État de L'art (Version Provisoire1)
État de L'art (Version Provisoire1)
État de L'art (Version Provisoire1)
la mise en traction (ou en compression) d’une inclusion dans le sol produit des contraintes de
cisaillement dont les valeurs ne sont significatives que dans une zone limitée autour de
l’inclusion. Dans cette zone, le sol a tendance à augmenter de volume par suite de la dilatance,
mais s’en trouve en partie empêché par le reste du sol. Il en résulte une augmentation
importante de la contrainte normale sur le pourtour de la zone de cisaillement et par suite à la
surface de l’inclusion : c’est le phénomène de dilatance empêchée.
Par ailleurs, les essais à contrainte normale constante et à volume constant ont été
considérés par plusieurs auteurs comme des chemins de cisaillement extrêmes contrairement à
l’essai à rigidité normale constante qui est considéré comme un chemin intermédiaire qui
permet de bien simuler les conditions réelles de frottement (Boulon 1988 ; Hassan 1995 ;
Fakharian et Evgin 2000 ; Ghionna et Mortara 2002).
Une autre classification des essais d’interface consiste à les diviser en essais de
cisaillement direct qui sont présentés comme des dispositifs simples où l’on impose au sol de
glisser par rapport à l’interface et essais de cisaillement simple qui se différencient des
précédents par le fait que la surface de l’interface sol/matériau reste constante tout au long de
l’essai et par l’identification séparée des composantes de déplacement (glissement,
cisaillement).
Rappels de quelques appareils de caractérisation de l’interface
L’approche de l’interface par un milieu fictif ou réel auquel on associe une loi de
comportement nécessite des études expérimentales de caractérisation mécanique selon les
types de matériaux en contact. Depuis le début de l’utilisation des éléments joints dans le
calcul des structures, des appareils plus ou moins sophistiqués ont été conçus pour mieux
décrire le comportement des interfaces.
La plupart des travaux expérimentaux développés dans ce cadre portent sur le
cisaillement entre un sol et une structure (béton, acier, bois … etc.). Ainsi, la boîte de
cisaillement direct de Casagrande, fut le premier outil utilisé dans ce domaine. Au fil des
années, d’autres types d’appareillage ont été développés. Dans le tableau suivant, un certain
nombre de ces dispositifs est rappelé en mentionnant les avantages et les inconvénients.
Cisaillement double simple Paikowsky et al. Cisaillement simple et direct Instrumentation spéciale pour mesurer les
direct (1995) Pas d’effets de bords contraintes le long de l’interface
Interface simple ou double pour la barre Nécessite une longueur suffisante de la
Surface solide interchangeable barre pour une mesure correcte loin des
Surface de contact constante zones uniformes aux extrémités
Identification séparée des composantes
du déplacement
Cisaillement simple Lerat (1996) Homogénéité des conditions aux limites Montage, procédure et préparation
annulaire De Gennaro (1999) de déplacement sur toute l’interface difficiles
Chambon (2003) Plusieurs types de consolidation et Dispositif et échantillon de grandes
confinement dimensions
Dumitrescu et al.
Déplacement tangentiel très important Nécessite un appareil de pluviation pour
(2003)
sans perte de matériau un dépôt homogène de l’échantillon
Corfdir et al. (2004) Vitesse de cisaillemnt variable en cours Contrainte normale à l’interface non
d’essai de 0 à 6 mm/min controlée (uniquement une structure en
Essais monotones et cycliques acier lisse est équipée de capteurs locaux)
Niveaux de contraintes élévées (jusqu’à
1Mpa)
Surface de contatc constante
Possibilité de visualisation directe de
l’interface
Choix de saturation et de drainage
Surface solide interchangeable
(possibilité de bétonnage sur place)
Appareil de cisaillement Lerat (1996) Bonne homogénéité des conditions Appareil volumineux et trop sophistiqué
simple annulaire (ACSA) De Gennaro (1999) mécaniques de l’essai sur toute la surface destiné davantage à des travaux de
Chambon (2003) de contact sol-structure, ainsi qu’une recherche qu’à des essais de routine.
bonne étanchéité de l’échantillon
Dumitrescu (2005)
Essais de cisaillement sur sol saturé
Frih (2005)
Observations expérimentales du comportement de l’interface
Dans l'interface sol granulaire-structure, le confinement du sol granulaire adjacent a un
effet important sur le comportement volumétrique de l'interface. Sur la base de Wernick
(1978), Evgin et Fakharian (1996), Dejong et al. (2003 ; 2006), et Dejong et Westgate (2009),
la condition de confinement imposée à la zone d'interface peut être définie par un paramètre
de rigidité normale (K). Ce paramètre prend en compte la réponse élastique du champ lointain
(par exemple, les sols du champ lointain entourant un pieux), et relie linéairement le
changement de contrainte normale (d σ n ) au changement de volume (d un). Ainsi, par le
changement de volume du sol pendant le cisaillement, la contrainte normale peut être calculée
comme suit :
σ n=σ no + dσ n=σ no−Kd un
où, σ no est la contrainte normale initiale avant la charge de cisaillement, du n est le changement
de déplacement normal de l'interface et K est la rigidité normale imposée. Les contraintes et
les déplacements sont positifs en compression comme le veut la convention de signe.
L'effet de la rigidité normale (K) sur le comportement de l'interface sol granulaire-
structure peut être saisi grâce à une rigidité normale constante (K=cst) et à deux conditions
limites de K=0 et K=∞ ( K=dσ n /dun ¿. Ces conditions sont considérées comme trois voies de
contrainte différentes pour l'étude de la mécanique des systèmes d'interface sol-structure. Ces
trois chemins de contrainte sont imposés aux tests de cisaillement de l'interface sol-structure
par trois conditions limites principales différentes :
Contrainte normale constante (CNC)
Ici, la variation de la contrainte normale est égale à zéro (dσ n=0) et la variation du
déplacement normal est non nulle (du n≠0). Ainsi, la rigidité de l'essai est nulle (K=0).
