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Anatomie topographique du pied


F. Bonnel, P. Teissier

Les programmes mécaniques du pied sont multiples avec les situations qui se rencontrent lors de la
marche aussi bien en terrain plat qu’en terrain irrégulier. Les deux fonctions principales sont la stabilité
et la mobilité. « Structure déformable, organe tout terrain » le pied s’adapte aux forces, il représente
le meilleur exemple de système architectural complet alliant : solidité, souplesse et stabilité. Il existe un
compromis, entre l’armature osseuse rigide, les ligaments et les formations tendineuses. L’organisation
anatomique didactique avec « arrière-pied, médio-pied et avant-pied » est artificielle. La cheville est un
élément de transmission essentiel qui dirige les contraintes du plan horizontal au plan frontal. L’arrière-
pied se trouve confronté à deux situations : l’une est l’adaptation lors de la marche aussi bien en terrain
plat qu’en terrain irrégulier. Les structures fonctionnelles ont une disposition logique sans redondance
avec un objectif de protection et d’efficacité permanente. Notre objectif est de préciser les rapports
topographiques essentiels que l’on peut mettre en évidence par imagerie par résonance magnétique
ou scanner. La connaissance des rapports cutanés est fondamentale dans l’examen pour évaluer les
projections des structures sous-jacentes et les zones de conflit avec la chaussure.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Pied ; Anatomie ; Topographie ; Muscles ; Nerfs ; Artères

Plan de la chaussure, tantôt c’est un excès de pression latérale qui les


dévie vers l’axe médian du pied et les fait chevaucher l’un sur
■ Introduction 1 l’autre, d’autres fois, c’est un défaut de longueur qui les empêche
de s’étendre et les maintient fléchis à angle droit d’une manière
■ Arrière-pied : cou-de-pied 1 permanente avec des orteils en marteau. L’aplatissement vertical
Région antérieure 2 du pied y détermine la formation de deux bords latéraux bien
Région postérieure du cou-de-pied 3 distincts d’où une morphologie en deux régions dorsale et plan-
Gouttière rétromalléolaire médiale : canal calcanéen 3 taire. On doit insister sur le rôle discriminatif majeur que joue
Gouttière rétromalléolaire latérale 5 l’architecture voûtée du pied. L’objectif des arches ou courbures
■ Médiopied et avant-pied 6 est, sur le plan mécanique, de permettre au pied de se déformer de
Face dorsale 6 façon élastique. Les éléments de stabilisation sont statiques, avec
Rapports topographiques de la sole plantaire 10 les ligaments et les aponévroses, et dynamiques avec les muscles
■ Conclusion 12 et leurs tendons.

 Introduction  Arrière-pied : cou-de-pied


Le pied se rattache au membre pelvien par une portion rétré- Les limites du cou-de-pied sont arbitraires. Malgaigne [1] dis-
cie, le cou-de-pied. Son axe ne se prolonge pas exactement avec tinguait les articulations tibiofibulaire, talocrurale, sous-talienne,
celui de la jambe, mais est un peu déjeté en dehors. Son exa- talonaviculaire et calcanéocuboïdienne, dont les limites sont com-
men clinique est basé sur l’apparence de structures dont la peau prises entre deux plans passant, l’un à deux travers de doigt en
se modèle sur les éléments vasculaires, nerveux, lymphatiques, amont des malléoles, l’autre à deux travers de doigt en dessous
tendineux, musculaires et osseux. Sa largeur augmente graduel- des malléoles. Jarjavay [2] le limitait en proximal par un plan hori-
lement, d’arrière en avant, jusqu’à la base des orteils. À cet zontal passant par la base des malléoles, en distal par l’articulation
accroissement du diamètre transversal correspond un aplatisse- talocalcanéenne, en arrière par le bord supérieur du calcanéus, en
ment vertical de plus en plus prononcé. En avant les orteils se avant par un plan à 17 millimètres en avant de l’articulation talo-
disposent de telle façon que leur extrémité libre forme une courbe crurale. Richet [3] et Velpeau [4] , le limitaient à l’aplomb des deux
assez régulière dont la convexité regarde en avant et en dehors. malléoles, à l’extrémité distale du tendon calcanéen, et des deux
De nombreuses déviations sont imprimées aux orteils par la forme articulations talofibulaire distale et tibio-fibulo-talienne.

EMC - Podologie 1
Volume 8 > n◦ 4 > octobre 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S0292-062X(12)53363-5
27-000-A-10  Anatomie topographique du pied

Nous limitons le cou-de-pied, en proximal par un plan horizon- Cloisons sagittales et coulisses tendineuses
tal, passant immédiatement au-dessus de la base des malléoles, et
Ces cloisons partagent l’espace compris entre ces deux por-
en distal, par un second plan coronal à 2,5 centimètres en avant
tions en quatre espaces secondaires. Au niveau du sinus du
de l’articulation talocrurale (tibio-fibulo-talienne). Autour de cet
tarse, cet espace est occupé par l’extrémité postérieure du muscle
axe, on distingue quatre régions : une antérieure pour les ten-
court extenseur des orteils qui prend une partie de ses inser-
dons extenseurs, une postérieure pour le tendon calcanéen, une
tions. En dedans de la loge du muscle court extenseur des orteils
médiale avec le canal calcanéen, et une latérale avec la gouttière
un deuxième espace pour les tendons du muscle troisième fibu-
des fibulaires. Dans chacune de ces régions, nos descriptions se
laire et des tendons du muscle long extenseur des orteils, un
répartissent plan par plan de la superficie à la profondeur jusqu’au
troisième espace avec la coulisse du tendon du muscle long
contact osseux.
extenseur de l’hallux, un quatrième espace, occupé par le tibial
antérieur.
Région antérieure Les gaines sont au nombre de trois : en dedans, celle du tibial
antérieur, au milieu, celle du long extenseur de l’hallux, et en
Morphologie de surface dehors, celle du muscle long extenseur des orteils et du ten-
Le cou-de-pied est l’angle formé par la jonction du pied et de don du troisième fibulaire. Le feuillet postérieur de la gaine du
la jambe (synonymes : région tibiotarsienne, région malléolaire). tibial antérieur est très épais et occupe toute la hauteur de la
Certains auteurs [5, 6] l’appellent cou-de-pied, parce que le pied et la malléole médiale. La gaine des tendons du muscle long exten-
jambe, se réunissant à angle droit, forment, en arrière, une saillie seur des orteils manque de paroi postérieure au devant du tibia ;
comparable à celle du coude. Pour d’autres, le cou-de-pied signifie cette paroi n’existe qu’au niveau de la synoviale talocrurale
un rétrécissement qui marque l’attache du pied à la jambe [7–9] . qu’elle renforce. C’est en arrière de la gaine du long extenseur
de l’hallux que passent les vaisseaux et le nerf fibulaire profond
Plan cutané compris dans le tissu adipeux interposé entre le feuillet pro-
fond du rétinaculum des muscles extenseurs et à la synoviale
La peau est mobile et de vascularisation précaire. articulaire.
Le paquet vasculonerveux de la région ne s’engage dans aucune
Plan aponévrotique, fascias et ligaments des coulisses et passe, en arrière de la portion profonde du liga-
rétinaculaires (annulaires) du cou-de-pied ment, en dedans du tendon du muscle long extenseur de l’hallux.
Cette région est dominée par la présence des ligaments réti-
naculaires (annulaires) antérieurs du cou-de-pied qui stabilisent Bourses conjonctives péritendineuses
les tendons de passage de la jambe à la face dorsale du pied en Le passage des tendons au contact des ligaments rétinaculaires
empêchant les tendons de faire saillie. du cou-de-pied se fait par l’intermédiaire de bourses conjonctives.
L’aponévrose et les fascias de la jambe se poursuivent avec La bourse du tibial antérieur, qui est la plus médiale, remonte,
l’aponévrose et les fascias dorsaux du pied. Ces structures sont ren- en proximal à 3 ou 4 centimètres au-dessus du rétinaculum supé-
forcées par des faisceaux transversaux ou obliques, qui constituent rieur des muscles extenseurs et s’arrête, en distal, au niveau de
les ligaments rétinaculaires antérieurs (frondiforme) du tarse, très l’articulation talonaviculaire.
résistants en avant de l’articulation talocrurale. Ils ont la forme La bourse du muscle long extenseur de l’hallux commence en
d’une bandelette fibreuse, étendue en écharpe du côté latéral au amont de l’interligne articulaire talocrural et en aval au niveau du
côté médial. Il prend naissance, en latéral (dehors), sur la partie premier métatarsien ou jusqu’à la première phalange de l’hallux.
supérieure et latérale du tubercule (grande apophyse) du calcanéus La bourse du muscle long extenseur des orteils remonte, en proxi-
et sur le tissu fibreux du sinus du tarse et se dispose en deux plans : mal à 2 et 3 centimètres en amont de l’articulation talocrurale et
un superficiel et un profond. s’étend en distal jusqu’au naviculaire.
Le plan superficiel arrivé à la partie moyenne du cou-de-pied
se divise en deux faisceaux, l’un supérieur (proximal), l’autre
inférieur (distal). Le faisceau supérieur ou rétinaculum supérieur Rapports topographiques
des muscles extenseurs, obliquement ascendant, se dédouble au La région antérieure du cou-de-pied ne renferme qu’un tout
niveau du tendon du tibial antérieur qu’il enveloppe dans une petit nombre de vaisseaux et de nerfs qui lui appartiennent en
gaine fibreuse et se fixe sur le bord antérieur et sur la face propre. Les plus importants ne font que la traverser pour se rendre
médiale du tibia, où il se continue avec l’aponévrose postérieure à la face dorsale du pied. Quatre artères cheminent à la région anté-
du cou-de-pied. Ses insertions tibiales sont essentiellement varia- rieure du cou-de-pied : la tibiale antérieure, les deux malléolaires
bles. Souvent, elles se font sur le bord médial de l’os et le ligament et la fibulaire antérieure.
se trouve séparé de la face médiale du tibia par une couche cellu- L’artère tibiale antérieure s’engage en arrière des ligaments
leuse qui communique avec la gaine péritendineuse ; elles peuvent rétinaculaires du cou-de-pied, entre le tendon du muscle long
être absentes. extenseur des orteils en dehors, et le tendon du muscle long
Le faisceau inférieur ou rétinaculum inférieur des muscles extenseur de l’hallux. Elle occupe le milieu de l’espace inter-
extenseurs, obliquement descendant, s’écarte du précédent à malléolaire croisant verticalement, au voisinage de son sommet,
angle aigu et vient se terminer sur le bord médial du pied, où il se l’espace angulaire que circonscrivent en s’écartant l’une de l’autre,
continue avec le rétinaculum des fléchisseurs. La portion super- les deux branches de bifurcation des ligaments rétinaculaires du
ficielle des ligaments rétinaculaires antérieurs du cou-de-pied, cou-de-pied. Accompagnée de deux veines et du nerf fibulaire pro-
ressemble à un V couché (frondiforme). fond, qui chemine sur son bord médial, l’artère repose sur la face
Le faisceau inférieur du rétinaculum des muscles extenseurs est latérale du tibia recouverte par la peau et les deux plans des liga-
situé en arrière des tendons du muscle long extenseur des orteils ments rétinaculaires du cou-de-pied et en arrière de ces ligaments,
contre le plan squelettique de la région et atteint le bord médial elle prend le nom d’artère dorsale du pied.
du muscle court extenseur des orteils et s’unit au plan superfi- Les deux artères malléolaires médiale et latérale naissent de
ciel. Il s’engage en arrière des tendons du troisième fibulaire et de l’artère tibiale antérieure en amont du ligament rétinaculaire du
l’extenseur commun des orteils sur son bord médial. Une partie cou-de-pied. La malléolaire médiale, oblique en bas et en dedans,
de ses fibres se porte en avant et vient se fusionner avec le plan s’engage entre le tibia et le tendon du tibial antérieur et au contact
superficiel. Le reste des fibres passe en arrière du tendon du long de la malléole médiale se divise en plusieurs rameaux diver-
extenseur de l’hallux et, le contournant sur son bord médial, vient gents : les uns, profonds ou articulaires pour les parties molles de
à son tour se réunir au plan superficiel. Une fois fusionnées avec l’articulation, les autres, superficiels, pour la malléole médiale et
la portion superficielle, ses fibres se recourbent en latéral vers leur la peau. L’artère malléolaire latérale se dirige en bas et en dehors,
point d’origine et reviennent s’insérer sur le calcanéus, formant descend sur la malléole latérale et se divise en un certain nombre
des anses ou frondes, qui maintiennent en place les tendons à la de ramifications pour la partie antérieure et la partie latérale du
manière de poulies de réflexion [9, 10] . cou-de-pied.

