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par
Joël RAIMBOURG
- Novembre 2009 -
RAPPORT CEA-R-6230 – Joël RAIMBOURG
Abstract - This report is devoted to establish EMC (ElectroMagnetic Compatibility) design and
cabling system rules. It is intended for hardware designers in charge of designing electronic
maps or integrating existing materials into a comprehensive system. It is a practical guide. The
rules described in this document do not require enhanced knowledge of advanced mathematical
or physical concepts. The key point is to understand phenomena with a pragmatic approach to
highlight the design and protection rules.
1. OBJET DU DOCUMENT.............................................................................................................4
2. GLOSSAIRE ..................................................................................................................................4
-1-
6.2. MASSE ÉLECTRIQUE ET MASSE MÉCANIQUE .........................................................................21
9. BLINDAGE ..................................................................................................................................43
-2-
9.1.2. Effet de chicane...........................................................................................................44
9.1.3. Joints conducteurs.......................................................................................................44
10. CONCLUSION.....................................................................................................................48
-3-
1. OBJET DU DOCUMENT
La CEM est l’aptitude d’un appareil ou d’un système à fonctionner conformément à sa
destination dans son environnement électromagnétique, et sans produire lui-même des
perturbations électromagnétiques intolérables pour qui que ce soit dans cet environnement.
Ce document a pour objet de définir des règles CEM de conception et de câblage des systèmes
électroniques. Il est destiné aux concepteurs de cartes électroniques ou aux intégrateurs de
matériels dans un système.
Il se veut pratique. Les règles décrites dans ce document ne font pas appel à des connaissances
théoriques et mathématiques poussées. L’essentiel est de comprendre les phénomènes « avec les
mains » de façon à mettre en évidence les points délicats de conception ainsi que les règles de
protection et de mise en œuvre qui en découlent.
2. GLOSSAIRE
BF : Basse Fréquence
CEM : Compatibilité ElectroMagnétique
CMOS : Complementary Metal Oxyde Semiconductor
CMRR : Rapport de Réjection de Mode Commun
d.d.p. : différence de potentiel
FPGA : Field-Programmable Gate Array
HF : Haute Fréquence
MD : Mode Différentiel
MC : Mode Commun
Sub-D : Type de connecteur utilisé en matériel informatique
TOR : Tout ou Rien
TRP : Tôle de Référence de Potentiel
TTL : Transitor-Transistor Logic
-4-
3. RAPPELS SUR LES COUPLAGES
Les couplages sont les modes d’action qui permettent aux sources d’agir sur les victimes. Ils sont
au nombre de six.
I MD
I MC
U MD
I MD
I MC
U MC
Le courant de mode commun (MC) se propage sur tous les conducteurs dans le même sens et
revient par la masse. La d.d.p. de mode commun est mesurée entre la masse d’une part et le
potentiel moyen de tous les fils d’autre part.
Les perturbations électromagnétiques se couplent avec efficacité sur les câbles en mode
commun.
-5-
3.2. IMPÉDANCE DES CONDUCTEURS
3.2.1. Impédance d’une tôle
Une tôle (ou un plan de cuivre) présente une impédance très faible jusqu’en haute fréquence.
Cette impédance est définie par carré, c'est-à-dire que la valeur est la même quelque soit la taille
de la surface pourvue quelle soit de forme carrée. Elle n’est fonction que de l’épaisseur du
matériau et de la fréquence. Nous ne nous intéresserons ici qu’aux plans de cuivre utilisés pour
les circuits imprimés. La notion d’impédance par carré est également utilisée pour calculer
l’efficacité de blindage d’un matériau. Ce point sera abordé ultérieurement.
17
R= Avec R = impédance en mΩ par carré
e e = épaisseur du plan en µm
En haute fréquence, l’effet de peau apparaît. Les courants ne pénètrent pas à l’intérieur des
conducteurs et circulent en surface. Tout se passe alors comme si l’épaisseur du plan diminuait.
L’impédance d’un plan de cuivre devient égale à :
L’impédance entre deux points sur une tôle ne dépend pas de la distance
Z (mΩ/)
10
1
e = 35 µm
0,1
e = 1 mm
0,01
10 Hz 100 Hz 1 kHz 10 kHz 100 kHz 1 MHz 10 MHz 100 MHz 1 GHz
Fréquence
-6-
3.2.1.1.Fente dans un plan de masse
Un plan de masse présente une très faible impédance tant qu'il reste homogène. Une erreur
fréquente est de fendre le plan de masse en y plaçant par exemple une piste. Les courants
circulant dans le plan contournent alors cette ouverture.
Rayonnement de la fente
en champ magnétique
Circulation de
courant sur le plan
de masse
Une d.d.p. apparaît entre les deux bords de la fente qui se comporte alors comme une self série
d’environ 1 nH/cm. Si la fente débouche sur un côté du plan, la self équivalente est 4 fois plus
importante et devient ainsi égale à 4 nH/cm. Prenons un exemple pour illustrer ce phénomène :
Application : Impédance d'un plan de masse sur une carte de 30 x 15 cm à 100 MHz ?
Z = Z + Zfente + Z
Z = 3,7 mΩ + L.ω + 3,7 mΩ avec L = 10 nH (10 cm x 1 nH/cm)
Z = 7,4 mΩ + 10.10-9 x 2 x π x 100.106
Z = 7,4 mΩ + 6,3 Ω !!!…
Cet exemple montre que la présence d'une fente dégrade très fortement l'impédance d'un plan en
haute fréquence.
-7-
3.2.1.2.Retour des courants HF
Supposons une carte double face avec une piste sur une couche et un plan de masse utilisé pour
le retour du courant. Si le courant injecté dans la piste est basse fréquence, le retour du courant
s’effectue par le plan de masse où l’on observe un “étalement” de la nappe de courant.
Retour du courant Retour du courant
par plan de masse par plan de masse
I I
R = 17.L s Avec: R =
L=
résistance (mΩ)
longueur du conducteur (m)
s= section du conducteur (mm2)
Pour une piste de cuivre d’épaisseur courante (35 µm), la résistance se calcule par la formule
pratique suivante:
R = 0,5.L/d Avec: R =
L=
résistance de la piste (mΩ)
longueur de la piste (m)
d= largeur de la piste (m)
Aux fréquences élevées, tout conducteur ne se comporte plus comme une résistance mais comme
une inductance aussi appelée self-inductance ou self.
L’impédance d’une inductance se calcule par :
-8-
3.2.2.1.Impédance en fonction de la géométrie
L’inductance équivalente de 1µH/m s’applique pour un conducteur rectiligne. L’énergie
magnétique étant stockée dans l’air autour du conducteur, sa géométrie a une influence directe
sur la self équivalente.
