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TOME XII-1974 N° 2
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REPUBLICII SOCIALISTE ROMANIA
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REVUE DES ÈTUDES SUD-EST EUROPÈENNES
TOME XII 1974 N° 2
SOMMAIRE
Histoire des cultures. Thèmes et méthodes
ALEXANDRU DUTU, L'étude comparée des cultures européennes et la recherche
interdisciplinaire 195
CATAL/NA VELCULESCU et VICTOR GEORGE VELCULESCU, Livres roumains
a listes de souscripteurs (Première moitié du XIX° siècle) 205
G. D. ISCRU, Le début de l'enseignement public dans les villages en Valachie . 221
N. ISAR, N. Piccolo correspondant a Paris de la CurateIle des écoles publiques de
Moldavie (1840-1844) 235
ADRIAN FOCHI, Le motif poétique I L'Epreuve de l'amour * dans le folklore sud-est
européen (I) 215
MICHAEL D. TAYLOR (Chicago), Three local motifs in Moldavian Trees of Jesse,
with an excursus on the liturgical basis of the exterior mural programs 267
MARIA ANA MUSICESCU, Byzance, Occident et création nationale dans l'art du
Sud-Est de l'Europe 277
Rapports linguistiques
ELENA MIHAILA-SCARLATOIU, Considérations linguistiques sur quelques topo-
nymes slaves d'origine roumaine en Yougoslavie 291
Chroniquo
PETRE GHEORGHIU, Le colloque international Istanbul a la jonction des cultures
balkaniques, méditerranéennes, slaves et orientales XVIe XIXe siècles *
(Istanbul, 15-20 octobre 1973) 303
MUSTAFA A. MEHMET, Ier Congrès international de turcologie, Istanbul (15-20
octobre 1973) 305
Comptes rendus
PETAR SKOK, Etimologijski Rjanik Hrvatskogo illi Srpskogo jezika. Dictionnaire
étymologique de la langue croate ou serbe (H. Mihdescu); PETER WUNDERL I,
Etudes sur le livre de l'Eschiele Mahomet. Prolégomènes A une nouvelle édition
de la version franeaise d'une traduction alphonsine (Mircea Arzghelescu); ION
TALOS, MWerul Manole. Contributie la studiul unei teme de folclor european
(Adrian Fochi); Dimitrie Cantemir Historian of South-East European and
Oriental Civilizations (Mustafa A. Mehmet); DUMITRU VELCIU, Miron Costin
MARIA PROTASE, Petra Maior (Alexandra Dula) 309
Notices bibliographiques 327
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Histoire des cultures. Thèmes et méthodes
ALEXANDRU DUTU
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196 ALEXANDRU DUTIT 2
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3 L'ETUDE COMPARE DES CULTURES EUROPENNES 197
Or, le premier seuil à dépasser est celui dresse par les theories ro-
mantiques, qui prétendent que la supreme affirmation de l'esprit humain
reside dans l'ceuvre de « genie ». Si l'on accepte que le beau s'incarne de
temps en temps dans Pceuvre du -visionnaire qui exprime toutes les pen-
sees sublimes de ses contemporains, il ne reste plus àl'interprète que d'entrer
en relations secretes avec Pceuvre en question, pour la déchiffrer au profit
des non-inities. En assumant ce rôle magique, le critique conclut un accord
connu par lui seul avec chaque creation séparément, pour pénétrer
les sens caches des monades spirituelles portées par la vague du temps.
L'intuitionisme change le patrimoine culturel en trésor éternel, qui se
révèle par tranches A, l'esprit critique; sorte de « House Beautiful », comme
le disait Ernst Robert Curtius.
Un autre seuil est celui de Pinterprétation positiviste de l'histoire
humaine ; sous la forme de Phistoire événementielle, celle-ci a réduit les
expressions artistiques à une succession d'incidents jalonnant la vie de
l'humanité. Dans cette conjoncture, les fragments ne sont plus relies
entre eux que par le fil d'une Par que qui se nomme le Temps. Ce qui advient
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198 ALEXANDRI.7 OUTtT 4
après Upend de ce qui l'a précédé, une ceuvre du XVIII' siècle n'apparait
qu'une fois publiée une autre, du XVII°, de même que Louis XVI n'a
pu accéder au treine qu'au moment ou Louis XV a rendu manifeste sa
vac ance.
Pour préciser les multiples liens de Pceuvre d'art avec le milieu social
où elle est &lose, il ne suffit pas de se demander « quel rapport y-a-t-il
entre cet art et cette société ?», car on laisserait entendre que la société
est une entité en soi. « Si l'art est une partie de la société, il n'y a pas
d'entité en dehors d'elle A, laquelle on puisse accorder la priorité. L'art
y figure, en tant qu'activité, au même titre que la production, le commerce,
la politique, le développement des familles. Pour étudier les relations de
manière adéquate, il est nécessaire de les étudier activement, considérant
toutes les activités comme autant de formes particulières et contemporaines
de Pénergie humaine » 9. C'est de ce même point de vue que l'histoire cul-
turelle ne saurait se séparer de l'événement sans le risque de se cloitrer
dans une prison spirituelle, dont les ba,rreaux empêcheraient toute approche
directe et sans préjugés du réel ; « l'histoire culturelle se doit par excellence
d'être interdisciplinaire »1°.
Telle que l'ont recommandé, d'ailleurs, ses initiateurs, qui se sont
intéressés a, l'esprit des lois, aux mo3urs des nations, aux démarches de
la raison et aux constructions de l'imagination, aux rapports entre la
prospérité des Etats et l'épanouissement de la culture. Mais en lui donnant
une perspective plus ample que celle qui lui fut conférée par « l'esprit de
société », attaché aux expressions culturelles formulées sur un seul niveau,
ou par cet « esprit de synthèses », attentif à, la politique culturelle des
cours impériales qui ne rend pas compte des courants profonds de la vie
des collectivités. Telle qu'elle s'est épanouie dans l'historiographie roman-
tique, pratiquée par un Jules Michelet ou Nicolae Balcescu ; mais re-
gagnant les dimensions sociales perdus dans les exposés didactiques où
la « vie culturelle » s'écoule dans une autre sphère que la « vie économique »
ou la « vie politique ». Car, ainsi que Pierre Francastel le soulignait dans
son Uncle sur l'art et l'histoire, l'ensemble du trésor des ceuvres du passé
ne constitue pas seulement un musk imaginaire, illustrant les chimères
de Phomme en présence d'un réel intangible. Il est temps de substituer à,
une esthétique née au XVIII' siècle de la foi dans la Beauté absolue, une
nouvelle problématique, liée à la reconnaissance de la capacité de Phomme
d'informer son entourage 11
Telle que la recommande l'histoire des mentalités qui rend aux
hommes du présent le sens du devenir, dégagé des faits que l'histoire
événementielle n'a enregistrés que parce que ce sont, justement, des faits,
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5 L'ETUDE COMPAREE DES CULTURES EUROPENNES 199
12 Luden Febvre, Vers une autre histoire dans Combats pour l'htstolre, Paris, Armand
Colin, 1965, P. 431, 425, 437.
13 Affirmation de Marc Bloch, citée dans idem, zbidem, p. 426. Sur les rapports de Phis-
toire littéraire avec l'histoire des mentalités voir aussi Roger Fayolle, D'une histoire littéraire
l'hzstoire des Izttératures, « Scolies. Cahiers de recherches de l'Bcole Normale Supérieure *,
Paris, 2, 1972, p. 7-23.
14 Voir Georges Duby, L'iustozre des systèmes des valeurs. a History and Theory *, XI,
1972, 1, P. 15-25.
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200 ALEXANDRU DuTu 6
de son devenir A, travers les temps et en rapport avec les autres, une image
de sa présence dans la contemporanéité, également en rapport avec les
autres. Le projet existentiel de la collectivité se cristallise dans un modèle
de vie qu'elle se propose et il conduit a l'ébauche d'un modèle d'humanité
projeté dans la conscience des membres de la collectivité. C'est toujours
en rapport avec les autres que le modèle culture', aussi bien que le modèle
d'humanité sent élaborés et, en tant que tels, ils rallient Pexpérience
intellectuelle de certaines collectivités du passé on du présent, tout en se
séparant de favn délibérée d'autres groupes d'expérien.ces. Chaque
modèle culture' et chaque modèle d'humanité comportent des traits uni-
verse's ; une universalité acceptée quand Porientation vers le passé prédo-
mine ou une universalité propulsée lorsque cette orientation s'attache au
présent. Comparer ces modèles ass-are a l'historien le moyen de récupérer
les expérien.ces du passé, et de restituer a ses contemporains, a la place
d'art° galerie de tableaux ou d'un con.glomérat de pièces, le frémissement
de la vie.
Pour ernbrasser la vie du passé dans son ensemble, Pinterprète
devra recourir aux résultats des disciplines spécialisées et pénétrer leurs
points de convergence, afin d'y retrouver les hommes, avec leurs hési-
tations, leurs réalisations et leurs insuccès, avec la pensée, la sensibilité et
la volonté d'agir sur le monde qui leur sont propres. Histoire des hommes,
l'histoire culturelle est a même de se proposer le programme de travail
le plus ambitieux entre tous, tant par l'exten.sion de son intérêt vers toutes
les formes d'expression de la vie sociale, que par ses objectifs, d'intervenir
activement dans les débats du présent, pour l'expliquer par son passé.
Aussi le caractère interdisciplinaire de la recherche se détache-t-il
nettement de cette étude, même quan.d, nécessairement, Penquête est
axée sur un groupe de documents détermin.é. Car, a partir du moment où
il décide d'étudier certains aspects d'une idéologie, l'exégète sera tenu a
recourir a Phistoire économique pour connahre la manière dont sont pro-
duits les biens et les relations économiques, à Phistoire sociale pour con-
n.aitre la nature et les formes revêtues par les rapports entre les classes
et les groupes sociaux, à Phistoire politique qui lui révèle l'organisation
de la société et ses liens avec les autres sociétés. Il tachera de saisir com-
ment communiquent entre eux les différents niveaux culture's 15, puisque
c'est d'une certain.e manière que se dessine le xnodèle culturel quand le
niveau supérieur impose son idéologie, surtout par des moyens politiques,
ou quand il s'assimile des données susceptibles d'augmenter son prestige
et son antorité, et d'un.e toute autre manière quand le modèle est élaboré
dans la zone de contact des niveaux ayant altern.ativexnent la priorité
(comme n.ous estimons que c'est le cas dans la majorité des sociétés sud-est
européennes a l'époque moderne). Il devra aussi étudier le fonctionnement
de la tradition sélective dont parle Raymond Williams, pour relever l'erro-
sion, voire la disparition de certains concepts, ainsi que la perpétuation
de quelques autres sur les paliers du temps, oil la longue durée 16 joue un
rôle essentiel.
15 Voir Robert Mandrou, Cultures ou nweaux culturels dans les sociétés d'Ancien Régime,
e Revue des études sud-est européennes , 1972, 3, p. 415-422.
16 Voir Fernand Braudel, La longue durée in Ecrrts sur l'histoire, Paris, Flammarion,
1969, p. 41-83.
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7 L'ETUDE COMPAREE DES CULTURES EUROPENNES 201
17 Des details clans notre article Vie des hommes et vie des truvres dans la société rouma:ne
(1650-1848). Contacts culture's et stiuctures mentales, Revue des etudes sud-est européennes
1972, 2, p. 393-410.
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202 ALEXANDRU DuTu 8
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9 L'ETUDE COMPAREE DES CULTURES EUROPENNES 203
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LIVRES ROUMAINS A LISTES DE SOUSCRIPTEURS
CATALINA VELCULESCU et
VICTOR GEORGE VELCULESCU
1. INTRODUCTION
* Voir Filip Iliou, Pour une étude quantitative du public des lecteurs grecs d l'époque
des Lumières et de la revolution (1749-1832), in Actes du ler Congrès international des Etudes
balkamques el sud-est européennes, Sofia, 1967-1969, vol. IV, p. 475-480. Notre etude com-
mencée avant la parution de l'article susmentionné aborde l'aspect roumain de la pratique,
en usage dans les pays du Sud-Est européen, consistant A aider la publication de certains
livres par vole de souscriptions préalables. Aussi a-t-elle sa place tout indiquée dans une série
que Film Thou lui-méme a préconisée.
Pour les lecteurs bulgares, voir l'article de Manio Stoianov paru avant la communi-
cation ci-dessus Les # sundromites * bulgares de livres grecs au cours de la première moitie
du XIXe siècle, a Byzantinische-neugriechische Jahrbucher o, Athènes, 19, 1966, p. 373-406,
ainsi que les observations critiques du compte rendu de C. Papacostea-Danielopolu dans o RE-
SEE o, VI, 1968, n° 4, p. 697-699.
Pour les lecteurs grecs, cf. C. Papacostea-Damelopolu, Les lectures grecques dans (es
Principautés Roumarnes après 1821, r Balkan-Studies a 11, 1970, n° 1, p. 158-168.
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206 CATALINA et VICTOR GEORGE VELCULESCU 2
2. IDFINITIONS ET MtTHODE
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3 LIVRES ROUMAINS A LISTES DE SOUSCRIPTEURS 207
sur une fiche. Un seul attribut ou une série d'attributs définissent une
conjoncture.
Une fiche fournit effectivement neuf informations : les sept attributs,
plus le nombre de volumes et celui des souscripteurs. Les 1319 fiches
établies représentent par consequent un total de 11.871 informations
dont la systematisation et l'analyse ont rendu n.écessaire Pemploi d'un.
ordin.ateur.
Le programme, écrit dans une variante évoluée du langage
FORTRAN, appropriée à Pordinateur IB111/360, est décrit sommairement
ci-dessous dans le seul but de définir les operation.s effectuées et de préciser
la méthode de travail.
Le tableau 1 reproduit quelques fiches fictives semblables
lues par l'ordinateur. Une fois le materiel introduit, on effectue la première
operation, consistant à sélectionner tous les attributs distincts enregistrés.
Autrement dit, dans le tableau 1, la colonne « livre » comprend 1319'
elements, mais comme les titres se répètent, le nombre d'ouvrages dis-
tincts n'est en fait que de 26; de même, on constate qu'il a existe 84 loca-
lités ou bien 55 occupations.
Tableaq
souscripteurs
Nombre de
'7 7C)
souscrits
volumes
ci, W ...
C.) .., ,,, ...,.
livre genre époque région localité état occupation g :9: is . ,..
o
o
o
social
ô= E ""
Z ,5;
10 1
. . . . . . . . .
. . . . . . . . .
. . . . . . . . .
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08 CATALINA et VICTOR GEORGE VEI1CULESCII 4
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5 LIVRES ROITSVLAINTS A LISTES DE SOUSCRIPTEURS 209,
Nous n'avon.s pas établi non plus de comparaison entre les livres
souscripteurs et ceux sans souscripteurs. Cette étude comparative, qui
ferait con.naltre la proportion des livres à souscripteurs par rapport
au total des ouvrages parus au cours de l'époque envisagée, serait certai-
n.ement utile, mais elle se heurte à des difficultés dues A, l'absence d'une
bibliographie complète pour les livres postérieurs à 1830.
A noter que, pour certains livres du moats, le tirage était supérieur
au nombre des volumes souscrits.
Etant don.né Pabsence d'un.e Bibliographic exhaustive des livres rou-
main.s parus après 1830, comme celle qui existe pour la période antérieure,.
où est mentionnée la présence ou l'absence des listes de souscripteurs,
il se pourrait qu'un certain nombre de livres aient échappé à nos in.vesti-
gations. Soulignons que toute communication à ce sujet sera la bienvenue_
L'attribut genre. Les 26 livres ont été répartis en 4 grandes
eatégories : 1. CEuvres littéraires ; 2. Livres scientifiques et manuels ; 3. Phi-
losophie pédagogie niorale ; 4. Théologie *.
La classification ci-dessus peut, assurément, prêter aux discussions._
La MOWS homogène des quatre catégories est la théologie. On y relève
en premier lieu l'absence de livres liturgiques : ceux-ci ayant leur clientèle
attitrée, point n'était besoin de recourir aux souscriptions. D'autre part,.
ce genre est celui dont le contenu s'est le plus modifié avec le temps :.
si durant la première période il s'agit de comxnentaires sur des thèmes
religieux, aux époques ultérieures on trouve soit des recueils de noes,
c'est-à-dire des ouvrages se situant aux limites du folklore, soit des ou-
vrages de musique ou d'histoire religieuse, don.c d'une plus vaste port&
Les livres scientifiques ont été groupés avec les manuels paree
que, en l'occurrence, pour le début du XIX° siècle, la distinction
entre ces deux catégories est le plus souvent impossible. Il va
de même pour le groupe philosophie pédagogie morale. Non
seulement la pédagogie et la morale se confondent en grande mesure, mais
méme les ouvrages de philosophie ont été tran.sposés en romnain, ainsi
que le proclament leurs traducteurs, dan.s le rame but de moralisation.
L'attribut époque. Le premier volume possédant une liste no-
minale de souscripteurs a paru en. 1815, le dernier qui soit compris dans
notre étude date de 1853. Pour des nécessités techniques et sur la base
de la division en périodes de la littérature roumaine plus ou moins généra-
lement acceptée, nous avons établi les étapes (périodes ou époques) comme
suit : I jusqu'en. 1820; II 1820 1829 ; III 1830 1839 ; IV
après 1839**.
L'attribut position sociale. Les souscripteurs font partie de
couches sociales diverses et ont des professions variées. Le matériel
enregistré a imposé la répartition suivante ' : 1 gens d'Eglise ;.
* Von- Annexe 1.
** Voir Annexe 2.
*** Voir Annexe 3.
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210 CATALINA et VICTOR GEORGE VELCULESCU 6
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7 LIVRES ROUMAINS A LISTES DE SOUSCRIPTEURS 211
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212 CATALINA et VECTOR GEORGE VEIXTJLESCU 8
* Von. Annexe 2.
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'9 LIVRES ROUIVLAINS A LISTES DE SOUSCRIPTEURS 213
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214 CATALINA et VICTOR GEORGE VELCULESCU 10
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11 LIVRES ROUNLAINS A LISTES DE SOUSCREPTEURS 215
les livres à contenu n.ouveau des genres traditionnels. Elle est attirée par
le côté littéraire des ouvrages de théologie, genre peu goûté en lui-mérne,
ainsi que par les ouvrages de la catégorie philosophie pédagogie morale
renfermant des con.seils sur la manière de se comporter dans le monde.
Les personnes pourvues de ranys manifestent un intérêt particulier
pour l'achat des livres de ph,ilosophie durant la deuxième période, intérét
qui dépasse celui de toute autre catégorie sociale, à n'importe quelle époque
et pour n'importe quel genre, à l'exception de l'intérêt des gens d'Eglise
pour les livres de théologie durant la première période. Suivent en ordre
d'importance les ouvrages scientifiques et les manuels en 1820-1829, puis
la littérature après 1839, à laquelle ils acconlent pratiquement le même
intérét qu'à la théologie pendant la pr(mière période. Ainsi done, les per-
sonnes pourvues de rangs, attirées par la théologie au début, s'orientent
à l'époque suivante vers les livres scientifiques, les manuels et les ouvrages
de philosophie pédagogie 'morale. Après 1829, tout en continuant à
are les premiers acheteurs de ces genres, leur prépon.dérance est Inoins
marquée, d.'une part eu raison. de Pintervention d'autres couches sociales,
d'autre part parce que eux-mêmes sont de plus en plus attirés par la
littérature, clout ils devien.n.ent les principaux adeptes après les personnes
san.s position sociale ou profession déclarée.
Le monde de Penseignement se relève surtout comme acheteur de
livres de pédagogie durant la première période, puis d'ouvrages scientifiques
et de manuels à l'époqu.e suivante et, à une grande distance, de livres
de théologie durant la quatrième période. La littérature se situe au dernier
rang. En général, les personn.es faisant partie de l'enseignement n'achètent
que les livres qui les intéressent directement du point de vue didactique,
qu'il s'agisse de guides pédagogiques ou de manuels. Au cours des deux
premières époques elles jouent un rôle prépondérant dans l'achat de ce
gente de livres, mais après 1829 leur rôle dimin.ue en faveur d'autres
catégories sociales : gens d'Eglise, personnes sans occupation déclarée
et celles pourvues de rangs.
Les libraires n'apparaissent qu'à l'époque 1830-1839, parmi les
souscripteurs à tous les genres de livres, les pourcentages les plus élevés
étant atteints par les ouvrages de théologie, suivis de près par ceux de
science et les manuels. A chacun.e des autres époques, ils n'achètent qu'un
gente de livre : ouvrages pédagogiques (pour lesquels ils se situent au qua-
trièxne rang) durant la première période, livres scientifiques et manuels
(pour lesquels ils sont les derniers) durant la seconde période, théologie
après 1839.
Les artisans et les marehands manifestent le plus grand intérêt
pour le genre philosophic pédagogie morale durant la période 1830
1839, suivi, à la mèxne époque, par la théologie (représentée, ainsi que nous
l'avons déjà mentionn.é, par un recueil de chants religieux de caractère
folklorique), puis par les ouvrages seientifiques et tes manuels, la littérature
se situant au dernier rang. L'époque de la plus grande participation des
artisans et marchan.ds à la pratique des souscriptions est la période 1830
1839. Mais ils ne sont à aucun moment les premiers parmi les acheteurs,
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216 CATALINA et VICTOR GEORGE VELCULESCU 12
pour aucun genre. Ils n.e manifestent qu'un très faible intérét pour la
littérature, en échange ils sont attires par les livres de philosophie péda-
gogie morale lorsqu'ils contiennent des indications concrètes sur le-
eomportement recomman.dé dans la vie sociale, mais non lorsqu'ils abor-
dent des problèmes abstraits. Ils s'interessent également aux ouvrages
d'information scientifique. On les trouve parmi les souscripteurs aux
Dialogues franco-roumains, mais non parmi ceux au Dictionnaire allemand-
roumain.
Les employ& apparaissent surtout comme amateurs de livres de'
science et de manuels à la seconde époque, puis d'ouvrage de philosophic.
pédagogie morale à la troisième. La théologie est au troisième rang
durant la quatrième période et la littérature au dernier rang. De mêm.e
que les marchan.ds et les artisan.s, les employes encouragent la publication
d'ouvrages d'instruction genérale on fournissent des règles de conduite
sociale. Ils ne sont que pen attirés par la littérature et du tout par les
discussions philosophiques. Ils ne constituent a, aucun moment un fac-
teur actif dan.s le processus de souscription et ne dépassent jamais lea
derniers rangs parmi les souscripteurs.
Les militaires out le rôle le plus important comme acheteurs de
livres de littérature après 1839 et d'ouvrages théologiques (voir plus haut
le caractère special de ceux-ci) durant la troisième période. En gén.éral,
leur intéret est réduit a toutes les époques pour tous les autres genres.
Pourtant ils swat presents comme souscripteurs a, tous les gen.res durant
les deux dernières périodes, après l'in.stitution de la mince nationale.
Les intelleetuels ne souscrivent qu'à un petit nombre d'exemplairesl.
aussi est-il difficile d'établir une échelle de leurs preferences. Mentionnons
qu'ils n.e souscrivent pas aux livres de théologie (c'est a peine a la quatrième
époque que, parmi les 2345 souscripteurs a de tels livres, on trouve aussi
4 intellectuels). En revanche, ils se situent au deuxièxne rang pour l'achat
des ouvrages scientifiques durant la première période. C'est d'ailleurs le
seul genre auqu.el ils souscrivent a, toutes les époques et auquel, a toutes
les époques, ils accordent la priorité par rapport aux autres categories
de livres.
Diverses occupations non intelleetuelles. Le nombre de volumes
auxquels ils souscrivent est trop petit pour que leurs préférences puissent
être établies. Ils abordent tous les genres, mais n'achètent pas un seul
exemplaire des livres de « l'élite ». Ils manifestent un intérêt particulier
pour le recueil de chants religieux (MA mentionné.
Public feminin. Nous sommes convaincus que les personnes de sexe
féminin passées sur les listes de souscripteurs ne sont pas les seules lec-
trices, mais consiclérant que le fait d'y être inscrites devoile une certaine
mentalité, nous les avons traitées comme une catégorie a part et n.e les
avons pas englobées dan.s les couches dont elles font partie. C'est proba-
blement la categorie la moins hom.ogène de toutes et nous nous réservons
la táche d'en exposer le comportement par composantes sociales lorsque
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13 LIVRE,S ROUMAINS A LISTES DE SOUSCRIPTEURS 217
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218 CATALINA et VICTOR GEORGE VELCULESCU 14
ANNEXES
Annexe 1
11 s'agit d'une enumeration arbitraire, déterminée par des nécessités techniques. Ci-
dessous, la liste de répartition des volumes par genres (conjonetures à un seul attribut)
Volumes Souscripteurs Rapport
Les données ayant un caractère statistique, on leur a acordé une a marge de sinreté a,
dont la valeur est inverseinent proportionnelle au nombre d'exemplaires. Nous ne pouvons
aborder ici les procédés qui aboutissent à l'établissement de cette marge. Void en échange, des
exemples pratiques de lecture du tableau
Dans le genre philosophic péclagogiemorale, on a eu 2817 volumes, avec une marge de
stlreté comprise entre 2764 et 2870 volumes ; dans le genre littérature, 2403 volumes, avec la
marge de sareté 2354-2458. D'on peut conclure gull y a eu un plus grand nombre de
souscripteurs pour la philosophie que pour la littérature, puisque la limite inférieure (2764) de la
marge dc snreté de la philosophie est plus grande que la limite supérieure (2452) de la
!literature.
Autre exemple : le nombre de souscripteurs pour les livres de science est de 1864, pour
les livres de littérature de 1875. On ne saurait pourtant affirmer que le genre littérature a réuni
plus de souscripteurs que le genre science, l'écart de 11 étant msignifiant. Mathématiquement,
cela résulte du fait que la limite supérieure de la marge de seireté des 'tyres de science manuels
(1907) est comprise dans la marge de snreté de la littérature (1832-1918).
Annexe 2
Époque Volumes Souscripteurs Rapport
I (avant 1820) 1851 1053 1,73
1728 184 1021 1085 1,69 1,77
11 (1820-1829) 1752 978 1,79
1710 1794 947 1009 1,75 1,83
III (1830-1839) 4108 1964 2,09
2044 4172 1920 2008 2,06 2,12
IV (après 1839) 4512 2943 1,53
4445 4579 2889 2997 1,51 1,56
Annexe 3
L'énumération initiale a été, évidemment, arbitraire. Nous nous y tenons toutefms, afin
de conserver la concordance avec le code du programme FORTRAN. Ci-dessous, le tableau des
positions sociales (conjoncture à un attribut), classées en ordre décroissant suivant la répartition
des volumes et, en regard, le nombre des souscripteurs et le rapport entre ces deux valeurs :
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15 LIVRES ROITIVIAINS A LISTES DE SOUSCRIPTEURS 219
Annexe 4
La correlation a ripoque permet des comparaisons dans lesquelles l'attribut époque
varie, l'attribut genre demeure constant et l'attribut position sociale peut varier ou demeurer
constant.
La correlation au genre permet des comparaisons dans lesquelles l'attribut genre varie
ou demeure constant, l'attribut époque demeure constant et l'attribut position sociale peut
varier ou demeurer constant.
