Pour L'Obtention Du Doctorat en Science Économique: Ecole Nationale Superieure Du Pétrole Et Des Moteurvs

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Г ECOLE NATIONALE SUPERIEURE

DU PÉTROLE ET DES MOTEURvS


Centre économie ci gestion
UNIVERSITÉ DE BOURGOGNE
Faculté de Science Économique
et de Gestion

- H

THESE
POUR L'OBTENTION DU DOCTORAT EN SCIENCE ÉCONOMIQUE
(Arrêté du 30 mars 1992)

PRÉSENTÉE
PAR

Salah KHÉBRI

Sujet de la thèse :

MODÉLISATION ET OPTIMISATION DES CAPACITÉS


ET DES STRUCTURES DU RAFFINAGE EUROPÉEN
AUX HORIZONS 1995,2000 ET 2010

Soutenue le 8 avril 1993 devant le jury composé de :

Directeur de thèse M. J.M. HURIOT, Professeur à l'Université de Bourgogne


Rapporteurs MM. J.M. CHEVALIER, Professeur à l'Université de Paris-Dauphine
P. LEPRINCE, Directeur de la Mission Documentation, IFP
Sujfragant M. J.P. FAVENNEC, Professeur à l'ENSPM
1 Г*
ï

Réf. I.F.P. 40 521


T
Г
F""
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE
DU PÉTROLE ET DES MOTEURS
UNIVERSITÉ DE BOURGOGNE
Faculté de Science économique
1
Centre économie et gestion et de Gestion

THESE
POUR L'OBTENTION DU DOCTORAT EN SCIENCE ÉCONOMIQUE
(Arrêté du 30 mars 1992)

PRÉSENTÉE
PAR

Salah KHÉBRI

Sujet de la thèse :

MODÉLISATION ET OPTIMISATION DES CAPACITÉS


ET DES STRUCTURES DU RAFFINAGE EUROPÉEN
AUX HORIZONS 1995,2000 ET 2010

Soutenue le 8 avril 1993 devant le jury composé de :

Directeur de thèse M. J.M. HUP.'I'ОТ, Professeur à l'Université de Bourgogne


Rapporteurs MM. J.M. CHEVALIER, Professeur à l'Université de Paris-Di
P. LEPRINCE, Directeur de la Mission Documentation,
Suffragant M. J.P. FAVENNEC, Professeur à l'ENSPM

Distributeur exclusif
Editions Technip, 27 rue Ginoux, 75737 PARIS CEDEX 15
Cette thèse a été préparée au Centre Économie et Gestion
de l'École Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs
(Institut Français du Pétrole)
Г " *

Remerciements
J'exprime ma profonde gratitude à l'ensemble des personnes qui m'ont aidé, de
près ou de loin, à la réalisation de ce travail.

Je tiens à remercier, en particulier :


• monsieur Denis Babusiaux, Directeur du Centre Économie et Gestion de l'ENSPM,
pour m'avoir proposé ce thème de recherche et mis à ma disposition tous les
moyens matériels nécessaires,
• monsieur Jean-Marie HURIOT, Professeur à l'Université de Bourgogne et
Directeur de l'Institut des Mathématiques Économiques, pour avoir bien voulu
diriger cette thèse,

• messieurs Jean-Marie Chevalier, Professeur à l'Université de Paris-Dauphine


et Pierre Leprince, Directeur de la mission documentation de l'IFP qui, malgré
un emploi du temps très chargé, ont accepté d'être membres rapporteurs de la
commission d'examen,

• monsieur Jean-Pierre Favennec, Professeur à l'ËNSPM, pour ses précieux


conseils, durant toute la réalisation de ce travail,

• monsieur Frédéric Lantz, Professeur-Assistant à l'ENSPM, pour son soutien


moral,

• madame Yvette Paternoster pour sa très grande disponibilité et le travail,


combien difficile, de relecture,
• enfin, l'ensemble de mes amis thésards pour l'ambiance de travail.
г 1

Lexique des abréviations utilisées

Abréviations Signification

CEE-12 les douze pays de la Communauté Économique Européenne

Europe-19 les dix-neuf pays de l'Europe OCDE

FCC unité de craquage catalytique des distillats

GEMME Générateur de matrices du modèle énergétique

Kt milliers de tonnes

LAMPS Linear and mathematical programming system (code d'optimisation)

Mt millions de tonnes

MONO approche monoraffinage (agrégation en une entité unique)

MPS Mathematical programming system (format standard de matrices d'IBM)

MtePCC millions de tonnes équivalent FCC

MULTI approche multiraffinage (désagrégation en plusieurs entités)

PIERRE Programme informatique d'éditions de rapports résumés

RCC unité de craquage catalytique du résidu atmosphérique

Tec tonne équivalent charbon

Тер tonne équivalent pétrole

Gtep milliards de tonnes équivalent pétrole


1 ' f- 1

Table des matières

Introduction ГУ

Partie I : Le raffinage européen et son environnement inter-


national 7
1 Le raffinage : l'outil et les produits 9
1.1 Introduction 9
1.2 Le raffinage : les unités et les produits 10
1.2.1 La distillation primaire 10
1.2.2 La distillation sous vide 14
1.2.3 Les unités de production des essences 14
1.2.4 Les unités d'hydrotraitement 17
1.2.5 La conversion classique 18
1.2.6 La conversion profonde 19
1.3 Les produits et leurs spécifications 21
1.4 Structure de la consommation pétrolière et schémas de raffinage 22
1.4.1 Structure de la consommation pétrolière 22
1.4.2 Les différents schémas de raffinage 26
1.4.3 Impact de la complexité de la raffinerie sur les rendements en
produits 28
1.5 Interfaces raffinage-pétrochimie 30
2.5.1 Les charges de la pétrochimie 30
1.5.2 Les synergies raffinage-pétrochimie 32

2 La rétrospective du raffinage mondial et européen 35


2.1 Rétrospective du raffinage mondial 35
2.2 Chocs pétroliers et consommation pétrolière 36
2.3 Le raffinage européen 44
2.3.1 La distillation primaire 44
2.3.2 Note dans un titre 46
2.3.3 La conversion 47
2.3.4 Complexité de la raffinerie et rendement en produits 50
2.3.5 Complexité et investissements 51

I
т
II

2.3.6 Le flux des produits pétroliers 54


2.4 Le raffinage de ГОРЕР 57
2.4.1 Les capacités 57
2.4.2 Les projets d'extension des capacités 60
2.4.3 Le potentiel d'exportation des produits 60
2.5 Quelles perspectives à l'horizon 2010 ? 63

Partie II : Programmation linéaire & raffinage 65


Introduction à la deuxième partie 67

3 Agrégation et modélisation 71
3.1 Introduction 71
3.2 De la modélisation en général et du modèle utilisé en particulier . . . . 72
3.2.1 Quelques généralités 72
3.2.2 Place du modèle utilisé 73
3.3 Le problème de l'agrégation 73
3.4 Détermination de l'agrégat à modéliser 75
3.4.1 Caractéristiques économiques générales 75
3.4.2 Caractéristiques énergétiques générales 75
3.4.3 Le pétrole 81
3.5 Le raffinage 82
3.5.1 La distillation primaire 82
3.5.2 La conversion 83
3.5.3 Le rôle des compagnies pétrolières 86
3.6 La consommation des produits pétroliers 88
3.6.1 Analyse globale 88
3.6.2 L'Allemagne 92
3.6.3 La France 94
3.6.4 Le Royaume-Uni 96
3.6.5 L'Italie 98
3.6.6 L'Espagne 100
3.7 La recherche d'un niveau d'agrégation 701
3.7.1 L'Europe-19 ou CEE-12 ? 101
3.7.2 Le regroupement géographique : une solution ? 101
3.8 Les cinq zones en 1991 103
3.8.1 Les capacités 103
3.8.2 La production des produits pétroliers 105
3.8.3 Consommation des produits pétroliers 106
3.8.4 Bilan production-consommation des cinq zones en 1991 108
1
III

4 Agrégation de l'approvisionnement du raffinage en brut 111


4.1 Position du problème 111
4.2 L'analyse en composantes principales 111
4.3 La classification 113
4.4 Réduction de l'approvisionnement en brut du raffinage français 114
4.4.1 La problématique 114
4.4.2 Les individus 115
4.4.3 Les caractères 116
4.4.4 L'espace des caractères 116
4.4.5 L'espace des individus 120
4.4.6 La classification 122
4.4.7 Détermination du panier de bruts réduit 123
4.5 Les autres zones 126
4.6 Pérennité de la solution 128
4.7 Le problème des charges 129

5 Les perspectives d'évolution de la demande de produits pétroliers aux


horizons 1095, 2000 et 2010 131
5.1 L'approche utilisée 131
5.1.1 Présentation des quatre scénarios 132
5.1.2 Le scénario В 133
5.1.3 Le scénario С 134
5.1.4 Le scénario D 135
5.2 Les perspectives d'évolution de la demande 136
5.2.1 Les scénarios retenus 136
5.2.2 Les produits retenus et leurs spécifications 136
5.2.3 Désagrégation de la demande des essences 140
5.2.4 Désagrégation de la demande du gas/diesel oil 141
5.2.5 Désagrégation de la demande du fioul lourd 143
5.2.6 Les perspectives d'évolution de la demande 143
5.3 Les coûts de transferts interzones des produits 146
5.4 Le coût d'utilisation des capacités 147
5.5 Les coûts d'accès au brut 148

6 Le modèle linéaire de raffinage 149


6.1 Le module "schéma de raffinage" 149
6.2 Les approches MONO et MULTI 149
6.3 Formulation mathématique d'un programme linéaire général 150
6.4 Formulation du programme linéaire de raffinage 154
6.5 Les générateurs de matrice 155
6.5.1 Présentation 155
6.5.2 Structure générale du fichier de données 155
6.5.3 Les fichiers de l'approche MÜLTI 156
6.5.4 Le format MPS 157
f 1
IV

6.6 L'optimisation de la matrice 157


6.7 Les générateurs de rapports 158
6.8 Application du modèle linéaire à la résolution du problème posé 158

7 Quelles capacités et structures de raffinage pour les Douze en 1995 ?161


7.1 Test de l'hypothèse de réduction des approvisionnements 161
7.1.1 Simulation 1 161
7.1.2 Simulation 2 165
7.2 Goût marginal de courte période et coût marginal de longue période . . 167
7.3 Une indépendance des Douze pour les produits pétroliers est-elle possible ?168
7.4 Simulation 3 : importation libre du МТВБ 170
7.5 Simulation 4 : importation libre de МТВБ et naphta 171
7.5.1 Simulation 4A : Basse sévérité d'octane 171
7.5.2 Simulation 4B : Impact d'une sévérité accrue de l'octane du sans
plomb 175
7.5.3 Les coûts marginaux des produits 176
7.5.4 Structure géographique de la production 176
7.5.5 Les flux interzones de produits 179
7.6 Simulation 5 : une sévérité accrue sur les teneurs en so tfre du gas oil . . 181
7.6.1 Simulation 5A : basse sévérité de l'octane 181
7.6.2 Simulation 5B : haute sévérité de l'octane 188
7.7 Simulation 6 : libre importation pour tous les produits 190
7.7.1 Les hypothèses 190
7.7.2 Les importations de produits 190
7.7.3 Impact sur les besoins en capacités 190
7.7.4 Impact sur l'approvisionnement en bruts 191
7.8 Simulation 7 : Impact d'une variation de la demande sur les structures
de raffinage 192
7.8.1 Les hypothèses 192
7.8.2 Les capacités 192
7.8.3 Impact sur les approvisionnements 192
7.9 Comparaison des approches MONO et MULTI 195
7.9.1 La taille des modèles MONO et MULTI 195
7.9.2 Les besoins en capacités 195
7.9.3 Les importations 197
7.9.4 Les coûts marginaux des produits 197
7.10 Conclusion 199

8 Les capacités et structures souhaitables p o u r le raffinage des Douze


à l'horizon 2000 209
8.1 Introduction 209
8.2 Les besoins en capacités 210
8.2.1 Basse sévérité de l'octane des essences 210
8.2.2 Haute sévérité 211
j
il

8.3 Structure de la production 215


8.3.1 Localisation géographique de la production 215
8.3.2 Structure de la production 216
8.4 Les flux interzones des produits 220
8.4.1 Basse sévérité de l'octane 220
8.4.2 Haute sévérité de l'octane 222
8.4.3 Les importations 225
8.5 Les coûts marginaux des produits 225
8.6 Les investissements nécessaires 226
8.7 Impact d'une variation de la demande sur les structures de raffinage . . 227
8.7.1 Les besoins en capacités nouvelles 228
8.7.2 Où seront localisées les nouvelles capacités ? 229
8.7.3 Les investissements 231
8.7.4 Impact de la variation de la demande sur la structure de la pro-
duction des zones 233
8.8 Conclusion 235

9 Les capacités et structures souhaitables pour le raffinage des Douze


à l'horizon 2010 237
9.1 Introduction 237
9.2 Les besoins en capacités 238
9.3 Les investissements 239
9.4 Les bilans des produits des différentes zones 241
9.5 La variation de la demande 244
9.5.1 Les besoins minima et maxima en capacités 244
9.5.2 Les investissements 246
9.5.3 Impact sur la structure de la production des zones 248
9.5.4 Les flux interzones de produits 251
9.5.5 Variation de la demande et coûts marginaux des produits . . . . 254
9.6 Conclusion 255

10 Discussion des résultats 257


10.1 Récapitulatif des capacités nécessaires 257
10.1.1 Les besoins en capacité 257
10.1.2 L'approvisionnement en bruts 258
10.1.3 Les investissements 259
10.2 Discussion des hypothèses 263
10.2.1 De l'agrégation 263
10.2.2 L'agrégation des raffineries d'une zone est-elle source de biais ? . 265

Conclusion générale 269

Références bibliographiques 277


1
VI

Annexes 285

A Les feedstocks et le problème de calcul du taux d'utilisation de l'outil


de raffinage 287
В L'analyse en composantes principales et classification : rappels théoriques
295
B.l L'analyse en composantes principales 295
B.l.l L'espace des individus 298
B.1.2 L'espace des caractères 300
B.1.3 Interprétation des résultats d'une ACP 302
B.2 La classification 303
B.2.1 Classification non hiérarchique 303
B.2.2 Classification hiérarchique 305

С Les 4 scénarios d'évolution de la demande de produits pétroliers 300

D Fichier-types GEMME et matrice sous format MPS 313


D.l Exemple de fichier GEMME de type MONO 314
D.2 Le fichier GEMME MULTI 322
D.3 La matrice sous format MPS 324

E Programmation linéaire : rappels théoriques 327


E.l Systèmes d'équations linéaires et la méthode de Gauss 327
E.l.l Définitions 328
E.1.2 La Méthode de Gauss 329
E.1.3 Critère d'arrêt de la procédure 331
E.1.4 Généralisation : l'algorithme de Gauss 332
ЕЛ.5 Solutions de base d'un système d'équations linéaires 333
E.2 Formulation mathématique d'un programme linéaire 334
E.3 Formes des programmes linéaires 338
E.4 Passage d'une forme à une autre 339
E.4.1 De la forme canonique à la forme standard 339
E.4.2 De la forme standard à la forme canonique 340
E.5 Ensembles convexes et programmes linéaires 341
E.5.1 Définitions 341
E.5.2 Propriétés fondamentales des programmes linéaires 342
E.6 Résolution graphique des programmes linéaires 343
E.6.1 Principe de la méthode 343
E.6.2 Les étapes de la méthode 343
E.7 La méthode du simplexe ordinaire 344
E.7.1 Recherche d'une solution de base de départ 344
E.7.2 Recherche de la solution optimale : l'algorithme du simplexe . . 345
E.7.3 Critère d'optimalité 346
E.7.4 La dualité 347
Г VII
T
E.7.5 Liaisons des solutions primeie et duale : le théorème des écarts
complémentaires 348
E.8 Le simplexe révisé 350
E.9 L'apport des méthodes du "point intérieur" 354
T jr

INTRODUCTION
Т г~ 1
••ÇSSwt

Introduction

Le raffinage, activité de l'aval de l'industrie pétrolière, a pour objet de transformer la


matière première pétrole brut en divers produits finis directement utilisables à des fins
aussi bien énergétiques (carburants et combustibles), que non énergétiques (matières
premières pour la pétrochimie, bitumes, lubrifiants, solvants et diluants, etc . . . ). Cette
position place l'activité dans une situation très inconfortable, puisqu'elle subit de plein
fouet et sans aucun délai tous les changements (saisonniers ou structurels) de la de-
mande. Les deux chocs pétroliers, et particulièrement le second, ont été révélateurs de
la grande fragilité de cette industrie.

Cette fragilité est due au fait que l'industrie du raffinage, comme toute industrie
lourde, se caractérise par une forte intensité capitalistique, d'un côté et, de l'autre, par
une grande inertie due à l'importance des délais de réalisation des investissements, ce
qui est source de rigidité dans la décision.

La crise vécue par le raffinage européen durant la décennie quatre-vingt cons-


titue le meilleur exemple. En effet, celui-ci, s'étant lancé dans un vaste et ambitieux
programme d'investissement pour la construction de nouvelles capacités, à la fin du
premier choc pétrolier, s'est trouvé, au moment du très fort retournement de la de-
mande (en volume et surtout en structure) en 1979-1980, dans une position pour le
moins paradoxale, caractérisée par :

• des excédents de capacité de distillation dont une bonne partie venait à peine
d'être réceptionnée,

• des besoins d'investir dans les unités de conversion de fioul lourd, devenu encom-
brant suite à une très forte chute de sa demande, alors que les marges dégagées
par les opérations restent inexorablement négatives.
1 f
La gestion de cette situation n'a pas été sans laisser des traces et on peut af-
firmer que le raffinage européen a eu à subir une véritable mutation qui a conduit
les opérateurs concernés à une profonde restructuration des activités qui ont abouti
à l'émergence d'un nombre plus restreint de centres intégrés de raffinage-pétrochimie,
de plus grande dimension (Rotterdam aux Pays-Bas, Anvers en Belgique) et la ferme-
ture de toutes les petites raffineries intérieures, avec tous les problèmes sociaux que
la profession a eu à supporter (comme la suppression d'emplois et ses impacts sur les
collectivités d'implantation).

La décennie de la restructuration a certes permis au raffinage européen d'atteindre,


dès 1989, un taux d'utilisation des capacités de 88 % (90 % pour les États-Unis), taux
auquel aspirait depuis bien longtemps le raffineur, mais qui, au niveau de la collec-
tivité tout entière, ne serait-il pas le signal d'un futur déficit en capacités, déficit qui
affecterait la sécurité des approvisionnements et la stabilité des prix, compte tenu des
aléas de la demande ? Dans cet esprit, quelles sont les actions à entreprendre durant
cette dernière décennie du siècle pour doter l'Europe d'un outil conséquent en capacités
et types d'unités ?

Le raffinage est une activité stratégique dans la mesure où il est moins risqué
d'être dépendant du brut que des produits raffinés pour deux raisons :
• le marché des produits raffinés est plus étroit : 1 milliard de tonnes par an
pour le marché international du pétrole brut contre 400 Mt/an pour les échanges
transcontinentaux de produits raffinés, le rapport pouvant aller à trois contre un,

• le marché des produits est plus vulnérable que celui du brut à cause du nombre
très restreint d'exportateurs vers l'Europe des Douze : l'ex-URSS, la Roumanie
et quelques pays de l'OPEP (Arabie Séoudite, Algérie, Venezuela et Koweït), en-
core que pour les deux premiers, l'augmentation prévisible de leur consommation
intérieure réduira certainement leur potentiel d'exportation.

Dix ans après, peut-on dire que le raffinage européen se porte mieux ? est-il
mieux armé pour aborder l'avenir avec sérénité ? Quelle stratégie pour la fin du siècle
et la première décennie du suivant ?

La réponse à la question nécessite l'examen préalable de l'évolution de ses prin-


cipaux déterminants :
• en premier lieu, les conjonctures économique en général et énergétique en parti-
culier qui affectent l'évolution du niveau et de la structure de la demande,
• en second lieu, l'évolution des sources d'approvisionnement en pétrole brut et les
différentiels de prix entre les différentes catégories de bruts.
• en troisième lieu, les contraintes d'environnement.
tions ее ip, rueGinoux,

Les conjonctures économique et énergétique constituent un élément primordial


quant à l'évolution de la demande pétrolière, en volume et en structure. Celles-ci sont
très fortement conditionnées par le prix directeur de l'énergie qui reste celui du pétrole
brut. En effet, depuis 1973, les prix internationaux des énergies sont dominés par
l'évolution du prix du pétrole brut qui, par le biais des mécanismes d'indexation des
contrats gaziers, "contamine" les prix du gaz et affecte - par des mouvements d'ampleur
limité - ceux du charbon.

La question est donc de savoir comment évoluerait ce prix du pétrole brut d'ici
la fin du siècle, question d'autant plus difficile que l'expérience montre que toutes les
tentatives de prévisions se sont avérées fausses. Faudrait-il pour autant renoncer ?

Evidemment non et la solution de rechange consiste à recourir à des scénarios


de prix, plutôt qu'à vouloir prévoir leur évolution.

Trois scénario de prix, et par conséquent de demande, peuvent être envisagés :


un scénario de prix dit de "sagesse" permet d'envisager une croissance économique
mondiale raisonnable. Pour tenir compte des aléas prévisibles, il sera encadré par deux
autres :
• un scénario fort caractérisé par un prix de l'énergie bas permettant d'envisager
une forte consommation pétrolière des pays industrialisés. Dans ce cas, il s'agit
de savoir quelles capacités et structures seront nécessaires ?
• un scénario faible avec un prix de l'énergie élevé qui sera non seulement un frein
à cette relance mais induirait également une possible perte de part de marché
pour le pétrole dans ses usages thermiques au profit de ses concurrents, particu-
lièrement le gaz naturel. Quel serait l'impact d'un tel scénario sur les besoins en
capacités de raffinage ?

L'évolution de la structure de la demande dépend bien sûr du prix du brut


comme nous l'avons souligné plus haut, mais aussi des contraintes d'environnement.
Le passage de la teneur en soufre du gazole de 0,20 % poids, actuellement à 0,05 % poids
dès 1995 et la réduction de la teneur en soufre des fiouls lourds auront certainement
un impact sur les capacités de raffinage, en général, et de désulfuration en particulier.
Quelles capacités seront alors nécessaires pour répondre à toutes ces contraintes ?

La qualité des bruts qui constitueront l'approvisionnement de demain est aussi


un élément important, puisque si la tendance actuelle d'un brut de plus en lourd se
poursuivait, elle induirait certainement des besoins en nouvelles capacités de craquage
et de désulfuration. Quelles capacités seront alors nécessaires ?

Le raffinage est une activité "rigide", puisque la construction des unités nécessite
entre deux à cinq ans, ce qui signifie que, si le raffinage européen veut aborder serei-
nement cette fin du siècle, c'est maintenant qu'il doit entreprendre les actions de son
it- i
Г développement dont la première tâche est la détermination des capacités nécessaires
pour répondre aux différents scénarios de demande.

Notre travail, la modélisation et l'optimisation des capacités et struc-


tures d u raffinage européen aux horizons 1995, 2000 et 2010 se situe dans ce
cadre.

П se propose de déterminer les capacités souhaitables, en niveau et structure,


nécessaires pour répondre à la demande estimée des produits pétroliers des horizons
1995, 2000 et 2010, pour différentes hypothèses liées des déterminants (aléas de la de-
mande, contraintes d'environnement plus ou moins sévères, marché de produits plus
ou moins ouvert, etc.).

La détermination des capacités et structures optimales sera conduite en utilisant


le modèle linéaire de raffinage.

L'étude est structurée en deux parties :

1. Le raffinage étant une activité de dimension internationale, il est difficile voir


insensé d'entamer l'étude de sa partie européenne sans la situer d'abord dans son
contexte international, c'est l'objet de la première partie qui se compose de deux
chapitres :

• un premier pour la présentation du "langage" technique de l'activité ; lan-


gage indispensable pour la bonne compréhension de la suite du travail. On
y présentera l'outil et les produits,
• un second pour une rétrospective du raffinage mondial et la place du raffi-
nage européen.

2. la deuxième et dernière partie traite de la programmation linéaire et son appli-


cation au raffinage. Elle comprend sept chapitres :

• un chapitre (chapitre 3) traite des problèmes de la détermination de l'agrégat


à modéliser. En effet, il s'agira ici de définir l'entité à modéliser, autrement
dit ce qu'on entend par raffinage européen : faut-il modéliser l'ensemble des
dix-neuf pays européens membres de l'OCDE ou peut-on se contenter des
Douze de la CEE ? Une fois ce problème résolu, nous aborderons la manière
dont cet ensemble sera traité : en bloc, par groupes de pays, par pays ou
par raffinerie ?

Enfin, nous définirons l'approche à utiliser : en MONOraffmage, c'est-à-dire


traiter chaque bloc séparemment ou en MULTIraffinage.

Le modèle linéaire de raffinage se compose de trois modules de données :


• le chapitre 4 est consacré au premier bloc des données, à savoir les problèmes
de l'agrégation des approvisionnements en brut. Il s'agit là de déterminer le
nombre et le type des bruts à retenir pour représenter l'approvisionnement,
• le chapitre 5 traite du deuxième bloc : le module "marché". On y présentera
les différents scénarios de demande des produits pétroliers, les prix des pro-
duits et des bruts,

• le chapitre 6 traite du modèle linéaire de raffinage. On y abordera la


structure des fichiers de données, les générateurs de matrices, les codes
d'optimisation, les générateurs de rapports et le calage du modèle,

Les trois chapitres suivants seront consacrés à l'optimisation proprement


dite des capacités et structures de raffinage et à l'analyse des résulats pour
chacun des trois horizons :
• 1995 (chapitre 7). Différentes simulations seront effectuées pour la détermination
d'une configuration acceptable pour le modèle, compte tenu du degré de lib-
erté qu'on accorde à celui-ci,
• 2000 (chapitre 8),
• 2010 (chapitre 9),

3. Compte tenu du nombre élevé de simulations à effectuer (trois horizons, plusieurs


scénarios de demande et des sévérités en matière de contraintes d'environnement),
nous avons jugé utile et même nécessaire, d'ajouter un chapitre (le chapitre 10)
de discussion des résultats.
1
• <•(>/*

PARTIE I :

LE RAFFINAGE EUROPEEN
&
SON ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL
Chapitre 1
Le raffinage : l'outil et les produits

1.1 Introduction
La part du pétrole dans la satisfaction des besoins énergétiques mondiaux ne cesse
d'augmenter. Moins de 5 % au début du siècle, elle atteignait 25 % en 1950, 35 %
en 1963, 45 % en 1979 et 40 % en 1991. Les grandes dates de l'utilisation du pétrole
comme source d'énergie sont les suivantes : a
• 1723, une première distillerie élémentaire a été construite à Bakou, en Azerbaïdjan,
dans ce qui est maintenant le champ géant de Balakhany.
• En 1804, Aimé Argand propose un brûleur à huile qui sera commercialisé par
Quinquet et Lange, ce qui ouvre le plus grand débouché du pétrole à l'époque (le
pétrole lampant pour l'éclairage).
• l'année 1830 voit déjà l'édification d'une distillerie importante, toujours à Bakou,
• en 1853, un apothicaire de Galicie, Lukasiewicz, réussit, le premier semble-t-il, à
extraire le pétrole lampant,
• 1859, Bucarest utilise le pétrole lampant pour son éclairage public et elle sera
imitée plus tard par beaucoup d'autres villes,

• 1863, construction d'une première grande raffinerie à Boston (U.S.A),


• 1887, Daimler invente le premier moteur à explosion commercial,
• En 1893, Rudolf Diesel invente le moteur à huile lourde ; le "Mazout" commence
alors à actionner les navires et l'essence, le sous- produit dangereux, devient le
support de l'automobile.

X
PERRODON A. "Le pétrole à ttaveis les âges", Boubée, 1989, p.15 et SS.
Livre des inventions page 170.
г 10

Ainsi pendant plus de cinquante ans, le seul problème des raffineurs a consisté
à produire le maximum de kérosène, plus on en produisait, et plus on créait
ï

des résidus à brûler, dangereux comme l'essence, ou sales et visqueux comme les
noires composantes appelées fractions lourdes.

• 1908, Henry Ford sort, en grande série, son fameux modèle T 2 qui sera l'ancêtre
de la jeep pour des générations de géologues ; il organise sa production à la chaîne
un an plus tard,

• 1909, le parc automobile des États-Unis atteint déjà les 120 000 véhicules, chiffre
qui passera à 4,8 millions en 1940, la production s'accroissant de 33 % par an
entre 1923 et 1929.

• 1911, la demande d'essence dépasse celle du Lampant.

Sur le plan du raffinage les années trente sont également le théâtre de profondes
transformations. La diversification de la demande conduit les sociétés à pousser au
maximum la distillation du brut de préférence près des lieux de production (raffineries-
sources) et à développer les recherches pour la valorisation des résidus.

1.2 Le raffinage : les unités et les produits


Dans les sections précédentes nous avons utilisés certains termes techniques de la pro-
fession sans les avoir définis au préalable. Cette section a justement pour objet de
présenter techniquement les différents procédés utilisés dans le raffinage et les produits
obtenus et commercialisés3.

1.2.1 La distillation primaire


La distillation atmosphérique est l'unité de base d'une raffinerie. Elle a pour objet
de fractionner la charge (le pétrole brut) en grandes coupes qui pourront rentrer soit
dans la composition des produits commercialisables, soit dans d'autres unités en aval,
comme charge pour un ou plusieurs autres traitements.

Le principe de fonctionnement de la distillation atmosphérique consiste à porter


le brut à une température moyenne de 380° С avant de l'envoyer dans une colonne con-
tenant des plateaux. Les produits légers évaporés montent au sommet de la colonne et
rencontrent un fluide froid descendant à travers les plateaux. La condensation qui s'en
suit permet de récupérer ces produits, par des soutirages latéraux, dans des coupes se
2
La première voiture de ce type fut construite en 1896.
3
Pour plus de détails sur cette section, nous renvoyons le lecteur aux ouvrages cités en références
bibliographiques pour le chapitre 1.
Г 11

distinguant par leur température d'ébullition (cf. figure 1.1).

Figure 1.1 : Les coupes de la distillation primaire.

Gaz combustibles C1-C2

Coupe propane C3

Gaz butane C4
13°C

légère C5-C6
80 •95° С
Essences
lourde C6-C10
145 • 175° С

C14
Kérosène à
C15
210- 240° С

léger C14
à 280- 300° С
Gazoles
lourd C25
360- 380° С

1 C20+

Distillate
2

3
550° С

Résidu sous vide


i 12

On distingue généralement six grandes coupes (cf. figure 1.1 précédente) :


• les gaz, corps constitués par au plus quatre atomes de carbone. Ils se divisent
en :
— gaz de raffinerie qui sont les Cl et C2 et appelés souvent les fuel-gas car
brûlés directement dans la raffinerie,
— GPL (Gaz He Pétrole Liquéfiés), composés par le propane (C3) et le butane
(C4), sont commercialisés et peuvent être utilisés pour ajuster la tension de
vapeur des essences ou comme charge pour la pétrochimie.
• l'essence légère est la coupe qui va du pentane (C5) aux composants distillant à
80-95° C. Cette fraction liquide à la température ambiante, sert de base à la com-
position des carburants automobiles et comme charge pour l'unité d'isomérisation
et pour la pétrochimie (naphta).
• l'essence lourde va de la coupe précédente à 145-175° C. Cette coupe sert
également comme charge pour la pétrochimie et comme base pour les carburants
automobiles, avec cependant l'inconvénient d'avoir un indice d'octane recherche
(IOR) clair entre 30 et 50 alors que les normes sont de 96 et plus et une teneur
en soufre non négligeable pour certains bruts.
• le kérosène est la fraction la plus légère des coupes dites "moyennes". Son point
de coupe est compris entre 145-175° С et 210-240° C. Sa corrosivité naturelle im-
pose généralement un traitement adoucissant (de type Merox) pour satisfaire aux
spécifications extrêmement contraignantes du carburéacteur qui est la principale
destination des coupes kérosène. De même son excellente tenue au froid fait du
kérosène un bon fluxant pour les bases gazoles.
• la coupe gazole peut être scindée en deux groupes :
- le gazole léger : coupe comprise entre 210-240° С et 280-300° C,
- le gazole lourd : coupe comprise entre 280-300° С et 360-380° C.
Les problèmes de qualité essentiels (tenue au froid et soufre) sont plus accentués
pour la deuxième catégorie. Ces coupes gazoles sont essentiellement destinées
aux bases gazole moteur, donc pour un usage comme carburant diesel, et aux
bases pour le fioul domestique, usage comme combustible pour le chauffage. Le
fioul domestique est utilisé aussi comme fluxant de fioul lourd lorsque celui-ci est
de qualité trop médiocre (notamment en ce qui concerne la viscosité).
• le résidu atmosphérique regroupe l'ensemble des autres composants qui ne
distillent pas en dessous de 380° C. C'est une excellente base pour la constitu-
tion des fioul lourds, moyennant une désulfuration préalable4 pour respecter les
4
On ne pratique la désulfuration des résidus qu'exceptionnellement. Pour obtenir du fioul basse
teneur en soufre, on utilise soit des résidus atmosphériques des bruts peu sulfureux, ou bien on fluxe
avec des gaioles à basse teneur en soufre.
13

spécifications en matière de teneur en soufre, c'est pourquoi on trouve généralement


deux catégories de fioul lourds :
— fioul lourd BTS (basse teneur en soufre) utilisé généralement comme com-
bustible,
- fioul lourd HTS (haute teneur en soufre) utilisé comme soute maritime pour
les navires en plein mer.
Les rendements de la distillation primaire sont fonction du type des bruts utilisés
lesquels sont classés par leur densité exprimée en degré API 5 . C'est ainsi, et comme le
montre le tableau 1.1, le passage d'un brut très léger de type mélange saharian de 46°
API à un brut Arabe lourd de 28° API fait passer les rendements de 37 à 18 %, pour
les fractions légères, de 36 à 25 %, pour les fractions moyennes et 27 à 57 % pour les
fractions lourdes.

Tableau 1.1 : Rendements naturels des bruts

Bruts Mélange saharien Brent Arabe léger Arabe lourd

Densité (° API) 46 38 33 28

Fractions légères 37 27 21 18
Fractions moyennes 36 33 31 25
Fractions lourdes 27 40 48 57

Total 100 100 100 100

Source : d'après Oil & Gas Journal.

Cette variété dans les rendements naturels des bruts constitue un élément im-
portant dans l'approvisionnement en brut pour le raffineur, qui pourra ainsi l'utiliser
pour répondre à la demande qui lui est adressée.

La frontière entre les différentes coupes obtenues par distillation n'est pas très
rigide et permet ainsi au raffineur de disposer d'une certaine souplesse pour accroître
sa production de telle ou telle coupe en fonction de la saisonnalité des demandes.

La distillation atmosphérique reste, malgré tout, une unité rigide. C'est ainsi
que les rendements en essences sont limités par le point final de la coupe car l'incorpora-
tion de corps lourds est nuisible à la vaporisation des carburants automobiles ; alors
que le kérosène est limité inférieurement par son point d'éclair et supérieurement par
s
le degté de l'American Petroleum Institute se détermine de la manière suivante :
°AP/= ^ - 1 3 1 , 5
1
14

son point final qui influe sur la tenue au froid du carburéacteur. Les gazoles sont limités
supérieurement par la contrainte de tenue au froid.

1.2.2 La distillation sous vide


Le résidu atmosphérique peut subir un nouveau fractionnement dans une tour de dis-
tillation sous vide si la raffinerie comporte des unités de conversion aptes à traiter
les distillats moyens ou une chaîne d'huile. Porté à une haute température, le résidu
atmosphérique est séparé par distillation sous vide en deux coupes principales :

• le distillât sous vide qui distille à une température inférieure à 550-575° C,

• le résidu sous vide qui regroupe les composés les plus lourds du pétrole et constitue
le fond du baril 6 .

Les produits obtenus à ce stade sont généralement loin de répondre aux spécifi-
cations exigées par les normes en vigueur pour la qualité des produits. C'est pourquoi
ils sont dirigés vers d'autres unités pour y subir différents traitements : les unités
d'hydroraffinage eu hydrotraitement (pour la transformation à l'hydrogène de tous les
composés indésirables présents dans les coupes pétrolières tels que le soufre, les métaux,
etc.) et l'unité de réformage catalytique pour l'amélioration de l'indice d'octane des
essences auto.

1.2.3 Les unités de production des essences


1.2.3.1 Le réformage catalytique
Le principe de cette unité consiste à transformer les composants à bas indice d'octane de
l'essence lourde en aromatiques possédant un indice d'octane élevé. Le traitement a lieu
à une haute température (500° C) et une pression moyenne en présence d'un catalyseur.
Les conditions opératoires influent considérablement sur la qualité du reformat obtenu.
L'indice d'octane du reformat est fonction croissante de la température et du temps
de séjour de la charge dans l'unité. Cependant, l'augmentation de la température, si
elle permet d'améliorer l'indice d'octane, se traduit par une diminution du rendement
en reformat (au profit des gaz) et une détérioration rapide du catalyseur suite à des
dépôts de coke. Enfin, pour un même volume de reformat obtenu, une sévérité de
traitement importante se traduit par une augmentation de la consommation en com-
bustible ( 2 à 3 % de la charge du réformeur). Le problème consiste donc à faire un
arbitrage entre une certaine production de reformat à haut indice d'octane (98 à 100
IOR clair), ayant un coût élevé et une production importante de reformat à faible
indice d'octane (94 IOR clair) avec un coût faible ; le mélange permettant de répondre
6
D'où le nom de conversion profonde donné aux unités qui petmettent la conversion de cette coupe.
Г 15

ainsi aux spécifications, au moindre coût.

Outre le reformat, l'unité de reformage est un grand producteur d'hydrogène


(utilisé dans les unités d'hydroraffinage) et des GPL, comme le montre le tableau 1.2
ci-après.

Tableau 1.2 : Rendements-type d'un reformeur catalytique

Produits Rendement-type (% massiques)

Gaz riche en hydrogène 5 - 10


Gaz combustible 3-4
Propane 4-8
Butane 6- 10
Reformat 65-85

Les techniques de reformage à basse pression et avec régénération en continu


du catalyseur permettent de travailler constamment à indice d'octane élevé tout en
obtenant de meilleurs rendements en reformat.

Les progrès concernant les catalyseurs ont permis d'améliorer sensiblement leur
résistance aux dépôts de coke, même si un prétraitement à l'hydrogène de l'essence
lourde reste indispensable pour éliminer les impuretés qui constituent pour le catalyseur
des poisons redoutables.

1.2.3.2 L'éthylation
Le problème de l'indice d'octane des essences n'est pas complètement résolu par le
réformage catalytique, puisqu'il y a lieu d'ajouter dans le pool essences une certaine
quantité du Plomb TetraEthyl (РТЕ) (0,15 g/1 à partir de juin 1991 en France) qui
permet d'améliorer significativement l'indice d'octane .

Cependant, la protection de l'environnement et les restrictions sur les rejets


atmosphériques des produits pétroliers ont conduit à une limitation du РТЕ, comme
additif aux essences, à 0,10-0,15 g/1 et ont fortement favorisé l'essor des procédés
d'obtention des composants à haut indice d'octane : l'alkylation, l'isomérisation et le
MTBE (Methyl Tertio butyl Ether) ou ГЕТВЕ (Ethyl Tertio Butyl Ether) que nous
présenterons succintement dans les sections qui suivent.
T Г \
16

1.2.3.3 L'alkylation
Cette unité vient compléter l'unité de craquage catalytique (le FCC) pour une maximi-
sation de la production des essences automobiles. Elle transforme les surplus de GPL
produit par le FCC, par ajout d'oléfines, généralement des butènes, à de l'isobutane,
en alkylat, produit riche en isoparaffines C8 caractérisé par un indice d'octane élevé
(95 à 97).

1.2.3.4 L'isomérisation
Le principe de l'isomérisation consiste à transformer les n-paraffines en iso-paraffines
caractérisés par une structure moléculaire à haut indice d'octane dont le but d'obtenir
un produit (1 isomérat) à haut indice d'octane clair. Le gain en points d'octane moteur
dépend de la charge utilisée : 27 pour les C5, 48 pour les méthylpentane 3 et 32, et 67
pour les dimétylbutane 22 et 23.

La charge de l'unité peut être du naphta léger (light virgin naphtha), de l'essence
de condensât (light natural gasoline), le réformat léger, le réformat après extraction
des aromatiques et le naphta léger hydrocraqué. Cependant, pour limiter la formation
du benzène, hyclohexane et C7 + , la charge de l'isomérisation va des C5 à 70-80° С

L'octane clair de l'isomérat dépend en fait du procédé utilisé : avec ou sans


recyclage : 78 (octane moteur) et 80 (octane recherche) pour un procédé sans recyclage.
Ces valeurs passent à 87 et 89, respectivement pour un procédé avec recyclage.

1.2.3.5 l e s unités de productions du МТВБ, БТВБ et TAME


L'adjonction du plomb tétraéthyl aux essences s'amenuisant, il devient de plus en plus
difficile aux raffineurs de fabriquer directement des essences répondant aux qualités
requises. H a fallu donc recourir aux composés oxygénés (de la pétrochimie) que sont
le Méthyl Tertio Butyl Ether (MTBE), l'Ethyl tertio Butyl Ether (ETBE) et le Tertio
Amyl Méthyl Ether (TAME) dont le plus utilisé est le MTBE.

Les charges de ces procédés sont :

• pour le MTBE, la coupe C4 du vapocraquage, après extraction du butadiene et


contenant entre 40 et 50 % poids de l'isobutène et la coupe C4 du FCC contenant
entre 15 à 20 % en poids de l'isobutène, en plus du méthanol.
• pour l'ETBE, seul le méthanol est remplacé par l'éthanol, le reste de la charge
est similaire à celle du MTBE.

• pour le TAME, les isoamylènes (oléfines tertiaires avec cinq atomes de carbones)
et le méthanol. Les isoamylènes sont obtenus à partir des essences de vapo-
craquage (25 % poids en C5) et les essences légères de FCC (30 % poids en
C5).
^^^^^m

17

Les caractéristiques de ces procédés sont résumées par le tableau 1.3 suivant

Tableau 1.3 : caractéristiques comparées du MTBE, ETBE et TAME

Caractéristiques unité MTBE ETBE TAME

Densité kg/1 0,74 0,75 0,75


Point d'ebullition °C 55 72 86,3
NOR* - 118 118 115
NOM" - 102 102 102
Tension de vapeur Bar 0,55 0,40 0,10

* Nombre d'octane recherche,


** Nombre d'octane moteur.

1.2.4 Les unités d'hydrotraitement


Ces procédés ont pour but d'éliminer les impuretés présentes dans les coupes pétrolières
(soufre, azote, oxygène et métaux) au moyen d'un traitement catalytique en présence
d'hydrogène. Dans une raffinerie classique, la quantité d'hydrogène produite par l'unité
de réformage catalytique suffit, en règle générale, pour satisfaire les besoins de ces
unités, ce qui n'est plus le cas des raffineries plus complexes où une unité de produc-
tion d'hydrogène est nécessaire.

La teneur en soufre élevée des produits de la distillation primaire (exceptés


certains bruts à très faible teneur en soufre) rend nécessaire une désulfuration pour
respecter les spécifications en vigueur ou permettre leur traitement ultérieur dans des
unités de conversion catalytique.

Le taux de désulfuration obtenu sur les coupes moyennes (kérosène et gazole)


est généralement compris entre 80 et 95 %. Ceci permet, en traitant environ les trois-
quarts d'un pool gazole moyennement soufré, de ramener la teneur en soufre à 0,3 %.

Pour les coupes plus lourdes, la teneur initiale en soufre est plus élevée, l'extraction
de la quasi-totalité du soufre se révèle alors impossible.

Les unités, destinées à transformer les fractions lourdes du brut en produits plus
légers, sont généralement divisées en deux catégories : les unités de conversion classique,
qui utilisent comme charge les distillats sous vide ou le résidu atmosphérique, et les
T Г
Г"
18
1
unités de conversion profonde qui s'attaquent au fond du baril, c'est-à-dire le résidu
sous vide et nécessite par conséquent des procédés plus complexes.

1.2.5 La conversion classique


Sous cette appellation nous regroupons les procédés qui traitent le distillât sous vide
(craquage catalytique FCC 7 et hydrocraquage des distillate et le craquage catalytique
du résidu atmosphérique RCC 8 ainsi que la viscoréduction qui peut être considérée
comme un traitement "léger" du résidu sous vide.

1.2.5.1 Le craquage catalytique (le FCC)


C'est le procédé de base des schémas de conversion orientés vers la production des
essences automobile. Il permet la production d'essence de bonne qualité (IOR compris
entre 91 et 94) avec des rendements élevés (30 à 60 % de la charge selon sa qualité
et la sévérité de traitement). Une augmentation de la sévérité de traitement permet
une production plus élevée en essence avec un indice d'octane relativement stable, mais
également celle des gaz fatals (fuel-gas et GPL) ainsi que celle du coke (brûlé en totalité
dans le régénérateur du catalyseur).

À l'inverse, les coupes moyennes et lourdes obtenues sont de qualité très médiocre.
L'indice de cétane du gazole est très faible en plus de sa teneur en soufre élevée. Ces
handicaps limitent la possiblité de son incorporation dans les bases gazoles souvent en
limite de spécification. Il est alors utilisé comme fluxant du fioul lourd, sa bonne tenue
au froid et sa faible viscosité constituant sur ce plan des avantages certains.

Le coke produit se dépose sur le catalyseur et réduit ainsi considérablement


son efficacité. Une régénération en continu doit donc intervenir afin d'éviter une
désactivation trop rapide du catalyseur.

La sensiblité du catalyseur aux impuretés (soufre et métaux) limite la charge des


craqueurs catalytiques aux distillats sous vide issus de bruts "propres" ou aux charges
préalablement traitées par hydrodésulfuration.

Enfin, la forte production des GPL, moins bien valorisés que les essences, nécessite
leur traitement dans une unité d'alkylation pour l'obtention d'un alkylat à haut indice
d'octane qui constitue une très bonne base pour le pool carburant (IOR clair supérieur
à 95).

7
Fluid Catalytic Cracking.
s
atmosphéric Residue Catalytic Clacking (le procédé R2R de l'IFP).
1
Г 19

1.2.5.2 L'hydrocraquage des distillats


L'hydrocraquage est un procédé plus récent que le craquage catalytique. Comme ce
dernier, il transforme les produits lourds en produits plus légers (gaz, essence, kérosène,
gazole), mais la présence d'hydrogène évite la formation d'oléfines, ce qui confère aux
produits une meilleure qualité. Un autre avantage de l'hydrocraquage réside dans une
plus grande souplesse dans les rendements, ce qui rend possible la maximisation tant
de la production des essences que celle de kérosène ou de gazole, tous de bonne qualité.

L'essence légère possède en effet un très bon indice d'octane tandis que l'essence
lourde constitue une bonne charge pour le réformage catalytique. Les coupes moyennes
sont également de bonne qualité (indice de cétane élevé et très bonne tenue au froid).

Pour ce qui est des inconvénients de ce procédé, outre que la charge traitée
doit être exempte d'impuretés (véritables poisons pour le catalyseur), la forte con-
sommation en hydrogène implique, dans la plupart des cas, la construction d'unité de
production d'hydrogène, le réformage catalytique ne pouvant généralement pas couvrir
à lui seul ces besoins.

Cet hydrogène peut être produit par deux types d'unités :


• le reformage à la vapeur des gaz (C2-C3-C4) ou du naphta offre des rendements
de 40 % en poids environ en hydrogène pur. Des rendements similaires sont
obtenus par vaporéformage du gaz naturel.
• l'oxydation partielle des résidus présente le gros avantage d'agir sur les coupes
lourdes (résidu sous vide) mais offre un rendement, en poids, en hydrogène plus
faible (20 à 25 %).

1.2.5.3 La viscoréduction
À l'inverse des deux unités précédentes dont le principe repose sur un traitement cata-
lytique des distillats, la viscoréduction est un traitement thermique du résidu sous vide.
Son pouvoir de conversion est très réduit puisque seule une faible fraction de la charge
est transformée en essence et gazole. Le principal intérêt de cette unité réside dans la
réduction notable de la viscosité du résidu.

Cette unité permet donc d'augmenter la production de gazole : un fioul lourd


de viscosité moins élevée exigeant une quantité moindre de fluxant pour atteindre la
spécification du fioul lourd commercial qui est de 40 Cst à 100° С

1.2.6 La conversion profonde


Les unités de la conversion profonde ont pour but de transformer une part importante
du résidu (atmosphérique ou uniquement sous vide) en produits plus légers.
г 20
1
1.2.6.1 La cokéfaction
Procédé thermique identique, dans le principe, à la viscoréduction, la cokéfaction of-
fre une conversion beaucoup plus profonde du résidu. Cette différence de rendements
s'explique par les conditions opératoires beaucoup plus sévères de ce procédé : le temps
de séjour de la charge dans l'unité et la température plus élevée favorisant des réactions
de craquage importantes.

La réaction de craquage permet la production de coupes moyennes et d'essences


mais présente l'inconvénient d'une production de produits fatals (gaz et coke). Cette
production de coke a conduit au développement de trois techniques de cokéfaction
différentes :
1. La cokéfaction retardée est la technique la moins élaborée qui consiste à
chauffer le résidu dans un ballon en laissant le coke se déposer au fond de celui-ci
et à l'extraire au cours d'arrêts périodiques. Cette technique offre la possibilité
de récupérer un coke commercialisable en tant que combustible ou, si le brut
d'origine s'y prête, comme électrodes pour l'électrochimie.
2. La cokéfaction fluide est plus sophistiquée et consiste à évacuer le coke de
manière continue grâce à la technique de lit fluidisé. Outre la suppression des
arrêts périodiques indispensables à l'extraction du coke, ce système permet de
réduire sensiblement la production résiduelle tout en offrant l'avantage d'auto-
corjommer une partie du coke produit pour obtenir la chaleur nécessaire à la
réaction.
3. La cokéfaction gazéification constitue la version la plus élaborée de cette tech-
nique de conversion des résidus. Plus connue sous le nom de Flexicoker (procédé
développé par Exxon), elle consiste en l'association d'une cokéfaction fluide et
d'une gazéification du coke. L'intérêt de ce procédé est d'éliminer totalement la
production de coke au profit de celle d'un gaz (à faible pouvoir calorifique) qui
peut être valorisé comme combustible à proximité de la raffinerie.

Un inconvénient commun à toutes ces techniques de conversion concerne la


qualité très médiocre des produits obtenus. Un hydrotraitement s'avère indispensable
pour réduire la teneur en soufre des essences et distillats, mais également pour purifier
les fractions lourdes dans lesquelles se concentrent la majeure partie des métaux con-
tenus dans le brut d'origine (ces métaux pouvant endommager fortement les chaudières
où est brûlé le fioul lourd). Ainsi, bien que ne consommant pas directement de l'hydro-
gène, les procédés de cokéfaction peuvent induire la construction d'une unité spécifique
pour sa production, d'où un coût d'investissement supplémentaire.

1.2.6.2 La conversion catalytique des résidus


L'amélioration de la qualité des catalyseurs et la mise au point de nouveaux procédés
de traitement catalytique offrent aujourd'hui la possibilité de traiter des charges de
1 Г 21

plus en plus lourdes.