Lorsque le conducteur a une forme en « épingle à cheveux », l’énergie stockée dans l’air par le
courant sur la première moitié du conducteur est compensée par le courant circulant sur la
seconde moitié. Seule l’énergie entre les 2 conducteurs s’ajoute.
Le gain de ce type de géométrie est d’environ un facteur 5 mais il peut atteindre un facteur 10
notamment dans le cas des pistes de circuit imprimé.
Isolant
1,5 mm 1 cm
3 nH / cm 1 nH / cm
Cette disposition est particulièrement intéressante dans le cas des circuits imprimés simple ou
double face. En plaçant les pistes d’alimentation côte à côte en « épingle à cheveux », on réduit
l’impédance des pistes donc le bruit d’alimentation.
-9-
4. SPÉCIFICITÉS DES COMPOSANTS
4.1. CARACTÉRISTIQUES DES AMPLIFICATEURS OPÉRATIONNELS
Un amplificateur opérationnel est caractérisé par un certain nombre de paramètres que l’on
retrouve dans la plupart des data-sheets. Que se passe-t-il si un signal hors bande ou
impulsionnel rapide arrive sur un composant analogique ? Bien que son spectre ou que son
amplitude soit hors de ses caractéristiques de fonctionnement, il va être traité mais avec des
conséquences plus ou moins graves (voire catastrophiques…).
En HF, l’effet transistor n’opère pas, mais l’effet de diode de la jonction base-émetteur se
maintient. Si l’on applique en entrée d’un montage électronique actif non filtré une sinusoïde à
très haute fréquence, elle est redressée et se transforme en tension continue par la première
jonction base-émetteur (ou grille-source) rencontrée.
BF démodulé
UHF modulé
C
B
La seule solution pour éviter la détection d’enveloppe est de ne pas appliquer de signal HF hors
bande aux étages d’entrée. Il faudrait donc toujours installer en amont de chaque étage d’entrée,
surtout les entrées externes à bas niveaux, un filtre passif passe-bas. Le filtrage sera abordé
ultérieurement. Nous verrons que les sorties doivent également être filtrées.
- 10 -
4.1.2. Effet de l’impédance de sortie
En HF, l’impédance d’un étage de sortie de type push-pull bien polarisé peut être assimilée à une
résistance pure en série avec un étage de sortie idéal, c’est-à-dire d’impédance nulle. Les effets
néfastes de la résistance de sortie n’apparaissent qu’aux fréquences élevées. En BF, le gain de
boucle de contre réaction réduit la résistance de sortie apparente de l’amplificateur. L’impédance
de sortie se mesure donc en HF.
Pour un amplificateur sans liaison vers l’extérieur de la carte, la résistance de sortie importe peu.
Pour un filtre actif passe-bas ou pour un intégrateur, ses effets peuvent être désastreux. Il suffit,
pour s’en convaincre, aux fréquences supérieures à la fréquence de gain unité, c’est-à-dire
lorsque la contre-réaction n’agit plus, de remplacer l’étage de sortie par sa résistance équivalente
à la masse.
On observe par exemple qu’un filtre anti-repliement qui coupe en théorie à partir de 1 kHz selon
une pente de 40 dB par décade, donc qui devrait atténuer les bruits au-delà de 1 MHz d’au moins
120 dB, ne les atténue en fait que de 40 dB à cause de son impédance de sortie de quelques
centaines d’Ohms. Ici encore, un filtre passif passe-bas s’impose dès l’entrée.
68 nF -
Rs = 400 Ω
@ 1 MHz
3300 Ω 3300 Ω S
+
E
33 nF
Schéma équivalent
hautes fréquences
3300 Ω 68 nF
E S
3300 Ω Rs
Un autre effet lié à la CEM sur les sorties d’amplificateur est lié à la distorsion de croisement.
Pour ne pas consommer de courant inutile, le courant de repos dans le push-pull peut être nul.
Entre la mise en conduction du NPN du haut (push) et celle du PNP du bas (pull) l’étage de
sortie est incapable d’absorber ou de fournir le moindre courant car les deux transistors sont
bloqués. Ce phénomène se traduit par une déformation caractéristique des signaux sinusoïdaux.
Un problème CEM apparaît dès qu’un petit courant parasite (quelques mA)
à haute fréquence est injecté en sortie
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Un problème CEM apparaît dès qu’un petit courant parasite (quelques mA) à haute fréquence est
injecté en sortie. Aucun transistor n’étant conducteur, c’est la perturbation qui impose la tension.
L’amplitude crête à crête en tension est fonction du schéma de sortie. Pour un LM 324 par
exemple, la tension crête à crête du bruit HF en sortie atteint 1,8 V. Les conséquences de ce
comportement type “3 états” (à grande impédance de sortie) sont importantes. L’étage d’entrée,
via le réseau de contre-réaction, peut détecter l’enveloppe du bruit HF et subir une forte dérive
bien que le courant parasite soit faible (quelques mA) et que l’étage de sortie soit capable de
fournir plusieurs dizaines de mA en continu.
Si la perturbation n’est pas entretenue mais impulsive, l’étage de sortie subit un brusque saut de
tension que la contre-réaction s’efforce de compenser. Le temps de retour à l’équilibre après un
saut de tension en sortie n’est fonction que de la vitesse de balayage de l’étage de sortie. Comme
il a été précisé précédemment, les sorties doivent donc être protégées.
Injection de
courant 10 V
2 kž 18 kž 10 kž
ou
pour
G=1 100 ž Us
Ampli OP.
Entrée HF sous test
Ue 100 nF
Mesure de
100 ž 100 ž tension
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4.2. PERTURBATIONS DES CIRCUITS NUMÉRIQUES
Tout circuit numérique peut être perturbé par un transitoire, même très bref. Il suffit qu’une seule
porte interprète un état opposé à celui appliqué pour risquer de perturber de façon grave tout un
système.
Les circuits numériques sont caractérisés par leurs tensions de sortie ainsi que par les fourchettes
d’incertitude des seuils de basculement des entrées. L’écart entre la tension fournie en sortie et la
tension de basculement d’entrée définit la marge statique de la logique. Il y a donc deux marges
statiques en tension : à l’état bas et à l’état haut. Pour simplifier, on ne retient que la plus faible
des deux, généralement à l’état bas.