La correlation au genre el a repoque pei met des comparaisons dans lesquelles l'attribut
genre varie, l'attribut époque varie de méme, tandis que l'attribut profession - position sociale
peut varier ou demeurer constant.
Voici quelques exemples pour ces différents cas
Par correlation a l'époque on répond A des questions de l'ordre suivant (voir graphique A)
A quelle époque les marchands et artisans (position sociale 2) jouent-ils le rôle le
plus important dans l'achat des livres de science et manuels (genre 2), à la lere , la Ile, la Me
ou la IVe époque ?
Quelle est la profession jouant le premier rûle dans Fachat du genre 2 a telle ou
telle époque ?
Par corrilatton au genre on répond A des questions du type suivant (voir graphique B)
Quelle est la categoric sociale la plus importante dans l'achat des livres do littéra-
ture (genre 1) A la IIIe époque (1830-1839)?
Quel genre telle catégorie sociale préfère-t-elle à la IIle époque ?
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220 CATALINA et VICTOR GEORGE VELCULESCU 16
Par correlation au genre et a l' époque on repond h des questions du type suivant (voir
graphique C):
Les achats des marchands et artisans sont-ils plus importants pour les livres de science
la IIe époque ou pour les ouvrages de littérature A la Ille époque ?
Laquelle de ces deux categories sociales a-t-elle plus d'importance, les marchands et
artisans A la Ir époque pour le genre 2 ou les personnes sans profession déclarée A la 111eépoque
pour le genre 3?
JO 110,
e;goque
Ìre époque
9enre
llf époque gen/'e 2
e e'paque genre ,7
' LE-9 époque 35
-- genre SI
.20 --
25
JO
011Sq5577'51
Graphique A: La correlation A l'époque pour
-
10
o
0 1 7 3 a41 6 7 7' 6' 8
Graphique C : La correlation A l'époque et au genre.
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LE DEBUT DE L'ENSEIGNEMENT PUBLIC DANS
LES VILLAGES EN VALACHIE
G. D. ISCRLP
Voir notamment les ouvrages de date récente : Istoria lnydfdrnintului din Ronutnia.
Compendiu, Editura didacbcd 5i pedagogicd, Bucarest, 1971, 479 p. ; Ariadna Camariano-
Cioran, Acadenuile domnestz din Bucuresti si Iasi, Bucarest, 1971, 328 p.
2 Nous nous référons principalement aux recherches de Gh. PArnutd, exposées dans son
réceut ouvrage Istoria inveitämintului si gindirea pedagogicd din Tara Ronidneascei (secolele
XVIIXIX), Editura didacticd si pedagogicd, Bucarest, 1971, 352 p.
3 Richard Clogg, Two accounts of the Academy of Ayvalik (Kydonies) in 1818-1819,
RÉSEE, X (1972), 4, p. 633-667.
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222 G. D. iscRu 2
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3 LE DEBUT DE L'ENSEIGNEMENT PUBLIC DAN'S TMS VILLAGES EN VALACH1E 223
11 Archives de l'Etat Bucarest (citées désormais : Arch. Buc.), fonds Vornicia din
Lduniru Tara 1?omcineascd (V .L.T.R.), dos. 5390 III B/1838, f. 842, 878-879, 840 et 843.
12 Arch. Buc., fonds vIinjsjerul I nsirucliund Tara RomiMeascd (M.I.T.R.), dos. 2698)
1841, f. 167 et 188, 221-223.
lbidem, dos. 1723/1845, f. 46 v. 47 r., etc.
Ibidem, dos. 1747/1845, f. 43, 70, 72, 108, 132, 136, 171, 250, 253, 273, etc.
Ibidem, dos. 1751/1845, f. 169.
16 Ibidem, dos. 1292/1847, f. 101.
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5 LE DÉBUT DE L'ENSEIGNEMENT PLIBLIIC DAN'S LES VELLAGES EN VALA.CFILE 225
Lorsque le candidat était par trop jeune (14 A, 15 ans, ou méme moins),
l'Ephorie préférait que l'école reste avec le poste vacant jusqu'au jour
oh l'on trouverait un candidat d'âge adéquat 17. Néanmoins, les listes oh
sont passées les données biographiques et les états de service des ensei-
gnants renferment plus d'une fois des instituteurs d'un Age des plus tendres,
qui ont évidemment été accept& faute de candidats plus Agés.
Etant donné le grand besoin qu'il y avait d'enseignants, on a parfois
eu recours à des solutions inspirées, fussent-elles provisoires : on a nommé
des postes d'instituteurs les candidats de réserve » 18 ou « normalistes
(c'est-à-dire des élèves du chef-lieu ou mème venus des villages pour suivre
le cours complet de l'école) 13, ou bien des diplômés des séminaires théolo-
gigue-s20 (pour cette catégorie, le règlement officiel pour leur nomination
des postes d'enseignants est intervenu en 1847 21), voire des sous-officiers
non réengagés 22.
Signalons aussi que, à l'instar des villes de Valachie où professaient
un grand nombre de Roumains venus de Transylvanie, on rencontre dans
les écoles de village un certain nombre d'instituteurs transylvains, attestés
par des documents oh leur origine est révélée par le lieu de naissance, par
le nom ou par le qualificatif de « sujet étranger » chez certains d'entre
eux. De tels cas nous sont apparus dans 7 districts, le nombre de ceux en
cause variant de 1 à 4. Un cas significatif a été signalé le 19 octobre 1845
par le professeur I. Gherasim Gorjanu, de Ploiesti. Il rapportait à l'Ephorie
qu'un « jeune Roumain de Transylvanie » du nom d'Alexandru Pamfilie,
venu exprès à cette école de son pays il y a environ cinq mois » et que le
professeur D. Pizo cm:malt, démontrait avec preuves à l'appui ses connais-
sauces en allemand et en latin, qu'il avait une bonne conduite, qu'il était
initié à la méthode lancastérienne et qu'il désirait maintenant être nommé
instituteur communal. Dans l'immédiat, le professeur le recommandait
pour Pécole vacante du bourg de Telega et l'Ephorie donnait cours favo-
rable à sa proposition 23. On le retrouve aussitôt en cette qualité, à Pécole
du bourg susmentionné, la localité la plus importante du canton de Pra-
hova (587 familles) 24.
Afin d'avoir des données plus complètes sur les instituteurs et sur
les candidats à ce poste et vu qu'il n'existait pas de modèle de formulaire
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226
227
Candidats (Insiltutenrs) des ¡toles des i Illages
de Valachie - 1843-1847. Appartenanee sociale ct diat civil
I) Fils de
d'ordre
-01-. CO
c.
Date de la laics gens
:O
o District mention tetal imposables****
1
total
d'Eglise w -i.
C./
co
o dont prétres
.11.J
.t_-1. 2
s.-a
..., Total général Source (M.I.T.R.,dos....)
absolument 0/, absolument % absolt ment 0/0 ;:-.1 :- g
absolt ment %
Idont
L5 .>
ARGE 25.XI.1843 93 63,69 87 59,58 53 36,30
5.XI.1845 125 69,83 121 67,59 54 30,16 45 30,82 79 66 1 146
BRAILA 17.XII.1843 25 78,12 21 65,62 7 21,87
47 26,25 98 81 - 179
2140/1843, f. 3-6 i 15-19.
1705/1845, f. 93-100.
2
6.IV.1845 29 82,85 28 80,00 6 17,14 6
6
18,75
17,14
14
16
18
19
-- 32 3385/1840, f. 461.
3 BUZAU 3.XII.1845 107 66,87 99 61,87 50 31,25 35 1706/1845, f. 43-44, 49-50.
47 29,37 73 85 1 160
4 DIMBOVITA 10.X11.1843 78 55,31 70 49,64 63 44,68 1748/1815, f. 57-60, 67-69.
5.11.1845 78 53,06 70 47,61 69 46,93 53 37,58 74 66 1 141 2688/1841, f. 485-489, 504-507.
59 40,13 70 76 147
dupà 1.XI.
5 DOLJ
1847 198 93,65 - 91,21 12 5,85
11 5,36 111
1
1749/1845, f. 27-32, 43-47.
Arch. Etat-Craiova, fonds Lycée
6 GORJ 29.X11.1843 119 75,31- 105 66,45 39 24,68 93 I 205 Carol I, mv. 3/1815.
10.IV.1845
1.X1.1845
133
138
77,32
77,52
120
125
69,76
70,22
39
40
22,67
22,47
34
31
21,51
18,02
62
81
96
91
-- 158 3387/1843, f. 523-532.
172 1746/1845, 1. 68-70, 77-84.
30 16,85 79 98 178
IALOMITA 20.111.1844 53 68,96 39 50,64 24 31,16 1 Ibidem, f. 160-170.
7
18.VI.1845
10.V11.1846
53
55
68,96
67,90
41
44
53,24
54,32
24
26
31,16
32,09
22
23
28,70
29,88
41
32
36
45
-- 77
77
1770/1844, f. 16-19.
8 ILFOV 4.VI.1846 104 75,36 85 61,59 34 24,63
24
26
29,62
18,83
33 48 - 81
1724/1845, f. 53-54, 59-60.
Ibidem, f. 147-148, 155-157.
1.X11.1843 69 66 3 138
9 MEHEDINTI 197 80,08 191 77,63 49 19,91 1751/1845,f. 109-113, 128-131.
21.111.1845 141 79,66 135 76,27 36 20,33 48 19,51 103 142 1 246
36 20,33 84 3388/1840, f. 410-417, 426-428.
10 MUSCEL 15.XII.1843 49 56,97 41 47,68 37 43,02 92 1 177 1731/1845, f. 4-12.
1.11.1845 50 59,52 44 52,38 34 40,47 26 30,23 36 49
24 28,33 29
1 86 3392/1840, f 198-199.
12.IX.1845 55 62,50 50 56,81 33 37,50 54 1 84 1708/1845, f. 24 *i 39.
5.1.1846 56 64,36 51 58,62 31 35,63 23 26,13 22 64 2 88
OLT** 29.V.1842 27 27 - 81 - 21 24,13
-
23 62 2 87
Ibidem, f. 101 §i 110.
Ibidem, f. 141, 150-152.
11
28.1.1844 65 58,55 63 56,75 46 41,44 1
32 28,82
84
77
26
33
- 110 3381/1840, f. 497-501.
12 PRAHOVA' 8.1/.1844 48 58,53 47 57,31 18 21,95 1 111 Ibidem, f. 768-771.
6.111.1845 56 56 30
28
12 14,63 47 35 -- 82 - 1776/1844, f. 20, 55-58. Ploiqti.
=112 64,00 =112 64,00 =63 36,00 =57 32,57
47 39 86-P v-- 1729/1845, f. 6-11, Ploie§ti.
7.VII.1845 56 33 =175
13 RIMNICU-SARAT 19.XI.1843 69 73,40
56
56 59,57 25 26,59
29 48 41 - 89-V 1732/1845, f. 27-30. Valeni.
5.111.1845 71 74,73 63 66,31 24 25,26 23-
22
24,46
23,15
39
40
55
48
-- 94 3393/1840, f. 484, 499-501.
14 ROMANATI 19.XI.1843 65 60,74 64 59,81 42 39,25 95 1707/1845, f. 6-8, 11.
9.XI.1845
15.1.1847
78
74
62,40 76 60,80
60,83
47
46
37,60
38,33
31
38
28,97
30,40
63
63
44
62
-- 107 ' 394/1840, f. 464-465, 476-479.
15 SAAC 29.XII.1843 76
61,66
58,46
73
68 52,30 -54 41,53
37
43
30,83
33,07
57
64
63 - 125
120
1727/1845, f. 105-106, 109-113.
Ibidem, f. 282-287.
16 TELE ORMAN 22.XI.1843 96 66,66 81 56,25 48 33,33 64 2 130 3415/1840, f. 463, bis, 464, 473-476.
23.IV.1844 104 28,76 38 20,38 90 50 4
71,23 89 60,95 42 144 2873/1842, f. 269-273.
29.X.1844 106 72,60 91 62,32 40 27,39 36 24,65 91 51 4 146
34 23,28
1773/1844, f. 125-128.
-.11.1845 105 71,91 61,64 41 28,08 86 55 5 146
90
35 23,97
Ibidem, f. 192, 209-210.
25.V.1845 106 73,10 92 63,44 39 26,89 88 54 4 146 1726/1845, f. 6-9.
11.IX.1845 97 72,38 63,43 27,61 32 22,06 74 67 4
85 37
30 22,38 65
145 Ibidem, f. 33-38, 43-46.
17 VILCEA 6.XII.1843 125 69,83 115 64,24 54 30,16 65 4 134 Ibidem, f. 56-62.
16.VI.1845 119 63,52 30,00 39 21,78 76 101 2
70,00 108 51 179 2129/1843, f. 5-14, 22-23.
42 24,70 80 89 170
18 VLACA 14.VI.1844 92 65,71 86 61,42 48 34,28 1 1747/1845, f. 6-7, 22-28.
2.V11.1845 82 74,54 75 68,18 28 25,45 42 30,00 46 91 3 140
27 24,54
1774/1844, f. 70-80.
30.V1.1846 78 69,64 76 67,85 33 29,46 37 72 1 110 1723/1845, f. 45-52, 73 -75.
27.X.1846 82 68,34 79 65,83 38 31,66 32
36
28,57
30,00
45
51
66
68
-- 112 1506 11/1846, f. 76-80, 83-86.
65,54 120
2.V11.1847 80 67,22 78 39 32,77
D'apits les tableaux envoyés i l'Ephorie par les professeurs des tecle. Normales des chefs-lieux des distriets.
Les poureentages ont été calcules pour le second tableau envoyé I l'Ephorie, vu Que les données du premier
35 29,41 53 66 - 119
Ibidem, f. 207-211, 218-222.
1284/1847, f. 75-81.
* Le premier tableau est valable pour le district da Prabovs avant Pcarrondissement» de 1846 : les deux suivants tableau ne le permettaient pas.
l'atare par celui de Vileni. -en semble, vota le mame district -aves
Nous AYUCID groupe dans cette categorie tous ce= designés par itk termes de «laica », «villsgeois u et « labou l'«arrondissement», l'un aYant ele envoy e par le professeur de Plotesti,
reurs », itant donné Que les autres categories (artisans, marehands, etc.) sont mmtionnées avec leur
(milite precise.
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228 G. D. ISCRU 8
25 Nous avons noté partni les instituteurs des fits de : imposables, corvéables, commer-
eants patentables ; tailleurs, cordonniers, teinturiers, drapiers, memiers, pgres, éleveurs de
moutons, porchers ; logothétes, s dorobanti s (soldats d'infanterie), capitaines de poste, mill.-
taires, s ceausi * (grade militaire), ispravnici * et # vornici * (fonctions admmistratives) ; mar-
chands, colporteurs, a cumphnasi * (membres de compagnies commerciales) ; exemptés, fits de
veuves, sujets étrangers, me mbres de corporations, 4 mazili s, # boieri de nearn s, s boiernasi o,
nemurasi s, s postelnici s (différentes catégories de petits boyards) ; fermiers, boyards, habi-
tants des villes ; parmi les gens d'Eglise fits de prétres (la majorité), de sacristains, de chantres,
de diacres, de moines, d'archtprétres, de praxes defroqués.
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9 LE DEBUT DE L'ENSEIGNDMENT PUBLIC DANS LES VILLAGES EN VALACHIE 229
29 Car on ne faisait pas de distinction A ce point de vue entre les uns et les autres
dos. 5390 I A/1838, f. 271 ; M.I.T.R., dos. 1782/1844, f. 86 et 97).
22 V.L.T.R., dos. 5390 I A/1838, f. 216.
29 Ibidem, f. 218-219.
IbIdem, f. 257.
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230 G. D. ISCRU 10
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11 LE DEBUT DE L'ENSEIGNEMENT PUBLIC DANS LES VILLAGES EN VALACHIE 231
Ces registres des salaires des instituteurs ont été utilises à partir du premier
trimestre de 1845 et jusqu'au premier trimestre de 1848, lorsqu'une nouvelle
modalité de paiement des salaires a été instituée, lesdits dossiers étant
alors retires 38. A partir de l'entrée en vigueur du nouveau système, l'Epho-
rie effectuait son propre contrôle au moyen de listes des salaires dressées
par les professeurs, vérifiées par les prefectures et envoyées à l'Ephorie,
qui approuvait le paiement.
Enfin, ayant constaté les ncmbreux et graves abus ccmmis par
les sous-prefectures, l'Ephorie a, le 20 février 1848, propose au Départe-
ment une nouvelle modalité de paicment, qui représentait en gros un
retour A, son point de -vue initial. L'Ephorie proposait que le salaire des
instituteurs et des sous-réviseurs soit payé dcux fois par an, A, la Saint-
Georges et A, la Saint-Démétre, directement par la prefecture du district, A,
tous en même temps, en présence du professeur. Ce procédé semblait d'autant
meilleur à l'Ephorie que les instituteurs étaient quand meme obliges de
venir deux fois par an au chef-lieu du district, pour des stages de prepa-
ration de deux mois. C'était pour l'Ephorie A, la fois un moyen de contrôle
de l'accomplissement par les instituteurs de leurs obligations et de leur
presence aux stages de preparation 39. ATMs l'Ephorie omettait que ces
stages, d'après ses propres instructions antérieures, n'étaient plus obli-
gatoires, cette question devant être mie-ux réglementée le 19 avril 1848 4°.
Le ler mars 1848, le Departement se déclarait d'accord avec l'Ephorie 41
et adressait un ordre circulaire dans ce sens aux prefectures, ce procédé
devant entrer en vigueur à partir du mois d'avril 42. L'Ephorie a envoyé
de son côté des instructions aux professeurs, instructions qui différaient
d'ailleurs en partie de celles du Département, ce qui n'a pas manqué
de créer des complications sur le plan local. En effet, suivant les instruc-
tions de l'Ephorie, le nouveau systéme de paiement devait entrer en vigueur
rétroactivement, à partir du 1" janvier ; et comme l'élaboration des listes,
leur expedition, approbaticn et réexpédition demandaient beaucoup de
temps, l'Ephorie décidait, sans tenir ccmpte du grave inconvénient que
cela représentait pour les instituteurs, de payer les salaires non pas au
printemps, selon la coutume et ainsi que l'avait ordonné le Département,
mais au bout de neuf mois, en octobre 1848, et alors seulement pour les
six premiers mois de Pannée, les six derniers mois devant être payes A,
peine le 23 avril (c'est-à-dire à la Saint-Gecrges) 1849 43.
Les autorités locales et les professeurs out rapporté les difficultés
auxquelles donait lieu le nouveau systCme de r aicment : la charge presque
38 Ibidem, dos. 797 I A/1847, f. 608; dos. 797 I B/1847, f. 41-42 Ils existent presque
an complet pour les années 1845-1846, ceux de districts seulement (Braila et Olt) pour 1847
et d'un district seulement (Rimnicu Silrat) pour 1848. Au total, 303 dossiers, point trop volu-
mineux. On y trouve mentionnés le nombre des families de chaque village de l'arrondissement
respectif, la somme reçue des habitants, le salaire payé par le sous-préfet, enfin les signatures
dos instituteurs et des sous-réviseurs. Existent de meme pcur 3 districts les états récapitulatifs
mentionnés (V.L.T.R., inventaire Salaires des instituteurs de village, 1845-1848).
39 V.L.T.R dos. 797 I B/1847, f. 38 et 45.
4° M.I.T.R., dos. 1491/1848, f. 3.
V.L.T.R., dos. 797 I B/1847, f. 40.
42 Ibidem, f. 41-42.
43 Ibidem, f. 39; M.I.T.R., dos. 1755/1844, f. 99 et 102; dos. 2581/1849, f. 2.
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232 G. D. ISCRU 12
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13 LE DEBUT DE L'ENSEIGNEMENT PUBLIC DANS LES VELLAGES EN VALACHIE 233
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234 G. D. ISCRU 14
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N. PICCOLO - CORRESPONDANT A PARIS DE LA CURATELLE
DES ÉCOLES PUBLIQUES DE MOLDAVIE (1840-1844)
N. ISAR
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236 N. 1SA.R. 2
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3 N. /PICCOLO ET LA CURATE= DES ECOLES PUBLIQUES DE moLDAIViE 237
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238 N. ISAR 4
Annexe n 1
Votre Altesse I
De Votre Altesse,
Le pieux intercesseur auprès de Dieu
et lieutenant de Sa Sainteté le Métropolite,
Filaret . . .(?)
et ses burnbles serviteurs,
N. Sutu . . .(?)
No 137
Jassy, le 1 e' juin 1840
En haut, la résolution
Approuvé, le 13 juin 1840
Archives de l'Etat Bucarest, Ministère des Cultes el de l'Instruction publique, 11Ioldavie, dos.
317/1840, f. 1, original (voir également une copie, f. 7).
Annexe no 2
N° 136, A M. N. Piccolo, 1" juin 1840.
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5 N. PICCOLO ET LA CURATELLE DES ECOLES PUBLIQUES DE MOLDAVIE 23t.
Annexe n° 3
A illr. le Docteur N. Piccolo
L'estime que nous professons pour votre personne et la confiance que nous avons en
vos lumières et votre amour du bien-public nous fait saisir avec empressement l'occasion de
rendre votre séjour A Paris utile au pays que nous gouvernons. Le but que nous nous proposons.
en vous inettant en rapport direct avec la Curatelle de l'instruction publique est de procurer
par votre organe aux institutions d'enseignement les notions qui peuvent servir A les metire au
niveau du progrès des connaissances hurnaines, de faire participer le pays aux bienfaits du
développeroent industriel et des découvertes soientifiques en lui procurant, suivant un plan
d'études régulier et méthodique des ouvrages qui serviront A former une bibliothèque d'utilité
genérate et des instruments que l'étude des sciences rendent indispensables.
Pleinement convaincu que vous serez A même de justifier notre attente sous tous ces
rapports et que vous embrasserez avec empressement une mission si utile, nous vous enga-
geons de vous entendre avec la Curatelle de l'instruction publique pour tout ce qui concerne les.
details de l'exécution et le montant des frais qu'elle peut y consacrer annuellement.
Annexe n° 4
A l'honorable Curatelle de l'Instruction Publique
Rapport
Le 27/15 décembre j'eus l'honneur d'envoyer A Monsieur le Prince N. Soutzo le catalogue
des livres expédiés le 22/10 du méme mois.
Je demande A l'honorable Curatelle la liberté d'exposer ici les motifs qui m'ont deter-
miné dans le choix de ces byres, et de lui soumettre quelques réflexions qui se rattachent
A ce sujet. Ces réflexions, quelle qu'en soit la valeur, je prie l'honorable Curatelle de les regar-
der comme un tribut de mon zèle et non comme l'effet d'une présomption qui est loin de
ma pensée.
4 c. 1284
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210 N. ISAR 6
Le plan sur lequel l'instruction publique a été organisée en Moldavie, fait honneur
aux linniéres et A la sagesse des personnes qui l'ont coneu et mis en pratique. L'administration
des écoles est digne de tout eloge. Mais il m'a semble qu'on avait accordé trop peu de place aux
,études classiques. Cependant, ce sont ces etudes qui peuvent être cultivées avec le plus de
succès, c'est d'elles qu'on doit attendre les meilleurs fruits. Je n'ai pas besoin de m'étendre ici
sur les merites divers de la litterature classique. Je ne rappellerai pas que c'est elle qui, dissi-
pant les ténébres de la barbarie du moyen Age, a civilise l'Europe occidentale. Je ne dirai pas que
c'est elle qui a forme les littératures modernes les plus dignes d'estime. Je me bornerai
citer un fait contemporain qui me parait, à lui seul, plus concluant que tous les raisonnements
que je pourrais employer. Certes, parmi les modernes, les lettres franeaises occupent un rang
distingué. Un franeais pourrait, A la rigueur, acquérir toutes sortes de connaissances, sans
avoir recours à aucune autre langue, morte ou vivante. Nous avons même l'exemple d'un
poéte illustre, le pi emier et le plus populaire des poétes franeais de nos jours, qui n'a jamais
appris un mot de grec ni de lalin. En bien I malgré tant de ressources, les etudes classiques
sont de plus en plus encouragées en France. La langue grecque qui avait été un peu negligée,
vient d'être rendue obligatoire dés la septième classe. Il faut donc que les hommes éminents
gin sont A la tête de I:instruction publique aient reconnu A la littérature hellénique des guali-
tés précieuses, qualités que nul autre moyen ne peut suppleer, pour en imposer l'étude au
même instant que celle de la langue latine. Ils ont cru devoir s'y prendre de bonne heure,
afin de mieux incalquer la connaissance du grec litteral dans l'esprit des enfants, afin de la
rendre plus solide et plus durable. Quelles sont done les raisons qui ont pu determiner A cet
égard les Ministres et le Conseil Royal d'instruction publique ? Ces raisons, Messieurs, vous les
connaissez ; elles se trouvent exposées dans les écnts des hommes les plus eloquents, des
plus beaux genies de tous les Ages, depuis Horace et Ciceron jusqu'A l'auteur du Télemaque. Je
me bornerai a deux citations : La chose du monde la plus certaine pour moi, disait Erasme,
c'est que nous ne sommes rien en aucun genre de littérature, sans la connaissance du grec (0 millos
nos esse in litteris, sine graecitate*). L'auteur d'Emile, pour former le gait de son élève,
s'adresse A des auteurs grecs.
Malgre des autorités si imposantes, Fatale de la langue grecque, grâce aux plaisanteries
de quelques beaux-esprits, avait été negligée en France, surtout après la revolution. Mais les
tristes effets de cette negligence n'ont pas tarde à se faire sentir. Ainsi, l'importance et l'utilité
de cette etude ont été confirmées par des preuves de tout genre : le raisonnement, l'autorité des
faits dans le passé, l'exemple contemporain des Universités d'Angleterre et d'Allemagne, enfin
la double experience qui eut lieu dans ce pays, d'abord positive, et puis en sens contraire.
Voila ce qui m'a decide, 'Messieurs, à mettre dans mon premier envoi pour la bibliothè-
que publique de Jassy la collection des classiques latins, publiée par Panckouke. C'est pour la
même raison que je n'ai pas choisi des editions savantes, accompagnées de commentaires éten-
dus. En effct, peu de personnes à present voudraient ou pourraient se servir de ces editions
surchargées de notes érudites sous lesquelles le texte est en quelque sorte étouffé ; tandis que,
dans la collection de Panckouke, la traduction franeaise mise en regard peut aides le lecteur
-sans le fatiguer. Elle peut même contribuer A inspirer le goat des etudes classiques à ceux qui
n'avaient pas eu l'occasion de s'en occuper et le raviver dans les autres. Quant aux editions
critiques ou variorum), nous aurons le temps de nous en occuper, A mesure que le besoin s'en
fera sentir.
La Bibliothéque publique de Iassy aunt déjà abonnée à l'excellente collection des
classiques grecs de Mrs. Firmin Didot, je n'aurai qu'A continuer l'envoi des volumes nouveaux
qui se succédent avec assez de rapidité.