Volume constant (VC)
Ici, la variation de la contrainte normale est non nulle (dσ n≠0) et la variation du déplacement
normal est égale à zéro (du n=0). Ainsi, la rigidité de l'essai est infinie (K=∞).
Rigidité Normale Constante (RNC)
Ici, la variation de la contrainte normale et l'augmentation du déplacement normal sont non
nulles (dσ n≠0, du n≠0) et la rigidité du test est constante (K=cst).
Figure 1. Vue schématique des différentes conditions aux limites dans l'étude expérimentale de l'interface, a) Contrainte
normale constante (CNC), b) Volume constant (VC), et c) Rigidité normale constante (RNC).
Si le chargement se fait à volume constant, les déplacements normaux, par contre, sont
empêchés. Dans ce cas, la contrainte normale augmente ou diminue selon que le sol au
voisinage de l’interface tend à se dilater ou se contracter (dilatance, ou contractante
empêchées).
Enfin, la condition de rigidité normale constante (déplacement normal et contrainte
normale variant proportionnellement suivant un rapport K constant) permet de présenter
l’évolution de la contrainte normale et du déplacement normal qui reproduit l’état de dilatance
ou de contractante de l’interface.
L’on constate également que la résistance de cisaillement à l’interface sol-structure est
généralement différente de celle du sol lui-même. Elle dépend en même temps à des facteurs
reliés à l’interface et au sol. La résistance au cisaillement entre sols fins et surfaces solides
dépend des conditions de sa mobilisation, c’est à dire en condition drainée ou non drainée.
Notion de coefficient de frottement
Le coefficient de frottement apparent (Lerat 1996, Alimi et al. 1977) μ¿ est défini par :
¿ τ max
μ=
σ0
Où τ max est le cisaillement maximale et σ 0 la contrainte normale initiale. Ce coefficient peut
être fortement supérieur au coefficient de frottement réel μ:
τ max τ
μ= = max
σ 0+ ∆ σ ( τ max ) σ (τ max )
Où ∆ σ (τ max ) est l’accroissement de la contrainte normale. Ceci est dû au phénomène de
dilatance empêchée généré au sein de l’interface (Schlosser et Guilloux 1981).
Notion d’angle de frottement sol-structure
Parmi les facteurs qui ont une influence sur la valeur de l’angle de frottement sol-
structure δ', Schlosser (1991) cite :la rugosité de la structure, l’angle de frottement interne du
sol φ', le tassement relatif entre la structure et le sol.
τ
La mesure du coefficient de frottement réel sol-structure ( μ= ) détermine
σn
'
immédiatement la valeur absolue de l’angle δ' (δ =tan (μ) ). L’angle δ' peut varier entre 0 et
−1
φ'.
Tableau 2.Valeurs de l’angle de frottement sol-structure
Tableau 3 Synthèse des valeurs expérimentales sur l’épaisseur de la couche d’interface (Frih 2005) .
Figure 3. Influence de la contrainte normale sur le comportement de l’interface sable dense-acier (Hu et Pu 2004)
Influence de la densité relative de l’échantillon
L’effet de la densité du sable sur le comportement de l’interface est bien connu. Les
valeurs de résistance au cisaillement augmentent pour les échantillons avec sables plus denses
en conséquence de la dilatance, phénomène d’enchevêtrement et de désenchevêtrement des
grains lors du cisaillement d’interface (Wernick 1978 ; Tejchman et Wu 1995). Les courbes
de cisaillement pour les échantillons lâches montrent l’absence d’un pic prononcé. Ce dernier,
présent dans les échantillons denses, est suivi par un radoucissement progressif et une
stabilisation de la valeur de cisaillement résiduel. Du point de vue volumique, la courbe du
déplacement normal des échantillons denses est caractérisée par une phase contractante très
courte suivie par une phase dilatante et enfin une stabilisation (Tabucanon et Airey 1992 ;
Fakharian et Evgin 1996) et éventuellement une deuxième phase contractante (Lerat 1996 ;
Frih 2005 ; Dumitrescu 2005) (Figure 4). Par contre, la courbe des échantillons lâches se
caractérise par une seule longue phase de contractance globale ; la diminution du volume est
continue et proportionnelle à la distance de cisaillement et à la baisse de l’indice de densité
ID.
Figure 4. Influence de la densité sur le comportement de l’interface sable d’Hostun-acier rugueux à l’ACSA (Dumitrescu
2005)
L'une des caractéristiques importantes des interfaces sol granulaire - structure est la
contraction accumulée pendant la charge cyclique (Navayogarajah et al. 1992; Fakharian
1996; Fakharian & Evgin 1997; Shahrour & Rezaie 1997; DeJong et al. 2003; Mortara et al.