Comme les amplificateurs linéaires, les portes logiques sont soumises au phénomène de
détection d’enveloppe. En superposant une sinusoïde HF de valeur moyenne nulle à un signal
logique, on peut faire basculer une porte dans l’état opposé à celui de la valeur moyenne du
signal appliqué. En ajoutant à un signal TTL une sinusoïde d’une amplitude de 5 volts crête à
une fréquence entre 200 et 1000 MHz (hors bande pour la TTL), l’état bas est pris pour un état
haut. Le niveau d’une tension HF à appliquer pour perturber une porte logique est heureusement
de plusieurs volts. Un talkie-walkie puissant ne permet d’induire des niveaux suffisants que très
près d’un mauvais circuit imprimé. La tension permanente à appliquer pour perturber une
logique en MOS au-delà de 300 MHz est encore supérieure à celle nécessaire pour une logique
bipolaire.
Il faut typiquement 200 milliampères pour amorcer un latch-up, mais des boîtiers sensibles
peuvent s’amorcer avec 20 mA. Si l’alimentation ne peut fournir un courant supérieur à quelques
centaines de milliampères, sa tension s’effondre. Le boîtier en latch-up chauffe, mais peut ne pas
être détruit. Quand on coupe l’alimentation, le thyristor parasite s’éteint et tout peut repartir…Par
contre, si l’alimentation peut débiter plusieurs ampères, le boîtier se décapsule ou explose. Les
boîtiers à haute intégration peuvent évacuer beaucoup de chaleur par leurs nombreuses pattes
donc explosent rarement bien que leur puce soit détruite. Une tache brune sur le circuit imprimé
est alors la seule manifestation visible du phénomène.
Les microprocesseurs, microcontrôleurs et PGA sont robustes car leurs masques sont soignés
(caissonnage). Ce sont les boîtiers d’interfaces qui sont les plus exposés aux impulsions
collectées par les conducteurs d’entrées–sorties.
- 13 -
4.3. CONDENSATEURS
Un condensateur est caractérisé par sa capacité exprimée en Farad mais en CEM, il est important
de ne pas négliger un paramètre tout aussi important : la self série équivalente (ou ESL). Un
condensateur peut être représenté par le schéma simplifié suivant :
C ESL
ESR
|Z| (Ω)|Z|
(ž)
10
10 nF
idéal
0,1
1 MHz 10 MHz 100 MHz 1 GHz
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4.4. CONNECTEURS
Une broche de connecteur se comporte d’un point de vue électrique comme un conducteur
rectiligne. Elle présente une résistance série d’environ 2 mΩ et une inductance de 10 nH/cm,
soit environ 20 nH au total. La seule solution pour améliorer l’équipotentialité entre deux cartes
est donc de multiplier le nombre de broches de 0 V. Le strict minimum est de prévoir 1 broche
sur 10 dans chaque connecteur. Pour les liaisons entre cartes numériques, nous conseillons de
prévoir 1 broche sur 5, voire 1 broche sur 2 pour les signaux très rapides.
1 broche sur 2 ne veut pas dire la moitié des broches ! Pour limiter les effets de fente dans les
connecteurs, ces broches de masse devront être réparties uniformément sur toute la hauteur du
connecteur.
Les connecteurs multipoints de la série 8D de FCI (MIL-C 38999) en version F (Nickelé et non
pas W- cadmié vert-olive) sont un produit cher mais de bonne qualité. Pour nos petites séries,
l’utilisation de cette catégorie de connecteurs est de loin préférable à la série 851.
Les connecteurs à encliquetage type SMB (Subclic) sont à proscrire si l’on veut éviter les
problèmes.
- 15 -
5. CONVERTISSEURS À DÉCOUPAGE
Les convertisseurs à découpage sont à la source de nombreux problèmes de CEM. Bon nombre
d’entre eux sont toutefois liés à la conception même du convertisseur et sont donc traités
normalement par les fabricants d’alimentation. Les réglementations internationales imposent en
pratique, si les constructeurs veulent les respecter, la mise en place de filtres sur l’entrée ainsi
qu’une conception adaptée.
Un des problèmes majeurs des convertisseurs à découpage est le mode commun généré entre
l’entrée et la sortie de l’alimentation. Ces courants ont toujours la forme d’impulsions
sinusoïdales amorties. Leur amplitude crête peut varier de quelques milliampères pour les
meilleures alimentations à quelques ampères pour les plus mal conçues. La fréquence propre de
ce courant est typiquement comprise entre 3 et 50 MHz.
Régulateur
À
Découpage
Masse
Régulateur
À
Découpage
C - 100 nF
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6. CIRCUIT IMPRIMÉ
La phase de placement et routage d’un circuit imprimé est particulièrement importante en CEM
puisque les différents paramètres que l’on peut maîtriser pendant cette phase présentent un
double avantage :
Tous les couplages rencontrés en CEM sont directement liés à la géométrie des circuits. Un bon
routage permet donc de réduire de façon significative un grand nombre de problèmes de
perturbations.
Le prix d’un circuit imprimé est fonction de sa surface, du nombre de couches, de la classe de
gravure mais pas de la position des pistes ! Toutes les règles de routage n’auront donc aucune
influence sur le prix de la carte.
La distribution des alimentations sur une carte doit à la fois permettre de contrôler le bruit en
mode différentiel de l’alimentation (entre + et -) mais également le bruit de mode commun entre
deux points de masse éloignés.
- 17 -
6.1.1.1.Carte analogique
La topologie d’une carte analogique permet de contrôler la circulation des courants dans une
carte. Un signal analogique se propage d’étage à étage. Le bruit tolérable par chaque étage est
déterminé par l’amplitude du signal traité. Ainsi, plus on s’éloigne par exemple d’une entrée bas-
niveau sensible, plus le bruit tolérable est acceptable. La consommation des différents étages
suit quant à elle une progression inverse. Il est ainsi possible en chaînant les alimentations de
limiter la circulation des courants dans les zones sensibles.
I1 I2 I3
I1
+
-
0V
Signaux d’amplitudes croissantes
Une alimentation analogique doit être chaînée en partant de l’étage le plus bruyant. Cette
architecture reste, bien entendu, valable lorsque la carte est alimentée par plan de masse. Le
placement des composants doit respecter ce chaînage et les alimentations doivent être raccordées
dans la zone bruyante à forte consommation.
6.1.1.2.Carte numérique
La topologie d’une carte numérique est beaucoup plus globale que pour une carte analogique :
tout le monde dialogue avec tout le monde. La contrainte d’équipotentialité est donc nécessaire
sur l’ensemble de la carte. Un plan de masse et un plan d’alimentation sont donc impératifs
compte tenu des vitesses actuelles. Ne pas oublier que le plan de masse ne doit pas être fendu !
