Cours Théorie Du Producteur - 2019

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 45

ANNEE ACADEMIQUE 2018-2019

UNIVERSITE JEAN LOROUGNON UFR DES SCIENCES ECONOMIQUES


GUEDE ET DE GESTION

PREMIERE ANNEE DE LICENCE


SEMESTRE 2

SUPPORT DE COURS MAGISTRAL


D’ANALYSE MICROECONOMIQUE
INTERMEDIAIRE

Chargé de cours : Dr ZOKOU Clément, assistant UFR SEG UJLoG, Vice –Doyen

Couverture Académique : Pr TIEHI Tito, Maître de Conférence Agrégé UFR SEG


UFHB

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 1


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Dans la première partie du cours, nous nous sommes intéressés au côté
demande du marché, c’est-à-dire les préférences et le comportement des
consommateurs. Nous nous plaçons maintenant du côté de l’offre en examinant le
comportement des producteurs. Nous verrons comment les entreprises peuvent
produire efficacement, et comment leurs coûts de production se modifient lorsque le
prix des inputs ou facteurs de production et le niveau de production varient.

Nous constaterons qu’il existe de fortes similitudes entre les décisions optimales
prises par les entreprises et celles prises par les consommateurs. Dit autrement, la
compréhension du comportement du consommateur aidera à mieux appréhender
celui du producteur.

Dans ce cours d’analyse microéconomique intermédiaire, nous exposerons la


théorie de la firme. L’objectif est de décrire comment l’entreprise ou firme choisit le
niveau de production ou d’output qui minimise ses coûts de production, et comment
ces coûts évoluent en fonction du niveau de production choisi.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 2


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Chapitre 1 : La technologie de production
La production est l’activité de l’homme qui consiste à combiner certains
biens appelés inputs selon une technologie donnée afin de générer un bien ou un
ensemble de biens, appelés outputs. Produire est une activité qui relève des
ingénieurs, les économistes s’intéressent aux aspects économico-financiers du
processus de production. Qu’est-ce que les facteurs de production rapportent à la
firme et qu’est-ce qu’ils lui coûtent ? Est-ce que l’activité de production telle que
organisée, eu égard à l’état du marché, pourrait rapporter suffisamment d’argent à la
firme ?

SECTION 1 : la fonction de production

L’analyse de la production se construit essentiellement autour de la fonction


de production qui, par définition, est l’expression algébrique de la relation
technologique entre l’output de la firme et les inputs ou facteurs de production
qu’elle utilise pour réaliser sa production. Si l’output est représenté par y et les n

inputs par xi avec i 1,2,..., n , la fonction de production peut, sous une forme générale,
s’écrire :

y f x1, x2 ,..., xn

La fonction f . décrit la technologie utilisée par la firme pour générer son output.

Dans l’optique de simplifier la présentation, on résume les inputs ou facteurs de


production en deux grandes catégories, à savoir le facteur travail, noté L, et le facteur
capital, noté K. Le facteur travail est relatif à tout ce qui est compétence humaine dans
le processus de production, tandis que le facteur capital concerne tous les moyens
physiques de production, c’est-à-dire la terre, l’immobilier, les machines et autres
équipements, ainsi que les stocks.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 3


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
1. Principaux types fonction de production
1.1 La fonction Leontief

Wassily Leontief, Lauréat du Prix Nobel d’Economie de 1973, a proposé une


fonction de production à facteurs ou inputs complémentaires. Elle s’écrit comme suit :
K L
y Min ,
a b
Les paramètres a et b sont des coefficients techniques qui déterminent la manière dont
les facteurs de production doivent être combinés pour que l’activité productive de
l’entreprise ou se réalise de la meilleure façon qui soit. Cette fonction de production
est homogène de degré 1 car un accroissement équi-proportionnel des deux inputs
capital (K) et travail (L) entraîne une variation dans les mêmes proportions de
l’output (y).
Il faut noter qu’en raison du caractère discontinu de la fonction de
production, il est impossible de définir les productivités marginales des facteurs
capital et travail pour une technologie Leontief.

1.2 La fonction de production Cobb Douglas


La fonction Cobb-Douglas a été introduite en 1928 par deux américains, à savoir
Charles William Cobb et Paul Douglas. C’est une fonction de production à facteurs de
production imparfaitement substituables. Elle s’écrit :

y f K, L AK a Lb

C’est exactement la même forme que la fonction d’utilité Cobb-Douglas que


nous avons étudié précédemment. Contrairement à la fonction d’utilité, la valeur de
la fonction de production revêt une importance particulière traduite par les
interprétations de ses paramètres A, a et b . Ainsi, le paramètre A mesure d’une

certaine façon l’échelle de production, c’est-à-dire la quantité d’ouput obtenue si on


utilise une unité de l’input capital (K) et une unité de l’input travail (L). Les paramètres
a et b mesurent l’impact sur la quantité d’output d’une variation des inputs, c’est
l’élasticité de la production par rapport respectivement au facteur capital (K) et au
facteur travail (L).

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 4


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Notons, toutefois, que dans certains exemples, nous poserons A 1 afin de
simplifier les calculs.

2. Analyse de la production dans le court terme


Une entreprise met du temps à ajuster ses facteurs de production si elle désire
produire avec des quantités différentes d’input. Ce pourquoi, l’analyse de la
production est menée selon l’horizon temporel : le court terme et le long terme.
Par court terme, on entend une période de temps durant laquelle il n’est pas
possible d’ajuster ou de modifier la quantité utilisée d’au moins un des facteurs de
production. Un tel facteur de production est appelé facteur fixe. On retient que ce
facteur fixe est le facteur capital car ce n’est pas du jour au lendemain qu’une
firme peut modifier ses équipements ou ses installations. Ainsi, seul le facteur travail
peut varier dans le court terme. On appelle, dans ce contexte, le facteur travail, le
facteur variable.
L’utilisation du facteur variable devrait se faire en tenant compte de la
capacité installée, c’est-à-dire du facteur fixe. Il ne faudrait pas sous-utiliser ni utiliser
de manière abusive le facteur fixe. On écrit la fonction de production de court terme
comme suit :
y f K,L
où K signifie que la quantité utilisée du facteur capital (K) est maintenue constant.

2.1 Productivité marginale et productivité moyenne

La contribution du facteur travail, tout comme du facteur capital, au processus


de production peut être appréciée en moyenne ou à la marge.
On définit la productivité moyenne du facteur travail, notée PM L , comme la

quantité de bien produite par unité de facteur travail utilisée. Dans une certaine
mesure, la productivité moyenne du facteur travail mesure la productivité des
travailleurs car elle représente le nombre d’unités de bien que chaque travailleur
permet, en moyenne, de produire. La productivité moyenne du facteur travail est
calculée en divisant la production totale par la quantité totale de facteur travail utilisée:
y
PM L
L

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 5


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
La productivité marginale du facteur travail ou produit marginal du travail
ou encore rendement factoriel du travail, notée PmL , est la quantité de bien

supplémentaire produite lorsqu’on augmente la quantité de facteur travail utilisée


d’une unité, la quantité de facteur capital utilisé étant maintenue fixe. La productivité
marginale du facteur travail se mesure comme le rapport de la variation de l’output et
y
de la variation de l’input travail, soit, PmL
L
Lorsqu’on est en présence d’une fonction de production continue et dérivable,
le produit marginal du travail est donné par la dérivée par rapport à l’input travail,

df K , L
soit : PmL
dL
Pour bien analyser la sensibilité de la production par rapport à l’input
travail, il est préférable de calculer l’élasticité de la production par rapport au facteur
dy L PmL
travail, notée ey L : ey L .
dL y PM L

Pour la fonction de production Cobb-Douglas y K a Lb , on a : ey L b et ey K a

Tableau 1.1 : Illustration des productivités moyenne et marginale du travail


Quantité de Quantité de Production Productivité Productivité
travail (L) capital (K) totale (y) moyenne du marginale du
travail ( PM L )
travail ( PmL )

0 10 0 - -
1 10 10 10 10
2 10 30 15 20
3 10 60 20 30
4 10 80 20 20
5 10 95 19 15
6 10 108 18 13
7 10 112 16 4
8 10 112 14 0
9 10 108 12 -4
10 10 100 10 -8

La productivité moyenne du facteur travail commence par croître puis elle


chute lorsque la quantité de travail utilisée dévient supérieur à 4.
Avec une quantité de capital fixée à 10, lorsque la quantité de facteur de travail
passe de 2 à 3, la production totale augmente de 30 à 60 unités, soit une production
supplémentaire de y 3 0 unités qui donne la productivité marginale du travail au

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 6


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
niveau d’utilisation de 2 unités de facteur travail ou encore le niveau de production
réalisée par la 3e unité de facteur travail utilisée. Comme la productivité moyenne, la
productivité marginale du travail est d’abord croissante puis décroissante, après la 4e
unité de facteur travail utilisée.

