Les Douzes Degres de L Humilite Extrait

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 23

Dom JEAN DE MONLÉON, O.S.B.

Les XII Degrés


de l’Humilité
Commentaire ascétique
sur le chapitre VIIe de la Règle de saint Benoît.

Nouvelle édition sur celle de 1951

Éditions Saint-Remi
2013
NIHIL OBSTAT :
Fr. P. BEURRIER,
Fr. N. BALLADUR,
cens. dep.

Imprimi potest :
Fr. JOANNES OLPHE-GALLIARD,
Abbas Sanctæ Mariæ.

Imprimatur :
Pictavii, die 1° Septembris 1951.
A. AUTEXIER,
v. g.

Éditions Saint-Remi
BP 80 – 33410 Cadillac
Tel/Fax : 05 56 76 73 38
www.saint-remi.fr
AVANT-PROPOS.

O première
demandait un jour à Démosthène quelle était la
N
qualité d’un orateur. « C’est, répondit le célèbre
Athénien, d’avoir une bonne prononciation. » On lui demanda
alors quelle était la seconde, puis la troisième. Et il fit chaque fois
la même réponse : « C’est d’avoir une bonne prononciation. »
Saint Augustin, après avoir rapporté ce trait, ajoute : « Si
maintenant vous m’interrogiez pour savoir quelle est à mon sens
la vertu la plus importante de toute la religion chrétienne, je vous
dirais que c’est l’humilité ; et autant de fois vous me poserez la
même question, je vous ferai toujours la même réponse1. »
Il n’y a pas de vérité qui soit affirmée avec plus de force par la
Sainte Écriture et par toute la tradition catholique : aussi saint
Benoît, qui ne s’est proposé autre chose dans sa Règle que de
donner la quintessence des enseignements de l’Évangile, a-t-il
ramené toutes les autres vertus à celle-là. Pour conduire son
disciple à cette « Paix », qui est sa grâce particulière et le terme
auquel est ordonnée toute son ascèse, il n’a pas trouvé de voie
plus directe et plus sûre. Quiconque la suit échappera à toutes les
ruses de l’amour-propre, à tous les pièges du démon, et arrivera
certainement à la gloire éternelle. Saint Benoît l’a décrite avec
beaucoup de soin au chapitre VII de sa Règle, la jalonnant de
douze points qu’il appelle : les XII degrés de l’humilité. Le
présent ouvrage n’est que le commentaire de ce chapitre. Nous
l’avons divisé en six livres : le premier est une manière
d’introduction à l’étude de la vertu qui nous occupe ; le deuxième
traite de la révérence envers Dieu, objet du Ier degré d’humilité ; le
troisième livre étudie la réforme de la volonté au moyen des trois
degrés suivants : IIe, IIIe et IVe ; le quatrième, la réforme de

1 Ép. à Dioscore, ch. III, 22. Pat. lat., t. XXIII, col. 442.
4 LES XII DEGRÉS DE L’HUMILITÉ

l’intelligence, avec les Ve, VIe et VIIe degrés ; le cinquième et le


sixième enfin, avec les degrés qui restent la réforme de l’homme
extérieur.

N. B. — Le texte donné en tête de chaque livre en caractères


plus gros est celui de la Sainte Règle.
Les références à la Sainte Écriture sont faites d’après la
Vulgate.
LIVRE PREMIER
L’ÉCHELLE DE JACOB.

divine Écriture, mes frères, nous fait entendre ce cri :


L Quiconque s’élève sera humilié, et celui qui s’humilie sera exalté . En
A
1

nous parlant ainsi, elle nous montre que tout élèvement est un
genre d’orgueil, contre lequel le Prophète nous apprend qu’il se
tient en garde, lorsqu’il dit : Seigneur, mon cœur ne s’est point exalté et
mes yeux ne se sont point élevés ; je n’ai point marché dans des voies
prétentieuses, ni recherché des merveilles au-dessus de moi2. Mais comment
a-t-il agi ? Si je n’ai pas eu d’humbles sentiments, si j’ai exalté mon crime,
traitez-moi comme l’enfant qu’on enlève du sein de sa mère3.
Si donc, mes frères, nous voulons atteindre le sommet de la
suprême humilité et parvenir promptement à cette élévation
céleste où l’on monte par l’humilité de la vie présente, il nous
faut, par les degrés ascendants de nos œuvres, dresser cette
échelle qui apparut à Jacob durant son sommeil et sur laquelle il
voyait des anges descendre et monter4. Cette descente et cette
montée signifient pour nous, sans aucun doute, que l’on descend
par l’élèvement et que l’on monte par l’humilité. Cette échelle
ainsi dressée, c’est notre vie en ce monde que le Seigneur élève
jusqu’au ciel si notre cœur s’humilie. Les deux côtés de cette
échelle sont, selon nous, notre corps et notre âme ; et la grâce
divine qui nous a appelés y a disposé divers échelons d’humilité et
de vie régulière qu’il nous faut monter.

1 Luc, XIV.
2 Ps. CXXX.
3 Ibid.
4 Gen., XXVIII.
CHAPITRE I
IMPORTANCE DE L’HUMILITÉ.

Quiconque s’élève sera humilié ;


quiconque s’abaisse sera élevé.
Luc, XIV, 2.

