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Énergie et territoires : Une approche multi-scalaire de la

transition écologique
Jean-Philippe Praene

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Jean-Philippe Praene. Énergie et territoires : Une approche multi-scalaire de la transition écologique.
Génie des procédés. Université de La Réunion, 2020. �tel-03106547�

HAL Id: tel-03106547


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abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
UNIVERSITÉ DE LA RÉUNION
Faculté Sciences de l’Homme et de l’Environnement

ÉCOLE DOCTORALE 542


SCIENCES TECHNOLOGIES ET SANTÉ

HABILITATION À DIRIGER
DES RECHERCHES
Présentée et soutenue par
Jean Philippe Praene

Énergie et territoires :
Une approche multi-scalaire de la
transition écologique.

Laboratoire PIMENT – EA 4518


04 Décembre 2020

Jury :

Rapporteurs : Belkacem Zeghmati - Professeur , Université de Perpignan


Alexandra Schaffar - Professeur, Université de Toulon
Monica Siroux - Professeur, INSA de Strasbourg
Examinateurs : Harry Boyer - Professeur, Université de la Réunion
Jean Claude Gatina - Professeur, Université de la Réunion
Ilan Kelman - Professeur, University College of London
Bastian Schröter - Professeur, HFT Stuttgart
i

à Johane
Maxime & Sarah
à mes Parents.
iii

Remerciements
L’exercice de synthèse auquel invite le temps d’une HDR est aussi un moment
privilégié où je peux posément prendre le temps de remercier celles et ceux qui
m’ont accompagné sur ce chemin de la Recherche depuis plusieurs années.
En tout premier lieu, je voudrais adresser mes profonds remerciements au Pr
Jean Claude GATINA. Plus qu’un simple directeur d’ HDR tu es et resteras un
véritable mentor qui m’inspire tout au long de mon parcours. Je te dois beaucoup,
d’avoir poursuivi ma thèse, de mettre lancé dans cette introspection qu’a été ce
manuscrit. Merci de la confiance et de la bienveillance que tu m’as accordées très
tôt dans mon parcours de jeune chercheur. Malgré nos divergences, nous avons su
cultiver cette amitié solide qui nous a permis de toujours nous retrouver sur la route
un peu plus loin et nouveau avancer ensemble.

J’exprime toute ma reconnaissance aux Professeurs Monica Siroux, Alexandra


Schaffar et Belkacem Zeghmati pour avoir accepté d’être les rapporteurs de mon
mémoire d’HDR, et de m’avoir fait l’honneur d’évaluer mon travail. Je les remercie
grandement malgré les circonstances actuelles de la COVID-19 de m’avoir accordé
de leur temps et de s’être rendu à la Réunion pour ma soutenance.
Je souhaite exprimer toute ma gratitude au Professeur Harry Boyer pour son
soutien et ses conseils avisés sur la vie du chercheur. Sa simplicité et sa bienveillance
n’ont d’égale que sa bonne humeur et sa curiosité scientifique permanentes qui
demeurent un modèle pour moi.
J’aimerai chaleureusement remercier les Professeurs Bastian Schröter et Ilan Kelman,
d’avoir pris le temps d’examiner mon travail. Merci pour ces nouvelles perspectives
de coopération qui s’annoncent d’ores et déjà très stimulantes.

Je ne peux faire le bilan de ces dix ans de carrière sans me remémorer le


souvenir de tous ces collègues qui ont fait partie de mon cheminement. En premier
lieu, je repense à mes camarades de thèse Vincent, Dominique, Mathieu avec
qui j’ai commencé mon parcours de jeune chercheur, merci pour votre amitié et
nos collaborations au fil de ces années. Un grand merci à tous mes collègues du
laboratoire PIMENT, qui ont pu à un moment ou à un autre m’aider dans mes travaux.

Depuis mon recrutement au sein du département SBE, j’ai côtoyé un grand


nombre de collègues avec la particularité d’avoir été témoin plusieurs arrivées et
départs. Je souhaite aujourd’hui remercier toutes ces personnes avec qui nous avons
écrit une partie de l’histoire de notre département. J’aimerai en particulier saluer les
derniers arrivés Harimisa, Bruno, Garry, Fabienne dans la "SBE Family". Bien plus
que des collègues, ce sont aujourd’hui de véritables amis sur qui je peux m’appuyer
sans craindre.
iv

Je voudrai saluer ici Fakra qui a été un frère d’armes ces derniers mois, embarqué
dans la même aventure que moi. Merci pour ton intégrité, pour nos longues
discussions autour de l’HDR, de notre vision de la recherche, de comment nous
avons évolué en dix ans.
Un grand remerciement à tous mes collègues au-delà des mers, je pense en particu-
lier à Hery, Luc, Vero, Jean et Bienvenue de Madagascar, mais également Pratima et
Rajesh de Maurice. Je voudrai remercier chaleureusement Dinesh Surroop, dont la
rencontre a noué une amitié très forte entre nos départements, et m’a fait grandir
rapidement dans la recherche. Merci de ta gentillesse, mais surtout de ta simplicité
exemplaire qui est la marque d’un talent immense et d’une grande qualité humaine.

Mes remerciements les plus vifs vont à Fiona, qui depuis 5 ans est ma collabora-
trice principale et une amie sur qui j’ai pu compter. Merci d’avoir accepté cet effort
intellectuel de la transdisciplinarité tant parlé et si peu approprié. Notre rencontre
scientifique a été l’objet pour moi d’un véritable virage scientifique, grâce à toi j’ai
pu m’ouvrir à une vision plus large de nos enjeux sociétaux. Merci, de la patience
qui a été la tienne pour m’initier à la thématique de l’urbanisme. J’apprécie la
scientifique exigeante que tu es et l’amie fidèle sur qui je peux compter, mille fois
merci pour ce que nous avons encore à accomplir.

Je ne peux oublier les nombreux étudiants que j’ai pu suivre tout au long de
ces dix ans. Je voudrai remercier mes doctorants que j’ai pu encadrer, je pense,
à Eve, Kelvin, Ludovic qui m’ont permis d’avancer dans les nouveaux axes de
recherche que je portent. Mais également remercier celles et ceux que je dirige qui
sont outre-mer Nausheen, Nabilah (Maurice), Lanto (Madagascar) ou à la Réunion,
Miangaly, Valentin.
Je voudrais adresser deux remerciements particuliers à deux d’entre eux. Tout
d’abord des remerciements sincères à Vanessa Rakotoson qui a été la première
thèse que j’ai eu le privilège d’encadrer. Merci Vanessa pour ta gentillesse, pour ta
confiance et pour cette première expérience d’encadrement qui m’ont donné goût à
diriger de la recherche.
Enfin mes chaleureux remerciements vont à Leslie Ayagapin qui est la première
thèse que j’ai l’honneur de diriger dans ma carrière. Merci Leslie pour nos discus-
sions riches, parfois même salvatrices qui m’ont permis de découvrir une personne
intègre sur qui j’ai pu pleinement compter cette année. Bien plus que nos débats, nos
échanges riches ont fini par nourrir une amitié sincère et réelle. Un immense merci
à toi ! Merci à toutes les deux pour votre confiance, car j’ai conscience que vous avez
été en quelque sorte des sujets d’expérimentation de mon rôle de directeur. Merci de
votre bienveillance, de votre résilience car vous m’avez conforté chaque jour dans
ce choix du métier d’enseignant chercheur que j’ai fait il y a dix ans. Á tous, je vous
souhaite la plus belle des réussites.
v

Je souhaite ensuite exprimer mes plus profonds remerciements à toutes ces


personnes qui sont chères à mon coeur et qui ont été à mes côtés au quotidien depuis
plusieurs années, m’ont appuyée et motivée pour rédiger mon habilitation : Mes
parents, beaux-parents, Nanik, Willy, Hélène et Xavier – Merci de votre présence et
de votre soutien à ma petite famille pour combler mes absences.
Je voudrais remercier mes deux petits amours Maxime et Sarah, pour le bonheur
qu’ils ont apporté dans ma vie, pour les parenthèses et les pauses qu’ils m’obligent
à prendre pour "respirer" de nouveau.

Enfin, je ne saurai terminer mes remerciements en ne faisant une spéciale dédi-


cace à toi Johane, ma "PE". Merci d’être le relais quotidien de ce vide que je laisse
parfois à la maison. Merci de laisser vivre librement cette passion dévorante qu’est la
Recherche. Tu sais respecter le silence de mes maux, sans vouloir toujours les ques-
tionner, tu sais m’aimer et m’accepter tel que je suis. Et sans que j’ai à te le dire, tu
sais quand "De feu la i brule a moin tro. Tire a moin dan ce feu verse a moin in ti gout’
do lo ".
vi

Avant-propos

L ’habilitation à diriger des recherches est une étape importante dans la vie
scientifique de l’enseignant chercheur. Au-delà de l’exercice de synthèse de
mes activités, il s’agit essentiellement pour ma part de faire une pause dans cette
course au temps, et d’éclairer mes orientations de recherche à la lumière de mon iti-
néraire passé.
Le présent mémoire est un exposé synthétique de mon parcours professionnel et
de mes travaux de recherche, depuis mon recrutement à l’Université de la Réunion,
au sein du laboratoire PIMENT 1 en 2010.
De ma première initiation à la recherche lors d’un stage à l’Université du
Kwazulu-Natal (Durban) il y a 20 ans, à mon doctorat sur le rafraîchissement solaire
à la Réunion. Mon parcours de chercheur a été l’objet de réorientation thématique au
grès des opportunités et des envies. Le fil directeur qui s’est naturellement imposé a
été celui de la transition énergétique.
Mes travaux de recherche s’intéressent à l’analyse de données, à la modélisation
et à la compréhension de la transition énergétique à différentes échelles. Ces échelles
de modélisation peuvent être temporelles allant du système de production instan-
tané d’énergie renouvelable à l’analyse des impacts environnementaux sur le cycle
de vie de l’objet d’étude. Ces échelles sont aussi spatiales, car il est primordial de pou-
voir comprendre les interactions et les dynamiques territoriales traduisant les signes
positifs ou non d’un changement. Ainsi, la notion de transition énergétique a subi,
dans ma recherche, un glissement sémantique. Allant de la modélisation des systèmes
énergétiques à l’analyse prospective des territoires, cette évolution et ouverture vers
de nouveaux champs disciplinaires a été l’occasion de s’éprouver scientifiquement et
de se questionner sur de nouvelles orientations stratégiques.
Ce manuscrit est organisé en deux grandes parties. Dans une première, j’y expose
en trois grandes rubriques les éléments marquants relatifs à mon parcours :
— Curriculum vitæ ;
— Investissement pédagogique et administratif ;
— Investissement dans l’animation scientifique et d’encadrement.

1. Physique et Ingénierie Mathématique pour l’Energie et l’environnemeNT


vii

Dans une seconde partie, je présente une déclinaison de mes travaux de recherche
permettant d’éclairer mes nouvelles orientations. Cette articulation permettra de dé-
gager la trajectoire scientifique que je souhaite porter au sein du laboratoire autour
de la problématique de la transition écologique. Je présenterai dans un premier temps
mes travaux de thèse puis déclinerai autour de chaque chapitre dans les thématiques
de la ville durable, de la transition énergétique et de la qualité environnementale des
espaces bâtis.
Table des matières

Liste des figures xv

I Parcours Académique et Scientifique 1


1 Parcours et Curriculum vitae 3
1.1 Parcours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Curriculum Vitae . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2 Détails des activités pédagogique et collective 11


2.1 Activités d’enseignement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2 Responsabilités pédagogiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2.1 Responsable de la 1re année de Licence Génie Civil . . . . . . 14
2.2.2 Responsable de Masters . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3 Promotion de la formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.3.1 Innovation pédagogique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.3.2 Internationalisation des formations de Master. . . . . . . . . . 18
2.3.3 Projet Européen FESTII . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.4 Activités de responsabilité collective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4.1 Vice-Doyen Formation et Insertion professionnelle au sein de
l’UFR SHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4.2 Responsabilités au sein de l’Université. . . . . . . . . . . . . . 22
2.4.3 Activités hors les murs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.5 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

3 Détail de mes activités d’animation scientifique 25


3.1 Animation scientifique interne et externe . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.1.1 Séminaires de doctorants à l’échelle du laboratoire . . . . . . 26
3.1.2 Thème : Efficacité énergétiques des espaces bâtis (E3B) . . . . 26
3.1.3 Organisation de conférences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.1.4 Séjours invités au sein d’équipe de recherche . . . . . . . . . 29
3.1.5 Actions de dissémination et vulgarisation scientifiques . . . . 29
3.2 Encadrement de travaux de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.2.1 Encadrement de thèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.2.2 Direction de thèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.2.3 Encadrement Post-doctoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.2.4 Projets de thèses 2021 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
x Table des matières

3.2.5 Synthèse encadrement de la Recherche . . . . . . . . . . . . . 41


3.3 Production scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.3.1 Introduction générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.3.2 Revues internationales en évaluation . . . . . . . . . . . . . . 46
3.3.3 Revues internationales avec comité de lecture . . . . . . . . . 46
3.3.4 Chapitre d’ouvrages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.3.5 Conférences Internationales avec comité de lecture . . . . . . 48
3.3.6 Conférences Nationales avec actes . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.3.7 Conférences invitées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.3.8 Symposiums . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.3.9 Rapports de projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

II Synthèse des activités de recherche 51


4 Contexte général 55
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
4.2 Travaux de thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
4.2.1 La production de froid solaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
4.2.2 Modélisation et expérimentation . . . . . . . . . . . . . . . . 60
4.2.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.3 Problématique et positionnement de ma recherche . . . . . . . . . . . 71

5 Territoires et transition énergétique 75


5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.1.1 Le contexte national . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
5.1.2 Transition énergétique en milieu insulaire . . . . . . . . . . . 78
5.1.3 La Réunion, une île en transition énergétique ? . . . . . . . . 78
5.1.4 Madagascar, quelle transition énergétique pour la grande île ? 82
5.1.5 Les Comores où comment s’engager enfin vers une durabilité
énergétique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
5.1.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

6 De l’exploration des données pour analyser les territoires 95


6.1 L’analyse exploratoire de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
6.2 Les outils et méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
6.2.1 L’analyse en composantes principales (ACP) . . . . . . . . . . 96
6.2.2 Le "Clustering" ou classification non supervisée . . . . . . . . 97
6.2.3 Système d’information géographique . . . . . . . . . . . . . . 98
6.3 L’ACP pour identifier les disparités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
6.4 Optimisation spatiale par clustering . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Table des matières xi

6.5 SIG et Analyse de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105


6.6 Indicateurs composites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
6.6.1 Transition dans les PEID . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
6.6.2 Durabilités des pays de l’UE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
6.7 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

7 Comprendre et construire des territoires en transition 115


7.1 La ville durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
7.1.1 Quels enjeux pour un urbanisme durable en milieu tropical ? . 116
7.2 Quels impacts entre les projets d’aménagement et le territoire ? . . . 118
7.3 Mode d’habiter et qualité de vie : indicateur de durabilité. . . . . . . . 120
7.3.1 Habiter et durabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
7.3.2 Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
7.3.3 Analyse des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
7.3.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
7.4 Vers une approche multidimensionnelle de la durabilité . . . . . . . . 126
7.5 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

8 Approche prospective de la transition énergétique 131


8.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
8.2 Consommation électrique de Madagascar . . . . . . . . . . . . . . . . 133
8.2.1 Méthodologie générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
8.2.2 Résultats et discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
8.3 Scénarios par approche prospective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
8.3.1 OSeMOSYS où l’interopérabilité et la flexibilité de la modéli-
sation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
8.3.2 Modèle OSeMOSYS pour la Réunion (SARI) . . . . . . . . . . 144
8.3.3 Modèle OSeMOSYS pour Madagascar (MAMBA) . . . . . . . 148
8.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

9 L’analyse environnementale 155


9.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
9.2 L’analyse de cycle de vie (ACV) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
9.3 Qualité environnementale des mix électriques en milieu insulaire . . 160
9.4 La décomposition Kaya–LMDI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
9.5 Cycle de vie des bâtiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
9.5.1 Contexte et méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
9.5.2 Quelle typologie des constructions individuelles à la Réunion 169
9.5.3 Impacts, effet d’insularité et politiques . . . . . . . . . . . . . 169
9.5.4 Quelles conséquences pour la politique énergétique ? . . . . . 173
9.5.5 Cycle de vie, déchets et durabilité . . . . . . . . . . . . . . . . 174
xii Table des matières

9.6 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176

10 Conclusion et perspectives 179

Bibliographie 183
Table des figures

2.1 Illustration des brochures produites en 2018. . . . . . . . . . . . . . . 16


2.2 Coopération en formation dans la zone Océan Indien. . . . . . . . . . 19
2.3 Formation à la valorisation scientifique, IST-A Mars 2020. . . . . . . . 23

3.1 Conférenciers du colloque TRANSEETER, 2017. . . . . . . . . . . . . 28


3.2 Conférence Rotary Club Saint Pierre/Entre-deux 2019. . . . . . . . . . 31
3.3 Répartition des thèses encadrées ou dirigées selon les thématiques du
laboratoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.4 Résultats du sondage auprès des doctorants et docteurs encadrés ou
dirigés depuis 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

4.1 Thèmes de recherche portés ces cinq dernières années. . . . . . . . . 57


4.2 Mix de la production électrique de la Réunion en 2008. . . . . . . . . 59
4.3 COP et température opérative des différents dispositifs à sorption
[Balaras 2007]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.4 Principe du froid solaire à partir d’une machine à absorption liquide . 62
4.5 Comparaison des courbes de rendement du capteur sous vide. . . . . 63
4.6 Simulation du modèle à 3 noeuds du capteur sous vide. . . . . . . . . 64
4.7 Spectre obtenu par la méthode TMA à partir du modèle à 3 noeuds. . 66
4.8 Synoptique de la modélisation de l’installation sous TRNSYS. . . . . . 67
4.9 (a) Production frigorifique et température en sortie du stock chaud
– (b) Comparaison entre la température dans une salle de TD et l’air
extérieur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.10 Données expérimentales du pilote pour la salle de TD4 à l’IUT de la
Réunion en 2008. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.11 Trajectoire historique et évolutions tendancielles de l’élévation de la
température de 1960-2100 – source [IPCC 2018]. . . . . . . . . . . . . . 72

5.1 Évolution historique de la production électrique à la Réunion . . . . . 79


5.2 Mix de la production d’électricité à la Réunion en 2018. . . . . . . . . 80
5.3 Taux d’électrification et croissance du PIB de 1990 à 2017, source
[Bank 2019b, Bank 2019d] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
5.4 Structure de la production d’électricité 2017 en GWh, [SIE 2017]. . . . 84
5.5 Comparaison du mix électrique des îles de l’Océan Indien : a) GWP
et électricité produite, b) Production par sources. . . . . . . . . . . . . 88
5.6 Profil du vent sur l’archipel des Comores. . . . . . . . . . . . . . . . . 90
xiv Table des figures

6.1 Evolution de la production électrique en ktep dans les territoires


outre mer français. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
6.2 Biplot ZNI/Variables sur les deux premières composantes principales. 100
6.3 Répartition par IRIS du nombre d’actifs occupés se déplaçant en
Transport en Communs (données INSEE RGP 2015) . . . . . . . . . . 102
6.4 Résultats des caractéristiques des 26 stations. . . . . . . . . . . . . . . 103
6.5 Clustering sur les stations de recharge . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
6.6 Synoptique de la méthodologie générale . . . . . . . . . . . . . . . . 107
6.7 Résultats de la HCPC sur les stations météorologiques. . . . . . . . . 107
6.8 Résultats du zonage climatique de Madagascar. . . . . . . . . . . . . . 109
6.9 Indice de durabilité des îles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
6.10 Score de durabilité des pays de l’UE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

7.1 Croquis de l’urbanisation concentrique de la Réunion . . . . . . . . . 118


7.2 Cartographie de l’indicateur composite spatiale entre 2006 (A) et 2012
(B) – [Pavadépoullé 2017]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
7.3 Dendogramme de la classification hiérarchique descendante. . . . . . 123
7.4 Cercle du projet du projet de l’ANRU de Ravine Blanche, [Etienne 2017]. 127

8.1 Processus de l’approche prospective – adapté de [Julien 1975]. . . . . 132


8.2 Methodology framework . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
8.3 Décomposition additive de la consommation électrique à Madagascar
de 1987 à 2015. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
8.4 Décomposition à partir de l’année de référence 1987 . . . . . . . . . . 139
8.5 Production électrique selon tous les scénarios pour 2030. . . . . . . . 142
8.6 Différents scénarios définis pour la Réunion. . . . . . . . . . . . . . . 144
8.7 Time slices du modèle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
8.8 Production selon le modèle business-as-usual . . . . . . . . . . . . . . 146
8.9 Production selon le scénario 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
8.10 Production selon le scénario 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
8.11 Résultats des mix électriques selon les différents scénarios. . . . . . . 150
8.12 Evolution du cout de production énergétique selon les différents scé-
narios. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

9.1 Principe général de l’économie circulaire. . . . . . . . . . . . . . . . . 156


9.2 Les quatres étapes de l’analyse de cycle de vie. . . . . . . . . . . . . . 158
9.3 Classification des résultats d’inventaire en indicateurs environne-
mentaux et en catégories d’impact. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
9.4 Processus d’une centrale à charbon à partir de GEMIS . . . . . . . . . 160
9.5 Impacts environnementaux par kWhe [C : Corsica, GP : Guadeloupe,
GY : French Guyana, MQ : Martinique, YT : Mayotte, RE : Reunion]
– selon [Rakotoson 2017]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Table des figures xv

9.6 Résultats de la décomposition additive des émissions de CO2 liées à


l’électricité de Madagascar, sur la base de l’année de référence 1990. . 165
9.7 Frontières de nos études en ACV du bâtiment. . . . . . . . . . . . . . 167
9.8 Impact des matériaux pour les maisons individuelles selon le GWP. . 168
9.9 Classification des constructions individuelles et collectives de la
Réunion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
9.10 Comparaison de la distribution du GWP des maisons individuelles. . 171
9.11 Part du mix électrique et du transport dans le ratio de GWP. . . . . . 172
9.12 Schéma du cycle vie global de la maison. . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Liste des tableaux

2.1 Principaux enseignements dispensés durant le contrat 2016-2021. . . 13

3.1 Synthèse des publications et communications . . . . . . . . . . . . . 45


3.2 Référencement des revues dans lesquelles les articles ont été publiés. 45

5.1 Comparaison du mix électrique 2008 et 2018. . . . . . . . . . . . . . . 81


5.2 Hydropower potential in Anjouan an Moheli islands. . . . . . . . . . 91

6.1 Identification des variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103

8.1 Liste des technologies de production d’électricité . . . . . . . . . . . . 145


8.2 Performance et cout des technologies – selon (IRENA) . . . . . . . . . 149

9.1 Les normes ISO associées à l’ACV. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157


9.2 Definition des effets de la LMDI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
Première partie

Parcours Académique et
Scientifique
Chapitre 1
Parcours et Curriculum vitae

Sommaire
1.1 Parcours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Curriculum Vitae . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

C e chapitre présente dans un premier temps et de façon chronologique mon


cursus professionnel à la suite de mon doctorat en collaboration avec le
secteur public et privé. Il sera abordé dans mon CV une lecture de mes activités
administratives et pédagogiques. Enfin, sera évoqué mes activités liés à la formation
à et par la recherche.

1.1 Parcours
Ma thèse de doctorat s’est effectuée au sein du laboratoire PIMENT de l’Univer-
sité de la Réunion de 2003 à 2007. Les activités de notre unité de recherche se placent
dans le contexte particulier des Zones Non-Interconnectées (ZNI) visant une autono-
mie énergétique et disposant d’un fort potentiel en ressources renouvelables. L’unité
s’intéresse donc à la fois à la maîtrise de la demande en énergie au sein des bâtiments,
quartiers ou villes, mais également à décarboner le mix électrique de la Réunion. Mes
travaux de thèse sur le rafraîchissement solaire se sont inscrits dans ce second axe
thématique.
A la suite de ma thèse en 2007, j’ai été ATER 1 en physique au sein du département
de Sciences du Bâtiment et de l’Environnement. Au cours de cette même année, je
me suis associé à deux autres docteurs du laboratoire pour créer un bureau d’études
en acoustique, énergie et environnement. À ce titre, j’ai occupé un statut de consul-
tant au sein de cette entreprise durant six années. Cette expérience professionnelle
a été particulièrement marquante. En effet, cela a été pour moi une opportunité de
travailler sur une étude particulière qui a été celle de l’impact acoustique du tracé de
1. Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche
4 Chapitre 1. Parcours et Curriculum vitae

la route des Tamarins et de la définition du programme de réhabilitation des habitats


sensibles. Durant l’année universitaire 2008, j’ai occupé un poste de PRAG 2 contrac-
tuel au sein du département Génie Civil de l’IUT de la Réunion. Lors de cette année,
j’ai été Directeur des études de la 1re année de DUT Génie Civil.
En 2010, j’ai été recruté en tant que maître de conférences en mécanique et éner-
gie (CNU60) au département Sciences du Bâtiment et de l’Environnement au sein de
l’UFR SHE 3 . Âgée de 12 ans seulement, cette UFR est la plus jeune de l’université
de la Réunion et regroupe pour l’heure quatre départements de formation. Lors de
mon recrutement, j’ai été rattaché au laboratoire PIMENT EA 4518, dont les axes de
recherche s’articulent autour des systèmes énergétiques, le bâtiment et la ville, et
les mathématiques appliquées. Initialement, mon activité de recherche était orien-
tée sur les aspects de modélisation de systèmes énergétiques renouvelables, et par
conséquent mon thème de prédilection était celui de l’énergie. Tout en gardant et
en maintenant mon intérêt pour les énergies renouvelables, j’ai opéré une digres-
sion dans mon approche de la transition énergétique, afin de mettre plus en lumière
les enjeux autour de cette problématique à une échelle territoriale. Ce travail a été
développé, depuis six ans, en collaboration avec une chercheuse en urbanisme du
laboratoire afin d’avoir une approche pluridisciplinaire de la transition et de croiser
les angles d’analyse. Notre approche est plutôt celle de l’évaluation et de la com-
préhension des dynamiques de transition en partant de l’hypothèse que l’ingénierie
associée aux systèmes de production renouvelable est à ce jour acquis depuis plu-
sieurs années. Ma reconversion thématique m’a également amené à m’investir et à
développer un ensemble d’enseignements autour de la prospective dans un parcours
de formation en lien avec l’urbanisme. Ce rapprochement sur de nouvelles théma-
tiques a été l’occasion également d’élargir ma coopération scientifique aussi bien en
enseignement qu’en recherche. Je me suis intéressé à de nouveaux objets d’étude
dans la zone Océan Indien en particulier à Madagascar, Maurice et les Comores.
Dans la partie qui suit, seront exposées les principales lignes de mes différentes acti-
vités au sein de l’Université. Le détail de ces éléments sera repris dans les chapitres
suivants.

2. Professeur Agrégé
3. Unité de formation et de Recherche des Sciences de l’Homme et de l’environnement
1.2. Curriculum Vitae 5

1.2 Curriculum Vitae

Jean Philippe PRAENE


né le 29/06/1976 à Saint-Pierre (Réunion)–Marié, 2 enfants
Maître de conférences en Mécanique, 6eéchelon, CNU 62
Spécialité : Energie et Environnement Université de la Réunion
Laboratoire PIMENT – EA 4518
117 rue du Général Ailleret, 97430 Le Tampon

 – Formation
2003-2007 Doctorat ès Sciences Physiques – spécialité Génie des procédés, sou-
tenue à l’Université de la Réunion, Titre :Intégration et modélisation
de composants d’un système de rafraîchissement solaire couplé
au bâtiment.
2001 DEA Mécanique et Énergtique, INPL de Nancy – Université de la
Réunion
2000 Maîtrise de Physique et Applications - Université de la Réunion
1999 Licence Sciences Physiques, spécialité chimie – Université de la
Réunion

 – Expérience professionnelle
2010-2020 Maître de Conférences, Laboratoire PIMENT, Université de la
Réunion
2007-2013 Ingénieur d’étude en confort thermique, acoustique et environne-
ment, Bureau d’études AIEE, Le Tampon
2008-2009 Enseignant contractuel, Conservatoire des Arts et Métiers :
Thermodynamique, Energies renouvelables, Le Port
2008-2009 Enseignant Agrégé contractuel, Département Génie Civil,
IUT de la Réunion
2003 Chargé d’études, Cabinet Louis Lengrand et Associés, Paris
2002 Enseignant contractuel Physique/Chimie, Académie de la
Réunion
1999 Assistant de recherche (Stage de recherche de 5 mois) University
of KwaZulu Natal - Afrique du Sud
1999 Enseignant contractuel Lycée Lislet Geoffroy - Académie de la
Réunion
6 Chapitre 1. Parcours et Curriculum vitae

 – Thèmes de recherche
2004-2012 Rafraichissement Solaire : (i) Etude de capteurs solaires thermiques ; (ii)
Modélisation thermodynamique et couplage de systèmes de produc-
tion ; (iii) Expérimentation et banc d’essais de capteurs.
2012-présent Diagnostic et Analyse territoriale : (i) Etude de potentiel de production
d’énergies renouvelables ; Caractérisation des profils de consommation
territoriaux ; (iii) Analyse de Cycle de Vie.
2016-présent Analyse de données / Scénarios : (i) Analyse factorielle et classification ;
(ii) Construction d’indicateurs composites de durabilité ; (iii) Devélop-
pement d’outils / Modélisation de scénarii énergétiques.
2018-présent Prospective : (i) Approche prospective de la transition énergétique ; (ii)
Création de scénarios.

– Responsabilités scientifiqes et adminis-


8
tratives
— Doyen de l’UFR Sciences de l’Homme et de l’Environnement, Université de la
Réunion, 2020-2024 ;
— Membre élu au conseil de l’UFR, Université de la Réunion, 2020-2022 ;
— Vice-Doyen Formation et Insertion Professionnelle de l’UFR Sciences de
l’Homme et de l’Environnement, Université de la Réunion, 2013-2020 ;
— Animateur de la thématique Efficacité Énergétique des Bâtiments et des Quar-
tiers du laboratoire PIMENT, depuis 2019 (nouvelle Direction du laboratoire) ;
— Membre du conseil du laboratoire PIMENT, collège B, (2015-2020) ;
— Référent offre de formation du domaine Sciences Technologie et Santé, pour
l’UFR SHE – 2019 et 2014 ;
— Membre représentant de l’UFR SHE au Conseil Académique de l’Université de
la Réunion, depuis 2013 ;
— Président de jury de bac lycées français Antananarivo (2014)–Johannesburg
(2019) ;
— Élu représentant de l’UFR SHE au bureau de la COFIP 4 depuis 2017 ;
— Référent CESAME de l’UFR SHE, Université de la Réunion, 2013-2015 ;
— Représentant des doctorants au conseil de Laboratoire PIMENT (2007 –
2010) ;
— Membre du Conseil de département de Sciences du Bâtiment et Environne-
ment, depuis 2010.

4. Commission de l’Orientation et de la Formation à l’Insertion Professionnelle


1.2. Curriculum Vitae 7

Responsabilités Pédagogiques

— Responsable pédagogique du M2 Ville et Environnments Ubrains, Dpt. SBE,


depuis 2016 ;
— Responsable pédagogique de M2 Génie Civil et Urbanisme parcours
EBENE 5 ,IST Antananarivo - Madagascar, depuis 2011 ;
— Responsable pédagogique de M1 Physique du Bâtiment et Environnement,
2013-2015 ;
— Responsable pédagogique du L1 Génie Civil Mécanique, 2010 – 2013 ;
— Directeur d’études Génie Civil, 1re année, IUT de la Réunion, 2008 – 2009.

 – Animation et Évaluation scientifiqe


 Évaluation scientifique
— Président du Comité Scientifique du projet Européen FESTII (2020-2023).
— Membre du comité scientifique des Journées Scientifiques de l’ESPA, Madagas-
car 2020 ;
— Scientific Committee member of the 3rd International Conference on
Energy, Environment and Climate Change, Mauritius on 2-4 July 2019 ;
— Membre du comité scientifique des Journées de la Recherche des IST 6 de Ma-
dagascar, depuis 2017 ;
— Expert consultant en énergie renouvelable pour le Mauritius Renewable
Energy Agency, depuis 2018 ;
— Expert pour l’évaluation des projets de recherche de la King Fahd Univer-
sity, Arabie Saoudite, depuis 2013.

Reviewer pour les journaux : Applied Energy, Renewable and Sustainable Energy
Reviews, Environmental Development, Applied Thermal Engineering, Recent Pa-
tents on Mechanical Engineering, Building Simulation, Energies, Buildings (MDPI),
Environment and Planning B, Utilities Policy.

 Coopération scientifique
— Dépôt d’un projet Erasmus avec University of Mauritius 2020-2023, en cours ;

5. Espaces Bâtis, ENvironnement et Energie


6. Institut Supérieur Technologique
8 Chapitre 1. Parcours et Curriculum vitae

— Coopération projet Modeling of Island Energy Systems, HFT 7 Stuttgart -


Allemagne, 2019 ;
— Montage d’un consortium de recherche "Island studies", coopération en Uni-
versity of Delaware, UCL 8 , University of Mauritius - 2020 ;
— ERASMUS+ Programme, Centre for Urbanism & Built Environment Studies,
University of Witwatersand – South Africa, 2019-2021 ;
— Visiting professor, Dpt. of the Chemical & Environmental Engineering - Uni-
versity of Mauritius, depuis 2018 ;
— Conférencier invité, Congrès International sur les Plasmas et l’Energie, Anta-
nanarivo, 2012 : "Towards a net zero energy island" ;
— Enseignant invité, Département Génie Industriel, IST Antananarivo, depuis
2017.

Participation aux projets de recherche


— Projet Hubert Curien REDUIT - University of Mauritius : Social investigation
on the perception and acceptability of reinforced composite products from li-
gnocellulosic materials such as bio-based plastics in Mauritius and Reunion
Islands to substitute conventional plastic (2019-2020) ;
— MAROONER, FEDER Région : Modélisation de la perception sociale des ENRs
/ Qualité de vie (2018-2020) ;
— TRANSEETER (2017-2018), La transition énergétique, à l’épreuve des terri-
toires, Projets incitatifs – Université de la Réunion ;
— RESET (2017-2021), Regional energy transition network : Etude de la transi-
tion énergétique dans les îles du sud-ouest de l’Océan Indien (University of
Antananarivo, University of Mauritius) ;
— ANR EQUIPEX DURASOL (2014), Instrumentation de dispositifs énergétiques
renouvelables ;
— ANR MeGaPICS : Méthodes pour Garantir les Performances des installations
de Climatisation et de chauffage Solaire (2011 - 2013) ;
— ANR ORASOL : Optimisation de procédés de rafraîchissement solaire (2006 –
2010) ;
— Projet ADEME RAFSOL : Mise en oeuvre d’un pilote de rafraîchissement
solaire par absorption. (2008)

7. Hochschule für Technik Stuttgart


8. University College of London
1.2. Curriculum Vitae 9

Participation à des jurys de thèse


— Thèse en énergétique de Mamy Harimisa Radanielina : Conversion d’énergie
par un dispositif de gazéification de la biomasse : du système au potentiel ter-
ritorial, 2018, Institut de Maîtrise de l’Energie - Université d’Antananarivo,
Madagascar ;
— Thèse en aménagement du territoire et urbanisme de Pierre Rivière : Analyse
du retour d’expérience et optimisation de la recherche opérationnelle maîtrise
d’ouvrage pour les quartiers durables en milieu tropical, 2017, Université de la
Réunion ;
— Thèse en Génie civil, environnement et Urbanisme de C. Hoarau : Contribution
à l’analyse de la qualité environnementale d’un projet d’aménagement périur-
bain/rural en milieu tropical - Méthodes et outils d’aide à la décision, 2017,
Université de la Réunion ;
— Thèse en Génie Civil et énergétique de Bruno Malet Damour : Contribution à
l’étude des Dispositifs de Guides Lumineux Tubulaire appliqués au batiment :
expérimentation, modélisation et validation, 2016, Université de la Réunion ;
— Thèse en Mécanique et Environnement de N. Voavy Rakotonarivo : Dévelop-
pement des outils d’analyse des flux (énergie , matière , déchets) d’un espace
bâti et à différentes échelles d’observation, 2013, Université de la Réunion ;
— Thèse en Mécanique et Environnement de P. Jaohindy : Modélisation des
systèmes éoliens verticaux intégrés aux bâtiments : Modélisation du couple
production / Bâtiment, 2012, Université de la Réunion.

Participation Comité de sélection


— Membre du comité de sélection MCF CNU 74, Département STAPS, Université
de la Réunion, 2019 ;
— Membre du comité de sélection MCF CNU 24, Laboratoire PIMENT, Université
de la Réunion, 2017 ;
— Président du comité de sélection MCF CNU 24, Université de la Réunion, UFR
SHE, 2013 ;
— Membre du comité de sélection MCF CNU 60/62, Université de la Réunion, IUT
de Saint Pierre, 2012 ;
— Membre du comité de sélection MCF CNU 62 - n° 4013 (0048 – GESUP), Uni-
versité de Corse/ IUT, 2012.
Chapitre 2
Détails des activités pédagogique et
collective

Sommaire
2.1 Activités d’enseignement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2 Responsabilités pédagogiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2.1 Responsable de la 1re année de Licence Génie Civil . . . . . . 14
2.2.2 Responsable de Masters . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3 Promotion de la formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.3.1 Innovation pédagogique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.3.2 Internationalisation des formations de Master. . . . . . . . . . 18
2.3.3 Projet Européen FESTII . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.4 Activités de responsabilité collective . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4.1 Vice-Doyen Formation et Insertion professionnelle au sein de
l’UFR SHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4.2 Responsabilités au sein de l’Université. . . . . . . . . . . . . . 22
2.4.3 Activités hors les murs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.5 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

U ne des facettes importantes de la vie du maître de conférences est son impli-


cation dans la vie communautaire universitaire. Cela est d’autant plus vrai
et nécessaire que les structures UFR, département et laboratoire sont relativement
jeunes. Ce chapitre s’attache donc à présenter les axes que j’ai pu développer depuis
mon recrutement en 2010 en enseignement au sein mon département de rattache-
ment et mon implication dans la vie universitaire dans mon UFR.

2.1 Activités d’enseignement


Mes activités d’enseignement ont débuté dès mon doctorat au sein du dépar-
tement Génie Civil de l’IUT de la Réunion, SBE 1 ainsi qu’au CNAM. Lors de mon
1. Sciences du Bâtiment et de l’Environnement
12 Chapitre 2. Détails des activités pédagogique et collective

recrutement en 2010, je suis passé du contexte pédagogique d’un IUT, cadré par un
PPN 2 et un public sélectionné, à celui d’une faculté, où le challenge est de pouvoir
capter l’intérêt des étudiants de première année et de les accompagner sur la voie de
la réussite en licence.
La jeunesse de mon département de rattachement (SBE), m’a permis de m’impliquer
dès le départ dans la vie et le développement de ce dernier. En effet, le département
a été créé en 2006 et comptait lors de mon recrutement cinq titulaires. L’offre de
formation proposant deux parcours en licence et deux mentions de Master, j’ai ainsi
été dès mon recrutement en responsabilité pédagogique, et ce, jusqu’aujourd’hui.
Initialement recruté pour des enseignements dans le domaine du solaire, mes
enseignements se sont ouverts au champ plus général des Énergies renouvelabes.
À ce jour, je coordonne les enseignements de la L1 au Master 2 sur les questions
des énergies renouvelables. En collaboration avec le Professeur Harry Boyer, nous
organisons également les enseignements autour de la Thermique et de la Conception
bioclimatique. L’essentiel de mes enseignements s’effectue au sein de ma faculté.
Le tableau 2.1 ci-dessous résume les principaux enseignements dispensés dans les
différentes années de formation en moyenne par année. Depuis 2010, ma charge
d’enseignement est de l’ordre de 330 HTD par an. Ce volume important s’explique
par le déficit dans le taux d’encadrement d’enseignants chercheurs au sein de notre
département. Toutefois, j’ai pu réduire mes heures d’enseignement à moins de 300 h
depuis 2018.

L’ensemble des enseignements listés dans le tableau 2.1 ont été entièrement créés,
car ils n’étaient pas forcément présents dans la précédente accréditation de l’offre
de formation sous le même format. Le renforcement de ma recherche, ces dernières
années en lien avec l’urbanisme, m’a également permis de m’ouvrir à des enseigne-
ments avec ce champ de recherche. Ces cours ont été l’occasion de créer un lien entre
les cours d’énergétique souvent orientés sur les systèmes de production et le terri-
toire concerné.
Outre les enseignements classiques, notre métier d’enseignant nous amène à enca-
drer bon nombre d’étudiants. Durant ces neuf années, j’ai encadré chaque année trois
à cinq stages d’un niveau L3 à M2 par an, aussi bien les parcours urbanisme ou génie
civil. Les stages de recherche ont été pour moi les premières expériences d’accom-
pagnement et de formation d’étudiants par la recherche. Les thématiques de stage
sont liées à mes champs de recherche et de ce fait essentiellement orientées autour
de la thématique de l’énergie. De plus, le suivi des stagiaires m’a permis d’une part
de détecter de futurs candidats potentiels pour une poursuite en doctorat. J’ai ainsi
pu initier cinq thèses de 2014 à aujourd’hui à partir de ces encadrements de stage.

2. Programmes pédagogiques nationaux


2.1. Activités d’enseignement 13

Table 2.1 – Principaux enseignements dispensés durant le contrat 2016-2021.

Diplôme Année Intitulé CM TD TP


L1 Transferts thermiques 8 10
L1 Energies renouvelables 10 10 10
L2 Programmation 10
L2 Thermique 10 10
Licence GC
L3 Outils de modélisation 18
L3 Energie et territoire 8 12 12
L3 Systèmes énergétiques 40
L3 Rayonnement thermique 12 24
L3 Préparation au stage 8
M1 VEU Diagnostic du territoire 4 12
M2VEU Infrastructures urbaines 4 4
Master VEU
M2VEU Projet 15
M2VEU Analyse de cycle de vie 12
M2VEU Initiation à la recherche 12
M2 VEU Energy Modelling 12
M1 GC Préparation Stage 10
M1 GC Energies Renouvelables 16
M1GC Thermodynamique 16
Master GC M2GC STP Initiation à la recherche 15
M2 GC Renewable Energy 6 6
M2 EBENE Outils de modélisation 10 10
M2 EBENE Analyse de cycle de vie 10 10
M2 EBENE Acoustique 10 10
M2 EBENE Renewable Energy 10 10
SUFP Licence PRO Culture Energétique 10 10
IUT Licence PRO Solaire thermique 6 12
14 Chapitre 2. Détails des activités pédagogique et collective

2.2 Responsabilités pédagogiques


Mon implication pédagogique m’a amené à prendre dès mon année de stage une
responsabilité pédagogique, celle de la L1. Au fil des années, malgré quelques re-
crutements et des mobilités internes vers notre département, j’ai occupé d’autres
responsabilités au niveau des parcours ou mention de notre offre de formation.

2.2.1 Responsable de la 1re année de Licence Génie Civil


Dans le cadre de ma mission de responsable pédagogique de la L1 j’ai dû :
— coordonner et préparer l’emploi du temps de la L1 ;
— constituer et gérer l’équipe pédagogique (chargés de cours, enseignants cher-
cheurs, professionnels...) ;
— assurer l’accueil et lien tout au long de l’année avec les étudiants ;
— faire la promotion de la formation dans les lycées et différentes manifestations
pédagogiques (JPO 3 ...) ;
— mettre en place des dispositifs d’aide à la réussite des étudiants ;
— initier et développer de nouveaux environnements pédagogiques innovants.

2.2.2 Responsable de Masters


À la suite de mes premières responsabilités sur la mention de licence Génie Civil,
j’ai accompagné la consolidation de nos formations de niveau Master à la Réunion,
Madagascar et beaucoup plus récemment à l’île Maurice.

Au niveau des masters, j’ai d’abord occupé la fonction de responsable du M1 Gé-


nie Civil, suite au départ d’un collègue au sein de l’équipe de direction de l’établis-
sement. Cela m’a permis de renforcer essentiellement le réseau de professionnels
intervenant dans la formation, mais également de faire véritablement le lien dans
l’optique d’une insertion professionnelle de nos étudiants.
En 2007, nous avons délocalisé à l’Institut Supérieur d’Antananarivo un parcours du
M2 Génie Civil orienté sur le bâtiment, l’énergie et l’environnement. J’ai repris cette
coopération avec l’IST en 2011 à la suite du Professeur Gatina. Le laboratoire entre-
tient avec Madagascar un partenariat de recherche depuis plus de 20 ans. L’objectif
de cette formation délocalisée est de permettre aux étudiants de suivre à Madagascar
un cursus de l’Université de la Réunion. Mon rôle au sein de ce master a été essentiel-
lement d’animer une équipe pédagogique franco-malgache, trouver les financements
de soutien de la formation afin de la pérenniser. Ces aspects de projets seront exposés
3. Journées Portes Ouvertes
2.3. Promotion de la formation 15

dans le paragraphe suivant. Le modèle de cette formation va évoluer progressivement


au cours de l’année 2021. En effet, notre master était pour l’heure proposé à part des
autres formations dispensées au sein de l’IST. Le passage de Madagascar au système
LMD nous amène à repenser notre offre et à la faire évoluer au sein d’un parcours
proposé aux étudiants de l’IST dans le cadre de leur ingéniorat.
Enfin mes nouvelles orientations en recherche m’ont tout naturellement conduit à
m’impliquer plus grandement dans la mention de Master Ville et Environnements
Urbains dont je suis responsable de la 2e année. Les missions sont les mêmes que
celle des autres masters, avec un accent particulier de la promotion et la structu-
ration des enseignements en lien avec les différents acteurs de l’aménagement et de
l’urbanisme du territoire (Communes, EPCI 4 Bureaux d’études...). Ce lien avec les col-
lectivités doit encore se développer, car notre formation n’est pas forcément connue
de tous. Toutefois, les stages de Master et la qualité des étudiants sont propices au
développement de cette publicité.
De façon commune à l’ensemble des parcours chaque année, nous devons intervenir
sur un certain nombre d’actions de la vie collective pédagogique à savoir :
— Les comissions de recrutement (VAE, Admission Post Bac, Campus France...) ;
— Jury de délibération semestriels ;
— Commission de perfectionnement ;
— Rédaction et suivi des statistiques de l’insertion professionnelle des étudiants
de Masters ;
— Suivi des projets de promotion (colloque, table ronde...) et stagiaires, organisa-
tion des soutenances ;
— Participation à l’évaluation quadriennal des formations et rédaction de la nou-
velle offre de formation.

2.3 Promotion de la formation


En comparaison avec les autres facultés et département de l’université, notre dé-
partement compte parmi les cinq derniers créés au sein de notre institution. De ce
fait, il nous est nécessaire et important de maintenir un travail de terrain auprès des
lycéens afin de porter à connaissance cette offre de formation qui touche à des enjeux
d’actualité et de société. Notre offre de formation nécesite d’assurer un flux consé-
quent d’étudiants du fait des nombreux parcours possibles. Notre eneju majeur est
donc de porter à connaissance des lycéens l’existance de cette offre qui sort des ca-
naux classiques de type physique ou génie civil.
Depuis mon recrutement, j’ai produit à plusieurs reprises différents supports de pro-
4. Établissement public de coopération intercommunale
16 Chapitre 2. Détails des activités pédagogique et collective

(a) Présentation du département SBE. (b) Bilan insertion professionnelle.

Figure 2.1 – Illustration des brochures produites en 2018.

motion de notre département pour des manifestations internes ou externes. Les docu-
ments portent à la fois sur la présentation d’une mention formation, des débouchés et
détails y afférant, mais également sur les données à remonter lors des bilans Hcéres 5 .
A titre illustratif, la Figure 2.1 présente un visuel d’exemple de documents que j’ai pu
produire.

2.3.1 Innovation pédagogique


Les enseignements que je dispense aujourd’hui sont tous liés à la question de
l’énergie et de la transition énergétique approché selon plusieurs axes. Ma formation
doctorale ne m’ayant pas spécifiquement préparée à l’enseignement, cet apprentis-
sage a dû se faire au contact d’enseignants agrégés ou certifiés plus aguerris que
moi sur la pédagogie. Cette formation m’a amené à remettre en question mes formes
d’apprentissage académiques classiques afin de m’ouvrir à d’autres approches pé-
dagogiques, plus efficientes. Ces nouveaux outils me permettent en particulier de
m’adapter à un public étudiant dont le profil a beaucoup évolué et dont les appren-
tissages au lycée ont beaucoup évolué.
"Reunion is speaking" – A cet égard, j’ai porté au sein du département diffé-
rents projets. Certaines évaluations ont pris la forme de concours dans le cadre par
exemple de la semaine du développement durable. J’ai mis en place un challenge où
les étudiants ont été amenésà créer une vidéo de sensibilisation à l’impact de l’ac-
tivité humaine sur l’île de la Réunion. Les productions des étudiants ont fait l’objet
d’un challenge, prix et communications. Les résultats de cette UE sont visibles entre
5. Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur
2.3. Promotion de la formation 17

autre à l’adresse suivante, http://bit.ly/30auoeN.


"Projet CAPTAIN" 6 – J’ai été durant deux ans porteur d’un projet au sein de l’UFR
d’innovation des pratiques pédagogiques. L’objectif était de progressivement faire
évoluer notre forme traditionnelle d’enseignement (CM & TD) vers une forme plus
dynamique. Nous nous sommes appuyés sur la création de contenus interactifs, sur
une pédagogie active... Notre objectif portait sur la réorganisation de la temporalité
et l’activité d’apprentissage reposant sur quatre socles :

— Classes inversées ;

— Plateformes de ressources pédagogiques ;

— Communauté d’apprentissage ;

— Travaux de terrain.

Ainsi la récente crise sanitaire du COVID-19, a amené l’Université de la Réunion à


accélérer le processus de digitalisation des enseignements, et de mobiliser les compé-
tences et outils autour de l’enseignement distanciel. Cette approche, je l’ai envisagée
il y a environ cinq ans pour répondre à un besoin grandissant dans les enseigne-
ments que j’ai pu dispenser. En effet, les formations délocalisées dans la zone Océan
Indien ainsi que les demandes des apprenants de pouvoir disposer de plus de temps
pour pouvoir assimiler les cours et prendre du recul m’a amené à progressivement
inverser mes approches pédagogiques. Ainsi aujourd’hui mes enseignements se font
partiellement à distance en particulier les CM 7 . Cela m’a permis de changer radicale-
ment mes interactions avec les étudiants. Ainsi, j’ai privilégié les temps d’assimilation
des cours en asynchrone. Les temps de regroupement en amphithéâtre ont permis de
mettre des temps d’échange avec les étudiants. Cette approche hybride m’a permis
d’aller plus loin avec les étudiants. Ainsi sur la promotion de L1 Génie Civil dans mes
UEs le taux de réussite a pu augmenter de 15% en 3 ans d’expérimentation du projet
CAPTAIN.
"BOOTCAMP" – Toujours dans l’optique d’un apprentissage asynchrone au rythme
de l’étudiant, j’ai mis en place au sein du département SBE, sous la plateforme Moo-
dle de l’université de la Réunion un espace d’apprentissage des outils. L’objectif a
été de rassembler en un seul endroit l’ensemble des ressources concernant les outils
et logiciels proposés par les enseignants tout au long du cursus des cinq années de
formation. La plateforme permet ainsi aux étudiants de se remettre à niveau à tout
moment, ou de perfectionner leur acquis par des podcasts complémentaires hors pro-
gramme d’enseignement. Cela me permet de mieux appréhender l’hétérogénéité de
mes cohortes d’étudiants.

6. Communauté d’APprenTissage Actif et INteractif


7. Cours Magistraux
18 Chapitre 2. Détails des activités pédagogique et collective

2.3.2 Internationalisation des formations de Master.


Depuis sa création en 2006, le département SBE a toujours eu à coeur de dévelop-
per ses relations dans la zone Océan Indien. Historiquement, nous avons entretenu
depuis les années 90 une coopération soutenue avec les collègues de Madagascar
dans le cadre de la formation doctorale. Depuis 2006, cette coopération de recherche
s’est étendue à nos formations de Master.
Dans le cadre, de mes responsabilités pédagogiques de Master, j’ai été en charge de
plusieurs projets visant à améliorer le volet internationalisation de notre offre de for-
mation. Notre département entretient depuis de nombreuses années des échanges en
formation et recherche dans la zone Océan Indien. Je me suis investi dès le départ
pour développer un partenariat fort initié avec Madagascar, plus récemment nous
avons ouvert d’autres pistes avec Maurice, les Comores et l’Afrique du Sud. La Figure
2.2 présente une vue d’ensemble des principales coopération de formation auxquelles
j’ai participé au sein du département SBE. Les lignes en pointillées désignent des co-
opérations qui sont actuellement en phase de projet et non encore validées.
Les projets de soutien à l’internationalisation de nos formations visent deux objectifs.
D’une part pour des raisons propres au contexte socio-économique des territoires,
nous avions souhaité délocaliser nos formations à l’étranger. La 2eannée master Gé-
nie Civil parcours EBENE a été délocalisé depuis 2007 à Antananarivo. D’autre part,
il s’agit de renforcer et diversifier le profil de l’équipe pédagogique afin d’offrir à nos
étudiants un panel large d’intervenants spécialisés sur les questions de la transition
énergétique, la production de la ville, de l’environnement...
"Master EBENE" – Ce master est à l’heure le seul qui est délocalisé à l’étran-
ger. Cette délocalisation date de 2007, et se poursuit toujours avec Madagascar. Je
suis porteur porteur du projet AUF (40 k€) pour le financement de mobilités d’en-
seignants et de stagiaires à l’étranger sur une durée de 3 ans, Le projet Mobilité
ERASMUS+ a permis de renforcer les liens de coopération de formation entre les
enseignants de notre département et ceux des écoles du Génie Civil et Génie Indus-
triel de l’IST d’Antananarivo. Le programme actuellement en cours permet l’accueil
de doctorants et étudiants en Master sur six mois. Ce projet d’un montant de 80 k€
sera reconduit normalement sur la période 2021-2024. Un des objectifs était le ren-
forcement de l’intervention des enseignants et des formations des deux institutions.
J’ai entre autre également accompagner les étudiants de Master de l’IST et du dépar-
tement de Physique de l’université d’Antananarivo dans la préparation aux auditions
et dossiers scientifiques pour les bourses BGF 8 de l’ambassade de France d’Antana-
narivo.
"Projet Wits University" – Je suis co-porteur avec le Dr. D. Fakra du projet
Erasmus+ Mobilité Internationale de Crédits qui vient d’être validé durant l’année
2019. Cette collaboration vise aux développements de la collaboration en formation
8. Bourses du gouvernement français
2.3. Promotion de la formation 19

Figure 2.2 – Coopération en formation dans la zone Océan Indien.

avec le département Génie Civil mais également les échanges en recherche avec le
laboratoire CUBES 9 qui travaille sur les problématiques de la ville. Ce projet se dé-
roulera jusqu’en 2022 et démarre en octobre 2019. Nous avons ainsi souhaité étendre
le réseau de coopération à un autre pays de la zone Océan Indien afin de diversifier
et de permettre l’intégration d’enseignants anglophones dans nos unités d’enseigne-
ment.
"Master Génie Civil, parcours Structures et Travaux Publics" –
J’ai participé au montage et à la mise en œuvre d’une seconde délocalisation de notre
Master GC à l’Université des Mascareignes de Maurice. Ce parcours s’intéresse à une
montée en compétences et une offre plus étayée pour nos étudiants dans le domaine
du génie civil, avec une ouverture sur les enjeux environnementaux. Ce récent par-
tenariat nous permet de poser un peu plus le rayonnement du département SBE dans
la zone OI.
Outre mon implication dans le montage des précédents projets, je m’implique
toujours dans le développement de la coopération régionale en formation et re-
cherche. Le département SBE a délocalisé depuis 2019, la 3e année de licence de GC
parcours SE3B à l’Université des Comores. Dans le cadre de cette formation, j’inter-
viens sur des modules de formation en lien avec l’étude des systèmes énergétiques
renouvelables. Nous ouvrons également les deux années du parcours EBENE, au sein
desquels j’assurerai toujours des cours dans le cadre de la planification énergétique,
et des énergies renouvelables.

9. The Centre for Urbanism and Built Environment Studies


20 Chapitre 2. Détails des activités pédagogique et collective

Enfin, dans le cadre d’une collaboration initiée en recherche avec University of Mau-
ritius sur des travaux de recherche sur les milieux insulaires, j’ai souhaité étendre
nos échanges également au cadre de la formation. Le projet est actuellement en dé-
pôt dans le cadre d’un échange ERASMUS de 36 mois. L’objectif de ce programme est
de faire en sorte que certaines UEs du Master VEU, soient dispensées entièrement en
anglais. D’autre part, il s’agit pour nous d’une montée des compétences en anglais et
de nous familiariser à d’autres pratiques pédagogiques étrangères.