1.2 Représentation de la fonction de production de court terme


En partant de l’observation et suivant l’analyse effectuée par David
Ricardo, on établit que la production dans le court terme, évolue selon l’allure
d’une lettre S allongée. Cette allure est illustrée par la figure 1.1 qui retrace les
informations du tableau 1.1

Production
Totale

Zone I Zone II Zone III


D
112
C
Production Totale

(a)
B

Unités de
3 4 8 facteur Travail
PML, PmL

(b) E

Productivité Moyenne

Productivité Marginale

Unités de
facteur Travail
3 4 8

Figure 2.1 : La production à court terme ou avec un facteur de production variable

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 7


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Sur le graphique du haut (1.1(a)), il apparait qu’au fur et à mesure que la
quantité de travail augmente, la quantité produite augmente jusqu’à un niveau
maximum en 112 ; puis elle diminue au-delà de l’utilisation de 8 unités de facteur
travail. Il ressort que produire avec plus 8 unités de facteur travail n’est pas rationnel
du point de vue économique : plus d’input utilisés pour moins de production.
Le graphique du bas (1.1(b)) présente les courbes de la productivité marginale
et de la productivité moyenne du travail. On remarque que la productivité marginale
est positive tant que la production totale est croissante, mais qu’elle devient négative
dès que celle-ci décroit.
Les courbes de la productivité marginale et de la productivité moyenne du
travail sont étroitement liées :
- Lorsque la productivité marginale du travail est supérieure à la
productivité moyenne (Courbe de productivité marginale au-dessus de
celle de la productivité moyenne), la productivité moyenne est
croissante : si la quantité de bien que permet de produire une unité
supplémentaire de facteur travail est supérieure à la production
moyenne de chaque unité de travail déjà utilisée, alors l’utilisation de
cette unité supplémentaire permet d’augmenter la productivité
moyenne. Illustration : dans le tableau 1.1, 2 unités de travail produisent
30 unités de bien, ce qui donne PM L 15 unités par travailleur ;

l’utilisation d’une 3e unité de travail permet d’augmenter la production


de 30 unités, la production totale passant de 30 à 60 unités, ce qui fait
passer PM L de 15 à 20 unités.

- De la même façon, lorsque la productivité marginale du travail est


inférieure à la productivité moyenne (Courbe de productivité marginale
en-dessous de celle de la productivité moyenne), la productivité
moyenne est décroissante. C’est qui se passe pour des unités de travail
supérieures à 4 dans le tableau 1.1 : 6 unités de travail produisent 108
unités de bien, soit PM L 18 unités. La productivité marginale avec la 7e

unité de travail est 4 unités (inférieur à la productivité moyenne) ce qui


contribue à faire baisser la productivité moyenne à 16 unités.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 8


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Il ressort de ces deux graphiques superposés, trois zones de
production possible :
- La zone I caractérisée par une productivité marginale du travail
supérieure à la productivité moyenne du travail. Ce qui implique
que dans cette zone de production le facteur capital, facteur fixe,
est sous-utilisé au sens où les dernières unités de facteur travail
utilisées sont plus productives que les premières.
- A l’opposé, La zone III, caractérisée par une productivité
marginale du travail négative induisant une production totale
décroissante, est qualifiée de zone de sur-utilisation
anti-économique du facteur capital, facteur fixe.
- Dans la zone II, l’utilisation du facteur capital, facteur fixe, devient
optimale avec la productivité moyenne du travail qui atteint son
maximum et devient égal au produit marginal, qui lui demeure
positif mais décroissant. La zone II est qualifiée de zone de
validité de la fonction de production de court terme
dPm L
caractérisée par 0 et dPm L 0 .
dL

Preuve de l’égalité PmL PM L lorsque la PM L atteint son maximum. La PM L

atteint son maximum lorsque sa dérivée par rapport L est égale à zéro. Soit,

dPM L y K, L
0 avec PM L .
dL L
dPM L dy K , L 1 y K, L
Soit, 0
dL dL L L2

PmL y K, L y K, L
0 PmL PM L
L L2 L

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 9


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
1.3 La loi des rendements marginaux décroissants
La loi des rendements marginaux décroissants stipule que lorsque l’utilisation
d’un facteur de production augmente par accroissements successifs égaux, sans que la
quantité utilisée de l’autre facteur ne soit modifiée, il arrive finalement un moment où
les suppléments de production obtenus se réduisent.
Partons d’une situation où à quantité de facteur capital fixée, on utilise que peu
de travail pour produire. Dans ces conditions, l’utilisation d’unités de travail
supplémentaires permet d’augmenter sensiblement la quantité de bien produite.
Toutefois, une fois passé un certain seuil d’utilisation du facteur travail, la loi des
rendements marginaux décroissants du travail s’applique : lorsqu’il y a trop d’unités
de travail utilisées, les dernières unités de travail utilisées deviennent inefficaces et
induisent la baisse de la productivité marginale du travail. Sur le graphique 1.1 (b), la
loi des rendements marginaux décroissants du facteur travail s’applique à partir du
seuil d’utilisation de 3 unités du facteur travail.
La loi des rendements marginaux décroissants du travail s’applique généralement
à court terme, lorsque le facteur capital est maintenu fixe. En outre, il faut faire
attention à ne confondre loi des rendements marginaux décroissants du travail avec
baisse de la qualité du facteur travail au fur et à mesure que l’on augmente son
utilisation. En effet, dans notre analyse de la production, on suppose que toutes les
unités de facteurs travail utilisées sont identiques. Ainsi, il n’y a de rendements
décroissants qu’à la suite de la contrainte imposée par le facteur capital maintenu fixe,
et non parce que la qualité des travailleurs décroit. Enfin, il ne faut confondre
rendements décroissants et rendements négatifs. La loi des rendements marginaux
décroissants du travail se traduit par une productivité marginale décroissante, mais
pas nécessairement négative.

3. Analyse de la production dans le long terme


On entend par long terme une durée de temps suffisamment longue pour que tous
les facteurs puissent être modifiés ou ajustés. Ainsi, dans le long terme, tous les
inputs deviennent variables. La firme a donc une plus grande marge de manœuvre
en termes de possibilité de combinaison des facteurs.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 10


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
3.1 Les isoquantes
Commençons par étudier la technologie de production d’une entreprise qui
utilise deux inputs dont elle peut ajuster les quantités. Ces inputs sont le travail et le
capital et on suppose qu’ils combinés par notre entreprise, qui est une boulangerie,
pour produire des baquettes de pain. Le tableau 1.2 retrace tous les niveaux d’output
possible correspondant à plusieurs combinaisons différentes d’inputs. Chaque valeur
du tableau représente la quantité maximale de bien ou la quantité techniquement
efficace qui peut être produite en une année grâce aux différentes combinaisons
d’inputs, quantité de capital mesurée en heure-machines, et quantité de travail
mesurée en heures-travail utilisées également au cours d’une année. La production
est mesurée en kilogramme et toutes les unités sont exprimées en millier.

Tableau 1.2 : La production avec deux facteurs de production.