2 EMC - Podologie
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L’artère fibulaire antérieure après avoir traversé d’arrière en Gouttière rétromalléolaire médiale : canal
avant le ligament interosseux, descend en avant de l’articulation
talocrurale pour se terminer à la partie latérale de la région dor- calcanéen
sale du pied, en s’anastomosant avec les divisions de la malléolaire Plan cutané et celluleux aponévrotique
latérale et de la dorsale du tarse.
Les veines se divisent en superficielles et profondes. Les veines Dans la région médiale du cou-de-pied, on note la présence de
superficielles cheminent de distal en proximal dans le tissu cel- la malléole médiale, saillie osseuse large proéminente, située en
lulaire sous-cutané. La plus importante d’entre elles est la grande son milieu. La peau est très fine au niveau de la malléole, un peu
veine saphène, qui chemine en regard de la malléole médiale, puis plus épaisse en avant et surtout en arrière, vers le tendon cal-
sur la face médiale du tibia. Elle s’anastomose constamment, avec canéen (tendon d’Achille). Le tissu conjonctif permet quelques
les veines tibiales antérieures, situées en arrière de l’aponévrose. glissements, au-devant de la malléole, et il est infiltré de graisse et
Les veines profondes, au nombre de deux, accompagnent les adhère intimement au fascia avec parfois une bourse conjonctive
branches artérielles. au niveau de la malléole médiale. En avant et en arrière, se situent
Les lymphatiques se divisent en superficiels et profonds : les deux dépressions ou creux malléolaires.
premiers sous-cutanés se drainent dans les nœuds lymphatiques La vascularisation cutanée provient de l’artère malléolaire
superficiels de l’aine ; les seconds, situés en arrière de l’aponévrose, médiale. Les veines superficielles font suite aux veines collaté-
se drainent dans les nœuds lymphatiques tibial antérieur et popli- rales de l’hallux, et à des veinules en regard du bord médial du
tés. Le nœud lymphatique sus-tarsien, à la partie antérieure du cou-de-pied. Quelques-unes traversent obliquement la face posté-
cou-de-pied, sur le trajet des vaisseaux tibiaux antérieurs est extrê- rieure et se rendent à la petite veine saphène ; mais la plupart se
mement rare. réunissent pour constituer le tronc de la grande veine saphène, qui
Les nerfs superficiels, destinés à la peau, proviennent en grande chemine en avant de la malléole médiale en direction de la jambe.
partie des deux branches terminales du nerf fibulaire superfi- Deux ou trois veines communicantes perforent l’aponévrose et se
ciel (musculocutané), avec en dedans et en dehors, quelques fins jettent dans les veines profondes de la jambe.
rameaux fournis par le nerf saphène et le cutané dorsal latéral. Les lymphatiques superficiels, plus nombreux que les veines,
Le nerf fibulaire profond (nerf tibial antérieur), avec ses deux occupent tous les points de la couche sous-cutanée et forment un
branches de bifurcation, accompagne l’artère dorsale du pied, le réseau à mailles serrées. Quelques-uns suivent la face postérieure
plus souvent en dedans d’elle ou il est situé immédiatement en de la jambe pour aboutir aux nœuds lymphatiques poplités. Le
arrière du tendon du muscle long extenseur de l’hallux. plus grand nombre se disposent sur la face médiale du tibia, et se
Tous ces éléments reposent sur le squelette de la mortaise tibio- jettent dans les nœuds lymphatiques inguinaux.
fibulaire et la face correspondante du talus par l’intermédiaire de Le nerf saphène, branche du nerf fémoral couvre de ses ramifica-
la capsule articulaire et du tissu celluloadipeux [11–13] . tions toute la région médiale du cou-de-pied et assure la sensibilité
des téguments en regard. C’est la seule branche du plexus lombaire
qui se prolonge aussi bas [14, 15] .
Région postérieure du cou-de-pied
Plan aponévrotique
La région postérieure du cou-de-pied est caractérisée par la
saillie du talon en continuité avec le tendon calcanéen fortement L’aponévrose se continue, d’une part, avec l’aponévrose jam-
convexe, encadrée par les deux malléoles médiale et latérale. bière, et, d’autre part, avec le fascia de la face dorsale du pied
et en quelques points présente des pertuis pour le passage des
veines communicantes. Elle est mince à la partie postérieure de
Plan cutané la région et forme, au tendon calcanéen, une gaine transparente
dont les fibres sont transversales. Au-dessous de la malléole, elle est
La couverture cutanée plus rigide se plisse en flexion plantaire, beaucoup plus épaisse, ses fibres, disposées en éventail, partent du
sauf à la partie distale du talon où elle est très mobile sur les parties sommet de la malléole et gagnent le bord médial du pied où elles
sous-jacentes. La couche celluleuse sous-cutanée riche en graisse vont se confondre avec l’aponévrose plantaire médiale et se fixer
est plus épaisse que dans la région antérieure. Dans la partie proxi- sur la face médiale du calcanéus. Cette portion de l’aponévrose
male de la région, le tissu cellulaire affecte une forme lamelleuse fait partie du rétinaculum inférieur des extenseurs et convertit en
constituant un véritable fascia superficialis. un canal ostéofibreux la gouttière formée par la face médiale du
calcanéus.
Plan celluloaponévrotique
Une aponévrose tendue du bord postérieur de la malléole Plan sous-aponévrotique malléolaire :
médiale se dirige en dehors vers le tendon calcanéen, qu’elle tendino-vasculo-nerveux
contourne en passant sur sa face postérieure, et se termine sur Le creux malléolaire antérieur est le plus profond et topographi-
la malléole latérale. En proximal, l’aponévrose du cou-de-pied quement correspond à la synoviale de l’articulation talocrurale.
se continue, sans ligne de démarcation, avec l’aponévrose pos- Il est limité en avant par le relief du tendon du tibial antérieur,
térieure de la jambe, dont elle est une dépendance. En distal, elle apparent lorsque le pied se porte en adduction. Plus en avant, une
se fusionne avec l’aponévrose plantaire. En arrière des malléoles, petite dépression sépare le tendon du tibial antérieur du tendon
l’aponévrose du cou-de-pied est renforcée par des faisceaux, dont du muscle long extenseur de l’hallux.
l’ensemble constitue le rétinaculum des muscles fibulaires qui Du creux malléolaire antérieur se dispose une gouttière dont
recouvre les tendons fibulaires. Le rétinaculum des muscles flé- la concavité embrasse le sommet de la malléole. Cette gout-
chisseurs (ligament annulaire médial) forme avec la face médiale tière aboutit, en arrière, au creux malléolaire postérieur compris
du calcanéus, excavée en gouttière, un large canal, qui se conti- entre la malléole et le tendon calcanéen avec à la palpation les
nue en proximal avec la loge médiale du cou-de-pied, puis avec la battements de l’artère tibiale postérieure. Le creux malléolaire pos-
loge profonde de la région jambière postérieure et qui se continue térieur ne disparaît jamais, même en cas d’épanchement dans
en distal avec la loge moyenne de la plante du pied : c’est dans ce l’articulation talocrurale parce que les tendons situés en arrière
canal appelé canal tarsien que passent les tendons des fléchisseurs, de cette articulation sont solidement maintenus par des gaines
les vaisseaux et nerfs tibiaux postérieurs. fibreuses.
Le plan sous-jacent à l’aponévrose renferme les tendons de
réflexion de plusieurs muscles de la jambe, des vaisseaux et des
Couche sous-aponévrotique nerfs. Il se trouve divisé en deux parties, par la saillie de la malléole
En arrière de l’aponévrose, entre elle et le plan osseux, se médiale, et ces deux parties correspondent, l’une aux ligaments
disposent deux tendons, le tendon calcanéen et le tendon du rétinaculaires du cou-de-pied, l’autre au rétinaculum des muscles
plantaire grêle sur son bord médial. fléchisseurs.

