Grand Lyon Region Haute Matsiatra Gerer Un Reseau D Eau Potable Manuel 2019

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 122

ok

Gérer
un réseau d’eau potable
Spécialisation sur les réseaux gravitaires sous
contrat d’affermage
Gérer un réseau d’eau potable

Spécialisation sur les réseaux gravitaires


sous contrat d’affermage
AUTEURS
François SIMON, chargé de mission, Métropole de Lyon
Jeannot RANDRIAMIANDRISOA, ingénieur d’études, MEEH, mis à disposition du programme Eaurizon.
Eugène ANDRIAMIHAJA, socio-organisateur, Région Haute Matsiatra/programme Eaurizon

CONTRIBUTEURS
Narison RAZAFINTSALAMA, directeur, chambre de commerce et d’industrie, Fianarantsoa
Hery SAMOELITIANA, service appui aux entreprises, chambre de commerce et d’industrie, Fianarantsoa

COMITÉ DE RELECTURE 
Karine BLANC, responsable de la solidarité internationale à la direction de l’eau de la Métropole de Lyon
Vincent DUSSAUX, responsable des programmes, pS-Eau
Mathieu LECORRE, responsable de programme – Eau potable, assainissement, déchets, GRET
Les membres du Réseau Ran’eau et notamment :
Mamisoa ANDRIAMIHAJA, chef de projet – Eau potable, assainissement, déchets à Madagascar, GRET
Heritiana RAKOTOMALALA, responsable Programme Eau Assainissement Hygiène, HELVETAS Madagascar
Benoît VANDEWIELE, ingénieur en eau à Madagascar

REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient particulièrement les structures avec lesquelles les échanges de connaissances et
d’outils ont permis d’enrichir cet ouvrage. Merci donc aux techniciens de l’UNICEF, du GRET, de la Direc-
tion Régionale du Ministère de l’Energie, de l’Eau et des hydrocarbures de la Haute Matisatra, à Caroline
Haritiana RAMARA directrice de RANOSOA, fermier de la commune de Sahambavy, Mbola ANDRIAM-
PANJA, salarié de l’association NAMBINSOA gestionnaire de la commune d’Alakamisy Itenina.

CREDIT PHOTOS
Pierrot MEN, Programme Eaurizon

MAQUETTE
Joselita Jorlin RAMASINDRAZANA, informaticien, Région Haute Matsiatra

IMPRESSION
MYE
Achevé d’impression : Avril 2019

La publication est également disponible en version numérique depuis la page pS-Eau dédiée :
https://www.pseau.org/outils/biblio/resume.php?d=8019&l=fr ?
LE PROGRAMME EAURIZON, LES POINTS SAILLANTS
Eaurizon est un programme mis en œuvre depuis mars 2016, pour une durée de 48 mois,
dans le cadre de la coopération entre la Région Haute Matsiatra et la Métropole de Lyon.
Il vise l’amélioration des conditions d’accès à l’eau potable et à l’assainissement des
habitants des 16 communes partenaires et le renforcement des compétences des acteurs
locaux sur ce secteur.
Plusieurs acteurs sont mobilisés pour faire de ce programme une réussite. En France, la Métro-
pole de Lyon et l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse se mobilisent fortement avec
SAUR Solidarités. Côté Malgache, le Ministère de l’Eau, de l’Energie et des hydrocarbures, la
Région et les communes sont engagés sur différents apports financiers et sur la pérennisation
d’un service public accessible, efficace et pérenne.
De manière synthétique, le programme est décliné en six axes de travail dont les objectifs
sont les suivants :
Renforcer la gouvernance des collectivités locales sur le secteur EAH
Développer l’accès à l’eau potable,
Développer l’accès à l’assainissement et accompagner les populations dans l’amélio-
ration de leurs pratiques liées à l’hygiène,
Préserver et partager les ressources en eau entre les différents usages,
Former et professionnaliser les acteurs secteurs
Capitaliser et diffuser les outils et méthodes produits par le projet
DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU
INTRODUCTION AU METIER DE GESTIONNAIRE DE RESEAU D'EAU POTABLE
10 Tour d’horizon sur l’eau potable et l’assainissement
16 Acteurs et cadre sectoriel à Madagascar
22 Les modes de gestion
Devenir un gestionnaire et obtenir une infrastructure en gestion
30 Quel statut pour le gestionnaire ? quelles obligations légales ?
36 Les procédures pour la délégation d’un service public de l’eau potable
43 Constituer son dossier de soumissionnement

EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


LES ASPECTS TECHNIQUES
52 Les différentes configurations techniques générales
55 Principes hydrauliques de base sur un réseau d’eau potable gravitaire
62 Les bassins versants
66 Sources et captages d’eau potable
69 Traitement et qualité de l’eau
73 Les réservoirs 
75 Les conduites et accessoires de plomberies
77 Les différents types de points d’eau et les compteurs
81 Outillage de base d’un gestionnaire de réseau d’eau
83 Entretien du réseau
93 Raccorder un usager
GESTION ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE
97 L’organisation interne
99 Fichiers client et facturation
104 Gestion des stocks et fournisseurs
105 Finance et comptabilité
108 L’archivage
110 Le rapportage
GESTION COMMERCIALE ET RELATION CLIENTELE
112 Développer l’accès au service
116 Développer une relation de confiance avec les usagers et la commune
LISTE DES ACRONYMES
AEP Adduction d'Eau Potable

AEPG Adduction d'eau Potable Gravitaire

AEPP Adduction d'Eau Potable par Pompage

ANDEA Autorité Nationale de l'Eau et de l'Assainissement 

APD Avant-Projet Detaillé

APS Avant-Projet Sommaire

BM Banque Mondiale

BP Branchement Particulier

Bpart Branchement Partagé

CNAPS Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

CPE Comité de Points d'Eau

DSP Délégation de Service Public

EBE Excédent Brut d'Exploitation

EIE Etude d'Impact Environnementale

FNRE Fonds National des Ressources en Eau

GIRE Gestion Intégrée des Ressources en Eau

IFPB Impôts Fonciers sur les Propriétés Bâties

IFT Impôts Fonciers sur les Terrains

INSTAT Institut National de la Statistique 

IR Impôts sur le Revenu

IRSA Impôts sur le Revenu Salarié et Assimilé

IS Impôts Synthétiques

MEAH Ministère de l'Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène

ONE Office National pour L'Environnement

OSTIE Organisation Sanitaire Tananarivienne Inter-Entreprises


PCD Plan Communal de Développement

PCDEA Plan Communal de Développement en Eau et Assainissement

PEP Point d'Eau Public

PGE Politique Générale de l'Etat

PN2D Programme National de Décentralisation et de Déconcentration

PND Plan National de Développement

PPP Partenariat Public Privé

PUP Programme d'Urgences Présidentielles

SA Société Anonyme

SARL Société Anonyme à Responsabilité Limitée

SARLU Société Anonyme à Responsabilité Limitée Unipersonnelle

SAU Société Anonyme Unipersonnelle

SNAT Schéma National d'Aménagement du Territoire

SOREA Société de Régulation autonome

SRAT Schéma Régional d'Aménagement du Territoire

TRI Taux de Rentabilité Interne

TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée

VAN Valeur Actualisée Nette


PARTIE I

DEVENIR GESTIONNAIRE DE
RÉSEAU D’EAU
1- INTRODUCTION AU METIER DE
GESTIONNAIRE DE RESEAU D'EAU
POTABLE
TOUR D’HORIZON SUR L’EAU POTABLE ET
L’ASSAINISSEMENT

1. Enjeux mondiaux sur l’eau et l’assainissement


De l’eau en abondance, mais peu disponible
L’eau couvre plus de 70% de la surface de la Terre, d’où l’appel-
lation de planète bleue. En apparence abondante, l’eau et
plus particulièrement l’eau douce est néanmoins précieuse.
Les ressources en eau douce disponibles sont également mal
réparties à l’échelle du globe. Certaines régions sont dans des
situations de stress hydriques pouvant engendrer des tensions
entre états (Asie centrale, Proche-Orient, Afrique de l’Est…).
La population mondiale augmente et les quantités d’eau
disponibles diminuent. Les tensions risquent fort de s’aggraver.

Le cycle de l’eau
L’eau suit un cycle naturel immuable : elle s’évapore de la terre et de la mer pour revenir
sous forme de pluie et de neige. Une partie est alors infiltrée, l’autre ruisselle dans des cours
d’eau jusqu’à la mer

Source : auteur inconnu

12 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


Des inégalités d’accès à l’eau potable
Plus d’1 humain sur 10 n’a pas accès à l’eau potable. Cette
moyenne cache une réalité encore plus préoccupante pour
certains pays. (source : OMS, Unicef, 2016).

Les problèmes d’accès à l’eau potable engendrent chaque année 3,6 millions de
décès, notamment chez les enfants de moins de 5 ans.

INTRODUCTION AU METIER DE GESTIONNAIRE DE RESEAU D'EAU POTABLE 13


Des modes de vie et des consommations différents selon les pays
Selon les pays, les consommations domestiques
en eau peuvent être très différentes. Cela
s’explique par les différents modes de vie et de
consommation. Les ménages des pays les plus
développés sont très équipés en appareils électro-
ménagers (lave-linge, lave-vaisselle…) et
disposent de tous les équipements permettant
une bonne hygiène (toilettes à chasse d’eau,
douche…). Ces équipements induisent des
consommations en eau importante.
Mais il faut savoir que l’eau domestique repré-

sente moins de 10 % des consommations en


eau. En réalité, les activités économiques sont
très gourmandes en eau (agriculture et indus-
trie). Dans les pays du sud, où l’industrie et
l’agriculture irriguée sont moins développées,
les volumes d’eau consommés sont nettement
moindres, mais sont néanmoins largement
majoritaires par rapport à l’eau domestique.
Les secteurs agricole et industriel sont particu-
lièrement consommateurs en eau dans la
mesure où leur processus de production

nécessite très souvent de l’eau : c’est ce que nous appelons l’empreinte eau d’un produit.

14 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


L’accès à l’assainissement, encore un luxe
La situation de l’assainissement est plus préoccupante encore que l’eau potable. Plus d’un
tiers de la population mondiale n’a pas accès à un assainissement amélioré. Nous pouvons
définir l’assainissement amélioré comme une installation pouvant prévenir efficacement le
contact des humains, des animaux et des insectes avec les excréments (fosse protégée ou
toilette à chasse d’eau). L’interface doit également être lavable.

De fortes disparités existent là encore entre les pays développés et les pays du sud. L’Afrique
subsaharienne et les pays de l’Asie du Sud sont particulièrement touchés.

Source : Water and Sanitation Program , 2012

Le mauvais assainissement à des impacts


forts sur les populations.

INTRODUCTION AU METIER DE GESTIONNAIRE DE RESEAU D'EAU POTABLE 15


2. La situation à Madagascar sur l’Eau et l’assainissement
Au niveau national
Madagascar est un des pays les moins avancés sur les questions d’eau potable et d’assainis-
sement. Les chiffres de 2016 du Ministère de l’Eau, de l’Energie et des Hydrocarbures (MEEH)
font état d’un taux d’accès à l’eau potable de 50 % au niveau national dont 7% via des
branchements domiciliaires et 43% via des points d’eau collectifs. De 1995 à 2011, le taux
d’accès à l’eau potable au niveau national aurait grimpé de 27% selon les chiffres du Joint
Monitoring Program (OMS / UNICEF). Les évolutions sur le secteur de l’eau potable semblent
donc positives. Néanmoins, le chiffre de 50 % de taux d’accès est à priori peu vraisemblable.
Au niveau de l’assainissement, la situation est également inquiétante et, contrairement à
l’eau potable, les gains annuels en termes d’accès sont faibles. Aujourd’hui, seuls 35% de
la population utilisent des latrines aux normes, dont 14% des ménages en tant que seuls
usagers de la latrine et 21% dont la latrine est partagée entre plusieurs ménages. Les autres
ménages utilisent des latrines qui ne sont pas aux normes (26%) et pratiquent la défécation
à l’air libre (39%). Depuis 1995, le gain en termes d’accès à des latrines aux normes n’est que
de 8%.
Sur l’eau et l’assainissement, des disparités existent également entre le milieu urbain et le
milieu rural, ce dernier est dans une situation encore plus critique par rapport aux moyennes
présentées.

Le mauvais accès à l’eau et à l’assainissement a des répercussions directes sur les malgaches
et sur l’économie du pays. À Madagascar, la diarrhée représente la 2e cause de mortalité,
affectant particulièrement les enfants1. Ce n’est pas moins de 6 900 enfants de moins de

1. Water and sanitation program, mars 2012

16 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


5 ans qui meurent chaque année faute d’un bon accès à l’eau et à l’assainissement. De
plus, les effets se font également ressentir sur l’absentéisme scolaire et professionnel engen-
drant des dépenses de santé pour les ménages et une perte d’argent pour les salariés et
les employeurs. Ce manque à gagner est estimé à 103 millions de dollars par an soit 1 % du
PIB national.

Au niveau local
Des disparités existent entre les Régions. Selon les sources, les taux d’accès à l’eau varient.
Les chiffres communiqués par le MEEH sont optimistes par rapport aux données fournies par
l’INSTAT. Les différences observées peuvent être de 20 points et des enquêtes réalisées sur
terrain dans la Haute Matsiatra en 2016 donneraient plutôt raison à l’INSTAT. La difficulté
à faire monter significativement le taux d’accès à l’eau est liée aux besoins d’investisse-
ments importants, mais également au fait que les infrastructures d’eau potable réalisées
sont souvent mal gérées et finissent par ne plus fonctionner.
Au niveau de l’assainissement, les chiffres de l’INSTAT sont largement supérieurs à ceux
annoncés par la Banque Mondiale. Il s’agit peut être là d’une interprétation différente de
ce qu’est un assainissement amélioré.

INTRODUCTION AU METIER DE GESTIONNAIRE DE RESEAU D'EAU POTABLE 17


ACTEURS ET CADRE SECTORIEL
À MADAGASCAR

1. Les acteurs en présence


Le Ministère de l’Energie, de l’Eau et des Hydrocarbures
L’État malgache a fait de l’eau et de l’assainissement une de ses priorités sur ces dernières
années. Dans les documents nationaux de planification multisectoriels, l’eau et l’assainisse-
ment figurent toujours en bonne place1 . L’importance de ce secteur pour l’État malgache
a été marquée à partir de 1991 via l’élaboration du Plan d’action stratégique pour le secteur
de l’eau et de l’assainissement. Ensuite, le Code de l’Eau (1998) et ses décrets d’application
(2003) ont posé les règles du secteur. En 2017 puis 2019, la thématique de l’eau a été ratta-
chée à l’énergie et aux hydrocarbures au sein d’un même ministère.
Les priorités édictées par l’État sur le secteur en 2015 stipulait que le logo du
ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène (ancienne Ministère
appelation du ministère sectoriel) avait pour mission « de concevoir,
orienter, gérer, coordonner, harmoniser, mettre en œuvre et suivre la
politique générale de l’État dans le secteur»2 . Le secteur de l’assai-
nissement était traité au sens large, l’assainissement solide et donc la
gestion des déchets étaient dans le champ d’intervention du minis-
tère.

Les priorités fixées par l’État inscrites dans la feuille de route du minis-
tère sectoriel pour la période 2015 – 2019 étaient les suivantes :
Axe 1 : Développement de l’accès à l’Eau Potable
Axe 2 : Développement de l’accès à l’assainissement
Axe 3 : Développement de l’accès à l’hygiène
Axe 4 : Développement du Partenariat Public Privé (PPP)
Axe 5 : Développement de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE)
Axe 6 : Développement du secteur

1. Citons par exemple : le Plan National de Développement (PND) de 2014, le Programme d’Urgence Présidentiel (PUP) de 2015 et le
Programme Général de l’Etat (PGE) de 2015.
2. Ministère de l’eau, Roadmap du secteur eau, assainissement et hygiène, période 2015-2019, mars 2015

18 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


Les collectivités locales
La décentralisation à Madagascar
Le processus de décentralisation à Madagascar a véritablement démarré en 1993 avec la
loi N°93-005 qui pose le principe de libre administration des collectivités territoriales décen-
tralisées. Les répartitions des attributions au niveau de chaque échelon administratif sont
définies, ainsi que les ressources financières allouées par ces transferts de compétences.
Ce premier pas vers la décentralisation est confirmé en 2005 avec la Politique Nationale de
Décentralisation et Déconcentration (PN2D). Partant du principe de subsidiarité, l’État trans-
fère alors de nouvelles compétences aux collectivités territoriales décentralisées. L’objectif
de cette réforme est d’avoir « des collectivités efficaces au service de citoyens responsables
».
Ces deux vagues de réformes institutionnelles ont permis aux communes d’avoir une vraie
légitimité locale pour mener leurs politiques de développement. Néanmoins, les ressources
allouées aux communes n’ont pas été à la hauteur des transferts de compétences et, dans
les faits, Madagascar demeure un des pays les moins décentralisés au monde. Moins de 1
% des ressources financières de l’État central est transféré aux collectivités locales, limitant
ainsi leurs capacités d’investissement.
A noter qu’au niveau du Ministère de l’EEH, le dernier échelon de déconcentration est au
niveau régional. Les STD déconcentrés au niveau du district sont notamment ceux de l’édu-
cation et de la santé.
Les différents échelons administratifs disposent d’outils de planification pour structurer leur
politique de développement. Le ministère de l’Aménagement du Territoire et des Services
fonciers ainsi que celui de l’Intérieur et de la Décentralisation s’appuient sur le Schéma
National d’Aménagement du Territoire (SNAT) qui tend à une meilleure coordination des
priorités des programmes sectoriels, tels que pour l’eau et l’assainissement. L’objectif étant
que les différents acteurs du développement (ministères, collectivités locales, secteur privé)
se coordonnent mieux pour s’assurer de la complémentarité de leurs actions sur le terri-
toire national. Les régions commencent également à décliner cet outil sur leur territoire via
le Schéma Régional d’Aménagement du territoire (SRAT) c’est le cas notamment pour la
Région Haute Matsiatra. Enfin à l’échelon communal, il existe également des documents
programmatifs tels que le schéma d’aménagement communal (SAC) qui vise à définir sur
l’orientation des terres et l’occupation actuelle et future du sol. Il permet ensuite de décliner
des projets de développement dans le Plan Communal de Développement (PCD) qui a
pour objectif d’identifier les projets prioritaires à développer sur la commune. Tous ces outils
de planification se veulent complémentaires.
Responsabilités des préfets de Région sur le secteur de l’eau et de l’assai-
nissement
Décret 2003-945 Relatif à l’organisation administrative de l’eau et au transfert de compé-
tences entre les différentes collectivités décentralisées Préfet de Région et sous-Préfet

INTRODUCTION AU METIER DE GESTIONNAIRE DE RESEAU D'EAU POTABLE 19


Le préfet de région supervise les actions de l’État dans le domaine de l’eau dans sa circons-
cription territoriale. Le sous-préfet anime et coordonne la politique de l’État, exerce un
pouvoir de police générale (relative aux questions de salubrité) et spéciale (vis-à-vis des
installations classées), et peut prendre des mesures pour faire face à des situations d’urgence
(sécheresse, accident…) (art.9). Les modalités d’intervention des services déconcentrés
doivent recevoir l’aval préalable des collectivités territoriales concernées.
Organisation administrative à Madagascar

20 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


La maitrise d’ouvrage communale
Code de l’eau, article 37 à 44 et décret 2003 - 193 portant fonctionnement et organisation
du service public de l’eau potable et de l’assainissement des eaux usées domestiques.
L’approvisionnement en eau potable et l’accès à l’assainissement collectif des populations
sont un service public communal. Ce service est géré par les communes urbaines et rurales
qui ont donc la maitrise d’ouvrage. Néanmoins cette maitrise d’ouvrage est conditionnée
à une habilitation liée à des critères de capacités qui n’ont jusqu’à présents pas été définis.
Ce flou induit différentes interprétations, l’une considérant les communes comme maitre
d’ouvrage et l’autre légitimant une maitrise d’ouvrage déléguée au Ministère de l’Energie,
de l’Eau et des Hydrocarbures en attendant l’habilitation des communes. Dans les faits,
le Ministère de l’EEH et ses démembrements n’ont pas les moyens humains d’exercer la
maitrise d’ouvrage délégué des 1693 communes malgaches. Ainsi, la commune est l’acteur
central du service public de l’eau et de l’assainissement collectif. Le Ministère est en appui
notamment pour le développement des services publics de taille importante. Par exemple,
le représentant désigné du Ministère de l’EEH valide et signe les contrats de délégation de
service public voulus par les communes.

Le gestionnaire
Décret 2003 – 193 portant fonctionnement et organisation du service public de l’eau potable
et de l’assainissement des eaux usées domestiques.
Les gestionnaires délégués assurent, dans le cadre d’une délégation de gestion de service
public, la fonction de réalisation et/ou de gestion et maintenance des systèmes d’AEP,
selon un contrat d’affermage, de concession, de gestion en régie ou de gestion mixte.
Le décret précise les principes de la délégation de gestion, ainsi que ses modalités d’attri-
bution. Le gestionnaire est soumis à un devoir d’information du maître d’ouvrage, et doit
publier annuellement les résultats du service public.
La régie directe n’est possible que dans des cas particuliers, comme trois échecs successifs
à la procédure d’appel d’offres, et sur accord de l’organisme régulateur (art.94 à 98 du
code de l’eau).
La gestion d’une ou des bornes fontaines d’une commune peut être confiée à une personne
physique ou morale via un contrat de gestion.

Autres acteurs
L’ANDEA
Décret 2003–192 fixant l’organisation, les attributions et le fonctionnement de l’Autorité
Nationale de l’Eau et de l’Assainissement.
L’ANDEA est un établissement public à caractère administratif doté de la personnalité
morale et de l’autonomie financière. Elle est placée sous la tutelle technique et adminis-
trative du Cabinet du Premier Ministre et sous la tutelle financière du Ministère chargé de
ll’économie et des finances. Elle est représentée dans chaque province par une Agence
de bassin.
L’ANDEA est l’organisme chargé d’assurer la gestion intégrée de la ressource en eau (GIRE)
et le développement rationnel du secteur de l’eau et de l’assainissement au niveau natio-
nal.

INTRODUCTION AU METIER DE GESTIONNAIRE DE RESEAU D'EAU POTABLE 21


La SOREA (Organisme régulateur)
Code de l’eau, article 47 à 53 et Décret 2003 – 939 Portant organisation, attributions, fonction-
nement et financement de l’organisme régulateur du service public de l’Eau et de l’Assai-
nissement (SOREA)
L’organisme régulateur est spécialisé dans l’adduction en eau potable et assainissement
collectif des eaux usées domestiques. Il est chargé de veiller au respect des normes pour la
qualité du service, détermine les modalités de définition du prix de l’eau, et met en place un
système d’information concernant les installations d’adduction et d’assainissement.
C’est un établissement public à caractère administratif dont le rôle est de :
S’assurer du respect des normes de qualité du service de l’eau par les maîtres d’ouvrage
et les gestionnaires de systèmes d’eau. Il définit la méthodologie d’établissement des tarifs
du service public.
Attribuer aux communes compétentes le plein exercice de leur fonction de maître
d’ouvrage.
Contrôler l’exécution par la société de patrimoine du contrat de développement.
Arbitrer les conflits d’usage.
Statuer sur les dossiers d’appel d’offres, sur les demandes de délégation de maîtrise
d’ouvrage de petits systèmes, sur les demandes de plusieurs communes de déléguer en
commun la gestion d’un système. Statuer sur les demandes des Maîtres d’ouvrage d’exploi-
ter un service d’eau en Régie directe et examine les rapports annuels publiés par ceux-ci.
À l’image de l’ANDEA, la SOREA n’est pas une structure fonctionnelle et n’a même jamais
été créée. Jusqu’à la mise en place de l’organisme régulateur, le MEEH assume les respon-
sabilités de celui-ci. (Décret 2003 – 791).
Société de patrimoine
Décret 2003 – 193 portant fonctionnement et organisation du service public de l’eau potable
et de l’assainissement des eaux usées domestiques.
L’Etat constitue une société de patrimoine ayant pour objectif d’assurer le financement des
programmes de réhabilitation, renouvellement et développement des systèmes d’alimen-
tation en eau potable, ainsi que la comptabilité patrimoniale et la gestion des immobilisa-
tions de chacun de ces systèmes. Cette société participe à la formation des communes à
la maîtrise d’ouvrage des systèmes d’eau.
En 2018, cette société n’existait pas encore.
Communautés locales
Les communautés locales villageoises, et en particulier les Fonkontany, sont chargées, à leur
niveau, du contrôle et de la surveillance du bon usage de l’eau, des installations nécessaires
à son exploitation et du respect des conditions de salubrité. Elles opèrent et sanctionnent
par voie de dina (amendes, punitions), lesquels doivent recevoir l’homologation du tribunal
compétent pour être applicables.
Plateforme active sur le secteur
A Madagascar, il existe l’ONG appuyé par le
Cette ONG a pour objectif d’améliorer la qualité et la quantité des projets d’accès à l’eau
et l’assainissement mené par la coopération décentralisée et non gouvernementale et
renforcer leur cohérence avec la stratégie nationale malgache.

