14 Dwight Moody Le Ciel
14 Dwight Moody Le Ciel
14 Dwight Moody Le Ciel
Dwight Moody
Troisième édition
Préface
Apocalypse 21.23
1 Corinthiens 1.3-5
Bien des gens se figurent que tout ce qu'on peut dire du ciel n'est
que pure spéculation. Ils en parlent comme s'il s'agissait des
plaines éthérées. Cependant, si Dieu avait eu l'intention de laisser
la race humaine dans l'ignorance sur ce sujet, il n'en aurait pas
parlé aussi souvent dans sa Parole. Il nous est dit que "toute
l’Écriture est divinement inspirée, et utile pour enseigner, pour
convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que
l'homme de Dieu soit accompli et parfaitement propre pour toute
bonne œuvre" (2 Timothée 3.16-17).
Ce que la Bible nous dit sur le ciel est tout aussi vrai que les autres
doctrines qu'elle enseigne ; elle est inspirée, et il est évident que
tout ce que nous savons du. paradis ne peut nous être révélé que
par le moyen d'une inspiration divine. Dieu seul sait ce qui en est
à cet égard, c'est pourquoi nous ne pouvons en rien connaître
qu'en consultant sa Parole. Le Dr Hodge de Princeton dit que la
meilleure preuve de la divine inspiration des Écritures se trouve
dans les Écritures mêmes. Elles l'affirment de la même manière
que le caractère du Christ y manifeste jusqu'à l'évidence la
divinité de sa personne. Christ, par ce qu'il a fait, montre qu'il est
plus qu'un homme ; la Bible, par ce qu'elle dit, montre qu'elle est
plus qu'un livre humain.
Il est très naturel de supposer que Dieu ait voulu nous donner
quelque aperçu de l'avenir. Nous perdons successivement nos
amis et, quand ils sont morts, la première pensée qui nous vient
est celle-ci: Où sont-ils allés ? Nous nous demandons avec anxiété
si nous pourrons les revoir, dans quel lieu et à quel moment ?
Alors nous prenons notre Bible, car nul autre livre dans le monde
ne peut nous donner la moindre consolation à ce sujet, aucun ne
peut nous dire où nos bien-aimés sont allés.
- Oui, monsieur.
Dans le fond de nos âmes, nous nous sommes tous demandé s'il y
a une vie à venir :
Or, nous allons tous partir pour un pays fort éloigné, nous devons
passer l'éternité dans un autre monde, le monde grand et
glorieux où Dieu règne. N'est-il pas dès lors urgent pour nous de
faire tous nos efforts pour savoir par qui il est habité, et par quel
chemin on y arrive ?
Dans Genèse 17, il est dit que Dieu s'éleva en quittant Abraham.
Dans Jean 3, nous lisons que le Fils de l'homme est descendu du
ciel, et dans les Actes, que Jésus fut élevé au ciel et qu'une nuée le
déroba aux yeux des disciples. Le ciel est donc en haut. Le
firmament lui-même, qui s'étend au-dessus de nos têtes, montre
que le siège de la gloire de Dieu est au-dessus de nous. Job
demandait que Dieu ne regardât pas d'en haut ; dans
Deutéronome 30.12, nous lisons : "Qui montera pour nous au ciel
?" (Psaumes 113.5) Toute l’Écriture nous le représente comme se
trouvant au-dessus du firmament. Le ciel étoilé est lui-même si
vaste que celui où Dieu habite doit être un royaume d'une
immense étendue ; et pourquoi nous en étonner ? Ce n'est pas à
des êtres comme nous, dont la vue est bornée, à demander pour
quel motif Dieu a fait le ciel tellement grand que les astres qui
l'éclairent sont visibles de toutes les parties de notre petit globe !
"Il a créé le ciel par sa puissance", dit Jérémie (Jérémie 51.15). "Il a
fondé le monde par sa sagesse, il a étendu les cieux par son
intelligence." Nous savons pourtant bien peu de chose sur cette
puissance, cette sagesse et cette intelligence ! "Ce sont là les bords
de ses voies ! s'écrie Job, Job 26.14 ; c'est le bruit léger qui nous en
parvient ; mais qui entendra le tonnerre de sa puissance ?" Ésaïe
42.5, dit encore : "Ainsi parle Dieu, l’Éternel, qui a créé les cieux et
qui les a déployés, qui a étendu la terre et ses productions, qui a
donné la respiration à ceux qui la peuplent et le souffle à ceux qui
y marchent.
Quel a été et quel est encore l'un des plus ardents désirs du cœur
de l'homme ? n'est-ce pas de trouver une place meilleure, un lieu
plus agréable que celui où il vit ? Ce lieu il peut le rencontrer s'il le
veut, en regardant, non en bas pour l'y chercher, mais en haut. À
mesure que les hommes acquièrent plus de connaissances, ils
rivalisent de luxe pour embellir de plus en plus leurs demeures ;
mais la plus élégante de ces demeures terrestres n'est qu'une
grange vide en comparaison de celles qui nous sont réservées
dans les cieux.
Vers quoi tendent nos désirs quand notre vie arrive à son déclin ?
N'est-ce pas vers quelque doux abri bien tranquille, une maison
où nous pourrons jouir, sinon d'un constant repos, du moins des
avant-goûts du repos éternel ? Qu'est-ce qui poussa Christophe
Colomb à traverser les mers occidentales inexplorées sans savoir
le sort qui l'attendait, si ce n'est l'espoir de découvrir un beau
pays ! Nos pères, chassés de leur terre natale par la persécution,
osèrent affronter une côte sauvage hérissée de récifs, dans
l'espoir de trouver au delà des terrains fertiles et une patrie libre
où ils trouveraient le repos et adoreraient Dieu en paix.