- 18 -
6.1.1.3.Carte mixte
Le problème CEM récurrent des convertisseurs analogique-numérique est l’équipotentialité de
leurs différents 0 V. L’utilisation de deux 0 V distincts dans la puce peut être justifiée, mais ces
différentes références doivent être connectées à un plan de masse commun aussi bien à
l’analogique qu’au numérique. Des cartes d’évaluation sont entachées d’un bruit causé par un
mauvais tracé des 0 V. Un convertisseur y présente une non-linéarité différentielle ou un bruit de
2 à 10 fois supérieurs à celui du même composant bien mis en œuvre.
La première étape pour une carte mixte consiste à maîtriser le placement des composants. Un
zonage doit laisser apparaître distinctement les zones analogiques et numériques. Cette
séparation est nécessaire afin de pouvoir maîtriser ensuite la circulation des courants sur la carte.
Les règles citées ci-dessus pour les cartes analogiques et numériques peuvent ensuite être
appliquées. La partie sensible analogique sera alimentée via la partie bruyante.
Pour les cartes multicouches, la meilleure solution consiste donc à n’utiliser qu’un seul plan de
masse continu pour toute la carte. Attention, un seul plan de masse ne veut pas dire que tous les
signaux peuvent se mélanger. Le zonage des parties analogiques et numériques doit être
conservé. Les signaux analogiques ne doivent être placés que dans la zone analogique. Les
connecteurs doivent êtres placés de façon à ce que les courants d'alimentation bruyants (à fort
dI/dt) ne traversent pas les zones sensibles.
Composants Composants
très sensibles très rapides
Câble
analogique
Câbles Câble
d'alimentation numérique
Certains composants comme les multiplexeurs traitent à la fois des signaux analogiques et des
signaux numériques. Ces composants seront préférentiellement placés dans la partie analogique.
La masse de ces boîtiers sera raccordée à la masse de la chaîne analogique. Afin de limiter le
risque de diaphonie avec les conducteurs analogiques voisins, on placera de part et d’autre des
signaux de commande numérique une piste de 0 V raccordée à la masse aux deux extrémités.
Carte mixte : un seul plan de masse avec zonage des parties mixtes
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6.1.2. Découplage des alimentations
Les condensateurs de découplage permettent de limiter la circulation des courants à forts dI/dt
dans la carte. On limite ainsi le bruit d’alimentation en mode différentiel mais aussi le bruit de
masse en mode commun.
Pour les chaînes analogiques très sensibles, il est possible de placer en série sur l’alimentation
une petite résistance qui permet d’obtenir un filtre RC avec le condensateur de découplage.
Comme il a été précisé dans le paragraphe 4.3, la qualité d’un condensateur en HF est
directement liée à sa mise en œuvre. On veillera donc toujours à limiter au maximum leurs
connexions.
• Pour les cartes avec alimentation par pistes, les pistes + et - d’alimentations sont placées côte à
côte afin de réduire la self par effet d’épingle à cheveux. Un condensateur de découplage est
placé à proximité immédiate de chaque boîtier en réduisant au maximum la longueur totale de la
piste entre le condensateur et le boîtier.
• Pour les cartes multicouches avec alimentations par plans, la faible impédance d’un plan de
cuivre permet de réduire considérablement le bruit d’alimentation et le bruit de masse. Pour cela,
les plans ne doivent pas être fendus et les broches des boîtiers et des condensateurs doivent être
raccordées directement aux plans par trous métallisés. Les freins thermiques, indispensables pour
la fabrication des cartes, ne rajoutent pas d’impédance série significative. Tout autre mode de
raccordement augmentera le bruit.
Les broches et les boîtiers doivent être raccordés directement aux plans
par trous métallisés
- 20 -
6.2. MASSE ÉLECTRIQUE ET MASSE MÉCANIQUE
Lorsqu'une perturbation de mode commun est injectée sur une carte, le courant se referme par
capacité parasite entre la carte et la masse voisine par couplage capacitif carte à châssis (voir
paragraphe 3). La capacité parasite se répartit entre tous les éléments conducteurs de la carte.
Le routage permet de limiter la capacité parasite de chaque piste, mais il ne permet pas de la
supprimer. La solution la plus efficace pour ne pas y injecter de courant est de limiter la d.d.p. à
ses bornes.
Eviter que les courants perturbateurs circulent dans les zones sensibles
) Pour les cartes mixtes, le raccordement peut s’effectuer en plusieurs points dans la partie
numérique, mais doit être arrêté au niveau de la partie analogique. Ne confondons pas
courant et tension. Le 0 V doit être raccordé au châssis, mais on ne doit pas autoriser la
circulation de courants perturbateurs dans les zones sensibles.
- 21 -
6.3. DIAPHONIE
La diaphonie est un couplage de proximité. Une perturbation sur un conducteur va injecter un
signal perturbateur sur le conducteur voisin. Ce couplage peut avoir deux origines :
¾ Lorsqu’un conducteur est soumis à une d.d.p., la capacité mutuelle (notée Cm) injecte un
courant perturbateur sur le conducteur voisin.
Uc
Iv Cm
Uv Uv
Ic
M
Iv Iv
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6.3.1. Capacité entre deux pistes voisines
Les courbes portées sur cet abaque permettent de calculer la capacité parasite avec et sans plan
de masse.
d
w
εr = 4,5 h
0,1
w/h = 2
w/h = 1
w/h = 0,5
w/h = 0,2
w/h = 0,1
0,01
0,001
0,1 0,3 1 3 10 30
d/h
L’utilisation d’un plan de masse permet de réduire de façon importante la diaphonie entre pistes
lorsque la distance entre pistes est supérieure à la hauteur par rapport au plan de masse. La
présence d’un plan de masse réduit la diaphonie de façon très significative. Attention, une fente
dans le plan de masse dégrade considérablement son efficacité.
- 23 -
6.3.2. Réduction de la diaphonie
Si il est possible d’interdire les pistes et fentes dans un plan de masse, il est par contre impossible
de supprimer les trous. Leur présence n’est pas très critique en ce qui concerne la diaphonie entre
pistes lorsqu’elles sont côte à côte. Par contre, il peut exister une diaphonie couche à couche.
d
w
ε r = 4,5 h H
10
0,5
Capacité (pF/cm)
0,3
0,1
0,1 0,05
0,1 0,3 1 3 10
w/h
1 10 100 H/d
Un plan de masse parfait (sans aucune ouverture) entre les couches permet de supprimer cette
diaphonie mais la présence des trous métallisés risque de provoquer un fort couplage entre les
pistes. Il est donc recommandé de placer les pistes sur les couches superposées en X et en Y. Il
faudra veiller également à placer les pistes sensibles et rapides sur les couches proches des plans
de masse de manière à réduire la hauteur.
