114 Rudolf Brockhaus Etude Sur L Epitre Aux Romains
114 Rudolf Brockhaus Etude Sur L Epitre Aux Romains
114 Rudolf Brockhaus Etude Sur L Epitre Aux Romains
Rudolf Brockhaus
Introduction
Paul lui-même n’était jamais allé à Rome, bien qu’il eût « depuis
plusieurs années » ardemment désiré de voir les croyants de cette
ville. Nous ne savons comment l’œuvre a commencé à Rome, ni
quels instruments Dieu a employés pour fonder l’assemblée de
cette localité. On admet généralement que des Juifs habitant
Rome et se rendant pour la fête annuelle à Jérusalem, ont été
instruits là des événements et ont rapporté dans la grande
capitale du monde ce qui concernait Jésus. En tout cas, il est
certain que ni Paul, ni Pierre, l’apôtre de la circoncision, n’en ont
été les « fondateurs ». Ils ne se sont rendus à Rome que peu
d’années avant leur mort, qui eut lieu environ au même
moment.
Bien qu’elle place devant nos yeux l’évangile de Dieu dans toute
sa plénitude, l’épître aux Romains n’embrasse pas tout le contenu
de ce que l’apôtre Paul appelle son évangile, savoir le conseil de
Dieu qui, dès avant la fondation du monde,. place le croyant
devant Dieu, saint et irréprochable en amour, et lui donne en
Christ une place dans les lieux célestes ; le mystère de Christ et de
son corps, l’assemblée ; le chef de la nouvelle création glori é à la
droite de Dieu. Tout cela, nous le trouvons seulement esquissé
dans l’épître aux Romains ; si nous voulons connaître pleinement
ce conseil de Dieu, nous devons lire l’épître aux Éphésiens ;
l’épître aux Colossiens dépeint, elle, plutôt la vie d’un croyant
ressuscité.
Cependant Dieu n’a pas rejeté son peuple ; ses dons de grâce et
son appel sont sans repentir, et quand une fois la plénitude des
nations xée par Dieu sera réalisée, tout Israël sera sauvé, car « le
Libérateur viendra de Sion ; il détournera de Jacob l’impiété ».
Les branches arrachées de l’olivier de la promesse seront de
nouveau entées sur leur propre olivier (chap. 11).
Paul, comme nous l’avons dit plusieurs fois, ne parle pas dans
l’épître aux Romains du conseil de Dieu, mais il ne peut pas faire
autrement que de mentionner au moins en quelques mots dans
les derniers versets, son évangile et le mystère qui avait été tenu
sous silence dès les temps éternels, qui a été manifesté
maintenant et qui, par des écrits prophétiques, a été donné à
connaître, selon le commandement du Dieu éternel. Ce mystère,
qui remplissait son cœur et ses pensées, il l’avait déjà dévoilé en
partie dans les épîtres aux Corinthiens, mais il le fera ensuite en
détail, au moment voulu de Dieu, sous la direction du Saint
Esprit, dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens.
Chapitre premier
C’est pour cet évangile que Paul, comme il le dit ici, avait été mis
à part ; le Seigneur l’avait désigné comme serviteur et témoin, en
le retirant du milieu du peuple d’Israël et des nations, vers
lesquelles il voulait l’envoyer, pour ouvrir leurs yeux et leur
annoncer la rémission des péchés (Actes 26.16-18) ; il devait
apporter aux uns la délivrance du joug de la loi et aux autres la
délivrance de la puissance de Satan : c’était Jésus, la Tête glori ée
de son corps, qui l’appelait et l’envoyait ; le Seigneur lui avait dit :
« Je suis Jésus que tu persécutes ». Tout était particulier dans son
cas : la Personne qui appelait, l’appel et la personne appelée ; c’est
pourquoi Paul pouvait nommer l’évangile qui lui avait été con é,
« son » évangile, ou l’évangile de la gloire ; ce dernier le plaçait,
lui et ceux qui acceptaient son message, sur un terrain tout
nouveau ; il les retirait du milieu des Juifs et des païens et les
unissait non pas à un Messie vivant, mais au Fils de l’homme
ressuscité dans la gloire, le chef d’une nouvelle création ; aussi,
Paul ne connaissait désormais personne selon la chair, Christ
non plus (2 Corinthiens 5.16), quoique, dans un autre sens, il le
reconnaissait bien comme le Fils de David.
C’est cette Personne merveilleuse qui était l’objet de son
évangile ; c’était « l’évangile de Dieu… touchant son Fils né de la
semence de David, selon la chair » (v. 3). Apparu comme tel au
milieu de son peuple terrestre pour accomplir les promesses
divines, Christ avait été rejeté ; Israël avait ainsi, comme peuple,
perdu tous les droits à ces promesses. Désormais, pour les
descendants d’Abraham comme pour les païens, qui étaient sans
droit de cité en Israël, sans Dieu et sans espérance dans le
monde, il n’y avait qu’un seul moyen d’être sauvés : la grâce
inconditionnelle de Dieu.
Dieu, dont les dons de grâce et l’appel sont sans repentir, bénira
dans l’avenir son peuple terrestre et accomplira envers lui toutes
ses promesses. Quelle précieuse vérité ! Aujourd’hui il rassemble
un peuple céleste d’entre les Juifs et les nations : le Saint Esprit
est descendu pour glori er « le Fils » et Lui former une épouse
d’entre tous les peuples de la terre.
Qu’en était-il des croyants de Rome ? Ils n’étaient pas des apôtres
appelés, et cependant ils étaient des appelés : « Appelés de Jésus
Christ, … bien-aimés de Dieu … saints appelés » et tout cela par
Jésus Christ, leur Seigneur. Certes, c’étaient de glorieux titres
qui, d’une part, exprimaient les nouvelles relations de ces
croyants avec le Père et le Fils et, d’autre part, indiquaient que
ces croyants étaient soumis à l’autorité de l’apôtre des nations,
bien qu’il n’eût pas collaboré à la fondation de l’assemblée à
Rome. En sa qualité d’apôtre, il pouvait, dans la puissance de
l’Esprit, leur écrire et leur adresser sa salutation habituelle, si
profondément signi cative. « Grâce et paix à vous, de la part de
Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ ! » (v. 7). Ils étaient
enfants de ce Dieu tout-puissant et esclaves de ce Seigneur plein
de grâce, et le Saint Esprit se plaisait à les reconnaître comme
tels par le moyen de l’apôtre.
Quelle est donc cette justice de Dieu ? Cette question paraît bien
à sa place, car plusieurs erreurs ont cours sur le sens de cette
expression. Une justice obtenue par l’observation de la loi, si elle
était possible, n’aurait en réalité pas de valeur devant Dieu ; la
justice humaine la plus parfaite ne pourrait être assimilée à la
justice de Dieu.
Répétons donc encore que si, d’une part, l’Évangile nous révèle
la justice de Dieu, qui est accordée gratuitement à tout croyant,
d’autre part Dieu nous y montre aussi d’une manière positive que
Sa colère doit atteindre « toute impiété » (de quelque nature
qu’elle soit), et non seulement l’impiété, mais aussi « toute
iniquité des hommes qui possèdent la vérité tout en vivant dans
l’iniquité ». Dieu ne châtie plus maintenant les iniquités d’un
seul peuple, comme il le faisait envers Israël (Amos 3.1, 2) qui
possédait sa Parole : nous n’assistons plus seulement à ses voies
gouvernementales envers les hommes et les peuples à cause de
leurs actions, mais il juge maintenant tout mal, tout ce qui est en
contradiction avec lui, qui est lumière. Sa colère est révélée du
ciel contre tous les hommes sans aucune exception : ils sont tous,
à cause de leurs péchés, sous sa colère et ils y demeureront s’ils
n’acceptent pas par la foi le salut qui leur est o ert (Jean 3.36). La
culpabilité des individus peut être plus ou moins grande, mais ils
sont tous coupables, ils sont tous des enfants de colère : le monde
entier s’expose au jugement de Dieu.