Le chrétien a une espérance à peu près semblable ; seulement le
ciel qu'il désire n'est pas pour lui un pays inexploré, ni qui
possède rien de ce qui attire vers les choses de la terre. Peut-être
la faiblesse seule de notre vue nous empêchent-elle de voir les
portes des cieux toutes grandes ouvertes, et celle de nos oreilles,
d'entendre les joyeuses volées des cloches célestes ? Que de sons
autour de nous que nous ne pouvons saisir ! que de brillants
soleils semés dans l'espace que nous n'avons jamais vus ! Nous
connaissons peu du ciel radieux, et cependant, de temps à autre,
quelque rayon de sa gloire arrive jusqu'à nous.
Les voyageurs qui font des ascensions sur Alpes, disent qu'ils
peuvent apercevoir distinctement des villages très éloignés, et
même compter les vitres des églises. La distance qui les sépare du
lieu où ils se rendent, leur paraît raccourcie ; mais après des
heures de marche, ils s'en trouvent encore fort loin. Cela tient à la
pureté de l'atmosphère. Pourtant, à force de persévérance, le
voyageur fatigué atteint le but et trouve enfin du repos. Parfois
aussi, quand nous demeurons sur les sommets élevés de la grâce,
le ciel nous semble très près de nous. Mais il est des heures dans
notre vie où les brouillards et les nuages qu'amassent autour de
nos âmes le péché et la souffrance, le dérobent à notre vue.
Cependant, il est tout aussi près alors et nous sommes aussi sûrs
d'y arriver, si toutefois nous ne quittons pas le sentier où Christ a
marché lui-même.
Sur les rives de l'Adriatique, les femmes qui ont vu partir leurs
maris pour aller pêcher au loin sur les eaux profondes, ont
l'habitude de se réunir le soir sur le rivage pour chanter de leur
voix la plus douce, le premier verset de quelque beau cantique.
Puis, elle prêtent l'oreille jusqu'à ce que, porté sur les ailes des
vents au-dessus des flots, le second verset chanté par les braves
pêcheurs, leur arrive. Tous sont heureux alors... Peut-être qu'en
écoutant mieux, nous pourrions saisir, nous aussi, au-dessus de la
mer agitée de ce monde, quelques sons, quelque léger murmure
lointain, qui nous dirait qu'un ciel existe, qu'une demeure céleste
nous attend ? Et quand nous entonnons des hymnes sur les rives
de cette terre, peut-être que nous pourrions entendre quelques
doux échos venant des cieux dont les accords, en traversant les
plages éthérées, viendraient réjouir les cœurs de ceux qui sont
encore ici-bas étrangers et voyageurs ? Oui, nous avons besoin de
regarder vers le ciel et par delà cette basse terre, afin de vivre plus
haut dans nos pensées et dans notre activité.
Vous savez que lorsqu'un homme se prépare à monter dans un
ballon, il se munit de sable pour lui servir de lest. Quand il veut
s'élever, il jette une partie du sable par-dessus bord ; il en jette
encore lorsqu'il désire que son ballon monte plus haut ; plus il
jette de sable, plus il monte. Ainsi, plus nous voulons nous
approcher de Dieu, plus nous devons rejeter loin de nous les
choses de ce monde. Laissons-les tomber ! ne plaçons pas en elles
les affections de nos cœurs, mais "amassons-nous des trésors dans
les cieux," comme a dit le Maître.
Je veux savoir
Ésaïe 33.24
Nous voyons dans Matthieu 18.10, que les anges s'y trouvent :
"Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits ! est-il écrit, car je vous
dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de
mon Père qui est dans les cieux."
Quant aux chrétiens que nous espérons rencontrer dans les cieux,
nous voyons, d'après l’Écriture, qu'ils seront de goûts et de
caractères divers. Il n'y a pas là-haut une seule demeure, mais
plusieurs demeures ; pas une seule porte, mais plusieurs : trois au
nord, trois à l'est, trois à l'ouest et trois au midi. Les pèlerins
lassés y entreront revenant de diverses écoles théologiques, ayant
appartenu à des Églises opposées, à des positions sociales
différentes, ayant des caractères dissemblables, des manières
diverses d'exprimer leur foi et leurs espérances, et convertis par
des moyens variés, par différents textes des Écritures. Ils se
rencontreront tous ensemble, "non sans surprise," sur les bords
du fleuve de vie. Sur les rives de ce fleuve ; ils trouveront un arbre
portant douze fruits, non pas continuellement des fruits de
même espèce, mais douze espèces de fruits appropriés aux-
besoins de chacun ; il y en aura pour ceux qui ont souffert avec
patience, pour ceux qui ont activement travaillé, pour les esprits
raisonneurs humbles et sanctifiés, pour ceux des justes arrivés
enfin à la perfection. Les feuilles de cet arbre ne seront pas pour
la guérison d'une seule Église et d'un seul peuple, mais de toutes
les nations et pour ceux-là mêmes qui, parmi ces nations, ont le
moins entendu parler du Seigneur, mais dont les cœurs affamés
et altérés de justice, auront besoin d'être rassasiés.
Nous trouvons cette parole dans Luc 12.26 "Si quelqu'un me sert
qu'il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur." Je ne puis
penser, avec certaines personnes, que l'âme de saint Paul dort
encore dans la tombe après dix-huit siècles. L'apôtre qui a tant
aimé le Seigneur, dont le cœur a brûlé d'un zèle si ardent, ne peut
être séparé de lui depuis lors et dans un état inconscient. "Père ! je
veux que là où je suis, ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi,
afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée." Jean 17.24
Il est dit encore dans le Psaume 17.15 "Pour moi, dans mon
innocence, je verrai ta face ; dès le réveil je me rassasierai de ton
image." Cela nous suffit ! Ici-bas, le mot besoin est écrit sur tout
cœur d'homme, mais là-haut tous nos besoins sont satisfaits.