C mes frères...
nobis Scriptura divina... La Sainte Écriture nous crie,
LAMAT
Saint Benoît qui lisait ce livre divin non pas
seulement avec les yeux de son corps, mais avec toute l’attention
de son esprit, entendait monter des profondeurs du texte sacré,
comme un cri sans cesse répété : Quiconque s’élève sera humilié ;
quiconque s’abaisse sera élevé.
La force du mot clamat est accentuée encore par la place qui lui
est donnée en tête de la phrase et de tout le chapitre. Pourquoi
une telle insistance à nous faire entendre cet avertissement ?
Parce que c’est une vérité que la raison humaine, laissée à elle-
même, est incapable de découvrir, et qu’elle oublie sans cesse,
quand elle l’a apprise. Aucun des philosophes de l’antiquité n’a
compris la beauté de l’humilité : tous ont donné comme
fondement aux vertus qu’ils prônaient un orgueil plus ou moins
avoué, plus ou moins conscient. L’homme, laissé à ses propres
lumières, s’imagine invinciblement que c’est en s’élevant qu’il
arrivera à la gloire et à l’épanouissement de sa personnalité ; qu’en
s’humiliant, au contraire, il ne fera que se diminuer et s’avilir. C’est
pourquoi Notre-Seigneur s’est attaché avant toutes choses à
montrer la noblesse de cette vertu. Il l’a pratiquée et enseignée
avec plus de soin qu’aucune autre, si bien qu’au témoignage de
Saint Basile, on peut ramener à elle toute la doctrine qu’il a
prêchée, tous les exemples qu’il a donnés1.

1 Hom. xx, 6. — Pat. Gr., t XXXI, col. 536.


L’ÉCHELLE DE JACOB, IMPORTANCE DE L’HUMILITÉ 7

Il l’a posée à la base de toute sa doctrine spirituelle. Il n’a pas


dit : « Apprenez de moi à être pauvre, à mépriser le monde, à
jeûner ou à faire des miracles », mais, Apprenez de moi que je suis
doux et humble de cœur. Remarquons l’expression : De moi, comme
s’il ne s’en remettait à personne, ni aux prophètes, ni aux
Docteurs, ni aux anges, du soin d’enseigner cette vertu.
Il a manifesté pour elle une prédilection spéciale. Saint Marc
raconte qu’un jour, tandis que les Apôtres discutaient entre eux
sur les préséances, Jésus prit un petit enfant et le mit au milieu
d’eux : Et accipiens puerum, statuit eum in medio eorum. Il le mit au
milieu, c’est-à-dire à la place d’honneur, à la place du Maître qui
enseigne ; et au milieu d’eux, au milieu des douze colonnes de
l’Église, des douze hommes qui ont reçu dans sa totalité le dépôt
de la révélation, des douze Docteurs chargés d’instruire tous les
peuples de la terre. Ainsi, il faisait de cette vertu le centre autour
duquel les autres devaient rayonner, le pôle vers lequel elles
devaient converger. Il promit à ceux qui ressembleraient à cet
enfant, les premières places dans son royaume, et, pour montrer
sa tendresse à leur égard, il l’embrassa : ce que l’Évangile ne
rapporte à propos d’aucune autre personne1.
Déjà dans l’Ancien Testament, l’importance qu’il devait
attacher à cette vertu, la récompense qu’il lui destine avaient été
figurées par la conduite de Joseph envers ses frères. Lorsque
ceux-ci, pressés par la famine, viennent en Égypte demander du
blé, il ne fait pas de difficulté pour en remplir leurs sacs une
première fois. En cela il est la figure du Christ distribuant à ses
disciples la nourriture nécessaire à leurs âmes, le froment de la
vérité. Mais ensuite, il les prévient qu’ils n’ont plus rien à attendre
de lui s’ils ne consentent à amener Benjamin ; — Benjamin, le
plus petit de la famille, le dernier de tous, c’est-à-dire : l’humilité.
Cet homme, racontent les fils de Jacob en revenant près de leur
père, cet homme nous a déclaré sous l’attestation du serment : Vous ne
verrez point ma face, si vous ne m’amenez : avec vous votre frère le plus
jeune2.
1 IX,
34.
2 Gen., XLIII, 3.
8 LES XII DEGRÉS DE L’HUMILITÉ

Au contraire, dès qu’il apprend l’arrivée de Benjamin, il


commande à son majordome : Introduis ces hommes dans ma maison,
tue les victimes, prépare un festin : parce qu’ils doivent manger avec moi à
midi, à midi, c’est-à-dire dans la pleine ferveur de la charité1 ; et
c’est dans son sac à lui qu’il cache sa coupe d’or, figure de cette
sagesse que Dieu révèle seulement aux petits et aux humbles,
tandis qu’elle reste ignorée des savants de ce siècle.

1 Gen., XLIII, 16.


CHAPITRE II
DE LA RUINE DES ANGES.

Comment es-tu tombé du ciel,


Lucifer, toi qui te levais comme
l’étoile du matin ?
Is. XVI, 12.