- 24 -
Il est également possible de placer entre les pistes une piste écran raccordée au 0 V. La diaphonie
est ainsi réduite d’environ un facteur 5 sur un circuit sans plan de masse. Avec un plan de masse,
l’efficacité est moins importante, de l’ordre d’un facteur 3. Cette piste écran sera raccordée à la
masse aux deux extrémités, notamment en numérique. En analogique, il faudra veiller à ne pas
reboucler de courants d’alimentation dans les zones sensibles. Dans ce cas (uniquement), la piste
écran ne sera raccordée à la masse qu’à une seule extrémité.
Placer les plans d’alimentation au centre et les pistes sensibles près des
plans de masse
La capacité totale d’une carte se répartit entre chaque piste et chaque composant qui ne reçoivent
qu’une toute petite fraction de la capacité totale.
Lorsque la carte voit une perturbation de mode commun, un courant est donc injecté dans chaque
piste. La réduction de ce couplage est obtenue soit en réduisant la capacité parasite entre la piste,
soit en réduisant les d.d.p. entre la carte et son environnement. Le 0 V doit être raccordé au
châssis (voir 6.2).
- 25 -
Lorsque la piste est placée au cœur de la carte, sa capacité parasite vaut :
Avec :
C = 0,1 . S / H C : capacité parasite (pF)
S : surface équivalente de la piste (cm2)
H : Distance entre la piste et la masse (cm)
La surface équivalente d’une piste représente la surface autour de la piste délimitée par une ligne
située à égale distance entre la piste et ses premières voisines.
Les cartes doivent donc être les plus compactes possibles. Un compromis est toutefois à trouver
pour ne pas augmenter la diaphonie.
6.4.1.1.Anneau de garde
Le meilleur moyen pour limiter les effets de bord est de ne pas placer de pistes en bord de
cartes!… Il suffit pour cela de ceinturer la carte par un anneau de garde relié au 0 V. La surface
interne de la carte se trouve ainsi délimitée par ce conducteur, aucune piste ne se retrouve en
bord de carte.
Cet anneau doit être d'une largeur suffisante, environ 2,5 mm. L’anneau de garde doit être fermé
et raccordé à la grille de masse ou au plan de masse par des traversées.
Anneau de garde
Plan de masse
Entretoise
Châssis
- 26 -
6.4.1.2.Remplissage de masse
Lorsque le routage de la carte est terminé, toutes les zones libres doivent être remplies par du
cuivre. Les zones de masse ainsi réalisées contribuent en partie à l’équipotentialité globale de la
carte, mais elles permettent surtout de limiter la capacité parasite de chaque piste.
Les composants peuvent également être soumis au couplage capacitif par rapport à leur
environnement. Lorsque l’on utilise un R - C de liaison, il importe d’implanter le gros composant
(celui qui collecte le plus de courant parasite, c’est-à-dire le condensateur) côté robuste et le petit
composant (le résisteur) côté vulnérable.
- 27 -
Piste sensible longue
Curseur
Petit composant (R) Gros composant (C) côté sensible
Re
Côté basse impédance Côté haute impédance
+
100 Ω kž
kΩ µF - kž kž
Le courant collecté par le gros composant par couplage capacitif n’est pas réduit, mais son effet
est limité. Le courant parasite s’écoule alors par la sortie d’un ampli opérationnel (100 Ω en HF)
plutôt qu’à travers une impédance élevée.
Pour la même raison, les résistances variables et potentiomètres implantés en bordure de carte
sont plus exposés au champ électrique qu’au cœur de la carte. La résistance de talon doit être
implantée du côté sensible et le curseur du potentiomètre doit être raccordé du côté robuste.
Câble alimentation
Equipement
Masse du système
Mise à la masse système
au plus court
- 28 -
7. CÂBLAGE INTERNE
Les couplages que l’on rencontre au niveau du câblage d’un système sont équivalents à ceux qui
sont rencontrés sur un circuit imprimé. La différence principale se situe au niveau des échelles.
La longueur des connexions ainsi que les surfaces de boucle sont plus importantes.
- 29 -
Les conducteurs aller et retour doivent toujours être côte à côte
Cette règle générale permet de limiter simplement le couplage champ à boucle. Elle s’applique à
tous les types de signaux. Pour des signaux TOR avec un commun, il faut tirer au moins un
commun par câble, toron ou faisceau. Pour les signaux analogiques ou numériques, câbler en
paire est un minimum. Une paire - si possible torsadée - garantit que le fil de retour reste tout
près du fil aller.
Cette règle permet de justifier (s’il le fallait encore…) les bienfaits du plan de 0 V : chaque piste
est très proche de son retour.
NON ! OUI !
Carte Carte
-U+ -U+
En routant les câbles, nappes et faisceaux de bout en bout contre les tôles ou masse des coffrets,
on réduit les surfaces des boucles de masse. On bénéficie aussi d’un effet réducteur important,
sûr et gratuit. Cette précaution réduit aussi les risques de diaphonie en mode commun. Le
couplage par diaphonie en mode commun entre les câbles suit la même règle que le couplage
entre pistes. La diaphonie devient négligeable si la hauteur par rapport à la masse est supérieure à
la distance entre les câbles. En pratique, une distance de 10 cm en coffret convient.
Il est conseillé de prévoir des systèmes de fixation mécanique de manière à garantir la géométrie
de câblage. Cela permet d’éviter les modifications intempestives de géométrie qui peuvent
compromettre la protection apportée par le câblage.
Tout conducteur libre d’un câble devrait être raccordé à la masse des
châssis aux deux extrémités.
- 30 -
L’effet réducteur d’un câble de masse est voisin d’un facteur 3 à partir de 10 kHz environ et
jusqu’à plusieurs dizaines de MHz. L’utilisation des conducteurs libres permet de bénéficier
gratuitement de cet effet réducteur.
Une entorse à la règle de séparation n’est acceptable qu’entre les familles 1 et 2 d’une part, et les
familles 3 et 4 d’autre part. Ces tolérances méritent une justification sérieuse (exigence du client,
compatibilité ascendante…).
Si un connecteur est utilisé pour des signaux de nature différente, il est nécessaire d’isoler les
deux familles par une rangée de contacts au 0 V.
OUI ! NON !
- 31 -
8. PROTECTION EN CONDUCTION
Comme il a déjà été précisé précédemment, toutes les entrées sorties (au sens large) doivent être
blindées ou filtrées. Nous traiterons dans cette partie de la protection des câbles externes.
Tous les autres câbles sont alors efficacement préservés des courants parasites.
Equipement isolé,
IMC I2
IMC i= 0 devant être
Equipement F F
F en châssis F Câble perturbé bien filtré Câble protégé
Câble conducteur, Câble protégé
d’alimentation filtré et mis et bien blindé
à la masse
Liaison de masse
supplémentaire
I1 I1 + I2 = IMC
IMC
Masse équipotentielle et accessible Masse inaccessible ou environnement isolant
Le courant de mode commun, pour se refermer, traverse toute la carte ou tout le système.