Parcourez le monde d'un bout à l'autre, et vous ne trouverez pas
un seul homme ni une seule femme parfaitement satisfait ; mais
au ciel, nous n'aurons plus besoin de rien. Dans 1 Jean 3.2-3,
l'apôtre dit aux chrétiens : "Bien-aimés, nous sommes dès à présent
enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté;
mais nous savons que lorsque cela sera manifesté, nous lui serons
faits semblables parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque a
cette espérance en lui se purifie comme lui-même est pur."
1 Corinthiens 6.10
"Aucun ivrogne n'héritera le royaume de Dieu." Que les mères
dont les fils commencent à mener une vie dissipée, n'aient de
repos, ni nuit, ni jour jusqu'à ce que leurs enfants soient convertis
par la puissance de la grâce, parce qu'aucun ivrogne ne peut
hériter le royaume des cieux. Un grand nombre de buveurs
modérés deviendront de vrais ivrognes, car nul n'arrive jusqu'à
ce point tout d'un coup. Ah ! comme le diable les aveugle ces
buveurs modérés ! Je ne connais aucun péché plus tyrannique
que celui de l'intempérance. Il lie un homme pieds et mains avant
qu'il s'en doute.
Nous lisons que Noé fut sauvé comme à travers le déluge, parce
qu'il était alors le seul homme qui fût juste. Mais, d'après une
certaine théorie, Dieu prit le reste des habitants de la terre,
méchants et souillés comme ils l'étaient, - trop mauvais pour
vivre, - et les jeta dans son ciel en ne laissant passer que Noé par
l'épreuve de l'inondation générale. Ainsi : ivrognes, voleurs,
vagabonds, tous s'en allèrent dans ce paradis. Quand on adopte
une pareille idée, on peut se mettre à prêcher et dire : "Jurez tant
que vous le voudrez, tuez tant qu'il vous plaira, tout finira bien
pour vous. Dieu vous pardonnera ! Dieu est si miséricordieux !"
Supposez que le chef d'un État accorde une grâce absolue à tous
les prisonniers condamnés par les tribunaux et renfermés dans
les cachots ou les maisons centrales. Il leur donne la liberté parce
qu'il a le cœur trop compatissant pour les punir. Je crois qu'après
cela il ne restera par bien longtemps gouverneur ! Ceux-là mêmes
qui pensent que par bonté Dieu va épargner tous les hommes et
les recevoir dans le ciel sans distinction, seraient les premiers à
déclarer que ce gouverneur mérite d'être mis en accusation et
révoqué. L’Écriture affirme qu'une certaine classe de personnes
n'hériteront pas le royaume des cieux. Je ne veux plus vous citer
que l’Écriture ; il vaut mieux, dans un cas semblable, la laisser
parler elle seule ; si vous n'êtes pas de son avis, c'est avec elle que
vous discuterez et non plus avec moi. Qu'on ne m'accuse donc pas
d'avoir dit : "Un tel ira au ciel et un tel autre n'ira pas :" Je laisse
parler la Bible ; elle a dit ! "Ne savez-vous pas que les injustes
n'hériteront pas le royaume de Dieu ?" (1 Corinthiens 6.9) Mais les
"injustes mêmes, les adultères, les fornicateurs, les voleurs,"
peuvent hériter ce royaume si seulement ils délaissent leurs
péchés. "Que le méchant abandonne sa voie et l'homme l'iniquité de
ses pensées." (Ésaïe 55.7) Cependant, si l'injuste dit : "Je ne me
détournerai point du péché, je persisterai dans mon iniquité et,
malgré cela, j'irai au ciel ! il se trompe."
Celui qui me dérobe mon porte-monnaie, perd bien plus que moi.
Que gagne-t-il ? quelques sous c'est peu. Mais voyez tout ce qu'il
perd ! Il perd le ciel. Pensez à ceci : "Aucun voleur n'héritera le
royaume de Dieu." Je voudrais dire à tous ceux qui dérobent le
bien d'autrui : "Ne faites plus cela !" Que chacun demande à Dieu
de lui pardonner, que chacun se repente et se retourne vers Celui
qu'il a offensé. La vie éternelle vaut mieux que le monde tout
entier. Quand bien même vous pourriez voler le monde tout
entier, vous ne gagneriez pas grand'chose, après tout ! Le monde
tout entier ne sera pas d'une grande ressource pour vous, si vous
n'avez pas la vie éternelle et le bonheur du ciel.
Est-ce mourir ?
Ce sont des choses que l’œil n'a point vues, que l'oreille
n'a point entendues, et qui ne sont point montées au
cœur de l'homme ; des choses que Dieu a préparés pour
ceux qui l'aiment.
S'il existe un nom, qui mieux que tout autre, puisse ouvrir toutes
grandes les portes éternelles, c'est certainement celui de Jésus.
Ici-bas il ne manque pas de mots d'ordre et de convention, mais ce
nom sera pour nous l'unique consigne pour pénétrer dans le ciel.
Jésus en est lui-même la porte. Quiconque cherche à y entrer par
un autre endroit, est un larron et un voleur. Mais nous
éprouverons en y entrant une joie qui surpassera toutes nos
autres joies, ce sera celle de voir Jésus lui-même et d'être
constamment auprès de lui.
Ésaïe donne à ceux qui sont sauvés par la foi cette promesse
divine : "Tes yeux verront le Roi dans sa magnificence, ils
contempleront le pays dans toute son étendue." (Ésaïe 33.17) Nous
ne pouvons pas tous faire le tour du monde, ni même peut-être
voir une contrée étrangère ; mais tous les chrétiens verront cette
terre éloignée, la véritable terre promise. John Milton dit des
bienheureux qui y sont déjà, qu'ils marchent avec Dieu sur les
plus hautes cimes du salut et de la félicité.