L’impiété est ce qui caractérise l’état des païens ; ils sont sans
Dieu et sans espérance dans le monde, ignorants et endurcis,
ayant leur entendement obscurci et étranger à la vie de Dieu,
s’égarant toujours plus (Éphésiens 2.12 ; 4.18). L’impiété
caractérise plus encore l’état du Juif, qui non seulement
possédait les promesses de Dieu, mais qui, par la loi, avait
connaissance des justes exigences de Dieu envers sa créature.
Malgré cela, tout en connaissant les pensées de Dieu sur le bien
et le mal, il a aimé l’impiété et transgressé de mille manières les
saints commandements de Dieu. Les avantages que le Juif
possédait sur le païen n’ont donc servi qu’à augmenter sa
responsabilité et sa culpabilité ; pareillement de nos jours, la
chrétienté a une énorme culpabilité en raison de ses privilèges.
3. Ils ont une conscience (même si elle est obscurcie), qui rend
témoignage au-dedans d’eux, de sorte que leurs pensées
s’accusent entre elles, ou aussi s’excusent (2.14, 15).
Les païens ont donc une responsabilité bien plus grande que ce
que l’on pense habituellement. Qu’ont-ils fait de ce qui leur a été
con é ? Hélas, ils sont « inexcusables ». Les œuvres et les lois
merveilleuses de la création leur révélaient sans cesse la
grandeur, la puissance et la sagesse de Dieu, mais ils ne le
« glori èrent point comme Dieu, ni ne lui rendirent grâces ».
Leur orgueil et leur présomption les ont fait tomber toujours
plus bas dans la folie et les ténèbres de leurs cœurs, et le
jugement est venu sur eux. Nous avons trois fois dans notre
chapitre la parole sérieuse : « Dieu les a livrés ». Cependant, dans
sa bonté, il ne s’est pas laissé sans témoignage ; il leur donna « du
ciel des pluies et des saisons fertiles », remplissant leurs cœurs de
nourriture et de joie (Actes 14.15-17), mais ils ne répondirent à sa
bonté que par de l’ingratitude et du mépris.
Tous les païens étaient-ils donc tombés aussi bas que l’indique la
n du premier chapitre ? Non, car certains, parmi eux, se
détournaient avec indignation des infamies qui se pratiquaient
en général. Des philosophes, des moralistes et d’autres encore
condamnaient l’immoralité de leurs concitoyens. Il en était
d’eux comme des docteurs de la loi et des pharisiens au temps de
Jésus. Ceux-ci s’estimaient beaucoup plus justes que la foule
ignorante qu’ils méprisaient (Jean 7.48, 49) ; ils liaient sur les
épaules des hommes des fardeaux pesants et di ciles à porter et
ne voulaient pas eux-mêmes les remuer de leur doigt (Matthieu
23.4). Ils avaient la prétention de voir, alors qu’ils étaient
aveugles ; ils étaient doublement coupables — leur péché
demeurait (Jean 9.40, 41).
Remarquons ici que l’apôtre ne dit pas que de tels païens aient
reçu le signe de la nouvelle alliance, mentionné en Hébreux
10.15, 16, alliance que le Seigneur établira à la n pour son peuple
terrestre : « En mettant mes lois dans leurs cœurs, je les écrirai
aussi sur leurs entendements » et : « Je ne me souviendrai plus
jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités ». Si l’on considère un
païen se soumettant à l’obligation d’honorer ses parents, ou
d’aimer son prochain, il aurait, en suivant cette obligation,
accompli sans le savoir les commandements de Dieu et lui aurait
été beaucoup plus agréable, malgré son ignorance et son
aveuglement, qu’un Juif in dèle, avec toutes ses prétendues
connaissances et ses privilèges religieux ; toutefois cela n’annule
aucunement le principe solennel établi au verset 12, que tous
ceux qui ont péché sans loi, périront aussi sans loi, et que tous
ceux qui ont péché sous la loi, seront jugés par la loi.
Pourtant, il n’y avait pas de juste parmi eux, pas un seul qui eût
recherché Dieu ; tous s’étaient détournés et s’étaient rendus
inutiles ; il n’y en avait aucun qui exerçât la bonté, pas même un
seul ; ils avaient employé tous leurs membres comme
instruments d’iniquité : tout en eux était corrompu, souillé par le
péché et la violence : leur gosier, leur langue, leurs lèvres, leur
bouche, leurs pieds, leurs voies ; il n’y avait point de crainte de
Dieu devant leurs yeux ; les témoignages de cette terrible
corruption sont tirés des Psaumes et des Prophètes. Que
pouvaient répondre les Juifs à cela ? Rien ! « Or nous savons que
tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi » (v. 19).
La culpabilité des Juifs, plus grande que celle des païens, était
donc démontrée d’une manière irréfutable.
La justice de Dieu a donc été manifestée sans loi : la loi avait été
donnée à l’homme en vue de ses relations avec Dieu ; elle lui
ordonnait d’aimer Dieu pardessus tout, Dieu qui restait caché ; et
cette loi ne t que manifester la culpabilité irrémédiable de
l’homme. Une conscience sincère doit reconnaître que sa propre
justice, une justice légale, n’est qu’un vêtement souillé. La justice
de Dieu n’a absolument rien à faire avec la loi ; comme nous
l’avons vu, elle s’est manifestée en ce que Dieu a couronné de
gloire et d’honneur Jésus à la droite de sa majesté, sur le
fondement de son œuvre accomplie. La loi et les prophètes ont
bien parlé de cette justice et lui ont rendu témoignage, mais ils
ne pouvaient faire plus. Nous lisons en Ésaïe 46.13 : « J’ai fait
approcher ma justice ; elle ne sera pas éloignée, et mon salut ne
tardera pas », et au chapitre 56 du même prophète : « Mon salut
est près de venir, et ma justice, d’être révélée » (v. 1 ; voyez aussi
chap. 51.5, 6, 8 ; Dan. 9.24). Ainsi ces anciens témoins ont
annoncé la justice de Dieu, comme devant être prochainement
révélée tout en déclarant que ce ne serait pas de leur vivant.
Seul peut être justi é par la foi l’homme qui ne fait pas des
œuvres, mais qui, reconnaissant sa culpabilité et sa souillure,
s’approche de Dieu, comme de Celui qui, en vertu de l’œuvre
expiatoire de Christ, peut puri er le pécheur souillé et justi er
l’impie. La justice de Dieu, qui ne dépend aucunement de
l’activité de l’homme, devient sa part, par la libre grâce de Dieu.
Il était donc clairement établi une fois pour toutes, que la foi
d’Abraham lui fut comptée à justice et non ses œuvres. Une
question se pose alors, surtout pour les descendants d’Abraham,
celle de savoir quand sa foi lui fut-elle comptée à justice ? Était-il
à ce moment-là déjà circoncis ou ne l’était-il pas encore ? Non,
certes : ce n’est que longtemps après, alors qu’il était déjà âgé de
cent ans (Genèse 17) qu’il reçut « le signe de la circoncision,
comme sceau de la justice de la foi » qu’il avait auparavant (v. 11).
C’est pourquoi Abraham, mieux que tout autre, peut être appelé
« père de tous ceux qui croient étant dans l’incirconcision, pour
que la justice leur fût aussi comptée ». En même temps il est aussi
père de circoncision — et remarquons bien que l’apôtre ne dit
pas père de ceux qui sont circoncis — car il s’agit de la
circoncision, dans sa vraie signi cation, comme signe d’une
véritable mise à part pour Dieu, non seulement des Juifs
croyants, mais aussi de ceux qui marchent par la foi sur les traces
d’Abraham avant qu’il fût circoncis (v. 12). Cette mise à part avait
commencé pour Abraham lorsque Dieu le sépara, par la
circoncision, du mal qui l’entourait. Par cet acte, il n’avait pas été
justi é ; la circoncision n’était pas un moyen de justi cation,
mais le sceau de la justice que notre patriarche possédait depuis
de longues années. Les croyants d’entre les nations étaient donc
selon leur père, dans le sens spirituel, aussi bien circoncis que les
croyants d’entre les Juifs : il n’y avait pas de di érence. Abraham
était le père de tous.
