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SURVIVANCE DE L’ARCHITECTURE D’AL-ANDALUS AU MAGREB:
LE PALAIS AL-BADI’ À MARRAKECH.

Antonio Almagro, CSIC Grenade

Description générale.

Le palais al-Badi’ de Marrakech est certainement l’un des ensembles les plus
imposants de toute l’architecture palatiale dans l'Occident islamique, non seulement
pour ses proportions énormes peu communes, mais aussi par le caractère original de sa
disposition qui justifie bien son nom: al-Badi’ (l'Incomparable) (fig. 1). Ses restes sont
situés à l'intérieur
de la casbah
saadienne de Marra
kech et faisaient
partie de l'ensemble
palatin construit sur
le même site qui
occupa l'antérieure
casbah almohade1.
Ce palais
est la grande œuvre
architecturale du
sultan Ahmed al-
Mansour al-Dehbhi2
qui a régné entre
1578 et 1603. Par le
biais de cette fig. 1 - Vue actuelle du palais de al-Badi’ à Marrakech
somptueuse (A. Almagro).

1
Koehler 1940, Deverdun 1959: 384-412, Barrucand 1985: 114-122.
2
García Arenal 2009.
711-2011 TREIZE SIÈCLES D’HISTOIRE PARTAGÉE

et monumentale réalisation, il a sans doute voulu créer un cadre architectural qui


asseye sa politique vouée à maintenir sa légitimité et à la construction d'une idéologie
impériale1.
Le but de cet article n’est pas de faire une étude détaillée du palais saadien,
qui même si elle reste à faire, dépasse les possibilités de cette communication.
L’objectif est de décrire certaines idées concernant les similitudes que présente le
palais avec des constructions andalouses en se basant surtout sur la reconstruction
virtuelle par des images de synthèses et en soulignant l'idée d'une continuité culturelle
et la survie des formes et des concepts implicites au projet.
La construction du palais a commencé en décembre 1578, l’année de
l’ascension au trône de son commanditaire après la bataille d'al-Qasr al-Kebir,
également connu sous de nom de bataille des Trois Rois. Durant cette bataille au cours
de laquelle meurt son frère, Abd al-Malik, Sultan jusqu'à ce moment, l’armée
portugaise sous le commandement du roi Sébastien destinée à appuyer les aspirations
du prétendant au trône, Abu Abadallah Mohammed II, fut totalement mise en déroute.
La mort de son frère Abd al-Malik qui ne fut pas causée par les combats mais par les
maladies et les difficultés de la campagne, a fourni à al-Mansour non seulement
l’opportunité d’occuper son trône, mais aussi la gloire de la victoire qui en réalité
appartenait principalement au défunt monarque. Le conséquent butin de la défaite des
vaincus et des énormes rançons payées pour leur libération par bon nombre de
prisonniers capturés, fourni des fonds pour le début de la construction auxquels par la
suite vinrent s’ajouter les vastes bénéfices générés par la production de sucre du
royaume et les retombées de la campagne de conquête du Soudan, qui a permis le
contrôle du commerce de l’or provenant de cette région. Sa construction s’est déroulée
jusqu'en 1594, bien qu’en 1602, peu de temps avant la mort d'al-Mansour, les travaux
continuaient.
Ahmed al-Mansour fait face à des pressions de l'Empire Ottoman fortement
installé dans les territoires voisins de l’actuelle Algérie, à l’évidente fin d’al-Andalus
et à la présence de puissants états chrétiens de l'autre côté du détroit de Gibraltar. La
chute de Grenade, à peine un siècle plus tôt et le fait que bon nombre de ses habitants
aient migré vers l'Afrique du Nord, lui a permis de se sentir son héritier légitime,
comptant parmi ses sujets une partie importante des anciens habitants du royaume
nasride. Al-Mansour était bien informé de ce qui se passait en Péninsule Ibérique et
même des projets et plans constructifs de Philippe II pour le chantier de l’Escorial
dont il recevait des renseignements précis2. Le royaume nasride qui venait de
disparaître et les bâtiments et les palais érigés par leur souverains constituaient pour
lui une référence à exploiter pour la recherche de formes et de modèles qui pourraient
appuyer ses aspirations politiques et sans doute lui servirent de source d'inspiration
pour la construction de son palais.