2002; Dejong et al. 2006; Zhang & Zhang 2006b; Mortara et al. 2007; Mortara 2008; DeJong
& Westgate 2009; Zhang et al. 2011). Ce phénomène est expliqué par la figure 5 pour une
interface dilatatrice entre un sol graveleux dense et un matériau en acier soumis à des cycles
de cisaillement. Comme on peut l'observer sur la figure 5, le comportement volumétrique de
l'interface dans le plan du déplacement normal (un )-déplacement tangentiel (ut ) peut être
divisé en 6 parties pour le premier cycle. AB, CD et EF sont les parties contractives, et BC,
DE et FG sont les parties dilatatrices. Au début du chargement, l'interface subit une
contraction (partie AB), qui n'est que pour le premier cycle, suivie d'une dilatation (partie
BC). À chaque inversion de charge (portions CD et EF), l'interface se contracte puis se dilate
(portions DE et FG). Cependant, le taux de contraction lors de l'inversion de charge est plus
élevé que le taux de dilatation suivant, et il entraîne par conséquent une contraction
cumulative lors du chargement cyclique au sein des interfaces. Cette contraction accumulée
est stabilisée après un certain nombre de cycles de cisaillement et l'interface se densifie. Le
même phénomène se produit dans les zones d'interface avec des densités relatives (Dr)
différentes (allant de lâche à dense). Cependant, dans les interfaces à plus faible densité
relative (Dr), la tendance à la dilatation des portions DE et FG est réduite. Les interfaces avec
des densités relatives plus faibles (Dr) sont plus densifiées pendant la charge cyclique et
subissent donc plus de contraction que les interfaces avec des Dr plus grandes (Fakharian
1996 ; Fakharian & Evgin 1997 ; Shahrour & Rezaie 1997). Dans les interfaces sol granulaire
- structure, à mesure que le nombre de cycles augmente, l'amplitude de la déformation par
cisaillement dans le sol granulaire diminue et l'amplitude de glissement augmente (Fakharian
1996 ; Fakharian & Evgin 1997).
Figure 5. Contraction cumulative pour une interface gravier-acier lors d'une charge cyclique sous la trajectoire de
contrainte de CNC avec σn =400 kPa (Data from Hou (Hou 2008))
D'après des observations en laboratoire (Desai et al. 1985 ; Fakharian 1996 ; Shahrour
& Rezaie 1997), les cycles de cisaillement induisent un durcissement cyclique qui est une
augmentation de la contrainte de cisaillement maximale pour les interfaces lâches. Cependant,
il peut induire un ramollissement cyclique, c'est-à-dire une diminution de la contrainte de
cisaillement maximale, pour les interfaces denses en fonction de l'amplitude du déplacement
tangentiel (Desai et al. 1985 ; Fakharian 1996). Un exemple de durcissement cyclique est
illustré dans la figure 6.b pour une interface entre un sol sableux et un matériau en acier.
Comme on peut le voir sur la figure 6.b, la résistance au cisaillement mobilisé dans l'interface
sol granulaire-structure est stabilisée après un certain nombre de cycles, ce qui est dû à la
stabilisation dans la contraction des sols granulaires (Desai et al. 1985 ; Uesugi et al. 1989 ;
Uesugi et al. 1990 ; Fakharian 1996 ; Shahrour & Rezaie 1997). De plus, en augmentant la
contrainte normale, la force de cisaillement cyclique mobilisée est également augmentée dans
les interfaces sol granulaire - structure granulaire (Desai et al. 1985).
Figure 6. Comportement cyclique d'une interface entre un sable meuble et une surface d'acier rugueuse sous contrainte CNC
avec σn =500 kPa et Dr=25%, a) déplacement normal - déplacement tangentiel, et b) contrainte de cisaillement -
déplacement tangentiel (Données de Fakharian (Fakharian 1996)).
Figure 10. Relation entre la rugosité de la surface et la dureté de la surface sur le pic de coefficient de frottement de
l'interface (d’après Frost et al. 2002).
Influence de la rigidité normale
En augmentant la rigidité normale (K), la contrainte normale (σ n) augmente sur la zone
d'interface (figure 11-a) et, par conséquent, il en résulte une plus grande résistance au
cisaillement mobilisé (figure 11-b) et une moindre dilatation (figure 11-c) (Fakharian 1996 ;
Evgin & Fakharian 1996 ; DeJong & Westgate 2009). Comme on peut l'observer sur la figure
11, les tests CNC et VC sont deux limites supérieures ou inférieures pour les tests d'interface
avec une rigidité normale constante (RNC) (D'Aguiar et al. 2011). Le déplacement normal
dans les essais d'interface sol granulaire - structure n'est pas autorisé avec un chemin de
contrainte VC, comme on peut le voir sur la figure 11-c. Cependant, du point de vue du
comportement à micro-échelle de l'interface sol-structure granulaire (DeJong & Westgate
2009), le déplacement normal nul dans un spécimen dans un essai d'interface peut être causé
par la combinaison de la dilatation directement au contact de la surface structurelle et de la
contraction du sol adjacent.
Figure 11 :Vue schématique de l'effet de la rigidité normale (K) sur le comportement de l'interface structurelle du sol
granulaire, a) déplacement normal contrainte-tangentiel, b. ) contrainte de cisaillement - déplacement tangentiel, et c)
déplacement normal - déplacement tangentiel.
L'un des phénomènes critiques qui se produit dans l'interface sol granulaire - structure
granulaire est la dégradation par contrainte cyclique qui peut être observée pendant le
comportement des interfaces dans des conditions de contrainte cyclique du RNC et du VC.