Nous avons à peine besoin d’insister sur le fait que nous n’avons
contribué en rien à cette justi cation et que nous ne le pouvions
pas ; la seule part que nous y avons eue ce sont nos péchés, qui
ont coûté à notre Seigneur et Sauveur les sou rances indicibles
de la croix et l’abandon de Dieu. Que pourrait ajouter à l’œuvre
de notre salut notre foi, ou même la reconnaissance la plus
profonde ou le service le plus dévoué après notre conversion ?
Dieu soit loué ! l’œuvre a été accomplie entièrement par Jésus
Christ, notre Seigneur ; et non seulement elle est accomplie,
mais elle est reconnue par le Dieu saint comme pleinement
su sante. Celui qui, pour l’opérer, a dû descendre dans le
tombeau, est ressuscité d’entre les morts et est assis maintenant
à la droite de Dieu, couronné de gloire et d’honneur. Par une
seule o rande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont
sancti és (Hébreux 10.14). S’il n’en était pas ainsi, nous ne
poumons jamais être sauvés : Christ, en e et, ne peut pas mourir
une seconde fois, et nous savons que, sans e usion de sang, il n’y
a pas de rémission. C’est pourquoi, ou bien l’œuvre a été achevée,
ou bien notre part est un désespoir irrémédiable.
Or, l’amour de Dieu n’est pas seulement versé dans nos cœurs
pour que nous en jouissions : il a été aussi manifesté en dehors de
nous, et cela par une œuvre accomplie indépendamment de
nous-mêmes, alors que nous étions dans un état de totale
incapacité et de profonde misère. « Car, continue l’apôtre,
« Christ, alors que nous étions encore sans force, au temps
convenable, est mort pour des impies » (v. 6). Oui, c’est sur ce
fondement seul que l’amour de Dieu pouvait être versé dans nos
cœurs. L’œuvre a été faite au temps convenable, c’est-à-dire
« quand l’accomplissement du temps » fut venu (Galates 4.4) et
que l’état de l’homme se fut montré irrémédiable. Cela manifeste
toute la perfection de cet amour. Seul un tel amour pouvait
s’occuper d’êtres qui n’avaient rien d’aimable, mais étaient
plongés dans le péché et la souillure. L’amour de Dieu, ce qu’il est
en lui-même, pouvait seul l’engager à livrer son Fils à la mort
pour de tels êtres.
C’est pourtant ce que Dieu a fait : « Mais Dieu constate son amour
à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore
pécheurs, Christ est mort pour nous » (v. 8). Dieu seul peut aimer
de cette manière. Il faut à l’homme un motif extérieur qui agisse
sur lui. Dieu n’en a pas besoin ; il est amour ; il a tant aimé le
monde — le monde mauvais et impie — qu’il a donné son Fils
unique, a n que quiconque croit en lui, ne périsse pas, mais qu’il
ait la vie éternelle. Les objets de son amour étaient des pécheurs
haïssables, impurs et n’ayant rien de bon en eux-mêmes. Seul le
sacri ce de son Bien-aimé pouvait les délivrer ; mais rien de
moins non plus ne pouvait su re à son amour.
« Et non seulement cela, mais aussi nous nous glori ons en Dieu
par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons
maintenant reçu la réconciliation » (v. 11). Ce n’est pas la gloire,
ni les a ictions et leurs résultats bénis qui sont devant l’esprit de
l’apôtre, mais c’est Dieu lui-même. Un enfant intelligent et
reconnaissant ne se réjouit pas seulement des dons qu’il a reçus
ou de ceux qu’il recevra encore de son père, mais il est heureux
avant tout de ce qu’il possède un père si dèle et si plein d’amour,
et des relations qu’il peut avoir avec lui. Il apprend chaque jour à
le mieux connaître, il entre toujours davantage dans ses pensées.
C’est pour lui une joie quotidienne et toujours plus profonde que
de goûter les relations qui l’unissent à son père ; il se glori e en
lui.
C’est ainsi que nous pouvons nous glori er en Dieu comme étant
notre Dieu et Père : quel privilège inappréciable ! Plus nous le
comprenons et le réalisons, plus notre joie et notre jouissance de
la grâce sont profondes. Nous goûtons dès ici-bas ce qui sera le
sujet le plus élevé de notre joie dans la maison du Père. Nous
jouissons de Dieu lui-même par notre, Seigneur Jésus Christ
comme de l’objet in ni, mais déjà actuel, de la nouvelle nature.
Cette nature en est capable, parce que le Saint Esprit habite en
nous et révèle Dieu à nos âmes.
Comment cette part bénie nous a-t-elle été acquise ? « Par notre
Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant reçu la
réconciliation ». Une bénédiction dont le premier Adam n’aurait
jamais pu jouir dans l’état d’innocence est devenue maintenant,
dans le dernier Adam, la part de ceux qui, autrefois, étaient « des
enfants de colère, comme aussi les autres ». Le Seigneur lui-
même dit à ses disciples, la nuit précédant ses sou rances et sa
mort : « Maintenant le Fils de l’homme est glori é, et Dieu est
glori é en lui ». C’est ainsi que cette part nous a été acquise pour
l’éternité.
Chapitre 5.12-21
« Mais n’en est-il pas du don de grâce comme de la faute ? car si,
par la faute d’un seul, plusieurs sont morts, beaucoup plutôt la
grâce de Dieu et le don ont abondé envers plusieurs, par la grâce
qui est d’un seul homme, Jésus Christ » (v. 15). S’il est juste — et c
est un fait qu’aucun Juif, même aucun être humain ne peuvent
contester — que toute la descendance d’Adam doive supporter
les conséquences de la transgression de leur père, il est beaucoup
plus juste encore que les résultats de la grâce de Dieu manifestée
en Christ soient la part de tous ceux qui croient en Lui. Ce
qu’Adam (comme gure de celui qui devait venir) fut en
malédiction pour tous ses descendants, Christ l’est devenu
abondamment en bénédiction pour tous ceux qui Lui
appartiennent. Pourrait-il en être autrement vu la source de
cette grâce et le canal par lequel elle est parvenue jusqu’à nous ?
Si par la transgression d’un seul « plusieurs sont morts », ainsi
aussi par un seul, Jésus Christ, la grâce de Dieu a abondé envers
plusieurs.
Dieu soit loué ! l’œuvre sublime est accomplie ; Celui qui fut
abandonné de Dieu pour nous, est maintenant glori é à la droite
de Dieu. « Mais en ce qu’il vit, il vit à Dieu », et nous pouvons dire
avec allégresse que nous avons part avec lui à cette vie. C’est
pourquoi l’apôtre peut déclarer : « De même vous aussi, tenez-
vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu
dans le Christ Jésus » (v. 11). Ce n’est pas seulement notre
privilège, mais nous sommes appelés aussi à agir et à marcher
dans la dèle réalisation de cette vérité. Puissent les enfants de
Dieu la saisir davantage par la foi et en expérimenter la
puissance dans leur vie et leur marche ! Combien cela glori erait
Dieu, honorerait son Fils et remplirait nos propres cœurs de
reconnaissance et de joie ! Celui qui a compris cette vérité et la
réalise, est un chrétien heureux et a ranchi. Il reçoit avec
reconnaissance l’exhortation suivante de l’apôtre et trouve une
profonde satisfaction à y conformer toute sa vie. « Que le péché
donc ne règne point dans votre corps mortel pour que vous
obéissiez aux convoitises de celui-ci ; et ne livrez pas vos
membres au péché comme instruments d’iniquité, mais livrez-
vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits
vivants, et vos membres à Dieu, comme instruments de justice »
(v. 12, 13).
S’il y a des motifs pour une marche dans la sainteté, l’apôtre les
présente ici avec une force et une sagesse remarquables. Les
croyants à Rome pouvaient-ils s’y soustraire ? Voulaient-ils,
après que la grâce les avait libérés à si haut prix de leur état
antérieur, retourner à leur ancienne manière de vivre avec ses
excès honteux conduisant à une n terrible, et redevenir esclaves
du péché ? Impossible ! Non, ils avaient été « a ranchis du péché
et asservis à Dieu » et ils avaient maintenant leur fruit « dans la
sainteté et pour n la vie éternelle » (v. 22).