Facteur capital (Heures-travail)

Facteur capital 1 2 3 4 5
(Heures-machines)
1 20 40 55 65 75
2 40 60 75 85 90
3 55 75 90 100 105
4 65 85 100 110 115
5 75 90 105 115 120

Clé de lecture du tableau : par exemple, 4 unités de travail par an et 2 unités de


capital par an sont nécessaires pour produire au maximum 85 unités de pains par an.
En lisant les valeurs par ligne, on constate que, à quantité de capital fixe, la production
de pain augmente avec la quantité de travail utilisée. De la même façon, en lisant les
données par colonne, on constate que la production augmente également avec la
quantité de capital utilisée, le volume du travail étant fixé.
Les informations contenues dans le tableau peuvent être représentées
graphiquement par des isoquantes. Une isoquante est une courbe qui relie toutes les
combinaisons d’inputs permettant d’obtenir le même niveau de production.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 11


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
La figure 1.2 représente trois isoquantes tracées à partir des données du tableau 1.2,
on a relié les différentes combinaisons d’inputs de façon à obtenir des courbes
continues ; cela permet de considérer des quantités de facteur parfaitement divisibles.

K
5

A B C
3

y3 90
2 y2 75
D
1 y1 55

1 2 3 4 5
L
Figure 1.2. La production avec deux inputs variables

Sur la figure 1.2, l’isoquante y1 correspond à toutes les combinaisons de


facteurs permettant de produire 55 unités de pain. Deux de ces combinaisons, A et D,
proviennent des données du tableau 1.2. La combinaison A est composée de 1 unité
de travail et de 3 unités de capital, ce qui permet de produire 55 unités de pains. Avec
la combinaison D, la même quantité de bien peut être produite avec 3 unités de travail

et 1 unité de capital. L’isoquante y2 correspond aux combinaisons de facteurs qui


permettent de produire 75 unités d’output qu’on peut retrouver dans le tableau.

L’isoquante y2 est située au-dessus et à droite de l’isoquante y1 , parce que pour


pouvoir produire en plus grande quantité, il faut nécessairement utiliser des
combinaisons plus dotées en inputs.
La carte d’isoquantes. Lorsque plusieurs isoquantes d’une même entreprise sont
représentées sur un même graphique, on appelle une telle représentation une carte

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 12


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
d’isoquantes. C’est le cas de la figure 1.2 où sont représentées les trois isoquantes de
notre entreprise considérée. Chaque isoquante correspond à un certain niveau de
production, et des isoquantes de plus en plus éloignées de l’origine des axes
représentent des niveaux de production de plus en plus élevés.

3.2 Le Taux Marginal de Substitution Technique (TMST)


Lorsque les deux inputs travail et capital peuvent varier, le producteur peut
décider de substituer l’un à l’autre. La pente entre deux combinaisons de facteurs
d’une isoquante indique précisément quelle quantité d’un input peut être substituée à
une quantité donnée de l’autre input, tout en conservant le même niveau d’output. La
pente entre deux points de l’isoquante, plus précisément sa valeur absolue, donne le
taux marginal de substitution technique (TMST). Le taux marginal de substitution

technique du capital au travail, noté TMSTK L représente la réduction de la quantité du

facteur capital permettant de maintenir le niveau de production lorsqu’une unité


supplémentaire de facteur travail est utilisée.
Etant donné que pour une isoquant donnée, le niveau de production est
constant, on peut écrire :

dy0 0 dy0 Pm K dK Pm LdL 0


Après arrangement, on établit :

dK PmL
TMS K L -
dL PmK
dK K
où - ou est la valeur absolue de la pente de l'isoquante en point donné;
dL L
Pm L
et est le rapport des productivités marginales.
Pm K

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 13


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
K
5
L 1
K 2

K 1
3
L 1

2 K 1

1
y 75
L 2

L
1 2 3 5
Figure 1.3 : Le taux marginal de substitution technique du travail au capital

Analysons la figure 1.3 inspirée des données du tableau 1.2 : pour un niveau de
production égal à 75 unités, le TM ST K L 2 lorsque la quantité de travail augmente de

1 à 2 unités ( L 1 ). Puis, le TMSTK L


diminue jusqu’à une valeur de 1 pour une

quantité de travail qui augmente de 2 à 3 unités ( L 1 ), ensuite ce TMSTK L


chute à

1 2 lorsque la quantité de travail s’accroit de nouveau en passant de 3 à 5 unités.

Il apparaît clairement que plus le travail se substitue au capital dans la


production, moins ce travail est productif alors que le capital restant devient
relativement plus productif. Dit autrement, à mesure que le producteur utilise de plus
en plus de travail, la productivité marginale du travail diminue alors que celle du
capital, qui devient plus en plus rare, augmente : d’où la décroissance du TMSTK L .

3.3 Rendements d’échelle


Lorsque l’on s’intéresse à l’effet d’une variation équi-proportionnelle de
tous les inputs sur l’output, on procède à l’analyse des rendements d’échelle. Ces
derniers peuvent être croissants, constants ou décroissants. Soit m 1 , un

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 14


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
paramètre par lequel on multiplie les quantités utilisées de tous les inputs. On dira

qu’une technologie y f K , L est caractérisée par :

(1) des rendements d’échelle constants si f mK,mL my ;

(2) des rendements d’échelle croissants si f mK, mL my ;

(3) des rendements d’échelle décroissants si f mK, mL my .

Dans le cas des rendements d’échelle constants (1), on observe un accroissement


de la production dans les mêmes proportions que les inputs alors que dans le cas
des rendements d’échelle croissants (2), il y a accroissement plus que
proportionnel et le cas des rendements d’échelle décroissants (3), il y a accroissement
moins que proportionnel.

On note qu’une fonction de production y f K, L est dite homogène de

degré k , lorsqu’en multipliant tous les facteurs de production par un paramètre m 1


, on obtient une expression de la forme :

f mK , mL mk f K , L

Dans ces conditions :


- une technologie à rendements d’échelle constants doit être homogène de

degré 1 k 1 ;

- une technologie à rendements d’échelle croissants doit être homogène d’un

degré supérieur à 1 k 1 ;

- et une technologie à rendements d’échelle décroissants doit être homogène

d’un degré inférieur à 1 k 1 .

Théorème d’Euler. Le théorème d’Euler établit que pour une fonction de


production homogène de degré k , par exemple présentée simplement sous la forme
y f K , L on vérifie l’égalité ci-après :

ky KPmK LPmL ou ky Kf K' K , L Lf L' K , L

On peut donc démontrer que le degré d’homogénéité d’une fonction de production est
égal à la somme des élasticités de l’output par rapport à chacun des inputs utilisés.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 15


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Pour y arriver, il suffit de diviser l’égalité de la relation d’Euler par le niveau
d’output y , soit :

K L K 1 L 1
k PmK PmL avec et ,
y y y PM K y PM L
PmK PmL
on écrit k k ey K ey L 1
PM K PM L

On rappelle que pour la fonction de production Cobb-Douglas y K a Lb , les


paramètres a et b représentaient respectivement l’élasticité de la production par
rapport au facteur capital (K) et l’élasticité de la production par rapport au facteur
travail (L). Ainsi, selon ( 1 ), le degré d’homogénéité d’une fonction production Cobb-
Douglas est donnée par la somme des paramètres a et b , soit :
k a b
Ainsi, une fonction de production Cobb-Douglas présente :
- des rendements d’échelle constants si a b 1 ;
- des rendements d’échelle croissants si a b 1 ;
- des rendements d’échelle décroissants si a b 1

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 16


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Chapitre 2 : Les coûts de production

Dans le chapitre précédent, nous avons examiné la technologie de production


de l’entreprise, c’est-à-dire la relation indiquant la façon dont les inputs peuvent être
transformés en ouput. Dans le présent chapitre, nous verrons en quoi la technologie
de production ainsi que les prix des facteurs déterminent les coûts de l’entreprise.

Dans ce chapitre, nous traiterons du choix de la combinaison optimale des


facteurs, c’est-à-dire celle qui minimise les coûts de production.

SECTION 1 : Analyse des coûts de production.

La notion de coût analysée ici est relative au coût d’utilisation des ressources
dans le processus de production. Il s’agit notamment du coût que supporte l’entreprise
pour acquérir les facteurs travail et capital nécessaires à la réalisation de sa production.