Sur la base d'observations expérimentales (Ooi & Carter 1987 ; Tabucanon et al. 1995 ;
Fakharian 1996 ; Evgin & Fakharian 1996 ; Fakharian & Evgin 1997 ; Shahrour & a Rezaie
1997 ; Mortara et al. 2002 ; Zhang & Zhang 2006b ; Mortara et al. 2007 ; Mortara 2008 ; Di
Donna et al. 2015), pendant la charge cyclique, la zone d'interface entre les sols granulaires et
les matériaux structurels se contracte de manière cumulative pour les tests de RNC et a
tendance à se contracter pour les tests de VC, ce qui entraîne une dégradation sous contrainte
normale (σ n) et sous contrainte de cisaillement (τ). Cette dégradation par contrainte cyclique
est illustrée à la figure 12 pour une interface sable-acier dense dans le cadre d'un essai RNC
cyclique. Comme le montre la figure 12, les contraintes normales et de cisaillement diminuent
de manière significative en augmentant le nombre de cycles, puis se stabilisent après un
certain nombre de cycles de cisaillement. Les trajectoires des contraintes dans le plan des
contraintes normales (σ n) et des contraintes de cisaillement (τ) touchent l'enveloppe de la
résistance maximale au cisaillement, puis se stabilisent sur l'enveloppe de la résistance
résiduelle au cisaillement. Comme on peut le voir sur la figure 12, dans l'interface sol
granulaire - structure, les points de transformation de phase dans chaque cycle sont situés sur
l'enveloppe de transformation de phase qui est une ligne droite passant par l'origine dans le
plan de contrainte et qui distingue le comportement de contraction de la dilatation (Lade &
Ibsen 1997 ; Bakmar et al. 2008). Fakharian (1996) et Mortara et al. (2007) ont révélé qu'en
augmentant la rigidité normale (K), le taux de dégradation du stress est également augmenté.
En outre, une augmentation de la rigidité normale (K) entraîne une augmentation de la
dégradation post-cyclique du stress. En d'autres termes, la différence entre la contrainte ultime
monotone et la contrainte ultime post-cyclique augmente en augmentant la rigidité normale
(K) (Mortara et al. 2007). [4]
Figure 12. Une interface sable-acier avec K= 400 kPa/mm et Dr=84% sous charge cyclique (données de Fakharian 1996).
Figure 13. Rupture des particules dans la zone d'interface entre le sol graveleux et l'acier pendant une charge cyclique
(après Zhang & Zhang 2009a).
σ 'n
Yasufuku et Ochiai (2005) ont proposé un paramètre pour quantifier le degré de
σ sf
cassabilité des sols granulaires. σ ' n est la contrainte effective normale et σ sf est la résistance à
la fragmentation des particules, qui est la résistance des particules à la taille moyenne
effective des grains (D50). Dans cette définition, la cassabilité des grains du sol est une
σ 'n
fonction croissante du rapport . Yasufuku et Ochiai (2005), en utilisant les données des
σ sf
essais de cisaillement annulaire de l'interface sol granulaire - structure, ont révélé l'effet de
l'interaction entre la rugosité de surface et la rupture des particules sur l'angle de frottement de
l'interface. Cette interaction est illustrée de manière schématique à la figure 14.
Figure 14. Schéma de l'effet de la relation entre la rupture des particules et la rugosité de surface sur le comportement de
l'interface sol-structure granulaire (d’après Yasufuku & Ochiai 2005).
Comme on peut l'observer sur cette figure, le comportement des sols granulaires à
faibles particules cassables en contact avec des surfaces structurelles lisses est proche de
l'élasticité parfaitement plastique, ce qui a été confirmé dans d'autres études (par exemple
Uesugi & Kishida 1986b ; Fakharian 1996 ; Shahrour & Rezaie 1997 ; Frost et al. 2002 ; Hu
& Pu 2004). Avec une augmentation de la cassabilité des sols granulaires, l'angle de
frottement résiduel mobilisé à l'interface augmente jusqu'à l'angle de frottement interne de la
masse de sol adjacente. Ce phénomène est en accord avec les observations de Uesugi et al.
(1989). Dans les surfaces lisses, lors de la rupture des particules, les particules brisées
remplissent les vides entre les grains plus gros. Il peut en résulter une augmentation de la
rugosité relative et donc une augmentation de l'angle de frottement résiduel de l'interface.
Comme on peut l'observer sur la figure 14, en augmentant la rugosité relative de la surface, on
observe un comportement de ramollissement et les angles de frottement d'interface maximale
et résiduelle augmentent. Cependant, les angles de frottement d'interface sont similaires à
l'angle de frottement interne des sols adjacents, ce qui a été confirmé dans d'autres études (par
exemple Uesugi & Kishida 1986a ; Uesugi et al. 1988 ; Uesugi et al. 1989 ; Koval et al.
2011). Ainsi, la rupture des particules n'a pas d'effet significatif sur l'angle de frottement des
interfaces avec les surfaces rugueuses.
La rupture des particules a également un effet considérable sur le comportement
volumétrique des interfaces granulaires de la structure du sol. Sur la base d'observations
expérimentales (DeJong et al. 2003 ; Dejong et al. 2006 ; DeJong & Westgate 2009), la
rupture des particules réduit la dilatation normale dans les zones d'interface car il faut moins
de travail pour rompre les particules que pour les réarranger. De plus, lors d'une charge
cyclique, la rupture des particules réduit l’indice des vides (e) du sol et augmente la
contraction accumulée, ce qui est une caractéristique essentielle des systèmes d'interface sol-
structure granulaire. Ainsi, plus la contraction accumulée est importante, plus le taux de
dégradation des contraintes dans les interfaces à rigidité normale non nulle est élevé (K≠0)
(DeJong et al. 2003 ; Dejong et al. 2006 ; Zhang & Zhang 2006b).
Le potentiel plastique a une forme similaire à celle du modèle de Cam Clay, mais
diffère suivant la condition d’écrouissage ou de radoucissement. Le choix du potentiel
plastique dérive de la relation contrainte-dilatance en deux droites sécantes qui est une
caractéristique essentielle du modèle et qui explique qu’initialement le sol se déforme dans la
hauteur et puis une forte localisation de déformation tangentielle se produit à l’interface. Le
modèle peut être validé par l’essai de cisaillement direct à rigidité normale constante à
chargement monotone et cyclique.