Voici donc ce qui est placé devant nous : le don de grâce de Dieu,
savoir la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur.
Chapitre 7
Quiconque donc sait ce qu’est la loi, sait aussi qu’un homme mort
est soustrait à l’application de celle-ci. De même, la loi de Sinaï
n’a autorité sur l’homme que durant sa vie : la mort le libère de
toute obligation à son égard. L’apôtre explique cela encore plus
en détail, en se servant de l’exemple de la loi du mari. « Car, dit-il,
la femme qui est soumise à un mari, est liée à son mari par la loi,
tant qu’il vit ; mais si le mari meurt, elle est déliée de la loi du
mari. Ainsi donc, le mari étant vivant, elle sera appelée adultère
si elle est à un autre homme ; mais si le mari meurt, elle est libre
de la loi, de sorte qu’elle n’est pas adultère en étant à un autre
homme » (v. 2, 3).
Tel était notre état, telle était notre triste position, mais Dieu soit
loué ! si nous « étions autrefois dans la chair », nous ne le sommes
plus : nous sommes, comme nous le verrons plus loin, « dans
l’Esprit » (chap. 8.9). Voilà notre nouvelle position devant Dieu ;
la chair est bien encore « en nous », et c’est pourquoi nous
pouvons encore lui céder, et même être « charnels » (1
Corinthiens 3.1, 3), mais nous ne sommes plus « dans la chair ».
Et, bien que la chair soit encore en nous, nous ne sommes plus
sous sa domination et elle ne caractérise plus, comme autrefois,
notre position devant Dieu.
Le sujet qui est devant nous a donné lieu aux explications les plus
contradictoires, car les commentateurs, ne connaissant pas la
vraie position du chrétien, ne comprenaient rien à sa délivrance
du péché et de la loi. La principale di culté gît en ceci que
certains d’entre eux pensaient que l’apôtre parle d’un homme
sincère, mais encore inconverti, d’autres, qu’il décrit les
expériences que doit faire un chrétien ; d’autres, en n, qu’il
dépeint ses propres expériences avant et après sa conversion.
Encore un point : nous avons déjà dit que seul un homme, qui a
passé par l’état douloureux de Romains 7 et qui en est sorti, peut
dépeindre cet état tel qu’il est écrit ici. Un homme qui se trouve
enfoncé dans un marécage ne peut pas exprimer ses sentiments
avec un tel calme. Dans sa terrible situation, il ne peut que crier
au secours : tout e ort est inutile ; sa situation empire à chaque
mouvement qu’il fait. S’il lève un pied pour atteindre la terre
ferme, il s’enfonce de l’autre encore plus profondément ; c’est
pourquoi on peut bien comprendre son cri de désespoir :
« Misérable homme que je suis, qui me délivrera ? »
Remarquons aussi que, dans tout ce chapitre, il n’est question ni
de la grâce, ni de Christ, ni du Saint Esprit, mais seulement de la
loi, de la puissance du péché, de l’impuissance et de la perversité
de la chair et des vains e orts pour se sortir de la lamentable
position dans laquelle on se trouve. Christ n’est introduit qu’au
dernier verset, après que le cri de désespoir a retenti, comme le
seul refuge et l’unique salut pour le prisonnier de la loi du péché
et de la mort. Christ est l’unique réponse, pleinement su sante
à la question : « Qui me délivrera ? »
« Ce qui est bon est-il donc devenu pour moi la mort ? — Qu’ainsi
n’advienne ! Mais le péché, a n qu’il parût péché, m’a causé la
mort par ce qui est bon, a n que le péché devînt par le
commandement excessivement pécheur » (v. 13). La folie de
l’homme pose toujours à nouveau ses questions : non, le but de la
loi n’était pas de me faire mourir, si juste que soit sa sentence à
mon égard. Elle avait un tout autre but ; nous avons déjà vu au
chapitre 5.20, qu’elle « est intervenue a n que la faute abondât » ;
ici, c’est a n que le péché soit manifesté dans son plein
caractère, qu’il parût « péché », oui, qu’il devînt par le
commandement « excessivement pécheur ».
c) Que, aussi longtemps que nous n’avons pas saisi par la foi la
délivrance en Christ, il n’y a pas de force en nous pour
surmonter le péché dans la chair et que c’est nous plutôt qui
sommes toujours vaincus par le péché.
Or, tandis que cette loi de l’Esprit de vie a opéré en Christ, « la loi
du péché et de la mort » constituait en nous le principe
despotique dont nous ne pouvions nous libérer. Le chapitre
précédent nous a su samment montré l’état misérable et
l’impuissance qui nous caractérisaient. Ce n’est que lorsque
l’homme, mentionné dans ce chapitre, a cessé de chercher à
vaincre, par des e orts légaux, le péché qui habite en lui, et s’est
soumis sans réserve à la justice de Dieu, qu’il est délivré de la
puissance du péché. Remarquons cependant que cette vérité
n’est pas exposée ici sous une forme embrassant tous les
croyants, comme une règle s’appliquant de la même manière à
tous. Mais l’apôtre se sert de la forme personnelle, et cela pour la
dernière fois à propos de ce sujet. D’après ce premier verset, on
s’attendrait qu’il dise « nous », plutôt que « moi », comme dans le
verset 4. Or, bien que l’expression « aucune condamnation »
s’applique à tous les chrétiens, il est dit dans le deuxième verset :
« Car la loi de l’Esprit… m’a a ranchi de la loi, etc. ». Cela signi e :
quoique le verset 2 soit indissolublement lié au verset 1, il s’agit
pourtant ici d’une question d’expérience personnelle ; le
fondement pour la réalisation de cette expérience est bien posé
pour tous, tous devraient la connaître ; mais souvent elle n’est
pas comprise et, en raison de ce manque de compréhension —
souvent aussi par suite d’in délité — elle n’est pas réalisée
pratiquement.
En réalité, c’est quelque chose d’indiciblement grand de pouvoir
dire à la suite de l’apôtre : « Car la loi de l’Esprit de vie dans le
Christ Jésus, m’a a ranchi » — non pas « m’a ranchira », mais
m’a a ranchi — pour ne plus être soumis désormais à « la loi du
péché et de la mort », mais pour servir le Seigneur dans
l’heureuse liberté d’un racheté et dans la puissance du Saint
Esprit, comme un homme « en Christ ». L’apôtre exprime le désir,
pour lui et tous ses lecteurs croyants, qu’ils connaissent le
contenu de ce verset non seulement comme une chose qu’ils
possèdent en Christ, mais que, la réalisant pratiquement, ils
tiennent la chair pour morte et manifestent qu’ils sont
réellement délivrés de sa domination.
Dans les deux cas, le résultat est certain. Dans le premier, il est la
conséquence naturelle et nécessaire de notre comportement ;
dans le second, ce résultat est assuré par Dieu lui-même. Dans le
premier cas, c’est la mort ; dans le second, la vie et la gloire sont
notre part. Ici, le lecteur peut soulever la question : « Un enfant
de Dieu peut-il donc être perdu ? » Je réponds : Il ne s’agit pas de
cela dans ce passage ; ici, nous n’avons pas a aire au côté divin,
mais au côté humain de la question. Dieu nous a donné une
nouvelle vie, et cette vie n’est pas selon la chair, car elle ne le
peut pas. Néanmoins si je vis selon la chair, je me place de
nouveau sur le terrain de la vieille nature, de la chair, et pour
autant que la chose dépend de moi, je mourrai, car le juste
salaire d’une vie selon la chair, c’est la mort. Il est impossible
qu’un tel chemin aboutisse à la vie. En revanche si, par l’Esprit,
je fais mourir les actions du corps, je vivrai ; je vivrai pour
toujours avec Dieu qui m’a donné la vie et dont l’Esprit habite en
moi et opère dans cette vie.
« Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là
sont ls de Dieu » (v. 14). Par ce passage, nous en venons à la
merveilleuse relation dans laquelle nous avons été introduits
comme étant des êtres qui ne sont plus conduits par la chair et ne
se trouvent pas non plus, comme autrefois Israël, dans la
position de serviteurs ou d’esclaves. Nous sommes conduits
aujourd’hui par l’Esprit de Dieu qui habite en nous, non point
dans une crainte servile, mais dans la paix. S’il en est ainsi, c’est
donc la preuve que nous sommes ls de Dieu. L’Esprit que nous
avons reçu n’est pas « un esprit de servitude pour être derechef
dans la crainte », mais un « Esprit d’adoption, par lequel nous
crions : Abba, Père ! » (v. 15). Là où se trouve cet Esprit, là est la
liberté ; sous la loi, il n’y avait que servitude et crainte. Le Saint
Esprit opérait bien dans les croyants de l’Ancien Testament et les
employait comme témoins et messagers de la vérité, mais il
n’habitait pas en eux. Les disciples eux-mêmes, avant la
résurrection et l’ascension du Seigneur, ne possédaient pas
l’assurance formelle d’être ls de Dieu, et pourtant le nom du
Père leur avait été révélé. Cette assurance est notre précieuse
part, depuis que le Saint Esprit est descendu personnellement du
ciel et a fait sa demeure en nous, comme Esprit d’adoption. Paul
écrit aux Galates : « Et, parce que vous êtes ls, Dieu a envoyé
l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant : Abba, Père ! » (Galates
4.6). Nous ne sommes pas sous une férule ; nous ne sommes pas
en bas âge, assujettis à un tuteur ou à un curateur, mais nous
sommes conduits par l’Esprit comme des ls de Dieu, ayant
conscience de cette relation.
Quelle relation, pour des êtres tels que nous étions autrefois !
Nous lisons ensuite : « L’Esprit lui-même rend témoignage avec
notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu ; et si nous
sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu,
cohéritiers de Christ ; si du moins nous sou rons avec lui, a n
que, nous soyons aussi glori és avec lui » (v. 16, 17).
Avant d’aller plus loin, disons quelques mots au sujet des titres de
« ls » et d’« enfants ». Le titre de « ls » nous fait penser plutôt à
notre position et aux privilèges qui s’y rattachent, en contraste
avec le nom de serviteurs ou d’esclaves ; tandis que le titre
d’« enfants » fait allusion plutôt à l’intime relation nous unissant
au Père, comme nés de Dieu. Nous ne sommes pas seulement
adoptés comme ls, introduits dans la position de ls, mais nous
sommes aussi engendrés comme enfants dans la famille de Dieu,
pour jouir dès maintenant des joies découlant de cette relation et
pour être bientôt introduits avec Christ dans la possession de
tout ce qui appartient à Dieu lui-même ; nous sommes enfants de
Dieu, au béné ce de toutes les précieuses bénédictions qui
procèdent de cette relation.
Notre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, qui
est notre vie, sera manifesté, alors nous aussi, nous serons
manifestés avec lui en gloire (Colossiens 3.3, 4). C’est cette
révélation des ls de Dieu qu’attend ardemment la création
entière : elle sou re et soupire, car elle est « assujettie à la
vanité », non de sa volonté — elle n’a pas de volonté — mais à
cause de celui qui l’a assujettie — le premier Adam, « dans
l’espérance que la création elle-même aussi sera a ranchie de la
servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des
enfants de Dieu. Car nous savons que toute la création ensemble
soupire et est en travail jusqu’à maintenant » (v. 20-22).
Dans les choses qui sont en rapport avec cette création, les
tentations, les maladies, les di cultés, qui nous assaillent, nous
et nos frères dans ce monde, et même dans toutes nos
circonstances, nous ne savons pas ce qu’il faut demander comme
il convient. Nous ne connaissons pas de remède et ne discernons
pas le but de Dieu. Nous ne pouvons que soupirer, mais l’Esprit
qui produit ces soupirs en nous, se joint à nous dans ces soupirs
inexprimables et notre Dieu et Père, en haut, qui nous voit et
nous entend, « sait quelle est la pensée de l’Esprit, car il intercède
pour les saints, selon Dieu » (v. 27). Combien est précieuse la
certitude que le Dieu, qui sonde les cœurs — phrase importante
— discerne dans nos soupirs la pensée de l’Esprit. Car si nos
cœurs sont sincères devant Dieu, c’est l’Esprit qui exprime nos
sentiments, les sentiments d’êtres qui appartiennent encore à
cette création et participent à ses sou rances, et alors Dieu
comprend l’Esprit.
Ces êtres, il les a appelés hors du monde, selon son propos divin,
et les a donnés à son Fils bien-aimé. Ils connaissent maintenant
leur relation d’enfants à l’égard du Père. Au milieu des enfants de
ce monde, dont l’esprit est inimitié contre Lui, Dieu discerne les
siens, peu nombreux, qui l’aiment, si faiblement que ce soit. Ils
l’aiment parce que Lui les a aimés le premier. Certes, leur amour
sera toujours faible, mais cela ne change rien au fait qu’ils sont
les objets de l’amour de Dieu qui fait concourir toutes choses à
leur bien. À cette précieuse assurance s’ajoute le fait que les
croyants étaient, dès avant la fondation du monde, les objets du
propos de Dieu : il les a préconnus et même prédestinés à être
conformes à l’image de son Fils (v. 29). Déclarations
merveilleuses ! Elles aboutissent à ce qui est exprimé à la n de
notre chapitre, savoir que Dieu est pour nous et que, par
conséquent, aucune puissance, ni dans les hauteurs, ni dans les
profondeurs, ne peut nous séparer de son amour.
En outre, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Qui
pourrait s’opposer au Dieu éternel et nous arracher à ses bras
puissants ? Qui pourrait nous ravir ?? ? sa faveur ou l’empêcher
de déployer son amour envers nous ? C’est pourquoi
bienheureux tous ceux qui peuvent dire avec une foi enfantine :
Dieu est pour moi !
L’apôtre donne trois preuves du fait que Dieu est réellement pour
nous : la première est précisément le don de son Fils ; la seconde,
le fait que Dieu lui-même nous justi e, et la troisième,
l’assurance que rien ne peut nous séparer de son amour. La
première preuve évoque avant tout l’amour de Dieu, qui est la
source de toutes les autres. Tous les croyants ne comprennent
pas cela ; plusieurs voient en Dieu avant tout le juste Juge, dont
la colère a été, il est vrai, détournée par l’œuvre de Christ, mais
qui néanmoins est assis sur son trône comme un Juge dur et
sévère. Ils n’ont pas l’assurance que Dieu est amour et que, par
conséquent, il est l’auteur et le fondement de notre salut. Ils ne
voient en Dieu que la sainteté et en Christ seul l’amour. Telle
était l’opinion quasi générale aux jours de la Réformation,
opinion que de nombreux croyants partagent encore
aujourd’hui. Mais Dieu soit loué, ce n’est pas la justice qui règne
maintenant — elle régnera au jour du jugement ; malheur alors à
tous ceux qui devront la rencontrer ! — non, c’est la grâce qui
règne par la justice (chap. 5.21). Il est de toute importance, pour
la paix de nos cœurs, que nous le comprenions clairement et que
nous ayons ainsi de justes pensées au sujet de Dieu. Certes,
Christ a tout accompli pour satisfaire la justice divine, mais il est
également vrai que, selon l’amour de Dieu, Christ a été préconnu
dès avant la fondation du monde comme l’agneau sans défaut et
sans tache, qui verserait son sang précieux pour expier nos
péchés. Nous avions besoin de la justice de Dieu, pour pouvoir
nous tenir devant lui, mais aussi de son amour en activité dans le
Christ pour que nous y participions. « Dieu était en Christ,
réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs
fautes ». Christ a été fait péché pour nous, a n que nous
devinssions justice de Dieu en lui (2 Corinthiens 5.19-21). Notre
foi et notre espérance reposent ainsi en Dieu lui-même (1 Pierre
1.21). La justice de Dieu, éternelle et immuable, est le fondement
de notre assurance quant à son amour in ni. C’est pourquoi
nous avons la pleine certitude qu’il nous donnera, avec Christ,
maintenant déjà, tout ce qui est bon et quant à l’avenir, la gloire
éternelle (v. 32).