1
García Arenal 2009: 111-125.
2
García Arenal 2009.

190
LE PALAIS AL-BADI’ À MARRAKECH

Ce fabuleux ensemble fut détruit par le sultan alaouite Moulay Ismaïl (1672-
1727) non seulement pour transporter ses matériaux à Meknès, mais aussi pour
éliminer toute construction pouvant rivaliser avec les palais construits dans la nouvelle
capitale. Un texte de J.B. Estelle en 1698 nous donne une référence claire sur le
processus de destruction et sur ses raisons1.
Al-Badi’ était en réalité la partie publique du palais du sultan destinée aux
cérémonies d’audience et aux festivités de la Cour dont les célébrations du mawlid,
qui semblaient plus être destinées à la glorification du propre sultan qu’à la
commémoration de la naissance du prophète, ce qui était sans aucun doute l'objectif
recherché dans la construction de cet ensemble.
Par ses proportions hors du commun, considéré comme une cellule
différenciée au sein de la zone résidentielle à laquelle il appartenait, il s’agissait sans
aucun doute du plus grand bâtiment palatial que nous connaissions dans le monde
islamique occidental, avec des dimensions de 155 x 130 m. Son organisation, comme
il est habituel dans l’architecture palatine d’al-Andalus, tourne autour d'un patio de
150 x 106 m où sont présents comme de vrais protagonistes à côté de l'architecture,
l'eau et la végétation (fig. 2). En son périmètre se lèvent des bâtiments et des pavillons
qui par la taille de l’ensemble acquière des dimensions et un aspect qui n’a rien à voir
avec celles d’autres constructions antérieures et postérieures, bien que comme nous
allons le voir, les éléments qui s’y intègrent et leur ordonnancement sont un reflet clair
des modèles provenant d’al-Andalus, à travers lesquels son promoteur cherchait à
donner continuité pour assurer sa légitimité.
L’élément essentiel de la composition est un vaste bassin de 90 x 20 m dans
l'axe plus long de la cour qui suit approximativement la direction est-ouest (fig. 4). Ce
bassin contient en son centre une petite île, qui semble inspirée par celle qui existe
dans l’un des grands bassins du domaine voisin de l'Agdal2. Selon les documents
graphiques contemporains, il semble qu'il y a eu une fontaine à deux vasques.
De chaque côté du bassin, il y a quatre grandes zones rectangulaires de
végétation surbaissées par rapport aux bords. La position du sol arable à plus de deux
mètres de profondeur a permis que la plus grande partie de la végétation, même les
arbres, ressorte à peine au-dessus du niveau des promenades qui l'entourent, facilitant
de cette façon la contemplation complète de l’espace sans interférences visuelles
obtenant ainsi la sensation d’un tapis de verdure sur une partie considérable de la

1
«Je tenois pour fabuleux ce qu'on m'avoit escrit de Miquenez, fait 3 mois, qui est que le roy de Maroc
avoit envoyé des maçons à Maroc [Marrakech] pour mettre bas le fameux chasteau de cette dite ville et de
faire transporter toutes les colonnes de marbre qui sont audit chasteau à Miquenez, ce qui a este executé.
Ce jourd'huy 22 de novembre est arrivé en cette ville 9 charrettes chargées de tres belles colonnes de
marbre, en nombre de 12, dont 4 estoient sysellées jusques au milieu et le restant de fleurs, ses pieds
d'estail aussy bien travaillez... cependant le roy Mouley Ismail le fait abattre [le paIais du Badi' à
Marrakech], ou pour le moins oster ce qu'il y a de beau et de bon, afin que celuy qu'il fait à Miquenez
depuis 20 ans, qui est sans aucune beauté ni régularité, soit le plus beau qu'il y aye dans ses royaumes.»
Estelle 1698: 689, cité par Barrucand 1985: 34.
2
El Faïz 2000: 30.

191
711-2011 TREIZE SIÈCLES D’HISTOIRE PARTAGÉE

fig. 2 - Plan du palais de al-Badi’


(relevé de G. Nolot, Inspection des Monuments Historiques du Maroc).

fig. 3 - Le pavillon occidental du palais de al-Badi’ avec le bassin central


(A. Almagro, L. Berenguel et M. González).