C'est le cas du procédé HYCON, installé par Shell à Pernis aux Pays-Bas, pour
l'hydroconversion du résidu, c'est-à-dire une conversion catalytique des coupes lourdes
en présence de l'hydrogène. Avec ce procédé, on peut transformer la charge à 60 %
en produits légers d'excellente qualité et les 40 % restants sont des fiouls commercia-
lisables ou retraitables dans une unité de conversion classique.

L'inconvénient majeur de ce procédé est sa forte consommation en hydrogène


(2 à 3 % en masse) d'où la nécessité d'installer une unité de production spécifique pour
répondre au besoin de ce produit, avec en conséquence un coût d'investissement élevé.

1.2.6.3 Le désasphaltage
Le désasphaltage n'est pas, en lui-même, un procédé de conversion profonde. Cepen-
dant, il peut être utilement inséré dans un schéma de raffinage visant à minimiser la
production de fioul résiduel. Il est déjà utilisé pour la production de bases pour lu-
brifiants (désasphaltage au propane), mais son utilisation a été étendue par l'emploi
de solvants plus lourds (pentane). Ce traitement au pentane permet de séparer par
précipitation les asphaltènes, fractions lourdes concentrant une forte proportion des
métaux, d'un distillât (DAO9) apte à être ensuite converti dans une unité classique
(craqueur catalytique ou hydrocraqueur) après une hydrodésulfuration.

L'inconvénient majeur du procédé est une production importante (20 à 35 %


poids selon le type de brut) d'asphaltène faiblement valorisable.

1.3 Les produits et leurs spécifications


Les produits pétroliers commercialisés sont classés généralement en deux groupes, selon
leur usage :

• les produits pétroliers à usage énergétique : GPL, les essences automobile, le jet
fuel (kérosène), le gazole, le fioul domestique, le fioul lourd, etc.

• les produits pétroliers à usage non énergétique (lubrifiants, solvants, matières


premières pour la pétrochimie) tels que le naphta, les lubrifiants, les bitumes
(usage routes et étanchéité), les solvants pour peinture et autres.

Ces produits se distinguent par un certain nombre de qualités indispensables à


leur commercialisation, ce sont leurs spécifications : densité, teneur en soufre, indice
d'octane (pour les essences auto) et de cétane (pour le gazole), etc. Les spécifications
retenues sont :
9
DesAsphalted Ou.
22

• pour les essences automobile : la densité, la tension de vapeur Reid, l'indice


d'octane mesuré selon les méthodes recherche (IOR) et moteur (IOM), avec et
sans adjonction de plomb tétraéthyl (РТБ). Ainsi quatre indices d'octane sont
pris en compte, il s'agit du :

- IOR clair (sans adjonction de РТЕ),


- IOR avec adjonction de 0,15 g/1 de РТЕ,
- IOM clair,
- IOM avec adjonction de 0,15 g/1.

Quatre types d'essences ont été retenus : l'essence ordinaire sans plomb
(EOSP), le supercarburant 98 plombé à 0,15 g/1 (SP98), l'Eurosuper 95
sans plomb (IOM = 85) (SSP95) et le super 98 sans plomb (IOM = 88)
(SSP98).

• pour le kérosène : la densité et la teneur en soufre,

• pour le gas oil : la densité, la teneur en soufre, le point de congélation (pour le


gas oil routier), la viscosité à 20° С et l'indice de cétane,

• pour le fioul lourd : la densité, la teneur en soufre, le point de congélation et la


viscosité à 100° С

1.4 Structure de la consommation pétrolière et sché-


mas de raffinage
1.4.1 Structure de la consommation pétrolière
La structure de la consommation pétrolière a connu principalement quatre grandes
phases, à savoir :

• période 1, allant jusqu'à la fin de la première guerre mondiale, se caractérise par


la prédominance du lampant (plus de la moitié), alors que l'essence ne représente
à peine 15 à 20 %,

• période 2 : 1920 - début de la deuxième guerre mondiale : le phénomène s'est


complètement inversé puisque l'essence représente maintenant plus de la moitié
alors que le lampant tombe à 10 - 15 %,

• période 3 allant de la fin de la deuxième guerre mondiale à l'année 1979 : les


produits lourds (fiouls) dominent (besoins de l'industrie, de l'électricité et du
chauffage) avec près de la moitié, alors que les essences représentent à peine le
cinquième,
1
23

• période 4 : à partir de l'année 1979, et suite au deuxième choc pétrolier, le


phénomène s'est de nouveau inversé avec l'émergence des essences (usage captif
du pétrole) et des fractions moyennes qui représentent ensemble près des trois-
quarts, alors que les fractions lourdes ne représentent qu'à peine le cinquième.
Tous ces bouleversements ont donné d'énormes problèmes au raffineur qui de-
vra adapter son outil à cette demande sans cesse fluctuante. Le tableau 1.4 donne la
structure de la demande intérieure en Europe ainsi que la structure d'un brut moyen
(33° API), pour les années 1973, 1984 et 1991.

Tableau 1.4 : Structure de la demande intérieure de l'Europe (en %)

1973 1984 1991 Brut moyen (33° API)

Fractions légères 21 33 33 20

Fractions moyennes 37 45 44 33

Fractions lourdes 42 22 23 47

TOTAL 100 100 100 100

II ressort de ce tableau que la simple distillation d'un brut de type moyen en-
gendre, pour le raffineur :
• des déficits en fractions légères et moyennes de plus en plus croissants (1 à 13 %
pour les fractions légères et 4 à 11 % pour les fractions moyennes),
• des excédents importants en fractions lourdes (5 à 24 %) et dont il faudra trouver
des débouchés.
La structure de la consommation pétrolière, similaire avant la deuxième guerre
mondiale, pour l'Europe occidentale et les Etats-Unis d'Amérique (cf. tableau 1.5)
s'est complètement modifiée, pour l'Europe Occidentale, à partir des années cinquante.

Alors que pour les États-Unis, la part des essences a augmenté légèrement (43 %
en 1938 à 48 % en 1964 et 44 % en 1991), celle des distillats moyens est passée de 19 %,
en 1938 à 28 % en 1964 et 31 % en 1991, ce qui a réduit considérablement celle du
fioul lourd (22 % en 1938 à . . . 7 % en 1964 ! 9 % en 1991) ; pour l'Europe occidentale,
c'est plutôt le phénomène inverse qui s'est produit:
1
24

• la part des essences est passée de 41 %, en 1938, à 22 % en 1964, 16 % en 1970


pour remonter à 23 % en 1991, soit une réduction de près de moitié en terme de
part,

• la part des distillate moyens, par contre, a augmenté de 18 % à 29 %, durant la


période 1938-1964 et 44 % en 1991.

• la part du fioul lourd est passée de 25 % à 35 %, respectivement pour 1938 et


1964 et 15% en 1991.

Sur le plan de la technologie de raffinage, cette évolution de la structure de


consommation pétrolière, dans les deux grands centres de consommation du monde, a
eu des répercussions diamétralement opposées :

• pour l'Europe occidentale, la structure pétrolière d'avant le premier choc pétrolier


de 1973-1974, correspondait relativement au rendement naturel des bruts légers
et même moyens, d'où une technologie de raffinage relativement simple : des
raffineries de type hydroskimming (distillation, hydrodésulfuration et réformage
cataly tique),

• pour les Etats-Unis, par contre, la faible part du fioul lourd dans la demande,
ne correspond pas au rendement naturel des bruts, d'où la nécessité d'un outil
de raffinage plus sophistiqué : les raffineries complexes dotées de la conversion
des fractions lourdes (craquage catalytique et hydrocraquage) en maximisant la
production des essences.

Ces bouleversements dans la structure de la consommation pétrolière rend délicat


le travail du raffineur qui est appelé constamment à adapter son outil à la demande,
d'où l'émergence de trois types de raffineries avec une complexité croissante, à savoir :

• raffinerie simple disposant d'une distillation atmosphérique, d'une unité de refor-


mage catalytique et d'une unité d'hydrodésulfuration des gas oils,

• raffinerie semi-complexe, avec en plus une unité de distillation sous-vide et une


unité de craquage catalytique ou hydrocraquage,

• raffinerie complexe dotée de la conversion profonde du fioul résiduel.

Dans la mesure où la tendance est pour le blanchiment10 du baril, l'objectif


recherché par cette complexité est double : répondre à une demande de plus en plus
importante en produits blancs et, de ce fait, valoriser les résidus qui deviennent en-
combrants pour le raffineur.
10
Accioissement de la paît des produits blancs tirés d'un baril.
25

Tableau 1.5 : Comparaison de l'évolution de la structure (en %) de la consommation


pétrolière des États-Unis d'Amérique et de l'Europe Occidentale

Coupes années 1938 1954 1964 1970 1975 1980 1985 1991

Essences
. Etats-Unis 43 45 48 36 38 37 42 44
- Europe 41 26 22 16 18 20 23 23

Distillate
- États-Unis 19 27 28 25 25 24 28 31
- Europe 18 24 29 41 43 45 45 44

Fioul lourd
- Etats-Unis 22 14 7 18 18 18 9 9
- Europe 25 35 35 28 24 20 15 15

Autres*
- Etats-Unis 16 14 17 21 19 21 21 16
- Europe 16 15 14 15 15 15 17 18

* y compris le fuel de raffinerie et les pertes.

Source :- Oil Economist Handbook, 5th Edition, Volume 1, Statistics, d'après BP Statistical
Review of the World Oil Industry, 1Щ.
- CPDP 1980, 1985 et 1991,
- Statistiques de l'OCDE 1983 et 1992.
Г 26

1.4.2 Les différents schémas de raffinage


Un schéma de raffinage est l'ensemble d'unités qui, par leur action complémentaire,
transforment le pétrole brut en produits finis répondant aux exigences du marché tant
en quantité qu'en qualité.

Le choix de la configuration d'une raffinerie - donc du schéma à adopter - est


extrêmement important pour sa rentabilité. Le dimensionnement des unités sera fait
en fonction des types de brut que la raffinerie est appelée à traiter afin de tenir compte
notamment de la capacité des unités d'hydrotraitements qui dépendent étroitement de
la qualité de ces bruts.

Le choix d'un schéma de raffinage sera également guidé par la stucture du


marché auquel est destinée la production. Un schéma simple pourra suffire pour ap-
provisionner un marché captif à forte demande en fioul lourd (le cas des raffineries
"intérieures" (ou locales) de l'Europe dans les années soixante-dix). Un schéma plus
complexe sera plus adapté pour un marché orienté vers une forte demande en produits
légers.

1.4.2.1 Le schéma de base : la raffinerie hydroskimming


C'est le schéma qui a prévalu, hors États-Unis, jusqu'au second choc pétrolier. Il se
résume en l'association des unités de distillation atmosphérique, de réformage cataly-
tique et d'hydrodésulfuration des gazoles. La structure de rendement est très rigide et
la production de fioul lourd est très importante (notamment pour les bruts lourds).

1.4.2.2 Le schéma avec conversion classique


L'introduction d'unités de conversion classique dans le schéma hydroskimming per-
met de réduire la production de fioul lourd à 20-30 % de la charge. L'incorporation
d'un craqueur catalytique (FCC), par exemple, permet d'améliorer considérablement
les rendements en carburants automobiles. Cependant, un tel schéma demeure peu
adapté pour faire face à une forte demande en coupes moyennes.

À l'inverse, un schéma avec hydrocraqueur offre une excellente souplesse de


rendement et peut être orienté vers une production maximale de coupes moyennes
(carburéacteur et gazole) de très bonne qualité.

Ces deux schémas présentent, cependant, l'inconvénient de ne pas s'attaquer au


fond du baril, le résidu sous vide, du fait de la très grande sensiblité de leurs unités de
conversion aux impuretés contenues dans la charge.

Les raffineries avec cokeur, fortement implantées aux États-Unis d'Amérique,


permettent de résoudre ce problème ; elles ne constituent cependant pas le schéma de
conversion idéal car la qualité des produits obtenus est assez médiocre, la souplesse
i
27

des rendements est faible et la production résiduelle de coke est élevée, ce qui peut
constituer un handicap important si des débouchés lui offrant une valorisation correcte
ne sont pas assurés.

Toujours dans le domaine de la conversion classique, un degré supérieur de com-


plexité peut être atteint en ajoutant des unités auxiliaires permettant d'augmenter les
rendements en produits nobles et de diminuer de quelques points ceux des produits
résiduels. Ainsi, le couplage d'une unité d'alkylation au craqueur catalytique permet
d'augmenter la production d'essence, directement par la transformation de G.P.L. en
alkylat et, indirectement, par une amélioration du pool octane de la raffinerie, ce qui
permet d'incorporer plus de coupes à bas indice d'octane dans la base carburants.

L'incorporation d'un viscoréducteur permet, lui, de réduire la part du fioul


lourd.

Le seuil des 20 % de la charge en production de fioul lourd (sur le brut Arabe


léger) ne peut être atteint qu'à l'aide de schémas de conversion profonde. Ceux-ci peu-
vent lier des unités classiques entre elles ou faire appel aux procédés plus sophistiqués
décrits précédemment.

1.4.2.3 Le schéma avec conversion profonde


II peut exister une grande diversité des schémas de raffinage avec conversion profonde,
le plus répandu consiste en l'association d'un FCC et d'un cokeur. Les distillats obtenus
dans la seconde unité (cokeur) peuvent être chargés dans la première afin de maximiser
la production de carburants. Un tel schéma implique, cependant, une purification à
l'hydrogène des distillats et résidus si le FCC utilisé n'est pas adapté au traitement
des huiles lourdes. Cette purification est d'autant plus indispensable que le cokeur est
associé à un hydrocraqueur. Cette dernière configuration présente l'avantage d'avoir
une très grande flexibilité, alors que la production de coke (de 4 à 5 % de la charge)
peut constituer un handicap dans le cas où elle n'est pas valorisée.

Un autre procédé consiste à purifier le résidu par désasphaltage au pentane


(donc sans utilisation de l'hydrogène) puis à traiter la coupe désasphaltée dans une
unité de conversion catalytique. Cette solution présente des avantages certains : faible
consommation de l'hydrogène (un hydrotraitement pouvant cependant améliorer les
rendements en sortie de FCC), meilleurs rendements malgré une production impor-
tante d'asphalte dont la valorisation reste faible.

Enfin, le stade ultime de la conversion est atteint par des schémas de raf-
finage centrés sur des unités très sophistiquées telles que la cokéfaction-gazéification ou
l'hydroconversion des résidus qui offrent des rendements très faibles en fioul résiduel et
une production nulle de résidu solide (bien que le premier soit producteur d'une part
non négligeable de gaz pauvre également peu valorisable). Ces bonnes performances
28

sont quelques peu atténuées par la forte consommation en hydrogène des deux procédés.
Bien que n'en utilisant pas directement, la cokéfaction en nécessite de grandes quan-
tités pour la purification des produits. Quant à l'hydroconversion, c'est un procédé
gros consommateur d'hydrogène dont le coût de production est élevé.

Associés à une unité de conversion classique telle qu'un FCC ou un hydro-


craqueur, ces procédés de conversion présentent une production idéale, tant par la
qualité des produits obtenus que par la diversité des rendements possibles, à qualité des
bruts à traiter constante, car une teneur élevée en impuretés peut diminuer l'efficacité
de la conversion ou nécessiter plus d'hydrotraitements, donc coût plus élevé.

Comment influe cette complexité de la raffinerie sur les rendements ? Tel est
l'objet de la section suivante qui donne les rendements sur le brut Arabe léger obtenus
en mettant en oeuvre différents schémas de raffinage, allant du plus simple (la raffinerie
hydroskimming) au plus élaboré (avec une conversion profonde).

1.4.3 Impact de la complexité de la raffinerie sur les rende-


ments en produits
L'impact d'une complexité de la raffinerie sur les rendements des produits obtenus à
partir de l'Arabe léger est présenté dans le tableau 1.6 avec la définition des schémas
suivants :
• I : Schéma de base, c'est la raffinerie hydroskimming, c'est-à-dire une distillation
atmosphérique, un reformeur catalytique et une hydrodésulfuration des gas oils
(HDS),
• II = I + distillation sous vide + FCC,

• III = I + distillation sous vide + hydrocraquage des distillats,


• IV = I + distillation sous vide + coking,
• V = I + distillation sous vide + FCC + alkylation + viscoréduction,
• VI = I + distillation sous vide + coking + FCC + alkylation,
• VII = I + distillation sous vide + hydrocraquage des distillats + désasphaltage
au pentane,
• VIII = I + distillation sous vide + flexicoking,

• IX = I + distillation sous vide + FCC + hydroconversion des résidus sous vide.


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Г 30

1.5 Interfaces raffinage-pétrochimie


1.5.1 Les charges de la pétrochimie
Le raffinage et la pétrochimie sont deux activités fortement liées. La plupart des
matières premières de la pétrochimie proviennent du raffinage et en échange, la pétro-
chimie renvoie au raffinage plusieurs produits.

Même si la matière première de base de la pétrochimie continue à être le naphta


(fourni par le raffinage), il n'en demeure pas moins que cette activité utilise d'autres
matières premières : l'éthane, les GPL et les gas oils.

Le tableau 1.7 montre la structure de la matière première pour la production


de l'éthylène pour les différentes régions du monde pour 1990 et les projections pour
2000.

Tableau 1.7 : Structure (en %) de la production de l'éthylène en fonction de la charge


utilisée pour 1990 et 2000.

Éthane GPL Naphtas Gas oils

Régions / Années 1990 2000 1990 2000 1990 2000 1990 2000

Europe occidentale 5 4 11 16 74 71 10 9
Etats-Unis 50 45 25 27 18 21 7 7
Japon - - 3 10 97 90 - -
Reste du monde 38 33 7 15 51 49 4 3

Monde 29 27 13 18 52 50 6 5

Source : Centre Économie et Gestion - IFP, janvier 1992.

Ainsi, au niveau mondial la moitié de l'éthylène est produite à partir du naphta


contre moins du tiers pour l'éthane et 13-18 % pour les GPL, alors que les gas oils
n'interviennent que pour 5 %•

Cette structure est fortement variable d'une région à l'autre, ainsi :


• pour l'Europe occidentale, région qui nous intéresse dans la présente étude, la
matière première de base est le naphta pour près des trois-quarts de quantité
31

d'éthylène produite. En terme de quantité, la pétrochimie européenne a con-


sommé en 1990 environ 40 Mt de naphta dont 30 Mt pour la production des
14,5 Mt d'éthylène (cf. tableau 1.8) et 10 Mt équivalent-naphta de réformat
utilisées pour l'extraction des aromatiques. Cette quantité passera probablement
à 50 Mt en l'an 2000.

Tableau 1.8 : Production de l'éthylène et charges utilisées en 1990 et prévisions pour


l'horizon 2000 (en millions de tonnes) l'Europe de l'Ouest .

Production Charges'"^ utilisées en Mt


d'éthylène

Années (Mt) Ethane GPL Naphta Gas oils

1990 14,5 66 40 30 22
2000 18,5 67 74 37 25

(*) Sur la base des rendements moyens suivants du vapocraqueur : 1,1 % pour l'éthane,
4 % pour les GPL, 35,8 % pour le naphta et 6,6 % pour les gas oils.

• les États-Unis présentent une structure de la charge différente avec un avantage


pour l'éthane (la moitié de la production), le naphta n'intervenant que pour le
quart et les GPL pour le cinquième,

• le Japon lui n'utilise quasiment que du naphta (97 % de la production),


• pour le reste du Monde le naphta est majoritaire pour 51 %, suivi de l'éthane
pour 38 %.
Г 32
T
1.5.2 Les synergies raffinage-pétrochimie
1.5.2.1 Les échanges de produits
Le tableau 1.9 ci-dessous montre les échanges de produits entre les deux activités : le
raffinage et la pétrochimie.

Tableau 1.9 : Les synergies raffinage-pétrochimie

Produits RAFFINAGE <=*• PÉTROCHIMIE

Gaz - Hydrotraitements «= Hydrogène


- Gaz «=> Gaz

GPL - Oléfines C3/Butylènes (FCC) => Purification, extraction


- GPL <= Excédents C3/Butylènes
(Vapocraquage)

Naphtas Optimisation qualité**) =>• Fractions légères et paraffini-


ques comme charges pour
les vapocraquages

Bases carburants - Pool carburants «= Essence de vapocraquage


- Aromatiques (réformage) =» Extraction
- MTBE, Alkylation <== Butylènes

Fiouls Bases fiouls/Réseau de chauffe <=$• - Bases compatibles


- Bases incompatibles dans
le réseau chauffé séparé

(*) : Pour limiter la teneur en précurseur de benzène au réformage catalytique.

Les unités pétrochimiques sont un grand producteur d'essences automobile :


l'essence de vapocraquage. En 1992, les unités pétrochimiques de l'Europe-19 ont
fourni aux pools essences des raffineries 5,7 Mt d'essences de vapocraquage, ce qui
représente 3,4 % de leurs productions.
Г
у
33

Ces échanges de produits permettent aux deux activités de fortes synergies :
• Flexibilité/prix pour :
— la coupe C2 qui, utilisée jusqu'ici comme fuel-gas, commence à être utilisée
comme matière première pour la pétrochimie (Exxon et Shell en sont les
pionniers),
- les coupes C3/C4 hors spécifications GPL peuvent être utilisées en pétrochimie
comme charge pour la production des oléfines,
- les gazoles hors spécifications peuvent être utilisés comme charge des vapoc-
raquages,
— les distillats sous vide en excédent peuvent également être utilisés comme
matière première pétrochimique.
• Charge de base ou alternative : le naphta, compte tenu de son rôle important,
peut servir de matière de base ou alternative pour l'unité pétrochimique adja-
cente à la raffinerie. Si la raffinerie est dotée d'une unité d'isomérisation, l'unité
pétrochimique considérée utilisera le naphta comme base alternative. Une opti-
misation peut être effectuée pour déterminer la part du naphta à traiter dans la
raffinerie (réformage catalytique et isomérisation) et à envoyer au vapocraquage
(pétrochimie).

1.5.2.2 Les échanges de services


Localisées pour la plupart à proximité des raffineries, les unités pétrochimiques parta-
gent avec celles-ci un certain nombre de services ce qui permet de réduire ainsi le coût
de leur utilisation. Les services échangés concernent :

• les utilités (électricité, vapeur, air, azote, etc.),


• la mise en commun de bacs de stockage,
• appontements pour les expéditions/réceptions.
г
Chapitre 2
La rétrospective du raffinage
mondial et européen

2.1 Rétrospective du raffinage mondial


L'industrie du raffinage est née aux États-Unis d'Amérique, avec la construction de la
première raffinerie à Boston, en 1863. Certes, celle-ci n'a rien à voir avec les raffineries
que nous connaissons aujourd'hui. C'était une importante "distilleuse" qui permettait
d'extraire, à partir du brut, le pétrole lampant, seul produit consommé à l'époque.
Néanmoins, c'est grâce à elle que l'industrie du raffinage a pu démarrer.

La capacité de raffinage qui s'exprime1 par la capacité de cette distilleuse (unité


de distillation atmosphérique) a atteint 364 Mt (dont près des deux-tiers pour les États-
Unis) à la veille de la seconde guerre mondiale ; l'Europe occidentale n'en détenant
que ...16 Mt, soit 4%.

À la fin de l'année 1950, cette capacité est passée à 603 Mt, dont 58% pour les
États-Unis et 8 % pour l'Europe occidentale. Jusqu'en 1974, elle va connaître un essor
très rapide avec un doublement tous les dix ans. Elle atteindra ainsi 2525 Mt en 1970
(un quart pour les États-Unis et . . . 28 % pour l'Europe occidentale).

Le premier choc pétrolier a eu pour effet de "tempérer l'ardeur" de cette forte


croissance avant que le second choc ne vienne mettre un terme définitif à l'euphorie de
croissance exponentielle. La capacité mondiale culmine ainsi à 4116 Mt en 1980 (23%
pour les États-Unis et 24 % pour l'Europe occidentale) avant de redescendre à 3 693
Mt en 1990 (21 % pour les Etats-Unis et 19 % pour l'Europe occidentale), comme le
montre la figure 2.1 suivante.

г
Ауес le développement des capacités de conversion, cet indicateur a beaucoup peidu de sa
représentativité à partir de la fin des années soixante-dix (cf. Annexe A)
г 36

Figure-2.1 : Evolutions de la capacité et structure du raffinage mondial

4116 Mt
3712 Mt

31-12-1938 1950 1960 1970 1980 1991

Ê3 Etats-Unis £3 Europe occidentale Si Autres

2.2 Chocs pétroliers et consommation pétrolière


L'impact des chocs pétroliers, particulièrement le second, sur la consommation pétrolière
des pays développés a été double, à savoir :

• un effet réducteur de la consommation globale, en volume,


• un effet structurel entraînant une profonde modification de la structure de la
demande, notamment pour l'Europe occidentale.

En ce qui concerne le premier point, le tableau 2.1 montre en effet l'impact des chocs
pétroliers sur la consommation pétrolière du monde à économie de marché et particu-
lièrement le second choc qui a déclenché la diminution de cette consommation (—12%
durant la période 1979-1985).
7
Г 37

Tableau 2.1 : Evolution de la consommation pétrolière du monde à économie de marché

1970 1973 1979 1985 1989 1991

Consommation (Mt) 1 937 2 341 2 472 2 157 2 573 2 536

Variation (%) + 20,9 + 5,6 -12,7 + 19,3 -1,4

Source : C.P.D.P.

L'impact sur les pays industrialisés est encore plus accentué grâce à la réduction
de l'intensité énergétique2 en général, et pétrolière en particulier ? dans tous les pays
industrialisés, comme le montre la figure 2.2.

Figure-2.2 : Evolution de l'intensité pétrolière des principaux pays de l'OCDE


TOE/10-3Î
0.8л

0.7-
V

0.6-

0.5-

• — — ITALY
0.4-

USA
0.3-

02- ..... JAPWI


• - — . FRANCE
*•• W.GERMANY
J
0.1 i I i i i i i i I I I I i i ' ' ' I ' '
70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89

SOURCE : CES£G-IFP.S«p« M

2
L'intensité énergétique se définit comme la quantité d'éneigie (tous types confondus) nécessaire à
la production d'une unité du produit intérieur brut (PIB). L'intensité pétrolière, quant à elle, se réfère
seulement à la quantité de pétrole nécessaire pour produire la même unité du PIB.
1
38

Le second effet des chocs pétroliers (le deuxième particulièrement) a été une
modification substantielle de la structure de la consommation pétrolière résultant des
changements structurels dans les économies des pays développés ; changements décidés
pour faire face aux fortes hausses des prix du brut survenues, d'abord en 1973-1974,
et en 1979-1980 suite à la révolution iranienne. Ces mesures qui constituent le talon
d'Achille des politiques énergétiques de ces pays, visent particulièrement à réduire la
dépendance vis-à-vis du pétrole en le substituant, autant que possible, par d'autres
énergies (charbon, gaz et électricité primaire) dans ses usages concurrentiels (ther-
miques) et par des politiques d'économies d'énergie qui favorisent, par des subventions,
les procédés économiseurs d'énergies. Le produit qui fait les frais de ces décisions est
bien évidemment le fioul qui voit ainsi sa part passer de 36% en 1973 à ... 15% en
1991 en Europe occidentale (cf. figure 2.3).

Figure-2.3 : Evolution comparée de la structure de la demande pétrolière de


l'Europe et des États-Unis

I 1 Autres produits \Z22 Roui lourd I XI Distillai N \ l euencet

1973 1991 BRUT MOYEN 1973 1991


U.S.A. EUROPE

La conséquence de ces politiques sur le raffinage a été un encombrement de stocks de


fioul dont on ne sait que faire. Ainsi, le schéma de raffinage classique (cf. rendement
sur un brut moyen (figure 2.3)) devient vite inadapté à la demande et la conséquence
a été l'apparition d'excédents de plus en plus importants des capacités de distillation.
1
39

Si on admet que la capacité économiquement opérable suppose un taux d'utilisat-


ion de 80 % (taux jugé comme un minimum pouvant assurer la viabilité de l'outil), les
excédents de capacité ont été enregistrés durant la période 1979-1987 : 5 % en 1979,
10 % en 1982 et 0,8 % en 1987 (cf. figure 2.4). Ces excédents de la capacité mondiale
constituent la tendance moyenne des variations des capacités au niveau des différentes
régions dont le développement a été très différent :
• augmentation des capacités des pays en voie de développement (Afrique, Proche-
Orient, Amérique Latine et Asie-Océanie (Japon excepté)),
• relative stabilité des capacités des pays à économie centralement planifiée,
• forte chute des capacités des pays de l'OCDE (Amérique du Nord et Europe
occidentale ), puisque ce sont près de 500 Mt de capacité qui ont été supprimées
durant la décennie 1979-1988.
Figure-2.4 : Évolution des excédents de capacité de raffinage mondial

3.9-
CapacHa

3.5-

3.1- Consommation
Cap. Nominate

<5 2.7>

2.3

1.9-

6 6 7 0 7 2 74 7 6 7 8 8 0 8 2 8 4 8 6
ANNEES
1
Г 40

Le raffineur est donc tenu de passer à un schéma plus adéquat, au prix de nou-
veaux investissements dans des unités de conversion afin de valoriser ses excédents de
fioul et répondre à une demande plus importante en produits légers.

L'évolution des capacités de conversion a été significative, puisque, au 01-01-


1975, on comptait 547 MteFCC3, soit 18 % de la capacité de distillation primaire du
monde à économie de-marché. Ces capacités se répartissent géographiquement comme
suit :

• les deux-tiers des capacités sont localisées en Amérique du Nord, principalement


les États-Unis,
• 11 % en Amérique Latine, ce qui donne 78 % pour le total continent américain,

• 13 % en Europe occidentale,
• les 9 % restants se répartissent entre : le Moyen-Orient (3 %), le Japon (3 %) et
3 % pour l'Afrique et l'Asie-Océanie (Japon exclu) (cf. figure 2.5).

Au 01-01-1990, ce sont 888,7 MteFCC (+ 3,3 % par an en moyenne sur la période


1975-1990 ou 63 % pour toute la période), soit 32 % de la capacité de distillation
primaire, qui se répartissent comme suit :

• 62 % des capacités sont localisées dans le continent américain (52 % en Amérique


du Nord et 10 % en Amérique Latine),

• 20 % pour l'Europe occidentale (contre 13 % en 1985),


• 11 % pour l'Asie-Océanie dont la moitié pour le Japon,

• les 7 % restants se répartissent entre le Moyen-Orient (6 %) et l'Afrique pour


moins de 2 %, comme le montre la figure 2.5 ci-dessous.

3
Millions de tonnes équivalent FCC. Pour chaque unité de conversion, on calcule son "équivalent
FCC" par comparaison de la conversion obseivée des fractions lourdes en fractions légères de l'unité
considérée et celle du FCC.
41

Figure-2.5 : Évolution des capacités de conversion des différentes régions

52%
67%

20% ^ 1 _^>^ 10%


12% 11%
1975 : 547 MteFCC 1990 : 889 MteFCC
BAmérique du nord QEurope occidentale ËAmérique latine
НМоусп-Orient tZAiie-Ocianie HAfrique

L'analyse de la structure de ces capacités, par type de procédés, montre que le


type de conversion le plus répandu est le FCC (craquage catalytique) avec 55 % des
capacités installées au 01-01-1990, contre 62 % au 01-01-1975.

Les autres procédés de conversion sont :


• la conversion classique, avec deux types de conversion : le craquage thermique,
en déclin (5 % des capacités en 1990 contre 7 % en 1975) et la viscoréduction en
hausse (14 % en 1990 contre 10 % en 1975) et l'hydrocraquage des distillats dont
la part est en augmentation (14 % en 1990 contre 10 % en 1975),

• la conversion profonde, avec également deux types de conversion : l'hydro-


conversion relativement stable et la cokéfaction en hausse (12 % en 1990 contre
11 % en 1975), comme le montre la figure 2.6.
Г 42

Figure-2.6 : Structure des capacités de conversion, par type d'unités, dans le monde

62% 55%

11% 12%

14% 14%

1975 : 600,1 Mt 1990 : 977,2 Mt


В FCC QCraquage thermique Dviicoréduction ISbydrocraquage BConversioo profonde

La répartition des capacités de conversion par unités et par région se présente


comme suit, à la date du 01-01-1990 :
• sur les 540 Mt de capacité de FCC, les deux-tiers sont localisées dans le continent
américain (55 % pour le Nord et 12 % pour le Sud), 19 % en Europe occidentale,
6 % au Japon, le reste en Afrique, Moyen-Orient et autres Asie-Océanie,
• ies 135 Mt de capacité d'hydrocraquage se répartissent à peu près de la même
manière : 53 % en Amérique du Nord, 2 % pour l'Amérique Latine, 12 % pour
l'Europe occidentale, 16 % pour le Moyen-Orient, 15 % pour l'Asie-Océanie (5 %
pour le Japon) et 1 % pour l'Afrique,
• les 138 Mt de viscoréduction sont détenues à moitié par l'Europe occidentale,
17 % pour l'Amérique Latine, 12 % pour Г Asie-Océanie (1 % pour le Japon),
3 % au Moyen-Orient et 8 % pour l'Amérique . . . du Nord,
• les 119 Mt de cokéfaction se répartissent comme suit : 70 % pour l'Amérique du
Nord, 12 % pour l'Europe occidentale, 8 % pour l'Amérique Latine et 6 % pour
l'Asie-Océanie (1 % pour le Japon),
• enfin, les 45 Mt de craquage thermique sont localisées à raison de 38 % en Europe
occidentale, 33 % en Amérique du Nord, 12 % en Amérique Latine et 16 % en
Asie-Océanie (6 % pour le Japon).
г 43

Figure-2.7 : Répartition des capacités de conversion mondiale par région et par


type au 01-01-1990

540 Mt 135 Mt 138 Mt 119 Mt 45 Mt

•••••••II

•1
•1 ••
1
•1
• 1 ••
•••••••••
• ••••••••

••••>••••
•••••••••
••••••••• •••••••••
•••••••••

•••••••••

FCC HCK VSBK COKE. CR.TH.


В Amérique du Nord 0 Europe Occidentale
D Amérique Latine ES Japon
utres Asie-Océanie И Moyen-Orient
rique
г 44
W*ti

2.3 Le raffinage européen


Jusqu'ici nous avons considéré l'Europe occidentale dans son ensemble, nous nous
penchons à présent sur cette région, en précisant qu'il s'agit de l'Europe OCDE, c'est-
à-dire des dix-neuf pays (les Douze de la CEE, plus l'Autriche, la Finlande, l'Islande,
la Norvège, la Suède, la Suisse et la Turquie).

2.3.1 La distillation primaire


L'évolution de la capacité et la structure de la distillation primaire de l'Europe-194,
par décennie de 1950 à 1990 est donnée par la figure 2.8.

Quels enseignements peut-on tirer de l'analyse de cette figure ?

Essentiellement les deux points suivants :

• il y a d'abord l'évolution générale : la capacité de l'Europe-19 est passée de 47


Mt en 1950 (fin d'année) à 686 Mt en 1990. L'évolution n'a pas été uniforme
durant ces quarante années : croissance de 1950 à 1980 (+ 371 % pour la période
1950-1960, + 221 % pour 1960-1970 et + 46 % pour 1970-1980), puis déclin à
partir de 1980 (- 34 % pour la décennie 1980-1990 !), après avoir culminé à 1038
Mt en 1980.

• il y a ensuite l'évolution de la structure de cette capacité, autrement dit sa


répartition entre les dix-neuf5 pays. En 1950, la France à elle seule détenait le
tiers de la capacité, suivie du Royaume-Uni pour le quart (58 % pour le total des
deux pays !). Les Douze de la CEE6 en détiennent 95 %.

En 1960, la suprématie des Douze augmentait encore (96 % du total), mais c'est
surtout la forte poussée du Royaume-Uni qui passe à la première place avec 22 %,
suivi de l'Italie (19 %), de la France (18 %), de la R.F.A. (18 %), des Pays-Bas
(10 %). Ces cinq pays représentent déjà 88 % de la capacité totale des dix-neuf,
c'est pour dire combien la capacité était concentrée.

1970, c'est l'Italie qui prend la première place avec 23 %, suivie de la R.F.A.
(17 %), la France (17 %), le Royaume-Uni (16 %), les Pays-Bas (9 %) et la Bel-
gique (5 %). On notera la montée du raffinage espagnol (2 % du total en 1960 et
4 % en 1970). Les quatre premiers pays détiennent 72 % de la capacité totale,
les Cinq 81 %, les Sept 90 % et les Douze 93 %.

4
Pai référence aux dix-neuf pays qui composent l'Europe OCDE.
5
Plutôt dix-sept pays, l'Islande et le Luxembourg ne possédant pas de raffineries.
6
Avant la réunification de l'Allemagne.
*

45

En 1980, année durant laquelle la capacité avait culminé, l'ordre n'a pas tellement
changé : l'Italie occupe toujours la première place avec 20 %, la France passe à
la. deuxième place avec 16 %, ensuite on trouve la R.F.A (15 %), le Royaume-Uni
(13 %), les Pays-Bas (9 %) e t . . .l'Espagne (7 %) et enfin la Belgique (5 %). Les
sept pays mentionnés représentent 87 % de la capacité totale des Dix-neuf, alors
que les Douze en détiennent 92 %.

En 1990, enfin, on retrouve encore l'Italie pour 17 %, suivie du Royaume-Uni


(13 %), de la France (12 %), la R.F.A. (12 %), les Pays-Bas (10 %), l'Espagne
(9 %) et la Belgique (5 %). Les quatre premiers pays détiennent 54 %, les Sept
78 % et les Douze 85 %.

Figure-2.8 : Evolution de la capacité et structure de raffinage de l'Europe-19

100%

75%

30%

25%

T95
BR.F.A. ffilttlie SFrince ÖRoytume-Uni ÖPtyi-B«. fflE.ptgne ÜBelgiquc ElNon CEE-12
г 46

La réduction des capacités de distillation en Europe concerne essentiellement les


1
Douze. Ceux-ci ont dû fermer 37 % de leurs capacités de distillation primaire durant
la période 1980-1990 comme le montre le tableau 2.2 ci-dessous.

Tableau 2.2 : Réduction des capacités de distillation primaire des Douze

Capacité en Mt Variation

Pays au 01-01-1980 au 01-01-1990 enMt en%

R.F.A. 154 79 - 75 -49


Belgique 55 35 - 20 - 36
Danemark 11 9 -2 - 21
Espagne 72 62 - 10 -14
Prance 167 85 - 82 -49
Grèce 20 18 -2 - 12
Irlande 3 3 0 0
Italie 180 117 -63 -35
Luxembourg - - - -
Pays-Bas 102 69 -33 -32
Portugal 19 14 -5 -24
Royaume-Uni 137 91 -46 -34

Total des Douze 920 582 -338 -37

Source : d'après C.P.D.P.

Ainsi, 338 Mt de capacité de distillation, soit 37 %, ont été fermées durant


la dernière décennie ; fermetures qui concernent à 78 % les quatre principaux pays
(Allemagne, Italie, France et Royaume-Uni) et à 97 % les sept principaux (les Pays-
Bas, la Belgique et l'Espagne en plus des quatre pays précédents).

2.3.2 Taux d'utilisation des capacités7


Malgré la suppression de 37 % des capacités de distillation primaire durant la décennie
quatre-vingt, le taux d'utilisation est resté assez faible et n'a guère dépassé le taux de
7
Le développement de la conversion et de l'utilisation des charges ne transitant pas par la distillation
primaire a réduit la portée de ce paramètre (Cf. annexe A).
«•MM»

•4
47

80 %, jugé pourtant comme un taux minimal, durant toute la période 1974-1987 ; des
taux de 59 % ont même été atteints en 1975 et 1981 (cf. figure 2.9). Cette faiblesse des
taux d'utilisation est l'une des principales raisons des déficits chroniques enregistrés
par cette activité depuis le premier choc pétrolier et tout particulièrement le second.

Figure-2.9 : Évolution du taux d'utilisation des capacités de raffinage des Douze

100 л

60 -

40 -

20-

1973 75 77 79 81 83 85 87 89 1991

2.3.3 La conversion
À l'inverse de la distillation primaire, les capacités de conversion des Douze ont connu
une augmentation appréciable, passant de 100,5 Mt (81 MteFCC8) au 01-01-1980 à
169,1 Mt (140 MteFCC) au 01-01-1985, soit un accroissement de 69 % (73 % en
équivalent FCC). Au 01-01-1990, cette capacité est passée à 190 Mt (159 MteFCC),
8
Les équivalences (en tonne du piocédé considéré/tonne FCC) sont les suivantes :
0,33 pour la visoréduction, 0,65 poui le craquage thermique, 1,30 poui l'hydrocraquage des distil-
lats, 1,70 pour la cokéfaction, 1,80 pour le RCC (ciaquage catalytique du résidu atmosphérique) et 2,10
pour l'hydroconveision et le ilexicoking.
г 48

soit une croissance de + 12 % (+ 14 % en équivalent FCC).

Ramenées à la capacité de distillation atmosphérique, ces capacités représentent 9 , 21


et 23 % au premier janvier 1980, 1985 et 1990 respectivement ; alors que par rapport
à la quantité de brut traitée ces taux se montent à 14, 31 et 34 %, respectivement.

Figure-2.10 : Evolution des capacités de conversion des Douze


CXI FCC M CR.TH. S 3 VSBK S S HCK
ЕЖЗ HCR E Z ) CoMfaction E 3 FlexicoKIng

190 Mt 198 M t
169 Mt

01-01-1980 01-01-1985 01-01-1990 01-01-1992

Au 01-01-1990, la conversion la plus utilisée en Europe reste le craquage cataly-


tique avec 94 Mt, suivie de la viscoréduction pour 61 Mt (et un taux de croissance de
+ 143 % durant la période 1980-1990) et le craquage thermique pour 13 Mt (- 35 %),
qui dépasse légèrement la cokéfaction (12 Mt et une croissance de + 300 %) et enfin
l'hydrocraquage pour 8,1 Mt (+ 40 % ) .

Les autres unités de conversion, profonde notamment, restent très faibles (hy-
droconversion des résidus sous vide : Flexicoker 1,7 Mt et Hycon : 1,2 Mt).

Compte tenu de cette multitude de procédés, ia structure du parc de raffinage


des Douze a été complètement modifiée, puisque au 31-12-1980, sur un parc de 141
raffineries représentant une capacité de traitement de 920 Mt, 44 % sont des raffineries
de type simple (27 % de la capacité de traitement), 17 % de type semi-complexe (16 %
de la capacité de traitement) et 39 % de type complexe (57 % de la capacité).

Au 31-12-1990, le parc total est passé à 98 raffineries9, soit une variation de


'dont 4 de l'ex-RDA
Г 49
T
- 30 % (- 33 % si on exclue l'ex-RDA.) et une capacité de traitement de 608 Mt (-
34 %). La structure de ce parc se présente comme suit, (cf. figure 2.11) :
• les raffineries simples ne représentent plus que 18 % du parc et 7 % de la capacité
de traitement, leur nombre ayant été réduit de 71 %,

• les raffineries semi-complexes représentent 16 % du parc et 10 % de la capacité.


Leur nombre a été réduit de 38 %,
• les raffineries complexes représentent près des deux-tiers du parc et 79 % de la
capacité de traitement ; leur nombre ayant augmenté de 15 %,
• les raffineries ultra-complexes, enfin, sont au nombre de deux avec une capacité
de traitement de 25 Mt/an, soit 4 % de la capacité totale.

Cette variation, aussi bien du volume du parc que de sa structure, témoigne


de l'ampleur de la mutation qu'a eu à subir le raffinage des Douze qui est ainsi passé
d'une raffinerie-type hydrotkimmmg de la fin des années soixante-dix à la raffinerie-
type complexe des années quatre-vingt dix. On est certes encore loin des raffineries
ultra-complexes des États-Unis, mais l'existence déjà aux Pays-Bas de deux raffineries
(Shell et Exxon) avec conversion profonde est un signe de la tendance de ce que sera
le raffinage européen de la fin du siècle.

Figure-2.11 : Evolution de la structure du parc des raffineries des Douze

С Э Simple B i Semi-complexe Е Ш Complex« Е Я Ultra-complexe

— 1

Nombre: 141 Capacité : 920 Mt Nombre: 98 Capacité : 608 Mt


01-01-1980 01-01-1991
Г 50

2.3.4 Complexité de la raffinerie et rendement en produits


La complexité croissante du parc de raffinage européen s'impose par la nécessité d'un
blanchiment de plus en plus important du fond du baril de pétrole ; tendance dictée
par une croissance de la demande en produits blancs (légers et moyens) d'un côté, et
par la nature des charges à traiter qui deviennent de plus en plus lourdes. L'objectif
de cette complexité est la recherche d'une valorisation des résidus (le fioul) dont la
demande a été réduite d'une manière drastique depuis le second choc pétrolier.

À titre d'illustration10 le traitement du brut Arabe léger (33° API) fournit des
rendements très variables en fonction de la complexité de la raffinerie, comme le montre
la figure 2.12 ci-après.

Figure-2.12 : Impact de la complexité du schéma de raffinage sur le rendement en


produits d'un brut moyen

C X I Fioul EZ3 Produits Moyens


Ш Э Produits légers ES Pertes A Combustible

/ / ,
T..

Raffinerie Simple
1
YSCA
%

Complexe Ultra-complexe

Ainsi, la part des produits légers double-t-elle lorsqu'on passe d'un schéma de
raffinage simple à un schéma complexe, ou ultra-complexe ; celle des produits moyens
passe de 38 % à près de la moitié du baril, alors que celle du fioul est pratiquement
10
Dans la pratique, il est difficile de patlei de rendements-type pour un parc de raffineries, à cause
de la mulititude de paramètres qui entrent en jeu (type de bruts traités, types de procédés utilisés,
conditions opératoires, etc.).
г
à>4 51

divisée par deux pour le passage du simple au complexe et par ... sept pour le passage
1
à l'ultra-complexe !

Les procédés de conversion étant énergivores, l'élévation du degré de conversion


s'accompagne de celle de la quantité du combustible nécessaire à la raffinerie (de 3 %
environ pour un schéma simple à près de 10 % pour un schéma ultra-complexe).

2.3.5 Complexité et investissements


Nous avons mentionné précédemment le caractère capitalistique de l'industrie du raf-
finage qui consomme en moyenne11 15 % de l'investissement annuel de toute la chaîne
pétrolière. L'investissement consenti est très fortement dépendant du degré de com-
plexité de la raffinerie en question. Pour fixer les idées considérons trois raffineries de
type : simple, complexe et ultra-complexe. Les unités composant chacune de ces trois
raffineries-type sont données par le tableau 2.3.

Tableau 2.3 : Exemple de raffinerie simple, complexe et ultra-complexe

Raffinerie Raffinerie Raffinerie


Unités simple complexe ultra-complexe
(Mt) (Mt) (Mt)

Distillation atmosphérique 5,0 8,0 8,0

Distillation sous vide - 3,5 3,5

Reformage catalytique 0,6 1,0 1,0

Hydrodésulfuration 0,6 1,6 1,6

Craquage catalytique - 1,8 1,8

Viscoréduction - 1,5 -

Alkylation - 0,1 0,1

Conversion profonde - - 1,5

Source : Centre Économie et Gestion - IFP.

"Moyenne mondiale. Des disparités importantes existent entie les cones (Amérique du Nord, Europe
occidentale, Extrême-Orient, etc.)
52

Les investissements nécessaires pour ces trois types de raffineries sont donnés
par le tableau 2.4.

Tableau 2.4 : Impact de la complexité du schéma de raffinage sur l'investissement,


(en milliards de francs)

Type de raffinerie simple complexe ultra-complexe

Capacités 5 Mt/an 8 Mt/an 8 Mt/an

Unités de base0 0,8 1,2 1,2


Complexe craquageb 1,2 1,2
Complexe conversion profonde0 2,4
Liaisons & stockage 1,2 2,6 3,5

TOTAL 2,0 5,0 8,3

Source : Centre Économie et Gestion - IFP.

"Distillation atmosphérique + Réfoimage catalytique + Hydiodésulfuration


6
Distillation sous vide + Viscoréduction ou Craquage thermique + FCC + Alkylation
c
Hydroconversion des résidus sous vide et/ou Cokéfaction

Ainsi l'investissement de construction d'une raffinerie complexe de 8 Mt/an est


environ deux fois et demi celui d'une raffinerie simple de 5 Mt/an ; alors qu'une raf-
finerie ultra-complexe de 8 Mt/an nécessite en moyenne un investissement égal à quatre
fois celui d'une raffinerie simple de 5 Mt/an ou 66 % de plus que celui d'une raffinerie
complexe de même capacité. Cette augmentation importante de l'investissement avec la
complexité s'explique, en plus du caractère très coûteux des procédés de conversion, par
des besoins induits en certaines unités, comme par exemple l'hydrocraquage, procédé
fortement consommateur d'hydrogène et dont le choix nécessitera donc la construction
d'une unité pour la production de ce produit. Il y a aussi l'extension des capacités
des unités secondaires (reformage, hydrotraitements et autres) rendue nécessaire par
la complexité de la raffinerie.

La très forte sensibilité de l'investissement au degré de complexité du schéma


raffinage se répercute directement sur les coûts de raffinage, par l'intermédiaire du coût
Г T
53

du capital, comme le montre la figure 2.13.

Figure-2.13 : Impact de la complexité de la raffinerie sur ses coûts de production

C Z I Amortissements E3 Personnel Ш Э Entretien


N \ 1 Autres frais flxes Consommables HZ) utilités

83Frt 154 F/t 263 F/t


Frais
Variables

F
R
A
I
S

F
I
X
E
S
Raffinerie Simple Raffinerie Complexe Raf. Ultra-complexe

Source : Centre Économie et Gestion - IFP.

L'analyse de la structure des coûts de la figure 2.13 montre la place combien im-
portante qu'occupe le coût du capital, par le biais de l'amortissement économique, dans
le total des coûts. Celle-ci est d'autant plus élevée que le degré de complexité est élevé :
37 % pour un schéma simple, 45 % pour le complexe et 50 % pour l'ultra-complexe.
L'ensemble des frais fixes12 passent eux de 76 % à 79 % et 81 %, respectivement pour
les trois types de raffineries.

L'importance de ces frais fixes dans la structure des coûts impose à la raffinerie
de fonctionner à une allure de marche la plus importante possible, compte tenu de son
impact direct sur les coûts de raffinage, comme le montre la relation suivante :
CF
C = — + CV
11
Amortissement économique + fiais de personnel + frais d'entretien et frais généraux (y compris la
quote-part des frais de siège).
г 54

Où CF représente le montant des charges fixes (en F/t, par exemple), CV le


montant des charges variables (en F/t également ) et p l'allure de marche de la raf-
finerie, c'est-à-dire son taux d'utilisation des capacités.

CF et CV étant définis par le type de la raffinerie considérée, le niveau des


marges dépend donc de celui de l'allure de marche p.

En matière de frais variables, nous noterons la place des utilités (vapeur et


énergie), car tout procédé de conversion est "énergivore" et plus la conversion est
complexe, plus cette consommation est grande (+ 50 % pour une raffinerie complexe,
par rapport à une raffinerie simple et + 140 % pour l'ultra-complexe, par rapport au
type complexe).