Modèles basés sur le modèle de Mohr Coulomb
Modèle de Zeghal et Edil (2002)
Zeghal et Edil (2002) ont développé un modèle d’interface basé sur le modèle de Mohr
Coulomb, sur une plasticité non associée avec un écrouissage-radoucissement qui dépend du
travail plastique. Le modèle a l’originalité de considérer l’interface comme une surface
sinusoïdale, et de tenir compte de la dégradation des grains d’interface à travers une
corrélation entre le coefficient de frottement et le travail plastique (variable d’écrouissage).
Tableau 8. Modèle de Zeghal et Edil (2002)
σ̇ = τ̇ [ u̇ ] = [ ẇ ]
{} { }
σ˙n [ u̇ ]
La sollicitation tangente est définie par [ u̇ ] et la réponse tangente par σ̇ . Les
comportements donnant naissance à des pics de contraintes interdisent de choisir la vitesse de
contrainte comme sollicitation tangente. Les chemins tangents donc normés par:
‖[ u̇ ]‖=( [ ẇ ] 2+ [ u̇ ]2 )1/ 2
D’où les paramètres réduits caractérisant le chemin tangent:
λ = 1 [ ẇ ] ξ 1 τ̇
Sollicitation : {}
μ ‖[ u̇ ]‖ [ u̇ ] { } Réponse : η =
‖[ u̇ ]‖ σ˙ n {} {}
Dans l'espace des sollicitations incrémentales (λ , μ), tous les chemins possibles sont
les points du cercle unité. Les points correspondants de l'espace des réponses incrémentales (
ξ , η) sont paramétrés par λ et μ liés par une relation (λ²+μ²=1). Ils appartiennent donc à la
courbe de réponse (C).
Afin de préciser cette réponse incrémentale, il est capital d'utiliser l'ensemble des
informations possibles ; en d'autres termes, il convient de connaître des points représentatifs
de la courbe des réponses (C) afin de générer la partie inconnue de celle-ci. Dans le cas
bidimensionnel, la boîte de cisaillement direct permet des mesures aisées selon six chemins
expérimentaux: 1- Essai à contrainte normale constante, en charge ; 2 –Essai à contrainte
normale constante, en décharge ; 3 –Essai à volume constant, en charge ; 4- Essai à volume
constant, en décharge ; 5- Pseudo-œdomètre, en charge ; 6- Pseudo-œdomètre, en décharge.
Les cas 5 et 6 représentent des œdomètres après cisaillement, soit la limite d’essais de
cisaillement λ=0. La direction de sollicitation tangente est ainsi définie dans l'espace (λ , μ).
La partie inconnue de (C) est générée par interpolation directionnelle, l'argument de cette
interpolation étant la distance angulaire de l'espace (λ , μ).
Supposons que nous cherchions la réponse
incrémentale (ξ , η) correspondant à un chargement
incrémentaI (λ , μ) donné ; ce chargement est représenté par le
point D, d'angle polaire β dans l'espace (λ , μ). Chaque chemin
de base (repéré par l'indice i) est représenté par le point Di
correspondant. Soit αi l'angle arithmétique séparant les
directions (λ , μ) et (λi , μi) ; la réponse tangente est définie
comme la somme pondérée :
N
ξ = Wi ξ i avec ξi ≠ ξ j ∀ i≠ j
{} ∑ η
η i=1 i
{} {}{}
ηi η j
Figure 17. Les paramètres de Les N fonctions de pondération Wi sont solution du
l'interpolation directionnelle. système algébrique linéaire d'équations caractérisant une
interpolation :
N
{ ∑ W i=1
i =1
W 1 α 1 y 1=W 2 α 2 y 2=…=W N α N y N
yi est une fonction de β choisie de manière à assurer des valeurs positives et négatives
pour Wi. Le choix le plus simple est la fonction signe :
β i−1 ≤ β ≤ β i+1 ; yi =+1
{β< βi−1 , β > β i+1 ; y i=−1
La continuité C2 est requise pour les fonctions Wi. La présentation générale de
l'interpolation fait appel à six chemins de base. Mais dans certaines situations, on utilise
moins de 6 chemins soit lorsque les chemins de base sont très proches (une procédure doit
être utilisée prenant en compte le chemin moyen entre ceux-ci afin d’éviter les difficultés
numériques) ; soit l’un des chemins de base correspond à une sortie du domaine possible pour
les vecteurs contraintes.
Les chemins de base sont formulés analytiquement, en vue d'une dérivation pour
obtenir les chemins tangents (incrémentaux), en utilisant comme ensemble de paramètres
d'état Sk, les variables actuelles d'interface ( [ w ] , [ u ] , τ , σ n) et une densité ϒ (sous contrainte) au
sein de l'interface. Les modifications de densité sous contrainte nulle ( γ 0 ) sont décrites grâce à
l'énergie spécifique Ws (t) - t étant le temps, dont l'origine est située au début de l'essai. Cette
densité est à relier à la rupture des grains.
θ=t
W s ( t )= ∫ {τd [ w ] −σ n d [ u ] }
θ=0
{}
σ˙n
[ ]{ }
τ̇ = ∂ [ ẇ ]
∂ σ̇ n
∂ [ ẇ ]
∂ [ u̇ ]
∂ σ˙ n
∂ [ u̇ ]
× [ ẇ ]
[ u̇ ]
Test Analogies
Triaxial εv εa p' q
Direct shear [ un ] [ ut ] σn τ
Figure 18. Analogies dans le comportement observé à l’essai triaxial et l’essai de cisaillement direct pour les sables (Boulon
et Nova 1990)
[ ] [] [
dτ y duy
e
dτ x =K d ux avec K = 0 K sx 0
e
0 0 K sy ]
K n, K sx et K sy sont respectivement la rigidité élastique normale dans la direction z, la rigidité
élastique de cisaillement dans la direction x et la rigidité élastique de cisaillement dans la
direction y. Les auteurs admettent par hypothèse que les comportements élastiques normal et
tangentiel ne sont pas couplés et que K sx =K sy. Le modèle est basé sur la formulation
bidimensionnelle de Navayogarajah et al. (1992) mais considère en plus le cisaillement dans
les deux directions du plan de l’interface. La fonction de charge et le potentiel plastique sont
donnés dans le tableau 11.