2.3.3 Projet Européen FESTII

Mon implication dans l’internationalisation de notre offre de formation m’a éga-


lement ouvert à de nouvelles opportunités de coopération dans le domaine de l’en-
seignement transfrontalier. A ce titre, j’ai intégré cette année le projet FESTII 10 qui
regroupe un consortium d’établissements issus de six pays différents :

— Madagascar [2] ;

— Maurice [2] ;

— Comores [1] ;

— Açores [1] ;

— Laguna [1] ;

— La Réunion [1] ;

L’objectif de cette action est de renforcer les capacités des établissements à produire
un enseignement dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficacité éner-
gétique en adéquation avec les besoins du marché et de la société. De plus, ce projet
s’adjoint également l’ambition de la définition d’une stratégie et d’une réglementa-
tion régionale des politiques énergétiques au niveau de l’Océan Indien. A l’instar de
ce qui est observé dans les pays de l’ACP 11 , i.e. une massification de l’enseignement
supérieur et le faible accès à des opportunités de financement a amené la mise en
œuvre de ce consortium à la demande de la Commission de l’Océan Indien (COI). Le
projet est piloté par le bureau de l’océan indien de l’AUF 12 pour une durée de 36 mois
jusqu’à janvier 2023, pour un montant total maximum de l’ordre de 700 ke.

10. Formation et Enseignement Supérieur pour la Transition énergétique dans les territoires Insu-
laires et en Indianocéanie
11. Afrique, Caraïbes, Pacifique
12. Agence Universitaire de la Francophonie
2.4. Activités de responsabilité collective 21

2.4 Activités de responsabilité collective


2.4.1 Vice-Doyen Formation et Insertion professionnelle au
sein de l’UFR SHE
J’ai été nommé Vice-Doyen depuis 2013 au sein de l’UFR SHE. J’ai assuré cette
responsabilité sur les mandatures de deux différents doyens, Pierre Leroyer et Domi-
nique Morau. Cette fonction a été l’occasion de participer aux instances centrales de
l’Université afin d’y présenter et défendre les dossiers de notre composante tout au
long de ces sept années. Les plus gros chantiers que j’ai eus à coordonner au sein de
l’UFR ont été deux bilans de l’offre de formation et deux accréditations de NOF 13 . Ma
tâche a été à la fois d’accompagner les départements dans la mise en œuvre de leur
bilan en produisant et synthétisant des données au sein de notre composante. Mais
surtout, de construire avec les équipes pédagogiques la NOF, en mettant en place un
schéma cohérent du développement de l’UFR. Ainsi dans cette nouvelle offre 2020-
2024, notre projet au sein de la SHE a été de développer deux aspects fondamentaux
qui constituent notre ADN qui font écho aux axes stratégiques de l’UR 14 :
— Rayonnement : L’offre de formation de la SHE s’est étoffée de nombreuses for-
mations délocalisées (Comores, Madagascar, Maurice). Ainsi, nous avons porté
un projet ambitieux qui est celui de renforcer la coopération dans l’Indiano-
céanie. Ce renforcement de notre rayonnement se fait par la délocalisation de
notre offre, l’accueil d’étudiants et de chercheurs de la zone, le déplacement de
nos étudiants lors d’école de terrain dans la zone. Toutefois ce rayonnement
ne se limite pas à l’Océan Indien mais concerne le monde entier, par le biais de
programme ERASMUS TROPIMUNDO de la BEST-T du Département d’Écolo-
gie Terrestre ou encore le Master Français langues étrangères, qui rassemblent
des étudiants du monde entier, et qui a la particularité d’être entièrement à
distance.
— Formation Continue : Faisant écho aux sollicitations des acteurs de notre
territoire, plusieurs formations de niveau Licence Pro et Master ont été por-
tées par notre composante. J’ai pu ainsi défendre et présenter l’importance de
ce déploiement de la FTLV 15 en cohérence avec notre ambiance d’un ancrage
territorial fort de notre offre de formation continue. Notre politique a été de-
puis la création de l’UFR un développement inclusif avec l’ensemble des acteurs
politiques et professionnels de notre territoire répondant à une réalité profes-
sionnelle locale et nationale.
Enfin hormis ces moments forts dans la stratégie de développement de notre UFR
13. Nouvelle Offre de Formation
14. Université de la Réunion
15. Formation Tout au Long de la Vie.
22 Chapitre 2. Détails des activités pédagogique et collective

que sont les NOF ou bilan de formation, ma fonction m’a permis au quotidien de
rencontrer les étudiants de tout bord, lors de nombreux salons de l’éducation ou
journées d’informations dans les lycées. J’ai participé ainsi en tant que Vice-doyen
à la promotion des formations de l’UFR SHE, auprès des étudiants aussi auprès de
décideurs politiques et autres entreprises qui accueillent de plus en plus les étudiants
issus de nos formations.

2.4.2 Responsabilités au sein de l’Université.


Depuis 2013 je représente l’UFR SHE dans différentes instances centrales de
l’Université. Ainsi, je participe au conseil académique ainsi qu’à la CFVU 16 , en tant
que vice doyen depuis 2013. Mon rôle a été de défendre les projets portés au sein
des départements de notre UFR. L’un des éléments clé fort de ma mission a été de
coordonner les bilans et les nouvelles offres de formation de l’UFR SHE. J’ai ainsi
participé aux différents groupes de travail (COPIL, COtech) permettant de fixer le
cadre des différents bilans ou projets.
J’ai été également nommé durant une année membre du conseil de l’ESPE. Depuis
2017, je suis élu au bureau de la COFIP 17 . Cette commission accompagne des
projets internes à l’UR, visant à une professionnalisation des étudiants à tous les
niveaux. Nous avons ainsi accompagné le financement de projets de type doctoriale,
challenges, journées de rencontres entreprises, séminaires de formation avec des
professionnels etc...

2.4.3 Activités hors les murs.


Les fonctions de maître de conférences nous confèrent un certain nombre de mis-
sions en dehors de l’UR. Ainsi tous les deux ans, je préside les jurys de bac dans les
lycées français. J’ai présidé les jurys de bac des lycées de Saint Paul IV (Réunion),
lycée français d’Antananarivo (Madagascar) et Johannesburg (Afrique du Sud).
Je suis également depuis 2019, membre des jurys projet de fin d’étude à l’ENSAM 18
- antenne de la Réunion. Depuis quelques années, l’ENSAM de la Réunion a mis en
place ses parcours de Masters ouvrant sur des spécialités de recherche. J’interviens
donc pour l’évaluation des mémoires et des soutenances des étudiants architectes
ayant choisi une orientation vers le doctorat. Cette collaboration a tout son sens
du fait que je travaille en recherche sur un certain nombre de questions en lien avec
l’aménagement et l’urbanisme. Nos collaborations sont amenées à se développer dans

16. Conseil de la Formation et la Vie Étudiante


17. Commission de l’Orientation et de la Formation pour l’Insertion Professionnelle
18. École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier
2.4. Activités de responsabilité collective 23

le temps, notamment dans le cadre de la formation de Master 2 Ville et Environne-


ments Urbains dont je suis responsable. Je participe également à la préparation à
l’oral de l’agrégation STI2D, avec le référent régional. J’interviens essentiellement
sur les dossiers d’étude de cas en lien avec les enseignements de thermodynamique
et de transferts thermiques. L’objectif est de permettre à l’étudiant de formaliser un
cadre théorique solide à la problématique qu’il aura défini. L’exercice consiste ainsi
de tester les connaissances que le candidat devra mobiliser autour de la modélisation
des systèmes énergétiques.
J’ai assuré également des enseignements et formation au sein du CNAM 19 à la
Réunion. J’ai dispensé une UE de thermodynamique et froid industriel sous la di-
rection de l’IFFI-CNAM 20 .
Dans le cadre des programmes d’échange ERASMUS MIC, j’enseigne chaque année
une formation à destination des doctorants et jeunes chercheurs de différentes insti-
tutions de recherche de Madagascar (Université d’Antananarivo, ESPA 21 IST Ambo-
sitra, IST Antananarivo). Comme l’illustre les images de la Figure 2.3, ces formations
se déroulent sous forme d’atelier de plusieurs jours.
J’ai été sollicité pour une formation des doctorants et jeunes chercheurs de l’IST
d’Antananarivo. La formation s’organise en différents temps qui peuvent prendre

Figure 2.3 – Formation à la valorisation scientifique, IST-A Mars 2020.

la forme de conférences afin d’illustrer les rendus et les attendus au niveau des re-
19. Conservatoire National des Arts et Métiers
20. Institut français du froid industriel
21. Ecole Supérieur Polytechnique d’Antananarivo
24 Chapitre 2. Détails des activités pédagogique et collective

vues scientifiques ou de congrès internationaux. D’autres temps sont consacrés à la


mise en pratiques des outils et méthodes abordés avec les stagiaires. Cet appui a per-
mis notamment de préparer les doctorants aux sessions posters et présentations aux
journées de la recherche des IST et journées des ESPA. Nous avons suite à cette expé-
rience commencer des « capsules » permettant la formation a distance. Je proposerai
ainsi une formation entièrement à distance d’un volume de 40h environ qui permet-
tra aux jeunes doctorants de se familiariser à l’ensemble des outils en lien les travaux
de recherche : bibliographie, édition graphique, anglais, éditeur LATEX, infographie,
moteur de recherche...

2.5 Synthèse
Durant ces dix premières années dans ma carrière d’enseignant-chercheur au sein
de l’UR, j’ai dû relever plusieurs challenges pédagogiques en fonction de mon dé-
partement d’appartenance. En effet, le cadre d’un IUT, régi par un PPN m’a permis
dans un premier temps de mettre en place et de consolider mes enseignements dits
classiques tels que la thermique ou la thermodynamique à un niveau licence. Cette
première étape plus qu’intéressante, m’a surtout été utile dans l’optique de dévelop-
pement de formations non-tubulaires. J’ai pu ainsi maintenir une interaction per-
manente avec d’autres champs, dans mon cas à l’IUT de la Réunion, il s’agissait de
l’énergie et du génie civil. En 2010, lorsque j’ai rejoint le département SBE, les en-
jeux et challenges étaient tout autres. Nous étions une petite équipe pédagogique
dont l’ambition a été de forger une offre transdisciplinaire autour des enjeux de la
construction durable en milieu tropical, de l’énergie et de l’environnement. Ainsi,
ce challenge m’a offert l’opportunité d’expérimenter différentes approches pédago-
giques innovantes afin de m’adapter au mieux aux différents publics d’apprenants. Le
département a toujours eu une approche liée avec le monde du Génie Civil et de l’Ur-
banisme au sein de son offre de formation. La jeunesse de notre département exige
une implication forte de son équipe pédagogique dans les responsabilités et autre
activités externes de promotion de nos formations. Bien que très chronophages, ces
activités demeurent très enrichissantes, et m’ont permis de faire le lien entre les dif-
férents services de l’université et nos besoins quotidiens d’enseignant. Enfin l’un des
points forts auquel je participe, et que je continue de développer est le renforcement
de notre coopération régionale. En effet, notre département est aujourd’hui le pre-
mier de l’UR en termes de formations délocalisées, et d’internationalisation des for-
mations. Nous avons été depuis ces trois dernières années lauréat de six programmes
ERASMUS+ de formation avec les pays de l’Indianocéanie. Cette coopération a d’au-
tant plus sens qu’elle trouve écho dans les axes stratégiques de la politique de notre
établissement autour du rayonnement de l’UR dans l’Indianocéanie.
Chapitre 3
Détail de mes activités d’animation
scientifique

Sommaire
3.1 Animation scientifique interne et externe . . . . . . . . . . . . . 26
3.1.1 Séminaires de doctorants à l’échelle du laboratoire . . . . . . 26
3.1.2 Thème : Efficacité énergétiques des espaces bâtis (E3B) . . . . 26
3.1.3 Organisation de conférences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.1.4 Séjours invités au sein d’équipe de recherche . . . . . . . . . 29
3.1.5 Actions de dissémination et vulgarisation scientifiques . . . . 29
3.2 Encadrement de travaux de recherche . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.2.1 Encadrement de thèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.2.2 Direction de thèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.2.3 Encadrement Post-doctoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.2.4 Projets de thèses 2021 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.2.5 Synthèse encadrement de la Recherche . . . . . . . . . . . . . 41
3.3 Production scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.3.1 Introduction générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.3.2 Revues internationales en évaluation . . . . . . . . . . . . . . 46
3.3.3 Revues internationales avec comité de lecture . . . . . . . . . 46
3.3.4 Chapitre d’ouvrages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.3.5 Conférences Internationales avec comité de lecture . . . . . . 48
3.3.6 Conférences Nationales avec actes . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.3.7 Conférences invitées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.3.8 Symposiums . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.3.9 Rapports de projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

A u moment de mon recrutement au sein du laboratoire PIMENT, un certain


nombre de changements organisationnels allait s’opérer autour de la
restructuration des thématiques de recherche. J’ai pu ainsi prendre part à cette
26 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

transition, qui a été pour moi également l’occasion de me questionner sur les axes
de recherche que je souhaitais porter dans le futur. Ainsi, dès le début de mon
recrutement, j’ai pu participer à l’animation scientifique du laboratoire en interne et
en externe. Bien que le laboratoire dispose d’une certaine reconnaissance régionale
et nationale, il demeure important de toujours valoriser les travaux menés.
Les différentes actions ont eu pour principal intérêt de garder le lien avec les acteurs
du domaine de l’énergie et de l’environnement du territoire réunionnais, et de
porter à leur connaissance les compétences développées localement, à un niveau
national et international. Les conséquences des actions ont essentiellement permis
d’augmenter notablement les collaborations de recherche avec les entreprises et
collectivités locales à travers des thèses CIFRE, consortium de projet ou encore
contrat post-doctoral. La mise en place de ces coopérations a contribué à assurer
un rayonnement scientifique autour des projets portés par des acteurs réunionnais
dans le domaine de l’aménagement, de l’énergie et de l’environnement.

3.1 Animation scientifique interne et externe


3.1.1 Séminaires de doctorants à l’échelle du laboratoire
L’une de mes premières implications en amont de mon recrutement et qui se sont
poursuivies durant l’année de stage a été la mise en place d’un espace d’échange entre
doctorants. En effet, j’ai initié au sein du laboratoire les séminaires entre doctorants,
qui avaient été repris par la suite par la nouvelle direction dans un cadre plus formel.
L’objectif de ces séminaires était d’encourager la formation des doctorants sur des
outils utiles à tous, dans le cadre des travaux de thèse. De plus, cet espace d’échange
nous a permis également de prendre mieux connaissance des différentes thèses en
cours au sein du laboratoire. La direction du laboratoire à part la suite officialisée
cette action par une rencontre mensuelle. À ce jour, ces séminaires permettent éga-
lement aux doctorants de cumuler des crédits durant les trois années de thèse. Ma
participation aux séminaires a porté sur l’aide à la préparation de poster pour l’as-
semblée générale du laboratoire ou congrès internationaux. J’ai également mis en
place un atelier de "Team Building" avec les doctorants afin de travailler sur la cohé-
sion du groupe, mais aussi une approche ludique de bilan de compétences.

3.1.2 Thème : Efficacité énergétiques des espaces bâtis (E3B)


Dans le cadre de la nouvelle direction du laboratoire PIMENT, j’assure la res-
ponsabilité depuis cette année 2020 de l’animation scientifique de ce thème. Ainsi,
nous effectuons deux à trois réunions annuelles, permettant dans un premier temps
3.1. Animation scientifique interne et externe 27

d’échanger sur les grandes échéances de l’année en terme de projet et de développe-


ment de la recherche. Il s’agit également d’effectuer une veille des travaux en cours
en permettant aux collègues de présenter leurs travaux en cours et échanger sur les
pistes d’évolution possible. L’objectif de ce travail d’animation est aussi d’encourager
les approches transdisciplinaires et le dépôt de nouveaux projets de recherche. Enfin,
l’un des éléments clé est la discussion sur les orientations stratégiques du thème. En
effet, l’objectif est de se placer dans la perspective d’un bilan à fournir dans le cadre
d’une évaluation, et, de réfléchir d’ores et déjà aux orientations à porter en cohérence
avec notre thème. Ces réflexions sont d’autant plus importantes qu’elles font aujour-
d’hui se côtoyer des thématiques historiques du laboratoire tel que la thermique du
bâtiment, ou le confort avec des thématiques plus récentes que sont l’urbanisme,
l’environnement, la qualité environnementale des espaces bâtis, les matériaux bio-
sourcés, etc. La nécessité de la mise en œuvre d’une stratégie autour d’une recherche
interdisciplinaire avait été déjà souligné lors du rapport d’évaluation du laboratoire
en 2014. Ainsi, ma mission dans ce thème est de permettre le glissement progres-
sif des collaborations via une approche multiscalaire de l’habitat et de l’habiter en
milieu tropical. Cela nous permettra à terme, de mobiliser et développer l’ensemble
des compétences nécessaires à notre thème qui à ce jour ambitionne d’aborder les
enjeux de recherche autour du bâtiment, du matériau, des usagers en allant jusqu’au
quartier, la ville et son environnement.

3.1.3 Organisation de conférences


Outre les congrès nationaux ou internationaux auxquels je participe régulière-
ment dans le cadre de mes travaux, j’ai eu l’opportunité de prendre part à l’orga-
nisation de différents colloques au sein du laboratoire PIMENT ou à l’extérieur. A
la fin de ma thèse, j’ai pu participer à l’organisation de la conférence IBPSA France
qui s’était déroulé à l’IUT de la Réunion. J’avais ainsi pris part à la préparation des
supports de communication et également être dans l’équipe d’accueil et d’assistance
des conférenciers. Depuis mon recrutement j’ai pris part à quatre conférences, que
je détaille ci-dessous :
— [TRANSEETER, 2017] - "Transition énergétique à l’épreuve des territoires"
Nous avons initié ce colloque conjointement avec le laboratoire CEMOI 1 de
l’Université de la Réunion en 2006. Ce colloque a réuni des chercheurs, des
acteurs publiques, professionnels et nos étudiants de Master 2 VEU durant deux
jours sur des thématiques en lien avec la transition énergétique, voir Figure
3.1. Avec ma collègue Fiona Bénard, nous avons monté le projet, et organisé
l’ensemble des éléments de communication. Le colloque a donné lieu à des
conférences en matinée et des ateliers l’après-midi sur la ville durable tropicale,

1. Centre d’Economie et de Management de l’Océan Indien


28 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

la vulnérabilité en milieu insulaire, etc.

Figure 3.1 – Conférenciers du colloque TRANSEETER, 2017.

— [ICEECC, 2019] - "International Conference on Energy, Environment and Cli-


mate Change"
Dans le cadre de colloque, j’ai fait partie du comité scientifique international,
j’ai ainsi évalué les propositions de communications dans le domaine de l’éner-
gie et de la vulnérabilité des îles. En marge du colloque, j’ai été sollicité pour
participer au montage d’un nouveau consortium qui est actuellement proposé
auprès de l’UNDP 2 . Ce consortium réunira des chercheurs internationaux qui
travaillent sur les différents aspects de la vulnérabilité des territoires insulaires
et des stratégies à mettre en œuvre afin de faire face aux effets du changement
climatique.
— [JRI, 2017-2020] - "Journées de Recherche des IST de Madagascar"
Outre mon implication dans le comité scientifique, j’ai animé un atelier sur le
thème des énergies renouvelables et la transition énergétique. J’ai été égale-
ment amené à présenter une conférence sur l’analyse de données au service
de la compréhension des dynamiques territoriales. Ces journées de recherche
m’ont également permis d’organiser en parallèle des workshops avec les ins-
titutions partenaires et les chercheurs malgaches afin de fédérer du montage

2. United Nations Development Programme


3.1. Animation scientifique interne et externe 29

de consortium dans l’Océan Indien. J’ai pu ainsi à la fois présenter le bilan de


projet franco-malgache (EBENE financé par l’AUF), mais également discuter
des contours des futurs appels à projets.
— JSESPA, 2021 - "Journées Scientifiques de l’ESPA 3 "
Je participe au sein du comité dans les phases de préparation du colloque, ainsi
que la préparation d’une conférence sur la transition énergétique en milieu
insulaire. De plus, j’ai évalué plusieurs articles pour le colloque et préparer les
doctorants lors d’une première formation en mars 2020 à la communication
scientifique.

3.1.4 Séjours invités au sein d’équipe de recherche


Depuis 2017, j’ai initié une coopération de recherche avec le Dpt. of the Chemical
& Environmental Engineering - University of Mauritius (UoM). Ainsi, je collabore
avec le Dr. Dinesh Surroop sur les problématiques de transition énergétique dans
les îles et avec le Dr. Pratima Jeetah, sur les questions environnementales à partir de
l’analyse de cycle de vie, et de l’étude de la perception des usagers sur de nouvelles
pratiques. J’ai séjourné à trois reprises à l’UoM. Deux de mes séjours m’ont permis
de me former et de développer le modèle OSEMOSyS pour la Réunion. Le troisième
séjour a permis de rédiger un projet sur les îles africaines qui vient d’être validé par
le ministère mauricien. Depuis 2018, j’ai le statut de Visiting Professor au sein de
l’UoM.

Je suis également chercheur invité aux départements de Génie Industriel et Génie


Civil de l’IST d’Antananarivo depuis 2014. Notre collaboration porte aujourd’hui sur
des travaux initiés sur l’analyse de cycle de vie de matériaux innovants, et de l’étude
des systèmes de production énergétiques renouvelables à Madagascar. Depuis 2018,
avec le Dr. F. Bénard, nous avons ouvert le champ de nos collaborations aux thèmes
de recherche en lien avec l’aménagement et l’urbanisme. En effet, la capitale Anta-
nanarivo, est un terrain d’étude particulièrement intéressant du fait de son contexte
socio-économique et de dynamique territoriale importante (en particulier son étale-
ment urbain).

3.1.5 Actions de dissémination et vulgarisation scientifiques


3.1.5.1 Forum et salon des métiers
Depuis mon recrutement, je participe chaque année à des forums des métiers,
salon de l’étudiant pour présenter à la fois notre offre de formation et le métier
d’enseignant-chercheur dans le domaine de l’énergie. Mes interventions se déroulent
3. Ecole Supérieure Polytechnique d’Antananarivo
30 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

à la fois dans les lycées pour sensibiliser les futurs bacheliers aux opportunités du mé-
tier de chercheur, mais également à des regroupements organisés par le rectorat. En
2016, j’ai également participé au salon de l’enseignement supérieur à Antananarivo.
L’objectif de présenter plus largement les débouchés que propose l’UR dans le do-
maine de sciences technologie et santé.
Parallèlement aux salons, j’ai participé aussi aux Fêtes de la Science. L’objectif de me-
ner des actions de sensibilisation auprès du grand public sur les problématiques de la
transition écologique, mais également, la présentation d’application et d’application
pratiques en lien avec les énergies renouvelables.

3.1.5.2 Dissémination scientifique

INTERREG V – Dans le cadre du programme de coopération régionale de


l’Europe, nous avons présenté une synthèse des travaux associés à la thèse de ma
doctorante Mme Rasamoelina à la Région Réunion.

FORUM RÉGIONAL DES ÉNERGIES DURABLES – En 2019, j’ai été invité pour
proposer une conférence sur les enjeux sociétaux de la transition énergétique dans
l’Indianocéanie. J’ai pu ainsi présenter des travaux de recherche conjoints entre Ma-
dagascar et la Réunion sur la prospective énergétique dans des territoires insulaires
intitulé : "Des énergies fossiles aux énergies renouvelables : tour d’horizon et scénario à
long terme de Madagascar". Ce forum nous a été également l’occasion de rencontres
de nombreux acteurs locaux et internationaux sur les enjeux de la transition en mi-
lieu insulaire.
VULGARISATION GRAND PUBLIC – Chaque année, je participe au sein de dif-
férentes associations ou collectivités à des opérations de vulgarisation scientifique de
mes thématiques de recherche. J’ai ainsi été invité au Rotary Club Saint Pierre/Entre-
deux pour une conférence sur la transition énergétique, voir Figure 3.2. Cette inter-
vention m’a permis d’étendre mon réseau d’acteurs locaux dans le secteur socio-
économique et politique. Cela a eu pour fruit immédiat de me permettre des nou-
veaux contacts rapides qui aboutissent en ce moment en la finalisation de différents
projets de thèse. En 2021, une conférence sera proposée à Antananarivo en partena-
riat avec l’Alliance Française, sur la thématique de l’analyse de cycle de vie appliqué
au secteur de la construction et de l’énergie.

3.2 Encadrement de travaux de recherche


Dans cette partie, je n’ai pas listé volontairement les encadrements annuels ef-
fectués au niveau Master ou L3. En effet, étant l’enseignant référant sur les questions
de l’énergie, je suis souvent sollicité pour suivre les étudiants en stage. J’assure ainsi
3.2. Encadrement de travaux de recherche 31

Figure 3.2 – Conférence Rotary Club Saint Pierre/Entre-deux 2019.

chaque année le rôle de tuteur pédagogique pour les stagiaires en énergie, mais éga-
lement en urbanisme. De plus, je propose systématiquement deux ou trois sujets de
recherche de niveau master. Compte tenu du volume trop important d’étudiants en-
cadrés en dix ans, je retiens pour les stages proposés que ces stages m’ont permis de
travailler avec des candidats qui présentaient un profil intéressant pour une pour-
suite en thèse de doctorat. Ainsi, j’ai pu mettre en place cinq thèses et deux projets
actuellement en cours en dix ans.
Ainsi cett partie ne sera consacrée uniquement aux thèses et contrat post-doctoral.
Les thèses que j’ai initiées sont essentiellement en lien avec deux parcours de forma-
tion ; le Master VEU (Réunion) et le Master Génie Civil parcours EBENE (Madagas-
car). Ainsi les sujets qui seront abordés ci-dessous traitent des trois aspects de mon
travail de recherche : l’énergie, l’environnement et les espaces bâtis.
Dans le cadre des différents programmes de coopération de type ERASMUS + , Fi-
nancement AUF ou encore les bourses BGF 4 j’encadre également des étudiants de
tout horizon, à titre d’exemple :
— J’ai accueilli deux étudiants de 5e année à l’EIVP 5 . L’objet de leur stage avait
été pour l’un l’étude des régions ultrapériphériques de l’Europe et pour l’autre
la stratégie de développement des énergies renouvelables pour la transition
énergétique de la Réunion ;
— J’ai travaillé également durant neuf mois avec Maxime KAUFF de l’Université
des Sciences appliquées de Trèves sur "Perception et acceptabilité des énergies
renouvelables par la population de l´île de la Réunion" ;
— J’ai accueilli également plusieurs étudiants ingénieurs ou en Master pour des
4. Bourses du Gouvernement Français
5. École des ingénieurs de la ville de Paris
32 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

stages de recherche niveau bac + 5, sur des thèmes liés à l’analyse de données
ou encore la modélisation de la production énergétique renouvelable à l’échelle
d’un système ou d’un territoire.

3.2.1 Encadrement de thèses


J’ai eu l’opportunité d’encadrer quatre thèses, dont la direction était assurée par
Pr. J.C. Gatina et le Dr HDR L. Adelard (thèse de V.R. Rakotoson). Parmi ces thèses,
une a déjà été soutenue en 2018. Ces encadrements sont représentatifs de la porosité
existante dans mes travaux de recherche entre les deux équipes thématiques du la-
boratoire : Bâtiment et Énergie. J’ai résumé dans la Figure 3.3, l’ensemble des thèses
que j’ai encadrées ou dirigées. Comme le montre le schéma, les thèmes des différents
sujets de thèse reposent sur les deux thématiques du laboratoire et sont même trans-
versaux dans certains cas au deux (thèses de L. Ayagapin & V. Russeil).
Les financements de ces thèses reposent sur cinq types de financement :

Figure 3.3 – Répartition des thèses encadrées ou dirigées selon les thématiques du
laboratoire.

— FEDER ;
— INTERREG ;
— ADEME ;
— CIFRE ANRT ;
— Higher Education Commission of Mauritius.
3.2. Encadrement de travaux de recherche 33

Vanessa Rolande RAKOTOSON – Intégration de l’analyse du cycle de


vie dans l’étude de la consommation énergétiqe en milieux insulaires.
Financement : INTERREG [Région Réunion] – Laboratoire PIMENT - Université de la
Réunion, Taux d’encadrement 90%, (soutenue le 7 Décembre 2018) – I. HAL-Thèse.
résumé – Le développement d’un territoire induit a bien des égards une augmen-
tation de la consommation électrique : développement économique, intensité énergétique
des ménages, etc. Sous la pression de ces dynamiques territoriales, une réponse immédiate
a été le recours aux ressources fossiles pour produire cette énergie. Cela demeure encore
vrai pour le cas particulier des territoires insulaires tel que la Réunion. La loi de transition
énergétique pour la croissance verte a imposé aux territoires ultramarins d’atteindre
l’autonomie énergétique en 2030, avec le passage une étape intermédiaire de 50% pour
2020. Ainsi, ces travaux de thèse ont eu pour principal objectif de construire une approche
prospective de la Réunion à l’aune des contraintes de limitation des émissions de gaz à effet
serre pour la production et distribution de l’électricité. À partir de l’analyse de cycle de vie
et suivant les normes ISO 14044, les centrales de production d’électricité du territoire sont
évaluées sous différents impacts environnementaux. La démarche adoptée a été de mettre
en place un outil d’évaluation adapté à tout territoire, permettant d’identifier les étapes et
les processus fortement contributeurs pour la production de 1 kWh électrique. Les résultats
de ce diagnostic servent de points de repère pour élaborer les scénarios de production,
établis dans une démarche de modélisation prospective. Huit scénarios proposés ont été
développés pour répondre aux contraintes environnementales, techniques, sociales et
économiques.

Kelvin PAVADÉPOULLÉ – Interactions socio-économiqes des projets urbains


sur un territoire - Cas de La Réunion.
Financement : FEDER [Région Réunion] – Laboratoire PIMENT - Université de la Réunion,
Taux d’encadrement 20%, 2017.
résumé – Depuis une quinzaine d’années, les quartiers dits "durables" fleurissent
sur l’ensemble du territoire. La plupart des travaux de recherche actuels s’intéressent plus
aux effets internes de projets et n’observent que rarement les interactions ou effets avec
les espaces adjacents. Ainsi, cette thèse a pour ambition d’évaluer à travers une analyse
multidimensionnelle des quartiers les différentes interactions entre un projet et son envi-
ronnement immédiat. Pour ce faire des approches croisées sont utilisées allant d’enquêtes
de terrain, en passant par l’analyse de données spatiales à l’échelle du quartier iris ou
encore des interviews d’acteurs publiques. Deux projets d’aménagement sur l’ensemble de
leurs aires urbaines à l’île de La Réunion ont servi de terrain d’analyse, sur la période 2006
– 2016. Le premier projet est l’opération ANRU de Ravine Blanche à Saint-Pierre ; le second
est le projet ex nihilo d’une Zone d’Aménagement Concerté de Beauséjour, à Sainte-Marie
(ZAC Beauséjour), nominé au label national « ÉcoQuartier ».

Eve ETIENNE – Approche compréhensive des projets d’aménagement durables


en milieu insulaire : application à La Réunion.
Financement : FEDER [Région Réunion] – Laboratoire PIMENT - Université de la Réunion,
34 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

Taux d’encadrement 30%, 2017.


résumé – Construire et produire la ville durable en milieu tropical insulaire ques-
tionnent immédiatement sur la reproductibilité des processus importés d’ailleurs et mis
en œuvre à cette fin. Les contraintes géographiques fortes ou encore une croissance dé-
mographique soutenue sont à titre d’exemple des caractéristiques différenciant les espaces
continentaux de ces territoires insulaires. Ainsi, cette thèse s’attache à questionner la façon
d’aménager durablement un territorial tropical insulaire, en tenant compte et préservant ses
spécificités. Pour ce faire, deux verrous scientifiques font l’objet d’une investigation toute
particulière : La première de construire une méthodologie adaptée au contexte et identifier
quels outils et informations faut-il mobiliser pour la compréhension de notre problématique.
La seconde est d’observer à travers la définition des typologies de sites existants dans la lit-
térature, si cela induit une topologie des projets d’aménagement. Ainsi, le travail effectué
dans le cadre de cette thèse repose sur une analyse de type text mining des documents d’ur-
banisme, des projets et de la littérature. Ce travail est complété par des travaux d’entretien
ainsi que de l’analyse exploratoire de données permettant de poser un diagnostic objectif de
la situation des territoires étudiés.
Ludovic FONTAINE – La gestion et la valorisation des déchets ménagers et
assimilés dans les territoires insulaires – Vers une territorialisation du poten-
tiel des déchets
Financement : FEDER [Région Réunion] – Laboratoire PIMENT - Université de la Réunion,
Taux d’encadrement 30%, 2018.
résumé – La question de la gestion des déchets est une problématique importante
pour toutes collectivités territoriales, mais elle est plus encore dans un contexte insulaire.
En effet, ces territoires diminués spatialement et ayant des caractéristiques complexes pré-
sentent avant tout des qualités majeures pour réaliser et résoudre le problème que repré-
sente le déchet. La présente thèse se propose d’évaluer le potentiel des déchets ménagers
et assimilés, parce que, de par leurs spécificités ces déchets présentent un fort potentiel de
valorisation énergétique. Il a ainsi pour objectif d’une part d’accroitre tout d’abord l’effi-
cacité des collectivités vis-à-vis de sa responsabilité en tant que gestionnaire des déchets
et d’autre part de contribuer à l’effort de " recentrage " de ce potentiel dans le territoire,
mais aussi dans le but de contribuer plus globalement à la résolution des problèmes liés à la
gestion des déchets dans les territoires insulaires.

3.2.2 Direction de thèses


Lors de mon inscription en HDR, j’ai eu l’opportunité de m’engager également dans
une démarche de direction de thèse. Ainsi, je me suis clairement positionné en m’engageant
dans des différentes directions de thèses, en demandant une dérogation pour un non-HDR.
Ces directions illustrent aujourd’hui clairement mon positionnement de recherche qui sera
détaillé dans la partie 2 de ce manuscrit. En effet, mon objectif dans la formation par la
recherche est d’accompagner les pays de la zone Océan Indien dans le développement de nos
axes de recherche communs. Je me suis donc orienté lors de l’inscription de ma première
direction de thèse, celle de Leslie AYAGAPIN, à soutenir mon HDR avant décembre 2021.
3.2. Encadrement de travaux de recherche 35

Actuellement, je dirige trois thèses à l’Université de la Réunion et je co-dirige deux thèses


à University of Mauritius et une dernière l’IST d’Antananarivo. Les travaux de thèse que
je porte témoignent directement des interactions que j’ai avec des acteurs publics ou
profesionnels dans le domaine de la transition écologique. Ces thèses témoignent également
de ma volonté forte depuis plusieurs années d’initier un axe fort de coopération scientifique
dans l’Indianocéanie. La co-direction de ces thèses avec Madagascar ou Maurice s’intègre
systématiquement dans des projets de recherche en cours. L’objectif est d’inscrire ces
coopérations dans le temps et les maintenir comme axe stratégique de recherche dans
l’océan indien, qui ne se contraint pas uniquement par la durée du doctorat.

Leslie AYAGAPIN – Analyse de la qalité environnementale d’un qartier-


iris en milieu tropical insulaire : Une approche multi-scalaire
Financement : ANRT [Fibres Industries Bois] – Laboratoire PIMENT - Université de la
Réunion, Taux d’encadrement 80%, 2018. Co-direction : Pr. Harry Boyer – UR.
résumé – L’activité anthropique induit aujourd’hui une pression importante sur
l’environnement. Les engagements de la France dans le cadre de sa loi LTECV 6 visent à
réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Dans le secteur de la construction
qui compte parmi les plus émissifs, l’ambition est d’atteindre un niveau de performance
énergétique et environnementale conforme au modèle de bâtiment E+ /C− 7 pour l’ensemble
du parc de logements à 2050. L’objectif de cette thèse est de mettre en œuvre un outil de
simulation et d’analyse de la qualité environnementale des espaces bâtis, au service des
politiques publiques et professionnels locales, aussi bien en phase de conception qu’en
phase de fonctionnement. Á partir de la méthodologie de l’analyse de cycle de vie, ces
travaux questionnent la notion d’impact environnemental dans un premier temps. Toute-
fois, l’analyse du secteur de la construction s’entrevoit par une approche plus holistique
incluant les problématiques d’économie circulaire, des enjeux sociétaux en lien avec l’em-
ploi, mais également la fin de vie des matériaux avec la valorisation des déchets du bâtiment.

Rindrasoa Miangaly RASAMOELINA – Modélisation prospective et analyse


spatiale : Scénarios de production électriqe des îles du Sud-Ouest de l’Océan
Indien
Financement : INTERREG [Région Réunion] – Laboratoire PIMENT - Université de la
Réunion, Taux d’encadrement 80%, 2019. Co-direction : Pr. Hery Tiana Rakotondra-
miarana – Université d’Anatananarivo.
résumé – Actuellement, réussir la transition énergétique dans le cadre de l’atténua-
tion du changement climatique et du développement est un objectif fixé par de nombreux
pays. De ce fait, diverses études ont été menées pour analyser les futurs possibles de la
production et la consommation énergétique. Cependant, ces derniers étant principalement
focalisés sur les régions continentales, il n’existe pas de modèle énergétique générique qui
puisse répondre pleinement aux problèmes de planification énergétique des zones isolées.
Compte tenu de cela, cette thèse se propose d’élaborer une méthode de planification

6. Loi de transition énergétique pour la croissance verte


7. Bâtiments à Énergie Positive et Réduction Carbone
36 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

énergétique multidimensionnelle particulièrement adaptée aux milieux insulaires en tenant


compte des spécificités et des contraintes de ces territoires sur l’échelle spatio-temporelle.
Les travaux de recherche analysent le cas des îles de la Région Océan Indien. Les spécificités
de ces îles mettent en exergue la nécessité de considérer deux cas d’étude : la grande île
(Madagascar) et les petites îles (La Réunion, Mayotte, Seychelles, Maurice, Comores).
La thèse revêt à la fois un enjeu stratégique et un enjeu méthodologique : « Dans quelles
mesures initier et assurer la transition énergétique tout en répondant au développement
durable dans les milieux insulaires ? Comment intégrer les dimensions économiques,
sociales, environnementales et spatiales dans les modèles de planification électrique des
milieux insulaires ?»

Valentin RUSSEIL – Co-construction d’une prospective territoriale pour


l’appui aux politiqes publiqes sur l’autonomie alimentaire et énergétiqe de
l’île de La Réunion.
Financement : ADEME – Laboratoire PIMENT - Université de la Réunion, Taux d’enca-
drement 50%, 2019. Co-direction : Pr. Jean Philippe TONNEAU – UMR TETIS CIRAD.
résumé – Dans un contexte général de réflexions croissantes autour des notions
d’autonomie alimentaire et énergétique, l’action à l’échelle des politiques de planification
territoriale apparaît de plus en plus pertinente. Territoire ultramarin français, La Réunion
est une île où les enjeux autour de ce sujet sont accrus : isolement géographique, impor-
tante hétéronomie en ressources, pression démographique forte et un foncier contraint.
Une approche par la modélisation systémique semble ici nécessaire pour envisager des
trajectoires possibles du territoire au regard de sa capacité propre à faire face à une
demande alimentaire et énergétique en augmentation. En amont, un diagnostic des liens
entre autonomie énergétique et alimentaire ainsi qu’une première évaluation de la prise
en charge en termes de politiques publiques du sujet permet de définir un état initial de
la modélisation. La modélisation est basée sur un logiciel d’analyse spatiale adapté à la
prospective territoriale : Ocelet. In fine, la modélisation et les scénarios obtenus offrent une
base pour de l’évaluation de politiques « ex ante » afin d’identifier des leviers pour l’accom-
pagnement des changements en faveur d’une transition énergétique et alimentaire intégrée.
Tout au long du projet, la méthodologie retenue cherche à co-construire en intégrant
l’expertise d’acteurs du territoire à différents niveaux : entretiens lors du diagnostic servant
de base conceptuelle à la modélisation, restitution des résultats en parallèle d’ateliers de
discussions pour affiner le modèle et pour réaliser de l’évaluation participative de politiques
publiques.

Dans les trois thèses présentées ci-dessous je suis en co-direction des travaux sur trois
thèmes différents : l’environnemnent, l’énergie et l’urbanisme.

Nausheen JAFFUR – Economic feasibility of manufacturing reinforced


composite products from lignocellulosic materials to be used as substitute for
plastic and paper.
3.2. Encadrement de travaux de recherche 37

Financement : HEC 8 – Dpt. of Chemical and Environmental Engineering, Taux d’enca-


drement 30%, 2020. Supervisor : Dr. Pratima JEETAH – University of Mauritius.
résumé – Cellulosic materials originating from plant fibres are ideal in va-
rious applications due to the different properties they offer which include low toxicity,
environment-friendly, biodegradability, availability, renewability, low-cost and biocompa-
tibility. Cellulose can be extracted through mechanical, chemical or enzymatic extraction
from renewable and readily available bio resources such as coconut coir, elephant grass,
bagasse, jute, hemp, flax and sisal. These plant fibres have the possibility of substituting
synthetic materials in the biomedical field and polymer matrix reinforcement in order
to produce composites (Mondal, 2017 ; Augustin et al., 2014 ; Fukuzumi et al. 2009). This
study will deal with bioplastic production from both cellulosic and starchy material along
with recycled wastepaper individually reinforced with cellulosic materials derived from
agricultural residues with special focus on the concept of the resource-efficient low carbon
economy through revolutionary use of agricultural residues for producing consumer
products such as cups, labels, plates, packaging and writing materials. The goal is to use
bio-based materials containing the highest possible proportion of materials derived from
renewable biomass feedstocks while adopting less resource and energy intensive processes
as well as finding more economical measures of producing composite products to substitute
paper and plastic material to secure a sustainable future. The overriding aim behind this
study is to investigate into the possibility of developing environment-friendly, good quality
and low-cost composite materials using the maximum possible amount of renewable
biomass-based derivatives (cellulosic and starchy materials) extracted from various local
agricultural residues while emphasizing on energy and resource efficient processes as
well as comparatively assessing the economic viability alongside the efficient processes
adopted for the production of these biomass derived composite products in order to achieve
optimum carbon, resource, energy and cost benefits to meet the market value. Following
the production and evaluation of the products as well as a social investigation into the
perception, degree of awareness and consumer attitudes among the locals in Mauritius
and Reunion, the latter will eventually be proposed and commercialized to food outlets,
restaurants and hotels.

Hassen NABILAH – Decarbonising energy systems of African SIDS for long-


term energy scenarios
Financement : HEC – Dpt. of Chemical and Environmental Engineering, Taux d’encadre-
ment 50%, 2020. Supervisor : Dr. Dinesh SURROOP – University of Mauritius.
résumé – Over the past decades, the whole world has experienced the effects of cli-
mate change and global warming as a result of elevated anthropogenic carbon dioxide emis-
sions. SIDS are contributing the least emissions of greenhouse gases and yet they are the
most affected. The impacts of climate change have the ability of negatively influencing an
extensive range of socio-economic aspects in SIDS – public health, sanitation, food security,
economic development and employment amongst others. The Paris Agreement under the
United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC) is an international

8. The Higher Education Commission of Mauritius


38 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

treaty signed by 195 countries aiming to reduce their emissions contributing to global war-
ming. In order not to exceed two degrees, long-term mitigation scenarios converge towards
reducing the global GHG emissions to 40-70% by 2050 and emissions levels of zero or below
in 2100. SIDS rely heavily on fossil fuels to meet their energy needs, especially for electri-
city generation and transport and therefore are extremely vulnerable to exogenous econo-
mic shocks and supply volatility. One strategy to address the economic and environmental
challenges is to transition from fossil fuel to renewable energy resources. Without access to
sustainable energy, the African SIDS cannot unfold development goals including economic
growth, health, security and most importantly education of the future generation. Conse-
quently, it is of prime importance to devise plans to optimise the current energy system and
strategies to achieve 100% electrification rates to enable structural transformation in SIDS.
The aim of this study is to investigate the pathways to optimise the electricity generation
using renewable energy resources and decarbonise the energy sector in African SIDS. The
specific objectives of this thesis are :

— Study the energy system of the African SIDS ;

— To develop an energy optimisation model with respect to cost for the SIDS and exa-
mine potential pathways to increase the renewable energy shares ;

— To devise strategies to achieve 100% electrification rate in some SIDS ;

— To develop feasible scenarios to mitigate global warming ;

— To investigate the energy system decarbonisation pathways to come up with relevant


energy policy ; options to improve the energy system in the experimental SIDS.

Lantonirina RAMANITRARIVO – Amélioration des infrastructures de


transport routier de voyageurs : Cas des gares routières de l’agglomération
d’Antananarivo
Financement : IST-Antananarivo – École du Génie Civil, Taux d’encadrement 50%,
2017. Directeur : Pr. Jean Lalaina RAKOTOMALALA – IST-A.
résumé – La thèse consiste à étudier les infrastructures de transport routier de
voyageurs particulièrement les gares routières de l’agglomération d’Antananarivo. Les
enquêtes menées auprès des utilisateurs ont mis en évidence des problèmes liés à la qualité
de service et à l’aménagement intérieur de ces équipements, mais surtout des problèmes
d’ordre spatial et urbain. Les gares routières sont mal intégrées dans leur territoire, le trans-
fert modal ne se fait pas toujours correctement d’où le fait que leur accessibilité soit remise
en cause. La recherche vise alors à apporter des solutions pour améliorer l’organisation
de ces infrastructures et satisfaire en même temps leurs usagers. Les propositions ne sont
pas formulées sans connaître le fonctionnement de l’agglomération d’Antananarivo et ses
visions futures en termes de structure spatiale, de développement urbain, d’occupation du
sol et d’organisation des transports.
3.2. Encadrement de travaux de recherche 39

3.2.3 Encadrement Post-doctoral


En 2018, dans le cadre de la fiche action 1.16 du POE FEDER 2014-2024, nous avons obtenu
un financement FEDER et Région Réunion pour le projet de recherche.

MAROONER : "Qualité de vie dans les quartiers réunionnais, lecture dialectique des
représentations des habitants et gestionnaires du territoire".

Ce travail s’intéressait à la manière dont les habitants et gestionnaires du territoire réunion-


nais conçoivent la qualité de vie dans les quartiers et leurs représentations de la désirabi-
lité environnementale en lien avec les modes d’habiter. En effet, au-delà des propriétés phy-
siques, matérielles objectives, le lieu est le produit des représentations des acteurs (gestion-
naires/habitants), et ce processus mental joue un rôle prépondérant dans la façon dont le lieu
est vécu. Ainsi, un même espace peut-être l’objet de diverses représentations, et dans la fa-
brique urbaine la question de ces représentations est sensible, du fait du nombre d’acteur, ce
qui peut rendre complexe la définition d’un lieu et de ses objectifs, notamment en matière de
durabilité.
Nous avons ainsi croisé les discours des gestionnaires et de la population dans nos analyses
afin d’évaluer en quoi ces représentations se distinguent, se rejoignent et influencent la pro-
duction de l’espace réunionnais. L’objectif de travaux était de véritablement les méthodo-
logies des sciences sociales pour appréhender la perception des usagers et des experts sur
les transformations en cours sur le territoire. Pour ce faire, j’ai recruté durant deux ans le
Dr. Amandine PAYET JUNOT qui est spécialisée en psychologie de l’environnement et
qui a apporté toute son expertise méthodologie et de terrain, pour mes questionnements de
recherche.
40 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

3.2.4 Projets de thèses 2021


Pour l’année prochaine trois projets sont déjà amorcés avec des acteurs du territoire.
Ainsi je vais mettre en place avec deux collègues du département deux thèses en lien avec
notre formation en urbanisme et une thèse dans le domaine du bâtiment.

Mahéva PAYET – Décarbonisation du secteur du transport en milieu insu-


laire : Une approche prospective des impacts environnementaux économiqes et
sociétaux.
Financement : FEDER [Région Réunion] – Université de la Réunion, Taux d’encadrement
50%, 2021. Co-direction : Pr. Michel DIMOU - LEAD Université de Toulon | Fiona
Bénard – UR.
résumé – La transition énergétique est aujourd’hui un enjeu sociétal majeur exigeant
la mise en place de procédures technologiquement innovantes et économiquement viables.
Les territoires insulaires apparaissent comme des espaces particulièrement vulnérables
qui doivent relever ce défi de façon urgente. Le changement climatique, la sécurité et la
fiabilité énergétiques ainsi que la volatilité des prix sont des facteurs qui contribuent à
la transformation socio-technique rapide des territoires insulaires. À l’île de la Réunion,
en 2018, l’indépendance électrique est de l’ordre 36,5%, mais l’indépendance énergétique
plafonne à 12,8% à cause, notamment, du secteur des transports. Ce travail de thèse se
focalise sur la transformation du secteur des transports en milieu insulaire. L’objectif de
cette thèse est de construire différents scénarios d’évolution des transports à La Réunion
afin d’identifier les trajectoires possibles de transformation énergétique du territoire. Ce
travail exige un diagnostic complet des performances et des évolutions passées et futures
du secteur des transports à la Réunion, en évaluant les impacts de ces changements sur
la vulnérabilité économique et sociale des ménages. Cette thèse ambitionne de formuler
un certain nombre de propositions concrètes permettant d’orienter les stratégies politiques
régionales sur le développement des transports à la Réunion.

Recio Alfonso José BLÁZQUEZ – Valorisation des matériaux recyclés is-


sus des déchets agricoles dans le secteur de la construction.
Financement : ANRT [CANDA CONSTRUCTION] – Université de la Réunion, Taux
d’encadrement 50%, 2021. Co-direction : Dr Damien Fakra.
résumé – Dans un contexte insulaire isolé, la question de la gestion des déchets a
pris depuis une dizaine d’années une toute autre orientation qui est celle de la valorisation.
De nombreux travaux se sont focalisés sur la question de la valorisation. Ce projet de thèse
s’inscrit dans le contexte propice de développement de nouveaux matériaux à partir de
résidus agricoles appliqués au secteur du bâtiment. Ce travail s’appuie donc sur la logique
de l’inclusion de matériaux plus respectueux environnementalement. Ainsi, une première
partie du travail s’attachera à diagnostiquer les filières possibles de valorisation des déchets
agricoles, mettre en œuvre des expérimentations pour la production de matériau type. Puis
dans un second temps, une analyse de cycle de vie va permettre d’évaluer la qualité de ces
matériaux et de leur impact sur l’économie locale. L’objectif sera ainsi de pouvoir avoir une
approche globale de la qualité environnementale de ces futurs bâtiments.
3.2. Encadrement de travaux de recherche 41

Anne Lise GRONDIN – Valorisation des matériaux recyclés issus des déchets
agricoles dans le secteur de la construction.
Financement : ANRT [Mairie de Saint Joseph] – Université de la Réunion, Taux d’enca-
drement 30%, 2021. Direction : Dr Fiona Bénard.
résumé – L’opposition entre le rural et l’urbain est aujourd’hui encore main-
tenu par les pratiques et les représentations spatiales. Dans un contexte géographique
contraint comme celui de la Réunion qui a connu une urbanisation forte les séparations
dichotomiques semblent vouloir s’effacer à la lumière d’un discours politique prônant la
reconnaissance du caractère spécifique de la ville rurale et de ses spécificités. Ainsi, cette
thèse est d’observer la question de l’attractivité de ces territoires ruraux au regard du
dynamisme de la population. Par quels mécanismes peut-on aider au développement de
ces territoires des Hauts et participer ainsi au rayonnement global de la commune tout
en gardant le côté traditionnel et identitaire du territoire ? Quelles sont toutes les formes
d’attractivité de ces territoires ? De l’attractivité résidentielle à l’attractivité touristique,
en passant par l’attractivité économique, quels sont les leviers à activer pour trouver un
équilibre entre toutes ces formes d’attractivité et l’identité territoriale ? Comment mettre
en place un aménagement soutenable du territoire en lien avec les besoins de construction
d’espaces bâtis et de développement d’activités.

3.2.5 Synthèse encadrement de la Recherche


Le métier d’enseignant-chercheur a cela de singulier qu’il nous prépare durant nos 36
mois de doctorat à faire de la recherche. En aucun cas, nous sommes véritablement formé à
enseigner à la manière des cycles de formation de l’INSPE 9 . De façon identique en tant que
maître de conférences, on a rapidement l’opportunité d’encadrer une thèse. Là encore, ce tra-
vail d’encadrement n’est chose aisée, car l’on se base sur sa propre expérience (heureuse ou
malheureuse !) pour tenter de dessiner les contours de ce que pourrait être un encadrement
efficace et idéale. Bien que l’autonomie soit une compétence attendue d’un étudiant de ce
niveau, il n’en demeure pas moins qu’il reste en formation doctorale et que l’on se doit de
pouvoir guider le doctorant dans son parcours de jeune chercheur.
Cet apprentissage a été pour moi une grande expérience enrichissante, avec comme com-
plexité majeure d’appréhender du mieux possible la réalité de chaque doctorant, afin de
d’adapter mon interaction avec ce dernier. Ainsi, mes choix de directions de thèses se sont
fait sur la base de deux critères :
— Échange et ressenti général – Ce critère me guide dans mes choix, et les directions
de thèse en cours me donnent plutôt raison. Il s’agit pour moi de plutôt aller vers des
étudiants que je sais pouvoir amener au point final souhaité, des étudiants qui me font
confiance et en qui je peux faire confiance également. Je ne fais pas systématiquement
un choix selon uniquement le niveau académique ;

9. Institut national supérieur du professorat et de l’éducation


42 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

— Formation Régionale – Le second point qui est tout aussi important, concerne
l’Indianocéanie, j’y inclus bien évidemment la formation locale. En effet, les oppor-
tunités ne sont pas aussi nombreuses à la Réunion, ou dans la zone O.I. pour des
étudiants souhaitant poursuivre en thèse. Ainsi grâce à nos formations délocalisées,
mais également aux enseignements que je dispense dans d’autres formations de
la zone, cela me permet de rencontrer de nouveaux candidats. Mon objectif est de
contribuer significativement à une montée en compétences sur la recherche régionale
et à l’accompagnement d’une relève locale et régionale.

Ainsi, mon approche de l’encadrement se fait essentiellement sur la base d’une relation
interpersonnelle détendue et de confiance, dans laquelle je veux soutenir et encourager le
doctorant dans son cheminement. À chaque direction de thèse, j’ai explicité l’engagement
mutuel que cette aventure représentait, et des moments difficiles que nous aurions à franchir
ensemble. Les thèmes que je propose font partie des axes de recherche que je souhaite
développer dans les années à venir. Mon idée de former mes collaborateurs de demain, qui
me permettront de forger un réseau de collaboration et d’opportunités dans la zone O.I.

Afin de pouvoir faire un point, sur mes débuts en tant qu’encadrant j’ai demandé à
mes doctorants de me faire un retour sur notre collaboration et en particulier sur quels
points je devrai travailler pour améliorer mon suivi. Comme j’ai pu le dire en préambule,
nous ne sommes pas formé à diriger la recherche. Et c’est un peu dans une approche quasi
expérimentale d’essais erreurs, que je tente aujourd’hui de définir les contours de semble
être pour moi "diriger la recherche". Pour ce faire, j’ai proposé un questionnaire anonyme et
un espace d’expression libre pour que mes doctorants donnent leur avis et me fassent des
propositions d’amélioration de mon management de la recherche. Six des huit doctorants
que je suis y ont répondu, les résultats sont présentés à la Figure 3.4. Ils reflètent les
valeurs moyennes des réponses au sondage. Ainsi, la perception de mes doctorants de notre
collaboration est plutôt positive. Malgré le nombre important de personnes que j’encadre ou
dirige, mes doctorants semblent s’y retrouver dans le type de pilotage de la thèse que j’ai
mis en place. Cela me conforte également dans les critères qui m’ont à ce jour permis de
faire un choix dans le recrutement des doctorants que je dirige à l’heure actuelle.

Outre le questionnaire, un espace ouvert de propositions et d’expression a été laissé aux


doctorants pour me permettre de corriger mes approches collaboratives. En synthèse du re-
tour, un des points forts qui ressort est la qualité de l’encadrement, les échanges et la rigueur
scientifique qui rassure le doctorant sur le chemin qu’il est en train d’arpenter. L’aspect hu-
main est, à plusieurs reprises, souligné. Malgré cela, plusieurs propositions d’amélioration
sont proposées :
— Éviter les reports de réunions, car relativement anxiogène pour certains doctorants ;
— Avoir plus d’échange individuel ;
— Garder de la disponibilité hebdomadaire tout au long de l’année pour des temps de
discussion "officiels" ou non.
3.2. Encadrement de travaux de recherche 43

Figure 3.4 – Résultats du sondage auprès des doctorants et docteurs encadrés ou


dirigés depuis 2015.