EMC - Podologie 3
27-000-A-10  Anatomie topographique du pied

Le passage de la loge postérieure et profonde de la jambe rétromalléolaire. Le tendon long fléchisseur des orteils peut impri-
vers la plante du pied se fait par l’intermédiaire du canal calca- mer son passage sur la face postérieure de la malléole médiale et
néen, la multiplicité des éléments constitutifs laisse prévoir sa y déterminer une gouttière. Cette gaine du tendon long fléchis-
complexité. seur commun des orteils comme celle du tendon tibial postérieur
Portion sus-malléolaire : axe tendineux est formée macroscopiquement par le rétinaculum des muscles
fléchisseurs, plus particulièrement par les éléments profonds de
Les trois tendons des muscles postérieurs et profonds de la
l’aponévrose postérieure et profonde de la jambe.
jambe présentent au cours de leur trajet deux croisements : l’un
proximal rétrotibial, où le tendon tibial postérieur passe en avant À la pointe de la malléole médiale, ce tendon et sa gaine cor-
du tendon du muscle long fléchisseur des orteils, l’autre distal respondent à la face médiale du talus et entrent en contact avec
et plantaire, où le tendon précédent s’insinue au-dessous du ten- l’insertion talienne postérieure du ligament collatéral médial de
don du muscle long fléchisseur de l’hallux. En raison d’une telle l’articulation talocrurale. L’étendue de ces rapports dépend pour
disposition, ces tendons pourvus d’une gaine propre sur la plus une part de l’importance de la gaine du tendon tibial postérieur : si
grande partie de leur trajet, n’auront plus qu’une gaine commune celle-ci est réduite, haut située, elle aura un contact plus large avec
à l’endroit de leurs croisements. La gaine commune des tendons le ligament collatéral médial, si la disposition inverse est relevée,
du muscle tibial postérieur et long fléchisseur des orteils appa- cas le plus fréquent, la gaine du tendon long fléchisseur commun
raît macroscopiquement comme une dépendance de l’aponévrose des orteils est repoussée et rapidement placée en regard de l’orifice
postérieure et profonde de la jambe. Le croisement de ces deux médial du sinus du tarse, fermé par le faisceau tibiocalcanéen du
tendons effectué, chacun d’eux glisse dans une gaine ostéofibreuse ligament collatéral médial. Le tendon se place sur le bord du sus-
propre. Ces gaines propres, constituées du point de vue macrosco- tentaculum tali où il creuse de façon inconstante une gouttière.
pique par l’aponévrose postérieure et profonde de la jambe, ont Le tendon et sa gaine dépassent parfois vers le haut ce sustenta-
entre elles (plan ostéoarticulaire tibiotarsien et tarsien postérieur) culum tali et entrent en rapport avec l’articulation talocrurale au
des rapports variables. contact du ligament collatéral médial de l’articulation talocrurale
La gaine du tendon tibial postérieur, individualisée en arrière du et du ligament calcanéonaviculaire plantaire.
pilon tibial, devient rétromalléolaire. Cette disposition rétromal- Au contact du bord médial du calcanéus oblique en avant et en
léolaire imprime sur la face postérieure de la malléole tibiale une dehors du sustentaculum tali, le tendon long fléchisseur des orteils
gouttière plus ou moins accusée sur les lèvres médiale et latérale de rejoint le tendon fléchisseur de l’hallux à l’extrémité antérieure
laquelle se fixe la gaine du tendon. En dedans, vers la lèvre médiale du calcanéus où les deux tendons seront dans une gaine fibreuse
de cette gouttière, cette gaine, dépendance de l’aponévrose posté- commune.
rieure et profonde de la jambe, apparaît formée par le rétinaculum La gaine du tendon long fléchisseur de l’hallux se forme à la
des muscles fléchisseurs résultant de l’accolement des deux apo- partie distale de la jambe, en amont de l’interligne talocrural ou
névroses postérieures profonde et superficielle de la jambe. En à son niveau. En arrière du talus, le tendon est maintenu dans
dehors, cette gaine reste limitée à la gouttière osseuse rétromal- un canal ostéofibreux étroit dont les éléments fibreux unissent
léolaire ou au contraire la dépasse vers l’interligne articulaire les deux tubercules postérieurs du talus. Au cours de son trajet,
talocrural au contact avec les fibres postérieures du ligament col- la gaine amène ce tendon long fléchisseur de l’hallux successive-
latéral médial. Les rapports topographiques de cette gaine avec ment sur l’interligne sous-talien où la gaine s’accole à la capsule
le ligament de l’articulation talocrurale sont essentiels. La gaine articulaire puis dans un canal ostéofibreux serré dont la gout-
du tendon tibial postérieur avec ses connexions avec le ligament tière osseuse est toujours nettement visible à la face plantaire
collatéral médial en arrière de la malléole médiale, se fixe sur ce du sustentaculum tali. Cette gouttière osseuse s’efface près de
ligament avec lequel elle reste en contact jusque près de sa partie l’extrémité antérieure du calcanéus et les deux gaines ostéofi-
terminale. Ce glissement vers le bas de la gaine du tendon tibial breuses des tendons longs fléchisseurs des orteils et de l’hallux,
postérieur l’amène soit en regard de l’articulation sous-talienne, s’accolent puis perdent leur paroi commune. La gaine commune
soit au niveau de la partie haute du sustentaculum tali (petite des deux tendons est fixée profondément au calcanéus ou super-
apophyse du calcanéus). ficiellement à la gaine du muscle adducteur de l’hallux, formée
par le dédoublement de l’aponévrose dorsale superficielle plus
Portion sous-malléolaire : axe tendineux ou moins renforcée par le rétinaculum inférieur des muscles
Dans ce segment sous-malléolaire, la gaine est constituée pro- extenseurs. Son épais plafond, au contact du ligament calca-
fondément par le ligament collatéral médial de l’articulation néonaviculaire plantaire est constitué d’une forte lame fibreuse
talocrurale et plus en avant au ligament calcanéonaviculaire unissant le calcanéus à la gaine du muscle adducteur de l’hallux
plantaire renforcée par le rétinaculum inférieur des muscles exten- que renforcent les fibres de l’expansion récurrente du tendon tibial
seurs. Cette aponévrose dorsale et son renforcement, comme le postérieur.
rétinaculum des muscles fléchisseurs, en arrivant sur le bord supé-
rieur du muscle adducteur de l’hallux se divisent pour l’engainer
en une lame superficielle qui renforce la portion médiale de Rapports tendineux et axes vasculonerveux
l’aponévrose plantaire superficielle et en une lame profonde qui Les trois tendons des muscles postérieurs et profonds sont
contribue à former la gaine du tendon tibial postérieur. À ce accompagnés par le paquet vasculonerveux tibial postérieur qui
niveau, le tendon adhère par sa face superficielle à la gaine qui se divise dans le canal calcanéen. Le paquet vasculonerveux tibial
le contient, jouant le rôle de tenseur de cette gaine et émet par postérieur d’abord contenu dans la partie basse de la jambe dans la
son bord profond des expansions tendineuses, parmi lesquelles loge du muscle long fléchisseur de l’hallux s’isole de ce dernier en
l’expansion récurrente ou calcanéenne et, en rejoignant le sus- amont de l’interligne talocrural ou à son niveau le tendon devient
tentaculum tali, renforce la gaine commune des tendons longs pourvu d’une gaine propre.
fléchisseurs des orteils et long fléchisseur de l’hallux. À la hauteur de la partie haute du calcanéus, la loge des vais-
La gaine propre du long fléchisseur des orteils, dérivée de la seaux et des nerfs s’élargit, s’allonge. Son plan de couverture
gaine commune de ce tendon et de celui du tibial postérieur d’abord constitué par le rétinaculum des muscles fléchisseurs
montre des rapports et une constitution plus variable par rapport comprend le muscle adducteur de l’hallux que ce ligament
à celle du tendon tibial postérieur. Cette gaine peut en arrière de engaine. Sa paroi profonde est constituée en avant des gaines
la malléole médiale, garder cette situation qui lui fait recouvrir la des deux tendons longs fléchisseurs des orteils et de l’hallux, qui
moitié latérale de la gaine du tendon précédent ou au contraire s’appliquent sur la face médiale du calcanéus, du muscle carré
se placer plus en dehors et, suivant le cas, rester postérieure au plantaire qui recouvre progressivement cette paroi médiale de
tendon tibial postérieur ou le laisser complètement découvert. l’os et refoule en arrière et en distal l’aponévrose postérieure et
En conséquence de ce glissement plus ou moins accentué de la profonde de la jambe, élément constitutif du rétinaculum des
gaine de ce tendon long fléchisseur des orteils et son tendon se muscles fléchisseurs. À ce niveau, le paquet vasculonerveux, prêt
mettent en rapport avec la capsule articulaire talocrurale, à moins à se diviser, reste au contact des deux gaines des deux tendons
que la gaine du tendon tibial postérieur soit assez étroite pour per- longs fléchisseurs des orteils et de l’hallux au contact de la partie
mettre à la gaine du tendon long fléchisseur des orteils de rester plantaire du talus puis avec l’interligne sous-talien.

