Gestion Des Grands Perimetres Dirrigation Lexper
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Projet de Doctorat: Etudes des possibilités de valorisation agricole des sous-produits de l’épuration et l’amélioration de la gestion des processus épuratoires d’une
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Résumé
En Algérie, jusqu’en 1984, les périmètres d’irrigation ont été gérés par les Directions de l’hydraulique de Wilaya
(DHW). Cette gestion a eu de nombreux inconvénients techniques et financiers. Par la suite, elle a été concédée à
des Offices de périmètres d’irrigation (11 OPI en 2005), établissements publics à caractère industriel et
commercial, dont la tutelle est assurée selon leur taille, soit par le ministère des ressources en eau pour les 5
offices nationaux, soit par la wilaya. L’office doit assurer la gestion, l’exploitation et la maintenance des
périmètres d’irrigation, en relation avec les services de l’Agence nationale de réalisation et de gestion des
infrastructures hydrauliques pour l’irrigation et le drainage (AGID), qui dispose d’une direction de la gestion et de
l’exploitation. Le secteur hydro - agricole en Algérie, en particulier sur les grands périmètres d’irrigation, fait
aujourd’hui face à de grandes difficultés d’ordre technique, financier et organisationnel. Ces 20 dernières années,
moins de 40 000 ha sur plus de 120 000 ha irrigables ont été irrigués dans les grands périmètres d’irrigation et
dans certains cas, avec une dose minimale de « survie ». Cette limitation des ressources en eau est aggravée par de
nombreux facteurs externes au secteur hydro - agricole : la faiblesse en matière de planification des ressources en
eau ; les conflits avec les autres usages (l’eau potable et les usages industriels sont prioritaires, et les dotations à
l’irrigation se voient très souvent limitées) ; l’absence d’outils pour gérer cette situation (prévision ; définition des
règles de gestion de la pénurie ; communication ; tarification). Il faut également ajouter d’autres facteurs internes :
la dégradation alarmante des infrastructures par manque d’entretien ; les importantes pertes dans les réseaux ; les
gaspillages facilités par le faible prix de l’eau agricole ; une situation financière difficile pour les offices nationaux
et la cessation d’activité pour la majorité des offices de wilaya. La réforme de ce secteur apparaît aujourd’hui
indispensable et fortement souhaitée par l’ensemble des acteurs. Un nouvel organisme, l’Office national pour la
grande irrigation et le drainage (ONID), se met en place. Structure qui permettra d’insuffler une dynamique
nécessaire pour renforcer l’organisation du secteur de l’irrigation conformément aux orientations de la stratégie de
développement du secteur des ressources en eau. Une plus forte participation des divers usagers est recherchée.
Elle doit se refléter dans les équilibres financiers des différents services liés à l’eau, par la recherche d’une
tarification plus adaptée.
Mots-clés : irrigation, organisation, réforme, gestion et exploitation, maîtrise d’ouvrage.
1 Introduction
En Algérie, dans les conditions climatiques marquées par la faiblesse et la mauvaise répartition des
apports pluviométriques selon les régions, l’irrigation est indispensable pour assurer une production
agricole régulière en quantité suffisante.
Pour cela, la mobilisation et l’utilisation optimale de l’eau sont les fondements de l’hydraulique
agricole, qui relève depuis 1999 des attributions d’un ministère des ressources en eau. L’Algérie couvre
une superficie de presque 2, 4 millions de kilomètres carrés divisée en deux zones climatiques :
− la zone nord représente 14 % du territoire, son climat est sub-humide à semi-aride ;
− la zone sud représente 86 % du territoire, son climat est saharien ;
La population est passée de 25 millions d’habitants en 1990, à plus de 32 millions en 2004 (source :
Office national des statistiques). La surface agricole utile couvre seulement 8,5 millions d’hectares,
dont 90 % se trouvent dans la zone nord où vit plus de 80 % de la population. Au cours de ces vingt
dernières années, à peine 5% de cette superficie a été irriguée en moyenne. Cependant, la valeur des
productions agricoles en système irrigué représente prés de 50% de la valeur totale des produits de la
terre. De ce fait, la pression qui s’exerce sur la mobilisation et l’exploitation de la ressource eau est de
plus en plus forte, et accentuée par les aléas climatiques. Les terres cultivables sont limitées et peu
extensibles, elles sont de plus en plus occupées par le développement urbain et industriel. Jusqu’en
1995, plus de 200 000 hectares de surface agricole utile (SAU) ont été perdus et le ratio surface agricole
utile par tête d’habitant diminue constamment, de 0,52 ha/habitant en 1967-1969 à 0,21 en 2000 (RGA,
2003).