192
LE PALAIS AL-BADI’ À MARRAKECH

superficie de la cour1. La séparation entre les zones de jardin se fait par le biais de
vastes promenades qui était recouvertes de carreaux de faïence colorée, qui dans le
sens longitudinal bordaient également le bassin, tandis qu’une promenade transversale
est interrompue par le bassin, même si d’étroits petits ponts permettaient de le
traverser en passant par l'île. Accompagnant les parterres jardinés et occupant les
quatre coins de la cour, furent disposés quatre autres bassins qui joint au bassin central
entouraient deux pavillons dont nous parlerons par la suite.
Les éléments les plus remarquables de cet ensemble étaient, sans doute, les
deux pavillons en forme de qoubba situés au centre des côtés les plus étroits de la
cour. Uniquement de celui du côté ouest subsistent les murs de la structure principale,
mais rien de ses éléments ornementaux ou de couverture. Du pavillon oriental on
conserve seulement les fondations. Nous savons les noms donnés à chaque bâtiment:
la Qoubba al-Khamsaniya et la Qoubba al-Dehbhiya2. La première serait celle du côté
occidental et son nom ferait allusion à sa dimension de 50 coudes, guère plus de 25
mètres. Le nom de la deuxième, sur la côté oriental, ferait référence à la décoration
dorée ou au surnom du propre Sultan, al-Dehbhi. Bien que pour notre étude, nous nous
soyons centré plus particulièrement sur l'occidental, le seul pavillon qui conserve en
élévation des structures susceptibles de fournir suffisamment de renseignements pour
faire une hypothèse de reconstruction, nous devons cependant indiquer que le pavillon
oriental, à en juger par la petite taille de son intérieur et les indications de tous les
documents graphiques disponibles, devait servir d'espace d'accès au jardin qui
s'étendait sur un niveau inférieur à l'est du palais, appelé Arsat al-Jaj, auquel on
descendait par un escalier depuis le pavillon.
Sur tout le périmètre de la cour existaient d’autres dépendances aux fonctions
diverses dont certaines salles de grande importance à en juger par leur taille et leurs
caractéristiques. Même si pour l'instant nous n’y ayons pas apporté notre attention,
nous espérons le faire à l'avenir.

Le pavillon occidental.
Dans le présent document nous analyserons soigneusement ce pavillon car
bien que tous ses éléments ornementaux et structurels ligneux aient été complètement
spoliés, comme cela se passe dans tout l’ensemble, il conserve presque entièrement les
murs formant la salle intérieure qui contiennent une grande quantité d'information
grâce aux empreintes laissées par la décoration qui les recouvrait et les poutres et
d’autres pièces qui s’y encastraient. L'étude méticuleuse de ces données a rendue
possible la proposition d’une hypothèse de reconstruction que nous avons effectuée à
travers des images de synthèse (figs. 3-6).

1
Almagro-Vidal 2008: 254.
2
Deverdun 1959: 397.

193
711-2011 TREIZE SIÈCLES D’HISTOIRE PARTAGÉE

fig. 4 - Reconstruction en image de synthèse du palais de al-Badi’


(A. Almagro, L. Berenguel et M. González).

fig. 5 - Le pavillon occidental du


palais de al-Badi’ avec le jardin
(A. Almagro, L. Berenguel et
M. González).

fig. 6 - Vue intérieure du


pavillon ouest du palais
de al-Badi’
(A. Almagro, L. Berenguel et
M. González).

194
LE PALAIS AL-BADI’ À MARRAKECH

Ces murs sont composés d'une masse de béton de chaux versée entres des
banches en bois selon la technique dite du pisé. Se distinguent clairement les vides
laissés par les traverses ou morceaux de bois qui ont servi à soutenir les planches du
coffrage pendant le processus de versement du matériau de construction qui n’est pas
de la terre, mais est constitué d’un mélange de grave, de pierre et de chaux. Cette
dernière est présente en très grandes proportions, raison pour laquelle nous nous
trouvons en face d’un béton de haute résistance qui de plus s'est comporté de façon
très durable dans le temps, car malgré plus de trois cent ans sans protection il se
conserve en raisonnable bon état. L'épaisseur de la paroi est de 1,45 m. et présente de
chaque côté une grande ouverture d'accès, qui jusqu'à récemment étaient très défiguré
par la spoliation des briques avec lesquelles ses jambages étaient construits (fig. 7).
La restauration récente de ces ouvertures avec des arcs de brique semble tout à
fait regrettable, parce qu'il est très probable qu’il y a eu des linteaux de bois sous les
arcs à lambrequins fait de plâtre et sans aucun rôle porteur, comme il est habituel dans
l'architecture nasride1. De ces ouvertures, trois donnaient vers l'extérieur alors que
celui qui se tournait vers l'ouest donnait accès à une petite pièce qui aurait pu être
destinée à contenir le trône du Sultan, de la même façon que le petit espace de la
fenêtre principale de la salle de Comares à l’Alhambra dont l’épigraphie révèle qu’il
fut utilisé ainsi. La disposition des bassins et de la fontaine au sein de la qoubba rend
impossible son installation à quelque endroit que se soit dans la salle. Cependant, l'uti-

fig. 7 - . Plan du pavillon


ouest du palais de al-
Badi’ (A. Almagro).