Toutes les joies que nous goûterons dans les cieux n'auront
d'autre source que la présence de Dieu ; c'est l'idée dominante qui
traverse les Écritures. La vie éternelle sans cette présence serait
semblable à la vie terrestre sans la santé c'est cette présence qui
sera la lumière et la vie même des rachetés. On a dit que ce mot
pourrait se traduire ainsi : "Une vue qui rend heureux." Cette vue
nous remplira d'une joie pareille à celle que cause le retour vers sa
mère d'un fils depuis longtemps perdu, ou le premier aperçu de
notre demeure après un long temps d'absence. Plusieurs savent
combien un rayon de soleil par une journée sombre, ou le visage
bienveillant d'un ami au jour de l'épreuve, peut relever notre
courage. Eh bien ! notre bonheur sera encore mille fois plus
grand, car nous verrons le Seigneur face à face et c'est ce qui nous
le fera aimer d'autant plus.
Les portes de perles, les murs de jaspe et les rues pavées d'or
transparent comme du cristal, ne constitueront pas pour nous le
ciel. Toutes ces glorieuses choses ne sauraient nous satisfaire,
elles seules ne nous feraient pas désirer d'y vivre éternellement.
Une petite fille, qui avait sa mère très malade, fut emmenée par
une voisine qui la prit en attendant que la mère se trouvât mieux.
La maladie empira et la mère mourut. Les voisins ne voulurent
rien dire d'abord à l'enfant, et ne la reconduisirent chez elles
qu'après l'enterrement. La petite fille alla dans un salon, puis
dans l'autre en répétant : "Où est maman ?" Elle parcourut ainsi
toute la maison sans la trouver. Et lorsqu'on lui eut dit qu'elle
était morte, la pauvre enfant voulut retourner chez la voisine, car
sa propre demeure n'avait plus aucun attrait pour, elle. Ni les
murs de jaspe, ni les portes de perles ne rendront pour nous le ciel
attrayant, mais ce sera la présence du Rédempteur et le bonheur
d'être pour jamais avec lui.
Déjà vous auriez pu entendre les pas fermes des millions qui ont
marché sur ses traces en donnant leur vie pour le Fils de Dieu.
Étienne formait l'avant-garde. Comme il mourait, il regarda vers
le ciel ; son Sauveur alors se leva pour l'accueillir, et le Saint-
Esprit fut envoyé pour témoigner que Christ était bien là-haut.
Comment pourrions-nous en douter maintenant ?
Un bon roi, - ceci est une fable, - chassant un jour dans une forêt,
rencontra un jeune aveugle orphelin qui vivait là à la manière des
bêtes. Touché de compassion, le monarque adopta ce pauvre
garçon et lui fit apprendre tout ce que l'on peut enseigner à un
aveugle. Lorsque celui-ci eut atteint sa majorité, le roi, qui était
aussi un habile médecin, rendit la vue au jeune homme ; après
quoi, il le prit avec lui dans son palais au milieu des nobles qui
composaient sa cour ; avec tous les honneurs possibles il déclara
qu'il le recevait au nombre de ses fils, et ordonna à tous de lui
rendre amour et obéissance. L'orphelin délaissé devint un prince
! il eut sa part de toutes les dignités, des félicités et de la gloire
qu'on peut trouver dans le palais d'un roi. Qui pourrait exprimer
la joie qui dut remplir son cœur lorsqu'il put contempler de ses
propres yeux pour la première fois, la magnificence, la grande
puissance et l'excellence du monarque qu'il avait entendu vanter
si souvent ? Et qui dira son bonheur lorsqu'il se vit revêtu d'un
habit de prince et qu'il entra dans la famille royale avec le titre de
fils adoptif, honoré et aimé de tous ?
Un père rentrait un soir très tard avec sa petite fille. La nuit était
sombre ; après avoir traversé un bois épais, ils arrivèrent au bord
d'une rivière. Bien loin, sur la rive opposée, scintillaient des
lumières dans quelques maisons éparses et, plus loin encore,
brillaient celles de la ville où ils se rendaient. L'enfant était
fatiguée et assoupie ; le père la prit alors dans ses bras en
attendant le batelier qui arrivait de l'autre bord. Ils aperçurent
enfin une faible lueur ; le bruit des rames se rapprochait peu à
peu, et bientôt ils furent installés sains et saufs dans la barque.
Une vie vraiment chrétienne est la seule qui puisse être heureuse
; dans toutes les autres se trouve toujours quelques lacunes.
Quand nous sommes jeunes, nous entreprenons de grandes
choses que nous compromettons par notre témérité. Nous
manquons alors d'expérience. Quand nous avons l'expérience,
nous avons perdu la force d'exécuter nos desseins. "Heureux est le
peuple dont l'Éternel est le Dieu !" La piété est le seul moyen d'être
heureux. Celui qui dérobe parce qu'Il a faim, dérobe pour
atténuer sa souffrance, mais il oublie à ce moment-là combien
son péché aura de pénibles conséquences. Malgré sa mauvaise
nature, l'homme est encore ce qu'il y a sur la terre de plus noble ;
il est aisé de comprendre dès lors qu'il ne puisse trouver le vrai
bonheur dans les choses qui sont moins élevées que lui. Dieu seul
est meilleur que nous, et c'est en lui seulement que nos âmes
seront satisfaites. L'or, cette scorie tirée de la terre, ne saurait
nous suffire, ni les honneurs, ni les louanges des hommes ; il nous
faut plus, et ce qu'il nous faut, nous ne l'obtiendrons que dans le
ciel. Je ne dois plus m'étonner que les anges qui voient
continuellement la face de Dieu, soient si heureux !