Les potentialités en sol irrigables de bonne qualité dépassent 1,5 million d’hectares selon les études
menées par l’Agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH, 2001). Les objectifs futurs
d’irrigation retenus par les différents plans nationaux de développement sont de 1 million d’hectares
dont 40 % en grands périmètres d’irrigation.
En ce qui concerne les ressources en eau, sur un potentiel de 12,5 milliards de mètres cubes
mobilisables, moins de 50% sont actuellement mobilisés. Ce chiffre intègre les ressources superficielles
et souterraines en particulier les nappes fossiles du Sahara septentrional (Continental intercalaire dit
Albien et Complexe terminal). En effet, une étude de l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) a
confirmé la possibilité d’exploiter annuellement plus de 5 milliards de mètres cubes avec un impact
écologique admissible. Cette situation montre l’importance des limites des ressources en sol et eau.
En regard de ces ressources limitées, le mode de gestion de l’eau actuel montre aussi ses limites :
gestions déficientes de la ressource en eau et des infrastructures. Des réformes des structures de gestion
sont donc nécessaires.
2
2.1 La gestion des grands périmètres d’irrigation
Les 5 Offices de périmètres d’irrigation régionaux sont soumis à un déficit chronique et la vente d’eau
représente une faible part de leur chiffre d’affaire. Ils subsistent grâce à la réalisation de travaux pour
des tiers au lieu de se consacrer à la gestion de leurs périmètres. Par ailleurs, la majorité des 8 offices de
wilaya sont pratiquement en cessation d’activité.
Ces difficultés proviennent surtout du prix de l’eau à usage agricole très bas (parfois ne couvrant pas les
charges d’énergie électrique) et du déficit des ressources en eau affectées à l’irrigation (30 à 70% des
besoins certaines années).
En plus de la baisse des ressources affectées, le taux de pertes en eau dépasse 40 % par an en moyenne,
ces pertes ont pour origine :
− les pertes lors des lâchers directs dans les oueds sur de longues distances, les vols ;
− le manque d’efficience des réseaux, vétustes et mal entretenus ;
− les problèmes de facturation et l’absence de compteurs ;
− le gaspillage (surconsommation) encouragé par le prix de l’eau d’irrigation très bas.
En outre, les autres structures locales existantes, comme les Offices des périmètres irrigués de wilaya,
sont souvent soumises à des décisions conjoncturelles sans continuité, amenant l’abandon d’un grand
nombre d’ouvrages pourtant réalisés à grands frais par l’Etat, c’est le cas de l’Office de Saïda et de
celui de Maghnia.
3
2.3 La tarification de l’eau à usage agricole
Conformément au code des eaux (loi n°83-17 du 16 juillet 1983), en Algérie, la tarification de l’eau est
fixée par voie réglementaire. Le décret exécutif du 16 mai 1998 a fixé le prix de l’eau effectivement
consommée à usage agricole de 1,00 à 1,25 DA/m3 (1 euro = 92 DA) selon le mode d’irrigation (
Figure 1). Ces tarifs ont été calculés sur la base des charges d’exploitation de l’exercice 1993. Depuis,
les coûts d’exploitation ont beaucoup augmenté, notamment l’énergie électrique et les salaires. En
janvier 2005 (décret exécutif du 9 janvier 2005), le prix de l’eau a été fixé à 2,50 DA/m3.
Depuis 1988, les tarifs de l’eau agricole ont stagné, alors que les prix des intrants subissaient une hausse
constante. Ces tarifs ont été nettement insuffisants pour bien gérer les périmètres concédés.
Actuellement, on estime que seulement 50 % des charges d’exploitation sont couverts. Ces résultats
sont d’autant plus illogiques que le prix de l’eau ne représente que 1 à 10% des frais culturaux de
l’agriculteur alors que l’eau est le facteur fondamental de la production et de l’augmentation des
rendements, ce qui conduit à une utilisation irrationnelle et au gaspillage.