2.3.6 Le flux des produits pétroliers


Le marché des produits pétroliers est un marché international et l'Europe constitue,
sur ce point un marché important avec essentiellement deux zones : la zone dite ARA
(Amsterdam - Rotterdam - Anvers) pour le Nord de l'Europe et celle de Gênes en
Italie, pour le Sud. Le volume des produits échangés est important. Ainsi :
• En 1980, les Douze ont importé extra-CEE pour 139 Mt de produits pétroliers
et exporté hors CEE pour 118 Mt, c'est-à-dire une importation nette de 21 Mt,
soit 4 % de leur consommation intérieure,
• En 1985, les importations étaient passées à 167 Mt (une croissance de + 20 %)
alors que les exportations n'augmentaient que de 8 %, d'où une importation
nette de 39 Mt (+ 86 % d'augmentation). Cette hausse de l'importation nette
intervient alors que la consommation intérieure diminuait de 16 %, résultat qui
s'explique par la chute de la production propre de 23 %,

• En 19991, les importations atteignaient 179 Mt (+ 5,9 % par rapport à 1989) et


les exportations 154 Mt (+ 6,2 %), ce qui donne la même importation nette de
25 Mt, malgré une hausse de la consommation intérieure de 7,3 %. Le maintien
du déficit en produits raffinés à 25 Mt est le résultat d'une augmentation de la
production propre de 8,3 %. Le volume des importations extra-CEE s'est élevé
à 90 Mt (92 Mt en 1985) dont près d'un tiers en provenance des pays de ГОРЕР,
comme le montre le tableau 2.5.
Г 55

Tableau 2.5 : Bilans des produits pétroliers des Douze

Années 1980 1985 1989 1991

Importations extra-CEE :
-Total 139 167 169 179
- Extra-CEE 92 91 90
-OPEP 18 29 26 26

Exportations hors CEE 118 127 145 154

Solde exportateur -21 •39 -25 -25

Production nette 547 420 460 498

Consommation intérieure 509 429 454 487

Soutes maritimes 29 27 31 34

Source : C.P.D.P. et Eurostat.

L'analyse de la structure des importations des Douze en provenance de l'OPEP


(cf. figure 2.14) montre que ce sont essentiellement le fioul (pour un tiers), le gazole/fioul
domestique (pour un tiers) et le naphta (pour un quart) qui sont les principaux pro-
duits importés en provenance de l'OPEP (ces trois produits représentent d'ailleurs
89 %, 85 % et 83 % des importations des années 1985, 1987 et 1989 respectivement,
comme on peut le voir sur la figure 2.14).

L'OPEP, pour près de 30 Mt (le tiers des importations extra-CEE), constitue


le plus gros exportateur de produits raffinés vers l'Europe des Douze, et se place donc
comme un concurrent potentiel au raffinage européen. Quelles sont les capacités de
raffinage et notamment le potentiel d'exportation de produits raffinés de cette organi-
sation dans le présent et à l'avenir ? Tel est l'objet de la section suivante.
J 56

Figure-2.14 : Structure des importations de la СББ-12 en provenance de l'OPEP

Ü 3 Roui EZ3 Gas/DIeseloll 1-И-1 Essences Auto.

Naphta Autres produits

29 Mt 29 Mt
26 Mt

1985 1987 1989 1991


г 2.4 Le raffinage de ГОРБР
57

Rappelons que l'Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole (OPEP) a été créée le
14 septembre 1960 à Bagdad par cinq pays exportateurs de pétrole : l'Irak, le Koweït,
l'Arabie Séoudite, le Venezuela et l'Iran. Depuis juin 1975, elle compte treize pays
membres13. Cette organisation, qui détient les 77 % des réserves mondiales de pétrole,
s'est peu à peu dotée d'un outil de raffinage de plus en plus conséquent ayant un double
objectif :
• répondre aux besoins locaux de plus en plus importants,
• disposer d'une source de valorisation du pétrole, par l'appropriation de la valeur
ajoutée résultant de l'exportation de produits raffinés plutôt que du brut, c'est
l'objet des raffineries dites d'exportation.

2.4.1 Les capacités


La capacité de raffinage des treize pays de l'OPEP a connu un développement assez
rapide, passant de 108 Mt en 1960 (10 % de la capacité mondiale) à 368 Mt en 1990
(12 % de la capacité mondiale) et ceci en dépit de huit années de guerre irano-irakienne
qui a causé d'énormes dégâts à l'infrastructure des deux pays. Ainsi, en l'espace de
trente années, la capacité de l'organisation a plus que triplé, comme le montre le tableau
2.6 ci-dessous.

Tableau 2.6 : Evolution de la capacité de raffinage de ГОРЕР 1 4 de 1960 à 1990

Au 31 décembre 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990

Mt/an 107,7 132,6 178,3 224,4 288,4 321,5 368,3

% cap. mondiale 10,3 9,1 8,2 7,5 8,7 11,4 12,2

Source : OPEC Statistical bulletin

Le développement de cet outil ne s'est pas limité à la distillation primaire, il a


également concerné les capacités de conversion pour s'adapter au changement struc-
turel de la demande après le second choc pétrolier. Exprimée en MteFCC, la capacité
13
Outie le« cinq fondateurs, nous retrouvons l'Indonésie, les Emirats Arabes Unis, l'Algérie, la Libye,
le Nigeria, le Gabon, le Qatar et l'Equateur qui vient de quitter l'organisation au début de l'année 1993.
l4
Il s'agit ici des treize pays membres, même si en fait ce nombre n'a été atteint que depuis le mois
de juin 1975.
г 58

de conversion de l'organisation est passée de 27,6 Mt (9,6 % de la capacité de distil-


lation primaire) en 1980, à 60,8 Mt (18,9 % de la distillation atmosphérique) en 1985,
c'est-à-dire une croissance annuelle moyenne de + 17 %, et 88,5 Mt en 1990 (24 % de
la distillation atmosphérique), soit une croissance annuelle moyenne de près de 8 %
pour la période 1985-1990.

Quel type de conversion utilise-t-on ?


• en 1980, le craquage catalytique était le procédé de conversion le plus utilisé
(43 % de la capacité totale), suivi de l'hydrocraquage des distillats (27 %), de
l'hydroconversion des résidus (22 %), du craquage thermique (5 %) et enfin de
la viscoréduction pour 3 %,
• en 1985, on retrouve le craquage catalytique (30 % de la capacité ), l'hydrocon-
version des résidus pour 22 % ( + 122 % de croissance), l'hydrocraquage des
distillats (21 %), la viscoréduction pour 16 % et dont la capacité a été multipliée
par près de 11, la cokéfaction (11 %) et le craquage thermique pour moins de
1%,

• en 1990, l'hydrocraquage des distillats passe en tête avec le tiers de la capacité


totale de conversion, grâce à une croissance annuelle moyenne de + 22 % durant
la période 1985-1990, suivi du craquage catalytique (28 %), la viscoréduction
pour 22 % (une croissance annuelle moyenne de + 18 % sur la période 1985-
1990), la cokéfaction (10 %) et l'hydroconversion des résidus (7 %) dont le déclin
s'explique par les dommages subis par les raffineries iraniennes durant la guerre
Iran-Irak ; le craquage thermique est en voie de disparition (389 Kt, soit 0,2 %
de la capacité totale), comme le montre la figure 2.15.
Le développement des capacités de conversion a induit des changements dans
la structure du parc des raffineries de l'organistaion dans le sens d'une plus grande
complexité. Ainsi, au premier janvier 1991, la structure du parc était la suivante (cf.
figure 2.16) :

• 32 raffineries de type simple (56 % du parc) ayant une capacité de traitement de


131,2 Mt (36 % de la capacité totale),
• 4 raffineries semi-complexe (4 % du parc) pour une capacité de traitement de
30,2 Mt, soit 8 % du total,

• 21 raffineries de type complexe (37 % du parc) ayant une capacité de traitement


de 206,9 Mt, soit 56 % de la capacité de traitement totale.
^^^^^

59

Figure 2.15 : Structure des capacités de conversion de l'OPEP.


~ Z CRA. TH. EZ VSBK ЭЭ FCC £ 3 иск KS сок. :ZZ HCR

30-%-;

А
01-01-1980 01-01-1985 01-01-1991
21,5Mt 47,9 Mt 80,2 Mt

Figure-2.16 : Structure du parc de raffineries de l'OPEP au 01-01-1991

4*0

- Raffinerie

Simple

56%

Raffineries : 57 Capacité : 368 Mt


г 2.4.2 Les projets d'extension des capacités
60
т
Les projets d'extension des capacités de raffinage dans les pays de ГО.Р.Е.Р. se résument
à près de 70 Mt de capacité de distillation supplémentaire qui seront mises en service
avant la fin de l'année 1993, ce qui portera la capacité de l'organisation à près de
440 Mt 15

Les capacités d'exportation de l'O.P.E.P. en produits raffinés vont encore aug-


menter, malgré une croissance importante attendue dans la consommation interne.
Aux quatre premiers pays exportateurs actuels (Arabie Séoudite, Venezuela, Koweït
et Algérie) s'ajouteront l'Iran, les Emirats Arabes Unis et l'Indonésie.

2.4.3 Le potentiel d'exportation des produits


Le potentiel d'exportation en produits pétroliers de l'OPEP est en augmentation con-
tinue, passant de 94 Mt en 1985 à 135 Mt en 1989, tous produits confondus.

En 1989, la production et la consommation ont été respectivement de 312,9 Mt


et 177,5 Mt, ce qui donne un potentiel d'exportation de 135,4 Mt (cf. tableau 2.7).

Les principaux pays exportateurs de produits pétroliers de l'organisation sont :

• l'Arabie Séoudite avec un volume de 24,2 Mt en 1981 (24,5 % du total O.P.E.P.)


et 37,5 Mt en 1988 (24,4 %).
• le Venezuela, avec 23,6 Mt (23,9 %) et 33,1 Mt (21,6 %), respectivement pour
1981 et 1988.
• le Koweït pour 14,0 Mt en 1981 (14,2 %) et 28,0 Mt en 1988 (18,3 %) a doublé
le volume de ses exportations.

• l'Algérie, dont le volume des exportations est passé de 10,1 Mt en 1981 (10,2 %
du total O.P.E.P.) à 22,7 Mt en 1988 (14,8 %), occupe la quatrième place.
Ces quatre pays détiennent à eux seuls les 80 % des exportations de l'organisation.
Nous noterons le cas de l'Iran dont les exportations sont passées de 9,05 Mt (7,9 % du
total de l'organisation) en 1982 à 0,42 Mt en 1988 (2,7 % du total), suite aux dégâts
occasionnés par la guerre à l'industrie du raffinage de ce pays. Ce pays retrouvera
certainement sa part dans les exportations de l'organisation avec la remise en marche
des raffineries touchées et le démarrage des projets en construction.

Le tableau 2.7 reprend la production, la consommation et le potentiel d'exportation


(défini comme la différence entre les deux premières grandeurs) :

ls
Ce chiffre ne ptend pas en compte les dégâts occasionnés, lois de la Guette du Golfe, à l'outil de
l'Itak et du Koweït.
г Tableau 2.7 : Potentiel d'exportation de l'OPEP, par catégorie de produits

Produits Essences Kérosène Gazole et fioul Fioul Autres Total


auto. domestique lourd produits

1985
- Production 32,2 22,9 69,9 81,4 43,8 250,2
- Consommation 32,7 15,9 47,8 40,9 18,9 156,2
- Solde exportateur -0,5 7,0 22,1 40,5 24,9 94,0

1989
- Production 35,9 27,8 78,0 93,2 61,4 296,3
- Consommation 35,7 17,2 52,1 37,9 23,6 166,5
- Solde exportateur 0,2 10,6 25,9 55,3 37,8 129,8

Source : OPEC Statistical Bulletin

Les principaux débouchés des exportations de produits pétroliers de l'OPEP


sont les marchés nord Américain (pour un quart), l'Europe occidentale pour le tiers
et l'Extrême-Orient (le Japon et les NPI (nouveaux pays industrialisés) pour un peu
moins d'un tiers).

La figure 2.17 montre, pour les principaux exportateurs de l'OPEP, les destina-
tions des exportations de l'année 1989.
i 62

Figure-2.17 : Destinations des exportations de produits raffinés des principaux


exportateurs de ГОРЕР

Anteil» d i N a d
. 23,8%

21.8%
32.0%

Gros Exportateurs Destinations

Le facteur géographique est essentiel dans l'explication de l'importance des flux


d'échange. C'est ainsi qu'on retrouve comme premier client :

• l'Amérique du nord pour le Venezuela (les deux-tiers de ses exportations),

• l'Europe occidentale pour l'Algérie (plus de 60 % des exportations),

• l'Extrême-Orient pour l'Indonésie (80 % des exportations) et l'Arabie Séoudite


(près des deux-tiers).

Le Koweït intervient sur deux marchés (Europe occidentale pour près de la


moitié et l'Extrême-Orient pour un quart), tout comme l'Algérie (un tiers pour 1'
Amérique du Nord et près des deux-tiers pour l'Europe occidentale).
г 63

2.5 Quelles perspectives à l'horizon 2010 ?


Après cette analyse rétrospective du raffinage européen et de son environnement inter-
national, la question qui subsiste est : quelles perspectives pour la fin du siècle et pour
la première décennie du prochain ?

Dans la deuxième partie nous tenterons de répondre à la question en examinant


l'évolution de ses déterminants :

• en premier lieu les conjonctures économique en général et énergétique en particu-


lier,

• en second lieu, l'évolution de la structure de la demande,

• troisièmement, l'évolution des sources d'approvisionnement en pétrole brut.

Les conjonctures économique et énergétique constituent un élément primordial


quant à l'évolution de la demande pétrolière, en volume et en structure. Celles-ci sont
très fortement conditionnées par le prix directeur de l'énergie qui reste celui du pétrole
brut. En effet, depuis 1973, les prix internationaux des énergies sont dominés par
l'évolution du prix du pétrole brut qui, par le biais des mécanismes d'indexation des
contrats gaziers, "contamine" les prix du gaz et affecte - par des mouvements d'ampleur
limité - ceux du charbon.

La question est donc de savoir comment évoluerait ce prix du pétrole brut d'ici
la fin du siècle, question d'autant plus difficile que l'expérience montre que toutes les
tentatives de prévisions se sont avérées fausses. Faudrait-il pour autant renoncer ?

Evidemment non et la solution de rechange consiste à recourir à des scénarios


de prix, plutôt qu'à vouloir prévoir leur évolution.

Nous verrons dans le chapitre 5 que trois scénarios de prix peuvent être en-
visagés : un scénario de prix dit de "sagesse" que nous appelerons scénario de base,
permet d'envisager une croissance économique mondiale raisonnable. Ce scénario sera
encadré par deux autres :

• un scénario fort caractérisé par un prix bas permettant d'envisager une forte
consommation pétrolière des pays industrialisés,

• un scénario faible avec un prix élevé qui sera non seulement un frein à cette relance
mais induirait également une possible perte de part de marché pour le pétrole
dans ses usages thermiques au profit de ses concurrents, particulièrement le gaz
naturel, ce qui se traduirait pour le raffineur par la nécessité d'un recours à des
schémas de plus en plus complexes, donc des investissements dans la conversion
profonde.
г 64

L'évolution de la structure de la demande dépend bien sûr du prix du brut


comme nous l'avons souligné plus haut, mais aussi des contraintes d'environnement.
Une sévérité accrue de ces mesures induiraient un surcoût des produits pétroliers con-
cernés et par conséquent leur possible substitution par les produits concurrents. Nous
simulerons (cf. chapitre 7) les conséquences pour le raffineur de telles mesures.

La qualité des bruts qui constitueront l'approvisionnement de demain est aussi


un élément important. Quels bruts adopter pour la modélisation et quel est son impact
sur les besoins en capacités et structures de raffinage ?

L'agrégation de l'approvisionnement est l'objet du chapitre 4 et les différentes


simulations pour la détermination de l'approvisionnement à utiliser sont l'objet des
chapitres 7, 8 et 9.

Le raffinage est une activité stratégique dans la mesure où il est moins risqué
d'être dépendant du brut que des produits raffinés pour deux raisons :
• le marché des produits raffinés est plus étroit : 1 milliard de tonnes par an
pour le marché international du pétrole brut contre 400 Mt/an pour les échanges
transcontinentaux de produits raffinés, le rapport pouvant aller à trois contre un,
• le marché des produits est plus vulnérable que celui du brut à cause du nombre
très restreint d'exportateurs vers l'Europe des Douze : l'ex-URSS, la Roumanie
et quelques pays de l'OPEP (Arabie Séoudite, Algérie, Venezuela et Koweït), en-
core que pour les deux premiers, l'augmentation prévisible de leur consommation
intérieure réduira certainement leur potentiel d'exportation.

La décennie de la restructuration a permis au raffinage européen d'atteindre,


dès 1989, un taux d'utilisation des capacités de 88 % (90 % pour les Etats-Unis), taux
auquel aspirait depuis bien longtemps le raffineur. Au niveau de la collectivité toute
entière et compte tenu des aléas de la demande, ce taux ne serait-il pas le signal d'un
futur déficit en capacités ? Nous répondrons à la question dans les chapitres 7, 8 et 9.

La détermination des capacités et structures nécessaires à la satisfaction des


demandes de produits pétroliers des années 1995, 2000 et 2010 constitue l'objet des
chapitres de la deuxième partie.
г 65/ \

PARTIE II :

PROGRAMMATION LINEAIRE & RAFFINAGE

Application à l'optimisation des capacités


et structures du raffinage européen
(Horizons 1995, 2000 & 2010)
г
Introduction à la deuxième partie

Le raffinage est une activité qui se prête fort bien, compte tenu du caractère combina-
toire des problèmes posés, à l'application de la programmation linéaire qui est utilisée
pour la gestion des raffineries sur le plan de l'optimisation aussi bien technique (optimi-
sation des conditions opératoires d'un procédé), qu'économique (optimisation du choix
des bruts et autres matières, des additifs, des catalyseurs, des utilités, etc.). Il faut dire
aussi que l'application de cette discipline a facilité l'essor de l'activité. Ses applications
sont aussi diverses que l'élaboration des simples programmes de mélanges de produits
intermédiaires pour l'obtention des produits commerciaux, aux problèmes plus com-
pliqués d'élaboration de stratégie de la compagnie en matière de choix d'investissement
(Khebri S. (1989)) ou aux problèmes de planification du développement de l'outil pour
le moyen et long terme, objet de ce travail.

1. Évolution des applications


Les grandes phases de développement de la modélisation du raffinage à l'Institut
Français du Pétrole sont les suivantes (cf. Babusiaux D. & Champion D. (1982),
Babusiaux D. (1980), Babusiaux D., Offant P. & Valais M. (1978)) :

• 1969 : mise au point des premiers modèles statiques "mono-raffineries",

• 1970 : élaboration des codes GEMME (pour la génération de matrices) et PIERRE


(pour la génération des rapports),

• 1974 : mise au point des premiers modèles dynamiques d'investissement : les


modèles "MULTI" (multiraffineries et multipériodes),

• 1975-1976 : les problèmes d'agrégation dans le raffinage : approvisionnement et


structure de raffinage,

• 1976-1977 : élaboration des modèles multipériodiques "Multiénergies",

• 1980-1981 : élaboration du sous-modèle raffinage de Mini-DMS énergie (équations


de type économétrique),
Г 68

• 1980-1982 : modèles multipériodiques : raffinage-pétrochimie et optimisation


des utilités en raffinerie (non linéarités traitées et traitement en programmation
linéaire et mixte),

• 1980-1985 : accroissement et diversification croissante des applications : mise


au point d'un modèle dynamique national couplant la production du pétrole le
raffinage, le gaz et l'électricité au Mexique.

2. Les étapes de la mise en oeuvre du modèle linéaire


de raffinage
La détermination des capacités et structures optimales de raffinage se fait par le recours
au modèle linéaire de raffinage dont les phases de la mise en œuvre sont les suivantes :

1. définition de la problématique, autrement dit définition de :

• l'agrégat à modéliser, c'est-à-dire en ce qui nous concene, l'Europe-19 ou


CEE-12 ?
• l'approche à utiliser : monoraffinage ou multiraffinage, monopériode ou mul-
tipériode. Encore que pour ce dernier, il s'agit de spécifier si l'approche est
en groupes de pays, pays ou raffineries.

2. détermination des données. Les données du modèle linéaire de raffinage se


répartissent en trois modules : Approvisionnements, Marché et Schéma de raffi-
nage,

3. génération de la matrice : la taille des programmes linéaires de raffinage (d'une


centaine à quelques milliers de lignes et colonnes) ne permet pas une construction
manuelle de la matrice, c'est pourquoi on a recours à des générateurs de matrices
permettant la traduction d'un fichier-texte des données à une matrice sous un
format pouvant être lu par les codes d'optimisation disponibles sur la machine.

4. Optimisation de la matrice par l'emploi d'un code d'optimisation approprié.

5. les codes d'optimisation ne permettent pas une présentation des résultats sous
une forme répondant à l'attente du raffineur, c'est pourquoi on a recours à des
codes appelés "générateurs des rapports", permettant la présentation des fichiers
de sortie des codes d'optimisation sous la forme souhaitée par l'utilisateur qui
peut ainsi visualiser rapidement les productions obtenues, le taux d'utilisation
des différentes unités, les utilités, les coûts marginaux, les qualités des produits.

6. Calage et simulations des différentes hypothèses liées aux données du problème.

Dans cette seconde partie nous aborderons chacun des points précédents. Ainsi :
г 69

• le chapitre 3 traitera des problèmes soulevés par l'agrégation en général et de la


définition de l'agrégat à modéliser, en particulier.

La modélisation du raffinage européen soulève deux questions :


— la première a trait à l'espace géographique à modéliser, autrement dit est-il
nécessaire de modéliser l'ensemble des Dix-neuf ou peut-on se contenter de
celle des Douze ? C'est l'étape de la définition de l'agrégat,
— la deuxième porte sur l'approche à utiliser pour modéliser cet agrégat :
l'approche MONOraffinage (en bloc) ou l'approche MULTIraffinage, encore
que dans ce cas précis, il y a lieu de spécifier entre les démarches possibles :
groupe de pays, pays ou raffinerie.

Après la définition du problème, nous passons à celle des données. Celles-ci se


répartissent en trois modules :
— le module des approvisionnements,
— le module "marché",
— le module "schéma de raffinage".
• Le module des approvisionnements fera l'objet du chapitre 4. L'objet de ce
module est la détermination du nombre et du type des bruts à retenir pour
représenter l'approvisionnement de l'agrégat à modéliser. Nous développerons la
méthodologie et effectuerons les applications pour la détermination des propor-
tions de chacun des bruts retenus dans l'approvisionnement global.

La structure d'approvisionnement ainsi déterminée sera testée pour confirmer sa


validité pour les approches MONO et MULTI.
• le module "marché" sera traité dans le chapitre 5. Ce module a pour objet la
détermination du vecteur demande des différents produits pétroliers retenus dans
la modélisation, pour les différents scénarios, ainsi que les prix des produits et
des approvisionnements (bruts et feedstocks).
• dans le chapitre 6, on précisera les hypothèses concernant le dernier bloc des
données, en l'occurence le bloc "schéma de raffinage", pour les horizons 1995,
2000 et 2010, avant de passer à la présentation du modèle linéaire de raffinage :
la formulation générale d'un programme linéaire et son application au raffinage,
la structure des fichiers de données, le générateur de matrices, le format des
matrices, le code d'optimisation à utiliser, le générateur de rapport et le calage
du modèle pour permettre son application.

• les trois chapitres suivants (de 7 à 9) seront consacrés à l'optimisation propre-


ment dite, c'est-à-dire à la détermination des capacités et structures optimales
г 70

pour les horizons 1995 (chapitre 7), 2000 (chapitre 8) et 2010 (chapitre 9).
•VKu

Dans le chapitre 7, nous commencerons par tester la validîdité de la structure


de l'approvisionnement qui sera déterminée dans le chapitre 4 pour l'approche
MULTI, avant de passer aux différentes simulations.
• Nous terminerons par un chapitre (le chapitre 10) de discussion des résultats des
trois horizons. Nous y analyserons l'ensemble des résulats pour le total des Douze
et zone par zone et discuterons les hypothèses de base.
Г т

Chapitre 3

Agrégation et modélisation

3.1 Introduction
Dans la piemière partie, et après avoir présenté les concepts techniques indispensa-
bles à la compréhension de l'aspect technique du raffinage (chapitre 1), concepts qui
seront largement utilisés dans la suite de l'exposé, nous avons analysé les grands
développements du raffinage mondial depuis sa naissance aux Etats-Unis d'Amérique
en 1870 à ce jour (chapitre 2).

Nous avons également analysé le raffinage de l'OPEP - sa rétrospective et ses


perspectives - dans la mesure où celui-ci constitue et constituera le principal concur-
rent du raffinage européen par l'importance des volumes de produits qu'il "déverse"
chaque année sur le marché européen, ce qui est un élément important à prendre en
considération dans le dimensionnement des nouvelles unités à construire.

Après cet exposé de l'environnement général du raffinage européen, on s'intéres-


sera maintenant au problème du choix de l'entité à modéliser : c'est ce qu'on appelle le
problème de l'agrégation. En effet, agrégation et modélisation vont de paire puisque,
si la modélisation concerne une entité, l'agrégation permet justement de définir cette
entité.

La modélisation du raffinage européen soulève la question première de la défini-


tion de l'agrégat à modéliser. Avant d'aborder cette question, nous situerons d'abord
la modélisation que nous entreprendrons par rapport aux autres modèles, puis nous
aborderons le concept de l'agrégation, avant de passer à la présentation de l'Europe-
19 : ses caractéristiques socio-économiques et énergétiques et plus particulièrement le
secteur du raffinage. Nous analyserons alors les structures de l'outil de raffinage et des
consommations des différents produits pétroliers sous l'angle de qui fait quoi et qui
détient quoi, ce qui nous permettra de retenir un niveau d'agrégation "optimal".
г
s?
72

3.2 De la modélisation en général et du modèle


utilisé en particulier

3.2.1 Quelques généralités


Mobiliser revient à "recenser" les paramètres susceptibles d'expliquer - on parlera de
variables explicatives • le phénomène à analyser (la variable expliquée ou endogène) et
à "comprendre" leurs interactions. Ainsi, la demande énergétique d'un pays par exem-
ple, peut être considérée comme dépendante du niveau de l'activité économique, de la
structure industrielle, des performances techniques de cet appareil, des comportements
des différents agents économiques vis-à-vis de cette énergie, de la nature et du degré
de développement de ses réseaux de transport et distribution, du climat, des prix, des
politiques fiscales et de bien d'autres facteurs.

La diversité de ces facteurs est la première raison qui pousse l'analyste à l'utilisa-
tion d'un modèle pour "schématiser" une réalité plus complexe : c'est l'aspect simplifi-
cateur de la modélisation. Cependant modélisation n'est pas synonyme de "caricature",
dans la mesure où grâce à un niveau d'analyse plus désagrégé (sous réserve de disponi-
bilité des informations statistiques) on pourrait toujours incorporer plus de facteurs
explicatifs et arriver ainsi à mieux cerner le lien existant entre la variable endogène et
les variables explicatives retenues.

Toutes les disciplines utilisent des modi , de la physique aux sciences sociales,
mêmes si les conditions de leur utilisation sont différentes.

Pour l'écc omiste, le recours à la modélisation se justifie par le fait que l'économie,
faisant partie des sciences sociales, se caractérise par "l'impossibilité d'une repro-
ductibilité des expériences permettant l'émergence d'une vérité scientifique (Huitric R.
(1989), page 5), comme c'est le cas des sciences expérimentales.

L'analyste économique devra donc se contenter des données disponibles pour la


comprehension de la réalité des interactions des différents facteurs sur le phénomène
en question. Cependant, ces données qui constituent justement les "produits" de notre
"manip" sont aussi '7a source de tous nos problèmes. Leur imperfection rend notre
travail difficile et souvent impossible." (Griliches Z. (1986), page 1466),

Dans un modèle d'optimisation comme le nôtre, ces imperfections des données


impliqueront un volume de traçai! plus important puisqu'il y a lieu d'effectuer des
simulations sur les données "douteuses" pour permettre un balayage de l'intervalle de
variation correspondant.
Г 1
I-
73

3.2.2 Place du modèle utilisé


Depuis la première crise de l'énergie, la littérature a enregistré une grande "inflation"
dans les travaux de modélisation1. Ces modèles peuvent être scindés globalement
en trois groupes : les modèles théoriques, les modèles économétriques et les modèles
opérationnels. Cette distinction repose sur l'objectif recherché par le modèle et les
outils utilisés. Dans ce sens, les modèles opérationnels se basent sur des simulations
pour évaluer l'impact de telle ou telle variable sur le phénomène analysé.

Quelle est la place de notre modèle parmi ces trois groupes ?

La modélisation des capacités et structures de raffinage est un modèle d'optimi-


sation de type opérationnel, dans le sens où elle consiste à déterminer les capacités
optimales des unités composant la (ou les) ramnerie(s) retenue(s) dans le cadre de
l'agrégation. Ces capacités sont fonction d'une multitude de facteurs (approvision-
nement en bruts, schéma de raffinage, niveaux et structures des demandes, etc.) et la
solution consiste à simuler l'impact des éventuelles variations de ces paramètres sur les
capacités ainsi déterminées.

3.3 Le problème de l'agrégation


Les trois volets du problème de l'agrégation sont :

• l'agrégation des grandeurs économiques (quantités et prix principalement) est-elle


réalisable ?

• le problème de la détermination du niveau optimal d'agrégation, c'est-à-dire


jusqu'où peut-on aller dans l'agrégation, ou inversement dans la désagrégation ?

• enfin, le problème pratique de la disponibilité des informations statistiques des


grandeurs ainsi agrégées.
Dans notre cas, ce problème consiste à savoir s'il faut considérer l'Europe2
comme une seule entité, ou faut-il se contenter d'une modélisation des Douze ? Encore
qu'à ce stade le problème n'est pas totalement réglé puisqu'il s'agît de savoir comment
cet ensemble (les Dix-neuf ou les Douze) sera étudié : en un seul bloc, par zones en
procédant à des regroupements des pays, par pays ou carrément par raffinerie, car
après tout l'unité de production n'est-elle pas la raffinerie ?

L'opération d'agrégation des données conduit généralement à une perte d'infor-


mation par rapport aux données fines, ce qui peut introduire des biais dans les variables
1
Particulièrement pout la dem&nde d'énergie.
2
Nous n'évoquerons pas le problème de Is. délimitation de l'Europe qui, avec le chute du mur de
Berlin, d'abord, et de l'éclatement de l'U.R.S.S. ensuite, rend difficile la sépaiation Europe occidentale-
Europe orientale. Tout au long de ce travail, le terme Europe sera synonyme des dix-neuf pays de
l'Europe OCDE.
*
i>
4
т У
74

duales (les coûts marginaux) dus aux éventuels changements structurels survenus au
niveau des agrégats élémentaires, mais non détectables au niveau agrégé par suite de
possibles compensations : l'agrégation de deux raffineries, l'une simple, l'autre avec
conversion conduit à une sur-optimisation, Jans la mesure où le fioul résiduel de la raf-
finerie simple, ne disposant pas d'autres débouchés que le produit fioul lourd lorsque la
raffinerie est considérée isolément, trouve un débouché plus valorisant (sa conversion
en produits légers) grâce aux unités de conversion disponibles par le fait de l'agrégation
des deux raffineries en une seule. De ce fait les coûts marginaux du même fioul résiduel
ne sont plus comparables, car dans le deuxième cas, ils sont biaises.

Une désagrégation poussée a aussi ses contraintes liées à la non disponiblité de


données fines fiables et au coût de la réalisation d'une telle opération, ce qui constitue
là aussi une source de biais. Entre ces deux cas extrêmes (agrégation à outrance et
désagrégation poussée) se trouve nécessairement un niveau "optimal" d'agrégation.

L'objet des paragraphes suivants est la détermination de ce niveau.


г 75

3.4 Détermination de l'agrégat à modéliser


Pour déterminer le niveau d'agrégation à retenir, nous tenterons de comprendre les
mécanismes qui régissent les deux volets de l'activité : l'outil de raffinage (volet de
production) et celui de la consommation des produits pétroliers dans le but d'arriver
à dégager des groupes homogènes qui constitueront l'agrégat.

Nous ne reviendrons pas sur l'analyse rétrospective, largement développée dans


la première partie, nous établirons le bilan de l'infrastructure et des consommations
pour l'année 1991.

3.4.1 Caractéristiques économiques générales


3.4.1.1 Population
Avec une superficie totale de 4 378 980 km 2 , l'Europe-19 compte une population de 417
millions d'habitants en 1991, soit 1,7 fois la population des États-Unis d'Amérique, ou
50 % de celle de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique
(O.C.D.E.) dont elle est membre. Cette population n'est pas uniformément répartie
sur les pays de la région, puisque les cinq grands pays3 représentent à eux seuls 70 %
du total. La CEE-12 compte une population de 328 millions d'habitants, soit 79 % du
total Europe-19.

L'Allemagne est le pays le plus peuplé et compte pour près de 80 millions


d'habitants, soit 19 % du total Europe-19 (le quart environ de la population des Douze).

3.4.1.2 Le Produit Intérieur Brut


L'Europe-19 a produit, en 1991, pour 3 476 milliards de dollars U.S. de richesse, ce
qui correspond au tiers du total OCDE. Les Douze participent à cette production des
Dix-neuf pour 86 %, alors que les cinq pays cités précédemment produisent ù eux seuls
près des trois-quarts.

3.4.2 Caractéristiques énergétiques générales


La production mondiale d'énergie primaire, en croissance continue, est passée de 6716,9
Mtep, en 1982, à 7796,4 Mtep en 1991, soit 16,1 % d'augmentation. La part de
l'Europe-19 dans cette production est restée relativement stable (10,4 % en 1991 con-
tre 10,1 % en 1982), contrairement à d'autres régions telles que l'Amérique du Nord
qui a vu sa part passer de 26,2 à 23,7 %, durant la même période. Les augmentations
enregistrées l'ont été pour le Proche-Orient, l'Afrique, l'Asie et l'Autralasie.

3
Désormais le terme "cinq grands" regroupe l'Allemagne, le Royaume-uni, la Fiance, l'Italie et
l'Espagne.
г
i
76

En matière de consommation, on retrouve à peu près le même phénomène, à


savoir une réduction de la part des pays développés et l'augmentation de celle des pays
en voie de développement. Durant la période 1982-1991, l'Europe-19 voit sa paît passer
de 17,9 à 17,7 %.

3.4.2.1 Les réserves pétrolières


L'Europe-19 est une région démunie en ressources pétrolières importantes. Le niveau
de ses réserves est estimé, par OU & Gas Journal au premier janvier 1992, à 1980 Mt 4 ,
soit à peine 1,5 % des réserves mondiales. Ce niveau représente 9,4 années de produc-
tion et .. .3,5 années de consommation équivalente à celle de l'année 1991.

Ces faibles réserves sont encore mal réparties puisque la Norvège et le Royaume-
Uni en détiennent les 80 % (52,5 % pour la Norvège et 27,5 % pour le Royaume-Uni) ; les
autres, notamment les plus développés, donc gros consommateurs devront se contenter
des miettes restantes (Allemagne : 3,1 %, France : 1,2 %, Italie : 4,8 %, Pays-Bas :
1,0 % et Espagne : 0,1 %).

3.4.2.2 La production
La production d'énergie primaire de l'Europe-19 est passée de 578,7 Mtep 5 à 810,8 Mtep
durant la période 1978-1991.

Si la production a augmenté de 40,1 % en volume, la structure par contre a


connu des changements importants comme le montre la figure 3.1 ci-après. Ainsi, on
retrouve des sources d'énergie :

• qui se sont affirmées nettement, comme :

- le pétrole dont la part dans la production totale est passée de 15,1 à 26,5 %
(87,2 à 215,0 Mtep en volume). Cette forte progression est le résultat
d'intenses efforts de recherche-prospection menés après le premier choc pétro-
lier et qui ont abouti à la découverte des gisements de la Mer du Nord.

La production de l'Europe-19 est passée de 20 Mt en 1973, à . . . 215 Mt en


1991 (194,1 Mt en 1989 en raison de la destruction de la plate-forme Piper
Alpha et d'autres accidents qui ont réduit l'activité d'extraction en zone
britannique de la Mer du Nord).
- l'électricité d'origine nucléaire dont la part est passée de 6,6 à 21,2 %, c'est-
à-dire une contribution aux ressources sensiblement égale à celle du gaz
naturel (21,8 % pour le gaz naturel).
4
Avec le taux d'équivalence suivant : 1 tonne = 7,33 barils et 1 baril = 1 5 9 litres.
'Millions de tonnes équivalent pétrole.
1 Г
s»1
I I

Figure 3.1 : Evolutions comparées de la production et de la consommation


d'énergie primaire de l'Europe-19

1384 Mtf.3

1248 Mtep

579 Mtep

pi/
35 %

Production
\) Consommation Production Consommation
1 9 7 8 19 9 1
CZ3 CMS YZZÀ Pétrole ЕЭ GN ES3 Elect. Hydr. Elect. Nucléaire

• dont la contribution relative aux ressources est en déclin, même si en volume


celle-ci peut être considérée comme relativement, stable. C'est le cas :

- des CM.S. 6 dont la part est passée de 34,6 à 26,3 %,


- du gaz naturel qui perd près de cinq points, même si en volume la progression
a été de + 17%,
6
Combustibles Minéraux Solides.

L
1 г
f-
78
1
- de l'électricité d'origine hydraulique qui voit sa contribution passer de 17,6
à...4,2%.

3.4.2.3 La consommation
L'Europe-19, deuxième centre de consommation important après les États-Unis, connaît
une croissance continue dans la consommation d'énergie primaire. Celle-ci est passée
de 1247,9 à 1384,6 Mtep durant la période 1978-1991, soit un taux de croissance de
11 %. Ce rythme de croissance ne l'a pas été pour toutes les énergies composantes
puisque, et comme le montre la figure 3.1 précédente :
• le pétrole, première énergie consommée, voit sa part décliner de 56,2 à 45,6 %
(- 10 % en volume), suite aux politiques énergétiques mises en place dans les
différents pays au moment du premier choc pétrolier (substitutions inter-énergies,
réduction de l'intensité énergétique et mesures d'économies d'énergie),

• les C.M.S., deuxième énergie consommée, gagnent trois points, mais restent
menacés pour cette seconde place par l'électricité primaire et le gaz naturel,
• le gaz naturel, grâce à sa qualité d'énergie propre est en passe de devenir la
source d'énergie de demain. Sa part est passée de 13,9 à 17,7 % pour des volumes
correspondant de 172,9 et 245,3 Mtep respectivement,
• l'électricité primaire, quatrième source d'énergie, est également en progression
de 11,2 % à 14,9 %, grâce au boom du nucléaire qui gagne à lui seul plus de
neuf points, et malgré le recul de l'hydraulique (- 66,5 %). Cependant, Tcher-
nobyl et les restrictions de plus en plus sévères en matière de protection de
l'environnement seront à coup sûr des obstacles à une poursuite de la croissance
du vecteur électrique à base de nucléaire.
L'analyse de la structure de la consommation par pays (cf. tableau 3.1 ci-
dessous) montre combien le poids des Douze est important. En effet, ce groupe con-
somme près de 90 % du total des Dix-neuf.

La consommation est également très concentrée au sein de la СББ-12, puisque


les cinq grands consomment à eux-seuls plus de 70 % de la consommation des dix-neuf
(70,3 % en 1978 et 72,7 % en 1991) et 83 % de celle de CEE-12 comme le montre le
tableau 3.1 ci-dessous.
1
Г 79

Tableau 3.1 : Structure géographique de la consommation d'énergie primaire de


l'Europe-19

1978 1985 1991

Pays Mtep % Mtep % Mtep %

Allemagne 270,0° 21,6 354,4b 28,0 341,9 24,7


Royaume-Uni 211,4 16,9 201,2 15,9 216,3 15,6
France 191,8 15,4 180,0 14,2 211,5 15,3
Italie 145,4 11,7 132,2 10,4 151,6 11,0
Espagne 71,1 5,7 73,0 5,8 85,3 6,2

Total 5 grands 889,7 70,3 940,8 74,4 1006,6 72,2

Total CEE-12 1073,8 86,0 1113,7 88,0 1205,3 87,1

Total Europe-19 1247,9 100,0 1265,1 100,0 1384,4 100,0

"Allemagne de l'Ouest seulement.


'Allemagne de l'Ouest seulement.

Source : d'après BP Statistical Review.


1
г 80

Entre une consommation représentant 17,7 % du total mondial et une produc-


tion de 10,4 % de l'année 1991, se pose nécessairement un problème de dépendance
énergétique de l'Europe-19.

3.4.2.4 Une dépendance énergétique incontournable ?


La comparaison des ressources propres et des consommations permet de tirer les en-
seignements suivants :

• pour le total énergie primaire : grâce à un taux de progression de la production


supérieur à celui de sa consommation (40 contre 11 %), l'Europe occidentale a
pu porter le taux de couverture de ses besoins, par ses ressources propres, de 46,4
à 58,6 % durant la période 1978-1991. Cette performance n'a été possible que
grâce à la mise en place de politiques énergétiques conséquentes qui ont permis :

- une plus grande efficacité énergétique, par une réduction de l'intensité éner-
gétique,
- des substitutions inter-énergies et des mesures d'économies d'énergie.

• par source, nous distinguons :

- les C.M.S. : le taux de couverture des besoins a perdu dix points en raison
d'une augmentation plus rapide de la consommation (29,2 % contre 6,3 %
pour la production), les C.M.S. européens étant moins compétitifs sur le
plan international. On s'attend à une diminution encore plus importante
de ce taux, dans les prochaines années, avec la suppression des subventions
locales actuellement en vigueur (charbon allemand et français entre autres).
- le pétrole : la forte dépendance énergétique de l'Europe est principalement
due à celle du pétrole en raison de l'importance de ce produit dans le bi-
lan énergétique, d'une part, et surtout du taux de dépendance7 pétrolière
extrêmement élevé, d'autre part.

La dépendance pétrolière est passée de 88 à 66 % durant la période 1978-


1991. Même si ce taux reste encore élevé (plus des deux tiers des besoins
pétroliers continuent d'être importés), cela ne doit pas cacher les importants
progrès réalisés grâce à :
* une multiplication de la production par 2,5 (découverte des gisements
de la Mer du Nord),
* une réduction de la consommation de 10 %, par une plus grande ef-
ficacité dans l'utilisation de cette énergie, ce qui se traduit par une
diminution de l'intensité pétrolière.
7
Ce taux est le complément à 100 du taux de couverture.
81

— le gaz naturel : la dépendance en matière de gaz naturel est passée de


13 à 28 % suite à une augmentation de la consommation plus importante
(+ 20 %) que celle de la consommation (+ 42 %). Ce taux de dépendance
n'est pas inquiétant outre mesure, compte tenu du niveau des réserves lo-
cales.
— l'électricité primaire : compte tenu du caractère non stockable8 de cette
énergie, on ne peut pas parler ici de taux de couverture ou de dépendance.

Cette énergie a connu, dnrant la période 1978-1991, un taux de croissance de


47,1 %, taux qui est le résultat d'une multiplication de l'apport du nucléaire
par .. .4,5 d'une part, et d'une baisse de 66,5 % de celui de l'hydraulique.

3.4.3 Le pétrole
Le pétrole reste, et restera encore, la première source d'énergie consommée aussi bien
sur le plan mondial qu'au niveau européen, d'où l'importance stratégique que revêt
cette source tant convoitée.

Quelles sont les potentialités et les besoins de l'Europe en cette ressource ? Tel
est l'objet des sections suivantes.

3.4.3.1 La production
La production de pétrole de l'Europe est passée de 20,7 Mt, en 1970, à 215,0 Mt en
1991. Cette croissance de la production est imputable à la découverte des gisements
de la Mer du Nord dont les zones britannique et norvégienne représentent 86,4 % de
la production totale de la région.

3.4.3.2 Les importations


Le volume des importations pétrolières est passé de 598,6 à 536,1 Mt durant la période
1970-1991, après avoir culminé à 635,5 Mt en 1976.

Les Douze ont importé, hors CEE, 477,9 Mt en 1991 et ont exporté 67,1 Mt
(dont 82,3 % pour le Royaume-Uni), soit une importation nette de 477,8 Mt. Les
autres pays de l'Europe-19 non membres de la CEE-12 ont un solde exportateur de
24,5 Mt.

°Certains piocédés permettent de stocker cette énergie, sous forme de chaleur, dans des couches
souterraines. Les quantités à stocker restent encore relativement faibles.
г 3.5 Le raffinage
82
T

3.5.1 La distillation primaire


Au premier janvier 1992, la capacité de distillation primaire de l'Europe-19 s'élève à
692 375 milliers de tonnes par an 9 .

Tableau 3.2 : Sites de raffinage et capacités de distillation primaire de l'Europe-19 au


01-01-1992

Capacité de distillation
Nombre

Pays de sites Kt/an %

- Allemagne 21° 100700 14,5


- Royaume-Uni 15 90500 13,1
- France 146 84595 12,2
-Italie 19 115000 16,6
- Espagne 10 63050 9,1

Total 5 grands 79 453845 65,5

Total CEE-12 100 596 425 86,1

Total Europe-19 118 692 375 100,0

"dont 2 pour la production des huiles et des bitumes,


'dont 1 pour la production des huiles et des bitumes.

Ainsi, 86 % des capacités de la distillation primaire de l'Europe-3 9 sont localisées


dans les pays de la CEE-12, encore que là aussi, la concentration est forte puisque les
cinq grands pays détiennent 76,4 % (les deux-tiers de la capacité totale de l'Europe-19).

L'analyse par pays montre que le plus gros raffineur est l'Italie avec 115 Mt/an
réparties sur 19 sites de raffinage, soit 16,6 % du total, suivie de l'Allemagne avec 21
sites et une capacité de 100,7 Mt/an, le Royaume-Uni avec 15 sites pour une capacité
9
Tout les chiffres que nous avancerons poui les capacités proviennent de la banque de données que
nous avons éuiborée, dans le cadie de cette thèse, au Centre Economie et Gestion de l'ENSPM.
1
Г 83

de 90,5 Mt/an, la France pour 14 sites (dont un pour les huiles et bitumes) et une
capacité de 84,6 Mt/an et l'Espagne pour 63,1 Mt/an pour dix sites.

3.5.2 La conversion
La capacité de conversion, exprimée en équivalent FCC, au premier janvier 1992, est
de 194 Mt dont 90 % pour les Douze et près des trois-quarts pour les cinq grands.

Le taux de conversion10 des Dix-neuf est de 28 % alors que ceux des Douze et
des cinq grands sont de 29,4 et 31,4 % respectivement.

Quatre pays ont un taux de conversion supérieur à la moyenne des Dix-neuf, il


s'agit du Royaume-Uni (41,1 %), de l'Allemagne (37 %), de la Grèce (30,1 %) et des
Pays-Bas (28,2 %), comme le montre le tableau 3.3.

L'analyse par type de procédé de conversion montre également le même poids


des Douze et des cinq grands, puisque (cf. tableau 3.3) :
• pour le FCC, procédé le plus utilisé, les parts respectives des Douze et des cinq
grands sont de 93 % et 77 %,
• pour la viscoréduction les parts sont de 90 et 70 %,
• pour 13,4 Mt/an d'hydrocraquage des distillât s, les Douze en détiennent 51 %
(51 % pour les cinq grands),
• pour la cokéfaction enfin, sur les 12,6 Mt/an de capacité totale, 12,6 Mt/an,
soit 91 %, sont localisées dans la СББ-12 et plus particulièrement dans les cinq
grands.

10
Le coefficient de conversion est défini par le rapport de la capacité totale de conversion, exprimée
en équivalent FCC, à la capacité de distillation primaire.
г 84

Tableau 3.3 : Capacités de conversion de l'Europe-19 au 01-01-1992

Total FCC HCK1 VSBK3 Cokéfaction

Mt % % Mt % Mt % Mt % Mt %
eq.FCC Gonveriion

• Allemagne 37 10 37 13 13 6 35 13 18 6 41
• Royaume-Uni 37 19 41 20 21 3 15 3 4 3 20
- Franc« 22 11 26 17 18 1 5 9 13
-Italie 32 16 28 16 17 3 18 17 24 3 18
- E«p»tne 15 8 24 8 9 1 4 8 12 2 12

Total 5 gland«3 143 74 31 75 77 13 76 51 70 13 91

• Payt-Bai 17« 9 28 7 7 2 9 6 9
• Belgique 7 3 18 5 5 4 5
- Grèce в 3 30 3 5 2 9 2 3

Total CEE-12 174 90 29 90 93 16 93 65 90 13 91

Total Europe-19 194 100 28 97 1П0 18 100 72 100 14 100

1
Hydrocraquage des distillât s.
2
Viscoréduction.
3
Pour cause d'arrondis, le total en % peut différer de la somme des % des cinq pays.
4
Les Pays-Bas possèdent les deux unités de conversion profonde de l'Europe :
l'hydrocraqueur des résidus (hyconj de Siiell à Pernis avec 1,15 Mt/an et 1,7 Mt/an de
flexicoking pour Exxon à Rotterdan'. C'est grâce à ces deux unités que les Pays-Bas
ont un taux de conversion supérieur à celui de la France et de l'Espagne.
1
г La production des essences automobile
85

La production des essences avec les qualités requises par le marché (indice
d'octane élevé et teneur en РТБ de plus en plus faible (0,15 g/1 maximum actuellement
en France) nécessite d'autres unités, en plus du FCC. Il s'agit des unités du réformage
(classique ou avec régénération continue du catalyseur), d'alleviation, d'isomérisation,
de polymérisation (dimersol) et de MTBE. La structure, au 01-01-1992, de ces ca-
pacités est donnée par le tableau 3.4 qui montre, encore une fois la prépondérance des
Douze et plus particulièrement des cinq grands qui détiennent 68 % des capacités du
reformage catalytique, 82 % de celles d'alkylation, 47 % de celles de polymérisation,
69 % de celles d'isomérisation et 63 % de celles du MTBE.

Tableau 3.4 : Structure (en % du total des Dix-neuf) des capacités des unités de
production des essences de l'Europe-19 au 01-01-1992

Réformage Alkylation Poly- I.o- MTBE


catalytique merisation mériiation

- Allemagne 18 9 S 10 5
• Royaume-Uni 16 43 37 17 13
- France 12 5 2 12 10
-Italie 13 24 5 24
- Espagne 9

Total 5 grande* 68 82 47 69 63

- Payt-Bat 8 8 7 11
- Belgique 5 7 3 1 12
• Grèce 3 1 17 5
- Portugal 2
• Danemark I
• Irlande 1

Total CEE-12* 86,7 90,9 63,9 84,1 88,7


Total Europe-19 100 100 100 100 100

Mt/an !
• CEE-12 79,878 6,380 1,405 7,290 1,024

- Europe-)9 92,208 7,015 2,200 8,670 1,154

* Pour cause d'arrondis, le total en % peut différer de la somme des % des pays con-
cernés.
г 3.5.3 Le rôle des compagnies pétrolières
86

Le raffinage est une activité fortement capitalistique et nécessite beaucoup de savoir-


faire d'où une forte concentration des capacités entre un nombre assez réduit de com-
pagnies et particulièrement les grandes multi-nationales. En Europe, ce phénomène est
très visible puisque deux compagnies (Shell et Exxon) détiennent 22 % de la capacité to-
tale de distillation primaire des Dix-neuf et le quart de la capacité totale de conversion.

