Getion Des Routes en Afrique
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Mustapha Benmaamar
LE FINANCEMENT DE L’ENTRETIEN
Mustapha Benmaamar
Septembre 2006
Le SSATP, né d’un partenariat international, a pour mission de promou-
voir la réforme et le développement des capacités dans le secteur des trans-
ports en Afrique subsaharienne.
Les opinions, interprétations et conclusions figurant dans ce document sont celles de leur auteur et
n’engagent pas la Banque mondiale, la CEA ou leurs organismes affiliés.
TABLE DES MATIÈRES
Résumé ...........................................................................................................................................v
Remerciements ............................................................................................................................. vi
Introduction .................................................................................................................................. 1
Méthodologie ................................................................................................................................ 1
De la première à la seconde génération des fonds routiers ........................................................ 2
Base juridique solide ..................................................................................................................... 3
Règles et réglementations claires .................................................................................................. 4
Organe de financement, et non organe prestataire de services d’entretien routier .................. 5
Fonction de contrôle strict............................................................................................................ 6
Recettes abondant des allocations budgétaires et provenant des redevances d’usage .............. 7
Redevance sur le carburant........................................................................................................... 9
Systèmes de gestion financière solides, structure administrative légère .................................. 10
Audits financiers et techniques réguliers ................................................................................... 11
Disponibilité et décaissement des fonds .................................................................................... 11
Répartition des ressources et couverture des besoins d'entretien ............................................ 12
État du réseau routier ................................................................................................................. 13
Gestion des routes ....................................................................................................................... 14
Conclusion................................................................................................................................... 17
Références.................................................................................................................................... 19
iii
RÉSUMÉ
Le présent document examine les critères d’évaluation des fonds routiers de deuxième géné-
ration et présente un aperçu de leur performance. Il fait également état des difficultés ren-
contrées dans la mise en place de ce type de fonds routiers. L’objectif ici est de mieux com-
prendre ce qui définit une pratique optimale dont les pays pourraient s’inspirer à la création
ou lors d’une restructuration d’un fonds routier.
Cette étude présente les conclusions tirées de l’analyse d’une base de données utilisée comme
moyen de suivi de l’état d’avancement des réformes engagées dans 30 pays d’Afrique subsa-
harienne, et dans le cadre surtout des fonds routiers. Ces résultats sont corroborés par les
visites effectuées dans certains pays africains ainsi que par une enquête menée auprès des
administrateurs de fonds routiers en vue d'évaluer les indicateurs de performance des institu-
tions du secteur routier.
Dans l’ensemble, les besoins d’entretien routier sont mieux reconnus. Si les fonds routiers
peuvent compter sur des financements plus stables et plus prévisibles pour l’entretien, les
progrès varient sensiblement d’un pays à l’autre et l’existence d’un fonds routier ne garantit
pas nécessairement sa parfaite efficacité ou sa pleine autonomie. Dans bien des cas, le man-
que de fonds destinés à l’entretien ne s’est pas réglé avec la mise en place d’un fonds routier.
Par ailleurs, les résultats montrent que davantage d’efforts sont nécessaires pour mettre à
profit et préserver les gains de productivité à tirer de l’amélioration des modes de gestion des
routes et d’une meilleure exploitation des ressources existantes.
v
REMERCIEMENTS
Les travaux présentés dans ce document font partie intégrante du Programme de politiques
de transport en Afrique subsaharienne (SSATP). Il a été réalisé avec la collaboration de
l’Association des fonds d’entretien routier africains (AFERA). L’auteur adresse ses remercie-
ments à Jérôme Obi Eta, Steve Brushett, Dieter Schelling, Ajay Kumar, Ian Heggie, Joseph O.
Haule et Olav Ellevset pour leur assistance, leurs commentaires et leurs suggestions. Les
points de vue exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne représentent pas nécessairement ceux
du SSATP.
vi
INTRODUCTION
L’objectif du présent document n’est pas de déterminer s’il est opportun de créer des fonds
routiers ou si ceux-ci constituent des mécanismes appropriés pour garantir le financement
durable des programmes d’entretien routier. La décision d’introduire ou d’éliminer les fonds
routiers est débattue en détail dans les publications qui s’y rapportent, y compris dans une
étude qui présente la position du Fonds monétaire international (Potter, B.H., 1997). La
recommandation générale serait qu’une telle décision doit se prendre d’après une évaluation
systématique et réaliste du contexte et des options existantes de manière à concilier les objec-
tifs micro et macroéconomiques (Gwilliam K. et Shalizi Z., 1999).
La présente étude analyse les critères d’évaluation des fonds routiers de seconde génération.
Elle met également en évidence les problèmes qui s’opposent au passage à un fonds de se-
conde génération. L’objectif est de mieux comprendre ce qui définit une pratique optimale
dont les pays pourraient s’inspirer à la création ou lors d’une restructuration d’un fonds rou-
tier.
