom et de la part du Christ, le Juge du monde.
Raphaël, en tant qu’Archange de la guérison, porte le bâton de Mercure (caducée).
Seul Uriel ne dispose d’aucun attribut objectif. Comme musicien du monde, il peut
renoncer à la baguette du chef d’orchestre. Il dirige par son regard. A l’égard de
manquements humains, Uriel fait un geste de mise en garde.
Gabriel bénit la descente de l’âme dans la matière; Michel montre l’ascension de
l’âme hors de la matière; Raphaël crée l’équilibre à l’image de son caducée qui tient
le centre.
Qu’ils agissent depuis le ciel, ou depuis l’autre hémisphère, à travers la Terre, leurs
regards, gestes et attributs demeurent identiques. Lorsqu’ils se tiennent dans leur
souveraineté saisonnière, ils influencent la totalité des événements naturels, moraux
et spirituels. Lorsqu’ils agissent depuis l’autre hémisphère de la Terre, ils ne peuvent
que faiblement influencer la nature; mais ils atteignent bien la nature subtile de
l’homme. La nature terrestre relève toujours de l’influence du gouvernement de
l’Archange de chaque saison. L’homme étant devenu largement indépendant de la
nature, il se trouve constamment sous l’influence des quatre Archanges: l’influence
de chacun d’eux prenant une coloration dépendante du lieu d’origine de leurs
actions.
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“ Votre aile, avec de tendres gestes,
S’élance du ciel à travers
La Terre, emplissant d’ambroisie
Et d’universelle harmonie
De proche en proche l’univers! ”
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depuis le Cosmos, sur le corps astral de l’être humain, l’inspirant de manière à ce
qu’il [l’homme, ndt] métamorphose ses fautes et manquements en vertus. En hiver
le voilà qui agit à l’intérieur de l’organisation des forces du penser, au sein duquel
peut s’épanouir le Je de l’homme. Le Je vit dans le penser. Celui-ci nécessite une
opposition, une résistance qu’il rencontre justement dans la cristallisation hivernale.
[C’est ce qu’a voulu expliquer Rudolf Steiner en disant, un jour, que si l’huître ou
l’escargot utilisait ses forces de cristallisation - qui lui permettent de construire
simplement sa coquille - pour penser, elle ou il serait le plus grand génie de
l’univers: il nous faut apprendre à considérer les animaux dits “ inférieurs ” de cette
manière, ndt]. En hiver le Je humain élabore donc la sagesse, par laquelle Uriel
combla son corps astral pendant l’été. La sagesse de l’été s’illumine l’hiver sous
l’emprise des forces du penser.
Michel agit depuis l’autre hémisphère au printemps, tandis que Raphaël étend son
influence sur les éléments naturels, et permet le développement des forces
éthériques. L’action cosmique de Michel en automne concerne le libre
développement du Je humain dans un agir conscient. Pour caractériser son action
au printemps, Rudolf Steiner a recours au concept de mouvement, de “ mise en
branle ”, comme manifestant la volonté: “ ce qui est à l’origine d’un ébranlement,
d’un acte de préhension, d’implication dans le travail ”. Ainsi se s’agit-il pas de
s’ébranler, ni de saisir, ni d’œuvrer, mais plus précisément, de forces qui mènent à
ce début d’agir. À ce moment-là, l’impulsion pour une action à partir du Je a déjà
été donnée par ses soins en automne. Lorsque Michel agit au travers du globe [au
printemps, ndt], ses forces son plus faibles, mais comme pour les autres Archanges,
leur domaine d’action est plus élevé.
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penser. “ Le niveau inférieur de l’esprit ”, déclare Rudolf Steiner à ce propos, “ est
une force qui guérit ”. C’est pour cela que le penser est si sain. Le penser épure,
clarifie l’âme, car il procède d’une force thérapeutique. Uriel, quant à lui tend les
forces du penser hivernales à Michel, dont l’influence décroît en hiver, qui les
transforme à son tour en forces de mouvement et d’impulsion.
Cette impulsion qu’éveille la force du penser métamorphosée par Michel peut se
développer dans deux directions: d’un côté, elle est une impulsion d’actes libres
dans le domaine physique, au niveau duquel d’ailleurs se referme le cycle saisonnier;
de l’autre, cette impulsion trouve une voie vers la connaissance, vers l’imagination,
qui procède du Soi-Spirituel.
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