J'ai joint A ce premier envoi tous les volumes du Journal de connaissances utiles, qui ont
paru jusqu'A ce jour. J'ai cru devoir commencer par ce travail, parcequ'il est le plus simple et
le plus économique. Cependant, il est loin d'être suffisant. Je demande done A l'honorable
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7 N. PICCOLO ET LA CURATE= DES ECOLES PUBLIQUES DE MOLDANIE 241
Annexe n° 5
A l'honorable Curatelle de l'instruction publique
Rapport
Au commencement d'avril, j'eus l'honneur d'accuser A Mr. le P. N. Soutzo reception
de la lettre de l'honorable Curatelle en date de 28 février (v.st.) sous No. 25, ainsi que de la
somme de quatre mille treize francs (4.013 fr.) que je touchai chez Mr. Eichtal. En méme
temps, j'envoyai une note de M. Pixii, avec l'estimation des instruments commandés par
l'honorable Curatelle, et les époques on ils pourraient are préts. J'ai fait confectionner, avec
le plus grand soin, ceux d'entre ces instruments qui exigeaient le moins long délai. Ils ne furent
prets que 40 jours après le terme fixé par M. Pixii lui-meme. Je me suis vivement plaint de ce
retard. M. Pixii s'excuse, en disant qu'il était lui-meme victime des ouvriers qui lui avaient
manqué de parole, et qu'il n'était pas moins désolé que moi-méme de ce contre-temps. Enfin,
le 3 juillet les instruments furent expédies en deux caisses, accompagnées d'une troisieme
contenant des livres, dont la note est ci-jointe. Quant A celle des instruments, j'eus l'honneur
de l'adresser A l'honorable Curatelle le 1/13 courant, par le canal de M. le P. N. Sout7o Les caisses,
marquees P.Y., n-os 154-155-156, ont Re adressées (comme celles du premier envoi) A
M. Michel Dem. Curtis fils de Vienne, avec recommandation expresse de les expédier immédia-
tement A Iassy, A l'adresse de M. le P. N. Soutzo.
Pour les instruments qui, vu la longueur du terme, n'ont pu ttre achetés, j'attends les
ordres de l'honorable Curatelle, ainsi que l'envoi des fonds nécessaires. Le compte ci-joint fait
voir que j'ai dépensé 1.214 fr. 50 c. au-delA de la somme qui était A ma disposition. II serait A
désirer, pour la promptitude ct la régularité du service, que l'allocation semestrielle filt envo-
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242 N. ISAR 8
yée exactement. I' serait bon aussi de s'y prendre de bonne heure pour commander les instru-
2nents nécessaues aux cours de chimie, de physique, etc. afin de donner au fabrieant le temps
de les préparer ou de les mettre en état.
La bibliothèque des elassiques latins" par Panckouke, en 178 vol. in-80, est complete.
Conformétnent aux ordres de l'honorable Curatelie je continue A m'occuper de la collection des
.classlques franeais, mats sans precipitation toute fois, tachant de profiter, autant que possible
des occasions ou des ventes publiques, pour le plus grand avantage de la bibliothèque publique
de Iassy. Quant aux ouvrages des auteurs vivants, Its sont, en general, d'un prix tres élevé.
J'aurai done pour régle de n'acheter, des livres de ce genre, que ceux dont le mérite extraordi-
naire ou le besom urgent contrebalancerait la cherté. L'honorable Curatelie pout se reposer
sur mon zèle dans Faccomplissement de mes devoirs. Mon vceu le plus cher est de justifier sa
confiance et contribuer A la prospérité d'un établissement éminemment propre à répandre le
_gait de 'Instruction, et A consolider les bienfaits d'une administration sage et eivilisatrice.
N. Piccolo Dr. M.
12, rue de l'Abbaye
Paris, le 27/15 juillet, 1841.
Archives de l'Etat Bucarest, Ibidem, f. 28,52, original.
Annexe n° 6
Monsieur,
L'instruction publique en Moldavie est dotée d'un revenu fixe qui dans l'origine a offert
A la fin de chaque année un excédant considerable; mais plus les progrès de l'instruetion se
développèrent plus l'excédant susmentionne diminue graduellement jusqu'A disparaitre tout A
fait. Des écoles primaires ont été chaque année ajoutées aux précédentes ; de nouvelles chaires
ont été créées A mesure que se sont formes des élèves ; un institut de jeunes idles, un institut pra-
tique de métiers ont requis pour leur fondation de fraiche date une forte allocation de dépenses ;
des constructions indispensables et des acquisitions d'édifices dans la ville aussi bien que dans
les districts ont fini par absorber l'excedent des ressources accumulées pendant les années
précédentes. Pour suffire A ce surcroit de dépenses la Curatelle a successivement supprimé
tout ce qui avait le caractère du luxe ou de la superfluité.
Pendant l'année courante une réforme dans l'administration des écoles était devenue
imminente. L'assemblée genérate en a pour ainsi dire impose robligation A la Curatelle qui s'en
occupe sans relache depuis près de trois mois ; mais en se rendant compte de ses ressources la
Curatelle s'est convaincue que la plupart des ameliorations projetées, ameliorations indispensa-
bles pour la marche progressive de l'instruction ne pouvaient se réaliser A cause de l'insuffisance
des moyens.
Dans cet état de choses et jusqu'A ce qu'il soit possible au gouvernement d'allouer en
faveur de l'instruction publique un surcroit de ressources, la Curatelle a dû s'imposer les plus
strictes economies, afin de faire face aux besoins les plus urgents.
Reconnaissant avec gratitude les services que depuis plusieurs années vous avez rendus,
Monsieur, aux Ecoles de la Moldavie et l'intérét que vous n'avez cessé de vouer aux progrès de
l'instruction, la Curatelle vous prie de vous pénétrer de l'embarras qu'elle éprouve A continuer
pour le moment de consacrer à l'acquisition d'instruments et de livres, une somme qui employee
au développement de l'enseignement primaire aurait donne à cette branche essentielle de l'édu-
'cation publique une impulssion importante et qui est devenue de toute nécessité.
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9 N. !PICCOLO ET LA CURATELLE DES ncoLEs PUBLIQUES DE MOLDANTIE 243
Cet exposé succint suffira pour vous faire apprécier, Mr., les motifs qui obligent la Cura-
telle de suspendre dès ce moment tout achat d'instruments et de livres et pour vous engager
sans doute A renoncer en méme temps h la continuation du traltement qui vous était alloué
A cette fin.
En terminant la Curatelle vous prie, Mr., de la mettre au plutôt A même de régler les
comptes relatifs A la somme qui était destmée A l'acquisition des livres, afin qu'elle puisse dresser
A temps son budget pour l'année prochaine et préparer l'introduction de quelques-unes des
reformes qu'elle a projetées.
La CurateIle saisit cette occasion pour vous assurer, Mr., de sa parfaite estime et de sa
consideration la plus distinguée.
Iassi, le 21 oclobre 1843
3 novembre
N. 643/sept. 29
A. Mr. le Docteur N. de Piccolo
Rue du pot de fer (St. Sulpice) N. 14, A Paris
Archives de l'Etat Bucarest, ibidem, f. 17, 20, brouillon.
_Annexe n° 7
CurateIle de l'Instruction publique
de la principauté de Moldavie
N° 142
2 mars 1844
Jassy
A l'honorable Trésorerie.
La Curatelle ayant appris que M. le Dr. N. Piccolo, actuellement A Paris, doit recevoir
(le la Trésorerie le salaire qu'il touchait auparavant de la caisse des écoles et qui, avec votre
assentiment, a cessé de lui étre dtr A partir du ler décembre 1843 ; attendu d'autre part que le
susnommé a retenu des comptes qu'il avait avec la Curatelle son salaire pour une période de six
mois, c'est-à-dire du ler décembre 1843 au mois de juin 1844, en valeur de 1 475 francs, c'est-A-
dire mille quatre cent soixante quinze francs ; prie la Tresorerie de verser la somme ci-dessus,
qui est l'équivalent de son salaire pour une demi-année, au caissier des écoles et dorenavant, A
partir du ler juin, M. Piccolo l'enverra directement.
A. Bals
Archives de l'Etat Bucarest, ibidem, f. 21.
Annexe n° 8
A M. le Secrétaire
N° 203
24 mars 1844
Etant donne que, d'après les comptes envoyés par M. Piccolo de Paris, il a encore A rece-
voir, pour l'achat des livres et des instruments pour l'Académie, une difference de 120 francs,
M. le Secrétaire paiera cette somme de sur les fonds extraordinaires et enverra la somme ci-dessus
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244 N. ISAR 10
4 Paris ; en outre, 11 paiera 15 lei pour acquitter les provisions et 3 lei 30 paras pour frais d'expe-
dition de la lettre au banquier Mihel Daniel de Jassy, soit en lei, au total, 300 lei 18 paras.
Annexe no 9
Curatelle de l'Instruction publique
de la principauté de Moldavie
N°
2 juin 1844
Jassy
A l'honorable Trisorerie.
Par l'adresse n° 142, la CurateIle a prié l'honorable Trésorerie de bien vouloir verser,
de sur le salaire de M. le Doeteur Piccolo qu'elle tient du gouvernement, la somme de 1 475
francs, soit 4 425 lei, que le susnommé a encaissée a l'avance du fonds des écoles, somme qui
n'a pas été recue jusqu'à ce jour. C'est pourquoi nous prions pour la seconde fols la Trésorerie
d'ordonner sans retard que cette somme soit versée au caissier des écoles, ear elle est absolument
nécessaire.
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LE MOTIF POÉTIQUE «L'ÉPREUVE DE L'AMOUR» DANS
LE FOLKLORE SUD-EST EUROPÉEN (I)
ADRIAN FOCH I
L51111 des principaux problèmes que se sont posés les créateurs popu-
laires du monde entier et de tous les temps est la définition de l'amour
qui unit un couple de jeunes gens. Ce sujet poétique se rencontre, bien
que sous des formes différentes, chez tous les peuples d'Europe et égale-
ment clans d'autres continents (Asie et Afrique) et ne connait pas moins
de quatre cycles de motifs parfaitement individualisés. Ce qui montre,
sans conteste, que l'idée a intéressé toujours et tout le monde.
La plus ancienne attestation européenne du motif se rencontre (IAA
dans Pantiquité grecque, notamment dans la grande littérature classique.
Il s'agit de la légende d'« Alceste », laquelle a connu un développement
exceptionnel dans l'ceuvre des grands tragiques1. Le motif, connu dans des
formes folkloriques, se trouve chez les Néo-Grecs, les Slaves du sud, les
Roumains, les Hongrois, les Russes, les Persans, les Hindous, les Kabyles
et les Soudanais et se résume ainsi : un jeune homme est menacé d'une
mort prématurée (le jour mérne du mariage), ce dont il est averti mira-
culeusement. Il ne peut être sauvé que si l'un des siens accepte de mourir
sa place, ou de lui céder une partie de ses années, de vie. Le père, la
mére, la sceur, les frères et les beaux-frères refusent le sacrifice ; seule la
bien-aimée l'accepte, ce dont elle est recompensée à la fin 2.
Le deuxième motif de ce cycle n'a pas la vénérable ancien.neté du
premier, mais con.nait toutefois une diffusion européenne générale et est
entré dans la littérature du genre sous le n.om de « die Losgekaufte ». Ort
1 Voir à ce sujet Liviu Rusu, Eschil, Sofocle. Euripule, Bucarest, 1961, P. 273-277,
chap. Alcesta ». gtant donné que ce fait a jusqu'ici échappé à l'attention des chercheurs,
nous mentionnons ici que la légende d'Alceste trouve déjà un parallèle dans le Mahabharata.
L'ouvrage de Ditandy, Parallèle d'un episode de l'ancienne poésie inchenne avec des poèmes de
rantiguité classIgue, oil est faite l'analyse comparative avec Savitri, ne nous a toulefois pas été
access' ble,
2 L'étude sur ce thème a été écrite par G. A. Megas : Die Sage von Alkestis, dans Ar-
chiv fur Religionvvissenschaft * 30 (1933), P. 1-33, republiée dans Laografia *25 (1967),
p. 158-191.
REV. ETUDES SUD-EST EUROP., XII, 2, P. 245-266, BUCAREST, 1974
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246 ADRIAN FOCHT 2
peut le définir ainsi du point de vue poétique : une jeune fille est en.levée
par les pirates. Elle demande à ses propres parents de la racheter, mais
tous refusent. Seul le bien-aim6 offre la somrue du rachat et la jeune fille
est sauv6e 3. Une variante de ce motif coxnprend l'idée inverse : « le jeune
homme est en prison., pour des raisons pas toujours claires. Il prie les sieris
de l'en sortir, mais seule la bien-airnée, par ses prières ou ses menaces,
ou par un modeste cadeau fait au ge6lier, réussit à le sawyer, en lui rache-
tant la vie 4.
Le troisième motif est celui du sauvetage de la noyade du héros
ou de l'h6rolne et se résume ainsi : un jeune homme ou une jeune femme
dan.s la situation réelle ou simulée de se noyer, West pas sauvé (ou sauvée)
par ses proches parents mais par son bien-aimé (ou sa bien-aimée) 5.
Le quatrieme motif doit etre appelé « le serpent dans le sein, », car
il a le con.tenu suivant : un serpent entre dans le sein d'un, jeune homme ou
d'une jeun.e femme pendant son soxnmeil. Il (on elle), s'adresse à ses
proches parents, tour à tour, en les priant de sortir le serpent du sein.,
pour lui sauver la vie. Tons se dérobent, en excusant de différentes ma-
nières leur peur on leur indifférence. Lorsqu'il (ou elle) s'adresse à son
(ou sa) bien aimé, celui-ci (ou celle-ci), sans hésiter, lui enlève le serpent
du sein, lequel, parfois, pour récompenser sa fidélité, son dévouernent
et son esprit de sacrifice, se transforme en un objet précieux 6
Tous ces quatre motifs se retrouvent chez les Roumains et chez les
peuples sud-est européens. Leur Uncle, dans leurs connexions internes
et les relations entre leurs motifs, exigerait certainement, le travail d'une
vie entière. Etant donné que pour quelques-uns de ces motifs, pris sépa-
rément, des ouvrages d'un.e certaine pertin.ence ont été écrits, nous ne
nous occuperons que d'un seul de ces quatre motifs, non encore étudi6
jusqu'ici, à savoir « le motif du serpent dans le sein u. Il y a encore deux
raisons pour lesquelles nous nous sommes arrété : a) il est limité
comme circulation à la zone du sud-est européen, &taut con.n.0 par les
Roumains, les Bulgares, les .A.roumains, les Macédoniens, les Serbo-
Croates et les Ilongrois et b) ji permet un. son.dage adéquat dans Phistoire
3 Le motu f a été étudié par Erich Pohl, Die deutsche Volksballade V071 der o Losgekaufien».
Ein Versuch zur Erforschung des Ursprungs und Werdeganges eincr Volksballade von europclischer
Verbreitung, Ilelsinki, 1934, (FFC XXXVIII, 105). Il avait été éttidie auparavant par le même
G. A. Megas : Die Ballade von der Losgekauflen, dans Jahrbuch fur Volksliedforschung 3 (1932),
p. 54-73, republie dans o Laografia s, 25 (1967), p. 373-398.
4 Al I. Amzulescu, op. cit., vol. I, p. 198-199, n° 243 : Le prisonnier et la bien-aimee.
14 variantes, avec le contenu suivant : o Le gaillard emprisonné ne peut etre sauvé des fers
par les parents et les freres moyennant de riches cadeaux. Seuls la prière ou la menace de
la bien-année, ou le rnodeste cadeau qu'elle offre ou promet, libère le prisonmer a. Voir aussi
Erich Pohl, op. cit., p 341-342.
6 Le motif n'a pas élé éludie indépendamment jusqu'ici. Il a été étudié tangentiellement
chez nous par D. Caracostea, Balada zisci istoried [La ballade dite historique], dans «Revista
fundatiilor s (10 (1943), n° 5, p. 369-370 (vmr aussi Poezia tradtlionala rorntina [La poésie tra-
ditionnelle roumaine], Bucarest, 1969, vol. II, p. 105-106), où ii montre que les Serbo-Croates
ont realise une version supérieure à toutes les autres versions nationales, l'o épreuve de l'amour s,
étant faite successivement par les deux amoureux. Le materiel roumain chez Al. I. Arnzulescu,
Balade populare ronidneVi [Ballades populaires roumaines], Bucarest, 1964, vol. I, p. 60-67;
le materiel bulgare dans le catalogue d'Anton P. Stoilov, 17oxaameif ne,avnanume npea
XIX «ese 6b.leapcim napoanu necnu, n° 774, 856; le materiel serbo-croate chez L. K. Goetz,
Volkslied und Volksleben der Kroaten und Serben, vol. II, p. 119-120.
6 Le sujet n'a pas encore été étudie jusqu'ici. Le meme Erich Pohl l'a étudie tout
A fait tangentiellement et superfictellement.
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.L'EPREIRVE DE L'AIVIOUR. DAN'S LE FOLKLORE SUD-EST EUROPEEN 247
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248 ADRIAN FO CHI 4
LA VERîION HOUIIIAINE
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5 <<L'EPREUIVE DE L'A_MOUR. DANS L'E FOLKLORE SUD-EST EURoPÉEN 249
C. Constantin Zamfir, Victoria Dosios, Elisabeta Moldoveanu-Nestor, 132 cfntece si jocuri din
1\idsilud [132 chansons et danses de NilsAud], Bucarest, 1958, P. 100-101 :
depart. de Bistrita Näsilud.
7. AFC. Mgt 681j : Mociu, depart. de Cluj (1963).
I. U. Jarnik et A. Birseanu, DoMe si strigeituri din Ardeal [Complaintes et vers satiriques
ou d'amour improvisés, que les jeunes gens chantent en Transylvanie en dansant, accom-
pagnés de cris de joie]. Ed. de l'Académie de la République Socialiste de Roumanie,
Bucarest, 19e8, p. 881-882 : &part. de Cluj (1863).
9. AIEF (Archives de l'Institut d'ethnographie et de folklore de Bucarest), Fgr. 6583 a
Mihai Viteazul, depart. de Alures (1938).
10 I. U. Jarnik el A. Birseanu, op. cit., p. 489 . Cugir, &part. d'Alba (1868).
AIEF, Mgt. 2721, I. v. : Ampoita, départ. d'Alba (1964).
Teofil Frincu et George Candrea, Romanii din Mania Apuseni. 111olii [Les Rournains des
Monts Apuseni (Les Moti)], Bucarest, 1888, p. 226-227: Ponor, &part. d'Alba.
13 G. Alexici, Teste din literatura poporand romeind [Textes de la littérature populaire rou-
mine], Budapest, 1899, vol. I, p. 77, reproduit de « Poporul *, 5 (1898), p. 365 : Vidra
de Sus, depart. d'Alba.
Gr. G. Tocilescu, Materialuri folkloristice [Matériaux folkloriques], Bucarest, 1900,
p. 1070-1071 : ona, &part. d'Alba.
AIEF., Fgr. 5367 b : Palos, &part. de Brasov (1934).
« Floarca darurilor o, 1907, vol. II, p. 140-141 : Cava, &part. de Brasov.
4 Convorbiri literare o, 22 (1888) p. 534-535 : Cata, depart. de Brasov et dans Christu S.
Negoescu, Poezii populare alese [Poésies populaires choisies], Bucarest, 1896, p. 57-59.
AIEF, Mgt. 1698, lIj : Dacia, depart. de Brasov.
AFC, ms. 988, p. 15-19 : Luta, &part. de Brasov (1902).
Foaia poporului o, 6 (1898), p. 409-410: Comana de Jos, départ. de Brasov.
Gb. Tulbure, Cintece din lumea veche [Chansons du vieux monde], FAgAras, 1908,
p. 38-42 : sans indication de lieu.
I. U. Jarnfk et A. Btrseanu, op. cit., p. 882 : Bungard, &part. de Sibiu (1863).
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Codin).
AIEF, ibidem, f. 44-45 : Beleti, &part. d'Arges.
AIEF, Fgr. 6571 b : Smeura, départ. d'Arges (1938).
AIEF, Fgr. 2063 : a: Berevoiesti, &part. d'Arges (1936).
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cesti, &part. d'Arges.
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252 ADRIAN FOCHI 8
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9 «L'EPREUNE DE LAMOUR. DANS LE FOLKLORE SUD-EST EUROPEEN 253
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11 .L'EPREUVE DE L'AIVLOUR. DAN'S L'E FOLKLORE SUD-EST EUROPEEN 255
6 - C. 1294
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256 A_DRIAN FOCHT 12
d'argent44, aux yeux d'or 45, aux ailes d'or 46, aux côtes d'or 47. Parfois il a trois
têtes 46, ou 9 tétes 42, 9 queues d'or 50 ou seulement 3 queues d'argent 61 ou
d'or 62. Dans deux cas, on anticipe sur la transformation du serpent en cein-
ture d'or, sans aucune allusion. à «l'épreuve de l'amour » 63. Nous avon.s pré-
senté les plus grandes variations sur cethèxne, l'in.stabilit6 du moment ne
nous permettant pas la citation d'un fragment caractéristique. Ce n'est
que dan.s le sud du pays que le serpent est présenté dan.s une formule
stable - torturant le héros. Cette formule ne contenant que trois vers est
relativement la suivante
and se-ntinde, rnd cuprinde, Lorsqu'il s'étend, il me serre,
Se zgtrceste, md sfirseste, Lorsqu'il se contracte, il me tue,
Inimioara mi-o topeste54. Il me consume le cceur.
Dan.s quelques cas dan.s le nord de la Transylvanie et de la Moldavie, nous
trouvons également une formule de contamin.ation, -venue d'un.e autre
ballade, intitulée « Le serpent » (Axn.zulescu, n° 7). Ce texte ne circule
plus dans ces provin.ces et ne se maintient plus qu'en Olténie et en Valachie,
et cornme nous l'avons montré ailleurs, s'est xnaintenu en partie en Tran-
sylvanie 66 Mais la formule dont il s'agit s'est conservée dans la ballade
dont nous nous occupons, et a la teneur suivante :
Jumdtate m-a mincat, Il m'a mange A moat&
Jumdtate nu md poate, Dans l'autre moitie il se heurte,
De curele-nttntdlate, À des courroies cloutées
De culite ascutite, A. des couteaux affettes
De furcute-ntrargintite. A des ceintures argentas 56.
On crée ain.si une assez sensible inadvertance : il n'est plus question que le
serpent soit arrache du sein du héros, mais que le héros lui-m6xne soit
arraché de la gueule du serpent. Cette solution artistique ne se trouve que
dans 15 variantes 57.
Dans l'intention du héros, la description de ses souffrances tend b,
susciter la pitié et la compassion de ses parents pour que le serpent lui
soit arraché du sein aussi rapidement que possible ; en réalité, il ne réussit
qu'à les effrayer l'un après l'autre, d'autant plus qu'il leur con.seille de
44 Var. 109.
45 Var. 123.
46 'Var. 22.
47 Var. 19.
44 Var. 30, 35, 83, 88, 90, 91, 92.
46 \T
60 'Var. 16, 77.
61 'Var. 101.
52 Var. 80, 81, 82, 106, 112.
52 Var. 9, 25.
54 Var. 27, 42, 43, 44, 46, 47, 48, 50, 52, 53, 54, 55, 56, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65,
67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 87, 90. 92, 95, 96, 97,
98, 99, 100, 101, 109, 112.
55 I. U. Jarnik et A. Birseanu, op. cit., p. 874, oil sont reproduits 2 fragments et des
renvois a d'autres pubhés par I. Pop-Reteganul et Ilarion Cocisiu.
66 Var. 33.
57 Var. 2, 33, 34, 37, 110, 115, 116, 120, 121, 123, 128, 129, 130, 132, 133.
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13 .LSPREUWE DE L'AMOUR» DA.NS LE NOLICLORE STJD-EST EUROPEEN 257
s'envelopper la xnain pour qu'il ne leur arrive rien. 58. Dans le sud du pays,
eette formule, assez instable est associée à la suivante :
Bag-o sin, pe sub zabun Mets la main, sous le sarrau
scoate §arpe din sin 59. Et arrache-moi le serpent du sein.
Mais comme n.ous le disions, toutes ses paroles out le don d'effrayer ceux
qu.'il appelle, au lieu de les décider de le sauver, leur refus catégo-
rique. Le refus des parents revel également une série de formules fixes,
comme suit. C'est ainsi que sur tout le territoire du pays, la formule qui
exprime cette idée est constituée des deux vers conjoints suivants
Decit eu fArd de mind, Pinta que rester sans main
Mai bine färd de tine. Je préfère rester sans toi 60.
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258 ADRIAN FOCHI 14
66 Var. 32, 41, 44, 46, 50, 56, 60, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 74, 75, 76, 78, 80, 81, 82,83,
84, 85, 86, 87, 88, 94, 95, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 106, 111.
67 Var. 2, 3, 4, 6, 33, 34, 107, 110.
" Var. 114, 118, 121, 122, 126, 128.
al Var. 1, 115, 123.
7° Exemples typiques : var. 1, 8.
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15 «LI1PRELVVE DE L'A.MOI.M. DANS LE FOLKLORE SUD-E.ST EUROPEEN 259
Dans tous les cas ci-dessus, le schéma est fixe, comprenant toutes les rela-
tions de famine possibles, la place des parents ou des frères et sceurs étant
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260 A_DRIAN FO CHI 16
Dans les cas à 4 personnages, sont absents ou l'un des parents, on l'un
des frères et sceurs.
Cependant la tendance principale consiste à faire figurer les deux
parents et seulement l'un des frères et sceurs (17 variantes sur 20). Dans
trois cas seulement sont préférés le frère et la sceur et l'un des parents.
Le schéma à 4 personn,ages apparait ainsi comme une réduction délibérée
de celui à 5 personnages, non pas comme une solution artistique indépen-
dante. Nous sentons que le processus de transition va de 5 à 3, et pas
inversement de 3 à 5.
avec 3 personnages: 71 variantes
mère père bien-aitnée : 17 variantes
pere mère sceur : 2 >7
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262 ADRIAN FOCITT 18
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19 «L'EFREUNE DE L'AIDOUR» DANS LE FOLKLORE STUD-EST EUROPEEN 26a
Par ailleurs, il est dit clairement qu'elle a arraché le serpent du sein. Etant
donne que l'acte est particulièrement important pour le déroulement
artistique même du motif, nous présentons ici les exemples caractéristi-
ques 78. D'autres fois nous nous trouvons en présence d'un moment
de transition de la réalité A, la métaphore : le serpent enlevé du sein, se
mue en ceinture d'or sous les yeux des héros :
Mina nici nu invelea Elle ne recouvrait méme pas sa main
Si de cap 11 apnea Mais elle le saisit à la téte
Si pe cimp mi-1 arunca. Et le jeta par terre.
Dar pe cimp ce se vedea ? Mais qu'est-ce qu'on vit par terre ?
Aurul Ca' strAlucea, L'or qui brillait
Soarele cà rAsärea 79 Le soleil qui se levait.
Mais la formule employée le plus souvent est celle dans laquelle la bien-
airnée sort du sein du jeune honme un objet précieux sans qu'il y ait
encore la métamorphose rairaculeuse du serpent. Elle sort du sein du bien-
aimé de l'argent 8°, une ceinture d'or 81, une baudruche remplie de pikes.
d.'or 32, des bourses remplies d'or 83, un globe d'or ", une boule d'or 85,.