Avec la British Petroleum (BP) ces parts passent à 29 % aussi bien pour la dis-
tillation primaire que pour la conversion, alors que les dix premières détiennent 60 %
et 56 % respectivement pour la distillation et la conversion (cf. tableau ci-dessous).

Sur les dix premières compagnies :


• cinq Majors (Shell, Exxon,BP, Mobil et Texaco) occupent les trois premières
places, la neuvième et la dixième et possèdent 35 % des capacités de distillation
et 34 % de celles de la conversion,
• les grandes européennes (Agip (groupe ENI), Total, Elf et Fina) auxquelles il
convient d'ajouter Repsol (firme espagnole d'Etat) et dont les capacités sont lo-
calisées en Espagne (près de 60 % des capacités espagnoles de distillation) et
seulement une petite unité d'huiles au Royaume-Uni), se positionnent de la qua-
trième à la huitième place dans l'ordre : Agip, Repsol, Total, Elf et Petrofina,
comme le montre le tableau 3.5.

Ces parts sont appelées à. augmenter avec les privatisations de l'outil de raffinage
de Гех-RDA11, de l'Espagne et du Portugal.

11
La raffinerie de Leunawerk a été acquise par un consortium dont Elf est majoritaire et celle de
Schwedt (PCK Schwedt) par un consortium composé de DEA allemande (37,5 %), la VEBA allemande
(18,75 %), la PDVSA vénézuélienne (18,75 %), ELF (8,33 %), Total (8,33 %) et AGIP (8,33 %).
87
г
Tableau 3.5 : Les dix premiers raffineurs de l'Europe-19 au 01-01-1992

Distillation Conversion
Réformage

№ Compagnies Unité primaire sous vide Mt/an % Topping catalytique

l Shell Mt/an 79,5 42,4 26,6 33,5 12,8


% 11,5 12,4 13,8 13,9

2 Exxon Mt/an 78,7 31,0 19,4 24,6 9,9


% 11,4 11,9 10,0 10,7

3 BP Mt/an 44,0 16,6 10,3 23,5 4,9


% 6,3 6,4 5,4 5,3

4 Agip Mt/an 39,4 16,8 8,7 22,0 4,8


% 5,7 6,4 4,5 5,2

5 Repsol Mt/an 35,9 13,8 9,2 25,7 4,8


% 5,2 5,3 4,8 5,2

6 Total Mt/an 32,2 12,0 8,5 26,4 5,1


% 4,6 4,6 4Л 5,5

7 Elf Mt/an 30,9 12,3 8,7 28,1 3,6


% 4,5 4,7 4,5 3,9

8 Pétrofina Mt/an 22,1 9,8 6,4 29,0 2,5


% 3,2 3,7 3,3 2,7

9 Mobil Mt/an 21,1 9,3 4,9 23,3 3,4


% 3,0 3,6 2,5 3,6

10 Texaco Mt/an 17,6 6,7 4,9 27,8 2,4


% 2,5 2,5 2,5 2,5

Les % sont calculés par rapport aux capacités respectives de l'Europe-19 et la capacité
de conversion est en Mt/an équivalent FCC.
1
г 3.6
88

La consommation des produits pétroliers


Г
4

3.6.1 Analyse globale


La consommation des produits pétroliers des Dix-neuf est passée de 472,6 Mt en 1970
à 552,3 Mt en 1979, soit + 16,9 % d'augmentation. Le second choc pétrolier et la
récession économique qui a suivi ont réduit cette consommation à 456,7 Mt (- 17,3 %)
en 1984. En 1985, le début de la chute des prix du pétrole a amené une reprise dans la
consommation, reprise facilitée par le contre-choc pétrolier de 1986 et la consommation
a pu atteindre 489,5 Mt en 1988 et 563 Mt en 1991, comme le montre la figure 3.2
suivante :

Figure 3.2 : Evolution de la consommation des produits pétroliers de l'Europe

Millions de tonnas
600 r- Europe-19

500 h

400

300

200

100

A* A
4
W /Л AV /fr ЛЬ V\ /A <A «S -S «JV «ft «> A -Jb A A A
& & & & J & & & J J & & & 4* & & & & 4* N*

Source : d'après les statistiques de l'AIE.


Г 89
1 г
La consommation de produits pétroliers de l'Europe des Douze - qui représente
86 % de celle de l'Europe-19 - a connu principalement trois phases (cf. figure 3.2) :

• une phase de croissance qui va jusqu'au premier choc pétrolier de 1974. La


consommation est ainsi passée de 404,7 Mt en 1970 à 476 Mt en 1973, soit une
augmentation de 17,6 % en l'espace de trois années.

• une deuxième phase de reprise de la consommation (1976-1979), après une réduc-


tion de la consommation à 423,4 Mt en 1975 (- 11 % en deux ans), due au premier
choc pétrolier. La consommation atteindra durant cette période son maximum
de 474 Mt en 1979, chiffre qui ne sera jamais égalé depuis à cause de l'effet du
second choc.

• une troisième phase de réduction de la consommation. Celle-ci sera de 389,5 Mt


en 1985, soit une diminution de 17,8 % pour la période 1979-1985. Le contre-
choc pétrolier de 1986 a permis l'amorce d'une reprise de la consommation qui
atteindra 486,5 Mt en 1991 dont 73 % pour les cinq grands.

Pour mieux comprendre le pourquoi de ces fluctuations dans les consomma-


tions, nous analyserons d'abord l'évolution du rôle des différents pays membres pour
faire ressortir les pays gros consommateurs, avant d'aborder la structure de consom-
mation par produit.

La figure précédente montre qu'entre 1970 et 1991, les pays gros consommateurs
de produits pétroliers restent pratiquement les mêmes, puisqu'on retrouve :

• l'Allemagne pour un quart de la consommation totale communautaire, soit 22,3 %


du total des Dix-neuf,

• la France pour 17,6 % (contre 19,4 % en 1970),

• le Royaume-Uni avec 15,3 % (contre 17,9 % en 1970),

• l'Italie pour 17,3 % (contre 15,2 %).

• l'Espagne dont la part est passée de 5,4 % en 1970 à 8,3 % en 1991,

Ces cinq pays à eux seuls consomment les trois-quarts du total des Dix-neuf
( 84 % du total des Douze), comme le montre la figure 3.2.

3.6.1.1 Structure de la consommation


L'évolution de la structure de la consommation des Dix-neuf est donnée par la figure
suivante 3.3 :
7
г
1 ?г
' ^* л.. f

I
%
01 90

Figure 3.3 : Evolution de la structure de consommation de produits pétroliers


des Dix-neuf

У/А Y//<

75%

50%

Ш 1 1 Ш жж
il I H
25%

/ЭОС xScx'
0%
1970 1979 1988 1991

H Fioul lourd D Autres О Fioul domestique DGazole


(D Kérosène S Essences auto. BNaphta QGPL

La structure de la consommation pétrolière des Douze a connu durant ces vingt


dernières années des changements notables suivants (tableau 3.6) :

• une très nette réduction de la consommation de fioul lourd qui passe de 28,3 %,
en 1970, à 19,9 % en 1979 et 15,3 % en 1991, c'est-à-dire que la consommation a
été réduite de 35 % (ramenée en volume de 114,6 Mt à 74,4 Mt). C'est d'ailleurs
cette réduction qui a été à l'origine du bouleversement de l'outil de raffinage
européen, par le passage de raffineries simples à des raffineries plus complexes.

• une hausse de la consommation des produits légers qui passent de 23,3 %, en 1970,
à 28,8 % en 1979 et 33,1 % en 1991. Tous les produits de cette catégorie ont
connu une augmentation, la plus importante a été pour les carburants automobile
qui passent de 15,5 % à 22,8 %, soit près du quart de la consommation totale,
alors qu'en volume la consommation a subi une croissance de + 76,8 % durant
г 91

la période 1970-1991, soit + 2,8 % par an en moyenne.


1

• les produits moyens ont connu également une hausse, même si elle est relative-
ment de moindre importance, de 41,2 à 44,0 %. Par produit, la plus grande pro-
gression concerne le gazole qui voit sa part doubler à cause de la forte diésélisation
du parc de voitures des particuliers après les fortes augmentations des prix des
essences automobiles, après le deuxième choc pétrolier.
Cette hausse de la part du gazole s'est effectuée au détriment du fioul domes-
tique, principalement, qui perd près de 7 points à cause de la forte concurrence
du gaz naturel ou de l'élécticité (en France particulièrement).

Les carburéacteurs connurent une hausse plus modérée (leur part est passée de
4,7 à 5,7 %), due essentiellement à celle du jet fuel dont la part a presque doublé.
Tableau 3.6 : Structure de la consommation pétrolière du marché intérieur des Douze
de 1970-1991 (en %)

Produits 1970 1979 1988 1991

Produits légers : 23,3 28,8 32,7 33,1

- G.P.L. 2,5 3,6 4,1 3,9


- Naphta 5,3 6,2 6,4 6,4
- Essences auto 15,5 19,0 22,2 22,8

Produits moyens : 41,2 44,8 44,3 44,0

- Carburéacteurs 4,7 5,1 5,6 5,7


- Gazole 8,1 11,2 15,7 16,4
- Fioul domestique 28,4 28,5 23,0 21,9

Produits lourds : 35,5 26,4 23,0 22,9

- Fioul résiduel 28,3 19,9 15,6 15,3


- Autres produits 7,2 6,5 7,4 7,6

Total (en %) 100,0 100,0 100,0 100,0

en Mt 404,7 474,0 447,7 486,5

Source : d'après IAE 1st Quaterly oil statistics and energy balances, Paris 1992.
7 г
4
92
г
î
Ce retournement dans la structure de la consommation a posé d'énormes pro-
blèmes au raffineur qui avait à adapter constamment son outil pour faire face à la
demande, ce qui s'est effectué non sans problèmes.

Cette analyse globale reflète la tendance moyenne des douze pays membres,
notamment celles des cinq grands, que nous analyserons en détail dans ce qui suit.

3.6.2 L'Allemagne
Première puissance économique de l'Europe et troisième mondiale, derrière les Etats-
Unis et le Japon, l'Allemagne est le premier pays consommateur de pétrole de l'Europe
avec 25,8 % de la consommation totale des Douze (22,3 % de celle de l'Europe-19) en
1991.

Les séries statistiques des années 1991 et suivantes concernent l'Allemagne


réunifiée et de ce fait nous sommes en présence d'une rupture sur le plan statistique
(les séries des années antérieures et postérieures à 1991 ne sont plus comparables). De
ce fait, l'analyse de la période 1970-1988 concernera uniquement l'Allemagne de l'Ouest.

La consommation, tous produits pétroliers confondus, a connu la même ten-


dance que celle décrite plus haut pour le total des Douze : une croissance assez rapide
jusqu'en 1973, année durant laquelle elle s'est élevée à 123,9 Mt (contre 104,7 Mt en
1970), avant de subir une baisse de 12,3 % entre 1974 et 1975, sous l'effet du premier
choc pétrolier. La reprise de la croissance s'est effectuée dès l'année 1976 pour attein-
dre les 125,2 Mt en 1979, niveau qui ne sera jamais égalé depuis, à cause justement du
deuxième choc pétrolier de 1979-1980 qui a fait chuter la consommation à 98,2 Mt en
1983, soit - 21,6 % par rapport à celle de l'année 1979. A partir de l'année 1985, une
reprise a été observée et, en 1991, la consommation de l'Allemagne réunifiée a été de
125,7 Mt, soit à peine le niveau de 1979 pour la seule Allemagne de l'Ouest.

La structure de la consommation pétrolière a connu des bouleversements im-


portants durant ces dernières vingt années comme le montre le tableau 3.7. C'est ainsi
que :

• les produits blancs ont connu une augmentation de leur part de 20,3 à 26,4 %
de 1970 à 1979 et à 34,2 % en 1991, c'est dire que le blanchiment de la demande
s'est accéléré après le second choc pétrolier.

La plus grande augmentation concerne les essences automobile dont la part a


rapidement grimpé de 15,2 %, en 1970, à 19,0 % en 1979, avant d'atteindre
24,7 % en 1988. En volume le taux de croissance a été de + 49 % pour la
période 1970-1979 et + 11,5 % pour 1979-1988, soit une croissance globale de
+ 66,3 % pour la période 1970-1988. La croissance aurait été plus forte sans la
hausse importante des prix enregistrée à partir de l'année 1980, ce qui explique
г
i 93

d'ailleurs le doublement de la part du gazole à la suite d'une diésélisation plus


rapide du parc de véhicules des particuliers.
• la part des produits moyens est restée relativement stable (53,4 % en 1970 contre
53,3 % en 1979 et 52,9 % en 1988). Si le total gazole-fioul domestique a pu
préserver sa part, il le doit au gazole qui a vu sa part passer de 7,5 % à 12,7 %
pour toute la période ; la part des carburéacteurs a, quant à elle, augmenté plus
faiblement (de 1,9 % à 3,7 %).
• les produits lourds, enfin, ont perdu douze points durant toute la période 1970-
1988, de 26,3 % à 14,1 %. Le plus grand perdant a été fatalement le fioul lourd
dont la part a été divisée par 2,4 pour rcpr* senter 7,5 % en 1988, niveau encore
plus faible que celui observé pour la moyem e des Douze.

Tableau 3.7 : Structure de la consommation pétrolière du marché intérieur de


l'Allemagne de 1970-1991 (en %)

Produits 1970 1979 1988 1991"

Produite légers : 30,3 36,4 32,9 34,2

- G.P.L. 1,9 2,4 2,2 2,3


- Naphta 3,2 5,0 6,0 6,7
- Essences auto 15,2 19,0 24,7 25,3

Produits moyens : 53,4 53,3 53,9 51,9

- Carburéacteura 1,9 2,3 3,7 3,9


- Gacole 7,5 9,1 12,7 12,4
- Fioul domestique 43,9 41,9 36,5 35,6

Produits lourds : 26,3 30,3 14,1 13,9

• Fioul résiduel 17,7 13,0 7,5 7,3


- Autres produits 8,6 7,3 6,7 6,6

Total (en %) 100,0 100,0 100,0 100,0

en Mt 104,7 125,2 108,4 125,7

% variation — + 19,6 - 13,4 + 16,0

"Allemagne réunifiée.

Source : d'après IAE 1st quaterly oil statistics, Paris 1992.


i 94
Г
3.6.3 La France
Deuxième consommateur européen de pétrole, derrière l'Allemagne, la France a con-
sommé en 1991 pour 84 Mt, niveau supérieur de 7 % à celui de l'année ...1970 (cf.
tableau 3.8).

La consommation maximale atteinte, contrairement aux autres pays, ne l'a pas


été en 1979, mais en 1973 - année durant laquelle 70 % de l'électricité française était
d'origine thermique - avec 97,8 Mt, ce qui s'explique par le programme nucléaire lancé
en 1974-1975 et qui a permis, à partir de 1978, de réduire considérablement la consom-
mation de fioul lourd par les centrales électriques, comme on le verra plus loin.

La structure de la consommation pétrolière a évolué durant la période 1970-1991


comme suit (tableau 3.8).

• une nette diminution de la part des produits lourds : 29 % en 1970, 24,9 %


en 1979 et 16,8 % en 1991. Cette réduction de part a concerné aussi bien le
fioul lourd que les autres produits pour la période 1970-1988 ; mais, c'est surtout
le fioul lourd qui a été le plus touché, dans la mesure où sa part et le volume
consommé ont été divisés par 2,6 durant la période 1970-1988. Le déclin du fioul
n'a été effectif qu'à partir des années 1980-1981, avec l'entrée en production des
centrales nucléaires pour la production d'électricité.

• une relative stabilité de la consommation des produits moyens avec 48 % du total.


On notera, cependant, la hausse des carburéacteurs dont la consommation a été
multipliée par 2,1, ainsi que celle du gazole dont la part a été multipliée par 3,1,
le volume par 3,3 (17,1 Mt contre 5,1 Mt). Ces deux produits ont compensé la
baisse de la consommation du fioul domestique qui perd 16,5 points ou 37 % du
volume.
• une croissance importante de la consommation des produits légers, dont la part
est passée de 22,6 % en 1970 à 35,1 % en 1991, c'est-à-dire plus du tiers. Dans
cette augmentation, la part la plus importante revient aux essences automobile
dont la part est passée de 15,7 % à 21,3 %, soit plus du cinquième du total, alors
qu'en tonnage, celle-ci est passée de 12,2 Mt à 17,7 Mt, soit + 43,8 %, durant
la période 1970-1979 et à 18,2 Mt (+ 2,8 % ) pour la période 1979-1991. Cette
baisse relative de la croissance à partir de l'année 1979 est due à la forte hausse
des prix des carburants (hausse des prix du brut et surtout des taxes).
95

Tableau 3.8 : Structure de la consommation pétrolière du marché intérieur de la France


de 1970-1991 (en %)

Produits 1970 1979 1988 1991

Produits légers : 22,6 28,4 36,3 35,1

- G.P.L. 2.7 3,3 4,4 3,4


- Naphta 4,2 6,3 9,8 10,3
- Essences auto 15,7 18,8 22,1 21,3

Produits moyens : 48,4 47,7 49,3 48,1

- Carburéacteurs 2,0 3,4 4,4 4,4


- Gazole 6,5 10,6 18,1 20,3
- Fioul domestique 39,9 32,7 26,9 23,4

Produits lourds : 29,0 24,9 14,4 16,8

- Fioul résiduel 19,4 17,7 7,6 9,4


- Autres produits 9,6 7,2 6,8 7,4

Total (en %) 100,0 100,0 100,0 100,0

en Mt 78,5 94,3 77,4 84,0

% variation — + 20,1 - 17,9 + 8,5

Source : d'après les statistiques de l'AIE.


г 97

élevée qu'en Allemagne (7,3 %) et en France (9,4 %). Ceci s'explique par le fait
que, contrairement aux deux pays mentionnés, le Royaume-Uni est devenu depuis
l'année 1977 un exportateur net de pétrole brut, d'où la poursuite de l'utilisation
du fioul lourd dans la production d'électricité.

Tableau 3.9 : Structure de la consommation pétrolière du marché intérieur du Roy-


aume-Uni de 1970-1991 (en %)

Produits 1970 1979 1988 1991

Produits légers : 28,8 35,0 40,9 40,4

- G.P.L. 0,9 2,2 4,2 3,6


- Naphta 6,7 4,5 4,4
- Essences auto 19,7 26,1 32,2 32,4

Produits moyens : 30,6 37,2 36,8 37,5

- Carburéacteurs 8,3 10,3 11,3 11,5


- Gazole 9,4 11,2 13,0 14,3
- ^ioul domestique 12,9 15,7 12,5 11,7

Produits lourds : 40,6 27,8 22,2 22,1

- Fioul résiduel 34,9 21,5 16,4 16,4


- Autres produits 5,7 6,3 5,8 5,7

Total (en %) 100,0 100,0 100,0 100,0

en Mt 72,2 71,6 72,3 74,3

% variation — - 0,8 1,0 + 2,8

Source : d'après IAE 1st Quaterly oil statistics, Paris 1992.


Г 98
I
3.6.5 L'Italie
L'Italie consommait en 1970 pour 61,6 Mt de produits pétroliers, chiffre qui va passer
à 71,2 Mt en 1973, soit une hausse de + 15,6 %. Le premier choc ramène ce niveau à
62,9 Mt en 1975, c'est-à-dire une diminution de 11,7 %.

La période 1976-1979 va connaître une augmentation de la consommation qui


passe à 68,3 Mt, soit une hausse de + 8,6 % pour un niveau sensiblement égal à celui
de l'année 1972.

Le second choc pétrolier fait chuter la consommation à 59,7 Mt en 1982, soit


- 12,6 %. La reprise qui a suivi, a permis d'atteindre 79,7 Mt en 1988, niveau supérieur
à celui de l'année 1970 de 29 % et 84,2 Mt en 1991 (cf. tableau 3.10).

L'analyse de la structure de consommation des produits pétroliers pour 1970,


1979, 1988 et 1991, montre les points suivants (tableau 3.10) :
• en 1970, la moitié des consommations est représentée par les produits lourds
(le fioul lourd pour 44,2 %) ; l'autre moitié étant partagée équitablement entre
les produits légers (les essences automobile pour 14,8 %) et les produits moyens
(19,6 % pour le gazole-fioul domestique dont 7 pour le gazole).
• en 1979, la part des produits moyens progresse fortement de 25,5 à 40,5 %, due
essentiellement aux gazole, qui gagne 6 points et fioul domestique qui gagne 10
points. Les produits légers gagnent 1,3 point, les essences automobile 2,6 points ;
alors que les produits lourds perdent 16,3 points ; le plus grand perdant étant le
fioul lourd pour 16,5 points.
• en 1988, reprise de la part des produits lourds qui gagnent 8,3 points au détriment
des produits blancs (- 4,8 points) et des moyens (- 3,6 points). Les produits légers
retombent à 21,6 %, les moyens à 36,9 % et les lourds à 41,4 % dont 33,9 % pour
le fioul résiduel et 7,5 % pour les autres produits.

• en
en 1991, la part des produits légers augmente à 26,6 %, alors que celle des moyens
poursuit sa chute et atteint 33,9 %. Les essences automobile gagnent 5 points,
les GPL (+ 0,4 points) et le naphta (+ 0,5 points).

La part des fiouls lourds perd 1,8 points pour passer à 32,1 %, niveau le plus élevé
d'Europe compte tenu du choix délibéré de ce pays de renoncer à l'électricité
d'origine nucléaire, d'où l'utilisation accrue de ce produit pour la production
d'électricité.
I
i 99
Г
Tableau 3.10 : Structure de la consommation pétrolière du marché intérieur de l'Italie
de 1970-1991 (en %)

Produits 1970 1979 1988 1991

Produits légers : 25,1 26,4 21,6 26,6

- G.P.L. 3,7 3,5 3,5 3,9


- Naphta 6,6 5,5 2,5 3,0
- Essences auto 14,8 17,4 15,7 18,7

Produits moyens : 25,5 40,5 36,9 33,9

- Carburéacteurs 5,9 4,8 2,8 2,9


- Gazole 7,0 13,4 18,2 20,3
- Fioul domestique 9,6 22,7 16,0 10,8

Produits lourds : 49,4 33,1 41,4 40,5

- Fioul résiduel 44,2 27,7 33,9 32,1


- Autres produits 5,2 5,4 7,5 8,3

Total (en %) 100,0 100,0 100,0 100,0

en Mt 61,6 68,3 79,7 84,2

% variation — + 10,9 + 16,7 + 5,6

Source : d'après IAE 1st Quaterly oil statistics, Paris 1992.


Г 100
1
3.6.6 L'Espagne
L'évolution de la structure de consommation des produits pétroliers de l'Espagne est
caractérisée par une forte réduction de la part des produits lourds de moitié durant la
période 1970-1991, passant de 49,7 (42,0 % pour le seul fioul lourd) à 25,2 % (14,2 %
pour le fioul) (cf. tableau 3.11).

Cette réduction s'est effectuée au profit des produits légers (-f 11,3 points) et
particulièrement des essences automobile (+ 8,3 points).

L'autre caractéristique de la consommation pétrolière espagnole est la forte


diésélisation du parc automobil espagnole, puisque la part du gazole a toujours été
supérieure à celle des essences automobile (15 contre 12,4 % en 1970 et 22,2 contre
20,7 % en 1991) comme le montre le tableau 3.11.

Globalement, la structure de la consommation pétrolière espagnole de l'année


1991 se répartit comme suit : les produits blancs pour un tiers, les produits lourds
pour le quart et les distillats pour 41 %.

Tableau 3.11 : Structure de la consommation pétrolière du marché intérieur de


l'Espagne de 1970-1991 (en %)

Produits 1970 1979 1988 1991

Produits légers : 32,4 37,4 34,6 33,7

- G.P.L. 6,3 6,6 6,7 6,5


- Nophta 3,7 6,1 8,9 6,5
- Essences auto 12,4 14,7 18,9 20,7

Produits moyens : 37,9 32,9 38,5 41,1

- Carburéacteurs 5,3 5,8 6,1 6,3


- Gazole 15,0 16,0 20,3 22,2
- Fioul domestique 7,6 11,1 12,1 12,6

Produits lourds : 49,7 39,7 26,9 35,2

- Fioul résiduel 42,0 33,9 16,9 14,2


- Autres produits 7,7 5,8 10,0 11,1

Total (en %) 100,0 100,0 100,0 100,0

en Mt 22,3 39,2 38,0 40,5

% variation — + 75,8 - 3,1 + 6,6

Source : d'après IAE 1st Quaterly oil statistics, Paris 1992.


1
Г 3.7 La recherche d'un niveau d'agrégation
101
T

3.7.1 L'Europe-19 ou CEE-12 ?


Après avoir analysé l'évolution de l'outil de raffinage et des consommations de produits
pétroliers de l'Europe-19, nous avons pu noter l'importance des Douze au sein de ce
bloc. En effet, les Douze produisent 86 % des richesses de l'Europe-19, consomment
90 % de la consommation énergétique totale en général et des produits pétroliers en
particulier. Les Douze ce sont 86 % des capacités de raffinage (distillation et conver-
sion) de l'ensemble des Dix-neuf.

Ce sont ces raisons qui font que nous opterons pour le choix des Douze comme
un groupe représentatif de l'Europe-19 et nous limiterons donc notre travail à ce bloc.

Reste maintenant à savoir comment ce bloc des Douze sera modélisé : en un


seul bloc, par regroupement des pays en zones, par pays ou par raffineries.

La ; modélisation monoraffinage qui consiste à considérer l'ensemble des Douze


comme une seule raffinerie12 a pour avantage la simplicité dans le traitement, mais a
pour inconvénient la très forte intégration de l'outil qu'elle suppose (toutes les pro-
ductions ont lieu dans une seule raffinerie et ignore, par conséquent, les transferts de
produits entre zones).

L'autre problème, plus grave celui-là, est relatif à l'agrégation elle-même et con-
cerne, comme nous l'avons mentionné au début de ce chapitre, les biais introduits dans
les coûts marginaux résultant de l'optimisation, car dans ce cas il y a sur-optimisation
par suite du regroupement de toutes les capacités de raffinage dans une seule raffinerie.

3.7.2 Le regroupement géographique : une solution ?


Une autre solution consiste à travailler non pas en monoraffinage (cas précédent),
mais en multiraffinage, c'est-à-dire de s'approcher plus de la réalité par une prise en
compte par le modèle des échanges de produits entre les raffineries. Cette hypothèse
est d'autant plus importante que l'ouverture des frontières entre les pays de la CEE-12
à partir du premier janvier 1993 rend l'hypothèse plus qu'indispensable si on veut que
notre modélisation soit réaliste.

Le fait d'opter pour le multiraffinage ne règle pas encore le problème du choix


de l'entité à modéliser, car celui-ci peut très bien concerner des groupes de pays, les
pays eux-mêmes ou les raffineries.

12
dont les capacités des différentes unités se déduisent par sommation de celles des unités respectives
des cent raffineries que compte la CEE)-12.
г 3.8 Les cinq zones en 1991
103
г
3.8.1 Les capacités
La raffinerie est désagrégée en dix-sept unités dont les capacités disponibles au premier
janvier 1992 pour chacune des cinq zones sont données par le tableau 3.12.

L'analyse de ces capacités et de leurs structures montre la prépondérance de


la zone allemande qui détient plus du tiers des capacités des Douze des distillations
primaire et sous vide, réformage catalytique de type classique, hydrocraquage des
distillats, viscoréduction et hydrodésulfuration. Cette part s'élève à 64 % pour le
réformage régénératif, 45 % pour la cokéfaction et 100 % des capacités de flexicoking
et d'hydroconversion. Les "faiblesses" de la zone concernent le dimersol, l'alkylation,
Pisomérisation et le FCC dont les parts repectives sont de 8, 19, 24 et 27 %. Le taux
de conversion de l'outil de la zone s'élève à 30,4 %, ce qui la situe à la deuxième place
derrière la zone britannique (39,8 %).

La zone britannique se distingue par son taux de conversion le plus élevé des
Douze. Elle dispose d'un outil assez complet (la seule zone à posséder une unité de
RCC), même si elle ne possède pas encore d'unités d'hydroconversion. Compte tenu
que les bruts locaux (Brent et autres bruts de la zone britannique de la Mer du Nord)
sont légers, cette unité ne paraît pas indispensable.

La zone détient entre 16 % (distillation primaire) et 58 % (dimersol) de la ca-


pacité des différentes unités et la totalité de celle du craquage catalytique du résidu
atmosphérique (RCC), les plus grandes parts sont pour l'alkylation (47 %) et le dimer-
sol (58 %). Si on ajoute que le seul hydrocraqueur d'essences de l'Europe est localisé
dans cette zone (dans la raffinerie de BP à Grangemouth), on s°. fait rapidement une
idée sur l'orientation essences de l'outil de la zone.

La zone italienne occupe la troisième position en ce qui concerne le taux de


conversion et la deuxième de par l'importance de sa capacité de distillation. La part
de la zone dans les capacités des Douze varie de 15 %, pour l'hydrodésulfuration, à
42 %, pour l'isomérisation.

La zone française détient 19 % de la capacité des Douze de FCC, 16 % pour


la distillation sous vide et le réformage catalytique classique, 15 % pour l'hydrodésul-
furation et la viscoréduction, 14 % pour la distillation primaire et l'isomérisation, 12 %
pour le MTBE, 6 % pour l'hydrocraquage, 5 % pour l'alkylation et 4 % pour le dimer-
sol. Elle ne possède pas d'unités de réformage régénératif, de RCC, cokéfaction, de
flexicoking et d'hydroconversion.

La zone espagnole, enfin, possède 23 % des capacités des Douze de MTBE, 15 %


de celles du réformage catalytique classique, 13 % de celles de la distillation primaire, de
Г 104

viscoréduction et de la cokéfaction, 10 % pour la distillation sous vide et de FCC, 5 %


pour l'hydrocraquage et 4 % pour le réformage régénératif et ne possède pas d'unités
г
d'alkylation, d'isomérisation, de dimersol, de RCC, deflexicokinget d'hydroconversion,
ce qui lui confère un taux de conversion le plus faible des Douze (19,7 %).

Tableau 3.12 : Capacités de raffinage au 01-01-1992 des cinq zones, par type d'unités

Unités Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 Zone 5 CEE-12

Distillation primaire Mt/an 93,300 206,380 84,595 134,700 77,450 596,425


% 16 5S Ц S3 13 100
Distillation sous vide Mt/an 40,754 85,380 38,360 49,560 23,500 237,554
% n 56 16 21 10 100
Réformag^ catalytique :
- classique Mt/an 13,160 20,740 10,750 12,528 10,060 67,238
% SO 31 16 19 15 100
- régénératif Mt/an 2,300 8,040 0,000 1,850 0,450 12,640
% 18 64 0 15 4 100
Craquage catalytique (FCC) Mt/an 19,975 24,620 17,390 19,230 8,775 89,990
% 22 27 19 il 10 100
Hydrocraquage des distillate Mt/an 2,600 4,690 0,750 4,660 0,700 13,400
% 19 35 6 35 5 100
Craquage catalytique du Mt/an 3,200 3,200
résidu atmosphérique (RCC) % 100 100

Isomérisation Mt/an 1,510 1,740 1,010 3,030 0,000 7,290


% 2i U Ц 4i 0 100
AUtylation Mt/an 3,025 1,220 0,350 1,785 0,000 6,380
% 47 19 5 Î8 0 100
Dimersol Mt/an 0,820 0,110 0,060 0,425 0,000 1,405
% 5« 8 4 J0 0 100
МТВБ Mt/an 0,150 0,327 0,125 0,191 0,231 1,024
% 15 Si 12 19 is 100
Viscoréduction Mt/an 2,800 24,810 9,440 19,445 8,350 64,845
% 38 15 30 13 100
Cokéfaction Mt/an 2,800 5,650 0,000 2,500 1,650 12,600
% ii 4S 0 го 13 100
HydrodésuUuration Mt/an 33,950 66,330 24,905 25,565 17,890 168,640
% 10 39 15 15 11 100
Flexicoking Mt/an 1,700 1,700
% 100 100
Hydroconversion Mt/an 1,150 1,150
% 100 100

Total conversion
- MteFCC) 37,2 62,8 21,5 37,6 15,2 174,3
- Taux(%) 39,8 30,4 25,4 27,9 19,7 29,4
Г 105

3.8.2 La production des produits pétroliers


En 1991, les cinq zones de la CEE-12 ont produit 503,6 Mt tous produits pétroliers
confondus. La zone allemande (Allemagne-Benelux-Danemark) en a produit, à elle
seule, les 36,7 % (18,9 % pour la seule Allemagne), suivie par la zone italienne (Italie-
Grèce) pour 19,2 %, la zone britannique (Royaume-Uni - Irlande) avec 17,2 %, la zone 3
(France) pour 14,8 % et enfin, la zone espagnole (Espagne-Portugal) pour 12 %, comme
le montre la tableau 3.13.

Tableau 3.13 : Niveaux et structures des productions de produits pétroliers des cinq
zones en 1991

Zones TOTAL

britannique allemande française italienne espagnole CEE-12

Produits Kt % Kt % Kt % Kt % Kt % Kt %

GPL 1825 2,1 5655 3,1 2436 3,3 2632 2,7 2172 3,6 14720 2,9
Naphta 2344 2,7 8904 4,8 2560 3,4 1206 1,2 2707 4,5 17721 3,5
Essence* Auto. 28576 32,9 42765 23,1 17625 23,7 21425 22,1 11577 19,1 121968 24,3
Total Légers 32745 37,7 57324 31,0 22621 30,4 25263 26,1 16456 27,2 154409 30,7

Kérosène 9484 10,9 9073 4,9 4781 6,4 5831 6,0 4606 7,6 33775 6,7
Gazole + FOD 26675 30,7 72602 39,3 30209 40,6 32973 34,1 17937 29,6 180396 35,8
Total Moyens 36159 41,6 81675 44,2 34990 47,0 38804 40,1 22543 37,2 214171 42,5

Fioul 13491 15,6 29917 16,2 11320 15,2 27432 28,3 17218 28,4 99378 19,7
Autres 4429 5,1 16005 8,6 5549 7,4 5263 5,5 4348 7,2 35594 7,1
Total Lourd* 17920 20,7 45922 24,8 16869 22,6 32695 33,8 21566 35,6 134972 26,8

TOTAL 86824 100,0 184921 100,0 74480 100,0 96762 100,0 60565 100,0 503552 100,0
% CEE-13 17,2 36,7 14,8 19,2 12,0 100,0

Source : d'après IAE 1st Quaterly oil statistics, Paris 1992.

La production des cinq zones représente 87,2 % de celle de l'Europe-19. La


structure de la production, par type de produits, est la suivante : 30,6 % pour les
produits légers (24,2 % pour les essences automobile), 42,5 % pour les produits moyens
et 26,8 % pour les produits lourds (19,7 % pour le fioul lourd).

Cette structure de la production, reflet de l'outil de raffinage en place (cf.


§ 3.8.1), diffère d'une zone à l'autre. La part des produits légers décroit du nord
au sud et varie de 37,7 % pour la zone britannique à 26,1 % pour la zone italienne. La
part des essences automobile varie de 32,9 % pour la zone britannique (le tiers de la
production) à 19,1 % pour la zone espagnole.

Les distillats représentent près de la moitié (47 %) pour la zone française, 44,2 %
106

pour la zone allemande, 41,6 % pour la zone britannique, 40,1 % pour la zone italienne
Г
et 37,2 % pour la zone espagnole, c'est-à-dire entre le tiers et la moitié de la production.

En fonction de la part du fioul dans la production, les cinq zones se répartissent


globalement en deux groupes :

• un premier groupe caractérisé par une part de fioul faible (15,2 à 16,2 %) com-
prend les deux zones de l'Europe du Nord et la France,

• un deuxième groupe caractérisé par une part de fioul élevée et comprend les deux
zones de l'Europe du Sud (28,3 % pour la zone italienne et 28,4 % pour la zone
espagnole).

Cette part du fioul dans la production dépend essentiellement de deux para-


mètres : la nature de l'approvisionnment (léger ou lourd) et le taux de conversion de
l'outil en place. Le tableau 3.14 montre l'existence d'une certaine corrélation négative
entre la complexité du l'outil de raffinage (représentée par le taux de conversion de
l'outil en place) et la part du fioul lourd dans la production.

Tableau 3.14 : Complexité de l'outil de raffinage et part du fioul lourd dans la produc-
tion des raffineries des différentes zones

Unités zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5

Conversion
- MteFCC) 37,2 62,8 21,5 37,6 14,8
- Taux (%) 39,8 30,4 25,4 27,9 19,1
% Fioul lourd 15,5 16,2 15,2 28,3 28,4

3.8.3 Consommation des produits pétroliers


L'Europe des Douze a consommé 514,9 Mt de produits pétroliers en 1991. La répartition
de la consommation par zones est la suivante : 37,3 % pour la zone allemande, 19,1 %
pour la zone italienne, 17 % pour la zone française, 15,6 % pour la zone britannique et
10,9 % pour la zone espagnole.

La consommation, par type de produits se présente comme suit : 31,2 % pour


les produits légers (21,5 % pour les essences automobile), 41,1 % pour les distillats et
27,7 % pour les produits lourds (20,5 % pour le fioul) (cf. tableau 3.15).
Г 107
I

Tableau 3.15 : Niveaux et structures des consommations de produits pétroliers des


cinq zones en 1991

Zones TOTAL

britannique allemande française italienne espagnole CEE-12

Produit! Kt % Kt % Kt % Kt % Kt % Kt %

GPL 2790 3,5 6266 3,3 2878 3,3 3576 3,6 3464 6,2 18974 3,7
Naphta 3299 4,1 12628 6,5 8691 10.0 2633 2,7 3803 6,8 31054 6,0
Essences Auto. 24927 31,1 40440 20,9 17909 20,5 17316 17,7 9816 17,5 110408 21,5
Total Légers 31016 38,7 59334 30,7 29478 33,8 23525 24,0 17083 30,5 160436 31,2

Kérosène 8359 10,4 8592 4,5 3709 4,2 3473 3,5 3223 5.7 27336 5,3
Gasole + POD 20460 25,5 80152 41,5 36767 42,1 30336 30,9 16742 29,9 184457 35,8
Total Moyens 28819 35,9 88744 46,0 40476 46,3 33809 34,4 19965 35,6 211793 41,1

Fioul 16031 20,0 31148 16,1 11108 12,7 33227 33,9 14039 25,0 105553 20,5
Autres 4334 5,4 13911 7,2 6254 7,2 7Б79 7,7 4991 8,9 37069 7,2
Total Lourds 20365 25,4 45059 23,3 17362 19,9 40806 41,6 19030 33,9 142622 27,7

TOTAL 80200 100 193137 100 87316 100 98140 100 56078 100 514871 100,0
% CEE-13 15,6 37,3 — 17,0 19,1 10,9 100,0 —

Source : d'après IAE 1st Quaterly oil statistics, Paris 1992.


Г 108

L'analyse de la structure des consommations des zones permet de distinguer les


les zones du nord et la France de celles du sud, tant la part des produits lourds (le
fioul résiduel particulièrement) est très différente : de 19,9 % pour la France14 à 25,4 %
pour la zone britannique, pour le nord et de 33,9 % pour la zone espagnole à . . . 41,6 %
pour la zone italienne15.

L'autre caractéristique est la forte part des produits blancs et spécialement les
essences automobile dans la consommation britannique (38,7 % pour l'ensemble des
produits blancs et 31,1 % pour les essences automobile), ce qui justifie parfaitement
l'orientation essences de l'outil de la zone que nous avons souligné dans le paragraphe
précédent.

3.8.4 Bilan production-consommation des cinq zones en 1991


L'outil de raffinage disponible peut-t-il répondre aux besoin^ locaux en produits pétroliers,
en quantité et assortiments (par type de produits) ?

La réponse à la question passe par la comparaison des productions et des con-


sommations. Celle-ci fait ressortir les éléments suivants (cf. tableau 3.16).
• globalement les Douze sont déficitaires de 11,3 Mt, soit 2,2 % de leur consomma-
tion. Par produit, on enregistre :

— des excédents pour les essences automobile et le kérosène de 11,6 Mt (10 % de


la consommation) et 6,4 Mt (23,5 % de la consommation), respectivement,
— des déficits pour le reste des produits : 4,1 Mt pour le total gazole-fioul
domestique (2,2 % de la consommation), 1,5 Mt (4 % de la consommation)
pour "autres produits", 6,2 Mt (5,9 %) pour le fioul lourd et surtout 22,4 %
pour les GPL et 42,9 % pour le naphta.

• par zone, la situation est totalement différente, puisque :


— deux zones sont excédentaires pour le total des produits : la zone britannique
avec + 6,6 Mt, soit 8,3 % de sa consommation et la zone espagnole pour
-(- 4,5 Mt (8 % de la consommation), même si des déficits en GPL et naphta
(pour les deux zones) et de fioul (zone britannique) et "autres produits"
(zone espagnole) sont observés.
— la zone la plus déficitaire est sans aucun doute la France (la zone 3) avec un
solde de - 12,8 Mt, soit 14,7 % de la consommation. Elle est pratiquement
déficitaire pour l'ensemble des produits à l'exception du kérosène (+ 1,1 Mt)
et du fioul lourd (+ 0,2 Mt) ; les déficits les plus importants sont : le total
"encore que ce pays est particulier dans la mesure où 70 % de l'électricité est d'oiigine nucléaire.
ls
L'italie se trouve dans une position diamétralement opposée à celle de la France en matière de
production d'électricité.
Г 109
Г
^
gazole-fioul domestique (- 6,6 Mt, soit 17,8 % de la consommation) et le
naphta (- 6,1 Mt, soit 70,5 % de la consommation).
- la zone allemande (Allemagne-Benelux-Danemark) vient en deuxième po-
sition par son déficit de 8,2 Mt tous produits confondus, soit 4,3 % de la
consommation. Il concerne les GPL pour 9,8 % de la consommation, le
naphta pour 2,9 %, le total gazole-fioul domestique pour 9,4 % et le fioul
lourd pour 4 % de la consommation. La zone est excédentaire de 2,3 Mt
d'essences, 0,5 Mt de kérosène et 2,1 Mt pour "autres produits".
— la zone italienne (Italie-Grèce), enfin, présente un déficit de 1,4 Mt, soit
1,4 % de sa consommation. Les produits déficitaires sont : les GPL pour
26,4 % de la consommation, le naphta pour plus de la moitié, le fioul lourd
pour 17,4 % et "autres produits" pour 30,6 %.

Ainsi, globalement on peut retenir que :

• pour les GPL, le naphta et le fioul lourd, les Douze sont déficitaires (toutes les
zones),
• pour les essences automobile et le kérosène, les Douze sont excédentaires.

• pour le total gazole-fioul domestique, les Douze sont globalement déficitaires,


même si trois zones (britannique, italienne et espagnole) sont excédentaires (cf.
tableau 3.16).

Tableau 3.16 : Bilan de produits pétroliers des cinq zones en 1991 (en milliers de tonnes
et % des consommations respectives)

Zones TOTAL

britannique allemande française italienne espagnole CEE-12

Produite Kt % Kt % Kt % Kt % Kt % Kt %

GPL • 965 3,5 - 611 9,8 - 442 15,4 - 944 26,4 - 1292 37,3 - 4254 22,4
Naphta - 955 28,9 - 3724 2,9 - 6131 70,5 - 1427 54,2 - 1096 28,8 - 13333 42,9
Essences auto. + 3649 14,6 + 2325 5,7 - 284 1,6 + 4109 23,7 + 1761 1,8 + 11560 10,5

Kérosène + 1125 13,5 + 481 5,6 + 1072 28,9 + 2358 67,9 + 1383 42,9 + 6419 23,5
Gazole + FOD + 6215 30,4 - 7550 9,4 - 6558 17,8 + 2637 8,7 + 1195 7,1 - 4061 2,2

Fioul • 2540 15,8 - 1231 4,0 + 212 1,9 - 5795 17,4 + 3179 2,3 - 6175 5,9
Autres + 95 2,2 + 2094 15,1 - 705 11,3 - 2316 30,6 - 643 12,9 - 1475 4,0

TOTAL + 6624 8,3 - 8216 4,3 - 12836 14,7 - 137»» 1.4 + 4487 8,0 - 11319 2,2
г ПО

Avec la définition de l'entité à modéliser (l'Europe des Douze), de l'approche


à utiliser (modélisation en cinq zones (multiraffinage), des principales caractéristiques
des zones (outil de raffinage, productions et consommations), nous passons maintenant
aux phases de la détermination des modules des données du modèle. Ceux-ci, comme
nous l'avons mentionné dans l'introduction de cette deuxième partie, se subdivisent en
trois blocs :
• les approvisionnements en bruts,
• "le marché",
• le schéma de raffinage.
Le bloc des approvisionnements, objet du chapitre 4, se propose de déterminer
la nature de l'approvisionnement en bruts des zones (types des bruts et leurs parts
dans l'approvisionnement global). Le bloc "marché" fera l'objet du chapitre 5 alors
que le dernier (le schéma de raffinage sera abordé dans le chapitre 6).
г
Chapitre 4

Agrégation de l'approvisionnement
du raffinage en brut

4.1 Position du problème


L'agrégation de l'entité à modéliser implique également celle des modules des données
qui le concernent. Ainsi, pour le cas de l'approvisionnaient en brut par exemple, con-
sidérer déjà un seul pays revient à recenser plus d'une soixantaine de bruts traités
chaque année. Le regroupement des pays en zones fait augmenter davantage ce nom-
bre. Le problème consiste alors à agréger l'approvisionnement réel en un panier de
quelques bruts représentatifs. Déterminer ce panier constitue l'objet de ce chapitre.

Nous présenterons les principes généraux de l'analyse multidimentionnelle en


composantes principales (ACP) et de la classification, les éléments fondamentaux pour
ces points sont résumés dans l'annexe B.

Quant aux applications, nous développerons la méthodologie pour une zone (la
France) et donnerons les résultats pour les quatre autres.

4.2 L'analyse en composantes principales


Un pétrole brut se définit par ses caractéristiques - on parle de ses qualités - obtenues
par des analyses de laboratoire.

L'approvisionnement d'une raffinerie est, quant à lui, parfaitement défini dès


qu'on connaît pour chaque brut г (г = 1,2, • • •, m) :
• ses caractéristiques j (j = 1,2, • • • , n) ;
• sa quote-part qi dans l'approvisionnement total.
Si on désigne par X la matrice de dimension (m x n) des n caractéristiques
des m bruts et par Q le vecteur-colonne des quote-parts <fr, l'approvisionnement en
г 112

brut de la raffinerie sera alors un brut fictif FICT dont les n caractéristiques sont les
!
i

moyennes pondérées (par les quote-parts Ç{) des caractéristiques des m bruts traités,
ce qui s'écrit par la relation :

FICT = Q' . X
Où:

• FICT est un vecteur-ligne de dimension (l,n),


• Q vecteur-colonne des parts des bruts dans l'approvisionnement total (m, 1) et

Q' = (?l>?2»-",ÇiV)?m)

• X matrice des n caractéristiques des m bruts :

Х x x
П £l2 "• • \j ••• ln

Х2\ Xyi • • • X2j "• • Х2п

X =
Xij xin

Xm\

Mathématiquement il y a donc équivalence1 entre le traitement successif des m


bruts ou le traitement du brut FICT, dont les caractéristiques sont les combinaisons
linéaires de celles des bruts considérés.

En analyse des données, les m bruts, appelés individus, forment un nuage de


points dans l'espace 9?n des n caractéristiques - appelées caractères - alors que les n
caractères forment aussi un nuage de points dans l'espace 5?m des m individus.

L'objet de l'analyse des données est d'identifier les liaisons éventuelles en-
tre les points 2 à travers l'analyse du nuage. La difficulté rencontrée est qu'à
partir d'un nombre de points supérieur à trois, l'examen visuel du nuage devient alors
impossible, de ce fait il va falloir recourir à des projections sur des plans. Se pose alors
le problème du choix du plan de projection car toute projection quelle qu'elle soit ne
peut conserver les distances réelles entre points du nuage, d'où l'importance du choix
du plan de projection. Ce dernier sera choisi de manière à ce que les distances soient
en moyenne le mieux conservées.
1
En fait, il n'y a équivalence que lorsque les n caractéristiques considérées sont linéaires, c'est pourquoi
en pratique, on remplace les caractéristiques physiques, pour lesquelles cette propriété n'est pas vérifiée,
par des indice« correspondants qui eux sont linéaires.
Représentant des bruts dans l'espace des caractères et des caractères dans l'espace des bruts.
113

Le principe de ГАСР, consiste à analyser :


• les proximités entre individus (les bruts) pour en dégager des "simulitudes".
• des corrélations entre caractères (les qualités des bruts) permettant une réduction
des caractéristiques à retenir.
L'analyse en composantes principales demeure un outil et comme tout outil elle
a ses avantages et surtout ses limites.

Les limites de l'ACP concernent les significations des axes. En effet, les axes
factoriels s'expriment par des combinaisons linéaires des différents caractères. Dans le
cas particulier du problème qui nous intéresse, en l'occurence l'agrégation de l'appro-
visionnement en brut du raffinage, ces significations sont importantes, voire primor-
diales, pour tirer des conclusions sur les proximités entre bruts ou caractères et de ce
fait sur leur regroupement ultérieur, ce qui exige de l'utilisateur une très bonne con-
naissance du problème traité, faute de quoi il se heurtera aux limites de l'outil.

Pour ce regroupement, l'apport de l'ACP ne va pas plus loin. Il y a lieu alors


de la compléter par la classification, objet du paragraphe suivant.

4.3 La classification
L'objectif de la classification (cf. annexe B) est de procéder aux regroupements des
bruts en classes de telle sorte que les bruts d'une même classe soient les plus semblables
possibles. Cette répartition en classes va permettre la désignation d'un représentant
de la classe qui sera utilisé dans l'ajustement pour la détermination des parts des bruts
retenus dans l'approvisionnment global, comme on le verra dans les paragraphes qui
suivent.
Г 114

4.4 Réduction de l'approvisionnement en brut du


raffinage français
4.4.1 La problématique
Les pétroles bruts se distinguent par leurs caractéristiques, i.e. leurs qualités : densité,
teneur en soufre, rendements en différents produits etc., déterminées par les analyses
de laboratoire.

La France a importé en 1990 soixante-sept variétés de bruts (contre 63 en


1989) dans des proportions très différentes. Considérer l'ensemble de ces bruts dans
un modèle de raffinage est pratiquement impossible à cause :

• des temps de calculs informatiques qui seraient trop onéreux,

• l'apport très limité en information supplémentaire compte tenu du rôle très


marginal que joue une grande partie de ces bruts dans l'approvisionnement total
(cf. figure 4.3).

Figure 4.3 : Courbe de Lorenz de concentration de l'approvisionnement du raffi-


nage français de l'année 1989.

Nombre de brute
115

Ainsi la courbe de concentration de Lorenz de l'approvisionnement de l'année


г
1989 (figure 4.3 ci-après) montre que :

- trois bruts représentent déjà plus du tiers de l'approvisionnement ;


- cinq bruts interviennent pour 51 % ;
— dix bruts représentent près des deux-tiers, et
— trente bruts (moins de la moitié du nombre total) représentent 90 %.

La solution consiste alors à déterminer un panier de quelques bruts représentatifs


de l'approvisionnement annuel de la France.