Au final, l’espace de propositions a mis en évidence un élément sur lequel je dois avoir une
attention particulière les prochaines années au vu du volume potentiel de thèses encadrées et
de nombre de thèses dans l’océan indien. En effet, la régularité des rencontres individuelles
est une attente forte des doctorants, cela est relevé également dans le questionnaire. Mon
souhait est de développer une forte coopération régionale à travers la co-direction de thèses
dans la zone O.I., qui m’amène d’ores et déjà à réfléchir à la structuration des rendez-vous
et des travaux à distance. Afin d’anticiper cela, j’ai mis en œuvre deux projets PHC et un
ERASMUS+ actuellement qui vont accompagner des mobilités courtes ou longues durée de
mes doctorants étrangers sur l’année 2020 et 2021.
Ma méthode d’encadrement doctoral repose à l’heure, sur plusieurs points qu’il me semble
indispensable de mettre en place afin de réussir en toute sérénité des travaux de recherche
en commun :
— Manager la relation Directeur - doctorant, en apprenant de ce dernier, afin de com-
prendre comment aborder les enjeux, les problèmes etc. auxquels nous aurons à faire
face durant la thèse ;
— Fournir les outils et méthodes adaptés au démarrage de la thèse afin d’organiser le
développement de ses compétences et la montée en autonomie ;
— Structurer et organiser les 3 années de thèse afin d’avoir une vision clair des enjeux
de la thèse à chaque étape et responsabiliser le doctorant ;
— Encourager et accompagner le doctorant dans la valorisation de ces travaux.
— Diversifer le champ de compétences du doctorant en le faisant participer à d’autres
projets de recherche ou en l’incluant dans nos champs de formation.
44 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

Structuration de laboratoires & École doctorale – Je suis depuis cette année 2020,
également dans l’équipe scientifique qui accompagne deux structures de la Zone OI à savoir
l’Université des Comores et les ISTs de Madagascar dans leur mise en œuvre de laboratoires
et école doctorale. En effet, les trois ISts de Madagascar ont fait le choix depuis plusieurs an-
nées de s’orienter vers une structuration en laboratoires de recherche. Mon intervention au
sein de cette transition est depuis deux dans l’appui à la formation des doctorants et jeunes
chercheurs à la Recherche. Puis de façon plus précise, mon implication a porté auprès du DG
de l’IST d’Antananarivo sur la définition des axes stratégiques à porter dans les prochaines
et du pilotage scientifique à définir afin de mettre en place ces structures. Concernant les Co-
mores , ma participation est pour l’heure encore à ces débuts, car je participe principalement
à l’appui scientifique de doctorants et d’une thèse que je devrais codiriger en 2021. En ce
sens, ma jeune expérience de direction de thèse s’avère être une aubaine pour un partage des
approches du management de la Recherche en particulier dans le cadre de travaux de thèses.
3.3. Production scientifique 45

3.3 Production scientifique


3.3.1 Introduction générale
Cette section présente ma production scientifique depuis mon recrutement en 2010. J’ai
d’abord synthétisé dans les tableaux 3.1 et 3.2 ci dessous les grandes lignes des articles ou des
présentations orales ainsi que les journaux dans lesquels ont été publiés mes travaux.

Table 3.1 – Synthèse des publications et communications

Publications / Communications Nombre


Articles dans des revues internationales avec comité de lecture 17
Chapitres d’ouvrages 3
Conférences Internationales avec comité de lecture et actes 16
Conférences Nationales avec comité de lecture avec actes 9
Conférences Nationales sans actes 2
Conférences invités 3
Rapports de projet 5
Articles dans des revues internationales avec comité de lecture en évaluation 5

Table 3.2 – Référencement des revues dans lesquelles les articles ont été publiés.

Revues Impact factor Impact factor à 5 ans SJR


Renewable and Sustainable Energy Reviews 12.110 12.348 3.632 Q1
Applied energy 8.848 9.086 3.607 Q1
Energy and buildings 4.867 5.055 2.06 Q1
Journal of Cleaner Production 7.246 7.491 1.886 Q1
Building and Environment 4.971 5.459 1.87 Q1
Applied Thermal Engineering 4.725 4.514 1.780 Q1
Revue général de froid 3.461 3.655 1.543 Q1
Sustainability 2.576 2.798 0.581 Q2
Utilities Policy 1.835 2.358 0.89 Q1
Energy Procedia 0.55
AIMS energy 0.93 0.28 Q1
JP Journal of Heat and Mass Transfer 2.19 4.25 0.15 Q4
International Journal of Engineering
Researches and Management Studies 3.775 2.785
46 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

3.3.2 Revues internationales en évaluation


ART.[1] Jean Philippe Praene, Rindrasoa Miangaly Rasamoelina , Leslie Ayagapin, Adressing
Madagascar electricity consumption : Scenarios basedon a method combined sensiti-
vity analysis with LMDI – Renewable and Sustainable Energy Reviews.
ART.[2] Amandine Junot, Jean Philippe Praene. Thinking to liveability as a condition to sus-
tainability : an overview and application for urban management – Environmental
Impact Assessment Review.
ART.[3] Jean Philippe Praene, Fiona Benard, Leslie Ayagapin, Mohamed Nasroudine Moha-
med Rachadi, The energy landscape of the Comoros :Furthering renewables for sus-
tainable islands – Renewable Energy. En révision.
ART.[4] Fiona Benard, Jean Philippe Praene, Dinesh Surroop, Marching towards sustainable
territories : The case of small islands – International Journal of Sustainable De-
velopment & World Ecology.
ART.[5] Amandine Junot, Jean Philippe Praene. Quelles représentations du quartier idéal à
La Réunion ? Une réflexion sur les modes d’habiter et la qualité de vie comme indica-
teurs de la durabilité urbaine – Développement durable et territoires. En révision.

3.3.3 Revues internationales avec comité de lecture


ART.[1] Leslie Ayagapin, Jean Philippe Praene, Environmental overcost of single family
houses in insular context : A comparative LCA study of Reunion island and France
– Sustainability Journal.
ART.[2] Jean Philippe Praene, Bruno Malet-Damour, Mamy Harimisa Radanielina, Ludovic
Fontaine, Garry Rivière (2019). GIS-based approach to identify climatic zoning : A hie-
rarchical clustering on principal component analysis. Volume 164, Août 2019. Buil-
ding and Environment.
ART.[3] Sora, F.,Praene, J.P. (2018). Sustainable urban planning for a successful energy tran-
sition on Reunion Island : From policy intentions to practical achievement.Volume 55,
December 2018, Pages 1-13 Utilities Policy Journal.
ART.[4] Praene, J.P., Payet, M., Sora, F. (2018). Paths of sustainable transition in small island
developing states.Volume 54, October 2018, Pages 86-91 Utilities Policy Journal.
ART.[5] F. Bénard-Sora, J.P. Praene, Y. Calixte (2018). Assess the local electricity consumption :
the case of Reunion island through a GIS based method. AIMS Energy,6(3) : 436-452.,
doi : 10.3934/energy.2018.3.436.
ART.[6] Jean Philippe Praene, Mamy Harimisa Radanielina, Vanessa Rolande Rakotoson,
Ando Ludovic Andriamamonjy, Frantz Sinama, Dominique Morau, Hery Tiana Rako-
tondramiarana, Electricity generation from renewables in Madagascar : Opportunities
and projections, Renewable and Sustainable Energy Reviews, Volume 76, 2017,
Pages 1066-1079, ISSN 1364-0321, https ://doi.org/10.1016/j.rser.2017.03.125.
ART.[7] Praene, J.P., & Rakotoson, V. (2017). Environmental sustainability of electricity ge-
neration under insular context : An LCA-based scenario for Madagascar and Reunion
3.3. Production scientifique 47

island by 2050. International Journal of Engineering Researches and Manage-


ment Studies, 2(4), 24-42.
ART.[8] Bénard-Sora, F.,Praene, J. P. (2016). Territorial analysis of energy consumption of a
small remote island : Proposal for classification and highlighting consumption pro-
files.Renewable and Sustainable Energy Reviews, 59, 636-648.
ART.[9] Praene, J. P., Radanielina, M. H., & Rakotondramiarana, H. T. (2016). Dish stirling
system potential assessment for eight main sites in Madagascar. JP Journal of Heat
and Mass Transfer,13(1), 119.
ART.[10] Marc, O., Sinama, F., Praene, J. P., Lucas, F., & Castaing-Lasvignottes, J. (2015). Dy-
namic modeling and experimental validation elements of a 30 kW LiBr/H 2 O single
effect absorption chiller for solar application. Applied Thermal Engineering, 90,
980-993.
ART.[11] Praene, J. P., Marc, O., Andriamamonjy, A. L., & Razakaniaina, F. L. (2015). Retour
d’expérience sur une installation de froid solaire : expérimentation et modélisation.
Revue Générale du Froid & du conditionnement d’air,103, 1149.
ART.[12] Hamza Semmari, Olivier Marc, Jean-Philippe Praene, Amandine Le Denn, François
Boudéhenn, Franck Lucas, Sensitivity Analysis of the New Sizing Tool “PISTACHE” for
Solar Heating, Cooling and Domestic Hot Water Systems, Energy Procedia, Volume
48, 2014, Pages 997-1006, ISSN 1876-6102, https ://doi.org/10.1016/j.egypro.2014.02.114.
ART.[13] Praene, J. P., David, M., Sinama, F., Morau, D., & Marc, O. (2012). Renewable energy :
Progressing towards a net zero energy island, the case of Reunion Island. Renewable
and Sustainable Energy Reviews,16(1), 426-442.
ART.[14] Miranville, F., Fakra, A. H., Guichard, S., Boyer, H.,Praene, J. P., & Bigot, D. (2012).
Evaluation of the thermal resistance of a roof-mounted multi-reflective radiant bar-
rier for tropical and humid conditions : Experimental study from field measurements.
Energy and Buildings, 48, 79-90.
ART.[15] Praene, J. P., Bastide, A., Garde, F., & Lucas, F. (2011). Modelling of an evacuated tube
collector sensitivity analysis approach. JP Journal of Heat and Mass Transfer.
ART.[16] Praene, J. P., Marc, O., Lucas, F., & Miranville, F. (2011). Simulation and experimental
investigation of solar absorption cooling system in Reunion Island. Applied Energy,
88(3), 831-839.
ART.[17] Marc, O., Praene, J. P., Bastide, A., & Lucas, F. (2011). Modeling and experimental
validation of the solar loop for absorption solar cooling system using double-glazed
collectors. Applied Thermal Engineering, 31(2), 268-277.

3.3.4 Chapitre d’ouvrages


CHAP.[1] Praene, J. P.. (2010). Solar absorption cooling system in tropical climate : Design and
experiment, Cooling India.
CHAP.[2] Gusev, A. L., Saint-Gregoire, P., . . . Praene, J. P.. (2008). Simulation of a solar absorp-
tion system. Special issue of the International Scientific Journal for Alternative
Energy and Ecology.
48 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

CHAP.[3] Gusev, A. L., Saint-Gregoire, P., . . . D. Morau, Praene, J. P.. (2008). Modelling and ele-
ments of validation of solar drying : application to activated sludge drying of waste wa-
ter. Special issue of the International Scientific Journal for Alternative Energy
and Ecology.

3.3.5 Conférences Internationales avec comité de lecture


ACTI.[1] Praene, J. P., Benard, F. 2019. Pathways for sustainable transition for European coun-
tries : A statistical analysis, 12th International Conference on Sustainable Energy
& Environmental Protection, Sharjah - United Arab Emirates.
ACTI.[2] Ayagapin, L., Praene, J. P., Benard, F. 2019. Effect of the electricity mix on the
construction sector impact : an LCA approach, 12th International Conference on
Sustainable Energy & Environmental Protection, Sharjah - United Arab Emirates.
ACTI.[3] Eve Etienne, Praene, J. P., Divya Leducq Jean-Claude Gatina. 2019. “ A text mining
approach to investigate urban planning documents : study case of Reunion Island.” In
59th ERSA Congress ”Cities, Regions and Digital Transformations : Opportu-
nities, Risks and Challenges”. Lyon, France.
ACTI.[4] Ayagapin, L., Praene, J. P., Rakotoson, V. 2019. Environmental impact of the construc-
tion sector on life cycle : evidence of the insularity effect, 3rd International Confe-
rence on Energy, Environment and Climate Change, Mauritius.
ACTI.[5] Praene, J. P., Benard, F. 2019. The ongoing energy transition : A comparative analysis
of SIDS and European ultraperipheral islands, 3rd International Conference on
Energy, Environment and Climate Change, Mauritius.
ACTI.[6] Praene, J.P., Rasamoelina, M. Rakotoson, V., 2019. Energy-related carbon emission
from electricity sector : past trends and futures for Madagascar, 14th SDEWES Confe-
rence
ACTI.[7] Eve Etienne, Divya Leducq, Jean Philippe Praene, Jean-Claude Gatina, and Fiona
Sora. 2017. “Vers Une Approche Multidimensionnelle de La Durabilité : Évaluation
d’un Projet d’aménagement Durable.” In Spatial Analysis and GEOmatics 2017.
Rouen, France : INSA de rouen. https ://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01643372.
ACTI.[8] Rakotoson, V., Praene, J.P., 2017. Long-term electricity mix planning towards low
GHG emission : The case of Reunion Island, 12th SDEWES Conference.
ACTI.[9] Kelvin Pavadépoullé, Fiona Sora,Jean-Philippe Praene, Jean-Claude Gatina. Effets
des projets d’aménagement sur le voisinage directe à l’échelle des aires urbaines. Ana-
lyse spatiale diachronique en milieu insulaire. SAGEO Spatial Analysis and GEO-
matics 2017, Rouen, France.
ACTI.[10] Sora, F., Praene, J.P.,2017. Les Petits Etats Insulaires en Développement face au défi
de la transition énergétique : entre forces et faiblesses, étude de leur vulnérabilité. 54e
Colloque de l’ASRDLF : "Cities and regions in a changing Europe : challenges and
prospects", 5th-7th July, Athens, Greece.
3.3. Production scientifique 49

ACTI.[11] Marc, O., Guillou, P., Sinama, F., Lucas, F., Praene, J.P., Castaing-Lasvignottes, J.
(2015). Modeling of a thermal storage system incorporated into a solar cooling ins-
tallation in an office building, The 28th ECOS2015 (FRANCE)
ACTI.[12] Letexier, B., Marc, O.,Praene, J.P., Lucas, F. (2012, February). Sensitivity analysis of a
solar cooling system. In ASME 2012 11th Biennial Conference on Engineering
Systems Design and Analysis (pp. 279-288). American Society of Mechanical Engi-
neers.
ACTI.[13] Praene, J. P., Mara, T. A., & Lucas, F. (2010, September). Optimization of the heat
production of a solar cooling plant : Sensitivity Analysis. World Renewable Energy
Congress XI.
ACTI.[14] Praene, J. P., Bastide, A., Lucas, F., Garde, F., & Boyer, H. (2007, June). Simulation And
Optimization of a Solar Absorption Cooling System Using Evacuated Tube Collectors.
9th REHVA World Congress’ WellBeing Indoors’, CLIMA 2007.
ACTI.[15] Praene, J. P., Garde, F., & Lucas, F. (2005, August). Dynamic modelling and elements
of validation of solar evacuated tube collectors. Ninth international IBPSA confe-
rence.
ACTI.[16] Praene, J. P., Garde, F., & Lucas, F. (2005, January). Steady state model of a solar eva-
cuated tube collector based on sensitivity analysis. ASME, International Mechani-
cal Engineering Congress and Exposition, Orlando, Florida, USA.

3.3.6 Conférences Nationales avec actes


ACTN.[1] Sora, F.,Praene, J.P., Serra, L., 2017. La transition énergétique à l’épreuve des ter-
ritoires : l’Ile de La Réunion entre ambitions politiques et réalisations concrètes ,
Colloque - Transition énergétique et résilience des territoires – Planifier,
construire, expérimenter, Saint Brieuc - France.
ACTN.[2] Praene J.P. ,Radanielina M.H. ,Rakotoson V. , Sora F.,(2017). L’impératif de transi-
tion énergétique des territoires : Une lecture multi-scalaire. Journées de Recherche
- 2ème edition, IST Antananarivo, Madagascar.
ACTN.[3] Radanielina, M. H., Praene, J.P., Morau, D., Rakotomala, M. S., Tsiriry, R., & Rakoton-
dramiarana, H. T. (2016, December). Modélisation hydrodynamique du processus de
gazéification de la biomasse par une approche Euler-Lagrange. 3ème Congrès Inter-
national Plasma Energie, CIPE2016.
ACTN.[4] N Ranarivelo, M Rajaonahy, HT Rakotondramiarana, JP Praene, Analyse exergétique
de l’île de la Réunion.3ème Congrès International Plasma Energie, CIPE2016.
ACTN.[5] Rakotoson, V., Adélard, L., Praene, J.P. (2016). Évaluation des émissions de gaz à effet
de serre du mix électrique de territoires insulaires. In Conférence IBPSA, France-
Marne-la-Vallée.
ACTN.[6] Nidhoimi, E.A, Gatina, J. C.,Praene, J.P., & Fakra, A. H. (2014, December). Approche
dynamique du fonctionnement énergétique d’un espace bâti et bilan carbone associé :
Application sur un gîte rural situé à Mayotte, CIPE2014.
50 Chapitre 3. Détail de mes activités d’animation scientifique

ACTN.[7] Marc, O., Praene, J. P., Letexier, B., Castaing-Lasvignottes, J., Sinama, F., Lucas, F.
(2012). Optimisation des performances d’une machine à absorption utilisée dans une
installation de rafraichissement solaire et fonctionnant à charge partielle. IBPSA,
Chambéry, 6-8.
ACTN.[8] Praene, J. P.,(2012). Solar energy for a brighter future : Le rafraïchissement solaire.
Conférence Innovation solaire, TEMERGIE.
ACTN.[9] Marc, O., Praene, J. P., Letexier, B., Castaing-Lasvignottes, J., Sinama, F., & Lucas,
F. (2012, May). Modélisation dynamique, simulation et éléments de validation expéri-
mentale d’une machine à absorption, utilisée dans une installation de rafraîchissement
solaire. SFT).

3.3.7 Conférences invitées


CNI.[1] Praene, J.P. – (2019), Des énergies fossiles aux énergies renouvelables : tour d’horizon
scénarios de long terme à Madagascar, Forum régional des énergies durables.
CNI.[2] Praene, J.P., Benard, F.(2017), L’impératif de transition énergétique des territoires :
Une lecture multi-scalaire, Journées de Recherche de l’IST d’Antananarivo.
CNI.[3] Praene, J. P., Towards a net zero energy island,CIPE2012, Madagascar.

3.3.8 Symposiums
SY.[1] Praene, J. P.,(2017). Vulnérabilité énergétiques dans une société post-coloniale. 3ème
journée d’études du réseau Humanités Environnementales à La Réunion, Le
Tampon, Réunion.
SY.[2] Benard, F.,Praene, J. P.,(2017). Mesurer la vulnérabilité énergétique d’un territoire. 1e
Colloque de la Transition Énergétique à l’Épreuve des Territoires, Le Tampon,
Réunion.

3.3.9 Rapports de projet


RPT.[1] Benard, F. Praene, J. P.,(2019). LOTOLA, Analyse du potentiel des stations de re-
charges pour véhicules électriques - Rapport final.
RPT.[2] Praene, J. P., Benard, F. (2018). TRANSEETER, Transition énergétique à l’épreuve des
territoires - Rapport final et restitution en comission.
RPT.[3] Praene, J. P.,(2013). Optimisation des installlations de froid solaire par analyse de
sensibilité. Rapport projet ANR MEGAPICS.
RPT.[4] F. Lucas, O. Marc,J.P. Praene ANR ORASOL : Optimisation de procédés de rafraî-
chissement solaire (2010).
RPT.[5] F. Lucas, J.P. Praene, O. Marc, Projet ADEME RAFSOL : Rafraîchissement solaire
par absorption (2008)
Deuxième partie

Synthèse des activités de recherche


Préambule

C ette partie propose une vue d’ensemble de mes principaux axes de recherche que
j’ai développée au sein du laboratoire depuis 10 ans. J’ai ainsi retracé de façon quasi
chronologique les étapes qui m’ont menée jusqu’à mes travaux actuels.
Cette déclinaison est particulièrement intéressante, car elle permet de mettre en lumière
l’évolution de mon parcours. Je me suis en effet intéressé dans un premier temps à la ques-
tion de la transition énergétique à travers les systèmes de production renouvelable. Cette
approche permet de répondre à une demande toutefois, il ne m’était pas possible d’avoir une
vue d’ensemble des enjeux du territoire. C’est donc pour cette raison que nous nous sommes
intéressés aux sciences des données pour nous permettre un changement d’échelle d’analyse
et de migrer à l’échelle d’un territoire.
Ces nouvelles approches ont permis d’alimenter nos analyses sur les questions d’aménage-
ment durable, de construction des indicateurs permettant d’évaluer le degré de vulnérabilité
des territoires. Cela nous a également permis de mettre en place de nouveaux travaux néces-
sitant des données fiables à savoir la prospective énergétique et l’analyse de cycle de vie.
Cette partie va donc dresser ce cheminement de 10 ans au sein du laboratoire PIMENT, avant
proposer une ouverture sur de récents projets de recherche que sont initiés actuellement ou
en cours de dépôt.
Chapitre 4
Contexte général

Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
4.2 Travaux de thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
4.2.1 La production de froid solaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
4.2.2 Modélisation et expérimentation . . . . . . . . . . . . . . . . 60
4.2.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.3 Problématique et positionnement de ma recherche . . . . . . . . 71

C ette section de mon mémoire d’HDR présente la logique de mon parcours de cher-
cheur au sein du laboratoire. Cet éclairage est d’autant plus important qu’en dix ans,
j’ai réorienté ma thématique de recherche et que dans le même temps le laboratoire s’est
structuré autour de nouvelles thématiques tel que l’énergie, l’urbanisme et l’environnement.
Il m’a donc semblé judicieux de poser clairement ce contexte qui éclaire mes choix en matière
de développement de la recherche depuis plus cinq ans.

4.1 Introduction
La nécessité d’une transition énergétique et écologique vers une société bas carbone,
moins énergivore, vers des modèles économiques plus soutenables est aujourd’hui sans
équivoque. Ces questions traversent les disciplines et leur font se côtoyer pour relever
ce défi de la transition. L’exigence de questionnements, d’expérimentations, mais surtout
d’actions est d’autant plus un impératif que les territoires à l’instar des PEID 1 ou des ZNI 2
sont particulièrement vulnérables,[Briguglio 1995]. Ces vulnérabilités peuvent prendre
différentes formes i.e. : géographique (isolement, taille des îles, biodiversité...), historique
(poids d’une empreinte postcoloniale) et socio-économiques (fragilité de l’emploi, taille
des marchés...), [Garabedian 2011]. On trouve ainsi dans l’histoire de la Réunion, un
certain nombre de pratique importées de la France hexagonale, qui ne sont pas totalement
pertinentes et adaptées au contexte local.

1. Petits États Insulaires en Développement


2. Zones Non Interconnectées
56 Chapitre 4. Contexte général

C’est donc dans cette logique que c’est développé le laboratoire PIMENT depuis 28 ans.
Répondre à des enjeux en climat sub-tropical, en mettant en œuvre des outils et méthodes
reproductibles à d’autres territoires insulaires, tel a été la politique de développement
du laboratoire. En amont de la création du laboratoire des travaux se sont intéressés
aux questions de l’énergétique à la Réunion sous différents aspects : gisement solaire,
énergétique dans l’industrie sucrière, thermique du bâtiment, [Boyer 1999b].

En 1992, le Laboratoire de Génie Industriel (LGI) a été formé sous la direction du Pr


Jean Claude Gatina. En amont de ce laboratoire un premier la laboratoire avait été créé en
1982 sous le nom de Laboratoire d’Énergétique Solaire. Les grands axes de ce laboratoire
concernaient le rayonnement solaire, l’habitat bioclimatique et certains systèmes solaires.
Le premier rapport du laboratoire dans le cadre d’un programme quinquennal de maîtrise
de l’énergie portait une grande étude du potentiel énergétique local [Baronnet 1983].
Lors de ma thèse, j’étais rattaché à l’équipe Génie Civil et Thermique de l’Habitat (GCTh).
L’activité historique de cette équipe d’accueil était structurée autour de la modélisation
thermo-aéraulique des bâtiments et des systèmes qui y sont associés (climatisation, systèmes
de traitement d’air...). Ma thèse, portant sur le froid solaire, est arrivée au sein de l’équipe
dans la logique des perspectives posées par le responsable de l’équipe Pr Harry Boyer : une
meilleure appréhension des interactions et enjeux liés à l’énergie et l’environnement.

Ma thèse a été la première à la Réunion à traiter des énergies renouvelables. Ainsi


le laboratoire, dans les années 2000, a opéré une adjonction à l’axe historique de ther-
mique du bâtiment. La logique d’approche de modélisation des systèmes et de l’expérimen-
tation a été conservée. Toutefois nous nous sommes ouverts aux systèmes énergétiques
renouvelables en y développant en particulier des travaux dans les domaines du solaire
[Praene 2007, Marc 2010], de la valorisation des déchets [Morau 2006] ou encore de l’éner-
gie thermique des mers [Sinama 2011]. Cette part grandissante des systèmes énergétiques
renouvelables dans l’activité de recherche a fait évoluer le LGI-GCTh vers le Laboratoire de
Physique du Bâtiment et des Systèmes (LPBS). Cette nouvelle structuration s’articulait autour
de trois axes :
— PhyBat | Physique du Bâtiment ;
— OMAB | Outils mathématiques appliqués au Bâtiment ;
— SEERAB | Systèmes Energétiques et Energies Renouvelables Appliquées au Bâtiment.
Cette organisation donnait ainsi sens aux opportunités que représentaient l’expérimentation
et la modélisation dans des énergies renouvelables avec comme point focal, son application
de près ou de loin au bâtiment. Enfin, plus récemment, la fusion de l’équipe AIM 3 et du LPBS
a abouti à la créathttps ://nmac.to/ion du laboratoire PIMENT 4 qui compte aujourd’hui 32
personnels permanents. Cette nouvelle équipe d’accueil a maintenu une organisation en
trois axes : Energie, Efficacité énergétique des espaces bâtis et Ingénierie mathématique.
Ces évolutions du laboratoire montrent bien la volonté tout au long de notre histoire de

3. Analyse et Ingénierie Mathématique


4. Physique et Ingénierie Mathématique pour l’Énergie, l’Environnement et le Bâtiment
4.2. Travaux de thèse 57

nous ouvrir vers de nouveaux champs en interaction avec nos compétences et domaines
historiques. Lors de notre dernière évaluation Hcéres,[Hcéres 2019], il a ainsi été relevé que
le domaine majeur de recherche du laboratoire est celui de l’énergie, et que ces travaux
trouvent encore plus de sens compte tenu des conditions climatique et géographiques
auxquels elles s’appliquent.

Les différentes "mutations" choisies par les membres du laboratoire ont permis d’animer
des nouvelles dynamiques de recherche et de saisir les opportunités d’interaction avec le
tissu économique local et les laboratoires de la zone O.I. Notre histoire nous montre bien
la nécessité de la prospective s’appuyant sur son ADN pour mûrir de nouveaux thèmes
de recherche avec nos axes stratégiques. Le laboratoire jouit ainsi d’un rayonnement local
remarquable dans les domaines de la construction en milieu tropical, de l’énergie et de
l’environnement. Clairement orienté sur les approches systémiques, la modélisation des
systèmes complexes (bâtiments, production d’énergie, stockage) et les outils mathématiques
associés, [Mara 2017, Mamode 2017], depuis plusieurs années, nous avons étendu nos
travaux à d’autres échelles d’analyse que sont les quartiers, les villes ou le territoire dans son
ensemble. Les travaux ont porté à la fois sur des diagnostics du territoire, [Bénard-Sora 2016],
ou l’étude de gisement ou potentiel énergétique [David 2018, Praene 2017a].

C’est donc dans cette logique de nouvelles échelles que j’ai développé mes travaux durant
ces dix dernières années, depuis mon doctorat. Je présenterai plus en détails mon positionne-
ment de recherche à la fin de ce chapitre. Ces échelles d’analyse concerne différents champs
dans lesquels je m’investis. La Figure 4.1 résume les axes majeurs où je m’investis ces der-
nières années.

Sciences des données Transition énergétique


Modélisation et analyse Etude des espaces insulaires

Analyse territoriale du potentiel


ACV des espaces bâtis,
énergétique des déchets
économie circulaire, matériaux,
OMR
Approche prospective
Scénarios énergétiques

Figure 4.1 – Thèmes de recherche portés ces cinq dernières années.

4.2 Travaux de thèse


Mes travaux de thèse marque le démarrage de l’axe énergie renouvelable en 2003 au
sein du laboratoire impulsé par le Dr Franck Lucas, qui était également mon co-encadrant de
58 Chapitre 4. Contexte général

thèse. Ma thèse était co-financée par l’ADEME et la Région Réunion. Mes travaux s’inscri-
vaient dans un contexte politique local volontariste de promotion des énergies renouvelables
qui permettrait à la Réunion de se singulariser en amorçant rapidement un virage vers l’auto-
nomie énergétique. Pour autant les circonstances n’étaient pas nouvelles. Dès les années 90,
le PCR 5 par la voix de Paul Vergès alertait déjà les effets du changement climatique auxquels
nous devrions faire face. Le modèle d’une évolution vers l’autonomie énergétique, malgré
un accueil mitigé, avait été présenté à l’UNESCO en 1999. Ainsi Paul Vergès parvient à ins-
crire les enjeux du dérèglement climatique comme une priorité nationale, par la création de
l’ONERC 6 en 2001. Par conséquent ces espaces insulaires n’était plus vue uniquement au
prisme de leur vulnérabilité mais comme de véritables laboratoires d’observation du chan-
gement climatique et d’expérimentation de stratégies d’adaptation à ces effets. En cohérence
avec les enjeux territoriaux, notre laboratoire développe deux thématiques complémentaires
dans cette problématique de la transition énergétique :
— Maîtrise de l’énergie | Où comment contenir l’intensité énergétique du territoire
– à travers des conceptions de bâtiments plus adaptés au climat, un report modal et
un changement des usages en termes de déplacements ;
— Décarbonisation du mix énergétique | Effacer l’importation d’énergies fossiles
pour la production d’électricité et pour le transport (à moyen terme).
Mon travail de thèse dont je vous propose à présent une synthèse aspirait à répondre aux
enjeux du second axe sur un secteur particulier celui du bâtiment. Malgré des travaux
orientés sur la conception bioclimatique de bâtiments tertiaires ou résidentiels, [Garde 2011,
Garde 2006], en milieu tropical, certains bâtiments, de part leur localisation géographique
doivent toujours recourir à des dispositifs actifs pour climatiser leurs locaux. L’utilisation de
la climatisation ou d’une ventilation électrique pour raffraîchir les bâtiments représente déjà
environ un cinquième de l’électricité totale mondiale, soit 10% de la consommation mondiale
d’électricité actuelle, [IEA 2018]. De plus, à mesure que les revenus et le niveau de vie s’amé-
liorent dans de nombreux pays en développement, en particulier l’Inde, la croissance de la
demande de climatisation dans les régions les plus chaudes devrait s’envoler. Le contexte
énergétique mettait en exergue une forte dépendance aux ressources fossiles pour la pro-
duction d’électricité. Comme le présente la Figure 4.2, la part d’ENRs ne dépassait pas les
36% et ce malgré la volonté politique de décarbonisation du mix. Les huiles usagées ne sont
pas comptabilisées séparément car brûlées avec le charbon dans la production d’électricité.
L’usage de plus en plus répandue de dispositif individuel de climatisation entraîne ainsi une
double conséquence. D’une part, un pic de demande d’électricité durant l’été et, d’autre part,
compte tenu du mix un impact environnemental non négligeable en particulier concernant
les émissions de gaz à effet de serre.
Les émissions de CO2 s’élèvent à 1 888 479 tonnes dues pour 86,3% à la combustion du char-
bon. Ainsi le ratio moyen est de 815 gCO2 /kWh, ce qui est très élevé. La consommation
d’électricité à la Réunion représente 23,6% des émissions par habitant soit 4,74 t/hab. A titre
de comparaison, ce chiffre nous plaçait légèrement au dessus de la Chine avec 3,64 t/hab

5. Partie Communiste Réunionnais


6. Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique
4.2. Travaux de thèse 59

24,9
338,7

632,1
Fioul lourd/gazole

Charbon /Huiles
usagées*
Bagasse

Hydraulique

Autres EnR(PV + éolien


262,6
+ biogaz)
1287,8

Figure 4.2 – Mix de la production électrique de la Réunion en 2008.

[IEA 2008]. Ce contexte favorise la recherche d’alternative de consommation énergétique


plus sobre. Par conséquent, l’objectif est de trouver d’autres solutions actives pour le rafraî-
chissement des bâtiments sur la zone littorale (< 400m d’altitude) ; zone qui concentre à ce
jour près de 80% de la population du territoire.
L’objectif était donc d’étudier la mise en œuvre d’une installation de froid solaire dans le
cadre du rafraîchissement de locaux. Dans les parties suivantes, nous verrons les outils et
modèles mobilisés pour la modélisation des composants et les résultats obtenus dans le cadre
des travaux.

4.2.1 La production de froid solaire


L’avantage majeur concernant les dispositifs de froid solaire est qu’il y a une parfaite
coïncidence entre le besoin de rafraîchissement et la disponibilité de la ressource solaire
[Henning 2007a]. Cette adéquation s’observe aussi bien à l’échelle de la journée qu’à l’échelle
de la saisonnalité. D’un point de vue historique, la première démonstration d’une machine
à absorption fonctionnant à l’énergie solaire date de 1878. En effet, lors de l’exposition uni-
verselle de Paris, Augustin Mouchot proposa un démonstrateur en se basant sur les travaux
d’Edmond Carré.
Avant d’exposer les technologies de production, nous allons d’abord expliciter cette notion
de rafraîchissement. En effet, dans le domaine du froid, la notion de climatisation ramène
systématiquement à celle de consigne stricte de fonctionnement. En climatisation, une tem-
pérature opérative est fixée comme objectif et le système se doit de répondre à la demande.
Dans le cas d’un rafraîchissement, le raisonnement ne se fait pas selon une contrainte stricte,
mais une certaine flexibilité sur l’objectif est admise. Ainsi, la question s’appréhende par le
60 Chapitre 4. Contexte général

biais du confort. On peut ainsi définir une plage tolérable de température dans laquelle on
peut se situer et pour laquelle on sait que l’on est toujours en situation de confort, au sens des
indices de confort classique comme défini dans la littérature [Garde 1998, Bojic 2013]. À titre
d’exemple, les recommandations de consigne de mise en fonctionnement d’une climatisation
s’applique pour une température supérieure à 26°C dans les locaux.
D’un point de vue thermodynamique, il existe de nombreux processus concevables qui per-
mettent la conversion du rayonnement solaire en froid. La conversion peut se faire selon
deux principes solaire électrique (photovoltaïque) ou thermique (cycles thermodynamiques)
[Henning 2007b]. La première option repose sur une machine frigorifique à compression va-
peur classique dont la source électrique est simplement solaire. Notre choix, dans le cadre de
ma thèse, a été de nous orienter plutôt vers les cycles fermés en particulier les machines à
absorption simple effet, couplés à des capteurs solaires thermiques. Ma thèse est intervenue
dans un contexte où le principe de froid solaire était bien établi, mais le retour d’expérience
sur des installations était peu étudiés. Ainsi, l’Agence internationale de l’énergie a défini à
travers sa tâche 32 des objectifs clairs afin d’améliorer les conditions du déploiement sur le
marché des systèmes de froid pour les bâtiments commerciaux et résidentiels :
— Améliorer les composants des systèmes ;
— Définir des systèmes pré-élaborés pour des locaux commerciaux ;
— Créer des outils simples de dimensionnement sur-mesure pour des grands bâtiments
non-résidentiels ;
— Développer des applications industrielles ;
— Développer des modèles et des outils d’analyse.
Mes travaux intervenaient en amont de la mise en place du pilote expérimental RAFSOL 7 ,
en 2008 à l’IUT de la Réunion. L’objectif était de modéliser la future installation en fonction
des besoins identifiés du département Génie Civil de l’IUT.
Les premiers pas du rafraîchissement solaire en France date de 1992 avec le cas des caves
viticoles de Banyuls. Il s’agissait d’une installation de 52 kW dont l’énergie au générateur
était fournie par 132 m2 de capteurs solaires sous vide et un ballon de stockage chaud de
1000 L [Mugnier 2002]. Le COP 8 est le rapport entre la production de froid et la chaleur uti-
lisée au niveau de la source chaude, hors consommation électrique des auxiliaires (pompes,
ventilateurs). Comme on peut le voir à la Figure 4.3, le COP augmente avec la température
de la source chaude. Ainsi, le choix du système à étudier se fait selon les conditions de tem-
pérature au générateur, et par conséquent en fonction des technologies de capteurs solaires
thermiques choisis.

4.2.2 Modélisation et expérimentation


Le principe général d’une installation de production de froid solaire par absorption est
proche des systèmes de compression à vapeur classique. La compression mécanique est ainsi
remplacée par une compression thermique constituée du couple absorbeur-desorbeur. Dans
7. RAFraichissement SOLaire
8. Coefficient de performance
4.2. Travaux de thèse 61

Figure 4.3 – COP et température opérative des différents dispositifs à sorption


[Balaras 2007].

le cadre des applications de froid solaire, deux couples sont le plus souvent utilisés pour
l’absorption liquide :

— Eau-LiBr, où l’eau est le fluide frigorigène et le sel LiBr est l’absorbant ;


— Ammoniac-Eau, où l’ammoniac est cette fois-ci le fluide frigorigène.

Plusieurs paramètres peuvent être considérés pour permettre une classification des machines
à absorption [Ziegler 1999] :

— Le couple de travail (réfrigérant / absorbant) ;


— Type de source de chaleur utilisé ;
— Nombre de paliers de pressions et l’arrangement interne des différents composants.

Une machine à absorption comporte différents éléments présentés à la Figure 4.4. On


trouve dans un premier temps le condenseur|détendeur|évaporateur, dans lequel ne cir-
cule que le réfrigérant pur. Suite à cela, on trouve la connection à la compression ther-
mique désorbeur absorbeur où va circuler la solution diluée de l’absorbeur vers le désorbeur
[Castaing-Lasvignottes 2001]. Le cycle de fonctionnement de la machine s’organise suivant 4
phases qui correspondent naturellement aux 4 compartiments. Au désorbeur ou générateur,
une source chaude fournit la quantité de chaleur nécessaire pour la séparation de la vapeur
et de la solution concentrée en LiBr. La pratique classique était d’utiliser du gaz naturel pour
la désorption. L’installation de froid solaire reçoit donc un apport de chaleur à partir d’un
champ de capteurs solaires thermiques.
62 Chapitre 4. Contexte général

EAU PURE
SOLUTION H20/LiBr

CONDENSEUR DESORBEUR
Haute
Pression

Basse
Pression

EVAPORATEUR ABSORBEUR

Figure 4.4 – Principe du froid solaire à partir d’une machine à absorption liquide

4.2.2.1 Capteurs solaires thermiques


La modélisation du capteur solaire thermique a été la première étape de mon travail. Pour
ce faire, nous avons à la fois mis en place une plate forme expérimentale mais également, dé-
veloppé notre modèle numérique de capteurs solaires. Le choix du type de capteur dépendait
essentiellement des contraintes d’installation dans le cadre du futur projet. Les capteurs so-
laires permettant de produire de la chaleur à une température supérieure à 80°C peuvent être
plans à double vitrage ou sous vide. Le choix du capteur sous vide a été le nôtre pour la phase
de modélisation car il permettait d’atteindre les températures de fonctionnement avec un en-
combrement réduit.
Le capteur modélisé est le CORTEC 2C de Giordano, qui est un capteur sous vide à circulation.
Un banc d’essais de capteurs a été mis en place afin de permettre la validation expérimentale
des différentes approches de modélisation (modèle permanent, dynamique et EN12975-2).
Nous avons ainsi tester dans un premier temps le capteur dans les conditions de test de la
norme EN 12975-2 [EN 2001] qui permettent de définir les caractéristiques des performances
thermiques en régime permanent. Le rendement du capteur est défini comme suit :

Pu tm − ta (tm − ta )2
η= = η 0 − a1 · − a2 · (4.1)
S·I I I
Avec tm la température moyenne du capteur et ta la température de l’air ambiant.
Ainsi le protocole expérimental permet de calculer la puissance utile extraite du capteur Pu
et d’en déduire le rendement η en fonction de la surface S de l’absorbeur et du rayonnement
solaire I. A partir des essais on peut alors déterminer les trois coefficients caractéristiques du
capteur à savoir :
4.2. Travaux de thèse 63

— η0 est la facteur optique ou le rendement maximum ;


— a1 et a2 sont des coefficients de pertes thermiques indépendant et dépendant de la
température, respectivement en W/m2 K et W/m2 K2 .
Les résultats obtenus ont été comparés aux essais de la Solar Keymark , voir Figure 4.5. Les
écarts entre nos deux essais sont relativement minimes. Cela nous a permis d’établir les coeffi-
cients de performance dans les conditions climatiques de la Réunion. Ces coefficients peuvent
être dès lors utilisés dans les logiciels de dimensionnement tel que SOLO ou SIMSOL. L’er-

0,8

0,6
η

0,2
Solar Keymark
PIMENT
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2
T*

Figure 4.5 – Comparaison des courbes de rendement du capteur sous vide.

reur relative moyenne obtenue entre les deux courbes est de 5%. Cela montre bien la nécessité
d’évaluer les performances du capteur selon les conditions climatiques du site afin de ne pas
sous-estimer les performances de l’installation. Suite à cette première étape, le banc d’essai
a permis de tester différents capteurs solaires dans les conditions d’ensoleillement de Saint-
Pierre. Nous avons pu également constituer une base de données conséquente qui nous a
permis de valider le modèle dynamique que nous présentons ci-dessous.
Le modèle de régime permanent est intéressant par sa facilité de mise en œuvre, cependant, il
est clairement établi que ce type d’approche à tendance à surestimer les rendements réels. En
phase de dimensionnement, le modèle s’avère suffisant, toutefois pour une modélisation en
régime dynamique nous avons du développer un modèle propre à notre capteur sous vide. Le
modèle que nous avons proposé est une adaptation d’un modèle à trois noeuds d’un capteur
plan vitré , [Duffie 1974, Kamminga 1985]. Ainsi le capteur est vu comme un tube, on discré-
tise donc le tube selon l’axe Ox. Les trois noeuds du bilan thermique sont ceux du vitrage (g),
de l’absorbeur (p) et du fluide caloporteur (f). On obtient le système d’équations suivant :

∂Tg 4
− Tg4 + hg−a Sg (Ta − Tg ) + εg σSp Tp4 − Tg4 (4.2)
 
Cg = εg σSg Tsky
∂t
∂Tp
= τ αI⊥ + εg σSf Tg4 − Tp4 + hf −p Sp (Tf − Tp ) (4.3)

Cp
∂t
 
∂Tf ∂Tf
Cf +u = hf −p Sf −p (Tp − Tf ) (4.4)
∂t ∂x
64 Chapitre 4. Contexte général


f, g, p désigne respectivement le fluide, le vitrage et l’absorbeur du capteur.
ε représente les émissivités.
C désigne les capacités thermiques.
h représente les coefficients globaux d’échange.
I⊥ désigne le rayonnement perpendiculaire au plan du capteur.
σ est la constante de Stefan Boltzmann.

Un certain nombre d’hypothèses permettent de simplifier le modèle et par conséquent


sa programmation. Ainsi la vitesse u du fluide caloporteur est supposée constante. On né-
glige les pertes à l’arrière du capteur. On fait également l’hypothèse que les termes de pertes
thermiques varient de façon linéaire en fonction de la température. Enfin, les coefficients
d’échange globaux sont considérés constants lors des simulations.
Comme le montre les résultats de la Figure 4.6, le modèle à noeuds suit globalement la dy-

Figure 4.6 – Simulation du modèle à 3 noeuds du capteur sous vide.

namique générale des mesures. Toutefois, il est à noter que les variations brusques dues à la
variabilité du rayonnement sont moins bien prise en compte par notre modèle. L’impact de
ces écarts sont à nuancer car le champ de capteurs solaires est par la suite connecté à un bal-
lon de stockage chaud. Ainsi, le ballon aura un effet tampon qui viendra lisser ces variations
de température en sortie des capteurs solaires. La comparaison mesures | modèle est l’une
des étapes de la validation de notre modèle de capteur. Nous avons apporté des éléments en
trois étapes :
— Test numérique | Le modèle subit des variations des paramètres ou variables envi-
ronnementales pour vérifier la prise en compte de ces changements brusques tel que
4.2. Travaux de thèse 65

le rayonnement ou (τ α) le produit de la transmitivité du vitrage et du coefficient d’ab-


sorption ;
— Comparaison Mesures-modèle | Cette étape a permis d’ajuster le choix des formules
des différents coefficients d’échanges ou paramètres du capteur ;
— Analyse de sensibilité | On vérifie par cette méthode quels sont les paramètres les
plus influents sur notre modèle.
Concernant l’analyse de sensibilité, nous avons procédé en deux étapes afin d’identifier quels
paramètres sont les plus influents. La première approche est d’effectuer un screening par la
méthode de Morris, [Morris 1991a] qui permet de savoir si un paramètre a une influence
significative sur la réponse du modèle. Pour autant cela ne permet pas de classer l’ordre
d’influence des paramètres. Une seconde approche, est une technique dérivée de la méthode
FAST 9 , [Cukier 1973]. La méthode a été développée au sein du laboratoire dans les travaux
de Mara, [Mara 2000, Mara 2008, Mara 2009] communément appelé TMA.
L’idée de la TMA est d’associer à chaque paramètre une signature qui lui est propre et re-
présentée par une fréquence donnée. En considérant un modèle à une sortie (y) avec p pa-
ramètres d’entrée y = f (x1 , x2 , ..., xp ), les paramètres sont échantillonés dans leur propre
gamme de variation. Chaque paramètre xh comprend une fonction périodique Gh caractéri-
sée par une fréquence fh . Ainsi, l’échantillonnage du paramètre xh peut être exprimé par la
formule suivante :
xh,k = Gh (sin (fh sk )) (4.5)

On se ramène ainsi à la détermination d’indices de sensibilité. Dès lors, il est possible d’identi-
fier et de quantifier l’influence des différents paramètres sur la sortie du modèle. Pour chaque
facteur, on définit un intervalle restreint de largeur centrée sur la valeur nominale du para-
mètre. L’évolution du facteur s’exprime de la manière suivante :

xh,k = xh,0 + δh sin (fh sk ) , avec sk = 2πk/Ns (4.6)

où k(k=1 à NS ) représente le nombre de simulations, xh,0 est la valeur nominale du paramètre


h et δh est choisi tel que xh,k ∈ [xh,0 − δh , xh,0 + δh ].
En effet, comme nous pouvons le voir à la Figure 4.7, chaque paramètre est repéré par une
fréquence. On peut alors déterminer à la fois l’influence du paramètre et ses couplages avec
d’autres facteurs. Les fréquences choisies pour chaque paramètre sont faites de sorte que
ces dernières soient incommensurables ce qui facilite la lecture du spectre et évite la super-
position de fréquences. Les pics trouvés représentent donc un effet principal si le signal est
impair. Dans le cas contraire, il traduit une interaction entre deux variables. L’intensité du
pic représente le niveau d’influence du paramètre sur la réponse du modèle. Ainsi comme le
montre la Figure 4.7, deux effets principaux sont particulièrement remarquables :
— 241 | Il s’agit du produit τ α qui représente respectivement le coefficient de transmis-
sion du vitrage et l’absorption de l’absorbeur ;
— 181 | Surface de l’absorbeur.

9. Fourier Amplitude Sensitivity Test


66 Chapitre 4. Contexte général

Figure 4.7 – Spectre obtenu par la méthode TMA à partir du modèle à 3 noeuds.

L’analyse de sensibilité nous permet de nous assurer qu’aucune l’influence supposée de nos
facteurs dans notre représentation physique des phénomènes soit bien traduite dans le mo-
dèle mathématique. Les deux paramètres identifiés comme étant les plus importants montrent
clairement le rayonnement solaire est le facteur qui va le plus influencer la température de
sortie de notre capteur sous vide. Outre ces éléments de validation, l’analyse de sensibilité
a permis la validation du modèle à 3 nœuds et de définir un métamodèle qui est un poly-
nôme de régression. Ce métamodèle est une combinaison des différents facteurs du modèle.
Ce travail a fait l’objet d’une communication, que l’on peut retrouver à la référence suivante
[Praene 2005].

4.2.2.2 Modélisation de l’installation de froid solaire


La seconde partie de la thèse a été consacrée au couplage de l’ensemble des composants
qui représente le système de rafraîchissement solaire. L’objectif était d’assembler sous
un environnement commun la production de chaleur, de froid et les besoins du bâtiment.
La littérature rapportait plusieurs études sur la simulation de ce type d’installations.
[Ghaddar 1997] ont réalisé des simulations de maisons typiques à Beyrouth et ont défini
un ratio de 23,3 m2 par tonne de froid produit. Bien que l’efficience du système soit avérée
avec une fraction solaire de 43%, l’aspect économique est déjà identifié comme un frein
par rapport au dispositif plus conventionnels pour la climatisation. De nombreux autres
travaux se sont intéressés à l’optimisation du système de refroidissement par absorption
[Florides 2002, Assilzadeh 2005, Casals 2006, Balghouthi 2008, Bermejo 2010]. Les différentes
4.2. Travaux de thèse 67

études consistent en la comparaison des performances des types de capteurs solaires pour
répondre à la demande de la machine à absorption. La plupart de ces études ont été mises en
œuvre sous TRNSYS 10 [SEL 1975].
En France, la première thèse sur le froid solaire, [Mugnier 2002], a également utilisé le même
environnement de simulation. De façon analogue à la littérature, les pas de temps de simu-
lation étaient horaires correspondant aux fichiers météorologiques les plus communément
disponibles. Les différents exemples trouvés ont assemblé les modèles appelés "TYPE" de
TRNSYS pour constituer l’installation et le pilotage associé. Ainsi un profil des besoins en
froid est associé à l’évaporateur de la machine à absorption.
L’environnement TRNSYS a été celui que nous avons retenu également pour la modélisation
de l’ensemble de l’installation dont l’un des avantages majeurs est l’existence de nombreux
composants (machine à absorption, ballon de stockage, régulation). Comme nous l’avons vu
dans la partie précédente, un modèle de capteur sous vide avait été développé, ce dernier
a été traduit sous forme d’un type TRNSYS pour y être ajouté en tant que composant. De
plus, l’originalité de nos travaux réside dans le couplage dynamique des besoins du bâtiment
et de la production de froid solaire. Ainsi, nous n’avons pas défini une courbe de charge
correspondant aux besoins en rafraîchissement, mais couplé directement aux résultats de
simulation issus de la simulation. Cette approche nous a semblé plus judicieuse d’un objectif
de modélisation et laisse la possibilité d’optimiser les éléments de l’installation. Nous avons
fait le choix de ne pas utiliser le modèle Type 56 de TRNSYS du bâtiment, mais d’utiliser celui
de CODYRUN développé au sein du laboratoire. CODYRUN présentait l’avantage d’avoir
été validé pour des conditions climatique tropical humide. La Figure 4.8 donne une vue
d’ensemble de la modélisation sous TRNSYS. [Boyer 1999a]. La transcription de CODYRUN

Figure 4.8 – Synoptique de la modélisation de l’installation sous TRNSYS.

10. Transient Simulation Program


68 Chapitre 4. Contexte général

sous TRNSYS a pris la dénomination du Type 59 a été effectuée en 2000, [Bastide 2001].
L’une des conséquences importantes a été de permettre de diminuer le pas de temps de
simulation sans risquer une instabilité numérique comme il avait été souligné dans les
travaux de thèse de Mugnier, [Mugnier 2002]. En effet pour des pas de temps inférieurs à
1/8e d’heure, nous avons pu apporté une solution à ces difficultés de convergence et de
couplage bâtiment/production de froid solaire.

Notre étude de cas s’est focalisé sur le rafraîchissement des salles de TD du Département
Génie Civil. Nous avons couplé 60 m2 de capteurs sous vide et un ballon de 800 L permettant
d’apporter de la chaleur au désorbeur d’une machine à absorption de 35 kWf . Les résultats

(a) (b)

Figure 4.9 – (a) Production frigorifique et température en sortie du stock chaud – (b)
Comparaison entre la température dans une salle de TD et l’air extérieur.

présentés à la Figure 4.9 montrent bien qu’il est possible de rafraîchir les salles de TD avec
un écart moyen de l’ordre de 5°C entre l’air extérieur et intérieur. Les pratiques des pré-
dimensionnements des bureaux d’études proposent un ratio 150 kWf/m2 de bâtiment, ce
qui nous amènerait à un besoin de l’ordre 32,4 kW pour le département Génie Civil. Cela
reste cohérent avec les valeurs obtenues sur la simulation de froid solaire. L’exemple proposé
a porté sur le mois de janvier où la machine à absorption a pu produire 8,3 MWh.
Si nous avions eu recours à un dispositif classique de climatisation, en admettant un COP de
l’ordre de 3, cela représentait un besoin électrique de 2,8 MWh, soit l’équivalent d’environ
410€. Ainsi, le bilan thermique de l’installation est positif. Compte tenu du mix électrique de la
Réunion à l’époque, on évite un rejet de 1,89 tCO2 dans l’atmosphère durant le mois janvier.
Pour pouvoir situer cet impact, cela correspond presque à un trajet aller Paris – Réunion. A
l’issue des différents essais et d’une optimisation des composants du système, nous avions
obtenu la configuration suivante :
— Machine à absorption de 35 kWf ;
— 60 m2 de capteurs sous vide | soit un ratio 1,7 m2 /kWf ;
— Ballon de stockage 0,8 m3 | soit un ratio 0,023 m3 /kWf ;
— Débit dans le circuit primaire de 50 kg/hr m2 de capteur.
Suite à cette configuration issue de la modélisation, des ajustements ont été effectués sur le
pilote final. La machine retenue a été une Yazaki de 30 kWf. Cependant, pour des raisons
4.2. Travaux de thèse 69

Figure 4.10 – Données expérimentales du pilote pour la salle de TD4 à l’IUT de la


Réunion en 2008.

économiques, le choix de 90 m2 capteurs double vitrage a été préféré à celui des capteurs
sous vide (la surface nécessaire en toiture était disponible). En effet, le coût total du pilote
expérimental s’élève à 224,5 k€. Le champ de capteurs solaires double vitrage représente 24%
du budget total. Le choix des capteurs sous vide aurait induit un surcoût de 54k€. Les détails
des premiers essais du pilote RAFSOL ont été présentés dans les travaux cités, [Praene 2011,
Marc 2011]. Nous retiendrons que les premiers résultats ont fourni une puissance de 20 kW,
notée PDIST sur la Figure 4.10 et qu’une optimisation de la boucle solaire a été nécessaire
pour améliorer les performances de la production de froid.

4.2.3 Conclusion
Mes travaux ont permis d’introduire, au sein du laboratoire, la thématique des systèmes
énergétiques renouvelables. L’étude du dispositif de rafraîchissement s’est faite dans une
approche classique qui fait se croiser de façon quasi-systématique, la modélisation et l’ex-
périmentation. Le retour d’expérience de l’installation a permis de mettre en évidence les
avantages et les barrières de ce type de technologie dans le contexte local. En effet, dans un
premier temps, d’un point de vue purement énergétique, l’efficience thermique est positive
car, globalement le système évite une quantité non-négligeable d’émissions de CO2 dans
l’atmosphère. Toutefois, lors des différentes campagnes expérimentales, le fonctionnement
de la tour de refroidissement vient diminuer les performances de l’installation. Le COPelec
70 Chapitre 4. Contexte général

de l’installation est de l’ordre de 0,3 contre 0,6 en performance thermique. Rappelons que
le condenseur et l’absorbeur sont le siège de réactions exothermiques. Par conséquent pour
maintenir les performances de la machine, il est indispensable de les évacuer à travers une
tour de refroidissement.
L’environnement de simulation mis en place a été validé par l’installation expérimentale. Cela
nous a conforté dans les choix d’une approche dynamique du dimensionnement qui permet
d’ajuster au plus près les différents composants. Compte tenu des coûts élevés de ces pilotes,
il est crucial de ne pas surdimensionner les installations pour des seuls objectifs de garantie
de performance. En effet, le coût du kWh frigorifique de cette installation est très élevé par
rapport à un coût conventionnel de climatisation.
D’autres travaux ont été menés pour prolonger nos investigations sur le froid solaire. Les
travaux de thèses d’Olivier Marc [Marc 2010] ont permis d’optimiser l’installation notam-
ment par une analyse exergétique des différentes parties du pilote. Cette analyse a permis
notamment d’ajuster la régulation de l’installation et de définir de nouvelles stratégies de
fonctionnement. Outre cette première approche analytique de modélisation des composants,
j’ai également poursuivi d’autres modes de modélisation de la machine à absorption par les
réseaux de neurones bayesiens afin de tester ces approches par apprentissage de données.
Les résultats ont été présentés aux journées de formation SIMUREX.
Le fil conducteur des travaux initiés sur le rafraîchissement solaire au sein du laboratoire a
été de mettre en œuvre un pilote qui permet d’accumuler un retour d’expérience et constituer
des données à exploiter pour la modélisation. Un second aspect important a été la volonté de
pouvoir transférer rapidement les connaissances au milieu professionnel. Le projet ANR ME-
GAPICS 11 visait ainsi à fournir aux professionnels (concepteurs, planificateurs, ...) un nouvel
outil de dimensionnement simplifié, appelé PISTACHE 12 , permettant à la fois la conception et
la prévision des performances des systèmes de chauffage, de refroidissement et de production
d’eau chaude sanitaire solaire. Ce travail a consisté, dans un premier temps, à valider le bi-
lan énergétique annuel de l’outil PISTACHE par rapport aux données expérimentales réelles
du RAFSOL puis à appliquer l’analyse de sensibilité afin de vérifier de tester l’influence des
paramètres retenus, [Semmari 2014]. L’outil développé a permis d’obtenir des bons résultats
et comportement dynamique cohérent par rapport aux données de RAFSOL, malgré une ten-
dance à sous-estimer la production de froid solaire en moyenne 12,87%. En guise de synthèse,
nous présentons ci dessous les retombés de ma recherche sur le froid solaire. Ce résumé se
propose de présenter la plus value dans le cadre des travaux apportés selon trois aspects :
— La valorisation scientifique | J’y inclus les articles, congrès mais également toutes
les communication de vulgarisation de mon travaux ;
— L’encadrement scientifique | Cette aspect porte sur les encadrement de thèse, les
suivi de doctorants, étudiants de Master ou ingénieur, mais qui n’ont pas forcément
l’objet ;
— Formation | Ce dernier point rend compte du transfert de connaissances en direction
des étudiants mais également dans le cadre de la formation continue.