1. Coûts fixes et coûts variables

Certains coûts varient avec le niveau de production, alors que d’autres restent

inchangés tant l’entreprise produit. Ainsi, on décompose le coût total CT supporté

par l’entreprise en deux composantes :


- Le coût fixe (CF) : coût qui ne varie pas avec le niveau de production, et
qui ne peut être éliminé qu’en cessant l’activité de production.
- Le coût variable (CV) : coût qui varie en fonction du niveau de
production.
Selon les circonstances, les coûts fixes peuvent inclure les dépenses de
maintenance, d’assurance, d’électrification des installations, et éventuellement le
salaire d’un nombre minimal d’employés (les dirigeants et leur équipe, en particulier).
Ils restent constants quel que soit le niveau de production de l’entreprise, et doivent
être payés même si la production est nulle. La seule façon pour l’entreprise d’éliminer
son coût fixe est de se retirer du marché.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 17


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Les coûts variables, qui incluent les salaires et le capital circulant (matières
premières et autres facteurs qui disparaissent dans le processus de production),
augmentent avec le niveau de production.

Ajoutons que le caractère fixe ou variable des coûts dépendant de l’intervalle


de temps considéré :
- Sur une très courte période, un mois ou deux, la plupart des coûts sont
fixes. En effet, sur une période aussi courte, une entreprise est obligée
de prendre livraison et payer les matières commandées qu’elle s’est
contractuellement engagée à acheter, et elle ne peut facilement licencier
des salariés, quand bien même que son niveau de production est
modeste.
- A l’inverse, sur une longue période, deux ou trois ans, de nombreux
coûts deviennent variables. Dans cet intervalle de temps, si une
entreprise veut réduire sa production, elle peut réduire sa force travail,
acheter moins de matières premières, ou même vendre une partie de ses
machines voir de ses installations.
2. Coût marginal et coût moyen

On complète notre présentation des coûts avec la distinction entre coût


marginal et coût moyen.

Le coût marginal Cm . Le coût marginal, parfois aussi appelé coût incrémental,

est l’accroissement du coût total correspondant à la production d’une unité


supplémentaire. Comme, les coûts fixes ne changent pas avec le niveau de production,
le coût marginal est aussi égal à l’accroissement du coût variable résultant de la
production d’une unité supplémentaire, soit :

dCT (y) dCV y CT (y) CV y


Cm ou pour des valeurs discretes, Cm
dy dy y y

Le coût total moyen CTM . Le coût total moyen, parfois appelé simplement

coût CM , est le coût par unité d’output produite, et désigne ainsi simplement le

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 18


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
coût unitaire de production. On établit en divisant le coût total par le niveau de
production total, soit :

CT
CTM
y

Tableau 2.1 : Illustrations des coûts d’une entreprise


Coût Coût Coût Coût Fixe Coût Coût
Coût fixe Variable total Marginal Moyen Variable Total
Niveau de Moyen Moyen
production (CF) (CV) (CT) (Cm) (CFM) (CVM) (CTM)
(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)
0 50 0 50 - - - -
1 50 50 100 50 50 50 100
2 50 78 128 28 25 39 64
3 50 98 148 20 16,7 32,7 49,3
4 50 112 162 14 12,5 28 40,5
5 50 130 180 18 10 26 36
6 50 150 200 20 8,3 25 33,3
7 50 175 225 25 7,1 25 32,1
8 50 204 254 29 6,3 25,5 31,8

Dans le tableau 2.1, le coût marginal est calculé soit à partir du coût variable
(colonne 3), soit à partir du coût total (colonne 4). Ainsi, par exemple, le coût marginal
de l’augmentation de la production de 2 à 3 unités est de 20, car le coût variable de
l’entreprise passe de 78 à 98 ; le coût total augmente également de 20 en passant de
128 à 148.

Le CTM a deux composants : Le coût fixe moyen (CFM), correspondant au coût


fixe (colonne 1) divisé par le niveau de production ( CF y ), et le coût variable moyen

(CVM), correspondant au coût variable divisé par le niveau de production ( CV y ). Au

CT CF CV
total : De CT CF CV , on tire, CTM CFM CVM
y y y

3. Coût de court terme et coût de long terme

On aborde, dans ce paragraphe, la façon dont les coûts diffèrent entre le court
terme et le long terme. Cela est particulièrement important pour les coûts fixes. Les
coûts qui sont fixes sur le très court terme, par exemple, les salaires pour certains
cadres d’entreprise, peuvent ne plus l’être sur une durée plus longue. De même, les

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 19


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
coûts fixes de capital relatifs à l’usine et à ses équipements deviennent variables si on
considère une période de temps suffisamment longue pour permettre à l’entreprise de
modifier ses installations. Toutefois, les coûts fixes ne disparaissent nécessairement
pas, même sur le long terme. Par exemple, l’obligation de cotisation pour la retraite de
ses salariés d’une entreprise ne pourrait disparaître que si l’entreprise tombe en faillite.

3.1 Coût de production de court terme.

On entend ici par court terme un intervalle de temps suffisamment court pour
modifier le stock de capital fixe de l’entreprise, mais suffisamment longue pour faire
varier le volume du facteur travail utilisé.

Si on note y f K , L , la fonction de production de l’entreprise avec r le prix

de marché d’une unité de facteur capital et w celle d’une unité de facteur travail, la
fonction de coût total de l’entreprise s’écrira :
CT rK wL

où r K le coût du facteur capital, dont la quantité est maintenue constante, représente


le coût fixe (CF) de l’entreprise ; et wL le coût du facteur, dont la quantité utilisée peut
modifier selon le niveau de production, est son coût variable (CV). Ainsi, on le fonction
de coût de court terme s’écrit :

CT y CV CF g y CF

Le coût fixe ne dépend pas de l’échelle de production alors que le coût variable
dépend du niveau de production y .

3.1.1 Rendements marginaux et coût marginal

Le coût marginal que nous avons défini ci-dessus comme le coût supporté par
la firme pour produire une unité additionnelle d’output, est donné par :

CV ( y)
Cm
y
La dérivée du coût total est égale à celle du coût variable car la dérivée
du coût fixe est nulle. Il en résulte alors l’autre écriture suivante du coût marginal :

w L y w
Cm avec PmL , Cm (1)
y L PmL

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 20


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
L’équation (1) indique qu’en présence d’un seul facteur de production variable,
le coût marginal est égal au prix de ce facteur variable divisé par productivité
marginale. Dit autrement, le coût marginal est inversement proportionnel à la
productivité marginale du facteur variable. Ainsi, dans la zone des rendements
marginaux décroissants du travail, facteur variable, le coût marginal est croissant :
lorsque la productivité marginale du travail diminue suite à une augmentation la
quantité utilisée du facteur travail utilisée, le coût marginal de l’entreprise croît. Dans
le tableau 1.2, on constate que pour des niveaux de production compris entre 0 et 4, le
coût marginal décroit ; et pour des niveaux de production supérieurs à 4, le coût
marginal croit ce qui reflète la présence de rendements marginaux décroissants au-
delà de 4 unités produites.

3.1.2 La forme des courbes de coûts

CT
CT, CV CV

50 CF
Production, y
Cm,
CTM,
CVM
Cm
CTM
CVM

Production, y

Figure 2.2 : allures des Courbes de coûts de court terme

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 21


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
La partie supérieure du graphique 2.1 représente le coût total de production et
ses deux composants que sont le coût variable et le coût fixe. Ces trois courbes de coûts
apportent différents types d’information :
- Le coût fixe ne varie pas avec le niveau de production, ce pourquoi sa
courbe est une droite horizontale avec une ordonné correspondant à la
valeur du coût fixe, à savoir ici à 50 UM.
- Le coût variable est nul quand la production est nulle, puis augmente de
façon continue avec l’augmentation de la production.
- La courbe de coût total (CT) est obtenue par addition verticale des
courbes de coût fixe et coût variable. Ce qui explique que les courbes de
coût total et de coût variable présente la même allure, et ne sont séparées
que par une distance représentant la valeur du coût fixe.
- En regardant l’allure commune aux courbes de coût total (CT) et de coût
variable (CV), on constate le coût total et le coût variable commencent
par croître à un rythme décroissant, pour ensuite croitre à un rythme
croissant : la croissance à rythme décroissant se réalise lorsque les
rendements marginaux du travail sont croissants ce qui implique une
décroissance du coût marginal ; et la croissance à rythme croissant se
réalise dans la zone des rendements marginaux décroissants.