E spiritualité
assignant à l’humilité cette valeur fondamentale dans la
N
chrétienne, nous ne prétendons pas dire
cependant qu’elle soit en dignité la première des vertus. Non
seulement la charité garde parmi celle-ci son rang de souveraine,
mais même, au témoignage de saint Thomas, les deux autres
vertus théologales, la foi et l’espérance, et encore la justice, ont le
pas sur elle1. C’est seulement dans l’ordre pratique que l’humilité
est la première, parce qu’elle fait fonction, disent les théologiens,
de removens prohibens : elle écarte l’obstacle dont la présence arrête la
grâce de Dieu et empêche notre rénovation intérieure, obstacle
qui n’est autre que l’orgueil.
Ce vice, en effet, est la cause unique de toute la misère dont
souffre le monde. Il est le principe de tous nos égarements. Dans
la balance de nos comptes intimes, il inscrit à notre actif la
propriété et le mérite des dons que nous avons reçus de notre
Créateur, et ainsi il nous incline à nous camper en face de lui
comme si nous valions quelque chose par nous-mêmes ; comme
si nous possédions le privilège incommunicable de la divinité :
l’aséité2 ; comme si nous étions, nous aussi, des dieux. Il nous fait
dire, à la suite de l’évêque de Laodicée, dans l’Apocalypse : Je suis

1 Sum. theol., IIa IIæ, qu. 161, a. 5.


2 N.D.L.R. : Aséité : Théologie Scolastique ; Propriété caractéristique de l’Être

qui existe par soi et à l’exclusion de toute dépendance causale ; autonomie


absolue dans l’Être.
10 LES XII DEGRÉS DE L’HUMILITÉ

riche et comblé de biens (spirituels) : je n’ai besoin de personne1 ; au lieu de


reconnaître que nous sommes des malheureux, misérables, pauvres,
aveugles et nus. Ainsi, il fausse nos jugements, il nous fait sortir de
la vérité, de la justice, du droit chemin. C’est lui qui a entraîné,
aux origines du monde, la perte des Anges. On connaît la belle
apostrophe que Bossuet, s’inspirant à la fois d’Isaïe et d’Ézéchiel,
adresse à celui qui était alors le plus glorieux d’entre eux :
Comment êtes-vous tombé du ciel, ô bel astre du matin ? Vous portiez en vous le sceau
de la ressemblance, plein de sagesse et d’une parfaite beauté ; vous avez été, avec tous les
esprits sanctifiés dans le paradis de votre Dieu, tout couvert de pierres précieuses, des lumières
et des ornements de sa grâce. Comme un chérubin a des ailes étendues, vous avez brillé dans
la sainte montagne de Dieu au milieu des pierreries embrasées : parfait dans vos voies dès le
moment de votre création, jusqu’à ce que l’iniquité se soit trouvée en vous. Comment s’y
est-elle trouvée ? Par où y est-elle entrée ? L’erreur a-t-elle pu s’insinuer au
milieu de tant de clarté, ou la dépravation et l’iniquité parmi de si grandes
grâces ? Vraiment, tout ce qui est tiré du néant en tient toujours. Vous étiez
sanctifié, mais non pas saint comme Dieu ; vous étiez réglé d’abord, mais non
pas comme Dieu, la règle même. Une de vos beautés était d’être doué d’un
libre arbitre ; mais non pas comme Dieu, d’un libre arbitre indéfectible. Esprit
superbe et malheureux, vous vous êtes arrêté en vous-même : admirateur de
votre propre beauté, elle vous a été un piège. Vous avez dit ; « Je suis beau, je
suis parfait et tout éclatant de lumière » ; et, au lieu de remonter à la source
d’où vous venait cet éclat, vous avez voulu comme vous mirer en vous-même.
Et c’est ainsi que vous avez dit : Je monterai jusqu’aux cieux, et je serai semblable au
Très-Haut. Comme un nouveau dieu, vous avez voulu jouir de vous-même.
Créature si élevée par la grâce de votre Créateur, vous avez affecté une autre
élévation qui vous fût propre, et vous avez voulu vous élever un trône au-dessus des
astres, pour être comme le Dieu et de vous-même, et des autres esprits
lumineux que vous avez attirés à l’imitation de votre orgueil : et voilà que, tout
à coup, vous êtes tombé, et nous qui sommes en terre, nous vous voyons dans
l’abîme au-dessous de nous. C’est vous qui l’avez voulu, ange superbe, et il ne
faut point chercher d’autre cause de votre défection que votre volonté
propres2.
C’est la même raison qui a perdu nos premiers parents : ils ont
voulu se hausser au-dessus de la condition, pourtant si belle, que
leur Créateur leur avait faite ; ils ont cédé à la suggestion du
démon, ils ont cru qu’en mangeant le fruit défendu ils allaient