11. Méthode pour Garantir les Performances des Installations de Climatisation / Chauffage Solaire
12. Presizing tool for solar cooling, heating and domestic hot water production systems
4.3. Problématique et positionnement de ma recherche 71

Valorisation – 4 articles en revue, 7 communications et 3 rapports ont été publiés sur


la modélisation et l’expérimentation de l’installation de froid solaire. J’ai participé à 2 projets
RAFSOL ET ORASOL sur le pilote et son optimisation. Un dernier projet MEGAPICS financé
par l’ADEME, m’a permis de tester les outils de sensibilité sur les modèles développés.
Encadrement – J’ai participé au suivi de deux thèses sur l’installation de production
de froid solaire, celle d’Olivier Marc et de Blaise Letexier. J’ai encadré deux mémoires de
Master 2, dont un en particulier sur le couplage avec un gazéifieur.
Formation – J’ai créé 3 UEs en L3 Génie Civil et Master Génie Civil, portant sur les
bilans thermiques appliqués aux capteurs solaires (L3), la modélisation des capteurs solaires,
l’analyse exergétique des dispositifs thermodynamiques renouvelables.

4.3 Problématique et positionnement de ma re-


cherche
A l’échelle des grandes périodes (millions d’années) les facteurs qui influencent le
changement climatique sont très nombreux : variation du rayonnement solaire, tectonique
des plaques etc. À notre échelle de temps, l’impact de l’activité anthropique a eu des
répercussions importantes sur la Terre d’un point physique, social, économique et environ-
nemental, [IPCC 2007]. Le GIEC 13 dans son rapport de 2014 [IPCC 2014], indique dans son
avant propos une certitude à 95% des causes du réchauffement du fait de notre activité. Le
rapport de 2018 du GIEC met en avant la feuille de route à mettre en oeuvre pour réussir
les ambitions définies dans l’accord de Paris en 2015. En effet, celui-ci propose un cadre
mondial pour prévenir d’un changement climatique dangereux en limitant le réchauffement
climatique à un niveau bien en dessous de 2°C et en poursuivant les efforts pour le limiter
en dessous d’un niveau moyen de 1,5°C à l’horizon 2040.
Comme le montre la Figure 4.11, contenir l’augmentation de la température à une moyenne
de 1,5°C demandera le déploiement de mesures drastiques, [Tollefson 2018]. Pour ce faire,
il sera primordial de pouvoir agir en amont sur les causes et en aval sur les effets. Il
apparaît dès lors de façon assez triviale qu’une approche transdisciplinaire est nécessaire
pour une appropriation de la compréhension des défis à relever. Ainsi, comme le souligne
[Laukkonen 2009], il est indispensable de combiner de manière appropriée les efforts
d’atténuation et d’adaptation pour un développement soutenable des territoires. Pour
répondre efficacement à ces enjeux, les acteurs publics et les planificateurs ont besoin
d’informations, de méthodologies et d’outils pour les aider dans leur processus décisionnel.

Dans ce qui précède, il a été mis en exergue l’importance de la compréhension de notre


environnement et de notre société afin de construire une modélisation pour le long terme.
Pour cela, il nous est indispensable de comprendre notre situation passée et présente. Il est
également crucial de pouvoir diagnostiquer correctement les potentialités et faiblesses de
notre territoire, les usages et pratiques courantes dans différents secteurs. De nombreux

13. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat


72 Chapitre 4. Contexte général

Figure 4.11 – Trajectoire historique et évolutions tendancielles de l’élévation de la


température de 1960-2100 – source [IPCC 2018].

travaux traitent de ces questions dans des domaines variés, à titre d’exemple : dans le secteur
du bâtiment, on s’intéresse beaucoup aux flux d’énergie et aux technologies pour atténuer les
crises environnementales. On parle ainsi de récupération d’énergie solaire, de production de
biogaz, de traitement in situ des eaux usées, etc. [Hossain 2017]. Concernant la production
énergétique renouvelable, des études de gisement sur de nombreux territoires existent et
font une analyse de type SWOT des développements possibles. Un récent systematic review
[Hansen 2019] a mis en avant la nécessite de se questionner sur le rôle des individus et
des territoires dans la transition des micro systèmes énergétiques. Un autre enjeu majeur
est le positionnement de cette recherche dans le cas de régions "marginalisées" tels que
territoires pauvres ou des espaces insulaires, [Kang 2020]. Enfin, la littérature aborde de plus
en plus une analyse à l’échelle des usagers, questionnant ainsi, la perception et les pratiques
de la population vis-à-vis des changements à engager. Une étude de [Sovacool 2020] met
en évidence le biais d’une approche purement technico-économique, de la transition bas
carbone. En effet, il questionne le fait que la culture d’un pays ou d’un territoire peut
s’avérer être une barrière majeure à cette transition et discute de l’appropriation de ces
connaissances par les acteurs de l’énergie.

Les illustrations ci-dessus témoignent en quelque sorte de mon cheminement de cher-


cheur au sein du laboratoire depuis 2010. Ainsi, je propose une lecture chronologique des
différentes thématiques que j’ai souhaitées prospecter. Les cinq prochains chapitres aborde-
ront les thèmes et les enjeux de la transition bas carbone au prisme des axes suivant :
— Évaluer les potentialités d’un territoire ;
— Comprendre les dynamiques territoriales et temporelles ;
— Penser et construire des environnements soutenables ;
— Modéliser le long terme ;
— Examiner notre impact sur notre environnement.
4.3. Problématique et positionnement de ma recherche 73

Á l’issue de ces différents axes, je présenterai dans un dernier chapitre de synthèse, le fil
conducteur des travaux que j’aurai menés ou dirigés. Cela permettra de mettre en évidence le
sens de l’orientation de ma recherche, avec en particulier le positionnement de cette dernière
dans le laboratoire PIMENT. Je dégagerai au final, ma vision et ma stratégie de recherche
pour ces dix prochaines années.
Chapitre 5
Territoires et transition énergétique

Sommaire
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.1.1 Le contexte national . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
5.1.2 Transition énergétique en milieu insulaire . . . . . . . . . . . 78
5.1.3 La Réunion, une île en transition énergétique ? . . . . . . . . 78
5.1.4 Madagascar, quelle transition énergétique pour la grande île ? 82
5.1.5 Les Comores où comment s’engager enfin vers une durabilité
énergétique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
5.1.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

D epuis les conférences sur le climat COP 21 à Paris et COP 22 à Marrakech en dé-
cembre 2016, la volonté de tendre vers une société bas carbone est de plus en plus au
cœur des débats mondiaux. Dans ce débat, la pénétration des énergies renouvelables demeure
un des leviers forts de cette transition énergétique, [Chen 2020a]. Même si ces productions
dites "propres" ne font pas toujours l’unanimité, elles demeurent aujourd’hui la solution ul-
time d’une réponse à nos futurs besoins énergétiques, [Raineau 2011]. Ce chapitre résume
les travaux que j’ai menés sur l’étude des potentialités des territoires en terme de production
d’énergies renouvelables.

5.1 Introduction
L’énergie, élément clé du développement économique de nos territoires, est devenue un
enjeu majeur de notre société. En trente ans, il s’est invité à la table des discussions politiques,
des innnovations technologiques, de la recherche transdisciplinaire forgeant ainsi la nécessité
de l’anticipation de la fin des ressources actuelles et de regards croisés sur ce défi. Pourtant,
la question de la nature finie des ressources fossiles n’est pas nouvelle. En 1866, dans son
article "The Coal Question", [Jevons 1866], l’auteur pose la question suivante :" Combien de
temps le charbon peut-il soutenir l’industrie britannique ? ". Ce questionnement peut aujour-
d’hui se transposer aux cas des énergies fossiles et de l’économie mondiale qui peut perdre
sa dynamique du fait de la disparition des ressources actuelles [Polimeni 2015, York 2016].
Dépendance aux combustibles fossiles et réchauffement climatiques sont deux problèmes in-
trinsèquement liés, comme évoqué par [Bardi 2013], quels que soient nos choix à venir la
76 Chapitre 5. Territoires et transition énergétique

transition est déjà en cours. En effet, pour obtenir les mêmes quantités d’énergie, nous de-
vons en consommer plus lors des processus d’extraction. Cela a induit une augmentation des
coûts de l’énergie dans la deuxième moitié du 20e siècle du fait de la pression de la demande
industrielle [Fouquet 2011]. On ne peut donc imaginer de plus grand défi pour l’humanité
que de quitter cette dépendance aux combustibles fossiles dans tous les secteurs : électricité,
transport, agriculture, etc..Arrêtons nous quelques instants sur quelques éléments de concept
de la transition énergétique.
Au mot "Transition" est actuellement associé de nombreux épithètes tel que démogra-
phique, digitale, énergétique, écologique etc.[Millot 2019b]. Le terme "Transition" désigne
"un processus de transformation au cours duquel un système passe d’un régime d’équilibre à
un autre" [Bourg 2015]. Toutefois, ce changement systémique, ne signifie pas pour autant de
passer d’un état stable à un autre. [Chavance 1990] rappelle l’intérêt de garder une définition
suffisamment ouverte permettant d’inclure les incertitudes liées à ce processus complexe de
la transition. La notion de transition est déjà exposée au sein du rapport Limits to growth,
[Meadows 1972], qui alerte sur la nécessité de la transition d’un modèle de développement
axé sur la croissance vers un équilibre global. La notion de transition énergétique apparaît
quant à elle dans les travaux d’Attiga qui questionnent la vulnérabilité économique des pays
du tiers-monde vis-à-vis du pétrole [Attiga 1979]. Dès 1983, la Banque Mondiale insiste sur la
nécessité de développer une meilleure gestion à la fois au sein des fournisseurs de l’énergie et
au niveau national. La coordination des activités des fournisseurs et la promotion de la maî-
trise de l’énergie est un point crucial [Kutcher 1983]. Le concept de transition est retrouvé
dans le rapport de Brundtland [Brundtland 1987] à travers un bouquet énergétique diver-
sifié et à faible impact environnemental. Bien que non cité directement dans les 17 SDGs 1
[GA 2015], ces derniers reprennent des objectifs de transition énergétique autour des no-
tions de sécurité et justice énergétique, de diminution des coûts technologiques ou encore
l’intensité énergétique des industries. Ces aspects sont en particulier abordés dans le SDG 7,
[Villavicencio Calzadilla 2018].
Malgré son usage largement répandu, la transition énergétique souffre de nombreuses ambi-
guïtés qui rend aujourd’hui difficiles les débats et négociations entre ces États sur la scène
internationale. Comme le souligne [Chabot 2015], la transition s’intéresse au renouvellement
des pratiques en mobilisant de nouveaux moyens. L’approche temporelle de cette dernière
se veut certes irréversible, mais pourtant, on lui confère un caractère cyclique qui permet de
dessiner le processus comme un élément vivant à questionner et renouveler en continu à
différents intervalles de temps [Smil 2010].
Ainsi, la transition énergétique est vue comme l’outil préconisé pour relever les multiples
défis auxquels le système énergétique est confronté, tels que l’épuisement rapide des res-
sources, la pauvreté énergétique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, etc.
[Markard 2012, Dóci 2015]. Comme résumé dans les travaux de [York 2019], le seul focus
sur le développement technologique des énergies renouvelables ne suffit pas à appréhender
la question de la transition énergétique. Il est alors nécessaire de comprendre les potentialités
physiques du territoire, le jeu des acteurs engagés dans le secteur de l’énergie, et comprendre
qu’elles peuvent être les barrières pour ralentir cette dynamique de changement.

1. Sustainable Development Goals


5.1. Introduction 77

Les travaux que je présente dans ce chapitre ont interrogé ces différents aspects afin de dé-
finir les contours d’un engagement dans le chemin d’une transition énergétique à l’épreuve
des territoires. Mon d’observation et d’analyse évolue du système de production énergétique
ou du bâtiment aux espaces bâtis ou le territoire dans son ensemble. Cette échelle est aujour-
d’hui indispensable, car elle nous permet de faire se côtoyer différents aspects de la transition
écologique : technologique, socio-économique, environnemental, etc.

5.1.1 Le contexte national


Instaurée initialement en 2015 dans la LTECV 2 , la stratégie nationale bas-carbone (SNBC)
de la France a été récemment revisitée en 2018-2019. L’ambition principale est une neutralité
carbone à l’horizon 2050. Dans le secteur de l’énergie, l’accent est mis sur deux principaux
aspects :
— Améliorer l’efficacité énergétique dans tous les secteurs d’activités et encourager la
sobriété énergétique ;
— Accélérer la pénétration des EnRs dans le mix électrique et supprimer à court terme le
charbon ;
— Garantir la sécurité énergétique : gestion plus pertinente de la distribution électrique,
intégration de dispositif de stockage, lissage des pics de consommation électrique ;
— Maîtrise le coût de l’énergie .
La feuille de route de la politique énergétique de la France est soutenue par un second do-
cument : la Programmation Pluriannuel de l’Énergie (PPE). Ce dernier fixe plus précisément
les détails des mix électriques à atteindre dans le cadre du scénario défini dans la SNBC.
L’arrivée de ce cadre naît d’un constat simple : la France n’est pas sur la bonne trajectoire
vis-à-vis des objectifs de réduction d’émission à l’horizon 2050. En effet, La France connaît
entre 2010 et 2012 une diminution de ses émissions, mais qui découle en réalité des effets de
la crise de 2008 sur l’activité économique. Ainsi, l’un des éléments important de la LTECV,
est la valorisation des territoires [Duval 2018]. On y voit d’une part un transfert des com-
pétences au différents collectivités (Région, Département) et un encouragement du dévelop-
pement des TECPV 3 visant ainsi une forte mobilisation des potentialités en ressources re-
nouvelables de ces territoires. Cette articulation, entre ambition et déclinaison régionale de
l’aménagement du territoire, s’appuie également, depuis les Grenelles de l’environnement,
sur deux outils incontournables que sont les PCAET 4 et le SRADDET 5 . Comme souligné
par [Bénard-Sora 2018, Rüdinger 2017], la multiplication des documents stratégiques à dif-
férentes échelles font se collisionner les décisions, et complique l’opérationnalité et la cohé-
rence de l’action. Au final, le pilotage de la transition place le territoire au cœur des enjeux à
travers le diagnostic de ce dernier et l’utilisation de ses potentialités spécifiques.

2. Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte


3. Territoires à énergie positive pour la croissance verte
4. Plan climat-air-énergie territorial
5. Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires
78 Chapitre 5. Territoires et transition énergétique

5.1.2 Transition énergétique en milieu insulaire


Depuis près de cinquante ans les petites économies insulaires sont au cœur des discus-
sions internationales [Angeon 2015]. En 1987, lors de l’assemblée générale des Nations Unies,
la question de l’élévation du niveau de la mer est soulignée par le Président des Maldives
[Wong 2010]. Les Nations Unies reconnaissent ainsi en 1992, les Petits États Insulaires en
Développement (PEID) comme des territoires écologiquement fragiles et vulnérables. Ainsi,
étant des zones les plus souvent non interconnectées à un réseau électrique continental, ces
espaces insulaires concentrent de nombreux handicaps structurels dont les conséquences
pèsent sur leur développement économique [Briguglio 1995, Sovacool 2011, Genave 2020].
Un des points remarquables commun à tous ces espaces est leur forte dépendance aux res-
sources fossiles pour la production d’électricité. Pour autant, ces territoires disposent de nom-
breuses ressources renouvelables. La littérature recueille de nombreux travaux traitant du po-
tentiel de production électrique renouvelable. Un état de l’art des études de potentiel effectué
par [Kuang 2016] relève que la plupart des îles ont principalement recours à l’hydroélectricité
et à l’énergie solaire. Peu d’entre elles se sont orientées vers le développement de la biomasse
ou encore de l’énergie des mers. De plus, la nature intermittente de ces ressources renouve-
lables porte un nouvel enjeu au stockage et à la gestion de la demande et de la distribution.
La nature de ces espaces insulaires est également très variée. Outre les caractéristiques géo-
physiques, leur statut politique peut jouer un rôle sur les stratégies énergétiques et la capacité
des îles à se transformer. Ainsi, dans cette partie de diagnostic des territoires, je me suis fo-
calisé sur des îles de l’Océan Indien à savoir La Réunion, Madagascar et les Comores. Cette
étape a été la première de notre travail de prospective. En effet, il est indispensable avant
même de vouloir des scénarios et construire le long terme, de connaître la situation socio-
économique du territoire et évaluer ces potentialités. Cette première partie de travaux, a donc
une investigation de données de terrain, d’entretiens avec les acteurs de l’énergie et de col-
lecte de supports/données en ligne afin de constituer un fond documentaire sur l’île étudiée.
Cet état de l’art est d’autant plus important qu’il existe souvent peu d’informations fiables
sur certains territoires et qu’il est alors obligatoire de faire une validation croisée des don-
nées récoltées. Les trois cas que nous présentons sont intéressants car au-delà du fait que ces
îles sont toutes dans l’Océan Indien, elles diffèrent sur de nombreux aspects ; nous verrons
malgré tout que les ambitions sont proches mais que les mises en œuvre sont rendues parfois
plus complexes du fait des situations socio-économiques spécifiques.

5.1.3 La Réunion, une île en transition énergétique ?


Jusqu’à 2011, La Réunion était le seul DROM et la seule région ultrapériphérique de l’Eu-
rope dans la zone Océan Indien. L’île d’une superficie de 2512 km2 concentre l’essentiel de
sa population sur les côtes. En effet 80% de la population se situe à une altitude inférieure
à 600 m. La croissance démographique est très soutenue. Nous sommes passés d’une po-
pulation 450 000 habitants en 1970 à 853 659 en 2017. La Réunion est en fin de transition
démographique et devrait se stabiliser en 2050 aux alentours de 940 000 d’habitants, selon les
projections du scénarios central de l’INSEE [INSEE 2017]. Cette croissance démographique
et le développement économique du territoire depuis les années 1980, ont induit une dépen-
5.1. Introduction 79

dance progressive aux combustibles dans la production d’électricité.


Suite à la départementalisation en 1946, pour des raisons de coûts d’investissement, la
Réunion dans un premier temps peine à se moderniser et se développer. L’électrification du
territoire ne démarre qu’en 1961 par la centrale hydroélectrique de Langevin. Une seconde
grande étape de l’électrification sera en 1975 avec la nationalisation de la production et la
distribution de l’électricité, et la mise en service de la centrale Takamaka I (1968). Comme on
peut le voir à la Figure 5.1, la Réunion a progressivement augmenté la part d’énergie fossile
(charbon et diesel) dans son mix, cela correspond à la réponse rapide trouvée par les acteurs
locaux pour répondre à une intensité énergétique de plus en plus importante. On voit ainsi
sur le long terme les conséquences d’un manque de planification des besoins et de la mise
en œuvre d’une stratégie de production le moins dépendant des importations de matières
premières.

Figure 5.1 – Évolution historique de la production électrique à la Réunion

La courbe d’évolution montre bien que, hors part hydroélectrique, la part des EnRs a com-
mencé en augmenter de façon significative à partir de 2009. Toutefois, le taux de pénétration
des EnRs ne présente pas de signe traduisant une vraie amorce de la transition énergétique.
Pour rappel en 2000, la part des EnRs était de 46,7%, contre 31,2% en 2019. Ce taux est quasi-
statique depuis 2009. Il est important de se souligner que l’intensité énergétique à beaucoup
évolué en 10 ans, passant de 1,26 en 2008 à 1,41 MWh/hab en 2018. Cette augmentation de
l’intensité énergétique a pour conséquence la plus importante une part importante des res-
sources fossiles comme le montre la Figure 5.2. Le charbon, le fioul et le diesel représentent
80 Chapitre 5. Territoires et transition énergétique

64% de la production et ce taux peinent à diminuer depuis plus de 10 ans.


La question de l’autonomie énergétique n’est pas nouvelle à la Réunion et elle précède

Autres EnRs
9%
Bagasse Charbon
7% 36%

Hydraulique
20%

Fioul / Gazole
28%

Figure 5.2 – Mix de la production d’électricité à la Réunion en 2018.

même les débats récents sur le changement climatique. Lors de sa création en 1959, le Parti
communiste réunionnais établit une première ébauche d’un programme d’autonomie de l’île
[Gauvin 2000]. En 1975, soit moins trois ans après "Le premier Sommet de la Terre" 6 , ce ma-
nifeste est mis à jour et compte différents documents intitulés "Plan de Survie", "Autonomie",
"Égalité et développement", "Pacte pour un développement solidaire". On y découvre dans ses
lignes directrices d’émancipation, les préconisations du PCR dans "Le plan de survie" sur la
valorisation de la bagasse et le déploiement des EnRs pour atteindre une autonomie énergé-
tique [Labache 2017]. Cette ambition est amplifiée par la Région Réunion sous la gouvernance
de Paul Vergès (1998–2010), qui définit dans son PRERURE, les objectifs d’une autonomie
énergétique à l’horizon 2030 [Vergès 1993]. La Réunion s’engage dès 2000 sur la voie de cette
autonomie, avec l’ambition de faire de l’île un laboratoire d’expérimentation des technologies
et des stratégies de planification énergétiques.

5.1.3.1 Potentiel en énergies renouvelables


Hormis l’hydroélectricité qui est la ressource historique et qui représente près de 20% de
la production énergétique, la ressource solaire est aujourd’hui l’une des plus utilisées. L’île
6. Conférence de Stockholm (1972)
5.1. Introduction 81

bénéficie d’un ensoleillement annuel de l’ordre de 1400–2500 h. Ce fort potentiel, a vu le dé-


veloppement des systèmes d’eau chaude solaire (ECS) et de photovoltaïque(PV). Fin 2018, on
compte près de 46 000 m2 de dispositifs ECS installés pour une production d’eau chaude de
275,7 GWh. La Réunion se classe au 1e rang européen en termes de ratio d’ECS installés de
0,777 m2 /hab . Ce développement fort s’explique par dispositif financier incitatif pour l’ac-
quisition des dispositifs. La RTAADOM 7 a permis d’imposer une part de plus de 50% d’apport
issu du solaire pour les logements. Le PV a connu une période très active en 2010-2014 en
particulier sur les champs photovoltaïques. La tendance quasi asymptotique des puissances
raccordées est également due à une limite de 30% d’énergie intermittente injectée sur le ré-
seau. Cette limite est fixée pour les ZNI 8 françaises, afin de sécuriser la fiabilité du réseau.
À titre indicatif la puissance raccordée a évolué de 173,1 MW en 2014 à 190,4 MW en 2018.
L’énergie éolienne quant à elle est vraiment peu présente malgré un potentiel fort sur la zone
littorale sud soumise aux Alizées. En 2018, la production était de 12,8 GWh pour une puis-
sance installée de 16,5 MW soit moins de 2% de la production totale. L’île compte deux fermes
depuis 2005 qui devraient être renouvelées d’ici 2023, mais aucune extension n’est prévue.
Toutefois la modernisation du parc va permettre d’augmenter la capacité de 25 MW et de
diminuer le nombre d’éoliennes. Le Tableau 5.1 résume l’évolution du mix électrique de la
Réunion. On voit ainsi bien que l’augmentation de la demande en électrique a été principa-

Table 5.1 – Comparaison du mix électrique 2008 et 2018.


2008 2018
Puissance installée (MW) Production (GWh) Puissance installée (MW) Production (GWh)
Fioul /Gazole 228 338,7 291 817,6
Chargon/ Bagasse 210 1550,4 210 1259,6
Fioul - Bioéthanol - - 41 2,3
Hydraulique 121 632,1 133,2 601,4
Eolien 16,4 13,5 16,5 12,8
Biogaz 2 - 4,4 12,7
Photovoltaïque 9,9 10,67 190,4 253,3
Batterie NaS - - 6 -0,8

Total 587,3 2545,7 892,5 2958,9

lement compensée par l’apport d’énergie fossile. Comme fait marquant, on notera la part du
photovoltaïque qui a augmenté de façon significative. L’un des grands absents de ce dévelop-
pement des ressources demeure les déchets qui restent sur un usage faibles de production de
méthane au niveau des ISDND 9 . D’autres investigations expérimentales concernent la gazéi-
fication de résidus agricoles. Au sein de notre laboratoire des expérimentations sont en cours
sur un pilote évaluant le potentiel des ordures ménagers résiduels. L’utilisation de l’énergie
thermique des mers a été investiguée pour la production d’électricité, au titre de prototype
à travers les travaux de [Sinama 2011, Sinama 2015, Sinama 2016]. Cette ressource se trouve
être une des plus prometteuses, car elle nous affranchit de la question de l’intermittence. À

7. réglementation thermique acoustique et aération DOM


8. Zone Non Interconnectée
9. Installations de Stockage des Déchets Non Dangereux
82 Chapitre 5. Territoires et transition énergétique

l’heure actuelle, seul un SWAC 10 est prévu avec le CHU de Saint-Pierre dans le sud à l’hori-
zon 2023. Ce dispositif devrait réduire les besoins en électricité dus à la climatisation de près
de 30% (environ 9600 MWh) soit l’équivalent 6 800 habitants.

5.1.3.2 Planification énergétique


Comme souligné dans les travaux de [Selosse 2018] et défendu par Paul Vergès
[Vergès 1993] dans son ambition d’une autonomie énergétique, la Réunion peut être un
laboratoire et un terrain d’expérimentation vitrine pour le monde entier des bonnes pra-
tiques et stratégies à mettre en œuvre. Nous concentrons sur 2512 km2 de nombreuses
contraintes physiques et structurelles et dans le même temps de nombreuses opportunités
pour réussir notre transition. Toutefois la mise en marche de cette transition ne semble pas
montrer de signes encourageants d’une dynamique. Parmi les sept barrières identifiées par
[Painuly 2001] à la pénétration des EnRs sur un territoire, la Réunion concentre deux d’entre
elles qui peuvent expliquer cette stagnation selon, [Praene 2012, Bénard-Sora 2018]. En effet,
les expériences réussies d’EnRs (ECS, PV) à la Réunion sont toutes liées à des mécanismes
incitatifs financiers (défiscalisation, tarif de rachat de l’énergie, etc.). La disparition de ces
outils représente aujourd’hui un véritable frein à la relance des EnRs sur l’île. En second lieu,
la taille des marchés est une véritable barrière dans les orientations stratégiques et scéna-
rios à définir. On arrive ainsi à des résultats où l’autonomie de la Réunion n’est alors vue
qu’au prisme d’un déploiement massif du PV, n’offrant plus l’opportunité d’un véritable bou-
quet énergétique. À cet égard la valorisation des déchets offre une des perspectives des plus
encourageantes au regard du retour sur investissement des technologies associées.

5.1.4 Madagascar, quelle transition énergétique pour la grande


île ?
Madagascar surnommée "la Grande île" n’a rien de comparable avec les autres petites
îles de l’Océan Indien. Son territoire d’une superficie de 587 295 km2 est caractérisé par une
forte hétérogénéité spatiale sur plusieurs aspects : climatique, économique, ressources, etc.
La population totale s’élève à plus de 27 millions (dont 36,5% est en zone urbaine). Cet état
est économiquement fragile du fait de l’instabilité politique récurrente qu’il subit depuis plus
de 30 ans. Comme le décrit [Razafindrakoto 2014] l’histoire du pays met en avant l’incapa-
cité des gouvernements successifs à définir un consensus politique stable. Au fil du temps
des écarts ou clivages se sont creusés et semblent aujourd’hui quasi irréversibles : capitale vs
provinces, zones rurales vs villes etc. [Razafindrakoto 2015].
Les conséquences de ces conjonctures politiques sont à la fois un ralentissement économique
et un affaiblissement d’une population déjà très vulnérable, voir la Figure 5.3. Actuellement,
70% de la population totale vit en dessous du seuil de pauvreté (moins de 2 $/jour). Pour re-
mettre l’économie sur un chemin de croissance saine et durable à un niveau au moins égal à
5%, le FMI a décidé en 2016 d’accorder une facilité de crédit étendue de 305 millions de dollars.
Ce fond était adossé à un programme de réforme sur trois ans (2016-2019), dont l’énergie est

10. Sea water air-conditioning


5.1. Introduction 83

l’une des pierres angulaires. Dans ce contexte, le secteur de l’énergie semble présenter un
intérêt considérable dans le sens où cette ressource est nécessaire à la croissance de tous les
secteurs productifs du pays. L’indicateur Doing Business classe Madagascar au 185e /190 en
2019 pour l’accès à l’électricité [Bank 2019c]. Ainsi, le développement du secteur de l’élec-
tricité est le principal défi énergétique du pays pour les dix prochaines années. À l’image

20

10
(%)

1991 2009
−10
2002

Electrification rate
−20 GDP Growth
"Coup d'état"

1990 1995 2000 Year 2005 2010 2015

Figure 5.3 – Taux d’électrification et croissance du PIB de 1990 à 2017, source


[Bank 2019b, Bank 2019d]

de la société, on observe une fragmentation du territoire. Ces inégalités se retrouvent éga-


lement dans la problématique de l’électricité. En effet, le territoire doit faire face à plusieurs
challenges :
— En zone rurale, les ménages sont en général très pauvres et la densité de population
est très faible, ce qui ne suscite pas l’intérêt des investisseurs [Almeshqab 2019]. Ainsi,
l’objectif est de viser une production autonome renouvelable en s’appuyant sur les
atouts spécifiques à chaque région [Scott 2016] ;
— En zone urbaine, l’un des principaux problèmes dans les grandes villes est la sécurité
énergétique. En effet, les délestages et dysfonctionnement sont courants du fait de
nombreux raccordements "sauvages" et l’obsolescence du réseau de distribution.
En zone urbaine, seul 50% de la population a accès à l’électricité, ce taux chute à moins de
5% [Levet 2019]. Ce taux n’a cessé de diminuer depuis 2010 du fait des problèmes structu-
rels évoqués ci-dessus. Cette situation demeure alarmante, car le parc de production se dé-
grade fortement, par manque de maintenances régulières des différentes installations. A titre
d’exemples les centrales hydroélectriques datent de plus 30 ans.

5.1.4.1 Situation énergétique de Madagascar


La production électrique est essentiellement réalisée par une société nationale la JI-
RAMA 11 , qui est en situation de monopole depuis 1975 sur la production et la distribution
11. JIro sy RAno Malagasy
84 Chapitre 5. Territoires et transition énergétique

électrique. L’ADER 12 assure, avec l’appui d’une trentaine d’opérateurs privés, l’électrifica-
tion de milieux ruraux. Selon l’inventaire énergétique établi par le [WWF 2012] et le rapport
de la CREAM 13 [Voninirina 2014], le bois-énergie demeure le combustible le plus important
(92%) dans l’approvisionnement énergétique total. La part d’énergie fossile s’élève à 58,7%,
car l’hydroélectricité est la ressource qui permet d’avoir à ce jour 40% d’énergie renouvable,
ce qui représente une émission dans l’atmosphère de l’ordre de 581 g CO2eq /kWh. Cette
part élevée du bois-énergie s’explique par son accessibilité en zone rurale et son faible coût
pour la population. Le bilan énergétique de Madagascar en 2017 montre une structure de

525,7

788,5
Fioul lourd
Gazole
Charbon
Biomasse
Hydroélectricité

513,4
25,7
117,2

Figure 5.4 – Structure de la production d’électricité 2017 en GWh, [SIE 2017].

la consommation d’électricité principalement orientée autour du secteur résidentiel (55%),


de l’industrie (24%) et du secteur tertiaire (14%). Malgré la forte dépendance actuelle aux
combustibles fossiles, Madagascar a un potentiel considérable pour l’hydroélectricité à faible
capacité. Le potentiel hydroélectrique a été estimé à environ 7,8 GW. Aujourd’hui, seulement
2% de ce potentiel est exploité. En 1990, les centrales hydroélectriques représentaient 71% de
la production totale et les centrales thermiques seulement 29%. Au fil des ans, le pays a eu de
plus en plus recours aux centrales thermiques pour assurer les augmentations de la demande
d’électricité. En 2015, 39% de la production est assurée par les centrales thermiques, et les
centrales hydrauliques, environ 61%. L’utilisation de centrales thermiques a une incidence
considérable sur le prix de l’électricité ; le prix est plus bas et plus stable dans les régions où
les centrales hydroélectriques soutiennent la production que dans les régions principalement
alimentées par des centrales thermiques. Un nombre croissant d’installations photovoltaïques
permettant de produire de l’électricité à partir de l’énergie solaire sont en train d’apparaitre

12. Agence de Développement de l’Électrification Rurale


13. Centre de recherche, d’études et d’analyse économique à Madagascar.
5.1. Introduction 85

dans les zones rurales. Cependant, la part des énergies renouvelables reste marginale.
Afin d’évaluer précisément le potentiel en EnRs de Madagascar, nous avons, durant deux ans,
mené une campagne de terrain afin de collecter des données auprès des institutions publiques
et différents acteurs de l’énergie. Ces travaux ont fait l’objet d’un article [Praene 2017a], je
propose les grandes lignes et les principales conclusions ci-dessous.
— Ouest | zone chaude et sèche avec un fort potentiel solaire ;
— Est | zone chaude et humide sous aux vents ;
— Les Hauts plateaux | zone sèche et froide.
Ces disparités climatiques sont à considérer dans la stratégie de diversification du mix éner-
gétique renouvelable de Madagascar. À l’heure actuelle, l’hydroélectricité est l’une des so-
lutions les plus prometteuses pour augmenter la capacité renouvelable. En effet au cours
de ces 15 dernières années la production moyenne est de l’ordre de 660 GWh/an. La topo-
graphie des hauts plateaux est particulièrement adaptée à l’hydroélectricité. Une étude de
[Ramarojaona 2011] estime à 337 km3 le volume exploitable. Le réseau de rivières associé est
de plus de 3000 km. Avec une superficie de 365 000 km2 représentant 62,2% de la superficie
de Madagascar, le versant ouest présente de nombreux sites potentiels par rapport au reste
de l’ile. Par ailleurs, en l’absence de données pertinentes, la nature de certains sites est encore
indéfinie, bien que leur potentiel hydroélectrique soit connu.
Concernant le solaire, le potentiel est important avec une moyenne de 2000 kWh/m2 pour
le rayonnement global horizontal. Cette valeur varie de 4 000 à 6 500 sur la côte ouest de
l’île. Malgré ce gisemen solaire élevé, le développement de systèmes d’énergie solaire reste
difficile en raison de l’importance des investissements initiaux. En mars 2016, Madagascar
a rejoint le programme Scaling Solar de la Banque mondiale, qui prévoit la construction de
centrales solaires de 30 à 40 MW afin de réduire les délestages quotidiens et les interruptions
de la distribution d’électricité. L’énergie solaire est actuellement utilisée pour développer
l’électrification rurale. On trouve ainsi de nombreux kits PV avec stockage qui permettent de
répondre aux besoins "primaires" des foyers ruraux.
L’énergie éolienne présente un potentiel intéressant sur les zones côtières nord (région d’Ant-
siranana) et sud. Cependant, deux obstacles sont à prendre en compte : le premier est la
végétation tropicale qui peut être relativement dense et le second plus contraignant est la
récurrence des épisodes cycloniques durant l’été austral. Deux types d’installations sont ac-
tuellement utilisées à Madagascar, à savoir des éoliennes de pompage d’eau et des éoliennes
électriques. Les deux sont principalement importées et seul l’assemblage est fait localement.
Ces éoliennes sont localisées essentiellement en milieu rural ou en périphérie des grandes
villes [Beguerie 2009]. Cependant, les enjeux du développement de l’énergie éolienne à Ma-
dagascar se situent sur trois points principaux : les barrières commerciales et financières, la
distance entre les sites potentiels et le lieu de consommation, et la faible densité de popula-
tion. De plus, les sites éoliens potentiels sont éloignés des villages et des lignes de transport
nécessitent des dépenses supplémentaires, ce qui augmente le coût du développement. Cette
faible densité des habitations en milieu rural augmente les coûts de distribution et à cela
s’ajoute la faible capacité de paiement des ménages. Ainsi, le faible taux de facturation en-
traîne un prix élevé du kWh électrique. Afin de promouvoir l’énergie éolienne, les autorités
locales devraient appliquer une exonération fiscale sur le matériel lié à la construction d’éo-
86 Chapitre 5. Territoires et transition énergétique

liennes et une réduction d’impôts pour les entreprises qui ont l’intention d’investir dans cette
technologie à Madagascar [Beguerie 2009].
Nous avons étudié d’autres potentialités telles que la géothermie et l’énergie de la mer. Le
territoire dispose de gisements intéressants toutefois, le cout de la technologie est un frein
important. À titre d’exemple, entre 2010 et 2019, la géothermie est passée de 0,049 à 0,073
USD/kWh [IRENA 2020], ce qui, compte tenu du contexte socioéconomique du pays, exclut
quasi définitivement cette solution. Nous allons aborder les grandes lignes de la planification
énergétique de Madagascar portées par les politiques

5.1.4.2 Politique énergétique : l’ambition d’émergence du pays ?


La définition d’une politique énergétique est relativement récente à Madagascar. La pre-
mière étape a été de définir la Nouvelle Politique Énergétique (NPE) 2015-2030. La NPE s’ins-
crit dans le cadre de la mise en œuvre du Plan National de Développement (PND) 2015-2019.
Elle vise à "répondre aux défis économiques, sociaux et environnementaux urgents du pays".
Les trois sous-secteurs énergétiques abordés dans le NPE sont la biomasse, l’électricité et
les hydrocarbures. Visant à la fois à préserver l’environnement et à développer les EnRs,
l’objectif est de garantir la sécurité et l’indépendance énergétique du pays par la diversifica-
tion du bouquet énergétique et la réduction des importations d’hydrocarbures. Un élément
incontournable est également l’exploration des différents gisements possibles de ressources
énergétiques suivant les régions de Madagascar. L’adaptation et le renforcement du cadre ré-
glementaire et institutionnel et de l’environnement des affaires sont nécessaires pour réaliser
la vision de la NPE. Il est, en effet, indispensable d’assurer une coordination efficace entre les
différentes entités impliquées dans la relance du secteur énergétique ; i.e. les ministères ainsi
que les partenaires publics et privés, [Ministère de l’Energie et des Hydrocarbures 2015].
L’Initiative Émergence pour Madagascar (IEM) du président malgache tout récemment élu
est une vision ambitieuse du territoire pour l’année 2023. Cette nouvelle politique vise à en-
gager le pays à être un territoire résilient à la volatilité du marché international de l’énergie
d’ici 2023. Des pays émergents comme la Chine ont inspiré le modèle de développement du
IEM. Ce nouveau plan vise avant tout à contribuer au développement futur et à la prospérité
pour tous en l’espace d’une génération. Cette vision de l’obtention du statut de pays émergent
repose sur les réformes économiques approfondies nécessaires pour passer d’une économie
informelle à une économie qui exporte des produits finis à forte valeur ajoutée. Comme dans
tous les pays d’Afrique et d’Asie qui sont dans la phase émergente ou qui ont réussi leur
transition, cette transformation nécessitera des réformes structurelles profondes pour amé-
liorer les compétences et les performances. En ce qui concerne la question de la situation
énergétique, aucune planification précise n’a encore été établie. Les seuls objectifs quanti-
fiés sont, d’une part, de faire passer le taux d’électrification de 16% à 50% d’ici 2023. D’autre
part, au début de 2019, plusieurs projets de construction de centrales hydroélectriques ont
été planifiés dans le but de contribuer à la pénétration des énergies renouvelables dans le
mix électrique. Outre le développement des EnRs, le projet IEM vise également à maîtriser le
coût de production de l’électricité, qui est l’un des plus élevés de la région de l’océan Indien.
Le dernier point lié à l’énergie dans l’ IEM est la garantie de production, qui vise à limiter le
risque de délestages récurrents dans les grandes villes malgaches.
5.1. Introduction 87

5.1.5 Les Comores où comment s’engager enfin vers une dura-


bilité énergétique ?
L’Union des Comores est un petit archipel situé dans l’océan Indien, dans le canal du
Mozambique, entre la côte orientale de l’Afrique et l’île de Madagascar. La géographie de
l’archipel est très variable et se compose des îles suivantes :
— Ngazidja (i.e., Grande Comore) : La plus grande île des Comores avec une superficie
approximative de 1 148 km2 . Elle contient de vastes plaines et un volcan actif qui
s’élève à environ 2 500 m au-dessus du niveau de la mer ; par conséquent, Ngazidja est
une île volcanique couverte de cendres pouzzolaniques. Les activités économiques et
administratives des Comores se situent principalement sur cette île.
— Ndzuani (i.e., Anjouan) : La deuxième plus grande île des Comores avec une superfi-
cie d’environ 424 km2 . Cette île est très montagneuse avec de nombreuses rivières et
chutes d’eau.
— Mwali (i.e., Moheli) : La plus petite île des Comores avec une superficie d’environ 112
km2 . Cette île est très argileuse et est principalement couverte par une forêt subtropi-
cale.
La population des Comores est jeune et en forte croissance, elle était estimée à environ 800
000 citoyens [C.E.A 2017]. 70% des personnes vivent dans des zones rurales, mais un exode
rural considérable (38,6% des zones rurales) vers les zones urbaines est observé depuis 2016.
Ainsi, parmi toutes les nations africaines, l’archipel a une densité de population relative-
ment élevée [B.A.D 2017]. Les Comores est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique, avec
un HDI 14 de 0,497 en 2015, ce qui les place au 160e rang sur 188 nations africaines. Selon le
rapport de la Banque mondiale sur l’évaluation de la pauvreté [Bank 2017], les conditions de
vie se sont améliorées de manière significative au cours des deux dernières années grâce aux
réformes structurelles engagées dans le cadre d’un climat politique récemment stable. Néan-
moins, le PIB par habitant est encore faible en 2016 avec une valeur de 698 USD. Ainsi, les
fonds transférés par les expatriés, qui représentent plus de 20% du PIB total, sont essentiels
et fondamentaux pour l’équilibre de l’économie comorienne.

5.1.5.1 Vue d’ensemble de la situation énergétique


Avec une situation insulaire fortement caractérisée par des inégalités spatiales entre les
trois îles en termes de sécurité énergétique et de développement économique, la question
de l’électricité verte reste un enjeu important pour l’Union des Comores. Le plus grand défi
est de concilier la qualité de l’approvisionnement électrique avec une décarbonation du mix
électrique. Le secteur de l’électricité doit élaborer des stratégies essentielles pour résoudre
les problèmes de financement, de gestion et de gouvernance qui continuent à entraver le dé-
veloppement des énergies renouvelables. Par rapport à d’autres îles de l’Océan Indien, telles
que Maurice [Surroop 2017], Madagascar [Praene 2017a] et la Réunion [Bénard-Sora 2016], la
proportion d’énergies renouvelables aux Comores est presque inexistante. Comme le montre

14. Human Development Index


88 Chapitre 5. Territoires et transition énergétique

la Figure 5.5, les Comores est très en retard par rapport à d’autres îles de la zone, le GWP 15
de son mix est 930g CO2eq /kWh. L’accès à l’électricité est problématique dans la plupart

(a) (b)

0.696 kg CO2,eq/kWh

Reunion

HFO
0.906 kg CO2,eq/kWh Mayotte Diesel
Coal
Bagasse
0.800 kg CO2,eq/kWh Hydro
PV
Mauritius Landfill Gas
Wind

0.930 kg CO2,eq/kWh Comoros

3000 2500 2000 1500 1000 500 0 0 20 40 60 80 100


[GWh] [%]

Figure 5.5 – Comparaison du mix électrique des îles de l’Océan Indien : a) GWP et
électricité produite, b) Production par sources.

des régions de l’Union des Comores et représente un obstacle important au développement


socioéconomique. Selon la DGME 16 , en 2016, l’accès à l’électricité était de 48,50%. Ce taux,
qui représente la situation réelle sur le terrain, est radicalement différent du taux de 77,8% in-
diqué par les données ouvertes de la Banque mondiale en 2016 [The World Bank 2017]. De
plus, il existe une disparité considérable dans l’accès à l’électricité entre Mwali (10%), Nga-
zidja (60%) et Ndzuwani (50%). Cette différence est particulièrement notable, car les pannes
peuvent durer de 2 à 6 heures dans les zones urbaines à 12 heures dans les zones rurales.
Une grande partie de l’équipement existant est composée d’installations vieillissantes, dont
certaines sont hors service. Les pertes de transmission et de distribution atteignent 48%, re-
présentent une source majeure d’inefficacité dans le système électrique. La capacité dispo-
nible est passée de 25 MW en 2013 à 21,5 MW en 2016. La production effective est très faible
selon que la moitié des installations de générateurs au diesel sont en service ou non. Malheu-
reusement, les problèmes mentionnés ci-dessus sont beaucoup plus profonds. En effet, les
entreprises publiques souffrent de problèmes de gouvernance opérationnelle et financière,
qui sont dus à un manque d’investissements et à de fréquentes pertes commerciales et tech-
niques. Les subventions qui sont attribuées à ces entreprises représentent 10% du budget de
l’État. Le prix de l’électricité aux Comores est parmi les plus élevés d’Afrique. Le coût de
production de l’électricité est d’environ 595 USD/MWh et le prix de vente au consommateur
est de 298 USD/MWh. Malgré le coût élevé de l’énergie, la population est prête à payer pour
15. Global Warming Potential
16. Direction Générale de l’énergie, des Mines et de l’Eau
5.1. Introduction 89

l’accès à l’électricité. Dans le même temps, il est devenu de plus en plus fréquent que des par-
ticuliers contournent illégalement les compteurs électriques pour obtenir l’accès au réseau
électrique. Finalement, comme nous l’avons dit, les EnRs restent à développer sur ce territoire.
Les difficultés auxquelles fait face l’archipel s’apparentent beaucoup au cas de Madagascar.
Nous allons voir les principaux gisements et le cadre politique entourant les Comores.

5.1.5.2 Comment traduire l’ambition de transition énergétique ?


Les Comores depuis de nombreuses années affichent l’ambition politique d’opérer une
transition énergétique. On retrouve ainsi dans certaines archives de discours politiques l’évo-
cation des ressources renouvelables dès 1987. Ce discours est renforcé à partir des années
90 dans le cadre d’échanges et de coopération sous l’égide de la Comission de l’Océan In-
dien (COI). Ainsi, le développement des EnRs est quasi inexistant. Le photovoltaïque fait
une timide arrivée sur le marché. On trouve quelques rares exemples d’installations indi-
viduelles autonomes. Très récemment, une entreprise française a signé un contrat avec la
SONELEC pour acheter de l’électricité produite à partir de l’énergie solaire pendant 26 ans.
Avec ce contrat, la construction d’un parc solaire de 3 MW, [de France 2020] situé dans la
ville de Foumbouni, au sud-est de Ngazidja, peut commencer. Ce parc contribuera à une
augmentation de 13,5% de la production globale d’électricité de l’Union des Comores. À An-
jouan, une centrale solaire de 3,15 MW est actuellement en construction à Pomoni par Engie,
[Al-Watwan 2020], couvrant environ 85% de la demande quotidienne. Un second projet de
même ampleur est prévu sur la même île dans les deux prochaines années, permettant de
couvrir l’ensemble des besoins actuels de la population. Le projet Energie de la COI a stimulé
le développement du secteur solaire. La COI a mis en place un plan de soutien pour le dé-
ploiement des énergies renouvelables dans les îles de l’océan Indien. L’exemple du PV illustre
bien la nécessité de financement externe au pays pour envisager l’émergence des EnRs.
Grâce au volcan le Karthala, il existe un potentiel de plus de 30 à 50 MW pour la géother-
mie selon une étude effectuée en 2015, mais le coût de l’installation demeurait un obstacle.
Comme nous l’avons vu pour le cas de Madagascar la géothermie est l’une des rares excep-
tions où le coût de l’énergie à augmenté en 10 ans. En 2019, Le Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD) a entrepris une étude pour l’étude du montage financier qui
permettrait de construction d’une installation en 6 ans. Historiquement, deux éoliennes ont
été installées sur Ngazidja en 1987. Ces installations étaient utilisées pour alimenter des sys-
tèmes de pompage souterrains. Cependant, le volume d’eau prévu n’a pas été atteint. Par
conséquent, les tests n’ont pas été concluants. Seule une étude théorique récente menée par
le gouvernement a suggéré l’allocation de terres pour le développement de parcs éoliens. La
valeur annuelle moyenne de la vitesse du vent est très faible (rarement supérieure à 3 m/s).
De plus, selon la carte proposée par l’Atlas mondial des vents [Bank 2019a], les Comores ont
une densité de puissance éolienne relativement faible, principalement répartie entre 80 et
270 W/m2 . Ce faible potentiel est également dû à la faible variabilité de la topographie des
trois iles de l’archipel. Comme le montre la figure 5.6, les profils de vent des trois îles sont
très différents, et la densité de puissance moyenne pour les 10% des zones les plus venteuses
est de 173 W/m2 avec une vitesse moyenne du vent de 1,81 m/s, ce qui est inférieure à
celle d’autres zones de la région comme l’île Maurice (471 W/m2 et 8 m/s, respectivement)
90 Chapitre 5. Territoires et transition énergétique

0° 0°
330° 30° 330° 30°
250
300° 60° 300° 60°

0,51 1,52 2,53


225 270°
0,51 1,52
90°
270° 90°
Mean Power Density (W/m2)

240° 120° 240° 120°


200
Mean Power Density : 173 W/m2 ANJOUAN 210° 150° MOHELI 210°
180°
150°
180°

175 0°
330° 30°

300° 60°
150
1 2 3 4
270° 90°

125
240° 120°

NGAZIDGA 210°
180°
150°
100

75
20 40 60 80 100
Percentage of windiest areas

Figure 5.6 – Profil du vent sur l’archipel des Comores.

[Surroop 2017, Bundhoo 2018]. Ainsi, l’énergie éolienne devrait être une ressource auxiliaire
et non un investissement prioritaire pour la diversification du mix électrique comorien.
Pour l’état des lieux des centrales hydroélectriques, les premières installations remontent
à la période coloniale française, en 1930. Cependant, la plupart des infrastructures ont été
installées entre les années 1970 et 1980. L’absence d’entretiens réguliers a entrainé une dété-
rioration accélérée des infrastructures. Cela explique l’épuisement progressif de l’hydroélec-
tricité dans le mix électrique. L’archipel dispose d’un potentiel hydroélectrique sous-exploité,
notamment sur les iles d’Anjouan et de Mohéli. D’un point de vue topologique et hydrolo-
gique, ces deux iles présentent un potentiel plus intéressant. Nous avons estimé la production
d’énergie en fonction de l’Eq. 5.1.

Egen = η · ρ · g · Hnet · qv (5.1)

où η est le rendement hydraulique (-), ρ est la densité de l’eau (kg/m3 ), g est l’accélération
due à la gravité (m/s2 ), Hnet est la hauteur de chute nette disponible à la turbine (m) et qv
est le débit d’eau (m3 /s.)
Les résultats de l’évaluation des quatre sites potentiels sont détaillés dans le tableau 5.2.
Comme on peut le voir, Anjouan a le plus fort potentiel pour les Comores. Ainsi, sur la base
de la consommation moyenne d’énergie, ces installations pourraient répondre à la demande
d’électricité de plus de 32 500 ménages. Le financement de ces installations se fait actuel-
lement dans le cadre du projet PASEC 17 financé par le Groupe de la Banque africaine de
développement. Le montant total investi s’élève à plus de 5,7 millions d’euros. Ainsi comme
on peut le voir l’archipel montre un potentiel différent en fonction des iles. Toutefois, de
façon analogue à Madagascar, la vétusté des infrastructure et du réseau ne permet pas une
sécurité énergétique suffisante à un développement économique du territoire. Actuellement,
il n’existe pas de politiques spécifiques qui inciteraient au développement des EnRs. Cela
s’explique par trois difficultés principales. Premièrement, la situation économique actuelle
du pays est alarmante. En effet, le pays souffre de vulnérabilités structurelles, et la situation

17. Comoros Energy Sector Support Project


5.1. Introduction 91

Table 5.2 – Hydropower potential in Anjouan an Moheli islands.

Anjouan Moheli
Marahani Lingoni Tatinga Miringoni
η 0,6
Hnet 30,9 32,8 19,7 17,5
qv 1,4 0,8 1,2 0,1
Power (kW) 254,6 154,4 139,1 10,3
Egen (GWh) 2,231 1,353 1,219 0,090

économique reste fragile, limitant ainsi la capacité du territoire à investir dans son développe-
ment. Deuxièmement, l’instabilité politique récurrente entrave l’investissement de capitaux
étrangers et la durabilité de l’orientation politique stratégique, notamment dans le secteur
de l’énergie. Troisièmement, la définition d’une feuille de route pour le secteur de l’éner-
gie nécessite des données statistiques précises sur le territoire qui ne sont actuellement pas
disponibles. Compte tenu de tous ces handicaps, le gouvernement comorien a organisé sa
première conférence nationale sur l’énergie en juin 2017 [Comores 2017]. Le gouvernement
a affirmé sa volonté de sortir le pays de sa situation énergétique précaire. L’objectif est de
mobiliser les acteurs de l’énergie sur sa vision stratégique à moyen terme appelée "Comores
Horizon 2030".
Jusqu’à présent, le principal problème a été de répondre à l’urgence de la demande d’élec-
tricité en utilisant des centrales à combustibles fossiles. La mise en œuvre d’une véritable
politique énergétique est cruciale pour jeter les bases d’une planification énergétique à long
terme. Néanmoins, aucun cadre règlementaire ne régit le secteur de l’énergie. Il est donc
essentiel de créer une incitation et un cadre juridique attrayant. Ce cadre est particulière-
ment important pour les investisseurs en raison de l’importance des couts initiaux. Comme
l’explique [Surroop 2018b], un problème persistant parmi les PEID est le manque de volonté
politique à s’engager dans un changement radical. À court terme, l’émergence d’un véritable
programme politique combiné à la restructuration du secteur de l’électricité constituerait les
premiers pas vers une société décarbonée. Il semble également crucial de mettre en place
un environnement règlementaire indépendant qui pourrait évaluer librement le niveau des
choix politiques et des investissements afin de définir si les objectifs définis sont atteints.
Une des pistes les plus prometteuses peu encore explorées concerne la biomasse à travers
la méthanisation ou la gazéification. En effet la gestion est une problématique de plus en
plus importante aux Comores. En effet, il n’existe pas aujourd’hui de véritable circuit de col-
lecte de ces déchets. La pression environnementale induite par ces quantités de déchets non
traités devient plus en plus dramatique sur l’archipel. Au-delà de cet état de fait, les OMRs
représentent un grand potentiel de production d’énergie qui contribuerait à la diminution
de la vulnérabilité énergétique du territoire. Des travaux de thèse sont actuellement au sein
de notre laboratoire afin d’évaluer précisément le potentiel que représentent ces déchets.
L’objectif est ainsi d’évaluer si chacune des îles présente un potentiel suffisamment pour y
envisager l’introduction de petites unités de production énergétique ou s’il serait plus judi-
92 Chapitre 5. Territoires et transition énergétique

cieux de centraliser sur la Grande Comores l’ensemble des déchets pour produire là où le
besoin est le plus important.