Dieu lui-même nous est donc présenté ici comme Celui qui
justi e : nous ne sommes pas seulement justi és par la foi devant
lui. Parlant de Christ lui-même, le prophète Ésaïe déclare :
« Celui qui me justi e est proche : qui contestera avec moi ?…
Voici, le Seigneur l’Éternel m’aidera : qui me condamnera ? »
(Ésaïe 50.8, 9). L’apôtre met ces paroles dans la bouche des
croyants. Quelle identi cation merveilleuse et bénie !
Si, en rapport avec les choses visibles, il nous est parlé de l’amour
de Christ, lorsqu’il s’agit des choses invisibles, l’apôtre dirige nos
regards sur l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus, notre
Seigneur. « Chacun, comme un autre écrivain l’a dit, est
exactement à sa place. L’amour de Christ s’est manifesté dans ses
sou rances in nies pour nous ici-bas et se déploie aujourd’hui
dans le ciel par son intercession pour nous ; l’amour de Dieu qui
se manifeste, il est vrai, d’une manière moins visible, mais qui
est également in ni et invariable, a tout préordonné pour nous,
nous a tout donné, tout pardonné en grâce, il nous garde et nous
entoure sur le chemin et, en dépit de toutes les puissances
ennemies qui peuvent s’opposer à lui, il nous amènera à la
plénitude d’amour, de joie et de gloire, qui seules peuvent
convenir à un tel Dieu, et à l’œuvre de rédemption d’un tel
Sauveur ».
Chapitre 9
Avant d’aborder le fond de son sujet, l’apôtre donne à ses
« parents selon la chair », c’est-à-dire Israël, une preuve
touchante de son a ection ardente envers eux. Les Juifs lui
reprochaient d’être un apostat qui avait rompu ses relations avec
son peuple, méprisant sa propre chair et son sang et oubliant les
desseins de Dieu à l’égard de la « semence d’Abraham ».
Qui pouvait donc les secourir ? Nous l’avons déjà dit : Dieu, dans
sa grâce souveraine, sauverait un « résidu selon l’élection de la
grâce ». Si le peuple, dans son ensemble, au lieu d’obtenir ce qu’il
cherchait, encourait la juste colère de Dieu, il y avait cependant
encore, selon le propos de Dieu, un résidu qui serait sauvé,
tandis que les autres seraient rejetés (11.3-7).
Or, quand Dieu veut user de grâce, combien grave est le péché
d’un homme qui s’oppose à cette volonté et cherche à
contrecarrer les plans de Dieu. Il doit être connu sur toute la
terre comme le Dieu qui ne permet pas qu’on se moque de lui
impunément. Considéré de ce point de vue, nous saisissons la
signi cation du passage qui suit : « Car l’écriture dit au Pharaon :
« C’est pour cela même que je t’ai suscité, pour montrer en toi ma
puissance, et pour que mon nom soit publié dans toute la terre ».
Ainsi donc il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il
veut » (v. 17, 18).
Il est donc évident d’une part, que le mal ne se trouve que du côté
de l’homme et non de Dieu, et, d’autre part, que le bien procède
de Dieu seul et non de l’homme. En outre, ce qui précède
con rme le fait que le propos de Dieu demeure selon l’élection,
« non point sur le principe des œuvres, mais de celui qui appelle »
(v. 11). Les vases de miséricorde ne sont pas destinés à la gloire
parce qu’ils se sont distingués des autres par des privilèges
particuliers ou des vertus spirituelles, mais Dieu les a préparés
d’avance pour la gloire, sans condition, selon son élection
souveraine et le choix de la grâce. Certes, au cours des âges, ils
ont été appelés, justi és, etc. (chap. 8.29, 30), et si Dieu accorde à
l’un plus de puissance spirituelle et de dons de grâce qu’à un
autre, tous ont été néanmoins préparés d’avance par lui pour sa
propre gloire, avant qu’aucun d’entre eux n’existât. C’est
pourquoi, comme nous l’avons déjà répété, tous célébreront un
jour la grâce insondable et invariable de Dieu. Alors sera
pleinement réalisée l’exhortation de 1 Corinthiens 1.31 : Que
« celui qui se glori e, se glori e dans le Seigneur ».
Hélas ! Israël n’a pas pris garde aux appels de la grâce de Dieu ni à
ses avertissements quant aux terribles jugements qui allaient le
frapper. Ils ont fermé leurs oreilles et endurci leurs cœurs.
« Que dirons-nous donc ? » Ou : quelles furent les conséquences
de cet endurcissement ? Celles-ci : « les nations qui ne
poursuivaient pas la justice, ont trouvé la justice, la justice qui
est sur le principe de la foi. Mais Israël, poursuivant une loi de
justice, n’est point parvenu à cette loi » (v. 30, 31). Toute l’histoire
d’Israël montrait clairement combien vraies étaient les paroles
des prophètes. Pourquoi Israël avait-il été emmené en Assyrie et
à Babylone ? Pourquoi se trouvait-il en ce temps-là sous la
domination d’un tyran païen ? Et plus encore : qu’était-il advenu
des Israélites sous le rapport moral ? Se plaçant sur le terrain de
la loi, ils avaient poursuivi une justice extérieure et légale et
n’avaient point obtenu de justice. En revanche, la grâce de Dieu,
sur un fondement de justice, avait abondé envers ceux qui
vivaient loin de Dieu dans l’obscurité de leurs cœurs. Des païens,
qui étaient « sans espérance » dans le monde et qui ne
poursuivaient pas la justice, avaient obtenu gratuitement la
justice, sur le principe de la foi, accessible à tous ceux qui
vivaient sans loi, ainsi qu’à tous ceux d’Israël, qui, reconnaissant
leur triste état, étaient prêts à recourir à la grâce.
Chapitre 10
La loi ignore la foi. Moïse décrit la justice qui vient de la loi ainsi :
« L’homme qui aura pratiqué ces choses vivra par elles » (v. 5). La
loi prescrit de « faire », c’est-à-dire d’accomplir les
commandements qu’elle ordonne, et c’est la justice, car « la loi…
est sainte, et le commandement est saint, et juste, et bon » (chap.
7.12). Tout homme est tenu de garder les commandements de la
loi et quiconque en transgresse un seul transgresse toute la loi et
mérite la mort.
Israël s’est éloigné de Dieu, mais malgré tout il peut revenir à lui.
Le commandement n’est pas trop merveilleux, ni trop éloigné de
lui ; il n’a pas besoin d’aller le chercher au ciel ou au-delà de la
mer ; il est tout près de lui, dans sa bouche et dans son cœur. Sur
le terrain de la loi, certes, Israël n’a que le jugement à attendre,
mais sur le terrain de la grâce et par la foi, il y a encore de l’espoir
pour lui. Malgré son in délité, malgré la loi violée, la bonté de
Dieu s’adressera encore à lui, aussitôt que son cœur reviendra
sincèrement à Dieu. Or, pourquoi Dieu peut-il agir de cette
manière ? Parce que ses yeux contemplent toujours Christ, dont
la Personne se trouve cachée sous l’ombre de la loi. C’est en lui, le
Juste, qu’il y a espoir pour Israël, si même il est éloigné de son
pays, du temple et de l’autel, et récolte le fruit de son péché.