73 Var. 10, 11, 12, 14, 16, 19, 22, 25, 29, 47, 50, 52, 53, 55, 61, 71, 89, 90, 133.
74 Var. 1, 35, 62, 114, 116, 126.
75 Var. 2, 3, 6, 10, 11, 33, 34, 47, 52, 55, 56, 110, 114, 116, 120, 121, 126, 129, 130,132,
sans que les textes soient frapnentaires. Prat menis scnt les n" 8, 13, 15, 40, 46, 93, 115, 122.
78 Var. 30, 48, 50, 68, 76, 83, 96, 99, 112, 113, 118, 119, 126, 127, 128, 131, 133.
" Var. 127, 128, 133.
78 Var. 48, 50, 68, 76, 96, 99, 113, 118, 119.
79 Var. 54.
88 Husost Imonnaie d'argent de 45 cent.] : var. 1; thalers : var. 4, 42; pièces d'or : var..
12, 36, 38, 42, 61, 81 ; jaunets : var. 39, 51, 64.
81 Var. 14.
82 Var. 44.
83 Var. 35, 39, 75.
84 Var. 65.
85 Var. 88.
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264 ADRIAN rocm 20
mais en Transylvanie surtout une ceinture d'or 88, et dans le sud du pays,
en Olténie et en Valachie, d'habitude un « chimir » (large ceinture paysan-
ne) rempli d'or 87. Si, lorsque le serpent se muait en objet précieux, les
héros du récit restaient muets d'étonnement, lorsque la bien-aimée sort
du sein du héros la ceinture d'or, leur étonnement est tout aussi grand.
Mais cela dén.ote que dans tout ce cycle de variantes, il ne s'agit pas d'une
« épreuve expresse de l'amour », mais seulement d'une récompense mira-
culeuse de la bien-aimée pour sa fidélité et son dévouement. Par le fait
que le plus grand nombre de variantes roumaines contiennent cette solu-
tion artistique, elle peut étre considérée comme, typique pour la présente
version. Il y a cependant aussi chez les Roumains, une dernière solution,
la troisième de celles que nous avons annoncées au début de cette discus-
sion, dans laquelle il est certainement question de « l'épreuve de l'amour ».
Nous verrons que cette solution est typique pour la version serbo-croate,
oil elle apparait dès le début de la piece. Elle n'existe chez les Roumains
que dans trois cas 88. Dans celui de la variante 37 le héros a trouvé des piè-
ces d'or, il les a mises dans son sein et a commencé ensuite à crier au se-
cours ; la variante 109 est désordonnée : l'interprète a chanté la ballade
selon la manière traditionnelle et s'est rappelé plus tard l'épisode de la
déconverte d'un trésor et il ajoute le fragment à la fin. Il y est ainsi dit que
le héros trouve un trésor, le met dans une peau de serpent et ensuite met
ses parents à l'épreuve, en prétendant qu'un serpent est entré dans son sein.
Dans la variante 73, les choses se passent d'une façon un peu différente :
le héros travaille chez des étrangers et ramasse un magot, le pose dans
son sein et procède ensuite à la mise à l'épreuve des parents. Dans quatre
cas, l'idée d'« épreuve de l'amour » n'apparait qu'à la fin, une sorte de
« dens ex machina » :
El cu gindul s-o gindit, Il réfiéchit
Pdrintii-au prabilluit Mit ses parents à l'épreuve
Si pe fral,ii lui ava, De me= que ses frères
Au credintä ei ori ba ? Sont-ils dévoués ou non?
Dupa-aceea pe mindrutä, Ensuite de sa bien-aimée
O cercat vi-a ei credintä Il éprouva le dévouement.
Dans quatre autres cas, l'idée expresse d'« épreuve de l'amour
n'apparatt que dans le commentaire en prose des différents interprètes,
après la fin de la chanson : « et il les éprouva pour voir lequel est avec
lui 09; « il a voulu mettre à l'épreuve son dévouement et voir si elle seule
de toute sa famine l'a vraiment aimé ; elle a trouvé de l'or au lieu du ser-
pent el j 4 mais je crois que les choses se sont passées ainsi, il a mis
l'épreuve sa mère, son père ; il a dit qu'il y avait un serpent, mais c'était
de l'or »92; « que je te raconte ce qui s'est passé avec lui. C'était un gars
86 Var. 5, 9, 16, 17, 18, 19, 20, 23, 24, 25, 28.
87 Var. 51, 59, 61, 64.
MI Var. 37, 73, 109.
89 Var. 31.
" Var. 46.
91 Var. 65.
92 Var. 66.
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21 «L'EtPREUVE DE L'ANUOUR» DANS LE FOLKLORE sup-rsT EUROPEEN 265
que les parents ont envoyé a-vec les cochons. Mais il a trouvé de l'argent,
sous forme de couronne ou de dragon, comme c'était a-vant. Et qu'est-ce
qu'il a pensé ? Mettre à l'épreuve tous les siens : voir lequel aura pitié de
lui et seule sa bien-aimée a osé » 93. DlOil, on peut conclure que dans la
version roumaine il y a trois conclusions différentes, qui montrent la stra-
tification historique subie par ce motif au long de son évolution. C'est
ainsi que dans un nombre assez réduit de variantes (17), on ne parle que
de Penlèvement du serpent du sein. Il semble que ce soit la couche la plus
ancienne de l'histoire du motif. En effet, elle est suffisante en tant que
solution poétique du texte. Plus récente est la solution métaphorique de la
transformation miraculeuse du serpent en objet précieux et nous avons
lame découvert les indices de la transition de la forme ancienne, primaire,
la forme artistique supérieure. Enfin, dans un nombre très réduit de
variantes (7), apparait l'idée d'« épreuve de l'amour ». La formation de
cette idée est encore en cours, car dans quatre autres exemples elle ne
figure que dans le commentaire de l'interprète, n'étant pas encore assi-
milk au texte, c'est-à-dire transformée en poésie. Nous pouvons done dire
que la version roumaine comprend toutes les étapes de développement
artistique du motif, nous permettant ainsi un sondage adéquat clans son
histoire et sa signification mèmes. Cette observation est essentielle pour
la compréhension de la circulation du motif aussi bien chez les Roumains
que chez les autres peuples de la zone.
Certains textes s'arrêtent ici, à l'une des séquences épiques notées
ci-dessus, mais d'autres vent encore plus loin, essayant de donner aussi
une solution éthique à la ballade. Si dans 18 variantes, il est question du
mariage imminent des deux héros 94, dans d'autres, le héros conseille
sa bien-aimée de porter d'une manière ostentatrice la ceinture pour faire
enrager les parents qui ne l'ont ras aidé 99; enfin, dans d'autres, il montre
que l'amour de la bien-aimée est toujcurs supélicur à celui des proches
parents 96, ce qui d'ailleurs était à attendre, comme ccnclusion logique et
nécessaire du récit. Voici un exemple plus ample pcur une telle conclusion :
Decit un tatd si-o mumd, Plut&t qu'un pere et une mere
Mai bine-o puled cu mild ; Une bien-année pitoyable
CA de-ar fi cit de stráind, Aussi étrangère qu'elle soit
Are dor si are mild. Elle est aimante et pitoyable.
Decit un frate si-o sor, Plutôt qu'un frère et une sceur
Mai bine-o puled cu dor ; Une bien-aimée tendre
Sä fii eft de strdior, Aussi étranger qu'on soit,
Prinde milà, prinde dor, Elle a pitié, elle a de l'amour.
Nu e mild, nu e dor, Il n'y a pas de pitié, pas d'amour
De la frati, de la surori ; De la part des frères et des sceurs
Nu e dor si nu e mild, Il n'y a pas de pitié, pas d'amour,
De la tatd, de la mumd, De la part du père et de la mère,
Ca de la sotie buna 97. Qui vaille ceux d'une bonne épouse.
93 Var. 91.
94 Var. 21, 35, 39, 44, 64, 66, 67, 70, 71, 72, 76, 79, 80, 81, 87, 96, 101, 117.
95 Var. 5, 9, 16, 18, 19, 21, 23, 24, 25, 26, 27, 28.
96 Var. 10, 30, 52, 63, 75, 82, 83, 84, 85, 86, 88, 90, 91, 94, 95, 97, 99, 100, 103, 124.
97 Var. 85.
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3 VIOLDAVIA_N TREES OF JESSE 269
words of Mark 14: 62: "And you shall see the Son of Man sitting at the
right hand. of the Power and coming with the clouds of heaven" 9. As
pendants in that both relate to the Ascension the two scenes strongly
emphasize those aspects of the event which are paradigmatic of the
final moment in time.
It is not difficult to establish that neither of these scenes had a
place in the aa chetype and that they are local modifications. An exa-
mination of the Jesse Tree at Orvieto reveals that the scene whose coun-
terpart at Voronet is the Ascension shows an entirely different subject
which, however, is superficially similar in a number of ways (Fig. 2). Its
chief elements are a standing Christ-like figure holding a scroll and the
heads of four other men who gaze directly at his feet. Such an icono-
graphy does not reflect well either eastern or western formulae for the
Ascension, but it does constitute a very clear, literal illustration of the
Prophecy of Nahum 1 : 15: "Behold upon the mountains the feet of him
that bringeth good tidings, and that preacheth peace". As I have shown
elsewhere, this prophecy refers to the evangelical role of Christ's Church
and it often appears inscribed on western Trees of Jesse otherwise unrelated
to the type under consideration'. The juxtaposition of these scenes suggests
two important observations. First, it is clear that intrinsically the Pro-
phecy of Nahum is a subject which amplifies the fundamentally prophetic
character of the overall image, whereas the Ascension departs radically
from the conventional set of ideas evoked by a Tree of Jesse. Second and
equally important, if one considers the artists' working procedures, it
will become apparent immediately that, while it is not hard to imagine
the transformation of an illustration of a very obscure Old Testament
passage into a frequently encountered event from the life of Christ which
the former tends to resemble, it would court the absurd to hypothesize
the reverse 11 As suggested above, it would be precisely this kind of alte-
ration which would explain most adequately why there are only four and
not twelve apostles in the Ascension at Voronet ; a lingering respect for
the original character of the scene must have inhibited a thorough conver-
sion of the imagery. Based on these examples, therefore, one must conclude
that Orvieto preserves the archetypal character of this version of the
Jesse Tree and that Voronet and the other Moldavian representatives
contain a variant iconography. One should not, however, necessarily
believe that the variant was produced solely by ignorance or error.
That the Moldavian painters' alteration was their own and not
merely the repetition of an iconography that had been introduced in
another area at another time can be affirmed by a comparison with the
corresponding scene at Lavra 12 There one finds a depiction of the bust
9 See above, n. 6.
10 Taylor, Prophetic Scenes, 406ff., pp. 412.
11 Two other metamorphoses of the type suggested here are also especially noteworthy.
'What had originally been the Celebration of the Israelites became the Presentation of Christ
in the eastern Trees and the Peaceable Kingdom likewise became the Nativity. See Taylor,
Prophetic Scenes, 4051f.
12 G. Millet, Monuments de l' Athos, Paris, 1927, pl. 151 : 3. A similar scene may be found
in the Tree of Jesse in the Church of the Holy Apostles at Thessalonika (A. Xyngopoulos,
Les fresques de l'église des Saints-Apôtres d Thessalonique, in Art et société à Byzance sous les
Paléologues, Venice, 1971, pp. 87. figs. 19-21).
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270 'MICHAEL D. TAYLOR 4
13 The passage from Zechariah was read on the Feast of the Ascension. See J. Mateos,
Le Typicon de la Grande Église, 2, Rome, 1963, 126f. ;I. F. Hapgood, ed., Service Book of the
Holy Orthodox-Catholic Apostolic Church, New York, 1922, pp. 242.
14 Both the Nativity and Presentation are found at Lavra for example. See above,
nn. 11, 12.
16 Taylor, Prophetic Scenes, pp. 406.
16 The Annunciation of the Second Coming does appear in the Tree of Jesse in ti.e.
Church of the Nativity al. Arbanasi (1649 ; A. Grabar, La peinture religicuse en Bulgarze, Paris,
1928, 278f., pl. 53). This would suggest that it is dependent on a model with a Moldavian pro-
venance. Artistic connections that would help explain this are discussed by Grabar, Bulgarie,.
291, n. 5; and A. Boschkov, Die Bulgarische Malerei, Recklinghausen, 1969, 161ff.
17 Henry, L'arbre, 26ff., et passim.
1
Ibid., 26ff.
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5 MOLDAVIAN' TREES OF JESSE 271
12 On the programs of the exteriors, see P. Henry, De l'originalité des pezntures buco-
viniennes dans l'application des principes byzantins, "Byzantmn", 1, 1924, 291ff. ; idem, Les iglises
de la .Moldavie du nord, des origines es la fin du XV le szecle, Paris, 1930, 229ff. ; StefAnescu,.
Bucovine et Moldavie, 185ff.; idem, L' evolution de la petnture religteuse en Bucovtne et en Mol-
davie : Nouvelles recherches, Paris, 1929, 149ff. ; S. Ulea, L'origine et la signification tdéologigue
de la peinture extérieure moldave. "Revue roumaine d'histoire de l'art", 2, 1963, 39ff.
20 All figures have been deleted from the Illustration of Psalm 84: 12 at Lavra and Doch-
iariou (Millet, Athos, pls. 151 : 3, 240 : 1) and in this instance the Moldavian Trees are nearer-
the archetype. See Taylor, Prophetic Scenes: pp. 408.
Ulea, L'origine, 67f.
Hapgood, Service Book, pp. 244.
6 e, 1284
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272 MICHAEL D. TAYLOR 6
nation 23. Portions of the iconography crucial to this theme are, first,
the Siege of Constantinople which, in effect, enlists the Virgin as patron
of the eventual liberation of all cities conquered or threatened by the
Turks, and, second, the extraordinary prominence given to Turks and
Tatars amidst the damned in the Last Judgment 24. It now seems clear
that those who modified the Tree of Jesse had these concerns very much
in mind. The emphasis in both scenes on the Virgin and her role relative
to the ultimate triumph of the Church and the consequent liberation
of the Christian faithful corresponds so well to these aspects of the
typical program that one can only conclude that the iconography was
altered to conform to them.
The transformation of what had been ancestors of Christ into the
patriarchs of the Twelve Tribes beside the line of kings may have been
dictated by the anti-Ottoman concern as well. To be sure their presence
as a coherent group reflects the desire for a clear ordering of the parts of
the decoration, a desire that is manifest elsewhere as in the Cm n on the
apses. But it is also noteworthy that the land of Abraham and Isaac was
promised to the sons of Isiael (Genesis 35 : 11ff.) and later divided by
Moses among their heirs (Numbers 34: lff.). Could it not have been the
intention of those who specified the inclusion of the Twelve Tribes to
equate the recovery of the Promised Land with the defense and recovery
of Moldavia and other Orthodox lands, just as the repulsion of the siege
of Constantinople was equated with the anticipated victory over the
'Turks ? Certainly such an intention would harmonize peifectly with the
other major themes which have been discussed.
Thus, although one must admit that the creators of this specifically
1VIoldavian version of the historiated Tree of Jesse did sacrifice a degree
.of internal logic and preservation of the original nature of the image, at
the same time they achieved a more perfect coherence of the entire exterior
program.
Excursus
In the foregoing reference has been made to the Oin, the vast sub-
ject on the apses of the churches which consumes at least a third of the
space available for decoration. Together with its size its location on the
eastern, most sanctified part of the church would suggest that it was
intended to dominate and establish the fundamental character of the
entire exterior program. Basically it consists of layered groups or ranks
of figures who converge toward the west-east axis where one finds images
.of the foremost subjects of Christian doctrine. An eminently representative
example is that at Voronet which has these components arianged from
top to bottom : (1) busts of angels in medallions converging on Christ
in heaven at the head of the apse ; (2) a row of seraphim ; (3) prophets with
Aaron and Melchizadek next to the Archangels Michael and Gabriel who
flank the Virgin and Child ; (4) the infant Christ-Child on a paten at the
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7 MOLDAVIAN TREES OF JESSE 273.
axis flanked by two angels dressed as deacons, the apostles, and archdea-
cons ; (5) bishops and hermit saints ; and (6) military saints and martyrs 25.
With only relatively minor exceptions this ranked scheme of prophets,
apostles, bishops, hermits, martyrs, and military saints is characteristic
of virtually all Moldavian churches of this period 26 As yet, however,
its meaning does not appear to have been fully understood.
Recently Ulea has followed and enlarged on Grabar's suggestion
that it is a great prayer of all saints, suggesting that this prayer is a
collective invocation for divine assistance in defense of the count y against
the Ottoman invader. Thus, in his opinion the ein would be the nexus
of a highly secular exterior program whose end would be the mobilization
of the masses in defense of Moldavia : "Ainsi, tandis qu'on laissait la
peinture intérieure des églises remplir son 161e traditionel d'éducatrice
religieuse de la masse des fidèles, on conçut la peinttue extérieure comme
étant le support d'une message éminemment laïque" 27. Notwithstanding
the compelling evidence presented for anti-Ottoman components within
the exterior decoration, such a conclusion seems to so negate traditional
assumptions about church decoration as to require further scrutiny. Unfor-
tunately earlier explanations are of only limited assistance because of
their lack of specificity. Henry calls the ein a vision of the Church-Triumph-
ant 28; tefäneseu relates portions of the imagery to dogmas of the Church,
characterizing the wh.ole as a development of the Deésis and terming it a
representation of the Celestial and Terrestrial Churches 29 Doubtless these
general characterizations have some validity, but nevertheless they do
not indicate a precise role for the overall subject within the program
nor do they have a truly specific textual basis.
In fact, the Cm n can be readily explained with reference to the Office
of the Preparation of the Elements of the Mass or Pi °thesis. This ritual
begins with an in-vocation of God in heaven and then, with the preparation
of the bread, further invocations are made in honor and commemoration
of the Virgin, John the Baptist, the prophets, the apostles, the holy
fathers and saints, martyrs and hermit saints in that very order 3°. Vir-
tually the identical order obtains in the decoration of the apses at Voronet
and at all the other monasteries where the subject is found. That such a
close connection is not fortuitous can be demonstrated by a number of
details. To cite but a few of the more specific, one need only recall that
at Vol onet the Christ-Child is depicted lying on a paten ; in equivalently
central locations one finds the Emmanuel at Humor, the Agnus Dei above
the infant at Moldovita, and the lamb and Child on the paten at Sucevita.
The eucharistic connotations of these images are beyond any question, and
in this fashion they refer directly to the priest's prepar ation of the oblation
which accompanies the vetbal component of the same litur gy. At Vol onet,
25 tef Mies cu, Nouvelles recherches, 154f. ; Henry, Les eglises, pis. 38 : 3, pp. 39.
26 tef änescu, Ncuvelles recherches, 151ff.
Ulea, L'origine, 58ff., pp. 69. A. Grabar, L'origine des façades peintes des églises mol-
doves, in L'art de la fin de l'antigutté et du nioyen dye, 2, Paris, 1968, 906f.
28 Henry, Les églises, pp. 231.
tef nescu, Nouvelles recherches, 151ff.
36 Hapgood, Service Book, 68ff.
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274 MICHAEL D TAYIAR 8
flanking the image of the Virgin and Child, Melchizadek and Aaron are
shown as the foremost representatives of the prophetic group. As chief
priests they too call attention to the liturgical and eucharistic nature of
the overall subject. Finally it should be noted that during this very poi tion
of the Prothesis the priest arranges pieces of the altar-bread on the paten
in a formal, ordered pattern an action which is precisely the comple-
ment of the formal, ordered scheme of mural decoration.
When considered in the context of the total decoration of the chur-
ches it should not seem at all surprising to discover this liturgical refe-
rence. Subjects on the interior such as the Communion of the Apostles,
Christ in the Chalice, and, of course, the Great Feast paintings have long
been recognized to stem from liturgical considerations 31 One can even
trace the origins of this pal ticular image to the church decoration of stefan
cel Mare. In the church of Dolhestii Mari (shortly before 1481) there is a
representation of the same sub ject in the south by of the narthex. Because
of the reduced space its form is more condensed, but one can easily see
the divisions into categories of Godhead, prophets, apostles, bishops, and
martyrs, and over the window once again there is the Child on the paten 32
This alone indicated that at least portions of the elaborate scheme of
exterior decoration under Petru Rare§ had their genesis in interior paintings
created for his great predecessor.
By its close relationship to the Prothesis the Oin establishes that the
programmatic theme of the exterior painting's is that of prepaiation. In
this light the subjects of all the other major components of the decoration
may be seen to have a common liturgical foundation : each one relates to
a period of fasting, observances in preparation for the Great Feasts.
During the long Lenten season or period of the Triode Sundays commemo-
rate the Prodigal Son, the Last Judgment, and the history of Adam and
Eve. In this same period the Akathistos Hymn is sung and the Heavenly
Ladder of John Climacus is read 33. The Tree of Jesse relates to another
Fast, that of the Sunday before Christmas when the gospel lection is
Matthew 1 : 1 25 which ennumerates all of Christ's ancestors. Prepa-
ration is thus indicated in a twofold fashion. On the one hand, the Cmn
refers to a liturgical ceremony ; on the other, the remaining subjects
refer to Fasts of the liturgical year which ready the worshipper for major
holidays, just as the priest daily readies himself and the elements of the
Mass for communion. It thus becomes clear that the decoration of the
31 H. Brockhaus, Die Kunst in den Athos-Klostern, Leipzig, 1891, 61ff. ; G. Millet, Re-
cherches sur l'iconographie de l'Evangile, Paris, 1916, 31ff. et passim.; Stefänescu, Nouvelles
recherches, 69ff. ; zdem, L'tllustration des Liturgies dans l'art de Byzance et dans l'Ortent, Brussels,
1936, 44ff. et passim.; O. Demus, Byzantine .illosaic Decoration, London, 1948, 14ff. ; G. Nan-
dri5, Christian Humanism in the Neo-Byzantine Mural-Painting of Eastern Europe, Wiesbaden,
1970, 128ff.
32 Stefdnescu, Nouvelles recherches, 5ff.
33 Enough variation exists in the service books consulted to prevent indicating the precise
days for some of these commemorations as they were celebrated in Moldavia in the period in
question. Nonetheless, we can be sure that they did take place. See Hapgood, Service Book,
XXIV ; Mateos, Typicon, 2ff. ; Mercerner and Paris, La prieuré des églises de rite byzantin, 2, 1,
Prieuré d'Amay-sur-Meuse (Belgium), 1939, xviiff. ; Brockhaus, Athos, 82f.; E. Wellesz, The
'Akathistos' : A Study in Byzantine Hymnography, "Dumbarton Oaks Papers", 9-10, 1955
56, pp. 143.
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9 'MOLDAVIAN TREES OF JESSE 275
outside of the churches (or the western interior) has a metaphorical rela-
tionship to this unifying concept. Not only would it be the first part that
the monks, catechumens, or faithful would see their preparation,
but also it would signify the readiness of the church as the body of Christ,
the bread, for communion. No other programmatic scheme for the exterior
could surpass the propriety of this one.
In conclusion, it should be pointed out that the anti-Ottoman refer-
ences emphasized by Ulea do seem to have a definite place within this
overall conception. During the Prothesis the priest calls to the remem-
brance of the Lord the reigning monarch and other Orthodox among the
living and dead. Also in the liturgy of S. Basil, used chiefly during periods
of fasting, there is an even more elaborate invocation on the ruler's
behalf. It includes these lines : "0 Lord . . . overshadow his head in the
day of battle. Strengthen his arm, exalt his right hand ; make mighty
his kingdom ; subdue under him all barbarous nations which seek wars "34.
By these means the concerns of the Church are linked or even identified
with those of the State and, considering the Ottoman peril, a secular
policy of Moldavian independence must have been considered the reci-
procal of the preservation of Orthodoxy.
34 Hapgood, Service Book, pp. 109. The close connection between reverence accorded
emperors and the liturgy is emphasized by E. Kantorowicz, Ivories and Litanies, "Journal of
the Warburg and Courtauld Institutes", 5, 1942, 75ff. el passim.
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BYZANCE, OCCIDENT ET CRÉATION NATIONALE
DANS L'ART DU SUD-EST DE L'EUROPE*
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278 MAFtIA. ANA MUSDCESCU 2
vue, Phistoriographie récente est très riche. C'est cette information, qui
porte souvent sur des détails, qui a fait surgir certains problèmes d'envEr-
gure, ayant trait surtout au rôle de Byzance dans la formation de Part
dans le Sud-Est de l'Europe, du poids que représente la tradition byzan-
tine dans l'art des XVI' XVIII' siècles et enfin des relations artistiques
entre les peuples du Sud-Est de l'Europe. C'est à ce niveau théorique
qu'on se heurte aux plus glandes difficultés. L'histohe de Part comparé
dans cette zone est encore A, faire. Or, le livre que nous étudions aborde
en plein ces problèmes. Sa structure recueil d'études lui permet
mettre en regard deux étapes chronologiques : celle où Byzance agit direc-
tement sur l'art des peuples slaves du Sud et des Roumains, celle de Part
de ces peuples à la fin du in oyen Age. En bref, c'est une fois de plus, au binô-
me tradition-innovation que nous aboutissons. C'est aussi le thème que la
Section d'Art aura A, développer au prochain congr ès. Qu'il nous soh done
permis de discuter le livre « Kunst und Geschichte in Sfidosteuropa »
dans cette perspective qui permettra de situer sa contribution dans le
cadre le plus adéquat de son intérét scientifique.
2 D. Obolensky, The Byzantine Commonwealth. Eastern Europe 500 1453, Londres, 1971.
3 Pour ce problème v., e.a. A. A. Vasiliev, Byzantium and Islam, dans le volume
N. H. Baynes and H. St. L. B. Moss, Byzantium. A n Introduction to last Roman civilization,
éd. Oxford, 1961.
4 11.e.a., T. Popa, Considerations generales sur la peinture postbyzantine en Albante, dans
Actes du premier Congrès International des Etudes Ballaniques et Sud-Est europeennes, II,
Sofia, 1969.
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3 BYZANCE, 0CfCIDENT ET CREATION NATIOVALE, 279
tions. Elles sont de premier ordre et on. les « lit » avec le même intériA
que le texte qui les invoque.
6 A. Grabar, Le premier art chra ten, Paris, 1966, p. 280. L'auteur distingue entre trois
grandes familles regionales d'ceuvres d'art qui se sépareront davantage au Moyen-Age : arts
du Levant et de la Transcaucasie, arts des Grecs et arts des Latins.
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280 MARIA ANA MTJ1SICESCU 4
miniatures e.a.) aussi typiques qu'elles soient, qui puissent à elles seules
rétablir l'équilibre. Il faudrait y ajouter un autre gen.re d'art, essentielle-
ment profane (meme s'il s'intègre sm.-tout dans le contexte de la peinture
monumentale religieuse, où il n.e manque jamais) : le portrait de donateur.
Basileis, krals, tsars, princes, voivodes, évèques ou simples pretres,boyards,
bourgeois, paysaus avec leurs femmes et enfants, souvent avec leurs an.ce-
tres et (vers la fin du XVIII° siècle et au XIX' en Olténie toug
les habitants d'un village, des groupes de haidouks aussi) sont represen.tés
sur les murs des narthex et des naos des églises du Sud-Est. C'est un autre
aspect et pas parmi les xnoindres artistique, culturel, social de
Punité dans Part du Common.wealth byzantin. 8. Et autant sinon plus que
les « arts de luxe », ces innombrables poitraits integrent dans l'art reli-
gieux le monde profane, la vie histolique et sociale, Pambiance cultu-
relle des peuples du Sud-Est.