Tableau 11. Modèle de Fakharian et Evgin (2000)
Figure 21. (a) Surface de discontinuités (b) Éléments d'interface à deux nœuds (Frank et al. 1982)
Figure 22. Éléments sans épaisseur (LK1) combinant les avantages des GTB et des LRH composé de 2 éléments GTB
(Kaliakin et Li 1995)
Une approche de type couche mince est adoptée par Frank et al. (1982) associant à
l’élément un modèle de comportement élastoplastique parfait avec un critère orienté dans une
direction α. La direction des discontinuités α est imposée et est constante (Figure 23). Le
critère de plasticité adopté est celui de Mohr Coulomb. Ce critère relie à la rupture la
contrainte normale σ n et la contrainte tangentielle τ de l’élément d’interface. Ces deux
composantes sont obtenues en accord avec les équations ci-dessous ; en écrivant les vecteurs
contraintes et déformations dans le repère local en fonction des contraintes et déformations
dans le repère global. D’autres auteurs ont considéré cette approche pour simuler l’interface
(Sharma et Desai 1992 ; De Gennaro 1999 ; De Gennaro et Frank 2005).
σ 11
σn
[]
τ []
=T σ σ 22 ; T σ =
τ 12
sin2 α
[ cos 2 α
−cosαsinα cosαsinα
−2 sinαcosα
cos2 α −sin2 α ]
ε 11
εn
[]
γt []
=T ε ε 22 ; T ε =
γ 12
[sin2 α cos 2 α −sinαcosα
−2 cosαsinα 2 cosαsinα cos 2 α −sin 2 α ]
L'élément d'interface mince avec un modèle de comportement avancé représente le
choix le plus prometteur pour une simulation précise des relations contrainte-déplacement et
du comportement volumétrique des interfaces sol granulaire-structure sous différentes
conditions de chargement.
Le vecteur de contrainte dans un élément d'interface est constitué d'une contrainte
normale et d'une contrainte tangentielle dans un élément bidimensionnel (figure 24-a) et d'une
contrainte normale et de deux contraintes tangentielles dans un élément tridimensionnel
(figure 24-b).
Figure 24. Schéma des éléments solides minces conventionnels, a) élément bidimensionnel à 4 nœuds et b) élément
tridimensionnel à 8 nœuds
La formulation de la matrice de rigidité d'un élément solide mince bidimensionnel en
coordonnées locales utilisable dans un code d'éléments finis est expliquée dans cette section.
La géométrie d'un élément d'interface à quatre nœuds est illustrée dans la figure 24-a. Les
déplacements dans la direction x (U) et la direction y (V) en tout point de l'élément solide
mince d'interface sont donnés comme suit (Sharma & Desai 1992) :
u1
{}
v1
u2
{UV }=[ N0 1 0 N2 0 N3 0 N4
N 1 0 N2 0 N 3 0
0
N4 ] v2
u3
=N { d }
v3
u4
v4
∂ N1
εx
{}
{ ε }= ε y =
γ xy
{ }
∂x
∂V
∂y
∂U ∂V
+
∂ y ∂x
0
=B { d }
∂ N2 0 ∂N3 0 ∂N4 0
B= 0
[
∂x
∂ N1
∂y
∂ N1
∂y
∂ N1
∂x
∂x
0
∂ N2
∂y
∂ N2
∂y
∂ N2
∂x
∂x
0
∂N3
∂y
∂ N3
∂y
∂ N3
∂x
∂x
0
∂N4
∂y
Où B est la matrice de transformation contrainte-déplacement.
∂N4
∂y
∂N4
∂x
]
Les trois composantes de la contrainte associées à { ε } sontσ x ,σ y ∧τ xy . σ x est la
contrainte dans le plan, σ y est la contrainte normale à l'interface et τ xy est la contrainte de
cisaillement. Comme l'épaisseur des interfaces est faible, les contributions de ε x et σ x sont
faibles et peuvent être ignorées, comme l'expliquent Sharma et Desai (1992). Ainsi, les
composantes de contrainte et de déformation dans une zone d'interface bidimensionnelle
peuvent être obtenues à partir :
V relative
ε ε
{ }{}
{ ε }= y = n =
γ xy γ
t
{ }
U relative
t
σy σ
{ σ }=
{ }{}
τ xy
= n
τ
Où V relative et U relative sont respectivement des déplacements relatifs normaux et de cisaillement.
Les vecteurs incrémentiels de contrainte, {𝑑𝜎}, et de déformation, {dε }, sont mis en
relation à l'aide de méthodes standard de la théorie de l'élasticité et de la plasticité (Chen &
Baladi 1985 ; Dafalias 1986 ; Chen & Saleeb 1994 ; Chen 1994) comme :
dσn D D 12 d ε n
{ dσ }= { }
dτ [
=D { dε }= 11
]{ }
D 21 D 22 dγ
Où D est la matrice constitutive, qui peut être élastique ou élasto-plastique selon le
comportement du matériau d'interface. La modélisation de l'interface constitutive pour créer
cette matrice constitutive est une partie essentielle de la simulation de l'interface. La matrice
de rigidité K de l'élément d'interface est donnée par :
K=∬ BT DBdxdy
g. Détails sur la mise en œuvre numérique de l’élément d’interface couche mince
Pour adapter les éléments finis type couche
mince à la description du comportement
mécanique de l’interface, l’élément doit
permettre de simuler le mécanisme de
cisaillement en considérant les contraintes
normales et tangentielles à l’interface.