La partie inférieure représente les courbes de coût moyen, de coût variable,


et de coût marginal dont les allures sont dérivées de l’allure de courbe de coût total.
Compte tenu de l’évolution du coût total, on comprend que la courbe de coût marginal
sera dans un premier temps, décroissante ensuite croissante. Il en est de même pour la
courbe de coût moyen car :
C w
CM CFM
y PM L

Eu égard à l’évolution du PML , on établit que dans un premier temps le coût


moyen décroit tout en étant supérieur au coût marginal et dans un deuxième temps, il
croît tout en étant inférieur au coût marginal. Ceci suppose que les deux courbes se
croisent en un point précis, au point où le coût moyen atteint son minimum.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 22


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Preuve de l’égalité entre Cm et CM lorsque le CM atteint son minimum :
Par définition C M ( y ) C ( y) y . Le CM atteint son minimum lorsque sa dérivée par

rapport à y est égale à zéro. En dérivant et en annulant, on obtient :

dCM y yCm CT CT
0 Cm CM
dy y2 y

3.2 Coût de production de long terme.

Dans le paragraphe précédent, nous avons considérés les coûts fixes de


l’entreprise comme des coûts correspondant à des rémunérations de facteurs que
l’entreprise ne pouvait pas ajuster à court terme. A long terme, une entreprise peut
choisir le niveau de ses facteurs ; ceux-ci ne sont plus fixes donc variables. Ainsi, on
définit ici le long terme comme la période de temps nécessaire à l’entreprise pour
choisir sa taille, voire de produire une quantité nulle d’output à un coût nul. Puisque
dans le long terme tous les facteurs sont variables, le coût fixe est absorbé par le coût
variable et la fonction des coûts :

CT C y

On considère que la taille de l’entreprise est déterminée le volume du facteur


fixe. A court terme ce capital fixe ne peut être modifié et conditionne l’utilisation du
facteur variable. Par contre, à long terme, en fonction de ses objectifs de production,
l’entreprise peut choisir n’importe quelle taille, et donc n’importe quel niveau de
capital fixe. Tout ce passe à long terme comme si l’entreprise choisissait dans
l’ensemble des tailles possibles de court terme celle compatible avec son objectif de
production de long terme. Ainsi, La courbe de coût de long terme est une courbe
enveloppe des courbes de coût de différentes sous-périodes qui forment la longue
période.

Et, il ressort que de l’allure de la courbe de coût total de long terme que la courbe
de coût de moyen de long terme est une est une enveloppe inférieure des courbes de
coût moyen de court terme. La notion d’enveloppe inférieure signifie que la courbe de
coût moyen de long terme est le lieu géométrique des minimums des courbes de coûts
moyens des différentes tailles possibles du court terme.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 23


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
La courbe de coût marginal aura la même allure que celle qu’elle avait dans le
court terme étant donné que la courbe de coût total long terme a la même allure que
celle de court terme. Elle coupera la courbe de coût moyen lorsque cette dernière
atteint son minimum.

Coûts

C M CT 1

CM CT 2
CM
Sect CT 3

CM CT 4

C m LT

CM LT

Production

Figure 2.3 : Coûts de long terme

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 24


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
SECTION 2 : Minimisation des coûts et la demande des

facteurs.

Examinons maintenant comment un problème fondamental auquel toutes les


entreprises font face : comment choisir la technique de production, c’est-à-dire la
combinaison de facteurs de production, pour produire une quantité donnée en
minimisant le coût total de production. Pour simplifier, on considère toujours deux
facteurs de production le travail et le capital dont l’utilisation par l’entreprise dépend
de leurs prix de marché respectivement w et r .

1. La droite d’isocoût
Commençons par les coûts de production qu’on représente par la droite
d’isocoût de l’entreprise. Une droite d’isocoût indique toutes les combinaisons de
facteur capital et de facteur travail qui peuvent être achetées pour un même coût
donné. C’est en quelque sorte le pendant de la droite de budget dans la théorie du
consommateur.

Pour voir à quoi ressemble une droite d’isocoût, on rappelle que le coût
total (CT) de production d’une quantité donnée d’output est donnée par :

CT wL rK
En exprimant K en fonction de L dans l’expression du coût total, on établit
l’équation de la droite d’isocoût dans le système d’axes (L, 0, K), soit :

CT w
K L
r r

La droite d’isocoût a une pente égale à K L w r , qui est rapport des prix des

facteurs travail et capital. L’interprétation de la pente de la droite d’isocoût est la


suivante : si l’entreprise renonçait à l’utilisation d’une unité de facteur travail pour
utiliser w r unités de facteur capital supplémentaire son coût total de production

resterait le même (elle économise w qu’elle utilise pour payer l’utilisation de w r

unités de facteur capital au prix r).


A Chaque niveau de Coût total correspond une droite d’isocoût.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 25


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
2. La demande des facteurs

2.1 Présentation mathématique

On considère une entreprise qui désire produire une quantité y0 d’output.


Comment peut –elle y arriver à un coût total de production minimal ? Dit autrement,

Quelle combinaison de facteurs doit-elle choisir sur l’isoquante de niveau y0 qui


minimisera son coût total ? Ce problème de minimisation du coût de production du
producteur s’écrit :

Minimiser CT wL rK
sous la contrainte qu'une quantité y0 doit être produite:
f K , L = y0
ou f K , L est la fonction de production de l'entreprise

Plus simplement, on écrit :


Min CT wL rK
K ,L

s/c f K , L = y0

Pour déterminer la combinaison optimale de facteurs, c’est-à-dire la demande


de facteur capital K* et de facteur travail L* qui minimise le coût total sous la

contrainte de production d’un niveau y0 d’output, on fera usage la méthode du


multiplicateur de Lagrange présenté dans la théorie du consommateur.

Première étape : on écrit la fonction de Lagrange ou le Lagrangien du


programme de minimisation sous contrainte, soit :

L K , L, wL rK y0 f K, L

Deuxième étape : On dérive le Lagrangien par rapport à K , L et . On

égalise ensuite ces dérivées partielles à zéro pour obtenir les conditions nécessaires de
premier ordre.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 26


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
L . r
r Pmk 0 (1)
K Pmk
L . w
w PmL 0 (2)
L PmL
L .
f K, L y0 0 y0 f K, L (3)

En arrangeant (1) et (2), on établit la condition de minimisation des coûts qu’on appelle
aussi critère d’efficacité technique, soit :

PmL w
(4)
PmK r

La combinaison optimale de facteurs K * , L* est celle pour laquelle le rapport des

productivités marginales est égal au rapport des prix.


PmL
De TMSTK L ,
PmK
La condition nécessaire de minimisation des coûts se reécrit:
w
TMSTK L
r
On dira que l’entreprise minimise ses coûts lorsque son taux marginal de substitution
technique du travail au capital est égale au rapport des prix des facteurs travail et
capital.

Troisième étape : à partir de la condition d’équilibre, équation (4), on exprime


indifféremment K* en fonction de L* , ou L* en fonction K* , et on remplace ensuite
dans la contrainte technique, équation (3), pour déterminer la valeur de la demande
optimale du facteur travail ( L* ) et du facteur capital ( K* ).

Interprétation du multiplicateur de Lagrange : On rappelle les équations (1) et (2),

r
1
PmK
w
2
PmL

Par définition, la productivité marginale du capital Pm K mesure la production

additionnelle associée à l’utilisation d’une unité supplémentaire de facteur capital ;

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 27


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
alors son inverse 1 PmK mesure les unités de facteur capital supplémentaires

nécessaires à la production d’une unité d’output supplémentaire. Ainsi, r PmK mesure

le coût supplémentaire lié à la production d’une unité additionnelle lorsqu’on


augmente la quantité de facteur capital utilisée. De même, w PmL mesure donc le coût

supplémentaire lié à la production d’une unité additionnelle lorsqu’on augmente la


quantité de facteur travail utilisée. Dans les deux cas, le multiplicateur de Lagrange est
égal au coût marginal de production puisqu’il indique de combien le coût total
augmente si la quantité produite augmente d’une unité.

r w
Cm
PmK PmL

Le problème dual du producteur : Comme dans la théorie du consommateur,


le choix ou la demande des facteurs de production du producteur présente une nature

duale. En effet pour un budget ou un coût total CT0 donné, l’entreprise peut se poser

la question du choix optimal de facteur capital (K) et de facteur travail (L) qui
maximise son niveau de production. Soit, l’écriture suivante du problème dual du
producteur :
Max f K , L
s/c wL rK CT0

Le Lagrangien associé à ce programme de maximisation s’écrit :

K, L, f K, L CT0 wL rK

Les conditions nécessaires de la maximisation de la production sont :

PmK r 0 (5)
PmL w 0 (6)
wL rK CT0 0

En résolvant les équations (5) et (6), on obtient la condition :

PmL w
PmK r
qui est identique à la condition nécessaire à la minimisation des coûts ou critère
d’efficacité.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 28


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
2.2 Analyse graphique

On considère toujours une entreprise qui désire produire à moindre coût

une quantité y0 d’output. Graphiquement, le choix optimal de facteurs capital et


travail pour y arriver peut être analysé comme le choix de la droite d’isocoût la plus

basse possible qui est tangente à l’isoquante de niveau y0 .