Les theses 4, 5 et 6 sont dédiées à l'expansion de l'art byzan.tin,
surtout aux XIII' XIV siècles, en dehors des frontières de l'empire
memo (these 4: dans Part copte, en Syrie, en Arménie, en Georgic, en
Nubie ; these 5: chez les Slaves ; these 6: en Italie, en Fran.ce, en.
Allemagne) 7.
Qu'il n.ous soit perxnis de mettre en discussion., en marge de la these
5, quelques considération.s de detail. Qualifier les peintures de Bojana
uniquement par « die n.och ganz in komnenischer Tradition stehen.
(p. 24) c'est les apprécier in.justement. Ses attaches avec la peinture
byzantine sont incontestables (des affinités avec l'Occident ont été aussi
décelées) 8; elles prouvent, comme le soulignent V. N. Lazaiev et Otto
Demus, un certain conservatisme dans le style comme dans le prograxn.me
iconographique. Néanmoins, ce qui intéresse en premier lieu dans la pein.-
ture de Bojana, ce qui lui confère son originalité (prouvant justement
«l'édification de ses propres experiences) »9, sa singularité aussi, c'est
travers la variété de leur typologie, la puissante expressivité des figures.
Ceci justifie le Prof. V. N. Lazarev de parler de « tipi dei volti schietta-
mente nazionali »19 et Ath. Bogkov d'un.e « ausgesprochen.e Bestie-
bung der KUnstler, ihren. Bildern spezifisch nazionale Merkmale zu ver-
leiheD. »11. Dans nombre de ces figures Byzan.ce est très loin, souvent
n'y est plus qu'un vague souvenir.
Dans son rapport au XIVe Congrès d'études byzantines, Bucarcst, 1971 (Rapports III),
sur l'art profane à B3zance, le Prof. A. Grabar distingue trois grandes categories d'teuvres
d'art profane A Byzance : 1. Themes politiques et sociaux ; 2. Themes scientifiques et littéraires
(c'est clans cette catégorie qu'il classe les portraits peints) ; 3. Themes décoratifs : arts de luxe.
7 L'Angleterre n'a pas été mentionnée ; elle n'échappe pourtant pas A une cerlaine influ-
ence de Byzance. V. D. T. Rice, The Byzantine Legacy, dans Sources archéologigues de la civi-
lisation europeenne, Bucarest, 1970, avec une riche bibliographic du problème. Pour e l'exis-
tence de l'unité de la tradition aitistique byzantine en tant qu'élément actif parmi les peuples
qui participent d'une manière ou d'une autre au vaste domaine de la culture byzantine a,
v. aussi M. Chatzidakis, Aspects de le peinture religzeuse dans les Balkans, dans Aspects of the
Balkans. Continuity and change. Contribution to the International Balkan Conference held
at VCLA, October 23-28, 1969, The Hague-Paris, 1972. V. également A. Grabar, L'art du
Moven-Age ... Paris, 1968.
a A. Grabar, La peinture religieuse en Bulgarie, Paris, 1928.
A. Grabar, L'art du Mogen-Age ...
1° V. N. Lazarev, Storia delta pittura bizantina, Ed. ital. Torino, 1967, p. 287.
11 At. Boskov, Die Bulgarische Malerei, ... Recklinghausen, 1969, p. 68.
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5 BYZANCE, OCCIDENT ET CREATION NATIONALE 281
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282 MARIA ANA MITSICESCIJ 6
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7 BYZANCE, OCCIDENT ET CREATION NA1IONALE1 283
de Part des XIV` XV' siècles et qui se prolonge, durant l'époque post-
byzantine, dans tous les pays du Sud-Est de l'Europe. Similitudes et traits
particuliers, rayonnement de la peinture paléologue dans les Balkans et
en Russie, moments représentatifs des différentes modalités stylistiques
(Trno-vo, Novgorod, Pécole xnorave, Mistra) lesquels, tout en gardant
Pempreinte byzantine, diversifient le paysage de la peinture paléologue
en permettant de comprendre les traits qui dfdinissent ce qui deve-
nait un art nation.al bulgare, serbe, russe. Hypothèses, peut-être parfois
térnéraires mais non moin.s séduisantes, comme celle que « Ivanovo zeigt
die Genesis jener byzantinischen Malerei, die in Serbien um 1370, in Nov-
gorod um 1378 erscheint » (p. 45), ou celle du style « sentimental, lyrique
et décoratif » (p. 48) de Kalenié qu'on pourrait difficilement comparer
celui plutôt sec et graphique de la Cozia olténienne (1382), Part d'un
Théophane le Grec et d'un, Rublev, le rôle des « wanderkiinstler », tout
comme celui des « irren.den Schriftsteller » dan.s la diffusion de la culture
et de l'art byzantin, représentent autant d'éclaircies clans le réseau infi-
n.ixnent complexe que le flux in.interrompu de la pénétration byzantine
étend sur les arts de l'Europe orientale. Et le texte du Prof. Radofeie
offre quelques exem.ples pour souligner fermement que « Alle jun.gen
Völker Europas, besonders in Ihrer Nähe, erblickten in Byzanz das Ziel
und Vorbild ihres Fortschritts » (p. 49). Que ces « von Byzanz ererbten
Kunsttraditionen deviennent, durant les siècles de la Turcocratie, « eine
allzuschwäre Enrde » est une autre page de l'art sud-est européen et qui
mériterait une étude tout aussi compréhen.sive, dans ces aspects contra-
dictoires, que celles du convainquant panorama artistique que l'auteur
nous a offert pour les Xle XV' siècles.
Corina Nicolescu, Die alie Kunst Rvniävins ivd are Bezielvangcn
zu Byzanz. C'est le tour de l'art roumain de révéler ses racines byzantines.
Dans quelle mesure s intenses fouilles archéologiques du dernier quart
de siècle ont pu prouver que ces racines byzantines s'enfoncent profon.-
dément dan.s le sol de la Rouxnanie de nos jours, mille ans avant la forma-
tion. des Etats roumains indépendants, c'est ce que l'auteur s'est proposé
de démontrer. Et il est vrai que cette tache blanche sur la carte culturelle
et artistique de la Rournanie entre 271 et jusque vers le milieu du XIV'
siècle se rétrécit au fur et à mesure de la découverte des in.nornbrables
souvenirs de la vie qui acheminait les Daco-Romains vers ce qui devien-
dra, vers le IXe siècle, le peuple roumain. La zone la plus riche en témoi-
gnages artistiques, depuis les citadelles et les basiliques (avec leurs beaux
chapiteaux en marbre sculptée) et jusqu'à la céramique, est in.discu-
tablement le Bas-Dan.ube avec la Dobroudja, où les influences grecque,
puis byzantine (avec quelques interruptions qui ne provoquent
pas de discontinuité dans son processus artistique) sont nombreuses. C'est
sur cette zone que l'auteur se penche pour surprendre son « facies » artistique.
est romano-byzantin, souvent constantinopolitain, d'autres fois provincial,
des plus lointaines terres de P« oixouphyr) » byzantine, oil survivaient des
traits orientaux. L'exposé bref et clair de l'auteur, s'appuyant sur la très
riche bibliographie archéologiqu.e rouxnaine et à l'aide des nouvelles
interprétations historiques, rassemble des témoins épars le long des siè-
cles et recompose ainsi, sinon une image en plein.e lumière (qui, du moin.s
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28,1 MARIA ANA MUS10ESCU 8
pour les VIIeIX° siècles, West pas en.core possible), du moins une
ambiance on Byzance joue le r6le essentiel. Néanxnoins, malgré les trou-
vailles de n.ombreux objets (céramique, en premier lieu, objets de culte,
c.a.) dans différents en.droits du pays et qui, à leur tour, sont soit de prove-
nan.ce, soit d.'imitation byzantin.e, c'est la Dobroudja qui demeure, jusqu'au
xive siècle, le réceptacle le plus actif, le plus perxnan.ent aussi, de la
pénétration artistique byzantin.e, parmi ces i/L o6e(p6c4poq comm.e les
qualifie Attaléiatès 16 et qui « parlent toutes les lan.gues ».L'art en est
byzantin et florissant dans ce thèxne du Paristrion. L'auteur sonligne, à
juste titre, que la Dobroudja est une zon.e « provin.zieller byzantinischer
Kunst auf der Karte Sndosteuropas » (p. 61). On. pourrait meme suren-
chérir et parler, si nous envisageons toute l'époque à partir du IV' siècle,
de la pén.étration.plut6t rare, il est vrai de certains traits de l'art
impérial byzantin. si Pon juge d'après quelques basiliques et quelques
pieces d'orfèvrerie.
Si l'on regarde de plus près la carte artistique des IV' siècles
couvrant le territoire de la Roumanie de nos jours, tout ce qu'on a trouvé
eu dehors de la Dobroudja (le long du Danube on ne con.n.ait jusqu'à
nos jours que la basilique de Sucidava VIe siècle et les ruines des deux
petites églises de Turnu Severin (XIII' siècle non en.core fouillées), appar-
tient surtout au domain.e de la culture matérielle, objets dont les traits
artistiques, d'allure stylistique et de procédés techniques byzantins,
couvrent tout le territoire du Sud-Est de l'Europe et même une zone très
éten.due des pays slaves du Nord et de l'Est. Il n.ous parait donc difficile
,d'admettre, san.s prudemment n.uancer les faits, que « diese vier Jahr-
hun.derte /X' XIII' siècles/ währende Periode ist dio wichtigste fiir die
Entwicklun.g der rumitnischen Kunst un.d ihrer Beziehungen zu der byzan.-
tinischen. Welt » (p. 66). Il est indéniable que ce qu'on appelle la culture
protoroumaine » est nourrie aussi des éléments byzantins de provin.ce.
Tout ceci ne constitue qu'un.e sorte de toile de fond, plus on moins
uniformément &endue sur l'en.semble du territoire roumain. Mais d'où
-vien.n.ent Curtea de Arge§ et Cozia, Siret, Voronet, Neamt, e.a., pour n.ous
limiter aux XIV' XATe siècles ? Cette toile de fon.d n.e peut nous suggérer
une répon.se directe. Et en.core moin.s les modestes églises de Din.ogetia-
Garvän et de Niculitel, ou ce 6:7-r4 qui est le complexe de Basarabi-
Murfatlar sur notre territoire, et qui n'auront pas de lendemain. en
Roumanie. Il nous parait impossible d'adm.ettre que ces mon.uments
d'extrème limite d'un.e petite provin.ce de l'empire soient les an.cêtres
en lign.e droite du noble monument, esthétiquernent achevé, qui est
l'église princière de Curtea de Arge§, byzantin aussi, rnais issu
d'amtres « dimen.sions » artistiques, avec sa pein.ture paléologue (si
injustement traité,e aujourd'hui par quelques-uns des plus grands
spécialistes étrangers) qui est grandement redevable à l'en.sem.ble le
plus hautement réussi de ce style : la Chora con.stantinopolitain.e 17. L'église
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9 BYZANCE, OCCIDENT ET CREATION NATIONALE Z85
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-286 MARIA ANA MUSICESCIP 10
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11 BYZANCE, OCCIDENT ET CREATION NATIONALE 287
fleurit dans une région de relative liberté, deux siècles durant et s'éteint
après la con.quête musulmane de 1463, laissant toutefois certaines trace s
dans la décoration des grandes croix en pierre dans les nécropoles du
XVI° siècle. Il est regrettable que cet exposé qui, xnalgré sa brièveté, réussit
parfaitexnent intégrer 'Information de &tail dans son contexte théorique,
soit si pauvrement illustré. Si, n.ée dans un cercle social étroit, éloign.ée
des centres de l'art officiel, cette sin.gulière et attirante « imagerie »
bogomile où Pon retrouve, si on y regarde de plus près, des motifs de POrient
préhistorique comme de l'art provincial romain, nous parait aujourd'hui
si étrange, elle n'est pas excepté son syxnbolisrne unique au niveau
des arts paysans. Dan.s les Balkans, dan.s certain.es régions de POlténie
on trouve dans les cimetières chrétiens des croix en bois, &corks
de motifs peints ou sgrafittés où les syxnboles chrétiens sont difficilement
reconnaissables sous des formes et des expressions dont l'extrème primi-
tivisme parait rejoin.dre un passé infiniment reculé.
Les trois derniers chapitres du livre sont consacrés ù quelques
expressions artistiques, parmi les plus relevantes, de la Grèce du Nord,
de la Serbie et de la Bulgarie, l'extrême fin du Moyen. Age, avant Péclo-
sion d'un art moderne (XVI r XIX' siècles).
Le Prof. St. Pélékanidis, Die Kunstformen der nachbyzantinisehen
Zeit im Nordgriechischen Baum, étudie, d'une part, l'architecture et la scul-
pture en bois religieuses des XVII' XVIII' siècles, en attirant l'atten-
tion sur ce qui est héritage byzantin., influence musulman.e et occidentale
dans la sculpture qui « durchdringen. einander . . . und geben so der neugrie-
chischen kirchlichen Skulptur einen neuen, subjektiveren. Ausdruck, der
zusammen mit den tradition.ellen Gegeben.heiten zu einem ... persön-
lichen Charakter fiihrt, in welchem das volkstiimliche Element neben dem
der Natur und dem Leben. entnornmenen Motiven die bedeutendste Rolle
spielt » (p. 130) et de Pautre, l'architecture profane si particulière des villes
xnarchan.des grecques des XVIII' XIX' siècles, où nait et se développe
ce type de grande et riche maison bourgeoise l'« archon.tiko ». L'auteur eu
donne une description systématique et détaillée selon la technique, la
structure et les régions, insiste sur la décoration. peinte, sculptée
intérieure oh. Pon retrouve traitée d'une manière toute personnelle, d'un.
« rein volkstiimlich-griechischen. Charakter » (p. 136) paysages orientaux,
décor baroque et rococo, décoration qui confère à ces très harmonieux et
gais intérieurs autant de charme que d'originalité. On retrouve, pas iden-
tique, xnais d'une arnbiance apparentée à cello grecque, des images tout
aussi directes du nouveau contexte social et culturel, visible dans tout le
Sud-Est européen, en Turquie, en Albanie, en Serbie, 011, Bulgarie et jus,
que dan.s les 4 cula » roumaines. C'est un nouvel horizon de culture où la
tradition fraternise harmonieusement, sous des aspects particuliers
chaque pays et zone ethnique, horizon grec, actualité orientale et occi-
dentale A, la fois. L'«archon.tiko» grec demeure, selon n.otre opinion, l'expres-
sion la plus frappante de Parchitecture d'un groupe social riches mar-
chands bourgeois et moyenne noble6se (en Roumanie) qui allait jouer
un r6le actif dan.s le renouvellement spectaculaire de l'art sud-est euro-
péen. au XIX' siècle.
s. 124
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288 MARIA ANA MuIsrcESCU 12
20 Trois événements de l'Etal serbe du XIVe siècle el leur incidence dans la peinture de
l' époque, dans Zbornik za likoune umetnosti, Novi Sad, 4, 1968; Ibid., Compositions historiques
dans la peinture médievale serbe et leurs parallèles littératres, dans Recueil des trauaux de l' Instaut
d'Eludes byzantines, XI (1968), Beograd.
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13 BYZANCE, OCCIDENT ET CREATION NATIONALE 289
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290 MARIA ANA MUSZCESCU 14
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Rapports linguistiques
ELENA ma-aiLA-scARLAToiu
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292 ELENA malArLA-scARLATorn 2
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3 TOPONYMES SLAVES D'ORIGINE ROITMAINE 293
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294 ELENA 7VLIHAILA-SCARLATOIU 4
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5 TOPONYMES SLAVES D'ORIGINE ROUMArNE 295
Cette constatation est attestée par les nombreux toponymes aec le groupe 1 dans
leur radical ou suffixe (au I'd < si. c. *dj) qui couvrent un N ast e territoire de la Yougoslavie
actuelle (v. Imenik et l'Ailas), Popovie, Gesch., 159 explique le toponyme Gradigte de Serbie
par un emprunt de l'alb. Gradishle Gebiet o, o contrée o, territoire o, en l'opposant au croate
Gradl.fee 4 Burgenland (p. 475). A retenir que ce toponyme est également présent en roumain :
Gradute, Grildiste, Greubslea, etc. (Iordan, Top. nom.).
17 Iordan, Top. rom. 39; E. Petrovici, Corespondenfe románegi ale grupurilor bulgare
gt, LimbA »i literaturA s vol. III, p. 292.
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296 ELENA ismiAmA-scARLATC413 6
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7 TOPONYMES SLAVES D'ORIGINE ROITMAINE 297
nasalité des formes propres au roumain indique scion nous une in.fluen.ce
romane « de type continental », roumaine (daeo-roumaine), exereee par-
fois pent être indireetement, à travers la longue des Istro-Roumain.s.
Dumboka-Dumboaca. Plusieurs emu's d'eau et clairières des Iles
faisant front à Zara et Sebenik portent le nom de Dumboka : Cuska
Dumboka (it. Punta Proversa), dan.s la Veli Otok. Nous avons relevé
aussi le nom Dumboaca dans l'ile de Pagman et l'arehipel Zadar-Sibenik
(Pile de Veli Otok) et Dumboko, désign.ant un certain point de Pile de Pag21.
Il y a, enfin, une Dumboko : « agglom.6ration en Croatie, département de
Rjeka, à proximité de Selee », (RJA II 885).
D'après S. Dragomir 22, eette forme est « eertainement romane,
à phon.étisme bulgare ». Toutefois, la formulation de l'hi storien réelame une
precision. : le phonétisme du mot n'est pas bulgare mais roumain, adapte
au système de la lan.gue roumaine (comp. : bg. em6ona, am6ona, Ob6oria,
8bA61114 ab1160,iltlia poet. eitz6una « profon.deur »; v.bg. arta6ohm « pro-
fundus » (1Viladenov ER 155; Miklosieh, Lexicon 131; Bern.stein BOA2.-
pycc. citocapb, 138). Le serbo-eroate con.nait les formes :
I. dicbok, dubbka, adj. « profundus ». Le eomparatif et les derives
adjectivaux perdent le suffixe -ok : dublji ; la forme abstraite se compose
avec le suffixe -ina : ¿lubina.
«En. Istrie et Dalmatie il y a un m qui précède le b; dùmbok (ehez
les Òakaviens, atteste aux XVI' XVIII' siècles (1702) » (Skok, ER,
I 450-451).
dum bina n..f. relevé au XVIII' siècle une seule fois, ehez un écrivain
6akavien. (RJA II 885) ;
dumbalj (à Lika) n.m. « profon.deur » « conea,vité ereusée par une
cascade, par la chute d'un torrent d'eau ».
DuboUca, Dubek'ac soul, des toponymes avec le u <i.
glibok (au lieu de dub-), en usage dans l'ouest : eroate-kajkavien,
entre en con.eurren.ce avec glib « mare », d'où le verbe glibiti « marcher à
travers les mares » employe à Lika ;
dibok, dimbok ;
glibok, mais le toponyxne Gluboki : Glubola jarak (Karlovae),
globak (slov. et kajkav.). «La forme gl9bok apparalt aussi dans la topo-
n.ymie rouxnain.e : Glimboacet, Glaboceni de 0.117)601M rencon.tre chez les
6akaviens du nord » forme qui, d'apres Skok (ER I 450 451), « pour-
rait 'etre antérieure à arcb6oiva > dubok ».
Le rouxnain eompte des toponymes et des appellatifs formes à
partir des deux racines susmention.nées, mais il eonvient d'en distinguer
les emprunts d'époque an.eien.ne, faits au v.bg., de eeux plus reeen.ts,
dont le radical est pris au bulgare xnoyen sans nasales
dilboanei « Kessel, Sehlucht » < * dlubina « Tiefe » (Tiktin, DRG
11 546) ; les toponymes Dflbanul, Dilboset, Dulbanul (< bg. abA6_),
boca, Bolboaca, bulboacel, bulboanet « endroit profond, mais de superficie
réduite, dan.s une eau stagnante, tourbillon d'eau ; eadroit profond mais
Skok, Slay. i rom. V, pp. 31, 65, 72-73, 75, 102, 111, 115, 116, 117, 121, 122, 136.
22 Dragomir, VlaInt, p. 108.
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298 ELENA MIHAILA-SCARLATOIU 8
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9 TOPONY'MES SLAVES D'ORIGINE ROITMAINE 299
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300 ELENA IIflAILA-SCARLATOIU 10
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Chronique:
9 C. 1284
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'304 CHRONIQUE 2
tionaux des etudes slaves et de l'Asie Centrale, les Commissions internationales d'histoire
maritime et des etudes sur la Méditerranée. A la cooperation de ces organismes, qui illustre
rintéret suscité dans les milieux scientifiques internationaux par le programme de l'Associa-
tion, est venu s'ajouter le large appui accordé par la Commission nationale turque pour
l'UNESCO et par l'Association turque d'histoire.
En conformité avec son objectif, qui était de mettre en relief le rdle proéminen t joué
dans l'histoire par Istanbul, comme point de rencontre et de liaison des cultures balkanique,
méditerranéenne, slave et orientate, le Colloque a été structure suivant trois thèmes
paux : 1. Le carrefour d'Istanbul convergence des routes maritimes et continentales ; 2. La
vie urbaine organisation socio-économique des villes des provinces ottomanes ; centrali-
sation et régionalisme ; structure sociale, mode de vie ; 3. Echanges culturels entre les Balkans
et l'Orient à travers Istanbul arts figuratifs, arts décoratifs, métiers.
Le cadre general des problèmes mis en discussion a été défini des le début par une série
d'excellents rapports dus A des spécialistes éminents, d'une competence unanimement reconnue
les professeurs H. Inalcik (Turquie), Helene Ahrweiler et Michel Mollat (France), Nikolaj
Todorov (Bulgarie), Mihai Berza (Roumanie), B. Tuncel (Turquie).
Partant de ces rapports généraux et dans le cadre des themes respectifs, les parti-
cipants au Colloque plus de 40 hommes de science (historiens, linguistes, sociologues, éco-
nomistes, historiens de l'art et des idées, historiens du droit et des institutions)* ont débattu
pendant cinq jours les problemes se rattachant à revolution des rapports sur les plans histo-
rique, économique, social et culturel dans la zone envisagée, ainsi que le rede d'Istanbul
dans le developpement de ces relations interregionales.
Un moment significatif du Colloque a été celui de l'hommage rendu à Dimitrie Cantemir.
Les débats A ce sujet ont été ouverts par la remarquable communication du Pr Mihai Berza
.(Roumanie), suivie des contributions du Pr W. Vinogradov (URSS) D. Cantemir en Russie
et le r6le d'Antioche Cantemir dans la litterature russe et de Mme E. Vranoussis (Grèce),
qui a traité des essais de traduction en grec de l'ceuvre de Cantermr.
La haute competence des participants a assure au Colloque une tenue scientifique remar-
quable. Le grand nombre de communications et d'interventions, la qualité de celles-ci, les
points de vue souvent originaux exprimés ont créé une vision intéressante et plus d'une fois
nouvelle quant aux rapports complexes qui ont existe dans le cadre de l'Empire ottoman et
aux influences réciproques exercées sur les institutions culturelles et sur la civilisation des
peuples de cette aire, vision qui pourra à notre avis s'avérer feconde pour les recherches
futures. A cet égard, on peut affirmer sans hesitation que les travaux du Colloque d'Istanbul
ont constitué un modele d'activité scientifique interdisciplinaire et une étape importante dans
le développement du programme d'étude des rapports entre les cultures et les civilisations
balkaniques et celles du monde méditerranéen.
Petre Gheorghiu
* Mentionnons à titre d'exemple les noms de quelques-uns des spécialistes qui ont fourni
des contributions ou participé à ce Colloque : Ch. Verlinden (Belgique) ; Vasilka TApkova-
Zaimova,Virginie Paskaleva (Bulgarie) ; T. Stoianovich, I. Sanders, A. Lord (Etats-Urns) ;
J. P. Gentil Da Silva, G. Castellan, D. Bogdanovie, M. Corul-Lacoste (France) ; L. Vranoussis,
Ap. Daskalakis, Ch. Fragistas, Basilike Papoulia (Grece) ; J. Perényi (Hongrie) ; K. D. Grot-
husen (Republique Federative d'Allemagne) ; Em. Condurachi, Mihai Berza, Stefan 5 teM-
nescu, Virgil Candea, O. Iliescu (Roumanie) ; Ronald Syme (Royaume Uni) ; H. Djait (Tunisie) ;
B. Ongel, O. L. Barkan, Y. Yticel, H. Sahilioglu, B. Tuncel, K. Karpat, M. Aktepe, O. Aslanap,
H. Baikal, A. Erzi, S. Turan (Turqme) ; N. G. Kireev, Irina Dostyan, S. M. Aliev, V. I. Zlidnev,
J. F. Tchernikov, B. Gafourov, V. Vinogradov, L. Mirochnikov, I. Soustclukov (URSS) ;
'Olga Ztroevid, M. Sokolovski, A. Handjie, N. Vile°, Fr. Bangle (Yougoslavie).
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3 CHRONIQUE 305.
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306 10HRONIQUEI 4
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5 CHRONIQUE 307
Mustafa A. Mehmet
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Comptes rendus
PETAR SKOK, Etimologijski Rjeeruk Hrvatskogo tilt Srpskogo jezzka. Dictionnaire itymolo-
game de la langue croate ou serbe. Rédacteurs Mirko Deanovnie et Ljudevit Jonke,
collaborateur dans les travaux préparatoires et l'établissement du texte Valentin Putanec.
Volume III, poni 2 - f. Jugoslavenska Akademija Znanosti i Umjetnosti, Zagreb,
1973, 703 pp.
Avec son troisième volume, l'ceuvre d'éclition de cet important dictionnaire arrive A
son terme : on est done A méme maintenant de procéder A des observations generales concer-
nant les matériaux réunis IA, la mahode suivie par les éditeurs et les résultats obtenus. Si
le materiel légué par Petar Skok a été publié tel quel, la bibliographie de chaque article
a da *are complétée, afin qu'elle soit mise A jour et qu'elle puisse fournir de cette manière
un instrument de travail utile et operant. Reviser et completer cette bibliographie n'a pas
été chose facile ; en effet, l'operation suppose la maitnse compétente de tous les problemes
discutés et ces derniers embrassent non seulement la langue serbo-croate, mais aussi le
Sud-Est européen dans son ensemble. Partant des matériaux discutés dans ce dictionnaire et
parcourant la bibliographie respective, le spécialiste dispose A present d'un point de depart
dans la voie de ses recherches et de l'approfondissement de ses connaissances.
Pour établir l'origine des mots enregistrés, Petar Skok a fait appel aux langues voisines,
ainsi qu'à diverses autres disciplines onomastique, ethnographie, folklore, etudes byzantines
slaves, orientales, albanologie et l'étude des langues romanes en tout premier lieu. Il a fort
bien compris que dans le domaine de l'aymologie, la linguistique doit marcher la main dans
la main avec l'histoire de la culture, aant tenue, par consequent, de valoriser aussi les sources
historiques. Celles-ci sont de plusieurs especes : grecques-byzantines, slaves, latines, italiennes,
orientales, albanaises, allemandes et roumaines. l'vlalgré une telle variété, Petar Skok est
parvenu A les dominer magistralement ; aussi son dictionnaire est-il indispensable tant aux
travaux des slavisants, qu'aux etudes poursuivies par les albanologues, les romanistes, les
hellénistes et les orientalistes.