4 EMC - Podologie
Anatomie topographique du pied  27-000-A-10

Parvenu en regard de la face médiale du calcanéus, le paquet


vasculonerveux se divise en deux paquets, l’un plantaire médial et
l’autre plantaire latéral, la division du nerf précède celle de l’artère.
Ainsi, apparaît dans la fourche créée par la bifurcation du paquet
vasculonerveux le bord libre, falciforme, d’une lame interfascicu-
laire, qui sépare l’un de l’autre les deux paquets vasculonerveux
plantaires. Cette lame interfasciculaire d’abord assez large, puis
diminuant progressivement sa hauteur au fur et à mesure qu’elle
descend vers la partie basse du canal calcanéen se fixe primitive-
ment par son bord latéral ou profond le long de la gaine du tendon
long fléchisseur propre de l’hallux au voisinage du muscle carré
plantaire sur le revêtement duquel elle va s’insérer. Ce bord pro-
fond de la lame interfasciculaire la coupe obliquement jusqu’à sa
terminaison correspondant au sillon plantaire médial. Figure 1. Vue latérale de la gouttière rétromalléolaire latérale avec les
Par son bord médial, cette lame interfasciculaire prend d’abord deux tendons des muscles fibulaires.
insertion sur le rétinaculum des muscles fléchisseurs pour
atteindre le muscle adducteur de l’hallux revêtu de sa gaine. Ce
bord croise obliquement le feuillet profond de cette gaine succes- Plan celluleux aponévrotique
sivement constituée par les feuillets de dédoublement profonds Le tissu sous-cutané est rarement graisseux sur la malléole et
du rétinaculum des muscles fléchisseurs puis de l’aponévrose dor- donne aux téguments une certaine mobilité. Le pannicule adipeux
sale et superficielle du pied, enfin du rétinaculum inférieur des s’amasse en avant et en arrière de la malléole.
muscles extenseurs. Au cours de ce trajet, cette lame, sensiblement L’aponévrose présente quelques orifices destinés au passage des
horizontale à sa partie proximale, devient réduite à sa terminai- artérioles cutanées et des veines communicantes. Elle se conti-
son. Son bord supérieur, concave vers la fourche vasculaire, par nue, en proximal avec l’aponévrose jambière et en distal avec
son extrémité profonde remonte le long de la gaine du tendon l’aponévrose plantaire latérale. Dans la partie postérieure de la
long fléchisseur de l’hallux jusqu’à la face supérieure du calca- région, elle forme la gaine du tendon calcanéen. À la hauteur
néus, cependant que par son extrémité superficielle, elle se fixe de l’interligne talocrural, ses fibres se tassent et forment deux
sur la partie basse du rétinaculum des muscles fléchisseurs prêt à bandelettes bien apparentes. L’une se fixe sur le bord antérieur
se dédoubler pour engainer le muscle adducteur de l’hallux. Par sa du creux talocalcanéen pour constituer les ligaments rétinacu-
terminaison, très étroite, cette lame unit le bord médial du muscle laires du cou-de-pied. L’autre est le rétinaculum des muscles
carré plantaire au sillon plantaire médial. fibulaires et se confond avec le périoste de la malléole latérale,
Les deux paquets vasculonerveux plantaire médial et plantaire se dirige en bas, en arrière, et se rend sur la face latérale du
latéral, ainsi séparés dès leur origine par la lame interfascicu- calcanéus.
laire vont s’écarter l’un de l’autre et cheminer chacun dans un Les artérioles cutanées proviennent de la malléolaire latérale.
conduit fibreux. Le conduit fibreux plantaire médial, triangulaire Les veines superficielles, situées en avant de la malléole, se
à la coupe, offre à considérer une paroi supérieure ou antérosu- rendent presque toutes dans la grande veine saphène. Les autres
périeure, répondant d’abord aux gaines des deux tendons long se réunissent et constituent le tronc de la petite veine saphène
fléchisseur des orteils et long fléchisseur de l’hallux et à l’espace qui suit le bord postérieur de la malléole latérale et passe dans la
qui les sépare, puis au plancher de la gaine commune à ces deux région jambière postérieure. Les lymphatiques superficiels suivent
tendons ; une paroi médiale ou superficielle, faite de la partie le trajet des veines.
basse du rétinaculum des muscles fléchisseurs, puis du feuillet On peut quelquefois suivre, jusqu’au cou-de-pied, les rameaux
profond de la gaine du muscle adducteur de l’hallux successi- de la branche cutanée fibulaire du fibulaire commun. En avant de
vement constitué par le feuillet de dédoublement profond du la malléole, la branche cutanée latérale du nerf fibulaire superficiel
rétinaculum des muscles fléchisseurs puis de l’aponévrose dorsale et en arrière le nerf cutané sural médial accompagnent la veine
et superficielle du pied et du rétinaculum inférieur des muscles dont les rameaux se répandent dans la peau du cou-de-pied et du
extenseurs [16, 17] . bord latéral du pied.

Gouttière rétromalléolaire latérale


Plan rétromalléolaire : tendineux
Morphologie de surface La portion est occupée par les deux tendons fibulaires. D’abord
La peau est moins fine que dans la région médiale, elle devient verticaux et appliqués contre la face postérieure de la malléole,
très épaisse au niveau du tendon calcanéen. En regard de la peau se ils se réfléchissent, le long fibulaire, en direction de la gouttière
situe une saillie osseuse formée par la malléole latérale un peu plus plantaire du cuboïde et le court fibulaire en direction du proces-
arrière que celle de la malléole médiale. Elle est plus longue, plus sus styloïde du cinquième métatarsien. Ces deux tendons sont
proéminente et moins large que cette dernière. Le creux malléo- entourés d’une bourse conjonctive de glissement commune qui
laire antérieur est à peine prononcé et disparaît complètement dès remonte à 2 centimètres en amont de la limite supérieure du cou-
que la synoviale talocrurale est le siège d’un épanchement. Plus de-pied. À 1 centimètre en aval du sommet de la malléole, au point
en avant, se situe une surface régulièrement arrondie, lorsque les où les deux tendons commencent à diverger, il se détache, de
muscles sont au repos ; il suffit de faire exécuter quelques mou- la face profonde du rétinaculum des muscles fibulaires, une cloi-
vements aux orteils pour y apercevoir les reliefs tendineux du son qui s’implante sur une crête de la face latérale du calcanéus
fibulaire antérieur et des tendons du muscle long extenseur des et qui sépare les deux tendons l’un de l’autre. C’est à partir de
orteils. ce point que la bourse conjonctive de glissement devient bifide
Le creux malléolaire postérieur forme une gouttière verticale, dans son ensemble sous la forme d’un Y renversé. Les tendons des
peu profonde, plus large en distalité. Il se poursuit par le creux mal- fibulaires sont maintenus dans des coulisses ostéofibreuses très
léolaire antérieur sous la forme d’une dépression qui contourne résistantes (Fig. 1, 2).
le sommet de la malléole. La contraction des tendons fibulaires La face latérale du cou-de-pied ne renferme pas de vaisseaux
détermine, en arrière de la malléole latérale, la formation de deux importants en avant, seule l’artère malléolaire latérale qui naît de
saillies qui soulèvent la peau. L’une, oblique en bas et en avant, l’artère tibiale antérieure au niveau des ligaments rétinaculaires du
va de la malléole à l’extrémité postérieure du cinquième métatar- cou-de-pied, quelquefois plus haut, passe en arrière des tendons
sien pour le tendon du court fibulaire. L’autre, beaucoup moins du muscle long extenseur des orteils et se termine en donnant
oblique, se dirige vers le cuboïde et correspond au long fibulaire. des rameaux malléolaires, articulaire et calcanéens latéraux, sur le
Plus en arrière, le tendon calcanéen devient d’autant plus proémi- côté latéral du tendon calcanéen, le rameau terminal postérieur
nent que les gastrocnémiens et le soléaire sont contractés [18] . de l’artère fibulaire.

EMC - Podologie 5
27-000-A-10  Anatomie topographique du pied

Figure 2. Vue latérale de la région malléolaire avec les tendons fibulaires


et les branches de division du nerf cutané sural.