MÉTHODOLOGIE
Les conclusions ci-après sont le résultat de l’analyse d’une base de données (Matrice IGR),
utilisée comme système de suivi et développée par le Programme de politiques de transport
en Afrique subsaharienne (SSATP) dans le cadre de l’Initiative de la gestion de la route
(IGR). La Matrice IGR actualisée chaque année indique l’état d’avancement des réformes
1
www. worldbank.org/afr/ssatp
2Bénin, Burundi, Cameroun, République du Congo, Tchad, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Djibouti, Éthio-
pie, Gabon, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Madagascar, Malawi, Mali, Mozambique, Namibie, Ni-
ger, RCA, Rwanda, Tanzanie, Togo, Zambie, Zanzibar et Zimbabwe.
1
engagées dans 30 pays d’Afrique subsaharienne dans le secteur des transports et notamment
pour ce qui concerne les fonds routiers.
Les conclusions de l’analyse se fondent également sur une enquête visant à évaluer les indica-
teurs de performance des institutions du secteur routier, menée régulièrement dans 25 pays
membres de l’Association des fonds d’entretien routier africains, AFERA3. Le questionnaire
de l’enquête porte sur des questions telles que le financement des routes, la gestion routière,
la programmation de l'entretien routier et les entreprises de travaux publics. Sur les 25 fonds
routiers consultés, 20 ont répondu au questionnaire.
Les conclusions de l’enquête sont appuyées par les résultats d’un certain nombre de missions
effectuées dans les pays d’Afrique subsaharienne dans le cadre du programme de travail du
SSATP et par les résultats préliminaires de deux études portant sur les aspects juridiques et
institutionnels des fonds routiers et des agences routières en Afrique subsaharienne.
Pour préserver les ressources qui lui sont consacrées, le secteur routier doit entrer en concur-
rence avec d’autres secteurs plus en vue tels que la santé, l’éducation et l’ordre public, un gros
handicap lors de la négociation du budget annuel. De nombreux pays à travers le monde ont
réagi à cette pénurie croissante de ressources en cherchant à affecter aux routes le produit
d'un certain nombre de taxes et redevances routières, déposé dans un compte spécial hors
budget appelé fonds routier. Plusieurs pays d'Afrique subsaharienne, comme le Burundi, le
Sénégal et le Gabon, ont essayé cette formule, suivant en cela l’exemple de pays européens et
asiatiques. Ces fonds routiers n'étaient pas des entités en tant que telles, mais des postes du
budget national gérés par le ministère compétent et censés servir au financement de l'entre-
tien des routes.
Toutefois, la performance de ces fonds était plutôt contrastée et dans l’ensemble assez mé-
diocre. Les problèmes les plus récurrents étaient : une mauvaise gestion financière ; l’absence
d'audits externes ; l’usage répandu des fonds pour des dépenses non autorisées ; les détour-
nements de fonds et un contrôle insuffisant. En conséquence, la plupart de ces premiers
fonds routiers, parfois désignés sous l’appellation de fonds routiers « de première généra-
tion », ont cessé d'exister (Russie) ou ont fait l’objet de remaniements institutionnels et ad-
ministratifs (Gabon, Madagascar, Burundi).
La réforme du secteur routier promue par le SSATP vers la fin des années ‘80 avait pour ob-
jectif de corriger ces défauts et améliorer l’efficacité de gestion des routes (Brushett, S., 2005).
Grâce à l’Initiative de gestion de la route (IGR), l'idée de fonds routier est revenue au premier
plan, mais cette fois-ci en tant que partie intégrante d’une approche globale des réformes du
secteur routier, dans laquelle les routes seraient gérées comme une entreprise commerciale et
les usagers de la route appelés à jouer un rôle bien plus important qu’autrefois dans la gestion
3
www.armfa.org
2
de l’entretien routier. Il a alors été proposé de rendre l’usage des routes payant, l’argument
étant que les usagers seraient même prêts à supporter des redevances plus élevés (que les
taxes existantes) s’ils étaient certains que les fonds ainsi générés serviraient à l’entretien rou-
tier (ce qui n’était pas garanti avec les fonds routiers « de première génération »).
Ce processus a donné naissance aux fonds routiers dits « de seconde génération ». L’une des
dimensions essentielles de ce type de fonds routier a été la création d’un cadre juridique et
institutionnel devant garantir une saine gestion des fonds, comptables de leurs résultats de-
vant les usagers et le gouvernement. Ces fonds routiers « de seconde génération » sont donc
régis par une législation bien déterminée qui définit les compétences d’un conseil d'adminis-
tration représentatif chargé de contrôler leur fonctionnement et d’un secrétariat chargé des
opérations au quotidien. Généralement, la législation vise à créer une institution expressé-
ment chargée de mobiliser des ressources au profit d'agences routières au mandat précis. Le
fonds routier de seconde génération est devenu un aspect important des stratégies et des
programmes de réforme sectorielle visant à améliorer l’entretien routier dans au moins la
moitié des pays d’Afrique subsaharienne.
On s'accorde généralement à dire que les principales caractéristiques de ces fonds (Heggie,
I.G. et Vickers. P., 1998) sont les suivantes :
La phase de conception des fonds routiers est essentielle pour satisfaire les principaux critères
des fonds routiers de seconde génération. Les six critères mentionnés ci-dessus doivent servir
de principes directeurs lors de l’élaboration de la législation relative aux fonds routiers.