1
Almagro 2002: 183.

195
711-2011 TREIZE SIÈCLES D’HISTOIRE PARTAGÉE

-lisation d'un espace latéral pour le trône royal permettait également l'utilisation d'un
rideau, placé derrière l’arc, qui cachait le souverain de la vue de ses sujets, recours
déjà utilisé par les califes omeyyades et fatimides et dont il existe la preuve qu'al-
Mansour également l’utilisa1.
Ce pavillon est également l’un des seuls endroits où la fouille archéologique
du sous-sol reste visible, permettant d'observer la complexe disposition des réseaux
hydrauliques qui approvisionnaient la fontaine et les deux bassins de l'intérieur.
Grace à de légers indices encore visibles autour du pavillon, par les références
dessinées sur le plan de la fouille et le témoignage que nous apportent différents
documents graphiques de l’époque, nous savons que la qoubba était entourée sur trois
côtés d’un portique soutenu par des colonnes et à double travée à l'avant. Au sein de
ce portique frontal il y avait une fontaine circulaire et devant lui un bassin
rectangulaire de dimensions similaires à celles des bassins existant à l'intérieur.
Pour notre processus d’étude nous avons effectué d'abord un relevé
photogrammétrique de toutes les parois, externes et internes, à l'aide de
photogrammétrie stéréoscopique, ce qui nous a permis d'obtenir un modèle
tridimensionnel de la «boîte» que forment les murs de la qoubba (fig. 8). Nous avons

fig. 8 - Modèle 3D du pavillon ouest relevé par photogrammétrie (A. Almagro).

1
García Arenal 2009: 118-119.

196
LE PALAIS AL-BADI’ À MARRAKECH

fig. 9 - Vue extérieure du pavillon ouest (A. Almagro).

fig. 10 - Vue intérieure du pavillon ouest (A. Almagro).

197
711-2011 TREIZE SIÈCLES D’HISTOIRE PARTAGÉE

effectué également un relevé des structures hydrauliques du sol qui nous a permis
d'interpréter le fonctionnement de l'ensemble du système. L’analyse des parois,
l'expérience et les connaissances des méthodes constructives et ornementales utilisées
dans l'architecture d’al-Andalus, nous ont permis d’identifier les empreintes que les
différents matériaux et systèmes décoratifs ont laissés (figs. 9-10). Ainsi, sur la partie
inférieure des murs nous distinguons un léger piquetage de la surface du mur qui
facilitait l'adhésion du mortier de fixation des socles de zellige. À une hauteur
d'environ 2,25 m, le parement redevient lisse, parce que le plâtre de la décoration
sculptée n'avait aucune difficulté d’adhérence et d’accroche. À 6,35 m de hauteur, à
l'extérieur comme à l'intérieur, apparaissent les trous laissés par une série de rondins
qui s’encastraient dans la masse de pisé tous les 1,20 m environ et qui servaient à y
fixer les panneaux qui composaient des frises de bois sculpté et polychrome.
Sur les parois extérieures, au-dessus de la trace de la frise nous observons les
trous dans lesquels s’encastraient les poutres du plafond du portique. Un peu plus haut
se situent une série de trous un peu plus irréguliers qui correspondent aux arbalétriers
de la structure de la toiture. De cette façon, toutes les hauteurs des diverses panneaux
décoratifs externes sont parfaitement définies. À l'intérieur, où les frises sont beaucoup
plus élevés, les empreintes des poutres adoptent une disposition différente au-dessus
de ces derniers. En particulier, à environ un tiers des coins nous observons sur tous les
murs à l'intérieur de la qoubba, la présence de trous de poutres en position diagonale,
unissant les deux murs contigus à chaque coin. La présence de ces trous se répète à
trois niveaux différents. Ces poutres en position diagonale ou entraits indiquent
clairement que la salle était couverte avec une charpente octogonale.
Malheureusement, nous ne pouvons pas préciser beaucoup plus car il n'y a pas d'autres
indications qui nous permettent de présenter une hypothèse entièrement fiable entre
plusieurs possibilités. Parmi celles-ci, nous pouvons en exposer deux comme étant les
plus plausibles. L'une se baserait sur une simple charpente à trois pans avec huit
versants et almizate1, qui s’appuierait sur un tambour octogonal, de la même façon que
le plafond du chevet de la chapelle de San Miguel de la Seo del Salvador de
Saragosse, connu aussi sous le nom de la Parroquieta2. Cette disposition aurait permis
que la charpente soit portante et soutienne directement la couverture, s'appuyant sur le
dessus des murs.
L’autre hypothèse pourrait être celle d’une charpente à cinq pans, également
octogonale, comme le plafond du presbytère de l'église du monastère de Santa Clara à
Tordesillas3. Dans ce cas ce pourrait être la propre charpente qui supporterait la
couverture ou une autre charpente carrée plus simple, de par y nudillo (arbalétriers et
faux-entraits) pour former le toit.
Dans l’hypothèse, que nous avons représentée en images de synthèse, nous
avons opté pour la première solution, pour être plus simple à définir (fig. 6).

1
Aire horizontale d’une charpente constituée de l’ensemble des faux-entraits.
2
Borrás 1985, vol. I: lam. 27-28.
3
López Guzmán 2000: 313.