DA 2,50
2,00
1,50
1,00
0,50
0,00
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
Figure 1. Evolution du tarif de l’eau à usage agricole de 1962 à 2005 (Source : AGID).
4
− insuffisance de planification des ressources en eau, liée au manque de coordination
sectorielle et intersectorielle. La pénurie d’eau peut résulter du retard de la mise en service
des ouvrages de mobilisation et de transfert (exemple de la Mitidja). Améliorer la
planification, fait l’objet d’un travail de coordination dans le cadre d’un groupe de réflexion
interministériel ;
− conflits avec les autres usages. L’approvisionnement en eau potable et les usages industriels
sont prioritaires. Les dotations à l’irrigation, décidées chaque année par arbitrage du
ministère des ressources en eau, sont souvent très limitées et ne permettent même pas une
irrigation dite de « survie ». Les grands périmètres d’irrigation subissent les conséquences
d’une mauvaise gestion et de l’absence d’anticipation de la croissance des besoins en eau
potable au cours des dix dernières années ;
− absence d’outils notamment pour établir une prévision, définir des règles de gestion de la
pénurie, communiquer et élaborer un tarif ;
− l’activité exploitation a été très souvent déficitaire pendant ces trois années dans l’ensemble
des offices. Des produits et des charges hors exploitation viennent s’ajouter au compte
d’exploitation pour aboutir aux résultats nets des exercices des offices sans changer
significativement les tendances ;
− la recette de la vente d’eau est très variable d’une année à l’autre. Cette variabilité provient
des variations d’attribution des ressources en eau qui se répercutent sur les surfaces
irriguées. La relation entre le résultat d’exploitation et le volume distribué reste forte, mais
cette composante du résultat n’est absolument pas maîtrisée par les offices des périmètres
irrigués. Toutefois dans certains cas (El Tarf, région nord-est), le déficit s’accroît lorsque la
vente d’eau augmente, le prix de l’eau ne couvrant pas les charges d’énergie ;
− la répartition des recettes est très variable entre les offices (moyenne sur les trois années).
Le tableau 1 analyse les sources des recettes de 1997-1998 à 1999-2000, et montre les variations entre
les offices.
5
Tableau 1. Répartition des recettes des offices de périmètre irrigué, cas de la Mitidja, El - Tarf, Chlef, et
Habra - Sig.
Mitidja Tarf Chlef Habra-Sig
Vente d'eau 13% 44% 92% 94%
Vente de marchandises 53% 33% 2% 2%
Production vendue travaux 32% 20% 2% 0%
Prestations fournies 1% 3% 4% 3%
100% 100% 100% 100%
− Sur les quatre offices de périmètres irrigués considérés, deux offices (Mitidja au centre et
El - Tarf au nord-est) subsistent grâce à des activités annexes. Dans ces deux situations, on
observe d’une part que la vente d’eau représente une part faible (Mitidja) ou limitée (El -
Tarf) des recettes, d’autre part que plus de la moitié des recettes provient de la vente de
matériel d’irrigation ou de travaux. Au contraire, les recettes des offices de Cheliff et Habra
- Sig (nord-ouest) proviennent essentiellement des ventes d’eau. Ces offices ont aussi les
meilleurs résultats, à l’exception de l’année 1999 pour l’office de Habra - Sig, où le
manque d’eau s’est révélé catastrophique.
Dans les bilans analysés, les charges intègrent sans distinction toutes les activités des offices des
périmètres irrigués (vente d’eau, travaux, vente de matériel…), mais une très grande variabilité apparaît
entre les offices. Le montant des consommations intermédiaires dépend essentiellement des achats de
matériel d’irrigation pour la revente.
Tableau 2. Répartition des charges des offices de périmètre irrigué, cas de Mitidja, El - Tarf, Chlef, Habra -
Sig.
M itidja Ta rf Chle f Ha bra -S ig
Frais de pers onnel 35% 27% 64% 76%
c ons om m ations interm édiaires y /c E nergie 54% 64% 31% 22%
A utres c harges y c im pots et tax es 11% 9% 5% 2%
100% 100% 100% 100%
3.3 Entretien du patrimoine de l’Etat géré par les offices des périmètres
irrigués
En 2001, l’inventaire du patrimoine a relevé une superficie équipée pour l’irrigation de 173 000 ha,
dont moins de 100 000 ha (58%) considérés comme irrigables et moins de 40 000 ha (23%) réellement
irrigués ces vingt dernières années. Une déperdition importante de surface équipée s’est produite,
accélérée par le mauvais entretien des réseaux et des équipements. Les superficies nouvelles livrées
pour l’irrigation dans les grands périmètres d’irrigation, notamment avec des investissements de 8 000 à
10 000 euros/ha, sont à peine équivalentes, voire même inférieures, à celles qui ont été perdues.