 Médiopied et avant-pied
Figure 3. Vue dorsale du pied avec mise en évidence du réseau lym-
Les structures anatomiques de l’avant-pied s’étendent de phatique.
l’interligne tarsométatarsien (Lisfranc) à la partie antérieure du
pied.
métatarse. De l’extrémité médiale de cette arcade part une veine
dorsale médiale du pied qui, réunie à quelques autres branches
Face dorsale veineuses, forme la grande veine saphène. En dehors, la petite
veine saphène se trouve constituée, d’une manière analogue, par
Plan cutané la veine marginale latérale. Tout ce lacis veineux communique, sur
La peau est mince dans toute l’étendue de la région et devient les parties latérales, avec les veines superficielles, très peu dévelop-
surtout extrêmement fine sur le bord médial du pied. Au milieu de pées, de la région plantaire [19–21] (Fig. 3).
cette surface, on observe par transparence des traînées bleuâtres Le réseau lymphatique superficiel couvre de ses innombrables
formées par les veines superficielles. Sur les orteils, le derme aug- ramifications toute la face dorsale des orteils, du métatarse et du
mente sensiblement d’épaisseur. Les poils, très peu abondants, tarse, s’anastomosant largement avec le réseau de la plante du
même chez l’homme adulte, se développent principalement sur pied, et se continuant, du côté de la jambe, par des troncs qui
la phalange proximale des orteils. suivent le trajet des veines, principalement des veines dorsales
La face dorsale du pied est convexe en arrière, mais cette médiales.
convexité diminue, d’arrière en avant, et se termine par un véri-
table méplat, au niveau de la racine des orteils. Son bord médial, Plan nerveux
très surélevé, forme une voûte étendue du calcanéus à l’extrémité
antérieure du premier métatarsien, son bord latéral, beaucoup Les rapports topographiques des nerfs sont essentiels à connaî-
plus aplati, porte sur le sol dans toute son étendue. tre dans le cadre des techniques d’anesthésies locales et en raison
Chez les jeunes enfants, chez les sujets obèses, ou lorsque le des voies d’abord chirurgicales. Les variations observées sont une
tissu sous-cutané est infiltré, cette région devient uniformément des caractéristiques de ces branches [22–24] .
arrondie. Dans les conditions opposées, le tégument se trouve tel- Le nerf fibulaire profond passe, le plus souvent en dehors avec
lement rapproché du squelette qu’il est facile d’apprécier, par le l’artère dorsale du pied, en arrière des ligaments rétinaculaires du
palper, la forme des os et la plupart des lésions dont ils peuvent cou-de-pied. Il se situe, comme l’artère, entre le premier faisceau
être le siège. Lorsque les muscles de la région antérieure de la du muscle court extenseur des orteils et le tendon du muscle long
jambe se contractent, leurs tendons soulèvent le tégument comme extenseur de l’hallux. Puis, il passe en arrière du premier tendon
des cordes. Ces saillies tendineuses sont, en allant de dedans en du muscle court extenseur des orteils, suit d’un bout à l’autre la
dehors : celles des muscles du tibial antérieur, de l’extenseur de face supérieure du premier interosseux dorsal, et, parvenu dans le
l’hallux, de l’extenseur des orteils et du muscle troisième fibu- premier espace interdigital, se divise en deux branches terminales :
laire. En arrière et en dehors se situe une saillie du corps charnu le collatéral dorsal profond latéral du premier orteil et le collatéral
du muscle court extenseur des orteils. dorsal profond médial du second orteil.
Le nerf fibulaire superficiel se divise en deux branches termi-
nales : le nerf cutané dorsal intermédiaire (ou nerf cutané dorsal
Plan celluloaponévrotique latéral) et le nerf cutané dorsal médial. Le nerf cutané dorsal
Le tissu conjonctif sous-cutané est souple, très extensible, rare- médial est la branche la plus importante, passant au milieu de
ment adipeux chez l’homme adulte. L’aponévrose, assez mince, se la ligne bimalléolaire et se dirigeant parallèlement au muscle
moule exactement sur les parties sous-jacentes. En continuité avec long extenseur du premier orteil. Durant ce trajet, ce nerf se
les ligaments rétinaculaires antérieur du cou-de-pied, du rétinacu- divise en de nombreuses branches cutanées au voisinage de
lum des muscles fléchisseurs et des fibulaires du tarse, elle recouvre l’articulation talonaviculaire et se subdivise en trois rameaux en
toute la face dorsale du pied en se dédoublant et engainant tous direction du premier métatarsien. Tous ces rameaux s’entrelacent
les tendons. Soulevée au niveau de chaque métatarsien, déprimée avec les veines superficielles de la face dorsale du pied qui sont
dans les espaces interdigitaux, elle se termine en formant à chaque superficielles, par rapport aux rameaux nerveux au niveau du
orteil une gaine dorsale. médiopied, l’inverse se produit au niveau de la partie distale
Les veines superficielles du pied réunies sur la face dorsale tirent de l’avant-pied. Les branches de division du nerf cutané dor-
leur origine des veines collatérales des orteils qui viennent abou- sal médial sont au nombre de trois : rameaux médial, moyen
tir à la convexité d’une arcade, située à la partie antérieure du et latéral.

6 EMC - Podologie
Anatomie topographique du pied  27-000-A-10

La branche médiale ou nerf cutané dorsal médial est la division de cette phalange et se fixe, en s’épanouissant, sur l’extrémité
la plus constante, elle passe entre le milieu de la ligne intermalléo- postérieure de la phalange unguéale. Sa bourse conjonctive des-
laire et la jonction tiers médial/tiers moyen de cette ligne, toujours cend jusqu’au niveau de l’articulation médiotarsienne, souvent
à plus de 2 centimètres de la malléole médiale. Il se dirige vers le plus distale. Les tendons du long extenseur des orteils et le
côté médial de l’articulation métatarsophalangienne de l’hallux, muscle troisième fibulaire peuvent être considérés comme un
en avant et en dedans, pour donner le nerf digital dorsomédial seul et même muscle ; ils sont contenus dans la même coulisse
de l’hallux (nerf collatéral médial du premier métatarsien). Il naît et accompagnés d’une même bourse conjonctive qui va jusqu’à
en arrière du rétinaculum inférieur des muscles extenseurs et ne l’articulation tarsométatarsienne, ou jusqu’à la partie moyenne du
dépasse jamais la phalange proximale de l’hallux. métatarse, selon les sujets. Le muscle troisième fibulaire s’insère
Le rameau moyen se dirige vers le premier espace interosseux à l’extrémité postérieure du cinquième métatarsien. Les tendons
où il s’anastomose avec le nerf fibulaire profond pour donner du long extenseur des orteils croisent très obliquement la direc-
le nerf digital dorsolatéral de l’hallux et le nerf dorsomédial du tion du muscle court extenseur des orteils qui leur est sous-jacent,
second métatarsien. Ce rameau naît, en regard du faisceau médial puis ils gagnent la face dorsale des articulations métatarsophalan-
du muscle court extenseur des orteils. Le rameau latéral se dirige giennes des quatre derniers orteils, en s’accolant au bord médial
vers le deuxième espace interosseux pour donner les nerfs digital, des tendons correspondants du muscle court extenseur des orteils.
dorsal, latéral du deuxième métatarsien et, digital dorsal médial À partir de ce point, ils se comportent comme les tendons du
du troisième métacarpien. muscle long extenseur des orteils et reçoivent les expansions
Le nerf cutané dorsal intermédiaire constitue la branche latérale des lombricaux, formant une gaine fibreuse à la face dorsale
du nerf fibulaire superficiel, et chemine à l’aplomb du troisième de la phalange proximale, et se divisent en trois languettes sur
espace interosseux pour donner les nerfs digitaux dorsolatéraux l’articulation interphalangienne proximale. La languette médiane
du troisième métatarsien et, dorsal-médial du quatrième métatar- se fixe à l’extrémité postérieure de la phalange intermédiaire.
sien et les nerfs digitaux dorsolatéraux du quatrième métatarsien Les deux languettes latérales se fusionnent sur la face dorsale
et dorsolatéraux du cinquième métatarsien. Il croise l’extenseur de la phalange intermédiaire, et vont s’implanter à la base de la
commun des orteils. Les branches terminales sont destinées aux phalange distale.
sept ou neuf premiers nerfs digitaux-dorsaux des métatarsiens et Le muscle court extenseur des orteils recouvert par les tendons
des filets cutanés sont destinés aux téguments de la face dorsale de l’extenseur et du troisième fibulaire, forme une petite masse
du pied, mais les variations anatomiques sont nombreuses, pas quadrilatère dont le grand axe se dirige en avant et en dedans.
moins de douze variantes sont décrites. Son extrémité postérieure s’insère dans le creux talocalcanéen et
Le nerf fibulaire superficiel présente des anastomoses par à toute la partie du calcanéus qui est en avant de ce creux. Son
convergence avec quatre branches sensitives : nerf cutané sural extrémité antérieure se divise en quatre faisceaux dont les tendons
latéral, nerf fibulaire profond (tibial antérieur), nerf sural et nerf aboutissent au côté latéral des tendons du muscle long extenseur
saphène. des orteils des quatre premiers orteils. Par sa face superficielle, le
Le nerf cutané dorsal latéral ou saphène fibulaire traverse le muscle court extenseur des orteils n’est pas immédiatement en
fascia crural au niveau de la partie moyenne du mollet pour se rapport avec l’aponévrose dorsale du pied, il en est séparé par une
distribuer aux téguments de la malléole latérale et au niveau des aponévrose qui lui forme une gaine propre et qui se prolonge,
faces latérale et postérieure du talon. Il chemine en dehors de la en dedans, jusqu’au bord médial du pied, en passant en avant
petite veine saphène et s’unit en avant du cou-de-pied au rameau de l’artère dorsale du pied. Le muscle court extenseur des orteils
malléolaire latéral du fibulaire superficiel. Il suit le bord latéral du recouvre une portion du tarse, du métatarse et des muscles interos-
pied et donne presque toujours un collatéral latéral au cinquième seux dorsaux. Son premier faisceau longe d’abord le côté latéral de
orteil, alors même que cet orteil en a déjà reçu un du nerf fibulaire l’artère dorsale du pied, puis il la croise, au moment où cette artère
superficiel. Il fournit assez souvent les trois derniers collatéraux va s’enfoncer dans le premier espace interosseux, pour atteindre
dorsaux. la région plantaire.
Les anastomoses avec le nerf fibulaire profond sont constantes.
La branche terminale devient sous-aponévrotique et se dirige vers
le premier espace interdigital à une distance moyenne de 6 cm par
Plan artériel
rapport au nerf fibulaire profond. L’artère dorsale du pied constitue l’axe du réseau de vasculari-
L’anastomose avec le nerf sural est constante, située au voisi- sation dorsale. Elle naît à plein canal de la tibiale antérieure, qui
nage de l’angle du rétinaculum inférieur des extenseurs. prend le nom d’artère dorsale du pied au niveau du cou-de-pied,
L’anastomose avec le nerf saphène est inconstante (25 % des en regard du bord inférieur du rétinaculum inférieur des fléchis-
cas) située au voisinage de l’articulation métatarsophalangienne seurs qu’elle sous-croise, au point où le tendon du long extenseur
du premier métatarsien. de l’hallux devient médial à l’axe artériel [25] .
Le bord médial de la région est longé par le nerf saphène, dont De son origine, l’artère dorsale du pied chemine sur le dos du
les dernières ramifications ne dépassent généralement pas la partie tarse, prenant une direction sensiblement parallèle à l’axe du pied,
postérieure du métatarse. Quelquefois ce nerf se prolonge bien légèrement oblique d’arrière en avant et de dehors en dedans.
plus en avant, et va former le collatéral médial de l’hallux (Fig. 4). Elle suit un trajet à peine curviligne dont la concavité, supéro-
Le nerf saphène s’anastomose avec le rameau médial au interne, présente un coude au niveau de la naissance de l’artère
voisinage de l’articulation métatarsophalangienne du premier tarsienne latérale. L’artère dorsale du pied est tendue du milieu
métatarsien, il fournit rarement le nerf digital dorsal médial du de la ligne intermalléolaire, à l’extrémité postérieure du pre-
premier métatarsien. Le nerf fibulaire accessoire profond prolonge mier espace intermétatarsien dans lequel elle plonge en formant
le nerf du muscle fibulaire et ne s’anastomose pas avec le nerf un genou à concavité postérieure. Elle traverse verticalement les
fibulaire superficiel. muscles interosseux, vers la région plantaire, pour s’anastomoser
La division s’effectue toujours en deux branches, en amont du à plein canal avec l’artère plantaire latérale.
rétinaculum supérieur des muscles extenseurs. Dans son trajet dorsal, l’artère dorsale du pied est accompagnée
de deux veines satellites et du nerf fibulaire profond. Elle repose
sur les os du tarse et leurs articulations, encadrée par le tendon du
Plan tendineux long extenseur de l’hallux en médial et le corps charnu du muscle
Leur individualisation est un des éléments de base permis par court extenseur des orteils en latéral. Dans sa portion proximale,
leur contraction et constitue un repère anatomique précis pour elle est recouverte par le double feuillet du fascia dorsal du pied et
les voies d’abord chirurgicales. Leur disposition est constante. de l’aponévrose du muscle court extenseur des orteils, dans sa por-
Le tendon tibial antérieur traverse obliquement, de dedans tion distale par le premier faisceau du muscle court extenseur des
en dehors et de haut en bas, la partie postérieure de la région. orteils qui la croise obliquement. L’artère dorsale du pied est un
Le tendon du muscle long extenseur de l’hallux suit la face axe superficiel, palpable au bord latéral du tendon du long exten-
dorsale du premier métatarsien, puis recouvre la première pha- seur de l’hallux. Le calibre de l’artère dorsale du pied très variable
lange de l’hallux, en envoyant une expansion sur les deux côtés est ordinairement proportionné à celui de la tibiale antérieure.