Plus haut
Dès l'instant où une personne tourne vers les choses célestes ses
pensées et ses affections, sa vie acquiert une beauté réelle ; la
lumière des cieux brille sur son sentier ; elle ne passe plus son
temps à s'accuser et à se flageller parce qu'elle ne ressemble pas
davantage à Christ. Un écossais à qui l'on demandait s'il était sur
le chemin du ciel, répondit : "Mais, c'est dans le ciel que je vis ! je
ne suis pas sur le chemin qui y mène." C'est là qu'il vivait ! Oui, il
nous faut vivre dans le ciel tandis que nous sommes encore ici-bas
! notre privilège c'est d'avoir nos affections en haut. Une dame de
Londres trouva un jour une pauvre chrétienne couchée sur un lit
de douleur mais très heureuse. Puis elle visita une dame riche qui
passait tout son temps à murmurer et à se plaindre de son sort. Je
pense quelquefois que ceux à qui Dieu accorde le plus de biens
temporels, pensent le moins à lui, l'oublient le plus
complètement et travaillent le moins pour son service. Cette
dame dont je parle, en allant visiter les pauvres, avait l'habitude
de se rendre chez la chrétienne malade pour être elle-même
encouragée et réjouie. Il se trouve à Chicago un certain quartier
où, depuis des années, les chrétiens qui désirent être fortifiés
dans leur foi vont visiter l'une de ces âmes d'élite. Une amie me
disait que le Seigneur avait placé de ces âmes-là dans la plupart
des villes, afin que les anges qui passent pour accomplir leurs
messages de miséricorde, s'arrêtent pour les consoler, car elles
ont l'air d'avoir souvent leur visite. La chrétienne qui voyait la
pauvre malade, invita la dame riche à l'y accompagner ; celle-ci
finit par y consentir. Elles montèrent ensemble un escalier
obscur et mal tenu jusqu'au premier.
- Ce doit être bien dur pour vous d'être retenue ici et de souffrir ?
lui demanda la dame riche.
- Oh ! c'est peu de chose ! et ce n'est pas dur du tout, car je sais que
je serai mieux plus haut.
Ainsi, quand tout ne va pas à notre gré dans ce bas monde, que
bien des choses nous contrarient. répétons : "Ce sera mieux plus
haut !" Nous pouvons élever nos cœurs vers les cieux et nous
réjouir tout en cheminant vers la patrie.
Le revoir
Jean 14.2
Nous croyons que le ciel est une ville, un lieu particulier, aussi
bien que Londres, Paris et New-York. Nous le croyons avec
d'autant plus d'assurance que les cités terrestres doivent
disparaître, tandis que la céleste sera éternelle ; c'est la cité qui a
de solides fondements, dont Dieu est l'architecte et le
constructeur.
Tyr et Sidon
Plusieurs des plus grandes villes de ce monde n'ont pas été bâties
sur des fondements capables de les faire résister aux injures des
temps. Prenez pour exemple Tyr et Sidon qu'on pourrait
comparer à nos plus importantes capitales. Le patriarche Jacob
parla de Sidon en bénissant ses fils, et lorsque le pays de Canaan
fut partagé par Josué, Tyr et Sidon furent données à la tribu
d'Aser, sans toutefois que les habitants en eussent été expulsés
complètement. Il nous est dit dans Marc 3.8, que "ceux des
environs de Tyr et de Sidon, ayant appris ce que Jésus faisait, vinrent
aussi à lui en nombre." Le livre des Actes (Actes 27.3), dit que le
capitaine qui emmenait Paul prisonnier, lui permit, quand le
bateau relâcha à Sidon, d'y aller visiter ses amis et de recevoir
leurs soins. Il y avait donc alors à Sidon une Église chrétienne ;
mais les habitants adoraient la reine des cieux qu'on représentait
couronnée du croissant de la lune.
Maintenant vous le savez, il en est qui adorent une reine des cieux
tenant la lune sous ses pieds. Les Hébreux eux-mêmes tombèrent
dans la même idolâtrie, frappés qu'ils étaient par la sereine
beauté de cet astre. "Les enfants ramassent du bois ; les pères
allument le feu, et les femmes pétrissent la pâte pour préparer des
gâteaux à la reine du ciel et pour faire des libations à d'autres dieux
afin de m'irriter," dit Jérémie (Jérémie 7.18). Le peuple lui
répondit ! "Nous ne t'obéirons en rien de ce que tu nous as dit au nom
de l’Éternel, mais nous voulons agir comme l'a déclaré notre bouche,
offrir de l'encens à la reine des cieux et lui faire des libations, comme
nous l'avons fait, nous et nos pères, nos rois et nos chefs, dans les
villes de Juda et dans les rues de Jérusalem." Jérémie 44.16, 17.
Les voyageurs disent que la place où cette cité s'élevait n'est plus
qu'un monceau de ruines, d'arceaux et de voûtes démolis, de
tours et de murs chancelants et qu'elle n'a pour habitants, au sein
de ses décombres, que quelques affamés fort malheureux. Une
grande partie de la ville est sous l'eau ; les pêcheurs étendent
leurs filets sur quelques ruines, et le reste est en réalité un rocher
nu.
Le Livre de vie
- J'y consentirais avec plaisir, répondit son amie, mais j'ai emballé
mes effets, je les ai expédiés à l'avance et n'ai gardé que les vêtements
que je porte ; ils me suffisent pour mon voyage.
J'ai retiré une leçon de cette parole. Il faut très peu de bagages
pour voyager ; il vaut mieux avoir des joies et des consolations en
réserve pour nous au ciel, que de tout épuiser durant notre
fatigant pèlerinage terrestre.
Des voyageurs m'ont raconté que les Chinois ont dans leur palais
de justice deux grands livres. Lorsqu'un accusé est trouvé
innocent, on inscrit son nom dans le livre de vie ; s'il est reconnu
coupable, on l'inscrit dans le livre de mort. Je crois fermement
que chaque créature humaine a le sien écrit là-haut, soit dans le
livre de vie, soit dans le livre de mort. Le même nom ne peut se
trouver à la fois dans les deux livres, car nul ne peut être destiné à
la vie et à la mort en même temps. Dans l'Apocalypse
(Apocalypse 13.8), il est dit : "Et tous les habitants de la terre
l'adoreront (l'antéchrist), ceux dont le nom n'a pas été écrit dès la
fondation du monde dans le livre de vie de l'Agneau qui a été immolé."