Les sources historiques et la toponymie ont fourni des données précieuses relatives A
des noms de lieux, de personnes et de peuples albanais, bulgares, grecs, russes, slaves ou
valaques. L'article consacre au Vlaques s'étale sur six colonnes, comportant des témoignages
empruntés des sources les plus anciennes jusqu'A la toponymie actuelle. Le mot Vlaque est
étudié au cours de son evolution historique, sans perdre de vue sa diffusion géographique, A
partir du terme Volcae, qui est le nom d'une tribu celtique de la Gaule. Romanisée, cette tribu
passait aux yeux des Germains du voisinage comme un prototype de romanisation contrastant
avec les Celtes non romanisés, les Germains ou les Slaves. Il s'ensuit done que les anciens
Germains désignaient par le terme Wakh les habitants romanisés de l'ouest, du sud ou de l'est
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310 COMPTES RENDUS 2
de l'Europe. Du haut-allemand, le mot passe ensuite chez les Slaves et les Byzantins. Ceci
a eu pour consequence que, alors que les Romnains se désignaient eux-mémes par un terme
hérité directement du latin (Romanus-Romdn), les étrangers employaient le surnom Vlah qui
venu de l'Occident avait au fond le même sens de Romanus, c'est-h-dire quelqu'un qui parle
une langue romane i. Il est interessant de remarquer que le nom de Vlaque a convert une vaste
aire géographique, s'étendant depuis la Gaule, A travers l'Allemagne et l'Italie, jusqu'en Europe
orientale, dans la Péninsule Balkanique et en Asie 141ineure. Les Byzantins ayant passé ce terme
aux Turcs, ceux-ci l'ont adopté en désignant les Roumains par le nom 'flue ou Karaiflalc
(Roumains noirs). Quant au nom de la tribu Vokae, il était fondé sur l'appellatif ultique folk,
yolk dont le sens était de e prompt, rapide, vif s.
Dans la langue serbo-croate, le mot Vlah a pris sept sens différents, A savoir : 1. Latin
2. Roumain ; 3. Italien ; 4. Aroumain ou Macédo-Roumain ; 5. habitant d'un village vlaque,
berger nomade ; 6. refugié de l'Empire ottoman en territoire vénitien ; 7. nom territorial :
Starz Vlah. La fréquence et le vaste rayonnement de ce mot dans l'espace sont attestés aussi
par la richesse de ses dérivés : 1. Vlahinja paysanne ; 2. Vlahov nom de famine *; 3. Vla§kt
grad s la ville des Vlaques *; 4. Vlahinjzon; 5. Vlagté personne de confession orthodoxe
6. Vla§e ou Mae; 7. Vlahinizca; 8. Vla§ad; 9. vla§iti; 10. povla§ica. Le byzantin Mccup6f3Xccxoç
Vlaque noir o passa en turc (Karazflak) et en vénitien (Morlaco). Bien que l'auteur cite un
grand nombre de toponymes, sa liste est bien loin d'être complète. Donner le repertoire exhaustif
de la diffusion des élérnents linguistiques légués par les Vieques au Sud-Est de l'Europe reste
encore un probléme de recherche de l'avenir. En outre, le terme ethnique de Vlaque prend dans
les documents aussi le sens de e berger nomade s ou de e paysan asservis, suivant A cet egard
la même voie que le terme Rumein qui revétait le même sens dans la principauté roumaine
de Valachie.
Cette richesse de l'article Vlah du dictionnaire de Petar Skok montre combien utile
serait une monographic complete du nom des Roumains et des Vlaques à travers les temps.
Un tel ouvrage pourrait exploiter de manière exhaustive les sources historiques, la toponymie
et les données de la dialectologie dans un ample espace géographique, qui engloberait l'Albanie,
la Bulgarie, la Gréce, la Roumanie et la Yougoslavie.
La toponymie a suscité l'intérêt tout particulier de Petar Skok. Il a entrepris dans
ce domaine des enquêtes partielles en terrain, tout en tenant une chronique assidue dans la
publication spécialisée de large diffusion internationale *Zeitschrift fur Ortsnamenforschung ».
Relevons la manière magistrale dont sont rédigés les articles Raguszum, Rim, Skadar et
Smederevo. Le dernier de la serie est considéré d'origine roumaine ayant A l'origine la variante
populaire Stmedru, dérivée de Sanctus Demetrius. En effet, la localité Smederevo sise sur la
rive drone du Danube, A l'est de Belgrade se trouve placée sur la route par laquelle essaima
vers le nord le culte de saint Démetre le Thessalonicien, culte qui a laissé des traces dans la
toponymie jusque sur la Saya et le Danube. Il y avait à Thessalonique de nombreux ateliers
qui faisaient travarller des artisans habiles A fa conner le cuivre, le fer, le plomb ou à confec-
tionner des objets de \Terre. A la foil e qui se tenait chaque automne, le jour de la saint
Démetre, patron de la ville, des marchands et des artisans de tous les coins de l'Europe
(Bulgarie, Serbio, Scythie, Allemagne, Gaule, Espagne) s'y réunissaient. La coutume de tenir
eette sorte de foires devait rayonner ensuite vers le nord et le nord-ouest ; notons, par exemple,
la foire annuelle de Prilep, tenue avant la saint Démétre chaque automne, dans le voisinage du
monastére Treskovec ; Skopié était elle aussi un grand centre commercial on des marchands
grecs et serbes se rencontraient. Plus haut, dans la vallée du Vardar, il y avait la localité
Dimitrovici (Kosovska Mitrovica), née des mêmes circonstances économiques se rattachant A
la fête annuelle de saint Démétre. À Novi Pazar, sur la Ragka, affluent de l'Ibar qui se jette
dans la Morava, il y avait un sanctuaire du saint et une foire annuelle avait lieu le jour de sa
fête. Au X le siecle, 11 y avait dans Fan trque Sirmium (l'actuelle Sremska Mitrovica), sur la
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3 COMPTES RENDUS 311
Saya, une église de saint Démètre : IA aussi se tenait une foire annuelle. Enfin, le toponyme
Smederevo, désignant la localité située sur le Danube A l'est de Belgrade, résulte de la slavisation
du nom Stmedru ou Sunzedrtz de Sanctus Demetrius. D'où la conclusion que l'industrie et la
culture de facture byzantine de Thessalonique irradia vers le nord, suivant les vallées de la
Strutna, du Vardar et de la Morava, pour aboutir au Danube et chez la population romanisée
qui vivait dans ces regions.
Une autre categoric intéressante est celle des mots exprimant un contenu sémantique
lié A la vie sociale, tels rob, sklav, sluga, vladika, voivoda et tupa. La plupart d'entre eux
sont d'origine slave, véhicules par les Slaves, mais arrivant avec le temps A une large diffusion
teme au-delA des limites du monde slave. Tous se rattachent au regime de vie féodale ; ils
expriment des aspects caractéristiques pour la vie sociale des Slaves aux Vile XIVe siècles,
avec quelques prolongements partiels jusque vers l'aube du regime capitaliste. Pour commencer,
Slavus était un nom ethnique, que le Min balkanique prononçait Sclavus et qui s'est conserve
en albanais (Squa, pl. Shge) et en roumain (.Fchiau, pl. Schei); plus tard, dans la conjoncture
spécifique du regime féodal, ce noin prit aussi le sens d' s esclave e, suivant un processus ana-
logue A celui qui devait dormer au nom ethnique Vlaque également le sens de s berger nomade
ou de paysan asservi s. 2upa fort probablement un nom autochtone eut pour centre d'irra-
diation la Serbie médiévale, d'où il a rayonné couvrant une vaste aire geographique pour aboutir
dans les langues roumaine, hongroise, slovène, tchèque, polonaise, ukrainienne et russe. Une
chose est certainc, à savoir : l'extrème ancienne té des termes tupa et tupan du serbo-croate
car si on les trouve dans les sources du VIII` siècle, ils devaient sans doute exister auparavant
aussi. Si l'on tient compte du fait que la limite conventionnelle entre le latin et le roumain
a été approximativement fixée au VIIIe siècle, on peut tenir pour acquis que les termes iupa
et iupanus existaient dans le latin daco-mésique, qui les a directement transmis au roumain,
car il est visible que jupa et juptn (dialectal giupa, giuptn, en vieux-roumain giuptr ayant
subi le phénomène du rhotacistne) ont traverse les modifications phonétiques propres aux
elements latins, sont par consequent antérieurs aux premiers ernprunts faits par le
roumain au slave. Les mots tupa, Pip& et juptn sont, de nos jours, presque inusités ; ils
persistent néanmoins dans la toponymie d'une zone relativement étroite de la Yougoslavie
(9 localités 2upa, 2 2upanja, 1 2upanjac, 1 2upanjol) et en Roumanie du sud-ouest (Jupa,
Jupanic et Jupinesti au Banat) ; Jupdneasa et Juptnesti dans les départements de Mehedinti,
Gorj et Muscel). L'étude detainee de la diffusion du mot tupa a été fournie par l'ouvrage
de V. P. Gra6ev, Serbskaja gosudarstvennostj v X XIV vv. (Kritika teorii s ittpnoj organi-
zaczi), Moscou 1972, qui ne figure pas dans la bibliographie de ce terme donnée par le diction-
naire de Petar Skok.
Les termes stdn, stopanin, strunga et urda ont des correspondances dans les autres langues
du Sud-Est europeen ; ils doivent deriver, probablement, d'un fonds commun autochtone d'origine
indo-europeenne. Faisant partie de la terruinologie des troupeaux, ils sont repandus surtout
dans le langage des bergers montagnards, ne descendant que fort rarement jusqu'A l'Adriatique.
En ce qui concerne l'étude des elements latins du serbo-croate, le dictionnaire de
Petar Skok s'avère une mine d'informations inépuisable. Quelques-uns de ces elements sont
entrés directement du latin, alors que dans d'autres cas ils ent été adoptés par le serbe-croate
A travers le grec, le bulgare, l'albanais, le dalmate ou le roumain. Un trait caractéristique
est constitué par la persistance des termes Romania et Romanus, qui se sont conserves, par
exemple, dans le verbe romandtati e parler dans une langue étrangère e, auquel s'est ajouté
aussi un suffixe d'erigine turque ; Rusalje, derive de resalia ayant reçu une signification chré-
Come a rayonné partout dans le Sud-Est européen, passant en partie aussi en ukraiuiea et russe.
Une tAcke plus délicate du linguiste est de discerner les éléments latins entrés directement
dans les langues sud-slaves par rapport A ceux venus par le dalmate et le roumain §triga,
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312 colvu.TEis RENDUS 4
par exemple, est d'un phonétisme dalmate, tandis que turma et Ursulovac sont de phone-
tisme roumain.
L'un des elements qui caractérisent très bien les différentes aires linguistiques de la
latinité sud-est européenne est constitué par le terme &Indus (sancta) qu'on relève dans les
noms composes des saints. 11 s'est conserve en albanais sous la forme Shen, en dalmate Sul-
et en romnain Sint-, par exemple : Shengim Sanctus Ioannes, Shenvlash Sanctus Vlasius
en Albanie ; Sulvara Sancta Barbara, Sukaan Sanctus Cassianus en Dalmatie ; Strtgiorz
Sanctus Giorgius, Stmedru Sanctus Demetrius en Roumanie.
Le dictionnaire de Petar Skok fait son profit des matériaux déja étudies par son auteur
dans maints ouvrages spéciaux. Ce sera toujours un parfait instrument de travail, aussi indis-
pensable aux ethnographes, folkloristes, juristes et historiens de la culture qu'aux linguistes
H. Mihòescu
PETER WUNDERLI, Eludes sur le livre de l'Eschtele Mahomet. Prolégoménes et une nouvelle
&Litton de la version française d'une traduction alphonsme, Winterthur, 1965, 154 p.
La légende arabe -de l'ascension du Prophète Mahomet aux cieux a Re soumise à l'atten-
tion des comparatistes par les dantologues engages dans une vive dispute sur les sources
orientales de son ceuvre. Dans ce livre, le pr Peter Wunderli, titulaire de la chaire de linguisti-
que romane de l'Universite de Fribourg, se propose de préciser les données historiques et
phdologiques du seul manuscrit connu de la traduction francaise de cette légende, une copie
anglo-normande datant du X1V° siècle. De cette manière, les discussions des dantologues re-
gagnent la terre ferme ; mais les resultats de l'analyse seront retenus par un groupe plus grand
de spécialistes, et notamment par ceux qui s'intéressent h la circulation des ceuvres orientales
dans les litteratures de l'Eurepe et aux contacts entre traditions culturelles diverses.
Le professeur P. Wunderli s'attache, tout d'abord, aux questions soulevés par le ma-
nuscrit : il s'agit de préciser la langue dans laquelle a été ecrite la version utilisée par le
traducteur de la version francaise, de meme que la langue maternelle de celui qui a traduit
le texte ; ensuite, il faut interpreter de nouveau le prologue et reconstituer la circulation du
manuscrit dans les milieux érudits, verifier la datation, etc. Le texte francais, connu depuis
longtemps, a été éclité, dans la mame année 1949, par le savant italien Enrico Cerulli et par
l'espagnol José Muñoz Sendino, après qu'Ugo Monneret de ait signalé le contenu et
l'importance du texte. Scion son propre aveu, le livre de P. Wunderli est né de l'insatisfaction
provoquée par ces deux editions et par les etudes consacrées au texte ; les nouvelles données
accumulées au cours de son enquate Font determine à refaire tout le travail nécessaire
une neuvelle edition, qu'il a fmie d'ailleurs et dont on attend la parution. En effet, l'auteur
démontre, par une méthode critique rigoureuse, que les deux editions susmentionnées sont
marquees par d'assez graves défauts et mconséquences, qui anéantissent les deductions linguis-
tiques faites à partir de leur texte. Par exemple, des expressions considérées par dive's linguistes
cornme des italianismes ou des hispanismes, à savoir ne je ve los diraz ou montara le conte,
doivent atre lues, scion ses corrections, ne Je ne lo vos direi (p. 92) et montera le campe
(p. 97), etc. L'auteur déploie une grande erudition pour &after les nombreuses erreurs qui ont
conduit les linguistes à bâtir des hypotheses assez hasardées. P. Wunderli arrive ainsi, par une
critique philologique impeccable, à démontrer que la langue du manuscrit est marquee par des
traits caractéristiques anglo-normands, dues au copiste ; l'examen paléographique lei impose
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5 COMPTES RENDUs 313
la concluston que cette copie a été effectuée en Angleterre, au commencement du XIVe siècle.
Le texte français ne contient aucun hispanisme ou italianisine certain, mais des tiaits d'une
indubitable origine pi ovençale et latme. Done, les deux affirmations faites dans le prologue,
savoir que la traduction a été réalisée par l'ilalien Bonaventure de Sienne et que l'original
a été écrit en espagnol, sont ébranlées. Il est possible que Bonaventure de Sienne ne soit que
le traducteur du texte latin, comme le suppose l'auteur ; il est aussi possible que cate traduc-
tion ait été effectuée pour ce personnage par un scribe d'origine provençale (p. 119-120),
mais une conclusion ferme en ce qui concerne la parenté de toutes ces versions, latine, française
et espagnole (inconnue) ne saurait are ttrée qu'au moment on on pourrait connaitre
arabe d'après lequel on a traduit le texle primaire, soit-il espagnol ou latin ; malhetneusement,
en dépit des efforts des savants, cet original n'a pas encore été trouve.
Asin Palacios a démontré dès 1919 une ressemblance assez (Arcille de quelques passages
de la traduction européenne et de Tarstr de Tabari ou de quelques traditions (hadith), inais
le texte même est si amalgame, si abondant en répétitions et contradictions (que P. Wimderli
signale à juste raison), qu'II jette le lecteur dans une totale confusion. Il est évident que le
texte represente une composition tardive qui englobe des détails puisés à diverses sources
et aussi que ces fiagments sont enchevétrés et, quelquefois, mal places. Selon la remarque
de P. Wunderli, o A vrai dire il ne s'agit pas d'une fusion, mais d'une simple juxtaposition de
certains blocs i dans ce texte (p. 78), ce qui rend acceptable la supposition d'après laquelle le
récit represente o une version populaire assez tardive de la légende qui retina des éléments
trouves dans différents hadith v. En effet, les traditions orales concernant le voyage de Isdahomet
au Paradis ont continué A circuler en Espagne jusqu'au XII/e siècle ; mais l'ensemble du récit
nous fait penser plutét à une anthologie qu'A une tradition orale, qui, en dépit des contra-
dictions possibles, garde toujours une certaine unité et ne fait pas, d'habitude, des renvois
qui signalent que l'auteur o a déjà parlé d'un certain thème, d'un certain problème ailleurs.
Il faudrait se rapppeler que la traduction a été faite h la cour d'Alphonse le Sage, qui a ete
lui-méme s educado desde su niñez en este ambiente de cultura semitica ..., poliglota y ena-
morado de la literatura musulmana ... *, que son Grand e General Estoria piase les sources
arabes, qu'il a fait traduire le Coran, etc. 1 II nous est permis donc de supposer que cet intérét
l'a condint non seulement à demander la traduction des divers ouvrages arabes, mais aussi A
faire recueillir des légendes pas encore ecrites (A sa connaissance). C'est-h-dire qu'il a pu charger
un érudit qui connaissait l'arabe de recueillir une légende assez répandue parmi les Arabes
d'Espagne et dont les chrétiens ont eu, sans doute, connaissance, et ensuite de la traduire.
Dans ce cas, on ne retrouvera jamais l'original arabe de ce livre, car il n'a pas existe.
L'auteur mentionne en quelques endroits les difficultés qui empéchent tont éditeur de
rétablir la forme originale des noms propres arabes, et surtout celle d'un certain Abnez, cite
plusieurs fois et indiqué A la fin du manuscrit en memo temps que Habubekar, le fameux
Aba Bekr, qui furent charges par le Prophète de recueillir dans un livre toutes ses visions
durant son voyage nocturne. Les essais d'identification ont été commences avant l'édition du
inanuscrit, et P. Wunderli fait mention d'une note margmale, d'une main o assez moderne s,
qui propose d'interpréter le nom Abnez par Ibn Azz (p. 32). L'éditeur 'tallen, le savant Enrico
Cerulli, propose, de son c6Le, un cousin du Prophète, Ibn 4Abbds, paree que ce Abnez est
appelé quelque part dans le texte e Habenabez, mon cosin *2 L'éditeur espagnol, Muñoz
Sendino, qui identifie en partie les noms arabes deformes de ce manuscrit, ne semble pas avoir
une solution A proposer, o car il maintient la forme du manuscrit dans le resume, o. Il est évident
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314 COMPTES RENDUS 6
que toutes ces indications du texte sont des mistifications (de l'avis méme de P. Wunderli,
p. 78), dues A un auteur tardif qui a voulu faire passer la légende comme authentique et
contemporaine à Mahomet ; mais s'il a investi Abil Bekr, le beau pare du Prophète, du titre
d'écrivain (auquel il n'a jamais aspire), il faut bien se demander si l'autre nom n'appartient
pas A un autre personnage qui a vécu à l'époque du Prophète, car Ibn 'Abbas (en réalité Ibn
al- 'Abbas surnomme Abu'l-`Abbas) n'était pas encore né au temps du voyage celeste de Mahomet.
De plus, il faut se demander si la mémoire du peuple a garde ensemble le souvenir d'un
guerrier comme Abh Bekr et d'un théologien comme Ibn al-Abbas, et si ce misterieux
Abnez n'est pas, lui aussi, une figure comparable à Abh Bekr ? C'est pour ce motif que nous
croyons qu'on peut penser à 'Aim Ibn al-As, contemporain de Mahomet et d'Abil Bekr, guerrier
et chef bien connu en son temps, né dans la tribu de Koraich done parent du Prophète
mentionné par Tabari dans ses Annales, par Ibn al-Athir et par d'autres auteurs importants.
Cette discussion trop longue sur les details de l'original arabe ne dolt pas faire oublier
qu'il s'agit d'un ouvrage intéressant surtout pour les romanistes, auxquels le pr Peter Wunderli
a offert un materiel riche en interpretations nouvelles et en elements précis, réunis dans le glos-
saire qui récapitule les mots dont la frequence est assez rare en francais ancien ou qui revètent
une forme ou un sens particuliers (p. 129-142).
Il faut esperer que l'édition du Bore de l'eschiele Mahornet, que le pr Peter Wunderli
nous promet, ne tardera pas a paraltre et que nous aurons l'occasion de revenir sur ces questions.
Mircea Anghelescu
ION TALOS, Mesterul Manole. Contribulie la studiul unei teme de folclor european, Bucu-
resti, Editura Minerva, 1973, 470 p.
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7 COMPTES RENDLTS 315
grecques en ajoutant les innombrables légendes de l'Europe de l'ouest et de l'est ainsi que les
légendes orientales sur ce sujet, nous offre une image du travail vraiment remarquable déposé
par l'auteur pour pouvoir s'assurer une vision d'ensemble sur ce problème et &teeter aussi
toutes les particularités spécifiques A chaque version nationale prise A part. Ion Talo s a répondu
A toutes ces exigences. Nous avons tenu A souligner ceci, étant donné que le lecteur moins prévenu
pourrait passer avec facilité sur cet immense travail de laboratoire, s'imaginant que s'agissant
en définitif d'un travail de folklore, l'élaboration elle-m8me se faisait d'une fa von plus ou moins
folklorique, tenant de l'improvisation et de l'essai. Rien n'est plus faux que ce point de vue.
Avec un respect de la vérité qui est tout A son honneur, Ion Talos donne une juste
part A taus les chercheurs qui au courant des temps se sont occupés de l'étude de cette ballade,
fixant avec précision le point de départ de son étude et délimitant son apport personnel au
probleme. Dans un deuxième chapitre il étudie le fondement de la ballade sud-est européenne
sur la femme murée vivante, déterminant ainsi la base ethnographique sur laquelle s'appuie
la création poétique et analysant, dans le méme cadre, les légendes en prose engendrées par
cette base ethnographique. Les légendes respectives, bien qu'elles aient une vibration affective
tendant vers l'art, sont encore très étroitement liées A cette base ethnographique et cherchent,
en premier lieu, A la justifier et A l'expliquer. C'est pourquoi nous considérons que Ion Talo s a eu
raison de les traiter dans le chapitre ofi il s'agit des pratiques et des croyances sur le sacrifice
do la femme murée. Ce chapitre a le mérite de donner de l'atmosphère A toute la probléma-
tique, avertissant le lecteur sur l'origine et la signification du produit artistique subséquent.
Mais le produit artistique est devenu, A un moment donné, autonome par rapport A sa base
ethnographique, n'ayant plus le rdle de l'expliquer, car il s'est développé dans la direction de
l'expression sur un plan supérieur ayant des finalités exclusivement esthétiques. C'est A ce
moment d'autonomisation artistique du sujet que Ion Talo s consacre le troisième chapitre de
son livre. L'auteur opère donc une translation de l'ethnographique A l'artistique, s'occupant
surtout de l'aspect esthétique des pièces. C'est ainsi qu'il étudie la morphologie, la structure et
le style des textes poétiques dans la version roumaine ainsi que dans les autres versions étudiées.
Le chapitre conclut avec la géographie des motifs et avec des observations concernant l'origine,
l'évolution et la signification des textes. En parlant de la méthodologie, Ion Talo s va du simple
au complexe ; il ne se limite pas A la description du texte, nous offrant seulement l'aspect
synchrone de sa problématique, car il apporte une vision diachronique qui lui est propre. En
partant, finalement, de la fonction sociale que le texte a chez les différents peuples (chez
les Roumains cantique de Nodl, lamentation funèbre chez les Néo-Grecs), l'auteur accepte
la thèse de Mircea Eliade d'après laquelle le chant aurait A sa base un 4 scénario mytico-
rituel *, considérant qu'A une épopie éloignée il a dil étre un chant de lamentation ou cantique
de deuil. Nous notons que le travail de Ion Talo s a une ample annexe (la carte typologique de
la version roumaine, bibliographie de 35 pages, résumé en langue franyaise, index de noms de
personnes et de noms géographiques). Le livre répond ainsi aux exigences actuelles de la science
et représente une contribution essentielle A la connaissance et A l'appréciation de cette mer-
veilleuse création artistique du sud-est européen.
Le livre de Ion Talo n'est pas cependant sans défauts. Nous lui reprochens le fait de
ne pas avoir donné dans l'annexe la transcription de toutes les variantes roumaines du texte.
Cela aurait été particuliérement nécessaire étant donné que certains de ces textes n'ont pas
encore été publiés et que les archives puhliques ne possédant pas tous les textes inédits, ils ne
sont pas, par conséquent, facilement accessibles. Une grande partie de ces textes inédits se
trouve dans sa collection personnelle. Si, de cette façon, il est interdit méme au chorcheur
roumain de connaltre complètement et de contr6ler le matériel documentsire, cette lacune affec-
tera d'autant plus les chercheurs étrangers. Or, il est connu que la ballade i Mesterul Maniple *
par ses implications internationales, intéresse les chercheurs étrangers d'une manière toute
particulière. Nous croyens donc que la publication des variantes roumaines aurait été une con-
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316 COMPTES RENDUS 8
dition indispensable pour le parachèvement d'un travail aussi important. Nous desirerions que
l'auteur retienne cette suggestion en vue d'une éventuelle réedition de son travail.
Pour conclure ce compte rendu, nous tenons A transcrire ici une variante
roumaine que l'auteur n'a pas connue. Nous savons qu'une variante en plus ou en
moins ne petit pas affecter les conclusions très fondées de l'étude. Pourtant, la variante
-dont nous parlons est le plus ancien texte roumain que nous connaissons ; il comprend
de précieuses suggestions concernant l'histoire mème du texte. Le materiel est d'ailleurs
lement accessible et c'est pour cela qu'il n'a pas été connu par Ion Talos. Tout ceci nous fait
croire que c'est de notre devoir de le transcrire ici. Il a é Le entendu par le journaliste franca's
Stan[slas Bellanger, entre 1838-1840 (?), du supéneur du monastère Curtea de Arges et est
en relation avec la première adaptation poétique du texte dans la littérature roumaine, la
version de Cezar Bolhac. Voici le texte, tel qu'il a été publie dans le livre du journaliste français
Le kéroutza. Voyage en Moldo-Valachie », vol. II, Paris 1846, p. 432-441 :< Voulant Miler
l'exécution des travaux confiés à ses soms, Manoli avait rassemblé de nombreux ouvriers. Son
plan dressé, ses mesures prises, il assigne A chacun sa besogne, et chacun se met sur le champ
A l'oeuvre. On travaille sans cesse, et pour ainsi dire sans repos. La nuit venue, on se relaie,
on reprend des forces, on saisit de nouveau la pioche et le marteau. De cette façon, la construc-
tion s'élève à N ue d'ceil. Les fondations, les pierres d'assises, les =rallies, le charpentage permet-
tent au regard de saisir une masse imposante ; déjà l'arclutecte peut admirer dans toui son
ensemble le résultat de ses travaux. Un événement imprévu vint mettre un terme à sa joie.