198
LE PALAIS AL-BADI’ À MARRAKECH

Cependant, l'existence d’une charpente à cinq pans, bien que de plan carré, dans la
salle dite des Douze Colonnes des Tombeaux Saadiens1, à laquelle nous ferons
référence plus loin, oblige à considérer l’autre hypothèse comme étant également tout
à fait possible. En tout cas, parmi ces deux solutions nous pouvons aussi imaginer une
quantité infinie de variantes en ce qui concerne le type d’entrelacs utilisés ou d'autres
possibilités ornementales.
Pour établir l'hypothèse concernant la forme et l'aspect original de ce pavillon,
nous disposons, en plus de l'information fournie par les structures préservées, deux
témoignages graphiques contemporains au bâtiment qui nous apportent des données
d’une énorme utilité. Le premier est le dessin créé par le frère trinitaire Antonio de
Conçeyçao, joint à un rapport fourni à Philippe II à propos du martyre subis par sept
jeunes chrétiens en 1585 sur ordre d'Ahmed al-Mansour, conservé à la bibliothèque de
l'Escorial2. Le dessin qui a l'intérêt d'être fait en couleur (fig. 11), nous donne une
description de la casbah saadienne plein de représentations naïves mais faciles à
interpréter par le réalisme de la description. En ce qui concerne le pavillon occidental,
on peut souligner les détails suivants :
a. La qoubba est entourée d'arcades formées par des arcs soutenus sur des
colonnes prolongées en sebka, élément décoratif sous forme de trame oblique
d’entrelacs géométriques, avec une travée centrale plus grande avec un arc à
lambrequins.
b. Le portique est recouvert d'un toit de tuiles vertes à la même hauteur que les
bâtiments autour du périmètre de la cour.
c. Au-dessus de ce toit ressort la partie haute de la qoubba qui présente un
appareillage de grosses pierres, probablement faux sur la maçonnerie de pisé.
d. Le corps de la qoubba est couvert d'un toit de pavillon à quatre pentes
surmonté d'un yamur à base de sphères dorées. Le toit est également de tuiles vertes.
e. Le revêtement des allées de la cour est composé de pavés de céramiques de
couleurs alternées.
Nous laissons de côté beaucoup d’autres détails qui pour l’objectif défini n'ont
aucune pertinence.
L'autre image est un plan schématique mais plutôt bien proportionné, dessiné
en 1623 par l'ingénieur hollandais Jacob Gool ou Golius et publié par John Windus en
1725 (fig. 12)3. Dans ce cas nous sommes également intéressés par les détails
suivants :

1
Marçais 1954: 393, 399. Deverdun 1959: 408.
2
Biblioteca de El Escorial nº sign. d.III.27, Koehler 1940. Je tiens à remercier mon collègue le Prof.
Michel Terrasse de m’avoir communiqué son dossier sur le Badi’.
3
Windus 1725: 222, reproduit en Meunier 1957: fig 1.

199
711-2011 TREIZE SIÈCLES D’HISTOIRE PARTAGÉE

fig. 11 - Plan du palais de al-Badi’ relevé par le P. Antonio de Conçeyçao


conservé à la Bibliothèque de El Escorial (© Patrimonio Nacional).

fig. 12 - Plan du palais de al-Badi’ relevé par Jacob Gool


et publié par John Windus.

200
LE PALAIS AL-BADI’ À MARRAKECH

fig. 13 - Reconstruction
hypothétique en élévation du
pavillon ouest (A. Almagro).

fig. 14 - Reconstruction hypothétique en coupe du pavillon ouest


(A. Almagro).

201
711-2011 TREIZE SIÈCLES D’HISTOIRE PARTAGÉE

1. Le portique périmètral est d’une seule travée sur les côtés, mais double sur
le devant. Le centre de chaque portique qui coïncide avec les portes de la qoubba est
plus large, tel qu'il apparaît également dans le dessin de l'Escorial.
2. Bien que des fontaines et des bassins de l'intérieur et les portiques soient
représentés avec quelques erreurs, ils corroborent et complètent partiellement
l'information donnée par le propre sol actuel du palais.
Cette information a permis de définir de façon assez fiable autant le plan que
les élévations de façon générale (figs. 13-14). Mais il reste plusieurs détails à spécifier,
aussi de type métrique. Le principal se réfère à la hauteur des colonnes du portique qui
ont entouré le pavillon, dont les seules données que nous avons sont l'existence de
deux groupes de chapiteaux conservés dans le propre monument. Il s’agit d’un double
chapiteau et un autre triple, d’angle, qui indique l'existence de colonnes jumelées.
Nous avons procédé à les dessiner par le biais de leur restitution stéréoscopique
(fig. 15).
Pour proposer une
hypothèse sur les dimensions
des colonnes, nous avons eu
recours à l’analyse des
constructions contemporaines
plus directement liées à ce
palais comme le Tombeaux
Saadiens situé à une courte
distance de al-Badi’ et
construit en majeure partie par
le propre Ahmad al-Mansour1.
Le processus suivi a été de
dessiner les colonnes
existantes à échelle réelle puis
de les adapter au diamètre des
chapiteaux conservés à al-
Badi’, obtenant ainsi une série
de colonnes avec des
proportions différentes
(fig. 16). Celles de la salle dite
des Douze Colonnes qui
contient le tombeau d'al-
Mansour, sont celles qui fig. 15 - Chapiteau double du palais de al-Badi’
fournissent une solution plus (A. Almagro).
cohérente par rapport aux