Il est donc primordial dans nos équipements de soigner le raccordement des équipements
électroniques à la masse des systèmes par une liaison directe très courte (voir nulle). L’idéal est
d’utiliser les fixations mécaniques pour assurer ce raccordement.
- 32 -
8.2. LIAISONS SYMÉTRIQUES
Une liaison différentielle peut rejeter les perturbations de mode commun de façon efficace.
L’aptitude d’un circuit à rejeter le mode commun est définie par son rapport de réjection de
mode commun (“CMRR” en anglais). Ce nombre, exprimé en décibels, est égal au rapport de la
tension de mode commun divisée par la tension parasite résiduelle apparaissant en mode
différentiel. Plus le CMRR est élevé, meilleure est la symétrie du circuit. À 50 Hz, un CMRR
peut dépasser 120 dB (même sans isolement galvanique) mais il atteint difficilement 60 dB à 1
MHz. Il ne peut guère excéder 40 dB au-delà de 10 MHz.
U
UMC U = MC
MD CMRR
kΩ
La dissymétrie d’une liaison différentielle en paire est principalement localisée à ses extrémités.
Ce déséquilibre peut être provoqué par une dissymétrie électrique ou géométrique. Un
déséquilibre électrique est causé par la différence des impédances d’extrémité par rapport à la
masse : inégalité des résistances terminales ou des capacités par rapport à la masse, ce qui
déphase une entrée par rapport à l’autre.
Un déséquilibre géométrique peut être causé par la différence entre la longueur du conducteur
aller et celle du retour. Au-delà de 10 MHz, une différence de longueur de quelques centimètres
suffit à ruiner la symétrie d’une liaison, donc sa réjection du mode commun. L’utilisation d’un
étage différentiel impose de conserver une liaison symétrique de bout en bout. Le câble devra
bien évidemment être symétrique et un soin particulier est nécessaire au choix du connecteur. En
pratique, les amplificateurs différentiels modernes sont toujours limités par les systèmes de
raccordement.
- 33 -
8.3. FILTRES CEM
Un filtre CEM est caractérisé par sa perte d’insertion, aussi appelée “efficacité du filtre”. C’est
par définition le niveau résiduel mesuré après la pose du filtre par rapport au niveau mesuré sans
filtre. La perte d’insertion d’un filtre dépend des impédances des circuits amont et aval.
Un filtre doit être prévu sur toutes les entrées non blindées. Une sortie vers l’extérieur peut être
aussi sensible qu’une entrée - et parfois plus. Toute sortie analogique d’une carte devrait être
également filtrée par un passe-bas.
Des filtres plus complexes peuvent être de structure “en T”, c’est-à-dire L-C-L ou “en π”, c’est-
à-dire C-L-C. Attention, les filtres en π nécessitent un montage soigneux avec une très faible
impédance par rapport au châssis : entretoise métallique courte, ressort de contact, vissage sur un
bossage conducteur, etc. Le mieux est de réserver les filtres en π aux montages en traversée de
paroi (TRP).
Un filtre passe-haut peut surprendre en CEM puisque ce sont les perturbations HF qui posent le
plus de problèmes. Mais pour des signaux uniquement HF, disons lorsque la plus basse
fréquence utile est supérieure à 100 kHz (signal d’antenne par exemple), un filtre passe-haut
transmet l’information sans perte et rejette les bruits BF. Le raccordement bilatéral des écrans est
alors possible sans risque de ronflette.
Un filtre numérique n’utilise aucun filtre physique mais un traitement par calculs après
numérisation. Un de ses intérêts est de ne pas coûter cher en production et d’avoir une excellente
reproductibilité.
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8.3.2. Filtres secteurs
Les filtres secteurs les plus courants filtrent le MC et le MD dans le même boîtier. Ceci est
possible en utilisant l'inductance de fuite (L1 et L2) de l’inductance de mode commun (M) pour
filtrer le mode différentiel. Le condensateur entre phases (en MD, de classe X) peut être d’aussi
grande valeur que nécessaire. Les condensateurs au châssis (en MC, de classe Y) ne doivent pas
écouler un courant de fuite trop important dans le conducteur de protection sur un réseau
électrique alternatif.
Cx M L
2 x Cy
Comment choisir un filtre secteur dont le rôle est d’améliorer l’immunité d’un équipement ? Si
l’on n’est pas habitué aux phénomènes HF, nous conseillons d’installer un filtre du commerce
plutôt que de tenter d’en réaliser un soi-même. En effet, le câblage d’un filtre HF est critique et
l’on obtient souvent des résultats décevants au-delà de 30 MHz.
Il existe également des structures plus complexes à double, voire à triple cellules. Le problème
est qu’un schéma équivalent néglige les couplages au-delà de 10 MHz, à cause du rayonnement
de l’amont sur l’aval du filtre. La topologie des composants (forme et disposition géométrique)
compte plus que leurs valeurs. Au-delà de 30 MHz, un filtre bien câblé est plus efficace que celui
qui a un schéma extraordinaire mais un montage non maîtrisé.
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8.4. MONTAGE DES FILTRES
8.4.1. Montage des filtres secteurs
Un filtre avec condensateurs à la masse écoule des courants HF au châssis. Il faut relier son
enveloppe métallique directement sur la tôle de référence de potentiel.
Diaphonie entre
l'amont et l'aval
La troisième précaution est de plaquer les câbles amont et aval à plat contre la TRP pour limiter
l’effet d’antenne boucle excitée par le courant de mode commun.
Ces 3 précautions de montage constituent une nécessité et non un idéal à atteindre. Il suffirait
qu’une de ces règles ne soit pas respectée pour que le filtre devienne inefficace à partir de 10 ou
30 MHz.
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8.4.2. Montage des filtres signaux
Attention, comme pour un condensateur de découplage, l’efficacité d’un filtre est directement
liée à son montage. Il devra être raccordé le plus court possible à la masse.
S’il est difficile (et parfois superflu) de placer un filtre sur tous les signaux entrants et sortants,
cette possibilité devrait malgré tout être prise en compte lors de l’implantation. Nous préconisons
de placer quatre trous (plages d’accueil) en série sur ce type de signaux.
On peut y mettre :
Cette disposition permet de pouvoir essayer une résistance série, un condensateur à la masse, un
filtre en T de type EMILFIL (Murata) ou même éventuellement un filtre RC. L’avantage de ce
dispositif est que le filtre sera testé dans sa mise en œuvre réelle. De plus, aucune reprise
importante de routage ne sera à prévoir.