22 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


Pour cela, l’ONG Ran’Eau s’efforce de :

Connaitre et valoriser les acteurs et actions de la coopération décentralisée et non


gouvernementale dans le secteur de l’eau et l’assainissement à Madagascar

Organiser un espace d’échanges et favoriser le partage d’expériences entre les


acteurs du secteur ;

Élaborer et mettre à disposition des ressources utiles aux acteurs du secteur ;

Appuyer les porteurs de projets dans leur démarche en les conseillant et les orientant à
l’aide d’informations et d’outils dédiés.
L’ONG Ran’Eau est accessible en ligne à l’adresse suivante : http://www.raneau.org
La seconde est le réseau des Organisations de la Société Civile œuvrant dans le secteur
Eau, Assainissement et Hygiène : OSC EAH.
Il existe en annexe, une synthèse du rôle de chaque acteur notamment au regard de la loi
malgache.
Annexe 1. Synthèse du cadre juridique du secteur de l’eau et de l’assainissement
Annexe 2. Le code de l’eau et ses décrets d’application

INTRODUCTION AU METIER DE GESTIONNAIRE DE RESEAU D'EAU POTABLE 23


LES MODES DE GESTION

Le code de l’eau stipule qu’il est obligatoire pour toutes infrastructures d’AEP d’avoir un
système de gestion placé sous la responsabilité d’un gestionnaire, pour assurer son efficacité
et sa durabilité.
La gestion d’un réseau d’eau potable peut être opérée directement par la collectivité
(régie directe) ou déléguée à un prestataire. Dans ce dernier cas, on parle de délégation
de service public (DSP). La DSP est un contrat par lequel une commune (ou toute autre
personne morale de droit public) confie la gestion d'un service public dont elle a la respon-
sabilité à un délégataire public ou privé, dont la rémunération est substantiellement liée aux
résultats de l'exploitation du service. On peut classer les délégations de service public en
quatre grandes catégories de contrat :

La régie intéressée (ou gérance)

La gestion déléguée à la communauté

L’affermage

La concession
Le mode d’exploitation et de gestion pourra différer selon les types d’ouvrages et du
contexte local. Quel que soit le mode de gestion choisi, il est impératif d’anticiper et d’iden-
tifier en amont le futur gestionnaire des infrastructures et cela, bien avant la fin des travaux
d’AEP.

1. La Régie directe
La régie directe ou régie simple est le mode de gestion le plus intégré : la commune gère le
service public au sein de ses propres services, sous l’autorité directe de ses organes (conseil
municipal et maire), par ses agents et en le finançant sur son budget. C’est le mode de
gestion imposé pour tous les services publics non délégables : état-civil, élections…
Dans certains pays, comme la France, un budget annexe doit être créé afin de garantir que
les recettes du service de l’Eau et de l’assainis-
sement sont bien affectées à ce même service.
Nous parlons alors de régie autonome.
Enfin, la régie peut être dite personnalisée si
elle est dotée de l’autonomie financière avec
la personnalité morale. Il a un statut proche de
celui d’établissement public (avec un conseil
d’administration et un directeur).

24 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


Ce service doit avoir le personnel et les compétences pour :

L’exploitation du système

Le recouvrement

La maintenance

La programmation de l’extension du
réseau
À Madagascar, le Ministère de tutelle ne
recommande pas ce type de gestion eu
égard à certaines expériences malheu-
reuses.

2. La régie intéressée (ou gérance)


Classiquement lorsque le régisseur reçoit une part de sa rémunération en fonction de sa
performance et qu’il participe à la fixation du tarif du service, on parle de contrat de régie
intéressée. Lorsque le prestataire n’est pas associé à la détermination du prix et que sa
rémunération est fixe, on parle de contrat de gérance. Le prestataire est alors appelé gérant.
Le délégataire (le régisseur) agit non pour son propre compte, mais pour le compte de
l’autorité publique. Dans cette optique, le régisseur n’est pas rémunéré par les usagers, mais
par la personne publique. La collectivité publique contractante qui demeure chargée de la
direction de l’exploitation.

Le régisseur intéressé, qui peut être une


personne publique ou privée, est rémunéré
d’une part un minimum garanti ou prime fixe
et d’autre part à l’aide d’une prime variable
calculée en fonction des résultats de l’exploi-
tation (rendement du réseau, qualité du
service rendu…), afin de l’inciter à optimiser
la gestion du service public.
La collectivité finance l’infrastructure et
assume toutes les charges liées à l’exploita-
tion du service. Le risque financier est donc
supporté par la collectivité. Le régisseur
encaisse les recettes du service au nom et
pour le compte du délégant.

3. La gestion déléguée à la communauté


La gestion déléguée à la communauté est un mode de gestion existant quasi-exclusive-
ment dans les pays en développement dans lesquels 2 fortes contraintes existent :
Les collectivités ont très peu de moyens humains, techniques et financiers. Il leur est
donc très compliqué de gérer directement un service public (régie directe) de manière
efficace. S’ajoute régulièrement aux contraintes déjà listées, des problèmes de com-
pétences.

INTRODUCTION AU METIER DE GESTIONNAIRE DE RESEAU D'EAU POTABLE 25


Les infrastructures à gérer sont souvent de tailles modestes en terme d’usagers et de
plus ces derniers ont une faible volonté et capacité à payer pour accéder à un service
de qualité. Il est donc difficile de déléguer la gestion à un prestataire qui pourra vivre
de son travail.
La gestion déléguée à la communauté est donc souvent mise en place « par défaut », faute
d’alternatives mais peut néanmoins s’avérer efficace sous certaines conditions et moyen-
nant un accompagnement et un suivi important de la collectivité.
C’est donc un système de gestion adapté aux petits ou moyens réseaux (moins de 2500
usagers environ) et ne demandant pas un investissement en temps trop important. Il néces-
site la structuration des usagers qui élisent leurs représentants qui formeront le Comité de
Points d’Eau (CPE). Ce CPE est généralement structuré en association (loi n°60/133) et doit
avoir un statut et un règlement intérieur.

Le Comité de Points d’Eau (CPE)


Le CPE regroupe l’ensemble des présidents de borne. Il y a autant de membres dans le CPE
que de présidents de bornes. C’est parmi ces derniers que sont élus les membres du bureau
qui a minimum est composé de :
Un président
Un secrétaire
Un trésorier et un commissaire aux
comptes
Le nombre des membres et les autres postes
sont décidés par la communauté en fonction
des tâches qu’elle leur confie. Les membres
du CPE peuvent être indemnisés pour le travail
réalisé. Suivant la fonction de chaque membre dans le CPE, le travail et donc le montant de
l’indemnité peuvent varier. Les attributions du CPE sont les suivantes :
Responsable de la gestion du réseau selon les modalités fixées avec la commune et
la communauté.
Engage le budget voté en assemblée générale et produit les pièces justifiant les
dépenses annoncées dans le livre de caisse.
Récolte les cotisations/paiements des usagers (via des fontainiers)
Contacte les réparateurs villageois pour l’entretien ou la réparation du réseau.
Informe la commune sur l’actualité de la gestion du réseau.
Sensibilise les usagers sur la bonne utilisation des infrastructures

26 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


Les fontainiers
Les fontainiers sont élus par les usagers et sont
responsables de la gestion du point d’eau.
Ils ont un contrat de prestations avec le CPE
pour assurer leurs missions. En cas de non-res-
pect de ces missions, le CPE peut mettre fin
au contrat des fontainiers. Ils peuvent recevoir
une indemnité pour le travail effectué.
Le fontainier a pour mission de :
Gérer le point d’eau selon les modalités
fixées avec la commune et le CPE et
figurant dans le règlement du service
Récolter les cotisations des usagers et les
reverse au CPE
Informer le CPE en cas de panne ou
dysfonctionnement sur le point d’eau
nécessitant l’intervention du réparateur
villageois
Sensibiliser les usagers sur la bonne utili-
sation des infrastructures.

Les réparateurs villageois


Une ou deux personnes du village peuvent
être désignées comme réparateurs villageois.
Elles effectuent des prestations de main-
tenance et réparations de l’infrastruc-
ture
Elles sont payées à la tache par le CPE
Le CPE doit s’approvisionner auprès d’un
réseau de fournisseurs afin de permettre aux
réparateurs d’avoir accès à des outils, pièces
matériaux de qualité.

Tous les acteurs de la gestion qui peuvent bénéficier d’indemnités (CPE, réparateurs, fontai-
niers…) sont généralement des bénévoles même si rien n’interdit de les salarier lors que les
conditions socio-économiques le permettent.

INTRODUCTION AU METIER DE GESTIONNAIRE DE RESEAU D'EAU POTABLE 27


Schéma organisationnel d’une délégation de gestion à la communauté

4. L’affermage
C’est un contrat administratif à durée déterminée par lequel une personne publique délègue
à un tiers (le fermier) la gestion d'un service public. Les ouvrages nécessaires à l'exploitation
ne sont pas construits par l'exploitant (le fermier), mais par la collectivité publique. Le fermier
se borne donc à gérer des ouvrages déjà construits. Un cahier des charges fixe les droits et
obligations respectifs du fermier et de la collectivité affermante.
Le fermier assure à ses risques et périls la gestion du service en se rémunérant sur les
paiements des usagers.
Le fermier a l’obligation de reverser à la collectivité délégante les taxes et redevances
qui permettent à cette dernière de couvrir les dépenses relatives au service de l’eau qui
demeurent à sa charge. Cette rémunération peut être d’une valeur fixe (location) ou
indexée sur les ventes d’eau (affermage). Dans ce dernier cas, la rémunération est parfois
appelée «Surtaxe » bien qu’elle n’ait aucun caractère fiscal.

28 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


Le fermier n’a théoriquement pas d’investissement à consentir dans l’infrastructure, il n’a
donc pas d’amortissement à réaliser (sauf petits matériels et équipements). Ainsi, pour un
affermage, la durée du contrat n’excède généralement pas 10 ans.
Avant de lancer la procédure de recrutement d’un fermier, la commune doit avoir une bonne
connaissance des potentialités économiques liées à la gestion de son réseau. Pour mesurer
le niveau de rentabilité, il est nécessaire d’estimer les charges liées à la gestion (charge
d’exploitation, de maintenance, d’amortissement, et les diverses taxes et redevances, en
incluant au calcul un bénéfice pour le gestionnaire). En ayant les consommations et leurs
évolutions anticipées, Cela permet de fixer un tarif de l’eau qui permet l’équilibre finan-
cier pour le gestionnaire. De plus, si la redevance que verse le fermier à la commune pour
l’exploitation du réseau est fixe (cas de la location), il faut évaluer les bénéfices potentiels
que retirera le fermier pour en fixer un montant de redevance « équitable » pour les deux
parties ainsi, il est opportun pour la commune de faire des études avec :
un volet technique permettant de dimensionner le réseau d’eau potable et d’anticiper
sur ses charges d’exploitation.
un volet socio-économique permettant de caractériser le profil de la population et ses
attentes en terme de niveau de la qualité de service. Ces aspirations mises en balance
avec la volonté et la capacité des ménages à payer pour accéder aux différents
types de services permettront d’anticiper sur la répartition des ménages sur les diffé-
rents types de services et donc d’avoir les consommations associées
un volet financier qui en reprenant les résultats des études précédents permettra d’an-
ticiper sur un tarif permettant l’équilibre de la gestion.
Avec ces études, qu’elle peut choisir d’intégrer dans le dossier de consultation pour le recru-
tement du fermier, la commune dispose d’un outil lui permettant d’équilibrer sa relation
avec le fermier lors des négociations. Une fois que les différentes parties sont d’accord sur
les termes du contrat, il peut alors être signé. Les signataires étant :
La commune en tant que maitre d’ouvrage
Le Ministère de l’Eau, de l’Assainissmement et de l’Hygiène (MEAH) en tant que maitre
d’ouvrage délégué
Et le fermier
Dans certains cas, il peut être proposé aux usagers de se structurer en association d’usagers
pour défendre leurs intérêts. Leur reconnaissance en tant qu’acteurs essentiels peut aller
jusqu’à la signature du contrat (plutôt un visa symbolique).

INTRODUCTION AU METIER DE GESTIONNAIRE DE RESEAU D'EAU POTABLE 29


5. La concession
La concession désigne le contrat dans lequel le co-contractant de la commune, appelé
«concessionnaire», prend en charge, outre la gestion du service public, la réalisation des
investissements nécessaires au service (ouvrages neufs et extensions), qu’il amortit sur
la durée d’exploitation prévue au contrat. Les risques financiers sont donc accrus pour
le concessionnaire par rapport à un contrat d’affermage. À l’image de l’affermage, le
concessionnaire est rémunéré par les usagers via le tarif.
Le contrat de concession est généralement un contrat à long terme dans la mesure où il faut
permettre à l’opérateur d’effectuer un retour sur ses investissements.
Le niveau de délégation étant encore plus
important que dans l’affermage, la commune
se doit de bien contrôler le concessionnaire
(comme c’est le cas également pour tous les
autres modes de gestion).
L’exemple le plus significatif à Madagascar de
ce type de contrat est celui qui lie la Jirama à
l’État malgache pour la gestion de l’eau et de
l’électricité sur les principaux centres urbains.

6. Synthèse 
Le choix du mode de gestion dépend des responsables politiques locaux (communes) mais
aussi nationaux dans la mesure où le MEAH est signataire des contrats en tant que maitre
d’ouvrage délégué. En réalité la marge de manœuvre sur le choix du mode de gestion est
faible. La régie directe est un mode de gestion fortement déconseillé par le MEAH et les
contraintes techniques et socio-économique déterminent souvent le choix de la conces-
sion, ou de la délégation de service public à un privé ou à une communauté.
Pour les réseaux d’eau potable de petites tailles par exemple, peu d’alternatives existent à
la gestion déléguée à la communauté. À l’inverse, la concession, en dehors du cas particu-
lier de la Jirama, est un mode de gestion difficile à développer eu égard aux investissements
généralement conséquents à mettre en œuvre qui sont amortis à long terme.
Dans le contexte malgache, la gestion déléguée à la communauté en milieu rural et l’affer-
mage en milieu urbain (hors du périmètre de concession de la Jirama) sont les modes de
gestion les plus développés.
Schéma sur les modes de gestion

30 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


2- DEVENIR UN GESTIONNAIRE ET
OBTENIR UNE INFRASTRUCTURE
EN GESTION
QUEL STATUT POUR LE GESTIONNAIRE ?
QUELLES OBLIGATIONS LÉGALES ?

La genèse d’une entreprise ou d’une société résulte de l’ambition et de la motivation de


son créateur à développer son activité, et ce pour différentes raisons (c’est ma formation,
J’ai du mal à trouver du travail, je veux être libre, j’en ai assez de travailler pour les autres,…)
Toutefois, la vie d’un chef d’entreprise n’est pas un long fleuve tranquille. Le fondateur est
confronté à plusieurs pressions :
L’accès aux marchés est soumis à une forte concurrence, déloyale dans certains cas
Il y a des obligations légales auxquelles il faut se conformer bon an mal an, et qui
conditionnent la participation aux mises en concurrences
Contrairement aux salariés, un chef d’entreprise n’a pas l’assurance d’avoir un salaire
mensuel et il doit de plus penser à s’acquitter coûte que coûte des mensualités de ses
employés

1. Les différents statuts envisageables


Les différents statuts d’entreprise
La création d’une société est régie par la loi 2003-036 portant sur les sociétés commerciales.
Il y a deux principaux critères complémentaires :
classification juridique
classification économique (les activités économiques)
Nous nous intéressons à la classification juridique et voici les types de statuts d’entreprises les
plus pratiqués à Madagascar :
l’entreprise individuelle
la Société à Responsabilité Limitée (SARL)
la Société à Responsabilité Limitée Unipersonnelle (SARLU)
la Société Anonyme (SA)
la Société Anonyme Unipersonnelle (SAU)
Entreprise Individuelle (Capital individuel)
C’est une entreprise en nom propre qui ne dispose pas de la personnalité morale : l'entre-
preneur et l'entreprise constituent une seule et même entité sur le plan juridique, même si, sur
le plan comptable et fiscal, les activités professionnelles de l'entrepreneur sont clairement
séparées de ses activités civiles (attention : bien séparer ses comptes bancaires personnels
de ses comptes courants professionnels).

32 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


Les sociétés commerciales
La Société à Responsabilité Limitée (SARL)
Capital social : Ar 10 000 000,00 au moins (Parts sociales)
Nombre d’associés : deux associés au moins
Structure : Associés et gérant. Les associés décident selon la loi de la plus forte voix (liée
au nombre de parts)
la Société à Responsabilité Limitée Unipersonnelle (SARLU)
Capital social : Ar 1 000 000,00 au moins (Parts sociales)
Nombre d’associés : un associé
Structure : Associé unique.
la Société Anonyme (SA)
Capital social : Ar 20 000 000,00 au moins (Action)
Nombre d’actionnaires : plusieurs actionnaires
Structure :Conseil d'Administration (AG)et la direction générale
la Société Anonyme Unipersonnelle (SAU)
Capital social : Ar 2 000 000,00 au moins (Action)
Nombre d’actionnaires : un actionnaire
Structure : Actionnaire unique.

Autres Informations sur l’entreprise


Raison sociale
Une société doit avoir une dénomination qui devra figurer dans tous les actes, factures et
autres documents quelconques émanants de la société, précédée ou suivie de la mention
SARL ou SARLU ou SA ou SAU et de l’énonciation du capital social.
Siège social
Une société doit fixer son siège social à une adresse précise.
Part sociale (ou action)
Les parts sociales ou actions doivent être souscrites en totalité par les associés et intégrale-
ment libérées, lorsqu'elles représentent des apports en nature ou en numéraire.
• Décret 2004-456 fixant l’application de la loi 2003-036 :
Les parts sociales ne peuvent pas représenter des apports en industrie1 (SARL et SARLU). La
valeur nominale des parts sociales est de vingt mille Ariary (Ar 20 000,00).
Les actions peuvent représenter des apports en industrie (SA et SAU). La valeur nominale de
l’action est de vingt mille Ariary (Ar 20 000,00).
Capital social
Le capital social est le total des apports énoncés des associés ou des actionnaires.

1. Il existe trois types d’apports : 1. Apports en numéraire, 2. Apports en nature (terrain, batiment…), 3. Apports en industrie (valeurs
immatérielles, des productions intellectuelles comme des logiciels ou procédés de fabrication)

DEVENIR UN GESTIONNAIRE ET OBTENIR UNE INFRASTRUCTURE EN GESTION 33


CAPITAL (Ariary)
TYPE nominale STRUCTURE OBS
minimale
(part)
Entreprise individuelle Facultative Libre Propriétaire gérant

Décision prise en
AG des associés
SARL 10 000 000 Chiffre d’affaires plus de
200 000 000 Ar, désignation
de Commissaire au compte

SARLU 1 000 000 Décision unipersonnelle

AG des associés, Conseil Décision prise en Conseil


SA 10 000 000
d’Administration d’administration

Administrateur
SAU 2 000 000
propriétaire

2. La formalisation de l’entité
Tout type de société prévu par la loi sur les sociétés commerciales peut être créé au
niveau de l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM) et/ou au niveau des
Centres Fiscaux (pour les Régions qui ne disposent pas de l’EDBM).
La création d’une entreprise, quel que soit son statut, peut se faire en 15 jours et coûte
environ 600 000 ariary y compris l’acompte sur l’impôt sur le revenu.
Nous mettons en annexe les documents nécessaires et le processus à suivre pour la forma-
lisation d’une entreprise.
Annexe 3. Démarches pour créer sa société à Madagascar

3. La fiscalité
Définition sur la fiscalité des entreprises et leurs rôles économiques
La fiscalité désigne l'ensemble des règles, lois et mesures qui régissent le domaine fiscal pour
l’économie d'un pays. Elle se résume aux pratiques utilisées par un État ou une collectivité
pour percevoir des impôts et autres prélèvements obligatoires.
La fiscalité joue un rôle déterminant dans l'économie d'un pays, car participe au finance-
ment des besoins de ce dernier et est à l'origine des dépenses publiques.
Selon la disposition portant la Loi de finances 2008, le régime d’imposition et le principe des
personnes imposables sont déterminés en fonction du Chiffre d’Affaires (CA) annuel hors
taxe réalisé par le contribuable (sans considération de son statut juridique).

Définition du chiffre d’affaires 


Le chiffre d'affaires est constitué par les ventes de marchandises et la production vendue de
biens et services évalués sur la base du prix de vente hors taxes. Il correspond au montant
des affaires réalisées avec les tiers dans l'exercice de l'activité professionnelle normale et

34 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


courante de l'entité.
Les principaux impôts (Textes et lois portant les obligations fiscales, les assiettes fiscales et le
taux et mode de calcul) :

IMPÔTS ASSIETTES TAUX


IMPÔT SUR LES REVENUS (IR) :
1. IR : 20% du bénéfice pour la
Impôt annuel sur les bénéfices
généralité des entreprises
et revenus des personnes
physiques ou morales. Revenus réalisés par les personnes
(Art. 01.01.01 du CGI et suivants) physiques ou morales non 2. Minimum de perception :
soumises à l’IRSA dont le chiffre
. 100 000 Ar + 0,5 % du CA HT :
d’affaires hors taxe est supérieur
Activités agricole, artisanale, minière
RÉGIME DU REEL : ou égal à Ar. 20 000 000,00
. 320 000 Ar + 0,5% CA HT : Autres
Ar 200 000 000 ≥ CA,
activités : hôtelière, tourisme,
RÉGIME DU REEL SIMPLIFIE :
industrielle ou de transport
Ar 20 000 000 ≤ CA <
. 0,1% CA HT pour les contribuables
Ar 200 000 000
vendant des carburants au détail.
l’acompte provisionnel
est bimestrielle : 1/6
Taux : 5% du CA
IMPÔT SYNTHETIQUE (IS) Personnes physiques ou morales et
Minimum de perception : Ar 16 000
entreprises individuelles exerçant
(art. 01.02.01 du CGI et suivants)
une activité indépendante et dont REPARTITION DE L’IS
RÉGIME DU REEL SIMPLIFIE :
leur chiffre d’affaires annuel, 60% pour la commune
CA < Ar 20 000 000 revenu brut ou gain estimé hors
35% pour la région
L’acompte provisionnel taxe est inférieur Ar 20 000 000
3% pour la CCI
est semestriel : 1/2
2% Autres (CGA,…)

Salaires, rémunérations, Salaire imposable> Ar 250 000 = 20% ;


IMPOT SUR LES REVENUS
indemnités diverses, avantages
SALARIAUX ET ASSIMILES (IRSA) ex : (300 000-250 000) x 20%
en nature (véhicule, loyer,
(art.01.03.02 du CGI et suivants) Minimum de perception : Ar 16 000
domestique, autres)
TAXE SUR LA VALEUR Toute personne ou organisme
AJOUTEE (TVA) dont le chiffre d’affaires 0% pour les opérations d’exportation
(Art.06.01.01 du CGI et suivants) annuel hors taxe est supérieur
20% taux de droit commun
ou égal à 200 000 000 Ar
. Assujettissement sur option :
personnes dont chiffre
d’affaires annuel hors taxe
inférieur à 200 000 000 Ar
avec comptabilité certifiée par
commissaire aux comptes 

DEVENIR UN GESTIONNAIRE ET OBTENIR UNE INFRASTRUCTURE EN GESTION 35


IMPÔTS ASSIETTES TAUX
IMPÔT FONCIER SUR Impôt sur la valeur Tarif exprimé en Ariary/
LES TERRAINS (IFT) estimative du terrain ha (1ère cat. À 5ème cat.)
Versé à 100% pour la
caisse de la commune 1% valeur vénale (6ème cat.)
(Art.10.01.01 du CGI et suivants)

IMPÔT FONCIER SUR LA Basé sur la valeur locative (fixée Taux voté par le Conseil de la Commune
PROPRIETE BATIE (IFPB) par la Commission d’évaluation) Taux maxima : 10% de la valeur déclarée
Versé à 100% pour la Taux minima : 05% de la valeur déclarée
caisse de la commune
Minimum de perception :
(Art.10.02.01 du CGI et suivants) Ar 2 000 / immeuble

- Immeubles : 6%
Droits assis sur l’enregistrement
DROITS D’ENREGISTREMENT de tous les actes entraînant le
- Bail à durée limitée : 1%(Civil)
transfert de biens proportionnels
et 2% (Commercial)
(Art. 02.01.01 du CGI et suivants)
à la valeur des biens - Cession de parts : 2%
- Actes de sociétés :
0,5% sur capital
- Véhicule : 5% de la
valeur déclarée
- Min. de perception : 10 000 Ar

Le calendrier fiscal
La déclaration d’impôt sur les revenus, une des principales déclarations fiscales à Madagas-
car, est à établir en même temps que les états financiers annuels de fin d’exercice.
Un  exercice comptable compte 12 mois.  Il peut coïncider avec l’année civile commen-
çant le 01/01/N et se terminant le 31/12/N. Il existe également un exercice comptable à
cheval du 01/07/N au 30/06/N+1.
Le dépôt de la déclaration doit s’effectuer au plus tard le 15ème jour du cinquième mois qui
suit la clôture de l’exercice social soit le 15 mai de l’année N+1 pour l’exercice comptable
clôturé au 31/12/N et le 15 novembre de l’année N+1 pour l’exercice comptable à cheval.
Pour les autres nous avons :
Acompte provisionnel sur IR
Régime du réel = bimestriellement: au plus tard au 15e jour de chaque bimestre
(1/6ème du montant dû)
Régime du réel simplifié = semestriellement: au plus tard au 15e jour de chaque semestre
(1/2 du montant dû)
Titulaire de marché public : lors de l’enregistrement du contrat (0,5% du montant du mar-
ché)

36 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


Impôt Synthétique
Préalable à l’exercice de l’activité : entreprise nouvellement constituée
Avant le 31 mars de l’année d’imposition: pour les redevables désirant poursuivre leurs
activités
Impôt sur les Revenus Salariaux et Assimilés (IRSA)
Versement mensuel : du 1er au 15 du mois suivant le paiement des salaires et assimilés
Versement trimestriel : du 1er au 15 du mois qui suit le trimestre 
Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA)
Déclaration mensuelle : du 1er au 15 du mois qui suit la période

DEVENIR UN GESTIONNAIRE ET OBTENIR UNE INFRASTRUCTURE EN GESTION 37


LES PROCÉDURES POUR LA DÉLÉGATION
D’UN SERVICE PUBLIC DE L’EAU POTABLE

Il a été vu précédemment les principaux textes de loi régissant le secteur de l’eau et de


l’assainissement. Pour développer les procédures de mise en place d’une délégation de
service public, nous nous appuierons sur les textes valables en 2017.
Une procédure de délégation de service public n’est pas une procédure de passation de
marché classique tel que défini dans le code des marchés publics. Les règles applicables
diffèrent. La délégation de service public pour le recrutement d’un gestionnaire délégué
est précisée dans le décret n°2003/193, portant fonctionnement et organisation du service
public de l’eau potable et de l’assainissement des eaux usées domestiques.