1
Deverdun 1959: 405.

202
LE PALAIS AL-BADI’ À MARRAKECH

dimensions des autres éléments, notamment la hauteur du plafond du portique fixé par
les encastrements des poutres.

fig. 16 - Analyse des proportions des colonnes des Tombeaux


Saadiens et celles du palais de al-Badi’ (A. Almagro).

Pour définir les détails de la décoration nous avons utilisé aussi


l’ornementation de cette salle dans lequel nous trouvons les mêmes matériaux et
formes qui pouvaient se trouver dans le palais: socles ornés de zelliges, murs couverts
de décor de stuc ciselé, frises en bois et arcs à lambrequins avec la composition de
l’arc central de plus grande envergure et des arcs plus petits surmontés de panneaux de
sebka.
Avec toutes ces données nous avons proposé et dessiné l'hypothèse qui a servi
à faire la reconstruction virtuelle de l'ensemble. Nous y avons mis l'accent en
incorporant les polychromies comme un élément clé dans l'élaboration de l'image de
l'édifice. La présence d'eau et son comportement comme élément spéculaire dans
lequel se reflète l'architecture contribue également à reproduire les effets perceptuels
qui confèrent à ce monument unique des caractéristiques qui l’associe directement à

203
711-2011 TREIZE SIÈCLES D’HISTOIRE PARTAGÉE

ces antécédents andalous. La végétation comme élément clé dans la création de


l'atmosphère de la cour, qui, par la démesure de ses proportions, acquiert ici un rôle
spécial, se perçoit dans la reconstruction virtuelle d'une manière plus proche à ce
qu’aurait pu être la réalité quant à la végétation plus pauvre occupant aujourd'hui les
parterres.
Cependant, les images de synthèse créées ne devront jamais être prises comme
une représentation véridique de la réalité originelle du monument, mais plutôt comme
une évocation de leurs caractéristiques formelles et perceptives. Les nécessaires
références d’éléments de détail à prendre d'autres édifices contemporains nous
permettant de recréer un environnement suffisamment réel pour percevoir le plus
grand nombre possible des qualités que cette architecture possède, nous obligent à
reconnaître que sans doute les solutions originelles furent autres, étant donnée la
créativité énorme des artisans impliqués dans ces constructions qui rarement répétaient
des solutions ornementales de manière mimétique. Pour cette raison, l'observation de
ces images devrait se faire sans fixer notre attention sur les détails, mais seulement
dans la perception générale de l'espace, qui est l'objectif voulu. Ce que nous devons en
garder c’est principalement un souvenir qui demeure dans notre mémoire après une
vision fugace de ces récréations. La plupart des solutions adoptées sont de pures
conjectures qui peuvent et devraient être réexaminées, certainement sans beaucoup de
chances d’en pouvoir valider aucune. Cependant, elles sont de possibles approches,
facilitant l'objectif déjà mentionné de provoquer dans nos esprits des impressions
proches de celles ressenties par les visiteurs et usagers de ce palais singulier.

Les précédents andalous

Le palais al-Badi’ est sans aucun doute une conséquence de l'évolution de


l'architecture d'al-Andalus. Autant la forme générale du bâtiment comme les différents
éléments qui le composent ont des racines claires dans les constructions des rois et
souverains musulmans en Péninsule Ibérique. La disposition générale de l'édifice,
organisé autour d'un patio coïncide avec la majorité des bâtiments palatins d’al-
Andalus. L'organisation de l'espace de la cour, pour sa part, est également une
continuation claire des modèles andalous bien qu’avec des innovations peut-être due
en partie aux besoins imposés par la grande taille de l'espace disponible.
La présence dans la cour d'un grand étang dans l'axe de la composition montre
une continuité avec les modèles qui s’imposent au cours de la période nasride, depuis
la fin du XIIIème siècle et qui sont déjà présents dans la période de transition depuis les
almohades dans la première moitié de ce siècle, comme dans le cas de la Dar al-Sugra,
dans l'actuel couvent de Santa Clara la Real, à Murcie1, ensemble avec lequel il
partage également d’autres similitudes (fig. 17). L’exemple le plus manifeste de ce
type de composition est sans aucun doute la cour de Comares de l'Alhambra, où le