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8.5. SELF DE MODE COMMUN
L’ajout, sur site, de tores de ferrite autour d’un câble est une méthode simple contre le mode
commun HF. C’est la seule méthode possible en absence de TRP, d’écran ou de filtre. Des
ferrites autour d’un câble ne dégradent pas les signaux utiles en mode différentiel, préservent la
symétrie des paires (CMRR) et la rigidité diélectrique.
H1
I1
I2
H2 H1+ H2 = 0
Des ferrites peuvent être ajoutées après coup ou sur site sans une remise en cause complète de la
conception. De nombreuses formes et dimensions permettent d’adapter leur utilisation à de
nombreux câbles.
L’efficacité d’un tore de ferrite est proportionnelle au carré du nombre de passage à l’intérieur du
tore. Attention toutefois à ne pas trop bobiner le câble à protéger ; la capacité parasite entre les
différents enroulements vient alors court-circuiter le self série. L’optimum se situe souvent entre
2 et 5 passages selon les dimensions du câble et du tore utilisé.
I I
- 38 -
Un ferrite est caractérisé par sa perméabilité magnétique. Nous vous conseillons de choisir un
matériau de type nickel-zinc dont le µ initial est compris entre 500 et 1000.
Inductance de M.C.
risquant de saturer
I+
Régulateur
À
Découpage
I–
Masse
Im Im
La saturation peut également être provoquée par un courant utile trop important, notamment dans
la self des filtres secteur. Une self de mode commun comporte inévitablement une self série de
mode différentiel. Cette self dépend de la manière dont est bobiné le tore (Figure 39). Si les
enroulements sont disposés en demi-lune, la self de mode différentiel est de 1/100 de la self de
mode commun. Si le bobinage est effectué deux fils en main (fil aller et retour côte à côte), la
self de mode différentiel représente 1/1000 de la self de mode commun.
- 39 -
8.6. CÂBLES BLINDÉS
8.6.1. Choix du câble
L’écran CEM le plus simple est un feuillard plastique rendu conducteur par aluminiage. On
trouve également des câbles entourés d’un vrai feuillard aluminium. La fragilité due aux
différentes manipulations (traction, torsion, etc.) est le principal problème de ce type de câbles.
Le câble simple tresse (type RG58 connectique BNC) est d’utilisation courante dans les
laboratoires. Son effet réducteur est de 1 en BF (jusqu’à environ 2 kHz) et peut atteindre
quelques centaines (40 à 50 dB) à partir de quelques MHz si les connexions de l’écran sont
convenables. L’écran souple et robuste permet une mise en œuvre simple avec la majorité des
connecteurs métalliques.
Dès que les signaux sont faibles (quelques mV) et/ou très rapides (> 500 MHz) et/ou dans une
ambiance perturbée, il faut utiliser du câble double tresse de type RG214 (connectique N) ou
RG223 (connectique SMA).
Le raccordement aux deux extrémités de l’écran permet de se protéger contre les perturbations
les plus sévères : le mode commun HF. Le problème est qu’en basse fréquence un courant peut
être lancé sur l’écran (d.d.p. entre les deux extrémités ou couplage champ à boucle). Ce courant
va générer sur la paire à l’intérieur une faible d.d.p. appelée “ronflette”. Ce phénomène est
particulièrement gênant pour les liaisons bas niveau.
La règle qu’on peut appliquer est la suivante : l’écran se raccorde aux deux extrémités sauf si
les 5 conditions suivantes sont réunies en même temps.
) - Les signaux à transmettre sont bas niveau (bruit tolérable < quelques mV).
Si le bruit tolérable BF est important, la circulation d’un courant sur le blindage n’est guère
gênante. Travailler en différentiel est un excellent moyen de se protéger en BF et en HF; la BF
est rejetée par l’étage d’entrée électronique et la HF par le câblage.
La protection doit être envisagée de façon globale en fonction du bruit tolérable max, de la
nature de la liaison et de l’équipotentialité BF du site.
) - Il peut exister en BF une tension de mode commun entre les deux extrémités du câble
supérieure au bruit tolérable.
Ce paramètre est pratiquement toujours vérifié sur une installation. On peut remarquer que le
maillage systématique des masses permet de réduire considérablement la d.d.p. basse fréquence.
Ainsi, plus le site est maillé, moins le raccordement bilatéral est critique.
- 40 -
Par contre, cette condition peut être parfaitement bien maîtrisée à l’intérieur d’un système. Si les
différents éléments mécaniques sont correctement raccordés entre eux, les d.d.p. entre masses
deviennent négligeables. Le blindage peut alors être raccordé à la masse aux deux extrémités
sans risque de ronflette. C’est par exemple le cas à l’intérieur des analyseurs de spectre basse
fréquence.
) - L’écran à ne raccorder qu’à une seule extrémité est celui directement autour des
conducteurs signaux.
Un surblindage sera systématiquement connecté aux deux extrémités.
En pratique, tous les câbles blindés se raccordent à la masse aux deux extrémités. Seuls les
capteurs bas niveau de type thermocouples, jauge de contrainte, capteur à effet hall, etc.… non
conditionnés posent des soucis en environnement où l’équipotentialité n’est pas contrôlée.
Règle pratique :
Dans le cas des équipements développés à la DAM, l’environnement est constitué dans la très
grande majorité des cas d’un système métallique équipotentiel. La règle à appliquer, compte tenu
des conditions énoncées ci-dessus peut se simplifier :
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8.6.3. Comment raccorder
Le raccordement des câbles blindés est un point particulièrement important puisqu’il va
déterminer l’effet réducteur HF. Les écrans doivent êtres raccordés directement à la masse (au
châssis) des équipements électroniques.
Ce raccordement devrait toujours être effectué par un contact électrique sur 360°. Si la
connexion est effectuée par une “queue-de-cochon”, c’est-à-dire un fil, l’effet réducteur
s’effondre en HF. À partir de quelques MHz, un fil de 10 cm divise par deux l’effet réducteur de
10 m de câble standard simple tresse.
Lorsque les câbles sont raccordés sur des borniers, nous conseillons de placer une barre de masse
devant le bornier. Un cavalier permet alors un raccordement direct du blindage à la masse du
système.
Contacts
embase-fiche
Passe-fils
conducteur
Barre
de masse
Cavalier Contacts
TRP conducteur coquilles - écran
Contacts
embase - tôle Contacts
Raccordement Raccordement coquilles - fiche
idéal acceptable par cavalier
Pour les liaisons équipées de connecteurs, la reprise de blindage doit également être effectuée sur
360°. Le corps du connecteur est donc forcément métallique et doit permettre un contact
périphérique entre les différents éléments.