1. Principes généraux
La maitrise d’ouvrage pour la délégation d’un service public de l’eau potable est théori-
quement assurée par la commune (Art 5). Néanmoins cette maitrise d’ouvrage est condi-
tionnée à des critères de capacité que les communes doivent remplir (Art 26). La difficulté
actuelle est que parmi ces critères certains sont difficiles à remplir du fait par exemple que
la Société de Patrimoine ou l’organisme régulateur qui ont un rôle à jouer n’ont pas été
créés. Le Ministère peut donc agir en tant que maitre d’ouvrage délégué des communes
(Art 18). Dans la pratique, les communes ont la maitrise d’ouvrage de facto, mais intègrent
à chaque étape le Ministère jusqu’à la signature des contrats de délégation de gestion.
Le délégataire d’un service public de l’eau peut être une personne physique ou morale de
droit public ou privé (Art 43). La délégation de gestion peut se faire sur la base d’un contrat
de concession, d’affermage, de gérance ou toutes variantes de ces trois types de gestion
(Art. 47). Sauf dérogations (Art. 97 et 98), la régie directe est donc proscrite.
Exceptionnellement, il est possible de déléguer la gestion d’un système d’eau en gré à gré
(Art. 49) uniquement sous deux conditions :
À l’issue d’un appel d’offres infructueux après deux relances,
Lorsqu’un candidat déclare spontanément au Maître d’ouvrage son engagement
à créer, à ses frais, puis exploiter un système d’eau dans une commune qui en est
dépourvue et dans laquelle aucun système d’eau n’est projeté.
Les procédures d’attribution de gré à gré sont détaillées aux articles 63 à 66.
En dehors de ces deux cas, la procédure de délégation de service public doit respecter la
concurrence entre les candidats, l’égalité de traitement de chacun d’eux et le respect du
principe de transparence (Art 53).

38 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


2. La procédure de délégation de service public d’un sys-
tème d’eau potable
La procédure de recrutement du délégataire doit impérativement suivre un cheminement
précis tel que défini dans le décret cité précédemment. Cette procédure est valable pour
les contrats de concession ou les contrats d’affermage.

Dans la pratique, les services déconcentrés


du MEAH tolèrent que certaines étapes soient
raccourcies ou allégées. En effet, selon la loi, la
durée du processus peut être de 8 mois et demi
(255 jours). Pour les partenaires techniques et
financiers ainsi que pour le MEAH, il est parfois
difficile de suivre ce calendrier du fait d’autres
contraintes liées à la vie du projet. Il est toute-
fois important de bien être en relation avec la
Direction Régionale du Ministère pour valider
chaque étape et l’organisation générale du
processus.

Autorisation de la délégation de gestion par le Ministère (Art. 34 à


36)
Chaque commune devrait demander l’autorisation préalable à l’organisme régulateur de
déléguer la gestion de son système d’eau à un tiers. Dans les faits, la validation se fait par le
Ministère de l’eau via ses directions régionales. Un délai maximal de 90 jours est fixé par la
loi, mais généralement cette étape se fait rapidement.

La production du Dossier d’Appel d’Offres (Art. 54 et 55)


Le maitre d’ouvrage à savoir la commune est responsable de la production du Dossier
d’Appel d’Offres (DAO). Il comprend, obligatoirement, l’avis d’appel de candidatures, le
règlement de l’appel d’offres comprenant, notamment, les critères d’évaluation des offres,
le projet de contrat et de cahier des charges de la gestion déléguée et les informations
techniques, commerciales et financières, historiques ou prévisionnelles, caractérisant le
service à déléguer. Il existe des modèles disponibles au niveau du Ministère de l’Eau, de
l’Assainissement et de l’Hygiène.

La validation du DAO (Art. 55)


Le dossier d’appel d’offres est soumis à l’approbation de l’Organisme Régulateur (le Minis-
tère en attente de sa création) par le Maître d’Ouvrage. L’Organisme Régulateur dispose
d’un délai de quarante-cinq (45) jours, à compter de la date de réception du dossier, pour
informer le Maître d’Ouvrage de son avis. Passé ce délai, le dossier d’appel d’offres est
réputé approuvé par l’Organisme Régulateur.

DEVENIR UN GESTIONNAIRE ET OBTENIR UNE INFRASTRUCTURE EN GESTION 39


Appel à candidatures (Art. 56)
L’avis d’appel de candidatures est publié dans trois quotidiens et dans le Journal Officiel, au
moins trente jours avant la date fixée pour le dépôt des candidatures à compter de la date
de la dernière publication de l’avis.

Invitation à soumissionner (Art. 57)


Au vu des capacités techniques et financières des candidats et de leur aptitude à assurer la
qualité du service, le Maître d’ouvrage dresse la liste des candidats admis à présenter une
offre auxquels il adresse le dossier d’appel d’offres. Un procès-verbal rédigé par le Maître
d’Ouvrage mentionne les candidatures reçues, celles rejetées et les motifs de ce rejet.

Etudes et réponses des candidats (Art. 58)


Le délai de remise des offres doit être suffisant pour permettre à chaque candidat de réali-
ser les études et les investigations nécessaires pour établir sa proposition en toute connais-
sance de cause. Le délai, entre la date d’envoi du dossier d’appel d’offres aux candidats et
la date fixée pour la remise des offres, ne peut être inférieur à quarante-cinq (45) jours pour
les gérances et les affermages et de soixante (60) jours pour les concessions.
Dans les faits, il est très rare que des candidats fassent eux-mêmes des études poussées pour
valider les données présentées par la commune. En effet ce sont des études complexes
qui demandent du temps et une méthodologie éprouvée. Les soumissionnaires prennent
donc un risque et sont vulnérables à la fiabilité des études réalisées par la collectivité et ses
partenaires.

Sélection du délégataire et signature du contrat (Art. 59 à 62)


Les offres sont ouvertes, en séance publique, par le Maître d’ouvrage qui dresse sur-le-
champ un procès-verbal d’ouverture des offres.
Une commission ad hoc présidée par le Maître d’Ouvrage évalue les offres, selon les critères
prédéfinis et dresse un rapport d’évaluation des offres. Au terme de cette évaluation des
offres, le Maître d’Ouvrage engage des négociations avec le ou les candidats dont les
offres auront été jugées les plus intéressantes. Ces négociations ont pour objet la finalisation
du contrat et du cahier des charges de la Délégation. Elles ne doivent pas modifier substan-
tiellement les clauses du dossier d’appel d’offres.

Le contrat de Délégation de gestion, négocié


par le Maître d’Ouvrage avec le lauréat de
l’appel d’offres et les procès verbaux retra-
çant la procédure suivie pour la délégation de
gestion sont soumis à l’approbation de l’Orga-
nisme Régulateur. L’Organisme Régulateur
dispose d’un délai de quarante-cinq (45) jours
pour approuver la procédure et le contrat de
Délégation de gestion à compter de la date de
réception des pièces. Passé ce délai, la procé-
dure et le contrat sont réputés être approuvés
par l’Organisme Régulateur.

40 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


Synthèse sur la procédure de délégation de gestion
Le processus peut donc durer jusqu’à 55 jours maximum (soit 8,5 mois) avec au moins 75
jours incompressibles (2,5 mois). Les retours d’expériences dans la Région Haute Matsiatra
témoignent qu’une durée de 4 mois est généralement suffisante.
Etapes et durée théorique du processus

3. Les documents du dossier d’appels d’offres


Les éléments constitutifs du dossier d’appel d’offres (DAO) ont été cités précédement. Il est
néanmoins important de les détailler pour permettre une bonne compréhension et assimila-
tion. Le DAO doit comprendre à minima :
l’avis d’appel à candidatures,
le règlement de l’appel d’offres comprenant, notamment, les critères d’évaluation
des offres,
le projet de contrat et de cahier des charges de la gestion déléguée,
les informations techniques, commerciales et financières, historiques ou prévisionnelles,
caractérisant le service à déléguer.
Un modèle issu de la consultation passée sur la commune de Ranohira et pilotée par le
Ministère de l’Eau est annexé. Il reprend tous les documents d’une consultation.
Annexe 4. Documents sur la procédure de recrutement d’un fermier sur la commune de
Ranohira, MEAH, 2011

L’avis d’appel à candidatures


L’avis d’appel à candidatures est publié dans les médias nationaux et affiché localement.
A minima, il doit préciser :
L’objet de l’appel à candidature,
Le lieu de la délégation de gestion,
Les modalités de la procédure de recrutement,
Les dates et échéances de la procédure.
S’il est avéré que le réseau dont la gestion sera déléguée est d’une taille trop modeste pour
intéresser des fermiers oeuvrant sur le territoire national, les Directions Régionales du MEAH
peuvent autoriser que l’appel à candidatures ne se passe qu’au niveau Régional (médias
régionaux).
Les candidats sélectionnés à participer à la procédure d’appel d’offres peuvent alors
demander le dossier d’appel d’offres.

DEVENIR UN GESTIONNAIRE ET OBTENIR UNE INFRASTRUCTURE EN GESTION 41


Le règlement de l’appel d’offres
Il peut être intégré directement à l’avis d’appel à candidatures, mais généralement, son
contenu plus volumineux ne permet pas de l’intégrer dans les médias. Il est donc disponible
pour les candidats retenus à participer à la procédure. Il détaille les informations clés de la
passation de marché qui ont été mentionnées dans l’appel à candidature. Généralement,
nous pouvons retrouver :
Les conditions d’accès à l’appel d’offres,
Les échéances,
La procédure de sélection avec le contenu des offres à remettre et les modalités de
leur évaluation,
Pour le contenu des offres à remettre, généralement, il est fourni des canevas per-
mettant de cadrer les réponses des candidats. Il doit y avoir un formulaire technique
(expérience du candidat, compréhension du projet, motivation du candidat, stratégie
pour la gestion future du service, organisation du candidat…) et un formulaire financier
(tarif du service : raccordement et prix de l’eau, ainsi que le plan d’affaires. En dehors
de ces canevas, le candidat doit également avoir la possibilité d’exprimer ses vues sur
le projet de contrat et sur ses attentes vis-à-vis de la commune et de ses partenaires
techniques et financiers,
Une synthèse des études avant-projets qui présente le réseau objet de la délégation.
Ces points essentiels peuvent être complétés par d’autres informations.

Le projet de contrat et de cahier des charges de la gestion déléguée


Le dossier d’appel d’offres doit présenter le projet de contrat afin que les candidats puissent
mesurer les attentes et volontés de la commune. Le projet de contrat présente les droits et
les devoirs des parties tandis que le cahier des charges présente les modalités techniques
attendues sur la gestion du réseau et du service.
Le décret n°2003/193, portant fonctionnement et organisation du service public de l’eau
potable et de l’assainissement des eaux usées domestiques présente les éléments à retrou-
ver obligatoirement dans un contrat de délégation de gestion. Ainsi, il doit être précisé :
Les clauses de la délégation de gestion et notamment son objet, sa durée et son aire
géographique sont fixées dans le contrat de délégation de gestion auquel est annexé
un cahier des charges (Art. 69)
Le contrat de délégation de gestion et le cahier des charges précisent, notamment
(Art. 70) :
Les conditions de mise à disposition des terrains nécessaires à l’exploitation et/ou à
l'implantation des systèmes d’eau.
Les droits et obligations du gestionnaire délégué, y compris les obligations de service
public qui lui incombent.
Les conditions tarifaires.
Les conditions générales d'exploitation et d'entretien des systèmes d’eau.
Les travaux dont l’exécution est attribuée, à titre exclusif, au gestionnaire délégué.
Les conditions de mise à disposition du gestionnaire délégué, par le Maître d’ou-
vrage, au début de la délégation et de remise par le gestionnaire délégué, au
Maître d’ouvrage, à la fin de la délégation de gestion, des biens du système d’eau.

42 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


Les modalités d'application des sanctions en cas d’inobservation des termes du
contrat de délégation de gestion par le gestionnaire délégué.
Les conditions de résiliation du contrat de délégation de gestion ou de déchéance
du gestionnaire délégué.
La procédure de règlement des litiges.
Les modalités d’information du Maître d’ouvrage, par le gestionnaire délégué, sur les
conditions techniques et financières d’exécution du service.
Un règlement sur les abonnements applicable aux abonnés auquel est annexé un
modèle de contrat d’abonnement à conclure entre chaque abonné et le gestion-
naire délégué.
Les dispositions particulières relatives à la construction ou à l’extension des systèmes
d’eau, au renouvellement des ouvrages, au financement des ouvrages à construire
ou à renouveler par le gestionnaire délégué et à leurs conditions de reprise, par le
Maître d’ouvrage, à la fin du contrat de délégation de gestion (Art 71).
Les modalités de renouvellement du contrat (Art. 71 à 74)
Le modèle de contrat imposé par le MEAH est annexé ainsi que le cahier des charges
l’accompagnant.
Annexe 5. Modèle de contrat d’affermage, MEAH, 2016
Annexe 6. Modèle de cahier des charges sur un contrat d’affermage, MEAH, 2016

Les informations techniques, commerciales et financières, histo-


riques ou prévisionnelles, caractérisant le service à déléguer
Avant de soumettre une réponse, les candidats ont besoin d’identifier les potentialités
du réseau en délégation. Les études amonts sont donc indispensables pour que chaque
candidat puisse se positionner. Ces études concernent les aspects techniques, socio-éco-
nomiques (commerciaux) et financiers.
Les études techniques
La réalisation d’un projet d’adduction d’eau potable est conditionnée à sa faisabilité
technique. Un Avant-Projet Sommaire (APS) est d’abord produit afin d’identifier les diffé-
rentes options techniques possibles (ressources en eau, villages à desservir, technique d’ali-
mentation en eau, architecture de réseau…). Une fois la faisabilité du projet avérée et les
choix techniques arrêtés, il est alors possible de produire un Avant-Projet Détaillé (APD) qui
intègre :
La présentation de la commune (situation géographique, caractéristiques physiques,
démographie, situation du secteur E&A)
Une synthèse de l’APS
Les principes de conception et de dimensionnement des ouvrages
Les bénéficiaires du réseau et les besoins en eau
Les ressources en eau
La description des ouvrages du réseau et leur localisation
Le coût du projet et le bordereau détail estimatif
Les recommandations pour la réalisation des travaux
Les délais d’exécution

DEVENIR UN GESTIONNAIRE ET OBTENIR UNE INFRASTRUCTURE EN GESTION 43


Les calculs hydrauliques
Les profils en long
Les spécifications techniques
Les plans des ouvrages
Les études techniques permettent aux candidats de bien comprendre le fonctionnement
et les caractéristiques du système en délégation. Il peut alors anticiper sur les moyens
techniques, humains et financiers qu’il aura besoin de mobiliser afin de faire fonctionner le
système.
Les études socio-économiques 
Les études socio-économiques ont une importance capitale, car elles permettent de
mesurer le potentiel économique et commercial du réseau en délégation. Les informations
suivantes sont généralement présentes dans les études socio-économiques :
Le profil sociologique des ménages
Le profil socio-économique
Les habitudes et pratiques des ménages sur l’accès à l’eau
Les pratiques des ménages en terme d’assainissement et d’hygiène
La volonté et la capacité des ménages à accéder aux différents types de service
proposés
Une analyse sur les gros consommateurs
Toutes ces informations permettent aux techniciens d’anticiper sur une répartition des
ménages sur les différents services, d’évaluer les marges de manœuvre tarifaires et enfin de
pressentir les volumes d’eau qui seront consommés.
La qualité de ces études est primordiale, mais elles sont pourtant très difficiles à réaliser car
elles doivent anticiper les comportements des usagers. Les déterminismes des choix humains
sont complexes à identifier et donc l’analyse prédictive est toujours complexe. Des études
de ce type sont annexées à ce document pour exemple.
Annexe 7. Avant-Projet Sommaire volet socio-économique, Commune de Iarintsena, Eau-
rizon, 2017
Les études financières
Les études financières sont réalisées en dernier, car elles intègrent les éléments et conclu-
sions des études techniques et socio-économiques. Les études financières sont une projec-
tion sur :
Les recettes anticipées (niveau de consommation, répartition des ménages par type
de service et politique tarifaire)
Les charges prévues (charges d’exploitation, charges d’amortissement, impôts, taxes
et redevances
Ces projections permettent de produire un plan d’affaire sur la durée prévue du contrat. Des
indicateurs financiers peuvent également être calculés afin d’illustrer la rentabilité anticipée
sur le contrat (Valeur Actualisée Nette, Taux de Rentabilité Interne). Des études de ce type
sont annexées à ce document pour exemple.
Annexe 8. Avant-Projet Sommaire volet financier, Commune de Iarintsena, Eaurizon, 2017

44 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


CONSTITUER SON DOSSIER DE
SOUMISSIONNEMENT

La constitution du dossier dépend pour beaucoup des canevas proposés par le maitre
d’ouvrage. Néanmoins, comme nous l’avons vu précédemment, il existe des constantes
dans les dossiers d’appel d’offres et dans les attentes des maitres d’ouvrages via à vis des
candidats.

1. Les éléments techniques


Dans les dossiers techniques, le candidat devra convaincre de sa capacité technique à
exploiter efficacement le réseau sur la durée. Pour ce faire, il est important pour le candidat
de développer les points suivants :
Son expérience. Une des premières garanties pour le maitre d’ouvrage est de savoir
que le candidat a de l’expérience dans le domaine. Les expériences les plus valori-
sables sont évidemment celles similaires à l’objet du marché. Les gestionnaires ayant
des contrats en cours en tant que fermier marqueront forcément des points par rap-
port à leurs concurrents n’en ayant pas. Dans la mesure où le maitre d’ouvrage peut
également se renseigner auprès des communes sur lesquelles le candidat exerce, la
réputation aura également son importance. Les expériences sur la gestion d’autres
services publics ou privés sont également valorisables. Pour tous les autres candidats
qui n’ont pas particulièrement d’expérience dans la gestion d’un service, il faudra
alors insister sur les points forts de sa candidature. Une entreprise réalisant habituelle-
ment des marchés de travaux pourra par exemple insister sur sa capacité à réaliser des
travaux, à entretenir le réseau par le biais d’équipes techniques habituées à réaliser
des chantiers. Les entreprises ont également du matériel et des capacités financières
à faire valoir. Des individus exerçant dans le commerce en tant qu’épicier peuvent
quant à eux insister sur leurs capacités commerciales… Quel que soit le profil du can-
didat, il doit tout faire pour valoriser son expérience même modeste afin de rassurer les
responsables communaux.
Sa motivation. C’est un aspect essentiel du métier. L’expérience et les capacités d’un
candidat sont importantes, mais sans une réelle volonté à exercer le rôle de fermier
sur la commune qui met son réseau en délégation, cela peut ne pas suffire. Les res-
ponsables communaux veulent avant tout avoir un gestionnaire prêt à s’investir dans
la gestion de leur réseau. Les fermiers ayant déjà un nombre conséquent de réseaux
en gestion peuvent par exemple devenir difficilement disponibles. Le personnel local
n’ayant pas de pouvoirs élargis cela peut bloquer certaines situations. La motivation
du candidat doit clairement apparaitre dans le dossier, les mots doivent être pesés et
choisis avec soin et l’argumentaire bien huilé. À l’image d’un entretien d’embauche,
où la lettre de motivation est essentielle, le candidat doit convaincre et se démarquer
des autres concurrents.

DEVENIR UN GESTIONNAIRE ET OBTENIR UNE INFRASTRUCTURE EN GESTION 45


Sa stratégie. Dernier point essentiel, la stratégie développée par le candidat permet
aux responsables communaux de se faire une opinion de la façon dont le service sera
géré si le candidat l’emporte. Cela permet déjà de mesurer le degré de compréhen-
sion de la mission qui lui sera confiée. Une stratégie floue ou développant des aspects
non essentiels ou n’ayant pas de lien avec les missions attendues sera révélatrice
d’une réponse par opportunité plus que d’une réponse par conviction. Là encore, le
candidat se doit d’être précis et d’expliquer clairement comment il envisage son rôle
et ses actions dans la gestion du service. Un candidat indiquant qu’il a bien compris la
mission qui lui sera confiée et qui développe une stratégie pertinente pour développer
le service sera plus à même de convaincre le maitre d’ouvrage.
Il n’est pas toujours simple de savoir convaincre des responsables communaux, qui plus est
quand le métier est encore un peu inconnu au candidat, mais il est très important de monter
un dossier solide pour avoir une chance de l’emporter. Pour ce faire, il faut comprendre
les problématiques du métier en se formant (sur internet, en échangeant avec d’autres
fermiers…). Il existe un modèle de formulaire technique à remplir lors d’une consultation en
annexe (cf annexe sur la consultation de Ranohira).

2. Les éléments financiers


Les éléments financiers sont aussi importants aux yeux des responsables communaux. En
effet, le prix proposé pour le service par le candidat et les moyens ayant permis au candidat
de fixer ce prix sont étudier attentivement. Tout découle du plan d’affaires que le gestion-
naire proposera, c’est un élément essentiel d’une consultation pour le recrutement d’un
fermier.

Les données du plan d’affaires


Le plan d’affaires permet au candidat de lister ses charges et donc de fixer un tarif du service
qui équilibrera ses comptes. Le plan d’affaires est décomposé en différentes rubriques sur
lesquelles nous allons nous arrêter.
Les données qui sont présentées dans le plan d’affaires pris pour exemple sont purement
fictives mais sont réalistes par rapport aux cas observés à Madagascar.
Un canevas de plan d’affaires est fourni en annexe de ce document et il est utilisé ci-après
comme support pour illustrer les explications.
Annexe 9. Canevas de plan d’affaires sur un contrat d’affermage, Eaurizon, 2017
Les données sur les usagers attendus sur le service et les évolutions dans le temps.
Dans la pratique, faute de temps, de moyens et parfois de compétences, les candidats
ne refont pas les études socio-économiques faites par la commune et ses prestataires ou
partenaires lors des études avant-projet. Sur le nombre d’usagers et leur répartition sur les
différents services, les candidats reprennent donc les études amonts disponibles. Les candi-
dats peuvent alors jouer sur les évolutions anticipées (entouré de rouge ci-après) et sur le
taux d’utilisation du service.

46 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


BP : Branchement Privé
BPar : Branchement Partagé
PEP : Point d’Eau Public
L’investissement et l’amortissement.
Du côté de la commune et de ses partenaires financiers, il est possible d’indiquer le montant
des travaux à réaliser et dans certains cas, lorsque l’équilibre sur la gestion du service
s’annonce délicat, un fonds de démarrage peut être proposé au gestionnaire (outillage,
matériels divers, ou stock d’accessoires pour réaliser les premiers branchements privés).
En ce qui concerne l’investissement du gestionnaire, il est parfois demandé à ce qu’il parti-
cipe à l’investissement initial lors de la construction du réseau (ce n’est pas le cas dans
l’exemple ci-dessous).
Le gestionnaire aura des frais à comptabiliser sur sa participation à la maitrise d’œuvre
notamment des frais de transport lors des différentes réceptions (technique et provisoire). Il
aura également des dépenses liées à son installation qui constitueront des biens propres et
qu’il devra amortir chaque année.
L’amortissement est la constatation comptable et annuelle de la perte de valeur des actifs
d'une entreprise subie du fait de l'usure, du temps ou de l'obsolescence. L'amortissement
permet d'étaler le coût d'une immobilisation sur sa durée d'utilisation.
Investissement de la commune et ses PTF
Montant de l'investissement initial (réseau) 250 000 000 Ar
Fonds de démarrage pour le gestionnaire 5 000 000 Ar

Investissement du gestionnaire
Participation à la réalisation du réseau - Ar
Soit en % 0%
Dépense maitrise d'œuvre (gestionnaire) 300 000 Ar
Investissement initial du gestionnaire 4 050 000 Ar
Provision annuel pour amortissement 266 667
Il est présenté pour exemple le détail de ce que peut être l’investissement initial du gestion-
naire. Attention, les équipements à acheter par le gestionnaire dépendent pour beaucoup
des caractéristiques du réseau en délégation.

DEVENIR UN GESTIONNAIRE ET OBTENIR UNE INFRASTRUCTURE EN GESTION 47


Détail investissement du gestionnaire 

Amortissement
Poste Montant Durée de vie
annuel

Mobilier 600 000 +15 ans -

Informatique 1 000 000 5 ans 200 000

Transport 400 000 10 ans 40 000

Installation électrique 300 000 +15 ans -

Matériel de plomberie 1 000 000 +15 ans -

Téléphonie / Communication 100 000 5 ans 20 000

Petit matériel 50 000 3 ans 16 667

Seuls les matériels dont la durée de vie est inférieure à 15 sont amortis  

Les charges d’exploitation.