5.1.6 Conclusion
Les espaces insulaires sont des terres de paradoxe dans la problématique de la transition
énergétique et du changement climatique. Dans les zones tropicales, les îles subissent
de nombreux aléas climatiques et sont donc au premier rang des effets du changement
mondial. Pour autant, au-delà de faire reconnaître leur territoire comme vulnérable, de
nombreuses îles de par le monde se sont engagées dans une démarche volontariste de
quitter une dépendance presque totale aux combustibles fossiles. Si l’on considère le seul
cas de l’énergie, les émissions totales de CO2 sont marginales vis-à-vis du reste des pays.
Cependant, leur forte dépendance aux ressources fossiles induit une intensité énergétique
très carbonée. Finalement, ce paradoxe se poursuit dans les discours, lorsque l’on positionne
les territoires insulaires comme de véritables laboratoires à échelle réelle d’expérimentation
technologique et de stratégie énergétique. En effet, leur taille permet rapidement de mesurer
(à condition que la mesure soit effectuée), les conséquences des stratégies énergétiques et/ ou
de les optimiser le cas échéant.
Le choix des trois îles que j’ai présenté n’est pas anodin. Ces trois exemples illustrent bien
la disparité typologique des îles qu’il peut exister de par le monde. Toutefois les barrières
au déploiement des Enrs demeurent toujours très proches quelque soit les iles. Bien que
la Réunion ait été précurseur dans l’appropriation des ces enjeux, via la volonté depuis
2001 de Paul Vergès, l’objectif dépassait déjà les frontières réunionnaises. L’idée inhérente
a cette ambition politique d’autonomie énergétique est la réalisation d’expérimentation
et d’expertise de l’Indianocéanie 18 sur les enjeux du changement climatique en milieux
insulaires. Il apparaît dès lors évident que le premier levier d’une transition énergétique reste
les acteurs de l’énergie, en particulier les politiques. Dans le cas de la Réunion cette volonté
a existé et resté palpable jusqu’en 2009. Mais depuis un peu plus de 10 ans, la question
d’une autonomie énergétique ne semble montrer de signes encourageant remarquables.
Finalement, le cas des trois iles la réthorique du changement climatique est bien approprié
par les politiques, mais ne traduit pas suffisament par de l’action.
Ainsi, les Comores, comme de nombreuses petites iles, doivent abandonner leur gouvernance
énergétique monolithique. Cette approche a montré depuis de nombreuses années une
lourdeur structurelle. Son territoire doit s’adapter rapidement pour faire face aux défis de
la transition. La vulnérabilité énergétique des Comores est triple. D’une part, le coût élevé
(0,24e/kWh) de l’électricité très carbonée est dû à un réseau de distribution peu performant.
Cet état dégradé entraîne plus de 40% des pertes. Ce coût est actuellement le plus élevé de la
région. D’autre part, cette forte dépendance aux ressources fossiles rend l’archipel sensible
à la volatilité des prix sur les marchés mondiaux. Enfin, le gouvernement finance plus de
65% de la production d’électricité. Ce soutien est un obstacle au développement durable

18. Le projet NET-BIOME (NETworking tropical and subtropical Biodiversity research in Outer-
Most regions and territories of Europe in support of sustainable development) en est un parfait
exemple de cette coopération transnationale.
5.1. Introduction 93

du territoire. En effet, d’autres questions cruciales, telles que l’accès à l’eau potable ou la
santé maternelle et infantile, ne peuvent être soutenues de manière adéquate en raison des
ressources liées au secteur de l’énergie.
Le cas de Madagascar peut sembler plus singulier et différent des enjeux des petits espaces
insulaires. En effet, avec une surface proche de celle de la France, Madagascar ne pas dispose
d’un réseau électrique étendu à l’ensemble de son territoire. De plus sa population, essen-
tiellement rurale, n’est pas répartie de façon homogène sur la grande île. Ainsi la question
de la transition peut s’aborder de façon analogue à celle des iles, car les territoires sont non
interconnectés. Une approche cohérente des EnRs est nécessaire et cruciale pour l’avenir
de Madagascar. En fait, le pays doit faire face à deux défis en même temps. Le premier est
d’augmenter de manière significative sa production d’électricité en raison d’une croissance
importante de la population et du taux d’électrification. Le second est de définir et d’adopter
une stratégie de décarbonation de l’énergie électrique. Ces deux défis sont particulièrement
importants à Madagascar en raison de son faible niveau de vie. Ainsi, le gouvernement ne
semble pas avoir fait de la définition et de l’adoption d’une planification énergétique durable
une priorité. Nous aborderons dans le chapitre de scénarios, les tendances possibles que
pourraient prendre le pays afin de réussir sa transition.
Finalement, Madagascar devra réussir dans un premier temps à contenir l’intensité énergé-
tique des ménages afin d’éviter une croissance trop importante de la demande en électricité.
L’autre aspect sera de garantir l’approvisionnement en électricité verte. L’obstacle le
plus évident au déploiement des énergies renouvelables est principalement la situation
économique et la structure de l’île. En effet, 70% de la population vit encore sous le seuil de
pauvreté avec moins de 2 dollars par jour. Il semble donc évident que seule une politique de
développement volontariste de la part du gouvernement pourrait réellement mettre le pays
sur la voie du changement. La première étape consisterait à définir une nouvelle politique
qui pourrait faciliter la mise en œuvre de ces technologies renouvelables à Madagascar.
L’étape suivante, qui fait souvent défaut, consiste à transformer les discours politiques
en actions concrètes sur le terrain. Dans les années à venir, une contribution significative
sera d’établir une feuille de route énergétique, qui définit chaque phase à franchir pour
réussir sa transition énergétique. Une fois qu’un environnement de développement stable et
intégré pour la production régionale est atteint, une interconnexion entre les sous-territoires
pourrait être envisagée.
Finalement, cette étape de diagnostic des potentialités et des barrières au déploiement
des EnRs, montre bien l’urgence de l’action. La différence majeure entre les territoires
vient de l’ingénierie financière mobilisable sur chacune d’entre elles. L’aspect écono-
mique est d’autant plus crucial que certaines îles (Madagascar et Comores) du fait de
contrainte socio-économique très forte peinent à s’intéresser réellement à ces questions
de la transition énergétique, car elles sont inscrites comme un challenge du futur et non
un enjeu du quotidien. Le soutien financier extérieur est indispensable à cet engagement
crucial. Plusieurs îles de l’océan Indien ont inscrit à leur agenda la date 2030 comme une
date clé. Comme le souligne [Millot 2019a], s’intéresser uniquement aux objectifs finaux
se rapproche plus d’une révolution énergétique qu’à une transition. Les changements
structurels anticipés et donc progressifs sont l’essence même de la notion de transition, qui
94 Chapitre 5. Territoires et transition énergétique

permet une adaptation sociétale en douceur et non une rupture due à un changement radical.

Valorisation – 4 articles en revue dont 1 en évaluation, 5 communications. Les travaux


menés ont reçus le financement de trois projets : TRANSEETER (Université de la Réunion)
, EBENE(AUF) et FESTII (EUROPE). Nous avons ainsi développé des collaborations avec les
universitaires des pays partenaires .
Encadrement – J’ai encadré une thèse INTERREG, Vanessa Rakotoson à l’université
de la Réunion - Participé aux travaux de thèses de Mamy Harimisa Radanielina de l’Univer-
sité d’Antananarivo. Cette partie de diagnostic a nécessité l’appui de 3 stages de Master 2
Formation – Une UE Diagnostic du territoire en Master 1 VEU et 1 UE Energies renou-
vables ont été mise en place conjointement à ces travaux.
Chapitre 6
De l’exploration des données pour
analyser les territoires

Sommaire
6.1 L’analyse exploratoire de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
6.2 Les outils et méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
6.2.1 L’analyse en composantes principales (ACP) . . . . . . . . . . 96
6.2.2 Le "Clustering" ou classification non supervisée . . . . . . . . 97
6.2.3 Système d’information géographique . . . . . . . . . . . . . . 98
6.3 L’ACP pour identifier les disparités . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
6.4 Optimisation spatiale par clustering . . . . . . . . . . . . . . . . 101
6.5 SIG et Analyse de données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
6.6 Indicateurs composites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
6.6.1 Transition dans les PEID . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
6.6.2 Durabilités des pays de l’UE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
6.7 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

C omme nous l’avons dit dans le chapitre précédent, la transition énergétique n’est pas
un objet de recherche d’une discipline unique. Compte tenu de la variété des ac-
teurs, des champs de connaissances, des outils et méthodes, elle appelle nécessairement à la
transdisciplinarité [Raymond 2017] . Ainsi, sa finalité est l’analyse et la compréhension du
monde présent, selon [Nicolescu 1996]. Cette compréhension de notre environnement est ce
qui nous permet dès lors de poser les jalons d’une lecture prospective du territoire. Comme
nous allons le voir dans ce chapitre, nous nous sommes intéressés à l’analyse de données à
la fois spatiales et/ou temporelles afin de comprendre les dynamiques en cours.

6.1 L’analyse exploratoire de données


La transdisciplinarité est productrice de données variées pas toujours quantitatives qui
doivent être rassemblées et interprétées. Or, ces nombreux ensembles de données multi-
variées ne peuvent être projetés facilement d’un point de vue graphique. Si on considère
96 Chapitre 6. De l’exploration des données pour analyser les territoires

un système à plusieurs variables, on sait se représenter aisément une fonction du type


u = f (x, y, z, t) où t désigne le temps, et (x, y, z) sont des coordonnées du système S dans
l’espace par exemple. Au-delà, de ces trois dimensions et de celle du temps, cela s’avère plus
complexe à visualiser. Cette question du trop grand nombre de variables a été nommée par
[Bellman 1961] est connue sous le nom de "curse of dimensionality".
Ainsi les outils tels que l’analyse en composantes principales, la classification non supervisée
(Clustering) ou encore le SIG s’avèrent particulièrement intéressants pour nos analyses. Avant
de poursuivre sur les méthodes utilisées, revenons en quelques lignes sur les motivations des
recherches dès que nous avons engagé depuis 2015 sur cet axe. Le postulat de départ de notre
travail a été de nous intéresser à la question de la transition en milieu insulaire, en commen-
çant par le cas de la Réunion. De nombreuses études existent déjà au sein de notre université
sur des champs très divers des énergies renouvelables, de la conception bioclimatique, de
la biodiversité, de l’aménagement du territoire, etc. S’agissant de notre spécialité autour de
l’énergie et l’environnement, nous n’avons pas trouvé de travaux de recherche permettant
de comprendre l’évolution des besoins et potentialités du territoire. Tous les travaux dans le
domaine des énergies renouvelables reposaient sur l’objectif de production et d’autonomie
électrique, sans pour autant s’interroger sur la nature réelle des dynamiques territoriales de
ces demandes et réfléchir à une territorialisation de la production énergétique. Notre choix
a donc été de s’intéresser aux données disponibles pour la Réunion, mais également pour
différents espaces insulaires et de tenter d’observer si ces espaces amorçaient une certaine
transition énergétique, commençaient donc leur chemin vers plus de durabilité. Ainsi je pré-
senterai le cadre méthodologique des outils retenus et présenterai quelques illustrations de
nos travaux, pour une mise en perspective de ces développements :
— Analyse des consommations d’électricité ;
— Création d’un indicateur composite de durabilité ;
— L’analyse de données comme outil de zonage climatique.

6.2 Les outils et méthodes


6.2.1 L’analyse en composantes principales (ACP)
L’ACP est probablement la technique d’analyse statistique multivariée la plus ancienne
et la plus utilisée dans de nombreuses disciplines scientifiques. Cette technique est particu-
lièrement intéressante dans l’optique de réduction de la dimensionnalité d’un ensemble de
données quantitatives [Wold 1987]. Les premiers travaux et les fondements de l’ACP ont été
définis en 1901 par Pearson, [Pearson 1901]. Ce dernier pose ainsi le sens même de l’ACP :
Dans de nombreuses disciplines, il est souhaitable de représenter un système de points dans le
plan, dans un espace tridimensionnel ou plus, par la ligne droite ou le plan "le mieux adapté".
La formalisation moderne telle que nous l’utilisons aujourd’hui dans les outils d’analyse sta-
tistique a été faite par [Hotelling 1933].
Considérons un tableau de données de n individus représentés par p variables quantitatives
x, L’ACP va nous permettre d’explorer les ressemblances entre individus, mais également
6.2. Les outils et méthodes 97

les différentes corrélations qui peuvent exister entre les variables. On cherche donc à défi-
nir une représentation des n individus dans un sous-espace Fk de RP de dimension j  p,
ce sous-espace étant constitué des composantes principales. Ces composantes sont simple-
ment des combinaisons linéaires des variables d’origine avec des coefficients donnés par le
vecteur propre. Une propriété des composantes est que chacune d’entre elles contribue à la
variance totale expliquée des variables originales. Ainsi les composantes se trouvent être des
combinaisons linéaires des variables x(i), (i = 1, 2, ...n). Le schéma d’analyse exige que les
contributions des composantes se produisent par ordre décroissant de magnitude, de sorte
que la plus grande variance de la première composante explique la plus grande variance des
variables originales. Pour sélectionner le nombre de composantes à considérer, on utilise un
critère visuel, appelé "critère de coude" qui explique une rupture dans les histogrammes du
pourcentages de variance "screeplot". Egalement, [Kaiser 1960] a proposé comme critère de
ne retenir que les composantes dont la valeur propre respecte la condition : λi > 1. Ce cri-
tère est plutôt performant et permet de ne retenir que les composantes expliquant une part
significative de la variance totale du jeu de données initiales.
La mise en oeuvre de l’ACP nécessite quelques étapes préalables de préparation des données.
La technique consiste à centrer et réduire les données selon l’équation suivante :

Xi − X
zi = (6.1)
σX

Cette opération permet de rendre comparable les variables entre elles car elles ne sont pas
de la même unité et/ou sur les mêmes échelles de valeurs.

6.2.2 Le "Clustering" ou classification non supervisée


Les méthodes de classification et de clustering sont très nombreuses à l’heure actuelle.
Le choix de l’utilisation se fait en général en fonction des objectifs, des pratiques associées à
la discipline et à la base de données [Jain 1999, Fraley 1998]. Le clustering est une technique
non supervisée ce qui veut dire que les regroupements des données se font par similitude ou
caractéristiques communes des individus étudiés et non par un critère fixé par l’observateur
de l’étude. Ayant travaillé en amont sur l’ACP, nous avons fait le choix d’utiliser la méthode
Hierarchical Clustering on Principal Components (HCPC) 1 .
L’approche HCPC est la combinaison de trois techniques fondamentales utilisées dans l’ana-
lyse de données multivariées, à savoir l’analyse de groupement hiérarchique (HCA), la mé-
thode de partitionnement k-means et l’ACP. Cette analyse est une méthode de réduction des
dimensions qui permet d’utiliser des variables quantitatives pour explorer et visualiser une
matrice composée de données individuelles. L’objectif principal de l’ACP est de maximiser
la variance totale des points projetés, c’est-à-dire de définir le sous-espace qui représente le
mieux la diversité des individus. L’un des avantages importants de cette méthode est sa capa-
cité à extraire les caractéristiques et à résumer les informations contenues dans un ensemble
de données.

1. Classification Hiérarchique sur Composantes Principales


98 Chapitre 6. De l’exploration des données pour analyser les territoires

Dans nos travaux, cette première étape, qui peut être considérée comme une étape préli-
minaire, consiste à augmenter la stabilité de la classification, réduisant ainsi le bruit associé
aux données. Après avoir défini le nombre de dimensions (composantes principales) à retenir
pour notre analyse, un arbre hiérarchique est construit sans nombre de clusters prédéfinis.
La hauteur optimale à laquelle couper le dendrogramme est définie par des méthodes d’op-
timisation croisée de type Silhouette ou GAP [Tibshirani 2001]. L’optimisation initiale du
nombre de clusters a été réalisée le plus souvent en utilisant la méthode GAP, qui fournit une
approche statistique au lieu d’une mesure globale telle que la méthode du coude ou de la Sil-
houette moyenne [Husson 2017]. La méthode compare la variance intragroupe par rapport
à un ensemble de données de référence généré. En supposant que la distribution normale
représente les données, l’ensemble de données de référence est obtenu par l’échantillonnage
de Monte-Carlo. L’indicateur GAP se définit alors par :

Gapn (k) = En∗ {log (Wk )} − log (Wk ) (6.2)

Le partitionnement est rendu plus robuste par l’application de la méthode k-means de


mise en clusters, dont l’objectif est de mettre en évidence de manière heuristique des groupes
d’objets similaires dans un ensemble de données. Notre classification non supervisée est un
processus en deux étapes : la première étape est la CAH 2 , qui nous permet de définir la
première partition de nos données projetées sur les deux meilleures composantes principales ;
ensuite, la méthode k-means, qui est un algorithme basé sur les centroïdes, est utilisé pour
consolider la partition.

6.2.3 Système d’information géographique


L’interpolation spatiale consiste à reconstruire les valeurs correspondant à une variable
géoréférencée sur un territoire défini à partir d’un nombre donné de points d’échantillonnage.
Cette étape est particulièrement intéressante dans un territoire ne disposant pas d’une grille
spatiale de données de qualité suffisante ou égale. Le processus d’interpolation est validé par
l’hypothèse de la corrélation d’objets distribués de façon spatiale. Plusieurs méthodes d’in-
terpolation sont applicables. La méthodologie proposée utilise la pondération par inversion
de distance (IDW), qui est basée sur le principe d’un coefficient de pondération ; en d’autres
termes, le calcul de la valeur d’un point est réalisé en faisant la moyenne des valeurs des
points situés dans son voisinage, pondérée par l’inverse de la distance de chaque point. En
revanche, la pondération en fonction de la distance inverse (RDW) est calculée selon le prin-
cipe de la première loi de la géographie : les choses proches sont plus liées que les choses plus
éloignées. Contrairement à la géostatistique, la méthode déterministe IDW est bien adaptée à
l’ensemble des données des études dans le domaine énergétique et présente l’avantage d’être
généralement suffisante et appropriée [McCoy 2001, Drouin 2010, Bosser 2012]. Le point de
départ est un ensemble de données ponctuelles correspondant aux valeurs du niveau d’agré-
gation climatique que l’on souhaite. Le but de nos travaux est d’obtenir des estimations spa-
tiales des valeurs des points d’échantillonnage. Nous l’aborderons dans les parties suivantes,
cette approche a été utilisée afin de générer une carte de zonage climatique de Madagascar.
2. Classification ascendante hiérarchique
6.3. L’ACP pour identifier les disparités 99

La formulation générique, qui est exprimée selon l’équation Eq. 6.3 [Hou 2017], a été définie
par Bartier et Keller [Bartier 1996]. Ainsi, le paramètre de puissance p détermine la valeur
la plus appropriée la plus proche du point interpolé. Dans le processus d’interpolation, plu-
sieurs valeurs d’interpolateur (1, 1,5, 1,9, 2, 5, 10 et 20) ont été testées conformément aux
exemples de la littérature [de Oliveira Júnior 2019, Li 2014].
Pn −β
i=1 zi dx,y,i
zx,y = Pn −β
(6.3)
d
i=1 x,y,i

Où zi est la valeur de l’échantillon au point i, zxy est le point à estimer et dxy est la distance
entre le point de l’échantillon et le point estimé. La variable β appelée valeur de l’expo-
sant améliore la précision de l’interpolateur IDW entre les données mesurées et estimées
[Kravchenko 1999].

6.3 L’ACP pour identifier les disparités


Lorsque l’on observe les bases de données mondiales, les statistiques sont à l’échelle na-
tionale. Ces dernières ne traduisent pas forcément les hétérogénéités ou inégalités spatiales
existantes sur le territoire. À titre d’exemple, la part d’Enrs dans le mix électrique de la France
est 18,5% en 2018. Comme le montre la Figure 6.1 la production d’électricité a peu évolué dans
les ZNI françaises. La part d’énergies renouvelables dans le mix électrique de ces territoires

Figure 6.1 – Evolution de la production électrique en ktep dans les territoires outre
mer français.

varient de 11 à 65%. De fait, les chiffres ne traduisent pas les réalités très différentes exis-
tantes sur les territoires d’outre mer. Ainsi, nous nous sommes intéressés dans le cadre de
nos travaux à évaluer la qualité environnementale des productions d’électricité. Puis dans
100 Chapitre 6. De l’exploration des données pour analyser les territoires

un second temps, nous avons mené une analyse de données afin de voir dans quelle mesure
certaines îles pouvaient avoir des caractéristiques similaires.
L’aspect de l’analyse environnementale sera abordé au Chapitre 8. Nous nous intéresserons
uniquement à l’usage de l’ACP sur les données des îles. D’après les travaux de [Herbert 2016],
il est possible proposer un premier classement des territoires selon leurs emissions de CO2
de leur mix, ainsi on obtient :
— France | Bas ;
— Guyane, Corse | Moyen ;
— Reunion, Guadeloupe, Martinique, Mayotte | Haut.
L’ACP que nous avons effectué a été sur le jeu de variables suivantes : population, PIB par
habitant, production annuelle d’élecricité, part d’Enrs dans le mix, émission total (GWP) pour
la production électrique, la surface de l’ile et l’indice de situation insulaire (ISI). Une fois la
matrice de corrélation calculée, il a été démontré que les critères choisis ne sont pas corrélés,
à l’exception de la proportion d’Enrs et la valeur du GWP. La corrélation négative entre ces
deux variables s’explique par le fait que les niveaux d’émissions du GWP déclinent avec l’aug-
mentation des Enrs. La superficie est également négativement corrélée au GWP. En effet, si
l’île est trop petite, il y a probablement moins d’opportunités à diversifier le mix électrique
et d’y introduire plus de ressources propres.
La Figure 6.2 présente une combinaison des projections des individus et des variables.

Figure 6.2 – Biplot ZNI/Variables sur les deux premières composantes principales.

Compte tenu du plan factoriel, les qualités de projection des individus sont évaluées par
la valeur totale du cosinus carré sur les deux axes. Plus la valeur du cosinus carré est éle-
vée, meilleure est la qualité de la projection. La contribution à la construction de l’axe est un
autre indicateur de la qualité de la projection. Sur la base des résultats, la contribution à la
production d’électricité est la plus élevée pour la dimension 1, suivie par l’ISI. L’émission de
GWP et le pourcentage d’Enrs dans le mix contribuent à environ 70% de la dimension 2 dans
la carte des facteurs variables. La projection de l’ACP montre des dépendances élevées entre
6.4. Optimisation spatiale par clustering 101

les variables Production, Population, PIB et ISI. Pour les projections individuelles, la Guyane
et Mayotte contribuent fortement à la construction du deuxième axe, à hauteur de 45% et
30% respectivement. La corrélation négative entre les émissions du GWP et la contribution
des Enrs est bien représentée dans la Figure 6.2 de la carte factorielle des variables, comme
c’est le cas du paramètre ISI et de la production d’électricité. Ces résultats nous permettent
d’identifier deux typologies de territoires et deux cas singuliers :
— La Corse et la Réunion sont des îles qui ont une production d’électricité élevée, une
population importante et un PIB élevé, et leur mix électrique comprend une proportion
relativement élevée d’Enrs (>30%) ;
— La Guadeloupe et la Martinique correspondent à des îles qui produisent beaucoup
d’électricité à partir de combustibles fossîles. Cela pourrait s’expliquer par la petite
superficie et l’ISI de ces îles. L’absence de centrales hydroélectriques sur ces deux îles
souligne la petite superficie et la variabilité topographique ;
— La Guyane est un vaste territoire dont le mix électrique repose essentiellement sur
l’hydroélectricité et qui est très isolé ;
— Mayotte est une petite ile isolée, les faibles variations topologiques expliquent qu’il
n’y ait pas d’usage de l’hydroélectricité.
L’ACP a souligné que la production d’électricité et ses modes de production sont des para-
mètres importants qui contribuent à caractériser l’éloignement d’une ile et sa prédisposition
à utiliser des combustibles fossîles. Le facteur ISI est également très important pour la com-
préhension de l’utilisation des combustibles fossîles à la place des Enrs dans le mix électrique.

6.4 Optimisation spatiale par clustering


L’usage peut s’avérer particulièrement intéressant dans divers champs et problématiques.
La question de la transition énergétique se couple à une problématique qui est celle des
transports à la Réunion. Actuellement, 48% des émissions de GES sont dues au transport.
Le manque d’infrastructures dédiées et l’absence de lisibilité font que les transports collectifs
ont une image perçue négative auprès de la population. Par conséquent, le véhicule individuel
(à passager unique le plus souvent) demeure le mode de déplacement privilégié. Ce secteur
apparait donc comme un des leviers de la transition énergétique régionale. Le défi est double :
d’une part faire évoluer les pratiques et d’autre part proposer des solutions plus sobres que la
voiture individuelle personnelle. Nous avons participé en 2019, à un projet de mobilité alter-
native LOTOLA, dont l’ambition est de créer un réseau d’autopartage de véhicules propres
alimentés par des bornes de recharge électrique le plus souvent situés en zone d’attractivité
et également dans ou à proximité des principales gares routières de l’ile pour permettre de
renforcer les transports collectifs. Le travail s’est organisé en deux parties. La première s’est
intéressée à la localisation des stations de charge selon les contraintes foncières des villes
et des gisements d’usagers à une distance de marche "raisonnable" de 500 m. Cette étude du
gisement évalué à partir d’une approche par polygones d’isodistance et du bâti résidentiel a
permis de produire une première cartographie du potentiel et de proposer la localisation de
26 stations selon la Figure 6.3.
102 Chapitre 6. De l’exploration des données pour analyser les territoires

Figure 6.3 – Répartition par IRIS du nombre d’actifs occupés se déplaçant en Trans-
port en Communs (données INSEE RGP 2015)

Dans le cadre de ce diagnostic, il nous a semblé opportun de proposer une analyse multiva-
riée sur les données caractérisant les différentes implantations des stations. Nous rappelons
tout d’abord que l’objectif général de l’étude était de valider et de proposer un ajustement du
positionnement des stations selon la lecture du porteur de projet. De plus, cette optimisation
vise bien évidemment une rentabilité économique. De ce fait, il nous semble indispensable de
conduire cette analyse de données. Ce travail vient en observation amont de la future perfor-
mance des stations et des choix opérés dans le cadre de ce projet. Nous avons ainsi souhaité
observer selon un certain nombre de paramètres les stations retenues. La section précédente
permettait de mettre en évidence la cohérence entre les objectifs annoncés et la localisation
des stations. Il est intéressant maintenant d’envisager la performance de ces stations.

L’ensemble de ces stations semblent-elles performantes ou certaines présentent-elles des


avantages plus prononcés ?

L’objectif est donc d’identifier :


— Les stations les moins performantes et les plus performantes ;
— Les caractéristiques des stations, afin d’identifier un profil.
Afin de répondre à ces deux objectifs, une ACP est effectuée sur les variables d’analyse. Ces
dernières sont résumés dans le Tableau 6.1.
L’analyse du graphique des individus à la Figure 6.4 nous permet d’ores déjà de dégager les
grandes des potentialités des stations en fonction de leur localisation. Plusieurs conclusions
peuvent être tirées de la lecture de ce plan factoriel :
— Les stations 21 et 22 représentant l’IUT et la gare routière de Saint-Leu sont les stations
avec le potentiel de clients le plus faible ainsi qu’une plus grande distance moyenne
6.4. Optimisation spatiale par clustering 103

Table 6.1 – Identification des variables

Code Dénomination variable Méthode d’acquisition


bat_res Surface bâtie de type résidentiel dans le polygone d’isodistance Création (SIG)
TC Nombre de clients usagers des transports en communs envisagés Calculs (SIG, RGP 3 INSEE)
Etud Nombre de clients étudiants envisagés Calculs (SIG, RGP INSEE)
Dist_min Distance de la plus proche station Création (SIG)
Dist_max Distance moyenne aux autres stations Calculs (SIG)
Pop Population globale dans IRIS touchés RGP INSEE

Figure 6.4 – Résultats des caractéristiques des 26 stations.

par rapport aux autres stations. Seul dans leur commune, leur faible résultat s’explique
par les caractéristiques de leur localisation. La gare routière de Saint-Leu est localisée
en centre-ville et la densité résidentielle proche est faible. De même pour la station
IUT, localisée dans une zone d’activité, la densité résidentielle y est faible.
— La station 10 représentant la zone aéroportuaire de Gillot, semble également offrir
de faibles résultats en termes de potentiels de clients. Cela s’explique par le postulat
de départ de l’analyse : on considère en effet le lieu de résidence comme point de
départ de l’analyse (pour raison de disponibilités des données). La station de Gillot est
typiquement le type de stations qui pourra rayonner par son potentiel d’activités non
analysé ici.
— Les stations qui offrent de meilleurs résultats en matière de nombre de clients étudiants
et de clients usagers potentiels des transports en commun sont les stations 6 et 7,
respectivement Boulevard de l’Océan-Petit marché et Mail du chaudron. Ce sont des
zones résidentielles denses. Ces stations sont localisées à Saint-Denis.
104 Chapitre 6. De l’exploration des données pour analyser les territoires

— Les stations 3 et 9, localisées à Saint-Denis, ainsi que la station 24, localisée au Port,
se démarquent également et offrent de bons résultats sur le plan de nombre de clients
potentiels.

Sur la base de ces dernières observations, nous proposons dans la suite de l’analyse un clus-
tering incluant comme variable d’entrée la commune de localisation.
Afin de caractériser au mieux le positionnement des individus sur le graphique, une classifi-
cation hiérarchique, ci-après appelée clustering, est proposée sur les résultats de l’ACP. Pour
le clustering, une variable supplémentaire est ajoutée à l’analyse : la variable commune. Les
résultats du clustering mettent en évidence 4 clusters. Toutefois, seuls deux clusters seront à
considérer dans l’objectif initial que nous nous sommes fixés dans cette étude. La Figure 6.5
propose une représentation circulaire de la classification. On peut donc visualiser les clusters
selon code couleur suivant : Cluster 1 (Gris), Cluster 2 (Jaune), Cluster 3 (Rouge), Cluster
4 (Bleu). L’analyse se fait d’abord selon les modalités que sont les communes. La classe 1
est liée à la modalité « commune de Saint-Denis ». L’analyse montre que 50% des stations de
Saint-Denis appartiennent à la classe 1. De plus, l’indicateur de Modalité/Classe nous indique
que 83% des stations de cette classe sont de Saint-Denis. Ces deux informations mettent en
évidence une surreprésentation de cette commune au sein de la classe 1. Nous reviendrons
ci-dessous sur les principales caractéristiques, permettant de définir ce cluster. Concernant
la classe 2, cette classe contient 100% des stations de Saint-André et de Sainte-Marie. Ces
deux communes représentent à elles seules 2/3 des stations de ce cluster. Les deux derniers
clusters ne présentent pas de caractéristiques particulières que l’on puisse retenir. Au final,
la discussion sur la caractérisation des clusters porte de façon pertinente sur deux clusters :
les clusters 1 et 4.

— Le cluster 1 est représenté par quatre variables : surface de bâti résidentiel, distance
moyenne, distance minimum et population. On note en guise de synthèse générale
que cette classe prend des valeurs faibles sur l’ensemble des variables ci-dessus, par
rapport à l’ensemble de l’échantillon.

— L’autre cluster présentant des informations intéressantes est le cluster 4. Ce dernier


est caractérisé par de très fortes valeurs pour le nombre potentiel de clients étudiants,
le nombre potentiel de clients usagers des transports en commun, la surface de bâti
résidentiel et la population. Le cluster est hétérogène globalement exception faite de
la variable surface de bâti résidentiel dont le nombre est très variant selon les stations.
Cette remarque concernant la surface de bâti résidentiel est également valable pour le
cluster 1.

Le cluster le plus « performant » est le cluster 4 puisqu’il offre de meilleurs résultats en termes
de clients potentiels (usagers des transports et commun et étudiants).
Cette analyse nous permet donc de définir les caractéristiques de deux clusters (1 & 4) qui
représentent 11 stations. Cette information sera intéressante à terme, afin de voir si, à l’usage,
ces stations proposeront une meilleure rentabilité. De ce fait, les déterminants de cette ren-
tabilité seront déjà connus, puisqu’ils auront été en grande partie définis par cette analyse
initiale.
6.5. SIG et Analyse de données 105

25
9
23

7
17

24
26

3
18

20

16

21
11

19
13

5
10

2
12
8a

22
1

15
14

Figure 6.5 – Clustering sur les stations de recharge

6.5 SIG et Analyse de données


L’analyse spatiale à partir des outils du SIG couplée à l’analyse exploratoire de données
est un support très pertinent dans l’optique de généralisation de l’information à l’échelle d’un
territoire. Cela nous renvoie alors aux questions de maillage spatial des informations et de
fait à la disponibilité des données originales géolocalisées.
Nous nous sommes intéressés dans le cadre de nos travaux à la question du zonage clima-
tique. En effet, la construction des bâtiments passe de nos jours par des étapes de simulations
permettant de tester les architectures et éléments de conception à retenir en fonction des ob-
jectifs. Ces environnements de modélisation reposent sur une description précise d’un point
de vue structurel des bâtis et données météorologiques en entrée des modèles. Le zonage
climatique des territoires est ainsi une condition préalable essentielle pour la conception de
106 Chapitre 6. De l’exploration des données pour analyser les territoires

bâtiments sensibles au climat [Walsh 2017a, Mahmoud 2011]. En conséquence, l’importance


d’une connaissance précise des conditions climatiques pour la simulation de l’efficacité éner-
gétique d’un bâtiment est largement connue.
La littérature ne fait pas état d’un réel consensus sur une "bonne" ou la meilleure méthode per-
mettant d’effectuer un zonage climatique. L’étude menée par [Walsh 2017b], a montré que la
plupart des approches de zonage climatique sont basées sur des méthodes supervisées. Dans
ce cas, le postulat de départ est de disposer d’une bonne connaissance des données et du
terrain d’étude. On peut alors définir un indice et fixer des seuils qui permettront d’attribuer
une classe, et, par conséquent définir un zonage. Nous nous sommes intéressé la formalisa-
tion d’une approche méthodologique basée sur le clustering et sur de l’interpolation spatiale.
L’objectif étant de permettre la génération de fichiers météorologiques types à partir d’un zo-
nage. Cette approche trouve tout son sens dans la situation de territoire tel que Madagascar,
que je présente à titre d’exemple. En effet dans le cas de pays émergents ou en voie de déve-
loppement, les données météorologiques ne sont pas toujours disponibles. Notre approche
offre donc l’opportunité de contourner l’absence d’informations globales en proposant des
données météorologiques caractérisant le mieux la zone géographique.
Rappelons rapidement le cadre de l’exercice de zonage climatique. Les zones climatiques
peuvent être identifiées de nombreuses façons différentes, en fonction de différents critères :
— soit par des méthodes de regroupement (c’est-à-dire en effectuant une analyse statis-
tique par regroupement des observations et en analysant les regroupements possibles ;
également appelées "méthodes modernes") [Alrashed 2015] ;
— soit par des méthodes de classification (c’est-à-dire en utilisant des seuils pour les
variables et les indices climatiques ; également appelées "méthodes traditionnelles").
Le choix de la méthode dépend largement de l’objectif de classification climatique. Parmi les
méthodes de classification les plus reconnues, la classification climatique Köppen-Geiger
est souvent considérée comme une référence dans le domaine et a soutenu de nombreuses
études multidisciplinaires [Almorox 2015, Peel 2007]. L’approche de Köppen-Geiger est
reconnue pour ses applications en lien avec la biodiversité, la botanique ou encore les
écosystèmes. Toutefois, dans le domaine de l’énergétique les données de rayonnement
sont manquantes pour la définition des zones, de fait cela biaise les informations pour une
application dans le domaine du bâtiment.
La Figure 6.6 résume la méthodologie générale mise en oeuvre. Dans un premier temps
en partant de 47 stations météorologiques, nous avons effectué un clustering et le zonage
de Madagascar. Finalement, à partir des fichiers météo types, on effectue des simulations
sur des typologies d’habitat caractéristiques de chaque région de Madagascar. Nous avons
représenté au sein de la même projection les résultats du clustering sur les composantes
principales, voir Figure 6.7. La disposition générale du plan de projection ne semble pas
mettre en évidence d’anomalies. La première composante (à droite de l’axe PC1) comprend
les régions caractérisées par des températures élevées et une forte irradiation solaire
correspondant à des régions côtières. Pour la deuxième composante, la partie supérieure
du graphique est caractérisée par des régions qui connaissent des précipitations assez
importantes avec une humidité relative élevée et qui sont exposées à des vents forts. La
seconde étape de clustering a permis après optimisation par la méthode de GAP, de fixer à
6.5. SIG et Analyse de données 107

• Daily global horizontal irradiation

Monthly
30 100 7 6 2000

1 year
• Outdoor temperature
1750

Weather data
6,5 5
90
25

Annual precipitation (mm)


1500

Relative Humidity (%)


6 4

Wind speed (m/s)


Temperature (°C)

GHI (kWh/m2)
80

Wind speed
1250
20 5,5 3


1000
70
5 2
750
15
60
4,5 1

Precipitation
500


10 50 4 0 250

• Cluster method with K-means


• Hierarchical clustering on principal components
Climate zoning
PCA
(HCPC)
• Results : 3 climate zones

Geographical • IDW method


GIS

interpolation • QGIS

30 January
28 4
December February
26 3

Global horizontal irradiation


Annually

24 November March

Typical weather
2

Temperature (°C)

22 1
20
1 year

October 0 April
18
16
14 September May

Outdoor temperature

ch
y

ril

Oc r
ry

ay

ly

De ber

r
ne

pt st

r
Climate zone

ar

be

be

be
August June

Ju

gu
ua

Ap

M
ar

Ju
nu

em

em

m
to
M

Au
br

ce
Ja

ov
Fe
July Wind velocity (m/s)

data

Se

N
1
100 January
8
90 December February

Wind speed
80 6

Relative humidity (%)



November March
70 4
60 October 2 April
50
40 September May

ril

Oc r
ry

ch

ay

ly

De ber

r
ne

pt st

r
ar

be

be

be
August June

Ju

gu
ua

Ap

M
ar

Ju
nu

em

em

m
to
Au
br

ce
Ja

ov
Fe
July Irradiation (kWh/m2 )

Se

N
Reference city : Ambalavao

30 January
28 10
December February
26 8
6

Temperature (°C)
24 November March
22 4
20 2
October 0 April
18
16
14 September May

Oc r
ry

ch

ay

ly

De ber

r
ne

pt st

r
ril
ar

be

be

be
Ju
August June

gu
ua

M
Climate zone

Ap
ar

Ju
nu

em

em

m
to
Au
br

ce
Ja

ov
Fe
July Wind velocity (m/s)

Se

N
Application to thermal

2
100 January
8
90 December February

• Dynamic thermal simulation under EnergyPlus®


6

Relative humidity (%)


80
November March
70 4
Givoni

60 October 2 April
50

comfort in Malagasy
40 September May

• Evaluation of thermal comfort based on the

ry

ch

ay

De ber

r
ne

pt st

r
ril

Oc r
ly

be
ar

be
be
August June

gu
ua

Ju
M
Ap
ar

Ju
nu

em

m
em

to
Au
br

ce
Ja

ov
Fe
July Irradiation (kWh/m2)

N
Se
Reference city : Manara

architecture frequency of occurrence of points in Givoni areas


30 January
28 8
December February
26 6

Temperature (°C)
24 November 4 March
22
2
20
October 0 April
18
16
14 September May

ry

ch

ay

De ber

r
ne

pt st

r
ril

Oc r
ly

be
ar

be
be
August June

gu
ua

Ju
Climate zone

M
Ap
ar

Ju
nu

em

m
em

to
Au
br

ce
Ja

ov
July

Fe
Wind velocity (m/s)

N
Se
3
100 January
10
90 December February
8

Relative humidity (%)


80
November 6 March
70
4
60 October 2 April

Figure 6.6 – Synoptique de la méthodologie générale


50
40 September May

ry

ch

r
ne

st
y

r
ril

Oc r
ay

ly

De ber
be

be
ar

be
August June

gu
ua

Ju
Ap

M
ar

Ju
nu

m
em

to

em
Au
br

ce
Ja

Fe

pt

ov
July
Irradiation (kWh/m2 )

Se

N
Reference city : Belon'i'tsiribihina

3 Antsiranana
Toamasina
Antalaha

Mananara
Vohemar
2 Mananjary
Costal area
MIDlands Maroantsetra Vavatenina
Ambilobe
HUMID and Windy region,
Humid and windy region Nosy varika Manakara
Andapa
Vatomandry
Vangaindrano
Amparafaravola Mahanoro Ambanja
1 Tolagnaro
Farafangana
Ambovombe
Antsohihy cos2
Tsihombe
Moramanga
0.75
Mahajanga
PC2
PC2

Marovoay 0.50
0 Bealanana
0.25
Maevatanana

Soalala
Tsaratanana
Fianarantsoa Besalampy
−1

Antananarivo/ivato Belon tsiribihina


Betroka
Highlands Ampanihy
Morondava Costal area
Dry and WARM region,
Low temperature Fandriana
Miandrivazo
−2 Ambalavao Betioky
Toliary
Ihosy Ankazoabo
Tsiroanomandidy

Antsirabe Amvatofinandrahana

Soavinandriana
−3
−4 −2
PC2
PC1 PC1
0 2

Figure 6.7 – Résultats de la HCPC sur les stations météorologiques.

trois le nombre de clusters et par conséquent le nombre de zones climatiques.


108 Chapitre 6. De l’exploration des données pour analyser les territoires

Le cluster 1 correspond aux zones d’altitude, caractérisées par les variables de précipi-
tations, de vent et de température. Ces régions sont sujettes à de faibles précipitations par
rapport à la moyenne de Madagascar. Les variables qui caractérisent le plus le deuxième
groupe sont l’humidité relative et les précipitations. Ce groupe correspond à la région Est.
La valeur moyenne de ces deux variables dans le groupe est supérieure à la moyenne gé-
nérale. Le troisième groupe est principalement décrit par les valeurs les plus élevées pour
la température et l’irradiation solaire et la basse altitude. Ce groupe correspond à la zone
Ouest de Madagascar avec des conditions climatiques chaudes et sèches. Cette zone est une
région sèche, voire aride si l’on considère en particulier le sud de l’île. Ainsi, l’analyse des
caractéristiques inhérentes à chaque cluster ont permis de mettre en évidence trois zones cli-
matiques très différentes, respectivement d’ouest en est : une zone sèche, des hauts plateaux
et une zone humide et humide, voir Figure 6.8. Le clustering n’est pas seulement interprété
en fonction de variables, mais aussi en fonction d’individus. En effet, il convient de rappeler
que l’objectif de cette étude est une application de la classification dans le domaine du confort
thermique dans le cas spécifique de l’habitat traditionnel. Madagascar, comme beaucoup de
pays en développement, ne dispose pas toujours de données météorologiques pour l’ensemble
de son territoire. Le deuxième résultat du regroupement est l’identification des parangons.
Pour chaque groupe, l’individu dont les coordonnées sont les plus proches du barycentre est
appelé le parangon. Le profil de cet individu caractérise alors au mieux le groupe auquel il
appartient. Les parangons sont Ambalavao (Groupe 1), Mananara (groupe 2), et Belon’i Tsi-
ribihina (groupe 3). Ces parangons sont un résultat significatif, car ils permettent de définir
des fichiers météorologiques typiques pour chaque zone. Les résultats de zonage climatique
obtenus dans le cas de Madagascar demeurent cohérents avec ceux proposés précédemment
par les travaux de [Rakoto-Joseph 2009, Attia 2019], toutefois dans les précédents cas, les
approches étaient légèrement différentes. Dans le cas de de Rakoto-Joseph, le zonage s’est
effectué par une approche graphique qui supposait les calques de la distribution spatiale du
rayonnement, vitesse de vent, température d’air etc... Bien que la méthode soit correcte, la
difficulté principale est dans la délimitation des frontières. Dans le cas de Attia, l’idée géné-
rale était de fixer des seuils pour créer des zones. Cette approche supervisée apporte un biais
du fait de la définition des seuils et par conséquent de la limite des zones.

6.6 Indicateurs composites


L’usage des indicateurs composites (IC) est aujourd’hui très répandu dans de nombreux
champs (économie, environnement, sécurité,énergie, etc...). A l’heure où les débats s’accu-
mulent sur les effets du changement climatique et que des stratégies politiques doivent se
dessiner, le recours à ce type d’indicateur est de plus en plus courant. En effet, ces derniers
permettent de synthétiser rapidement un plus grand nombre d’information [Singh 2009].
Leur construction introduit naturellement une incertitude dès le départ car l’on se doit de
faire des choix :
— sélection des données ;
— précision des données ;
6.6. Indicateurs composites 109

Figure 6.8 – Résultats du zonage climatique de Madagascar.

— méthode de normalisation ;
— valeurs des poids ;
— méthode d’agrégation.
Les IC constituent une approche innovante dans les enjeux de durabilité, car ils per-
mettent d’attirer l’attention et souvent, pour diminuer la complexité des problèmes. À
titre d’exemple l’un des indicateurs les plus connus est le Human Development Index (HDI)
[Anand 1994, Stanton 2007], qui est un indicateur de développement et non de durabilité,
intègrant des informations sur le PIB/habitant, l’espérance de vie et le niveau d’éducation.
Bien que critiqué par de nombreux auteurs, le HDI est par exemple utilisé pour le classement
des pays dans des niveaux de développement. On peut ainsi se permettre d’évaluer plusieurs
aspects d’un problème et le synthétiser en un seul indice comparable [Atkinson 1997].
Nous avons positionné notre travail sous l’angle de la mesure de vulnérabilité énergétique
ou de la durabilité des territoires. Notre méthodologie repose sur une construction des in-
dicateurs en deux étapes. On utilise la propriété selon les composantes principales selon
lesquelles ces composantes principales sont combinaisons linéaires des variables originales.
L’étape d’ACP nous permet d’agir à la manière d’une analyse de sensibilité, qui permettrait
de sélectionner les variables expliquant une part significative de la variance totale contenue
dans le jeu de données. Puis dans un second temps, l’IC est construit selon un modèle défini.
Nous allons illustrer deux exemples de mise en oeuvre de ces indicateurs.
110 Chapitre 6. De l’exploration des données pour analyser les territoires

6.6.1 Transition dans les PEID


Cette étude a été menée sur un échantillon de 35 îles. Pour plus de commodité, dans les
résultats des graphiques, les îles sont représentées par leur code alpha ISO. Le premier en-
semble de données était initialement basé sur les 57 îles. L’objectif de l’étude est de définir un
indice facile à utiliser qui sera défini avec des variables accessibles. Les principales compo-
santes (Dim) sont des macro-facteurs basés sur une combinaison linéaire de l’ensemble des
variables, définis comme suit :
X
Dimi = αij Xj (6.4)
j

où αij est la contribution de la variable exogène Xj à la construction de la compo-


sante principale i. Ces dimensions sont non corrélées et orthogonales. L’ACP est égale-
ment une méthode fréquemment utilisée comme modèle régressif [Romano 2016] : c’est en
fait une bonne méthode statistique pour analyser les relations de plusieurs variables entre
elles. De nombreuses recherches ont porté sur la définition d’un indice basé sur l’ACP,
[Gupta 2008, Gnansounou 2008]. Notre étude vise à définir un indice composite de durabilité
(SI), et le modèle décrit à partir des composantes principales est défini comme suit :

λ1 Dim1 + λ2 Dim2 + . . . + λj Dimj


SI = 1 − (6.5)
λ1 + λ2 + . . . + λj

On peut clairement noter que la plupart des îles (23 sur 35) sont devenues plus vulné-
rables au cours de la période (2010-2014). Ces dynamiques relatives sont particulièrement
observables pour les Tonga, les Seychelles, les Maldives et Saint-Christophe-et-Nevis, car
leur diminution de la durabilité est la plus importante. Ces îles ont connu une augmentation
de leur population urbaine et, simultanément, une diminution de leur PIB. Leur vulnérabi-
lité est principalement due à leur dépendance importante à la consommation de combustîles
fossîles pour la production d’électricité, car aucune source d’énergie renouvelable n’a été
développée. Quatre cas (Singapour, Cuba, Dominique et Bahreïn) sont également singuliers,
avec l’indice de durabilité le plus bas. Ces cas sont caractérisés par une consommation d’élec-
tricité très élevée par rapport aux autres îles, avec une intégration faible ou nulle des énergies
renouvelables. Ces îles ont des économies à croissance rapide qui ont induit le déploiement
d’une forte intensité énergétique dans les territoires. Pour l’année observée, Singapour était
encore le pays le moins durable, et la situation continue à se détériorer. Ainsi, la variation
globale de la durabilité des îles est hétérogène, avec une variation moyenne de 0,059 ± 0,061.
Ces résultats mettent en évidence la disparité de ces territoires et la difficulté de définir un
plan commun de durabilité pour l’avenir. En se concentrant sur le cluster, on observe qu’entre
2010 et 2014, le cluster 1 est devenu plus vulnérable. La raison sous-jacente est la croissance
de deux variables corrélées (population et consommation d’électricité) pour la plupart des
îles de ce cluster. En même temps, le cluster 2 comprend des îles qui ont accru leur dura-
bilité, même si elles ont mis en route une nouvelle dynamique basée sur l’économie et le
développement de l’électricité verte. Enfin, le cluster 3, qui comprend Cuba et la Dominique,
a développé des centrales hydroélectriques et d’autres SER (pour Cuba). Toutefois, ces îles
affichent de faibles performances en matière de durabilité en raison de la croissance de leur
6.6. Indicateurs composites 111

Cluster 1
HTI
GNB
SLB
KIR CSI 2010
GUY CSI 2014
TLS
FSM
COM
STP
TON
0 0,5 1 1,5 2
Cluster 3
DOM
Cluster 2 CUB

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2


BRB
SUR
JAM
BLZ
FJI
TTO
PLW
MUS
PNG
CPV
SGP
WSM
CYP 0 0,25 0,5 0,75 1 1,25 1,5 1,75
GRD
DMA
LCA
BHS
BHR
VCT
ATG
MDV
KNA
SYC

0 0,25 0,5 0,75 1 1,25 1,5

Figure 6.9 – Indice de durabilité des îles

demande d’électricité. Dans ces deux cas, la réponse à une augmentation de 15% de l’élec-
tricité a été une augmentation d’environ 3 à 4% de la part des combustibles fossîles dans le
mix électrique. Ces analyses ont montré les trois principales situations (décrites par groupe)
et les trois principales dynamiques pour une transition durable. Les PEID sont et seront les
premiers à souffrir des effets du changement climatique, mais ils doivent également saisir
l’opportunité d’être les premiers à réussir le défi de la transition vers une situation durable.
Pour planifier un avenir durable, de nombreux efforts doivent être rapidement déployés pour
limiter l’utilisation des ressources en combustibles fossîles tout en développant économi-
quement ces îles. En raison de leur taille, il sera probablement difficile de peser réellement
sur les décisions de la communauté internationale, mais comme l’a montré notre analyse
exploratoire des données, certains PEID présentent des similitudes et pourraient être regrou-
pés. Toutefois, des contrastes importants sont observables, puisque des territoires pauvres,
comme Tonga, Haïti et la Guinée-Bissau, sont opposés à des pays qui obtiennent un score su-
périeur à 0,8 pour l’IDH, comme Bahreïn, Chypre et Singapour. L’indice composite donne des
112 Chapitre 6. De l’exploration des données pour analyser les territoires

éléments qui suggèrent quels paramètres sont significatifs pour la stratégie politique visant
à améliorer la durabilité des îles.

6.6.2 Durabilités des pays de l’UE


Dès les années 1990, l’Union européenne a publié son premier livre vert sur l’environ-
nement urbain [EU 1990], qui identifiait le développement durable comme l’un des quatre
grands principes directeurs pour améliorer l’environnement urbain. Le paquet énergie-climat
adopté en 2008 et révisé en 2014 s’est concentré sur l’énergie avec les fameux objectifs "20-20-
20" en matière de climat et d’énergie pour une Europe plus durable en 2020. Le développement
durable et la lutte contre le réchauffement climatique sont allés jusqu’à figurer dans les traités
établissant et faisant fonctionner l’UE. Les articles 3 du traité sur l’Union européenne et 11
du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne rappellent l’engagement de l’Union
Européenne en faveur du développement durable. De même, l’article 191 du traité sur le
fonctionnement de l’Union européenne énonce les différents principes auxquels l’Union Eu-
ropéenne est attachée : le principe de précaution, le principe d’action préventive, le principe
de la correction, par priorité à la source, des atteintes à l’environnement et le principe du
pollueur-payeur. Suite à la COP21 (2015), les 17 objectifs de développement durable (SDG)
du programme de développement durable d’ici 2030 sont entrés en vigueur. L’Union Euro-
péenne peut-elle les atteindre ? Pour répondre à cette question, il est intéressant d’analyser
la dynamique que les pays de l’Union européenne ont pu prendre de 2000 à 2015. L’engage-
ment de l’Europe est fort depuis des décennies. La transition vers une Europe plus durable
était bien engagée bien avant les accords de Paris en 2015. Pour analyser la pluridisciplinarité
du développement durable, nous proposons l’étude des 28 pays de l’UE à travers une ACP
regroupant les variables selon les trois piliers du développement durable. L’ACP nous permet
ensuite de créer un indicateur de développement durable pour mesurer et classer les diffé-
rents territoires selon leur niveau de durabilité et son évolution sur 15 ans.
Nous ainsi étudié les 28 pays de l’UE sur la période allant de 2000 à 2015. La mise en œuvre de
notre indice est basée sur la combinaison des résultats de l’ACP et de l’approche de l’indice
SDG, [Sachs 2019]. L’indice de durabilité a été défini comme suit :

j
!1/3
Y X
SI = ωks Fki
s
, i = 1, 2 . . . , 28 (6.6)
s k=1

Où Fki
s représente les coordonnées des pays sur les composantes principales k et

λsk
ωks = √ le poids associés à chaque composante principal dans le calcul des sous-
Σjk=1 λsk
indices thématiques s = { Environment, Social, Economy }. Les sous-indices composites re-
présentant les trois dimensions du développement durable sont ainsi construits en agrégeant
les composantes sélectionnées. Ceux-ci sont pondérés par ωks , qui est basé sur les valeurs
propres λsk de chaque composante principale. Afin de prendre en compte de manière égale
les trois dimensions du développement durable, l’indice SI est obtenu par l’agrégation d’une
moyenne géométrique des trois sous-indices. La Figure 6.10 montre les résultats de le SI entre
2000 et 2015. La partie droite du graphique indique en noir et en gras les années où chaque
6.6. Indicateurs composites 113

Figure 6.10 – Score de durabilité des pays de l’UE.

pays a obtenu un meilleur score à l’indice SI. Comme nous nous concentrons sur l’obser-
vation des dynamiques, le choix a été fait de ne pas classer les pays de l’UE. L’analyse des
résultats montre un tableau très contrasté pour l’Europe. Les deux années ont enregistré un
score SI supérieur dans des proportions presque égales. Cela montre qu’en dépit des discours
et des annonces politiques dans de nombreux cas, une transition durable n’est pas en cours.
Sur la base du sous-indice social, nous constatons que la situation sociale de l’ensemble s’est
améliorée en quinze ans. Ceci est particulièrement marqué pour les pays d’Europe de l’Est,
notamment la Roumanie. En ce qui concerne l’aspect économique, la plupart des pays ont
un indicateur économique en hausse. Seuls quelques pays de l’Est, mais aussi la France, l’Al-
lemagne et l’Italie connaissent une baisse de leur score économique. Enfin, les faibles scores
s’expliquent aussi fortement par de mauvais résultats sur les aspects environnementaux. En
effet, la grande majorité de l’Europe est devenue, au cours des quinze dernières années, la
région la plus impactante en termes d’émissions de CO2. Cela est principalement dû à un
mélange d’électricité à plus forte intensité de carbone sur la période. Les quelques excep-
tions sont l’Espagne, le Portugal et l’Allemagne. L’exemple du Danemark est le plus frappant
car le pays est passé de 15,45% à 65,5%, sur la même période, l’Europe n’augmente que de
13,9% à 29,2%. Ainsi, il semble clair que la décarbonisation du mix électrique a du sens lors-
qu’elle se traduit en termes de vulnérabilité énergétique mais aussi d’aspect économique.
Enfin, les résultats présentés dans cet article pourraient être considérés comme des lignes
directrices pour les processus décisionnels gouvernementaux. La question de la limitation
des émissions de GES par la décarbonisation du secteur électrique européen semble être un
moteur intéressant pour la durabilité. En effet, les bénéfices peuvent être immédiats pour
le sous-indice Environnement, mais aussi indirects pour les deux autres sous-indices par la
création d’emplois et le développement d’une économie circulaire.
114 Chapitre 6. De l’exploration des données pour analyser les territoires

6.7 Synthèse
L’analyse de données est un champ qui fait partie intégrante de notre démarche de cher-
cheur dans la logique de compréhension des territoires. Ce type d’approche s’avère particu-
lièrement intéressante dans la mesure où l’on souhaite parfois pouvoir mesurer des "phéno-
mènes" qui ne répondent pas à une mise en équation au sens classique du terme. Ainsi, il est
alors possible de formaliser des indicateurs, des analyses permettant d’observer les change-
ments. Ce type d’analyse nécessite une validation croisée à partir du contexte réel du terrain.
Ces éléments de validation permettent de formuler les hypothèses expliquant les change-
ments observés, de valider si l’analyse que nous en faisons a bien du sens à partir de données
complémentaires ou à partir d’experts. Ces méthodologies que nous avons mis en oeuvre
depuis près de 6 ans, ce sont systématiquement généralisés dans nos projets afin de toujours
avoir une lecture holistique de nos problématiques de recherche. Elles nous permettent de
systématiquement comprendre les conditions initiales des objets de recherche et de leur en-
vironnement, avant de s’attacher à en modéliser des aspects.
Mon champ d’analyse s’est placé depuis plusieurs années à l’échelle des espaces bâtis et des
territoires. En science des données, en particulier dans les analyses, on peut résumer cela à
une simple inversion de matrice. Le plus important se situe dans l’identification des données
et leurs principales caractéristiques vis-à-vis de la problématique que l’on souhaite étudier.
Valorisation – 3 articles revue en évaluation, 2 communications. Les travaux menés
ont reçus le financement des projets TRANSEETER (Université de la Réunion) , PHC Réduit.
Encadrement – Ce travail s’est fait avec la collaboration des étudiants de la promotion
2018 du Master EBENE
Formation – Une conférence à été proposée dans le cadre des Journées de Recherche
des ISTs de Madagascar, 1 formation est en préparation pour les étudiants doctorants de
l’Université d’Antananarivo sur la construction d’indicateur.
Chapitre 7
Comprendre et construire des
territoires en transition

Sommaire
7.1 La ville durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
7.1.1 Quels enjeux pour un urbanisme durable en milieu tropical ? . 116
7.2 Quels impacts entre les projets d’aménagement et le territoire ? 118
7.3 Mode d’habiter et qualité de vie : indicateur de durabilité. . . . . 120
7.3.1 Habiter et durabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
7.3.2 Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
7.3.3 Analyse des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
7.3.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
7.4 Vers une approche multidimensionnelle de la durabilité . . . . 126
7.5 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

L e concept de la "ville durable" est aujourd’hui une parfaite illustration des transforma-
tions socioécologiques que doit engager notre société [Lockie 2013] pour minimiser
son impact sur l’environnement et minimiser sa dépendance à des ressources finies. Bien que
les contours de la définition ne soient pas aisés et qu’on n’obtienne pas toujours de consen-
sus, le caractère transitionel de la durabilité semble à ce jour indiscutable [Hamman 2017]. Ce
chapitre s’attachera à présenter nos questionnements de recherche sur ce thème. Au-delà des
questions en lien avec l’environnement ou des activités anthropiques, j’aborderai ce thème
à travers un spectre large. Nous traiterons des enjeux du mode d’habiter à travers la percep-
tion des habitants, mais également des questions de la durabilité des projets d’aménagement
urbain. Mes travaux sur la transition à l’échelle des territoires se focalise en particulier sur
les milieux insulaires et tropicaux.