D’autre part, la loi de comportement
associée à l’élément doit permettre de
relier ces contraintes à l’interface aux
déplacements associés. L’avantage des
éléments couche mince est de pouvoir
utiliser des éléments finis standard.
Figure 25. Élément d'interface isoparamétrique à 8 nœuds
(De Gennaro et Frank 2005) Cependant, des considérations particulières
doivent être accordées à ces éléments,
notamment en ce qui concerne les valeurs du rapport de forme L/t (Figure 25).
Notion de rapport de forme
Considérons l’élément d’interface bidimensionnel couche mince à 8 nœuds
d’épaisseur t et longueur L (Figure 25). Plusieurs auteurs (Pande et Sharma 1979 ; Desai et al.
1984 ; Sharmaet Desai 1992) ont montré que la performance des éléments couche mince
dépend de son épaisseur. Ces auteurs présentent une étude paramétrique détaillée qui
concerne l’influence de l’épaisseur de l’élément d’interface sur le résultat des calculs. Si
celle-ci est trop importante, l’élément se comporte comme un élément de massif solide ; si
elle est trop faible, la résolution est confrontée à des problèmes numériques.
Karabatakis et Hatzigogos (2001) ont montré aussi que la valeur de l’épaisseur de
l’interface affecte le champ des contraintes et des déplacements. De ce fait, le rapport de
forme est un paramètre important qui influe sur les résultats numériques. (Pande et Sharma
1979 ; Desai et al. 1984 ; Richer 1985 ; Sharma et Desai 1992 ; Hohberg et Schweiger 1992).
La stabilité numérique, la précision, la qualité des résultats sont en général assurés lorsque le
rapport de forme est compris entre 10 et 100. Dans la pratique, le rapport de forme peut être
choisi à partir d’une estimation correcte du déplacement relatif d’interface obtenu dans un
essai de cisaillement direct modifié. Le choix du rapport de forme traduit une dépendance des
résultats du maillage mais aussi du modèle de comportement utilisé pour l’interface.
De Gennaro et Frank (2005) ont fait varier le rapport de forme entre 1 et 1000 pour un
élément d’interface en utilisant le modèle MEPI 2D (De Gennaro et Frank 2002a).
L’influence du rapport de forme sur la courbe de cisaillement et sur l’évolution de la
contrainte normale lors d’un essai de cisaillement à contrainte normale constante et à volume
constant est présentée sur la figure 26.
Figure 26. Élément d’interface de type « couche mince » : (a) courbes de cisaillement à contrainte normale constante ; (b)
évolution de la contrainte (De Gennaro et Frank 2005)
E¿ =t K n
[ ν
0
1−ν
0
0
1−2 ν
2
] D¿ =
E
(1+ν )(1−2 ν)
[
K t ( 3 K n−4 K t ) t
ν
0
1−ν
0
0
1−ν
2
]
¿
E=
K ( K n−K t )
ν ¿= n −1
2Kt ( K n−2 K t )
¿
ν=
2 ( K n−K t )
Intégration numérique spécifique
En suivant les procédures classiques de la méthode des éléments finis dans le cas
bidimensionnel, pour l’élément de la figure 25 dans son repère local, le vecteur de
déformation peut être exprimé en fonction des déplacements aux nœuds sous la forme
matricielle :
u1
()
ε tt
()v1
ε nn =B ⋮ ; B=L. N
ε tn u8
v8
ε tt, ε nn et ε tn sont les déformations de l’élément d’interface relatifs au repère local (t,n) (Figure
25). La matrice L est l’opérateur de dérivation, la matrice N contient les fonctions de forme
Ni aux nœuds de l’élément, ui , et v i sont les déplacements nodaux de l’élément,
respectivement dans les directions x et y. Les fonctions Ni sont définies dans le repère (ξ, η)
de l’élément de référence. Pour obtenir la matrice de dérivation B, il est nécessaire
d’introduire la matrice jacobienne J d’un élément rectangulaire de longueur L et d’épaisseur t
qui permet la transformation géométrique entre l’élément réel et l’élément de référence (Potts
et Zdravkovic 1999). Comme L s’écrit en fonction du jacobien, les déformations de l’élément
deviennent fonction des déplacements nodaux, des fonctions d’interpolation Ni et des
dimensions de l’élément (L et t). En réduisant l’épaisseur de l’élément (t →0), les termes de la
matrice B qui contiennent le rapport (t/L) deviennent négligeables. Pour l’élément de la figure
25 (α = 0 degrés) ; les déformations moyennes s’écrivent (De Gennaro et Frank 2005):
ε tt ≅ 0
{
8
∂ N i v i [ un ]
ε nn=2 ∑ ≅
i=1 ∂ η t t
8
∂ N i ui [u t ]
ε tn =2 ∑ ≅
i=1 ∂ η t t
avec ε nn et ε tt les déplacements relatifs de l’élément d’interface dans les directions normale (n)
et tangentielle (t). Cette relation traduit bien le comportement typique de l’interface.