Les charges d’exploitation intègrent tous les frais nécessaires à la bonne réalisation des
activités du gestionnaire. Les principales charges d’exploitation sont généralement les
matières premières, matériels, et matériaux nécessaires à la maintenance du réseau et les
consommations externes (besoin en énergie, loyers, transports, fournitures…). Les ressources
humaines sont également dans cette rubrique et représentent le premier poste de dépense.
Enfin les impôts et taxes (hors impôts sur les bénéfices) sont aussi des charges d’exploitation.
Les réparations et maintenances étant liées à la nature du réseau sont calculées à partir
d’un pourcentage de l’investissement initial avec une augmentation régulière du fait de la
vétusté progressive du réseau. Sur les postes suivants, il est possible que sur certains réseaux
certaines charges ne soient pas présentes (chlore par exemple).
Les charges de ressources humaines sont généralement les plus importantes.

48 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU


Pour les fontainiers, le gestionnaire a le choix de lui fournir une indemnité fixe, une indemnité
variable (intéressement aux volumes vendus) ou un mixte des deux. Dans le cas présent,
c’est cette dernière option qui a été retenue. En fonction de la stratégie retenue, cela peut
avoir une incidence sur le tarif pratiqué au Point d’Eau Public (PEP). Avec un intéressement
aux volumes, c’est directement les usagers des PEP qui paient le fontainier donc le tarif aura
tendance à être plus élevé que si l’indemnité du fontainier était fixe et imputée aux charges
générales de fonctionnement (et donc payée par tous les usagers).

Chaque année, il faut prévoir une augmentation des charges, liée à l’inflation particulière-
ment présente dans un pays comme Madagascar.
Impôt sur les bénéfices
Il a déjà été mentionné que l’impôt sur les bénéfices concernait les entreprises ayant un
chiffre d’affaires annuel supérieur à 20 000 000 Ar. Sous ce seuil, ce sera plutôt l’impôt synthé-
tique que le gestionnaire devra s’acquitter. Dans les faits, il devient rapidement plus avanta-
geux de payer l’impôt sur les bénéfices que l’impôt synthétique. Dans le canevas de plan
d’affaires, c’est l’impôt sur les bénéfices qui est retenu. Il est aujourd’hui de 20% à Madagas-
car.
La politique tarifaire
Suivant les réseaux, il est possible d’avoir 2 ou plusieurs tarifs différents. Il peut également
y avoir uniquement une part variable ou inversement avoir une association de part fixe
(abonnement ) et de part variable (consommation). Dans le plan d’affaire type fourni, le
tarif n’a qu’une part variable dépendant de la consommation seule. Il existe 5 types de
familles de consommateurs. Une augmentation annuelle des tarifs est programmée de
manière automatique sauf pour les Points d’Eau Publics (PEP) où pour des raisons pratiques
le tarif n’évolue pas tous les ans. En effet, les usagés peuvent payer au seau leur consom-
mation et il faut donc des chiffres ronds (multiple de 5) pour payer aisément le fontainier.
Dans ce cas donc, l’augmentation des tarifs se fait par palier (équivalent 15 ar le seau de
20 litres puis 20 ar…) De manière générale, l’augmentation annuelle des tarifs n’est pas une
obligation et peut etre remplacée par des augmentations ponctuelles.

DEVENIR UN GESTIONNAIRE ET OBTENIR UNE INFRASTRUCTURE EN GESTION 49


Les résultats du plan d’affaires
Les données saisies sur les charges et les recettes anticipées permettent de sortir un plan
d’affaires dont les résultats sont à analyser pour mesurer l’intérêt pour le gestionnaire de
répondre à la consultation. Si, aux tarifs proposés dans les études amonts et en fonction des
charges que le gestionnaire anticipe, il n’arrive pas à avoir des résultats financiers satisfais-
ants alors soit il proposera d’autres tarifs soit il choisira de ne pas répondre à la consultation.
De manière simple, les premiers indicateurs à observer sont les flux de trésorerie (annuels
et cumulés). Pour mieux faire parler ces flux de trésorerie, nous allons leur mettre un taux
d’actualisation qui est par définition «le coût d'opportunité du capital investi, c'est-à-dire
le rendement qu'il serait possible d'obtenir en investissant ailleurs le même capital1». Ainsi,
le taux d'actualisation d'un projet est un taux minimal de rentabilité en dessous duquel un
investisseur estimera qu'il n'a pas d'intérêt à investir. Ce taux détermine donc l’intérêt ou non
de l’investissement. Généralement, le taux retenu est de 10%.
Cela se traduit dans le plan d’affaires par les flux de trésorerie actualisés qui donneront
à l’horizon du projet la Valeur Actuelle Nette du projet (VAN). Si la VAN est positive alors
l’investisseur aura intérêt à investir. La VAN est donc ce qui permet de choisir entre différents
projets, celui dans lequel il est le plus intéressant d’investir.
Un deuxième indicateur permet de mesurer la rentabilité d’un projet. Il s’agit du Taux de
Rentabilité Interne (TRI). Le TRI d’un investissement est le taux d’actualisation pour lequel la
valeur actuelle nette de l’investissement est nulle. Il faut simplement retenir que le TRI est un
indicateur de l’attractivité d’un investissement : si le TRI est supérieur au taux d’actualisation
du capital (taux bancaire), alors le projet doit être rentable. Généralement, il est admis que
le TRI d’un projet doit être minimum de 20%.
Pour conclure sur le sujet, le VAN est un indicateur financier plus pertinent et plus simple à
exploiter que le TRI pour déterminer l’intérêt d’un investissement.

1JOLY,X., : La décision d'investir, les éditions d'organisation, Paris,1988,p.61


50 DEVENIR GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU
Dans le tableau ci-dessus, il est également mentionné le coût d’une facture moyenne par
branchement afin de valider la crédibilité des tarifs proposés.
Le nombre de compteurs nécessaire au projet est également mentionné dans l’hypothèse
où ils seront subventionnés par la commune et ses partenaires ou par le gestionnaire. Dans
ce dernier cas, il faut alors les comptabiliser comme des investissements et les amortir sur la
durée du contrat. Il est possible aussi que ce soit aux usagers de les payer directement lors
de leur raccordement.
A noter que le canevas proposé dont sont ici extraites les données est prévu pour un contrat
de 15 ans. Néanmoins dans la plupart des cas et sauf investissements financiers conséquents
du fermier, les contrats d’affermage sont d’une durée plus courte, généralement inférieur
à 10 ans.

Le raccordement
Dans certains cas, il est demandé également de proposer un devis pour un raccordement
type. Cela permet à la commune de mesurer la compétence technique du candidat
(logique du plan de raccordement et des accessoires choisis), mais également de voir s’il ne
compte pas tirer un bénéfice exagéré sur le raccordement ce qui pourrait limiter le dévelop-
pement du service et donc remettre en cause sa pérennité. Sur le plan du raccordement,
il n’existe pas de modèle unique, l’important pour le candidat est de présenter quelque
chose de cohérent, de sécurisant et avec des coûts raisonnables. Il est même possible voir
conseillé d’argumenter sur les choix opérés (je propose une chambre de compteurs en
béton armé pour telles raisons ou inversement un regard en brique pour telles raisons…)
Un plan type de raccordement est présenté plus loin dans ce document.

3. Les éléments sources de négociation


En dernier lieu, dans les documents de passation de marché il peut y avoir un espace
dédié aux commentaires que pourraient avoir les candidats sur la procédure. Ils peuvent
mentionner toutes choses leur paraissant utiles et pouvant apporter du crédit à leur candi-
dature. Cependant, il est surtout attendu de leur part qu’ils formulent des commentaires
ou des remarques sur des éléments du futur partenariat et donc du contrat. Si des choses
ne leur conviennent pas dans le projet de contrat qui est présent dans les documents de la
procédure, les candidats sont invités à les mentionner. Cela permettra à la commune de
comprendre que les points soulevés feront l’objet de négociation. Au-delà du contrat, ce
sont tous les éléments que les candidats souhaitent discuter avec la commune ou le MEAH
qui sont évoqués (architecture du réseau, participation à l’investissement initial, fonds de
démarrage…) Avec ce formulaire, la commune doit comprendre les conditions fermes ou
à négocier exprimées par les candidats. Théoriquement, seuls les éléments exposés dans
ce formulaire pourront être discutés par les candidats. La commune, elle, pourra ouvrir des
discussions sur tous les éléments présents dans le dossier des candidats.

DEVENIR UN GESTIONNAIRE ET OBTENIR UNE INFRASTRUCTURE EN GESTION 51


PARTIE II

EXPLOITER UN RÉSEAU
D’EAU POTABLE
3- LES ASPECTS TECHNIQUES
LES DIFFÉRENTES CONFIGURATIONS
TECHNIQUES GÉNÉRALES

Un système d'approvisionnement en eau potable (AEP) est l'ensemble des installations et


des infrastructures destinées à fournir de l’eau potable sur une aire géographique donnée :
installations de captage, de prélèvement et de traitement assimilées à la production de
l’eau ; installations de transport et de stockage; infrastructures de distribution et de branche-
ment pour l’eau potable (Art 37 du Code de l’Eau).
Le commanditaire du système d’AEP, généralement le maître d’ouvrage, effectue des
choix techniques généraux qu’il consigne dans les termes de référence de l’appel d’offres.
Ces choix dépendent du contexte physique (ressources en eau disponible, relief, configura-
tion de l’habitat…) et du contexte économique (capacité à recouvrir les coûts auprès des
usagers).

1. L’Adduction d’Eau Potable Gravitaire (AEPG) et par


pompage (AEPP)

© Métropole de Lyon / Région Haute Matsiatra)

Le réseau est dit gravitaire lorsqu’aucun pompage n’est nécessaire à son fonctionnement :
l’eau est captée et amenée aux usagers par la seule force de la gravité. Un réseau AEPG est
constitué par divers éléments : le captage de la source d’eau de haute altitude avec une
conduite d’amenée d’eau brute, une unité de traitement, une conduite d’amenée d’eau

54 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


traitée, un réservoir de stockage ou château d’eau et un réseau de distribution jusqu’aux
points d’eau (borne fontaine ou branchement privé ou autres).

Le système d’AEP sera par pompage lorsque l’eau provient d’une ressource qui ne peut
être captée que par pompage. Ces systèmes nécressitent donc de disposer d’une source
d’énergie.

Un réseau AEPP est constitué par les éléments suivants : la pompe d’eau brute, la source
d’énergie (groupe électrogène, solaire, ou en réseau), la conduite d’amenée d’eau brute,
une unité de traitement, éventuellement une pompe d’eau traitée, une conduite d’ame-
née d’eau traitée, un réservoir de stockage ou château d’eau et un réseau de distribution
jusqu’aux points d’eau (Borne Fontaine ou branchement privé ou autres).

source : "La restauration des cours d’eau" recueil d’expériences sur l’hydromorphologie. ONEMA, Agence de l’Eau

En termes de gestion, les AEPP requièrent des attentions particulières liées notamment à
la source d’énergie, à l’entretien des systèmes de pompage et à la gestion financière (le
pompage induisant un surcoût important dans l’exploitation du système d’AEP), que le
présent document n’abordera pas.

LES ASPECTS TECHNIQUES 55


2. Réseau ramifié et réseau maillé
Réseau ramifié
C’est un réseau constitué de ramifications successives à partir d’une conduite principale
qui se divise en plusieurs conduites secondaires. Dans un tel réseau, l’écoulement s’effectue
toujours dans le même sens : du réservoir vers les extrémités, ce qui constitue son principal
avantage par sa simplification et une meilleure maîtrise de l’exploitation et du fonctionne-
ment.
Ce réseau n’offre cependant ni sécurité d’alimentation (en cas de rupture de conduite en
amont) ni flexibilité (en cas de travaux d’entretien).

Réseau maillé
Ce type de réseau comporte des boucles ou mailles et des points auxquels aboutissent
plusieurs conduites. Son avantage est relatif à la sécurisation du réseau par l’alimentation
d’un tronçon au moins par deux conduites, ainsi qu’à l’augmentation des capacités de
transfert du réseau (à débit égal, les pertes de charge diminuent).
Le principal inconvénient est dans la complexité du réseau qui est plus difficile à dimen-
sionner (nécessité d’utiliser des logiciels dédiés comme Epanet ou Porteau) ainsi que dans
la difficulté à bien comprendre le fonctionnement du réseau et d’identifier les tronçons à
problème.
Dans le cas d’un réseau AEP à petite échelle n’alimentant que des bornes-fontaines, un
réseau ramifié plus simple est préférable à un réseau maillé. En cas de développement de
branchements privés, il est préconisé la réalisation de réseaux maillés.

Pour isoler les différentes branches du réseau, des vannes d’arrêt peuvent être installées.
Cela permet d’éviter une coupure totale de tous le réseau en cas de réparation ou entre-
tien dans une partie du réseau où il y a des fuites ou des pannes éventuelles. Ces vannes
sont installées à chaque jonction des mailles pour un réseau maillé et à chaque branche-
ment à la conduite principale pour un réseau ramifié.

56 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


PRINCIPES HYDRAULIQUES DE BASE SUR
UN RÉSEAU D’EAU POTABLE GRAVITAIRE

Si un liquide s’écoule au contact de l’atmosphère, on dit qu’il y a écoulement à surface


libre. La surface libre est l’interface entre l’air et l’eau. La pression y est égale le plus souvent
à la pression atmosphérique. Les écoulements dans les canaux naturels (rivière) et artificiels
(irrigation, assainissement) sont donc des écoulements à surface libre.
Si l’écoulement s’opère dans une canalisation sur toute la section et à des pressions
supérieures à la pression atmosphérique, on dit qu’il y a écoulement en charge. C’est le
cas notamment des réseaux d’eau potable (l’eau remplit complètement la conduite de la
canalisation).

1. Les débits
Débit volumique d’une source ou d’une rivière
On désigne par « débit » la quantité ou le volume d’un fluide qui passe en un endroit par
unité de temps. Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour la mesure de débit, mais la
plus utilisée pour notre cas, est le jaugeage volumétrique. Cette technique simple consiste
à mesurer le temps nécessaire t, pour remplir un récipient de volume connu V. On obtient le
débit Q par la relation Q = V/t. Cette méthode est surtout utilisée pour jauger des sources ou
de très petits cours d’eau (débits de l’ordre de quelques litres par seconde au maximum).
Le récipient est préalablement étalonné. La seule condition est de pouvoir faire rentrer l'eau
dans le récipient. Ce qui nécessite, soit une chute naturelle, soit de pouvoir aménager cette
chute par un bout de tuyau par exemple. Pour obtenir une bonne précision, la durée de
remplissage doit être comprise entre 30 et 60 secondes.

LES ASPECTS TECHNIQUES 57


Il est recommandé d’effectuer plusieurs mesures et de retenir la moyenne.
Les sources sont sensibles à toute variation du niveau de la nappe. Il est donc important de
mesurer le débit d’une source à la période la plus critique qu’est l’étiage, généralement
durant les mois d’octobre à décembre.
Pour le débit d’une rivière ou d’une canalisation à surface libre, on peut procéder par la
méthode de jaugeage au flotteur. Il s'agit dans cette méthode de mesurer uniquement des
vitesses de surface. Les flotteurs peuvent être soit artificiels (bouchon plastique) soit naturels
(arbres, grosses branches, etc.). Le déplacement horizontal d’un flotteur de surface durant
un temps t permet de déterminer la vitesse v de l’écoulement de surface. Le débit s’obtient
par la relation Q = v.S où S est la section de la canalisation.

Débit moyen journalier et débit de pointe


Dans l’estimation de la consommation en eau d’un village, le débit moyen journalier est la
demande en eau journalière de la population, elle se calcule en multipliant le nombre total
des habitants par une dotation en eau donnée. Le débit de pointe correspond à la valeur
de la demande en eau multipliée par un coefficient de consommation de pointe.

2. Les pressions
Pour une AEPG, la prise d’eau se trouve à une altitude sensiblement supérieure aux habita-
tions permettant ainsi de profiter de la charge disponible pour mettre en place un réseau
entièrement gravitaire sans pompage. Avant de commencer l’étude détaillée d’un tel
réseau, il faut donc faire une étude préliminaire de faisabilité dont l’objectif est d’estimer si
le dénivelé entre les différents éléments du réseau est suffisant pour permettre l’écoulement
gravitaire de l’eau. Une estimation rapide peut être réalisée par un opérateur muni d’un
GPS pour relever l’altitude des points caractéristiques du tracé. Ces relevés serviront ensuite
à déterminer les pressions « statiques » et « dynamiques » dans les canalisations en tout point
du réseau.

La pression statique

Source : Manuel ACF, Eau, Assainissement, hygiène pour les populations à risque

Pour permettre une distribution gravitaire, la pente entre le point haut du réseau (réservoir
ou captage de source) et le point le plus éloigné de la distribution doit être supérieure à 1 %.
Si on trace une ligne de pente de 1% à partir du point haut, aucune partie du réseau ne doit
être située au-dessus de cette ligne.

58 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


Si ces deux conditions sont remplies, il est à priori techniquement possible de construire une
distribution gravitaire. Une étude détaillée doit néanmoins le confirmer.
A contrario, si, à certains endroits, la pression est trop forte, plus de 100 m de colonne d’eau
(ou 10 bar), il faudra soit utiliser une classe de tuyaux capable de résister à cette pression
(PN 10, PN 12,5 ou PN 16 bars) soit construire un ou plusieurs ouvrages « brise charge » qui, en
fonction de la topographie, pourront être placés sur la tuyauterie principale ou au départ
d’une tuyauterie secondaire.

En pratique, il est recommandé de ne pas dépasser 80 m de colonne d’eau pour éviter


une trop forte sollicitation des équipements hydrauliques (risque de fuites dans les joints des
tuyaux et des robinets).

La pression dynamique
La pression dynamique en un point du réseau est la pression résiduelle effectivement dispo-
nible lorsque l’eau est utilisée par les habitants et donc circule dans les tuyauteries. Cette
circulation entraine des pertes de charge qui doivent être calculées en tenant compte des
débits maximaux dans chaque branche du réseau. La pression résiduelle en un point consi-
déré est définie par : P résiduelle = H - ΔP avec :
• H : dénivelé entre le point haut et le point considéré (m).
• ΔP : pertes de charges (m).

LES ASPECTS TECHNIQUES 59


3. Les rugosités
Une surface rugueuse implique un état de surface telle que ses irrégularités ont une action
directe sur les forces de frottement, c’est-à-dire qu’au-delà d’un certain degré de rugosi-
té la configuration géométrique de la surface exerce une influence bien déterminée sur
l’écoulement. Une surface rugueuse peut être considérée comme étant constituée par une
série de protubérances élémentaires. Dans le cas des écoulements en charge, la rugosi-
té de la conduite va jouer un rôle très important. En effet, elle crée une perte de charge
linéaire, surtout quand l’eau s’écoule avec des vitesses élevées.
Les protubérances de la surface sont inégales et irrégulièrement distribuées. Elles proviennent
du rivetage, des recouvrements, des joints, des défauts sur la paroi, de corrosion, d’incrus-
tations...

4. Les vitesses
La vitesse de l’eau dans les conduites est un paramètre à considérer pour les calculs des
pertes de charge et pour éviter les dépôts des sédiments dans les conduites (vitesse trop
lente) ou des perturbations hydrauliques (vitesse trop rapide). En pratique, on adopte une
valeur de vitesse entre 0,4m/s et 2m/s en écoulement en charge.
La variation physique singulière de la conduite crée un changement de vitesse et crée une
perte de charge. Elle peut être causée par :
un rétrécissement ou un élargissement de la conduite
un branchement de section de la conduite,
un changement de direction (coude),
un branchement ou raccordement,
un dispositif de mesure et contrôle de débit...

5. Les pertes de charge


La perte de charge désigne la perte irréversible d'énergie de pression que subit un liquide
ou un gaz lors de son passage dans un conduit, un tuyau ou un autre élément de réseau
de fluide. Cette perte d’énergie est causée par la transformation en vibration, des frotte-
ments internes provoqués par la viscosité du fluide (un fluide parfait sans viscosité ne génère
pas de perte de charge), la rugosité des parois, les variations de vitesse et les variations de
direction du fluide. L'unité de la perte de charge est une pression (pascals, bars...) ou une
hauteur de colonne d'eau qui produirait une charge hydrostatique (pression hydrostatique)
équivalente. Le terme "perte de charge" signifie donc "perte de charge hydrostatique".

60 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


Dans un réseau d’AEP, pour un débit passant, plus la dimension du tuyau est petite, plus
laperte de charge est élevée et inversement plus la dimension du tuyau est grande, plus la
perte de charge diminue.
On distingue 2 types de pertes de charge
Les pertes de charge linéaires, qui représentent les pertes de
charge par frottements dans les conduites. Elles sont provoquées
par la viscosité du fluide. Elles sont fonction du degré de tur-
bulence.

Les pertes de charge singulières, sont le résultat des variations de


vitesse et des changements de direction du fluide provoqués
par les formes et obstacles que rencontre le fluide en traversant
un objet : cônes, coudes, grilles, raccordements... Dans les cal-
culs de dimensionnement, elles sont généralement approximées
comme étant 10% des pertes de charge linéaires.

Pour synthétiser, nous pouvons dire que les pertes de charge dans les réseaux sont d’autant
plus importantes que :
La vitesse du fluide est élevée et que la rugosité est importante
La variation de vitesse liée au changement de section est importante et brusque
Le changement de direction est important et brusque

Inversement, ces pertes d'énergie seront donc minimums si:


la vitesse est faible et les surfaces sont lisses
la variation de vitesse liée au changement de section est faible et progressive
le changement de direction est faible et progressif

LES ASPECTS TECHNIQUES 61


6. Les phénomènes hydrauliques
Coup de bélier
Le coup de bélier est un ensemble de phénomènes hydrauliques complexes provenant de
la modification brutale du champ de vitesse et de pression dans une conduite. L’importance
technique des coups de bélier est extrêmement grande. En effet, l’amplitude et la soudai-
neté des surpressions et dépressions qui sont mises en jeu peuvent détériorer la conduite ou
les organes qui y sont branchés. Il est nécessaire par conséquent d’empêcher la production
de telles perturbations ou du moins de les atténuer.
Le coup de bélier peut se produire, par exemple, dans le cas de la fermeture brutale d’une
vanne.
Les conséquences néfastes des coups de bélier sont la rupture de canalisations ou encore
la détérioration d’appareils traversés par l’écoulement.
Les vannes à fermeture lente permettent d’empêcher les coups de bélier dus à une ferme-
ture brutale de vanne.
L’installation d’une soupape, dispositif qui s’ouvre à la pression atmosphérique lorsque la
pression dans la conduite devient supérieure à une valeur seuil, peut aussi atténuer l’effet
d’un coup de bélier dans la canalisation de distribution. Ce faisant, la soupape laisse échap-
per un certain débit.

Présence d’air ou accumulation de boues dans les réseaux


Les bulles d’air
L’air circule naturellement dans un réseau d’eau même quand celui-ci est en charge. En
effet, il y a du gaz dissout dans l’eau, qui est relaché et qui remonte dans les conduites pour
s’accumuler dans les points hauts.
De plus, lors d’entretien sur le réseau ou en cas de coupure du service, le réseau va être
purgé de son eau et l’air va s’accumuler dans les conduites. Lors de la remise en eau,
et suivant le profil du réseau, des poches d’air auront tendance à se former. Lorsque l’air
s’accumule dans un point haut, il bloque le passage de l’eau. Pour libérer l’air dans les
conduites, il faut :
installer un organe de dégazage (ventouse notamment) sur les points hauts pour per-
mettre à l’air de sortir
accentuer les points hauts dans le cas d’un tronçon de pente très uniforme pour faci-
liter la remontée de l’air vers l’organe de dégazage (ventouse ou autre)

Source : manuel de l’exploitation d’un réseau AEP gravitaire aux Comores, juillet 2011, Initiative développement (via le réseau pratique,
Interaide)

62 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


Les dépôts de boue
En fonction de la nature du captage ou du forage, de sa qualité de réalisation et de l’état
du bassin versant, l’eau captée peut être plus ou moins turbide c’est-à-dire chargée en
limons, sables, ou autre matière en suspension. Dans un réseau d’eau potable, les vitesses
de l’eau peuvent être quasiment nulles, voir nulles la nuit lorsque qu’aucun usager n’utilise
le service. Si les vitesses d’écoulement de l’eau lorsque le réseau est en service sont trop
faibles, il n’y aura plus le phénomène de chasse qui évacuera les dépôts accumulés la nuit.
La sédimentation des particules solides se fera au niveau des points bas sur le réseau. Ce
dépôt a pour conséquence de bloquer le passage de l’eau dans les points bas, donc de
réduire le débit disponible en aval.
Il est donc nécessaire de régulièrement nettoyer les points bas du réseau, en ouvrant les
vidanges (ou purges) qui sont installées au niveau de ces points bas. La fréquence d’ouver-
ture des vidanges varie suivant les caractéristiques du réseau (vitesse et qualité de l’eau). A
minima, les vidanges doivent être activées tous les 6 mois.

Source : Manuel ACF, Eau, Assainissement, hygiène pour les populations à risque

LES ASPECTS TECHNIQUES 63


LES BASSINS VERSANTS

1. Concept de bassins versants


Le bassin versant (ou bassin hydrographique) est défini comme l’ensemble des pentes incli-
nées vers un même exutoire et qui y déversent les eaux de ruissellement. Ces bassins sont
séparés par des lignes de partage des eaux. Le bassin hydrographique est déterminé sur la
carte topographique par les lignes de crêtes.

source : "La restauration des cours d’eau" recueil d’expériences sur l’hydromorphologie. ONEMA, Agence de l’Eau

Les caractéristiques chimiques des eaux sont influencées par la composition géologique du
bassin versant : eaux acides en pays granitiques ou schisteux, alcalines et calciques en pays
calcaires.
La maîtrise des risques sanitaires liés à la production d'eau potable exige une vigilance depuis
la ressource jusqu'au robinet du consommateur d’où l’obligation sur les bassins versants sur
lesquels les ressources en eau sont prélevées de protéger la ressource. Les bassins doivent
être aménagés pour améliorer leur fonctionnement hydrologique.