1 2. III, 17.
2 Élévations sur les Mystères, IVe Sem.
L’ÉCHELLE DE JACOB, DE LA RUINE DES ANGES 11

devenir semblables à des dieux : Eritis sicut dii.. L’orgueil fut à la


base de leur désobéissance et de leur ruine.
Si Dieu châtie ce vice avec tant de sévérité, c’est qu’il pose
pour lui, comme le remarque avec beaucoup de finesse et
d’humour, le R. P. Thomas Dehau, une question de vie ou de
mort. À quoi tend l’orgueil, en effet ? — À être dieu. Nous
venons de le montrer à propos de l’homme. Si donc, Dieu le
laissait faire, et arriver à ses fins, il y aurait deux dieux : le vrai, et
puis le, « moi » de la créature. Partant, il n’y aurait plus de Dieu du
tout, puisque, de soi, la nature divine postule essentiellement
l’unité.
Alors Dieu résiste à l’orgueil de toutes ses forces, et, laissez-moi le dire,
comme par instinct de conservation. Nous savons quelles résistances terribles
cet instinct provoque chez tous les êtres, même chez les animaux ; on les voit,
furieux, lutter désespérément pour conserver leur vie... C’est pour cela que
l’Écriture dit cette redoutable parole : Deus superbis resistit. Il résiste, et cela, par
la nécessité même de son être, par ce que j’ai osé appeler : son instinct de
conservation. Comprenons-le bien, l’orgueil a contre lui la nécessité de l’Être
de Dieu. C’est ce qui explique le châtiment des mauvais anges et la création de
l’enfer. Oui, l’enfer, abîme insondable, existe, parce que l’orgueil a touché
Dieu, pour ainsi dire, à la prunelle de l’œil. Aussi, écoutez avec quel soin il
avertit son peuple : « Écoute, ô Israël, écoute bien : le Dieu d’Israël est un. Ma pauvre
créature, fais attention, ne touche pas à mon unité, parce que tu ne peux pas
t’imaginer la réaction terrible que tu trouveras dans notre être, si tu oses
l’attaquer sur ce point. » Ainsi, entre Dieu et l’orgueil, c’est la lutte « au
couteau », et cette lutte ne connaîtra ni paix ni trêve jusqu’à la fin du monde et
au triomphé final1.
Principe de notre ruine, l’orgueil est encore l’obstacle qui
s’oppose à notre relèvement. En nous remplissant de nous-
mêmes, il ferme l’entrée de notre âme à la grâce de Dieu. Il nous
porte à croire que nous pouvons nous sauver et nous
perfectionner par nous-mêmes, alors que nous ne pouvons
absolument rien sans le secours divin. Sine me, dit Notre-
Seigneur, nihil potestis facere. C’est pourquoi le Psalmiste nous dit
encore : Vacate et videte. Entendez : Si vous voulez « voir » ; si
vous voulez atteindre à cette « vision » béatifique, qui est le
suprême bonheur auquel l’homme puisse aspirer ; si vous voulez

1 Des fleuves d’eau vive, p. 95.


12 LES XII DEGRÉS DE L’HUMILITÉ

voir dès ici-bas le chemin qui y conduit, vacate, commencez par


vous vider de vous-même, de la haute opinion en laquelle vous
tenez votre personnage. On rapporte qu’Alexandre-le-Grand, qui
était très plein de lui, s’attira un jour cette réflexion « Dieu est
prêt à te donner la sagesse, mais tu n’as point de place pour la
mettre. » Dans l’ordre surnaturel, on peut dire, comme dans
l’ordre physique, que « la nature a horreur du vide » : enlevez l’air
qui occupe un tuyau de plomb, et l’eau y monte aussitôt ; enlevez
l’amour-propre qui encombre une âme, et la grâce l’envahit à
l’instant.
Notre-Seigneur nous apprend donc à poser l’humilité à la base
de notre ascension vers le royaume, de Dieu. Lui qui devait
monter jusqu’au plus haut des cieux, il a commencé par
descendre, et jusqu’au plus profond de l’enfer1. À son exemple, il
faut que quiconque veut monter commence par descendre. C’est
ce que nous enseigne Salomon, quand il dit : L’humilité précède la
gloire2.

1 Ephes., IV, 9. « Quod autem ascendit quid est, nisi quia et descendit primum

in inferiores partes terræ ? »


2 Prov., XV, 33.
CHAPITRE III
LES SIGNES DES DEUX ROYAUMES.

Vous les connaîtrez à leurs fruits.


Mt., VII, 16.

T piété, toutes
OUTESles pratiques de mortification, tous les exercices de
les œuvres même de charité, risquent de
devenir un principe de corruption pour celui qui s’y livre, s’ils ne
sont pas accompagnés d’humilité.
En effet, l’orgueil perpétuellement sécrété dans l’âme par la
malice originelle s’insinue partout, s’attaque à tout, s’empare de
tout. Ver rongeur de la vie spirituelle, il stérilise tous les efforts,
détruit les racines des vertus, rend impossible l’union de l’âme
avec Dieu. Les périls qu’il fait courir à celle-ci sont si nombreux
qu’on peut leur appliquer les mots de saint Paul : périls sur terre,
périls sur mer, périls dans la solitude, périls parmi les faux frères.
Saint Antoine eut un jour une vision dans laquelle Dieu lui
montra un vaisseau ballotté sur une mer houleuse, hérissée de
récifs. C’était la figure des innombrables pièges que le démon
tend aux hommes dans leur pèlerinage ici-bas. Comme le saint se
disait avec effroi que le naufrage était inévitable, une voix lui
répondit : Humilitas solo pertransit. Seule, l’humilité peut passer au
travers.
L’humilité est le seul élément dont la présence ou l’absence
permette de reconnaître infailliblement les œuvres de Dieu de
leurs contrefaçons. Lorsqu’elle fait défaut, toutes nos vertus
apparentes ne sont que des vices déguisés.
Voici par exemple une personne très éprise d’oraison, au point
de paraître vraiment et constamment fixée en Dieu. Mais par
ailleurs on remarque qu’elle perd son calme devant les imprévus
et les contretemps. En voici une autre qui goûte dans la sainte
communion les plus grandes douceurs, et qui, avec cela, refuse de
14 LES XII DEGRÉS DE L’HUMILITÉ