K C T1

B
K 2B

C T1

C
K*
y0
K 2C
C T0

L B2 L* L C2 L

Figure 2.4 : La production d’une quantité donnée à un coût minimal

Les droites d’isocoût CT0 , CT1 et CT2 décrivent les combinaisons de facteurs de

production K , L qui coûtent la même somme ou dépense à l’entreprise. La droite

d’isocoût CT2 , la plus éloignée de l’origine des axes, est associée au coût total CT2

le plus élevé, tandis que la droite d’isocoût CT0 , la plus proche de l’origine des axes,

est associée au coût total CT0 le plus faible.

L’entreprise ne peut pas produire y0 au coût total le plus faible CT0 car il

n’existe pas de combinaison de facteur accessible pour un coût de CT0 qui permettent

de produire à niveau y0 : la droite d’isocoût CT0 se situe largement en dessous de

l’isoquante y0 . Cependant, une production de niveau y0 peut être réalisée pour un

pour un coût total CT2 , soit en utilisant K 2 unités de capital et L2 unités de travail, soit

en utilisant K 3 unités de capital et L3 unités de travail. CT2 n’est pas le coût total

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 29


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
minimum auquel la production y0 peut être réalisée. Ce niveau de production peut

être atteint à un coût total plus faible CT1 , en utilisant K * unités de capital et L* unités

de travail. En fait la droite d’isocoût C1 est la plus basse qui permette de réaliser un

niveau de production y0 . Le point de tangence entre l’isoquante y0 et la droite

d’isocoût C1 , noté A, donne les quantités optimales de facteurs K * et L* qui

minimisent le coût total de production. En ce point A, en valeur absolue, la pente de


la droite d’isocoût w r est égale à la pente de l’isoquante, à savoir le TMSTK L . On

retrouve la condition nécessaire de minimisation des coûts ou critère d’efficacité


PmL w
technique établit précédemment à savoir : TMSTK L .
PmK r

3. Le sentier ou chemin d’expansion de la firme et les coûts de long terme.

Le sentier ou chemin d’expansion de la firme décrit les différentes


combinaisons de facteurs capital et travail choisies par la firme pour minimiser ses
coûts à chaque niveau donné de production.

Le sentier d’expansion de l’entreprise contient la même information que sa


courbe de coût de long terme, qu’on écrit C ( y ) , comme on le voit sur la figure 2.5.

Le chemin d’expansion passant par l’origine et les points A, B et C indique les

combinaisons des facteurs K *A , L*A , K B* , L*B et K C* , L*C qui minimisent le coût de

production pour chaque niveau donnée d’ouput y0 , y1 et y2 .

La courbe de coût de long terme correspondante indique le lieu des


combinaisons niveau de production - coût minimal représentées par les points
E0 , E1 et E2 . Ainsi, elle associe à chaque niveau de production ( y0 , y1 , y 2 ) le coût total

minimum ( CTy 0 , CTy 1 , CTy 2 ) nécessaire à sa réalisation.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 30


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
K

Sentier d’expansion

K C*

K B* C
y2

B
K A* y1
A
y0
L
L*A L*B L*C

CT
Coût de long terme
CTy2
E2

CTy1
E1

CTy0
E0

y0 y1 y2 y

Figure 2.5 : Le chemin d’expansion et la courbe de coût de long terme

L’équation du sentier d’expansion est représentée par une fonction appelée


eutope et qui met en relation le facteur capital (K) et le facteur travail (L) à partir de
PmL w
la condition d’efficacité technique : TMSTK L
PmK r

A partir de l’expression du sentier du sentier, on peut relier à chaque niveau de


production le coût total minimum pour le produire. Dit autrement, on peut établir la
fonction de coût de long terme C y .

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 31


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
A Titre illustratif, exprimons l’équation du sentier d’expansion et la fonction de
coût de long terme à partir d’une de fonction de production de type Cobb-Douglas

exprimée comme suit : f K , L K a Lb

La condition d’efficacité technique ou condition nécessaire de minimisation de


coûts s’écrit :
PmL w f K, L L w
TMSTK L 1
PmK r f K,L K r
f K, L f K, L
ou PmL bK a Lb 1
et PmK aK a 1 Lb
L K
a b 1
bK L w bK w
soit, 1 a 1 b
2
aK L r aL r
On établit l'expression de l'eutope ou du sentier d'expansion en exprimant K en fonction L à partir de (2)
aw
soit, K L 3
br

On sert ensuite de l’eutope, équation (3), pour établir la fonction de coût de long
terme. A cet effet, on exprime le coût total et la fonction de production comme
fonction du seul facteur L et ensuite, par substitution, on établit CT y . Ainsi en

renvoyant l’eutope (3) dans l’expression du coût total, on écrit :

aw
CT rK wL CT r L wL
br
a b
soit, CT L wL 4
b

On fait de même nas la fonction de production, on écrit :

a
a b aw
y f K, L K L y f K, L L Lb
br
a
aw
soit, y f L La b
5
br

A partir de l’équation (4), on exprime la quantité de facteur travail L en


fonction du niveau de production y , soit :

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 32


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
a a b
br
L y1 a b
6
aw

Enfin, en renvoyant (6) dans (4) ,on établit l’expression de la fonction de coût de long
terme, soit :

a a b
a b a b br
C L wL C y w y1 a b

b b aw

Si on pose, a b 1 , la fonction de coût de long terme, s’écrira simplement :


a a b
a b br 1/ 2
C y w y1 a b
C y 2 wry
b aw

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 33


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Chapitre 2 : La maximisation du profit et l’’offre
concurrentielle
Dans ce chapitre, on analysera comment s’établit la courbe d’offre d’une firme
concurrentielle à partir de sa fonction de coût en utilisant le modèle de maximisation
du profit.

SECTION 1 : La décision d’offre concurrentielle à court terme

Toute entreprise, qui chercher à maximiser son profit, est confrontée à deux
décisions importantes : le choix de la quantité qu’elle devrait produire et le choix du
prix qu’elle devrait pratiquer.
Le choix de la quantité à produire est soumis à des contraintes techniques
représentées par sa fonction de production, c’est à dire qu’est-ce que l’entreprise peut
produire au regard la façon dont elle combine ses inputs disponibles. Et, ces
contraintes techniques sont renforcées par des contraintes d’ordre économique
traduites par la fonction de coût : L’entreprise doit tenir compte du coût des facteurs
pour choisir la quantité à produire.
Le choix du prix à pratiquer est soumis à la contrainte de marché : Une entreprise
peut produire tout ce qui est techniquement et économiquement réalisable et elle peut
fixer le prix qu’elle désire, mais elle ne peut vendre que ce les individus sont disposés
à acheter.