L’examen de la base de données sur la législation des fonds routiers (base de données sur la
législation des fonds routiers, SSATP, 2004), constituée dans le cadre du programme de tra-
vail 2004 de la thématique Gestion et financement de la route (GFR) du SSATP, montre
qu'un certain nombre de fonds ont été mal conçus et sont loin de satisfaire les critères des
3
fonds routiers de seconde génération. La législation ne prend pas en compte les principaux
aspects suivants :
Une approche plus commerciale du financement et de la gestion des routes passe notamment
par une plus grande autonomie. Les directeurs des fonds routiers et des agences routières ne
peuvent adopter des pratiques commerciales si l'on intervient dans leur gestion au quotidien.
Pour rendre les fonds routiers plus autonomes, il faut généralement commencer par modifier
la législation du secteur routier pour supprimer les liens de dépendance avec le gouverne-
ment.
Sur les 27 fonds routiers existants, 18 ont été institués par une loi et neuf par décret. Compte
tenu des lacunes de la législation en vigueur évoquées plus haut, la création de fonds routiers
par une loi n'est à recommander que si les principaux critères régissant les fonds de seconde
génération sont bien compris par toutes les parties, et en particulier par les juristes.
On ne peut s’attendre à ce que la loi portant création des fonds routiers couvre tous les mé-
canismes administratifs ainsi que les règles et réglementations régissant leur fonctionnement.
Pour les fonds de seconde génération, il est donc préférable de prévoir un texte législatif
court servant de cadre à des textes réglementaires dûment publiés, énonçant les dispositions
4
financières applicables à leur gestion. Ce système offre plus de flexibilité, puisqu’il permet
éventuellement de réviser les règles et réglementations, sans avoir à modifier la législation.
L'objectif de diversification des sources de recettes des fonds routiers étant aujourd'hui deve-
nu une priorité, les textes législatifs qui portent la création de ces fonds doivent être complé-
tés par une réglementation appropriée, dont les dispositions expliquent clairement les méca-
nismes de collecte et d'affectation des redevances routières payées par les usagers de la route,
telles que les recettes générées par l’immatriculation des véhicules et les droits de transit, les
péages et les amendes pour surcharge. À l’exception du Tchad et du Bénin, peu de pays ont
adopté des textes d'application qui définissent clairement les procédures de perception des
recettes.
Toute réforme solide du secteur routier doit obligatoirement faire la distinction entre l'or-
gane qui finance l'achat du service (le fonds routier) et celui qui le fournit (la direction des
routes et l'agence routière). Ce principe est souvent ignoré, parfois délibérément, lors de
l’élaboration des lois portant création des fonds routiers. Cette distinction se justifie surtout
par le fait que les conseils des fonds routiers cumulent souvent trop de responsabilités in-
compatibles (financement, planification et gestion des travaux routiers). Ils sont alors à la
fois client et prestataire du service fourni, ce qui crée un conflit d’intérêts évident, nuit à la
discipline financière et compromet les efforts visant à maîtriser les coûts et à maintenir la
qualité.
Dans bon nombre de pays, surtout en Afrique anglophone, le conseil du fonds routier
cumule les fonctions d'exécution et de contrôle. Il est également chargé de la gestion du ré-
seau routier national (Kenya) ou exerce des fonctions qui n'entrent pas dans le cadre de son
mandat initial (Zambie). Cette situation crée un conflit d’intérêts et a récemment amené les
deux pays (Zambie et Kenya) à entreprendre des réformes pour établir des organes routiers
distincts et transformer le conseil du fonds routier en une administration autonome.
Bien souvent, les fonctions des fonds routiers et des agences routières se chevauchent. La
responsabilité pour le règlement des factures des entreprises n'est pas clairement établie. En
général, les agences routières et les directions des routes sont responsables de la programma-
tion des opérations, de la passation des marchés et de la gestion des contrats d’entretien rou-
tier, les fonds routiers étant chargés du paiement des factures. Aujourd’hui, la plupart des
pays revoient leurs modalités institutionnelles pour séparer le financement de la gestion et de
l’exécution des travaux routiers (Malawi).
5
FONCTION DE CONTRÔLE STRICT
Tous les pays déclarent qu’un conseil d’administration a été mis en place. Ces conseils com-
prennent des représentants du secteur privé et du secteur public. Toutefois, rien ne permet
encore d'affirmer quelles sont la taille et la composition idéales. Les travaux de recherche
menés à l’Université de Birmingham, au Royaume-Uni (Adjetey S. B., 2004), montrent que le
nombre et la proportion d'administrateurs du secteur privé n’influent pas sur les revenus des
fonds routiers, mais que l’indépendance du président a un impact majeur sur l’accroissement
des revenus et l'effort de relations publiques (Graphe 1).
R2 = 0.7927
Independence of Chairman
Présidence indépendante
6
5
4
3
2
1
0
0 2 4 6 8 10
Effort deRelations
Public relations publiques
Effort
D’après la Matrice IGR un conseil de fond routier est en moyenne composé de 12 membres
mais peut varier, au Mozambique et en Namibie par exemple le conseil comporte 5 membres
et 24 en République du Congo. Le secteur privé n’est majoritaire que dans 12 conseils de
fonds routiers.