EMC - Podologie 7
27-000-A-10  Anatomie topographique du pied

Figure 4. Vue dorsale du pied destinée à montrer les variations des nerfs sensitifs : nerf fibulaire superficiel (1), nerf cutané dorsal latéral (2), nerf fibulaire
profond (3), branche profonde émergeante du nerf fibulaire profond (4). Types I à IV : différents types de division du nerf fibulaire superficiel au dos du pied
avec nombre rencontrés dans nos dissections (30 cas). Type I = 24 cas ; type II = 3 cas ; type IV = 3 cas. Types V à VII : autres types de division du nerf fibulaire
superficiel.

Les vaisseaux sont longés par quelques troncs lymphatiques sus-tarsienne médiale se dirige en avant et en dedans, jusqu’à
profonds qui passent, avec eux, en arrière des ligaments rétina- l’extrémité postérieure du premier métatarsien et forme la col-
culaires du cou-de-pied. latérale médiale de l’hallux, le plus souvent, elle s’abouche avec
L’artère dorsale du pied fournit deux branches au niveau du la plantaire médiale. L’artère tarsienne latérale transversalement
tarse, l’une sur sa face médiale, l’autre sur sa face latérale. L’artère en dehors passe en arrière du muscle court extenseur des orteils,

8 EMC - Podologie
Anatomie topographique du pied  27-000-A-10

A B
Figure 5.
A. Coupe coronale de l’articulation métatarso-phalango-sésamoïdienne de l’hallux et des têtes métatarsiennes.
B. Coupe sagittale de l’articulation métatarso-phalango-sésamoïdienne de l’hallux. 1. Phalange ; 2. sésamoïde ; 3. métatarse.

fournit des rameaux à tout le côté latéral du tarse et s’anastomose,


d’une part, avec la malléolaire latérale et d’autre part, avec les
branches sus-métatarsiennes.
Au niveau de l’extrémité proximale du métatarse naissent deux
branches l’une médiale, très petite, avec la métatarsienne médiale,
l’autre, beaucoup plus importante, avec la tarsienne latérale. Elle
se détache de l’artère dorsale du pied très près du premier espace
interosseux pour constituer l’artère arquée à concavité posté-
rieure. L’interosseuse du premier espace fait directement suite
à l’artère dorsale du pied qui peut être considérée comme une
branche terminale.

Barre métatarsienne
Elle est l’objet d’une pathologie fréquente avec des protocoles
thérapeutiques multiples par abord chirurgical à ciel ouvert ou en
Figure 6. Vue latérale des têtes métatarsiennes en regard de
percutané. La surcharge mécanique de cette zone induit des réac-
l’articulation métatarsophalangienne avec le trajet du nerf collatéral digital
tions des structures périarticulaires que les moyens d’explorations
et son rapport avec le ligament transverse inter-capito-métatarsien.
cliniques et radiographiques doivent mettre en évidence.
Structures osseuses
Classiquement, on considère que les cinq têtes métatarsiennes normal, le tissu conjonctif sous-sésamoïdien est très adhérent à la
dessinent une arche dans le plan frontal dont la clé de voûte peau et s’adapte aux contraintes de cisaillement qui, à cet endroit,
est la deuxième tête. En statique il n’y a pas d’arche antérieure, sont très importantes. La première tête métatarsienne est entourée
mais un appui global des têtes métatarsiennes par l’intermédiaire de nombreuses bourses conjonctives, parmi lesquelles les bourses
des tendons fléchisseurs avec le sol modifiant ainsi les pressions sésamoïdiennes. Dans certaines circonstances se crée, par déla-
sous les têtes métatarsiennes. C’est le premier espace qui est tou- mination du tissu conjonctif, une bourse conjonctive entre les
jours le plus large, l’écart le moins important étant celui du sésamoïdes et la peau (Fig. 5)
deuxième espace. Les articulations métatarsophalangiennes sont Palettes des métatarsiens latéraux : espace inter-capito-
à la base des mouvements de ce clavier métatarsien. Deux régions métatarsien [28] . Les articulations métatarsophalangiennes
s’individualisent avec l’axe métatarsophalangien de l’hallux et la dominent la pathologie régionale avec l’espace inter-capito-
palette des métatarsiens latéraux : 2, 3, 4, 5 [26, 27] . métatarsien. Cette espace se situe à l’aplomb des têtes des
Colonne de l’hallux. L’articulation métatarso-phalango- métatarsiens et possède deux étages, un étage plantaire et un
sésamoïdienne subit des contraintes mécaniques considérables en étage dorsal. L’étage plantaire ou canal fibreux inter-capito-
raison de sa topographie fonctionnelle entre le triangle statique métatarsien est limité en haut par le ligament transverse
postérieur et le triangle dynamique antérieur. Son fonctionne- inter-capito-métatarsien et en bas par les fibres transversales de
ment qui associe une articulation condylaire et une ginglyme n’est l’aponévrose plantaire superficielle, puis par le ligament palmant
pas parfaitement élucidé et intervient dans la physiopathologie interdigital : les bandelettes sous-tendineuses envoient, au niveau
des déséquilibres de l’avant-pied. Toute anomalie de positionne- de chaque articulation métatarsophalangienne, deux languettes
ment et de déplacement des sésamoïdes sous la tête du premier latérales qui passent sagittalement de part et d’autre des tendons
métatarsien peut être à l’origine d’une déformation du premier fléchisseurs qui perforent le ligament intermétatarsien transverse
rayon avec apparition d’un métatarsus varus et d’un hallux valgus. (Fig. 6, 7).
Les sésamoïdes sont inclus dans la plaque située à la face Ces fibres qui constituent les parois latérales du tunnel
plantaire de l’articulation métatarso-phalango-sésamoïdienne de fibreux inter-capito-métatarsien, ménagent entre elles deux sortes
l’hallux. Cette plaque sésamoïdienne, concave d’avant en arrière, d’arcades fibreuses horizontales. Les arcades digitales se situent à
s’inscrit dans un arc de cercle frontal asymétrique et présente deux la face plantaire de chaque articulation métatarsophalangienne et
empreintes pour les sésamoïdes qui sont interposés entre la tête du sont en contact avec les tendons fléchisseurs, les arcades interdi-
premier métatarsien et le sol. Sur une coupe frontale on retrouve gitales entre les précédentes forment le plancher du canal fibreux.
plusieurs éléments : le plan cutané est de même épaisseur que Le nerf digital est dans le premier, deuxième, quatrième espace
sous le talon et constitue le dernier contact avec le sol lors du plus proche de la tête métatarsienne latérale. Alors que dans le troi-
décollement des orteils à la fin du pas. La graisse plantaire basale sième espace, il est plus proche de la tête métatarsienne médiale.
est de même structure qu’à la face palmaire de la main. À l’état La bifurcation du nerf digital en nerfs collatéraux se fait toujours

EMC - Podologie 9
27-000-A-10  Anatomie topographique du pied

rattachés pour les premier, deuxième et troisième au talus et les


quatrième et cinqiuième au calcanéus. Classiquement, on consi-
dère que les cinq têtes métatarsiennes dessinent une arche dans
le plan frontal dont la clé de voûte est la deuxième tête.