Compte tenu de leurs difficultés financières, les offices des périmètres irrigués ne peuvent respecter le
cahier des charges des concessions et n’effectuent que la maintenance courante et minimale des réseaux
d’irrigation. Les équipements ne sont pas renouvelés, d’où l’état très dégradé de certains périmètres.
Toutes les opérations de grosse maintenance ou de renouvellement sont financées par l’Etat, hormis les
6
casses qui font l’objet de procédures d’urgences. Les travaux sont réalisés par l’office du périmètre
irrigué ou par des prestataires extérieurs après appel d’offres.
L’entretien du réseau de drainage et d’assainissement a également un coût qui ne peut pas être supporté
par les offices compte tenu du tarif de l’eau et de l’absence de redevances spécifiques pour le drainage.
400000
Total superficie
300000 équipées
Hectares
Superficies nouvelles
200000
02
04
06
08
10
12
20
20
20
20
20
20
20
Toutefois, compte tenu des interrogations que l’on a sur les ressources en eau réellement disponibles,
du rythme de réalisation bien plus modeste jusqu’à présent que dans les prévisions, on peut s’interroger
sur la faisabilité d’un tel programme. Ce programme s’appuie sur le plan cadre de développement de
l’irrigation à l’horizon 2010, préparé en 1990 sur la base d’évaluations hydrologiques antérieures qui ne
prennent pas en compte les récentes années de sécheresse (tableau 3). Il convient donc de réviser ce
programme en intégrant en particulier le plan national de l’eau (Plan national de l’eau, 1996),
également en cours de révision.
7
Tableau 3. Situation générale des périmètres de 1997 à 2001.
(Source : AGID, 1997 à 2001).
Pluvio. Surface ratio Volume
Culture Surface Surface Conso.
OPI Périmètre moyenne irriguée irrigué / distribué
dominante équipée irrigable (m3/ha)
(mm) moyenne équipé (Mm3)
Habra/Sig Habra arbo 260 19 600 9 000 4 550 23% 10.4 2 290
Habra/Sig Sig arbo 280 8 200 3 500 4 120 50% 8.9 2 160
Cheliff Haut Cheliff arbo 350 20 200 16 000 4 630 23% 36.2 7 820
Cheliff Moyen Cheliff arbo 330 21 800 10 000 3 280 15% 24.0 7 320
Cheliff Bas Cheliff arbo/ maraich 300 22 500 5 000 2 930 13% 20.8 7 100
Cheliff Mina arbo 240 9 600 5 000 4 060 42% 23.2 5 710
Mitidja Hamiz arbo/ maraich 690 17 000 8 000 2 170 13% 5.0 2 300
Mitidja Mitidja Ouest arbo 550 8 600 7 500 720 8% 3.0 4 170
Tarf Bounamoussa industriel 600 16 500 14 800 3 370 20% 23.4 6 940
Tarf Saf Saf maraîchage 4 998 2 500 1 170 23% 4.5 3 850
Tarf Guelma B. maraîchage 520 5 955 1 900 1 740 29% 12.3 7 070
Total / moyenne 412 154 953 83 200 32 740 21% 171.7 5 244
NB Surfaces en ha.
8
4.2 La stratégie du secteur des ressources en eau
La politique de l’eau a également fortement évoluée ces dernières années en Algérie. Depuis 1995, la
nouvelle politique de l’eau est fondée sur les principes de gestion intégrée, participative, économique et
écologique. Pour mettre en œuvre ces directives, cinq agences de bassins hydrographiques et des
comités de bassins ont été créés.
Des réformes institutionnelles importantes ont été engagées récemment :
En relation avec ces évolutions économiques, l’ouverture vers le secteur privé et d’autres formes de
gestion plus efficaces, telles que l’affermage, la concession et la délégation sont préconisées par le
ministère des ressources en eau.