1
Almagro 2008: 51-52.

204
LE PALAIS AL-BADI’ À MARRAKECH

grand bassin bordé par deux petits parterres plantés de myrte lui confère sa
physionomie caractéristique, l'ensemble formant un grand miroir qui reflète
l'architecture qui l'entoure, et surtout celles des plus petits côtés où il n'y a pas de
jardin séparateur1.
Cependant, dans le cas de Grenade, disparaît complètement le schéma du
transept qui est encore présent à Marrakech, maintenant une tradition des siècles
antérieurs qui durant la période nasride semble être oubliée, mais qui refera surface
dans les palais des Lions et de Alijares. La cour en croisée est déjà implicite dans le
jardin haut de Madinat al-Zahra’ et pleinement mis en œuvre dans le jardin bas2. Au
XIIème siècle, le Castillejo de Monteagudo3 possède un jardin en croisée, des bassins
d’eau dans l'axe et des parterres surbaissés, en d'autres termes, tous les ingrédients
demeureront présents quatre siècles plus tard. À Dar al-Sugra à Murcie, nous avons
probablement la disposition la plus proche de al-Badi’, avec quatre parterres
surbaissés séparés par un quai qui est interrompu par un vaste bassin longitudinal4.

fig. 17 - Plan de la Dar al-Sugra de Murcie (A. Almagro)

1
Almagro Vidal 2008: 301.
2
Almagro 2007a: 57, 61.
3
Navarro et Jiménez 2005, Almagro 2008: 43-44.
4
Almagro 2008: fig. 25.

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711-2011 TREIZE SIÈCLES D’HISTOIRE PARTAGÉE

Quelque temps plus tard, à la fin du XIIIème siècle, nous trouvons aussi une
cour en croisée avec un bassin central dans l’Alcazar Royal de Guadalajara1. Mais
nous ne pouvons pas citer seulement le cas du Palais des Lions et les autres exemples
cités plus haut comme précédent à la cour en croisée. Il est également très intéressant
de comparer ce palais de Marrakech avec le palais disparu de l’almunya de los
Alijares, en périphérie de la ville de Grenade. Selon la reconstruction réalisée
récemment2 il aurait quatre pavillons et un bassin central avec la forme de qoubba aux
extrémités des plates-formes du transept, au centre de chaque côté de la cour. Cela
garderait une similitude avec l'aménagement de al-Badi’, où en plus des pavillons
proéminents sur le jardin il existait deux autres salons ou espaces importants au centre
des plus longs côtés de la cour.
Le bassin de ce palais marocain, présente la particularité de la présence d'une
petite île où, conformément à la documentation disponible, nous savons qu'il y avait
une fontaine. La disposition d'une île au milieu d'un étang, nous la trouvons à l’époque
almohade á la fois dans al-Andalus, cas de l'étang dans le jardin potager du monastère
de Nuestra Señora de las Cuevas de Séville, comme dans celui qui pourraient inspirer
plus directement la solution adoptée à al-Badi’: le bassin al-Ghrsiyya du domaine
voisin de l'Agdal.
Les deux bassins qui de chaque côté occupent les coins de la cour et qui avec
le bassin central entourent les deux pavillons, forment une disposition qui rappelle
celle du pavillon central du jardin haut de Madinat Al-Zahra’, premier exemple de ce
type de jardin avec de grandes zones de végétation et de vastes bassins qui en plus de
servir à irriguer, permettent un contrôle climatique et procure des visions spéculaires
agissant comme des miroirs qui reflètent autant l’architecture que la lumière qui y
pénètre.
Les jardins surbaissés ont une longue tradition dans al-Andalus. Déjà à
Madinat al-Zahra’, dans la disposition des promenades à différents niveaux dans le
jardin haut à côté des grands salons de réception, est recherchée l'idée de «marcher sur
la végétation», qui acquiert ainsi le rôle de tapis. Le thème prend une plus grande
importance à l'époque almohade, lorsque certains exemples notables comme le cas du
Patio del Crucero de l'Alcazar de Séville3, dans lequel le jardin est à un niveau
totalement différent de celui du reste du palais, plus de quatre mètres au-dessous.
D’autres cas, comme celui de la Casa de Contratación4, appartenant également au
palais sévillan offrent des solutions intermédiaires (fig. 18).
La présence de deux pavillons en saillie vers le centre de la cour nous amène
immédiatement à penser à la disposition similaire que présente la cour du Qasr al-

1
Almagro 2008: 72-76.
2
García Pulido 2008: 645-647.
3
Almagro 1999: 343-344.
4
Almagro 2007c: 190-195.

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LE PALAIS AL-BADI’ À MARRAKECH

fig. 18 - Reconstruction par image de synthèse de la cour de la Casa de


Contratación de Séville (A. Almagro et M. González).

fig. 19 - . Cour des Lions à l’Alhambra (A. Almagro).