1. Les conditions ou contraintes du marché


Si une entreprise fixe un prix p , elle vendra une certaine quantité d’output x . On

appelle la relation entre le prix qu’une entreprise pratique et la quantité qu’elle vend,
la courbe de demande de l’entreprise. Et cette courbe de demande pour l’entreprise
constitue les contraintes du marché auxquelles l’entreprise.
S’il y a qu’une seule entreprise qui est l’unique offreur sur un marché, il est très
facile de définir la courbe de demande pour l’entreprise : elle correspond exactement
à la courbe de demande du marché. La courbe de demande du marché mesure la
quantité d’un bien que les individus désirent acheter aux différents prix.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 34


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
La courbe de demande du marché représente donc les contraintes du marché
auxquelles se trouvent confrontée une entreprise qui constitue à elle seule l’offre totale
du marché.
S’il y a d’autres entreprises sur le marché, les contraintes de marché auxquelles une
firme individuelle est confrontée seront différentes. Dans ce cas chaque entreprise doit
prévoir la façon dont les autres entreprises qui offrent sur le marché se comportent
quand elle choisira prix et son niveau d’output.
Il ne s’agit pas d’un problème facile à résoudre, ni pour les entreprise, ni pour
l’analyse économique. Il existe plusieurs possibilités différentes qui vous seront
présentées tout au long de votre cursus de formation en microéconomie. On utilise
l’expression « conditions de marché », beaucoup large que celle de contraintes de
marché, pour décrire la façon dont les entreprises réagissent les unes vis-à-vis des
autres quand elles prennent leurs décisions en matière de prix et de quantité produite.
Dans ce chapitre et pour ce programme de microéconomie de première année de
licence, on examine les conditions de marché les plus simples, celles de la concurrence
parfaite, utilisées comme référence dans l’analyse d’autres formes de marché.

2. Marché de concurrence parfaite


2.1 Notion de structure ou forme de marché.
Un marché est caractérisé par la rencontre de deux forces, à savoir l’offre et
la demande et par leur interaction de manière à définir un prix permettant à la
transaction ou aux transactions d’avoir lieu. Ce prix, appelé prix d’équilibre se
présente comme une sorte d’accord ou de compromis entre offreur(s) et demandeur(s).
Selon la nature des biens concernés, on distingue trois types de marchés, à savoir
le marché des biens et services, le marché du travail et le marché des capitaux (marché
financier et marché de change).
La structure ou forme de marché est caractérisée le nombre d’intervenants sur un
marché. Les intervenants font référence, d’un côté, aux acheteurs ou demandeurs, et
l’autre côté, aux vendeurs ou offreurs. Stackelberg a proposé une catégorisation de la
structure de marché qui fait cas d’école et qui est présenté dans le tableau 3.1 ci-après.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 35


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Tableau 3.1 : Structures de marché
Nombre de vendeurs
UN SEUL QUELQUES PLUSIEURS
Nombre UN SEUL Monopole bilatéral Monopsone contrarié Monopsone
d’acheteurs QUELQUES Monopole contrarié Oligopole bilatéral Oligopsone
PLUSIEURS Monopole oligopole Concurrence

Avant d’envisager l’analyse du marché de concurrence parfaite, il faudrait noter


que les objectifs des consommateurs et des firmes ainsi que leurs comportements
d’optimisation ne changent pas quel que soit le type de marché dans lequel ils se
retrouvent. En concurrence parfaite ou imparfaite, une firme rationnelle recherche un
profit maximum et un consommateur rationnel cherche à maximiser l’utilité que lui
procurent les biens achetés.

2.2 Les hypothèses du marché de concurrence parfaite


Pour un profane, le terme « concurrence parfaite » évoque l’idée d’une rivalité
intense. Ce pourquoi, tout étudiant de première année est souvent surpris du fait que
l’analyse économique définit la concurrence parfaite comme une situation dans
laquelle les entreprises en présence sont passives.
Un marché de concurrence pure et parfaite est un modèle de marché
reposant sur les hypothèses fondamentales suivantes :

- Atomicité du marché (1). Les intervenants sont si nombreux sur le


marché que chacun se voit comme une goutte d’eau dans la mer.
Autrement dit, ils sont si petits que personne ne peut se prévaloir d’un
quelconque pouvoir en ce qui concerne la fixation du prix du bien sur le
marché. Ainsi, on dit des acteurs, entreprises et demandeurs, qu’ils sont
preneurs de prix ou price takers.
- Homogénéité du produit (2). Sont considérées comme concurrentes les
firmes qui offrent un produit ou un bien homogène, c’est-à-dire identiques
ou parfaitement substituables.
- Libre entrée et libre sortie (3). Cette hypothèse indique qu’il n’y a de coût
particulier qui rende difficile l’entrée sur le marché pour une nouvelle

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 36


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
entreprise, ou la sortie d’une entreprise qui ne fait de profit. Les acheteurs
peuvent donc facilement passer d’un vendeur à un autre, et ces vendeurs peuvent
facilement entrer sur le marché et en sortir.
- Circulation parfaite de l’information (4). L’information circule
parfaitement, c’est-à-dire qu’elle est à la portée de tous les intervenants.
Ainsi, lorsqu’une firme pratique un prix supérieur à celui qui a été fixé
par le marché, elle perd automatiquement sa clientèle.
Il y a lieu de noter qu’en réalité, il n’existe pas de marché de concurrence
pure et parfaite, c’est un marché idéal vers lequel il faudrait tendre.

2.3 La courbe de demande pour une firme concurrentielle

Il est important de préciser à nouveau la différence entre « la courbe de


demande pour une entreprise » et « la courbe de demande du marché ».

La courbe de demande du marché décrit la relation entre le prix du marché ou


prix d’équilibre et la quantité totale vendue. Elle dépend du comportement des
demandeurs.
La courbe de demande pour une entreprise décrit la relation entre le prix
pratiqué et la quantité vendue par cette firme particulière. Elle dépend non seulement
du comportement des consommateurs, mais également du comportement des autres
entreprises.
On peut décrire la relation entre prix et quantité pour une entreprise
concurrentielle grâce à une figure comme la figure 3.1 ci-après. Cette courbe de
demande pour la firme concurrentielle est très simple à examiner :
- Si l’entreprise pratique un prix p supérieur au prix imposé par le marché ou

prix du marché p* sa quantité vendue sera nulle, d’où la portion verticale de la

courbe de demande pour l’entreprise ;


- si elle pratique un prix p égal au prix du marché p* , elle vendra n’importe

quelle quantité de bien, d’où la portion horizontale de la courbe de demande ;


- si elle décide de fixer un prix p inférieur au prix du marché p* , elle obtiendra

la totalité de la demande du marché, d’où la courbe de demande pour

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 37


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
l’entreprise se confond la portion de la courbe de demande du marché située en
dessous du prix du marché p* .

Courbe de demande
p p* du marché

p p*

p p*

Figure 3.2 : La courbe de demande pour une firme concurrentielle.

Selon l’hypothèse d’atomicité du marché concurrentielle, toutes les


entreprises sont preneuses de prix ce qui les oblige à pratiquer chacune un prix égal
au prix fixé par le marché ou prix du marché. Ce pourquoi, la courbe de demande pour
une entreprise concurrentielle se résume à la portion horizontale du graphique 3.1. En
termes plus précis, la courbe de demande pour une entreprise concurrentielle est
donnée par une droite horizontale. Si on écrit la fonction de la courbe de demande
pour l’entreprise sous la forme p y , comme l’autorise le graphique 3.1, l’allure de

droite horizontale s’interprète comme suit : la quantité produite et offerte ( y ) par une

entreprise concurrentielle n’a aucune incidence sur le prix du marché p * ou encore ne

peut influencer le prix du marché ( illustration de l’hypothèse d’atomicité).

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 38


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
3. La décision d’offre d’une firme concurrentielle
3.1 L’équilibre de la firme concurrentielle

L’hypothèse de maximisation du profit sur laquelle repose la théorie de la firme,


autorise la firme concurrentielle à choisir le niveau d’output y qui maximise son

profit, c’est-à-dire la différence entre sa recette (ou chiffre d’affaire) et son coût
total.
Ce problème de maximisation s’écrit :
max y RT ( y ) C y
y

ou est le profit de l'entreprise,


RT y py est la recette totale ou le chiffre d'affaire,
et C y le coût total de production.

Condition nécessaire,
d y dRT y dC y
0 0 Rm Cm y 0
dy dy dy
soit, Rm Cm y

Cette égalité exprime qu’une entreprise concurrentielle produit la quantité y *

pour laquelle la recette marginale égalise le coût marginal, c’est-à-dire la quantité


pour laquelle la recette supplémentaire perçue sur une unité additionnelle
d’output vendue (la recette marginale) est exactement égale au coût
supplémentaire de production de cette unité additionnelle (le coût marginale).
Il importe de bien noter que dans le cas d’une d’entreprise concurrentielle le
prix du marché p * est simplement sa recette marginale.