reconnaître ses défauts. Une troisième très dévouée pour le


prochain, toujours prête à s’oublier elle-même, s’étonne à
l’occasion qu’on lui en témoigne si peu de gratitude. Ces réactions
dénotent un manque d’humilité à la base, et permettent de
conclure, sans témérité, que, malgré les apparences, la vertu de
ces personnes est, fondée bien plus sur l’amour-propre que sur
l’amour de Dieu1.
Saint Macaire d’Alexandrie, marchant un jour dans le désert,
vit un démon, armé d’une faux très tranchante, se précipiter sur
lui. Mais Dieu protégea son serviteur et ne permit pas à l’esprit
infernal de le toucher. Sur quoi celui-ci, au paroxysme de la rage,
lui criait : « Ô Macaire, ce n’est pas par tes jeûnes que tu
triomphes de moi, car tu manges quelquefois et moi je ne mange
jamais ; ce n’est pas non plus par tes veilles, car tu dors
quelquefois et moi je ne prends jamais aucun repos ; mais c’est
par ton humilité ! »
Au témoignage de saint Grégoire, l’humilité et l’orgueil sont
comme les signes qui distinguent le royaume de Dieu et celui du
démon : le Sauveur est le roi des humbles, le Léviathan, au
contraire, est le roi de tous les orgueilleux. Notre-Seigneur, qui
nous a dit que nous reconnaîtrions les arbres à leurs fruits, nous a donné
le signe qui décèle toutes les œuvres de l’ennemi des âmes. Et ce
signe c’est l’orgueil. Signe qui ne trompe jamais : car l’orgueil, par
sa nature même, cherche fatalement à se montrer. S’il prend
parfois les apparences de l’humilité, il ne peut les prendre
toujours, et il se manifestera inévitablement en quelque occasion.
Au contraire, les saints se reconnaissent à ceci, qu’ils sont
continuellement sur leurs gardes à l’endroit de la vanité. Au milieu
des coups qu’ils reçoivent, des tentations du démon et du monde,
leur attention constante est d’éviter tout mouvement d’orgueil et
de conserver le sentiment de leur néant comme la prunelle de leur
œil2.

1 D’après sainte Marie-Madeleine de Pazzi, dans sa Vie, par M.-M. Vaussart, p.


125.
2 Mor. sur Job, I, XXXIV, C. 23, a. 44. Pat. lat., t. LXXVI, col. 743.
L’ÉCHELLE DE JACOB, LES SIGNES DES DEUX ROYAUMES 15

Et le chancelier Gerson reprend la même pensée avec plus de


force encore :
L’humilité, dit-il, est le premier et le principal de tous les signes qui
permettent de reconnaître la monnaie spirituelle. C’est pourquoi toute parole
intérieure, toute révélation, tout miracle, toute extase, toute contemplation,
tout ravissement, enfin toute opération en nous extérieure ou intérieure, si
l’humilité la précède, l’accompagne et la suit ; s’il ne s’y mélange rien qui
détruise celle-ci, crois-moi, elle porte le signe qu’elle vient de Dieu ou de son
bon ange, tu n’as pas a craindre l’illusion... Là donc où l’on peut distinguer
parfaitement le signe de l’humilité, il est inutile d’en chercher d’autre, parce que
l’humilité et l’orgueil suffisent à départager la monnaie des opérations
spirituelles1.

1 De distinct. ver. vis. a fais., sign. 4, sub littera Z.


CHAPITRE IV
PARAPHRASE SUR LE PSAUME CXXXI.

Seigneur, mon cœur ne s’est pas


exalté.
Ps. CXXXI, 1.