L'année 1989 a été retenue comme année de référence dans la mesure où l'embargo
sur les bruts irakiens et koweïtiens décrété en août 1990 a affecté les statistiques
d'importation par type de bruts pour les années 1990 et 1991.

4.4.2 Les individus


П n'a pas été possible de partir des 63 bruts représentant l'approvisionnement de
l'année 1989 pour nor disponibilité des analyses normalisées pour l'ensemble des bruts.
Nous avons recensé vingt-trois bruts (les plus importants) pour lesquels on dispo-
sait de l'ensemble des caractéristiques et nous avons affecté les autres bruts aux pre-
miers selon leurs "similarités", c'est-à-dire leur densité, teneur en soufre et localisation
géographique. Les vingt-trois bruts de l'échantillon, soit 85 % de l'approvisionnement,
sont donnés par le tableau 4.1 suivant :

Tebleau 4.1 : Liste des bruts constituant l'échantillon

Bruts Codes Q(% Bruts Codes Q(%


Appro.) Appro.)

Moyen-Orient 49,78 Mer du Nord 17,«T


Arabian Light ARLG 19,29 Brent BRNT 11,13
Iranian Heavy IRHV 10,17 Ekofisk EKOF 2,28
Kirkuk KIRK 6,48 Gulfax GLFX 2,18
Murbau Light MRBL 4,31 Forties FORT 2,08
Arabian Heavy ARHV 3,07
Basrah Light BASL 2,48 Afrique du Nord 5,31
Iranian Light IRLG 1,88 Es sider SIDR 1,84
Suec SUEZ 2,10 Saharian blend SAHA 1,73
Zarzaïtine ZARZ 1,64
Afrique de l'Ouest 15,63
Kolé KOLE 5,29 URSS : Oural OURA 7,85
Mandji MANJ 3,33
Djeno DJEN 2,88 Amérique du Sud 3,97
Forças PORC 2,34 Bachaquero BACH 2,35
Nigérian Light NIGL 1,68 Iunuth ISTM 1,62
Г 116

4.4.3 Les caractères


Les caractéristiques des bruts publiées par Oil & Gas Journal ne sont pas homogènes,
car les points de coupes sont très différents et de ce fait les rendements considérés
ne sont pas comparables. Nous avons donc été amené à redéfinir les intervalles dee
différentes coupes et, partant des courbes TBP (True Boiling Point), à recalculer les
rendements.

A côté des rendements en différentes coupes (gaz, GPL, essence légère, essence
lourde, kérosène, gas oil, résidu atmosphérique, distillât et résidu sous vide), d'autres
caractéristiques ont été retenues (densité, teneur en soufre du brut et des coupes in-
termédiaires et lourdes, le IOR clair de l'essence légère, etc.). Au total les vingt
caractéristiques suivantes ont été retenues pour des considérations de structure du
raffinage et normes en vigueur pour l'utilisation des produits considérés.

C*r»cleriitiqaef Uailét Codes CArkCléristiqile» Usités

Deatilé d« Ъгш! APt % poids KSB

Reademeal еш ClfcC2 % potdi CIS Remdememl ea C3&C4 К poids GPL

Reademeai ев смеасе légère % poid» «El - OBI

% poid« RE2 % poids AE2

Reademeal em Kexoièae % poid» KKR Теветт cm lonfre du K i i o i t a e % poids SKI1

Reademeal ев G»t oil % poid* KGO Ta poids SGO

ReademeBl ев ré»ida ttmotpkériqae % poids ÄRA Тевеяг ев »oafre da Résidu »tmolpkeriqoe % poids 5ПА

Reademeat ea DittilUt ю н vide % poidi KDV Тевеаг ев sovfre dn DislilUt l o u vide К poids SDV

Reademeat ea réiida вот* ride % poid* %RV Тевеаг ев lomfre da Résida SOBS vide % poids SRV

Dieiel laden da Gai oil - DIN Isdice de viscosité da Résida •Jmospberiqae - УПА

4.4.4 L'espace des caractères


La première question à résoudre est celle de la "hiérarchisation" des individus dans le
sens d'une répartition des observations en individus principaux et individus supplémen-
taires. A priori rien n'empêche que tous les 23 bruts soient tous des individus princi-
paux. Nous effectuerons donc une ACP avec 20 caractères (les caractéristiques) mesurés
sur 23 individus ayant des poids donnés par le vecteur Q.

L'analyse des contributions des individus aux axes factoriels (tableau 4.3 ci-
dessous) montre que le brut BACH explique à lui seul 49,4 % du premier axe principal,
ce qui est un indicateur d'une forte dépendance des résultats de cet individu.
Г 117

Tableau 4.3 : Qualité« (en %) de« représentation» de« brut« par leur* projection« en fonction du nombre d'axe* retenu«

Brut« / Axe« FI F2 F3 F4 F5 F6 F7

ARLG 0.0 2.3 2,9 1,8 34,2 0,2 5,5


ARHV 9.« 13,2 18,6 5,1 0,3 14.1 0,6
BASL 0,9 4,4 9,5 23,6 2,9 6.0 4,7
KJRK 6.4 10,7 8,9 0,0 0.6 11.2 2,2
IRLG 0.2 0,0 5,4 0.0 6,8 2,3 4.3
IRHV 0.6 0.2 2,9 1.3 10,9 1.2 5,6
MRBL 9,1 0,1 3,1 4.3 0,1 14,6 0,2
BRNT 2,8 2,3 0,8 0.0 1.7 1.9 0,6
FORT 2,2 3.» 0,0 0.2 4,5 2,8 2,5
EKOF 3.8 0,1 2,7 0,0 2.3 0,1 28,4
GLFX 0,0 21,7 18,0 1,7 1,6 13,5 2,1
OURA 0,1 0.7 11,1 0,8 0,0 2,3 2,0
SAHA 4,9 0,1 0,3 0,0 0,0 0,0 2,7
ZARZ 1,4 0.2 3,1 3,3 0,6 0,6 0,1
SIDR 2,0 1.3 0,6 19,2 0,2 1,8 0,6
SUEZ 0,8 0.0 1.2 3,7 20,9 1,0 2,7
NIGL 3.4 1.9 0,0 0.2 5,0 0,0 0.0
FORC 0.5 16,4 1,0 10,8 0,0 0,2 12,1
MANJ 0,2 5.2 3,8 9,0 5,3 0,0 1.9
KOLE 0.8 6.8 1.1 0,6 0,2 0,0 3,1
DJEF 0,2 2.9 0,0 11.0 1,0 0,4 0,0
BACH 4»,4 6,5 0.1 2,5 0,1 25,5 1,4
ISTM 0,8 0.3 4,8 0,6 5,2 0,1 16,6

La figure 4.4 montre, d'ailleurs, la formation de deux groupes de bruts très dis-
tincts : d'un côté le brut BACH, qui est un brut très lourd (13° API) il peut donc être
considéré plutôt comme charge que brut, et de l'autre côté les autres bruts.

Figure 4.4 : Projection des 23 bruts dans le premier plan factoriel

TORC

BACH

SAHJEKOF

Axe FI
г 118

Ceci est un indicateur de la forte dépendance des résultats de cet individu, de


ce fait et afin de remédier à cet inconvénient, nous mettons le brut BACH en élément
supplémentaire ; nous aurons donc à effectuer une ACP avec 20 caractères mesurés sur
22 individus principaux et un individu supplémentaire.

Nous commencerons par l'espace des caractères car la première question à


trancher est celle de la dimension de l'espace principal (espace factoriel), autrement
dit, quel est le nombre de composantes principales à retenir ?

L'analyse des valeurs propres (tableau 4.4 ci-dessous) montre en effet que la
dimension réelle de l'espace des individus n'est pas égale à 20 mais à 17, puisqu'il
existe trois valeurs propres nulles correspondant à des caractères initiaux linéairement
dépendants (les caractères C12, SGO et DIN). Combien de composantes faut-il retenir
parmi ces 17 ?

On voit que premier axe factoriel FI explique à lui seul 36 % de l'inertie totale
du nuage, alors que le plan factoriel F1F2 (défini par les deux premiers axes factoriels)
explique 56 % de l'inertie totale ; l'espace factoriel défini par les trois premiers axes
F1F2F3 explique 68 % de l'inertie, et ainsi de suite, comme le montre le tableau 4.4
suivant :

Tableau 4.4 : Nombre d'axes factoriels et explication de l'inertie

Axes factoriels FI F2 F3 F4 F5 F6 F7 F8 F9

% inertie 36,0 19,8 12,6 7,8 6,4 4.5 3,4 2,8 2,1

% cumulé 36,0 55,8 68,3 76,2 82,6 87,0 90,5 93,3 95,4

Axes factoriels F10 Fil FI 2 F13 F14 F15 F16 F17

% inertie 1,8 1,0 0,9 0,7 0,1 0,1 0,010 0,003

% cumulé 97,2 98,3 99,1 99,8 99,9 99,987 99,997 100,000

Combien de facteurs faut-il retenir ? La réponse dépendra en fait de la qualité


des représentations des points par leurs projections. Or ces qualités, qui sont la somme
des contributions des différents axes factoriels à l'explication des points, sont justement
fonction du nombre de facteurs comme le montre le tableau 4.5 suivant :
1
119
г
Tableau 4.5 : Qualités (en %) des représentations des bruts par leur projection pour les différents axes factoriels

Bruts / Nombre d'axes 1 2 3 4 5 6 7

ARHV 79,1 81,2 97,8 97,8 97,8 98,2 98,3

SAHA 77,2 78,9 79,1 81,7 81,8 86,4 90,2

MRBL 77,0 83,8 89,3 90,7 90,9 91,1 93,0

BRNT 62,7 69,2 71,0 73,7 80,2 81,9 86,7

NIGL 58,3 65,6 66,7 67,9 69,2 69,2 71,6

EKOF 44,8 45,8 59,0 59,0 63,1 84,2 85,9

ZARZ 43,8 43,9 57,4 61,8 67,8 68,1 79,9

FORT 39,2 52,9 52,9 53,3 68,0 68,8 94,8

IRHV 35,6 35,9 39,8 40,4 71,6 77,5 77,8

KOLE 24,0 75,6 80,0 82,7 82,7 89,6 93,0

KIRK 23,6 59,3 76,5 77,0 77,1 81,1 81,9

SIDR 22,7 28,7 29,0 72,0 72,2 72,3 80,0

SUEZ 15,2 15,6 23,9 28,8 49,2 51,1 54,9

DJEN 14,4 43,0 48,4 71,7 74,3 74,5 75,0

BASL 13,1 28,5 56,2 81,8 84,6 92,9 93,5

ISTM 11,4 17,4 33,2 33,8 37,5 69,5 85,3

FORC 7,9 59,1 59,1 78,3 78,8 85,3 89,1

MANJ 6,5 46,6 57,8 67,3 80,4 81,0 81,6

ARLG 1,2 7,7 14,8 21,3 64,5 71,9 72,0

IRLG 0,5 1,1 36,4 36,4 60,9 69,0 80,9

GLFX 0,3 64,7 82,3 93,2 93,4 93,7 93,7

OURA 0,0 6,0 50,7 57,1 57,1 57,2 66,6

Ainsi, nous constatons que c'est à partir de six facteurs que la qualité de la
représentation par les projections dépasse les 50 % pour l'ensemble des 22 individus.
Pour un nombre de facteurs égal à cinq, seuls deux bruts (Suez et l'Ismuth) ont une
qualité inférieure à 50 %. Pour un nombre de facteurs égal à sept, les qualités des
projections sont très bonnes, nous retiendrons donc ce nombre pour la classification.
120

4.4.5 L'espace des individus


La projection des individus sur le premier plan factoriel F1F2, qui explique 56 % de
l'inertie totale du nuage, montre la formation de groupes de bruts. Quelles sont ces
caractéristiques qui ont créé ces proximités ? Pour répondre à la question, il faudrait
tenter de trouver une signification concrète à des axes qui, comme nous l'avons ex-
pliqué, sont des combinaisons linéaires des différents caractères physiques des bruts.

Le premier axe factoriel, qui explique 36 % de l'inertie du nuage, paraît re-


grouper les bruts selon leurs densités et teneurs en soufre. Ainsi, on retrouve
ensemble d'un côté les bruts d'Afrique du Nord (Saharian blend, Zarzaïtine), de la Mer
du Nord (Ekofisk, Brent et Forties) et d'Afrique de l'Ouest (Nigerian light, Forcados
et Kolé) légers et peu sulfurés, et de l'autre côté les bruts du Moyen-Orient plus lourds
et plus sulfurés.

Cependant la contribution3 de cet axe à l'explication des points n'est pas uni-
forme, elle est même nulle pour l'Oural, négligeable pour le Gulfax, l'Iranian light et
Г Arabian light et faible pour le Mandji (7 %) et le Forcados (8 %). Elle est cependant
très élevée pour le Brent (63 %), le Saharian blend (77 %) et l'Arabian heavy (79 %).
Pour le reste des bruts, elle est intermédiaire.

Cette propriété vient renforcer encore la signification donnée à ce premier axe


puisque sa contribution à l'explication des bruts légers et lourds est très importante
et faible pour les bruts moyens (Arabian light, Iranian light, l'Oural, le Forcados et le
Mandji).

Le deuxième axe factoriel est légèrement plus difficile à interpréter. Cependant


on peut constater un certain regroupement des bruts en fonction du niveau de
l'indice d'octane de l'essence légère et du rendement en distillât. C'est ainsi
que nous retrouvons :
• d'un côté, los bruts du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord caractérisés par des
indices d'octane et des rendements en distillât relativement plus faibles. La
contribution de cet axe à l'explication de ces bruts est d'ailleurs faible, voire
négligeable ;
• de l'autre, les bruts d'Afrique de l'Ouest ayant de bons rendements en distillats
et des indices d'octane élevés et pour lesquels cet axe fournit une très bonne
représentation.

3
La contribution de chaque axe à l'explication d'un point quelconque est égale à la différence des
qualités de la représentation du point par sa projection pour deux axes successifs.
1
г 121

La projection des bruts sur le premier plan factoriel est donnée par la figure 4.5
suivante.
Г
Figure 4.5 : Projection des 22 bruts principaux dans le premier plan factoriel

8 -
FORC
7
;LFX
6
5 - DJEN

3 KO LE
MANJ
2 NIGL FORT

1 BRNT SI DR
OL RA
IRf
2ARZ
EK0F RLG ARHV
1 - SAHA MRBL BASL
2
KIRK
3

-8 | -6 I -4 I -2 | С I 2 I 4 I 6

A partir du troisième axe, aucune signification concrète ne paraît plausible.

Nous allons maintenant regrouper les individus "proches" en classes homogènes,


en utilisant les méthodes de classification.
г 4.4.6 La classification
122

Nous procédons à la classification sur la base des résultats de ГАСР des sept premiers
Г
facteurs obtenus.

Nous utiliserons le code CAHVOR, décrit précédemment, disponibles dans la


bibliothèque ADDAD du Vax/Vms de l'IFP.

L'arborescence de la classification est donnée par la figure 4.6. Pour obtenir des
classes de bruts, il faudrait couper l'arborescence. Le problème consiste à déterminer
le niveau auquel il faudrait couper. Le critère à utiliser est la perte d'inertie intraclasse
la plu» faible. L'arbre est présenté en partant du nombre de branches maximal (cas
où chacun des 22 individus forme une classe) donc avec une inertie intraclasse nulle,
jusqu'au cas où tous les individus sont regroupés en une seule classe (le tronc de l'arbre)
et qui correspond à l'inertie intraclasse la plus élevée.

Figure 4.6 : Arborescence de la classification hiérarchique des bruts.

REPRESENTATION DE LA CLASSIFICATION HIERARCHIQUE - METHODES DES VOISINS RECIPROQUES

KIWC * 4
MRBL !
FORT»* *~* -I —
BRNT-:
ZARZ--
NIGL-*
KOLE—
SIDR-
EKOF-*
SAHA--
ARHV •-
DJZN -
FORC •
GLTX -
IRHV--*
SU«Z~-
BASL *
ISTM -
MANJ * *—
OORA* -
IRLG-
XRLG
г 123
1
En coupant l'arbre au niveau indiqué4 (cf. figure 4.6) on obtient les six classes
de bruts du tableau 4.6 suivant :

Tableau 4.6 : Classification des bruts en classes

Classe Individus de laclasse Représentant


№ de la classe

1 BRNT - EKOF - FORT - KOLE - NIGL - SAHA - SIDR - ZARZ BRNT


2 ARLG -IRLG OURA - MANJ ARLG
3 ARHV - DJEN ARHV
4 BASL- ISTM- IRHV- SUEZ IRHV
5 KIRK - MRBL KIRK
6 FORC- GLFX FORC

Le brut représentant la classe correspond à celui qui a le poids dans l'appro-


visionnement global le plus important.

Il s'agit maintenant de déterminer les trois5 bruts à retenir parmi les six repré-
sentants des classes constituées. C'est ce qu'on peut obtenir en effectuant des régressions.

4.4.7 Détermination du panier de bruts réduit


L'objectif recherché par la régression linéaire est de voir s'il est possible de représenter
l'approvisionnement global FICT par un panier de 3 bruts. En fait le problème revient
à déterminer les nouveaux poids de chacun des 3 bruts retenus dans l'approvision-
nement.

L'équation économétrique à estimer est la suivante :

FICT = ,

où :

• FICT est le brut fictif représentant l'approvisionnement global,

• a le vecteur-ligne, inconnu, des poids des 3 bruts dans l'approvisionnement total,

• XB qualités des 3 bruts.

• 6 terme aléatoire des résidus.


4
Ce niveau correspond au plus grand changement dans l'inertie cumulée.
5
Pour des considérations de taille du modèle, nous nous limiterons à trois bruts.
!
i
124

Avant de passer à l'estimation de l'équation proprement dite, il y a lieu de


déterminer le nombre de caractéristiques (les qualités) des bruts à retenir. Les ca-
ractéristiques à retenir doivent être linéairement indépendantes. C'est l'objet du para-
graphe suivant.

4.4.7.1 Interdépendance des caractéristiques de qualité des bruts


L'analyse multidimensionnelle en composantes principales ( ACP) des 20 caractéristiques
des 22 bruts représentant l'approvisionnement total permet de tirer des enseignements
utiles sur les corrélations entre ces caractéristiques. Le cercle des corrélations - figu-
re représentant les coefficients de corrélations des caractéristiques normées - montre
l'existence de corrélations :

Figure 4.7 : Cercle des corrélations des qualités des bruts

1. positive entre :
• la densité, les rendements et la viscosité des coupes lourdes (résidu atmos-
phérique et résidu sous vide),
• la teneur en soufre du brut et celle des produits gas oil, résidu atmosphérique
et distillât sous vide,

2. négative entre :
г 125

• la densité et les rendements en coupes légères (GPL, essence légère, essence


lourde) et intermédiaires (kérosène),
• les rendements en résidu atmosphérique et essence légère,

Ces corrélations sont d'autant plus fortes que leurs coefficients sont proches de
1, c'est-à-dir" les points se trouvant à proximité de la circonférence de rayon égal à 1.

Ainsi, au vu de ces dépendances, il est possible de réduire le nombre de ces


caractéristiques pour ne retenir que celles qui apportent réellement de l'information,
c'est-à-dire ceDes qui sont indépendantes. C'est pourquoi il est possible de ne retenir
que la teneur en soufre du brut ou celle de ses produits ; nous retenons la première. De
même, la densité du brut se trouvera redondante si nous retenons les rendements en
différents produits. Nous pourrons alors réduire le nombre de caractéristiques de moitié
(10 contre 20 initialement) pour ne retenir que : la teneur en soufre du brut (%SB),
les rendements en produits (GPL, %E1, %E2, %KR, %GO, %RA, %DV), l'octane de
l'essence légère (OEl) et la teneur en aromatiques de l'essence lourde (AE2).

4.4.7.2 Régression linéaire sous contrainte


La régression linéaire sous contraintes a pour objet de déterminer le vecteur des pondé-
rations de chacun des 3 bruts à retenir comme panier représentatif de l'approvision-
nement, telle que la somme des variances soit minimale. Ce vecteur des pondérations
n'est autre que le vecteur a des coefficients de l'équation :

FICT = a . XB + e
Où:
• FICT est le vecteur-ligne des 10 caractéristiques normées et pondérées de l'ensemble
des bruts de l'approvisionnement (dimension 1 x 10),
• a = (а1,а 2 »«з) est le vecteur des coefficients à rechercher (les % poids de chacun
des к bruts qui constituent la base) et
• Xg la matrice des 10 caractéristiques de» 3 bruts de la base retenus (dimension
(3 x 10)).
• 6 vecteur-ligne des erreurs de dimension (1 x 10).
Pour éviter les biais introduits par la multitude des unités physiques des différentes
caractéristiques, il est nécessaire de les normer en utilisant comme variable normatrice
la moyenne ц de la caractéristique considérée. On obtient ainsi une nouvelle matrice
Y des caractéristiques normées dont les éléments yij s'expriment par :
X
ij
va = —
г Où m est :
126
Г
Les coefficients a< (i = 1,2,3) de l'équation à estimer sont soumis à une triple
contrainte :
1. de non négativité,
2. leur somme doit être égale à 1,
3. valeur significativement différente de zéro.
Pour un nombre de 3 bruts, il existe C | = 20 équations à estimer, parmi
lesquelles deux équations vérifient les trois contraintes précédentes. Ce sont :

FICT = 0,44553 ARLG + 0,44671 BRNT + 0,10576 ARHV


et :
FICT = 0,48440 BRNT + 0,34808 FORC + 0,16756 ARHV
Le choix entre l'une ou l'autre des deux équations se fera sur la base du minimum
de la somme des carrés des résidus (SCR) qui sont respectivement les suivantes :
SC Ri = 0,003 SCR2 = 0,008
Nous retiendrons donc la première équation et l'approvisionnement réduit de la
France se présentera alors comme suit :

Tableau 4.7 : Structure de l'approvisionnement réduit de la France

Bruts Part en % de l'approvisionnement global

Brent 44,67
Arabe léger 44,75
Arabe lourd 10,58

4.5 Les autres zones


La détermination de l'approvisionnement réduit en brut des autres zones se fera de la
même manière que celle développée et appliquée pour la France. Nous ne reviendrons
pas sur la méthodologie.

L'approvisionnement en brut des cinq zones de l'Europe des Douze se présente


alors comme suit :
г 127

Tableau 4.8 : Structure de l'approvisionnement en brut réduit des cinq zones (en
г
n° Bruts Brent Arabe Arabe FICT
léger lourd
0 0
API 38,0 33,4 27,9 API

1 Zone britannique 67,4 15,7 16,9 35,6

2 Zone allemande 62,3 11,1 26,6 34,8

3 Zone française 44,7 44,7 10,6 34,9

4 Zone italienne 60,6 5,2 34,2 34,4

5 Zone espagnole 45,5 19,4 35,1 33,6

Quelles explications peut-on donner à ces structures d'approvisionnement diffé-


rentes, voire opposées ?

La zone espagnole (Espagne - Portugal) a l'approvisionnement en brut le plus


lourd des zones étudiées, avec une densité moyenne de 33,6° API, ce qui correspond
à la densité du brut Arabe léger. Cette densité élevée peut s'expliquer par un besoin
en produits lourds (fioul lourd et autres) représentant 36 % de la consommation de la
zone, et par l'importance des bruts vénézuélien et surtout mexicain dans l'approvision-
nement espagnol (la compagnie mexicaine Pemex détient 5 % du capital du premier
raffineur espagnol Repsol).

La zone italienne (Italie - Grèce) se caractérise par des proportions élevées


des bruts légers (représentés ici par le Brent) et des bruts lourds (représentés par
l'Arabe lourd). Ceci peut s'expliquer par la position géographique de la zone, proche
de l'Afrique du nord ayant des bruts très légers (plus légers que le Brent, tels que les
bruts algériens et libyens) et du Moyen-Orient dont les bruts sont moyens et lourds (les
bruts iraniens et koweïtiens). En plus la part élevée du fioul dans la consommation de
la zone (particulièrement pour l'Italie) est un élément explicatif de cette structure.

La zone allemande (Allemagne - Benelux - Danemark), avec un approvision-


nement moyen de 34,8° API résultant d'une structure comprenant 26,6 % d'Arabe
lourd contre 11,1 % d'Arabe léger, s'explique par les éléments suivants :
• la compagnie vénézuélienne PDVSA possède près de 12 Mt/an de capacité de
raffinage dans la zone, ce qui constitue un débouché pour le brut vénézuélien
г réputé lourd voire très lourd,
128

• la compagnie koweïtienne KPC possède également plus de 10 Mt/an de capacité


de traitement dans la zone et le brut koweïtien est proche de l'Arabe lourd,
• enfin, la présence de deux unités de conversion profonde (hycon de Shell à Pernis
et flexicoker de Exxon à Rotterdam) qui traitent des charges lourdes de résidus
sous vide, nécessitent des bruts lourds pour alimenter la distillation primaire.
Pour la zone britannique (Royaume-Uni - Irlande), l'approvisionnement paraît
tout à fait justifié : 67,4 % en Brent (le brut de la maison !) et le reste "fifty-fifty"
entre les deux arabes léger et lourd.

La structure réduite de l'approvisionnement que nous venons de déterminer est


celle de l'année 1989, que nous considérons comme une année de référence. La question
qui se pose maintenant est la suivante : dans quelle mesure la structure de l'appro-
visionnement ainsi déterminée restera-t-elle valable pour les horizons 1995, 2000 et
2010 ?

4.6 Pérennité de la solution


En principe rien ne permet de confirmer ou d'infirmer la pérennité de cette hypothèse,
car si l'approvisionnement, en volume, diffère d'une année à l'autre, la structure, elle,
varie peu surtout si comme dans notre cas, les bruts retenus ne représentent pas des
bruts physiques mais un panier qu'on peut reconstituer en jouant sur sa structure.

Compte tenu de l'augmentation de la part des produits légers et moyens dans


la structure de la demande, le souci de tout raffineur est de pouvoir disposer des bruts
les plus légers possibles. Trois paramètres conditionnent la solution du problème, il
s'agit :
• de la limitation des réserves des bruts légers,
• du niveau du différentiel entre le prix des bruts légers et celui des lourds, car
un différentiel élevé induit une rentablilité dans l'investissement en unités de
conversion permettant de traiter des bruts lourds, alors qu'un faible différentiel
ne le permet pas,
• du taux de conversion de l'outil de raffinage. Plus ce taux est élevé et plus le
raffineur peut accepter, et même demander (rentabilité oblige), un alourdissement
de l'approvisionnement.
Comment tenir compte concrètement de tous ces éléments difficilement quanti-
fiables pour la détermination d'une structure de l'approvisionnement pour les horizons
de l'étude ?
V Г
129

Les structures ainsi déterminées seront d'abord testées dans le cadre d'une op-
1
г
timisation MULTI (cf. chapitre 7).

4.7 Le problème des charges


Jusqu'ici nous avons assimilé l'approvisionnement du raffinage à celui du pétrole brut :
c'est l'approvisionnement classique.

Avec le développement de la complexité de l'outil de raffinage, le raffineur a


recours, pour alimenter ses unités de conversion, à l'utilisation de produits semi-finis
qu'on appellera charges6, achetés à l'extérieur de la raffinerie. Celles-ci correspondent
le plus souvent à des résidus atmosphériques qui viendront alimenter les unités de dis-
tillation sous vide pour donner des charges aux unités aval : distillats pour les unités de
FCC et d'hydrocraquage, résidus sous vide pour la viscoréduction, le coking et autres
unités de conversion profonde.

Comment tenir compte de ces charges dans le modèle ?

Les statistiques disponibles sont très limitées en nombre et qualité de l'informa-


tion, puisque cette dénomination de "autres produits à distiller" est en quelque sorte
un fourre-tout qui peut correspondre aussi bien à des condensats (bruts extra-légers)
qu'à des résidus atmosphériques de différents bruts, en passant par des charges utili-
sables directement dans les unités de conversion (FCC, hydrocraquage et autres.).

Dans la mesure où le rôle de ces charges est de plus en plus important, notam-
ment pour certaines zones (cf. tableau 4.9), nous ne saurons les ignorer dans notre
modélisation, c'est pourquoi nous allons en tenir compte en les assimilant à un résidu
d'Arabe léger (avons-nous le choix ?) et dont la quantité s'exprimera en part de l'appro-
visionnement total en brut, part qui correspondra à l'utilisation réelle de la zone en
1991, comme le montre le tableau 4.9 suivant :

La part des charges est variable :


• d'une zone à l'autre, en fonction des taux de conversion de l'outil de raffinage.
La zone allemande est celle qui utilise le plus de charges 18,8 % en 1991 (contre
22,4 % en 1990). En 1991, ces taux sont de 13 % pour l'Allemagne, 14,3 % pour
la Belgique, 5,2 % pour le Danemark et 33,7 %, pour les Pays-Bas. Le taux
élevé pour les Pays-Bas (33,7 % en 1991 contre 40 % en 1990) s'explique par la
présence des deux unités de conversion profonde : le hycon de Shell à Pernis et
le flexicoker de Exxon à Rotterdam.
• d'une année à l'autre en fonction du différentiel de prix du pétrole brut et des
charges.
6
Plus connues sons J'appelâtion anglo-saxonne feedstocks.
Г 130

Tableau 4.9 : Part des "charges" dans l'approvisionnement des différentes zones en
Г
1990 et 1991 (en % du total brut traité)

Années /Zones Britannique Allemande Française Italienne Espagnole CEE-12

1990 11,3 22,4 10,3 16,9 8,7 15,9


1991 13,1 18,8 7,9 17,4 4,3 14,1

Ces charges sont, pour l'essentiel, destinées à faire fonctionner les unités de con-
version à capacité maximum. La raffinerie ne pouvant souvent fournir à elle seule la
quantité nécessaiie, fait alors appel aux autres raffineries de la même compagnie, des
raffineries voisines ou importer.

L'utilisation de plus en plus importante des charges a remis en cause le concept


de taux d'utilisation de l'outil de raffinage déterminé par Je rapport de la quantité
de brut traité à la capacité de distillation primaire. Les "charges" ne transitant pas
pour la plupart, par cette unité, le calcul de ce paramètre se trouve alors biaisé. Dans
l'annexe A, nous montrons les insuffisances de la méthode et proposons une nouvelle
basée sur la recherche de l'équivalence charges-brut, par l'utilisation du modèle linéaire
de raffinage.
г г
Chapitre 5

Les perspectives d'évolution de la


demande de produits pétroliers aux
horizons 1995, 2000 et 2010

Notre objectif, comme nous l'avons déjà souligné, reste l'optimisation des capacités et p
structures de raffinage. Dans ce sens, les demandes constituent pour nous une donnée.

Nous disposons pour cela des projections effectuées par la CEE1 jugées suffisam-
ment fiables pour la poursuite du travail.

5.1 L'approche utilisée


Différents modèles ont été utilisés pour la réalisation de ces prévisions, comme le mon-
tre la figure 5.1. Quatre scénarios ont été établis pour encadrer les futurs possibles,
sur la base d'hypothèses des croissances démographique, économique et sociale et de
progrès technique. Le côté demande a été dominant, c'est-à-dire que l'offre a été sup-
posée non contraignante : c'est l'approche dite "bottom up".

La prévision de l'offre est, quant à elle, fournie par le modèle MSSSE.

Dans tous les scénarios, une attention particulière a été accordée à l'électricité
et les besoins d'investissements qui en découlent. Pour chaque scénario, les balances
énergétiques obtenues sont triées par le modèle d'environnement HECTOR pour la
détermination des émissions de polluants (SO2, NOX et СОг). Certains feedbacks ont
été considérés afin d'aboutir à un équilibre du système.

'cf. Energy in Europe, Energy for a new century : The European perspective ; Special Issue, Brussels,
July 19£0.
т г 132

Figure 5.1 : L'approche utilisée pour la modélisation de la demande.

ÛOEE9TC6 Pik
Socb Féftfe
MKhêftérisu Gaz
ОнЬоп

Modte
ŒCTOR

U Saue Azote 002

5.1.1 Présentation des quatre scénarios


Les quatre scénarios développés pour cadrer tous les futurs possibles sont :
• le scénario A : scénario de sagesse ("conventional wisdom").
• le scénario В : scénario de tensions ("driving into tensions").
• le scénario С : soutien d'une forte croissance ("soustaining a high economic
growth").
• le scénario D : scénario des prix élevés ("high prices").

5.1.1.1 Le scénario A
Le scénario A a été développé en premier lieu et avec plus de détails, grâce & *'utilisation
du Modèle d'Evaluation de la Demande d'EnergiE (MEDEE) et Energy Flow Optimiza-
tion Model (EFOM). Les résultats ont été ensuite discutés avec les experts des différents
pays de la Communauté et ont été modifiés en conséquence.
' Г п
Г
"-дач» . •."rgSÄ«

133

Les caractéristiques de ce scénario sont :


э une croissance économique du PIB de 2,8 % pour les pays de l'OCDE et une
moyenne mondiale de 3,2 %.
• les prix des énergies seront de 17,5 $87/ЬЫ en 1995, 20 en 2000 et 30 en 2010
pour le pétrole. 49 $87/tec en 1995, 50 en 2000 et 60 en 2010 pour le charbon.
Quant à ceux du gaz, ils seront indexés sur ceux du pétrole jusqu'à l'an 2000 et
ceux du charbon après.
• pour les Douze :
— une croissance annuelle moyenne du PIB de 2,7 % pour la période 1990-
20102.
— par secteur, une croissance modérée avec stabilité de l'intensité énergétique
pour l'industrie, forte croissance des services, croissance annuelle moyenne
de la consommation privée de 2,5 % pour la période 1990-2010.
— application de la législation communautaire en matière d'environnement, ce
qui ne constituera pas une contrainte significative sur la demande d'énergie.

5.1.2 Le scénario В
L'objectif de ce scénario est de montrer qu'une forte croissance économique, sans une
politique appropriée basée uniquement sur les mécanismes du marché, conduira le
système à une situation caractérisée par une offre déficitaire (impliquant des chocs
énergétiques) et une altération élevée de l'environnement à cause du niveau élevé des
émissions de polluants.

Les caractéristiques de ce scénario sont :


• une croissance économique du PIB de 3,5 % pour la période 1990-2000 et 2,6 %
pour 2000-2010, pour les pays de l'OCDE et une moyenne mondiale de 4,0 % et
2,8 % pour les mêmes périodes respectivement.
• les prix des énergies seront de 20 $87/bbl en 1995, 26,5 en 2000 et 40 en 2010
pour le pétrole. 55 $87/tec en 1995, 65 en 2000 et 70 en 2010 pour le charbon.
Quant à ceux du gaz, ils seront indexés sur ceux du pétrole jusqu'à l'an 2000 et
ceux du charbon après.
• pour les Douze :
— une croissance annuelle moyenne du PIB de 3,5 % pour la période 1990-2000
et 2,5 % pour 2000-2010. Par rapport au scénario A, la croissance du PIB
est plus importante de 1 %.
2
Par comparaison, la croissance annuelle moyenne du PIB des Douze a été de 2,8 % durant la période
1968-1988, malgré les deux chocs pétroliers.
(
Г — par secteur :
134
Г
* pour l'industrie : une relance de l'intensité énergétique industrielle
(chimie, sidérurgie, non-ferreux) jusqu'à l'an 2000 puis stabilité. Plus
grande croissance pour le reste de l'industrie et plus spécialement celle
des biens d'équipements.
* pour le tertiaire, une croissance comparable à celle de l'industrie.
* pour les ménages, une croissance annuelle moyenne de la consommation
privée de 3 % jusqu'à l'an 2000, puis 2 % pour la période 2000-2010.
— une plus grande intégration du marché de l'énergie des Douze est supposée
(harmonisation fiscale, libéralisation du commerce du gaz et de l'électricité
résultant d'une rationalisation du système d'offre, convergence des coûts
d'investissements résultant d'un libre accès et circulation des capitaux, etc.).
— application de la législation communautaire en matière d'environnement, ce
qui pourrait conduire à de sérieuses contraintes sur le système de demande
et d'offre d'énergie.

5.1.3 Le scénario С
L'objectif du scénario est de montrer qu'une forte croissance économique soutenue n'est
pas en contradiction avec de strictes normes d'environnement et que les deux objec+ifs
peuvent être atteints dans un futur énergétique sûr, par une maîtrise et de la consom-
mation énergétique (plus grande efficience par le biais de l'innovation technologique et
une amélioration du comportement des consommateurs) et une plus grande efficience
des moyens de production.

Les hypothèses du scénario sont les suivantes :


• une croissance économique du PIB de 3,5 % pour la période 1990-2000 et 3 %
(contre 2,6 % pour le scénario B) pour 2000-2010, pour les pays de l'OCDE et
une moyenne mondiale de 4,0 % et 3,5 % (contre 2,8 % pour le scénario B) pour
les mêmes périodes respectivement.
• les prix des énergies seront de 20 $87/bbl en 1995, 25 (contre 26,5 pour le scénario
B) en 2000 et 20 (contre 40 pour le scénario B) en 2010 pour le pétrole. 50 $87/tec
(contre 55 pour le scénario B) en 1995, 60 (contre 65 pour le scénario B) en 2000
et 50 (contre 70 pour le scénario B) en 2010 pour le charbon. Quant à ceux
du gaz, la même hypothèse que pour le scénario B, avec toutefois un plus grand
découplement.
• pour les Douze :
— une croissance annuelle moyenne du PIB de 3,5 % pour la période 1990-2000
et 3 % (contre 2,5 % pour le scénario B) pour 2000-2010.
— par secteur :
г 135

* pour l'industrie : jusqu'en 1995, même hypothèse que pour le scénario


B, puis (1995-2010) déclin de l'intensité énergétique et croissance soutenue
Г
pour les autres (biens d'équipements et chimie spécialisée, principale-
ment).
* pour le tertiaire, même hypothèse que pour le scénario В jusqu'en 1995
et au-delà le tertiaire continuera de croître en compensation du léger
déclin de l'industrie.
* pour les ménages, une croissance annuelle moyenne de la consommation
privée de 3 % jusqu'à l'an 2000, puis 2,5 % (contre 2 % pour le scénario
B) pour la période 2000-2010.
tout comme pour le scénario B, une plus grande intégration du marché
de l'énergie des Douze est supposée (harmonisation fiscale, libéralisation
du commerce du gaz et de l'électricité résultant d'une rationalisation du
système d'offre, convergence des coûts d'investissements résultant d'un libre
accès et circulation des capitaux, etc.).
application de la législation communautaire en matière d'environnement, ce
qui pourrait conduire à de sérieuses contraintes sur le système de demande
et d'offre d'énergie.

5.1.4 Le scénario D
Le scénario se propose de montrer l'effet combiné d'une croissance économique modérée
(semblable à celle du scénario A) et d'un strict respect de l'environnement, particu-
lièrement les émissions du CO2 et à travers une maîtrise simultanée de la consommation
d'énergie (gestion de la demande de type scénario C, plus une taxe sur les émissions de
CO2 des énergies fossiles) et une plus grande efficience des productions (comme pour
le scénario C).

Dans ce scénario et dans le but d'identifier l'impact d'un prix de l'énergie élevé
sur tous les secteurs consommateurs, des élasticités dérivées du Model of Integrated
Demand And Supply (MIDAS) ont été utilisées.

Les hypothèses du scénario sont :

• une croissance économique du PIB de 2,8 % pour la période 1990-2010 pour les
pays de l'OCDE et une moyenne mondiale de 3,2 %.

• les prix des énergies seront de 17,5 $87/ЬЫ en 1995, 20 en 2000 et 30 en 2010
pour le pétrole. 49 $87/tec en 1995, 50 en 2000 et 60 en 2010 pour le charbon.
Quant à ceux du gaz, ils seront indexés sur ceux du pétrole jusqu'en 2000 et sur
ceux du charbon pour 2000-2010.

• pour les Douze :


т
' Г 136
— une croissance annuelle moyenne du PIB de 2,7 % pour toute la période
Г
1990-2010.
— par secteur :
* pour l'industrie : lent déclin de l'activité,
* pour le tertiaire, croissance jusqu'en 1995 et même hypothèse que pour
le scénario A pour 1995-2010.
— application de la législation communautaire en matière d'environnement, ce
qui ne constituera pas une contrainte significative sur la demande d'énergie.

5.2 Les perspectives d'évolution de la demande


5.2.1 Les scénarios retenus
Nous travaillerons essentiellement avec le scénario de base ("conventional wisdom"
ou scénario A) que nous cadrerons par deux autres : un scénario faible, c'est-à-dire
le scénario D et un scénario fort correspondant au scénario B.

5.2.2 Les produits retenus et leurs spécifications


5.2.2.1 Les produits
Les prévisions de la CEE (cf. Annexe C) correspondant aux quatre scénarios ont été
établies pour huit produits : gaz de raffinerie, les GPL, naphta, les essences automo-
bile, le kérosène, le gas/diesel oil, le fioul lourd et autres produits (lubrifiants, bitumes
et solvants).

Ces prévisions ne peuvent pas être utilisées telles quelles, car elles ne sont pas
suffisamment désagrégées. Pour les essences automobile, par exemple, la demande
est trop agrégée pour permettre la détermination précise des besoins en différents
types d'unités de raffinage (unités de réformage, alkylation, isomérisation, dimersol et
MTBE), car sur le marché il n'existe pas une qualité essence, mais quatre qualités
différentes. Nous la désagrégerons donc en quatre produits suivants :
• l'essence ordinaire sans plomb (abréviation EOSP),
• le supercarburant 98 plombé à 0,15 g/1 (abréviation SP98),
• l'Eurosuper 95 sans plomb (abréviation SSP95),
• le Super 98 sans plomb (abréviation SSP98),.
De même, la demande du gas/diesel oil sera désagrégée en gazole (carburant
diesel) et fioul domestique (pour le chauffage).
1
137

La rubrique "autres produits" est en quelque sorte un fourré-tout. Compte tenu


de l'absence de statistiques sur sa structure nous l'intégrons avec le fioul lourd. Cette
nouvelle rubrique "fioul lourd" sera également désagrégée, compte tenu des restrictions
de plus en plus sévères sur l'utilisation de ce produit, en deux produits : le fioul BTS
(basse teneur en soufre (< 1 %)) et fioul HTS (haute teneur en soufre (> 3,5 %)).

Cette désagrégation permet de déterminer les besoins en unités de désulfuration.

Finalement, les onze produits retenus dans la modélisation sont les suivants :

• pour les produits légers : les GPL3, le naphta et les quatre types d'essences :
EOSP, SP98, SSP95 et SSP98.

• pour les distillats : le kérosène (jet fuel), le gazole et le fioul domestique.

• pour les fiouls : le fioul BTS et le fioul HTS

5.2.2.2 Les spécifications


La consommation des produits pétroliers est soumise à un certain nombre de contraintes
appelées normes. H existe trois types de normes :

• administratives et qui concernent principalement la protection de l'environnement,


la sécurité publique et la maîtrise de l'énergie.
Pour les essences, ces normes se traduisent par une teneur en benzène maximale
de 5 % et un taux d'oxygène maximal de 2,8 %, ainsi que la limitation de la
teneur en РТЕ à 0,15 g/1 maximum et l'installation des pots catalytiques sur les
nouvelles voitures (à partir de l'année 1992).
Pour le gazole, les normes portent sur la teneur en soufre : 0,2 % en 1994 et
0,05 % en 1995.

• définies par les constructeurs automobiles pour répondre aux réglementations


administratives et améliorer les performances des moteurs qui dépendent de trois
paramètres :

1. le niveau d'octane : la plupart des constructeurs européens ont adopté les


indices 95 et plus, alors que les américains et les japonais ont retenu l'indice
92 comme un minimum,
2. la détergence : amélioration du pouvoir détergent des essences afin de main-
tenir la propreté des mécanismes,
3
Pour ce produit, la demande ne seta pas introduite dans le modèle mais servira à déterminer
les éventuelles importations ou exportations, puisque, dans la pratique, le raffineur cherche d'abord à
valoriser ce produit sous forme d'essences (ajout aux essences pour ajuster la tension de vapeur, charges
pour l'unité d'alkylation et de vapocraquage).
1
Г 138
Г
3. la volatilité : l'augmentation des températures de fonctionnement et la
généralisation des systèmes d'injection exigent une diminution de la volatilité
des carburants.
• enfin, les normes propres à chaque compagnie, établies dans le but d'avoir une
marque propre à la compagnie sur le marché et de conquérir ainsi le leadership
de la profession.
Pour la modélisation, nous retenons les spécifications suivantes :
• Pour les essences automobile : la densité, la tension de vapeur Reid, l'indice
d'octane mesuré selon les méthodes recherche (IOR) et moteur (IOM), avec et
sans adjonction de plomb tétraéthyl (РТЕ). Ainsi quatre indices d'octane sont
pris en compte, il s'agit de :
- IOR clair (sans adjonction de РТЕ),
- IOR avec adjonction de 0,15 g/1 de РТЕ,
- IOM clair,
- IOM avec adjonction de 0,15 g/1.
• Pour le kérosène : la densité et la teneur en soufre,
• Pour le gas oil (gazole et fioul domestique) : la densité, la teneur en soufre, le
point de congélation (pour le gazole), la viscosité à 20° С et l'indice de cétane,
• Pour le fioul lourd : la densité, la teneur en soufre, le point de congélation et la
viscosité à 100° C.
Les valeurs limites pour ces spécifications sont données par les tableau 5.1.
г 139

Tableau 5.1 : Les spécifications retenues pour les produits

Essences automobile Distillate Fioul lourd

Spécifications EOSP SP98 SSP95 SSP98 Kéro- G&zole Fioul BTS HTS
sène domestique

Densité ( t / m 3 )
- limite inférieure 0.71 0.73 0.73 0.73 0.77 0.82 - - -
- limite supérieure 0.76 0.78 0.78 0.78 0.83 0.86 0.90 1.0 1.10
Tension de rapeur (Bar)
- limite inférieure - - - -
- limite supérieure 0.82 0.82 0.82 0.82
IOB. clair
- limite inférieure 91.3 95.3 98.3
- limite supérieure
IOR 0,15 g/1 Р Т Е
- limite inférieure 98.3
• limite supérieure
IOM clair
- limite inférieure 82.8 85.3 88.3
- limite supérieure
IOM 0,15 g / l Р Т Е
• limite inférieure 87.8
• limite supérieure
Soufre (% poids)
• limite inférieure
- limite supérieure 0.20 0.30 1.0 3.5
Point congélation (° C)
- limite inférieure
- limite supérieure - 20 - 10 40 99
Indice de cétane
- limite inférieure 48
- limite supérieure - 20 - 10 40 99
Viscosité à 30° С (Cst)
- limite inférieure
- limite supérieure 8 6
Viscosité t 100° С ( C i t )
- limite inférieure
- limite supérieure 40 40

EOSP = Essence Ordinaire Sans Plomb, SP98 = Supercarburant Plombé 98,


SSP95 = Supercarburant Sans Plomb 95, SSP98 = Supercarburant Sans Plomb 98
l
140

5.2.3 Désagrégation de la demande des essences


Pour répartir la demande globale des essences en produits (EOSP, SP98, SSP95 et
SSP98), nous analyserons l'évolution de la part de chacun de ces produits dans la con-
sommation totale.

Le tableau 5.2 ci-dessous donne l'évolution de la part du sans plomb dans les
ventes de carburants automobile pour chacune des cinq zones en 1990 et 1991.

Tableau 5.2 : part (en %) des sans plomb (EOSP, SSP95 et SSP98) dans la consom-
mation totale des carburants automobile en 1990 et 1991

Zones / Années 1990 1991

Britannique (Royaume-Uni-Irlande) 32 40
Allemande (Allemagne-Benelux-Danemark) 63 71
Française (France) 18 25
Italienne (Italie-Grèce) 4 6
Espagnole (Espagne-Portugal) 1 3

Moyenne CEE-12 33 40

Source : d'après Eurostat 4/92.

Ce tableau montre en effet que la part des sans plomb n'est pas uniforme pour
les cinq zones, puisqu'on distingue d'un côté les deux zones du Nord (Allemande et
Britannique) avec une part importante des sans plomb (71 % et 40 % respectivement
en 1991) et de l'autre, les deux zones du Sud pour lesquelles la réduction du plomb ne
paraît pas être d'actualité (6 % pour la zone italienne et 3 % pour la zone espagnole,
la France étant intermédiaire avec 25 % en 1991.

Cette répartition de la consommation des essences en plombé et non plombé est


encore insuffisante dans la mesure où dans la catégorie des sans plomb on retrouve trois
produits (EOSP, SSP95 et SSP98). Comment répartir la part des sans plomb entre
ces trois produits, sachant que les statistiques détaillées sont très très limitées, voire
inexistantes ?

L'approche retenue consiste à utiliser le peu de statistiques disponibles pour


bâtir des hypothèses d'évolution de la structure pour les horizons 1995, 2000 et 2010.
Après consultation des experts, nous retiendrons deux hypothèses :
г 141

• haute sévérité avec une part dans la demande totale des essences des sans plomb
(SSP95 et SSP98) élevée, pour simuler une demande à haut indice d'octane sans
plomb,
• basse sévérité avec une part des sans plomb relativement faible.
Ces deux hypothèses donnent ainsi une fourchette de variation permettant de
simuler une demande plus ou moins forte en sans plomb et octane élevés (SSP98 par-
ticulièrement).

Pour 2010, nous avons supposé que l'horizon est suffisamment éloigné pour per-
mettre une homogénéisation de la structure de la demande des essences entre les zones.
De plus le renouvellement du parc de véhicules et la réalité des prix (suppression des
subventions actuelles) feront que seuls deux types d'essences subsisteront : l'eurosuper
95 (SSP95) et le super 98 (SSP98), tous deux sans plomb évidemment. Ces deux
qualités se partageront le marché des essences des Douze à raison de 70 % et 30 %,
respectivement.

La structure de la demande des essences pour les horizons 1995, 2000 et 2010
pour les deux sévérités est donnée par le tableau 5.3.

5.2.4 Désagrégation de la demande du gas/diesel oil


L'évolution de la structure du gas/diesel oil (en gazole et fioul domestique) se base sur
l'hypothèse que le fioul domestique cédera du terrain, pour une part, à cause de la con-
currence du gaz naturel, énergie plus propre, alors qu'inversement le gazole conservera
au moins sa part dans les carburants.

L'évolution de cette structure est donnée par le tableau 5.4.


г 142

Tableau 5.3 : Structure (en %) de la demande des essences pour les différentes zones
en 1995, 2000 et 2010 - Haute et Basse sévérités d'octane

Années Haute sévérité Basse sévérité

Zone / Essences EOSP SP98 SSP95 SSP98 EOSP SP98 SSP95 SSP98

1995 0 30 25 0 40 40 20
Britannique 2000 0 10 55 35 0 20 50 30
2010 0 0 70 30 0 0 70 30

1995 15 5 64 16 20 10 54 16
Allemande 2000 4 0 76 20 15 0 65 20
2010 0 0 70 30 0 0 70 30

1995 0 45 18 37 0 55 14 31
Française 2000 0 10 48 42 0 20 44 36
2010 0 0 70 30 0 0 70 30

О О О
1995 10 60 10 20 10 70 10
Italienne 2000 10 20 40 25 10 30 40
2010 0 0 70 30 0 0 70

1995 15 70 5 10 15 75 5 5
Espagnole 2000 15 35 35 15 15 40 35 10
2010 0 0 70 30 0 0 70 30

Tableau 5.4 : Évolution de la structure de la demande du gas oil (en %)

1995 3000 3010

Zones gazole Fioul domestique gazole Fioul domestique gazole Fioul domestique

Zone 1 53 47 56 44 62 38

Zone 2 42 58 44 56 48 52

Zone 3 49 51 52 48 62 38

Zone 4 69 31 75 25 78 22

Zone 5 66 34 67 33 70 30

Source : d'après Enerfinance Consulting Services.