Et encore au chapitre 20 (Apocalypse 20.12) : "Je vis les morts,
grands et petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent
ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie. Et les
morts furent jugés selon leurs œuvres d'après ce qui était écrit dans
ces livres." Plus loin encore, au chapitre 21 (Apocalypse 21.27) : "Il
n'y entrera rien de souillé, ni personne qui se livre à l'abomination et
au mensonge ; il n'entrera que ceux qui sont écrits dans le livre de vie
de l'Agneau." Il ne saurait y avoir de véritable paix, d'espérance
certaine, de vraie consolation dans l'incertitude. Je ne suis pas du
tout propre à accomplir un service pour Dieu, je ne puis travailler
pour lui si j'ai des doutes à l'égard de mon salut.
Une mère dont l'enfant est malade, n'a aucun repos tant qu'elle le
voit suspendu entre la vie et la mort. Si l'un de vos amis était parti
dans un train, et que vous entendissiez dire que ce train a déraillé
et que vingt personnes ont été blessées ou tuées sans que vous
puissiez savoir leurs noms, vous seriez dans une grande anxiété;
vous n'auriez aucun repos jusqu'à plus amples informations. Si
tant de gens ne se mettent pas à l’œuvre dans nos Églises, c'est
qu'ils ne sont pas sûrs d'être sauvés eux-mêmes ; si j'étais sur le
point de mourir, je me trouverais fort peu disposé à soigner les
autres. Pour retirer de l'eau quelqu'un qui va se noyer, il faut être
sur le rivage et se tenir solidement. Nous pouvons, si nous le
voulons, obtenir une complète assurance ; il ne nous suffit pas
d'avoir le sentiment que tout va bien, il faut le savoir avec
certitude ; il importe que nos droits au royaume des cieux soient
évidents à nos yeux : "Nous sommes maintenant enfants de Dieu,"
dit l'apôtre Jean ; il ne dit pas que nous allons le devenir.
Tel homme a eu son nom écrit dans les fastes de l'histoire la plus
ancienne, mais les archives de cette histoire ont été perdues. Les
noms gravés sur le marbre peuvent être détruits par les injures
du temps ; même, s'ils ont été rattachés à des institutions de
charité, on a pu les oublier ; tandis que ceux inscrits sur le livre de
vie ne seront jamais effacés. Autant vaudrait écrire le sien sur le
sable de la plage que de chercher à le rendre immortel dans la
mémoire des hommes ; il faut le graver sur le Rocher des siècles,
aux rivages éternels. Vous ne direz pas que Ponce Pilate fût un
saint parce que le symbole en fait mention On a dit qu'en
considérant l’œuvre de notre sanctification dans nos cœurs, nous
pouvions y lire nos noms tels qu'ils sont écrits dans le livre de vie.
Il n'est pas nécessaire pour cela que des voix célestes nous aient
parlé, ni que nous ayons vu des signes merveilleux ou éprouvé
des sensations inaccoutumées ; il suffit de pouvoir constater que
notre cœur hait le péché, désire Christ et veut obéir aux lois
divines.
Dans peu de temps nous serons là-haut ; que cette pensée est
glorieuse ! Tout est préparé ; Christ est monté au ciel pour cela.
Nous prendrons bientôt notre vol vers ces demeures d'où les
ombres ont disparu.
Immortel
Il est un mot fatal qu'imprime la lumière
En rayons fugitifs vers la fin d'un beau jour,
Sur les nuages d'or que la brise éphémère
Emporte dans son vol sans espoir de retour....
Ce mot est répété dans toute la nature,
Par le glas qui frémit, par le soupir des vents,
Et par les bruits du soir, dont le triste murmure
Nous redit : Tout finit ! tout passe avec le temps.
Sur les tombes des morts, dans le champ du silence
Où tous nos bien-aimés dorment dans leur cercueil,
On lit encore ce mot, ce mot sans espérance
Pour le vieillard qui pleure affaissé sous son deuil.
Sur des traits amaigris, sur la fleur qui s'effeuille,
Dans le vent qui gémit en balançant le flot,
Dans la graine qui tombe et que nul ne recueille,
Dans la barque qui sombre, on lit encore ce mot.
Mais il n'est point écrit sur mon âme immortelle,
Dont le germe fécond plein de l'esprit d'amour,
Prendra bientôt l'essor, en déployant son aile,
Pour monter vers son Dieu dans l'éternel séjour.
Mais il n'est point gravé sur l’œuvre de mon Maître !
Je sème dans la nuit, et sa grâce en tous lieux
Fait germer et mûrir.... Le jour fera connaître
Quelle riche moisson j'assemble pour les cieux.
Si tout ici finit, tout dans le ciel commence.
Sur les portes d'or pur de la sainte cité,
Il est un mot divin, un mot plein d'espérance
Qui réjouit mon cœur ; c'est : Immortalité!
Ah ! vous le graverez sur ma funèbre pierre !
Comme un rayon du ciel, il vous consolera....
Il brille sur le front des enfants de lumière,
Pour jamais sur le mien il étincellera.
Chapitre 5
Le ciel et ses richesses
Matthieu 6.20
Personne ne se croit riche tant qu'il n'a pas tout ce qu'il désire ;
bien peu sont contents de ce qu'ils possèdent. Celui qui envie ce
qu'il ne peut obtenir, se croit dans une sorte de pauvreté ; il est
ainsi parfois d'autant plus pauvre qu'il est plus riche de biens
terrestres. Quelqu'un a dit fort sagement qu'acquérir des
richesses coûte beaucoup de travail et les garder beaucoup de
soucis. Si l'on en abuse, voici les remords qui vous saisissent ; si
on les perd, on les pleure. C'est donc une erreur très grande de
faire un tel cas des trésors temporels.
- Ma monitrice nous a dit que Dieu ne nous plaçait sur la terre que
pour peu de temps et afin que nous puissions nous préparer pour un
monde meilleur. Pourtant, je ne vois personne qui se prépare ! Je vois
que tu te prépares, maman, pour aller à la campagne, que tante Élisa
se prépare à venir ici ; mais personne ne se prépare pour aller au ciel.