Pendant une nuit, l'édifice s'écroule sur lui-meme, sans qu'on sfit à quoi attribuer ce sinistre.
A l'aube du jeur, il ne présentait plus qu'un amas informe de décombres I Manoli, désespéré,
mais non abbatu, se remet courageusement à l'ceuvre, et recommence à edifier son église. Alms,
omme la première foix, au moment oil elle touchait à son achèvement, elle s'écroule de nouveau
sans qu'il soit possible de se rendre compte d'une pareille fatalité. Accablé de douleur, et redou-
tant la colère de Niagoé, qui, après avoir épuisé son trésor, après avoir vendu les diamants de
sa femme, a juré par sa barbe de faire tranchcr la téte au conducleur des travaux, et de faire
pendre tous les ouvriers s'ils ne parviennent pas à remplir leurs obligations dans un délai assez
court, Manoli va troll\ er le cenobite Hésius pour lui demander ce qu'il doit faire. Hésius le
ranime par de pieuses exhortations et l'engage à persévérer dans sa lutte, à reprendre encore
une fois la tiuelle, s'adresser humblement A Dieu. L'Etre suprème lui fera peut-ètre connaitre
par un signe quelconque de quelle façon il convient d'agir pour mener A bonne fin l'entreprise.
Alanoli suivit le conseil de l'ermite, et, trois mois après, au moment oil, venent d'achever sa
prière, il se disposait A se livrer au sommeil, un ange lui apparut, qui lui dit : Tu veilleras,
demam, A ce que la première femme qui se présentera devant toi, quels que soient son age
et sa condition, soit claquemuree, elle et ce qu'elle portera sur ses bras, dans un des piliers
de l'église, et tes tiavaux s'achèveront sans autre malheur". A peine éNeille par le chant matinal
de ses ouvi icrs, Manoli s'anpresse, muni d'une échelle, de monter sur le haut du clocher, qui
touchait à sa dernière pierre, et de IA il jette de tons ctités un regard attentif. Dans son
impatience, il a jure de ne prendre aucune nourriture avant que le sacrifice qu'on lui a
impose ne soit entièrement consommé. Une bonne partie de la journée s'écoula de la sorte, et
Alanoli, le cceur transi, ne voyait rien venir lorsque, vers la troisième heure du jour, il croit
erifin découvrir une femme.Elle s'avance en effet vers le temple, portant sur ses bias une pai tie
.des vivi es destines aux ouvriers. Alanoli, ému, se prosterne et va remercier Dieu de ses bontés
mais en regardant plus attentivement, il reconnait dans la victime qui vient au devant de
lui sa propre femme, Uca ; [Ce noin est la finale de Alariuea (Marion)] ; alors, d'abondantes
larmes descendent de ses yeux, il s'agenouille, il adresse une nouvelle prière au souverain ma itre
des cieux, il le supplie d'envoyer à sa jeune épouse quelqu'un qui l'arrete dans sa marche et
l'oblige A retourner sur ses pas. Il n'a pas achevé, qu'un gros chien sortant tout A coup d'un
buisson d'églantiers, se précipite sur Uça, la renverse, brise toutes les gamelles et la force
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9 COMPTES RENDTJS 317
ainsi de rentrer en hâte au logis pour préparer de nouveaux aliments. Tout plein dc son bonheur,.
Manoli se remet en sentinelle et plonge A droite et h gauche un regard avide et inquiet. Soudain,
les formes d'une femme se dessincnt encore dans le lomtain. Manoli, cette fois plein d'espoir,
comprime pour ainsi dire sa respiration haletante, regarde, regarde encore, il voulait se tromper,
tromper ses yeux memes ; helas 1 cette femme, c'est encore la simile, c'est Up. Elle semble se
hdter pour ne pas faire attendre plus longtemps les ouvriers impatients sans doute a prendre
leur repas. A cette vue, Manoli retrouvant un courage que double l'éminence du péril se prosterne
de nouveau. Mon Dieu, s'écrie-t-il les mains jointes et les yeux élevés vers le del, fais qu'Up
ne puisse arriver jusqu'id 1" Aussitôt, un loup affamé se roule aux pieds de la jeune femme et
lui cause une telle frayeur, qu'elle prend la fuite sur le champ, abandonnant ses provisions h
la voracité de l'animal. Marion en se relevant, s'aperçut de ce nouveau miracle, et il en rendit
pieusement grhces A Dieu. Cependant, le jour tendait a sa fin ; le soleil s'abaissait déjà vers
la mer ; les arbres, les ruisseaux, les collines, les troupeaux, tout se confondait dans un inextri-
cable chaos. Manoli, désespérant de ne pouvoir accomplir les prescriptions de l'ange, se résignait
déjà ii subir les consequences du courroux de Niagoé. Il avait fait, sans se plaindre, le sacrifice-
de sa vie. L'existence d'ailleurs lui était h charge ; il souffrait trop dans son amour-propre et
dans ses affections les plus cheres. Le sort seul réserN.,é A ses compagnons l'occupait. Au moment
oil il songealt au =yen de les soustraire A la mort, Up, que ses deux accidents de la journée
n'avaient point rebutée, Up reparaissait devant lui. D'une main elle portait des vivi es frais
et de l'autre main son enfant. Mallon, cette fois s'humilie comme autrefois Abraham. Pins,
reconnaissant, dans cette persistance, la victime sur laquelle la main du grand dispensateur de
toutes choses s'appesantissait : Mon Dieu, clit-il aussitôt, et sans que de son cceur sortit un
sanglot, que ta sainte volonté soit faite 1 s". II descendit, vint A la rencontre de sa jeune épouse,
l'embrassa tendrement, ainsi que son enfant qui tendait vers lui ses petites mains caressantes,
après quoi, les ayant placés tous les deux, la mere et l'enfant, dans l'un des piliers du temple, it
les fit murer sur le champ, malgré leurs cris lamentables ... Quelques jours apres, l'église
s'acheva completement et sa belle exécution attira tant de louanges h l'architecte principal
que ses confreres, jaloux de sa renommée, résolurent de la faire mounr. A cet effet, profitant
d'un moment oil Manoli venait de monter au clocher, pour en examiner le couronnement, ils
lui enlevèrent l'échelle dont il s'était servi pour son ascension, et l'abandonnerent dans cette
position dangereuse. Or, ce qu'ils avaient prévu arriva : Manoli chercha vamement h desceridre,
et dut se résoudre A mourir de faim et de fatigue, ou h se briser la téte sur le parvis, s'il
songeait jamais A sauter d'un point si élevé. Toutefois, Manoli était un homme ingénieux. a
avait donné de nombreuses preuves de son habileté. L'instinct de conservation éveilla en lni des
idées. Il eut l'adresse de se fabriquer, avec une scie oubliée par mégarde dans le clocher, deux
grandes ailes, et il se mit en devoir d'en tirer parti. Malheureusement, le mécanisme de ces
ailes était trop peu solide sans doute pour le poids de son corps ; au premier effort qu'il fit
elles se brisèrent, et nouvel Icare, il alla tomber A quelque distance de l'église. La terre, dit-on,
ouverte sous ses pieds, se referma aussitôt sur lui , laissant jaillir de l'endroit meme oh il venait
de s'abinner, une source d'eau vive sur laquelle on éleva plus tard la fontaine a trois canaux,
que vous apercevez d'ici. Depuis lors, à l'heure de minuit, on entend dans l'église une voix
deuce qui murmure ces plaintives paroles : Manoli, mon cher 'Manoli, pourquoi m'enfermes-tu
ainsi ? Les murailles m'étouffent, me pressent le sem ; mon lait coule, se perd, et je ne puis nourrir
ton enfant 1 Manoli, mon cher Manoli, viens à mon secour, car je ne puis plus respirer /Vlanoli 1"
Adrian Fochi
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18 COMPTES RENDUS 10
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11 COMPTES RENDUS 319
10 C. 1284
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320 OOMPTES RENDUS 12
portant les references bibliographiques strictement nécessaires. D'autre part, grace aux brefs
commentaires ajoutés à cheque nom de personne ou de lieu figurant dans l'Index rédigé par
Lucia Taftd, les éditeurs ont été dispenses d'une série de notes qui risquaient d'allourdir le texte.
Les titres des chapitres dans lesquels ont été groupés les morceaux choisis dans l'ceuvre
de Cantemir montrent à eux seuh la diversité des preoccupations et des investigations du savant
en ce qui concerne le monde turco-islamique autant qu'à l'égard de l'espace sud-est enrol:teen.
D'autre part, l'analyse de ses annotations conduit à la conviction que Démètre Cantemir com-
mentait les thèmes qu'il abordait depuis les positions d'un penseur et d'un homme de science
connaissant le mécanisme profond des phénomènes cullurels de cette zone, particulièrement
complexe dans sa structure et sa composition. C'est là qu'interviennent aussi les lectures du
prince, qui n'a pas négligé les oeuvres des historiens ou des lettrés ottomans, dont on peut citer
Sa'adeddin (+1599), Moustapha Ali (1599), Sclaniki, Koçi Bey le Monstesquieu des Turcs
Kiatip Celebi, Hussein Hezarfen, etc. Quelques-uns, parmi eux, avaient déjA saisi les causes
de déséquilibre de la société ottomane, sans trouver néanmoins une voie de sortie du cane
d'ombre, afin de surmonter un tel état des choses (Hezarfen, par exemple), alors que quelques
autres (tels Ali, Koçi Bey, etc.) ont su réagir avec plus de force, en proposant des o solutions s
ou des o recettes * pour le rétablissement de l'Empire.
Il va sans dire que de tels tatonnements, cette recherche des a solutions # et o recettes s
pour endiguer les troubles et le déclin de la société ottomane, encore plus sensibles dans la Capi-
tale du temps de Démètre Cantemir, ne pouvaient guère être ignores par le lettré moldave si
avide de connaissances de toutes sortes. Cet état des choses ne pouvait pas échapper A son juge-
ment, aussi rien d'étonnant A ce qu'il apprécie les personnalités qui essayaient d'arrèter la de-
bacle. On le voit parler avec confiance d'un Sa'adeddin, admirer le sérieux avec lequel un ehroni-
quer tel Moustapha Ali s'applique à étudier les phénomènes socio-politiques de l'Empire ;
n'hésitera pas de qualifier le premier de o fameux historien turc» (ed. Hodosiu, p. 7, note 12),
en le désignant par le nom de Saadi (ce qui pourrait prèter confusion d'ailleurs avec o Saa di
Effendi * qui lui avait appris le turc) ou de considérer le second (Moustapha Ali) comme o de
grande portée, aimant la vérité et étranger à toute flatterie. Le livre de celui-ci notera
Cantemir est très rare méme parmi les Turcs ; c'est IA ajoute-t-il que j'ai ionise bien
de choses se referent au sujet que je traite Hodosiu, p. 250, note 70). De meme, Hezarfen
est pour lui s un historien turc très précis et dote d'acribie * (écl. Hodosiu, p. 297, note 88).
Souvent, Cantemir cite les s auteurs turcs * pour les opposer aux s écrivains chrétiens *. En
achevant la première partie de son Histoire de l'Empire Ottoman, il confie : s Tous ces faits qui
ont eu lieu dans ce grand Empire, vus par nous-meme, écrits par les historiens turcs en per-
sonne, nous les raconterons, dans la seconde partie de notre histoire, avcc la mème fidélité et
avec les mots méme des historiens turcs, comme nous l'avons fait dans la première partie
(ed. Hodosiu, p. 409). Cette confiance et cette estime de Cantemir temoignent non seulement
de sa connaissance de l'ceuvre d'un nombre important d'auteurs turcs, mais aussi de son accord
avec certains de leurs points de vue, y compris sur le phénomène du déchn ottoman.
Pour ce qui est des notes proprement-dites, rédigées par Cantemir, il est à présumer
qu'au moins quelques-unes d'entre elles représentent ses propres impressions, recueillies lors
de son sejour constantinopolitain, alors que les autres sont le fruit de sa mémoire prodigieuse,
qui a enregistre ce qui l'intéressait pour le passer ensuite au crible de sa propre pensée, sans
renoncer pour autant à cet esprit objectif qui le caractérise. C'est ce qui fait leur authenticité
et leur originalité.
Toutefois, nous estimons que ce materiel aurait pu s'enrichir avec d'autres elements
encore, destines A coinpléter l'un ou l'autre des themes abordés par Cantemir dans ses notes.
Dans cet ordre d'idées, outre les articles traitant des pratiques spéciales de l'Islam (namaz,.
Hadj, etc.), l'introduction de quelques categories plus générales (musulman, par exemple, Tin-
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13 COMPTES RENDUS 322
dal p. 37 note 8) aurait contribué à reproduire une image plus complete de la conception de Can-
temir en ce qui concerne l'Islam et, dans certains cas, méme rapportée au monde chraien (Tin-
dal, p. 89-90, note 39 : Varna). D'autre part, certaines notes cantemiriennes sont susceptibles
de fournir des renseignements précieux sur le jugement des Turcs eux-même relatifs aux causes
ayant determine les succes de l'Empire ottoman (Tindal, p. 8, note 5) ou ses defaites. D'une
importance égale comme Cantemir lui-méme le note s'avere la conception du peuple turc
quant A la dynastic ottomane ou l'institution de la souveraineté en general (Tindal, p. 169-170,
note 52).
Il y aurait aussi un mot à dire quant A la terminolope turco-arabo-persane des notes de
Cantemir. En effet, scuts quelques termes ont été corriges par leur transcription dans le ture
moderne transcription effectuée par Maria Monica Gâteni, dont la contribution sous ce rap-
port est consignee dans la note explicative de l'édition. Ma's bon nombre de textes tures repro-
duisent la foi me adoptée par l'éditton anglaise, parfois corrompue au-delA de toute limite.
Néanmoins, méme les expressions corrigées comportent quelques erreurs. En oici quelques
exemples : le proverbe Eushbazz Cumarbazt ulduren olur cazz (p. 97) a été transcrit en turc
moderne sous la foi me Kusabazz kumarbazz olduren olur kazz (p. 302, note 32) qui denature le-
vel liable texte, car le mot kaz signifie « oic i, alors que le texte parle d'un gazi, autrement
dit un i hems # Done le proverbe en question aurait dû are ecrit comme suit : Eusbazz, kumar-
bazz olduren, olur gazz qui se traduit par o Celui qui tuera le gardien d'oies, l'amateur de jeux du
hasard, deviendra un héros a. Ce pro. erbe a &le menticnné par Cantemir A propos du sultan,
Mehmet IV (1648-1687), chasseur passionne, sous le règne duquel commença la grande re-
traite ottomane d'Europe et qui a fini par are détrôné. De méme le proverbe Kzesilmin El,
upiulmek gzerek (p. 109), qui a été transcrit sous la forme : Eesilmeym ell, opulmek gerek, alors
que sa forme correcte est Resilmegen el, opulmek gerek, qui veut dire qu'o Il faut baiser la main
qu'on ne peut pas couper a. Des exemples du méme genre pourraient étre fournis à regard des
notes 55, 71, 72, 73, 77, etc.
On aurait pu obtenir la correction des formes corrompues de la version de Tindal en
faisant un appel plus constant A latine originate Ceci aurait également perms de
relever les erreurs introduites par le traducteur anglais dans le texte de Cantemir.
Un bon choix des échos enregistrés par V llzstozre de l'Empire Ottoman dans l'Europe
savante du XVIII° siecle, ainsi qu'une ample bibliographie viennent fort A propos completer
ce volume. Sa valeur documentaire est rehaussée aussi par les 30 planches, en couleurs dans
leur majeure partie, précieux témoignages de l'époque.
Nous ne saurions, par ailleurs, cl6re cette sommaire presentation sans féliciter l'équipe
qui a assure la partition du volume, dont la mise en page, les caractères typographiques et les
illustrations contribuent à offrir au lecteur contempoi am une élégante edition d'o un livre rare b.
Il s'agit, en effet, d'une réussite à tous points de vue, vouée à s'imposer notamment par
l'organisation systematique du materiel respectif à l'attention de tous ceux qui s'adonnent
l'étude de l'ceuvre de ce o grand drogman des cultures occidentales et orientales i (ainsi que
Nicolas larga appelait Cantemir) et des multiples aspects des cultures sud-est euroneennes-
Mustafa A. Mehmet
DUMITRU VELCIU, Miron Costin, Bucuresti, Editura Minerva, 1973, 299 p. MARIA PRO-
TASE, Petru Maior, B ucuresti, Editura Minerva, 1973, 413 p. (Collection Universitasa)
La série Universitas * dans laquelle ont paru des ouvrages d'histoire littéraire avec
une solide documentation et avec des interpretations renouvellées, s'est imposée, comn e de-
juste, à l'attention des spécia listes et des lecteurs roumains. L'initiative des Editions Antler\ a,
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322 GOIVLPTES RF.NDITS 14
de constiluer une série aes travaux, en grande partie, à l'origine theses de doctorat mérite
d'être soulignée ; de même que merite d'être accentuée l'intention d'assurer à ces livres une plus
large circulation, en les augmentant d'un résumé substantiel en franeais à la fin. Les titres
parus jusqu'à present trahissent une tendance évidente de la recherche littéraire actuelle, aux
exegeses consacrées A. des écrivains qui ont joué un rôle particulier dans l'histoire de la littéra-
ture roumaine ; mais les analyses ne se limitent pas à l'investigation de l'ceuvre et de l'hornme,
mais elles se proposent d'intégrer chaque écrivain dans l'histoire. Cette integration part, parfois,
delibérement d'éléments culturels : c'est le cas de la monographic de Petru Vaida, Dimitrie
Canicula' el l'humamsme (1972) ou du byre de Mario Rufftni, La bibliolliègue du sénéchal Constantin
Cantacuzino (1973). D'autres fois l'analyse philologique prédomine, comme dans Les enseigne-
ments de Neagoe Basarab el son flls Thiodose par Dan Zamfirescu (1972). Cependant, les analyses
les plus nombreuses sont fondées sur la vie et l'ceuvre, accordant une importance différente aux
liens entre biographic et vie sociale, entre ceuvre et courants d'idées. (Ion Agirbiceanu par
Mircea Zaciu, Gib. I. Miliclescu par M. Diaconescu ; Dane Chendi par Mircea Popa, etc.). Cette
importance différemment dosée, peut être rencontrée également dans les livres que nous signa-
ions ici le premier consacré A un représentant de l'humanisme roumain, le second consacré
A un protagoniste des Lumieres.
Le portrait de Miran Costin qui se détache du livre de Dumitru Velciu est different de
celui rencontré dans les histoires littéraires. La recherche attentive des sources, des elements
historiques inclus dans l'ceuvre du lettré rnoldave, des docinnents d'époque ont conduit l'auteur
A une restitution plus precise de l'activité politique du dIgnitaire. La partie la plus solide du
Eyre nous semble être le chapitre 2, on D. Veleiu s'occupe de o L'homme politique ». Auteur
d'une biographic documentée de Ion Neculce (Bucarest, Ed. Tineretului, 1968), l'auteur se
révèle un interprete avisé des dates qui restituent le sens des actions entreprises par des
personnalités ; ici encore les elements sont rms en rapport avec competence et esquissent la
figure d'un fils de haut dignitaire qui a été attire par le trône princier. Une entière serie de
preuves (détachées d'après une indication ante' ieure de Rugen Stdnescu, citée par l'auteur) s' ajoute
au dossier de ce candidat au trône moldave qui ne s'est pas écarle des manceuvres de coulisses
les plus habiles pour réaliser son but ; o les moyens utilises entachent dans une certaine mesure
l'hornme s, mais les buts supérieurs poursuivis par Miron Costal lui donnent le droit, nous assure
l'auteur, o d'être &chargé de toutes les tares d'intrigue et de haine, mis par le Moyen Age, en
Occident, aussi bien qu'en Orient, dans la panoplte de l'homme politique du temps u (p. 126).
Avertissement inutile, du moment que l'histoire n'absout et ne condatnne pas, mais explique
et restitue ; et d'autant plus que l'intrigue et la haine ne se sont pas épanomes seulement au
Moyen-Age, mais égaleinent durant la Renaissance (et, peut-être, d'une faeon plus spectaculaire)
et ensuite.
Sont à retenir les preisions de l'auteur concernant l'origine valaque de Costin (p. 52
51) ; ses relations avec les cercles politiques polonais, avec Faide desquels il espérait arriver au
trône et miller la Moldavie au front anti-ottoman ; rattitude de Costin face au prince 5tefan
Petriceicu, qui, par son orientation polonophile, est devenu un candidat adverse dangereux
(p. 82-89).
Ce portrait, l'auteur le projette sur l'arriere-plan trace par les recherches antérieures
le chapitre consacré au destin de rceuvre de Mimi Costin dans l'historiographie roumaine (p. 7
50), comine également le paragraphe avec de nombreux renvois bibliographiques concernant
l'appel que les écrivams de l'époque moderne et contemporaine ont fait à l'ceuvre du chroniqueur,
utillsee comme source d'inspiration (p. 247-250) constituent, A notre connaissance, la recapi-
tulation la plus complete et la plus autorisée jusqu'à present.
Le livre invite à la discussion, aussitôt que le lecteur pénetre dans le chapitre « L'homme
dans l'ceuvre écrite i et s L'écrivain ; car, d'une part, l'auteur, s'est senti oblige de creer une
antinomie entre l'homme politique et l'écrivain, et d'autre part, parce que cette opposition,
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15 COMPTES RENDUS 323
conjugée avec une tendance assidue de notre historiographie littéraire recente, l'a determine
revendiquer l'ceuvre entiere de Miron Costin pour le musée imagmaire des belles lettres.
D. VeIciu signale le fait que la s3 mpathie envers les Polonais se joint à une critique des.
comportements des ai mées pcicnaiscs, mais laisse l'explication s'en remettre à l'opposition
dont il était parti. 11 surprend cette double attitude dans les jugements émis sur la politique
de la Grande Porte et les comportements des Ottomans, mais sans ajouter de nouveaux ele-
ments A la pénétrante analyse que le professeur Mihai Berza a entrepris dans cette même revue
(dans l'article Turcs, Empire Ottoman el relations roumano-turques dans Phistoriographie moldave
des XVe XV II le szecles, n° 3, 1972). En ce qui concerne la reaction face aux Phanariotes qui
accaparaient de plus en plus fréquemment les fonctions A la cour, l'auteur reprend les opinions
de ses prédécesseurs qui ont parle d'une o diversion o, quoique l'étude attentive des témoignages
démontre que l'opposition était dirigee contre ceux qui venaient en Moldavie pour faire fortune,
augmentant ainsi l'exploitation des masses et épuisant les ressources économiques du pays,
et dans des conditions de grande obedience face A la Porte ottomane, diminuant ainsi les
possibilités d'initiative politique des principautes. Les rapports entre boyards et princes re-
gnants ont été, en Write, marques par la tension relevée par l'auteur, mais 11 est difficile de
préciser dans quelle mesure i l'humaniste et le théiste declare est en réalité un féodal dans ses
rapports avec la paysannerie o (p. 150), si on ne démontre pas en quoi a consiste le theisme
de Costin. En ce qui concerne les rapports avec la paysannerie l'auteur découvre le boyard,
quand il le volt décrire les mauvaises mceurs des Moldaves (p. 220-221), et l'humaniste, quand
il l'écoute entonner o un hymne de louanges au peuple dont l'auteur et ses lecteurs font partie
(p. 265). II nous semble que toutes les critiques de Miran Costin concernant les mauvaises inceurs
ne peuvent ell e détachées de l'exhortation faite par l'humaniste à ses compatriotes de o renaitre * ;
on retrouve ce sens, dans la critique de Dimitrie Cantemir dans Descriptio Moldaviae, chapitre
17, où le prince affirme que bien que son amour du pays l'avait pousse à faire des éloges,
a préféré critiquer pour corriger, aim que les Moldaves ne soient plus condamnées par ceux qui
ont o des mceurs de cboix i. De méme, il nous semble que l'éloge du peuple d'origine romaine ne
peut étre sépare du programme politique du haut dignitaire. Mais ici s'élève un autre probleme.
Dumitru Velciu a parfaitement raison quand 11 parle de l'image que Miran Costin se fait
de l'Antiquité (p. 172) ; il remarque de fa con judicieuse que l'illustre humaniste s'écarte du
style des chroniqueurs antérieurs. Les recapitulations des textes prouvant des assimilations
des poètes latins sont exactes (il faudrait ajouter, A propos de la légende se référant à l'endroit
de l'exil d'Ovide, les precisions de P. P. Panaitescu dans l'article paru dans cette revue, n°81-2,
1967). Il est à retenir encore sa suggestion d'inclure dans l'ceuvre de Costin le discours tenu face
A Iuri Bogdanovie Khmelnitsky, en 1677 (p. 189), de même que mérite d'être soulignée son affir-
mation que l'ceuvre la plus parfaitement réalisée artistiquement est Le poeme polonais (p. 186).
Instructive est également l'instance de l'auteur pour découvrir des procédés artistiques (descrip-
tions, narrations, tableaux de lutte, dont nous auront trouve la source plutôt dans l'interét
du haut dignitaire pour les problèmes militaires). Ce qui nous semble surprenant est, cependant,
le saut qu'a fait l'auteur quand il aflame que o l'essai réussi du chroniqueur de confectionner
son propre portrait reel, et s'inclure, naturellement, dans une réalité qu'il transforme et qu'il
adapte son idée préconcue, la capacité de dissimuler jusqu'à recreer, sur des bases con-
A.
ceptuelles, un autre univers, different de celui dans lequel il a évolué, cela signifie, bien sOr,
art, littérature ; par cela Miran Costin devient écrivain o (p. 268).
Recréer un autre univers ne signifie pas seulement, art, littérature, mais surtout ideolo-
gic ; en particulier, dans les époques antérieures au romantisme. Et il est evident que Miron
Costin réussit A la formuler. Mais il n'est pas suffisant de suivre la biographie d'un auteur pour
esquisser une doctrine. Il est evident que D. Velciu s'est laissé conduire par la direction qui
suit le dépistage des intentions délibérement artistiques * dans o l'ancienne s littérature rou-
maine ; et il l'a menée jusqu'au bout, séparant, en une ceuvre unitaire, la reflexion philosophique
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124 COMPTES RENDUS 16
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17 COMPTES RE,NDUS 325
d'aborder l'obj et de ses recherches o dans la perspective d'une triple appreciation : dans l'époque,
dans le processus de transformation de la littérature et sous l'angle strictement contemporain i
(p. 18), Maria Protase a su éviter deux points de vue contestables qui ont opéré dans l'histo-
riographie de la culture roumaine, disséquant les creations, parmi lesquelles celle de Petru
1\laior : l'exposé positiviste inspire de formules candides, comme celle de Ranke, qui afin de
reconstituer le passé ressuscitaient tous les details ; la critique artistique inspirée de la these
tranchante de Croce, conformément A laquelle les recherches dites historiques et philologiques
servent seulement au transfert du critique dans les conditions de l'esprit de l'auteur, dans l'acte
qui a constitué sa synthese artistique. Maria Protase s'est specialement adressée aux historiens
de la culture roumaine, aux exegetes sensibles au lien permanent entre la vie des ceuvres et
la vie de la société, et bénéficiant des indications offertes par un Nicolae Iorga et par s l'école
de Cluj *, illustrée par Dumitru Popovici, Ion Breazu, Iosif Pervian, David Prodan ou Lucían
Blaga, a donne A ses recherches l'orientation la plus adequate et la plus enrichissante, vers
l'histoire globale. Par la également le principal mérite de ce livre.