Г 143

5.2.5 Désagrégation de la demande du fioul lourd


L'hypothèse de répartition de la demande de fioul lourd en fioul BTS et fioul HTS
repose sur le partage des Douze en trois régions : les deux zones du Nord, très avancées
en matière de respect des contraintes d'environnement, auront une proportion du fioul
HTS de plus en plus faible, les deux zones du Sud, largement en retard dans ce domaine,
auront une proportion du fioul HTS plus importante et, enfin, la zone France avec une
position intermédiaire, comme le montre le tableau 5.5 ci-dessous.

Tableau 5.5 : Hypothèse d'évolution de la structure de la consommation du fioul (en %)


pour les cinq zones de 1995 à 2010

199S 2000 2010

Zones Fioul BTS Fioul HTS Fioul BTS Fioul HTS Fioul BTS Fioul HTS

Zone 1 40 60 70 30 90 10

Zone 2 40 60 70 30 90 10

Zone 3 20 80 60 40 80 20

Zone 4 10 90 30 70 60 40

Zone 5 10 90 30 70 60 40

5.2.6 Les perspectives d'évolution de la demande


Les perspectives d'évolution de la demande des produits retenus pour chacun des qua-
tre scénarios et pour chacune des cinq zones sont données par les tableaux 5.6 (zones
britannique, allemande et française, 5.7 pour les zones italienne, espagnole et le total
des Douze.
г 144

Tableau 5.6 : Les perspectives d'évolution de la demande des produits pétroliers


des zones britannique, allemande et française pour les horizons 1995, 2000 et 2010 en
fonction des différents scénarios.

1 • 9 i 2 0 0 0 2 0 1 0
Conaonw

mallona S c e n a r i o « da d e m a n d « S c a n a r l o a da d e m a n d « Scenario« de demanda


Faible da b a a a Fort Faible da b a a a Fort
Zone* » Produit* 1991 haut« Ьаеае haute haut« haut* basa* haute haul* faible dabaa* fort
eavéftté aévariw aavertte eévam« aévertt« eeVertM •evértte eevartt«
01 Al Al 8)1 D1 A2 AI B1 О A В

Zonebrttannlqiie «0.200 95.70* VT Mit 97.678 104244 •9.011 97.742 •7.742 108.05* 60441 90219 94430
-QPL г.7во 1.B5 1.84 1.84 2.13 1.79 1.58 1.58 2.04 120 1.4» 1.59
-Naphta злев 4.78 4.78 4.78 5.00 4.87 4.87 4.87 620 3.39 6.10 5.18
• Super plombé » 824 1127 8.53 9.14 2.5» 5.82 2.91 32» 0.00 0.00 0.00
• Еамлсе ordinaire SP 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00
-Euroeuper95SP 12.35 11.37 12.79 13.71 1427 14.55 16.01 18.11 9.47 21.05 23.71
-Super 96 SP 6.86 see 7.11 7.81 9.06 8.73 10.19 11.62 4.06 9.02 10.16
ToW н и м и 24.027 2746 2843 2843 3048 25.94 29.10 29.10 32.92 13.63 30.07 33.67
-Keroeene 8.358 8.35 8.55 8.5S 9.16 7.75 8.75 8.75 9.71 4.17 922 9.37
-вапи 13.45 19.82 1э.вг 14.74 13.10 14.72 14.72 16.15 8.07 15.60 16.00
-FmUdoraetique 20.460 11.9S 12.08 12.08 13.08 10.X 11.57 11.57 12.89 5.61 10.84 11.12
Total dMIHata 2«.«2 33.72 34.28 3428 38.98 31.18 35.04 35.04 38.64 17Л4 35.76 3649
• Foul lourd BTS 11.12 1143 1143 11Л2 17.68 19.00 19.00 19.15 13.03 16.02 15.57
- Foul lourd HTS 1668 17.14 17.14 17.88 7.58 8.14 8.14 821 145 1.78 1.73
Total floul lourd 20.37 27J1 28.(7 28.57 29.79 2528 27.16 27.15 27.36 144« 1740 1720

Zone allemand« 193.137 195.378 201 ЯП 201297 20*206 1M.827 1*7433 1*7 ЛЗЭ 200.645 109.341 173.038 179.0(3
-aPL 6266 621 641 841 641 5.75 822 622 6.31 4.17 6.83 5.94
•Nap«» 12.628 12.72 12.72 12.72 1327 13.00 13.01 13.01 13.83 9.78 1346 13.80
•Super plombe 98 2.01 4.11 2.05 221 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 o.oo 0.00
- Еемлое ordinaire SP 6.02 822 6.16 6.62 142 5.92 1.S8 1.83 0.00 0.00 0.00
• EuroeuperKSP 25.70 22.19 2829 2823 26.00 25.66 30.01 34.79 13.66 24.92 30.10
-Super 98 SP 843 6.57 6.67 7.06 7.08 7.90 7.90 9.18 5.85 10.68 12.90
Total eeeencee 40440 40.18 41.0« 41Л8 44.11 3540 3948 3948 46.76 19.62 36J1 42.00
-Keroaene в.5в2 7.74 7.95 7.95 8.61 7.80 8.70 8.70 10.06 4.38 9.71 9.52
-ваш** 34.10 35.03 35.03 36.58 Э0.04 34.72 34.72 3843 2040 3227 3324
- Fioul domeetique 8O.1S2 47.0в 48.38 4826 60.62 3824 44.19 44.19 4627 23.95 38.70 39.02
Total dtaUlleta •8.74 88.93 91ЯТ •1Л7 «8.91 78.08 87.61 87.61 KM 48.73 612« 81.79
- Fioul lourd BTS 18.94 19.89 19.69 19Л2 27.68 29.06 29.06 2921 24.43 3220 3125
- F M lourd HTS 2841 гелз 29.83 2928 11Л2 1245 1245 12.66 2.71 3.66 347
Total floul lourd 46.069 47 M 49.72 49.72 48J0 39 Лв 41.61 41.61 41M 27.16 16.77 •4.73

Zone (rançeJee 67216 81 .И* •8289 U288 клао 76464 •6.626 86.52« •9.910 44.326 71.666 •2.810
.QPL 2.в7в 2.S2 2.76 2.75 гло 243 2.72 2.72 2.78 1.72 2.S7 2.81
-NapMa 8.691 5.72 &Л0 6J0 6.00 SJ6 6.00 6.00 6.32 4.80 648 6.68
-Super plombe 96 8.94 1144 в.эв 10.74 1ЛЗ 421 2.16 2.77 0.00 0.00 0.00
• Емепое ordmaira SP 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00
-EureaupareSSP 3.68 2.B1 3.74 420 8.78 9.47 1023 1328 8.91 15.64 19.61
•SuparaeSP 7.36 6.45 УМ 183 7.88 7.75 9.04 11.62 2.96 6.70 826
Total n a i n c u 17J0» 1M7 20.Т» 20.79 2U7 1828 21M 21.(3 27.66 9.8* 222« 2747
-Ktroeene 3.70» 2.64 где 2.96 342 243 2Л6 2J6 3.68 122 3.12 3.71
-Oanle te.se 1742 1742 18.73 15.71 18.10 16.10 20.74 9.77 17.62 2121
• Fioul domaatiqua 36.767 1728 18.13 18.13 1»Л0 14.60 16.71 16.71 16.14 727 132» 16.07
Total dMIHata 4048 38.88 *8.|Э MJ* 414« 32.86 37.87 37 .«7 43.66 1848 34.03 41.09
• Fioul lourd BTS 3.33 348 348 3.64 9.74 11.17 11.17 11.75 7.74 10.61 1126
- Foui lourd HTS 13.34 13.92 13Л2 14.67 649 745 746 7.84 1.94 2.63 2.81
Total «oui lourd 17.3« 18.87 1740 1740 1821 1«23 18.62 It.62 16.69 9.68 13.13 14.08
г 145

Tableau 5.7 : Les perspectives d'évolution de la demande des produits pétroliers


des zones italienne, espagnole et le total des Douze pour les horizons 1995, 2000 et 2010
en fonction des différents scénarios.
1

1 9 9 5 2 0 0 0 2 0 1 0
Consom-

mai Ion» Scénario* d* demand* S c é n a r i o * da d a m a n d * веалагюа da damand*


Faible d* b a i * Fort Falb** da b a s a Fort
Z O M * • Produit* 1И1 haute оаме haut« hauta haute ьаам haute haute (•1Ы* dabaa* fort
sévérité eévértté aévtrll» aaïéflté ftvVvfflv Mveftté oaVartt* •«varti»
DI А2 Al B1 01 A2 AI B1 О А В

Zona Italian na 104.349 100.07* 103.534 103.534 111.1*3 99.9S7 96.9(7 96.997 110.644 66.399 99422 101263
•QPL 3.576 2.53 2.62 2.62 240 223 2.47 247 242 149 247 2.75
-NapMa 2.633 3.05 3.06 3.06 322 3.13 3.15 3.15 3.37 240 349 345
• Super ptomba 96 8.82 11.85 10.16 11.35 341 5.62 3.75 4.59 0.00 0.00 0.00
• Easanoa ordinaim SP 1.64 1.68 1.69 149 1.66 147 1.87 240 0.00 0.00 0.00
-Euroeup*r95SP 1.6« 1.69 1.69 149 6.62 7.50 7.50 9.18 6.51 1341 1641
-SuparMSP 327 1.69 3.39 3.76 447 3.75 5.62 6.89 2.79 5.71 721
ТаШммпсм 23.(25 1*4* 16.93 16.93 1942 19.66 19.74 18.74 22.99 9.30 1942 24.02
•KéroMiw 3.473 3.75 зле 3.89 440 340 3.64 3.64 4.66 1.92 342 441
-Quote 23.57 24.84 2444 26.12 2242 24.62 2442 28.08 13.50 24.77 2743
- Fioul dorraaliqua эозэв 10.50 11.16 11.16 11.74 744 821 821 946 4.50 626 9.14
Total dMlllata ЭЭ41 37.91 Э949 39.99 42.29 ЗЭ.1С 3647 36.97 4241 19.92 3645 4149
- F cul lourd BTS 4.02 4.10 4.10 4 J9 1044 10.79 10.79 11.73 13.97 16.0В 17.74
-FeultourdHTS 3620 36.93 36.93 39.47 2445 25.17 25.17 2746 941 10.72 1143
Total fioul lourd 40.406 40J2 41.03 4143 4Э49 34.79 3».96 36.96 39.09 2329 2940 29.(7

Zone 6*фЙ0ПО1о И.ОТа (Э.1О2 •4.724 (4.724 •2422 (2.09* (7.9*0 C7.M0 99442 30.142 ••.790 6*4(9
•GPL 3464 2.02 3.00 3.00 326 247 249 249 346 1.62 240 3.19
-NapMa э.воэ 4M 4.91 441 5.18 5.09 5.09 5.09 541 2.96 545 5.51
-Super ptomM 96 6.76 747 7.16 6.64 341 444 3.88 641 0.00 0.00 0.00
Сменив udMiaire 1Г 145 1.63 1 S3 1 GO 1 66 1 66 9 49 О IV A M П ffcfî
1 Al l.OU U.K U.Ulf V.W
-EuroeuperKSP 0.4в 0.S1 0.51 041 3.51 Э.И» 3.88 S.41 6.12 11.46
3.90
•Super 99 SP 0.97 0.61 1.02 122 1.60 1.11 1.66 242 147 3.48 4.92
Total M M I W M 9419 •.И 1029 10.23 12.19 10.02 11.10 11.10 1S45 9.67 11.(9 1940
• Keraeene 3223 322 3.33 343 4.06 3.04 342 3.42 4.67 1.70 340 4.97
•ОавЮ . 10.70 11.00 11.00 1323 10.79 12.16 12.16 15.89 6.01 14.04 1644
- Fioul domaabqu* 16.742 Б.56 6.66 6.66 642 541 5.99 549 743 2.96 641 8.06
Total « M N M » 19.97 1*4* 19.9* 19.99 24.10 19.14 21.(6 21.69 2(4* 10.97 244F 2946
-Feu* lourd BTS 1.60 1.6« 146 1.75 446 6.12 6.12 6.14 6.60 6.73 645
-Foui lourd HTS 1446 14.94 1444 15.74 1043 1144 •144 1149 3.73 642 S.76
Total fioul lourd 19430 1(49 19.90 19.90 ЛТМ 1S.19 1746 1749 17.13 943 1449 1441

Total d M Doux* «21.0*0 им» »42.701 942.701 (79494 47(44* (29.7(1 (26.791 «7.000 290.937 499.94* (36.111
•QPL 18474 16232 16417 16417 17408 14466 15474 16474 17431 10.192 16.050 16275
-Naphta 31.064 31246 Э1Л64 31.264 32466 31455 32.119 32.119 34.120 23.135 33496 34424
-6ир*грютМ9* 36.761 46435 37.256 41474 11240 20.187 12495 16.067 0.000 0.000 0.000
9.100 11w444 9490 10439 4.674 9461 5.118 6444 0000 Л АЛО П/àfkfi
u.uw
•Euro*up*r96SP 43.761 36Л71 45.032 46.736 60.075 61.066 67.726 80.762 40.458 83.041
101.612
•Super 98 SP 24J77 голов 26.7*1 29.506 30407 29235 34410 41499 17439 35.589 43.548
ТоМммгмм 11*417 119Л0 117Д« 11746 12949 10820 11946 11949 144.79 9740 119.93 146.19
-Kanaan* 27456 26494 26.703 26.703 29463 24414 27474 27474 32473 13.486 29489 32476
-Quoi* 86.494 101415 101415 109412 91463 104417 104417 117288 57.739 104493 114416
* Fioul donwbQUV 184.467 92426 8М1в 95418 101441 75.799 96.656 66.656 95484 44480 78.004 83.405
Total dMUtat* 21141Э 21*41 224.04 224.04 24041 192.17 21945 218.И 24(46 116.90 21247 230.19
• Foul lourd BTS 39.019 40.560 40.560 41214 69490 76.137 75.137 77.092 64.766 93437 94455
• Foui lourd HTS 109.016 112.765 112.765 116434 90472 65.156 65.156 67459 19.141 24426 25405
Total fioul lourd 142422 149.04 1*1*2 1(342 1(9,1» 11046 14029 1402» 14644 93.91 109.09 110.09
1
5.3
146

Les coûts de transferts interzones des produits


I
г
Le caractère spécifique de notre problème (la recherche des niveaux de capacités per-
mettant de satisfaire la demande au moindre coût, nous permet de nous affranchir des
prix qui n'interviendront alors que pour les échanges avec l'extérieur (importations et
exportations).

Les seuls prix à utiliser sont donc ceux des trois bruts représentant l'approvisionnement
(ces prix diffèrent selon que la zone est CIF nord ouest Europe ou CIF méditerranée).

L'approche MULTI prévoit la possibilité de transfert des produits d'une zone à


l'autre pour permettre la satisfaction de la demande de toutes les zones. La détermination
des coûts de transport permettant d'assurer ce transfert s'est effectuée en observant
les hypothèses suivantes :
• nous supposons que les tranferts de produits s'effectuent uniquement par voie
maritime : navires de capacité de 25 000 à 30 000 tonnes pour les produits blancs
et 40 000 à 70 000 tonnes pour les produits noirs,
• nous choisissons un port d'attache pour chaque zone : Londres pour la zone
britannique (zone 1), Rotterdam pour la zone allemande (zone 2), Le Havre pour
la France (zone 3), Gênes pour la zone italienne (zone 4) et La Courogne pour la
zone espagnole (zone 5).
Les coûts de transport, calculés sur la base du Worldscale 1991, sont donnés par
le tableau 5.8 ci-dessous.

Tableau 5.8 : Coûts de transferts interzones des produits pétroliers (en $/t)

Produits blancs

Origine / Destination cone 1 cone 2 cone 3 cone 4 cone 5

son« 1 _ 4,42 5,38 8,97 5,53


zone 2 4,42 - 4,76 8,46 5,04
zone 3 5,38 4,76 - 8,70 6,12
zone 4 8,97 8,46 8,70 - 6,12
cone 5 5,53 5,04 6,12 7,21 -

Produits noirs

sone 1 _ 2,23 2,71 7,64 4,71


•one 2 2,23 - 2,40 7,21 4,29
«one 3 2,71 2,40 - 7,41 5,21
cone 4 7,64 7,21 7,41 - 6,76
cone 5 4,71 4,29 5,21 6,76
Г 147

5.4 Le coût d'utilisation des capacités


Les coûts d'appel aux capacités se distinguent selon que la capacité est disponible ou à
construire. Dans le but délibéré de favoriser autant que possible l'utilisation préalable
des capacités disponibles dans les différentes zones avant de faire appel à de nou-
velles capacités, nous n'avons pris en compte, dans le coût d'utilisation des capacités
disponibles, que le coût des catalyseurs et autres produits chimiques nécessaires .

Le coût d'appel aux nouvelles capacités est quant à lui un coût complet, au
sens comptable du terme, puisqu'il inclut aussi bien toutes les charges variables que
les charges fixes (y compris les charges de capital sous forme d'un amortissement
économique).

La méthodologie de la détermination de ce coût (CCAP2) est la suivante :

CCAP2 = CC + F F + FV

Où CC sont charges de capital, FF les frais fixes et FV les frais variables.

Les charges de capital constituent l'amortissement économique4 de l'investisse-


ment I sur une durée de vie de 10 ans et un taux d'actualisation de 12 %.

L'investissement I est déterminé de la manière suivante :

I = (l + I o f ) x l , 1 2 x l , 0 5 x l , 1 0 x l b = (1 + I o f ) x l , 2 9 4 x l b

Où : /„/ est l'investissement pour les installations générales5 et /j est l'investis-


sement en limite des unités6.

Les taux 12 %, 5 % et 10 % utilisés correspondent aux différents postes de


l'investissement : engins divers, redevance et autres, respectivement.

Les calculs de ces coûts pour les différentes unités sont donnés par le tableau
ci-dessous.

4
coTiespondant à une annuité constante.
5
offsites.
6
battery limit.
г 148

Tableau 5.9 : Coûts d'utilisation (en $/tonne de charge) pour les capacités disponibles
(CAP1) et les capacités à installer (CAP2)

Unités CAP1 CAP2 Unités CAPl CAP2

Distillation primaire 0,1 9,6 Isomérisation 1,0 12,1


Distillation sous vide 0,1 6,3 Alkylation 5,5 86,8
Réformage catalytique Dimersol 0,4 19,6
- classique 0,6 15,0 MTBE 0,3 41,2
- régénératif 0,8 21,6 Viscoréduction 0,9 11,3
Craquage catalytique 0,8 29,3 Cokéfaction 0,1 20,1
Hydrocraquage des distillate 1,0 35,6 Hydrodésulfuration 0,2 8,7
RCC 4,8 41,2 Flexicoking 0,2 46,0
Hydroconversion 0,4 46,4

Source : d'après IFP & Hydrocarbon processing.

5.5 Les coûts d'accès au brut


Le coût d'accès au brut diffère selon la position géographique de la zone (CAF Europe
nord-ouest c i CAF Méditerranée). Le coût retenu comprend le prix d'achat FOB plus
le coût de transport, chargement et déchargement obtenus selon le barème Worldscale
de l'année 1991. Les coûts obtenus pour chacun des trois bruts se présentent comme
suit :

Tableau 5.10 : Coûts des bruts dans les différentes zones (en $/tonne)

Bruts zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5

Brent 142,82 142,82 143,88 144,93 144,93

Arabe léger 143,87 143,87 142,82 141,76 141,76

Arabe lourd 114,76 114,76 113,71 112,65 112,65

Avec le bloc marché, nous avons traité deux des trois modules du modèle linéaire,
reste le troisième (le schéma de raffinage) que nous définirons dans le chapitre suivant
qui présentera le modèle linéaire de raffinage.
r п
г г
Chapitre 6

Le modèle linéaire de raffinage

6.1 Le module "schéma de raffinage"


Dans les chapitres précédents nous avons traité deux des trois modules des données du
modèle, en l'occurence les approvisionnements et le module "marché". Le troisième
et dernier concerne le "schéma de raffinage" qui décrit la structure de la raffinerie,
c'est-à-dire le type et la capacité des unités qui la composent.

Les simulations que nous effectuerons sur ce module portent sur le degré de
complexité à introduire dans le raffinage européen. Ainsi :

• pour 1995 et compte tenu des délais, plus ou moins longs, nécessaires à la mise
en place des procédés de conversion profonde et comme à ce jour aucun projet de
ce genre n'a été annoncé, nous nous limiterons à la simulation des extensions de
capacités des unités existantes à l'exception des unités d'alkylation, isomérisation
et dimersol pour la zone espagnole qui n'en possède pas encore et qui pourront
être mises en place si nécessaire.

• pour les horizons 2000 et 2010, par contre, nous simulerons la possibilité d'une
complexité accrue de l'outil pour faire face à la nouvelle structure de la demande.
Nous laisserons donc la liberté au modèle de choisir le type de conversion et la
zone dans laquelle il convient le mieux d'installer les nouvelles capacités.

6.2 Les approches MONO et MULTI


La modélisation des Douze peut être conduite sous deux approches :

• l'approche consistant à représenter l'ensemble des Douze par une seule raffinerie
dont les capacités des unités sont la somme des capacités des unités respectives
de toutes les raffineries des Douze (cf. colonne 8, tableau 3.12). Cette approche
est dite monoraffinage et nous parlerons d'approche MONO, pour simplifier,
г 150

• l'approche consistant à répartir les Douze en cinq raffineries-zones (une raf-


finerie par zone) - nous parlerons de l'approche MULTI - dont les capacités des
différentes unités sont la somme des capacités des unités respectives des raffine-
ries de la zone considérée (cf. colonnes 3 à 7 du tableau 3.12). On remarquera
qu'on n'agrège pas les pays gros raffineurs puisqu'ils appartiennent à des zones
différentes. Il n'existe pas d'à priori sur la satisfaction d'une demande par une
zone particulière, l'objectif étant la recherche de la rationalité économique
au niveau du marché commun effectif depuis janvier 1993.

6.3 Formulation mathématique d'un programme li-


néaire général
Considérons le cas d'une entreprise fabriquant n produits j à partir de m facteurs i.
La quantité disponible en facteur i est a,o. La technologie de fabrication utilisée par
l'entreprise est caractérisée par la matrice A(m x n) des coefficients techniques a^,
c'est-à-dire la quantité du bien intermédiaire i nécessitée par la production d'une unité
du produit final j .

Le problème qui se pose à l'entreprise est celui d'une utilisation optimale de ses
ressources (facteurs de production) dans le cadre de la réalisation de son programme
de production ; autrement dit, il s'agit de trouver le programme de production qui
optimise l'objectif de l'entreprise, qui peut être :
• une minimisation des coûts de revient de la production. Dans ce cas on se donne
un vecteur-ligne С de composantes (ci,C2,- • • ,Cj,- • • ,c n ) des coûts de revient
unitaire des produits j fabriqués ;
• une maximisation d'un revenu (profit, chiffre d'affaires) ; le vecteur С désignant
alors des revenus unitaires procurés par la vente des produits j fabriqués.
L'ensemble des données précédentes peut être regroupé dans le tableau suivant :
Facteur Quantité ai, du bien t nécessaire Disponibilité
i à la production d'une unité du bien final : en facteur «

1 2 3 n a,o

1 au '11 au "In "10


2 an ajj °20

-, -;, ai, a.„ »•0

m •.. a™, amj Omn am0

Coût ou Revenu
unitaire С et c, Cn
Г 151

La recherche d'un tel programme optimal passe par :


1. la formulation mathématique du problème sous forme d'un programme linéaire ;
2. sa résolution enfin par la méthode appropriée.
La formulation mathématique du problème sous forme d'un programme linéaire s'effectue
en étapes suivantes :
• Etape 1 : définition des variables (inconnues) Xj du problème. Pour le cas présenté
ci-dessus, les inconnues du problème sont les quantités (ou volumes) Xj à fabri-
quer pour les я produits ;
• Etape 2 : expression de la fonction-objectif ( fonction économique) du problème.
L'entreprise considérée, ayant pour objectif de maximiser, par exemple, ses revenus
résultant de la production, sa fonction économique Z s'écrit :

Max (Z) — ci xi + c2 x2 4 \- CjXj + h cnxn (6-1)


ou, de manière équivalente :

(6-1')

ou, sous forme matricielle :

Max (Z) = CX (6 - 1")

où, С et X sont respectivement les vecteurs-ligne des revenus unitaires et vecteur-


colonne des inconnues du problème.

La fonction économique, étant la somme des produits d'un revenu (ou coût) uni-
taire par une quantité (ou volume), s'exprime donc en unités monétaires choisies.
Etape 3 : expression des contraintes techniques. La production de l'entreprise
étant contrainte pratiquement par des disponibilités limitées en facteurs de pro-
duction (heures machines, main d'œuvre, matières premières, etc.), il s'agit de
traduire mathématiquement le fait que la quantité totale d'un bien intermédiaire
i requise pour réaliser les productions Xj des n biens j ne doit pas dépasser (donc
inférieure ou égale à) sa disponibilité а^0, ce qui s'écrit par :

2-1 \-OijXj-\ \-ainxn < o,o i = l,2,---,n (6-2)

ou, sous forme équivalente :

(6-2')
Г 152
Г
ou, sous forme matricielle :

AX < Ao (6-2")

où A est la matrice (m x n) des coefficients techniques a^ et AQ le vecteur-colonne


des disponibilités a;o des m facteurs de production. Le produit AX exprime la
quantité de chacun des m facteurs i requise par les productions Xj des n biens j ;

• Etape 4 : enfin, les variables ou inconnues du problème expriment des grandeurs


économiques (des quantités ou volumes) et de ce fait elles ne doivent pas être
négatives, ce qui s'écrit par la contrainte dite de non négativité des variables :

Xj>0 j - l,2,---,n (6-3)

L'ensemble formé par les expressions (6-1) à (6-3) forme ce qu'on appelle un
programme linéaire qu'on peut exprimer sous les trois formes :

1. en regroupant les relations (2-1), (2-2) et (2-3) on peut écrire :

Max (Z) = ci X\ + c2x2 + \- CjXj + \- cn xn

Tel que :

+ \Xj + • •• + a l n xn < ПЦ
X
2 ;Xj + • • • + a2n xn < a2i

Xj + ••• + ain xn < aie

Oral Xi + am2 x2 + + amj Xj + ••• + a m n xn < am0

2 . d e l a m ê m e m a n i è r e e n r e g r o u p a n t les r e l a t i o n s (6 — l ' ) à (6 — 3 ) , o n o b t i e n t

3=1

tel que :

J a
«ï хз <°io i = 1,2, • • •, m

3. enfin, sous forme matricielle (relations (6 — l") à (6 — 3")) :


Г 153

Max {Z) = CX
tel que
АХ <A0 X >0
ou : 7 ' * -
«If

Û21 «22

a
Ûra2 ' "' mj " "' Q-mn I

,Cn)

Va m 0 /
Un autre problème-type est celui d'une entreprise qui doit réaliser son pro-
gramme de production au moindre coût (donc la fonction-objectif est la minimisation
d'is coûts de revient de la production) tout en répondant à la demande exprimée pour
les différents produits.

Considérons le cas d'une raffinerie qui traite n bruts j pour satisfaire des de-
mandes a,<! des m produits pétroliers г. La mise en œuvre d'une unité d'un brut j
revient à Cj. Il s'agit de formuler mathématiquement un tel problème.
1. les inconnues Xj sont les quantités à traiter de chaque type de brut j .
2. la fonction économique, le coût total à minimiser s'écrit :

Min (Z) = ci xi + c2x2 + • • • + CjXj + • • • + cnxn

3. les coefficients a,y expriment ici les rendements du brut j en produit fini г. Les
contraintes techniques expriment le fait que la quantité totale à fabriquer en
produit г doit être au moine égale à (donc supérieure ou égale à) la demande a^o
de ce produit :

an Xi + ai2 x2 H 1- + ainx„> ai0 i = 1,2, ,n


г 154
Г
4. enfin, les contraintes de non négativité des variables

Le programme linéaire d'un tel problème s'écrit donc :

Min (Z) = Ci Xi + C2 «2 + • • • + Cj Xj + h CnXn

Tel que :
+ 012*2 + + + ainxn >
+ 0-22 £2 + 0-2}

atl i„ xn

> ai0

Xj<0

On pourrait aussi écrire ce programme linéaire sous formes condensée ou ma-


tricielle, comme on l'a fait pour le premier cas-type ; il suffit de remplacer dans chacune
des deux formes précédentes le sens des inégalités (<) par (>) et la recherche d'un
minimum au lieu d'un maximum (Min (Z) au lieu de Max (Z)).

6.4 Formulation du programme linéaire de raffi-


nage
La formulation mathématique du programme linéaire de raffinage s'inspire de la for-
mulation générale exposée dans le paragraphe précédent. Ainsi :
1. les variables du programme sont les niveaux d'activités, c'est-à-dire les capacités
nécessaires. Ces capacités sont en fait la somme de deux variables : le niveau
CAP1 des capacités, disponibles au 01-01-1992, à utiliser et CAP2 qui exprime
les besoins en capacités nouvelles à installer pour permettre la satisfaction de la
demande.
2. les contraintes techniques du problème prennent une signification pratique. Ainsi,
nous distinguons :
• les contraintes de capacités qui expriment que le total des bruts traités ne
doit pas dépasser la capacité totale (disponible et à installer), c'est-à-dire
une contrainte de type <,
• les contraintes de bilan des produits finis qui sont des identités comptables :
Production + Importation - Exportation = Demande,
г 155
Г
• les contraintes de qualités des produits qui expriment que la qualité (la quan-
tité de soufre, par exemple, contenue dans les composants du mélange) ne
doit pas excéder (pour une teneur maximale), ou ne doit pas être inférieure
à la spécification retenue (pour une limite inférieure).
• bilan des utilités de la raffinerie qui exprime que le total des utilités utilisées
(électricité, fioul, fuel-gas, etc.) est égale aux besoins de la raffinerie, en
équivalence pouvoir calorifique.
3. la fonction-objectif est dans ce cas le coût total de la satisfaction de la demande
des produits pétroliers des Douze, c'est-à-dire la somme des coûts des bruts, de
traitement, des importations s'il y a lieu, de transferts interzones des produits
(pour le modèle MTJLTI, seulement) et des utilités, diminuée de la valeur des
exportations.
Compte tenu de la taille de ces programmes (nombres de lignes et de colonnes
supérieurs à 300 pour un modèle MONO et à 1000 pour un modèle MULTI), l'écriture
de la matrice ne peut se faire manuellement, on a recours alors aux générateurs de
matrices.

6.5 Les générateurs de matrice


6.5.1 Présentation
L'objet des générateurs de matrices, comme Seux nom J'indique, est de générer, à partir
d'un fichier de àonnêes, îa matrice d'un programme linéaire, sous un format utilisable
par le code d'optimisation disponible.

Ces générateurs sont des programmes écrits dans un langage de programmation


(le Fortran 77 pour les anciens) qui permettent de générer la matrice sur la base d'un
fichier de données standard. Le format de la matrice en question est généralement
le format standard d'IBM appelé Mathematical Programming System (MPS) dont un
exemple est donné en annexe D.

6.5.2 Structure générale du fichier de données


Le générateur de matrices du modèle énergétique (GEMME, en abrégé) a été développé,
en 1970, à l'Institut français du pétrole pour permettre la modélisation du secteur
énergétique fr ancras.

Le fichier de données comprend en première ligne le nom du problème traité, le


nom de la demande, l'option de test des données et le code MULT (pour l'approche
MULTI raffineries ou périodes). D est subdivisé en blocs suivants : approvision-
nement, spécifications, marché, utilités et modules unités (un module par unité) pour
la définition de la capacité, des charges, des utilités, des destinations et des qualités
156

des effluents de l'unité.

Dans le bloc approvisionnement sont définis les bruts utilisés, la proportion de


l'approvisionnement ou la quantité à utiliser ou ne pas dépasser, ainsi que les coûts
correspondants.

Le bloc "spécifications" consiste à définir les types de spécifications à retenir


pour les effluents et les produits (densité, indices d'octanes divers, teneur en soufre,
point de congélation, viscosité, etc.) (cf. tableau 5.1).

Le bloc marché définit la nomenclature des produits retenus, les valorisations


éventuelles 'import et export) et les qualités requises. Les produits se distinguent en
PURS et autres. Sont considérés comme produits PURS, les produits qui ont une seule
affectation à la sortie de l'unité de production correspondante.

Le bloc "utilités" définit l'équivalence à tonne de fioul (ou autre produit retenu
comme référence) en fonction du pouvoir calorifique de l'utilité considérée.

Le format du fichier de données est spécifique à chaque générateur. Le fichier


est en fait un ensemble de cartes 1 dont l'utilisation est régie par les règles définies par
le générateur en question.

Pour le cas de GEMME (Babusiaux D., Valais M. к Pennegues G. (1986) et


Khebri S. (1989)), la règle générale est que le nom de la carte est composé de quatre
caractères (exemple BRUT, COUT, CAPA, CHAR, etc.) écrit de la colonne 11 à la
colonne 14 de la ligne qui porte ainsi le nom de la carte.

La carte peut se composer seulement du nom (exemple carte CAPA) ou inclure


d'autres informations (la carte BRUT, par exemple, fait appel au code du brut en
colonnes 16-17, le nom du brut, la proportion dans l'approvisionnement, etc.)

Le fichier décrit plus haut correspond à celui de l'approche MONO.

6.5.3 Les fichiers de l'approche MULTI


L'approche MULTI utilise deux fichiers de données :

• un premier contenant les données relatives aux cinq raffinerie-zones (le fichier
de chaque raffinerie-zone correspond au fichier MONO décrit plus haut) placés
l'un après l'autre, la première ligne de chaque zone permettant d'indiquer au
générateur le changement de la zone.

*Par référence aux cartes perforées utilisées dans les années soixante-dix pour la saisie des données
sur ordinateurs. Une carte correspond à une ligne du fichier.
157

• le deuxième fichier, propre à l'approche MULTI dont il porte le nom, décrit les
demandes adressées à chacune des raffineries-zones (demandes spécifiques), les
demandes des dépôts et les coûts de transport de chaque raffinerie à chacun des
dépôts, pour tous les produits.

Pour permettre une optimisation gobale, nous avons supposé les demandes des
zones s'exprimant par l'intermédiaire des cinq dépôts (un dépôt par zone) et de
ce fait les demandes spécifiques des raffineries-zones sont nulles. Comme les coûts
de transport d'une raffinerie-zone vers son dépôt sont nuls, le modèle cherchera
à satisfaire la demande concernée par la production de la zone correspondante et
à combler le déficit à partir de la zone la moins chère possible.

6.5.4 Le format MPS


Le(s) fichier(s) des données sont traités par le code GEMME qui fournit ainsi une
matrice sous format MPS, laquelle pourra être optimisée par le code d'optimisation
disponible.

Le format MPS a pour particularité de ne conserver que les éléments non nuls
de la matrice, ceci pour réduire le temps de traitement et l'espace mémoire et disque
nécessaire au stockage des calculs intermédiaires et finals.

Le format de la matrice est indiqué en annexe D3. Le fichier est divisé en trois
parties :

• la première pour la liste des sens et noms des contraintes. On utilise la codification
suivante pour les sens des contraintes : L pour "inférieur ou égal", E pour "égal"
et G pour "supérieur ou égal".

• la deuxième pour l'introduction des noms des variables et des coefficients non
nuls qui leurs sont attachés,

• la troisième enfin, pour l'introduction des seconds membres (Right Hand Side).
La fin du fichier est signalé par "ENDATA".

6.6 L'optimisation de la matrice


L'optimisation de la matrice se fait grâce aux codes d'optimisation de la programma-
tion linéaire qui utilisent la méthode du simplexe2.

2
On trouvera dans l'annexe Б une synthèse des rappels théoriques de la programmation linéaire : de
l'algorithme de Gauss, considéré comme à la base de la méthode du simplexe, aux dernières méthodes
dites du point intérieur.
г 158

Nous utiliserons le code Linear And Mathematical "Programming System (LAMPS)


d'IBM.

Les fichiers résultats des codes d'optimisation (LAMPS ou autres) sont stan-
dards et ne répondent pas à l'attente du raffineur qui fait appel alors aux codes de
génération de rapports.

6.7 Les générateurs de rapports


L'objet de ces générateurs est d'améliorer la présentation des résultats fournis par les
codes d'optimisation. Ils génèrent de véritables rapports, d'où leur nom, rapidement
exploitables par l'analyste.

Ainsi, on y trouvera une présentation des capacités des unités, des bilans de
production par unité, des bilans par produit, les coûts marginaux des produits et de
leurs qualités, etc.

Le générateur de rapports PIERRE 3 a été développé à l'IFP dans ce sens.

6.8 Application du modèle linéaire à la résolution


du problème posé
L'utilisation du modèle linéaire nécessite son calage préalable. Cette opération con-
siste à "régler" des différents paramètres (rendements des différentes unités) sur la base
des données utilisées. Un modèle est dit calé s'il permet de reproduire les productions
réelles des raffineries de la zone pour l'année considérée.

Avant d'adopter définitivement les données des blocs correspondant aux différentes
zones dans le fichier-texte - particulièrement les rendements des différentes unités -, il
est nécessaire de recourir à des simulations pour caler les modèles MONO des différentes
zones.

Le calage, opération longue et fastidiueuse, consiste à varier les rendements des


différentes unités jusqu'à leur calage, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'on obtienne des pro-
ductions simulées proches des productions réelles des zones pour l'année 1991, comme
le montre le tableau 6.1 ci-dessous.

3
Piogiamme Informatique d'Edition de Rapports REsumés.
г 159
//fco
Tableau 6.1 : Calage du modèle : Écart (en %) entre la production simulée et la
production réelle de chacune des cinq zones.

Zones / produits GPL Naphta Essences Distillats Fioul et Total


№ autres

1 Britannique + 3,0 + 1,3 -1,5 0 + 1,2 -0,1


2 Allemande + 1,6 + 1,9 -0,4 -1,6 + 3,1 + 0,1
3 Française + 3,6 -0,2 0 -0,1 -1,1 -0,1
4 Italienne + 1Д + 7,2 -2,1 -2,8 + 2,5 - 0,8
5 Espagnole + 1,5 + 0,6 + 2,3 + 1,9 -1Д + 0,3

Les écarts observés sur ce tableau sont suffisamment faibles pour que le modèle
soit considéré comme représentatif et utilisable pour la suite du travail.

Maintenant que le modèle est calé, nous pourrons passer aux applications pro-
prement dites, c'est-à-dire la détermination des capacités optimales des différentes
unités de raffinage pour chacune des cinq zones, en fonction des différentes hypothèses
liées aux paramètres du modèles pour les horizons 1995 (chapitre 7), 2000 (chapitre 8)
et 2010 (chapitre 9).

•••^Si-

Quelles capacités et structures de


raffinage pour les Douze en 1995 ?

Compte tenu du nombre élevé de paramètres du modèle, nous effectuerons les simula-
tions en donnant à celui-ci une liberté croissante par l'importation des produits
qui présenteraient des coûts marginaux très élevés par rapport aux prix observés sur
le marché.

Nous travaillerons essentiellement sur le scénario de demande de base (scénario A)


en considérant deux hypothèses de structure de la demande des essences, en fonction
de la sévérité en octane : haute et basse (cf. chapitre 5). Ceci ne constitute nullement
une contrainte dans la mesure où nous simulerons par la suite l'impact d'une variation
du niveau de la demande (du scénario le plus faible au scénario le plus élevé).

La première simulation à effectuer porte sur le test de l'hypothèse de la


représentation d'une structure de l'approvisionnement en bruts fixes en pro-
portions pour l'approche MULTI, structure déterminée dans le chapitre 4.

7.1 Test de l'hypothèse de réduction des appro-


visionnements
La représentation des approvisionnements d'une zone par un panier de trois brut?
dans des proportions déterminées (cf. chapitre 4), valable pour une approche MONO
(Khebri S. (1991), Bond J.P, Mayorga-Alba E. & Offant P. (1977)), nécessite un test
préalable pour déterminer son impact sur les résultats, autrement dit sa validité.

7.1.1 Simulation 1
Cette simulation est caractérisée par les hypothèses suivantes :
- approvisionnement fixe en proportions (pour les bruts) pour chacune des cinq zones,
- teneurs en soufre du gazole et du fioul domestique maintenues à leurs niveaux actuels,
г aucun échange avec l'extérieur.
162

L'analyse des résulats montre (cf. tableau 7.1) que :

1. les ratios capacités nécessaires/capacités disponibles varient considérable-


ment d'une zone à l'autre. C'est ainsi que pour :

• une sévérité d'octane basse, les taux d'utilisation des capacités des zones se
présentent comme suit : 0 % pour la zone 5, 44 % pour la zone 3, 53 % pour
la zone 4, 65 % pour la zone 2 et . . . 414 % pour la zone 1.

Pour le total des Douze un besoin de 293,2 Mt, soit 49 % de la capacité de


distillation disponible, est enregistré alors que les capacités disponibles ne
sont utilisées qu'à 56 %.
• l'augmentation de la sévérité de l'octane détériore le taux d'utilisation des
capacités de la zone 2 (- 11 points) au profit de la zone 3 (+ 4 points) et
de la zone 1 (+ 22 points), ce qui porte le besoin à 313,5 Mt, soit 53 %
de l'outil disponible. Les taux d'utilisation des deux autres zones restent
inchangés.

Tableau 7.1 : Ratios capacités nécessaires/capacités disponibles (en %) dans


l'hypothèse d'un approvisionnement en bruts fixe en proportions (simulation 1)

Unités zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5 TOTAL

Distillation
- primaire 414-436 65-54 44-58 53 0 55-56
- sous vide 87-90 37-34 22-48 70 0 39-42
Réformage catalytique
- classique 478-504 72-71 48-64 61 0 65-63
- régénératif 100 0 - 3 0 18
Craquage cntalytique 100 83-73 28-58 53 0 61-65
Hydrocraqu.age 100 0 0 7 0 22
RCC 1995-2226 1995-2226
Viscoréduction 2591-2632 141-107 109-100 100 0 87
Hydrodésulfuration 82-73 42-36 36-63 40 0 44

Remarque : Des ratios élevés correspondent à des capacités disponibles faibles (3,2 Mt
pour le RCC et 2,8 Mt pour la viscoréduction).
1
163

2. la structure géographique de la production fait ressortir (cf. figure 7.1) la


très forte concentration de la production, puisque la zone 1 à elle seule produit
63 à 65 % du total des Douze, alors que sa demande ne représente guère que
18 %. Ceci donne une idée sur les flux des produits qui relient donc la zone 1
(centre principal de production) aux autres zones. Les taux de couverture de la
demande par la production locale sont relativement faibles pour les quatre autres
zones comme le montre le tableau 7.2.

Tableau 7.2 : Taux de couverture de la demande par la production locale en fonction


de la sévérité de l'octane (en %)

Hypothèse d'octane zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5

Basse 54 38 57 0
о
1—1
Haute о 44 50 57 0
I—1
о
о

Figure 7.1 : Structure géographique de la production - cas de la simulation 1.


100%-,

75%-

50%-

25%-

Basse sévérité Haute sévérité Demande


Production
H zone britannique ЕЕ zone allemande Czone française G zone italienne Dzone espagnole
1
164

Pourquoi le modèle "préfère"-t-il faire appel à de nouvelles capacités (qui coûtent


donc plus cher) dans la zone 1 alors que des capacités sont disponibles dans les autres
zones ? Qu'est-ce qui distingue la zone britannique des autres, particulièrement la zone
espagnole dont le taux d'utilisation des capacités est nul ?

La différence tient à deux éléments :


• d'abord à la structure de l'approvisionnement : pour la zone britannique les deux
tiers sont constitués par le Brent, brut léger et 16 % par un brut moyen (l'Arabe
léger), en plus du fait que le différentiel de prix est favorable au Brent (le brut
local).
• la performance de l'outil, ensuite, pour laquelle la zone britannique présente le
taux de conversion le plus élevé des Douze (cf. tableau 3.12) et la zone espagnole,
le taux le plus faible.
Pour confirmer l'impact d'un approvisionnement différencié des zones sur les
résultats effectuons la même simulation en libérant les approvisionnements
des zones : c'est l'objet de la simulât'on 2.
1
Г 165
Г
7.1.2 Simulation 2
Les hypothèses de la simulation sont donc :

- approvisionnement fixe en proportions (pour les bruts) pour chacune des cinq
zones,
- teneurs en soufre du gazole et du fioul domestique maintenues à leurs niveaux actuels,
- aucun échange avec l'extérieur.

L'analyse des résultats montre (cf. figure 7.2) que l'effet est immédiat : toutes
les zones voient leurs capacités utilisées : 22 % pour la zone espagnole (contre zéro
précédemment), 100 % pour la zone italienne (contre 53 %), 87 % pour la zone alle-
mande (contre 54 %), 92 % pour la zone française (contre 58 %) et 239 % pour la zone
britannique (contre 436 % prédédemment).

Au total, les capacités existantes sont utilisées à 84 % (contre 68 %) et un besoin


de 22 % (contre 53 %) est dû à une localisation non optimale des capacités existantes.

Figure 7.2 : Impact de l'approvisionnement sur les ratios capacités nécessaires/capa-


cités disponibles pour les différentes zones.

Figure 7 Л Hwrtt («v*tW «ГосЬк*

%
%
SOOr
SOOr

400
400

300
300

200 200

100 100

Appro. №• Appro, libra Appro. Их* Appro, libra

О ш и britannlqu* Н ш м iHwwnd» П ю м brttonnlqiM B Z O M tftomand*


Б хот (rançaiM Нюп» IMtaniM Б » M françaiw Q жом ПаНотм
Ozon* Mpagnoto
Г Г
Щи

166

L'analyse de la structure d'approvisionnement optimale (résultant de la solution


optimale) montre (cf. tableau 7.2) en effet une espèce de spécialisation des zones en
fonction de la performance de leur outil et de la structure de leurs marchés.

Tableau 7.3 : Structure optimale (en %) de l'approvisionnement en brut

Bruts / zones Britannique Allemande Française Italienne Espagnole

Brent 100 0 95,8 0 0


Arabe léger 0 0 0 0 0
Arabe lourd 0 100 4,2 100 100

Ainsi, la zone britannique (Europe du Nord) n'utilisera que du Brent, la zone


française (95,8 % pour le Brent et 4,2 % pour l'Arabe lourd), la zone allemande, bien
que faisant partie de l'Europe du Nord, utilisera à 100 % de l'Arabe lourd, ce qui est
tout à fait explicable, cette zone dispose des deux unités de conversion profonde de
toute l'Europe. Enfin, les deux zones du sud n'utiliseront que de l'Arabe lourd du fait
de la forte proportion des coupes lourdes dans la structure de leurs marchés.

En conséquence, l'hypothèse de réduction des approvisionnements va-


lable pour un modèle MONO, ne Test plus pour une optimisation MULTI.
Tout optimum étant relatif aux contraintes imposées, dans une optimisation MULTI,
le modèle cherchera une espèce de spécialisation des zones en fonction de la structure
de leurs marchés et surtout de la performance de l'outil disponible à fabriquer tel ou
tel produit. De ce fait, en voulant contraindre à tout prix l'approvisionnement dans
une optimisation MULTI, on "handicape" fortement le modèle (le surcoût engendré
est de 8,5 %) et les résultats correspondants ne seront que biaises.

Ce problème étant résolu, nous simulerons maintenant la possibiHté d'accorder


au modèle une plus grande liberté par l'importation de certains produits ou en lui im-
posant plus de contraintes pour tester une plus grande sévérité sur la teneur en soufre
du gazole, par exemple. Le choix des produits dont l'importation sera autorisée se fera
sur la base de leur coût marginal.

Précisons au préalable les concepts de coût marginal de court terme et coût


marginal de long terme. C'est l'objet du paragraphe suivant.
г 7.2
167

Coût marginal de courte période et coût marginal


de longue période
Le coût marginal de courte période ou coût marginal à capacité inchangée,
est le coût supporté pour fabriquer une unité supplémentaire d'un produit dans la
limite de la capacité de production existante. Il correspond donc à la partie variable
du coût de revient du produit.

Lorsque la mise en œuvre d'une unité supplémentaire d'un produit ne peut se


réaliser avec la capacité disponible et nécessite, par conséquent, son extension, le coût
marginal correspondant est appelée coût marginal de longue période ou coût
marginal de développement. En plus de la partie variable du coût de revient du
produit (le coût marginal de courte période), il comprend l'amortissement économique
de l'investissement nécessaire à la mise en place de l'extension de la capacité.

Sur le court terme, la décision de produire (à des fins de consommation et


d'exportation ) ou d'importer un produit est subordonnée à la comparaison du coût
marginal du produit et ses prix spot FOB (pour la détermination du seuil d'exportation)
et spot CIF (pour l'importation) comme le montre la figure 7.3 ci-dessous.

Figure 7.3 : Coût marginal de court terme et décisions de production, exporta-


tion et importation d'un produit.

tout
'marginal

Q, Q.
г 168

Cette figure fait ressortir cinq régions :

• les régions A et E se caractérbent par un coût marginal de production supérieur


au prix de l'importation (prix CIF), de ce fait la production n'est plus rentable
et sera remplacée par l'importation. Donc en-deçà de Qi et au-delà de Q4 la
production est nulle pour des raisons symétriques :

— pour la région A la quantité demandée est si faible que sa production n'est


pas encore rentable,
— pour la région E, la quantité est tellement importante que la structure de
production disponible devient inadaptée. Il faudra donc, soit procéder à
l'extension de la capacité de production ce qui nous fait passer au coût
marginal de long terme (plus élevé que celui du court terme) ou importer.

Pour un modèle autorisant l'importation le coût marginal, de ces deux


régions est confondu avec le prix à l'importation (prix CIF).

• pour les régions В et D le coût marginal est inférieur au prix à l'importation


mais supérieur au prix FOB, ce qui rend la production non compétitive pour
l'exportation,

• la région С enfin se caractérise par un coût marginal très compétitif. Elle


définit le potentiel d'exportation. Le coût marginal pour un modèle autorisant
l'exportation se confondra avec le prix FOB.

Finalement la courbe du coût marginal des produits pour un modèle de produc-


tion avec export-import aura la forme donnée par la figure 7.3 (ligne en gras), c'est-
à-dire que les limites de variation sont le prix FOB (exportation) et CIF (importation).

Lorsque le modèle ne comporte pas d'option exportation, le coût marginal du


produit variera dans la limite zéro-Prix CIF.

7.3 Une indépendance des Douze pour les produits


pétroliers est-elle possible ?
La première question qui vient à l'esprit lorsqu'on simule les besoins en capacités de
raffinage pour satisfaire la demande de produits pétroliers des Douze est la suivan-
te : l'indépendance des Douze pour les produits pétroliers peut-elle être envisagée
économiquement ?

La réponse à la question passe par l'analyse de la solution de la simulation précédente


qui a été effectuée dans ce sens. Les capacités ainsi déterminées sont donc celles qui
permettent d'assurer l'autonomie des Douze pour la satisfaction de la demande de tous
г 169
Г
les produits pétroliers, puisque aucun échange avec l'extérieur n'a été retenu.