Pourquoi ne cherche-t-on pas à être prêt ?
- Parce que quand Massa devait aller en voyage, lui parlait longtemps
et se préparait. Moi jamais entendre lui parler d'aller au ciel ; jamais
voir lui se préparer pour cela.
Notre terre est cette petite île et l'océan qui l'entoure c'est
l'éternité ; nous avons été jetés sur cette plage. Nous pouvons
obtenir une semence de vie, mais ce sont les mines d'or qui nous
attirent. Nous y passons le printemps et l'été de notre courte
existence ; l'hiver nous surprend au milieu de nos agitations et,
comme nous ne possédons pas le vrai pain vivifiant, nous
sommes perdus sans retour.... Nous, chrétiens, apprécions par-
dessus tout la patrie où sont nos impérissables trésors.
- C'est cela ! Je suppose que l'or soit votre plus grand bien ici en
Californie. Citez-m'en un autre.
- Des terres.
- Écrivez.
- Les affaires.
- La toilette, dit un autre d'un ton un peu effrayé. Toute l'école se mit
à rire.
- Écrivez encore, car je suis persuadé que bien des personnes dans le
monde pensent plus à leur toilette qu'à quoi que ce soit. Elles ne vivent
que pour cela. On me racontait l'histoire d'une jeune fille qui se
mourait de consomption. Elle n'avait vécu que pour le monde et
l'amour du monde avait pris entièrement possession de son cœur. Un
jour qu'elle croyait de mourir, elle se fit friser les cheveux pour
paraître plus belle dans son cercueil. Elle ne mourut pas, mais languit
encore quelques jours désirant garder toujours ses cheveux frisés
jusqu'à son dernier soupir. Ses amis trouvèrent qu'elle était fort belle
dans son cercueil ! Oh ! que penser de ceux qui s'attachent à de
pareilles choses ? Citez encore.
- Oui, écrivez ! plus d'un homme pense avec plus de plaisir au carafon
de rhum qu'au royaume de Dieu ; pour lui, il sacrifiera sa femme, le
bonheur de son foyer, sa mère même, sa probité, sa réputation. Il
semble dire par sa conduite : Donnez-moi du rhum et je vous
abandonne le ciel et ses gloires ; je vous vendrai, pour en avoir, ma
femme et mes enfants ; j'en ferai des mendiants, je les dégraderai, les
déshonorerai pour une bouteille de rhum. C'est lui qui est mon trésor.
Je l'adore ! - Et il tourne le dos au ciel et à toutes ses gloires.
Un autre dit :
- De beaux chevaux.
- Écrivez ! car bien des gens font grand cas de leurs beaux chevaux ;
ils s'en servent pour aller se promener le dimanche et profanent ainsi
le jour du repos. Mes enfants, notons maintenant quelques-uns des
biens célestes. Sur quoi la Parole nous dit-elle de placer nos affections
?
- Sur Jésus.
- Les anges.
- Nous vivrons dans leur société lorsque nous serons au ciel ; c'est bien
réellement un trésor que nous avons là-haut. Quoi de plus ?
- Notez ! La mort nous les a enlevés, mais bientôt nous serons auprès
d'eux.
- Des couronnes.
- L'arbre de vie.
- Le fleuve de vie.
- Notez ! C'est sur les bords de ce fleuve d'eau pure que nous
marcherons.
- La sainteté.
Nous avons aussi besoin de repos. Nous nous lassons d'un travail
incessant, mais nous ne trouvons jamais sur la terre de vrai
repos. Dans Hébreux (Hébreux 4.9-12), nous lisons : "Il y a donc un
repos de sabbat réservé au peuple de Dieu. Car celui qui entre dans le
repos de Dieu se repose de ses œuvres comme Dieu s'est reposé des
siennes. Efforçons-nous donc d'entrer dans ce repos, afin que
personne ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance."
1 Corinthiens 3.8
Apocalypse 22.12
La crainte de la mort
C'est ainsi que Dieu charge les parents d'amener au ciel tous leurs
enfants, afin que leurs noms soient, aussi bien que les leurs,
inscrits dans les demeures célestes.
Il l'interrogea :
- Non ! est-ce bien vrai ? répondit le garçon. Est-ce la mort que je sens
dans tous mes membres, papa ?
J'ai trois enfants moi-même, et je puis dire que le plus cher désir
de mon cœur, c'est qu'ils soient sauvés et que je sache que leurs
noms sont écrits dans le livre de vie. Je puis leur être bientôt
enlevé et les laisser orphelins dans un monde où tout change ;
mais je voudrais qu'ils pussent dire de moi ce que cet enfant disait
de son père. S'ils venaient à mourir avant moi, je désirerais qu'ils
pussent dire au Maître que j'ai toujours cherché à les conduire à
lui. Cela me serait plus précieux que d'avoir sur ma tombe un
monument aussi haut que les cieux.
- Quoi donc ?
Si nos noms sont écrits dans le livre de vie, lorsque l'appel se fera
là-haut et que nous serons nommés, nous dirons comme Samuel :
"Me voici !" et nous nous hâterons d'aller à la rencontre de notre
Dieu. Si nos enfants sont rappelés de bonne heure, oh ! qu'il est
doux de penser qu'ils sont morts en Christ, que le bon Berger les
rassemble dans ses bras, qu'il les porte dans son sein et que
bientôt nous irons les rejoindre
- Paul ! tu as été battu quatre fois par ces Juifs et ils vont encore te
donner trente-neuf coups de fouet. Que feras-tu après avoir ainsi
souffert ? Que penses-tu faire
- Ce que je vais faire ? répond l'apôtre, je vais courir vers le but pour
remporter le prix de ma sainte vocation.
Trois fois Paul fit naufrage ; il passa un jour et une nuit dans
"l'abîme." Voyez ce puissant apôtre passant une nuit et mm jour
dans l'abîme ! Il est naufragé, et dans quel but ? Est-ce pour
gagner de l'argent ? Oh ! non, car il ne court pas après la fortune.