E montre,
répétant que quiconque s’élève sera humilié, l’Écriture nous
N
continue saint Benoît, que toute exaltation est un
genre d’orgueil ; entendez produit, un fils de l’orgueil. C’est
incontestablement le sens qu’il faut attribuer ici au mot genus
comme dans ce passage de l’Apocalypse où Notre-Seigneur se
déclare lui même genus David, pour dire : le Fils de David. Tout
mouvement d’exaltation, qu’il soit suffisance, mépris du prochain,
révolte, etc. ... naît de l’orgueil, procède de lui, manifeste sa
présence dans l’âme. Aussi le Psalmiste mettait-il le plus grand
soin à en préserver son cœur, ses regards, sa démarche, les
œuvres qu’il entreprenait. Il a exprimé ses sentiments intimes à ce
sujet danse le Psaume CXXXI que saint Benoît reproduit ici
presque en entier, pour nous inviter à faire comme ce saint roi.
Seigneur, dit-il, Vous dont le regard pénètre jusqu’au fond des
cœurs, Vous que nul ne peut tromper sur ses sentiments même
les plus secrets, Vous savez que, malgré les bienfaits insignes dont
vous m’avez comblé, malgré la victoire que j’ai remportée sur
Goliath et les défaites que j’ai infligées aux ennemis de votre
peuple, malgré mon accession au trône d’Israël et la faveur dont
je jouis auprès des foules, mon cœur ne s’est point exalté. Je n’ai pas
cherché à m’attribuer le mérite de ces hauts faits ; — Et mes yeux
ne se sont pas élevés, je ne me suis pas cru le droit de regarder de
haut les autres hommes et de les mépriser.
Je n’ai pas passé au milieu de mes contemporains en cherchant à
les éblouir par mon faste, en accomplissant des œuvres grandioses,
comme font les souverains qui veulent graver leur nom dans la
L’ÉCHELLE DE JACOB, PARAPHRASE SUR LE PSAUME CXXXI 17

mémoire des peuples ; et je me suis encore moins essayé à réaliser


des merveilles au-dessus de moi ; je n’ai pas tenté de faire des miracles
comme Moïse, sachant que je n’en avais point reçu le pouvoir. Je
n’ai pas imité les mages du Pharaon, qui voulurent contrefaire les
prodiges opérés par votre serviteur1 ; ni l’Antéchrist qui cherchera
à se faire passer pour un dieu2 ; ni Simon le Magicien, qui voudra
posséder le même pouvoir que les Apôtres3 ».
Je n’ai pas parlé avec emphase ; je n’ai pas laissé entendre que
j’avais reçu de Dieu des faveurs spéciales, que je possédais une
haute connaissance des réalités surnaturelles, alors que celles-ci
sont bien au-dessus de ma portée.
Car Dieu ne donne pas à tous ses serviteurs le pouvoir de faire
des miracles ; chacun a, dans le Corps mystique, sa fonction
propre, comme chaque membre a la sienne dans le corps de
l’homme. On ne demande pas à l’oreille de voir, ni à l’œil
d’entendre, ni à la main de marcher. Mais l’œil voit, l’oreille
entend, le pied marche pour tout le corps ; ainsi les divers
membres sont en paix, chacun bénéficiant du travail des autres.
Si je ne suis pas demeuré dans des sentiments d’humilité, si je n’ai pas
cherché à éprouver dans mon cœur les sentiments qui seront ceux du
Christ Jésus4 ; si j’ai oublié que tout ce que je possédais, je l’avais
reçu ; si je me suis glorifié de ce que j’avais reçu comme si je ne l’avais pas
reçu5 ; si j’ai vu, pour parler le langage de Job, le soleil quand il
brillait ; et la lune quand elle s’avançait dans son éclat6 — c’est-à-dire : Si
j’ai admiré avec complaisance les bonnes œuvres que je faisais, et
dont l’éclat brillait aux yeux des autres comme un soleil, leur
donnant la lumière (selon le conseil de l’Évangile : Que votre lumière
brille devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient
votre Père qui est dans les cieux) ; si j’ai contemplé avec amour la

1 Ex., VIII, 18.


2 Dan., XI, 36.
3 Act. XIII, 18.
4 Philip., II, 5.
5 II Cor., IV, 7.
6 XXXI, 26. — Cf. le Commentaire de saint Grégoire, dans les Morales sur Job, I.

XXII, c. 6 et 7. Pat. lat., t. LXXVI, col. 218-223.


18 LES XII DEGRÉS DE L’HUMILITÉ

réputation qu’elles me valaient et qui se répandait parmi les


hommes, comme la lumière de la lune dans la nuit, car c’est du
soleil que vient l’éclat de la lune ; et c’est des œuvres d’un homme
que vient sa réputation. Que la punition infligée à mon âme soit celle de
l’enfant sevré sur le sein de sa mère. Qu’elle soit privée de vos
consolations.
Remarquons avec saint Augustin que l’expression : sur le sein de
sa mère, ne permet pas d’entendre cette phrase comme s’il
s’agissait d’un nourrisson sevré dans les conditions normales, à
l’âge où il doit l’être — car alors précisément on le retire du sein
qui le nourrit. Le texte sacré veut manifestement parler d’un
nouveau-né encore à la mamelle, auquel la mère refuse son lait.
Pour comprendre quel châtiment cette privation représentait
aux yeux de David, il faut se souvenir de tant de passages des
Psaumes, où il parle de la douceur qu’il goûtait dans le commerce
de Dieu, dans l’audition de la parole divine. Ces joies spirituelles
remplissaient son âme d’une suavité tellement pénétrante,
tellement savoureuse, qu’il les mettait bien au-dessus de toutes les
délices et de tous les honneurs de la terre, tandis que leur
suppression au contraire le réduisait à une affreuse détresse, à
celle d’un passereau perché sur un toit1, dans la solitude d’une
nuit glacée.
Aussi, en terminant, il engage l’âme, pour éviter un tel
châtiment, à se défier entièrement d’elle-même, à mettre toute sa
confiance dans le Seigneur. Qu’elle ne se relâche point de cette
espérance ni maintenant, ni jamais, et elle peut être sûre qu’elle ne
sera pas déçue.