Plan cutanéocelluleux
La peau de la plante du pied se caractérise par sa fixité. Il
existe entre la sole plantaire et l’aponévrose des cloisons de tissu
conjonctif qui empêchent tout cisaillement de se produire. Entre
ces cloisons, se trouve un tissu cellulaire graisseux qui consti-
tue un coussinet de transmission élastique qui éponge toutes les
contraintes. Les éléments sensitifs cutanés qui informent sur la
position sont constitués de mécanorécepteurs à adaptation rapide
ou lente. La répartition de la sensibilité est variable selon le site
plantaire. Il apparaît que la sensibilité des orteils et du bord latéral
du pied est plus développée que celle des autres régions. La peau
Figure 7. Coupe anatomique coronale des espaces inter-capito- de la région plantaire est entièrement glabre. Elle diffère beaucoup
métatarsiens avec les rapports articulaires, vasculaires et nerveux. d’aspect suivant les points où on la considère : lisse et fine dans
les points qui répondent au creux plantaire et qui ne se trouvent
pas comprimés pendant la marche et la station debout, elle est, au
en avant du bord antérieur du ligament transverse intermétatar- contraire, dure et cornée dans ceux qui correspondent aux points
sien dans les deuxième, troisième et quatrième espaces, à une d’appui, plus particulièrement au niveau du talon et de la tête
distance variant entre 10 et 5 mm. Le plus souvent, le nerf interdi- des premier, troisième et cinquième métatarsiens. Il se forme par-
gital croise, en arrière de la métatarsophalangienne, le bord distal fois, en ces points, de véritables durillons. La peau de la plante du
du ligament intermétatarsien, puis se bifurque en nerfs collatéraux pied est dépourvue de glandes sébacées avec de très nombreuses
qui croisent, en avant de l’articulation métatarsophalangienne, glandes sudoripares. La sécrétion de ces glandes peut, chez certains
le bord postérieur puis la face profonde du ligament palmant sujets, devenir pathologique en déterminant une macération de
interdigital. Dans chacun de ces canaux on trouve le paquet vas- l’épiderme qui aboutit souvent à une fissuration (hyperhidrose
culonerveux plantaire et le muscle lombrical. plantaire).
Les artères interosseuses qui, par division, donnent les artères
collatérales des orteils, viennent de l’arcade plantaire et se dis- Tissu cellulaire sous-cutané
posent à la face plantaire du ligament transverse. L’artère satellite
du nerf se place en dorsal par rapport au nerf.
La peau est doublée d’une couche graisseuse, mince au niveau
Les muscles lombricaux, au nombre de quatre, se détachent
de la voûte, très épaisse au contraire au niveau des points
des tendons du long fléchisseur des orteils et sont placés du côté
d’appui et notamment au niveau du calcanéus, où elle atteint
de l’espace intermétatarsien par référence à l’axe de l’hallux. À 2 centimètres. Les lobules adipeux sont emprisonnés dans des
la face dorsale du ligament transverse intermétatarsien se situe sortes de cloisons fibreuses qui vont du derme à l’aponévrose
une bourse conjonctive de glissement qui assure le glissement et plantaire et les empêchent de s’affaisser en s’étalant.
le contact intermittent entre les têtes des métatarsiens (bourse
inter-capito-métatarsienne). Cette bourse jusqu’ici méconnue,
n’est ni une synoviale ni une séreuse, mais un simple tissu Vaisseaux et nerfs superficiels
conjonctif de glissement, placé entre les têtes métatarsiennes leur Les artères proviennent, à la partie toute postérieure de la
assurant une parfaite mobilité dans le sens vertical : grâce à elles région, des branches calcanéennes de l’artère tibiale postérieure, à
(véritable « roulement à bille ») les têtes métatarsiennes assument la partie moyenne et à la partie antérieure, de la plantaire médiale
leurs fonctions. et de la plantaire latérale.
Les veines superficielles sont petites, mais extrêmement nom-
breuses sous le nom de semelle veineuse. Les troncs et troncules
Rapports topographiques de la sole plantaire qui naissent de ce réseau suivent les trajets les plus divers : en
arrière, du côté du talon ils gagnent la région postérieure de la
Morphologie globale
jambe ; en dedans et en dehors, ils contournent le bord corres-
La stabilité du corps humain passe par un appui au sol par pondant du pied pour passer à la région dorsale ; en avant, ils
l’intermédiaire de la sole plantaire. Deux composantes inter- se portent vers les espaces interdigitaux, qu’ils traversent de bas
viennent les unes mécaniques, et les autres sensorielles, qui sont en haut pour se jeter dans le réseau veineux dorsal. Toutes ces
intimement coordonnées par les capteurs multiples cutanés, vas- veines superficielles sont adhérentes à la face profonde de la peau.
culaires, musculaires, tendineux et ostéoarticulaires. Les lymphatiques superficiels forment un abondant réseau qui
Si la morphologie du métatarse est « ancestrale », ou occupe toute l’étendue de la région. La plus grande partie des
« embryonnaire », la brièveté excessive du premier métatar- troncs qui en émanent se portent à la face dorsale du pied en
sien provoque une rupture angulaire du cintre antérieur de contournant soit le bord médial, soit le bord latéral et gagnent les
l’assise dont le sommet correspond habituellement à la projec- nœuds lymphatiques superficiels de l’aine.
tion de la deuxième tête. Au-delà de l’assise plantaire et séparée Les nerfs superficiels destinés à la peau proviennent de plusieurs
d’elle, la pulpe de chaque orteil marque son empreinte. En sources : pour le tiers postérieur de la région, du rameau calcanéen
position bipodale équilibrée, les petits orteils s’inclinent vers le et du rameau plantaire du tibial postérieur ; pour les deux tiers
bas, l’hallux tend discrètement à regarder en dorsal. La douleur, antérieurs, du plantaire médial (en dedans) et du plantaire latéral
la crispation pourront transformer ces tendances naturelles (en dehors).
en griffes des petits orteils, érection de l’hallux, sources en
elles-mêmes de conflits avec la chaussure. Plan aponévrotique proprioceptif extrinsèque :
La constitution osseuse de ces arches est régie par les contraintes
mécaniques lors de la croissance. Le pied se doit de laisser un vide
aponévroses calcanéoplantaires
avec le sol. Ce vide s’atténue-t-il : le pied est plat ; s’exagère-t-il : Elles représentent le deuxième facteur de stabilisation polyar-
le pied est creux. Il existe deux arches longitudinales principales : ticulaire qui prend en compte à la fois le genou, la cheville et
l’une médiale, l’autre latérale. Entre ces deux arches, il faut ajou- toutes les articulations du pied. Il existe trois feuillets aponévro-
ter les arches propres à chaque rayon tarsométatarsien deuxième, tiques avec trois parties : une aponévrose plantaire moyenne, une
troisième et quatrième. Dans le plan sagittal, les métatarsiens sont latérale et l’autre médiale.

10 EMC - Podologie
Anatomie topographique du pied  27-000-A-10

Le muscle triceps sural est le moteur du système calcanéoplan- long fibulaire (se terminant sur le tubercule externe de la base
taire avec le tendon calcanéen qui s’implante sur la tubérosité du premier métatarsien, le premier cunéiforme et la base du
du calcanéus et se poursuit par l’aponévrose plantaire moyenne, deuxième métatarsien) et le court fibulaire (qui s’insère sur le pro-
qui est la plus importante, qui recouvre le court fléchisseur des cessus styloïde du cinquième métatarsien) sont des facteurs de
orteils avec l’insertion de ses fascicules musculaires. Elle se résout soutènement actifs.
en avant en cinq bandelettes prétendineuses qui s’amarrent, au Les muscles intrinsèques interviennent à leur tour pour aug-
niveau des articulations métatarsophalangiennes, sur les gaines menter la stabilité élastique sagittale par le court fléchisseur
des fléchisseurs et envoient des fibres aux plans profonds et au plantaire et la stabilité élastique transversale de la base du triangle
derme plantaire. Transversalement, les bandelettes sont réunies par l’adducteur de l’hallux.
par des fibres qui constituent le « ligament transverse superfi- Les modifications apportées par la chaussure sont considérables,
ciel », au niveau des têtes des métatarsiens. L’aponévrose plantaire surtout si la semelle est rigide car elle empêche les actions muscu-
médiale recouvre le muscle abducteur de l’hallux dont les fasci- laires destinées à maintenir le pied souple.
cules musculaires s’insèrent sur toute sa longueur. L’aponévrose Après la phase d’appui statique, entre en jeu le triangle antérieur
plantaire latérale recouvre le muscle abducteur du petit orteil dont propulsif qui nécessite des structures élastiques mais également
les fascicules musculaires s’insèrent sur toute sa longueur. Latéra- rigides pour être suivi d’un déplacement avec force et rapidité.
lement ces aponévroses possèdent des expansions qui s’insèrent L’action de ces muscles est particulièrement sollicitée dans le saut.
sur le bord latéral du pied et stabilisent ces structures limitant L’impulsion est donnée par la contraction du court fléchisseur
les contraintes de cisaillement. Ces aponévroses remplissent le plantaire, du triceps sural, du quadriceps et du moyen fessier. La
contrat mécanique de suspension, soutènement, adhérence au force de l’élan final dépend de la force des interosseux, des muscles
sol, transmission et propulsion. intrinsèques du premier et du cinquième orteil, et en dernier lieu
de la contraction des fléchisseurs tibial et fibulaire qui servent de
Plan musculotendineux proprioceptif détente finale (Fig. 8).