64 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


L’objectif des aménagements est de :
Protéger la source et les ouvrages de captage
Permettre une bonne infiltration de l’eau dans le sol afin de recharger la nappe et donc
garantir un débit de source suffisant
Garantir la qualité de l’eau de la source contre l’intrusion de pollution dans le captage

2. Les périmètres de protection


Pour remplir ces objectifs, les bassins versants sont délimités par différents périmètres
de protection. Ils correspondent à un zonage établi autour des captages utilisés pour la
production d'eau potable en vue d'assurer la préservation de sa qualité. En complément
aux indispensables actions générales de préservation du milieu, les périmètres de protec-
tion s'affirment comme l'outil privilégié pour prévenir et diminuer toute cause de pollution
susceptible d'altérer la qualité des eaux prélevées. Ils sont définis sur la base de critères
hydrogéologiques. Généralement trois périmètres sont définis :
Le périmètre de protection immédiate
Il correspond à l'environnement
proche du captage. Il est généra-
lement acquis par la collectivité,
puis clôturé et toute activité y est
interdite. Il a pour fonctions princi-
pales d'empêcher la détérioration
des ouvrages et d'éviter les déver-
sements de substances polluantes à
proximité immédiate du captage.
Ce périmètre est une obligation
légale à Madagascar (décret
n°2003-940 du 09 septembre 2003
relatif aux périmètres de protection).

Le périmètre de protection rapprochée


Il délimite un secteur, en principe
calqué sur « la zone d'appel» de
la résurgence. À l'intérieur de ce
périmètre, toutes les activités suscep-
tibles de provoquer une pollution sont
interdites ou soumises à des prescrip-
tions particulières (constructions,
activités, rejets, dépôts...).
Ce périmètre est une obligation
légale à Madagascar (décret n°2003-
940 du 09 septembre 2003 relatif aux
périmètres de protection).

LES ASPECTS TECHNIQUES 65


Le périmètre de protection éloignée
Il est créé si certaines activités sont
susceptibles d'être à l'origine de
pollutions importantes et lorsque des
prescriptions particulières paraissent
de nature à réduire significativement
les risques sanitaires. Il correspond à
la zone d'alimentation du point de
captage d'eau, voire à l'ensemble
du bassin versant.
Ce périmètre est facultatif à
Madagascar (décret n°2003-940
du 09 septembre 2003 relatif aux
périmètres de protection).

3. Les aménagements de bassins versants


En premier lieu, la commune doit statuer par arrêté communal sur les délimitations et règle-
ments des différents périmètres présentés précédemment. Ensuite, des aménagements
doivent être réalisés de manière concertée entre les propriétaires fonciers (même si droit
traditionnel), la commune et le gestionnaire. Les principaux aménagements préconisés
sont :
L’engazonnement et la clôture du périmètre immédiat
Toute végétation excepté le gazon doit être éliminée du périmètre immédiat afin de ne pas
dégrader les ouvrages. Le système racinaire des arbres serait susceptible de fissurer les
ouvrages maçonnés ou les drains du captage. La clôture doit empêcher toutes intrusions
humaines ou animales dans la zone de captage.

Fossé de protection
Un fossé de protection est un dispositif servant
à empêcher le ruissellement des eaux de pluie
dans le captage. En effet au contact du sol
ces dernières pourraient se charger d’agents
contanimants.
C’est un canal en demi-cercle qui doit suivre
un tracé dont la pente n’excède pas les 1 %.
Le bord du canal doit être aménagé avec
des plants anti – érosifs (type vétiver) pour
éviter l’érosion.
Généralement il est réalisé sur le périmètre
rapproché, à la lisière du périmètre immédiat.

© Métropole de Lyon / Région Haute Matsiatra

66 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


Le pare – feu
Comme son nom l’indique, le pare-feu a
pour objectif d’empêcher l’intrusion du feu
dans le bassin. Zone débroussaillée en forme
de demi-cercle aux alentours du bassin
versant qui doit être aménagé et régulière-
ment entretenue (au moins une fois par an
après la saison des pluies).
Généralement il est réalisé sur les crêtes du
bassin versant.
© Agrisud International

Encadrement des pratiques agricoles 


Comme il a déjà été évoqué des activités y compris agricoles sont possibles sur les périmètres
rapprochés et éloignés.
Cependant, elles doivent respecter
certaines prescriptions techniques (éviter
de mettre la terre à nue avec du labour,
interdire les intrants notamment chimiques,
privilégier des systèmes agro-forestiers…). De
manière générale, il est visé une agriculture
qui permet une bonne infiltration de l’eau,
tout en limitant l’énergie du ruissellement.
Cela passe notamment par la réalisation
de courbes de niveau ou l’embaucage-
ment avec des haies vives. Sur les zones de © Agrisud International
fortes pentes, l’agriculture traditionnelle est
déconseillée, seuls des plants forestiers ou fruitiers sont recommandés.

Revégétaliser le bassin
Toujours dans l’optique de favoriser l’infiltration, limiter le ruissellement et donc l’érosion,
mais également de freiner l’évopotranspiration, il est nécessaire d’assurer un bon couvert
végétal sur le bassin. Cela passe par la plantation d’arbres et d’arbustes. Attention toutefois
à bien choisir les essences afin de ne pas avoir des plants trop gourmands en eau ou qui ne
permettent pas une bonne infiltration de l’eau dans le sol du fait de systèmes racinaires peu
développés.
Dans la mesure où l’eau est la ressource première de l’activité du fermier, il est de son intérêt
de veiller à la préservation du bassin versant. De plus, l’aménagement du bassin versant
peut avoir des impacts sur la qualité d’eaux brutes. Par exemple, si des eaux de ruisselle-
ment pénètrent dans le captage, la turbidité risque fort d’augmenter. En terme d’exploita-
tion, cela aura un impact sur les fréquences d’entretien des filtres qui se colmateront plus
vite. In fine, les charges d’exploitation augmenteront.

LES ASPECTS TECHNIQUES 67


SOURCES ET CAPTAGES D’EAU
POTABLE

1. Les sources
Les sources d’eau sont alimentées par des nappes souterraines. Ce type de ressource
présente l’avantage d’être de meilleure qualité que les eaux de surface plus sensibles à la
pollution. L’eau souterraine est filtrée naturellement par le sol et si le captage est bien réalisé
et bien protégé, la qualité de l’eau est bonne.
Par ailleurs leur exploitation est aisée tant techniquement qu’économiquement, mais en
revanche, elles sont sensibles à toute variation du niveau de la nappe et sont donc vulné-
rables aux sécheresses.
Selon la littérature (manuel ACF, Eau, Assainissement et Hygiène pour les populations à
risque), il est possible de distinguer 3 types de sources :
les sources de fracture dont l’émergence se fait au travers d’une fracture parfois élar-
gie par les racines d’un arbre. Ces sources peuvent être artésiennes, leur zone d’émer-
gence est généralement bien délimitée et le captage par chambre de captage est
envisageable ;
les sources de bas-fond, typiques des zones de socle, correspondent à l’affleurement
de la nappe au droit d’une dépression topographique. L’émergence de ces sources
est souvent diffuse et le captage par drain (ou par puits) généralement préconisé ;
les sources de pente, qui correspondent souvent au recoupement du niveau piézo-
métrique (nappe libre) ou du toit (nappe captive) avec la surface topographique.
La zone d’émergence de ces sources est fréquemment diffuse, sauf dans le cas de
ravine.
Il importe également de trouver l’émergence native (première) de la source, qui peut être
masquée par des éboulis, une zone marécageuse ou un relief très accidenté. Par ailleurs,
la zone d’émergence peut varier au cours de l’année. La visite de terrain doit donc être
minutieuse.

2. Les captages
L’objectif d’un captage est d’exploiter au mieux le débit de la source, tout en la protégeant
des pollutions extérieures. Chaque captage de source est un cas particulier : il n’est donc
pas possible de proposer un modèle adapté à toutes les situations. Le choix de la technique
de captage est déterminé à partir de la visite de site, mais surtout en fonction de l’évolution
des travaux de fouille. On procède comme suit :
nettoyage de la zone d’émergence pour bien visualiser les sorties d’eau ;
creusement en suivant les venues d’eau, en veillant à ne pas obstruer l’écoulement ;
arrêt de la fouille lorsque le niveau imperméable est atteint.

68 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


En fonction des travaux de fouille, nous pouvons distinguer deux types principaux de
captages :
Technique de captage Type de source Avantage Inconvénient
Zone à capter
Nécessite souvent de gros
Chambre de captage peu profonde et Captage visitable
travaux de soutènement
bien localisée

Zone à capter diffuse Captage non visitable


Drain enterré Facile à réaliser
et/ou profonde Captage coûteux

Captage par boite ou par chambre

© Métropole de Lyon / Région Haute Matsiatra

(© Métropole de Lyon / Région Haute Matsiatra)

LES ASPECTS TECHNIQUES 69


Captage par drain

(© Métropole de Lyon / Région Haute Matsiatra)

Selon la littérature (manuel ACF, op. cit.) trois règles doivent impérativement être respectées
pour construire un captage de source de qualité :

Le captage ne doit jamais être mis en charge : le niveau d’eau dans la boîte de cap-
tage ou dans le drain doit toujours être en dessous du niveau d’émergence avant
travaux. Le captage doit permettre de drainer la nappe en autorisant un rabattement
du niveau piézométrique, mais surtout il ne doit pas augmenter la charge, car cela ris-
querait de perdre la source. La sortie et le trop-plein sont placés en dessous du niveau
initial d’émergence. Toujours pour éviter une mise en charge accidentelle, la mise en
place de trop-plein est obligatoire.
Le barrage doit être posé sur un terrain imperméable : la fouille ne doit pas être inter-
rompue avant d’avoir trouvé le substratum. Cela représente parfois de gros travaux de
terrassement, mais c’est indispensable pour éviter que l’eau ne passe sous le captage
après quelques semaines d’utilisation. La notion de substratum est parfois difficile à
cerner sur le terrain : on retient donc plutôt l’idée de terrain moins perméable sur lequel
l’eau circule.
Le captage doit être protégé : les travaux de protection font partie intégrante des
travaux de captage. Il faut notamment soigner l’étanchéité du captage au niveau
de la couverture du drain (argile, bâche plastique...) ou de la construction de la boîte.

70 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


TRAITEMENT ET QUALITÉ DE L’EAU

La loi malgache rappelle que « toute eau livrée à la consommation humaine doit être
potable ». Suivant le type de ressources captées, la qualité des ouvrages de captage et
l’état du milieu en amont (Bassin versant), les techniques et procès de traitement seront plus
ou moins lourds et coûteux.

1. Qualité des eaux brutes


Le choix de la ressource captée est souvent imposé par le contexte. En revanche, la quali-
té de réalisation de l’ouvrage de captage et l’état du bassin versant sont des choses sur
lesquelles il est possible d’agir afin d’avoir des eaux brutes de la meilleure qualité possible.
Généralement les eaux de sources notamment à Madagascar sont de bonnes qualités
et avec un bassin bien protégé et un captage bien réalisé alors le traitement en aval sera
modeste (traitement physique). Attention toutefois à la possible présence de fer ou manga-
nèse dans les eaux brutes.
Les eaux de surfaces sont sujettes à pollution et nécessites un traitement plus lourd (traite-
ment physique et chimique).

2. Les normes
Les directives internationales relatives aux normes de qualité de l’eau sont données par
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elles sont d’ailleurs largement retenues par
Madagascar. Le respect des normes de qualité de l’eau peut s’avérer une tâche difficile et
impliquer la mise en place de systèmes non durables à l’échelle de la communauté. Dans
de tels cas, un système produisant une qualité d’eau imparfaite peut se révéler approprié,
mais des paramètres critiques de qualité doivent cependant être respectés pour faire face
aux risques sanitaires majeurs.
En tout état de cause, l’accès à l’eau en quantités suffisantes doit être considéré comme
la priorité essentielle afin de garantir l’alimentation en eau, la production alimentaire et les
activités relatives à l’hygiène.

LES ASPECTS TECHNIQUES 71


Norme de potabilité (extrait)
Madagascar (Décret Déc.2003-
Elements Norme de l'OMS 1993
941 modifié par 2004-635)
PARAMETRES ORGANOLEPTIQUES ET PHYSIQUES
Turbidité 5 NTU 5 NTU
pH 6.5-8.5 6,5 et 9
Conductivité 250 microS/cm inférieure à 3 000 µS/cm à 20°C
Température Pas de recommandation 25° C recommandés
Aluminium (Al) 0.2 mg/l 0.2 mg/l
Ammoniac (NH4) Pas de recommandation 0.50 mg/l
Arsenic (As) 0.01 mg/l 0,05 mg/l
Cuivre (Cu) 2 mg/l 1 mg/l
Fer (Fe) 0.3 mg/l 0,5 mg/l
Magnésium (Mg) Pas de recommandation 50 mg/l
Manganèse (Mn) 0.5 mg/l 0,05 mg/l
Mercure (Hg) 0.001 mg/l 0.001 mg/l
Plomb (Pb) 0.01 mg/l 0,05 mg/l
Zinc (Zn) 3 mg/l 5 mg/l
Chlore (Cl) 250 mg/l 250 mg/l
Cyanure (CN) 0.07 mg/l 0.05 mg/l
Fluor (F) 1.5 mg/l 1,5 mg/l
Nitrate (NO3) 50 mg/l 50 mg/l
Nitrite (NO2) 50 mg/l 0,1 mg/l
Sulfate (SO4) 500 mg/l 250 mg/l

PARAMETRES MICROBIOLOGIQUES
Bactérie coliforme Non mentionné 0 sur 100 ml
Escherichia coli Non mentionné 0 sur 100 ml
Streptocoques fécaux Non mentionné 0 sur 100 ml

Lors de la réalisation d’une analyse de qualité de l’eau, il est difficile de mesurer tous les
paramètres mentionnés (et ne sont mentionnés ci-dessus que les principaux critères) tant
pour des raisons techniques que financières.
À Madagascar, différents laboratoires peuvent réaliser des analyses physico-chimiques et
bactériologiques, mais cela se fait principalement sur la capitale. Au niveau des analyses
de terrain, des kits portatifs ou des appareils de mesures peuvent également être intéres-
sants à l’exploitation. Attention toutefois à l’approvisionnement en réactif et en solutions
d’étalonnage.
Une analyse de qualité annuelle est obligatoire dans les contrats d’affermage à Madagas-
car.
Un rapport sur la situation autour de l’analyse de l’eau à Madagascar est disponible en
annexe (liste et contact des laboratoires, analyse des solutions portables…)
Annexe 10. Identification des solutions pour améliorer la couverture en matière d’analyse
d’eau à Madagascar, pS-Eau / Cite, 2015

3. Le traitement des eaux brutes


Il a déjà été mentionné précédemment que le processus de traitement des eaux brutes
dépend pour beaucoup de leur qualité d’origine. Les étapes clés sont présentées ci-après.

72 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


L’aération
L’aération n’est pas un processus systématique, mais doit être mise en place notamment
lorsque certaines matières dissoutes se trouvent en quantité trop importante dans l’eau
notamment souterraine (fer, manganèse…). Ces matières dissoutes vont s’oxyder au
contact de l’air, former un précipité qui sera éliminé par décantation ou filtration. L’aération
permet également d’éliminer les mauvaises odeurs et les goûts spécifiques. Il est intéressant
de bien diffuser l’eau afin d’améliorer son contact avec l’air.

La décantation
La décantation permet d’éliminer les matières en suspension décantables et une partie
des agents pathogènes. La plupart du temps, il n’est pas réalisé d’ouvrage spécifique, mais
il est simplement construit une ou plusieurs chambres de décantation en entrée de filtre.
La décantation est intéressante notamment en cas d’eau ayant une turbidité supérieure
à 5 NTU. En revanche si la turbidité est vraiment élevée (supérieure à 30 NTU), il sera alors
nécessaire de réaliser une floculation (au sulfate d’aluminium par exemple) permettant une
décantation plus efficace.

La filtration
La filtration se réalise généralement à l’aide de sable ou plus exceptionnellement de
charbon. La filtration peut être dite rapide (débit de 10m3 par heure par m2) ou lente (0,2 m3
par heure par m2).
La filtration rapide est recommandée pour les eaux turbides (supérieures à 20 NTU) et peut
être efficace aussi pour le traitement du fer et du manganèse (comme pour l’aérateur cela
se fait par oxydation). En revanche et contrairement à ce qui est largement pensé, ce type
de filtre n’a aucun impact sur la qualité bactériologique de l’eau. Les pollutions d’origine
fécale ne seront pas éliminées avec ce filtre. C’est pourtant ce type de filtre qui est le plus
régulièrement réalisé à Madagascar.
Si le filtre est descendant la filtration partira du plus fin (sable) au plus grossier (40/70).

Filtre à sable (filtration rapide)

La filtration lente sur sable ne présente pas les mêmes intérêts que la filtration rapide. La filtra-
tion lente permet le développement d’un film biologique avec des bactéries sur les premiers
centimètres de sable qui vont dégrader la matière organique et les pollutions fécales.

LES ASPECTS TECHNIQUES 73


Pour que les organismes composant le filtre biologique se développent et puissent vivre, le
filtre doit toujours être sous l’eau et le flux doit être continu et lent, d’où l’importance de bien
dimensionner le filtre. Pour éviter le colmatage trop rapide du filtre, il est préférable d’avoir
une turbidité faible (inférieur à 10 NTU)

La désinfection
La désinfection ne peut être effectuée que sur une eau déjà traitée. Pour que la désinfec-
tion soit efficace, il faut que la turbidité soit inférieure à 5 NTU.
La technique la plus largement employée pour désinfecter l’eau est l’utilisation de chlore.
Elle permet de détruire les organismes pathogènes présents dans l’eau et de protéger l’eau
contre de nouvelles contaminations au cours de son transport ou de son stockage. Cette
rémanence du pouvoir de désinfection représente son principal avantage face au traite-
ment par ozone ou ultraviolets, ou ébullition. Si l’ajout de chlore est supérieur aux besoins
par rapport aux caractéristiques et à la qualité de l’eau, alors il restera du chlore non utilisé
dans l’eau que l’on appelle le chlore résiduel libre. C’est en mesurant ce dernier que l’on
peut ajuster idéalement le dosage dans le système. Il est généralement admis que le chlore
résiduel libre doit être compris entre 0,5 et 1 mg/l.
La chloration se fait généralement au niveau du réservoir pour permettre un bon mélange
du produit. Le dosage du chlore peut se réaliser à débit constant (indépendamment des
volumes d’eau entrant dans le réservoir) ou à débit variable (en fonction des volumes d’eau
entrant dans le réservoir).
Le système de dosage à débit constant présente l’intérêt de pouvoir être bricolé avec des
accessoires simples. Pour que le débit soit constant et ne varie pas en fonction de la hauteur
d’eau dans le bidon de réactif, il est nécessaire de mettre un second fut avec une vanne
flotteur qui permet donc le maintien d’un débit constant. Un des inconvénients de ces
techniques est le fait que si le réservoir est plein le chlore continue de s’écouler engendrant
soit des gaspillages (si le trop-plein fonctionne) soit des surdosages si une vanne flotteur
bloque l’arrivée d’eau du réservoir.
Le système de dosage à débit variable ou à débit proportionnel s’ajuste aux débits entrant
dans le réservoir. C’est le système le plus précis, mais cela représente des coûts plus impor-
tants à l’achat (et une perte de charge non négligeable à prendre en compte). Ce système
n’a pas besoin d’énergie pour fonctionner donc n’engendre pas de charges d’exploitation.

Source : Manuel ACF, Eau, Assainissement, hygiène pour les populations à risque

74 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


LES RÉSERVOIRS 

Lorsque le besoin horaire aux heures de pointe est supérieur au débit horaire de la source,
il est nécessaire de construire un réservoir de stockage. Le principe est de stocker l’eau sur
les périodes où la demande des populations est faible, et de pouvoir fournir un débit plus
important lorsque la demande augmente.

Source : Manuel ACF, Eau, Assainissement, hygiène pour les populations à risque

Pour dimensionner un réservoir, il suffit d’analyser la production de la source par rapport aux
demandes horaires sur les 24 h d’une journée. Par approximation, le volume d’un réservoir
est généralement égal au tiers de la demande globale (ex. : si la demande journalière est
de 120 m3, le réservoir fera autour de 40 m3).
Pour maintenir une bonne qualité de l’eau distribuée, il faut éviter que l’eau ne séjourne plus
d’une journée dans le réservoir. Ainsi le réservoir doit bien marner c’est-à-dire qu’il y ait une
bonne variation de la hauteur d’eau dans le réservoir sur une journée.
Le réservoir remplit donc les fonctions suivantes :
Il permet d’assurer aux heures de pointe le débit maximum demandé,
Il sert aussi à stocker l'eau pendant les périodes de faible consommation (la nuit) pour
pouvoir répondre à la demande de pointe sans avoir à surdimensionner les installations
de production,
Il garantit une pression minimale dans le réseau en permettant d’élever l’altitude entre
la surface de l’eau et les points de puisage (notamment réservoir surélevé, type châ-
teau d’eau),

LES ASPECTS TECHNIQUES 75


Il assure une fonction de sécurité d’approvisionnement dans l’éventualité d’un incident
sur les équipements d’alimentation du réseau : pollution de la ressource, rupture de la
conduite d’amenée.
Les réservoirs peuvent être enterrés, semi-enterrés, de plein-pieds, ou surélevés (type
château d’eau). S’il n’y a pas de contrainte sur les pressions aval sur la distribution, il est
conseillé d’enterrer ou semi-enterrer les réservoirs pour les protéger des aléas climatiques
(cyclone notamment).
Le plus souvent les réservoirs sont construits en béton armé, mais peuvent également être en
métal, en plastique, ou en maçonnerie de moellons.
Au niveau des formes, il est théoriquement préférable de faire les réservoirs cylindriques, mais
dans un pays comme Madagascar, peu d’entreprises disposent des coffrages métalliques
permettant une bonne qualité de réalisation. Il est donc souvent préférable de partir sur des
choses simples avec des réservoirs carrés ou rectangulaires pour éviter tout problème de
réalisation.

76 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


LES CONDUITES ET
ACCESSOIRES DE PLOMBERIES

Les conduites permettent la circulation de l’eau jusqu’aux usagers. Elles sont installées selon
une architecture déterminée lors des études techniques amont. Ces études permettent
aussi de dimensionner les conduites et de s’assurer que l’eau parviendra bien aux usagers
(cf paragraphe sur les pressions).
Les conduites sont classées selon leurs diamètres nominaux (DN). Pour les tuyaux en acier
galvanisé, le DN correspond aux diamètres intérieurs, alors que pour les tuyaux plastiques
(PVC et PEHD) c’est associé aux diamètres extérieurs.
La résistance des conduites à la pression est également une information importante. Elle
est exprimée en bar et on utilise le terme de Pression Nominale (PN). Les références de PN
disponibles à Madagascar démarrent au PN 8 et montent jusqu’à PN 16 pour le PEHD, mais
cela peut aller jusqu’à PN 25 pour le PVC.
En terme de matériaux, le PEHD est recommandé pour les adductions d’eau potable pour
des diamiètres inférieurs à DN 90. Au-dessus de ces dimensions, les raccords sont à sourder
et cela peut poser des problèmes aux entreprises. Sur les plus gros diamètres, le PVC ou la
Fonte ductile seront alors employés. À noter également que pour les très petits diamètres
destinés notamment aux installations de plomberie des particuliers, le PPR est le plus souvent
utilisé. Il existe aussi des conduites en acier galvanisé. De manière générale, l’acier galvani-
sé à Madagascar n’est pas de très bonne qualité et les tuyaux ou vannes ont tendance à
rouiller. Il est donc conseillé de privilégier les tuyaux et accessoires en plastique.

LES ASPECTS TECHNIQUES 77


Suivant la nature du matériau, la technique de raccord des conduites ne sera pas la même
(joint caoutchouc, joint collé, joint par manchon, joint vissé).

Les conduites d’amenée et de distribution sont enterrées à au moins 80 cm de profondeur.


Il est également important de bien les protéger notamment lors de passages dangereux ou
exposés à des casses fréquentes (passage de rizières, passage rocheux…)

78 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


LES DIFFÉRENTS TYPES DE POINTS
D’EAU ET LES COMPTEURS

1. Point d’eau public (PEP)


Le point d’eau public est géré par un fontainier
rémunéré par le fermier ou se rémunérant sur
les volumes d’eau vendus (ou un mélange des
deux types de rémunération). Généralement
l’unité de facturation à l’usager est le seau ou le
bidon et il paie au moment de puiser ou suivant
un échéancier fixé au préalable avec le fontai-
nier.
Des horaires d’ouverture sont définis par le
fermier et le fontainier est tenu de les respecter.
La borne-fontaine peut avoir un ou deux robinets
en fonction du nombre d’usagers.

2. Point d’eau privé (BP) (© Métropole de Lyon / Région Haute Matsiatra)

Le branchement privé est à l’usage exclusif


d’un ménage en contrat avec le gestionnaire.
L’abonné paie en partie (en cas de promotion
du fermier ou de la commune) ou en totalité le
raccordement et s’acquitte de ses consomma-
tions mensuellement sur un décompte opéré
par le fermier sur relevé du compteur.
Il est important pour la commune d’anticiper
sur les quartiers où les branchements privés
seront nombreux et donc où des probléma-
tiques en terme d’assainissement surviendront.
Un travail peut alors être fait par la commune (© Métropole de Lyon / Région Haute Matsiatra)
pour contrer ce phénomène par la réalisation
de puisage par les usagers sur leur parcelle ou par la réalisation par la collectivité d’un
système efficace de collecte et d’évacuation des eaux grises.