L'analyse des coûts marginaux de la solution optimale (cf. tableau 7.4) montre
que certains produits ont des coûts marginaux très élevés (le MTBE présente un coût
marginal compris entre 1020 et 1157 $/t, ce qui correspond à 3,4-3,9 fois le prix observé
sur le marché).

Tableau 7.4 : Coûts marginaux des produits dans l'hypothèse d'une autonomie totale
des Douze (en $/t)- Basse sévérité d'octane (simulation 2)

Prix Spot Coûts marginaux


moyens

(1991) zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5

MTBE 300 1021 1061 1040 1093 1157


Naphta 204 766 770 771 763 771
Super 98 SP 234 335 339 338 344 340
Super 95 SP 234 189 193 189 197 194
Super 98 plombé 254 138 143 144 147 144
Kérosène 214 127 132 127 136 133
Gazole 194 125 130 125 134 131
Fioul domestique 189 125 129 130 133 130
Fioul lourd BTS 98 119 121 119 123 122
Fioul lourd HTS 74 95 93 95 88 95

Même si les coûts marginaux considérés sont des coûts marginaux de long terme,
donc il est normal qu'ils soient supérieurs aux coûts marginaux de court terme, l'écart
est disproportionné, ce qui signifie que les Douze sont en état de sous-investissement
en matière d'équipements de production des essences sans plomb (unités de MTBE
particulièrement) par rapport aux projections de consommation de l'année 1995. Il
n'est donc pas possible (pour des raisons économiques) d'envisager une indépendance
en matière d'importation de MTBE. Cette autonomie nécessiterait la construction
d'une capacité de 1093 à 1216 milliers de tonnes/an, soit un peu plus de l'équivalent
des capacités disponibles au premier janvier 1992.

Pour évaluer le surcoût relatif à ce sous-équipement, simulons l'hypothèse d'une


importation libre de MTBE.
i 170
Г
7.4 Simulation 3 : importation libre du MTBE
Les hypothèses retenues sont les suivantes :
- approvisionnement en bruts libre,
- teneur en soufre du gazole et fioul domestique à leurs niveaux actuels,
- importation libre du MTBE.

Les taux d'utilisation des capacités s'améliorent nettement, puisque la zone es-
pagnole voit son taux d'utilisation passer à 55 % (contre 22 % précédemment) avec la
saturation des unités FCC, hydrocraquage des distillats, viscoréduction, cokéfaction et
hydrodésulfuration.

Les capacités de la zone française sont utilisées à 92 % (inchangées), 100 % pour


la zone allemande (contre 87 % précédemment), 118 % pour la zone italienne (contre
100) et 156 % (contre 239) pour la zone britannique. Le coût total est réduit de 2,5 %.

Le coût total est réduit de 3731 M$, soit 4>3 % malgré une importation totale
de 6,53 Mt et la construction d'une capacité additionnelle de 1 Mt/an (- 18 %).

L'analyse des coûts marginaux (cf. tableau 7.5 ci-après) montre que :
• l'importation du MTBE permet de réduire les coûts marginaux des essences,

• le naphta présente toujours un coût marginal très élevé (8S3 à 902 $/t selon
la zone), ce qui signifie également que les Douze ne peuvent pas couvrir
totalement leurs besoins par la production locale, ia tonne marginale de
ce produit coûtant plus de quatre fois le prix spot moyen de l'année 1931, année
durant laquelle les importations ont représenté 43 % de la consommation.

Tableau 7.5 : Coûts marginaux des produits dans l'hypothèse d'une importation libre
pour le MTBE (en $/t)- Basse sévérité d'octane

Produits / zone; Britannique Allemande Française Italienne Espagnole

Naphta 896 901 902 893 900


MTBE 300 300 300 300 300
Super 08 SP 189 194 194 197 195
Super 05 SP 164 168 169 172 168
Super 08 plombé 153 154 158 162 159
Kérosène 133 137 132 141 138
Gniole 130 135 130 137 136
Fioul domotique 130 134 136 136 135
Fioul lourd BTS 117 118 120 125 122
Fioul lourd HTS 95 95 94 87 94
171

7.5 Simulation 4 : importation libre de MTBE et


naphta
Pour chiffrer le surcoût attaché à la contrainte d'autosuffisance du naphta, nous repren-
drons les hypothèses du cas précédent avec, en plus, une liberté d'importation pour
le naphta. Nous simulerons les deux sévérités d'octane pour la demande des essences
automobile : basse et haute.

7.5.1 Simulation 4A : Basse sévérité d'octane


7.5.1.1 Les hypothèses
Les hypothèses retenues sont donc les suivantes :
- approvisionnement en bruts libre,
- teneur en soufre du gazole et fioul domestique à leurs niveaux actuels,
- importation libre pour le MTBE et le naphta,
- basse sévérité en octane de la demande d'essences.

7.5.1.2 Les capacités


La satisfaction de la demande de produits pétroliers de l'année 1995 nécessite la mise
en place des nouvelles capacités suivantes (cf. tableau 7.6) :
• 68 Mt de distillation primaire, soit 11 % de la capacité totale actuelle. Cette
capacité sera localisée dans la zone britannique. Ce besoin intervient alors que
les capacités de la zone espagnole ne sont utilisées qu'à 58 %. La raison de cette
sous-utilisation est que la capacité de la distillation primaire de cette zone n'est
pas en adéquation avec celles des unités avales (distillation sous vide, FCC, hy-
drocraquage, viscoréduction, cokéfaction et hydrodésulfuration) qui sont toutes
saturées. Ainsi, le traitement d'une tonne supplémentaire à ce niveau nécessite
l'accroissement préalable des capacités des unités aval, ce qui, au niveau de
l'ensemble des Douze, coûte cher.
Il est clair, que les capacités de raffinage disponibles actuellement n'ont pas été
construites dans une optique d'une rationalité économique européenne, mais pour
assurer d'abord une certaine indépendance du pays en matière d'approvision-
nement du marché local en produits pétroliers. Cette assertion valable pour tous
les pays l'est davantage pour la zone espagnole où le secteur pétrolier est encore
sous monopole d'Etat, en ce qui concerne aussi bien le raffinage que la distribu-
tion. L'opération de privatisation qui vient de s'engager ne sera effective qu'au
bout de quelques années.
172

Tableau 7.6 : Ratios capacités nécessaires/capacités disponibles (en %) dans


l'hypothèse d'une importation libre du MTBE et naptha - Basse sévérité d'octane
(simulation 4A)

Unités zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5 TOTAL

Distillation
- primaire 173 100 100 100 58 111
- sous vide 137 96 95 119 100 110
Réformage catalytique
- classique 212 100 110 90 53 126
- régénératif 46 10 - 34 21 20
Craquage catalytique 165 116 100 100 100 119
Hydrocraquage 100 100 162 100 100 103
RCC 100 100
Viscoréduction 660 153 187 214 141 197
Cokéfaction 0 0 176 100 115
Hydroconversion du RSV 3260 3260
Hydrodésulfuration 100 110 106 210 106 122
ï Г 173

Les chiffres précédents montrent que la recherche d'une rationalité écono-


Г
mique européenne aura pour conséquence une relocalisation des ca-
pacités, particulièrement celles qui sont à installer. La zone la plus touchée est
bien évidemment la zone espagnole.
• 24,4 Mt de distillation sous vide sont nécessaires. Cette nouvelle capacité sera
localisée pour 62 % dans la zone britannique et pour 38 % dans la zone italienne,
• 15,8 Mt de réformage catalytique sont nécessaires : 93 % pour la zone britan-
nique et 7 % pour la zone française. Ce besoin intervient alors que les capacités
disponibles ne sont pas totalement utilisées (53 % pour la zone espagnole et 90 %
pour la zone italienne),
• 17,1 Mt de craquage catalytique (+ 65 % pour la zone britannique et + 16 %
pour la zone allemande). Toutes les capacités disponibles sont saturées, d'où un
besoin global de 19 %,
• les capacités d'hydrocraquage des distillats sont à accroître de 3 % globalement.
C'est la zone française qui devra faire l'effort le plus important pour porter ses
capacités de 750 Kt à 1,2 Mt, soit +62%,
• les capacités d'alkylation sont mal localisées. La zone française devra augmenter
ses capacités de 43 % et la zone espagnole devra construire une capacité de 245
Kt (contre zéro de disponible actuellement).
• pour le MTBE, nous retrouvons notre affirmation précédente concernant le sous-
investissement dans ce type d'unités. Ainsi, toutes les zones (à l'exception de
la zone espagnole) devront augmenter leurs capacités : + 334 % pour la zone
britannique, + 50 % pour la zone allemande, + 148 % pour la zone française et
+ 73 % pour la zone italienne. Au total, ce sont 890 Kt ( 87 % de la capacité
disponible) qui sont à construire.
• la viscoréduction est également en déficit, puisque toutes les zones devront ac-
croître leurs capacités : + 560 % pour la zone britannique, + 53 % pour la zone
allemande, + 87 % pour la zone française, -f 114 % pour la zone italienne et
+ 41 % pour la zone espagnole. Au total, un accroissement des capacités de
97 % est nécessaire.
• pour la. cokéfaction, seule la zone italienne enregistre un besoin de 46 %, alors
que les capacités disponibles globalement ne sont utilisées qu'à 33 %.
• les capacités disponibles pour l'hydrcdésulfuration seront déficitaires 'de 22 %.
Ce déficit est de 10 % pour la zone allemande, 6 % pour les zones française et
espagnole, 110 % poar la zone italienne, c'est-à-dire les capacités doivent être
plus que doublées.
• enfin, un besoin de 35,4 Mt d'hydroconversion dans la zone allemande, ce qui est
énorme par rapport aux 1,15 Mt actuels.
г 274

L'effort financier nécessaire à la mise en place de ces nouvelles capacités se chiffre


à près de 20 milliards de dollars U.S. dont 80 % pour les deux premières zones (44 %
pour la zone allemande et 36 % pour la zone britannique), 14 % pour la zone italienne,
3,8 % pour la zone française et 1,6 % pour la zone espagnole (cf. tableau 7.7).

Tableau 7.7 : Investissements nécessaires pour satisfaire la demande des produits


pétroliers en 1995 - hypothèse basse sévérité d'octane (simulation 4A)

Montant / Zones zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5 TOTAL

Millions $ 7278,5 8803,8 766,0 2809,5 329,3 19987


% 36,4 44,0 3,8 14,2 1,6 100
г 7.5.2
175

Simulation 4B : Impact d'une sévérité accrue de l'octane


du sans plomb
Une sévérité accrue en octane est la conséquence d'une demande plus forte pour les
types d'essence sans plomb à haut indice d'octane (le super 98 sans plomb).

7.5.2.1 Les hypothèses


L'hypothèse de sévérisation de la demande des essences se traduit par une proportion
de sans plomb, en général et du super 95 et 98 en particulier, plus élevée comme le
montre le tableau 7.8 suivant :

Tableau 7.8 : Haute et basse sévérités d'octane pour les différentes zones en 1995 (en
% de la demande totale des essences)

Total sans plomb Super SP95 Super SP98

Zones / Sévérités haute basse haute basse haute basse

Britannique 70 60 45 40 25 20
Allemande 95 90 64 54 16 16
Française 55 45 18 14 37 31
Italienne 40 30 10 10 20 10
Espagnole 30 25 5 5 10 5

7.5.2.2 Impact sur le coût total et les capacités


Le surcoût engendré par cette sévérité est de 224 M$, soit 0,3 % du coût total.

La sévérité affecte principalement les importations : + 27 % pour le MTBE et


+ 22 % pour le naphta. Elle affecte peu les besoins en capacité : - 2 Mt de distillation
atmosphérique, - 0,9 Mt de distillation sous vide, - 1,2 Mt de réformage catalytique, +
0,06 Mt de réformage catalytique haute sévérité, - 1,2 Mt de craquage catalytique, +
0,3 Mt d'hydrocraquage, -f 0,3 Mt de viscoréduction, -0,8 Mt de cokéfaction, -5,4 Mt
d'hydrodésulfuration et - 0,9 Mt d'hydroconversion.
г 7.5.3 Les coûts marginaux des produits
176

On distingue globalement trois catégories de produits (cf. tableau 7.9) :


• les essences pour lesquels les coûts marginaux sont inférieurs aux prix moyens spot
de l'année 1991, ce qui montre que les Douze sont des exportateurs potentiels
des essences, sous réserve d'une importation de MTBE,
• le naphta pour lequel une importation demeure indispensable pour compléter la
production locale,
• les distillats ont des coûts marginaux très proches des prix moyens spot,
• les fiouls BTS et HTS présentent des coûts marginaux 50 à 80 % plus élevés
que les prix moyens du marché, ce qui laisse prévoir un déficit pour ce type de
produits. Nous simulerons plus loin (simulation 6) l'hypothèse d'une importation
libre pour tous les produits.

Tableau 7.9 : Coûts marginaux des produits (en $/t) dans l'hypothèse d'une importa-
tion libre du MTBE et naphta (simulation 4)

Essences auto. Distillats Fioul lourd

Naphta EOSP SP98 SSP95 SSP98 Kerosene Gazole FOD BTS HTS

Prix moyen 1991 204 220 234 234 254 214 194 189 98 74

B&sse sévérité
- cone 1 199 - 188 195 215 175 173 173 162 130
cone 2 203 174 192 200 219 180 177 177 162 127
cone 3 204 - 193 201 219 181 178 177 164 127
cone 4 195 171 190 198 218 184 182 181 167 122
cone 5 203 175 194 201 220 181 178 178 166 128

Haute sévérité
- cone 1 199 - 185 194 213 177 174 174 161 129
cone 2 203 170 186 198 218 181 179 179 161 127
cone 3 204 - 189 197 216 182 180 180 164 126
sone 4 195 167 187 194 215 186 183 183 168 121
cone 5 203 172 191 198 218 183 180 180 166 128

7.5.4 Structure géographique de la production


L'analyse de la localisation géographique de la production montre (cf. figure 7.4) que
seules deux zones sont excédentaires globalement, il s'agit de :
• la zone britannique qui produit 27 % de la production totale des Douze et en
consomme 18 %. L'excédent s'élève à 50 Mt, soit 51 % de la production,
J
Г 177

• la zone italienne avec un excédent de 4 Mt (8 % de la production).


Les trois zones restantes sont déficitaires de 34 Mt, soit 17 % de sa consomma-
tion, pour la zone allemande, 20 Mt (36 % de sa consommation) pour la zone espagnole
et 10 Mt, soit 12 % de sa consommation, pour la zone française.

Figure 7.4 : Comparaison des structures géographiques de la production et de


la consommation des produits pétroliers en 1995.

Production Consommation

L'analyse des structures de la production et de la demande par produit laisse


apparaître la spécialisation des zones dans la production de produits pour lesquels elles
sont les plus performantes. C'est ainsi que (cf. figure 7.5) :
• la zone britannique sera spécialisée dans les produits légers et moyens qui repré-
senteront 90 % de sa production (42 % et 48 % respectivement). Elle sera par
contre déficitaire en fioul (10 % de la production pour 29 % de la consommation).
Encore que par type de fioul, elle ne produira que du BTS compte tenu de son
approvisionnement très léger,
• la zone allemande produit du fioul pour près du tiers, des distillats pour 46 %
et 23 % de produits légers. La production de la zone représente 83 % de sa
demande,
• la zone française a une structure de la production relativement comparable à
celle de sa demande : 23 % en fioul (contre 20 % pour la demande), 43 % pour
les distillats (contre 45 %) et 34 % pour le total des légers, avec cependant un
г 178

excédent en essences (27 % contre 24 %) et un déficit en GPL et naphta (7 contre


10 %). Le déficit de la zone n'est donc pas de type structurel mais dû au fait que
la production ne représente que 88 % des besoins.

• la zone italienne est excédentaire en fioul et produits légers. Elle est cependant
déficitaire en distillats qui représentent 30 % de la production et 39 % de la
demande. L'excédent global de la zone est de 9 Mt, soit 8,7 % de la demande.

• la zone espagnole, enfin, présente :

- un déficit structurel pour les distillats (30 % pour la production contre 37 %


pour la demande) et les produits légers (27 % contre 33 %). L'excédent
structurel est observé pour le fioul,
- un déficit en volume pour tous les produits (à l'exception du fioul HTS, fioul
domestique et le super 95 sans plomb) du fait que la production totale ne
représente que 65 % de la demande.

Figure 7.5 : Structures comparées de la production et de la demande des zones


simulation 4A.

Millions de tonnes

250

200

Zone 2 Zone 3 Zone 4 Zone 5

И Fioul S Distillats EB Essences ES Autres légers


•"»»-•

179

7.5.5 Les flux interzones de produits


Les déséquilibres précédents entre la production et la consommation des zones in-
duisent des flux d'échange de produits qui montrent (cf. figure 7.6) que même les
zones excédentaires reçoivent des produits d'autres zones : c'est le résultat d'une
spécialisation des zones pour la fabrication des produits dont elles sont les plus perfor-
mantes.

Figure 7.6 : Flux interzones des produits pétroliers - Basse sévérité (simulation 4).
1
180

L'analyse des flux des échanges intracommunautaires montre que ceux-ci s'élèvent
à 87 Mt, soit 16 % de la consommation des Douze. 95 % de ces flux concernent la
zone 1 qui fournit les trois-quarts, ce qui montre le degré de concentration de ces flux
qui se réduisent à des flux liant principalement la zone 1 à chacune des autres zones.

Le produit qui "voyage le plus" est le gazole qui représente le tiers des échanges
(cf. tableau 7.10), suivi par les essences, tout type confondu, pour le quart et le fioul
haute teneur en soufre pour le cinquième.

Tableau 7.10 : Structure des échanges intracommunautaires de produits pétroliers

Produits Naphta Essences Kérosène Gazole Fioul Fioul Total


BTS HTS

Mt 6,0 22,1 7,9 28,4 4,8 17,7 86,9

% 6,9 25,4 9,1 32,7 5,5 20,4 100,0


Т
г
Г"
7.6
181

Simulation 5 : une sévérité accrue sur les teneurs


1

en soufre du gas oil


7.6.1 Simulation 5A : basse sévérité de l'octane
7.6.1.1 Les hypothèses
Nous reprenons le cas précédent avec toutefois une sévérité accrue en matière de teneurs
en soufre du gazoic et du fioul domestique, c'est-à-dire les hypothèses suivantes :
- approvisionnement en bruts libre,
- teneur en soufre du gazole ramenée de 0,2 à 0,05 % et celle du fioul domestique de
0,25 à 0,15 %,
- importation libre pour le MTBE et le naphta.
- basse sévérité en octane de la demande d'essences,

7.6.1.2 Impact sur les capacités


Ainsi, le passage des teneurs en soufre actuelles pour le gazole et le fioul domestique,
aux teneurs de 0,05 et 0,15 % respectivement, se traduira par un surcoût de 581 M$,
soit 0,7 % du coût total.

En terme de capacités de désuifuration, il se traduit par un besoin supplémentaire


global de 1,1 Mt soit + 2,9 % pour l'ensemble des Douze (cf. tableau 7.11). Par zone,
les besoins sont . 1,1 Mt, soit + 16,3 % pour la zone allemande, + 2,4 Mt pour la zone
française, - 2,3 Mt pour la zone italienne et - 0,1 Mt pour la zone espagnole.

Les chiffres négatifs signifient des besoins moins importants que pour une sévérité
faible en soufre. Ceci est le résultat d'un aménagement dans les structures de produc-
tions aux zones opéré par le modèle compte tenu des difficultés de l'outil disponible
dans certaines zones à satisfaire aux nouvelles exigences en matière de soufre pour ces
deux produits comme le montre le tableau 7.12.

Ainsi, les réaménagements les plus importants dans les productions concernent
le transfert des productions du :
• gazole de 23 Mt de la zone britannique et 5,7 Mt de lu zone espagnole vers les
zones allemande (+ 14,2 Mt), française (+ 0,8 Mt) et italienne (+ 2,5 Mt),
• kérosène de 5,7 Mt de la zone britannique vers les zones allemande (+ 0,8 Mt),
française (+ 1,2 Mt), italienne (+ 3,7 Mt) et espagnole (+ 0,02 Mt),
• essence ordinaire sans plomb (EOSP) de 2,43 Mt de la zone britannique essen-
tiellement vers la гопе italienne (-(- 2,37 Mt),
• super plombé (SP98) de 2,35 Mt de la zone britannique vers la zone italienne (+
2,26 Mt).
Г 182
г
Tableau 7.11 : Impact d'une sévérisation de la teneur en soufre du gazole et fioul
domestique sur les besoins en capacités de désulfuration et la structure de l'appro-
visionnement en brut.

Capacité approvisionnement en %
de
désulfuration Brent Arabe lourd

Zones (Mt/an) TSA' TSP" TSA TSP

Britannique 0,0 96,2 94,0 3,8 6,0


Allemande + 1,090 0,0 0,0 100,0 100,0
Française + 2,395 51,0 40,0 49,0 60,0
Italienne - 2,260 0,0 0,0 100,0 100,0
Espagnole - 0,144 0,0 0,0 100,0 100,0

* TSA = teneur en soufre actue"e du gazole et fioul domestique,


** TSP = teneur en soufre projetée pour le gazole et fioul domestique.

Tableau 7.12 : Impact d'une sévérisation de la teneur en soufre du gazole et fioul


domestique sur la production des différentes zones - Basse sévérité d'octane

Essence» auto. DistiUats Fioul lourd TOTAL

Zones Naphta EOSP SP98 SSP95 SSP98 Kérosène Gazole FOD BTS HTS

Britannique -0,22 - 2,43 - 2,35 + 0,71 + 0,27 - 5,68 - 23,02 + 29,27 + 4,86 + 0,59
Allemande -0,07 + 0,20 + 0,63 + 0,63 + 0,79 + 14,21 - 18,13 + 0,01 + 1,03 -1,26
Fr&nç&iie -0,10 + 0,09 • 1,34 + 1,16 + 0,79 - 5,48 - 0,36 + 4,40 • 0,98
Italienne -1,79 + 2,37 + 2,26 + 3,72 + 2,54 - 4,10 - 5,43 -0,51
Espagnole -0,03 - 0,14 + 0,01 + 0,22 + 0,02 + 5,49 - 5,66 - 0,41 - 1,65
Г 183
Г
En échange, la zone britannique voit sa production augmenter en :
• fioul domestique de 29,3 Mt tranférés des zones allemande (- 18,1 Mt), française
(- 5,5 Mt) et espagnole (- 5,7 Mt),
• fioul lourd basse teneur en soufre de 4,9 Mt au détriment de la zone italienne
essentiellement (- 4,1 Mt).
Ces aménagements transforment la structure de production des zones comme le
montre les figures 7.7A à 7.7E.

Figure 7.7A : Impact d'une sévérisation de la teneur en soufre du gazole et fioul


domestique sur la structure de production - Cas de la zone britannique.

M Zon»1

ITeneir actuelle IlTeneur projetée

30

20

10

014. НщЛШ EOSP SPB F00 FbUBIS FbUHIS


Г 184
Г
Figure 7.7B : Impact d'une sévérisation de la teneur en soufre du gazole et fioul
domestique sur la structure de production - Cas de la zone allemande.

50 M

Zone2

ITenax actuelle ШТелеи-projetée

30

20

10

QPL tfcphh SSPB5 SSPBB KÜRMJf« ТОО FbtlBtS FbdKTS


т г 185

Figure 7.7C : Impact d'une sévérisation de la teneur en soufre du gazole et fioul


domestique sur la structure de production - Cas de la zone française.

1 Zom3

15 ITenetr actuelle ÜTenetr projetée

10

QPL №pt* EOSP SPSB SSPSB SSPSB Kkxmkm Qnob FOO FJoiiBIS FtodHIS
î
Г 186

Figure 7.7D : Impact d'une sévérisation de la teneur en soufre du gazole et fioul


domestique sur la structure de production - Cas de la zone italienne.

6U Ш

Zon»4
50

ITeneir actuelle ШТепаг projetée

40

30

20

10

GPL №pt* FOD FbiiBIS FloUHIS


г 187

Figure 7.7E : Impact d'une sévérisation de la teneur en soufre du gazole et fioul


Г
domestique sur la structure de production - Cas de la zone espagnole.

16 M

14 Zone5

12 ITenar actuelle IlTeneir projetée

10

GPL N*p»* FOO FlwJBTS FloUHIS


188

7.6.2 Simulation 5B : haute sévérité de l'octane


Une sévérisation de l'octane des essences sans plomb accompagnant une sévérisation
des teneurs en soufre du gazole et du fioul domestique se traduit par un surcoût de
563 M$, soit + 0,7 %. Un besoin supplémentaire en capacités de désuîfuration de
5,6 Mt est enregistré.

Comme pour le cas précédent, la sévérisation de la teneur en soufre du gas oil


se traduit par un léger alourdissement de l'approvisionnement des zones britannique
et française comme le montre le tableau 7.13.

Tableau 7.13 : Impacts sur la structure de l'approvisionnement d'une sévérisation de


la teneur en soufre du gazole - (simulation 5B)

Teneur en soufre du gazole et fioul domestique

nouveUe* actuelle

Zones / Bruts Brent Arabe lourd Brent Arabe lourd

i
Britannique 94,1 5,9 ! 95,9 4,1
Allemande 0 100,0 0 100,0
Française 46,0 54,0 52,1 47,9
Itaienne 0 100,0 0 100,0
Espagnole 0 100,0 0 100,0

* = 0,05 % pour le gazole et 0,15 % pour le fioul domestique.

Cet alourdissement relatif de l'approvisionnement est le résultat des nouvelles


structures de production des zones (cf. tableau 7.14).

L'aaaiyse des coûts marginaux montre que le passage de la teneur en soufre du


gazole de 0,2 à 0,05 % et celé du fioul domestique de 0,25 à 0,15 % se traduira par
un bond dans le coût marginal de la contrainte de soufre maximum (exprimé en $/%
soufre) pour ces deux produits. Pour la zone britannique, ce coût marginal passe de 5
à 55, celui de la zone allemande de 16 à 28, de 16 à 55 pour la zone 3, de 18,8 à 27,6
pour le gazole et 18,8 à 19,6 pour îe fioul domestique, dans la zone italienne et de 16
à 28 pour la zone espagnole (cf. tableau 7.15).
189

Tableau 7.14 : Impact d'une sévérisation de la teneur en soufre du gazole et


domestique sur la production des différentes zones - Haute sévérité d'octane

Essences auto. Distillais Fioul lourd TOTAL

Tsonee Nepbta EOSP SP98 SSP95 SSP98 Kéro gène FOD BTS г ~~
HTS

Britannique - 0,02 - 2,27 - 1,62 - 0,71 + 0,03 - 5 59 - 20,92 + 27,14 + 3,75 - 0,63
Allemande _ + 0,37 + 0,18 + 0,71 - 0,03 + 1 ,88 + 12,24 - 16,94 - 0,19 + 1,37 - 0,34
FVfmçmse - 0,06 - - 0,31 - - _ + 0,23 - 3,32 + 0,55 + 2,50 - 0,51
- 1,15 + 1,90 + 1,75 - - + 3 ,72 + 3,12 - 1,23 - 4,10 - 4,28 - 0,36
Espagnole + 0,01 + 5,33 - 5,66 0,41 + 0,09
1

Tableau 7.15 : Impacts sur les coûts marginaux de soufre maxi, (en $/% de soufre) du
gazole et du fioul domestique du passage aux nouvelles teneurs en soufre - (simulation
5B)

Teneur en soufre du gas oil

actuelle nouvelle*

Zoaes / Bruts gazole fioul domestique gazole fioul domestique

Britannique 5,29 5,29 55,03 55,03


Allemande 16,41 16,41 28,28 28,28
Française 16,12 16,12 55,03 55,03
ItaJïenae 18,82 18,82 27,57 19,55
Espagnole 15,73 15,73 27,60 14,84

0,05 % pour le gazole et 0,15 % pour le fioul domestique.


190

7.7 Simulation в : libre importation pour tous les

L'objectif de cette simulation est de mesurer l'impact de l'ouverture du marché des


Douze, à l'importation de tous les produits pétroliers, sur les besoins en capacités des
différentes unités de raffinage.

7.7.1 Les hypothèses


Les hypothèses retenues sont donc les suivantes :
- approvisionnement en bruts Ubre,
- teneur en soufre du gazole ramenée à 0,05 % et celle du fioul domestique à 0,15 %,
- importation libre pour *ous les produits.

7.7.2 Les importations de produits


En laissant au modèle la possibilité d'une importation libre pour tous les produits,
on arrive à réduire le coût total de 4,6 %, par rapport à la même variante mais qui
n'autoriserait que l'importation du MTBE et du naphta.

Les importations totales sont de 136,5 Mt pour l'hypothèse de basse sévérité de


l'octane et 140,4 Mt pour celle d'une haute sévérité d'octane. L'analyse de la structure
de ces importations (cf. tableau 7.16) montre que les trois-quaris sont constitués par
le fioul lourd HTS, suivi le MTBE pour 16 %, le naphta pour 6 %, le fioul domestique
pour 4 % et le fioul lourd BTS pour 2 %.

Ces importations induisent des taux de dépendance de . . . 133 % pour le fioul


lourd HTS (on importe aussi pour la consommation des raffineries), 92 % pour le
MTBE1, 28 % pour le naphta (contre 43 % en 1991).

7.7.3 Impact sur les besoins en capacités


Les importations précédentes permettent d'alléger les besoins en capacités, puisqu'on
enregistre un besoin en distillation primaire de 32 Mt, soit 5 % de la capacité totale
disponible, à installer en zone britannique. Ces importations ont un impact négatif sur
les t&ux d'utilisation au niveau des autres loues qui soat relativement faibles : 62 %
pour la zone allemande, 92 % pour la zone française, 67 % pour la zoae italienne et
50 % pour la zone espagnole.

1
Cette forte dépendance est le résultat d'un sous-équipement en unités de MTBE dont on a parlé
précédemment.
191

Tableau 7.16 : Structure des importations (simulation

г "
Importations Naphta MTBE Fioul Fioul Fioul Total
domestique BTS HTS

ШшмМиежежМ
• Mt 8,6 22,0 5,8 3,5 100,5 140,4
- % importations 6 16 4 2 72 100
- % demande 28 92 7 10 133* 27

- Mt 8,4 20,3 4,0 3,4 100,5 136,4


-% 6 15 3 2 74 Î00
- % demande 2? 91 5 9 132" 26

* Un % supérieur à 100 signifie qu'on importe également du fioul HTS pour la con-
sommation de la raffinerie.

Toutes les capacités de cokéfaction sont maintenant utilisées ; des besoins sont
même enregistrés : 22,4 Mt en zone italienne (contre 2,5 Mt actuels), 9 Mt pour la
zone espagnole (contre 1,65 actuels) et 4 Mt pour la zone britannique.

7.7.4 Impact sur l'approvisionnement en bruts


La structure de l'approvisionnement des zones britannique et française est modifiée :
la zone britannique n'utilise plus que le Brent et la zone française fait appel à Г > % de
son approvisionnement au Brent également contre I % pour l'Arabe lourd. Les autres
zones continuent à n'utffiser que de l'Arabe lourd.

* .J
192

7.8 Simulation 7 : Impact d'une variation de la de-


mande sur les structures de raffinage
L'objectif de cette simulation est de déterminer ies capacités nécessaires pour répondre
aux demandes des deux scénarios extrêmes (le scénario faibîe et îe scénario fort).

7.8.1 Les hypothèses


Les hypothèses retenues pour cette simulation sont les suivantes :
- approvisionnement en bruts libre,
- teneur en soufre du gazole ramenée à 0,05 % et celle du fioul domestique à 0,15 %,
- importation libre pour le MTBE et le naphta,
- haute sévérité en octane de la demande d'essences.

7.8.2 Les capacités


Ainsi, si la demande en produits pétroliers des Douze venait à varier dans la limite des
deux scénarios extrêmes, les capacités nécessaires se présenteraient comme suit :

Au niveau des Douze, cette variation de la demande se traduit par une aug-
mentation de 76 % pour la capacité de distillation primaire, 81 % pour celle de la
distillation sous vide, 58 % pour le réformage catalytîque, 25 % pour le FCC, 42 %
pour l'hydrocraquage, 13 % pour le MTBE, 23 % pour la viscoréduction, 20 % pour la
cokéfaction, 19 % pour l'hydrodésulfuration et 26 % pour l'hydroconversion.

Au niveau des zones, c'est la zone pôle, en l'occurence îa zone britannique qui
verra son outil augmenter le plus.

7.8.3 Impact sur ies approvisionnements


La structure de l'approvisionnement est peu modifiée par cette variation de la demande.
Les zones allemande, italienne et espagnole continuent à n'utiliser que de l'Arabe lourd.
L'approvisionnement s'alourdit par contre, de 0,2 point pour la zone britannique et 5,2
points pour îa zoae française pour cause de changement dans les structures de produc-
tions des zones, comme Se montre la figure 7.8 suivante :
193

Tableau 7.1? : Besoins en capacités nouvelles minimales et maximales pour les Douze
en 1995 en Mt/an (simulation 7)

Unités / zones Britannique Allemande Française Italienne Espagnole

Distillation
- primaire 54,3-95,6 _ - - _ 54,3-95,6
- sous vide 9,1-23,9 - _ 9,2 - 18,3-33,1
Réformage catalytique
- classique 12,6-21 _ 0,7-0,3 - - 13,4-21,2
- régénératif - - - - - -
Craquage cataiytique 2,8-4,5 5,3 0-0,4 _ - 8,1-10,1
1
Hydrocraquage 9,3-14,2 C.8-0 - - - 10,1-14,3
[
ECC -
Isomérisstion _ - - - -

Aikylation - - 0,2 - 0,2 0,4


MTBE 0,26-0,35 0,19 0,19 0,14 - 0,8-0,9
Viscoréduction 15,2-20,6 9,9-12,5 8,7-9,8 17,1-18,2 2,4-4,2 53,2-65,4
Cokéfaction _ — 7,0-5,9 0-2,5 7,0-8,4
Hydrodésulfuration 0-2,1 6,8-8,1 2,6-4,0 25,6-25,3 0,8-3,2 35,8-42,6
HydroconversioB 33,7-34,8 33,7-42,6

-V -i -s*.
qptsi

194

F i g u r e 7 > : I m p a c t d e la v a r i a t i o n d e la d e m a n d e , d u s c e n a r i o faible ( D i ai:


s c é n a r i o fort ( B ) , s u r ies p r o d u c t i o n s des zones (en millions d e t o n n e s ) .

1
i

195

7.9 Comparaison des approches MONO et MULTI


Jusqu'ici nous avons utilisé l'approche MULTI. L'approche MONO consiste à représenter
l'ensemble des Douze par une raffinerie unique dont la capacité des différentes unités
est la somme des capacités des unités correspondantes des cent raffineries des Douze.
Cette représentation, si elle a l'avantage d'être simple à gérer du point de vue taille, a
aeanmoins un inconvénient majeur à savoir la très forte intégration de l'outil de raffi-
nage qu'elle suppose (toutes les unités sont considérées comme localisées dans une seule
raffinerie) et ne prend donc pas en considération les transferts interzones des produits
observés.

Cette section se propose de comparer les avantages et les inconvénients des deux
approches.

7.9.1 La taille des modèles MONO et MULTI


La taille de ia matrice du modèle MULTI est 5,4 fois celle du modèle MONO (cf.
tableau 7.18) ce qui se traduit par un temps, et par conséquent un coût, de traitement
de 6 à 8 fois.

Tableau 7.18 : Taffies des modèles MONO et MULTI

Dimension de îa matrice Nombre

Approche lignes colonnes d'itérations

MONO 290 460 <550


MULTI 1450 2480 3500-5000

7.9.2 Les besoins en capacités


L'approche MONO détermine les besoins en capacité giobaux sans mention à leur lo-
calisation. Daas ce sens, le modèle libéré des contraintes de localisation des capacités,
cherchera à utiliser pleinement les capacités disponibles avant de faire appel aux nou-
velles capacités. Il possède par conséquent plus de facilités de production ; les coûts
marginaux qui ев résultent seroat biaises, comme on le verra dans le paragraphe sui-
vant.
•É

.• *

196

L'analyse des besoins en capacités (cf. tableau 7.19) montre que l'approche
MONO sous-estime les besoins en distillation primaire de 73 % (un besoin de 38 Mt/an
est déterminé contre 68 Mt/an nécessaires pour l'approche MULTI).

Tableau 7.19 : Besoins en capacités comparés des approches MONO et MULTI. Cas
de la simulation 4) pour les deux sévérités d'octane.

Haute sévérité Basse sévérité

Unités MULTI MONO Ecart MULTI MONO Ecart


(Mt/an) (Mt/an) (%) (Mt/an) (Mt/an) (%)

Distillation
- primaire 66 38 + 74 68 37 + 84
- sous vide 24 89 - 73 24 86 - 72
Réformage catalytique
- classique 15 0 + 100 16 0 + 100
- régénératif - - - - -
Craquage catalytique 16 18 - 11 17 17 0
Hydrocraquage 0,8 10,8 - 93 0,5 10,6 - 95
RCC - -
Isomérisstion - 12 - 15 -
Âlkyîation 0,4 0 + 100 0,4 0 + 100
MTBE 0,97 0,89 + 9 0,99 0,87 + 14
Viscorédaction 63 42 + 50 63 43 + 47
Cokéfaction 1,2 _ — 1,9 _ _
Hydrodésulfuration 32 75 - 57 38 74 - 51
Hydroconversion 35 81 - 43 36 81 - 44

Importations s
- MTBE 9,1 15,7 - 42 7,1 13,7 - 48
- Naphta 0,7 17,6 - 96 0,6 20,6 - 97

De mêine, pour le réformage classique un besoin supplémentaire de 15 Mt/an


est déterminé par l'approche MULTI contre zéro pour l'approche MONO.

Les autres unités doat le besoin en capacités nouvelles est sous-estimé sont :
l'alkylation (100 %), le MTBE (9 %) et la viseoreductron (50 %).
197

L'approche MONO surestime les besoins des unités de distiEation sous vide
(73 %), de FCC (11 %), hydrocraquagc (93 %), hydrodésulfuration (5? %) et hydro-
conversion pour 43 %.

7.9.3 Les importations


Au niveau de la simulation 4 seules les importations du MTBE et du naphta sont
permises. Le volume des importations pour les deux approches est nettement opposé :
• les importations de naphta s'élèvent à 17,6 Mt, soit 56 % de la consommation
des Douze, pour l'hypothèse d'une haute sévérité pour l'approche MONO, contre
0,7 Mt pour l'approche MULTI. Elles passent de 20,6 Mt, soit 66 % de la con-
sommation, pour l'hypothèse basse sévérité de l'approche MONO, contre 0,6 Mt
soit 2 % de la consommation, pour l'approche MULTI (cf. tableau 7.19).
• de même, l'importation du MTBE passe de 9 à 16 Mt pour l'hypothèse d'une
haute sévérité d'octane à 7-14 Mt pour îe cas d'une basse sévérité d'octane,
respectivement poor le modèle MULTI et le modèle MONO.

7.9.4 Les coûts margÏHaux des produits


La comparaison des coâts marginaux des produits pour les deux approches fait ressortir
principalement le cas du fioul lourd qui présente un coût marginal inférieur en approche
MONO qu'eH approche MULTI, ce qui s'explique par le fait que l'approche MONO,
en agrégeant les capacités de conversion, donne au modèle plus de facilités à utiHser ce
produit et de ce fait son coût d'opportunité est plus faible.

Pour les autres produits, l'approche MONO fournit des coûts marginaux large-
ment supérieurs.
198

Tableau 7.20 : Coûts marginaux des produits pour les approches MULTI et MONO.
Cas de la simulation 4 haute sévérité d'octane

Approche MULTI MONO

Produits Zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5


1

GPL 190 190 190 190 190 190


Napfata 199 203 204 195 203 204
EOSP _ 170 - 167 172 231
SP98 185 186 189 187 191 236
SSP95 194 198 19? 194 198 245
SSP98 213 218 216 215 218 255
Kérosène 177 181 182 186 183 210
Gazole 174 179 180 183 180 207
Fioul domestique 174 178 179 182 179 206
Fioul BTS 161 161 164 168 166 121
Fioul HTS 129 127 126 121 128 120
199

7.10 Conclusion
Pour tester l'impact d'un plus ou moins grand degré de liberté accordé au modèle sur
les résultats, nous avons été amenés à effectuer quatorze simulations (ies sept simu-
lations présentées à multiplier par ies deux sévérités d'octane).

L'objectif était d'arriver à une configuration satisfaisante du modèle. Nous


avons présenté les tableaux récapitulatifs des résultats pour huit simulations (six pour
le scénario de base et une pour le scénario faible et une pour le scénario fort) (cf.
tableaux T.21 à 7.26).

Que petit-oîi retenir globalement de ces tableaux ?


« Pour îe total des Douze (cf. tableau 7.21) :
- la simulation 1, dont les hypothèses sont :

- approvisionnement en bruts fixe en proportion pour chacune des cinq zones,


- teneur en soufre du gazole et fioul domestique à leurs niveaux actueis,
- aucun échange avec l'extérieur (pas d'importations et pas d'exportations).

présente des besoins ев capacités nouvelles de distillation primaire plus im-


portants (que pour un scénario fort !), à cause d'une sous-utiîîsation des
capacités existantes (taux d'utilisation de 55 %, le plus faible de l'ensemble
des simulations).

Cette situation ne se limite pas à la distillation primaire mais touche égale-


ment d'autres unités (réformage catalytique, MTBE et viscoréduction), ce
qui confirme bien que l'hypothèse qui consiste à contraindre les appro-
visionnements, en proportions, dans une approche ÄCUXI1 aboutit
à des résultats biaises.
— ce résultat est d'ailleurs bien confirmé par la simulation 2 qui diffère de la
précédente uniquement par les approvisionnements qui deviennent libres.
On voit bien que le taux d'utilisation des capacités de distillation primaire
passe à 80 % et les besoins en nouvelles capacités réduits de 50 % par rap-
port à la simulation précédente.

Avec cette simulation, nous avons également cherché à savoir si les Douze
pourraient devenir autoaomes en matière de satisfaction de la demande des
produits pétroUers. L'analyse des coûts marginaux nous a montré que deux
produits (le MTBE et le naphta) présentaient des valeurs 3,5 fois le prix spot
(pour le MTBE) et 3 fois pour le naphta, ce qui signifie que les Douze ne
peuvent (économiquement) être totalement autonomes en 1995, pour cause
de sous-équipement en unités de production du MTBE.
200

- dans la simulation 3, nous avons cherché à voir l'impact d'une libre impor-
tation du MTBE sur les résultats. Maintenant c'est au tour du naphta de
présenter un coût marginal très élevé de près de 4,5 fois son prix spot, ce
qui signifie également qu'on ne peut pas se passer de l'importation comme
appoint à la satisfaction de la demande pour ce produit.
- nous autorisoiîs donc l'importation du naphta daas la simulation 4, ce qui
nous amène à une configuration du modèle satisfaisante, les coûts margin-
aux des produits étant acceptables. Les hypothèses de cette configuration
se résument en :

- approvisionnement Bbre en bruts,


- teaeur en soufre du gazole et fioul domestique à leurs niveaux actuels,
- libre importation du MTBE et naphta.
- dans la simulation 5 nous avons cherché à voir l'impact d'une sévérisation de
la teneur en soufre du gazole et fioul domestique (de 0,20 à 0,05 % poids pour
le gazole et de 0,25 à 0,15 % poids pour le fioul domestique). L'effet sur les
Douze consiste globalement en un accroissement des besoins en désulfuration
de 2,8 % par rapport à la simulation précédente et une légère modification
de la structure de l'approvisionnement des zones britanniques et françaises.
îa simulation 6 reprend les hypothèses de la simulation 5 en matière d'appro-
visionnement en bruts et de teneur en soufre du gazole et fioul domestique
et autorise en plus l'importation de tous les produits, l'objectif étant de
simuler l'hypothèse d'une ouverture totale du marché des Douze aux impor-
tations extra-CEE.

Le taux d'utilisation des capacités de distillation "tombe" à 72 % (con-


tre 94 % pour la simulation 5) et les besoins en capacités nouvelles ne
représentent plus que 5 % de la capacité disponible au 01-01-1992 (contre
11 % pour la simulation 5), niveau le plus faible de toutes les simulations
effectuées.

Les simulations de 1 à 6 ont u.n dénominateur commun : le même scénario


de demande, en l'occurence le scénario de base (A). Quel serait l'impact sur
les capacités ainsi trouvées d'une variation de la demande ?
c'est pour répondre à cette question que nous avons effectué la simulation
7 qui, tout ев reprenant la configuration du modèle de la simulation 5, se
propose de déterminer les capacités minimales (pour ie scénario faible D) et
maximales (scénario fort B).
г 201

On s'aperçoit que les Douze seront déficitaires en 1095 de 54 à 96 Mt/an,


soit entre 9 et 16 % de la capacité disponible, pour la distillation primaire,
18 à 33 Mt/an (8 à 14 %) pour la distillation sous vide, 13 à 21 Mt/an
de ïéformage catalytique, 8 à 10 Mt/an de FCC, 10 à 14 Mt/an d'hydro-
eraquage des distilîats, 400 milliers de tonnes/an d'aîkylation, 770 à 860 mil-
liers de tonnes/an de MTBE, 53 à 65 Mt/an de viscoréductioa, 7 à 8 Mt/an
de cokéfaction, 35 à 43 Mt/an d'hydrodésulfuration, 35 à 36 Mt/an d'hydro-
conversion et 7 Mt/an pour la production de l'hydrogène.

La mise en place de ces capacités nécessitera un ïiiYestissement de 21 mil-


liards de dollars U.S., pour le »cenario de demande de base.
• par zone (cf. tableaux 7.22 à 7.26), la complexité du schéma de raffinage réduite
(pour cause de délai limité) aux extensions des capacités des unités disponibles,
fait de la zone britannique, qui présente actuellement le taux de conversion de
l'outil le plus élevé des Douze, le pôle de production par excellence. Ainsi, (cf.
tableau 7.22) dans la simulation 1, les capacités de distillation de îa zone ont été
multipliées par quatre, alors qu'ailleurs les capacités sont souvent sous-utilisées,
Yoire ион utilisées du tout (cas de la zone espagnole). C'est la conséquence d'une
contrainte des approvisionnements dans le modèle MULTI dont on a longuement
parlé.

Dans toutes les simulations, la zoae britannique se présente comme le principal


pôle de production pour les Douze et préseate de ce fait des déficits pour toutes les
unités à l'exception de celle du réformage catalytique régénératif, d'alkylation,
du RCC, d'ïsomérisation et la cokéfaction. Le restera-t-elle pour les horizons
2000 et 2010, lorsque toutes les zones pourront alors se doter des unités de con-
version dont elles ne disposent pas maintenant ? C'est l'objet des chapitres 8 et 9.

Pour les autres zones îa situation est fort différente d'une simulation à l'autre
comme le montrent les tableaux 7.23 à 7.26 ci-après.
202

Tableau 7.21 : Comparaison des besoins en capacités (en Mt/an) des Douze
obtenus par les différentes simulations, dans l'hypothèse d'une haute sévérité de l'octane,
pour l'horizon 1995.

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Chapitre 8

Les capacités et structures

8Л Introduction
La différence fondamentale avec les simulations effectuées pour l'horizon 1995 tient à
l'introduction de la complexité du schéma de raffinage. En effet, pour l'année 1995
et compte tenu du délai très court, BOUS avons supposé que les besoins en capacités
nouvelles ne peuvent se faire que sous forme d'extensions des capacités existantes, à
l'exception des unités dont la construction n'exige pas beaucoup de temps (alkylation,
isomérisation et dimersol).

 partir de l'année 2000, toutes les zones peuvent se doter de nouvelles unités,
conversion profonde incluse.

La détermination des besoins en capacités peur l'horizon 2000 ne peut être


menée qu'avec une approche purement statique consistant à déterminer des besoins par
rapport aux capacités disponibles actuellement, car l'approche dynamique, consistant
à effectuer une optimisation muîtipériodique, n'est pas réalisable pour cause de :
• non disponibilité d'un générateur de matrices conséquent, le code GEMME ne
permettant qu'une modélisation muîtipériodique en monoraffinage ou monopériodi-
que en multiraffinage. Dans la mesure où nous avons exclu la modélisation en
monoraffinage (cf. chapitre 7), il ne nous reste alors plus que cette dernière
approche,
* de la nécessité de prendre en compte une hypothèse de progrès technique et
de renouvellement des équipements, hypothèse difficile à mettre en œuvre à
cause du nombre important d'équipements composants chaque unité et du fait
qu'en pratique l'introduction du progrès technique se fait progressivement lors
des opérations de "revamping" par exemple et rarement par unité entière.
210

Nous ne reprendrons pas l'ensemble des simulations de l'horizon 1995, nous


nous bornerons à la configuration du modèle de la simulation 5 dont les hypothèses
paraissent être les plus plausibles, c'est-à-dire :
• un approvisionnement libre pour les bruts,
• une libre importation du MTBE et du naphta,
• la teneur en soufre du gazole fixée à 0,05 % poids et celle fioul domestique à
0,15 % poids,
Nous simulerons les deux sévérités (haute et basse) de l'octane de la demande
des essences que nous avons défini dans le chapitre 5 et que nous rappelons dans le
tableau 8.1 suivant :

Tableau 8.1 : Haute et basse sévérités d'octane pour les différentes zones en 2000 (en
% de la demande totale des essences)

1 Total sans plomb Super SP95 Super SP98

Zones / Sévérités haute haute haute basse

Britannique 90 80 55 50 35 30
Allemande 100 100 76 65 20 20
FVançaiee 90 80 48 44 42 Зв
Italienne 80 70 40 40 25 20
Espagnole 65 во 35 35 15 10

On remarque que pour l'horizon 2000, la part des essences sans plomb est très
élevée (entre 65 et 100 %), tout comme celle du super 95 (35 à 76 % pour l'hypothèse
d'une haute sévérité et de 35 à 65 % pour la basse sévérité).

8.2 Les besoins en capacités


8.2.1 Basse sévérité de l'octane des essences
L'introduction d'une complexité du schéma de raffinage permet une utilisation maxi-
male des capacités disponibles. Âinsis îe taux d'utilisation des capacités de distffiatïon
primaire (cf. tableau 8.2) est au moins de 100 %, Deux zones (allemande et française)
nécessitait même des extensions de capacités de 5 % et 26 % respectivement.

Les Douze présenteront en 2000 un délcit en distillation primaire de 32 Mt dont


10,7 Mt pour la zone 2 et 22 Mt pour la zone française.
211

Les capacités de la distillation sous vide sont déficitaires pour toutes les zones.
Les Douze auront besoin de 71,7 Mt supplémentaires (30 % de la capacité disponible)
dont 8 % pour la zone britannique (14 % de sa capacité), 46 % pour la zone allemande
(38 % de sa capacité), 22 % pour la zone française (42 % de sa capacité), 13 % pour
la zone italienne (19 % de sa capacité) et 11 % pour la zone espagnole (33 % de sa
capacité)

Un autre procédé dont les capacités sont déficitaires est le FCC avec 29 Mt à
installer, soit près du tiers de la capacité totale disponible. La localisation des be-
soins est la suivante : 64 % dans la zone aËemande (les troïs-quarts de la capacité
disponible), 13 % dans la zone française (22 % de la capacité disponible), 11 % dans
la zone espagnole (36 % de la capacité disponible) et 12 % dans la zone britannique.