« Mais je dis : N’ont-ils pas entendu ? Oui, certes, « leur voix est
allée par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités de la
terre habitée » (v. 18). De nouveau, l’apôtre prouve ses
déclarations à l’aide des propres écritures des Juifs, dont ils se
glori aient. Le Psaume 19, où se trouvent les paroles citées,
mentionne deux. témoignages de Dieu : celui de sa création et
celui de sa Parole. Le premier témoignage est extérieur et
général ; le second, intérieur et destiné à ceux qui possédaient la
Parole et les commandements de l’Éternel. Israël avait rejeté ces
deux témoignages. Toutefois, ce n’est pas là le point principal
sur lequel Paul désire insister ici. Les païens ne possédaient pas
la Parole de Dieu, mais le témoignage que Dieu rend par la
création leur est aussi destiné. Le ciel qui raconte la gloire de
Dieu, ne s’étendait pas seulement au-dessus de Canaan ; le soleil,
la lune et les étoiles, ainsi que les autres merveilles de la
création, n’étaient pas destinés à un seul peuple ; le témoignage
rendu par la création était général et s’adressait aux païens aussi,
bien qu’aux Juifs (1.20 ; Actes 14.17). Israël pouvait mépriser les
nations païennes ; mais Dieu avait, dès le commencement,
manifesté son intention d’user de miséricorde envers eux et de se
révéler à eux.
« Mais je dis : Israël n’a-t-il pas connu ? » Certes, les Juifs auraient
pu connaître les intentions de Dieu en grâce à l’égard des nations.
Cela ne devait pas être un mystère pour eux, car Dieu leur avait,
comme l’apôtre le montre plus loin, parlé encore beaucoup plus
clairement que par le Psaume 19. Moïse, le premier, dit : « Je vous
exciterai à la jalousie par ce qui n’est pas une nation ; je vous
provoquerai à la colère par une nation sans intelligence » (v. 19).
Ainsi, le législateur qu’ils tenaient en si grande estime avait déjà
révélé l’intention de Dieu d’exciter son peuple Israël à la jalousie
par ses pensées de grâce envers « ce qui n’est pas une nation », et
« une nation sans intelligence » — allusions claires aux païens.
Mais il y a davantage encore : Ésaïe, le plus grand de leurs
prophètes, s’était enhardi jusqu’à dire que Dieu voulait se faire
trouver de ceux qui ne le cherchaient point et qu’il se
manifesterait à ceux qui ne s’enquéraient point de lui (v. 20).
« Mais quant à Israël, il dit : « Tout le long du jour j’ai étendu mes
mains vers un peuple désobéissant et contredisant » (v. 21). Ainsi
donc, par la loi, les psaumes et les prophètes, les trois grandes
divisions de l’Ancien Testament, la preuve était faite qu’Israël
s’endurcirait et que Dieu avait, dès le commencement, arrêté
par-devers lui d’user de miséricorde envers les nations. Cette
preuve était sans réplique et aucun Juif sincère ne pouvait la
réfuter.
Chapitre 11
Autrefois, les païens avaient vécu dans les ténèbres, loin de Dieu ;
ils n’avaient pas cru Dieu. Mais maintenant, par l’incrédulité des
Juifs, ils étaient devenus des objets de miséricorde et
participaient à une grâce à laquelle ils n’avaient aucun droit. Il
en était de même des Juifs : incrédules comme les païens, ils
avaient eux-mêmes refusé la grâce et ils rejetaient avec horreur
la pensée que les nations pussent être mises au béné ce de cette
grâce. Ils avaient perdu tout droit à l’accomplissement des
promesses, de sorte qu’ils étaient dans la même situation que les
nations : seule une grâce inconditionnelle pouvait les sauver.
L’unique ressource des uns et des autres, c’était la miséricorde de
Dieu. Toute con ance en une propre justice était ainsi exclue.
Juifs et Gentils étaient tous ensemble renfermés par Dieu dans la
désobéissance, a n qu’il puisse manifester sa grâce envers tous.
Chapitre 12
« Quant à l’amour fraternel, soyez pleins d’a ection les uns pour
les autres ; quant à l’honneur, étant les premiers à le rendre aux
autres ; quant à l’activité, pas paresseux ; fervents en esprit ;
servant le Seigneur ; vous réjouissant dans l’espérance ; patients
dans la tribulation ; persévérants dans la prière ; subvenant aux
nécessités des saints ; vous appliquant à l’hospitalité » (v. 10-13).
L’a ection fraternelle est di érente de l’amour (2 Pierre 1.7). Elle
a sa source dans l’amour, mais elle s’exerce dans un cercle plus
restreint, celui de la famille de Dieu ou de l’assemblée. Rien n’est
plus beau qu’une profonde a ection fraternelle ; cependant, elle
peut se refroidir et perdre sa cordialité, non seulement parce que
nous sommes faibles, mais aussi parce qu’il peut y avoir chez nos
frères et sœurs quelque chose qui met notre a ection à rude
épreuve. C’est pourquoi l’apôtre dit : « Quant à l’amour fraternel,
soyez pleins d’a ection les uns pour les autres ! » Pierre parle
d’une a ection fraternelle sans hypocrisie (1 Pierre 1.22).
Chapitre 13
Après l’exhortation à ne pas se venger soi-même, mais à
surmonter le mal par le bien, l’apôtre, dans ce chapitre, passe à
un devoir d’ordre plus général qui incombe à tout homme, mais
d’une manière particulière au chrétien : « Que toute âme se
soumette aux autorités qui sont au-dessus d’elle ; car il n’existe
pas d’autorité, si ce n’est de par Dieu ; et celles qui existent sont
ordonnées de Dieu » (v. 1).
Le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru ; l’heure
est venue de nous réveiller de notre sommeil ; c’est pourquoi il
dit : « Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et
le Christ luira sur toi ! » (Éphésiens 5.14).
Chapitre 14
L’apôtre cite les exemples suivants : L’un, qui estime un jour plus
qu’un autre, le fait à cause du Seigneur ; il y a égard à cause du
Seigneur ; l’autre, pour le même motif, estime tous les jours
égaux. En outre, celui qui mange, mange à cause du Seigneur, en
rendant grâces à Dieu pour la nourriture qu’il prend, et celui qui
ne mange pas « ne mange pas à cause du Seigneur » et il rend
grâces aussi à Dieu. Qui peut donc mépriser et juger l’un ou
l’autre pour ce qu’il fait ou ne fait pas ? Tous deux ne désirent-ils
pas servir le Seigneur et lui plaire, bien qu’ils agissent de
manière di érente, selon la mesure de leur intelligence
spirituelle ? Ne sont-ils pas responsables envers le Seigneur seul ?
D’ailleurs, d’où le fort tire-t-il sa force ? N’est-ce point la grâce
qui le tient debout, tout comme le faible ? Cependant, il faut
prendre garde à une chose : « Que chacun soit pleinement
persuadé dans son propre esprit ! » (v. 5, 6). Il pourra ainsi
poursuivre sa route d’un cœur heureux. Combien le Seigneur
rencontre peu d’intelligence chez les siens à cet égard !
Remarquons toutefois que le « premier jour de la semaine » n’est
pas l’un de ces jours que l’on est libre de ne pas observer. En
Apocalypse 1.10, il est expressément nommé « le jour du
Seigneur », un jour qui lui appartient d’une manière
particulière ; il est consacré par la résurrection de notre
Seigneur et Sauveur, qui eut lieu au matin de ce jour, et par son
apparition le même soir au milieu de ses disciples rassemblés
(Jean 20.19 ; voir aussi Actes 20.7 ; 1 Corinthiens 16.2). Pour le
chrétien, qui sait qu’il est mort et ressuscité avec Christ, il n’y a
pas de jour qui puisse être comparé au jour de la résurrection de
son Sauveur ; il l’aime et l’honore, non pas comme un
commandement légal, mais parce qu’il est le signe
caractéristique et précieux de l’économie actuelle de la grâce, le
jour dans lequel il se réunit avec ses frères pour se souvenir de
son Seigneur, lui exprimer sa reconnaissance et annoncer sa
mort.
C’est pourquoi il est dit : « Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ?
Ou aussi toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? » Tous les deux, le
faible ou fort, vous confessez appartenir corps et âme à ce
puissant Seigneur, qui est appelé à dominer sur les vivants et les
morts, et vous vous jugez, et vous vous méprisez les uns les
autres ? Combien votre conduite est insensée et inconvenante !