Les grands axes de la stratégie du ministère sont de maîtriser les connaissances (ressources, besoins), de
protéger le patrimoine existant, de mobiliser les ressources en eau conventionnelles et non
conventionnelles et d’adopter une nouvelle stratégie de gestion. Cette stratégie devra inclure les
réformes institutionnelles mentionnées, des réformes juridiques, l’introduction de nouvelles formes de
partenariat avec le secteur privé, la gestion de la demande, la révision du système tarifaire, un
programme de communication et de sensibilisation à l’économie de l’eau et à la préservation de la
qualité.
Le projet de réforme institutionnelle du secteur hydro - agricole va devoir s’insérer dans ce cadre global
de développement de l’Algérie. L’organisation institutionnelle du secteur doit ainsi prendre en compte
la décentralisation, le développement de l’implication des usagers, l’augmentation de la participation du
secteur privé, la recherche de l’équilibre financier de la gestion des périmètres d’irrigation, la
conservation des ouvrages réalisés avec des financements publics, en grande, en petite et en moyenne
hydraulique.
9
4.4.1 Premier principe
Selon le premier principe, il s’agit de mieux gérer les équipements existants avant d’investir dans de
nouveaux réseaux. Le potentiel représenté par les ouvrages actuels est énorme et sous-utilisé. Il
convient de mieux le valoriser en concentrant les investissements sur les périmètres les plus
prometteurs, en visant les objectifs suivants :
− assurer une exploitation équilibrée des périmètres, selon des principes de gestion et
d’activité commerciale (relation client / fournisseur, contractualisation, garantie de
service) ;
− donner les moyens de fonctionner aux gestionnaires, par des programmes de réhabilitation
et des garanties financières sur la ressource ;
− définir une politique tarifaire des périmètres d’irrigation ;
− séparer ou identifier les différentes sources de revenus (vente d’eau, matériel, travaux) et
l’objet des dépenses effectuées selon une comptabilité analytique. Dans toute la mesure du
possible, le service de l’eau doit être équilibré par les recettes générées par les ventes
d’eau ;
− donner des objectifs au concessionnaire en terme de gestion et d’entretien des périmètres en
termes de qualité de service et de maintenance de l’outil. Le concédant, c’est-à-dire l’Etat,
doit définir ces objectifs.
5 L’ONID
Un établissement unique, bien structuré, largement décentralisé, ayant une grande souplesse de gestion
et une approche professionnelle, chargé de l’ensemble de l’activité de l’hydraulique agricole (grands
périmètres d’irrigation et petite et moyenne hydraulique y compris dans le Sud) a été créé pour répondre
de façon réaliste et efficace au besoin de remise à niveau de ce secteur et de sa relance.
Conformément au décret 05-183 du Rabie El Thani 1426 correspondant au 18 mai 2005 portant
réaménagement du statut de l’AGID, cette structure a pour missions la maîtrise d’ouvrage déléguée
10
pour le compte de l’Etat, la gestion, l’exploitation, et la maintenance des grands périmètres d’irrigation
ainsi que les missions de sujétion de service publique. L’office national pour l’irrigation et le drainage
(ONID) se mettra en place en récupérant les attributions et les moyens de l’AGID (EPA chargée de la
maîtrise d’ouvrage) ainsi que le patrimoine, les moyens, les droits et les obligations des 5 offices des
périmètres irrigués nationaux qui seront dissous.
5.1 Organisation
L’organisation de l’ONID, conformément à l’article 16 du décret 05-183, a été conçue dans la
perspective de la décentralisation de la gestion vers les directions régionales par régions
hydrographiques suivant le découpage du secteur. Ainsi, sous l’autorité d’une direction générale, toute
l’activité opérationnelle de l’ONID devra incomber aux directions régionales et aux unités. La nouvelle
structure se mettra en place en se substituant à l’AGID avec ses unités par projets et récupèrera
progressivement les attributions et les moyens des offices des périmètres d’irrigation avec leurs unités
d’exploitation ou périmètres.
L’ensemble de ces structures continuera à fonctionner avec un apport complémentaire progressif en
moyens humains et matériels pour leur remise à niveau parallèlement à leur intégration progressive en
fonction des performances et des compétences. Le passage se fera ainsi sans porter préjudice à leur
fonctionnement normal avec une intégration réfléchie et progressive après l’examen exhaustif de l’état
des lieux, les diagnostics réglementaires et l’analyse des causes de dysfonctionnement qui devront être
éliminées en y apportant les solutions adéquates.