Il allait simplement de ville en ville et de bourgade en bourgade,
prêchant le glorieux Évangile de Jésus-Christ, arborant la croix
partout où il en trouvait l'occasion. Il descendit à Corinthe et y
prêcha durant dix-huit mois sans qu'aucun des coryphées de
l'endroit vînt l'entendre. Personne ne le secondait. Quand il
arriva, aucun des principaux de la ville ne le patronna ni ne
l'encouragea. Le petit faiseur de tentes y vint comme un étranger,
et s'occupa tout d'abord de son travail manuel afin de gagner son
pain à la sueur de son front. Représentez-vous le grand apôtre
confectionnant une tente, puis allant se tenir au coin d'une rue
pour prêcher...
Les gens du monde pensent que la vie de Paul a été un échec, Ses
ennemis, en le mettant en prison, croyaient sans doute le réduire
au silence, Cependant je crois qu'il rend maintenant grâce à Dieu
pour les prisons, les coups, les persécutions et les oppositions
qu'il a endurés plus que pour tout autre chose. Que de fois ce qui
nous répugne le plus est le plus salutaire ! Si Paul n'avait pas été
mis en prison, il est probable que l’Église ne posséderait pas
quelques-unes de ses glorieuses épîtres. C'est là qu'il prit la plume
pour écrire aux chrétiens d’Éphèse, de Philippes, de Colosse, à
Philémon et à Timothée. Quelle bénédiction pour le monde et
pour l’Église que les deux épîtres aux Corinthiens ! Que de
lumière elles ont répandue dans les cœurs. Sans la persécution,
nous aurions été peut-être privés de ces épîtres.
John Bunyan est porté à bénir probablement le Seigneur à cette
heure quand il se souvient de la geôle de Bedford. S'il n'eût été
enfermé dans cette prison, nous n'aurions pas sans doute le
Voyage du chrétien. Satan croyait remporter une grande victoire
lorsqu'il le mit là pour douze ans et demi ; mais quel bien en est
résulté pour le monde ! Je pense que Paul bénit Dieu maintenant
pour son emprisonnement à Rome, car il put avoir là le loisir
nécessaire pour écrire ses précieuses lettres, Admirez si vous le
voulez, Alexandre et ses conquêtes ; vantez la valeur d'un César et
d'un Napoléon ! Voici un pauvre faiseur de tentes qui, sans avoir
d'armée, a bouleversé le monde… Et comment ?
Parce que le Tout-Puissant était avec lui. Paul dit : "Je ne tiens nul
compte des tribulations," (Actes 20.24) On le jetait en prison, que
lui importait ? cela ne l'ébranlait nullement. Rien ne le troublait,
à Corinthe, à Athènes, lorsqu'il prêchait il ne voulait qu'une
chose, courir dans la lice pour saisir le prix de sa vocation sainte.
Si, pour remporter ce prix, Dieu le laissait mettre en prison, il
était prêt à tout souffrir, En prison il avait toujours le Seigneur
avec lui, car il était si étroitement enchaîné à son maître que nul
ne pouvait les séparer, Il préférait être en prison avec Jésus,
qu'en liberté sans lui, souffrir avec lui dans les fers plutôt que
d'être à l'aise dans le monde. Lorsqu'il entend ce cri : "Passe en
Macédoine et viens nous secourir !" il s'y rend, il prêche et on le
jette en prison à Philippes. S'il eût été pusillanime comme nous le
sommes pour la plupart, il aurait été désappointé et abattu. Il se
serait plaint en gémissant : Voilà une étrange direction de la
Providence ! aurait-il dit, Pourquoi suis-je emprisonné ? Je
croyais que le Seigneur m'appelait à venir dans ce pays, et me
voici enfermé dans une ville étrangère ! Comment en sortirai-je ?
Je n'ai ni argent, ni amis, point d'avocat, personne qui puisse
intervenir en ma faveur. Je suis abandonné.
Paul et Silas avaient aussi les pieds tenus dans les ceps ; ils étaient
dans une prison intérieure, dans une cellule sombre, froide et
humide. Mais à minuit, les détenus entendent un bruit étrange ;
on chante ! Jamais de pareils accents n'avaient frappé ces tristes
lieux. Je ne sais quel cantique chantaient les deux évangélistes,
mais ce dont je suis certain, c'est que leur chant n'était ni plaintif,
ni lugubre comme ceux qui auraient pu sortir d'un tombeau. Il
nous est dit qu'ils entonnèrent des louanges. Singulier endroit
pour chanter des louanges, n'est-ce pas ?
Dans la gloire
Rome ne vit jamais dans ses murs un tel conquérant, ni dans ses
États un homme d'une telle puissance. Le monde pouvait le
regarder avec mépris et le trouver fort chétif, mais aux yeux des
habitants des cieux il était le plus puissant qui eût jamais foulé le
sol de cette reine des cités. Aucun de plus grand que lui ne
parcourra probablement jamais ses rues. Le Fils de Dieu marchait
avec lui dans la fournaise. (Daniel 3.25) Mais entrons dans sa
prison. Il s'avance ; les officiers viennent lui annoncer que Néron
a signé son arrêt de mort. Paul ne frémit pas, il n'est point
effrayé...
- Paul ! dis ; ne regrettes-tu pas à cette heure ton grand zèle pour
Christ ? Il va te coûter la vie. Si tu pouvais recommencer ta
carrière terrestre, la consacrerais-tu à Jésus de Nazareth ?
- Eusse-je dix mille vies, je les donnerais toutes pour Christ ! Mon
seul regret c'est de n'avoir pas plus tôt commencé à le servir et de
ne pas l'avoir mieux servi. Mon unique regret à cette heure, c'est
d'avoir autrefois parlé contre Jésus de Nazareth.
- Mais on va te décapiter.
Après