Peu de conseils d'administration exercent une fonction effective de contrôle. Dans la plupart
des cas, le président est un fonctionnaire désigné par son ministère de tutelle. En règle géné-
rale, les administrateurs, surtout ceux du secteur privé, connaissent mal les principes régis-
sant le fonctionnement des fonds routiers. Ils ne sont donc pas bien placés pour défendre les
intérêts et besoins de leurs mandants. En général, les administrateurs se comportent comme
des contribuables plutôt que comme des actionnaires et des clients du fonds routier.
6
RECETTES ABONDANT DES ALLOCATIONS BUDGÉTAIRES ET PROVENANT DES
REDEVANCES D’USAGE
En théorie, les recettes des fonds routiers de seconde génération devraient provenir de rede-
vances versées par les usagers de la route et dépendre le moins possible du budget de l'État
(recettes fiscales générales). Dans la pratique, tel n'est pas toujours le cas et pour bon nombre
de fonds routiers comme en Éthiopie, au Mali, au Gabon et au Bénin, les redevances routiè-
res représentent moins de 50 pourcent des ressources totales. Cependant, dans 15 pays, elles
contribuent au moins à 80 pourcent de l’ensemble des recettes. La redevance sur le carburant
reste généralement la source de financement la plus importante et la plus régulière même si
les données des pays montrent que les efforts de diversification (redevances d'immatricula-
tion des véhicules, droits de transit, amendes pour surcharge et péages) ont un certain effet
(Tableau 1).
Le mode d'affectation du produit des redevances d’usage est un aspect important dont dé-
pend la disponibilité immédiate de ressources pour l'exécution des travaux. Toutefois, il y a
encore beaucoup de pays dans lesquels le produit de ces redevances n'est pas directement
affecté au fonds routier, ce qui cause des retards et pose des problèmes en termes de contrôle
des recettes. La Matrice IGR indique que seuls 13 pays font état de la mise en place d’un sys-
tème d'affectation directe. Le Graphe 2 présente un indicateur de performance quantifiable
qui mesure à la fois la part des recettes provenant des redevances d’usage − et non des recet-
tes fiscales générales (redevance sur le carburant, redevance d’immatriculation des véhicules,
droits de transit, péage et amende pour surcharge), et la part de ces ressources qui est direc-
tement versée au compte bancaire du fonds routier. Cet indicateur mesure le niveau
d’autonomie financière des fonds routiers vis-à-vis du trésor public.
Le Graphe 2 montre que certains fonds routiers jouissent maintenant d’une réelle autonomie
financière (les pays figurant en haut et à droite du graphe). Ces fonds routiers tirent
l’essentiel de leurs revenus des redevances d’usage et la plupart des recettes est versée direc-
4
Comprend les revenus collectés aux péages pour tous les véhicules quittant le territoire du Lesotho et
les recettes pour permis de courte durée est délivrés aux camions étrangers entrant dans le pays.
7
tement sur leur compte bancaire, ce qui ne signifie pas que le niveau des recettes soit à hau-
teur des besoins d’entretien. Á Madagascar par exemple, les recettes proviennent uniquement
de la redevance sur le carburant qui n’est que de 0,4 USD/litre, l’un des taux les plus bas d’A-
frique subsaharienne. Dans ces pays, l'utilisation efficace des ressources disponibles est donc
une priorité absolue.
Graphe 2. Part des redevances routières et de leur affectation directe aux fonds routiers (%)
1.00
Togo
Ethiopie Namibie Ghana Tchad
Rwanda
Tanzanie
0.80
Madagascar
Cameroun
% transfert direct
0.60
Guinée
0.40
Côte d'Ivoire
0.20
Mozambique
Bénin
Niger
Mali
- Zambia
- 0.10 0.20 0.30 0.40 0.50 0.60 0.70 0.80 0.90 1.00
Néanmoins, dans certains pays, y compris parmi les premiers à créer des fonds routiers en
Afrique subsaharienne (Bénin, Éthiopie), l’essentiel des revenus continue à provenir des re-
cettes fiscales générales. Quelques rares pays, (Niger, Zambie, Mozambique) tirent la majori-
té de leurs revenus des redevances d’usage mais celles-ci continuent à transiter par le trésor
public.
L’expérience prouve qu’il est plus facile de créer un fonds routier fonctionnant pour com-
mencer avec une redevance d’usage que de l’ajuster régulièrement. Hormis le Tchad qui
consacre 60 pourcent de ses recettes fiscales pétrolières au fonds routier, la plupart des pays
n’allouent qu’une redevance fixe calculée en fraction d’USD/litre, et aucun ajustement sys-
tématique du barème n'est prévu. La plupart des conseils de fonds routiers n'ont pas autorité
pour ajuster le barème. Aujourd’hui encore, cette décision relève du ministre des Finances.