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Riyad al-Sa'id (Palais du Jardin Heureux)1, aujourd’hui appelée cour des Lions de
l’Alhambra (fig 19) avec une disposition semblable, malgré les énormes différences de
taille des deux ensembles2. L'utilisation d'une telle disposition des pavillons en
avancée aux extrémités de la cour et avec des proportions plus proches de celle de
l’exemple nasride, avaient déjà été appliquée dans la même période dans la
construction des deux pavillons du sahn de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès3, qui
confirmerait l'utilisation quasi obsessionnelle de modèles d'al-Andalus durant la
période d’étude.
Cependant, les pavillons du palais de Marrakech ont des caractéristiques
particulières qui encore une fois, sont largement motivées par l'échelle colossale de
l'ensemble. Il ne s’agit pas dans ce cas d’un simple kiosque accueillant une fontaine ou
de simples protubérances des arcades de la cour, mais de grandes qoubbas utilisées
sans aucun doute comme espaces de réception et de protocole. La qoubba occidentale,
que nous avons analysé plus étroitement était probablement une salle du trône. Ses
antécédents andalous le confirment. L'exemple le plus immédiat est le salon de
Comares de l'Alhambra, la salle du trône des sultans nasrides pleine de symbolismes
qui fut très probablement présente dans l'esprit d'al-Mansour à travers des chroniques
et récits des émigrés andalous.
À l'Alhambra, en dehors de la grande qoubba de Comares il en existe
beaucoup d'autres, généralement avec la fonction de miradors ou de pavillons de
jardin: Palais du Partal, tour de Machuca ou des Poignards, le mirador du palais de
l'ancien couvent de San Francisco, la tour des Abencerrajes et les miradors du
Generalife4. L'utilisation de la qoubba comme un espace digne lié aux symboles du
pouvoir ainsi qu’à la jouissance des espaces dans lesquels ils s'installèrent n'est pas
limitée à l'Alhambra ou aux territoires musulmans de la péninsule. La qoubba du
Cuarto Real de Santo Domingo a eu cette fonction, premier exemple nasride, de la
seconde moitié du XIIIème siècle5.
Mais l'utilisation de la qoubba comme salle du trône a aussi des antécédents
dans l'architecture du royaume de Castille, non seulement dans les bâtiments
contemporains à l'Alhambra, tels que le palais de Pierre Ier à l'Alcazar de Séville et
peut-être dans celui de Tordesillas, mais de date antérieure comme c'est le cas de
l’Alcazar Royal de Guadalajara. Cependant tous sont clairement d’ascendance
andalouse.
L'utilisation de colonnes jumelées n'est pas habituelle dans l'architecture d’al-
Andalus, mais nous en avons deux exemples clairs dans la période nasride. L'un est
celui dont témoigne la documentation graphique ancienne sur le Cuarto Real de Santo
Domingo (fig. 20) dont le portique semble avoir été soutenu par des colonnes doubles.

1
Fernández Puertas 2006: 112-121.
2
Orihuela 1996: 103.
3
Marçais 1954: 387.
4
Orihuela 1996: 62, 76, 52, 210-212.
5
Orihuela 1996: 315-333.

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LE PALAIS AL-BADI’ À MARRAKECH

L’autre exemple est encore celui de la cour des Lions de l'Alhambra où il existe des
groupes de deux et trois colonnes, bien que dans ce cas les chapiteaux soient toujours
indépendants et non sculpté sur le même bloc comme à al-Badi’.
Tous les parallèles mentionnées montrent clairement que dans le palais érigé
par Ahmad al-Mansour dans la casbah de Marrakech, persiste la tradition de
l'architecture palatial d’al-Andalus, à laquelle sans aucun doute a eu recours le Sultan
saadien comme support à sa légitimité et à ses ambitions politiques parmi lesquelles
sans aucun doute se trouvait l’ascension au titre califal, bien que finalement jamais
utilisé, il semble qu'il aspirait à le détenir et tentait de le justifier par des actes qui,
comme la construction d'un grand palais, le comparent aux grands califes auxquels il
voulait imiter1.

fig. 20 - Reconstruction par image de synthèse de la qoubba du Cuarto Real de Santo


Domingo de Grenade (A. Almagro et M. González).

1
García-Arenal 2009: 122-23.

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Références

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