Les cinq directions régionales seront localisées par régions hydrographiques et en fonction des
périmètres d’irrigation existants et des nouveaux périmètres à réaliser et disposeront d’une large
autonomie de gestion. Elles disposeront de ressources propres et seront dotées de comités consultatifs
associant les autorités locales, la profession et les associations d’irrigants. Ces structures régionales
seront implantées en tenant compte des découpages retenus dans le cadre du Plan national de l’eau.
Les ressources financières de l’ONID proviendront de la rémunération pour la maîtrise d’ouvrage
déléguée sur la base de contrats cadres signés avec les maîtres d’ouvrage et des redevances pour
fourniture d’eau agricole qui devront à terme constituer le facteur essentiel de son équilibre financier.
Les méthodes de recouvrement doivent en conséquence être améliorées et la tarification revue
progressivement.
11
structures déconcentrées qui seront mises en place et dans le cadre de partenariats adéquats en
concertation avec les agriculteurs irrigants qui seront encouragés à s’organiser à cet effet.
Cet établissement contribuera à atteindre des objectifs ambitieux arrêtés par le secteur des ressources en
eau grâce aux actions suivantes :
En outre, dans le cadre de la petite et moyenne hydraulique, il apportera sa contribution dans le respect
des normes, le contrôle et la mobilisation des ressources en eau agricole au niveau des forages, des
puits, des prises d’oueds, des retenues collinaires et des ouvrages de captage divers.
6 Conclusion
Malgré les contraintes des facteurs naturels limitants (ressources en eau mobilisables limitées et surface
agricole utile totale et irriguée faible), de la croissance démographique et de la déperdition des terres
agricoles à cause de l’urbanisation effrénée, il est possible de disposer d’un établissement opérationnel
efficace et largement décentralisé pour la modernisation des périmètres d’irrigation, leur meilleure prise
en charge et le rétablissement de la confiance des irrigants.
12
Le développement harmonieux de l’hydraulique agricole et sa prise en charge par l’ONID contribuera
à:
− assurer une sécurité alimentaire raisonnable ;
− créer un grand nombre d’emplois directs et indirects et réduire l’exode rural ;
− réduire les importations de produits alimentaires et stimuler les exportations hors
hydrocarbures, grâce aux produits agricoles ;
− aboutir à un développement durable, harmonieux, respectueux de l’environnement.
Dans ce cadre, l’objectif global de l’Algérie est l’irrigation de 1 million d’hectares à l’horizon 2015-
2020, soit 500 000 hectares en grands périmètres d’irrigation, 280 000 hectares en petite et moyenne
hydraulique pour le nord du pays et 220 000 hectares pour les régions sahariennes.
Cependant, compte tenu du diagnostic et des objectifs stratégiques précédemment établis, un grand
nombre de points faibles nécessitent d’être traités afin d’améliorer la situation de l’irrigation en Algérie,
en particulier les éléments d’ordre institutionnel, étroitement liés à des aspects plus techniques et
économiques.
On peut notamment souligner les nécessaires améliorations suivantes :
Tous ces points ne peuvent être tous traités en même temps et une phase de transition, de cinq à dix ans,
apparaît nécessaire pour aboutir à cet équilibre recherché du secteur de l’irrigation. En particulier,
certains aspects comme la décentralisation, le développement de la participation des usagers nécessitent
plusieurs années pour être effectifs.
Références bibliographiques
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ANRH 2001. Inventaire des ressources en sols d’Algérie 1963-2001.
BRLi, 2003. Amélioration de la gestion de l’eau en Algérie. Rapport Final. BRLi France. Février 2003
CNAT, 2003. Diagnostic de situation des 05 offices régionaux. Centre National d’Assistance Technique, avril
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PNE 1996. Plan National de l’Eau. Rapport Général, décembre 1996
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indicatif national 2002-2004. Descriptif des grandes orientations de la politique du Gouvernement
Algérien.
RGA 2003. Rapport général sur les résultats définitifs du Recensement Général sur l’Agriculture. DSASI –
MADR. Juin 2003. 127 p.
Décret exécutif n° 85-260 portant Cahiers des charges types de la concession
Loi n° 83-17 du 16 juillet 1983 portant code des eaux ; modifiées et complétée par l’ordonnance n° 96-13 du 15
juin 1996.Art.140.
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