8
REDEVANCE SUR LE CARBURANT
Tous les pays ont introduit une redevance sur le carburant, principale redevance supportée
par les usagers de la route. Le Graphe 3 compare la part de la taxe sur le carburant dans les
redevances routières de chaque pays. Dans la majorité (les deux tiers) des fonds routiers, la
redevance sur le carburant représente au moins 80 pourcent des redevances d’usage. Dans
quelques pays, elle représente 100 pourcent des redevances (Éthiopie, Kenya Togo). Ces re-
devances sont assez bien diversifiées au Tchad et le sont relativement au Bénin, au Burundi et
au Rwanda (Tableau 1). La redevance sur le carburant est également le principal outil de
relèvement des redevances routières, mais tous les pays ne sont pas parvenus à en ajuster le
taux à hauteur des besoins d’entretien routier.
100
90
(%)
80
Redevance Carburant/CUR (%)
70
60
50
40
30
20
10
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Le Graphe 4 indique que le montant de la redevance sur le carburant varie sensiblement d’un
pays à l’autre, mais en moyenne le taux actuel est de 0,8 et 0,7 USD/litre pour l’essence et le
gazole respectivement. Les études menées, en particulier dans le cadre de l'IGR (PAM, 2004),
laissent entendre que pour satisfaire les besoins en matière d’entretien routier, la redevance
sur le carburant ne devrait normalement pas être inférieure à 0,10 USD par litre, et en Afri-
que subsaharienne probablement élevée à 0,13 ou 0,15 USD par litre. Rares sont ceux qui ont
atteint ce niveau (Tchad et Namibie), et si 11 pays subsahariens indiquent appliquer une
redevance sur le carburant d'au moins 0,8 USD par litre, ce taux est à peine suffisant pour
faire face aux besoins d’entretien routier courant.
9
Graphe 4. Niveau de la redevance sur le carburant (en cents d’USD/litre)
18
16
14
12
UC Cents/litre
10 Essence
Gasole
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Le président doit être une personne respectée et le conseil d'administration doit pouvoir
s'appuyer sur un petit secrétariat dirigé par une personne de son choix. Le secrétariat est
responsable des affaires courantes menées selon des principes de gestion commerciale. De la
même façon, le fonds routier doit appliquer des pratiques de gestion commerciale saines. Les
procédures de décaissement doivent être claires et les fonds déboursés faire l’objet d’un audit
financier externe et d’un contrôle technique sélectif.
Les effectifs d’un secrétariat passent de six membres au Niger à 70 membres à Djibouti où le
personnel interne assure la collecte directe des recettes (droits de transit), mais en moyenne,
un secrétariat comporte 19 agents. De la même façon, les frais généraux d’un fonds routiers
varient de 2 à 30 pourcent (Djibouti), soit en moyenne 5 pourcent de leur budget total (4
pourcent, si l'on exclut Djibouti). La taille d’un secrétariat n’est pas toujours proportionnel
au chiffre d’affaires du fonds routier.
Le processus de sélection utilisé pour le recrutement du secrétaire exécutif est l'un des points
critiques de la gestion des fonds routiers. Le ministère de tutelle remet parfois en question le
principe recommandé de sélection par appel à la concurrence, préférant nommer directe-
ment l'un de ses agents à ce poste, sans incitations à la clé (salaire aux conditions du marché).
10
Cette pratique est source d’ingérences dans la gestion quotidienne du fonds et encourage
l’affectation des ressources à des activités hors programme.
Les réponses au questionnaire d'enquête sur la performance des fonds routiers ont mis en
évidence le manque de capacités techniques de certains de ces fonds. Les secrétaires exécutifs
ne disposent généralement pas des données nécessaires pour mesurer l’efficacité de leur
fonds routier.
La plupart des fonds sont soumis à des audits financiers et techniques indépendants, mais qui
ne sont pas toujours inscrits au budget interne ni initiés régulièrement. Certains fonds rou-
tiers font encore appel à des financements externes pour leurs audits financiers et techniques.
Si les termes de référence de ces audits couvrent généralement le contrôle de régularité des
procédures de financement et d’exploitation, ainsi que la gestion quotidienne, par contre,
l’efficacité du conseil de surveillance conformément à ses obligations en application de la loi
occupe une place limitée.
Si en général, les résultats des audits financiers montrent que les modalités de financement
sont plus transparentes qu’autrefois, on note encore des interventions du ministère de tutelle
dans la gestion quotidienne du fonds routier. On relève également des cas où le ministère de
tutelle impose des activités non éligibles (travaux d’entretien sur des routes non prioritaires).
En revanche, les résultats des audits techniques sont très souvent décevants. Les conclusions
des rapports d’audits indiquent généralement que les travaux d’entretien ne sont pas effec-
tués de manière efficace en termes de coûts. Ce qui est dû à des déficiences dans la planifica-
tion, les spécifications techniques, la passation des marchés et l'exécution des travaux, aux-
quelles viennent s’ajouter des carences dans la supervision et le contrôle des travaux
d’entretien. Les recommandations des rapports techniques sont parfois examinées par les
acteurs concernés lors d'ateliers de travail qui débouchent sur des plans d'action rarement
mis en œuvre, les responsabilités n’étant pas fermement établies.