Plan musculoaponévrotique Plan de soutènement articulaire tendineux extrinsèque


Les muscles du pied se répartissent en extrinsèques et intrin- Sous l’effet de la charge, les structures ostéoarticulaires
sèques. Les extrinsèques ont leur action définie par rapport au plan transverse du tarse, sous-talienne du tarse, tarsométatarsienne
des malléoles tibiale et fibulaire avec les muscles de la flexion plan- s’affaissent dans le but d’augmenter le polygone de sustentation.
taire passant en arrière des malléoles et ceux de la flexion dorsale Cet affaissement est limité et rend l’ensemble élastique et adap-
en avant. table grâce à des éléments de soutènement passif représentés par
La flexion plantaire est assurée de façon prioritaire par le muscle le grand ligament calcanéocuboïdien plantaire. À cet élément pas-
triceps sural qui, sur le genou en extension, entraîne une surélé- sif se surajoutent des éléments extrinsèques de soutènement actifs
vation du talon. Les muscles tibial postérieur, court fibulaire et avec les muscles extrinsèques tibial postérieur (dont l’action est à
long fibulaire latéral, tout en assurant indirectement une flexion la fois sagittale et transversale) et long fibulaire et court fibulaire.
plantaire, sont essentiellement des muscles de soutènement de la
voûte. Le fléchisseur tibial et le fléchisseur fibulaire par leur termi- Plan vasculonerveux
naison phalangienne voient leur action de fléchisseur limitée aux Plan artériel
phalanges et aux métatarsiens.
L’artère tibiale postérieure se termine dans le canal calcanéen,
La flexion dorsale est sous la dépendance du tibial antérieur qui
1 à 1,5 cm en amont de l’articulation sous-talienne par une bifur-
représente l’élément le plus puissant avec le troisième fibulaire et
cation à angle aigu formée par la naissance des deux artères
équilibre la flexion en dehors. Les muscles extenseurs de l’hallux
plantaires : l’artère plantaire médiale, l’artère plantaire latérale
et commun des orteils deviennent à leur maximum de contraction
plus volumineuse et paraissant constituer le prolongement de
des fléchisseurs dorsaux du pied sur la jambe.
l’artère tibiale postérieure. Dans 60 % des cas, l’artère tibiale pos-
Les muscles intrinsèques se divisent en deux groupes : ceux
térieure se termine par une trifurcation avec l’artère calcanéenne,
médians avec la chair carrée de Sylvius qui réaxent les tendons du
l’artère plantaire latérale et l’artère plantaire médiale.
fléchisseur tibial et fibulaire et le muscle court fléchisseur plantaire
L’artère plantaire latérale est l’artère principale de la plante du
qui agit spécifiquement en fléchissant la deuxième phalange.
pied. Suivant une direction oblique en avant et latéralement, elle
Les muscles latéraux internes avec l’abducteur de l’hallux
chemine jusqu’à l’extrémité dorsale du cinquième métatarsien,
et externes avec l’abducteur du cinquième orteil sous-tendent
entre le court fléchisseur des orteils et le muscle carré plantaire. Là,
les arches interne et externe du pied. Profondément situés, les
en s’infléchissant sur elle-même, elle décrit un coude à concavité
muscles interosseux et lombricaux complètent la fonction des
médiale et devient transversale, plus profonde, entre les interos-
muscles extrinsèques et assurent la flexion de P1 et l’extension de
seux plantaires d’une part, l’adducteur et le court fléchisseur de
P2 et P3 des quatre derniers orteils. Le muscle pédieux, seul muscle
l’hallux d’autre part. Elle se termine dans le premier espace inter-
intrinsèque dorsal, réaxe les tendons de l’extenseur commun et
métatarsien en s’anastomosant à plein canal avec l’artère dorsale
entraîne la flexion dorsale des orteils.
du pied.
Le maintien de l’équilibre en appui uni- ou bipodal met en jeu
L’artère plantaire médiale se trouve dans la loge plantaire
deux groupes de muscles opposés. Les muscles suspenseurs ont
médiale recouverte par l’abducteur puis le court fléchisseur de
pour rôle d’augmenter la concavité de l’arche interne et externe.
l’hallux. Au bord latéral du tendon du long fléchisseur de l’hallux,
Ils sont représentés par le tibial antérieur (qui s’insère principale-
elle se bifurque en une branche médiale dont la direction prolonge
ment sur le premier cunéiforme et la base du premier métatarsien)
celle de la plantaire médiale et une branche latérale qui croise la
et le fibulaire antérieur (situé sur le bord externe du pied et se
face profonde du tendon pour longer son bord latéral. Au cours
terminant sur la base du cinquième métatarsien).
de son trajet, la plantaire médiale émet de nombreux rameaux à
Les muscles de soutènement s’opposent à l’affaissement de la
destinée musculaire : rameaux latéraux pour le court fléchisseur
voûte plantaire. Sous l’effet de la charge, les structures ostéoar-
des orteils et rameaux inférieurs pour la semelle plantaire.
ticulaires s’affaissent dans le but d’augmenter le polygone de
Ces deux groupes constituent un riche réseau d’anastomoses
sustentation. Cet affaissement est limité et rend l’ensemble élas-
interplantaires : rameaux médiaux pour l’abducteur et le court flé-
tique et adaptable grâce à des éléments de soutènement passif
chisseur de l’hallux, et anastomoses latéroplantaires avec le réseau
représentés par le grand ligament calcanéocuboïdien plantaire. À dorsal du pied.
cet élément passif, se surajoutent des éléments de soutènement
actifs qui vont agir dans le plan sagittal sous l’action du muscle Plan nerveux
court fléchisseur plantaire. Les systèmes d’information très sensibles de la sole plantaire
Parmi les muscles extrinsèques, le tibial postérieur dont l’action sont sous la dépendance de muscles intrinsèques qui réagissent
est à la fois sagittale et transversale (se terminant sur le tubercule en premier aux contraintes de traction ou de torsion.
inférieur du naviculaire, la face plantaire du premier cunéiforme, Les nerfs de la plante du pied proviennent du nerf tibial pos-
les bases des deuxième, troisième et quatrième métatarsiens), le térieur qui se divise en deux branches. À la plante du pied, le

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27-000-A-10  Anatomie topographique du pied

A B
Figure 8.
A. Coupe sagittale de la sole plantaire centrée sur l’aponévrose plantaire moyenne et le mode d’insertion des muscles intrinsèques plantaires avec leur angle
de pennation aigu.
B. Tendon des muscles extrinsèques plantaires : tendon du muscle tibial postérieur (flèche blanche) ; grand ligament plantaire (tête de flèche), long fibulaire
(flèche noire).
C. Vue schématique plantaire des tendons extrinsèques et intrinsèques à la plante du pied par référence à l’axe du 2e métatarsien. 1. Abducteur de l’hallux ;
2. abducteur du 5e orteil ; 3. adducteur transverse de l’hallux.

nerf plantaire médial est en rapport avec, en latéral le muscle médial forme le nerf interosseux du quatrième espace qui va se
court fléchisseur des orteils, en médial l’adducteur de l’hallux, diviser en nerf collatéral digital médial du cinquième orteil et
en proximal les tendons du muscle long fléchisseur des orteils et latéral du quatrième orteil.
fibulaire et en distal l’aponévrose plantaire médiale. Il émet deux
branches collatérales avec un rameau cutané plantaire médial et
un rameau musculaire pour le muscle court fléchisseur des orteils  Conclusion
et l’adducteur de l’hallux. Parmi les branches terminales, l’on
distingue une branche médiale qui innerve le court fléchisseur Le pied représente une structure qui doit s’adapter sur le plan
de l’hallux et donne le nerf collatéral digital médial de l’hallux. statique pour maintenir l’appui et aux forces dynamiques pour
La branche terminale latérale se divise à l’aplomb de l’interligne assurer le déplacement. Il existe un compromis mécanique entre
cunéométatarsien en nerf interosseux du premier espace, nerf l’armature rigide représentée par un système osseux suppléé par
interosseux du deuxième espace et nerf interosseux du troisième les ligaments, et les structures qui assurent la dynamique par
espace. Chaque nerf interosseux arrivé au niveau de la commissure l’intermédiaire des éléments musculotendineux. Les tendons,
digitale se divise en deux branches pour former les nerfs digi- outre leur fonction propulsive, ont une participation perma-
taux collatéraux médial et latéral des orteils adjacents à l’espace nente à la maintenance articulaire qui, sans eux, serait vouée
considéré. Les nerfs interosseux du premier espace et du deuxième à l’instabilité mécanique et à l’affaissement structural. Les pro-
espace assurent l’innervation des premier et deuxième muscles grammes mécaniques du pied sont multiples avec les situations
lombricaux. Le troisième nerf interosseux reçoit constamment qui se rencontrent lors de la marche aussi bien en terrain plat
une anastomose du nerf plantaire latéral. Les nerfs interosseux et qu’en terrain irrégulier. Ces fonctions peuvent être regroupées
leurs branches de divisions occupent un espace qui est soumis à sous deux rubriques : assurer la stabilité générale du corps à
des contraintes mécaniques importantes qui vont être supportées l’état de repos et au cours de la marche, adapter et amortir la
par des structures ligamentaires résistantes qui sont en rapport transmission des forces descendantes ou ascendantes. « Structure
avec l’espace inter-capito-métatarsien. déformable, organe tout terrain » le pied s’adapte aux forces, il
Le nerf plantaire latéral, accompagné de l’artère plantaire laté- représente le meilleur exemple de système architectural complet
rale, croise la face plantaire du muscle court fléchisseur des orteils alliant : solidité, souplesse et stabilité.
et se dirige en latéral et en avant jusqu’au quatrième espace inter-
osseux. Il émet des branches collatérales pour le muscle court
fléchisseur des orteils, les muscles abducteur et court fléchisseur
du cinquième orteil. Ses branches terminales sont au nombre de
 Références
deux avec une branche profonde et une superficielle. La branche [1] Malgaigne JF. Traité d’anatomie chirurgicale et de chirurgie expéri-
profonde, accompagnée de l’artère plantaire latérale, chemine mentale. Paris: JB Bailliere; 1838.
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médial. Elle innerve tous les muscles interosseux plantaires et dor- [3] Richet P. Cité par Paulet V. In: Traité d’anatomie topographique V.
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La branche superficielle donne un rameau latéral pour consti- Méquingnon-Marvis; 1837.
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Anatomie topographique du pied  27-000-A-10

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F. Bonnel, Professeur à la Faculté, chirurgien des Hôpitaux ([email protected]).


Service orthopédie traumatologie, Clinique Beau Soleil, 117, avenue de Lodève, 34070 Montpellier, France.
P. Teissier, Interne des Hôpitaux.
Laboratoire anatomie, 2, rue de l’école de médecine, 34000 Montpellier, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bonnel F, Teissier P. Anatomie topographique du pied. EMC - Podologie 2012;8(4):1-13 [Article
27-000-A-10].

Disponibles sur www.em-consulte.com


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