LES ASPECTS TECHNIQUES 79


3. Point d’eau partagé (Bpart)
Le branchement partagé est à l’usage de plusieurs ménages. Enregistrées comme un
abonné unique dans le contrat avec le fermier, les familles s’organisent entre elles pour fixer
les règles d’usage du point d’eau, le décompte ou non des volumes d’eau consommés
par ménage et le règlement de la facture mensuelle. Comme pour le branchement privé
le décompte est opéré mensuellement par le fermier sur relevé du compteur. Ce type de
branchement est souvent subventionné en partie ou en totalité. Les fermiers apprécient
ce type de branchement qui permet à des ménages moins aisés de partager les coûts du
raccordement. Cela fait baisser les charges des gestionnaires dans la mesure où les volumes
distribués aux points d’eau publics et donc les rémunérations des fontainiers diminuent.

4. Autres points d’eau (institutionnel, bloc


multifonctionnel…)
Les points d’eau institutionnels
Ces points d’eau sont destinés aux
écoles, CSB ou autres équipements
publics (mairie…). En réalité, il s’agit
souvent d’un simple branchement
privé, la différence se situant surtout
dans le tarif qui peut être préféren-
tiel. Dans les écoles, il peut y avoir
des lave-mains généralement installés
lors de la réalisation du réseau par la
commune et ses partenaires financiers.

(© Métropole de Lyon / Région Haute Matsiatra)

Les blocs multifonctionnels


Ce type d’installation est particulièrement intéressant dans les zones denses et les zones
fréquentées par du public (marché ou gare). Cela permet d’avoir une gamme de service
plus importante (douche, latrines, lavoirs…) et donc de distribuer des volumes d’eau impor-
tants. Un local dédié au gestionnaire peut également être adossé aux différents points
d’eau, facilitant le contrôle et l’exploitation de l’ouvrage. Dans la mesure où ce type
d’ouvrage est public, le tarif pratiqué est celui des Points d’Eau Publics (PEP).

5. Retours d’expérience sur les points d’eau


Dans le cadre du programme Eaurizon, lors de la réalisation d’une adduction d’eau potable
sous gestion professionnelle, l’objectif est de minimiser les points d’eau publics afin de faire
baisser les charges d’exploitation et d’arriver plus facilement à l’équilibre économique. Pour
ce faire un zonage est opéré :
Dans la zone urbaine : le nombre de points d’eau publics est réduit à son minimum pour
stimuler la demande en branchements particuliers.
Sur la partie rurale du réseau : il convient de supprimer les points d’eau publics et de les
remplacer par des branchements partagés dont l’installation est subventionnée à 100
% par le programme. Les branchements partagés ne sont subventionnés que dans la
partie rurale, dans la mesure où les usagers de la zone urbaine ont la possibilité d’ac-

80 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


céder aux points d’eau publics. Un branchement partagé peut bénéficier à environ
cinq à dix ménages et coûte à l’installation quatre à cinq fois moins cher qu’un point
d’eau public classique. Dans les villages regroupant une vingtaine de ménages, cela
ne représente donc aucun surcoût à l’investissement.
La carte ci-dessous illustre le zonage qui a été fait dans une commune d’intervention.

Zonage des différents branchements au niveau du réseau potable d’Alakamisy Itenina

LES ASPECTS TECHNIQUES 81


6. Les compteurs
Chaque point d’eau doit être équipé d’un compteur. C’est indispensable en cas de tarifi-
cation volumétrique et recommandé lors de tarification forfaitaire.
Un compteur est un appareil de comptage mécanique dont la durée de vie peut être
d’une quinzaine d’années. Il faut protéger les compteurs afin d’éviter qu’ils subissent des
chocs qui pourraient les endommager.
Il y a généralement un filtre à l’entrée du compteur, pour retenir des particules (cailloux...)
qui seraient entrées dans le réseau. Il n’y a pas de fréquence indicative de nettoyage du
tamis ; ce nettoyage doit être fait lorsque l’abonné se plaint d’une baisse de débit ou lorsque
de l’eau turbide a circulé dans le réseau.
Il est important d’avoir des compteurs fiables et pour ce faire, il est recommandé d’acheter
des compteurs auprès de fournisseurs spécialisés plutôt que dans les quincailleries.
Il est intéressant d’installer des gros compteurs sur les points clés du réseau pour compter
les débits produits et les débits distribués. Cela permet d’avoir le rendement du réseau et
d’aider à la recherche de fuite.

82 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


OUTILLAGE DE BASE D’UN
GESTIONNAIRE DE RÉSEAU D’EAU

1. Equipements administratifs
Pour l’administration générale de sa société, le gestionnaire doit avoir un minimum de
matériels bureautiques et informatiques. Il lui faut donc acquérir un ordinateur, une impri-
mante, tout le mobilier permettant aux employés locaux de bien travailler et aux usagers
d’être bien accueillis, ainsi que toutes les fournitures de bureau nécessaires au bon fonction-
nement du service (cahier, portes-documents, carnet de reçus, machine à calculer, caisse
métallique…).
Un soin particulier doit être porté sur le choix de l’imprimante, dans la mesure où le nombre
de factures à imprimer chaque mois peut être conséquent. Les retours d’expériences sur
Fianarantsoa indiquent qu’une imprimante laser peut être un choix judicieux même si plus
cher à l’achat.
Enfin, si le réseau est important et que les volumes financiers transitant au niveau du bureau
local sont conséquents, un petit coffre peut s’avérer utile.

2. Matériels de plomberie
Pour les travaux de réparation et d’entretien d’un réseau d’AEP, les techniciens doivent être
équipés de matériels et outillages. La liste suivante présente les minimums de matériels à
avoir pour une bonne maintenance : deux clés à griffe n°12 et n°24, une clé à molette 10’’,
une clé à pipe 13’’, un coupe-tube, un polyfuseur, un porte-lame, une brosse métallique,
une pince, un jeu de filière, un étau, une tarière.

Ces matériels vont avec des consommables qu’il faut remplacer régulièrement, au fur et
à mesure qu’on les utilise : deux lames de scie, un rouleau de filasse (100g), un rouleau de
téflon, une boîte de gébajoint (01kg), une boîte de colle girfix (1/4kg) (si tuyaux PVC), une
boîte de graisse (1kg).

LES ASPECTS TECHNIQUES 83


3. Matériels de maçonnerie
Pour les travaux de maçonnerie, le jeu d’outillage suivant doit être en possession des techni-
ciens : truelle, taloche, marteau, burin, seau métallique, mètre pliant, machette, pelle,
auge, brouette…

4. Autres types de bien


Pour ses déplacements, le technicien/releveur pourra aussi s’équiper d’une bicyclette (ou
moto).
Pour la communication entre le personnel, l’utilisation de téléphones est indispensable.

84 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


ENTRETIEN DU RÉSEAU

Il peut exister des préconisations quant à l’entretien des ouvrages d’eau, mais il est impor-
tant de les adapter aux caractéristiques de son infrastructure. Cela permettra d’anticiper
sur les entretiens courants, mais également sur les pannes. Avoir des entretiens courants
bien réalisés et à la bonne fréquence permet au gestionnaire de limiter les gros problèmes
pouvant impacter ses charges d’exploitation.

1. Connaitre et comprendre les caractéristiques de son


réseau
Chaque réseau a ses spécificités qu’il convient d’appréhender pour connaitre ses points
forts et ses faiblesses. Quelques points d’attention sont listés dans le tableau ci-après.

LES ASPECTS TECHNIQUES 85


86
Points d’attention Risques Anticipation / mesures correctives
Si des casses régulières se produisent alors, il peut être intéressant de changer les tuyaux pour des
Le profil en long du réseau, Casses fréquentes des
pressions nominales supérieures (PN 10 > PN 12,5). Pour les raccords, des défauts peuvent exister chez
identifier les points de fortes conduites, raccords et
certains fournisseurs, changer de fournisseurs peut donc résoudre le problème. Pour les robinets, il
pressions statiques (> à 8 bars) robinets pour les usagers.
s’agit surtout de bien conseiller les usagers dans les zones à risque sur la qualité de robinets à acheter.

Si le réseau n’est pas encore réalisé, le gestionnaire peut proposer lors de la


Identifier les zones de casses réalisation des travaux d’éviter ces points noirs autant que possible.
Le tracé des conduites ou de dégradations possibles Si le réseau est en place, il s’agit alors de protéger au mieux ces points noirs avec des
et l’occupation du sol (passage de rizières / rivières, mesures techniques (ancrage des tuyaux, mise en place de fourreau en galva, léger
champs de culture, routes…) déplacement ou réenfouissement des conduites, filets avertisseurs…) et des mesures de
sensibilisation vis-à-vis des propriétaires fonciers (principalement les agriculteurs).
L’occupation du sol sur
De manière générale, des entretiens fréquents sont à faire sur le BV, mais en fonction des
le bassin versant où sont Risque incendie et risque érosion
caractéristiques de celui-ci, ils peuvent être plus ou moins importants et fréquents.
situées les sources.

EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


Si l’eau brute n’est pas de bonne
La principale action possible est de travailler à la protection des sources et du bassin
qualité (mauvaise technique de
La qualité de l’eau brute et versant. Il s’agira de revégétaliser le BV, refaire les fossés de protection pour éviter
captage, BV non protégé), les
impact des pluies sur la qualité l’infiltration d’eau de ruissellement dans le captage. Si le captage est ouvert, il faut
entretiens sur les ouvrages et
au maximum essayer de le couvrir afin d’éviter tout contact avec l’extérieur.
conduites seront plus importants.
Comprendre les secteurs où les
Concernant les vitesses de l’eau dans les conduites, il y a peu de solutions à apporter
Le fonctionnement hydraulique vitesses de l’eau dans les conduites
si ce n’est purger régulièrement le réseau en cas de vitesse trop faible et manipuler
de son réseau : les vitesses, sont trop faibles (dépôts) ou
avec attention les vannes de sectionnement en cas de vitesses élevées.
le marnage et temps de trop élevées (coup de bélier).
Les réseaux étant dimensionnés à N+15, il est fréquent que les premières années d’exploitation les
séjour dans les réservoirs Le mauvais marnage des réservoirs
réservoirs ne marnent pas bien. Il faut alors les vidanger manuellement une fois par semaine.
peut altérer la qualité de l’eau.
Les compteurs disponibles à
Madagacar sont souvent de Lors de l’acquisition d’un lot de compteurs, il est conseillé d’en tester un bon nombre
mauvaises qualités. Cela peut afin de vérifier leur qualité et précision. Cela est généralement possible auprès d’un
La qualité des compteurs
affecter leur précision (en faveur du centre régional ou inter-régional de la JIRAMA. Acquérir des compteurs de bonne qualité
gestionnaire en cas d’air dans les peut également être un calcul économique avantageux sur la durée du contrat.
tuyaux, ou en faveur des usagers).
Ce ne sont ici que quelques pistes, mais la logique générale est que le gestionnaire doit
connaitre parfaitement son réseau et avoir un savoir pratique de son fonctionnement.
Les études amont et calculs théoriques ne pourront jamais remplacer l’expérience et la
connaissance d’un gestionnaire de son réseau. Avec une connaissance fine de son réseau,
un gestionnaire doit être en capacité d’améliorer la qualité de service tout en ayant des
charges d’exploitation raisonnables.

2. Nature et fréquence des entretiens courants sur un ré-


seau d’eau gravitaire
En vue de pérenniser les infrastructures, un système de maintenance des ouvrages doit être
élaboré. Il définit le rapport fonctionnel des différents acteurs intervenant dans l’entretien
des ouvrages.
Mécanisme de maintenance du système d’AEPG

Source : Guide de référence de réseau de maintenance et d’approvisionnement en pièces de


rechange des points d’eau en milieu rural à MADAGASCAR. Juillet 2014

La viabilité d’un réseau d’alimentation en eau potable dépend essentiellement de :


l’état des ouvrages mis en place,
la disponibilité des pièces de rechange pour les travaux de réparation,
la présence des techniciens sur site.
Pour l’AEPG, l’intervention doit être focalisée sur les actions suivantes :
Actions préventives (systématique),
protection des bassins de recharge,
suivi de la quantité et qualité de l’eau,
contrôle de la qualité des conduites et des ouvrages,
Travaux de réparation.

Entretien sur le captage


En général, la nature des ouvrages de captage varie en fonction du comportement des
sources (captage par boîte ou par drain). Dans les deux cas, une intervention régulière
(semestrielle par exemple) du technicien est nécessaire pour :
vérifier l’état des ouvrages, des matériaux filtrants et de l’environnement du captage
laver ou remplacer les massifs filtrant en cas de besoin.
Les problèmes fréquents sont listés dans le tableau ci-après.

LES ASPECTS TECHNIQUES 87


88
Problèmes fréquents Nature de l’entretien et mode d’intervention Fréquence Moyens nécessaires
CAPTAGE PAR BOITE
Ouverture de la trappe de visite,
Fermeture de la vanne d’entrée du réservoir, celle du
filtre si elle existe puis celle de la sortie du captage,
Ouverture de la vanne de vidange du captage,
Crépine bouchée, ensablement Technicien,
Indéterminée et selon
à l’intérieur de la boîte, dépôt Nettoyage ou remplissage ou remplacement des matériaux filtrants,
le rapport écrit dans le Brosse, Truelle, Marteau, burin…
de sédimentation, diminution Nettoyage de la crépine,
cahier d’entretien Mortier pour scellement.
du débit, trop-plein actif
Remise en état,
Fermeture de la vanne de vidange du captage et réouverture des
autres vannes en suivant par ordre le sens opposé de la fermeture,
Scellement de la trappe de visite.

EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


CAPTAGE PAR DRAIN EN TUYAU OU EN ROCHE
Théoriquement avant et
Même intervention que précédemment dans la boîte de collecte après la période de pluie,
Crépine bouchée dans la boîte de Nettoyage des matériaux dans le drain plus particulièrement la
collecte ; trop-plein actif ; diminution fréquence d’entretien
Ouverture de la vanne de décharge
de débit entrant dans le réservoir/ dépend de la qualité de Techniciens et manœuvres,
Manœuvre de toutes les vannes dans le sens inverse : l’eau et de la présence de
filtre ; Présence d’eau au-dessus du Brosse, Truelle, Marteau,
Fermeture de la vanne de vidange du captage, Ouverture matières en suspension.
drain ; Eau turbide dans l’ouvrage burin, pelle
de la vanne de sortie du captage ou de la vanne d’entrée du
aval ; ouverture sur la partie drainante La périodicité précise Mortier pour scellement
filtre et ouverture de la vanne d’entrée du réservoir,
causée par l’érosion ; toit d’argile non d’intervention pour
étanche ou défaut de mise en œuvre. Remise en état (scellage de la trappe de visite) l’entretien de captage
Remise en état de la partie ouverte du drain. dépend des rapports écrits
dans le cahier d’entretien.
Entretien sur le filtre

89
Problèmes fréquents Nature de l’entretien et mode d’intervention Fréquence Moyens nécessaires
-Entretien lorsque le réservoir est plein afin d’avoir une réserve

LES ASPECTS TECHNIQUES


d’eau potable pour les usagers pendant l’intervention.
-Ouverture des couvercles de tous les compartiments du filtre,
-Dépôt de sédiments au niveau -Fermeture de la vanne d’entrée du réservoir et celle
de la partie décantation, de la sortie du filtre (attention à la manipulation
-Existence d’une couche des vannes pour éviter les coups de bélier),
épaisse sur la partie supérieure -Les filtres rapides sont à laver très Techniciens et manœuvres,
-Ouverture de la vanne de vidange du filtre,
du système filtrant, régulièrement. Idéalement cela se fait
-Nettoyage/curage, remplissage ou Brosse, bâche, fûts ou
par un rétrolavage à condition que
-Débit anormalement faible remplacement des matériaux filtrants (*) bidons remplis d’eau, truelle,
l’ouvrage ait été conçu pour ce faire.
marteau, burin, pelle, …
-Trop plein actif -Nettoyage à l’intérieur de l’ouvrage -La périodicité précise d’intervention
Solution à base de chlore,
-Eau présentant des matières -Remise en état. pour l’entretien du filtre dépend
en suspension, une faune de son dimensionnement et de Sable propre, Mortier
-Désinfection avec du produit à base de chlore pour scellement
aquatique ou anormalement la qualité des eaux brutes.
turbide dans la chambre - Rinçage par la mise en charge partielle de l’ouvrage
de mises en charge ou (fermeture puis réouverture de la vidange)
sur les ouvrages avals. -Fermeture de la vanne de vidange du filtre
après vérification de la clarté de l’eau
-Réouverture des autres vannes en suivant par
ordre le sens opposé de la fermeture
(*) Mode opératoire pour le nettoyage et remplacement des matériaux filtrants :
Préparer du sable propre et le stocker dans des sacs propres ou sur des nattes ou bâches ;
Stocker de l’eau propre dans des fûts ou bidons pour l’intervention ;
Racler et enlever le sable sale jusqu’à atteindre le niveau où il est propre ;
Changer le sable par un nouveau déjà nettoyé à l’eau propre;
Si le niveau de saleté descend dans les graviers, il faut également les sortir en respectant la granulométrie, et les laver séparément à l’eau propre sur une bâche.
Remettre en place le sable, et /ou les graviers en respectant les différents niveaux granulométriques (les épaisseurs des couches
étant marquées sur la paroi du filtre), en partant des plus gros, au fond, aux plus petits vers la surface
Compacter légèrement le sable et remettre en place les dalles.
Entretien sur le réservoir
La figure ci-après montre les procédures complètes de nettoyage et désinfection d’un
réservoir.

Source : Réservoirs et canalisations d’eau destinée à la consommation humaine : inspection, nettoyage et désinfection, ASTEE, 2013.

Opérations préliminaires

Avant de commencer l’opération d’entretien, de nettoyage et de désinfection au réservoir,


les mesures préalables suivantes doivent être prises :
Information des usagers :
Informer les usagers concernés : prévenir le maître d’ouvrage, et éventuellement
certains usagers sensibles (gros consommateurs, établissements de santé, hôtels,
etc.) qui sont normalement desservis par le réservoir ;
Maintenir autant que faire se peut la distribution d’eau aux usagers habituellement
desservis par le réservoir (système de by-pass)
Vidange du réservoir :
Réaliser la vidange totale du réservoir;
Fermer les vannes de décharge après la vidange et mettre en sécurité l’ouvrage
pour éviter toute introduction de contaminant par les vidanges.
Préparation du personnel
Installer impérativement des bacs contenant une solution désinfectante (hypochlo-
rite de sodium dilué à 10% ou solution désinfectante commerciale) à l’entrée de
l’ouvrage.
Vérifier que le personnel s’est bien lavé avant d’entrer dans l’ouvrage (mettre des
bottes et des vêtements propres);
Interdire à toute personne de fumer ou de manger à l’intérieur de l’ouvrage ;
S’équiper de balai-brosse et de tout autre matériel en excellent état de propreté.
Inspection et diagnostic
L’étape suivante consiste à vérifier l’état des structures de l’ouvrage, la présence des
sédiments sur le fond, l’état des crépines et de la paroi (absence des fissurations, d’infil-
trations par le toit…). En cas d’anomalies sur l’état de l’ouvrage, il faut profiter de l’occa-
sion pour les traiter avant de faire les travaux de nettoyage. Si les travaux d’entretien sont
trop importants et que cela n’avait pas été anticipé, une autre programmation de travaux
sera alors nécessaire. Si les travaux sont conséquents un stockage provisoire sera peut être
nécessaire pour ne pas perturber trop fortement la distribution (installation d’un réservoir
plastique type makiplast). Des photographies illustrant les anomalies seront prises pour les
localiser et suivre leur évolution par rapport au précédent diagnostic. L’état de propreté de
l’ouvrage doit être constaté à chaque contrôle.

90 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


Nettoyage
Les travaux de nettoyage sont nécessaires pour éliminer les dépôts de boues au fond du
réservoir et le biofilm sur les parois. Selon le résultat du diagnostic et la qualité de l’eau, deux
types de nettoyage peuvent être mis en œuvre :
Rinçage général des parois et du toit suivi d’une désinfection s’il n’y a pas de formation
d’algues ou de dépôts visibles ;
Dans le cas contraire, il faut procéder au nettoyage mécanique et/ou chimique :
Nettoyage mécanique : éliminer les dépôts minéraux et organiques par brossage, raclage
au balai suivi des jets d’eau sur le toit, les parois, les accessoires (échelles, tuyauteries).
Ensuite, enchaîner cette activité sur le radier pour éliminer et évacuer tous les dépôts.

Nettoyage chimique : quelquefois, le Dépôt de fer sur la paroi


nettoyage mécanique peut être insuffisant.
Dans le cas où le rapport du diagnostic évoque
la présence de dépôts minéraux et organiques
importants (calcaire, d’oxydes de fer et/ ou de
manganèse…), l’utilisation des produits
chimiques est normalement recommandée. La
difficulté à Madagascar est d’arriver à trouver
les bons produits pour effectuer le traitement. Il
est souvent préférable d’en rester au traitement
mécanique plutôt que d’utiliser des produits
pouvant s’avérer dangereux.

Rinçage
Après l’opération de nettoyage, il faut procéder au rinçage abondant des surfaces traitées
avec de l’eau propre qui a été préalablement stockée ou qui provient de l’arrivée d’eau
dans le réservoir dont la vanne a été ré-ouverte. Ne pas oublier de bien laisser la vidange
ouverte et la distribution fermée.
Après les activités de nettoyage et de rinçage, les agents doivent s’assurer de la propreté
du radier.
Désinfection
Après les opérations de rinçage et nettoyage du réservoir, il faut lancer le processus de
désinfection en pulvérisant une solution chlorée (par exemple l’hypochlorite de sodium ou
eau de javel) sur les parois, le radier et tout accessoire à l’intérieur.

LES ASPECTS TECHNIQUES 91


Après désinfection, il faut remplir partiellement le réservoir puis laisser immerger totalement
le radier avec de l’eau chlorée. Après un temps de séjour suffisant (selon la concentration
en chlore), le réservoir peut de nouveau être vidangé pour évacuer le surplus de chlore.
Après ces travaux d’entretien, remettre en service l’ouvrage tout en vérifiant le bon fonction-
nement de tous les équipements (vannes, robinet flotteur, etc.)
Traitements spécifiques d’enduit et de béton
Traitement des fissures : vider le réservoir et sonder les fissures de l’enduit à l’aide d’un burin.
En cas de décollement par plaques de l’enduit, il faut tout enlever jusqu’à obtenir un enduit
bien adhérent à son support. Enlever les poussières, les parties décollées et friables, laver à
l’eau propre.
Vérifier que le support (béton) ne soit pas fissuré. En cas de fissures du support, il faut :
Enlever toutes les zones abimées avec un petit burin.
Ouvrir la fissure de 1cm de profondeur sur 0,5cm de large.
Laver à l’eau propre jusqu’à ce que le support n’absorbe plus d’eau.
Préparer un mortier dosé à 400 kg
Appliquer le mortier quand le support est encore humide, sinon il faut le remouiller
Préparer la barbotine (lait de ciment)
Lisser avec la barbotine et nettoyer le recouvrement
Il faut bien respecter le temps de prise et de résistance du mortier ou du béton.
Réparation des enduits :
Si le béton est lisse, il faut le piquer afin d’obtenir des points d’accrochage.
Mouiller le support à refus, c’est-à-dire jusqu’à ce que le béton n’absorbe plus d’eau.
Crépir les zones avec un mortier dosé à 400Kg/m3. C’est la couche d’accrochage dite
gobetis. Laisser sécher.
Quand le gobetis est sec, humidifier le support et enduire avec un mortier dosé à
350 kg/m3, composé avec du sable moyen, et onctueux, sur une épaisseur de 15 à 20
mm. C’est le corps d’enduit. Laisser sécher.
La finition dépend des zones d’intervention : lisser avec de la sikalite pour la surface
en contact avec l’eau (à l’intérieur du réservoir), talocher pour la surface en extérieur.
La couche de finition doit être dosée à 350 kg/m3, composée avec du sable fin, sur
une épaisseur de 5 à 8 mm. Laisser sécher.

Entretien sur les conduites


Entretien courant : parfois, la circulation de l’eau dans les conduites connait des perturba-
tions causées par le dénivelé et les pertes de charge. La formation des boues de sédiments
aux points bas et l’accumulation de l’air sur les points hauts du réseau diminuent le débit
à transiter. Des opérations de vidange et de purge sont nécessaires. Les points d’implanta-
tion des ouvrages permettant d’effectuer ces opérations doivent être bien précisés dans le
dossier de recollement.
La purge d’air pourra se faire après différentes opérations d’entretien ou d’autres inter-
ventions (nettoyage du captage, filtre, réservoir, réparation des fuites…) nécessitant
des manœuvres sur les vannes à l’entrée ou à la sortie d’un ouvrage. Il suffit de
manœuvrer la vanne de purge à air pour éliminer l’air emprisonné dans les conduites
et de la refermer après.