L’un des avantages des fonds routiers est la disponibilité des fonds pour l’entretien routier
tout au long de l’année ce qui n'est pas le cas lorsque les travaux sont financés à partir du
budget de l'État. À titre de comparaison, au Burkina Faso, où il n’existe pas encore de fonds
routier, le décalage entre le cycle budgétaire et celui de l’entretien routier est actuellement de
neuf mois environ. Les résultats de l’enquête sur les indicateurs de performance des fonds
routiers montrent qu’en moyenne le compte bancaire de ces fonds est créditeur de ressources
permettant de couvrir au moins deux mois d'entretien des routes. Ceci ne veut pas dire que
les fonds routiers mobilisent suffisamment de ressources pour satisfaire toutes les besoins
11
d’entretien routier, mais que les ressources disponibles contribuent à réduire le délai de
paiement des factures des entreprises.
100
90
Nombre de jours
80
70
60
50
40
30
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L’irrégularité des contrats d’entretien et les délais de règlement des travaux effectués comp-
tent parmi les principaux obstacles à la promotion des petites et moyennes entreprises
(PME). La réduction de ces délais est l'un des indicateurs de performance retenus par les
membres de l’AFERA. Cette réduction devrait contribuer à la promotion des PME et, à
terme, à faire reculer les coûts unitaires de l’entretien routier. En règle générale, il existe une
relation directe, mais non systématique, entre l'affectation directe des redevances d’usage au
fonds routiers et le délai moyen de règlement des factures.
La plupart des fonds routiers d’Afrique subsaharienne règlent les entreprises directement. Les
conseils de fonds routiers de la Tanzanie et du Ghana effectuent les décaissements au profit
du maître d’œuvre à partir d’un fonds renouvelable, mais ne règlent pas directement les en-
treprises et les consultants. Au Ghana, où cette procédure rallongeait les délais de paiement
(90 jours), le fonds routier vient de décider de régler directement les factures des entreprises.
Le Graphe 5 montre que le délai de règlement des factures non controversées est de 5 à 90
jours, soit un délai moyen de 32 jours. Il ressort des résultats de l’enquête sur les indicateurs
de performance que le taux de rejet des factures est de 5 pourcent, ce qui est peu élevé et ne
correspond pas aux conclusions des rapports d'audits techniques. Ce qui indiquerait une
faiblesse dans la supervision et le contrôle des travaux d’entretien et/ou un manque d'audits
internes.
La majorité des pays appliquent des formules de répartition des fonds entre routes principa-
les, routes rurales et voirie urbaine. Ils consacrent en moyenne 60 pourcent des ressources
aux routes principales, 18 pourcent aux routes rurales et 15 pourcent à la voirie urbaine. Les
fonds routiers ne sont pas toujours tenus de financer les travaux d'entretien de toutes les
12
composantes du réseau. Si tous affectent des ressources à l’entretien de la voirie urbaine, six5
d’entre eux ne consacrent aucun financement aux routes rurales. Dans certains cas, comme
au Rwanda, 60 pourcent des fonds sont alloués à la voirie urbaine ; au Lesotho, aucune res-
source n’est affectée aux routes principales.
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Pour évaluer dans quelle mesure les fonds mobilisés sont suffisants, la Matrice IGR quantifie
le chemin parcouru, d’abord en termes de satisfaction des besoins d’entretien courant du
réseau public, ensuite en termes de satisfaction de tous les besoins d’entretien (y compris
périodique). Il en résulte un bilan en demi-teinte (Graphe 6), le niveau des résultats obtenus
étant plutôt décevant compte tenu de l’accroissement du volume de ressources disponibles.
Cela pourrait indiquer que le mode d'évaluation des besoins d’entretien et l'efficacité des
mesures pour y répondre varient beaucoup d’un pays à l’autre. Globalement, l'insuffisance
des moyens financiers est moins marquée, mais reste un problème sérieux. Les faits rapportés
montrent qu’environ un tiers des pays répondent aux besoins d'entretien courant, ce qui est
beaucoup mieux qu'il y a 10 ou même 5 ans. Comme on pouvait s’y attendre, le résultat en
termes de satisfaction de tous les besoins d'entretien est moins impressionnant, bien qu'il soit
à noter qu'une dizaine de pays aient passé la barre des 50 pourcent.
L’amélioration de l’état du réseau routier est l’un des résultats attendus des réformes de la
gestion des routes. L’actualisation de ces données, qui font partie de la Matrice IGR, nécessai-
res pour suivre l’évolution des chiffres, est à vrai dire très difficile. La définition et
l’évaluation quantitative d'une route en bon ou en mauvais état ne répondent pas à des nor-
mes reconnues et peuvent donc varier sensiblement d’un pays à l’autre. Lorsqu’elles sont
disponibles, ces données sont très approximatives et ne sont pas collectées de manière systé-
5
Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Niger, République centrafricaine et Tchad.
13
matique. Á l’avenir, ces données devront être plus précises, et il pourrait être utile de faire la
distinction entre l'évolution de l'état du réseau routier consécutive à des travaux d’entretien
financés par le fonds routier, et l'amélioration des routes résultant de projets de réhabilita-
tion financés par les partenaires du développement.