Figure 27. Observations lors de la réalisation d’essais cycliques (Lemaitre et Chaboche, 1985)
Afin de comprendre le fonctionnement des interfaces sous sollicitation cyclique ou
dynamique, des observations expérimentales sont nécessaires. Des essais ont été réalisés par
plusieurs auteurs, pour appréhender, décrire et modéliser le comportement des interfaces sous
ce type de sollicitations.
a. Les essais à la boîte de Casagrande (essai de cisaillement à la boîte)
Trois types d’appareils ont été développés et utilisés pour les essais d’interface :
Type Roscoe (1953) ;
Type cylindrique de l’Institut Géotechnique de Norvège (NGI) (Bjerrum et Landva,
1966, Ishihara, 1972, Boulon, 1987) ;
Type rectangulaire conçu par Kishida et Uesugi (1987) (Lings et Dietz, 2004).
Les essais à la boîte de cisaillement permettant l’étude des interfaces sont de deux sortes :
Essais à contrainte normale constante.
Essais à rigidité normale constante avec le cas particulier de l’essai à déplacement
normal nul.
Ces essais peuvent être pilotés en contrainte tangentielle ou déplacement tangentiel
suivant le phénomène à étudier : rochet, relaxation, …etc. Ils sont relativement simples à
réaliser au regard d’autres essais comme l’essai triaxial ou l’essai de cisaillement direct car ils
reposent sur l’utilisation d’un appareillage assez rudimentaire Lors de campagnes d’essais, les
matériaux peuvent être testés pour plusieurs indices des vides.
h. L’Essai triaxial
L’essai triaxial est un essai de compression axiale d’un échantillon soumis à une
contrainte latérale constante. Il consiste à soumettre une éprouvette généralement cylindrique
à un champ de contrainte uniforme qui a pour composantes une pression hydraulique
appliquée par l’intermédiaire d’un fluide remplissant la cellule et une contrainte axiale ou
déviateur appliquée par l’intermédiaire d’un piston. On maintient à niveau constant la
pression de confinement hydraulique et on augmente progressivement la contrainte axiale ou
le déviateur, jusqu’à la rupture de l’éprouvette. Dans certains cas, la contrainte axiale est
réduite et on peut assister à des ruptures en extension de l’échantillon. La détermination du
critère de rupture nécessite de réaliser plusieurs essais triaxiaux à différentes pressions de
confinement hydraulique
Les expériences et les pratiques d’ingénierie montrent que la résistance du sol est
influencée par le niveau de consolidation de ce dernier (l’éprouvette est soumise à un champ
de contraintes isotropes jusqu’à une valeur donnée pendant 24 heures), le drainage et la force
appliquée. L’essai triaxial comprend trois grands types d’essais qui couvrent ces différentes
configurations :
Essai consolidé - drainé ou drainé (CD) ;
Essai consolidé - non drainé (CU) avec éventuellement la mesure de la pression
interstitielle (CU+u) ;
Essai non-consolidé-non drainé (UU).
Dans l’essai non drainé, la pression dans la cellule est maintenue constante, la pression
axiale étant augmentée mais sans permettre le drainage de l’éprouvette. Par conséquent, la
pression interstitielle évolue au cours de l’essai. Pour l’essai drainé, l’échantillon est toujours
drainé, le robinet du réservoir est ouvert pendant l’essai, la pression interstitielle disparaît. Les
contraintes mesurées sont effectives. Différents chemins de contraintes peuvent être réalisés :
chemin triaxial, chemin purement déviatorique, chemin avec rotation des axes de contrainte
principaux (variation de l’angle de Lode), …etc.
Lors d’essais triaxiaux cycliques, des phénomènes similaires à ceux observés lors d’un
essai de cisaillement direct peuvent être observés : adaptation, accommodation ou fluage
d’une part et contractance ou dilatance d’autre part. Il est complexe toutefois d’identifier
clairement ces comportements car au cours d’un cycle la contrainte moyenne varie.
L’essai triaxial, lors d’essais en condition non drainée, permet de mettre en évidence
des phénomènes de liquéfaction ou de mobilité cyclique (figure 28). Ces phénomènes se
traduisent par une annulation progressive de la contrainte moyenne effective et l’apparition de
déformations très importantes. Ce phénomène est dû sous les sollicitations cycliques à la
contractance du matériau qui provoque une augmentation des pressions interstitielles
induisant à son tour une diminution de la contrainte moyenne effective jusqu’à la rupture de
l’élément de sol.
Figure 28. Résultats typiques d’un essai triaxial cyclique non drainé (Boulanger et Idriss, 2004)
Uesugi et Kishida (1986b) ont mis au point un test de cisaillement simple et ont
mesuré à la fois le glissement et la déformation par cisaillement dans la zone d'interface entre
les sols granulaires et les surfaces structurelles. Dans ce test, les contraintes se concentrent à
l'extrémité de l'échantillon en raison de la forme physique de la boîte de cisaillement.
Conclusion
L'étude bibliographique nous a permis, dans un premier temps, de comprendre le
comportement des interfaces sol-structure, à travers sa définition et ses caractéristiques, et en
illustrant l’influence de divers paramètres sur son comportement. Dans un deuxième temps,
nous avons présenté les différents modèles mis sur pied pour simuler son comportement. Les
difficultés numériques liées à l’implémentation des modèles ainsi que les notions importantes
notamment le rapport de forme et l’épaisseur de la couche d’interface ont constitué une partie
importante de cette synthèse bibliographique.
Pour connaître l'évolution des contraintes et déplacements à l’interface sous charge
sismique ou cyclique, des appareils de mesure ont été présentés. À partir d'un état des lieux
des appareillages actuellement disponibles en laboratoire, nous avons identifié les différentes
approches possibles : cisaillement direct à la boite de Casagrande où la surface de cisaillement
reste imposée au cours de l'essai, cisaillement simple où le cisaillement peut se développer
librement au sein de l'échantillon. Le choix du chemin de cisaillement est également
primordial pour pouvoir reproduire les phénomènes réels.