7.1 La ville durable


À la suite du sommet de Rio en 1992, la problématique du développement durable a
été l’objet d’une territorialisation de ces enjeux et objets. Ainsi la ville devient le lieu où
116 Chapitre 7. Comprendre et construire des territoires en transition

l’on teste différentes dynamiques du développement durable selon les projets [Theys 2020,
Emelianoff 2002]. Les premières définitions de la ville durable renvoient à la capacité d’au-
tosuffisance, [Morris 1982] sans que le cout de son développement ne soit supporté par un
environnement voisin [D Mitlin 1994]. La question de l’empreinte écologique est abordée
par [Ress 1996] en mettant en garde sur les conséquences des modèles de développement
territoriaux peu compatibles avec une sobriété environnementale. La prise en compte de ces
problématiques écologiques est de nos jours indispensable au moment où les discours de
la transition énergétique glissent vers une transition écologique. Toutefois, [Mancebo 2011]
rappelle que les impératifs du changement climatique et du développement durable ne sont
pas toujours compatibles. Bien souvent, la question environnementale l’emporte au détri-
ment d’enjeux tout aussi importants de la durabilité tels que la qualité de vie, du bien-être,
de la justice sociale, etc. Une synthèse de l’évolution de ces définitions a été proposée par
[Emelianoff 2007], qui précise en particulier la notion de dynamique et met en exergue le ca-
ractère évolutif de la ville durable. Le développement de ces villes et territoires durables nous
renvoie à une approche holistique et systémique des enjeux et des objets recourant plus à
l’expérimentation et à l’analyse des dynamiques qu’à la définition d’un modèle à proprement
parler. Comme le dit [Rogers 2008] " construire une ville durable exige une discipline holistique
dans la planification ". Les outils de l’ingénierie concourante sont particulièrement adaptés
au projet urbain comparativement à une approche séquentielle. Le choix d’un projet durable
oblige à de la flexibilité dans l’action afin de permettre les échanges entre différentes théma-
tiques (social, environnement, économie, confort thermique, qualité de vie, etc.) [Dind 2007].
De plus, il est primordial d’inscrire le projet dans une démarche itérative où l’on questionne
en permanence les choix et les bases de connaissance (retours d’expérience), au lieu de vou-
loir systématiquement reproduire des "bonnes pratiques". On aboutit ainsi à l’importance de
la réversibilité des actions et de l’expérimentation.
Ces questionnements de la durabilité revêtent un aspect particulier dans un contexte insulaire
comme celui de la Réunion. Nous aborderons dans le paragraphe suivant quelques traits ca-
ractéristiques du contexte local avant de décliner quelques exemples de travaux actuellement
menés.

7.1.1 Quels enjeux pour un urbanisme durable en milieu tro-


pical ?
En 2020, l’ONU estime que 43% de la population mondiale soit près de 3,8 milliards
de personnes vivent sous les tropiques. D’après un récent rapport State of the tropics, d’ici
2050 un peu plus de la moitié de la population mondiale résiderait dans les tropiques
[Penny 2020]. Cette inversion des "masses" devrait intervenir dès 2030 ce qui compte tenu
des conditions socio-économiques amène plusieurs questionnements. Il est aujourd’hui
important de repenser les priorités en ce qui concerne les aides, le développement ou encore
la recherche associés à ces régions. L’urbanisation dans ces régions induit naturellement la
nécessité d’anticiper la construction de logements répondant aux besoins de cette pression
démographique, mais également en adéquation avec l’environnement. Ce dernier point est
un point focal de notre travail qui repose sur le fait de penser la ville durable tropicale, en
7.1. La ville durable 117

réfléchissant à une conception bioclimatique adaptée aux conditions climatiques tropicales.


Mais il s’agit également d’aborder (cf. dernier chapitre) la question de l’environnement au
prisme de l’analyse de vie et d’une économie circulaire.

Construire la ville durable tropicale sous-entend de devoir prendre en considération des


contraintes exogènes liées au climat par exemple et endogènes liées à la définition même du
projet. La résilience vers laquelle doivent tendre nos villes est d’autant plus importante que
nous sommes aux premières loges des effets du réchauffement climatique. Bien que beaucoup
d’incertitude entoure encore ces modèles, [Walsh 2016, Qin 2014] soulignent qu’une projec-
tion consensuelle admise est une diminution mondiale des cyclones tropicaux de 5 à 30%.
Toutefois, étude plus spécifique sur la zone O.I. de [Malan 2013] met en avant une augmen-
tation du nombre de jours de tempêtes de niveau 3, où dans le même temps le nombre de
cyclones tropicaux diminue. Devant ces incertitudes, il sera par exemple important de consi-
dérer les épisodes cycloniques comme contrainte forte dans les projets durables du territoire.
D’autres conséquences plus immédiates concernant le confort thermique dans les bâtiments
qui se retrouveraient fortement impactés par une augmentation de la température de +2°C
d’ici 2100.
Très éloignée des problématiques des grandes concentrations urbaines, la Réunion a vu son
territoire se transformer rapidement en 40 ans. Dès 1950, il y a eu une volonté d’un aligne-
ment de notre département sur le niveau national. Cette modernisation a été plus rapidement
observable en ville, du fait d’une densité de la population et des changements de modes d’ha-
biter induit [Jauze 2005]. Ainsi on assiste dès les années 1960, au passage d’un habitat indivi-
duel kaz atèr 1 à un logement collectif kaz anlèr 2 . Ce passage brusque et parfois subi n’a pas
été sans appréhension auprès de la population réunionnaise. Initialement organisé entre la
kaz et la kour (jardin), l’art de vivre à la réunionnaise a du se réorganiser en un mode d’habi-
ter en collectivité sans espaces extérieurs immédiats [Watin 2010]. Cette réorganisation fait
dire à E. Wollf que ce modèle importé semble dichotomique vis-à-vis des pratiques existantes
localement [Wolff 1989].
Aujourd’hui, comme le souligne J.M. Jauze "Nous sommes dans une ile où le centre est la péri-
phérie, et la périphérie le centre" [Jauze 1998]. En effet, comme le montre la Figure 7.1, il y a
une concentration de la population (85%) sur le littoral et les basses pentes de l’ile (< 600m
soit 1/3 de la surface totale). La topographie explique en partie cette organisation périphé-
rique et ce déséquilibre entre les hauts et les bas. Si l’on se réfère aux travaux de [Jauze 2005],
l’armature urbaine réunionnaise est macrocéphalique du fait de la prédominance de Saint-
Denis qui porte la triple caractéristique de chef-lieu, capital insulaire et régional. Le réseau
urbain est dès lors qualifié de périphérique. Au second rang, on retrouve d’autres communes
comme Saint-Pierre qui concentre une activité économique et culturelle conséquente et qui
est qualifiée de pôle régional d’équilibre dans le bassin sud. Finalement, c’est la conjonction
de paramètres historiques, économiques, topographiques et sociaux qui ont modelé l’espace
urbain et la ville réunionnaise. Cette ville, jeune demeure aujourd’hui en mutation. Dans le
livre blanc sur la ville durable réunionnaise [DEAL 2016], où l’on pose les bases d’une ré-

1. Case à terre
2. Case en l’air
118 Chapitre 7. Comprendre et construire des territoires en transition

Pentes C ŒUR SAUVAGE


hautes sauvages
Cirques, volcan
Sud sauvage

PITON DES
NEIGES

PITON DE LA
FOURNAISE

Littoral Mi-pentes
très urbanisé Urbanisation éparse
C EINTURE URBANISÉE

Figure 7.1 – Croquis de l’urbanisation concentrique de la Réunion

flexion pour penser les villes durables tropicales de demain, on retrouve bien le caractère
systémique qu’appelle la notion de ville durable à savoir une ville :
— sobre et soutenable en interaction avec les potentialités de son territoire ;
— ancrée dans le territoire et répondant aux pratiques locales ;
— incluant la population dans les choix et la gestion ;
— porteuse d’innovation.
Toutes ces ambitions territorialisées à l’échelle des quartiers, villes ou intercommunali-
tés trouvent un terrain d’expérimentation de l’innovation de l’action urbanistique dans un
contexte tropical. Ainsi l’un de nos questionnements a été d’identifier dans quelles mesures
les projets dits durables à l’échelle du territoire peuvent avoir une influence sur les quartiers
adjacents.

7.2 Quels impacts entre les projets d’aménagement


et le territoire ?
Cette problématique a été initiée dans le cadre des travaux de thèse de Kelvin Pavade-
poullé. Depuis un peu plus de 15 ans, les projets d’aménagement qualifiés de durables fleu-
rissent sur le territoire réunionnais. Initié à l’échelle nationale au début des années 2000, on
retrouve les premiers exemples d’écoquartier, dans le cas de programme de renouvellement
urbain tel que l’opération de l’ANRU de Ravine Blanche à Saint-Pierre. Ces projets supposés
7.2. Quels impacts entre les projets d’aménagement et le territoire ? 119

être "exemplaires" font parfois l’objet de critiques, du fait de leur distance avec les attentes
du développement durable. En résumé, ils sont vus plus comme des outils de communication
auxquels on adjoint des opérations urbaines éco-compatibles [Boutaud 2009]. Ainsi, comme
le décrit [Bonard 2010] l’écoquartier est un laboratoire expérimental in situ et in vivo de la
ville durable à travers les évolutions du tissu urbain. Ce sont donc ces changements ou im-
pacts que nous souhaitons mesurer et observer à l’échelle du territoire. Il y a d’inscrit dans la
démarche de développement durable la nécessité de l’évaluation des projets afin de collecter
le maximum de retours d’expérience. Ces suivis peuvent prendre de nombreuses formes :
l’enquête, le diagnostic en marchant, le bilan post projet avec les usagers, indicateurs, etc. Et
c’est sur ce dernier aspect que nous nous sommes intéressés à travers deux projets : la RHI
de l’Éperon dans l’ouest et la ZAC Beauséjour dans le nord. La démarche d’évaluation est
aujourd’hui incontournable, quel que soit sa nature qualitative ou quantitative, et cela même
pour des opérations complexes [Jégou 2012].
Pour évaluer les projets, nous avons procédé en deux étapes :
— Définition d’un indicateur composite selon les méthodes abordées dans le chapitre
précédent ;
— Détermination d’un indice de Moran local basé sur l’indicateur composite.
Largement utilisé dans les études d’autocorrélation spatiale, l’indice global ou local de Mo-
ran est l’un des plus repris dans la littérature [Oliveau 2010]. La définition des indices d’au-
tocorrélation est initiée en 1950 par les travaux de Moran [Moran 1950]. Le passage à une
formulation locale vient du constat fait par [Getis 1991, Getis 2010] que le I Moran 3 global
ne permet pas d’analyser les interrelations à de petites échelles spatiales. La formulation à
proprement parlé du I de Moran local a été proposé par [Anselin 1995] et s’exprime sous la
forme suivante :
n
zi − z̄ X
I= [Wij (zj − z̄)] (7.1)
σ2
j=1,j6=i

Où zi représente la valeur de l’indicateur composite au point i de moyenne z̄ ; j sont les


voisins de l’individu i observé avec j 6= i ; σ 2 est la variance de z et Wij est la matrice de
pondération.
L’indicateur composite construit à partir de l’analyse en composantes principales repose une
fonction linéaire dont les paramètres sont des données sur la population, la mobilité, l’emploi,
l’habitat. Les résultats sont présentés à la Figure 7.2, ainsi dans le cas de la RHI de l’Éperon on
voit que le projet a eu pour effet de dynamiser et de le connecter à son territoire. Toutefois,
on note des autocorrélations négatives avec des quartiers adjacents. Cela semble indiquer
que même si le projet de rénovation est réussi, son influence semble tellement important que
cela finit par être subi par les quartiers environnants. Finalement, on y voit l’illustration d’un
projet où l’iris i est réussi, mais l’impact associé ne l’est pas forcément. La question se pose
alors de savoir si dans la réflexion d’une opération d’aménagement il est possible d’inclure
un périmètre plus large d’influence permettant d’étendre de plus petites actions aux zones
adjacentes afin de maintenir un développement équilibré du territoire étudié.
L’opération de la ZAC Beauséjour, labellisée écoquartier, met en évidence également la forte
3. Raccourci d’écriture communément utilisé
120 Chapitre 7. Comprendre et construire des territoires en transition

+ dans un contexte de valeurs fortes

+ dans un contexte de valeurs faibles

- dans un contexte de valeurs faibles

- dans un contexte de valeurs fortes

Indice non significatif

Figure 7.2 – Cartographie de l’indicateur composite spatiale entre 2006 (A) et 2012
(B) – [Pavadépoullé 2017].

valeur ajoutée de ce quartier qui là aussi se fait au détriment des IRIS voisins. Bien que
d’autres enquêtes de terrain ont été menées afin de définir les caractéristiques de ce regain
d’attractivité, il est important de pouvoir tester l’ensemble de nos hypothèses. L’une des pre-
mières conclusions issues de ces deux cas est d’imaginer comment réussir à construire des
projets d’aménagement qui soient dynamiques non seulement pour le quartier concerné, mais
également ses proches voisins. Dans le cadre de ces travaux, notre postulat de départ était
de questionner sur le rayonnement d’un projet dit durable sur son environnement immédiat.
Nous avions de façon optimiste plutôt envisagé une influence positive à la manière d’une
diffusion thermique qui s’estomperait à mesure que l’on s’éloigne de la source de chaleur. Par
conséquent, c’est ce que nous souhaitions mesurer. Les résultats nous ont amenés à complè-
tement revoir la façon d’appréhender l’impact des projets et par conséquent de réfléchir à la
formulation d’un indicateur global de performance du projet, qui aurait un caractère dyna-
mique dans le temps. L’objectif serait de traduire à travers un outil unique la qualité interne
d’un projet, mais également mesurer son impact sur les espaces limitrophes.

7.3 Mode d’habiter et qualité de vie : indicateur de


durabilité.
Les écoquartiers ne sont pas toujours le gage de l’émergence d’un habiter durable, et la
réussite de ces projets dépendrait de leur congruence avec les habitants, dans le sens où ces
projets devraient être pensés de façon à ce qu’ils ne nuisent pas aux besoins et aspirations
des habitants [Burton 2013, Moser 2002, Turkoglu 2015]. En effet, les individus évaluent la
7.3. Mode d’habiter et qualité de vie : indicateur de durabilité. 121

compatibilité entre les projets, leurs préoccupations sur l’habitabilité du lieu, leur qualité de
vie, et au final les plébiscitent ou les rejettent. Par conséquent, la question de l’habiter est
importante quand on cherche à développer un quartier durable ou instaurer un mode de vie
durable. Ainsi, au-delà des spécificités climatiques, compte tenu d’une histoire urbaine, de
pratiques de l’espace et d’un rapport à l’habiter qui lui sont propres, la ville durable réunion-
naise ne peut faire l’économie d’une réflexion sur l’habiter, au risque de créer des ruptures
dans le contexte socioculturel, et proposer des quartiers durables peu congruents à l’habi-
ter local, à la croisée d’une société traditionnelle créole et une société moderne européenne
[Watin 1991] et qui pourraient alors s’avérer peu durables dans la réalité par un manque
d’appropriation de ces derniers.
Dès lors, qu’en est-il de l’habiter et des représentations de la qualité de vie à La Réunion,
peuvent-ils influencer l’appropriation de la ville réunionnaise durable ?
Ce travail cherche à saisir les représentations sociales du quartier idéal à l’heure actuelle
afin de produire un savoir sur l’habiter à La Réunion, d’identifier et de décrire les éléments
concourant à sa définition, et d’analyser comment il s’inscrit dans le développement du quar-
tier durable réunionnais. En effet, il s’agit d’analyser la congruence entre les conditions
idéales identifiées et celles proposées par l’aménagement durable aujourd’hui sur le terri-
toire. Au final, ce travail permettra de dégager les conditions d’aménagement favorables à la
qualité de vie, donc en adéquation avec l’habiter et qui permettraient ainsi l’appropriation
des aménagements durables. L’acceptabilité sociale des aménagements durables sera discu-
tée en fonction de la configuration des représentations sociales définies ici et permettra ainsi
de mieux comprendre les barrières et moteurs au quartier durable réunionnais.

7.3.1 Habiter et durabilité


Inspiré des approches géographiques, l’habiter est un concept complexe à définir. Ha-
biter, c’est une manière de faire avec les lieux, c’est composer ses actions, son espace de
vie en interaction avec les autres et y trouver un sens. Les choix résidentiels, les activi-
tés quotidiennes, les habitudes de loisirs et de mobilité, sont autant de manières de pra-
tiquer les lieux qui définissent l’habiter. Au-delà de cet aspect fonctionnel, il faut aussi
comprendre l’habiter comme un mode d’investissement d’affects, d’imaginaires et d’émo-
tions, où habiter implique de faire de l’espace une représentation de soi, s’approprier le
lieu et s’y identifier [Stock 2004]. L’habiter renvoie aux préférences, besoins et attentes
au travers desquels les habitants produisent l’espace et définissent son fonctionnement
[Roux 2002, Stock 2004, Renauld 2012, Mathieu 2016]. L’habiter permet de saisir les repré-
sentations de l’environnement et les interactions des individus avec ce dernier, et offre ainsi
une compréhension de la façon dont le sujet comprend et explique sa réalité environnemen-
tale et comment il se l’approprie. En effet, en fonction de leurs besoins, aspirations, manière de
pratiquer le lieu, les individus expriment des préférences en matière d’environnement et ces
dernières peuvent par la suite déterminer leurs réponses comportementales. En effet, quand
le quartier ne correspond plus aux caractéristiques préférées des personnes ou à leur image
d’eux-mêmes, il en résulte un stress résidentiel et un sentiment de détachement au quartier
et tout cela peut au final conduire à un désengagement et l’intention de partir [Mohit 2012].
122 Chapitre 7. Comprendre et construire des territoires en transition

Ainsi, bien plus que de travailler à l’acceptabilité des nouveaux projets, consulter la popu-
lation sur leurs représentations de la "désirabilité environnementale" [Félonneau 2007] repré-
sente un moyen de travailler en amont à une intégration cohérente et congruente des projets
d’aménagement dans l’environnement social et culturel, de penser un projet auquel les habi-
tants se sentent d’emblée appartenir et dans lequel ils veulent s’engager [Manzo 2006].
La vie dans un environnement insulaire tropical où il a fallu s’adapter à des conditions sou-
vent difficiles (isolement, chaleur, humidité, violence des cyclones), à partir d’un projet spéci-
fique d’appropriation et de mise en valeur de l’espace, au travers de l’économie de plantation,
a produit un habiter créole spécifique. Il se caractérise par la case à terre, espace de vie privé
qui comporte une large proportion d’espaces plantés de potagers, de vergers où se mêlent
plantes utiles et décoratives. Il a mis en place un mode d’occupation rural et une structuration
des lieux autour du Kartié un espace de vie sociale et de solidarité construit autour d’indi-
vidu ayant une filiation commune ou qui ont créé une alliance et qui fonctionnent comme
une communauté autour du projet commun de plantation [Watin 1991]. Avec la moderni-
sation apportée par la départementalisation, ce modèle a perduré, et l’habiter réunionnais
serait comme à l’image de sa population un métissage entre habiter traditionnel et moderne,
mais dont les représentations et expressions actuelles n’ont pas encore été totalement saisies
et qui peinent à se traduire dans les programmes d’aménagement du territoire.
Ainsi, au travers de l’analyse des représentations et interactions des individus et de leur envi-
ronnement, ce travail souhaite offrir une compréhension de la façon dont les sujets réunion-
nais construisent l’objet urbain et peuvent se l’approprier dans le cadre du développement
durable.

7.3.2 Méthodologie
Le recueil de données a été réalisé à partir d’entretiens semi-directifs ayant pour objectif
l’étude de la qualité de vie dans les quartiers réunionnais. Il visait à interroger les participants
sur leurs représentations du quartier idéal, en matière d’habiter et de qualité de vie. L’inter-
view commençait par l’analyse du parcours résidentiel. L’enquêté décrivait son parcours de
vie résidentiel, ses origines, les critères de choix de son lieu de vie. Dans un second temps,
la perception du quartier actuel de résidence a été questionnée. Afin de relancer l’enquête,
il a été demandé de parler de son quartier, les atouts, les inconvénients et les choses qu’ils
souhaiteraient changer en lien avec leurs besoins, usages et sa qualité de vie. Enfin, l’inter-
view se terminait par une tâche d’association de mots, à partir du stimulus "quartier idéal
réunionnais" pour saisir l’univers représentationnel des sujets.
Au total 55 entretiens semi-directifs ont été menés auprès d’habitants en résidence prin-
cipale, sur différentes communes de l’île, entre octobre 2018 et Juillet 2019. Les entretiens
duraient en moyenne 45 minutes et se sont principalement déroulés au domicile des enquê-
tés. Après les entretiens et leur retranscription, l’analyse psychosociale a d’abord consisté en
une analyse statistique textuelle grâce au logiciel IRAMUTEQ. Basée sur une classification
hiérarchique descendante (CHD) ce logiciel analyse des classes de mots représentatives du
discours.
Ainsi nous souhaitions dégager les thèmes importants et les classes de mots représentatives
7.3. Mode d’habiter et qualité de vie : indicateur de durabilité. 123

pour au final identifier les éléments, les critères importants constitutifs des représentations
du quartier idéal réunionnais comme moyen de comprendre l’habiter (voir Figure 7.3). Le re-
pérage des représentations sociales du quartier idéal est susceptible d’éclairer la signification
des conduites spatiales et au final de dégager les conditions d’aménagement favorables à la
qualité de vie, donc en adéquation avec l’habiter.

7.3.3 Analyse des données


Le χ2 calculé pour chaque mot indique son lien statistique, plus ou moins fort, avec la
classe. Les classes obtenues par le logiciel sont ensuite interprétées par le chercheur qui leur
confère une cohérence thématique. A partir de l’ensemble des entretiens retranscrits, le logi-

Figure 7.3 – Dendogramme de la classification hiérarchique descendante.

ciel a utilisé 80% du contenu et a dégagé 4 classes thématiques illustrant les représentations
socio-spatiales du quartier idéal réunionnais.

La première classe, « l’habiter créole », contient 23% du contenu traité. Elle contient
des mots qui renvoient à l’importance de la vie sociale : « monde » (χ2 = 11.25, p < .001),
« social » (χ2 = 32.94, p < .001), « ensemble » (χ2 = 24.53, p < .001), « voisin » (χ2 = 12.12,
p < .01),« réunion » » (χ2 = 16.23, p < .001), « partager » (χ2 = 16.20, p < .01), lien (χ2 =
10.10, p < .01), « aider » (χ2 = 9.00, p < .01). Le quartier idéal est un espace de vie sociale,
intra-communautaire ou l’on se connaît et se côtoit mutuellement et que l’on construit
ensemble. Un certain nombre d’attributs référant à l’environnement naturel est associé à
cette classe : « végétation » (χ2 = 13.59, p <. 001), « animaux » (χ2 = 11.45, p <. 001), «
verdure » (χ2 = 10.00, p < .01), jardin (χ2 = 10.00, p < .01), « potager » (χ2 = 7.60, p < .01).
L’environnement naturel est vu comme un catalyseur du vivre créole et de la vie sociale.

La seconde classe, appelée « nuisances » représente 24,4% du corpus traité.


Cette classe se caractérise par des mots qui renvoient à des nuisances telles que le bruit (χ2
= 71.44, p < .001) ou la pollution (χ2 = 28.44, p < .001), chaud (χ2 = 11.37, p < .001). Les
causes de ces nuisances sont soulignées avec les termes la « route », (χ2 = 13.18 p < .001),
la « circulation » (χ2 = 12.91 p <.001), « voiture » (χ2 = 32.76 p < .001), « vitesse » (χ2 =
13.18 p < .001), « embouteillage » (χ2 = 13.18 p < .001) ainsi que le milieu «dense » (χ2 =
9.70, p < .001). Ces nuisances sont associées à l’urbanisation avec l’évocation des termes «
124 Chapitre 7. Comprendre et construire des territoires en transition

urbains » (χ2 = 24.44, p < .001), « ville » (χ2 = 10.00, p < .001). Cette classe est composée
des représentations quant à la typologie de l’espace idéal, opposant l’urbain non désiré à
l’espace rural (campagne, les hauts de l’île). Au travers de cette classe, c’est l’opposé du
quartier idéal qui est présenté.

La troisième classe réfère à la « fonctionnalité du quartier » et contient 26,6%


du contenu analysé. Elle met en exergue l’importance de la « proximité des services » (χ2 =
91.73 p < .001) et leur « accès à pied » (χ2 = 51.91 p < .001) ainsi que des termes tels que «
trottoir » (χ2 = 14.01 p < .001), « 10mn » (χ2 = 7.71 p < .001) qui définissent les critères de
fonctionnalité selon les enquêtés. Le deuxième aspect de la fonctionnalité met en avant les
services et commerces importants. On y voit apparaître les termes : « médecin », (χ2 = 42.42,
p < .001) « pharmacie » (χ2 =39.62, p < .001), « école » (χ2 = 39.627, p < .001), « la poste »
(χ2 = 23.25 p < .001) « boulangerie » (χ2 = 16.30 p < .001), « marchand de fruits et légumes
» (χ2 = 12.00 p <. 001), « les snacks, la médiathèque ou encore l’église » (χ2 = 7.75 p < .001).

La quatrième classe « aménagement » représente 26,6% du corpus analysé. Cette classe


est dominée par un champ lexical de l’aménagement « mettre » (χ2 = 46.96, p < .001), «
aménager » (χ2 = 10.00, p < .001), « construire » (χ2 = 8.89, p < .001), « gérer » (χ2 = 7.65 p
< .001) ; Ils mettent avant l’organisation idéale du lieu de vie sur le plan de l’aménagement
notamment en ce qui concerne les “immeubles” (χ2 = 36.87, p < .001), les appartements (χ2 =
13.92, p < .001), « les parcs » (χ2 = 17.51, p < .001), les arbres (χ2 = 15.48, p < .001), les jardins
(χ2 = 8.75 , p < .001). En parallèle, des mots comme « peur » ou « stress » sont évoqués pour
identifier les éléments à rejeter. Les termes « montagnes » et « mers » sont aussi évoqués
dans cette classe, comme éléments importants à prendre en compte dans l’aménagement.
On sent un souci quant à l’aménagement de leur lieu de vie, et un désir environnemental
tourné vers la nature, et une organisation de l’espace plus « traditionnelle » dans l’idée d’un
aménagement moins urbanisé plus rural et qui permet le style de vie tourné vers l’extérieur.

Ainsi, au travers de ces analyses, il est possible d’appréhender les représentations du


quartier idéal réunionnais, les modes d’habiter réunionnais et représentations de la qualité
de vie qui permettent de révéler comment le lieu est habité, investi et approprié, par la suite
de les mettre en lien avec le développement de quartier durable et ainsi voir les moteurs et
freins potentiels. Les résultats proposés mettent en avant des représentations de la qualité de
vie corrélées à un mode d’habiter tourné vers l’extérieur, communautaire et lié à la nature.
Dans les échanges il apparaît une représentation à connotation négative d’une trop forte
urbanisation et densification, que l’on retrouve dans la littérature [Cho 2011, Ng 2003].
Pourtant aujourd’hui présentée comme solutions pour la ville durable, les modèles de
densification suscitent de réelles inquiétudes qui résideraient dans la perception d’un écart
entre ces modèles, l’habiter créole et la qualité de vie, comme le suggère l’opposition entre
les classe 1, 4 et la classe 2 sur le plan factoriel.
Dans les échanges avec les enquêtés, la "kaz ater", maison individuelle avec jardin, est
souvent évoquée comme critère idéalisé de la qualité de vie et fondement de l’habiter
réunionnais. Si l’attachement à ce modèle résulte d’un sentiment d’habituation à une densité
7.3. Mode d’habiter et qualité de vie : indicateur de durabilité. 125

bâtie et humaine limitée et à l’idéal rural, c’est également parce qu’il répond à certains
besoins et aspirations des habitants. Le modèle du quartier à "kaz ater" est apprécié car il
répond d’une part au désir d’espace, de calme (rupture avec les nuisances extérieures), de
confort thermique, d’intimité et d’autre part, il répond au style de vie tourné vers l’extérieur
et les usages traditionnels associés tels que les petits élevages, les cultures aromatiques et
médicinales, la cuisine au feu de bois et la vie sociale et communautaire qui en découle. "
L’idéal pour moi c’est la case à terre avec mon petit bout de cour, avoir mes deux volailles, c’est
comme ça qu’on a l’habitude" (Irfane, 32 ans, Saint-Pierre).
Le modèle du quartier avec la "kaz atèr" est également valorisé car il permet de maintenir
un style de vie tourné vers l’extérieur, un aspect important de l’habiter. Pour les enquêtés
vivre à La Réunion, c’est vivre en extérieur, pouvoir jardiner ou cultiver, avoir un petit
potager. Les enquêtes perçoivent la densité de population et de bâtiments, la promiscuité
des espaces extérieurs (balcon ou espaces publics) et la vie en collectif, comme nuisant à
leur style de vie tourné vers l’extérieur. "Non parce que si on veut vraiment que les gens
vivent bien c’est le système de retourner dehors, parce que quand on est dans un bloc de béton,
on sort du boulot, on arrive, on rentre chez soi et on est dans un bloc de béton on est encore
enfermé, lé pa gayard ! " (Techer, 42 ans, Le Port). Si cela implique un style de vie tourné
vers l’intérieur et une potentielle hausse des consommations énergétiques, c’est surtout de
la dimension socio-culturelle du quartier dont il est question. Les aspects socio-culturels
sont importants dans les représentations de la qualité vie, et il apparaît au travers des
échanges que la perception d’une urbanisation et densification à outrance participerait à
une certaine acculturation et au développement d’une anomie. La "kaz atèr" porte l’idéal du
quartier créole, communautariste, au travers d’un rapport productif au jardin qui maintient
les échanges socio-économiques, le développement des liens sociaux dans les quartiers et
ainsi la convivialité et solidarité entre voisins. Les habitants considèrent que la vie dans
les immeubles en hauteur peut nuire à leurs traditions, dont cette possibilité de s’investir
dans les activités traditionnelles et les bénéfices socio-économiques et communautaristes
associés.

7.3.4 Conclusion
Ce travail s’intéressait aux modes d’habiter et représentations de la qualité de vie dans
les quartiers à La Réunion, et développait une réflexion sur leur intégration sur les nouveaux
modes d’habiter durables. Sur la base de nos résultats, on observe que les habitants accordent
une grande importance à la vie de plein air, au lien à la terre et à la nature et aux questions
communautaires. Avoir un lien avec l’extérieur, et vivre en présence de nature est considéré
comme faisant partie intégrante du style de vie à la réunionnaise et ces critères peuvent in-
fluencer les représentations de la qualité de vie, notamment en matière de confort thermique,
d’intimité et au final l’appropriation ou le rejet des modèles de densification urbaine. Il en
est de même pour l’aspect communautaire, les habitants tiennent au caractère familial et
solidaire du quartier créole traditionnel, conceptualisé par [Watin 1991] comme le "Kartié"
un espace d’interconnaissance qui structure la vie sociale réunionnaise. Ces résultats pour-
raient aider à informer les décideurs et les concepteurs sur les attributs clés qui améliorent
126 Chapitre 7. Comprendre et construire des territoires en transition

la qualité de vie dans les quartiers à La Réunion et qui pourraient influencer l’appropriation
des projets durables. Plus particulièrement, ces résultats soulignent la nécessité d’une ap-
proche de conception pouvant atténuer l’impact environnemental des nouvelles politiques
urbaines, tout en améliorant la qualité des décisions, et de fait permettant le développement
de projets où la population est d’office bien intégrée. Au final, ce travail consultatif généra-
lisable à d’autres contextes permettrait de limiter des erreurs constatées lors des évaluations
post-occupations, là où il est parfois trop tard et plus couteux de remédier aux erreurs.

7.4 Vers une approche multidimensionnelle de la


durabilité
Dans la continuité de la partie précédente, évaluer la durabilité des projets d’aménage-
ment durable à travers des indicateurs appelle à s’interroger sur leur réelle soutenabilité. Ces
travaux sont menés dans le cadre de la thèse de Eve Etienne. L’étude, réalisée dans le cadre
du programme Résilience Innovation Réunion (RESINNOVRUN), propose une méthodologie
d’évaluation de la soutenabilité des projets d’aménagement durables. L’idée générale de ce
travail repose sur une adaptation de la méthode des cercles de soutenabilité, et qui utilise
à la fois des variables quantitatives et qualitatives. Cette approche offre ainsi une lecture
systémique de la durabilité permettant la prise en compte de l’ensemble des thématiques
contribuant à la production de la ville durable.
La méthodologie permet une appréhension à plusieurs échelles d’un projet. On peut ainsi
analyser un projet urbain du bâtiment au territoire. Elle s’avère particulièrement intéres-
sante, car utilisable en phase projet, pour objectiver les choix ou pour évaluer dans le temps
la qualité de la production vis-à-vis des prévisions du projet initial. La grille d’évaluation est
organisée de la sorte : 6 thématiques associées eux-mêmes à un total de 10 sous-thèmes dé-
crits par 93 variables. La définition de cette architecture ne s’est pas faits ex nihilo. En effet,
nous nous sommes inspirés des plusieurs cadres déjà existants à la Réunion. Finalement, les
indicateurs quantitatifs et qualitatifs retenus ont été :
— 35 des 40 indicateurs de l’Agenda 21 ;
— les 40 indicateurs et critères du label Écoquartier ;
— 15 critères proposés par l’ADEME dans son AEU 4 .
Le quartier de la Ravine Blanche est un des six quartiers retenus au titre de la programma-
tion CUCS 5 prévus pour la période 2007-2009 de la ville de Saint-Pierre, étendu à 2012. Le
quartier est qualifié de Zone Urbaine Sensible (ZUS) ayant comme fonctionnalité de départ
une logique unique : se loger. Au milieu des années 1960 et jusqu’à aujourd’hui, ce quar-
tier a l’empreinte « d’habitat social » en raison de sa connotation sociale qui est restée très
fortement marquée au fil des années. Le quartier est construit en grande partie sous forme
d’immeubles collectifs ou de maisons individuelles en bandes. Le projet de rénovation ur-
baine s’est reposé sur la volonté de relier ce quartier prioritaire à la ville et au centre-ville.

4. Approche Environnementale de l’Urbanisme


5. Contrats urbains de cohésion sociale
7.4. Vers une approche multidimensionnelle de la durabilité 127

Figure 7.4 – Cercle du projet du projet de l’ANRU de Ravine Blanche, [Etienne 2017].

Faire de Ravine Blanche un quartier plus durable était, selon la Mairie de Saint-Pierre, de lui
donner intrinsèquement des possibilités de mutation et de transformation de son image.
La méthodologie décrite précédemment a permis la mise en place d’une base de données à
partir d’une enquête menée auprès d’un échantillon de 42 habitants du quartier, d’un en-
tretien avec le porteur du projet et des données de l’INSEE. Le cercle de soutenabilité, voir
Figure 7.4, obtenu permet de décrire la durabilité de ce projet. On repère rapidement ses
forces et ses faiblesses, grâce à la visualisation du niveau de durabilité des thématiques et des
sous-thématiques. Ainsi, la soutenabilité de Ravine-Blanche semble élevée, avec l’aspect de
la gouvernance très fortement présent, un point remarquable étant le suivi. L’un des points
faibles concerne l’aspect économique. En effet l’objectif initial de reconnexion du quartier
au centre-ville, a fait qu’il n’y a pas eu de mise de véritables services de proximité dans le
quartier. Ainsi, les petits commerces ou autres activités existantes n’ont pas fait l’objet d’une
intégration particulière dans les espaces bâtis ce qui explique l’évaluation relativement faible
sur cet aspect. La notion de proximité de l’accès à des services est une attente forte des usa-
gers dans les différentes enquêtes que nous avons menés dans divers quartiers de l’ile.
Parallèlement à ces travaux, nous avons mené une analyse complémentaire après projet sur
les usages des habitants concernant les déplacements et la gestion des déchets [Praene 2017b].
L’étude a été effectuée sur la base d’une analyse exploratoire de données et d’enquêtes de ter-
rain. Les analyses mettent ainsi en avant un paysage marqué majoritairement par l’utilisation
de l’automobile et l’influence de facteur sociodémographique dans l’utilisation du TCSP bus,
puisque ce sont majoritairement les foyers ne disposant pas d’un véhicule qui utilisent ce
moyen de transport. Ce constat amène ainsi à se pencher sur d’autres facteurs sur lesquels
128 Chapitre 7. Comprendre et construire des territoires en transition

il serait possible d’agir pour séduire d’autres usagers et favoriser l’utilisation du TCSP. La
question du cout voire de la gratuité du transport est aujourd’hui pensée comme potentiel
facteur d’incitation à l’usage du TCSP. L’accent sur un lien entre agréabilité du quartier et
utilisation des transports en commun pourrait aussi être objet d’étude. La population met
en effet en avant les problèmes de congestions et le besoin de parkings supplémentaires ;
le TCSP pourrait ainsi être présenté comme un moyen face à ces problèmes et souligner
l’aspect agréable d’espace non congestionné et autres bénéfices associés. Du côté de l’envi-
ronnement, les analyses mettent en avant la perception d’un quartier propre, dont la gestion
environnementale est satisfaisante faisant du quartier un endroit agréable à vivre. Il ressort
ainsi que les habitants se sentent investis dans la gestion des déchets dans le quartier et ceci
semble être favorisé par une stratégie de communication entre la population et les acteurs,
jugée satisfaisante. Néanmoins, les résultats soulignent une appréhension plus complexe de
l’aménagement des dispositifs de tri, avec une ambivalence sur la satisfaction des habitants
vis-à-vis des dispositifs. Il semble que l’espace d’aménagement soit l’un des déterminants de
cette difficulté : à partir de quelle distance la population juge le dispositif satisfaisant : dans le
logement ou dans le quartier à proximité ? Aujourd’hui, la réflexion sur l’accès au dispositif
est d’autant plus importante qu’il s’agit d’un facteur déterminant des comportements de tri
de la population.

7.5 Synthèse
Devant cette complexité des perceptions et des usages des espaces de nature, dans
la conception des quartiers durables réunionnais, il s’avère nécessaire de saisir l’éventail
des représentations pour mieux intégrer la nature dans le quotidien des habitants. Sans
compréhension des préférences des utilisateurs locaux, les espaces peuvent ne pas répondre
à leurs besoins et peuvent alors être sous-utilisés voire abandonnés. Dans le contexte
réunionnais, plus que des stratégies de verdissement et d’agrémentation de l’espace, c’est
une réelle réflexion sur la nature comme l’élément structurel principal de l’espace qui
semble-t ’il doit être menée. Au-delà des parcs, jardins ornementaux classiques et espaces
verts, les représentations ici tendent vers une nature intégrée dans la quotidienneté. Pour
reprendre les propos de [Zhang 2015] il s’agit de penser non plus en termes d’espaces verts
(green space) mais de lieu vert (green place), ce qui suggère une intégration harmonieuse du
quartier dans l’espace naturel, à l’échelle des constructions et plus largement à l’échelle du
territoire quant aux interactions du quartier avec les espaces naturels environnants.
Le quartier réunionnais idéal se caractérise par des aspects fonctionnels intéressants à
considérer pour l’élaboration des quartiers durables. Les enquêtés décrivent un quartier
qui répond aux besoins dits " du quotidien " via les commerces d’alimentation générale
et traditionnels (productions locales) et les services publics incluant la santé, le social,
l’éducation et les loisirs. Les services de proximité sont des facteurs de qualité de vie car
facilitant l’approvisionnement en produits et en services courants. La proximité et la mixité
des fonctions caractérisent le type d’espace vers lequel tendent les aménageurs, car le
mélange du résidentiel, du commercial et de l’institutionnel crée un espace dynamique
sur le plan économique et viable sur le plan environnemental du fait d’un usage réduit
7.5. Synthèse 129

de l’automobile. Néanmoins, on note un attachement fort à l’aspect résidentiel et les


représentations des enquêtés concourent à délimiter l’espace entre fonctions résidentielles
et socio-économiques. Les habitants mettent en avant des problèmes perçus de cohabitation
entre les habitations et les services, comme la perte de l’intimité et du calme, les problèmes
de sécurité et de pollution dus à la concentration d’activités, de personnes et de la circulation.
Ainsi nous voyons bien que produire la ville "durable" tropicale n’est pas un enjeu simple.
Plusieurs éléments sont à l’heure actuelle en train d’être mis en place ou utiliser selon des
règlementations. Mais il demeure toujours nécessaire de pouvoir comprendre et apprendre
des différents projets passés. L’objectif n’étant pas d’uniformiser un modèle idéal de ville ou
quartier durable tropical, mais de définir précisément les contours et critères auxquels on
doit s’attacher pour espérer réussir le projet au regard de la population. Cette ambition se
nourrit nécessairement d’une lecture croisée des acteurs, des outils à mobiliser, mais surtout
d’une approche transdisciplinaire itérative qui devra mêler des champs aussi divers que
l’urbanisme, la conception bioclimatique, la sociologie, l’architecture, etc..
Enfin il sera primordial de toujours avoir une démarche cohérente de diagnostic et de
suivi de ces projets. Bien que cela peut sembler anodin, à ce jour par exemple le retour
d’expérience sur les projets de renouvèlement urbain est complexe. En effet, les diagnostics
initiaux quand ils existent n’ont pas été définis selon une grille d’évaluation clairement
établie. Cela rend par conséquent difficile, les évaluations post projet qui auraient du se faire
à partir d’une situation de référence qui utilise le même corpus.

Valorisation – 2 articles revue en évaluation, 5 communications. Les travaux menés


ont reçus le financement de deux projets : TRANSEETER (Université de la Réunion) , MAR-
RONER (Region FEDER).
Encadrement – J’encadre 2 thèses Région FEDER à l’université de la Réunion - J’ai
encadré un Post-Doc FEDER Amandine Junot-Payet sur ce thème. Le travail de terrain s’est
effectué dans le cadre de 2 stages de Master 1 et 2. Une stagiaire de l’Université de Trèves a
également participé aux travaux d’enquêtes sur la perception des habitants concernant les
Enrs.
Formation – Une UE Diagnostic du territoire en Master 1 VEU, 1 formation à été ef-
fectué à destination des doctorants de l’IST d’Antananarivo en mars 2019, concernant le
traitement des résultats d’enquête.
Chapitre 8
Approche prospective de la
transition énergétique

Sommaire
8.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
8.2 Consommation électrique de Madagascar . . . . . . . . . . . . . 133
8.2.1 Méthodologie générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
8.2.2 Résultats et discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
8.3 Scénarios par approche prospective . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
8.3.1 OSeMOSYS où l’interopérabilité et la flexibilité de la modéli-
sation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
8.3.2 Modèle OSeMOSYS pour la Réunion (SARI) . . . . . . . . . . 144
8.3.3 Modèle OSeMOSYS pour Madagascar (MAMBA) . . . . . . . 148
8.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

L a prospective occupe aujourd’hui une place de choix dans les outils et méthodes mo-
bilisées pour orienter les débats autour du changement climatique. Comme l’indique
[Maïzi 2012], les prémices de la prospective ont été mise en oeuvre au service de la recons-
truction de la France au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Dans le groupe de travail
ayant porté les Réflexions pour 1985, Pierre Massé propose une définition de la prospective
comme "un souhaitable qui apparaisse plausible à l’esprit prospectif et qui devienne probable
pour l’esprit attaché à sa réalisation" [Massé 1964]. Nous aborderons dans ce chapitre les ré-
cents travaux que nous avons menés depuis deux ans dans ce domaine. Après un bref rappel
sur les différents aspects entourant la prospective et un focus sur la situation particulière
des iles, nous verrons ainsi le diagnostic énergétique des territoires afin de comprendre les
contraintes passées. Puis nous verrons comment faire les enjeux énergétiques et les externa-
lités (volatilité des prix, émissions de GES, cout de l’énergie, etc.).

8.1 Introduction
La prospective se propose de construire des futurs possibles, c’est-à-dire construire le fu-
tur en envisageant différents scénarios. Cette discipline s’est largement développée en France
132 Chapitre 8. Approche prospective de la transition énergétique

depuis plus de 50 ans. Cette démarche peut être plutôt quantitative en mobilisant des envi-
ronnements de modélisation des scénarios ou faire interagir plusieurs disciplinaires dans une
approche plus qualitative. Ainsi la prospective se mêle avec la planification. Dans le premier
cas, l’attention est mise sur les choix à effectuer dès à présent en fonction des "différents"
futurs envisagés. Dans le second cas, elle va définir les moyens et la feuille nécessaires à la
réussite des objectifs qu’aura fixés la démarche prospective. La connexion entre la prospec-
tive et la planification est obligatoire et doit s’envisager de façon itérative. En effet, partant
de l’analyse d’une situation initiale (présente ou passée), la planification va s’interroger sur
les ambitions portées par la prospective au regard des changements qu’ils vont induire sur la
société, l’environnement, l’Homme, etc. Ainsi comme, le dit [De Jouvenel 1999], la prospec-
tive n’est donc pas un outil prophétique qui impose un futur, mais qui nous aide à le bâtir.
Ainsi, comme le disait l’un des fondateur de cette attitude, "« l’esprit prospectif ne prédéter-
mine pas, il éclaire". On peut résumer l’approche globale de la démarche prospective de la
manière suivante, Dans le domaine de la prospective quantitative, la modélisation repose sur

Définition du sujet, Méthodologie , horizon temporel

Définition du système et des paramètres et associés

Hypothèses, identification de l’évolution des variables Rétroaction

Création des scénarios

Ajustement des scénarios avec les enjeux (politiques,


économiques…)

Planification énergétique

Figure 8.1 – Processus de l’approche prospective – adapté de [Julien 1975].

deux grandes approches dont la philosophie diffère grandement :


— les modèles "top-down" | où on se place dès le départ sous le prisme d’une straté-
8.2. Consommation électrique de Madagascar 133

gie. L’objectif énergétique est alors considéré comme une contrainte placé au plus au
niveau hiérarchique. Et on s’attache à définir les corrélations avec les branches in-
férieures de cet arbre hiérarchique. L’objectif est ainsi une décision qui trouve une
déclinaison dans une forme ou une autre auprès de tous les acteurs de la transition
énergétique ;
— les modèles "bottom-up" | où on est là dans la construction d’un modèle à partir de
l’ensemble des paramètres du système. On se place ici plus dans le cas d’un processus.
Cela permet alors d’avoir une représentation complexe de la production électrique.
Cela permet de développer des problématiques d’optimisation des réseaux, de la pro-
duction et de la demande.
Nous avons ainsi résumé dans les deux paragraphes suivants deux approches et résultats
menés récemment sur le cas de Madagascar et de la Réunion. La première s’intéresse en une
approche couplée de la LMDI et de l’analyse de sensibilité qui nous permet de comprendre le
passé et de dégager des tendances pour le futur de Madagascar. Le second repose sur la mise
en place d’une approche prospective pour construire des scénarios pour la Réunion à partir
du logiciel OSEMOSYS.

8.2 Consommation électrique de Madagascar


Madagascar est particulièrement soumise aux chocs des prix de l’énergie et aux perturba-
tions successives de l’approvisionnement en énergie. Comme de nombreux territoires isolés
[Raghoo 2018], cette situation est principalement due à la forte dépendance de Madagascar
à l’égard des combustibles fossiles importés pour la production d’électricité. Pour remédier à
cette situation, l’État malgache a mis en place, depuis le 4 aout 2015, une nouvelle politique
énergétique appelée NPE 1 qui se concentre sur cinq objectifs : l’accès de tous aux nouvelles
énergies, l’accessibilité des prix, la qualité et la fiabilité des services, la sécurité énergétique
et la durabilité. Au départ, la vision 2030 visait deux objectifs principaux qui sont :
— Augmenter le taux d’accès des ménages à l’électricité à 70% en 2030 ;
— Remplacer progressivement les centrales thermiques existantes par des centrales
d’énergie renouvelable.
La réalisation de ces objectifs dépend de stratégies spécifiques de planification énergétique
qui intègrent toutes les caractéristiques de la situation énergétique de Madagascar. La pro-
duction étant étroitement corrélée à la demande, la compréhension de la consommation reste
essentielle pour l’analyse de la situation énergétique d’un territoire. À notre connaissance,
seules trois études ont examiné le secteur de l’électricité et les opportunités de développe-
ment des énergies renouvelables à Madagascar [Praene 2017a, Trotter 2017, Surroop 2018a].
Compte tenu des objectifs du gouvernement malgache, il est important d’analyser les para-
mètres qui ont influencé de manière significative l’évolution de la consommation d’électricité
à Madagascar sur la période 1987-2015. Nos travaux se concentrent donc dans un premier
temps sur une analyse historique pour aider à mettre en œuvre une vision prospective du

1. Nouvelle Politique de l’Energie pour l’horizon 2030


134 Chapitre 8. Approche prospective de la transition énergétique

secteur de l’électricité du pays. Ensuite, il s’agit d’identifier les facteurs qui influencent ces
changements. Enfin, nous avons tenter de déterminer quels sont les facteurs qui agissent sur
les différents «effets» ?
Sur la base d’études précédentes, ce document applique la méthode IDA 2 qui a été largement
utilisée dans la décomposition de la consommation d’électricité. La méthodologie appliquée
dans cet article est basée sur une décomposition de la LMDI 3 , qui sera combinée avec une
analyse de sensibilité (SA) basée sur la méthode EFAST et la régression linéaire. L’idée gé-
nérale est de proposer un modèle régressif pour définir une première analyse prospective
pour Madagascar. Notre travail est le premier de la litterature à examiner la structure de
l’électricité et l’évolution des tendances en combinant la SA et la LMDI. Les résultats se-
ront particulièrement utiles pour fournir une vue d’ensemble et identifier les forces motrices
du futur paysage énergétique de Madagascar. Sur la base de ces résultats, les implications
politiques et les perspectives d’une production d’électricité plus durable en développant da-
vantage d’énergies renouvelables sont examinées.

8.2.1 Méthodologie générale


À Madagascar, les consommateurs d’électricité se répartissent en quatre secteurs : ré-
sidentiel, industriel, PME/services et éclairage public. La décomposition a utilisé ces quatre
secteurs comme "catégories". Le secteur résidentiel est noté par "R", le secteur industriel par
"I", les PME/services par "SME" et l’éclairage public par "PL". Le nombre de consommateurs
et la consommation d’électricité de chaque secteur de 1987 à 2015 sont utilisés comme in-
trants pour l’analyse. L’analyse de la décomposition est utilisée par de nombreux analystes de
l’énergie pour quantifier la contribution de différents facteurs dans l’évolution des indicateurs
énergétiques [Zhang 2013, Baležentis 2011, Wang 2010, Kim 2017, Achão 2009] et environne-
mentaux [Xu 2012, Xu 2014, Guan 2018, Marangoni 2017] au fil du temps. Elle aide à com-
prendre les facteurs de la consommation d’énergie et à mesurer et contrôler les performances
des politiques liées à l’énergie [Ang 1998, Chen 2020b]. Les méthodes de décomposition les
plus utilisées sont celles basées sur l’"indice de Laspeyres" et l’"indice de Divisia". Toutefois,
en 1998, Ang et al. ont mis en évidence un problème important lié à ces méthodes : les va-
leurs résiduelles de décomposition. Ils ont donc proposé la méthode LMDI, qui est basée sur
l’indice de division et la moyenne logarithmique [Ang 1998, Ang 2001, Ang 2007]. L’un des
principaux avantages de la méthode LMDI par rapport à d’autres méthodes de décomposition
largement utilisées est que la méthode LMDI ne laisse aucun résidu, ce qui, dans d’autres mé-
thodes, peut être significatif et affecter les résultats et leur interprétation [Ang 2004]. Il s’agit
d’une décomposition exacte. En conséquence, l’indice LMDI est devenu un outil largement
utilisé pour analyser la situation énergétique et les problèmes environnementaux en raison
de ses avantages supérieurs et de sa bonne adaptabilité dans les applications [Zhao 2010].
Notre méthodologie générale a été décrite dans la Figure 8.2.
Afin de simplifier la lecture de la décomposition, nous détaillons ici quelques éléments
de description des paramètres utilisés.

2. Index Decomposition Analysis


3. Logarithmic mean Divisia index
8.2. Consommation électrique de Madagascar 135

Figure 8.2 – Methodology framework

Nomenclature
E | Consommation d’électricité.
Q | Nombre d’abonnés.
I | Intensité énergétique exprimé en consommation/abonné.
S | Part d’abonnées par secteur.
∆Eact | Effet d’activité.
∆Eint | Effet d’intensité.
∆Estr | Effet structurel.