L’amélioration de l’état des routes suppose l'existence d'une stratégie globale du transport
routier. Le conseil du fonds routier tanzanien fait état d'une nette amélioration de l’état du
réseau des routes principales et régionales au cours de la période 2001-2005 (Tanzania Road
Board, 2006). La rapide amélioration de l’état des routes en Tanzanie ne peut cependant être
attribuée aux seules recettes générées par le fonds routier. On considère que l'inversion de la
longue période de dégradation de l’état des routes tient à la conjugaison de trois facteurs :
(i) Le renforcement de la capacité institutionnelle du secteur routier grâce à la créa-
tion d’un fonds routier en 1998 et d’une agence routière en 2000 ;
(ii) Le renforcement des capacités financières et de gestion. Peu après la création du
fonds routier et de l’agence routière, de nombreux programmes routiers financés
par des bailleurs de fonds et par l'État ont été mis en œuvre. Il est important de re-
lever que si le budget du fonds routier de la Tanzania National Roads Agency ;
TANROADS représente environ 50 millions de dollars, la valeur totale des travaux
exécutés par TANROADS est plus de trois fois supérieure à ce chiffre ;
(iii) Le renforcement de la capacité à mettre en œuvre une stratégie de stabilisation ba-
sée sur la technique du point-à-temps, qui permet des interventions au moindre
coût. La création d’un fonds routier s'est accompagnée d'apports financiers stables
pour l’entretien routier, qui ont favorisé l'émergence de petites entreprises locales.
La question est maintenant de savoir si le pays dispose du cadre réglementaire voulu pour
assurer un marché compétitif dans le secteur du transport et dans quelle mesure les gains de
productivité générés par l’amélioration de l’état des routes se répercutent sur l’usager.
Le bilan des réformes engagées dans le secteur routier ne doit pas se limiter à la seule ques-
tion de savoir si les mécanismes de financement (fonds routiers) sont adaptés, mais nécessite
une analyse approfondie de l’organisation des services de gestion des routes (prestataires de
services). C’est pourquoi, l’évaluation des fonds routiers n’est complète qu’après examen de
ses pratiques de gestion selon des principes commerciaux et de l’efficacité de l’utilisation de
ses ressources.
Au nombre des facteurs renforçant l'efficacité de l'organisation de ces services (Talvitie, A.,
1996), on peut citer la programmation décentralisée, la collecte plus performante des don-
nées, les marchés à obligation de résultats (Stankevich, N. et al, 2005) et l’externalisation des
travaux d’entretien routier. Sur ce dernier point, il convient de noter que la plupart des agen-
ces routières et directions des routes confient aux entreprises 80 pourcent ou plus des travaux
14
d’entretien (Graphe 7), mais certains pays ont pris du retard dans ce domaine, la République
Centrafricaine (60 pourcent), le Kenya (50 pourcent) et l’Éthiopie (40 pourcent).
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Dans la plupart des pays, la capacité locale de collecte et de gestion de bases de données rou-
tières et de programmation des interventions d’entretien reste problématique. La moitié
peut-être de ces pays sont seuls à être équipés de systèmes de gestion routière permettant de
hiérarchiser les programmes de travaux d’entretien du réseau principal et une exploitation et
maintien plus efficaces des systèmes existants sont de plus en plus nécessaires (McPherson K.
et Bennett C.R., 2005).
La Matrice IGR 2006 indique que la création d’agences routières, volet de la réforme de la
gestion routière, progresse plus lentement que celle des fonds routiers, cela dit, elle semble
6
Tchad, Cap Vert, Tanzanie, Madagascar, Mozambique, Burkina Faso, Zambie, Rwanda, Kenya, RDC
et Nigeria.
15
aussi indiquer que le rythme de progression s'est récemment accéléré, 16 pays7 en effet, dont
l'Afrique du Sud, se sont engagés dans cette voie.
C’est en Afrique australe que l'administration des routes a le plus progressé dans le sens des
pratiques de gestion commerciale8, grâce notamment à l’impulsion de la Commission des
communications et des transports de l’Afrique australe (SATCC). La SATCC regroupe 12
pays d’Afrique australe et d'Afrique de l'Est qui encouragent les réformes dans le cadre d’un
protocole ministériel signé en 1998. Ce protocole souligne la nécessité d'appliquer des prin-
cipes commerciaux à la gestion et au financement des routes pour assurer leur autonomie,
préserver le patrimoine routier et réduire la dépendance à l'égard de l’aide extérieure. La
plupart des pays d'Afrique australe ont créé des agences routières, membres d’ASANRA (As-
sociation des agences routières nationales d'Afrique australe)9.
7
Afrique du Sud, Angola, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Ghana, Malawi, Mali, Mozambique, Na-
mibie, Sénégal, Sierra Leone, Soudan, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe.
8
L'expression « application de principes commerciaux » n’est pas synonyme de privatisation. Dans ce
contexte, elle désigne l’adoption de tout mode de gestion solide et bien adapté.