1 Ps. CI, 8.
CHAPITRE V
LES FONDEMENTS DE LA PAIX.

Et le mur de la cité a douze


fondements.
Apocalypse, XXI, 14.

S contraire
l’orgueil est la racine de tous les péchés, l’humilité au
I
établit dans notre âme un terrain propice à la
croissance de toutes les vertus. Elle est source de lumière : nous
lisons au deuxième verset du livre de la Genèse que, au
commencement du monde, la terre était vide et déserte, — inanis
et vacua. Dans les versets suivants, Dieu dit : Que la lumière soit !
Puis il embellit notre planète par le travail des six jours. C’est là
une image de ce qui se passe dans le monde moral. La terre
représente notre âme : pour que Dieu envoie à celle-ci la lumière
de la discrétion, mère de tontes les vertus ; pour qu’il la pare de fleurs
et de fruits, c’est-à-dire de bonnes pensées et de bonnes œuvres, il
faut d’abord qu’elle commence par être, elle aussi, inanis et vacua.
Le sens du mot : inanis se tire du texte de saint Paul où il est dit de
Notre-Seigneur : Exinanivit semetipsum, il se réduisit à néant. Lui
qui était le Fils de Dieu et le premier né de toutes les créatures, il
se fit le dernier de tous, il se mit au rang du ver de terre. À son
image, il faut que l’âme commence elle aussi par s’anéantir :
qu’elle comprenne qu’elle n’est rien par elle-même, qu’elle n’a pas
d’être à proprement parler, inanis ; et qu’elle est vide — vacua —
c’est-à-dire, qu’elle ne possède rien, qu’elle ne produit rien de bon
par elle-même, ni bonnes œuvres, ni bonnes pensées, ni mérites,
ni rien du tout.
Alors, comme la Très Sainte Vierge, elle attire sur elle le regard
de Dieu, ce regard qui, semblable au rayon du soleil dans l’ordre
naturel, est, dans le domaine surnaturel, le principe de toute
croissance, de tout développement, de tout progrès. Alors, elle
20 LES XII DEGRÉS DE L’HUMILITÉ

devient capable de faire de grandes choses pour son service. Fecit


mihi magna qui potens est... Quia respexit humilitatem ancillae suæ. Car
Dieu a coutume de réaliser ses œuvres par le moyen des
humbles : il s’est servi d’un enfant pour tuer Goliath ; d’une
femme pour vaincre Holopherne, de douze pêcheurs pour
conquérir l’univers. Il a choisi, dit saint Paul, ce qui était sot aux yeux
du monde, pour confondre les sages ; ce qui était faible aux yeux du monde,
pour confondre ce qui est fort. Et il a choisi ce qui est sans noblesse aux yeux
du monde, et méprisable, et ce qui est tenu pour rien, afin de détruire ce qui
est tenu pour quelque chose1.
Il n’est donc pas étonnant que saint Benoît ait ramené toute
l’école de la perfection à la pratique de l’humilité. Le Patriarche
des moines n’a pas cherché à donner de cette vertu une définition
adéquate, il s’est contenté de lui assigner douze degrés, par
analogie avec les douze pierres précieuses qui, dans l’Apocalypse,
servent de fondements à la Cité de Dieu : Le premier fondement, dit
saint Jean, était de jaspe, le second de saphir, le troisième de chalcédoine, le
quatrième d’émeraude, le cinquième d’onyx, le sixième de sardoine, le
septième de chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième
de chrysoprase, le onzième d’hyacinthe, le douzième d’améthyste2.
De même donc que la Jérusalem céleste, dont le nom signifie
Vision de paix, repose sur ces pierres merveilleuses, et sur les
vertus qu’elles symbolisent ; de même l’édifice de la spiritualité
bénédictine, qui est bâti lui aussi sous le signe de la « Paix »,
repose sur les douze degrés d’humilité. Il ne faudrait pas en effet
se laisser abuser par la comparaison de l’échelle dont s’est servi
saint Benoît, et en déduire que les degrés dont il parle
représentent une progression qui va du premier au douzième.
L’humilité, dit sainte Marie-Madeleine de Pazzi, est une échelle dont on ne
finit point de monter les échelons... Les épouses du Christ doivent être, dans
l’édifice de la perfection spirituelle, semblables aux pierres du temple de
Salomon qui ne résonnaient point sous le marteau... Il faut les exercer dans
cette vertu jusqu’à ce qu’elles soient tannées comme cuir de bœuf.

1 I Cor., I, 27, 28. 2. XXI, 19, 20.


2 xxi, 19-20.
TABLE DES MATIÈRES.