Ainsi, on procède de la manière suivante :


— Application de la décomposition LMDI à la consommation d’électricité. Les données
saisies caractérisent de chaque secteur. En conséquence, nous obtenons les 3 effets
différents qui influencent la variation de la consommation d’électricité : effet d’activité
∆Eact , effet de structure ∆Estr , et effet d’intensité ∆Eint .
— Application de l’analyse de sensibilité combinée à une régression linéaire Une régres-
sion linéaire est appliquée à chaque effet en fonction de la variation du nombre de
consommateurs (∆Qi ) et de la consommation d’électricité par consommateur (∆Ii ) de
chaque secteur. L’objectif est de transformer l’expression des trois effets en un modèle
linéaire qui intègre simultanément ∆Qi et ∆Ii . Ensuite, nous effectuons une analyse
de sensibilité des modèles obtenus afin de déterminer les paramètres d’influence de
136 Chapitre 8. Approche prospective de la transition énergétique

chaque effet. Enfin, nous effectuons une régression linéaire de chaque effet sur la base
des paramètres les plus influents. Les métamodèles obtenus (sortie 2) sont les suivants :
∆Eact = f (∆QR ) : effet d’activité exprimé en fonction du nombre de consom-
mateurs dans le secteur résidentiel.
∆Estr = f (∆QI , ∆QR ) : effet structurel exprimé en fonction du nombre de
consommateurs dans les secteurs industriel et résidentiel.
∆Eint = f (∆II , ∆IR ) : effet d’intensité exprimé en fonction de la consomma-
tion d’électricité par consommateur dans les secteurs industriel et résidentiel.
Concernant la méthode LMDI, nous rappelons ici simplement le cadre général de la décompo-
sition et mettrons en exergue l’innovation qu’a apporté nos travaux. Ces méthodes orientés
diagnostic initialement, peuvent aujourd’hui selon notre approche s’entrevoir dans une lo-
gique de prospective. Soit E la consommation totale d’énergie. Les différentes catégories de
secteurs sont représentées par l’indice i, et le temps de référence est représenté par j. La
variation de E sera quantifiée en évaluant les impacts des effets suivants :
— effet d’activité, désigné par Q ;
— effet structurel représenté par S : Si = Qi /Q ;
— effet d’intensité, désigné par I : Ii = Ei /Qi .
Si l’on considère les premiers travaux de [Ang 2005, Ang 2015], le LMDI est décrit par les
équations suivantes :
X X Qi Ei X
E= Ei = Q = QSi Ii (8.1)
Q Qi
i i i
Ainsi, la décomposition additive se présente sous la forme suivante :

∆Etot = E T − E 0 = ∆Eact + ∆Estr + ∆Eint (8.2)


X EiT − Ei0 QT
∆Eact = ln( ) (8.3)
i
ln EiT − ln Ei0 Q0
X EiT − Ei0 SiT
∆Estr = ln( ) (8.4)
i
ln EiT − ln Ei0 Si0
X EiT − Ei0 IiT
∆Eint = ln( ) (8.5)
i
ln EiT − ln Ei0 Ii0
La formule multiplicative s’écrit :

ET
Dtot = = Dact Dstr Dint (8.6)
E0
X (E T − E 0 )/(ln E T − ln E 0 ) QT
Dact = exp( i i i i
ln( )) (8.7)
(E T − E 0 )/(ln E T − ln E 0 ) Q0
i
X (E T − E 0 )/(ln E T − ln E 0 ) SiT
Dstr = exp( i i i i
ln( )) (8.8)
(E T − E 0 )/(ln E T − ln E 0 )
i
Si0
8.2. Consommation électrique de Madagascar 137

X (E T − E 0 )/(ln E T − ln E 0 ) IiT
Dint = exp( i i i i
ln( )) (8.9)
(E T − E 0 )/(ln E T − ln E 0 )
i
Ii0
L’analyse de sensibilité consiste à étudier les effets du changement d’une variable sur les
autres variables et surtout sur les résultats finaux [Faivre 2013]. Elle nous permet de simplifier
et de mieux comprendre un modèle en orientant l’attention vers des modules spécifiques in-
fluents. En outre, elle peut valider un modèle et aider à mettre en place de futures expériences.
Différentes méthodes d’analyse de sensibilité ont été développées, parmi lesquelles des mé-
thodes différentielles [Lomas 1992], des méthodes de criblage telles que la méthode Morris
[Morris 1991b], et des méthodes basées sur l’analyse de la variance telle que les méthodes
FAST (Fourier amplitude sensitivity test) et EFAST (extended Fourier amplitude sensitivity
test) [Saltelli 1999, Saltelli 2000, Sobol 1993]. Dans cette étude, l’analyse sera effectuée à l’aide
de la méthode EFAST. Cette méthode calcule l’indice de sensibilité du premier ordre (Si ) et
l’indice d’ordre total (ST i ) en utilisant le même ensemble d’échantillons. Ces indices de sen-
sibilité sont exprimés en fonction de l’espérance (E) et de la variance (V) d’une sortie Y (X1 ,
X2 , ..., Xk ) :
V [E(Y | Xs )]
Si = (8.10)
V (Y )

E[V (Y | X∼i V [E(Y | X∼i )]


ST i = =1− (8.11)
V (Y ) V (Y )
où,
- Si : contribution de l’effet principal du facteur d’entrée ith à la valeur de sortie.
- ST i : contribution de l’effet du facteur ith à la valeur de sortie en tenant compte de ses
interactions avec les autres facteurs du modèle.
La méthode classique FAST a été introduite dans les années 1970 pour calculer uniquement
les indices de sensibilité de premier ordre. Plus tard, Saltelli et al. l’ont améliorée pour en faire
la méthode EFAST, qui est également capable de calculer des indices d’ordre supérieur et des
indices totaux. Le principe de la méthode FAST est d’associer à chaque facteur une fréquence
wi et de générer des valeurs selon la fonction :

Xi = Gi (sin (ωi s)) (8.12)

Il est également recommandé transformé Xi = Gi (sin (ωi s)). Il est dès lors possible
d’étendre le modèle à une série de Fourier selon :

X
Y = f (X1 , X2 , ..., Xk ) = f (s) = A0 + (Aj cos(js) + Bj sin(js)) (8.13)
j=i

8.2.2 Résultats et discussion


Les résultats de la décomposition additive avec la référence glissante sont présentés
dans la Figure 8.3. La Figure 8.4 montre les résultats de la décomposition additive avec
une année de référence fixe (1987). Nous avons choisi de décomposer selon une année
de référence fixe afin de pouvoir suivre les changements structurels de la consommation
138 Chapitre 8. Approche prospective de la transition énergétique

d’électricité ainsi que d’en extraire les tendances générales. Nous pouvons ainsi obtenir un
résultat intéressant ; d’une part, des informations de type tendanciel comme dans les séries
chronologiques et, d’autre part, des informations annuelles sur la répartition des différents
effets.
L’effet d’activité mesure l’impact des changements du nombre d’abonnés sur la consomma-
tion d’électricité. L’effet structurel mesure le changement de composition. L’effet d’intensité
évalue la progression de l’intensité énergétique, qui est exprimée par la consommation
d’électricité par abonné.
Selon la figure 8.3, les changements dans la consommation totale d’électricité (effet total)

100

50
GWh

−50
Δ Estr
Δ Eint
Δ Eact
−100

100
75
50
25
GWh

0
−25
−50 Δ Etot
−75
1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020
Year

Figure 8.3 – Décomposition additive de la consommation électrique à Madagascar


de 1987 à 2015.

sont généralement discontinus et irréguliers, et la tendance est variable. Un pic négatif a été
observé entre 1990 et 1991, suivi d’un pic positif en 1992-93. La variation a diminué entre
1994 et 1995. Cette baisse a été suivie d’une augmentation au cours de la période 1995-96,
qui a stagné entre 1997 et 2000.
Ensuite, entre 2000 et 2010, il y a eu une phase d’instabilité dans la variation de la consom-
mation d’électricité de Madagascar. Deux pics négatifs sont mis en évidence en 2001-2002 et
2008-2009, qui correspondent tous deux à une période où le pays a été plongé dans une crise
politique.
L’évolution du nombre d’abonnés n’a pas d’influence significative sur la consommation
annuelle d’électricité (année par année) ; voir figure 8.3. Cependant, comme on peut
8.2. Consommation électrique de Madagascar 139

800
Δ Eact
Δ Eint
Δ Estr
600 Δ Etot

400
GWh

200

−200
1990 1995 2000 2005 2010 2015
Year

Figure 8.4 – Décomposition à partir de l’année de référence 1987

l’observer dans la figure 8.4, la tendance à la hausse de la consommation d’électricité (ligne


orange) est étroitement liée à l’évolution du nombre d’abonnés (ligne rouge).
Concernant l’effet d’intensité, son évolution annuelle est similaire à celle de l’effet total
(figure 8.3), mais son évolution de 1987 à 2015 est globalement stagnante (figure 8.4).
Ainsi, l’évolution de la consommation d’électricité de Madagascar est principalement due
à des changements dans le nombre d’abonnés, mais des augmentations ou des diminutions
significatives peuvent s’expliquer par des changements dans l’intensité énergétique. L’effet
de structure est stagnant. De 1987 à 2015, la répartition du nombre d’abonnés dans chaque
secteur n’a pas modifié l’évolution de la consommation d’électricité. Compte tenu de la
dynamique de variation des différents effets, il est possible de mettre en relation le contexte
sociopolitique du pays et la variation de sa consommation d’électricité. En effet, chaque pic
négatif significatif correspond à une crise sociopolitique. Chaque période de baisse est alors
généralement suivie d’une augmentation significative, qui correspond à la stabilisation de la
situation économique du pays après la fin de la crise.

Lecture historiqe

1990-1991 : La consommation d’électricité a diminué de 1,97% (-7,92 GWh). L’effet


d’intensité (∆Eint ) est le principal facteur de cette diminution (-18,2 GWh ou -4,54%),
soutenu par l’effet de structure (-4,74 GWh ou -1,18%), tandis que l’effet d’activité
contribue positivement (+15 GWh ou + 3,75%). Cette période est caractérisée par une
série de manifestations visant à l’abrogation de la Constitution socialiste de 1975 et à
la destitution du Président Didier Ratsiraka.
1991-1993 : Cette période est marquée par l’influence positive de l’effet d’activité
(∆Eact ) et l’effet d’intensité sur la consommation totale d’électricité malgré la contri-
bution négative de l’effet structurel (∆Estr ). Cette augmentation est liée au retour du
140 Chapitre 8. Approche prospective de la transition énergétique

calme à Madagascar après la crise politique de 1991. La Haute Autorité de l’État (HAE)
a adopté une nouvelle politique de gestion des entreprises publiques : la privatisation
de plusieurs entreprises publiques. Cela a conduit à l’arrivée de nombreux investis-
seurs et au développement de zones de libre-échange dans la capitale de l’île.
1994-1995 : La baisse est de 1,08% (-4,73 GWh). L’effet d’intensité ∆Eint est de -12,60
GWh (-2,88%), et l’effet structurel ∆Estr est de -11 GWh (-2,40%). Cependant, l’effet
d’activité ∆Eact est positif, avec une valeur de +22,4 GWh (+5,11%). Cette période
est marquée par le passage du cyclone Geralda (février 1994), qui a fortement touché
Madagascar ; au total, plus de 40.000 maisons ont été détruites et 356.000 personnes
ont été touchées. Le cyclone a fait 231 morts et causé plus de 10 millions de dollars
(USD 1994) de dégâts.
2001-2002 : La variation totale ∆Etot est de -9,12% (-58,8 GWh), causée par un effet
d’intensité ∆Eint de -70,4 GWh (-10,93%), un effet de structure ∆Estr de -20,9 GWh
(-3,24%), et un effet d’activité ∆Eact de +32,5 GWh (+ 5,05%). La diminution sur cette
période est dix fois plus importante que celle de 1994-95, notamment la diminution
due à l’effet d’intensité. En effet, la crise post-électorale de 2001-2002 a eu de graves
conséquences pour le pays, car les barrages routiers visant à isoler la capitale ont en-
traîné une pénurie de carburant dans la province d’Antananarivo, ce qui a entraîné des
problèmes de production d’électricité de la JIRAMA. En outre, de nombreuses entre-
prises de la "zone de libre-échange" dont les activités étaient axées sur l’exportation de
produits ont dû fermer leurs portes parce que la crise n’était pas propice aux exporta-
tions. En conséquence, le pays a connu un déclin important de l’activité économique
et industrielle, reflétant une baisse du nombre d’abonnés industriels de la JIRAMA et
une diminution de la consommation des abonnés. À cela s’est ajoutée l’inflation.
2002-2003 : En un an, on peut constater la reprise de la consommation d’électricité
à Madagascar après une période de déclin. Cela se traduit par une variation totale de
90,1 GWh, soit 15% par rapport à l’année précédente. Le nouveau boom a été fortement
influencé par l’effet d’intensité et l’effet d’activité, malgré un effet structurel négatif. La
fin du premier semestre 2002 a marqué une nouvelle ère pour Madagascar. Un nouveau
président a été officiellement proclamé et investi. Vers la fin de cette même année, la
reprise économique a été discutée. Madagascar a été réintégré dans l’Organisation de
l’Union Africaine ; en outre, le nouveau président s’est engagé dans une politique de
privatisation et d’ouoxure aux capitaux étrangers, qui a porté ses fruits car l’économie
malgache a connu une croissance. Le marché de l’exportation a donc été relancé.
2008-2009 : La variation totale est de -7,19% (-61,2 GWh), causée par un effet d’in-
tensité de -43,7 GWh (-5,12%), un effet de structure de -40,6 GWh (-4,76%), et un effet
d’activité de +23 GWh (+2,70%). La crise politique qui a éclaté en janvier 2009 lorsque
Andry Rajoelina (alors maire d’Antananarivo, la capitale) a pris le pouvoir et que cela
a stoppé la croissance économique du pays ; ce qui a entraîné une baisse du PIB, des
revenus et de l’inflation et une augmentation du chômage. En d’autres termes, les in-
dicateurs économiques et sociaux étaient en baisse.
2010-2015 : Aucun changement significatif n’est observé dans la variation de la
consommation d’électricité. Cela coïncide avec la stabilité économique et politique
8.2. Consommation électrique de Madagascar 141

du pays après avoir connu la crise de 2009. Fin janvier 2009, A. Rajoelina a mis en
place une Haute Autorité de Transition (HTA), dont il a pris la tête. Ce qui était censé
n’être qu’un gouvernement de transition, s’est en fait maintenu jusqu’en 2015. Cepen-
dant, la poursuite de ce régime n’a pu se faire qu’au prix de plusieurs remaniements
ministériels et de l’absence d’opposition politique. En 2011, une feuille de route a été
signée pour sortir de cette situation. Le retrait de l’aide internationale dans le pays
place celui-ci dans une situation économique critique, poussant les autorités à exploi-
ter des ressources essentielles telles que le bois de rose. L’incertitude qui entoure la
pseudo-stabilité de la période de transition entrave également l’investissement et le
développement du secteur industriel.
Cette lecture historique nous a ainsi permis d’interpréter les résultats de LMDI au-delà uni-
quement des chiffres, en les faisant coïncider avec une réalité du pays. Cette étape apporte
en quelque sorte des éléments de validation à notre analyse. À la suite de cette analyse nous
avons effectuer l’analyse de sensibilité. C’est en ce sens, que notre approche est innovante.
En effet, les travaux issus de la littérature s’arrête à l’interprétation des différents effets et à
leur impact sur la variable observée. Ainsi le recours à l’analyse de sensibilité nous a permis
de construire des métamodèles représentant les effets, à partir des variables intensité, nombre
d’abonnés, etc. On obtient alors le jeux d’équations suivants :

∆Eact = 1.562 + 1.975 × 10−3 × ∆QR (8.14)

∆Eint = −5.984 × 10−1 + 8.522 × 102 × ∆II + 4.188 × 105 × ∆IR (8.15)
∆Estr = −2.336 + 3.307 × 10−1 × ∆QI − 8.417 × 10−4 × ∆QR (8.16)
Grâce à ces métamodèles, il est possible des trajectoires qui ne soit pas uniquement des scé-
narios de type Businness-as-usual (BAU). Par conséquent, nous avons pu traduire à travers
les modèles ambitions politiques afin de voir déterminer quels pourraient être les besoins et
la structure de la demande en energie. Nous avons ainsi implémenté les ambitions politiques
portées par les différents gouvernements malgaches.
Finalement, afin de concevoir la feuille de route pour la transformation énergétique de Mada-
gascar, il sera essentiel de pouvoir intégrer tous les effets et variables abordés dans ce travail,
afin de considérer les différents objectifs intermédiaires à atteindre à moyen terme. Les ré-
sultats suggèrent une orientation stratégique forte pour la politique énergétique nationale.
Madagascar n’ayant pas encore achevé sa transition démographique, deux défis doivent être
relevés par les acteurs du système énergétique : la décarbonisation du mix et la satisfaction
d’une demande énergétique croissante. Le pays doit donc décarboniser sa croissance et sé-
curiser sa production d’électricité. En effet, la stabilité politique est l’un des éléments clés
de la résilience et de la durabilité du pays au cours des vingt prochaines années. Les effets
négatifs de ces instabilités ne sont pas très prononcés en raison du faible nombre d’abonnés
dans le pays. Par conséquent, comment mettre en œuvre une transition vers un accès sécu-
risé à l’électricité. Le gouvernement malgache doit encourager les investissements visant à
décarboniser son mix électrique. Cela permettra de limiter sa vulnérabilité aux importations
de ressources fossiles. Compte tenu des effets d’intensité et d’activité, le développement éco-
nomique entrainera une augmentation des effets.
142 Chapitre 8. Approche prospective de la transition énergétique

10 8 BAU Scenario 10 9 Probable Scenario P2RSE


15 3

2
10

1
kWh

kWh
5
0

0
-1
Eact

-5 -2
Eint
1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030
(a) (b)
Estr
9 Volontarist Scenario P2RSE 9 Scenario NPE
10 10
4 8
E

3 6

2 4
kWh

kWh
1 2

0 0

-1 -2

-2 -4
1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030
(c) (d)

Figure 8.5 – Production électrique selon tous les scénarios pour 2030.

Ainsi, le gouvernement doit promouvoir les équipements à faible intensité énergétique dans
les ménages, mais aussi réfléchir à une stratégie globale (par l’information, l’éducation) pour
limiter la demande en électricité. Enfin, compte tenu de la situation sociale de la population,
les ménages malgaches ne peuvent assumer seuls cette décarbonisation de la consommation
d’énergie. Il sera essentiel pour le gouvernement de trouver les mécanismes financiers pour
soutenir les ménages dans leur transition.

8.3 Scénarios par approche prospective


La planification de scénarios stimule la réflexion stratégique et aide à surmonter les li-
mites de la pensée en créant de multiples futurs possibles. Jebaraj et Iniyan [Jebaraj 2006] ont
présenté une revue de littérature sur la façon dont les modèles de planification énergétique
ont évolué chronologiquement. Ils peuvent être classifiés en trois catégories : les modèles
économétriques, les modèles de simulation, les modèles d’optimisation. Chaque catégorie de
méthodes vise à développer des modèles de demande d’énergie, des modèles d’approvision-
nement d’énergie ou bien des modèles intégrés d’offre et de demande d’énergie.
Le choix de la méthodologie à appliquer dépend notamment des caractéristiques du système
énergétique à modéliser, des contraintes à intégrer et des résultats attendus. En outre, pour
gérer cette phase de modélisation, divers outils logiciels ont été mis en place. Connolly et al.
8.3. Scénarios par approche prospective 143

[Connolly 2010] ont examiné 37 outils assistés par ordinateur pouvant être utilisés pour l’in-
tégration des énergies renouvelables. Il ressort de leur étude qu’il n’existe pas d’outil éner-
gétique qui traite tous les problèmes liés à l’intégration des énergies renouvelables, mais
que l’outil énergétique « idéal » dépend fortement des objectifs spécifiques à atteindre. Par
exemple, pour des planifications à court terme avec des pas de temps d’une heure ou moins,
il est recommandé d’utiliser EnergyPLAN, Mesap PlaNet, H2RES et SimREN. Pour des pas de
temps annuels, Inox, INFORSE seraient plus préférables.
Une équipe de chercheurs de l’université de KTH ont développé un modèle open-source d’op-
timisation de systèmes à part entière pour la planification énergétique à long terme, nommé
OSeMOSYS. Depuis sa publication, OSeMOSYS a été largement utilisé pour l’élaboration de
scénarios énergétiques à moyen et long terme dans de nombreuses études et applications.
Cet environnement se couple à présent à d’autres en outils tel que LEAP 4

8.3.1 OSeMOSYS où l’interopérabilité et la flexibilité de la mo-


délisation
OSeMOSYS (Open Source energy MOdelling SYStem), est un "framework » de modélisation
énergétique open source disponible en Python, GAMS et GNU MathProg. Il fonctionne avec
2 fichiers : le " fichier de modèles énergétiques " qui contient les données d’entrée définies par
l’utilisateur pour spécifier le système énergétique ; et le "code file" qui contient les équations
mathématiques pour spécifier le problème d’optimisation linéaire. Ces fichiers sont facile-
ment personnalisables afin de répondre aux besoins d’une analyse particulière. Les fichiers
de modèles énergétiques peuvent être générés soit par Python soit par l’interface graphique
MoManI ou manuellement via un texte éditeur.
Le fichier code existe en deux types : la version longue (long code) et la version courte (short
code). Le « long code » est caractérisé par une description mathématique détaillée, qui donne
lieu à de nombreuses équations linéaires intermédiaires qui doivent être construites et calcu-
lées. Le « short code » réduit le nombre d’équations intermédiaires construites et calculées en
combinant plusieurs équations en une seule pour améliorer les performances au détriment
de la lisibilité du code [Howells 2011]. Les formulations mathématiques du cadre sont consti-
tuées de sets, de paramètres et de variables qui sont structurés en blocs thématiques. Chaque
équation est modifiable et personnalisable. [Howells 2011, Gardumi 2018, Howells 2011]
fournissent une description détaillée d’OSeMOSYS, de sa structure et des équations mathé-
matiques qui composent le code.
L’intérêt majeur de OSeMOSYS est la flexibilité et la facilité de modification du code de base,
qui laissent ainsi toute l’attitude pour aller au-delà de la configuration initiale du logiciel.
Finalement, aujourd’hui on prend en compte des aspects sociaux, la variabilité de la produc-
tion, la modernisation des structures de production, les contraintes foncières en matière de
déploiement des Enrs, ou encore la qualité des réseaux distribution, etc..
Dans les sections suivantes, nous allons illustrer les premiers travaux que je mène actuelle-
ment dans le cadre de cette démarche prospective. Ainsi, nous aborderons dans un premier
temps le cas du modèle que je développe pour la Réunion, un second modèle actuellement
4. Long-range Energy Alternatives Planning system
144 Chapitre 8. Approche prospective de la transition énergétique

en développement dans la thèse de RASAMOELINA Miangaly sur le cas de Madagascar.

8.3.2 Modèle OSeMOSYS pour la Réunion (SARI)


SARI – openSource model bAse for Reunion Island
La structure du modèle a été élaborée en tenant compte de la structure de la demande, des
technologies de production d’électricité et de leurs aspects économiques, techniques et en-
vironnementaux associés. Ainsi, trois scénarios ont été créés, à savoir le scénario "Business
As Usual" (BAU), le scénario 1 et le scénario 2, voir Figure 8.6 : La mise en oeuvre d’OSeMO-

BAU
SCENARIO 1
Illustration of
the current SCENARIO 2
energy system Capacity
of the country investment in
WTE; 30 MW in
2022 maintained
to 2040 Capacity
No capacity investment for
increase for solar, WTE
RES: and new
The annual
Solar Farm: biomass are
capacity for 15 MW addition kept as in
hydro, solar each year, as scenario 1
and wind are from 2021
kept constant

Coal power
plants phases OTEC:
out as from 50 MW
2025 addition in
New biomass 2025.
replaces coal in Further 50
2025, at 291 MW MW addition
in 2030

Heavy fuel oil


plants undergo
a gradual
decrease the
period 2021 –
2029
Phases out
completely as
from 2030

Figure 8.6 – Différents scénarios définis pour la Réunion.

SYS nécessite des variables et paramètres structurels pour générer la solution de production
électrique optimale. Les éléments structurels sont constants pour chaque scénario ; ils com-
prennent des facteurs tels que la région, les années ou le type de combustible, tandis que les
variables sont des éléments définissant les données techniques et économiques du modèle.
Avant l’assemblage du modèle, deux éléments cruciaux doivent être déterminés :
— Time slices ou "tranches de temps" ;
— Groupes technologiques.
8.3. Scénarios par approche prospective 145

Time Slices – Étant donné que la demande, les capacités ou les performances des dif-
férentes technologies varient de temps en temps, des tranches de temps sont utilisées pour
diviser l’année. Les tranches de temps sont essentiellement désignées comme une partie d’une
journée et une fraction de l’année. Ce travail est crucial et doit être défini avec précision afin
de pouvoir représenter l’ensemble des profils de demande d’électricité existante sur une an-
née. Dans notre cas, douze tranches de temps, comme le montre la Figure XX, ont été prises
en compte, elles sont classées comme suit : Typologie de la technologie – L’ensemble des

2018-2040

ÉTÉ HIVER

JOURS WEEK-END
SEMAINE (DIMANCHE)

JOUR PIC NUIT

Figure 8.7 – Time slices du modèle.

technologies diffèrent en termes de taille, de combustible, de méthode de conversion de l’éner-


gie ainsi que de durée de vie. Certaines centrales électriques peuvent utiliser le même type
de combustible. D’autres centrales peuvent fonctionner avec deux combustibles différents,
bagasse et charbon par exemple. Par conséquent, la classification des différentes technolo-
gies facilite le processus de modélisation. Les combustibles utilisés dans le contexte de la
Réunion sont définis comme suit : Bagasse (BAG), Biomasse (BIO), Charbon (CHAR), Fuel
lourd (FL), Biogaz (BG), Gaz de décharge (LFG. Les différentes technologies envisagées sont
décrites ci-dessous dans le Tableau 8.1.
Table 8.1 – Liste des technologies de production d’électricité

Denotation Description Operating fuel


BAG_P Power plants firing bagasse BAG
CHAR
CHAR_P Power plants firing coal
BIO [in scenario 1 & 2]
Eolien Wind farm Wind Potential
FL_P Power plants firing heavy fuel oil FL
HYD Hydro power plants Water resources
Ocean_thermal Ocean based plants OTEC
PV Solar farms Sun potential
TaG Power plants firing gas Biogas
WTE Waste to energy facilities LFG

Résultats du Scénario BAU – Comme le montre la Figure 8.8, le fioul lourd joue un
rôle considérable dans le mix de production pour les années 2018 à 2040 ; en maintenant
146 Chapitre 8. Approche prospective de la transition énergétique

une production d’énergie constante d’environ 1700 GWh pendant la période 2031 - 2040.
Afin de répondre à la demande croissante non satisfaite, le fioul lourd entre dans le mix de
production à partir de 2031, produisant jusqu’à 650 GWh d’ici 2040. Dans le cas du charbon,
le combustible maintient une production d’énergie annuelle de 1200 GWh pour toute la
période de modélisation.
En ce qui concerne la part des énergies renouvelables, les centrales hydroélectriques sont

Backstop Bagasse Charbon Eolien Fioul Lourd Hydro PV TaG


5000

4500

4000
Energy generation (GWh)

3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

0
2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027 2028 2029 2030 2031 2032 2033 2034 2035 2036 2037 2038 2039 2040
Year

Figure 8.8 – Production selon le modèle business-as-usual

pleinement utilisées et produisent 460 GWh par an. Les technologies qui alimentent la
bagasse et le biogaz maintiennent également une production énergétique annuelle de 385
GWh et 25,2 GWh respectivement. L’énergie solaire produit 157 GWh tandis que l’énergie
éolienne représente 41,2 GWh pour la période 2018-2040. La production constante d’énergie
à partir de technologies renouvelables est due au fait qu’aucune augmentation de capacité
n’est envisagée dans le scénario BAU.

Résultats du Scénario 1 – Dans le scénario 1, la production d’énergie à partir du char-


bon est de 1200 GWh entre 2018 et 2024, après quoi les centrales électriques au charbon seront
progressivement abandonnées à partir de 2025. Le green pulp est introduit dans le système
énergétique à partir de 2025, remplaçant le charbon comme source de combustible de sub-
stitution. LE charbon était précédemment associé à la bagasse pour le fonctionnement des
centrales thermiques. Le green pulp produit donc une quantité constante de 1200 GWh pour
les années 2025 à 2040. D’autre part, avec une réduction progressive de la capacité, le fioul
lourd montre une tendance à la baisse de la production d’énergie de 2018 à 2029, représentant
440 GWh en 2029.
À partir de 2030, les centrales au fioul lourd seront progressivement abandonnées. Contrai-
rement au scénario BAU, la technologie d’appoint entre plus tôt dans le mix de production,
8.3. Scénarios par approche prospective 147

c’est-à-dire qu’elle produit environ 210 GWh en 2025, pour passer à 1900 GWh en 2040. Cela
peut s’expliquer par l’élimination complète des combustibles classiques, notamment le char-
bon d’ici 2025 et le mazout lourd d’ici 2030.
Comme dans le scénario BAU, la production d’énergie à partir de la bagasse, de l’hydroélectri-
cité, du biogaz et des ressources éoliennes maintient la même tendance. Avec l’augmentation
annuelle de la capacité des technologies solaires, la production d’énergie solaire montre une
tendance à la hausse de 2022 à 2040, pour atteindre 405 GWh en 2040. Avec la mise en place
d’une centrale WTE de 30 MW en 2022, l’WTE maintient une production constante de 171
GWh de 2022 à 2040.
Ainsi on peut voir que la suppression progressive des capacités de production de combus-

Backstop Bagasse Charbon Eolien Fioul Lourd Hydro PV TaG Green Pulp WTE
5000

4500

4000

3500
Energy generation (GWh)

3000

2500

2000

1500

1000

500

0
2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027 2028 2029 2030 2031 2032 2033 2034 2035 2036 2037 2038 2039 2040
Year

Figure 8.9 – Production selon le scénario 1

tibles fossiles ne semble pas aussi évidente que cela. En effet, le backstop représente plus de
40% de la production d’énergie d’ici 2040. Cela remet en question (i) la faisabilité de l’élimi-
nation complète du charbon et des combustibles fossiles et (ii) le potentiel d’expansion des
capacités de production de sources d’énergie renouvelables. Avec l’introduction du green
pulp, de l’expansion solaire et de l’énergie éolienne, la part maximale des énergies renouve-
lables qui peut être atteinte est de 69,9%.
Résultats du Scénario 2 – D’après la Figure 8.10 et de manière analogue au scénario 1, le
charbon et le fioul lourd illustrent la même tendance de production d’énergie ; ils seront pro-
gressivement éliminés d’ici 2025 et 2030 respectivement. Avec une augmentation plus impor-
tante de la capacité d’Enrs, le backstop entre dans le système énergétiqueplus tard que dans
le scénario 1 ; notamment en 2030, contrairement à 2025 dans le scénario 1. La production
d’énergie à partir de la bagasse, de l’hydroélectricité, du biogaz et des ressources éoliennes
maintient la même tendance que dans les scénarios précédents. L’énergie solaire montre la
mêmeaugmentation de production d’énergie ; car l’expansion de la capacité solaire dans le
scénario 2 est similaire à celle du scénario 1.
148 Chapitre 8. Approche prospective de la transition énergétique

Le green pulp produit également 1200 GWh à partir de 2025, avec l’abandon progressif des
centrales au charbon. Avec l’augmentation de la capacité des installations de production
d’électricité àpartir de déchets, on observe une augmentation de la production d’énergie à
partir de ces installations, qui est passée de 171 GWh en 2022 à 515 GWh en 2040. Avec
l’introduction des technologies ETM dans le système énergétique, la production maximale
d’énergie à partir des ressources thermiques des océans est de 660 GWh d’ici 2040.
En 2040, la part de l’énergie couoxe par le backstop est inférieure de 50% à celle observée

Backstop Bagasse Charbon Eolien Fioul Lourd Hydro PV TaG Green Pulp WTE Ocean Thermal
5000

4500

4000

3500
Energy generation (GWh)

3000

2500

2000

1500

1000

500

0
2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027 2028 2029 2030 2031 2032 2033 2034 2035 2036 2037 2038 2039 2040
Year

Figure 8.10 – Production selon le scénario 2

dans le scénario 1. Cela est dû à un investissement plus important dans les technologies des
énergies renouvelables, qui répondent à la demande croissante d’énergie. Avec l’augmenta-
tion de la capacité des technologies WTE et ETM, la part des EnRs atteint un maximum de
86% d’ici 2030.
Ces premiers scénarios que nous avons développés nous ont permis de proposer un pre-
mier modèle SARI pour la Réunion. L’objectif était de définir une structure initiale, que nous
pourrons optimiser et modifier par la suite suivant les scénarios souhaités. L’un des premiers
éléments a été de traduire les transformations déjà envisagées pour la Réunion, à savoir la
substitution du charbon par le green pulp et le développement du secteur solaire. Nous avons
souhaité également y introduire une ressource virtuelle appelée "backstop" qui nous permet
d’envisager l’introduction d’une technologie encore non existante sur le territoire. Cela nous
permettra ou d’envisager une stratégie à partir du stockage ou de définir de nouvelles sources
de production qui étaient pour l’heure peu prospectées. Nous pensons en particulier à la pro-
duction d’énergie à partir des déchets.

8.3.3 Modèle OSeMOSYS pour Madagascar (MAMBA)


MAMBA – MadagAscar Model BAsed on OSeMOSYS
Dans le cas de Madagascar, les travaux de thèse que je dirige s’intéresse à sécuriser la pro-
8.3. Scénarios par approche prospective 149

duction électrique mais également à la décarboner afin d’être moins vulnérable du territoire.
Nous nous sommes naturellement intéressés à l’intégration des Enrs, en étant en cohérence
avec la nouvelle politique énergétique du pays (NPE). La méthodologie est la même que pré-
cedemment, nous avons toutefois couplé l’usage de logiciel LEAP à celui d’OSeMOSYS.
Avant de pouvoir analyser les stratégies de production, il est nécessaire d’évaluer la demande
en électricité. En effet, la production étant fortement corrélée à la demande, la compréhension
de la consommation reste un préalable incontournable à l’analyse de la situation énergétique
d’un territoire. La projection de la demande utilisée pour les scénarios de production sera
donc celle basée sur la NPE :
— Un taux d’électrification de 50% en 2023 et 70% à l’horizon 2030 ;
— Une évolution de l’intensité énergétique selon la tendance actuelle.
Les caractéristiques des technologies utilisées pour les simulations sont détaillées dans le
Tableau 8.2.

Table 8.2 – Performance et cout des technologies – selon (IRENA)


Couts en capital Couts fixes Couts variables Durée de vie Capacity Factor
Technologies Cout LCOE
(US$/kW) (US$/kW) ($/kWh) (Years) (%)
Hydro 2500 30 0,004 30 47 0,047
Centrale thermique : Diesel 1200 8 0,002 10 80 0,22
Centrale thermique : Fuel lourd 1000 0 0,055 10 80 0,28
Onshore wind 1452 0 0,0318 25 34 0,085
Solar PV 1356 0 0,0213 25 18 0,056
Biomasse 2055 105 0,0043 20 78 0,062

Pour permettre le calcul des émissions GES engendrées pour chaque scénario, il est né-
cessaire d’entrer le facteur d’émission de chaque technologie et donc de les calculer à part.
La méthode utilisée pour évaluer l’impact environnemental de chaque technologie utilisée
pour le cas de Madagascar est celle de l’ACV en utilisant l’outil GEMIS. Nous reviendrons au
chapitre suivant plus en détail sur les calculs d’analyse de cycle de vie. Cinq scénarios sont
pris en compte :
— Scénario BAU | Tendance actuelle ;
— Scénario NPE | Traduit les objectifs en matière de politique énergétique que le pays
s’est fixé ;
— Scénario optimisé OPT | le mix électrique est défini par optimisation du cout écono-
mique (cout LCOE et cout d’investissement) et du cout environnemental ;
— Scénario à faible cout d’investissement LIC | le mix électrique est défini en minimisant
le cout d’investissement et en limitant l’émission CO2 ;
— Scénario OPTS | De même que le scénario OPT, le mix électrique est défini par opti-
misation du cout économique (cout LCOE et cout d’investissement) et du cout envi-
ronnemental, cependant un pourcentage minimum de centrale solaire est imposé.
Comme le montre la Figure 8.11 chaque scénario le mix électrique est dominé par les cen-
trales hydrauliques, ce qui s’explique par l’abondance de ressources hydrauliques à Mada-
gascar. Le scénario BAU conserve la tendance actuelle du mix électrique de Madagascar
150 Chapitre 8. Approche prospective de la transition énergétique

jusqu’à 2040 avec un cout de production de 0,130 USD/kWh et un facteur d’émission de 0,439
kgCO2 eq/kWh. Pour 2023, pour satisfaire la demande des 50% de la population électrifiée,
le scénario NPE prévoit une production d’électricité à partir de 59% d’hydro, 23% centrales
thermiques FO, 7% centrales thermiques GO, 8% Solaire, 2% Eolien et 2% Biomasse. Cela équi-
vaut à un cout de production de 0,114 USD/kWh avec un facteur d’émission de 0,348 kg
CO2 eq/kWh.
Le scénario OPT en optimisant le cout économique (cout LCOE et cout d’investissement) et

100

90

80

70

60

50
%

40

30

20

10

0
2018 BAU NPE OPT LIC OPT_S BAU NPE OPT LIC OPT_S BAU NPE OPT LIC OPT_S

2018 2023 2030 2040

Hydro FO Steam GO Steam Solar Bioenergy Wind

Figure 8.11 – Résultats des mix électriques selon les différents scénarios.

le cout environnemental ressort un mix électrique 50 % d’hydro, 46% FO Steam et 4% Wind


pour 2023 avec un cout de production de 0,133 USD/kWh. En minimisant le cout d’investis-
sement, mais limitant l’émission CO2 , le scénario LIC avec un mix à 47% d’hydro, 42% de FO
Steam et 11% de biomasse présente un facteur d’émission de 0,404 kg CO2 eq/kWh pour un
cout de production de 0.146 USD/kWh. Le scénario OPT_S qui optimise le cout économique
(cout LCOE et cout d’investissement) et cout environnemental en imposant un pourcentage
minimum de centrale solaire, propose un mix électrique de 57% d’hydro, 20% de fuel ,7%
de GO, 8% de solaire, 6% de Bioénergie, 2% d’éolien. Le facteur d’émission est de 0,406 kg
CO2 eq/kWh pour un cout de production de 0,115 USD/kWh.
Pour l’année 2023, les couts que ce soit les couts économiques ou les couts environnemen-
taux sont à peu près similaires pour les différents scénarios. En l’espace de 5 ans, le taux
d’intégration des énergies renouvelables pour les scénarios n’est pratiquement pas différent
de la situation actuelle. En effet, pour subvenir au fort accroissement du taux d’électrification
prévue pour 2023, la part des centrales thermiques diminue graduellement jusqu’en 2023.
Pour 2030, le scénario NPE prévoit un mix électrique avec 84,50% d’énergie renouvelable dont
8.3. Scénarios par approche prospective 151

62,50% d’hydro, 15,5% de FO Steam, 14,50% de centrales solaires, 4% de bioénergie, 3,50% d’éo-
lien. Ce mix équivaut à un facteur d’émission de 0,287 CO2 eq/kWh et un coût de production
de 0,084 USD/kWh. Le scénario OPT avec 68,06 % d’énergie renouvelable avec 54,43% d’hydro,
31,94% de FO Steam, 13,63% de bioénergie. Ce scénario enregistre un coût de production de
0,105 USD/kWh et un facteur d’émission de 0,314 CO2 eq/kWh. Le scénario LIC est composé
d’un mix électrique de 50,12% d’hydro, 31,31% de FO Steam, 18,57% de bioénergie soit 68,68
% d’énergie renouvelable. Ce scénario enregistre un coût de production de 0,105 USD/kWh
et un facteur d’émission de 0,314 CO2 eq/kWh. Le scénario OPT_S est composé d’un mix
électrique de 58,50% d’hydro, 10% de FO Steam, 14,50% de centrales solaires, 13,50% de bio-
énergie, 3,50% d’éolien, soit 90% d’énergie renouvelable d’ici 2030. Le facteur d’émission est
de 0,127 CO2 eq/kWh et le coût de production est de 0,055 USD/kWh.
En outre, l’analyse des scénarios mettent en exergue deux faits à analyser : l’enjeu de l’indé-

0,18

0,16

0,14

0,12
USD/kWh

0,1

0,08

0,06

0,04

0,02

0
2 016 2 020 2 025 2 030 2 035 2 040 2 045 2 050
BAU NPE LIC OPT OPT_S

Figure 8.12 – Evolution du cout de production énergétique selon les différents scé-
narios.

pendance énergétique et l‘importance du niveau de financement. En effet, l’impact du cout


du kWh produit a dans le cadre de Madagascar une importance toute particulière, voir Fi-
gure 8.12. Pour répondre aux objectifs d’augmentation du taux d’électrification, il y a deux
possibilités :
— Augmenter la part d’énergie renouvelable dans le mix électrique et tendre graduelle-
ment vers un minimum d’utilisation de centrales thermiques. Cette option nécessite un
niveau conséquent d’investissement à court terme. Cependant, à long terme, le coût de
production diminue. De plus, ceci garantit l’indépendance et la sécurité énergétique.
152 Chapitre 8. Approche prospective de la transition énergétique

— Garder la part actuelle de centrales hydrauliques et favoriser l’utilisation de la bio-


masse (jusqu’à environ 19%). Cette deuxième option permet de minimiser le coût d’in-
vestissement tout en garantissant l’accès à l’électricité au détriment d’une dépendance
aux centrales thermiques à environ 30%. Certes, le facteur d’émission de la production
en électricité de Madagascar reste relativement faible par rapport aux autres pays de
l’Océan Indien pour tous les scénarios. L’importance de la transition énergétique ré-
side surtout dans la sécurité énergétique.

La problématique de la transition énergétique à Madagascar s’entrevoit donc comme celle


des ZNI, car le réseau électrique ne maille pas l’ensemble du territoire. De ce fait,les enjeux
de production se localisent dans un premier temps au sein des grandes villes et en périphérie.
À cela s’ajoute un deuxième cas à considérer qui sera celui de l’électrification rurale. Le cout
du kWh jouera un rôle important sur les orientations stratégiques du développement du mix
électrique. Ainsi, nous devons considérer des scénarios différents qui devront être régiona-
lisés pour répondre aux besoins spécifiques et surtout mettre en correspondance les couts
induits.

8.4 Synthèse

L’acte de produire de l’électricité n’est absolument pas anodin et a un fort impact sur
notre environnement. Selon les statistiques de l’IRENA, la part d’énergies renouvelables
n’excède pas les 24,9% en 2018. Cela ne traduit un accroissement que de 0,5% par rapport
à 2017 à l’échelle mondiale. Dans cette situation, il est à noter que l’hydroélectricité
représente encore près de 63%. Cette situation est encore plus marquée dans les espaces
insulaires. Les iles concentrent à la fois un certain nombre de contraintes structurelles à
leur territoire, mais aussi offre un formidable espace expérimentation et de mis en place
stratégique d’une planification énergétique dans le cadre de la transition énergétique.
Ainsi l’enjeu de nos travaux était de faire correspondre une analyse des données du passé
nous permettant de comprendre les dynamiques en cours dans un premier temps. Puis,
construire les chemins possibles aux regards des ambitieux d’une décarbonisation de notre
mix électrique. Nous disposons dès lors d’un environnement validé pour développer nos
scénarios pour la Réunion. Il s’agit pour nous à présent au-delà des gisements existants
de définir nos trajectoires par optimisation ( contrainte environnementale, spatiale, etc..).
L’objectif est d’évaluer comment réussir cette transition la plus rapidement possible et quels
moyens devrons-nous mobiliser pour y parvenir ? Les travaux que je mène et que je souhaite
développer au sein du labo s’attache donc à définir les besoins et refléchir au déploiement
de la production d’électricité associé. Les cas d’expérimentation que représentent les ils sont
particulièrement intéressant car les ressources sont localisées. De fait, idientifer clairement
les gisements permet de planifier les stratégies à développer pour répondre à la demande.
8.4. Synthèse 153

Valorisation – 1 article en rédaction. Les travaux menés ont reçus le financement de


deux projets : PHC Réduit, ERASMUS+).
Encadrement – J’encadre 2 thèses une Région INTERREG, à l’université de la Réunion
| Thèse à University of Mauritius – J’ai également encadré un stage du MASTER 2 EBENE
sur le développement d’un scénario optimisé biomasse.
Formation – La méthode LMDI a été depuis deux ans intégrée dans le cadre des for-
mations de M2 VEU et EBENE. J’ai suivi une formation à l’UoM en 2018, et doit suivre une
session complémentaire de perfectionnement en décembre 2020 dans le cadre d’un atelier
dédié pour les territoires de la zone Océan Indien.
Chapitre 9
L’analyse environnementale

Sommaire
9.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
9.2 L’analyse de cycle de vie (ACV) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
9.3 Qualité environnementale des mix électriques en milieu insulaire160
9.4 La décomposition Kaya–LMDI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
9.5 Cycle de vie des bâtiments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
9.5.1 Contexte et méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
9.5.2 Quelle typologie des constructions individuelles à la Réunion 169
9.5.3 Impacts, effet d’insularité et politiques . . . . . . . . . . . . . 169
9.5.4 Quelles conséquences pour la politique énergétique ? . . . . . 173
9.5.5 Cycle de vie, déchets et durabilité . . . . . . . . . . . . . . . . 174
9.6 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176

L a question du changement climatique est un enjeu global appelant une mobilisation


mondiale, pour autant les réponses ou actions demeurent pour de nombreux aspects
régionaux et propres aux réalités économiques de chaque territoire. Ces préoccupations en-
vironnementales sont aujourd’hui de plus en plus au coeur des décisions politiques et néces-
sitent des outils d’évaluation et de compréhension des impacts afin de définir des stratégies
de minimisation. De nombreux secteurs s’intéressent à cette évaluation environnementale
(l’énergie, la construction, mobilité, etc.). Dans ce chapitre, je présente les travaux menés
depuis plus de cinq ans à partir des outils de bilan et d’ACV sur l’évaluation environnemen-
tale. Nous aborderons successivement, les questions liées à la production d’électricité et la
construction des bâtiments en situation insulaire. Toujours dans la logique de la réduction ces
effets sur l’environnement dus à l’activité anthropique, nous aborderons, la recherche récem-
ment initiée sur les substituts au plastique. Ce travail est une collaboration avec l’University
of Mauritius.

9.1 Introduction
Sans revenir au cadre historique de définition du développement durable, en vingt ans
la question environnementale s’est invitée à la table de tous les débats : économiques, poli-
156 Chapitre 9. L’analyse environnementale

tiques,etc. Une attention croissante est accordée à ces questions. Cela se décline à diverses
échelles, repenser l’aménagement des villes, décarboner la production de l’électricité, tendre
vers une frugalité dans l’usage des matériaux, de l’énergie ou des techniques de construc-
tion,etc. Ainsi la prise en compte de notre impact interroge notre responsabilité à travers
nos modes de vie et de notre société basés sur un modèle de développement très consom-
matrice de ressources naturelles. Un état de l’art de la recherche sur cette question portée
ces vingt dernières [Schöggl 2020] met en avant une prédominance des enjeux environne-
mentaux. Les déchets, l’utilisation des ressources et les émissions du CO2 ) sont traités de
façon prioritaire. Ainsi, il apparaît important de pouvoir réfléchir rapidement aux outils et
aux différents modèles qu’il serait nécessaire de promouvoir pour un modèle de développe-
ment d’une transition circulaire comme décrit dans la Figure 9.1.
Dans le contexte des ZNI, l’économie circulaire (EC) prend tout son sens. Pour l’heure, l’EC

ressources

Résidu ultime

Figure 9.1 – Principe général de l’économie circulaire.

s’est beaucoup interrogé sur la gestion des déchets. Ainsi dans les travaux que nous abordons,
dans ce chapitre nous verrons l’usage d’une approche méthodologique de l’évaluation envi-
ronnementale, pour nous aider dans la qualification de l’impact de la production d’électricité
et les espaces bâtis. L’analyse de cycle de vie sera l’outil central nous permettant d’évaluer,
mais aussi créer de l’information pouvant servir à la construction de scénarios.

9.2 L’analyse de cycle de vie (ACV)


L’ACV est un outil permettant d’appréhender l’impact environnemental du berceau à la
tombe d’un produit, d’un équipement, comme celui d’un bâtiment. Cette méthode norma-
9.2. L’analyse de cycle de vie (ACV) 157

lisée évalue donc les impacts environnementaux à chacune des étapes du cycle de vie d’un
processus [Jolliet 2010]. On peut ainsi mettre en lumière les autres enjeux environnemen-
taux : déchets, eau, épuisement des ressources et autres indicateurs. L’ACV a considérable-
ment évolué au fil des ans et constitue un outil décisionnel utile pour évaluer les impacts
environnementaux des matériaux de construction et faciliter l’optimisation du choix entre
différentes solutions. Finalement, un résumé des différentes définition de l’ACV pourrait se
formuler de la manière suivante : C’est une méthode systémique permettant d’effectuer un bi-
lan des flux matières et énergie d’un produit, à différentes échelles spatio-temporelles. Compte
tenu de la grande flexibilité qu’il peut exister dans le périmètre d’étude, l’ACV se veut être
de nature informative permettant de mettre en exergue les aspects environnementaux dans
un processus décisionnel. Elle ne saurait en aucun cas constitué à elle seule un outil d’aide à
la décision.
Les premières études d’impact sur l’environnement des années 1960 se sont concentrées
sur l’évaluation ou la comparaison des biens de consommation [Guinee 2011]. Le dévelop-
pement de l’ACV s’explique tout d’abord par les problèmes rencontrés par l’accumulation
croissante des problèmes de ressources, ainsi que par l’approvisionnement limité en énergie
[Klöpffer 2014]. Au début des années 1990, des inquiétudes ont été soulevées quant à l’utilisa-
tion des résultats de l’ACV et à leur affirmation par les fabricants de produits quant aux avan-
tages environnementaux de leurs produits en vue de leur commercialisation [Curran 2008].
L’ACV a attiré davantage l’attention des scientifiques au début des années 1990 en raison de la
détérioration accélérée de l’environnement et de la prise de conscience des enjeux du change-
ment climatique [Tillman 2004]. Les organisations environnementales ont fait pression pour
normaliser la méthodologie et les lignes directrices de l’ACV au niveau international. La mé-
thodologie normalisée pour l’ACV a été publiée pour la première fois par l’Organisation in-
ternationale de normalisation (ISO) dans le cadre de la série ISO 14040 en 1997.
Depuis la publication initiale de la série ISO 14040, elle a été révisée en 2006 [ISO-Norm 2006].
Le cadre de l’ACV a été développé par la série ISO 14040 selon le Tableau 9.1. Les normes ISO
14040 et 14044 ont été adoptées au niveau international pour des normes et lignes directrices
spécifiques afin de faciliter une analyse régionale plus précise, mais aussi pour faciliter, entre
autres, une communication plus transparente afin d’améliorer la performance environne-
mentale des bâtiments ainsi que les pratiques durables dans l’industrie de la construction.
Une étude ACV comporte quatre phases principales, selonf la Figure 9.2 : les flèchent in-

Table 9.1 – Les normes ISO associées à l’ACV.

Organisation Internationale de normalisation


ISO 14040 Principes et cadre
ISO 14041 Objectifs et portée de l’étude – Définition et analyse des stocks
ISO 14042 Evaluation de l’impact du cycle de vie
ISO 14043 Interprétation du cycle de vie
ISO 14044 Exigences et lignes directrices

diquent l’intéraction au sein des phases et entre celles-ci afin de garantir que l’objectif, la
158 Chapitre 9. L’analyse environnementale

portée de l’étude, les méthodes et résultats sont cohérents, complets et pertinents. Les ré-
sultats d’une étude ACV varient en fonction de l’objectif et de la portée initialement définis.
Deux grandes familles d’ACV sont en général utilisés en fonction des objectifs attendus, en
effet, celle-ci peut être attributive ou conséquentielle. La principale différence entre l’ACV
attributive et l’ACV conséquentielle est que la première approche se concentre sur les im-
pacts environnementaux associés à un produit au cours de son cycle de vie, tandis que l’ACV
conséquentielle se concentre sur la description des effets de tout changement, c’est-à-dire les
niveaux de production du cycle de vie.
Les méthodes d’évaluation basées sur l’ACV se sont remarquablement développées ces der-

Définition des objectifs et du


champ de l’étude

Interprétation des résultats


Inventaire du cycle de vie

Evaluation des impacts


environnementaux

Figure 9.2 – Les quatres étapes de l’analyse de cycle de vie.

nières années. Cependant, il n’existe pas de méthodologie communément acceptée capable


d’estimer de manière exhaustive les impacts environnementaux choisis (impacts climatiques,
utilisation des terres et changement d’affectation des terres, épuisement des ressources, uti-
lisation de l’eau, impacts sur la qualité des sols et changements de la biodiversité). Malgré
les études de cas que l’on peut référencer sont parfois difficilement comparables du fait d’un
périmètre d’étude différent, de la forte incertitude liée aux données, etc. [Holma 2013]. De
nombreux défis sont encore à relever vis-à-vis de la qualité des bases de données. En effet, les
impacts environnementaux dépendent énormément de la localisation géographique et par
conséquent de la qualité des données collectées afin de représenter de la façon la plus perti-
nente le système étudié. Ainsi, dans l’exemple de l’étude [Morales 2019] effectué au Brésil, les
résultats mettent bien en avant la difficulté des territoires en développement de disposer de
données pour mener à bien une ACV. En effet, les écarts entre les données génériques issues
de bases internationales et des données propres au Brésil dans le cas des bâtiments influent
de façon significative l’évaluation.
Cette remarque est une des raisons importantes qui nous a mobilisés depuis plusieurs an-
nées pour mettre en oeuvre des données spécifiques au contexte de la Réunion. Nous avons
9.2. L’analyse de cycle de vie (ACV) 159

ainsi dans le cadre de deux thèses celle de Vanessa Rakotoson et Leslie Ayagapin portant
respectivement sur l’évaluation environnementale de la production électrique et des bâti-
ments/quartiers. Nous présenterons dans les parties qui suivent des applications de cet ACV
dans le cas de l’énergie et de la construction. Anisi la qualité des facteurs d’émission dans
l’inventaire du cycle de vie (ICV) va permettre une quantification des flux élémentaires (res-
sources, émissions air et eau) que l’on échange avec l’environnement par unité fonction-
nelle(UF) de l’étude.
À partir des données de l’inventaire, la classification des résultats permet de définir les in-
dicateurs qui seront ensuite, eux aussi, classifiés pour définir des catégories d’impacts. Nous
distinguons quatre catégories d’impacts relatifs à la santé, à la qualité de l’écosystème, au
changement climatique et à la consommation des ressources (voir figure 9.3). Les indicateurs

INDICATEURS CATEGORIES D’IMPACT

Toxicité humaine

Effets respiratoires
SANTE
Rayonnement ionisant

Dégradation de la couche d’ozone

Oxydation photochimique QUALITE DE L’ECOSYSTEME

Ecotoxicité aquatique

Inventaire du cycle de vie Ecotoxicité terrestre

Acidification aquatique

Eutrophisation aquatique CHANGEMENT CLIMATIQUE

Acidification terrestre

Occupation des terres


RESSOURCES
Effet de serre

Energies non renouvelables

Extraction de minéraux

Figure 9.3 – Classification des résultats d’inventaire en indicateurs environnemen-


taux et en catégories d’impact.

en ACV sont nombreux, le choix des indicateurs à suivre doit se faire vis-à-vis des question-
nements de recherche. Ainsi, on retrouve l’indicateur de réchauffement climatique (GWP)
comme le plus cité, et le plus au centre des débats politiques. Pour autant, ce seul indicateur
peut s’avérer trompeur et amené à des conclusions. À titre d’illustration, une comparaison
d’une construction en bois plutôt qu’en béton donne un avantage au bois si l’on observe au
prisme du GWP. Toutefois, si l’analyse tient compte de la séquestration du carbone au sein
d’une forêt de bois exotique, des traitements successifs récurrents nécessaires tout au long
du cycle de vie d’un produit bois, alors le bilan change du tout au tout. Un rapport européen
de la JRC [JRC 2012] détaille le choix des indicateurs a retenir pour l’étude de l’impact des
pays de la zone UE. Par exemple pour répondre à la question de savoir si l’UE 27 diminue sa
pression sur les ressources, la JRC suggère d’utiliser des indicateurs tels que les émissions de
CO2 , l’occupation des sols etc.
160 Chapitre 9. L’analyse environnementale

Concernant les outils de calcul, de nombreux logiciels tel que SIMAPRO, OPENLCA, etc. per-
mettent de faire l’ACV. Toutefois, ces environnements sont souvent construits pour les pays
développés et ne donnent pas accès au code afin de modifier les modèles. Ainsi, nous avons
fait le choix travaillé sous l’environnement GEMIS 1 développé par l’IINAS. Ce logiciel pré-
sente l’avantage d’ être open source, il nous permet de construire les processus librement et de
les adapter à nos conditions géogaphiques. Ainsi plutôt que de prendre un facteur d’émission
générique d’une base de données internationale, il est alors possible d’affiner le processus et
de paramétrer la chaîne d’évaluation.
Pour illustrer cette méthodologie, nous présentons un exemple de chaine de processus d’une
centrale de production à base d’énergie fossile, soit la centrale à turbine à vapeur fonction-
nant au charbon, selon la Figure 9.4. Ce processus est celui utilisé dans la modélisation des
mix électrique de la Réunion ou encore Maurice. On peut ainsi distinguer au sein de la partie
encadrée l’étape correspondant à l’extraction du charbon. Puis considérant le processus me-

Figure 9.4 – Processus d’une centrale à charbon à partir de GEMIS

nant à Xtra-deep\coal-generic comme étant le système de production, nous obtenons ainsi le


processus d’extraction de la matière première. Ce processus est donc intégré dans notre base
de données. En procédant de manière équivalente pour toutes les centrales à base d’éner-
gie fossiles, il nous est alors possible de constituer notre base de données spécifique à un
territoire.