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9. BLINDAGE
L'atténuation d'écran, aussi appelée efficacité de blindage d'un écran se définit par le champ
résiduel mesuré en présence de l'écran par rapport au champ mesuré sans écran. Elle se définit
par convention en décibels :
En basse fréquence,
le blindage du champ électrique est toujours excellent
le champ magnétique est presque impossible à blinder
Les blindages HF sont conditionnés non pas par la qualité du métal utilisé
mais par les ouvertures et les différentes pénétrations conductrices
On peut voir que pour une ouverture de 1 m, l’atténuation est de 0 dB à 150 MHz. Lorsque la
longueur d’une fente est égale à la demi-longueur d’onde, l’atténuation avoisine 0 dB. Il est clair
que les blindages très haute fréquence vont être très délicats à réaliser puisque les ouvertures
tolérables seront de très faible longueur.
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9.1.2. Effet de chicane
Cet effet est obtenu par le chevauchement sans contact électrique mais à très faible distance des
deux bords d’une fente. L'effet réducteur dépend de la largeur de superposition et surtout de
l'épaisseur de la pellicule isolante. L'effet réducteur d'une chicane est indépendant de la
fréquence tant que la longueur d'onde est grande devant ses dimensions. Disons qu'il est simple
d'obtenir un effet réducteur d'un facteur 3, même avec de la peinture, assez facile d'obtenir un
facteur 5 à condition que l'isolant soit très mince. Il est par contre illusoire d’espérer mieux qu’un
facteur 10 avec cette technique.
Un effet de chicane permet de réduire la longueur apparente d’une fente sans qu’aucun contact
électrique ne soit nécessaire.
Rondelle
butée
L'information mécanique la plus importante pour la mise en œuvre d'un joint est son aptitude à
compenser les irrégularités mécaniques. Un joint typique en compression doit avoir son diamètre
réduit entre 30 et 50 % environ. Certains joints en élastomère (en mousse ou avec trou interne)
peuvent réduire leur diamètre jusqu'à 70 % sans dépasser leur limite d'élasticité.
Le respect de ces limites élastiques est important puisqu’il conditionne la durée de vie du joint.
Des butées peuvent être prévues pour limiter l’écrasement. Il faut également éviter leur
cisaillement, par exemple lorsque les gorges de maintien ne permettent pas leur expansion.
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9.2. TRAITEMENT DES CÂBLES
Le rôle d’un écran est de protéger un équipement en rayonnement mais surtout en courant. Son
rôle essentiel est de fournir aux câbles d’entrées-sorties une référence de potentiel destinée aux
filtres et câbles blindés. Lors de la mise au point d’un blindage, les problèmes doivent être traités
dans un ordre précis :
3
Si le point n°1 n’est pas traité, l’utilisation de joints conducteurs parfaits sur l’ensemble du
coffret est inutile. Tous les problèmes seront liés aux fuites par les câbles d’entrées-sorties.
La fonction de Tôle de Référence de Potentiel (TRP) est d'écouler au châssis les courants HF de
mode commun. Une seule TRP par enceinte devrait regrouper tous ses connecteurs blindés, ses
connecteurs filtrants et ses filtres HF. Compte-tenu de la densité de courant écoulé au niveau des
câbles, la TRP doit être homogène et bien conductrice. Pour un coffret, il est simple de choisir
une des faces comme TRP.
Nombreux contacts
Tôle de Référence au châssis
De Potentiel
Connecteur filtré
ou avec
reprise de blindage
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Malheureusement, tous les équipements n'ont pas une topologie adaptée au concept de TRP. Les
cartes embrochées sur un fond de panier et interconnectées au monde extérieur par la face avant
posent un problème fréquent : quelle est leur TRP ? Deux solutions sont possibles :
1 - Soit les plastrons (les "faces avant" des cartes) sont conducteurs et supportent directement les
connecteurs métalliques. Il est alors possible moyennant quelque grattage de connecter ces
plastrons au châssis par leurs vis de fixation.
Assurer le contact
électrique à la masse
Connecteur étamé
relié au plastron
Glissière métallique
Plastron métallique
2 - Soit les connecteurs ou les plastrons sont isolants. Il convient alors de relier les écrans des
câbles blindés sur une des tôles de la baie (ou au minimum sur une barre de masse large à l'entrée
de l'armoire) qui fera office de TRP. Cette dernière solution est souvent la seule possible en
correction sur site.
Alimentation
Mise de l'écran à la
Contacts masse par cavalier
au châssis
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9.3. COFFRETS BLINDÉS PRATIQUES
Tout coffret contenant des circuits électroniques (alimentation, relayage, interfaces, organes de
commande, afficheurs, etc...) devrait être conducteur et aussi équipotentiel que possible. Les
règles suivantes sont efficaces et souvent simples à respecter.
1 - Les structures principales (enveloppe, panneaux, grilles, glissières, renforts, rails, etc...)
devraient être conductrices et interconnectées entre elles au moins par leurs fixations
mécaniques. Il est souvent nécessaire de gratter la peinture ou une protection de surface et
d'ajouter une rondelle garantissant le contact électrique. Attention, l'ajout de frein-filet risque
d'isoler les vis.
2 - Toute structure mobile (tiroirs, portes, etc...) devrait être électriquement reliée au châssis par
au moins deux points espacés. Quand la distance entre les points de contact excède 30 cm, il est
bon d'assurer d'autres contacts avec l'enveloppe. Un tiroir "19 pouces" devrait être doté d'au
moins 4 contacts réalisés par vis, par ressorts ou par des tresses aussi courtes que possible.
3 - Un panneau métallique par équipement devrait supporter tous les connecteurs vers l'extérieur.
Cette TRP devrait être non fendue et reliée au châssis principal par plusieurs contacts à faible
impédance. Elle peut être une des faces de l'équipement. Seules des liaisons non connectées en
service normal (prises de test par exemple) sont acceptables sur les autres faces. Sur site, ne pas
oublier de relier la TRP, avec contacts tôle sur tôle aux structures conductrices qui supportent les
câbles (goulottes, dalles, tablettes, chemins de câbles...).
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10. CONCLUSION
Ce guide pratique s’adresse aux concepteurs de cartes électroniques ou d’intégration de cartes
dans un équipement.
Nous avons voulu qu’il soit un outil facile à utiliser, avec des règles et des conseils clairs,
pratiques et non ambigus. Il est adapté à l’environnement de travail que nous rencontrons dans
les centres de recherche.
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11. RÉFÉRENCES
Les ouvrages suivants sont une mine d’informations claires et précises, rédigés avec le même
esprit que ce document.
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