Ne savez-vous pas que nous comparaîtrons tous devant le
tribunal de Dieu ? (v. 10). Car il est écrit : « Je suis vivant, dit le
Seigneur, que tout genou se ploiera devant moi, et que toute
langue confessera hautement Dieu. Ainsi donc, chacun de nous
rendra compte pour lui-même à Dieu » (v. 11, 12). Si donc tout
genou — tant des croyants que des incrédules — doit se ployer
devant Dieu et si chacun de nous doit rendre compte pour lui-
même à Dieu, qu’avons-nous donc à nous juger maintenant l’un
l’autre ? N’est-ce pas, en réalité, nous attribuer les droits de
Dieu ? « Ne nous jugeons donc plus l’un l’autre » (v. 13).
« Car si, à cause d’une viande, ton frère est attristé, tu ne marches
plus selon l’amour. Ne détruis pas par ta viande celui pour lequel
Christ est mort » (v. 15). Si moi-même, je suis « fort », et si je sais
que rien n’est souillé en soi-même, je dois toutefois avoir égard à
la conscience de mon frère et ne pas l’attrister à cause d’un
aliment. C’est l’amour qui doit, comme nous l’avons dit, me
diriger ; si j’agis autrement, ce n’est pas d’une manière conforme
à celle de Christ, et je détruis, autant qu’il dépend de moi, mon
frère pour lequel Christ est mort. Il a donné sa vie pour le faible
et pour moi. Ne puis-je donc, par égard pour ce faible, me passer
d’un aliment, au lieu de l’engager peut-être par ma conduite à
faire une chose que sa conscience lui défend, et à pécher ? Je le
conduirais dans un chemin qui se terminerait par la destruction,
si la grâce de Dieu n’intervenait pas. Pareillement en 1
Corinthiens 8.11, Paul dit : « Par ta connaissance » le faible périra.
Ma conduite rend donc l’œuvre de Christ sans valeur, pour
autant que cela dépend de moi.
« Que ce qui est bien en vous ne soit donc pas blâmé ! » (v. 16). La
liberté dont nous jouissons en tant que chrétiens, est précieuse,
mais prenons garde que notre conduite ne nous donne pas la
fâcheuse réputation d’agir selon une liberté charnelle ! Gardons-
nous aussi de vouloir imposer à nos frères une chose que nous
considérons comme permise, alors qu’ils ont des scrupules à
l’accomplir. Une telle manière d’agir tend à la destruction au lieu
de contribuer à l’édi cation, car, si insigni antes que de telles
questions de manger et de boire puissent nous paraître en elles-
mêmes, elles ont ce résultat. « Car le royaume de Dieu n’est pas
manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint »
(v. 17).
Certes, toutes choses sont pures pour celui qui mange sans
broncher (v. 20). Mais ai-je le droit, par ma liberté, d’exposer
mon frère qui est faible à manger « en bronchant » ? Nullement !
L’amour dit : « Il est bon de ne pas manger de chair, de ne pas
boire de vin, et de ne faire aucune chose en laquelle ton frère
bronche, ou est scandalisé, ou est faible » (v. 21). Pour le faible, il
peut y avoir bien des choses, peut-être même des prétextes
futiles, qui le font broncher ou le scandalisent, mais l’amour ne
le méprise pas pour autant. Au contraire, il cherche son bien
avec délité et en se renonçant soi-même.
Chapitre 15
En rapport avec le fait que les choses écrites auparavant l’ont été
pour notre instruction a n que, par la patience et par la
consolation des écritures, nous ayons espérance, l’apôtre désigne
Dieu sous le nom de « Dieu de patience et de consolation » (v. 5).
Les noms donnés à notre Dieu et Père, dans le Nouveau
Testament, sont très variés et revêtent tous une grande
importance. Il est appelé le Dieu d’amour et de paix, le Dieu de
toute consolation, le Père des miséricordes, le Dieu de toute
grâce, le Dieu d’espérance, le Dieu de gloire, et même le Dieu de
mesure qui révèle à chacun de ses serviteurs la mesure de son
service. Si bénie que pourrait être la méditation de ces divers
noms en rapport avec les noms de Dieu dans l’Ancien Testament,
nous ne pouvons que les mentionner ici.
Dans les versets 8 à 13, l’apôtre rappelle encore une fois les
grands principes, exposés dans toute l’épître, notamment l’accès
des païens aux privilèges de l’Évangile. Déjà l’introduction du
premier chapitre plaçait devant nous la personne du Seigneur en
tant que Fils de David, « selon la chair », et « Fils de Dieu, en
puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des
morts ». Ici, il rappelle que Christ a été serviteur de la
circoncision, pour la vérité de Dieu, pour la con rmation des
promesses faites aux pères, mais aussi pour que les nations
glori assent Dieu pour la miséricorde (v. 8, 9). Ces mots mettent
en évidence les deux aspects majeurs de la venue de Christ, qui a
été envoyé d’abord aux brebis perdues de la maison d’Israël, a n
de montrer à son peuple terrestre que Dieu est véritable et qu’il
demeure dèle aux promesses faites aux pères, Mais après
qu’Israël eut repoussé la grâce et cruci é son Messie, Dieu la t
abonder envers les nations. C’est la croix de Christ qui leur a
ouvert l’accès aux bénédictions in nies qu’Israël avait
dédaignées. Il ne s’agissait donc pas, pour les nations, de
l’accomplissement des promesses ; étant étrangères aux alliances
de la promesse, sans Dieu et sans espérance dans le monde
(Éphésiens 2.12), il ne pouvait être question pour elles de la
« vérité de Dieu » ; tout était « grâce ».
Dieu leur avait pourtant fait connaître, dès les temps anciens, ses
pensées et ses voies. Alors que les nations ne devaient jamais
oublier d’où elles étaient venues, les croyants appartenant à
Israël devaient, de leur côté, se souvenir toujours des
déclarations de Dieu concernant la grâce déployée en faveur des
nations. L’apôtre cite encore des passages tirés des trois grandes
divisions de l’Ancien Testament, la loi, les psaumes et les
prophètes, passages exprimant l’intention de Dieu de bénir les
nations avec son peuple terrestre. Son nom devait être connu et
célébré parmi ces dernières. Elles auraient le privilège de se
réjouir avec son peuple, d’espérer en la racine de Jessé et en celui
qui se lèvera pour gouverner les nations (v. 9-12). Il est à peine
besoin de préciser qu’aucun des passages cités ne concerne
l’Assemblée, corps de Christ dans lequel n’existe aucune
di érence entre Juifs et Grecs. Ce mystère ne pouvait être révélé
qu’après la glori cation du Fils de l’homme à la droite de Dieu.
L’apôtre veut présenter ici le fait simple, mais si important, que
Dieu a, par les prophètes, annoncé sa miséricorde envers les
nations dès les temps anciens.
On a dit que Paul, dans ces circonstances, n’avait pas été tout à
fait à la hauteur de son appel comme apôtre des nations. C’est
peut-être vrai. Mais pouvons-nous lui en faire un reproche ?
Dieu ne l’a pas fait. Au contraire, dans la forteresse romaine à
Jérusalem, Paul a pu entendre les paroles consolantes du
Seigneur : « Aie bon courage ; car comme tu as rendu témoignage
des choses qui me regardent, à Jérusalem, ainsi il faut que tu
rendes témoignage aussi à Rome » (Actes 23.11).
« Saluez Marie, qui a beaucoup travaillé pour vous » (v. 6). Parmi
ceux que Paul salue, plusieurs sœurs sont désignées comme
travaillant ou ayant travaillé dans le Seigneur (v. 12). De Marie, il
nous est dit qu’elle avait beaucoup travaillé pour les croyants de
Rome, qui le reconnaissaient.
Nous avons déjà parlé plus haut de telles sœurs. Deux d’entre
elles travaillaient encore dans le Seigneur ; l’une, Persis, « la
bien-aimée » avait beaucoup travaillé dans le passé dans le
Seigneur. Pourquoi plus maintenant ? L’âge ou la maladie en
étaient-ils la cause ? Nous ne le savons pas. Le titre « la bien-
aimée » ne permet guère de penser que cette chère sœur se serait
relâchée ou serait devenue indi érente.