9.3 Qualité environnementale des mix électriques


en milieu insulaire
Dans les espaces insulaires, la production d’électricité est souvent carboné. Dans le cas
particulier des PEIDs, les enjeux sont même parfois l’accès à l’électricité ou la sécurité énergé-
tique. Une utilisation plus large des énergies renouvelables peut ainsi contribuer localement
à réduire le coût important des importations de combustibles fossiles utilisés actuellement,
et contribuer également à réduire efficacement l’intensité environnementale de production
d’électricité. L’amélioration de l’efficacité dans l’utilisation finale et la distribution de l’éner-
gie est également crucial. Ainsi, il est de plus en plus courant de planifier une décarbonation
1. Global Emissions Model for integrated Systems
9.3. Qualité environnementale des mix électriques en milieu insulaire 161

des mix électriques, cela dans l’optique d’être moins vulnérable aux importations de res-
sources fossiles.
Une des premières étapes a donc été de mettre en place une évaluation automatique de la
production électrique dans le cas d’espaces insulaires. Nous nous sommes intéressés au cas
des territoires outre mer français. Dans une précédente étude , [Notton 2015] a fourni la loca-
lisation géographique des installations électriques sur les territoires français et la production
annuelle moyenne. Le document s’est principalement concentré sur les territoires suivants
pour l’année de référence 2013 : La Corse, la Guadeloupe, la Martinique, Mayotte, la Guyane
française et la Réunion. L’éloignement implique une augmentation de la distance moyenne
d’approvisionnement en produits pétroliers. Le transport des carburants est un facteur im-
portant des émissions de CO2 dans l’évaluation globale de l’ACV. GEMIS fournit les données
sur les émissions de chaque production d’électricité, tout au long de son cycle de vie : extrac-
tion des matières premières et des quantités nécessaires pour produire un kWh d’électricité,
moyens de transport existants, construction des infrastructures et production. Ces données
sont ensuite traitées dans MATLAB.
Xn
ET ot = Eext,i + Etrans,i + Econs,i + Eprod,i (9.1)
i=1
Ensuite, conformément à la méthodologie de l’ACV, plusieurs données sont nécessaires : la
production totale d’électricité, la capacité installée, la distance d’approvisionnement en ma-
tières premières et le moyen de transport utilisé. Ces données permettent de déterminer la
quantité de matières premières, le facteur d’émission (FE) adapté à la taille de la centrale
électrique installée, et indiquent l’éloignement du territoire. L’émission totale ET ot du mix
électrique du territoire étudié est obtenue par Eq. 9.1.
Comme nous l’avons indiqué précédemment à la Figure 9.3, l’ACV met généralement en
évidence différents indicateurs regroupés en quatre grandes catégories : le changement cli-
matique, la qualité des écosystèmes, la santé humaine et l’épuisement des ressources. Pour
l’étude des mix électrique nous avons choisi de présenter un échantillon d’indicateurs re-
présentant chaque catégorie, qui sont les plus représentatifs de chaque catégorie d’impact :
le potentiel de réchauffement planétaire (GWP), le potentiel d’acidification (AP), le poten-
tiel des précurseurs de l’ozone troposphérique (TOPP) et l’utilisation cumulative d’énergie
(CEU). Comme le montrent les résultats obtenus à la Figure 9.5 pour les différents indicateurs :
Mayotte enregistre les plus hauts niveaux de GWP et de AP et est la région qui consomme
le plus d’énergie pour produire 1 kWhe après la Martinique. La tendance générale des autres
impacts environnementaux est sensiblement la même. En ce qui concerne les résultats de
la figure 9.5, Mayotte produit la plus grande quantité d’émissions à GWP avec 0,921 kg
CO2 eq/kWhe, suivie de la Martinique (0,883 kg CO2 eq/kWhe) et de la Guadeloupe (0,846
kg CO2 eq/kWhe). Ces résultats s’expliquent par l’utilisation massive de sources de combus-
tibles fossiles dans ces territoires. La Réunion a généré environ 0,687 kg CO2 eq/kWh. Grâce
à l’utilisation "massive" des EnR et à l’interconnexion des réseaux, la Corse et la Guyane
émettent moins de polluants que les autres territoires, avec respectivement 0,505 et 0,373 kg
CO2 eq/kWhe.
On peut voir sur la Figure 9.5 que Mayotte a la valeur AP la plus élevée, suivie par la Marti-
nique et la Guadeloupe. Le principal contributeur à la Réunion est l’exploitation de la centrale
162 Chapitre 9. L’analyse environnementale


 
  

PPMP

 

PPM


 


PP 

MP
  

 
 


 
 

 
  


   
5
  5
  5
  5
 

Figure 9.5 – Impacts environnementaux par kWhe [C : Corsica, GP : Guade-


loupe, GY : French Guyana, MQ : Martinique, YT : Mayotte, RE : Reunion] – selon
[Rakotoson 2017].

à charbon (67%). Dans les autres iles, les centrales au fioul contribuent au moins à 61%, comme
en Guadeloupe, suivie par le charbon (35%). En général, l’hydroélectricité et les panneaux so-
laires ne dépassent pas 1% de la contribution totale en potentiel d’acidification.
Le TOPP est l’équivalent en masse du taux de formation d’ozone. Cela représente la forma-
tion potentielle de O3 proche du sol (troposphérique), qui peut causer le smog estival. La
répartition des contributions de chaque centrale électrique aux émissions de TOPP est assez
similaire à celle des émissions de AP. Cependant, la Martinique a enregistré la valeur la plus
élevée des émissions de TOPP produites par 1 kWhe (0,0057 g éq. NMVOC), suivie de la Gua-
deloupe et de la Réunion.
Le CEU représente la dépense de ressources énergétiques (énergies primaires) pour la pro-
duction de 1 kWhe. Comme on peut le voir à la Figure 9.5, la Martinique et Mayotte ont les
valeurs les plus élevées de CEU, ce qui s’explique par la forte proportion d’énergies fossiles
dans leur production.
Les valeurs des différents indicateurs servent ainsi de référence pour définir les futurs scé-
narios pour la décarbonation. Afin de répondre aux ambitions de réductions des émissions
de gaz à effet serre, nous pouvons construire des scénarios qui vont inclurent ces émissions
comme paramètre de contrainte à optimiser dans la définition du bouquet énergétique.

9.4 La décomposition Kaya–LMDI


Les émissions de CO2 liées à l’électricité de Madagascar dans cette partie sont analysées
selon une approche qui résulte de la combinaison de l’identité Kaya et de l’indice LMDI. L’ob-
jectif est de pouvoir identifier et quantifier les liens entre les émissions de CO2 et les activités
humaines.
Le concept de l’IPAT, de plus en plus populaire, consiste à diviser les impacts environ-
nementaux (I) en trois facteurs : la population (P), la richesse (A) et la technologie (T).
En établissant des liens entre les dimensions environnementales et socio-économiques,
[Mahony 2013], l’IPAT permet de mesurer les impacts environnementaux des activités hu-
maines, [Mahony 2013, Rosa 2012, Lima 2016], tels que résumés dans l’équation 9.2 :

Impact (I) = Population ( P ) × Affluence (A) × Technology (T) (9.2)


9.4. La décomposition Kaya–LMDI 163

Sur la base de l’équation IPAT, l’identité de Kaya applique ce principe aux émissions
de GES, ce qui permet d’évaluer les facteurs d’émission de CO2 liés à l’énergie [Rosa 2012,
Ma 2018], selon :

GDP Energy CO2


CO2 = P opulation × × × (9.3)
P opulation GDP Energy
A partir de l’Équation 9.3, les effets des différentes variables et leur évolution dans le
temps peuvent être étudiés quelle que soit l’échelle géographique choisie (ville, région, pays,
monde). En outre, de nombreux chercheurs ont étendu ou modifié l’équation de base de Kaya
pour y inclure d’autres variables explicatives selon la nature de leurs recherches. Dans le cas
présent, en ce qui concerne la consommation d’électricité, Madagascar est un pays caractérisé
par un faible taux d’électricité et une dépendance aux combustibles fossiles. En conséquence,
la vision de la politique énergétique du pays est principalement axée sur l’augmentation
de l’accès à l’électricité et la promotion des énergies renouvelables. Ainsi, pour intégrer les
spécificités du secteur électrique malgache dans l’analyse, l’équation de Kaya a été modifiée
comme suit :

 
Ci F Fi F F E GDP Pelec
C = Σi Ci = Σi × × × × × ×P (9.4)
F Fi FF E GDP Pelec P
où Ci représente l’émission de carbone de la source d’énergie de type i, F Fi l’élec-
tricité produite par la source d’énergie de type i, FF la production totale d’électricité, E la
consommation totale d’électricité, P le nombre d’habitants et Pelec le nombre d’habitants
ayant accès à l’électricité. Le groupe "technologie" fait référence à la technologie utilisée
dans le système de production d’électricité : le facteur d’émission de CO2 par source
d’énergie (Ci /F Fi ), le mélange d’électricité (F Fi /F F ) et les pertes d’énergie lors de la
distribution (FF/E). Le groupe "affluence" exprime la richesse du pays par rapport à sa
consommation d’électricité à travers le rapport de la consommation d’électricité au PIB
(E/GDP) et le rapport du PIB par habitant au taux d’électrification (GDP/Pelec). Le groupe
"population" désigne les caractéristiques liées à la dimension sociale : le taux d’électrification
(Pelec /P ) et le nombre d’habitants (P). L’équation de Kaya modifiée passe ensuite par une
méthode de décomposition qui quantifie l’effet des paramètres considérés sur l’évolution
de l’émission de CO2 . La méthode la plus couramment appliquée à cet effet est le LMDI
[Wang 2005, Zhou 2014]. Nous avons résumé la décomposition LMDI dans le Tableau 9.2.
Pour les variations annuelles ou agrégées, l’évolution des émissions de CO2 suit la tendance
des variations générées par la technologie du système de production d’électricité. En effet,
en ce qui concerne l’ACV, l’émission de CO2 du secteur de l’électricité est liée au mix
électrique. Cependant, l’analyse par la méthode combinée Kaya-LMDI montre l’importance
des facteurs exogènes dans l’impact environnemental du secteur de l’électricité.
D’une part, les résultats révèlent que l’augmentation des émissions de CO2 est principale-
ment due à l’évolution de la situation démographique du pays, représentée par le groupe de
population. Comme le montre la Figure 9.6, la tendance de l’effet du groupe de population
et l’effet total sont de même tendance. D’autre part, la situation économique de Madagascar
par rapport à son taux d’électrification, exprimé par le groupe d’affluence, contribue à la
164 Chapitre 9. L’analyse environnementale

Table 9.2 – Definition des effets de la LMDI


Group Effect Notation Variable Significance
Technology Emission-factor Cef Fi = FCFi i Effect of the CO2
effect emission factor for
each type of energy
source
Energy-mix effect Cem Si = FFi
FF
Effect of the share of
each energy source in
electricity production
Energy-loss effect Cel L= FF
E
Effect of energy losses
in electricity distribu-
tion
Affluence Energy-intensity Cei I1 = E
GDP
Effect of electricity
effect consumption to GDP
ratio
Economic-related Ce I2 = GDP
Pelec
Effect of economic
electrification growth in relation to
rate effect the electrification rate
Population Electrification Cer I3 = Pelec
P
Effect of changes in
rate effect the electrification rate
Population effect Cpop P Effect due to popula-
tion growth

réduction des CO2 émis par le secteur de l’électricité. De 1990 à 2015, les émissions de CO2
augmentent de +688 kt, avec un impact de +649 kt pour le facteur population, -222 kt pour
le facteur richesse et +261 kt pour le facteur technologie.

En outre, comme l’illustre la Figure 9.6, la variation du GWP de 1990 à 2015 peut être
subdivisée en cinq périodes d’alternance de hausses et de baisses (1990-1992 ; 1992-1997 ;
1997-2006 ; 2006-2010 ; 2010-2015). La première période considérée, 1990-1992, montre une
augmentation des émissions de CO2 . Cette augmentation est principalement due au groupe
technologique, qui a généré une hausse de 48 486 tonnes, essentiellement due à un effet de
mix énergétique de 40 059 tonnes. En outre, l’effet positif de la croissance démographique
(+14 890 tonnes) est suivi d’un effet négatif du taux d’électrification (-11 743 tonnes). La
population augmente, mais le taux d’électrification diminue : la croissance de la population
électrifiée est donc faible. En ce qui concerne l’impact du groupe d’affluence, l’augmentation
de la consommation d’électricité suivie d’une diminution du PIB entraîne un effet d’intensité
énergétique positif. Ainsi, à mesure que le PIB et le taux d’électrification diminuent, l’effet
du taux d’électrification lié à l’économie diminue également. Néanmoins, cet effet d’intensité
énergétique (∆Ce ) passe par deux phases remarquables entre 1990-1992 : une baisse de -22
684 t CO2 eq de 1990 à 1991 suivie d’une augmentation de 25 979 t CO2 eq entre 1991 et 1992.
Outre ses impacts sur la situation sociale du pays, la crise politique de 1991 a fortement
affecté le développement économique de Madagascar [46] : le ∆Ce concerné est de -53 751 t
CO2 eq ; à la fin de la crise, une reprise économique est observée, et le ∆Ce passe à 49 584 t
CO2 eq.
9.4. La décomposition Kaya–LMDI 165

De 1992 à 1997, l’impact environnemental du secteur de l’électricité est réduit de -71 862
t CO2 eq. Bien que la contribution du groupe de population soit positive à hauteur de 88 753
t CO2 eq, l’aisance et la technologie ont des effets négatifs de -48 568 t CO2 eq et -112 047 t
CO2 eq, respectivement. Au cours de cette période, la population et le taux d’électrification
augmentent, de sorte que le nombre de personnes électrifiées augmente, entraînant une
hausse de la demande d’électricité. Cependant, pour répondre à cette demande, il a été
décidé d’augmenter la production hydroélectrique plutôt que la production thermique.
Pour la période 1997-2006, la tendance à la hausse des émissions de CO2 du secteur de

Figure 9.6 – Résultats de la décomposition additive des émissions de CO2 liées à


l’électricité de Madagascar, sur la base de l’année de référence 1990.

l’électricité reprend, atteignant une variation totale de 407 424 t CO2 eq, avec un effet de
groupe technologique de 210 303 t CO2 eq, un effet de groupe d’affluence de -21 010 t
CO2 eq et un effet de groupe de population de 407 424 t CO2 eq. Comme la population est en
constante évolution, la variation des émissions de CO2 suit l’instabilité du mix électrique
et de la situation économique. Le même schéma s’applique pour les périodes 2006-2010 et
2010-2015. Une diminution totale de -157 134 t CO2 eq peut être observée entre 2006 et 2010,
ce qui est dû à un effet de groupe technologique de -198 279 t CO2 eq, un effet de groupe
d’affluence de -67 052 t CO2 eq et un effet de groupe de population de 108 198 t CO2 eq. Il
s’ensuit une tendance à la hausse pour la période 2010-2015, avec un pic d’augmentation
observable en 2011.

La variation totale des émissions de CO2 pour 2010-2015 s’élève à 454 800 t CO2 eq, avec
une contribution de 312 629 t CO2 eq pour le groupe technologique, de -88 354 t CO2 eq pour
le groupe d’affluence et de 230 525 t CO2 eq pour le groupe de population.
166 Chapitre 9. L’analyse environnementale

En conclusion, les combustibles fossiles ont joué un rôle de plus en plus important dans
le mix électrique de Madagascar de 1990 à 2015. En conséquence, les émissions de CO2 ont
augmenté. Cependant, la situation socio-économique du pays a permis de contenir cette aug-
mentation : Madagascar est un pays en développement avec un faible taux de croissance du
PIB. Comme la consommation d’électricité est corrélée au PIB, cette situation de faible crois-
sance limite la consommation et la production d’électricité du pays et donc l’impact envi-
ronnemental du secteur de l’électricité. De plus, comme le taux d’électrification a été faible
pendant les 25 années étudiées, la croissance démographique ne s’est pas accompagnée d’une
extension du réseau de distribution d’électricité. L’interprétation des résultats révèle égale-
ment que l’évolution du PIB par rapport à la population électrifiée est principalement corrélée
à l’évolution du PIB par habitant. L’évolution du taux d’électrification n’a pas eu d’influence
significative sur l’évolution du niveau de développement de Madagascar au cours de la pé-
riode étudiée.

9.5 Cycle de vie des bâtiments

Le secteur du bâtiment est fortement associé à un impact environnemental élevé en rai-


son d’une forte consommation d’énergie et de ressources naturelles [C.J Nwodo 2019]. Ce
dernier est responsable de 43% de la consommation finale d’énergie en France. Le Grenelle
a fixé l’objectif d’une réduction de 38% de la consommation d’énergie d’ici 2020. Il apparaît
évident que l’évaluation de la qualité environnementale des espaces bâtis se prête naturel-
lement à l’usage de l’ACV. Ainsi le bâtiment est analysé en quantifiant la consommation de
ressources et la production de déchets à partir du flux amont d’extraction, de fabrication, de
transport, de construction et d’utilisation des matières premières, et du flux aval de décons-
truction et d’élimination en fin de vie [Pacheco-Torgal 2014].
L’utilisation de l’ACV pour évaluer la performance environnementale des matériaux et des
bâtiments a considérablement augmenté au cours des dernières décennies. Dans la littéra-
ture, les études ACV montrent que les bâtiments ont un impact significatif sur l’environne-
ment et que la construction de bâtiments consomme environ 50% des matières premières, 71%
de l’électricité, 16% de la consommation d’eau et produit 40% des déchets mis en décharge
[Oduyemi., O, Okoroh., M.I, Fajana. 2017]. Les bâtiments offrent cependant le plus grand po-
tentiel d’atténuation des impacts environnementaux. Un projet de construction peut avoir
différents niveaux d’impacts environnementaux à différents stades du cycle de vie d’un bâti-
ment [E. Malia and G. Lewis 2013].
Ainsi, la nécessité d’une base de données régionalisées apparait comme évidente. Les pre-
miers résultats que nous présentons ici sont issus des travaux de thèse de Leslie Ayagapin.
Les éléments que nous nous proposons d’aborder et de discuter le surcout environnemen-
tal du à l’éloignement, la définition de la typologie des habitats. Enfin nous aborderons, la
question de la fin de cycle de vie à travers la définition de la durabilité d’un bâtiment.
9.5. Cycle de vie des bâtiments 167

9.5.1 Contexte et méthode


Bien construire est un enjeux majeur pour notre société dès aujourd’hui. En effet la ra-
réfaction des ressources et la nécessité d’une certaine frugalité énergétique induisent le fait
qu’il soit nécessaire d’évaluer le bâtiment à différentes étapes de son cycle de vie afin d’ob-
jectiver des stratégies de construction. Bien que le secteur de la construction soit parmi les
plus dynamique, la Réunion accuse toujours un certains retard dans l’offre disponible de son
parc locatif. En effet, selon une récente projection de l’INSEE sur les besoins en logements à
l’horizon 2035, entre 124 800 à 187 800 seraient à construire de 2013 à 2035 soit une moyenne
de 7700 logements par an. De plus le parc locatif social compte un certains nombre de bâ-
timents qui tendent vers leur fin de vie. Il faudra alors envisager des réhabilitations ou de
nouvelles constructions. L’ACV semble donc bien être un outil intéressant pour orienter ces
futurs choix.
Les travaux se sont intéressés à différentes frontières, nous permettant de questionner divers
aspects des impacts environnementaux d’un bâtiment.

Figure 9.7 – Frontières de nos études en ACV du bâtiment.

La Figure 9.7 présente les différentes frontières à considérer dans nos études. Notre pre-
mière approche a été une analyse de type cradle-to-site. Cette étape nous a essentiellement
permis de mettre en valeur trois points majeurs :
— Construire une base de données fiable et régionalisée des matériaux utilisés dans la
construction locale ;
— Définir et caractériser les typologies des logements individuels ou collectifs ;
— Mettre en évidence le "surcout" environnemental dû à notre situation géographique.
La seconde phase a été celle du fonctionnement, en effet les choix de matériau lors de la phase
de construction peuvent avoir des conséquences dans les consommations énergétiques. Ce-
pendant, une analyse fine de la phase de fonctionnement est nécessaire, car elle correspond
aux usages et modes d’habiter de la population. Ainsi, un bâtiment même "bien" construit,
trouve tout son sens dans son usage, et, s’ il est utilisé de façon adéquate. Il y a donc à quan-
tifier les flux de matières et d’énergie qui passent au travers du système, et à les mettre en
Carrelage

168 Chapitre 9. L’analyse environnementale

correspondance avec les pratiques des usagers.


Enfin la dernière étape qui est celle de la fin de vie, nous la discuterons à la fois sous l’angle
des déchets mais également de la durabilité du bâtiment. Sur la base de l’état de l’art, les
catégories d’impact évaluées sont les suivantes

— GWP kg CO2 eq ;
— Potentiel d’épuisement des ressources abiotiques pour les ressources non fossiles kg
Sbeq ;
— Potentiel d’acidification kg SO2 eq ;
— Pollution de l’ozone troposphérique (kg) ;
— Composés organiques volatiles non méthaniques (kg).

La Figure 9.8 nous présente une projection des principaux matériaux sous la forme des
émissions totales de ces derniers en fonction de son facteur d’émission. Ainsi on peut voir
qu’à l’exception de la porte en aluminium, la plupart des matériaux on un FE inférieur à 200
kg CO2 eq. La distribution est toutefois plus hétérogène concernant les émissions totales. On
note ainsi que les matériaux ou produits à faible émission sont peu utilisés (en quantité).
On peut concentrer par nos efforts à trouver des alternatives sur des produits tels que les
enduits,bloc américain ou dallage qui sont parmi les plus impactant lors d’une construction.

4
Dallage
4×10 1250

Pannes
1000 Placo
Sparation en bloc amricain
4
3×10
750 Enduit extrieur Volet roulantChassis fixe en aluminium
Total émission

Mur en bloc 500

Peinture int
Enduit intrieur 250 Peinture ext
Fentre
Charpente en acier

4
Chape en bton 0
10 Toiture
0 50 100 150 200
Isolation
Carrelage

Pannes
Placo Porte Alu
0 Enduit extrieur
Peinture int
Peinture ext Volet roulant
Fentre
Charpente en acier Chassis fixe en aluminium

0 200 400 600 800


Facteur d'émission

Figure 9.8 – Impact des matériaux pour les maisons individuelles selon le GWP.
9.5. Cycle de vie des bâtiments 169

9.5.2 Quelle typologie des constructions individuelles à la


Réunion
En amont, de l’analyse complète du cycle des maisons et immeubles, nous avons évalué
sur un échantillon de 38 maisons récemment construites. La méthode de classification a été
reprise des approches présentées dans le chapitre d’analyse de données. Nous avons ainsi
effectué une classification ascendante hiérarchique sur composantes principales.
Avant de recourir au clustering, nous avons évaluer la tendance au regroupement de notre
jeu de données. Pour ce faire on a recours à la statistique de Hopkins, noté H. Cette dernière
évalue le "caractère spatial" des données [Lawson 1990]. L’indicateur se calcule de la manière
suivante : Pn
yi
H = Pn i=1P
n (9.5)
i=1 xi + i=1 yi
Où xi = dist (pi , pj ) représente la distance entre deux individus voisins pi et pj , [Han 2012].
Et yi mesure la même chose à partir d’un tirage aléatoire. Ainsi nous avons obtenu Hdata =
0, 321 et Hrandom = 0, 574 ce qui signifie que notre jeu de données n’est pas uniformé-
ment distribué, et il y a donc des regroupements significatifs. L’étape d’ACP nous a permis
de vérifier la structure de notre jeu de données. L’analyse des résultats n’a révélé aucun indi-
vidu singulier. L’inertie des axes factoriels suggère de se limiter aux deux premières compo-
santes car celles-ci expriment 91,06% de l’inertie totale de l’ensemble des données. En effet,
conformément au critère de Kaiser [Kaiser 1960], nous avons uniquement les composantes
dont la valeur est supérieur à 1. Le calcul des valeurs propres donne pour la 3e composante,
λ = 0, 426.
Ainsi, nous voyons très clairement que les logements collectifs constituent un groupe (Clus-
ter 3) à part voir Figure 9.9. Ce cluster concentre de grandes valeurs sur le NMVOC, AP et le
TOPP, ce qui s’explique en grande partie par l’usage d’une grande quantité de béton pour ces
immeubles. Concernant les maisons individuelles , deux clusters se distinguent : le Cluster 2
représente les maisons avec le moins d’impact. L’un des éléments qui va le plus impacté les
maisons est le nombre d’ouvertures (portes, fenêtre) car ces dernières sont en aluminium. De
plus, les cloisons internes sont en parpaing, alors dans le cas du cluster 1 ce sont des parois
en placoplatre qui ont été privilégiées.
Ainsi, dans le cadre de la thèse de Leslie Ayagapin, nous avons précisément évalué les ma-
tériaux et produits utilisés à la Réunion dans cette optique. En effet, une seconde étape im-
portante des travaux que nous menons porte sur l’optimisation des choix de matériaux dans
le cas l’objectif d’une réduction significative des impacts dans la phase structurelle du bâti-
ment. Cela nous amènera progressivement à redéfinir la notion de durabilité du bâtiment sur
laquelle je reviendrai dans la partie traitant des perspectives de mes travaux.

9.5.3 Impacts, effet d’insularité et politiques


De récents travaux que nous avons menés sur les maisons individuelles avaient pour objet
principal d’évaluer un possible "surcoût environnemental" du fait de notre situation géogra-
phique. Nous avons ainsi, mené dans un premier temps une étude comparative à l’échelle des
matériaux puis à celui du bâtiment proprement dit.
170 Chapitre 9. L’analyse environnementale

Figure 9.9 – Classification des constructions individuelles et collectives de la


Réunion.

Dans leur phase de construction en particulier le gros oeuvre, le béton a été identifié comme
ayant le plus grand impact sur l’acidification, l’eutrophisation et le GWP. En effet, dans
chaque catégorie d’impact, ce dernier s’est avéré prédominant par rapport aux armatures
en acier par exemple. Le béton a également un impact plus important dans chaque catégorie
d’impact. Son impact varie entre 35 et 50% de l’impact global de la maison individuelle tant
en France métropolitaine qu’à la Réunion. Plus de la moitié de l’impact du béton est lié à
l’utilisation et à l’intégration du ciment parmi ses composants. Dans le cas de la Réunion,
une partie des composants du béton est importée, et le béton est fabriqué localement. Cet
aspect justifie grandement les nombreux travaux actuellement en cours sur de nouveaux
types de béton. Dans le laboratoire, de récents travaux de Bruno Malet-Damour s’attachent
à l’intégration de nouveaux composants dans les mélanges de béton. Les études récentes de
[Mohammed 2019] montrent que les premiers résultats avec des agrégats de PVC sont pro-
metteurs avec des mélanges à 30% qui ne changent pas grandement les propriétés du béton
frais. Toutefois, comme le souligne [Shepherd 2020], encore de nombreuses recherches de-
vront caractériser le comportement de ce type de béton dans le temps et cela nécessitera la
mise en oeuvre de nouvelles méthodes d’essai.
Dans le cas de la Réunion, les produits et matériaux nécessitant une transformation en local
sont ceux qui voient augmenter leur impact de façon significative. Compte tenu de la qua-
lité du mix électrique et de l’éloignement, les impacts deviennent très vite importants. C’est
donc pour cette raison que nous avons souhaité cet impact particulier dû à notre condition
9.5. Cycle de vie des bâtiments 171

d’espace insulaire ; que nous avons appelé "Effet d’insularité".


Se référer à l’insularité, c’est mettre l’accent sur l’isolement et la spécificité et parfois même
la singularité. Un territoire insulaire présente une organisation spatiale originale ; ayant ses
limites géophysiques, l’insularité fait référence aux limites géographiques du territoire, à un
stock limité de ressources, et à la fragilité des espèces endémiques soumises à une pression an-
thropique très localisée [Simon 2008]. Depuis les années 1950, la Réunion s’est engagée dans
un processus de rattrapage économique par rapport à la France. Dans le même temps, elle n’a
pas encore achevé sa transition démographique, ce qui a créé un besoin de logements et de
bâtiments sur l’île [Bénard-Sora 2016]. Le secteur de la construction sur l’île rencontre sou-
vent des contraintes liées à l’indisponibilité des ressources immédiates ; en d’autres termes,
il est fortement dépendant des importations maritimes.

FRANCE

France

REUNION

Reunion

Overcost

500 1000
GWP Ratio

Figure 9.10 – Comparaison de la distribution du GWP des maisons individuelles.

L’une des contraintes importantes de l’insularité est l’importation de matières pre-


mières ou de produits. Comme la grande majorité des matériaux de construction sont im-
portés (380 millions de tonnes à la Réunion en 2014), le transport représente une part
importante de leur coût environnemental et économique. Comme évalué dans l’étude de
Zhang,[Xiaoling, Zhang., Liyin, Shen., Lei 2013], le transport en haute mer a un facteur
d’émission de 15,98 g/t.km de CO2 par rapport au fret routier qui peut atteindre 168 g/t.km
de CO2 . Cependant, les longues distances d’importation pour le transport maritime (Europe,
Asie) entraînent une augmentation des impacts totaux. La Figure 9.10 montre les résultats
de la distribution du ratio GWP. Dans l’ensemble, il apparaît qu’il existe un surcoût envi-
ronnemental dans le secteur de la construction à la Réunion. Le deuxième aspect est que les
172 Chapitre 9. L’analyse environnementale

pratiques de construction à la Réunion sont plus variées. Il en résulte une plus grande dis-
persion de la distribution qu’en France. L’assemblage ou la fabrication locale des produits
entraîne également un surcoût environnemental. En effet, le mix électrique est encore forte-
ment dominé par les énergies fossiles.
Depuis plus de dix ans, la part des énergies renouvelables à la Réunion dépasse à peine 35%.
Ce mélange à forte teneur en carbone a un impact sur toutes les étapes de la production des
maisons (fabrication des produits, construction). La figure 9.11 montre la part représentative
de l’effet de l’insularité lors de l’évaluation de l’impact environnemental d’une maison rési-
dentielle. L’effet de l’insularité est visible dans la part du mix électrique et la part du transport
maritime. Comme prévu, il semble évident que l’éloignement aggrave l’impact de ces apports
exogènes de matériaux ou de produits de construction. Ainsi, en raison de l’isolement pour
disposer des matériaux en quantité suffisante, il est nécessaire de recourir au stockage, ce qui
peut induire un surcoût environnemental.
Le choix de l’origine des produits ou des matériaux de construction qui ont été utilisés pour
construire ces maisons individuelles en France et à la Réunion a permis d’expliquer dans
un premier temps que, selon l’emplacement des maisons, le type et la distance de transport
sont "spécifiques", en fonction de la disposition de la maison. Dans le contexte continental, le
choix des produits, des matériaux de construction et des importations n’est pas le même que
celui de l’environnement tropical, ce qui fait automatiquement du transport maritime l’un
des principaux moyens de fret. Le transport des matériaux sur le chantier de construction a
des impacts environnementaux inhérents à la consommation d’énergie et aux émissions de
GES associées au mode de transport, comme les camions, les navires ou les avions.
Toutefois, dans notre cas, en raison de la petite taille de l’île (63 km de long et 45 km de large),
nous avons supposé que le transport routier était négligeable. L’impact du transport maritime

France
Manufacturing
Rail road
Road freight
Deep-sea transport
Electricity

Reunion

0 200 400 600 800


GWPratio [ kg CO2eq/m2 ]

Figure 9.11 – Part du mix électrique et du transport dans le ratio de GWP.

est plus marqué pour la Réunion, qui présente une contrainte géographique et une indispo-
nibilité de la majorité des ressources en matières premières. Une grande partie des produits
et matériaux de construction sont importés de Chine, d’Europe, d’Italie, d’Indonésie, etc. En
outre, le mix électrique local, qui a un impact GWP minime pour la France, a un impact ma-
jeur sur la Réunion. La part importante de l’énergie nucléaire dans le mix électrique français
9.5. Cycle de vie des bâtiments 173

et la part importante des combustibles fossiles dans le mix électrique réunionnais expliquent
ces résultats. La plupart des études d’ACV mettent souvent en évidence l’effet du transport
maritime sur l’impact total. Nos résultats apportent une nuance frappante. En effet, les études
des bâtiments visent à identifier les étapes les plus impactantes et proposent des aides à la
décision pour les stratégies de réduction des émissions associées. En plus du transport, notre
étude met en évidence l’impact significatif induit par la chaîne de processus extraction - fa-
brication exogène - transformation locale.
Ainsi, il est assez surprenant de constater que l’effet de l’insularité est davantage mesuré par
la chaîne de processus, qui représente respectivement 70% et 54% du GWP pour la Réunion
et la France. En outre, la part du transport ne dépasse pas 22% à la Réunion. On peut donc
clairement affirmer que la question de l’insularité ou de l’isolement géographique est davan-
tage abordée à travers le prisme du paramètre de fabrication. Ceci apporte donc une nou-
velle perspective sur la réduction du surcoût environnemental en reconsidérant tout d’abord
les sources d’approvisionnement en matières premières et produits. Il est également possible
d’envisager de nouvelles façons de construire des bâtiments ou de traiter des matériaux moins
polluants pour l’environnement.

9.5.4 Quelles conséquences pour la politique énergétique ?


Le secteur du bâtiment à La Réunion est un enjeu crucial avec une population qui aug-
mente de 10 000 personnes chaque année. La demande de nouveaux logements est de l’ordre
de 9 000 par an. Ainsi, ce secteur est marqué par un important flux d’importation et, par consé-
quent, une industrialisation marginale. Une récente étude économique met en évidence un
surcoût d’environ 39% des matériaux de construction par rapport à la France métropolitaine.
En plus de ce surcoût, le rapport a montré l’incohérence des normes réglementaires natio-
nales spécifiques aux usages et au contexte du climat subtropical. La France fait actuellement
évoluer sa réglementation thermique RT2012, vers une nouvelle réglementation environne-
mentale RE2020. Cette réglementation intègre le label préfigurant des bâtiments économes
en énergie E+, et à faible émission de carbone C -. En 2009, une réglementation thermique
spécifique à l’outremer RTAADOM a été créée pour prendre en compte le contexte climatique
subtropical. Le schéma de la dimension environnementale dans le RE2020 est actuellement
encore en cours d’élaboration. Cette phase s’appuie sur le retour d’expérience de 1007 bâti-
ments en construction afin de calibrer les seuils de performance souhaités. Il est donc crucial
de disposer d’une réglementation environnementale adaptée aux régions d’outremer. Notre
étude a clairement mis en évidence un coût supplémentaire de 200 kg CO2 eq/m2 , soit en-
viron 37% de plus. La définition des seuils de performance devra donc nécessairement tenir
compte de cette première lacune que nous avons observée dans ce travail.
Par rapport au résultat actuel de la Réunion, qui est de 814 kg CO2 eq/m2 , il est clair
qu’un effort considérable devra être fait pour se rapprocher de ces niveaux de perfor-
mance environnementale. Au vu des résultats, les recommandations suivantes seront éla-
borées : Des améliorations à court terme peuvent être apportées grâce à la décarbonisa-
tion du mix électrique. Selon les scénarios développés dans les recherches de Rakotoson
[Rakotoson 2017, Rakotoson 2018], le facteur d’émission du mix électrique réunionnais de-
174 Chapitre 9. L’analyse environnementale

vrait diminuer à 420 g CO2 eq/kWh. Ainsi, cette décarbonisation du mix ne réduit le rapport
GWP de la maison que de 17 kg CO2 eq/m2 . Il s’agit d’un effet très marginal par rapport
aux objectifs de réduction des émissions de GES. Le deuxième levier, qui concerne l’industrie
du transport maritime, est davantage un problème mondial. Ainsi, à l’échelle de la Réunion,
il n’y a pas d’implications politiques spécifiques à définir car le poids du territoire dans la
décision globale est quasi nul. La réflexion actuelle fait apparaître deux types de mesures :
— Le premier aspect est de nature plus technique, qui vise à améliorer les composants du
bateau et aussi l’optimisation énergétique dans la phase opérationnelle, [Olmer 2017].
— Le deuxième point concerne l’intégration des énergies renouvelables pour la produc-
tion d’électricité mais aussi une transition vers des carburants sans carbone.
Les normes de construction françaises et européennes imposent l’importation d’une certaine
quantité de produits en provenance d’Europe. La Réunion a déjà défini une implantation
adaptée de ces bâtiments au climat tropical. Ces efforts doivent maintenant être soutenus et
étendus aux méthodes de construction. En effet, dans le contexte d’une économie insulaire,
les déchets du secteur du bâtiment s’avèrent problématiques, entraînant une pression envi-
ronnementale supplémentaire. Les politiques doivent agir de toute urgence en adoptant une
chaîne de valeur de recyclage des produits de construction afin d’encourager la réutilisation
des matériaux autant que possible au niveau local. Cette ambition conduit à la question du
choix de matériaux totalement ou partiellement réutilisables.

9.5.5 Cycle de vie, déchets et durabilité


Nous avons abordé dans un premier lieu les résultats d’une première analyse du cycle de
vie du bâtiment dans sa phase construction. Hors l’ACV, nous permet d’appréhender le bâti-
ment dans son l’ensemble de son cycle i.e. Construction – Exploitation – Fin de vie. Dans la
phase d’exploitation nous devons considérer deux types de flux Matières et Énergie. Ces dif-
férents flux ont des impacts environnementaux, mais peuvent aussi être considérer comme
un gisement énergétique selon la Figure 9.12.
Ainsi le flux de déchets sortant lors de la phase d’exploitation correspond aux ordures mé-
nagères résiduelles (OMR). Le chiffre moyen français est de 254 kg/hab.an. Aujourd’hui, du
fait, de l’hétérogénéité d’une poubelle, il n’existe pas d’études permettant de quantifier véri-
tablement le potentiel énergétique des OMR. Toutefois, des études expérimentales au sein de
notre laboratoire visent à qualifier le pouvoir calorifique des OMR. Ce potentiel représente un
gisement de production d’électricité qui serait dans l’avenir susceptible de compenser, voire
même effacer la demande en électricité. Nous avons effectué nos calculs sur la base d’une
durée de vie de 30 ans. Ainsi, on obtient un impact total pour le GWP de l’ordre de 42 000 kg
CO2 eq/m2 . De ce fait, la part construction et démolition du bâtiment ne représente que 3%
du total d’émission.
Ces résultats nous éclaire en plusieurs points sur les questions a se poser. En effet, compte
tenu de la faible part de la construction et démolition, cela a-t-il vraiment du sens de concen-
trer nos efforts sur la mise en oeuvre de matériaux et produits plus écologiques ? Ne doit-on
pas en revanche se focaliser sur la phase d’exploitation ? Il s’ouvre à nous de nombreuses
9.5. Cycle de vie des bâtiments 175

EXPLOITATION
1,41
MWh/hab.an 1360
kg CO2eq/m 2.an
52,79
m 3/hab.an
FIN DE VIE
CONSTRUCTION
850 395
kg CO2eq/m 2
kg CO2eq/m 2

254
kg/hab.an

Enfouissement

Figure 9.12 – Schéma du cycle vie global de la maison.

pistes de travail, que nous avons déjà initié dans les travaux de thèse de Leslie Ayagapin.
En effet, nous nous sommes focalisés sur deux aspects particuliers :
— Consommation électrique | nous étudions l’impact de la décarbonation du mix élec-
trique mais également des changements des usages en terme d’intensité énergétique ;
— Choix des matériaux | Cette étape permet de diminuer l’impact mais aura surtout des
conséquences sur la phase de démolition.
Les travaux en cours s’attachent à évaluer l’impact des différents scénarios de décarbonation
et de changement d’usage sur les différents impacts. Le deuxième élément concerne la valo-
risation des déchets issus de la fin de vie du bâtiment. Actuellement, les chiffres du BTP à la
Réunion ne sont pas tout à fait consolider concernant la filière de valorisation des déchets. A
ce jour la déconstruction et la réhabilitation représente près 90% des déchets. Les 7% restant
sont issus des constructions neuves. Ces déchets sont répartis de la manières suivantes :
— 73% déchets inertes (gravats, béton, tuile. . . ) ;
— 22% déchets non dangereux (plâtre, bois, plastiques. . . ) ;
— 5% déchets dangereux (amiante, solvants. . . ).
Selon le rapport [CERBTP 2019], on estime que la production de déchets issus du bâtiment
à 351 kt à la Réunion. Le taux de valorisation en 2017 est de 57% ce qui se rapproche de
l’objectif de 70% fixé dans la LTECV. Cela nous permet de poser ici les nouvelles bases de la
durabilité du bâtiment.
Ainsi, il semble aujourd’hui primordial de devoir mieux clarifier les concepts et les objectifs
d’une économie circulaire dans l’environnement des espaces bâtis. Cela demande dans un
premier temps de sensibiliser les acteurs du secteur BTP. Cela nous amène naturellement
176 Chapitre 9. L’analyse environnementale

à redéfinir la notion de durabilité des bâtiments. En effet, les bâtiments dits durables ont
eu pendant longtemps pour objet de donner la priorité aux enjeux de confort thermique, de
sobriété énergétique, intégration de ressources renouvelables, etc. Se dessine ainsi, naturelle-
ment une nouvelle approche de la durabilité en lien avec des contraintes environnementales.
La durabilité du bâtiment peut s’entrevoir dans la capacité à renouveler les matériaux d’une
construction. On se doit de donner la priorité à la conception de systèmes et de matériaux
issus de la valorisation des déchets. Cela permet de prolonger la valeur et la durée de vie utile
des ressources utilisées.
Cette nouvelle approche de la durabilité des bâtiments demande une planification plus globale
des projets qui devront avoir une approche systémique de chaque étape du projet. On devra
ainsi tenir compte des flux de matériaux, d’énergie, des critères de démolition du bâtiment et
surtout des matériaux en second cycle de vie pour qualifier la durabilité d’un bâtiment.
A la Réunion près de 75% des entreprises du bâtiment ne connaissent les circuits de vente de
produits recyclés du BTP. 11% de ces mêmes entreprises objectent des raisons de sécurité à
la non utilisation de ces produits recyclés. La société VALORUN qui valorise ses déchets in-
dique un taux de recyclage proche de 80% pour 180 tonnes de déchets collectés chaque année.
Une fois traité, les produits disponibles sont deux fois moins coûteux que le produit d’origine
"neuf". Chaque jour sur ce centre seul 70 000 tonnes de produits sont vendus soit moins de
39% de la capacité totale. Il faut donc impérativement sensibiliser les acteurs du secteur de la
construction. Plusieurs leviers devront être mis en place :
— Sensibilisation et formation des maîtres d’oeuvre et d’ouvrage sur l’intérêt de ses pro-
duits, et pouvoir garantir la qualité des produits pour les ouvrages ;
— Prescription dans les marchés que l’un des critères sera la part de matériaux recyclés ;
— Tracabilité des déchets grâce un BSD 2 obligatoire pour tous, afin de résorber les dépôts
sauvages et rendre obligatoire la valorisation des déchets avec des points de collectes
intermédiaires sur le territoire.
Le gouvernement a mis en place en décembre 2019 la Loi 2020-105 anti-gaspillage
[française 2020], permettant aux entreprises des ramener gratuitement leurs déchets si ces
derniers ont été correctement triés en amont. Cela préfigure donc de ce que devraient être
les usages au sein de ces entreprises dans un futur proche afin de préserver les ressources
naturelles en particulier dans le cas de situation insulaire disposant de peu ressources 3 .

9.6 Synthèse
La durabilité environnementale est un sujet d’intérêt croissant qui a apporté sa juste part
d’études au cours des quatre dernières décennies. La prise de conscience de la pression de
notre activité anthropique sur l’environnement a nécessairement amené à l’élaboration d’un
cadre normalisé permettant l’évaluation. Ainsi les émissions de GES ont émergé comme un
indicateur incontournable de notre impact.
2. Bordereau de suivi des déchets
3. Des estimations dans le secteur TP indique une pénurie probable en gravats d’ici 5 ans à la
Réunion.
9.6. Synthèse 177

Cet indicateur est aujourd’hui largement utilisé, toutefois les conclusions associées peuvent
s’avérer cavalières si des précautions ne sont pas prises quant à la définition du périmètre
d’étude et de l’objectif de l’étude. En effet, trop souvent les analyses environnementales
sont prises comme outil de décision, hors l’ACV ne concoure qu’à apporter un critère
environnemental dans la mise en oeuvre d’un projet. Il faut alors faire correspondre les
problématiques techniques, économiques, sociétales, de durée de mise en oeuvre, etc.Toutes
les stratégies de mise en œuvre peuvent être pertinentes, mais elles sont plus adaptées à
l’objectif général de fournir aux décideurs des informations compréhensibles sur la durabilité
environnementale de leur projet.
À cet exercice de planification environnementale, il faut associer une approche prospective
qui permet alors d’intégrer les outils non pas au prisme d’une contrainte, mais plutôt une
ambition à atteindre. L’objectif général sera de définir quelles conditions va nous permettre
de réaliser nos ambitions d’un nouveau développement plus sobre et qui respecte la feuille
de route fixée par la France.
Finalement, nous voyons bien que cela est au sein de l’énergie, de la ville, d’un bâtiment
l’évaluation environnementale prend une place grandissante. On se doit donc d’être vigilant
à la qualité des données associées, ce qui explique l’importance de la régionalisation des
données. L’objectif de nos de travaux est d’avoir un niveau de détails important dans notre
inventaire de cycle, mais d’aboutir à terme à des configurations, ratios type permettant
aux différents acteurs de la construction de facilement mettre en oeuvre une analyse
environnementale d’un système.

Valorisation – 4 articles, dont 1 en évaluation. Les travaux menés ont reçus le finan-
cement de deux projets : RESET, ERASMUS+, ANR ( en cours d’évaluation).
Encadrement – J’ai encadré une thèse soutenue celle Vanessa Rakotoson et une thèse
est en cours sur l’ACV des espaces bâtis
Formation – Le cours d’ACV a intégré à notre formation. Je participe au cours d’outils
d’analyse environnementale (L1) - J’ai construit les UEs d’ACV pour les formations de M2
GC-SC, VEU et GC-STP(Maurice).
Chapitre 10
Conclusion et perspectives

L es travaux exposés dans les différents chapitres ont permis d’apporter une lecture
thématique et quasi chronologique des axes de recherche que je porte actuellement
au sein du laboratoire PIMENT depuis mon recrutement.
La question de la transition énergétique est un enjeu majeur de notre société et un défi qu’il
nous faut réussir au plus tôt. D’une transition planifiée, nous pourrions être amenés à vivre
une révolution qui demandera une adaptation rapide de notre société aux contraintes de
notre environnement et entraînera un changement radical de nos pratiques. À l’instar de la
transition énergétique, mon mémoire a mobilisé des champs disciplinaires et des échelles
d’intervention variée, allant de l’usager au territoire en passant par différents systèmes
complexes que sont les Enrs, les bâtiments, la ville, etc.

Un des points de départ de ma réflexion a été de m’attacher à d’abord comprendre mon


environnement à travers les informations qui me parviennent ou que j’ai pu produire. Cette
étape peu abordée au sein de notre laboratoire constitue un axe de recherche important
à la compréhension des enjeux. En effet, aujourd’hui nos problématiques de recherche
doivent avoir la porosité nécessaire et suffisante qui permettra une mise en conversation
avec d’autres disciplines. Cela nous permettra de comprendre les enjeux, d’identifier les
contraintes, les acteurs, etc., et ainsi construire les conditions initiales et les conditions
limites nécessaires à la définition du modèle censé représenter notre système d’étude.

Le premier élément qu’il nous a semblé judicieux d’étudier a été l’échelle de l’usager qui
est le premier acteur des bâtiments, quartiers et des villes qui sont petit à petit transformés.
Ainsi, nous avons l’importance de la compréhension de la population face à des enjeux
primordiaux. Nos travaux ont montré l’intérêt dans le cadre du développement de projets
sur le territoire d’y inclure la population, en évitant un déploiement de technique et de
pratiques qui pourraient ne pas correspondre aux attentes locales.

Cela se mesure aujourd’hui dans de nos nombreux projets d’écoquartier de la Réunion


où l’usage des espaces n’est celui attendu lors des phases de projet. On peut ainsi dire qu’il y
a une persistance des usages, et ce malgré une reformalisation des espaces publics ou privés.
Cela nous ramène donc au mode d’habiter local, qui nous questionne beaucoup dans l’am-
bition d’une ville durable tropicale. En effet, une fois la question de la conception (confort,
architecture) abordée, de l’impact environnemental des activités associées, que penser dès
180 Chapitre 10. Conclusion et perspectives

lors de l’appropriation de ces espaces par la population ? Comme peut-on imaginer une
évaluation de qualité, de la réussite d’un projet d’écoquartier, d’un renouvellement urbain,
etc. ? Cette question constitue une future étape de travail sur laquelle nous devrons nous
pencher afin d’analyser la perception des usagers, et comprendre quels sont les facteurs qui
permettent d’aboutir finalement à une acceptabilité et une appropriation des projets par les
usagers.

Le second élément qui fait écho à la nécessité de comprendre les mutations de nos
territoires et la volonté de l’évaluation concerne l’analyse des données. Cet aspect que je
développe avec ma collègue Fiona Bénard, a eu pour objectif principal de nous approprier
un ensemble d’outils et méthode qui nous aideraient dans les analyses à mener. Cela nous
a permis de définir une méthodologie applicable à diverses disciplines dans l’optique de la
mise en oeuvre d’indicateurs spatiaux ou temporels. Ainsi, dans l’objectif d’observation et
de mesure de la transition il nous faut encore approfondir la définition de ces indicateurs
afin d’aboutir à un formalisme générique aisément reproductible. Ce choix est une autre
orientation que nous avons souhaité porter au sein du laboratoire où finalement l’objet de
notre recherche reste et demeure "le réel".
Classiquement, nous cherchons au sein du laboratoire à représenter des phénomènes
physiques au sein de systèmes complexes. Toutefois, il n’est pas toujours facile à certaines
échelles (le territoire par exemple) d’identifier une formulation d’une observation que
l’on souhaite. Notre démarche est donc plus exploratoire, dans la mesure, où l’on souhaite
analyser de l’information d’un jeu de données, sans prétendre à priori savoir le résultat
auquel on doit aboutir. La philosophie est de fait très différente, mais totalement cohérente
avec des approches plus cartésiennes, développées à PIMENT.

Ces phases d’analyse constituent en quelque sorte une approche de type de notre
environnement. Dans la continuité, nous avons initié au sein du laboratoire la démarche
prospective dans le cas de la transition. En effet, deux aspects fondamentaux se sont côtoyé
la maitrise de l’énergie, et production énergétique renouvelable. Par conséquent, compte
tenu de l’expérience du laboratoire sur ces aspects, il m’a semblé plus opportun de changer
d’échelle de temps et d’espace. C’est donc pour cette raison que nous avons amorcé la
prospective à la fois temporelle et spatiale afin de construire les futurs possibles que nous
devrons essayer d’atteindre selon les externalités existantes dans nos territoires. Les travaux
que nous allons développer porteront essentiellement sur les pays de la zone OI. Notre
démarche est de permettre de définir des trajectoires sur les espaces insulaires et d’arriver à
mettre en oeuvre ces pas vers la transition dans l’Indianocéanie. Grâce au programme FESTII
nous avons pu déjà collaborer avec les différents chercheurs de la zone travaillant sur divers
aspects de la transition. Notre objectif à travers l’appui à la formation est de constituer un
groupe de chercheurs de la zone qui porteront les ambitions de recherche dans le cadre de
la transition énergétique.

L’objectif majeur de la prospective que nous avons amorcé est de poser le cadre de nos
modèles autour d’environnements entièrement Open source. Le modèle SARI et MAMBA
181

représentent les premières étapes de développement, les phases d’optimisation porteront


d’abord sur une approche globale de production. Comme nous l’avons évoqué dans le
chapitre de prospective, l’aspect de valorisation des déchets dans le PRERURE 1 n’a pas
fait l’objet d’une attention particulière. Les études du gisement des déchets ont mis en
évidence une capacité conséquente, qui s’affranchit des problématiques d’intermittence. Je
souhaiterais dans la continuité développer les modèles en lien avec le transport. En effet
la décarbonisation du secteur du transport, va nécessité une approche sur la définition des
stratégies les moins impactant économiquement. Nous envisageons une optimisation de la
production sans stockage au fil de la ressource.

Enfin, un dernier volet que je souhaite développer est en lien avec l’analyse de cycle de
vie. En effet, nous avons développé des travaux en lien avec l’énergie et une thèse en cours
traite de l’impact matériaux et bâtiments à la Réunion. Ce travail va s’étendre à une approche
plus holistique qui sera celle du métabolisme territorial. L’objet de ce développement sera de
mobiliser nos approches classiques d’analyse de flux de matière , énergie et information afin
de modéliser le fonctionnement d’un espace bâti. Là encore notre objectif est d’apporter une
lecture nouvelle sur la notion de durabilité des bâtiments ou des villes. L’idée générale sera
de redéfinir les contours de cette durabilité au prisme des résultats obtenus et en mettant en
lien les travaux menés au sein des autres chapitres. Je souhaiterais pour cela développer le
couplage entre les modèles SARI/MAMBA, ACV et BIM afin de considérer tous les aspects
de la vie d’un projet ; de sa mise en oeuvre à sa fin de vie.

L’ensemble des chapitres que j’ai abordés ont permis de mettre en lumière la cohérence
de mes travaux de recherche dont l’objectif final est de comprendre les mécanismes de la mise
en oeuvre d’une transition écologique. Cette compréhension a mis en évidence la nécessité de
croiser les échelles d’intervention ainsi que les champs disciplinaires. Cette approche trouve
ses bases dans l’analyse systémique qui nous permet de représenter des systèmes complexes
par un sous ensemble de systèmes plus facile à décrire. Ainsi les lois permettant de représen-
ter les phénomènes ne sont pas uniquement issues de la physique, mais se basent également
sur la définition de métamodèle issu de l’analyse de données. Ces travaux sont donc les jalons
de nouvelles perspectives en cours à venir sur cet enjeu de la transition écologique :
— Dans un territoire contraint comment faire se côtoyer des enjeux d’autonomie énergé-
tique, d’autosuffisance alimentaire, d’aménagement du territoire (Thèse de V. Russeil) ;
— Quels impacts et stratégies pour une décarbonation du secteur du transport (Thèse de
Mahéva Payet) ;
— De la question de la ruralité où comment l’identité d’un territoire peut-elle être un
vecteur d’un développement soutenable de ce dernier ? (Thèse d’Anne-Lise Grondin ;
— De la durabilité des espaces bâtis en milieu tropical, où comment optimiser les maillons
d’une économie circulaire du déchet du BTP ?
— L’approche prospective de la transition énergétique dans les îles africaines : quels ou-
tils, méthodes et leçons en retirer pour une application plus large des scénarios éner-
1. Plan Régional des Énergies Renouvelables et d’Utilisation Rationnelle de l’Energie – (2000)
182 Chapitre 10. Conclusion et perspectives

gétiques à d’autres typologies de territoire ?


Voici donc en quelques lignes les grands axes de ce défi au combien passionnant de la tran-
sition écologique que je porterai dans les années à venir. Finalement, dans nos travaux de
recherche à venir, comme dans notre quotidien, ces futurs deviennent plausibles si nous nous
refusons à tout scepticisme paralysant.
Comme le disait le Sénateur Paul Vergès : « Ce qui fait l’importance de notre siècle, c’est
que, sans sous-estimer tous les obstacles qui nous attendent, le but est devant nous ».
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Énergie et territoires :
Une approche multi-scalaire de la transition écologique.
Résumé : Les travaux de recherche présentés dans le cadre cette HDR ont porté sur la
compréhension des mécanismes liés à la transition écologique des territoires. La lecture sys-
témique à l’échelle des territoires questionne des approches transdisciplinaires nécessaires à
l’analyse et la modélisation des dynamiques de changement . L’objectif de mes travaux a été
de développer au sein du laboratoire une autre échelle d’analyse permettant une approche ho-
listique de la transition énergétique et environnementale à l’échelle des territoires. Une pre-
mière partie présente mes activités d’enseignement et de recherche qui m’ont naturellement
conduit à développer ma recherche autour de la thématique de l’énergie. La deuxième partie
présente les différentes recherches menées depuis dix ans au sein du laboratoire PIMENT.
Nous abordons dans un premier temps la question de la transition au prisme du diagnostic
et de potentialités des territoires afin de comprendre les dynamiques en cours et d’évaluer
leurs capacités à s’engager dans cette transition. Cette compréhension des territoires à l’aide
d’outils d’analyse de données qui nous permettent de formuler des hypothèses de modélisa-
tion pour une approche prospective de la transition. Cette étape nous a permis de définir les
scénarios plausibles pour différentes îles de l’Océan Indien et d’évaluer les outils de planifica-
tion qu’il serait nécessaire de mettre en œuvre afin de réussir ce changement. Enfin dans une
dernière thématique nous abordons la question de la durabilité des projets d’aménagement,
mais plus généralement des espaces bâtis. Cette approche compréhensive de la durabilité
s’appuie sur une analyse croisée mêlant les outils réglementaires, la perception des usagers
avec les outils d’évaluation environnementale. On s’intéresse ainsi à toutes les phases de la
vie des espaces bâtis, du projet à la fin de vie : interrogeant l’identité du mode d’habiter, la
qualité environnementale des bâtis, l’impact de l’activité anthropique ainsi que la notion de
durabilité des bâtis.
Mots clés : Changement climatique, transition énergétique, énergies renouvelables, ana-
lyse prospective, approche multivariée, analyse de cycle de vie, scénarios énergétiques.
Energy and territories :
A multi-scale approach to ecological transition.
Abstract : The research work presented in this HDR focused on understanding the me-
chanisms related to the ecological transition of territories. The systemic reading at the scale
of territories questions the transdisciplinary approaches necessary for the analysis and mo-
deling of the dynamics of change. The objective of my work has been to develop within the
laboratory another scale of analysis allowing a holistic approach to the energy and environ-
mental transition at the scale of territories. A first part presents my teaching and research
activities which naturally led me to develop my research around the theme of energy. The
second part presents the various research carried out for ten years within the PIMENT labo-
ratory. We first approach the question of the transition through the prism of the diagnosis and
the potentialities of territories in order to understand the dynamics in progress and to eva-
luate their capacities to engage in this transition. This understanding of territories using data
analysis tools that allow us to formulate modeling hypotheses for a prospective approach of
the transition. This step allowed us to define plausible scenarios for different islands in the In-
dian Ocean and to evaluate the planning tools that would be necessary to implement in order
to achieve this change. Finally, in a last theme we address the question of the sustainability
of development projects, but more generally of built spaces. This comprehensive approach to
sustainability is based on a cross-analysis combining regulatory tools, user perceptions and
environmental assessment tools. We are thus interested in all phases of the life of built-up
spaces, from the project to the end of life : questioning the identity of the way of living, the
environmental quality of the buildings, the impact of anthropic activity and the notion of
sustainability of the buildings.
Keywords : Climate change, energy transition, renewable energies, prospective analysis,
multi-variate approach, life-cycle analysis, energy scenarios.

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