L'auteur s'appuie sur une riche bibliographie roumaine et étrangère, sur des documents
d'archives, sur une lecture pertinente des textes de l'ceuvre de Maior. Le lettré roumain est
réinséré dans la vie de l'époque, et son ceuvre est inscrite dans le tourment idéologique de la
fin du XVIII° s., les premieres décennies du XIX°. L'auteur insiste sur les rapports sociaux
dans l'empire des Habsbourg, sur # le despotisme éclairé * de Joseph II et de ses consequences
pour les Roumains, sur les relations de Maior avec Sincai et Ion Budai-Deleanu, sur le relic
joué par le groupe des Roumains autour de la tipographie de Buda. Dans le cadre des conflits
idéologiques de cet intervalle de temps, les écrits du grand lettré ont acquis une nouvelle dimen-
sion, autant Le Procanon que l'ceuvre parénétique, l'ceuvre historique ou l'ceuvre linguistique.
Un apport original du livre consiste en l'analyse de la periode romaine et viennoise de la
vie du lettré roumain. Utilisant les dates proposées par les recents chercheurs des archives de
l'étranger, en particulier les contributions de Lucia Protopopescu, l'auteur définit, par des inter-
pretations nouvelles, la formation de Petru Maior. On doit relever, surtout, la mise en relief des
quatre sources de la pensée joséphiniste, qui ensemble représentent quatre courants d'idées
de la Vienne A l'époque des lumieres : les lumieres françaises, l'humanisme et le rationalisme des
Pays-Bas, l'Aufklarung allemand et les lumières italiennes. La presence de l'influence italienne,
attestée égalemet par le grand débat engage autour de l'ceuvre de Pietro-Giannone, Il Triregno
(de meme qu'a relevé Giuseppe Ricuperati dans un article dans # Rivista storica italiana e,
1967), prouve l'éclectisme du milieu viennois. Mais de pareilles influences permettent A la
fois une meilleure connaissance de la diversité des lumières européennes qui furent longtemps
réduites A une dualité, l'aspect anglais et le fran gals, d'après la remarque de Pierre Chaunu.
L'empreinte laissée par Rome, mais également par le # Settecento riformatore # (évoqué récem-
ment par Franco Venturi), de meme que celle de Vienne animée par le réformisme josephiniste
(avec des limites clairement tracées par Ernest Wangermann), entrainent le jeune étudiant sur
la voie de la fronde anti-papale, avec également un point d'appui sur le gallicanisme, ainsi que
sur la voie des revisions doctrinales ; dans ce sens, on peut supposer que Petru Maior a connu
les orientations jansénistes, dont l'impact sur l'idéologie des lumières a commence a être de
plus en plus mis en lumière. Les années de formation représentent une période d'accumulations
et de restructurations des connaissances qui débouchèrent dans une ideologic éclairée origi-
nale, qui de meme que souligne l'auteur, devait répondre aux problèmes soulevées par l'existence
économique et sociale de la Transylvanie. Les premiers chapitres de l'ouvrage offrent une con-
tribution précieuse A une meilleure intelligence des lumières roumaines, avec une originalité
aussi marquante que celle des lumières italiennes, allemandes, greeques, bulgares on yougoslaves.
L'auteur revient sur l'empreinte romaine dans les chapitres suivants, surtout quand
il se réfère A l'ceuvre historique ; les années de formation se révèlent etre des fondations sur
lesquelles s'est élevée la conception politique et sociale de Maior.
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326 COMPTE1S RENDUS 18
S'y ajoutent des interpretations pertinentes, des analyses attentives des textes, dans la
série desquels il faut mentionner la recherche parallele des versions française, italienne et rou-
maine des Aventures de Télémaque de Fénelon (p. 164-172), et le dense chapitre consacré aux
preoccupations linguistiques, qui dévoilent o l'outillage mental de Petru Maior et des lettrés de
or Ecole transylvaine ».
Parlant de la formation du lettré, de son outillage mental, du sens conféré A ses ceuvres,
l'auteur realise par sa monographic, une intéressante incursion dans l'histoire des mentalités
roumaines qui, à répoque des lumieres, se fondent sur les conquétes des humanistes roumains
et s'ouvrent à l'esprit romantique. Contribution parmi les plus solides et les plus larges à l'his-
toire de la culture roumaine, cet encadrement de l'ceuvre de Petru Maior dans revolution de la
pensée roumaine assure, d'après notre opinion, une place insigne au livre de Maria Protase.
L'auteur accentue bien sur le sens de l'Union avec réglise catholique, dans la vision de Petru
Maior ; analysant la direction de l'attaque dirige par Petru Maior contre rautorité seculaire papale,
l'auteur conduit plus loin la série d'observations pertinentes qu'a fait Lucian Blaga, en marge
du Procanon. Maria Protase met en lumière l'attachement du polémiste face A la tradition sud-est
européenne, attitude qu'on peut comparer avec o la position politique du gallicanisme dans les
Etats et les églises catholiques d'Occident », et la position de Maior dans le cadre du conflit
Etat-Eglise du XVIIIe s. Mettant en correlation les affirmations du Procanon avec les notes
qui lui sont attribuées par l'auteur de riganiada, Ion Budai-Deleanu, l'auteur arrive A la con-
clusion que l'attaque contre l'absolutisme papal met sous accusation a n'unporte quelle con-
centration de pouvoir dans les mains d'un seul homme, monarque absolut » (p. 79-94). La
constatation soulève un probleme general, celui de la laicisation de la pensée dans la société
roumaine et, par comparaison, dans les sociétés sud-est européennes. Car l'apparition des
concepts laYques dans les écrits des clercs pent être considéré comme une preuve de revolution
continue d'une pensée qui s'est détachée de oruniversalisme medieval s, sans repudier le passé, mais
en le transformant. Sous cet aspect, la constatation de Maria Protase s'ajoute A la serie de preuves
qui entrainent les recherches vers l'analyse des modifications des structures mentales et non
vers l'appel aux formules qui couvrent les réalités des sociétés occidentales, comme o le cesaro-
papisme ». On peut espérer que ramie de Maria Protase sur le Procanon, parue dans cette revue
(n° 1, 1973), soulèvera les commentaires des chercheurs de repoque des lumières dans le sud-est
européen.
Solidement construit, le chapitre consacre à l'ceuvre majeure de Petru Maior, L'histoire
du début des Roumams en Dacie, met en lumière les articulations de ce passionnant exposé his-
torique, qui constitue le principal maillon entre la doctrine des humanistes et l'historiographie
de la generation de 1848 (p. 173-200).
Ecrit dans un style qui quelquefois imite la subtilité, mais aussi l'entrelacement com-
pliqué des arabesques, le livre met dans un éclairage nouveau chaque ceuvre du lettré, ainsi
que son entière creation, projetée sur le fond offert par le mouvement des idées dans le Centre
et le Sud-Est europeen.
Erudit engage dans la problématique soulevée par la vie quotidienne, lettré entrainé
dans la lutte politique menée par son peuple, Petru Maior se détache des chapitres de cette
monographie comme une personnalité complexe : guide par une faculté maitresse » qui est
H
son esprit polémique, par un vif amour pour le peuple et par une inébranlabe foi en la vérité,
en la justice et en la dignité humaine, l'illustre lettré que nous restrtue l'ouvrage de Maria
Protase se présente comme un homme vivant ; il nous apparait soumis aux chicanes, sollicité
par les ambitions et accablé par les suspicions de la médiocrité, mais soutenu par la force de
son intelligence et de celle du peuple, un lettré qui est devenu le messager des aspirations du
moment et des permanences de la culture roumaine.
Alexandra Dufu
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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES
V. POLAK, Einige Gedanken uber die Entstehung des balkanischen Sprachmodells, 4 Orbis *,
XXII, 1973, p. 215 231.
Obtenir des précisions ou des critères plus nuances pour la mise en lumière de ce qu'on
appelle « balkanismes o notamment presents en albanais, bulgare et roumain est sans doute
un effort aussi nécessaire qu'utile. Un tel essai doit surtout porter sur la morphologic et la syn-
taxe, afin d'y saisir les similitudes structurales. Il serait A désirer de commencer par des re-
cherches comparatives sur deux langues (l'albanais et le bulgare, par exernple, ou l'albanais et
le roumain), ce qui permettrait de réunir un nombre plus important de faits que celui dont
nous disposons jusqu'A present. Ni l'élément latin de l'albanais et du roumain et, en general,
de l'espace sud-est européen n'est encore si bien connu qu'il permette des jugements par trop
catégoriques, dans le genre de celui que le latin aura eu, a l'ouest, une evolution dans un tout
autre sens (« das Lateinische eine ganz andere Entwicklungsrichtung in den ubrigen romanischen
Sprachen gefolgt hat i), exception faite de quelques particularités, telles la postposition de
l'article, le futur créé avec volo ou habere A la place d'esse dans la composition du parfait compose.
Les parallélismes établis au préalable entre deux langues permettraient de saisir les differen-
ces, ainsi que de préciser une stratigraphie plus detainee.
L'idée que l'albanais est susceptible de fournir une aide précieuse en vue de l'établissement
des modèles balkaniques nous semble plausible et digne d'être suivie (« Das Albanische besetzt
eine Schlusselstellung in der Entstehung der gemeinsamen Zuge des balkanischen Sprachbun-
des », p. 231). De même, il convient aussi de compter avec l'hypothèse que le thrace et l'illyrien
ont persiste encore longtemps après la conquête romaine et méme après l'installation des Slaves
dans la péninsule Balkanique, en tant que méthode de travail, bien qu'elle soit refutée par
certains historiens.
En marge de cette exposition theonque aussi suggestive qu'intéressante, nous sommes
d'avis qu'il faudra approfondir l'examen des faits concrets avec plus de méthode qu'il n'a été
fait jusqu'A present.
H.M.
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328 NOTICES BIBLIOGRAPHIQ'UES 2
Les Albanais de l'Halle du sud et de Sicile (d'environ 49 localilés) ont conservé leur
nom anclen d'Arberë (Albanais), alors que leurs fréres du pays l'ont oublié, pour s'appeler de
nos jours Shqtpetare. On appelle le parler des premiers gjuha arberishle et celui des seconds
gjuha shme. Ce qui importe, c'est que le parler des Albanais d'Italie est en général conser-
vateur, gardant bon nombre de traits archaiques, fait trés utile pour les spécialistes qui sont
inéme, grace A lui, de reconstituer partiellement le passé de cette langue.
L'auteur de la présente étude examine les traditions orales, les costumes, les vieilles
inélodies populaires, les us et coutumes, ainsi que les données historiques relatives aux Albanais
d'Italie, avec leur onomastique et leur parler, afin de déceler à quel moment et de quelle repon
d'Albanie ces colons sout venus. En ce qui concerne les circonstances historiques qui ont dé-
terminé leur exode, l'auteur pense qu'elles ont da déclencher plusieurs vagues, dans l'intervalle
approximatif de trois siècles, c'est-A-dire environ entre les années 1450-1750. L'analyse des
alares moyens informationnels conduit l'auteur A la conclusion que lesdits colons sont originaires
klu sud de l'Albanie et notamtnent de l'espace compris entre Vlora er Preveza, avec son Hin-
terland.
L'intérét de cette étude réside non seulement dans les conclusions de caractère historique
de l'auteur, mais aussi et surtout dans la méthode appliquée à l'esquisse de quelques points de
vue personnels relatifs A maints détails et dans la sareté de sa main lorsqu'il s'agit de guider
le lecteur à travers un riche enchevêtrement de faits, pas toujours faciles à interpréter et A
valoriser.
H.M.
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3 N OTI CE S BLBLIOGRAPHIQ' UES 329
de tous les pays qui se rapportent A la langue hellénique * (p. 101). Par atileurs, l'auteur
étudie de près les toponymes et les anthroponymes. Il tient une chronique péi todique dans les
revues a Athena * et e Onoma s, ayant publié dans la première un compte rendu exhaustif de
la toponymie et de l'anthroponymie grecque (LXVI, 1962, p. 300-424 et LXVII, 1963/
1961, p. 145-369).
Ce sont autant d'instruments de travail utiles pour aborder l'étude du grec ou des pro-
blèmes plus vastes impliquant l'application de la méthode compaiatiste.
H. M.
Exile pendant 18 ans sur la côte sud-est du Hellespont, A peu de distance de Granikos
(Kocabas), A la suite de certaines intrigues autour de la succession au trOne, l'écrivain passe
son temps dans une petite propriété qui lut appartient en s'adonnant A la littérature. C'est
atnsi que nous lui somines redevables d'une série de letlres oil il nous donne ses impressions
sur la nature ou des réflexions sur la vie et sur la mart. Parini les auteurs qu'il lisait, il y
avait des historiens tels Hérodote, Arrien et Théophylacte Simocatta, des plulosophes comme
Platon et Plutarque ou des poètes Homère, Hésiode et Euripide ; avec la lecture de la
Bible, ils lui fournissaient sa nourriture spirituelle et sa consolation. Ses lettres sont d'un
style classicisant, ponetuées de citations antiques et da quelques légères ironies A. l'adresse
de la mythologie. Les allusions contemporaines sont rares et fortuites, son principal but étant
d'étaler une riche érudition, revêtant un langage soigne, parfois méme quelque peu précieu x.
ll adressait ces lettres soit A de hauts dignitaires de l'Empire, soit A quelque grand prélat
de l'Eglise, ses atnis ou parents.
Constatant la vanité de son espoir de retourner A Constantinople, il se compare A
Ulysse, le grand voyageur : o Aloi qui était de m'éme A la portée du chant des oiseaux, de l'aboi
des chiens, voire déjà de mes atnis même, et qui entendais presque leurs paroles, je rebrousse
chemin, privé de ceux que je regrette et qui me regrettent, et je me résigne au sort qui
ne se rassasic pas de me bafouer ainsi, je me soumets au temps, je me plie A la situation
par laquelle l'esprit est blessé et l'Ame souffre durement sous la nécessité qui la presse *
(17). La correspondance est pour lui un échappatoire, a car la souffrance s'évapore, pour ainsi
dire, quand nous la racontons A ceux qui nous aiment * (21).
H.M.
J. KODER, Negro ponte. Untersuchungen zur Topographie und Siedlungsgescluchte der Inset
Euboia wahrend der Zeit der Veneziarierherrschaft. Verlag der Osterreichischen Akademie
der Wissenschaf Len, Wien, 1973, 192 pp., 76 photos, 1 carte.
Séparée du continent par un détroit large de seulement quelques mètres, longue d'en-
viron 175 km pour une largeur moyenne de 20 km, l'Eubée, avec ses 3580 km carrés de super-
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ficie, gravita dans l'orbite de Venise pendant presque quatre siècles (1082- 1470) sous le
nom de Negroponte. Elle fut durant cette periode le carrefour des influences orientales et occi-
dentales et la culture byzantine devait revétir lA un aspect caractéristique. Le present ouvrage
expose les details de son evolution. IL constitue le premier tome d'une serie de materiaux et
contributions A la Tabula Imperil Byzantini, que l'Académie viennoise est en train de préparer
sur l'initiative du professeur Herbert Hunger.
L'auteur, Johannes Koder, se révèle un lecteur attentif de la littérature spécialisée,
extrémement vaste d'ailleurs ; il a parcouru plusieurs reprises, étudiant sur place ses.
monuments archéologiques et les inventoriant, au grand complet. Il a décrit et valorise les
monuments ; il a essayé de préciser le chiffre et la composition de la population de I'lle ; it
a &piste une quantité de noms propres, qui pourront, par la suite, être exploités et expliqués.
par les linguistes. De cette maniere, il est arrive A presenter la monographic complete de
l'Ile A une époque determinée. Les materiels ainsi valorises serviront à la redaction de la future
Tabula Imperti Buzantinz, envisagée comme le complement nécessaire et la suite de la Tabula
Imperil Romani, en train d'être publiée sous l'égide de l'Union Académique Internationale-
H. M.
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.5 NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES 331
Z. M.
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Alit seiner neueroffneten Reihe Studia baleanica" mochte das Institut fur Balkan-
studien bel der Bulgarischen Akadenne der Wissenschaften Forschungen sur la vie économique
et sociale, sur les relations politiques et culturelles des peuples balkaniques" Raum geben. Der
erste Band fal3t 21 Abhandlungen zur historischen Geographie der nordlichen Balkanhalbinsel
zusammen, ausgehend von der Erkenntnis, dati dieser Zweig der historischen Geographie des
Encouragements bedarf, wenn der Vorsprung aufgeholt werden soil, der bezuglich der gleich-
artigen Erforschung des griechischen Territoriums zweifelsohne besteht. Die Autoren sind
Wissenschaftler Bulgariens (Gerov, Venedikov, Velkov, Begevliev, Tùpkova-Zannova, Vojnov,
Margos, Biljarski, Kuzev, Begevliev jun., Zaimov, D2onov, Stoikov, Boneva-Petrova), Ruma-
mens (Vulpe, Diaconu, Nasturel), Ungarns (A16csy), Jugoslaviens (Skrivanie) und der DDR
(Bottger, Winkelmann). Behandelt werden Spezialfragen der historischen Geographie und
Toponymie von der Antike bis zum 19. Jahrhundert.
Irm.
Die Sammlun:g des Verfassers Die protobulgarischen Inschriften" (Berlin 1963) wird
in synthetischer Gestaltung ausgewertet, um den historischen Ort sowie die Kultur der Proto-
bulgaren, die als Unogunduren um 660 ihre Sitze im Kubangebiet verlieBen, zu bestimmen.
Irm.
Johannes Vatatzes, der um 1333 in Thessaloniki mit dem Titel npurcoxuv-,iy6g begegnet,
stellt eine wichtige Personlichkeit in den byzantinischen Burgerkriegen der ersten Halite des 14.
Jahrhunderts dar. Der Verfasser be muht sich um eine Biographie des 1345 von turkischen
Soldnern Geto teten.
Irm.
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7 NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES 333.
Das Buch gibt, auf die lokalen Quellen gegrimdet, einen eberblick auf die wesentlichen
Phasen der Geschichte des mazedonischen Armatolen- und Klephtenwesens vom 15. Jahr-
hundert bis zum griechischen Befreiungskampf. Fur gleich gewichtig wird der Anhang von
Urkunden aus den turkischen Archiven von Verria und Thessaloniki angesehen, die in grie-
chischertlbersetzung vorgelegt werden. Der Historiographie anderer Balkanlander zum Thema.
gilt ein einleitendes Kapitel.
Irm.
LOUIS COUTELLE, Le Greghesco. Réexamen des éléments néo-grecs des textes comigues uénitiens
du XVI` siècle. Thessalonique, 1971.
Gewisse komische Texte, die zwischen 1540 und 1572 in Venedig entstanden, der
Autor beschreibt sie und ihre Verfasser eingehend bringen in lateinischer Umschrift Floskeln
und einzelne Worter aus dem Neugriechischen. Alan hat diese Sprachzeugnisse lange Zeit fur
Belege eines Idioms angesehen, das die Stratioten, griechische Soldner im Dienste Venedigs,
gesprochen haben sollen. Von den Biographien der Textverfasser her vermag der Autor diese
Auffassungen zu widerlegen, ohne von dem verwendeten Vokabular her eine eindeutige Losung
vorschlagen zu konnen. Dieses Vokabular wird ebenso wie die verwendete Diktion grundlich,
analysiert.
Irm.
LOUKIA DROULIA & HRISA AIALTEZOU, TÒ 'Apxdov T.-4g `Iepac% Mov-7)ç `Ay[chq
Accúpccç Kcaapplíttov. K6vrpov Puccv7tvc7)v ipzuv6v, Eúti.[J.EGICTOC", 2 :A9-71voctp.
1970, p. 379-415.
Als Ergebnis zweier Studienreisen wurden die Archivalien der Lavra von Kalavryta
(Achaia) aufgenommen mid folgendes Ordnungsschema erarbeitet : 1. Griechische Urkunden
Patriarchats-, Metropoliten- und Klosterurkunden ; Notariatsurkumden der Zeit von 1691 bis
1835; offentliche und Privaturkunden der Jahre 1804 bis 1906; Urkunden des Metochi des
Heiligen Georg (1813 bis 1890); Verzeichnisse okonomischen Inhalts aus dem 18. und 19. Jahr-
hundert. 2. Venezianische Urkunden aus den Jahren 1688 bis 1715. 3. Turkische Urkunden
des 18. und 19. Jahrhunderts. Unter Varia werden russisch- und rumanischsprachige Doku-
mente aus dem 19. Jahrhundert erfafit ; die Sammlung gedruckten Materials betrifft Zeitungen,
und Zeitungsausschnitte.
Irm.
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334 NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES 8
Das Madchen mil dem Mond in der Hand. Neugnechische Erzahlun gen. Herausgegeben von Marika
Mineemi, Leipzig, 1965.
Der Band enthalt in deutscher Obersetzung, die ein mehrkopfiges Kollektiv besorgte
22 Erzahlungen aus der griechischen Résistance des zweiten Weltkrieges ; unter den Autoren
linden sich Namen wie Petros Charis, Angelos Tersakis, Stratis Miriwilis, Menelaos Ludemis,
lhas Wenesis, Koslas Warnalis, Elli Alexiu, Themos Kornaros, Kosmas Politis, Melpo Axioti.
Ein Nachwort der Herausgeberm stellt die Widerstandsliteratur in den groBeren Zusammen-
han g der Entwicklung des neugriecluschen Schrifttums. Biobibliographische Notizen machen
mit den einzelnen Autoren nailer bekannt.
YASILE MACIU, Mouvements nabonaux et sociaux roumains au XIXe sack. Bucarest, 1971
(Bibliotheca histoi Ica Romaniae, 33).
Entgegen den Erwartungen, welche die Fassung des Titels aufkommen laBt, handelt es
sich bei dem anzuzeigenden Buche nicht um ein einheitliches Werk, sondern um die Zusammen-
fassung von Arbeiten, die der Verfasser im Verlaufe des letzten Jahrzehnts an verschiedenen
Orten veroffentlichte ; dabei raumen wir gern ein, daB ihre thematische und konzeptionelle
Zusammengehorigkeit eine solche Verbindung durchaus rechtfertigt. Vorangestellt ist ein
bisher unpublizierter tTherblick uber die Herausbildung der rumanischen Nation, durch
den die speziellen Themen des 19. Jahrhunderts Orientierung und Einordnung fmden. Zwei
Kapitel smd der Revolution von 1848 gewidinel ; das erste behandelt die Gesellschaft ruma-
nischer Studenten in Paris als ein revolutionares Zentium in den Jahren 1845 bis 1848, das
folgende stellt den einheitlichen Charakter der Geschehnisse in den rumanischen Landern
heraus. Dem Kampf des rumanischen Volkes um seine nationale Unabhangigkeit gelten die
weiteren Teile des Bandes den Auswirkungen des osterreichisch-ungarischen Ausgleichs"
von 1867, den Bestrebungen und Verdiensten des Historikers B. P. Hasdeu, der Bedeutung der
orientalischen Frage in diesem Zusammenhang, im speziellen der Rolle der Konferenz von
Konstantinopel um die Jahreswende 1876/77. Ausfuhrlich werden die differente Stellung der
gesellschaftlichen Krafte Rumaniens zur Frage der Unabhangigkeit dargetan und die Etappen
auf diesem Wege dargestellt. Grundliche Register (Personennamen, geographische und histo-
rische Namen, Titel von Zeitschriften und Buchern aus dem behandelten Zeitraum) unterstrei-
chen den einheitlichen Charakter des synthetischen Werkes.
Irm.
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9 NuricES BIBLIOGRAPHIQUES 335
Inn.
I. MATE'. Sur les relations d'Aluned Veftk Paella avec les Roumums, « &JAIL' et acLa orienta-
ha », VII (1968), p. 95-131 et VIII (1971), p. 71-102.
Parmi les etudes d'une importance particulière qui concernent les relations des Roumains
avec les pays du Proche et du Moyen-Orient (la Turquie, l'Iran, l'Egy-pte ancienne et mo-
derne, etc.), les articles consacrés aux contacts roumano-ottomans occupent une place
insigne dans Fammaire de l'Association roumaine d'eludes orientales. L'article de I. Mate'
en fournit une excellente preuve.
Ahmed Vefik Paella (1823-1891), homme politique, ecrivain et philologue turc,
ttaducteur de Molière, intellectuel d'une orientation plut6t liberate, a été noinmé commissaire
extraordinaire dans les Principautes Roumaines A la place de Fouad Effendi en 1850. lt se
lia A l'écrivain roumain Ion Ghica, remarquable homme d'état et politicien influent A
l'époque. L'analyse pertinente de la correspondance d'Alimet Vefik Pacha avec Ion Ghica,
inédite jusqu'A présent, a permis A l'auteur de nous restituer non seulement l'image d'une
amitié A toute épreuve, par dessus les vicissitudes qui ont souvent oppose les intéréts de
leurs patries, mais aussi de nouveaux aspects de la e question orientate », de l'activité de l'émi-
gration roumaine et des projets de la Porte concernant les Principautés. Les allusions faites,
plusieurs fois, par Ahmet Vefik Pacha, A divers membres de l'émigration roumaine, notam-
ment A N. Bälcescu, rendent plus clair l'intérét avec lequel les Turcs ont surveillé les révolu-
tionnaires de 1848.
M. A.
1 I. C. 1254
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336 NO1 ICES BIBLIOGRAPHIQUEs 10
Folklore, p. 15-45) traite de facon complete 'des types tres varies dula poegie populaire. Elle
souligne l'origine antique de certaines croyanees et coutumes encore en vigueur dans les eam-
pagnes, totit en disciltant aussi les coordonnées fondarnentales de Fart populaire de la Grèce
moderne a mettant en relief la nécessité d'une etude systema tique de ce chapitre de la culture
populaire.
La seconde etude est une monographic. du Language and Folk Culture of Modern Greece
(p. 47-127). Son premier chapitrc donne un bref historique du développeinent el de la continuite
de la langue et de la culture grecques. On peril consta ter la valeur accord& par l'auteur
aux arguments d'ordre historique lorsqu'il s'agrt d'expliquer et d'interpréter les faits de la
culture moderne, notamment quand il procede à la revue des dialectes parles en Grèce ou
a la discussion du phénomene de diglossie. Si l'on juge d'après les parallèles constamment
établis par l'auteur dans la deuxtème pudic de son etude entre la culture grecque antique et
celle de la Grece moderne parallèles qu'll releve dans divers doinaines, Lels : la nourri-
lure, l'architecture, le costume, les coutumes sociales, les ci ON ances, la poesie cette nsaiiiòi e
d'aborder le sujet indiquerait son penchant à considérer l'évolution du comporteinent tradi-
tionnel dans le contexte historico-culturel.
L'ensemble du volume plaide en faveur d'une etude conjuguée, dia- et synchronique,
des faits d'ethnographie et de folklore. En outre, ces deux etudes de S. P. Kyriakidès s'aèrent
également précieuses par les données essentielles qu'elles fournissent sur quelques-uns des
domaines les plus significatifs de la culture populaire grecque.
C. B.
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LIVRES RE1.1S
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338 LIVRES REÇUS 2
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3 LIVRES REÇUS 339
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