92 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


La vidange des sédiments se fait avant et après la période de pluie. Elle consiste à
manœuvrer les vannes de vidange pour dégager les boues.
Rappelons que tous les tuyaux plastiques doivent être enterrés au moins à 80cm et proté-
gés sur les passages difficiles (rocher, rivière, ravin…). Des visites d’itinéraires des réseaux
doivent être effectuées le plus fréquemment possible pour détecter les fuites, vérifier l’état
des remblais et les protections des conduites. Aussi, le renforcement des remblais le long
du réseau et éventuellement des systèmes d’ancrage des tuyaux pourront être nécessaires
pour éviter leur dégradation. Une intervention d’urgence doit être faite pour les casses.
Après la mise en place de deux raccords, un bout de tuyau de même diamètre sera indis-
pensable pour la réparation
La vérification par le technicien des systèmes de raccords, des vannes, des ventouses/
vidanges et de tous les accessoires, est une activité importante pendant l’entretien du
réseau. La présence d’anomalies sur ces pièces conduit à leur réparation voire leur rempla-
cement. Les vannes, vidanges ou ventouses sont à manipuler à minima une fois par an.
Entretien exceptionnel : pour une raison ou une autre, il est possible qu’une pollution forte
s’introduise dans le réseau (casse de conduite, déversement de produits nocifs…). Dans ce
cas de figure, les secteurs concernés par la pollution doivent être isolés le plus rapidement
possible et tous les ouvrages et conduites concernés doivent faire l’objet d’un traitement.
Concernant les conduites, il est recommandé un traitement au chlore.
Une fois le secteur à traiter isolé, le technicien introduit la solution chlorée selon le dosage
suivant :

Concentration en Temps de contact


chlore (mg/l) minimal (heures)

10 24

25 12

50 6

Une fois désinfectée, la conduite est purgée puis remise en eau permettant ainsi son rinçage.
De nouveau, il faut purger la conduite et enfin remettre le secteur en service.

Sur les compteurs


Vérification de la précision des compteurs (Tarage) :
Pour les compteurs neufs, il est nécessaire de vérifier leur précision avant leur installation.
Deux méthodes peuvent être procédées :
Installer en série, le nouveau compteur à contrôler avec un autre dont on est sûr de la
précision.
Utiliser un récipient dont on connait précisément le volume.
Pour vérifier que le compteur est juste, la lecture précise du volume qu’il indique est
importante. La lecture peut se faire jusqu’au litre grâce aux indications des aiguilles rouges
dans les cadrans situés en bas du compteur.
Les compteurs sont équipés de petits filtres, le technicien peut les nettoyer occasionnelle-
ment notamment si des impuretés se sont introduites dans le réseau.

LES ASPECTS TECHNIQUES 93


Changement de compteur
Dans le cas où le compteur ne tourne plus (cassé ou hors d’usage), il faut le remplacer.
Pour calculer la consommation, le releveur doit noter sur la facture de l’abonné l’index
de l’ancien compteur et celui du nouveau compteur. Ceci doit être fait en présence de
l’abonné et signé par l’abonné. Le délai de changement du compteur ne doit pas être
trop large et la consommation pendant cette période se calcule de façon contradictoire
avec l’abonné (ex : estimer la consommation journalière en fonction de la consommation
moyenne mensuelle).

3. Les pannes fréquentes


Le robinet est l’élément le plus fragile et le plus manœuvré du système, il est de plus exposé
au risque de vol. Il aura donc besoin d’être remplacé régulièrement par le technicien, mais
aussi par les usagers (branchements privés) et l’exploitant doit en avoir assez dans son stock.
Il ne faut jamais laisser couler l’eau librement sur les points d’eau sans robinets, en attendant
la réparation, il faut travailler avec la vanne avant compteur.
Le tableau suivant désigne des réparations mineures, mais fréquentes et importantes dans
l’exploitation d’un réseau :

Accessoires Nature des Pannes Intervention Moyens

- Présence des fuites - Resserrage


02 Clefs à griffe, 01 vanne,
Vannes - Cassées - Remplacement
brosse métallique
- Rouillées - Nettoyage

- Resserrage
Raccords - Fuites 02 Clefs à griffe, 01 raccord
- Remplacement

Bouchonner avant
Robinets - Cassés Clef, 01 bouchon, 01 robinet
de remplacer

- Cassé (PEHD) ou Travaux de réparation Cléfs à griffe, 02 raccords,


Tuyau
rouillé (galvanisé) et remplacement bout de tuyau

- Bouchés - Nettoyage,
Compteurs Brosse, cléf, 01 compteur
- Non fonctionnel - Remplacement

94 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


RACCORDER UN USAGER

L’objectif du gestionnaire est d’avoir le maximum de branchements privés, car c’est le


service le plus rentable pour lui. Lorsqu’un usager souhaite faire la démarche de se raccor-
der via ce type de service, il est important que tout le processus de la demande au raccor-
dement effectif de l’usager soit fluide et transparent pour l’usager.

1. Enregistrement de la demande
Un usager intéressé par un branchement privé doit passer au bureau du gestionnaire ou lui
téléphoner pour la prise de contact. Le gestionnaire doit dans un premier temps lui expli-
quer le processus pour accéder au service et lui présenter le service en lui-même avec le
tarif associé. Si l’intérêt de l’usager demeure après ces éclaircissements alors le gestion-
naire ouvre un dossier au nom de l’usager et prend les renseignements nécessaires (nom,
adresse, contact, composition du ménage, nombre de points d’eau envisagés dans l’ins-
tallation). Ces informations permettent de cibler les besoins du ménage et les volumes qui
seront consommés. À la fin de la discussion, le gestionnaire propose un rendez-vous pour
réaliser un devis pour chiffrer le coût de l’installation. Même si l’usager semble hésitant, il est
de l’intérêt du gestionnaire de faire le devis.
Il existe en annexe un modèle de cahier d’enregistrement des demandes de devis pour le
raccordement à un branchement privé. Il existe un onglet dédié dans le fichier client.

2. Plan d’un raccordement


Avant de réaliser les devis pour les raccordements des usagers, le gestionnaire doit valider
un plan type de raccordement. L’objectif est d’avoir un branchement sécurisé et de quali-
té, mais tout en restant sur des fourchettes de prix raisonnables pour les usagers. Certains
usagers sont très sensibles au prix du raccordement d’où l’intérêt d’avoir un plan de raccor-
dement simple avec des accessoires abordables financièrement. La plus grosse charge
pour le raccordement est le compteur et le regard dans lequel il est installé. Dans la mesure
du possible, il est conseillé de subventionner partiellement ou totalement le compteur.

LES ASPECTS TECHNIQUES 95


Chaque gestionnaire doit définir son plan de raccordement, mais un exemple est donné
ci-dessous.

3. Réaliser un devis
Pour réaliser le devis, le technicien du gestionnaire se rend à l’adresse donnée par l’usa-
ger à la date et à l’heure qui a été convenu. L’objectif est de mesurer la distance entre
la conduite principale où sera effectuée la prise et le lieu où l’usager souhaite installer son
robinet de puisage. À noter, qu’un seul robinet de puisage est prévu dans le cadre de l’ins-
tallation standard. Si l’usager souhaite développer toute une installation dans son domicile,
le gestionnaire peut proposer de faire les travaux de plomberie.
Lors de la réalisation du devis, le technicien doit s’assurer également qu’il n’y ait pas d’obs-
tacles ou contraintes majeurs sur le tracé du raccordement (nature du sol, traversée de
chaussée…) Une fois que toutes les informations ont été prises sur terrain, il peut alors trans-
mettre les données au gérant qui éditera le devis sur ordinateur. Le devis est ensuite remis à
l’usager. Un exemple de devis est disponible en annexe.
Annexe 11. Canevas pour le devis de raccordement d’un usager
Il est possible pour des usagers qui seraient voisins de s’associer pour payer ensemble les
tuyaux et accessoires permettant la prise d’eau sur la conduite principale. Ensuite, évidem-
ment, chacun paie les frais liés à la mise en place de son compteur et des accessoires
associés. Cela permet aux usagers de faire baisser le coût du raccordement notamment s’ils
sont éloignés de la conduite de prise.

96 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


4. Régularisation administrative
Sur la base du devis, l’usager prend ou non la décision de se raccorder. Il peut négocier
des conditions commerciales pour avoir des facilités de paiement pour le raccordement.
Une fois les aspects financiers clarifiés, le gestionnaire fait signer à l’usager son contrat
d’abonnement développant ses droits et devoirs. Il lui remet ensuite son livret d’usager qui
développe les informations sur le service. Le gérant procède à l’enregistrement de l’usager
dans son fichier client avec la référence du compteur qui lui sera destiné. Divers canevas de
documents administratifs cités sont disponibles en annexe.
Annexe 12. Canevas de contrat d’abonnement
Annexe 13. Modèle de livret d’usager

5. Protocole de raccordement
Une fois que la situation administrative de l’usager est à jour et que le paiement du branche-
ment est effectué (partiellement ou en totalité en fonction de la politique commerciale du
gestionnaire), le technicien peut alors procéder au raccordement. La date et l’heure sont
déterminées par le gérant en amont notamment pour permettre de contacter l’aide-tech-
nicien. Dans un premier temps, le technicien réunit tous les matériels et matériaux dont il a
besoin et assisté de son aide ou de journaliers creuse la tranchée qui accueillera la conduite
de branchement de l’usager. Une fois que la conduite de distribution a été atteinte, le
technicien démarre l’installation du branchement en partant du robinet de puisage pour
remonter jusqu’à la conduite de distribution. Une fois que l’installation est réalisée, le techni-
cien peut alors procéder au raccordement. Il isole le secteur de la distribution concernée
grâce aux vannes de sectionnement et installe le collier de prise en perçant avec tarière
la conduite de distribution. Il raccorde ensuite le branchement au collier de prise et remet
en eau la section qui avait été isolée. Si la section sur laquelle est réalisée la prise est impor-
tante (> 200 m) et que la pression n’est pas excessive, il est plus intéressant de procéder au
raccordement sans isoler le secteur. En effet, si la section est importante, le temps de purge
de la conduite sera long et le gaspillage d’eau plus important que si le raccordement se fait
avec la conduite en charge.
Pour gagner du temps et pour mieux organiser le temps de travail du technicien, il est possible
pendant des périodes creuses de s’avancer sur le montage des branchements (réalisation
des chambres à compteurs, montage du compteur et de sa vanne sur sa conduite, pose
du PPR avec le robinet de puisage sur le madrier…)

LES ASPECTS TECHNIQUES 97


4- GESTION ADMINISTRATIVE ET
FINANCIERE
L’ORGANISATION INTERNE

Toute entreprise doit assurer six fonctions principales, mais à des degrés différents en
fonctions de sa spécialisation :
1. La production (nombre, quantité, formes…)
2. La recherche et développement (amélioration continue du produit…)
3. Le marketing (connaissance et maitrise du marché…)
4. La commercialisation (vente, relation avec les consommateurs et réalisation de chiffre
d’affaires…)
5. La gestion des ressources humaines (personnel et gestion de la capacité du person-
nel…)
6. Les aspects financiers (dépenses et recette)
Pour un gestionnaire de système d’adduction d’eau potable, la mission de l’entreprise et
les principales fonctions sont précisées dans le contrat de délégation de gestion et le cahier
des charges. Selon ces documents, la mission principale d’une entreprise gestionnaire d’un
service public d’adduction d’eau potable est la fourniture en eau potable en respectant la
qualité du service fourni aux usagers et le principe d’égalité de traitement.
Trois principales fonctions sont ainsi confiées au gestionnaire : la fonction administrative, la
fonction commerciale et la fonction technique.
Les aspects administratifs et commerciaux sont souvent assumés par la même personne
dont les responsabilités sont les suivantes :
Représenter le Gestionnaire, c’est-à-dire disposer d’un pouvoir lui permettant d’agir
au nom et d’engager le Gestionnaire relativement à tous les droits et obligations du
Gestionnaire au titre du contrat ;
Assurer la pérennité de l’accès en eau de toute la population dans le périmètre du
contrat
Coordonner et superviser toutes les activités ;
Élaborer les factures des abonnés ;
Recouvrer les recettes auprès des fontainiers et des abonnés ;
Encaisser les recettes provenant des branchements particuliers et des kiosques à
eau ;
Élaborer les différents rapports ;
Gérer les différentes ressources (financières, humaines, etc.) ;
Entretenir la relation avec les autorités locales ;

GESTION ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE 99


Echanger avec les usagers les informations sur le service et inciter au développe-
ment des branchements privés.
La fonction technique demande la réalisation des activités suivantes :
Entretien et la maintenance des équipements et des installations,
chloration de l’eau et tout autre traitement requis pour assurer la potabilisation de
l’eau,
relevés des indications des compteurs et distributions de factures,
les travaux de plomberie,
la vérification et le nettoyage des compteurs,
La réalisation des branchements privés.
Pour les réseaux de taille moyenne, il est possible de confier les tâches énumérées ci-dessus
à deux personnes : le gérant assurant les tâches de la fonction N°1 et sous sa direction, un
technicien-plombier pour assurer les tâches de la fonction N°2.
Un gestionnaire avec une seule et unique personne (en même temps gérant et techni-
cien-plombier) n’est conseillé que dans des conditions très limitées liées à la capacité finan-
cière du réseau.
Lorsque la taille du réseau est de plus en plus grande, le gestionnaire pourrait répartir ces
tâches à d’autres ressources humaines permanentes supplémentaires : exemple caissier, un
deuxième technicien-plombier….
Dans tous les cas, il y aura des tâches, qui par souci de rentabilités seront confiées à des
prestataires externes :
la gestion des points d’eau publics,
le gardiennage,
les interventions techniques ponctuelles nécessitant des ressources externes ponc-
tuelles pour assister le technicien-plombier.
Annexe 14. Fiches de poste du gérant et du technicien plombier dans le cas d’une entre-
prise composée uniquement par deux personnes permanentes

100 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


FICHIERS CLIENT ET FACTURATION

1. Savoir lire un compteur


Il existe deux types de compteurs qui présentent de petites différences à la lecture. Il
existe les compteurs volume et les compteurs vitesse. Leurs précisions est généralement au
décilitre. Les compteurs volume étant généralement plus fragiles, il est recommandé d’uti-
liser des compteurs vitesse

2. Les précautions sur le relevé de compteur


Chaque mois, le gestionnaire doit procéder au relevé des compteurs. Quelques précau-
tions sont à prendre pour bien faire ce travail.
Tout d’abord, le relevé de compteur doit être réalisé en l’espace de 24 à 48 heures
maximum. En additionnant les consommations de tous les compteurs, cela permet
de faire des comparaisons intéressantes avec les volumes produits mensuellement. Le
gestionnaire par ce biais peut estimer le rendement de son réseau. Si le nombre de
compteurs sur le réseau est important, le technicien / releveur peut être appuyé. Les
retours d’expérience sur les chef-lieux de communes rurales font état d’une moyenne
de 60 à 80 compteurs relevés par jour par releveur.
Si le relevé des compteurs est bien fait sous 48 heures, l’ordre des relevés importe peu. En
revanche, si un gestionnaire prend un délai plus important, il faut que les relevés soient
alors réalisés toujours dans le même ordre afin que la facturation se fasse chaque mois
sur un nombre de jours similaire (cela permet d’éviter d’avoir une facture sur 25 jours
puis le mois suivant sur 35 jours).

GESTION ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE 101


Lors du relevé de compteur, la présence de l’usager est vivement souhaitée. Norma-
lement le relevé se fait de manière contradictoire. Les chiffres relevés sont inscrits à la
fois dans le cahier du releveur, mais également dans le livret de l’usager ou un tableau
est prévu à cet effet (livret remis à l’usager lors de son raccordement).
En cas de panne ou dysfonctionnement du compteur sur la période, le releveur et
l’usager s’entendent pour inscrire une valeur moyenne de consommation calculée
sur la base des consommations des mois précédents. Le compteur doit ensuite être
réparé ou changer rapidement.
Généralement, l’unité retenue pour le relevé de compteur est le m3. Les compteurs
ont une précision au litre voir au décilitre, mais ces chiffres ne sont pas retenue pour
l’édition de la facture.
Lors du relevé, lorsque l’aiguille est entre deux chiffres, il faut toujours noter le chiffre qui
a été dépassé même si l’aiguille est plus proche du chiffre à venir.
En cas de plainte d’un usager sur une consommation anormalement haute selon lui,
le technicien peut prendre le temps de vérifier si l’usager n’a pas de fuites sur son ins-
tallation domestique. Pour ce faire, il faut fermer tous les robinets de la maison, noter la
valeur en décilitre inscrite sur le compteur, attendre 10 minutes puis reprendre l’indice
des décilitres. Si la valeur à changer c’est qu’une fuite existe bel et bien chez l’usager.
Un canevas permettant d’enregistrer le relevé des compteurs est en annexe.
Annexe 15.Canevas de relevé de compteur pour le releveur

3. Outils de facturation
Une fois les relevés de compteurs effectués, le technicien / releveur restitue les données au
gérant ou responsable administratif et financier. Ce dernier enregistre dans son ordinateur
les données et procède à l’édition des factures.

Le fichier client
Chaque branchement doit être enregistré dans une base de données, que ce soit un
branchement privé, partagé, ou public. Les informations suivantes doivent être présentes :
Nom, adresse et contact de l’usager ou du responsable du point d’eau (si point d’eau
public)
Le numéro d’enregistrement du client
La date d’enregistrement du client
Le numéro de compteur
Le type de branchement (BP, Bpart, PEP)
Des informations plus complètes peuvent être collectées (ex. nombre d’habitants dans le
ménage, nombre de robinets de puisage…).

Informations sur les factures


Quel que soit le modèle de facture retenu par l’exploitant les informations suivantes doivent
être présentes :
Nom, logo, adresse et contact du gestionnaire
Identification juridique du gestionnaire (NIF, STAT, RCS…)
Nom, adresse, numéro et catégorie d’usager du client,

102 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


Numéro de la facture (numéro unique basé sur une séquence chronologique et conti-
nue),
Date d’émission de la facture, période de facturation, date limite de paiement,
Les index sur le relevé de compteur (ancien et nouveaux),
Les volumes d’eau consommés, le prix unitaire et le montant,
Les taxes et redevances,
Éventuellement les pénalités pour retard de paiement.

Les logiciels de facturation


Éditer des factures sans outils adaptés peut être un exercice long, fastidieux et peut même
créer des erreurs. Il est donc important d’automatiser la chose par le biais de logiciel
adapté. Il existe des applications ou logiciels dédiés payants ou gratuits disponibles sur inter-
net. Néanmoins, avec des logiciels du Pack Office de Microsoft, il est tout à fait possible de
créer des outils adaptés à ses besoins. Deux options sont possibles, l’une sous le logiciel Excel
et l’autre sous le logiciel Access.
Les deux logiciels ont des similitudes, ils sont capables de gérer tous les deux de grandes
quantités de données et d’effectuer des calculs et des requêtes puissantes pour analyser
les données. Néanmoins, Excel est plus adapté pour faire du calcul, tandis qu’Access est un
outil plus puissant pour la gestion de données.
Access étant un logiciel plus complexe à maîtriser, il est conseillé dans un premier temps,
d’utiliser l’application sous Excel.

Présentation de l’outil développé sous Excel


Cet outil a été développé en lien avec des gestionnaires, il répond donc à des besoins
identifiés par leurs soins. Plusieurs onglets constituent l’outil :
Sur la première feuille sont compilées les informations sur les clients, c’est donc cette feuille
qui fait office de fichier client.
Fichier client édité

GESTION ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE 103


Sur la seconde feuille, le gestionnaire édite son modèle de facture. Il ne le fait qu’au démar-
rage de son activité, il n’a pas ensuite besoin de le modifier sauf changements d’adresse,
de numéro de téléphone ou de logo. Ce sont d’ailleurs les seuls points modifiables dans
le modèle de facture qui sont marqués de rouge (possibilité de remettre en couleur noire
après modification). Les autres informations, notamment le type de branchement, les
consommations et le tarif sont gérés automatiquement via les données saisies dans les
autres onglets.
Modèle de facture édité

Enfin, sur les onglets suivants le gestionnaire saisit les informations qui permettent l’édition
des factures mensuelles. Les informations à remplir pour les gestionnaires sont celles de
couleur à savoir :
Les informations générales (en orange) : tarif du service, et année de facturation
Les informations sur le mois de facturation (en rouge) : date du relevé, nouvel index,
date de présentation de facture. À noter que pour le mois de janvier et uniquement
pour ce mois, il faut saisir la date et l’index du mois précédent (décembre n-1 donc)
Toutes les autres informations de couleur noire sont des reports automatiques via des
formules et ne sont donc pas à saisir par l’opérateur.
Informations sur la facturation du mois de janvier

104 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


Une fois les informations saisies sur le mois de facturation concerné, l’opérateur peut alors
éditer ses factures. Pour ce faire, il sélectionne les clients dont il souhaite éditer la facture
par le biais de leur n° client (colonne A) et appuie sur le bouton « éditer » présent dans
l’onglet. Les factures apparaissent alors automatiquement dans un fichier PDF (4 factures
par page A4).
Édition de la facture de janvier

Le gestionnaire remet alors la facture à chacun des clients et lorsque ces derniers viennent
s’acquitter de la facture, il leur remet leur reçu présent dans le modèle de facture.
Le modèle intègre déjà 300 factures dont les formules sont associées aux données des
clients. Si le réseau est de taille plus importante, il sera nécessaire de créer les liaisons avec
les nouveaux clients.
Annexe 15. Canevas de fichier client et facturation

4. Le reglèmement des factures


Pour régler sa facture, l’usager doit se déplacer au bureau local du gestionnaire. Le délai
de paiement est fixé par l’exploitant et mentionné dans la facture. Généralement, il est
retenu 10 jours de délais après l’édition et la remise de la facture, mais cela reste à la discré-
tion de l’exploitant qui peut augmenter un peu ce délai. En tout état de cause, 10 jours est
un minimum à respecter.
Certains gestionnaires peuvent également développer la possibilité de paiement via
mobile, mais cela se fait plutôt sur les gros réseaux dans la mesure où des frais sont quand
même associés à ce type de paiement.
En cas retard de paiement, un courrier de rappel est réalisé et si sous 5 jours la situation
n’est pas régularisée, la théorie veut que l’usager soit coupé. Pour la remise en route de son
branchement, il doit payer une amende forfaitaire (ex. 5 000 ar) plus le montant majoré de
la facture non acquittée (exemple majoration à 10 %). Dans les faits, les gestionnaires privi-
légient la pédagogie et la médiation plutôt que d’arriver trop rapidement à une solution
dure. Ainsi, des délais supplémentaires peuvent être accordés exceptionnellement (1 mois
par exemple).

GESTION ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE 105


GESTION DES STOCKS ET FOURNISSEURS

La gestion de stock est un élément important pour avoir une gestion dynamique du réseau. Il
est impératif pour le gestionnaire d’avoir un minimum de stock pour parer à toutes éventua-
lités sur le réseau. Il faut pour cela bien connaitre son réseau pour anticiper sur le stock à
constituer. Ainsi, les pièces doivent être disponibles dans les bons diamètres.
Il en va de même pour les accessoires nécessaires au raccordement des usagers à des
branchements privés ou partagés. Il faut avoir les colliers de prises correspondant aux
diamètres des conduites sur lesquelles les usagers sont susceptibles de se raccorder. En
fonction de la demande en raccordement, l’exploitant doit avoir plus ou moins de stock
(équivalent 10, 20 ou 30 branchements par exemple). Au début de la mise en service
du réseau, un stock important est préférable. Le volume du stock est donc fonction de
sa vitesse d’épuisement anticipé. Avec de nombreuses demandes, un stock important
permettra d’anticiper sur les commandes permettant de le reconstituer notamment si les
pièces viennent de la capitale.
Au niveau de la chaine d’approvisionnement, il peut être intéressant d’avoir des fournis-
seurs identifiés et en nombre limité. Cela permet de créer une relation commerciale avec
les quelques fournisseurs choisis et ainsi de pouvoir négocier des avantages (réduction, ou
facilité de paiement). Dans la mesure du possible, lors d’achat important, il faut essayer
de limiter le nombre d’intermédiaires afin d’avoir les prix les plus avantageux. Pour que les
volumes d’achat soient importants, il est intéressant de s’associer avec d’autres exploitants
ou entreprises qui réalisent des chantiers d’adduction d’eau potable. S’associer avec une
entreprise permet également de profiter de sa logistique. Il faut donc suivre régulièrement
les marchés de travaux qui sont passés sur le secteur de l’eau potable dans sa région afin
de profiter d’une commande que réaliserait l’entreprise attributaire.
Dans le bilan comptable annuel, les stocks de matières premières, marchandises et appro-
visionnements doivent être évalués à leur coût d’acquisition. Les variations de stock sont
également enregistrées.

106 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


FINANCE ET COMPTABILITÉ

1. Initiation à la finance
Définition
Au sens large, la finance est un ensemble de professions consacrées à la gestion de l’argent.
Elle offre à l’ entreprise un cadre sécurisant pour son développement et sa pérennité.

Fonction finance
La fonction finance est une méthode qui, à court terme, met à la disposition de l’entreprise
les ressources et les techniques financières permettant d’apprécier puis contrôler l’intérêt
économique d’une activité. À long terme, la fonction finance met à la disposition de l’entre-
prise les techniques financières nécessaires pour son développement et sa production.
En effet, la fonction finance permet d’avoir une connaissance assez approfondie sur les
activités de l’entreprise, ses cycles d’approvisionnements, de distribution et de paiement.
Ce sont les composants qui constituent l’équilibre financier (le fonds de roulement ; le besoin
en fonds de roulement et la trésorerie).

2. Initiation à la comptabilité d’entreprise


Il y a plusieurs types de comptabilité, mais cette section traite uniquement de la comptabi-
lité générale (comptabilité analytique et comptabilité budgétaire).

la comptabilité générale
La comptabilité générale est un système d’organisation de l’information financière permet-
tant de saisir, classer, évaluer, enregistrer les données de base chiffrées et de présenter des
états financiers donnant une image fidèle de la performance et des variations de la situa-
tion financière de l’entité à la date de clôture des comptes.
L’objectif de la comptabilité est de fournir les informations fiables et pertinentes, donnant
une image fidèle des patrimoines et  des performances de l’entreprise. Cette information
doit être inscrite en monnaie.
Le comptabilité a trois fonctions :
Une obligation légale : Toute entreprise est dans l’obligation de transmettre une décla-
ration fiscale annuelle comportant, en plus du bilan et du compte de résultat, de nom-
breux tableaux donnant des détails sur son patrimoine et permettant de justifier la
détermination du résultat.
Un outil de gestion : La comptabilité est un outil de gestion pour obtenir des données
comptables qu’on utilise comme outil d’aide à la décision.