Avant-Propos. .............................................................................................. 3
Livre premier L’échelle de Jacob. ............................................................... 5
Chapitre I Importance de l’humilité. .........................................................6
Chapitre II De la ruine des anges..............................................................9
Chapitre III Les signes des deux royaumes. .............................................13
Chapitre IV Paraphrase sur le psaume CXXXI. .......................................16
Chapitre V Les fondements de la Paix. ...................................................19
Chapitre VI Trois remarques préliminaires. .............................................23
Chapitre VII La vision de Jacob. ............................................................26
Chapitre VIII Les anges sur l’Échelle. .....................................................30
Livre deuxième La révérence envers Dieu.................................................35
Chapitre I La crainte de Dieu. ................................................................38
Chapitre II De la réforme de la mémoire. ...............................................42
Chapitre III De l’Y, et de sa signification mystique. .................................45
Chapitre IV Le petit de l’onagre. ............................................................47
Chapitre V De l’enfer. ...........................................................................51
Chapitre VI Du péché d’Adam et de ses suites. .......................................55
Chapitre VII De la vie éternelle. .............................................................61
Chapitre VIII De la circoncision spirituelle. ............................................67
Chapitre IX De l’omniprésence de Dieu. ................................................70
Chapitre X Du rôle des anges.................................................................75
Chapitre XI Du sanctuaire de l’âme. .......................................................78
Chapitre XII De la volonté propre. ........................................................82
Chapitre XIII D’un double danger à éviter. .............................................85
Chapitre XIV Des désirs de la chair. .......................................................89
Livre troisième Le règlement de la volonté................................................93
Chapitre I De la double opération de la volonté. .....................................95
Chapitre II Le deuxième degré d’humilité. ..............................................97
Chapitre III Remarques sur une citation. ..............................................101
Chapitre IV De la nécessité d’une discipline. .........................................104
Chapitre V Le troisième degré d’humilité. .............................................108
292 TABLE DES MATIÈRES

Chapitre VI Ou l’on se demande pourquoi, malgré l’affirmation de saint


Grégoire, saint Benoît n’a pas toujours fait lui-même ce qu’il prescrit aux
autres. ................................................................................................112
Chapitre VII Le motif de l’obéissance. ..................................................115
Chapitre VIII Le modèle de l’obéissance...............................................119
Chapitre IX Le quatrième degré d’humilité............................................123
Chapitre X De l’utilité des épreuves. .....................................................127
Chapitre XI L’autre Joue......................................................................132
Chapitre XII Les faux frères. ...............................................................136
Chapitre XIII Comment l’épouse rencontra l’époux, petit drame en
quatre actes, tiré du Cantique des Cantiques. .............................................140
Livre quatrième L’éclairement de l’intelligence...................................... 143
Chapitre I Le cinquième degré d’humilité. .............................................145
Chapitre II À qui faut-il s’ouvrir ? ........................................................148
Chapitre III Des qualités que doit avoir l’ouverture de conscience. .........153
Chapitre IV Avantages de cette pratique. ..............................................156
Chapitre V De la confession aux laïques. ..............................................158
Chapitre VI Le sixième degré d’humilité. ..............................................160
Chapitre VII De la discrétion à garder dans la pauvreté. .........................164
Chapitre VIII Que l’on doit préférer les travaux les plus humbles aux
charges élevées. ...................................................................................167
Chapitre IX Ou l’on démontre, malgré la phrase célèbre de Pascal, que
l’homme peut quelquefois imiter l’ange tout en faisant la bête. ...............172
Chapitre X Le septième degré d’humilité...............................................175
Chapitre XI Pourquoi les animaux d’Ézéchiel se frappaient les uns les
autres avec leurs ailes ? ........................................................................179
Chapitre XII Du mépris de soi. ............................................................183
Livre cinquième L’humilité extérieure. ................................................... 189
Chapite I Le huitième degré d’humilité. ................................................191
Chapitre II Des oMrtifications indiscrètes. ............................................194
Chapitre III De la vie commune. ..........................................................198
Chapitre IV Les exemples des anciens. .................................................202
Chapitre V De la coutume. ..................................................................206
Chapitre VI Le neuvième degré d’humilité. ...........................................210
Chapitre VII Ou l’on apprend de saint Pierre Damien comment les
écrevisses mangent les huîtres. .............................................................212
Chapitre VIII Que l’on ne doit pas se hâter de donner son avis. .............216
Chapitre X Le dixième degré d’humilité. ...............................................224
TABLE DES MATIÈRES 293

Chapitre XI De la componction. ..........................................................226


Chapitre XII De l’inconvenance du rire trop fréquent. ...........................230
Chapitre XIII Où l’on retrouve la vertu de discrétion.............................234
Livre sixième L’humilité extérieure (suite).............................................. 241
Chapitre I Le onzième degré d’humilité. ...............................................242
Chapitre II De la douceur à garder dans la conversation.........................244
Chapitre III La conversation doit être sérieuse. .....................................248
Chapitre IV La conversation doit être humble. ......................................252
Chapitre V La parole du moine doit être grave. .....................................255
Chapitre VI De la sobriété du discours. ................................................259
Chapitre VII Qu’il faut dire seulement ses choses raisonnables. ..............262
Chapitre VIII De la douceur dans le ton. ..............................................265
Chapitre X De la modestie. ..................................................................271
Chapitre XI De la garde des sens. .........................................................275
Chapitre XII De la garde du cœur. .......................................................280
Conclusion. ...............................................................................................283
Table des matières.................................................................................... 291

Vous aimerez peut-être aussi