9
www.asanra.int.mw
16
pouvoirs et responsabilités au profit de nouvelles institutions. Dans certains cas (Sénégal), les
fonctions et attributions des agences routières et du ministère de tutelle n’étaient pas claire-
ment définies. À l’exception de la Tanzanie, le redéploiement des effectifs et l’amélioration
des conditions d’emploi ont été sérieusement entravés par le manque d’autonomie adminis-
trative et financière des agences routières. La capacité et l’efficacité des organismes
d’exécution se renforcent moins vite, bien qu'il existe des signes d'amélioration qui tiennent
à la prévisibilité pluriannuelle de financements garantissant la poursuite des programmes de
travaux et plus particulièrement à la capacité des pouvoirs publics et du secteur privé à passer
des marchés.
CONCLUSION
Les fonds routiers sont devenus un élément important des programmes de réforme du sec-
teur routier en ASS, mais ces programmes n'étant pas toujours efficacement exécutés, les
résultats sont mitigés. Dans l’ensemble, les besoins d’entretien routier sont mieux reconnus.
Les fonds routiers peuvent compter sur des financements plus stables et plus prévisibles de
l’entretien routier, mais les progrès varient beaucoup d’un pays à l’autre, et la mise en place
d’un fonds ne garantit pas nécessairement sa parfaite efficacité ou sa pleine autonomie. Cer-
tains fonds mal conçus sont loin de satisfaire les critères des fonds routiers de seconde géné-
ration, ce qui explique en partie les problèmes structurels auxquels ils sont confrontés. Si un
certain nombre jouissent d’une réelle autonomie financière, d’autres reposent pour l’essentiel
sur les recettes fiscales générales. La redevance sur le carburant est la principale source de
contribution des usagers dont les recettes suffisent tout juste à combler les besoins d'entretien
routier courant. Dans la plupart des cas, la création d’un fonds routier n’a pas résolu le pro-
blème du financement de l’entretien routier. Il faut intensifier l'effort de diversification en
direction d'autres redevances routières (droit d’immatriculation) et affecter directement ces
revenus au fonds routier. Rares sont les conseils d'administration qui exercent une fonction
effective de contrôle. En général, les membres d’un conseil de fonds routier continuent à se
comporter comme des contribuables plutôt que comme des actionnaires et des clients, et
l’ajustement du niveau de la redevance sur le carburant relève dans la plupart des cas de la
compétence du ministère des Finances.
17
Quelques exemples d’indicateurs de performance des fonds routiers
de « seconde génération » en ASS
- 27 fonds routiers en place – dont neuf depuis 2000 et sept en Afrique francophone
- 18 fonds routiers sont institués par une loi
- 12 fonds ont un conseil d'administration composé à majorité par le secteur privé
-Au moins 80 pourcent des revenus de 14 fonds proviennent des redevances d’usage
- Dans presque tous les cas, la redevance sur le carburant constitue la principale source de
financement par les usagers
- Le taux moyen de la redevance sur le carburant est de 0,8 et 0,7 USD par litre d'essence et
de gazole respectivement
-11 fonds routiers font directement verser leurs revenus sur leurs comptes bancaires
- Á peine un tiers des fonds routiers peuvent aujourd'hui prendre régulièrement en charge
les dépenses d'entretien routier courant.
Source : Matrice-RMI, 2006
L'évaluation des réformes du secteur routier en Afrique subsaharienne ne doit pas se limiter à
la question de savoir si les mécanismes de financement du secteur routier (les fonds routiers)
sont adéquats, mais doit s’étendre plus globalement à des questions telles que l'amélioration
de l'organisation des services de gestion des routes (prestataires de service). Une meilleure
gestion des routes et utilisation des ressources existantes peuvent produire des gains de pro-
ductivité considérables. Les gouvernements renoncent difficilement à leurs pouvoirs et res-
ponsabilités au profit de nouvelles agences routières, et la capacité et l’efficacité de ces orga-
nes se renforcent moins vite.
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RÉFÉRENCES
2- Potter, B. H., 1997, Dedicated Road Funds: A Preliminary View on a World Bank
Initiative, PPAA/97/7, International Monetary Fund, Fiscal Affairs Department.
3- Gwilliam K. and Shalizi Z., 1999, Road Funds, User Charges, and Taxes, The World
Bank Research Observer, vol. 14, No 2, August 1999, pp.159-85.
5- Heggie, IG. And Vickers. P., 1998, Financement et gestion commerciale des routes,
Document technique Banque mondiale et Éditions Eska.
6- CD-ROM, Base de données sur la législation des fonds routiers, Version 1.0, SSATP,
2004, www.worldbank.org/afr/ssatp
7- Adjetey Sowah B. 2004, An Evaluation of How the Structure of Roads Boards and the
Choice of Chairman affects its Performance.University of Birmingham, School of
Engineering, Department of Civil Engineering, July 2004.
9- Tanzania Road Fund Board, 2006, Proposal for Increasing Funding for Road Main-
tenance.
10- Talvitie, A., 1996, International Experiences in Restructuring the Road Sector. Paper
presented at Transportation Research Board Annual Meeting, Washington DC, USA.
11- Stankevich, N. and al, 2005, Performance-based Contracting for Preservation and
Improvement of Road Assets, Transport Note No TN-27, The World Bank.
12- McPherson K. and Bennett C. R., 2005, Success Factors for Road Management Sys-
tems, Transport Note No TN-Draft, The World Bank.
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