GESTION ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE 107


Un instrument de communication financière : Les dirigeants d’entreprise prennent en
considération la demande d’information des actionnaires, des salariés, des banquiers,
des fournisseurs, des clients. L’image de l’entreprise, la confiance qu’elle suscitera,
dépend en effet dans une large mesure de ses résultats financiers. La comptabilité
devient donc de plus en plus un instrument de communication externe pour l’entre-
prise.
Pour les entreprises, tout processus comptable commence par la production des pièces
comptables, qui sont les pièces justificatives. Sur base de chaque pièce justificative, le
comptable doit effectuer l’ensemble des opérations suivantes :
les livres: livre journal, grands livres, etc. ;
inventaire et travaux comptables de fin d’exercice (amortissement, régularisation des
charges et produits, état douteux, évaluation des immobilisations, etc.) ;
la balance ;
le bilan ;
le compte de résultat ;
les annexes des états financiers (les annexes sont les documents composant les états
financiers. Elle fournit les explications nécessaires pour une meilleure compréhension
du bilan et du compte de résultat et complète autant que de besoin les informations
utiles aux utilisateurs des états financiers)

En plus, il doit faire :


la comptabilité client,
immobilisation,
gestion de trésorerie et
suivi des comptes bancaires.
Le comptable peut effectuer aussi les tâches administratives telles que :
la paie,
la gestion de stock.
Il s’agit donc de veiller sur les respects des orientations financières et coordonner l’applica-
tion des procédures, des démarches et des techniques auprès de l’entreprise.

Le système comptable à Madagascar


Il y a deux types de systèmes comptables à Madagascar :
la comptabilité régulière concerne les entreprises ayant un chiffre d’affaires annuel
supérieur ou égal à 200 millions d’Ariary). La technique comptable est l’écriture à par-
tie double et la règle de l’équilibre comptable (débit et crédit)
la comptabilité simplifiée pour les entreprises ayant un chiffre d’affaires annuel inférieur
à 200 millions d’Ariary). La technique comptable est :
tenue régulière de livres de trésorerie enregistrant les opérations dans l’ordre chrono-
logique ;
conservation des principales pièces justificatives : factures reçues ou émises, reçus de
caisse, relevés de banque, copies de lettres…). Ces pièces doivent être datées,
classées et numérotées.

108 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


La comptabilité simplifiée
Conformément aux articles 141-1 à 141-5 du décret N° 2004-72 du 18 février 2004 portant
approbation du Plan Comptable Général 2005, les petites entités dont les caractéristiques
sont définies par les autorités compétentes ont la possibilité d’utiliser un système comptable
simplifié, fondé sur leurs encaissements et leurs décaissements, et dénommé comptabilité
de trésorerie ou Système Minimal de Trésorerie (SMT).
Les pièces justificatives
Selon le décret 2005-020 sur la concurrence, art.11 : « Le professionnel vendeur ou presta-
taire de service est tenu de délivrer une pièce ou titre pouvant justifier l’achat ou la presta-
tion de service effectué ».
Les pièces de recettes
Les pièces de caisse (au niveau du caissier) : reçus d’encaissement, quittance, etc.
« tenue des souches »
Les pièces comptables (au niveau du comptable) : facture émise de l’entreprise.
Les pièces de dépenses
Les pièces de caisse (au niveau du caissier) : reçus de décaissement, « tenue des
souches », …
Les pièces comptables (au niveau du comptable) : facture reçue de l’entreprise.
Le mode d’encaissement et décaissement : espèces, chèques, virements bancaires,
transfert électronique d’argent (MVola, Orange monnaie, Airtel monnaie, etc.) 
Une présentation plus détaillée du Plan Comptable Général de 2005 est disponible en
annexe avec des outils permettant d’assurer la gestion comptable d’un gestionnaire
professionnel.
Annexe 16. PCG, états financiers, fiche de paie et déclaration à la CNAPS/OSIEF
Un outils de comptabilité simplifié a également été développé par le programme Eaurizon à
destination des petits fermiers. Il s’agit simplement de remplir un journal de caisse sur Excel et
automatiquement une compilation des recettes, des dépenses par poste budgétaire pour
chaque mois est opérée. Cela permet également d’avoir un bilan comptable de l’exercice
assez rapidement.
L’outil a une seconde vocation qui est de compléter le fichier client et la facturation associée
(annexe 17). Il permet de suivre sur un exercice le paiement des factures par les abonnés en
fonction du type de branchement concerné. Cela permet au gestionnaire de suivre donc
les abonnés qui auraient des factures non acquittées et donc de les relancer.
Enfin, le tableur calcule le montant de la taxe que le gestionnaire doit régler à la commune.
Un onglet explique le fonctionnement détaillé de l’outil.

Annexe 17. Canevas de gestion comptable

GESTION ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE 109


L’ARCHIVAGE

Toute la vie du réseau et de la gestion doit être enregistrée et archivée. Cela concerne tous
les domaines autour de la gestion du service, à savoir les aspects techniques, administratifs,
financiers et commerciaux.

1. Les aspects techniques


Cela concerne principalement le travail du ou des techniciens qui entretiennent et réparent
le réseau. À chaque fois qu’ils sont mobilisés, il est impératif de décrire:
La nature de l’intervention qui a été réalisée
l’état initial et final des ouvrages
Les pièces qui ont été utilisées (justificatif des variations de stock)
La durée de l’intervention
Les modifications sur le réseau
Les commentaires sur l’intervention (difficultés, solutions mises en œuvre…)
Tout cela permet de créer un historique et d’avoir la mémoire du réseau. Les informations
et enseignements tirés de cet historique doivent permettre d’effectuer un meilleur travail
d’entretien préventif.
Au niveau du rendu de l’enregistrement, cela passe par la saisie des informations dans un
cahier dédié, mais également par la mise à jour systématique du plan du réseau en cas
de modifications sur celui-ci (comme lors d’extensions par exemple). Le plan du réseau
est généralement édité sous un logiciel SIG voir sous Autocad. Il est également intéressant
d’enregistrer tous nouveaux raccordements sur le plan du réseau.
Annexe 18. Canevas d’enregistrement des interventions techniques sur le réseau

2. Les aspects administratifs et financiers


Les informations sur la gestion administrative sont logiquement classées et archivées. L’exploi-
tant doit avoir ses livres de comptes, ses pièces comptables et ses bilans de disponibles en
version électronique, mais également en version papier. Il est conseillé par exemple de
coller dans un cahier A4 toutes les pièces comptables en fonction de la date de l’opération
(comme dans le journal de caisse). Le gestionnaire doit garder toutes ses pièces y compris
sur les exercices précédents.
Les comptes-rendus de réunions que le gestionnaire peut également avoir avec la commune
ou les représentants des usagers doivent aussi être archivés. Ces éléments sont demandés
dans les rapports d’activités.

110 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


3. Les aspects commerciaux
Les éléments en lien avec la relation clientèle et les aspects commerciaux doivent égale-
ment être enregistrés. Cela peut concerner les démarchages réalisés, les clients ayant fait
des demandes de devis pour se raccorder, mais n’ayant pas finalisé le raccordement,
bref tout élément permettant de mieux identifier les individus à cibler lors de nouvelles
campagnes commerciales autour du raccordement.
La relation clientèle est également un aspect essentiel pour le gestionnaire, mais également
pour la collectivité. Les plaintes ou réclamations des usagers doivent être enregistrées et le
traitement de leur dossier sera également renseigné. La commune doit pouvoir évaluer la
vitesse de traitement des réclamations des clients.
Annexe 19. Cahier d’enregistrement des réclamations

GESTION ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE 111


LE RAPPORTAGE

1. Les rapports d’activités contractuels


L’archivage est important pour l’exploitant dans la gestion de son réseau, mais également,
cela lui permet d’avoir tous les éléments pour le rapportage et donc pour bien informer le
maitre d’ouvrage et le maitre d’ouvrage délégué. C’est une obligation contractuelle qui
normalement est réalisée deux fois par an à dates et échéances précises. Un canevas est
disponible en annexe.
Annexe 20. Canevas sur les rapports narratifs et financiers semestriels et annuels

2. Les réunions et points d’avancement informels


Les réunions de travail ne sont pas des obligations contractuelles, mais se tiennent lorsqu’une
des parties au contrat le demande. Cela peut être des réunions exceptionnelles à périodi-
cité variable ou des points d’avancement périodiques à échéancier fixe (tous les premiers
lundi du mois par exemple).
Ces points d’avancements permettent soit de faire le bilan sur l’avancement de la gestion
du réseau ou de répondre à une situation d’urgence (liée à un acte de vandalisme par
exemple). Dans tous les cas, ces réunions sont très importantes pour la bonne circulation de
l’information.

112 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


5- GESTION COMMERCIALE ET
RELATION CLIENTELE
DÉVELOPPER L’ACCÈS AU SERVICE

La capacité du gestionnaire à développer l’accès au service lui permet de concilier son


intérêt (rentabilité, notoriété, équilibre financier…) avec l’intérêt public (service public en
eau potable accessible, efficace, satisfaisant et pérenne).

1. Les objectifs
L’exploitant à un double objectif :
Avoir un maximum d’usagers
Avoir le plus grand nombre possible d’usagers qui se raccorde via branchement privé
dans la mesure où c’est le service le plus rentable pour le gestionnaire (tranche tari-
faire la plus haute) et le plus pratique pour les usagers.
Avec ces deux objectifs, nous partons évidemment du principe que la ressource en eau est
en quantité suffisante.

Sensibiliser les ménages à accéder au service


Il ne va pas de soit que tous les usagers utilisent le réseau d’eau potable. La volonté à
accéder à un service d’eau potable varie d’une commune à une autre en fonction du
contexte.
Les cibles
Avant le lancement du service, il s’agit de cibler tous les ménages présents dans le périmètre
du contrat. Rassurer les usagers sur le sérieux du projet, fournir le plus de détails sur les aspects
financiers (coûts de raccordement, tarification…) L’important est de créer un climat de
confiance et de faire adhérer la population à la démarche. Les autorités communales
doivent initier le mouvement et le futur exploitant entretenir la dynamique.
Durant l’exploitation du service, il est possible de rencontrer plusieurs usagers qui n’utilisent
pas le service. L’exploitant doit comprendre impérativement les motifs réels de rejet du
service pour cibler ses messages et moyens de communication afin de convaincre ces
usagers. Il s’agit d’apporter des réponses aux inquiétudes, craintes, ou incompréhensions
de ces habitants.
Les messages
En fonction donc des motifs de rejet du service, l’exploitant doit adapter les messages et
méthodes de sensibilisation.

114 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


Motif de rejet
Les messages Les méthodes et outils
du service
- Relativiser le tarif (comparer avec un
autre bien de consommation comme
le crédit téléphonique par exemple)
- Insister sur la qualité de l’eau et la
diminution des frais de santé
Le tarif du service
- Inciter à une consommation réduite au - Pour faire passer ces messages un large
est trop élevé
minimum (eau de boisson et cuisine) panel d’outils est disponible (animation
notamment sur le marché, spot radio,
- Comparer avec les voisins aux revenus
réunion publique dans les quartiers, groupes
similaires qui utilisent le service
de discussions voir porte à porte si les
- Développer les arguments
ménages cibles sont clairement identifiés)
autour de la modernité

- Insister sur la qualité de l’eau et la


J’ai accès à une autre diminution des frais de santé
ressource gratuite - Développer les arguments
autour de la modernité

- Organiser une médiation


Je suis en conflit
- Envisager le renvoi du fontainier si
avec le fontainier
plusieurs usagers s’en plaignent

- Étudier la possibilité de réaliser


un point d’eau (public ou partagé
Le point d’eau le plus
suivant la configuration du lieu)
proche est trop loin
- Inciter à des branchements privés
de mon habitation
avec partage du coût de la conduite
de prise par les différents usagers.

Il est proposé en annexe un exemple de spot humoristique diffusable sur les radios locales
pour la sensibilisation à l’accès au service.
Annexe 21. Spoketch diffusé avant et pendant le lancement du service.
Les moyens
Quels que soient les méthodes et outils retenus, cela ne représente pas des coûts importants
que ce soit en terme humains ou financiers. La difficulté au niveau des ressources humaines
est peut être que les personnes en poste pour le gestionnaire (gérant, technicien/releveur)
n’ont peut être pas la capacité de bien communiquer et fédérer autour d’un discours. Il
faudra peut être les former en amont, ou à voir si cela n’est vraiment pas dans leur carac-
tère de prendre la parole et se mettre en avant, de recruter localement et ponctuellement
des personnes ayant des bonnes capacités d’animation.

Sensibiliser les ménages à se raccorder à des branchements privés


Il a déjà été exposé précédemment que l’exploitant avait tout intérêt à développer le
nombre de branchements privés parce que c’est le tarif le plus rentable pour lui et qu’en
plus, les consommations ont tendance à être plus élevées.

GESTION COMMERCIALE ET RELATION CLIENTELE 115


Les cibles 
Les ménages susceptibles de payer les frais de raccordement pour un branchement privé
sont généralement les ménages ayant des revenus moyens à élevés. Les sensibilisations vont
donc être plus ciblées même si ponctuellement des campagnes de communication plus
larges sont possibles.
Le gestionnaire pour toucher ses cibles dispose de plusieurs moyens pour les identifier :
Utiliser les listings des études avant-projets sur le volet socio-économique. Ce type de
listing est d’autant plus intéressant si les enquêtes ont été réalisées sur un échantillon-
nage déterministe (en fonction des revenus). Dans les bases de données, les noms des
ménages enquêtés comme étant les plus à même de se raccorder son disponibles. Il
suffit alors au gestionnaire de reprendre cette liste de noms.
Tous les ménages qui ont déjà demandé un devis pour se raccorder, mais qui n’ont pas
été au bout de la démarche. Ces ménages ne sont pas raccordés peut être faute de
liquidités au moment de leur demande de devis, mais la situation peut évoluer notam-
ment si leurs revenus sont saisonniers (liés à la récolte du riz par exemple).
Faire des descentes ciblées en fonction de l’habitat. Il peut y avoir des signes extérieurs
de richesses dans le choix des matériaux dans la réalisation de la maison (toit en tôle…)
ou dans les raccordements déjà présents (électricité, antenne satellite). Si le ménage
a des véhicules motorisés (moto, voiture) cela est également intéressant de le cibler.
Avec le temps, les employés de l’exploitant vont connaitre de mieux en mieux la population
locale (si ce n’est pas déjà le cas lorsqu’ils sont embauchés sur place). Il est alors plus aisé
pour eux d’identifier leurs cibles.
Les messages
Les messages doivent être orienté sur des notions de modernité / prestige plutôt que sur des
messages hygiénistes. C’est la gamme supérieure qui est proposée et c’est donc en tant
que marqueur social que les ménages pourraient être incités à franchir le pas. L’aspect
pratique d’avoir l’eau à domicile à toutes heures sans avoir à se déplacer, peut également
être un argument pertinent.
Type de messages ou visuels qui peuvent être véhiculés

116 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


Les méthodes
Sur ces sensibilisations ciblées, les relations interpersonnelles sont plus efficaces que les
communications de masse même si les deux peuvent être associées. Il faut privilégier les
visites à domicile et les temps d’échanges au bureau du gestionnaire.
Dans la méthodologie il peut être également proposé des facilités de paiement pour le
raccordement avec plusieurs échéanciers de paiement. Avoir une politique commer-
ciale souple, permet de bien s’adapter aux spécificités des clients et de la nature de
leurs revenus. Attention toutefois à prendre les garanties suffisantes pour ne pas avoir de
mauvaises surprises.
La temporalité
Suivant les communes et la nature des revenus des ménages cibles, il peut y avoir des
périodes plus propices pour faire des sensibilisations et inciter à se raccorder via des
branchements privés. Si le profil des ménages est celui d’exploitant agricole par exemple,
en fonction des cultures pratiquées (cultures de rentes ou rizicultures), il faut viser les périodes
où les ménages vendent leur production et disposent donc de liquidités.
Moyens humains et financiers
Au niveau humain, ce type de démarche ne nécessite pas de frais majeurs dans la mesure
où les employés du gestionnaire pourront être mobilisés ponctuellement (notamment le
gérant).
En revanche, l’exploitant peut être amené à faire des efforts financiers ponctuels sous la
forme de promotions. Lorsque le rythme de raccordement faiblit, et que les demandes
plafonnent, le gestionnaire peut pratiquer des réductions sur le raccordement. Il faut alors
bien communiquer sur le niveau de la promotion, sa période de validité et son caractère
exceptionnel. Il faut que les ménages aient la sensation que c’est une occasion à ne pas
rater. Des communications de masse peuvent alors être intéressantes.

GESTION COMMERCIALE ET RELATION CLIENTELE 117


DÉVELOPPER UNE RELATION DE
CONFIANCE AVEC LES USAGERS ET LA
COMMUNE

1. Permanence et accessibilité du local commercial


Le décor du bureau du gestionnaire est un indicateur puissant qui démontre le sérieux et la
rigueur des responsables.
Exemple : une agence de banque sale, désordonnée peut être le signe que les responsables
pourraient manquer de rigueur et de sérieux dans leur prestation. À l’inverse une agence
de banque, d’assurance, de transport de communication moderne et rutilante convainc
du contraire. Un restaurant propre, les mobiliers bien disposés, bien tenu peut être la preuve
de la qualité du menu. C’est pourquoi les responsables des services doivent adopter une
politique visant à parfaire le décor de leur point de vente dans le souci de crédibiliser leur
offre (notamment pour les branchements privés).
L’accessibilité est également un élément qui détermine la qualité du service. Certains
usagers peuvent habiter loin du chef-lieu de la commune où sont généralement situés les
exploitants. Si par exemple, ils se déplacent pour payer leurs factures et que le local commer-
cial du gestionnaire est fermé, cela va nuire à l’image du gestionnaire, et à la qualité du
service rendu. Les informations sur les horaires d’ouverture du local doivent être clairement
et largement annoncées (par exemple mettre cette information dans chaque facture). Le
personnel administratif se doit de bien respecter ce qui a été annoncé. Dans le cas, de
petits gestionnaires où le caissier est à la fois le comptable voir le directeur de l’entreprise,
il faut donc anticiper sur les horaires sur les indisponibilités qui pourraient être fréquentes. Il
est donc préférable avec ce profil de personnel administratif de garder des journées ou
des demi-journées où le local commercial est fermé afin par exemple de permettre au
comptable / guichetier, d’aller déposer les recettes de la semaine à la ville la plus proche
accueillant des institutions bancaires.
La relation clientèle est une source fondamentale d’information et de retour d’expérience :
le personnel en contact et son encadrement sont des ressources très précieuses pour donner
des informations de première main sur les clients.
Dans la mesure où le service public de l’eau implique des relations directes entre les usagers
et le personnel du gestionnaire, il est important de choisir avec soin son équipe. C’est bien
donc au travers du personnel que l’usager établit son jugement sur le service offert. L’exploi-
tant devra donc former le personnel à un contact de qualité en lui enseignant :
les règles d’hygiène
la disponibilité et la courtoisie (à ne jamais dire non)
éviter de prononcer un certain nombre de mots à connotation négative)
à interroger toujours le client pour savoir s’il a été satisfait et s’il a une autre demande
à formuler.

118 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


2. Développer sa marque
Outre le décor du point de vente, c’est celui des éléments tangibles tels que les machines,
les bureaux, les tenues qui peuvent tenir lieu d’indices tangibles du service et crédibiliser
l’entreprise aux yeux du client. Une entreprise de salubrité apparaitrait moins sûre si son
personnel affiche de prime àbord la saleté dans ses locaux et dans ses uniformes. Les socié-
tés de télécommunication mettent un point d’honneur à équiper le personnel de contact
en matériel roulant et exigent d’eux une tenue vestimentaire impeccable. Cette démarche
vise à crédibiliser leur offre. En effet c’est connu, la vente étant un métier de communica-
tion ; en communication la crédibilité d’une information, sa perception et son acceptation
dépend de la crédibilité de la source de l’information. Sur le secteur de l’eau, un usager
sera-t-il enclin à faire confiance à un exploitant qui fait le décompte de ses factures avec
une machine à calculer ordinaire ou bien avec son téléphone ?
Le gestionnaire doit donc choisir le nom de son entreprise de sorte qu’il soit évocateur et
qu’il véhicule une image positive ou une image de modernité. Il faudra également choisir
le logo qui accompagne ce nom. Il faut qu’il soit facilement reconnaissable et si possible
évocateur du service rendu. Un visuel simple est généralement plus facilement identifiable
notamment dans les cas où il est imprimé en petit format (ex. sur les factures d’eau). Atten-
tion également aux couleurs choisies. En effet, généralement le gestionnaire imprimera ses
factures en noir et blanc et il faudra donc que le logo soit visible en couleur, mais égale-
ment en noir et blanc.
Pour consolider le professionnalisme de la structure, il est intéressant que le personnel soit
identifiable facilement (tenue spécifique, badge…)
Le matraquage publicitaire par des outils visuels renforce les intentions et les décisions
d’achats d’un produit (branchement privé notamment). On peut par exemple installer des
plaques de signalisation, marquant la présence de l’entreprise à chaque borne, point de
raccordement ou branchement (portant la couleur, le logo et le slogan de l’entreprise…)

GESTION COMMERCIALE ET RELATION CLIENTELE 119


ANNEXE

21 Annexe 1. Synthèse du cadre juridique du secteur de l’eau et de l’assainissement


21 Annexe 2. Le code de l’eau et ses décrets d’application
32 Annexe 3. Démarches pour créer sa société à Madagascar
39 Annexe 4. Documents sur la procédure de recrutement d’un fermier sur la commune
de Ranohira, MEAH, 2011
41 Annexe 5. Modèle de contrat d’affermage, MEAH, 2016
41 Annexe 6. Modèle de cahier des charges sur un contrat d’affermage, MEAH, 2016
42 Annexe 7. Avant-Projet Sommaire volet socio-économique, Commune de Iarintsena,
Eaurizon, 2017
42 Annexe 8. Avant-Projet Sommaire volet financier, Commune de Iarintsena, Eaurizon,
2017
44 Annexe 9. Canevas de plan d’affaires sur un contrat d’affermage, Eaurizon, 2017
70 Annexe 10. Identification des solutions pour améliorer la couverture en matière d’ana-
lyse d’eau à Madagascar, pS-Eau / Cite, 2015
94 Annexe 11. Canevas pour le devis de raccordement d’un usager
95 Annexe 12. Canevas de contrat d’abonnement
95 Annexe 13. Modèle de livret d’usager
98 Annexe 14. Fiches de poste du gérant et du technicien plombier dans le cas d’une
entreprise composée uniquement par deux personnes permanentes
103 Annexe 15. Canevas de fichier client et facturation
107 Annexe 16. PCG, états financiers, fiche de paie et déclaration à la CNAPS/OSIEF

107 Annexe 17. Canevas de gestion comptable


108 Annexe 18. Canevas d’enregistrement des interventions techniques sur le réseau
109 Annexe 19. Cahier d’enregistrement des réclamations
110 Annexe 20. Canevas sur les rapports narratifs et financiers semestriels et annuels
113 Annexe 21. Spoketch diffusé avant et pendant le lancement du service.

Toutes les annexes sont disponibles en ligne sur le site du pS-Eau. Vous les retrou­
verez à l’adresse suivante :
https://www.pseau.org/outils/biblio/resume.php?d=8019&l=fr ?

120 EXPLOITER UN RÉSEAU D’EAU POTABLE


GESTION COMMERCIALE ET RELATION CLIENTELE 121
Gérer
un réseau d’eau potable
La Métropole de Lyon et la Région Haute Matsiatra à Madagascar ont des
accords de coopération décentralisée depuis 2006 avec l’appui, notam-
ment, de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse et de Saur Solidarités.
Durant ces années de collaboration, de nombreuses infrastructures d’eau
potable et d’assainissement ont été réalisées.
Les ouvrages d’eau potable construits sont principalement des réseaux gravi-
taires. Sur les réseaux ayant plusieurs milliers d’usagers, une gestion profession-
nelle est recommandée. Le Ministère de l’Énergie, de l’Eau et des Hydrocar-
bures malgache ne préconise pas la mise en place de régie directe sauf cas
exceptionnels, ainsi les délégations de services publics semblent donc une
nécessité pour les collectivités territoriales malgaches.
À Madagascar, il existe quelques entreprises capables d’assurer ces déléga-
tions de services publics sur l’eau potable mais elles se concentrent logique-
ment sur les réseaux ayant les plus grands nombres d’usagers. En province,
sur les réseaux de tailles intermédiaires, il est donc parfois difficile de trouver
des entreprises formées à la gestion de réseaux d’eau potable. C’est un
problème auquel ont dû faire face les collectivités malgaches partenaires
de la Métropole de Lyon et de la Région Haute Matsiatra. Pour combler ce
manque, un programme de formation a été développé dans le cadre de la
coopération décentralisée afin de faire émerger de nouveaux professionnels
capables de gérer localement des infrastructures d’eau potable.
Cet ouvrage est le support du module de formation mis en œuvre. Il a été
co-produit en lien étroit avec des gestionnaires professionnels en activité
et avec les équipes de la Direction Régionale de l’Énergie, de l’Eau et des
Hydrocarbures dans la Haute Matsiatra.

Coopération décentralisée Avec le soutien de

Région Haute Matsiatra

Vous aimerez peut-être aussi