Preuve : soit R la recette supplémentaire que reçoit l’entreprise suite


l’augmentation de sa quantité produite de y , on écrit :
R p* y

Puis que par hypothèse, p * ne varie pas avec y , la recette supplémentaire par unité

additionnelle produite, à savoir la recette marginale Rm , s’écrit :

R dR
Rm p* ou Rm p*
y dy

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 39


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
En somme, une entreprise concurrentielle est en équilibre si elle choisit le niveau
d’output y * pour lequel le coût marginal auquel l’entreprise est confrontée est juste

égal au prix du marché, soit : p* Cm y .

Quelle décision prend l’entreprise lorsque produit et vend une quantité y pour

laquelle son coût marginal est différent du prix du marché p * ? Lorsque le prix du

marché est supérieur au coût marginal de l’entreprise concurrentielle, on a :


C
p Cm 0 p 0 (1)
y
Dès lors, une augmentation de la quantité produite de y implique une augmentation

C
de recette p y et une augmentation de coût de y dont la différence résulte d’une
y
multiplication de (1) par y , soit :

C
p y y 0 p y C 0 (2)
y
(2) signifie que l’augmentation de recette découlant de la quantité supplémentaire
produite y est supérieure à l’augmentation de son coût de production C ; par

conséquent, le profit doit augmenter.


On conduit le même raisonnement lorsque le prix du marché est inférieur au coût
marginal de la firme concurrentielle, et on aboutit à une conclusion contraire, à savoir
une réduction de la quantité produite augmente le profit.
Au total, pour :
- p* Cm , la firme concurrentielle augmente son profit en

augmentant sa production ;
- p* Cm , la firme concurrentielle augmente son profit en

diminuant sa production.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 40


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
3.2 La fonction d’offre de la firme concurrentielle
L’entreprise concurrentielle associe à chaque valeur du prix du marché p * un

niveau de production y tel que p* Cm y .

La fonction y p * qui associe à chaque niveau de prix du marché p * une

quantité produite y est appelée la fonction d’offre de l’entreprise concurrentielle.

On établit la fonction d’offre de l’entreprise concurrentielle en exprimant le niveau


d’output y en fonction du prix du marché p * à partir de la condition d’équilibre

p* Cm y .

La courbe d’offre inverse de la firme concurrentielle associe à chaque niveau


optimal d’output, le prix minimum du marché pour l’offrir. Elle correspond à la phase
croissante de la courbe de coût marginal de l’entreprise. Notons que la courbe d’offre
inverse est couramment appelée courbe d’offre. Soit, l’expression de la fonction d’offre
inverse :
dCm y
p* y Cm y si 0
dy

La phase décroissante de la courbe coût marginal ne peut représenter la courbe


d’offre inverse de la firme concurrentielle, car par définition la fonction d’offre inverse
de la firme doit être toujours croissante : le niveau optimal d’output de l’entreprise
variant dans le même sens que le prix du marché. Illustration figure 3.2 ci-dessous.

Cm, p * Courbe de Cm : Cm y

Courbe d’offre inverse : p * ( y )

p1*

y1 y1* y
*
Figure 3.2. Coût marginal et offre de la firme : Bien qu’il y ait deux niveaux d’output y1 et y1 pour
* *
lesquels le prix du marché p1 est égal au coût marginal, la quantité offerte y1 qui maximise le profit
est celle située sur la courbe d’offre de la firme qui se confond avec la portion croissante de la courbe
deUJLoG/
coût marginal.
UFR SEG Première Année de Licence 41
Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
3.3 Seuil de fermeture et seuil de rentabilité de la firme concurrentielle

On rappelle que l’analyse conduite dans cette section s’inscrit dans un horizon
de court terme. Ce qui implique que l’entreprise concurrentielle supporte un coût total
qui se décompose en coût variable et en coût fixe, soit :
CT CV CF
Considérons une entreprise concurrentielle qui choisit de produire un niveau
d’output nul ou une quantité nulle. Cette entreprise doit néanmoins supporter son
coût fixe. Ainsi le profit qu’elle réalisera en décidant de n’est pas produire ne sera pas
nul mais négatif et égal l’opposé de son coût fixe ( CF ), c’est-à-dire qu’elle enregistre
une perte correspondant au paiement de ses coûts fixes.
De façon générale, le profit découlant de la production par une firme d’un
niveau optimal d’output y * est donnée par :

py * CV y * CF

La firme a intérêt à quitter le marché dès que ce profit est négatif et inférieur au profit
associé à une production nulle ( CF ), soit :
CF py * CV y * CF (1)

En réarrangeant l’inégalité (1), on établit ce qu’on appelle la condition de fermeture


de la firme concurrentielle :
CV y *
p CVM y * p
y*
Alors selon la condition de fermeture de la firme concurrentielle, une firme
concurrentielle doit quitter le marcher ou arrêter de produire lorsque son coût variable
moyen est supérieur au prix du marché. C'est logique puisque cela signifie que les
recettes provenant de la vente de l’output y * ne couvrent pas entièrement son coût

variable de production CVM y * . Dans ce cas la firme à intérêt à fermer ses portes. En

effet, si elle ne produit rien, elle supporte une perte égale à son coût fixe, mais cette
perte sera majorée par une partie de son coût variable si elle continuait à produire.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 42


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Dans la mesure où la firme prend sa décision de production de sorte à

minimiser son coût total, on appelle seuil fermeture p f la valeur minimum du coût

variable moyen de l’entreprise, soit :


pf MinCVM

Ainsi :

- Pour p p f , la recette totale de l’entreprise RT py pf y est

juste suffisante pour couvrir son coût variable totale, et enregistre


des pertes égales à son coût fixe total. Elle a donc le choix entre
fermer ses portes et continuer à produire. Dans un cas comme dans
l’autre ses pertes sont identiques.
- Pour p p f , l’entreprise doit fermer ses portes car sa recette totale

ne couvre plus la totalité de son coût variable total.

On dira alors de façon plus précise que, la courbe d’offre de la firme est
représentée par la partie croissante de sa courbe de coût marginale située au - dessus
de sa courbe de coût variable moyen.

Dans la même optique, on définit, le seuil de rentabilité p comme la valeur

minimum du coût total moyen, soit :

p MinCM
En effet, si la firme offre la quantité y pour un niveau du prix du marché p tel que :

p p MinCM alors son profit s'écrit:


RT CT py MinCM . y MinCM . y MinCM . y 0

- Pour un niveau du prix du marché p p , la firme enregistre un

profit nul ou profit économique pur.

- Pour un niveau du prix du marché p p , la firme enregistre un

profit négatif ou perte, et n’est donc plus rentable.

- Pour un niveau du prix du marché p p , la firme enregistre un

profit positif.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 43


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Cas possibles du niveau Quantité offerte y S Niveau du profit
du prix du marché ( p )

p p yS 0 telle que cm y S p 0

pf p p yS 0 telle que cm y S p 0

p pf yS 0 CF 0

CM Courbe d’offre de la firme


CVM
Cm CM
Cm

Seuil de
rentabilité
p CVM

Seuil de
fermeture
f
p

y
Figure 2.4 : Seuil de fermeture, Seuil de rentabilité, courbe d’offre

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 44


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU
Bibliographie

BIALES Ch., La Demande : une Analyse Microéconomique Appliquée,


Université de Montpellier, 2016

Hal R. Varian, Introduction à la microéconomie, 6e Edition


américaine traduite par THIRY B., Edition De BOECK Université
(2003).

Pindyck R., Runbinfeld, Microéconomie, 8e édition, édition


française dirigée par Sofer C. et Sollogoub M., Pearson France
2012.

NSHUE MOKIME A.M, Cours Magistral de Microéconomie, Kinshasa


2012

TIEHI Tito N., Cours de microéconomie, Première Année de licence,


UFR SEG UFHB.

UJLoG/ UFR SEG Première Année de Licence 45


Cours de Microéconomie intermédiaire du Dr ZOKOU

Vous aimerez peut-être aussi