Ces besoins sont le résultat d'une généralisation de la conversion profonde dans


toutes les zones. Le procédé utilisé est l'hydroconversion des résidus sous vide. Les
Douze auront besoin de 111,6 Mt supplémentaires qui se répartiront comme suit : le
tiers dans la zone allemande qui devient le nouveau pôie de raffinage des Douze, con-
trairement à l'horizon 1995 pour lequel ce rôle était dévolu à la zone britannique, 18 %
pour chacune des zones britannique, française et italienne et 13 % pour la zone espa-
gnole.

La complexité du schéma de raffinage a pour conséquence d'alourdir l'approvision-


nement des zones. Ainsi, seule la zone britannique continuera à utiliser du Brent (9 %
de l'approvisionnement), les autres n'utiliseront que l'Arabe lourd.

8.2.2 Haute sévérité


Une sévérité pius élevée sur l'octane et le plomb des essences a peu d'effet sur les
besoins en capacités, comme on peut le constater en comparant les tableaux 8.2 et
8.3. Globalement les Douze verront leurs traitements réduits de 1 Mt au niveau de la
distillation primaire.

Les unités les plus affectées sont :

• pour la distillation sous vide, la zone française verra ses besoins augmenter (ratio
de 146 % contre 142 %) au détriment des zones allemande et espagnole qui
perdeat chacune 1 point, îe total des Douze restant relativement stable,

• pour le FCC, la zone française verra son ratio augmenter de 3 points au détriment
des zones britannique (- 5 points), allemande (- 1 point) et espagnole (- 1 point),

• pour l'hydrocraquage c'est la zone britannique qui gagne 14 points au détriment


de la zone allemande (- 7 points),
'же

212

Tableau 8.2 : Ratios capacités nécessaires/capacités disponibles (en %) pour l'horizon


2000 - Basse sévérité de l'octane de la demande des essences

Unités zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5 TOTAL

Distillation
- primaire 100 105 126 100 100 105
- sous vide 114 138 142 119 133 130
Réformage catalytique
- classique 75 100 100 114 79 95
- régénératif 0 19 0 0 0 12
Craquage catalytique (FCC) 117 175 122 100 136 132
Hydrocraq«age 86 100 100 100 100 97
ECC1 100 100
Isomérisatïon 371 124 236 100 + 1,52 193
ÂUcylation 24 99 169 30 + 0,3 2 44
Viscoréduction 176 100 133 131 163 126
Hydrodésulfuration 103 136 178 189 160 146
Hydxoconversion + 19J2 + 37,2 3 + 20,22 + 20,5 2 + 14,l 2 + 111.63

1 Residue Catalytic Cracking, c'est-à-dire craquage catalytique du résidu atmo-


sphérique.
2 Capacités des unités nouvelles, en Mt/an.
S Capacités nouvelles, en Mt/an, qui viennent s'ajouter aux 1,15 Mt/an existantes.
213

Tableau 8.3 : Ratios capacités nécessaires/capacités disponibles (en %) pour l'horizon


2000 - Haute sévérité de l'octane de la demande des essences

Unités zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5 TOTAL

Distillation
- primaire 100 105 126 100 100 105
- sous ¥ide 114 137 146 119 132 130
Eéformage catalytique
- classique 76 100 100 114 79 95
- régénératif 0 17 0 0 0 11
Craquage catalytique (FCC) 112 174 125 100 135 131
Hydraeraquage 100 93 100 100 100 98
ECC 100 100
Isomérisation 329 100 146 100 + O.S1 161
Âlkylation 23 98 174 30 + 0,3» 53
Viscoréduction 200 100 124 131 163 125
Hydrodésulfuration 102 135 181 189 160 146
1
Hydroconversion + 191 + 37,3 2 + 20,4* + 20.51 + 14Д + 111,4*

1 Capacités des unités nouvelles, en Mt/an.


2 Capacités nouvelles, en Mt/an, qui viennent s'ajouter aux 1,15 Mt/an existantes.
214

e l'isomérisation est le procédé le plus affecté puisque toutes les zones verront
leurs besoins chuter : - 2 points pour la zone britannique, - 4 points pour la
zone allemande et . . . - 90 points pour la zone française. Cette réduction des
besoins en capacité d'isomérisation est le résultat d'une substitution partielle par
le modèle de l'isomérat par le MTBE, produit répondant mieux aux exigences de
la sévérité sur l'octane. Les importations de ce produit augmenteront d'ailleurs
de 13,3 % pour passer à près de 22 Mt pour иве production locale de 3,2 Mt.

« pour l'alkylation, la zone française gagne 5 points au détriment des zones britan-
nique et ailemaade qui perdent chacune 1 point,

• pour îa viscoréduction, la zone britannique verra son ratio capacités nécessaires/capa-


cités disponibles augmenter de 24 points au détriment de la zone française ( - 9
points),

• pour l'hydrodésulfuration, la zone française améliore son ratio de 3 points au


détriment des zoaes britannique et allemande qui perdent 1 point chacune,

• pour l'hydroconversion des résidus : - 0,7 Mt pour la zone britannique, + 0,13 Mt


pour la zone allemande et + 0,2 Mt pour la zone française.

L'impact d'une haute sévérité se traduit par des aménagements dans la répartition
des productions entre zones, comme on le verra dans le paragraphe suivant.
215

8*3 Structure de la production


8.3.1 Localisation géographique de la production
La répartition géographique de îa production des Douze entre les cinq zones est rela-
tivement en proportion атес les dem&ades. Ainsi, Deux gones produisent plus de la
moitié du total des Douze : 1s zone aËemande svec 34 % et la zone ïtaBeane pour 21 %
(cf. figure 8.1). On retrouve ensuite la жопе française атес IT %, la zone britannique
pour 15 % et la gone espagnole рои? 12 %.

Figure 8.1 : Structurée géographiques de la production et de la consommation


pétrolière de l'année 2000

zone 5 zone 5 zone 5


'12.2% 10.8% 12.1%
zone 4
zone 4 18.2% zone 4
21.2% 21.3%

л zone 3
17.1%

zone 2
zone 3
17.4%

zone 2
35.2%
34.4%

zone 1 zone 1
15.1% 18.3%

Production
(Basse sévérité) Demande

La comparaison de la production et de la consommation fait ressortir deux


groupes de zones :

• ua groupe excédentaire formé par les zones du sud (italienne et espagnole). Ces
216

deux zones présentent des excédents de 13 Mt (13 % de la demande) pour la


première et 8 Mt (14 % de la demande) pour la seconde,
uu groupe déficitaire, constitué par les deux zones du nord (zones britannique et
• un
allemande) et la France. Celles-ci présentent des déficits de 20, 6 et 5 % de leurs
demandes respectives.

Au total, les Douze couvrent 97 % de leur demande par îa productioH locale.


Les importations de produits fiais, qui représentent 3 % de la demande, sont
constituées par les GPL pour 7 Mt et le naphta pour 6 Mt.

Les Douze importent également 22 Mt de MTBE, soit 87 % de leurs besoins.

8.3.2 Structure de la production


L'aaalyse des structures, par produit, de la production et de la demande des cinq zones
permet de dégager une certaine spécialisation des zones (cf. figure 8.2). En effet :
• la zone britannique présente (cf. figure 8.2A) :
— un déficit structurel pour les produits lourds (- 8,5 à - 8 points selon que la
sévérité est haute ou basse), pour les GPL et naphta (- 4,6 points),
— un excédent structurel pour les essences automobile (+ 7 à 7,3 points), гЬ
pour les distiilats (+ 5,5 points). Pour cette dernière catégorie, l'excédent
concerne en fait le gazoîe et le fioul domestique, le kérosène étant déficitaire
(- 1,4 à - 1,2 points),
« la zone allemande est excédentaire structurelement pour les produits lourds
(4- 6,8 à + 7 points pour basse et haute sévérités respectivement), pour les
essences automobile (+ 1,2 points) et déficitaire structurelement en GPL et
aaphta (- 3,2 points) et les distillais (- 5 points). Le déficit des distiilats est
imputable au gazole (- 6,9 points), car le kérosène et le fioul domestique sont
excédentaires (+ 0,4 et + 1,5 points respectivement) (cf. figure 8.2B).
• la zone française est :
— excédentaire structureiUement pour les essences automobile ( + 1,1 à + 1,4
points), le kérosène (+ 0,8 point), le gazole (+ 0,4 point), le fioul domestique
(+ 0,3 point),
— déficitaire stractureUement pour les GPL et naphta (- 4,1 à - 3,2 points) (cf.
figure 8.2C).
• îa тоие italienne est déficitaire structurellement pour les essences (- 1,5 à - 1
points), le total GPL et naphta (- 0,1 point) grâce au naphta pour lequel cette
zone est la seule à présenter un excédent de + 0,82 Mt, le fioul domestique (- 1
217

point), le fioul lourd (- 4,3 à - 4,1 points). Elle est excédentaire pour le kétosèîie
(+ 2 points) et pour le g&zole (+ 4,4 points) (cf. figure 8.2D).
• la zoae espagnole présente un «cèdent structurel pour deux produits : le gazole
( + 9 pointe) et le fioul (+ 3, 1 points). Elle est déficitaire, par contre pour le total
GPL et naphtft (- 8 à - 6S5 points), les essences automobile (- 3 à - 1,5 points), le
àéroeène (- 1,7 points) et le fioul domestique (- 0,8 point) (cf. figure 8.2E).
Figare 8.2Â : Structure de la production des zones 1 et 2 pour l'année
.2A : Zone 1

GPL + Naphta
2.O%

Essences auto.
36.9% 29.8% h 37.1%

Kérosène 4.0%
7.8%
Gszoîe 15.1%
18.8% 1-19.0%
11.8%
Fioul dornest.
14.8% 14.9%

Fiou! Sourd 27.8%


10.7% h 19.3%

Production Production
Dtmande

Fi§yr® 8.2B : Zone 2

! GPL + Naph»
7.0% 1105%

Е«8®пш« в y » ,
22.3% -21.0%
Kéroeène
5.0% 4.7% \%2%,
Gazete W î
11.6% 11.7%
18.6%

Fioul dornest
25.0%
23.5%

Fioyl lourt
28.9% 22.1%
m 29.1%

ProAjcSon Prodycfion
(B»se sévérité) (Haut* sévérité)
218

Figure 8.2В : Structure de la production des zones 3, 4 et 5 pour l'année 2000.

24.3% 23.1%

3.1%

ie.s%

Figur« $20 : Zmé 4

GPL 1- Nsphta
S.7% •5.7%

17.B%
18.3%
ssSW!
6.0% S.8%

ВажоШ
28.8% 29.»%

Fioul
7.5%
7.8%

1 Fioul tom4
32.8K
37.1%
33.0%

ffieae« sêvimiê)

8.2E : Zone S

QPL
7.3%
17.744,
ie.2%
4.1% 4.0»

Oazol«
30.1% 30.24i

9.0% ®.e«îfe

Ftoul loyrd
32. «% 29.6%
•32.7%

P r e * j clion
Deroande
(Heute
219

Ainsi, hormis le total GPL et naphta pour lequel toutes les zones sont déficitaires
(à l'exception du naphta pour la zone italienne), le modèle fournit une spécialisation
des zones dans la production de tel ou tel produit comme le montre le tableau
récapitulatif suivant dans lequel le signe 4" indique un bilan excédentaire et le signe -
un bilan déficitaire et 0 un bilan relativement équilibré.

Tableau 8.4 : Bilans des produits et spécialisations des zones dans pour
l'année 2000

Europe du Nord Europe du Sud


Total

Produits Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 Zone 5 CEE-12

j
GPL
+

о о о о о • •
Naphta
Essences auto. + + +
Kérosène + +
Gazole + + + +
Fiouî domestique + 4 +
Fioul lourd + 0 +

TOTAL - - + +

Par localisation géographique, on voit bien (dernière ligne du tableau) que


les deux zones du Nord sont globalement déficitaires, îa France, zone intermédiaire,
présente un bilan plutôt équilibré (un déficit de 1 Mt), alors nue les deux zones du Sud
sont globalement excédentaires.

L'autre trait caractéristique est le déficit des zones du Sud en essences automo-
bile, kérosène et fioul domestique alors que celles du Nord présente un déficit pour le
kérosène et 3e fioul lourd (zone britannique) et gazole (zone allemande).

Les excédents et déficits structurels donnent certes une bonne idée sur la réparti-
tion de la production des Douze entre les zones, mais n'expliquent pas à eux seuls les
excédents et les déficits en niveau (volume), car ceux-ci dépendent aussi du niveau de
la production par rapport à celui de la demande.
220

Ce niveau de la production des zones, c'est-à-dire le taux d'utilisation de l'outil.


est déterminé par le modèle en fonction de la compétitivité relative de la zone con-
sidérée par rapport aux autres.

La conjugaison de ces deux éléments induit les flux interzones des produits,
objet de la section suivante.

8.4 Les flux interzones des produits


8.4.1 Basse sévérité de l'octane
La figure 8.3 montre que les flux interzones (tous produits confondus) pour l'horizon
2000 sont sensiblement différents de ceux de l'horizon 1995 (cf. figure 7.6) et relative-
ment pius équilibrés. La zone britannique qus était le principal pole de production
n approvisionne plus aucune zone, elle fait appel même aux autres zones pour pouvoir
satisfaire totalement sa demande.

Figure 8.3 : Flux globaux interzones des produits en 2000 - Basse sévérité (en
Mtl.
в»*»-,,.

221

Le bilan des échanges pour les différentes zones (cf. tableau 8.5) montre que
seules deux zones sont excédentaires : la zone italienne avec 12,3 Mt fournit plus du
tiers du total des produits échangés et la zone espagnole avec 8,3 Mt.

Les trois autres zones déficitaires : - 15,3 Mt pour la zone britannique, - 4,3 Mt
pour ia zone allemande et - 1 Mt pour la zone française.

Tableau 8.5 : Bilans globaux des échanges de produits entre zones en 2000 (en

Basse sévérité Haute sévérité

г
Zones Sortie Entrée Écart Sortie Entrée Écart

Britannique - 15,29 - 15,29 - 14,57 - 14,57

Allemande 10,20 14,49 - 4,29 9,76 14,22 - 4,46

Française 2,90 3,88 - 0,98 3,37 4,71 - 1,34

Italienne 12,26 _ + 12,26 12,90 - + 12,90

Espagnole 10,02 1,72 + 8,30 10,14 2,67 + 7,47

TOTAL 35,38 35,38 — 36,17 36,17 _

Qu'échange-t-on ?

L'analyse de la structure des échanges (cf. 8.4) montre que près des deux-
tiers du volume échangé est constitué par les (42 % pour le seul gazole) et
43,7 % pax les fiouls lourds (27,7 % pour le fioul HTS).
Figure 8.4 : Structure des échanges interzones en 2000.

Production fHaule sévérité)


(Basse sévérité)

Gazote
41.6%

Super 98

Fioul BTS
16.0%
0.1%

8.4.2 Haute sévérité de l'octane


La sévéosation de l'octane des essences sans plomb a pour conséqueace d'augmenter
les transferts ïnteraones de produits de 2,3 % pour les porter à un volume total de
36,17 Mt (cf. tableau 8.5).

Le déficit de îa zone britannique augmente de 4,7 %, celui de la zone allemande


de 4 % et celui de îa zone française de 87 %, même si en valeur absolue il n'est que de
1,34 Mt (coatre 0,98 Mt). La zone staHenne ашеБоге son excédent de 5,2 % alors que
celui de îa zone espagnole est réduit de 10 %.
Xt»

La schématisation de ces flux est donnée par la figure bJ> ci-dessous.

Figure 8.5 : Flux globaux interzones des produits en 2000 - Haute sévérité
(en millions de tonnes).

L'analyse de la structure des flux d'échanges de produits (cf. tableau 8.6) montre
que sur les 36,2 Mt échanges, les distillais représentent la moitié (le gazole représente
à lui seul 40,7 %), suivis par les fiouls lourds pour 43,8 % (fioul lourd HTS pour 26,5 %
et le fioul lourd BTS pour 17,3 %). Les produits légers ne représentent que 6,2 % dont
3,9 % pour les essences et 2,3 % pour le naphta.
224

Tableau 8.6 : Structure des échanges intervenes de produits pétroliers

Essences auto. DistiUats Fioul lourd

Nspht® SP98 SSP85 Total Kérosène Gmzole Total BTS HTS Totei

Mt 0,82 1,23 0,17 1,4 3,35 14,72 18,07 6,24 9,59 15,83

% 2,3 3,4 0,5 3,9 9,3 40,7 50,0 17,3 26,5 43,8

8.4.3 Les importations


L'augmentation de la sévérité de l'octane a pour conséquence d'augmenter le volume
des importations de 1,5 %, malgré une diminution de celle du naphta de 17,3 %. Cette
hausse est imputable à deux produits : !es GPL dont les importations ont augmenté
de 5 % et surtout le MTBE dont les importations sont accrues de 13,3 %. Celles-ci
passent de 19,2 Mt à 21,74 Mt.

Ramenées à leur demande respective, ces importations représentent 34,4 % pour


le naphta et 42,4 % pour les GPL ; celles du MTBE représentent 18 % de la demande
des essences tout type confondu.

I • 8*5 Les coûts marginaux des produits


L'introduction de la complexité du schéma de raffinage par l'intermédiaire de la con-
version profonde a modifié en hausse la valeur des coûts marginaux des produits qui,
comme on le sait, sont des coûts marginaux de développements (cf. tableau 8.7).

La comparaison de ces coûts marginaux avec ceux de la simulation 5 pour


l'horizon 1995 permet de voir que c'est particulièrement le coût marginal du fioul
lourd qui a augmenté le plus, passant de 127,28 à 141,54 $/t soit 11 % d'augmentation
pour le fioul HTS et de 160,27 à 165,88 $/t, soit + 3,5 % pour SefioulBTS.

Cette augmentation du coût marginal est le résultat d'une nouvelle valorisation


pour ces deux produits rendue possible par l'introduction de la complexité du schéma
de raffinage.

En matière d'échanges extra-CEE, l'analyse des coûts marginaux montrent que


les Douze restent potentiellement exportateurs pour deux produits : le gazole et
le fioul domestique.
225

Tableau 8.? : Coûts marginaux des produits (en $/t)

Essences auto Distillais Fsoul lourd

Naphta EOSP SP98 SSP9B SSP98 Kérosèïie FOD BTS HTS

Prix moyen 1991 204 220 234 234 2S4 194 189 PS 74

Ваше sévérité
- tant l 204 239 247 257 228 180 177 189 143
- воое 2 204 233 235 246 256 220 183 180 1« Î4Û
- sone 3 204 238 246 256 219 183 180 îee 143
- &one 4 19? 225 230 240 25] 216 174 171 161 139
- sosie 5 204 230 237 244 255 223 177 175 164 142

Haute sévérité
- seme 1 204 238 247 257 224 181 178 169 143
- sone 2 204 232 234 246 256 220 183 180 168 141
- sone 3 204 238 246 256 219 183 181 Î66 143
- воле i 197 224 229 239 251 215 175 172 162 140
- gorae В 204 229 236 243 254 223 178 175 164 142

8.6 Les Investissements nécessaires


Le volume des investissements nécessaires pour l'horizon 2000 s'élève à 35,4 milliards
de doüars1 pour l'hypothèse d'une haute sévérité de l'octane contre 35,8 miEiards de
dollars pour l'hypothèse d'une faible sévérité de l'octane des essences (cf. tableau
8.8). Cette baisse de l'investissement de 1 % lorsque la sévérité de l'octane augmente
s'explique par un recours massif aux importations du MTBE (+ 13,3 %) au détriment
de sa production qui reste relativement stable (-f 0,02 Mt).

La répartition de l'investissement entre les zones se présente comme suit :

• pour l'hypothèse faible sévérité de l'octane deux zones détieaneHt plus de la


moitié de l'investissement : la zone allemande pour 36 % et la gone française
pour 2056 %. Viennent ensuite la zone italienne avec 16,3 %, la zone britannique
pour 14,4 % et la zone espagnole avec 12,7 % ,

» le passage à la haute sévérité de l'octane des transferts d'investissements


vers la zone française dont la part passe 20,6 à 21,2 % et la zone italienne
(16,3 à 16,5 %).

41 s'agit de« dollars de l'année 1991.


226

Tableau 8.8 : Investissements nécessaires pour satisfaire la demande des produits


pétroUers en 2000

Montant / Zones zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5 TOTAL

Basse sévérité :
- Millions $91 5134,14 12874,08 7378,10 5830,54 4540,07 35756,84
-% 14,4 36,0 20,6 16,3 12,7 100,0

Haute sévérité :
- Millions $91 4883,21 12706,50 7503,10 5824,35 4475,03 35392,19
-% 13,8 35,9 21,2 16,5 12,6 100,0

Variation Haute/basse
sévérités (en %) -4,9 -1,3 + 1,7 + 1,3 -1,4 -1,0

8.7 Impact d'une variation de la «mande sur les


structures de raffinage
L'objectif de cette simulation est de déterminer les capacités nécessaires pour répondre
aux demandes des deux scénarios extrêmes (le scénario D et le scénario B).

Les hypothèses retenues pour cette simulation sont les suivantes :

- approvisionnement en bruts libre,


- teneur en soufre du gazole égale à 0,05 % poids et celle du fioul domestique à 0,15 %
poids,
- importation libre pour le MTBE et le naphta,
- haute sévérité en octane de îa demande d'essences.
22

8.7.1 JLes besoins en capacités nouvelles


Ainsi, si la demande en produits pétroliers des Douze venait à varier dans la limite des
deux scénarios extrêmes, les capacités nécessaires varieront dans les limites données
par le tableau 8.9.

Tableau 8.9 : Besoins en capacités nouvelles minimales et maximales pour les Douze en
2000 en Mt/an - Hypothèse d'une haute sévérité en octane de la demande d'essences

Unités zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5 TOTAL

Distillation
- primaire 0-16,5 0-40,1 0-28,9 0-4,9 0-11,8 0-102,2
- sous vide 5,8-12,9 20,5-44,1 5,5-20,2 9,2-0,8 11,8-11,4 ! 52,8-88,8
Réformage catalytique
- classique - - 0-0,6 0-2,3 - 0-3,0
- régénératif - - - - - -
Craquage catalytique 4,2-7,0 16,5-23,7 1,2-12,3 0-1,4 4,8-9,4 26,6-53,8
Ну drocr aquage - - - - - -
ECC 0-1,8 0-2,7 - - - 0-4,5
Isomérisation 0-2,3 - - 0-0,9 0,4-0,5 0,4-4,2
Âlkylation - 0-0,2 0,2-0,5 - 0,4-0,5 0,5-1,2
MTBE 0,32-0,39 0,38-0,55 0,19-0,39 0,14-0,17 0-0,08 1,03-1,57
Viscoréductioa 1-1,4 - 0-0,4 1,9-10,1 1,3-5,7 4,2-17,5
Cokéfactioa _ — - - -
Hydrodésulfuration 1,7-6,0 18,2-33,5 9,9-22,7 18,5-20,1 11,5-14,8 59,8-97,1
Hydroconversion 20,8-23,8 37,3-44,1 17,2-24,7 13,7-23,2 13,6-18,4 102,5-134,2

Globalement :

« une capacité de distillation supplémentaire de 102 Mt/an sera nécessaire pour


faire face à une demande des Douze correspondant au scénario fort, alors que
pour un scénario faible, le niveau des capacités au 01-01-1992 sera largement
suffisant,

* la distillation sous vide est déficitaire quelque soit le scénario de demande. Ce


déficit varie cependant de 53 à 89 Mt/an seioa que le scénario adopté est faible
ou fort,
• 3 Mt/an supplémentaires pour le réformage catalytique seront nécessaires pour
le cas d'un scénario fort,
228

» le craquage cataJytique (FCC) sera en déficit du simple au double : 27 Mt/an


pour le scénario faible et 54 Mt/an pour le scénario fort,
• les capacités de l'isomérisation varieront de 400 Kt/an à 4,2 Mt/an,
• la viscorésuction nécessitera de 4 à 17,5 Mt/an supplémentaires selon le scénario

* î'alourdissement de l'approvisionnement conjugué à la forte sévérité en matière


de teneur en soufre du gazole et fioul domestique et à une demande faible en fioui
lourd HTS font que îes capacités de désuîfuration disponibles s'avèrent rapide-
ment saturées. Les besoins en capacités nouvelles ont été chiffrés à 60 Mt/an
pour un scénario faible et à 97 Mt/an pour un scénario fort,
• enfin, la mise en place de la conversion profonde se traduira par une capacité de
103 à 134 Mt/an d'hydroconversion des résidus sous vide.

8.T.2 Où seront localisées ies nouvelles capacités ?


L'analyse du tableau 8.9 montre que la répartition géographique des nouvelles capacités
au sein des Douze se fait de la manière suivante :
» pour le scénario faible :
— la zone allemande (zone 2) confirmera sa place de pôle de raffinage des
Douze, par excellence avec 39 % des nouvelles capacités de distillation pri-
maire, 62 % de celles du craqaage catalytique, 37 % de celles du MTBE,
30 % pour l'hydrodésulfuration et 36 % de celles d'hydroconversioa.
— la zone espagnole (zone 5) aura tout à faire. Elle mettra en place 22 % des
nouveEes capacités de distillation sous vide des Douze, 18 % pour le craquage
catalytique, 100 % de celles de l'isomérisation, 80 % de celles de l'alkylation,
31 % de celles de la viscoréductïon, 19 % pour l'hydrodésulfuration et 13 %
de celles de la conversion profonde (hydroconversion).
— la zone italienne (zone 4) se chargera d'installer 17 % des nouvelles capacités
de distillation sous vide des Douze, 14 % pour îe MTBE, 45 % pour la vis-
coréduction, 31 % pour l'hydrodésulfuration et 13 % pour l'hydroconversion.
— la zone française (zone 3) se chargera de mettre en place 10 % des nouvelles
capacités de distillation sous vide des Douze, 5 % de celés du craquage
calatytique, 20 % pour l'alkylation, 18 % pour le MTBE et 1? % pour
l'hydrodésulfuration et l'hydroconversion.
— la zone britannique (zone 1) mettra en place 11 % des nouvelles capacités
de distillation sous vide des Douze, 16 % pour le craquage catalytique, 31 %
pour l'alkylation, 24 % pour la visœtéductïon, 3 % pour l'hydrodésulfuration
et 20 % pour l'hydroconversion.
229

p e r le scénario fort :
— la zone aJUemande détiendra 39 % des nouvelles capacités de distillation
primaire, la moitié de celles de la distillation sous vide, 44 % de celles
du craquage catalytique, 60 % de celles du craquage catalytique du résidu
atmosphérique (RCC), 35 % pour le MTBE et l'hydrodésulfuration et 33 %
pour j'hydroconversion des résidus sous vide.
— la zone espagnole recevra 11,5 % des nouvelles capacités de distillation pri-
maire des Douze, 13 % de celles de la distillation sous vide, 17 % pour le
craquage catalytique, 12 % en isomérisation, 42 % pour l'alkylation, 5 %
pour le MTBE, 33 % pour la viscoréduction, 15 % pour l'hydrodésulfuration
et 14 % pour l'hydroconversion.
— la zone italienne interviendra faiblement dans la mise en place des nouvelles
capacités : 5 % de celles de la distillation primaire, 1 % pour la distillation
sous vide, 3 % pour le craquage catalytique, 21 % pour î'isomérisation, 11 %
pour l'alkylation, 21 % pour l'hydrodésulfuration et 17 % pour l'hydro-
conversion. Sa part est importante pour deux unités : la viscoréduction
avec 58 % et îe réformage catalytique pour 11 %.
— la zone française construira 28 % des aouvelles capacités des Douze pour
le distillation primaire, 23 % de celles de la distillation sous vide, 23 % de
celés du réformage catalytique, 28 % pour le craquage catalytique, 42 %
pour !'isomérisation, 25 % pour le MTBE, 23 % pour l'hydrodésulfuration
et 18 % de celles de l'hydroconversion.
— la zone britannique, enfin, se chargera de construire 16 % des nouvelles
capacités de distillation primaire des Douze, 15 % de celles de la distillation
sous vide, 13 % pour le FCC, 40 % de ceMes du RCC, 55 % de celles de
I'isomérisation, 25 % pour le MTBE, 8 % pour la viscoréduction, 6 % pour
î'hydrodésulfuration et 13 % pour l'hydroconversion.
La comparaison des localisations de ces capacités avec celles de l'horizon 1995
(cf. chapitre 7) montre un relatif équilibre dans la répartition des capacités à installer,
même si la zone allemande retrouve à l'occasion son rôle de pôle de raffinage des Douze.

On remarque que toutes les zones devront "mettre la main à la poche" pour
installer de nouvelles capacités. Quel investissement sera nécessaire ? Tel est l'objet
de la section suivante.
230

8.7.3 Les Investissements


Le montant de PinYestissement nécessaire pour les Douze passe de 30 milliards de dol-
lars environ, pour le scénario de demande faible, à près de 50 milliards de dollars pour
un scénario fort (cf. tableau 8.10).

Tableau 8.10 : Investissements nécessaires pour satisfaire la demande des produits


pétroliers en 2000 - Scénarios de demande faible et fort et haute sévérité de l'octane.

i
Montant / Zones zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5 TOTAL

Scénario faible :
- Millions $91 5230.53 11423,53 4386,55 4032,19 4526,52 29608,31
17,7 38,6 14,8 13,6 15,3 100,0

Scénario fort :
- Millions $91 7876,97 17656,36 9987,74 6884,98 7185,50 26741,31
15,9 35,6 20,1 13,9 14,5 100,0

Variation scénario
fort/scénario faible {%) + 50 + 55 + 128 + 171 + 59 + 67

La localisation géographique de l'investissement, qui se déduit de celle des ca-


pacités (cf. § 8.7.2), se présente comme suit :

# pour ie scénario faible : la zone allemande représentera 38,6 %, la zone bri-


tannique 17,7 %, la zone espagaole 15,3 %, la zone française 14,8 % et la zone
italienne 13,6 %.

9 pour îe scénario fort : la zone allemande reste en tête avec 35,6 %, grâce à
une augmentation de l'investissement requis de -f 55 %, la zone française passe
à la deuxième place avec 20,1 % grâce à une multiplication de l'investissement
par 2,3, la zone britannique occupe la troisième place avec 15,9 % alors que
l'investissement nécessaire a augmenté de + 50 %, la zone espagnole détient
14,5 % et son investissement a été multiplié par 1,6 et ia zone italienne enfin,
avec 13,9 % de l'investissement total des Douze. Le montant de l'investissement
a augmenté de + 71 % par rapport au scénario faible.
231

La structure de l'investissement par type d'unités montre (cf. figure 8.6) que
c'est principalement l'hydroconversion (69 % pour îe scénario faible et 54 % pour le
scénario fort) qui constitue l'essentiel de l'investissement à réaliser. Les autres unités
interviennent comme suit :

« pour le scénario faible : le craquage catalytique (FCC) est la deuxième unité de


par la part de l'investissement absorbé avec 12 % suivis par î'hydrodésulfuration
avec 8 %, la distillation sous vide pour 5 % et la production de l'hydrogène pour
3 %.
• pour le scénario fort : le craquage catalytique (FCC) avec 15 %, viennent ensuite
l'hydroconversion, la distillation atmosphérique pour 9 %, l'hydrodésulfuration
pour 8 %, la distiiation sous vide pour 5 %, la production de l'hydrogène, la
viscoréduction et le RCC avec chacun 2 % environ.

Figure 8.6 : Structures de l'investissement par type d'unités en 2000.


(Scénarios de demande faible et fort)

Scénario faible

1»% HydnxMsuNuntion «3%

FCC

I.

Scénario fort
Vseeré*jeîen

•HCC S%
232

§»7.4 Impact de la variation de la demande sur la structure


de la production des zones
Le passage du scénario faible au scénario fort fait varier doublement la demande : en
niveau d'abord : + 16,4 % pour la zone britannique, + 18,3 % pour la zone allemande,
-f 32,4 % pour la zone française, + 23 % pour la zone italienne et + 34,1 % pour la
zone espagnole) et en structure ensuite (cf. chapitre 5) :
• hausse de la part des essences automobile, du kérosène et du gazoîe pour toutes
les zones,
• relative stabililité de la part du fioul domestique et des GPL,
• baisse de la part du naphta et du fioul lourd.
La nouvelle structure des productions des zones reflètent ces changements comme
le montre la figure 8.7. Ainsi, la part :
• du naphta est réduite pour tontes les zones, à l'exception de la zone française qui
voit cette part passer de 4,8 à 5,2 %,
• des essences automobile s'accroît pour toutes les zones, mais de manière très
différente : + 10,3 points pour la zone britannique (contre + 2,5 pour la de-
mande^ + 2 points pour la zone allemande (+ 1,9 points pour la demande),
+ 4,4 points pour la zone française (+ 3,5 points pour la demande), + 1,5 points
pour la zone italienne (+ 2,4 points pour la demande) et + 3 points pour la zone
espagnole (-f 2,9 points pour la demande),
• du kérosène est en hausse pour toutes les zones,
» du gazole est relativement stable, à l'exception de la zone italienne pour laquelle
cette part augmente de + 2,7 points pour une variation de la demande de + 0,6
point,
« du fioul domestique a varié différemment selon la zone considérée. Ainsi, on passe
d'ua déclin pour la zone française (- 0,5 point) à une relative stabffité pour la
zone britannique et des hausses légère pour les zones allemande (+ 0,3 point) et
importante pour la zone espagnole (+ 2 points),
• du fioul lourd diminue pour toutes les zones. Ces diminutions ne sont pas toutes
en ligne avec la demande : - 2,3 points pour la zone britannique (contre -1,9
points pour la demande), - 2,6 points pour la zone allemande (contre - 2,3 points
pour la demande), - 4,4 points pour la zone française (- 1,9 points pour la de-
mande), - 2 points pour la zone italienne (- 3,3 points pour la demande) et - 2,9
points pour la zone espagnole (- 4,6 points pour la demande).
233

Figure 8.7 : Impact d'une variation de la demande (scénarios faible (D) et fort
sur la structure de production des zones.

Zone 1 Zone 2 Zone3 Zone 5

D Fioul lourd 0Ftoyi domestique fljGeote И Kérosène D Essences ВмарМа BöPL


234

8.8 Conclusion
La possibilité pour les toutes zones de se doter d'unités de conversion profonde a eu
pour effet un bouleversement dans la répartition des rôles assignés aux zones par le
modèle pour l'horizon 1995, sur deux plans :

• celui de l'utilisation des capacités disponibles de distillation primaire qui sont


maintenant toutes utilisées au maximum, la conversion mise en place permettant
de valoriser Ses excédents de produits lourds,

» celui du poids des zones qui devient relativement plus équiUbé. Alors que pour
l'horizon 1995, la plus grande partie des flux d'échanges interzones ont pour
origine la zone britannique, en 2000 ceux-ci deviennent plus équiHbrés et de plus
faible volume (îe volume total des échanges passe de 8? Mt à 37 Mt), ce qui
s'expUque par une plus grande autosuffisance des zones.

Pour le scénario de base, toujours, les capacités disponibles au premier janvier


1992 ne seront pas suffisantes. Ainsi, à l'exception des réformages catalytiques classique
et régénératif, de l'hydrocraquage des distillate, de l'alkylation (encore que là aussi la
zone espagnole se dotera d'une unité ), les Douze devront accroître leurs capacités de
5 % pour la distillation primaire, 30 % pour la distillation sous vide, près du tiers pour
le FCC, 61 à 93 % pour l'isomérisation selon que la sévérité de l'octane de la demande
des essences automobile est haute ou basse, le quart pour la viscoréduction, près de
la moitié pour l'hydrodésulfuration et multiplier ses capacités d'hydroconversion par

Ce dernier chiffre paraît très élevé, mais au regard de la faiblesse de la capacité


existante (1,15 Mt/an) et surtout de l'approvisionnement optimal du modèle représenté
à près de 99 % par l'Arabe lourd, on compendra mieux sa signification.

L'effort financier correspondant est évalué à 85 milliards de $91 dont la moitié


pour les deux zones de l'Europe du Nord : un peu plus du tiers pour la zone alle-
mande (le pôle de raffinage des Douze) et 14 % pour la zone britannique. La France,
zone intermédiaire entre le Nord et le Sud de l'Europe, détiendra le cinquième de
l'investissement. Les deux sones du Sud représenteront 29 % : 16 % pour la zone
italienne et 13 % pour la zone espagnole qui possède actuellement l'outil îe moins
adapté des Douze.

Si la demande venait à varier en volume et en structure dans la limite des deux


scénarios extrêmes, les Douze seront :

• déficitaires en capacités pour la plupart des unités lorsque la demande correspond,


en niveau et structure, à celle du scénario fort. Ce déficit est de 102 Mt pour
la distillation primaire (17 % de la capacité disponible au 01-01-1992), 89 Mt de
distillation sons vide (3? %), 54 Mt de FCC (60 %), 97 Mt d'hydrodésulfuration
235

(58 %) et ... 134 Mt d'hydroconversion, chiffre qui correspond à une structure


de l'approvisionnement à 97 % d'Arabe lourd, soit un volume de 678 Mt.
• déficitaires, mais à un degré moindre, lorsque la demande correspond à celle du
scénario faible. Les besoins en capacités nouvelles concernent 53 Mt de distilla-
tion sous vide, 27 Mt de FCC, 60 Mt d'hydrodésuîfuration et 103 Mt d'hydro-
con version.
Le montant de l'investissement nécessaire variera de 30 à 50 milliards de dollars,
selon que le scénario est faible ou fort, dont plus de la moitié (les deux-tiers pour le
scénaiio faible) pour î'hydroconversion.
Les capacités et structures
souhaitables pour îe raffinage des
Douze à l'horizon 2010

9.1 Introduction
La démarche que nous utiliserons pour la détermination des capacités et structures
optimales pour le raffinage des Douze à l'horizon 2010 est identique à celle que nous
avons appliquée pour l'horizon 2000 (cf. chapitre 8), à l'exception toutefois que, pour
l'horizon 2010, nous ne travaillerons plus en sévérités de l'octane pour la demande des
essences. En effet, nous avons supposé que l'horizon est suffisamment éloigné pour per-
mettre une homogénéisation de la structure de la demande des essences, par qualité.
II ne sera alors plus question que de deux qualités (à l'instar des armées quatre-vingt
où on ne distinguait que l'essence ordinaire et le supercarburant, tous les deux alors
plombés) : î'eurosuper 95 sans plomb et le super 98 sans plomb également.

Cette hypothèse est en elle-même une sévérité dans la mesure où pour répondre
à cette demande, il faudrait disposer d'unités conséquentes, comme on îe verra plus loin.

Nous continuerons à travailler également sur le scénario de base de la demande


(le scénario A) puis nous simulerons l'impact d'une variation de cette demande dans
la limite des scénarios faible (îe scénario D) et fort (le scénario B).
238

9.2 Les besoins en capacités


La détermination des besoins en capacités se fera, comme pour l'horizon 2000, par
rapport aux capacités disponibles au premier janvier 1992.

L'analyse du tableau 9.1 montre que les capacités de :

Tableau 9.1 : Ratios capacités nécessaires/capacités disponibles (en %) pour l'horizon


2010

Unités zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 zone 5 TOTAL

Distillation
- primaire 100 100 100 92 100 98
- sous YÏde 111 121 121 137 181 129
Réformage catalytique
- classique 76 100 79 100 78 78
- régénératif 0 12 0 6 0 ! 9
Craquage catalytique (FCC) 115 154 134 144 187 142
Hydrocraquage §8 87 62 49 100 73
RCC 100 + 6.51 100
Isomérisation 0 0 0 0 0 0
AUcylation 25 100 186 40 + 0.51 60
Viscoréduction 124 50 51 64 87 62
Hydrodésulfuration 100 119 147 204 186 140
Hydroconversion + 20.41 4- 4Î,3 2 4- 19J 1 + 23.41 + 15,2» 4 119,92

1 Capacités des unités nouvelles, en Mt/an.


2 Capacités nouvelles en Mt/an qui viennent s'ajouter aux 1,15 Mt/an existantes.

• distillation primaire disponible seront suffisantes pour répondre à la demande de


l'horizon 2010. Le taux d'utilisation global sera de 98 %,

» distillation sous vide, par contre, seront déficitaires de 68 Mt, soit 29 % pour
l'ensemble des Douze. Le déficit par zone sera de 11 % pour la zone britannique,
21 % pour les zones allemande et française, 37 % pour la zone italienne et . . . 81 %
pour la zone espagnole,

• réformage catalytique seront utilisées à 88 % en moyenne,

• FCC seront déficitaires de 39 Mt, soit 42 % du total des Douze. Le déficit ie plus
important est enregistré pour îa zone espagnole avec 8? % de la capacité actuelle,
239

54 % pour la zone allemande, 44 % pour la zone italienne, 34 % pour la zone


française et 15 % pour la zone britannique,
# MTBE seront multipliées par 1,32 pour les porter à 2,372 Mt,

» viscoréduction sont déficitaires pour la zone britannique pour 0,7 Mt.

Les besoins en unités nouvelles sont :

* le RCC pour 6,5 Mt dans îa zone allemande,


• l'alkylation et le dimersol pour 460 et 152 Kt respectivement, pour la zone es-
pagnole,
• la conversion profonde (l'hydroconversion) pour 120 Mt dont le tiers pour la zone
allemande (qui en possède déjà I,i5 Mt), 20 % pour la zone italienne, 17 % pour
la zone britannique, 16 % pour la zone française et 13 % pour la zone espagnole.
La complexité du schéma de raffinage permet non seulement d'utiliser pleine-
ment les capacités amont de la raffinerie (distillations primaire et sous vide), mais aussi
un alourdissement de l'approvisionnement en brut des zones. Ainsi, seules deux zones
continueront à utiliser du brut léger (le Brent) à 12 % pour la première zone et 8 %
pour la deuxième, les autres se contenteront du brut lourd, soit 95 % d'Arabe lourd
pour l'ensemble des Douze.

L'alourdissement de l'approvisionnement affecte les besoins en capacités de


désulfuration. Un besoin de 67 Mt, soit 40 % du total des Douze est enregistré. Le
déficit concerne les trois zones qui n'utiliseront que l'Arabe lourd (les zones française,
italienne et espagnole) et porte sur 47 % de la capacité disponible pour la zone française,
86 % pour la zone espagnole et . . . 104 % pour la zone italienne et la zone allemande
pour 19 %.

9.3 Les Investissements


La mise en place des capacités souhaitables nécessite un investissement de 36,6 mil-
liards de dollars dont près de la moitié pour les deux zones de l'Europe du Nord : 35 %
pour la seule zone allemande (zone 2) et 13 % pour la zone britannique. Les deux
zones du Sud détiennent un peu plus du tiers : 21 % pour la zone itaUenne et 15 %
pour la zone espagnole, îa zone française intervenant pour 16 %.

La répartition de l'investissement par type d'unités montre que quatre unités


représentent à elles seules plus de 90 % : près des deux-tiers concernent la conversion
prok.nde s vient ensuite le FCC pour 14 %, l'hydrodésulfuration pour 7 % et la distil-
lation sous vide pour 5 %.
240

Cette répartition diffère d'une zone à l'autre comme le montre la figure 9.1.
Ainsi, pour :
• la zone britannique, 84 % de l'investissement concernent l'hydroconversion et 8 %
pour le FCC,

• la zone allemande, la conversion profonde représentera les deux-tiers, le FCC


14 %, le RCC 10 % et l'hydrodésulfuration 4 %,

m la zone italienne, la conversion profonde portera sur 61 % de l'investissement, le


FCC 15 %, l'hydrodésulfuration 14 % et la distillation sous vide 7 %,

• la zone France, la conversion profonde intervient pour plus des deux-tiers suivie
du FCC pour 14 % et l'hydrodésulfuration pour 8 %,

• la zone espagnole, enfin, tout est à faire : conversion profonde pour 54 %, FCC
pour 19 %, l'hydrodésulfuration pour 11 %, la distillation sous vide pour 10 %
et l'alkylation pour 3 %.

Figure 9.1. Structure de l'investissement nécessaire en 2010 par zone - Scénario A.

Zone 4
»

Zone 515 1
241

9.4 Les bilans des produits des différentes zones


L'analyse du tableau 9.2 montre :
• globalement :
- îes deux zones de l'Europe du Nord et la France présentent un déficit net
respectif de 26,4 Mt dont 13,14 Mt, soit 14,6 % de la demande, pour la
zone britannique, 4,5 Mt (2,6 % de la demande) pour la zone allemande et
8,72 Mt (11 % de la demaade) pour îa zone française. Ce déficit est comblé
par des échanges intra-communautaires pour 19,3 Mt, soit près des trois-
quarts et pour le reste par des importations extra-communautaires pour
les deux produits (GPL et naphta) dont l'importation est autorisée par le
modèle.
- les deux zones de l'Europe du Sud présentent un excédent net de 17,5 Mt
(excédent de 19,3 Mt et importations extra-communautaires de GPL de
1,85 Mt) dont 12,9 Mt pour la zone italienne et 4,6 Mt pour la zone espa-
gnole.
* par produit :
- ramenés à leur demande respective, les déficits de îa zone britannique repré-
sentent 30 % pour l'Eurosuper 95 sans plomb, 31 % pour le kérosène, 16 %
pour le fioul BTS et 100 % pour le fioul HTS. Les importations de GPL et
naphta représeatent respectivement 7 % et 1 %.
- îes déficits de la zone allemande concernent le naphta pour 18 % de la
demande, ie gazole pour 16 % et les GPL pour 43 %. La zone présente des
excédents d'Eurosuper 95 sans plomb pour 6 % de la production, le kérosène
pour 24 % et le fioul HTS pour près de la moitié de îa production.
- la zone française est déficitaire pour les GPL pour 42 % de la demande, le
naphta pour 32 %, l'Eurosuper 95 sans plomb pour 15 % et le gazole à 19 %.
La zone ne présente aucun excédent.
- le seul déficit de la zone italienne concerne les GPL pour 15 % de îa demande.
Elle est excédentaire pour le naphta (la seule zone) à 47 % de la production
ce qui permet de limiter les importations extra-communautaires des autres
zones pour ce produit. Les autres produits excédentaires sont : le gazole
pour 26 %, 25 % pour le kérosène et 15 % pour l'eurosuper 95.
- la zone espagnole est excédentaire pour certains produits et déficitaire pour
d'autres. Ramenés à la production, les excédents représentent 23 % pour
l'Eurosuper 95 sans plomb, 21 % pour le gazoie et 19 % pour îe fioul BTS.
JL«s déficits représentent, en part de la demande, 54 % pour les GPL, 26 %
pour le naphta et 21 % pour le kérosène.
242

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Les excédents et les déficits mentionnés ne concernent que les produits finis et
n'incluent pas ie MTBE dont le déficit total des Douze s'élève à 18,4 Mt soit cinq
fois la production locale ou 15 % de la demande des essences.

Les importations du MTBE, ramenées à la production des essences automobile,


représentent 20 % pour la zone britannique, 19 % pour la zone française et 18 %
pour les zone allemande, italienne et espagnole.

L'ensemble des échanges interzones des produits peut être schématisé par la
figure 9.2 ci-dessous.

Figure 9.2 : Flux interzones des produits pétroliers à l'horizon 2010 - Scénario A.
(en millions de tonnes)

\
244

9-S La variation de la demande


Dans les sections précédentes, nous avons déterminé les besoins en capacités et de
structures de raffinage nécessaires pour répondre à la demande des produits pétroliers
des Douze telle que définie par le scénario de base (le scénario A).

L'objet de cette section est l'analyse de l'impact d'une variation de la demande,


en niveau et structure dans la limite des scénarios faible et fort, sur les besoins en
capacités et structures de raffinage, !es investissements, les productions et les échanges
de produits entre ies différentes zones.

9.5.1 Les besoins minima et maxima en capacités


L'analyse des résultats (cf. tableau 9.3) montre que :
m pour un scénario de demande faible (scénario D), les besoins en capacités nou-
velles sont très limités et concernent essentiellement la conversion profonde (ici
Phydrocon version). Globalement une capacité de distillation primaire de 343 Mt/an
(57 % de celle disponible au 01-01-1992) sera suffisante, donc par rapport au
potentiel existant à cette date aucun besoin supplémentaire pour cette unité,
ni pour la distillation sous vide (les trois-quarts des capacités actuelles), le
réformage catalytique, le FCC, l'hydrocraquage, RCC, l'isomérisation, le dimer-
sol, la cokéfaction et le flexicoking.

Les besoins concernent les unités d'alkylation pour la zone espagnole (235 Kt/an),
MTBE pour les zones britannique (41 Kt/an), allemande (96 Kt/an) et française
(89 Kt/an), de viscoréduction pour la zone britannique (116 Kt/an) et française
(4,92 Mt/an), d'hydrodésulfuration pour la zone italienne (124 Kt/an) et d'hydro-
conversion de 71 Mt/an dont 12 Mt/an pour la zone britannique, 27 Mt/an pour
la zone allemande, 11 Mt/an pour la zone française, 13 Mt/an pour la zone
italienne et 8 Mt/an pour la zone espagnole.
• pour le scénario fort, le niveau actuel des capacités sera aettement insuffisant
pour la plupart des unités à l'exception de celles de réformage, hydrocraquage,
cokéfaction et flexicoking. Les capacités nécessaires (cf. tableau 9.3) représenter-
ont 105 % des capacités disponibles au 01-01-1992 pour la distillation primaire,
132 % pour la distillation sous vide, 227 % pour le RCC, 134 % pour î'isomérisation,
328 % pour le dimersol, 249 % pour le MTBE, 146 % pour Phydrodésulfuration,
alors que les capacités d'hydroconversion seront multipliées par . . . 119 !
Ces besoins varient d'une zone à l'autre comme le montre le tableau 9.3.
24.[

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246

9.5.2 Les investissements


La mise en place des capacités nécessaires requiert un effort financier de 15 à 44 mil-
liards de doEars U.S. selon que le scénario de demande est faible ou fort.

L'analyse des structures géographique et par type d'unités montre que :


• îa répartition géographique de l'investissement est variable selon la zone et îe
scénario de demande. Ainsi, trois zones voient leurs parts s'accroître lorsqu'on
passe du scénario de demande faible au scénario fort : la zone française (zone 3)
dont la part passe de 17,6 à 22,8 % soit un gain de près de cinq points. La part
de la zone espagnole (zone 5) passe de 11,1 à 13,9 % et celle de la zone itaHenne
(zone 4) de 17,9 à 18,9 %. Ces accroissements se sont effectuées au détriment des
parts des deux autres zones : la zone allemande (zone 2), malgré une perte de
5,5 points, reste toujours la zone la plus importante (32 % du total) et la zone
britannique voit sa part passer de 16 à 12,5 %.
• la structure de l'investissement par type d'unités fait apparaître que :
- l'hydroconversion représente la quasi-totalité de l'investissement du scénario
faible (94 % pour le total des Douze). Par zone, sa part passe de 86 % pour
la France à 96 % pour les zones britannique, allemande et italienne. La
deuxième unité, de par l'importance de sa part dans l'investissement total,
est la production de l'hydrogène qui accompagne l'unité d'hydroconversion,
grosse consommatrice de ce produit et que le réformage catalytique ne peut
satisfaire à lui seul. La part de cette unité dans l'investissement total
représente 3,6 % en moyenne des Douze et varie de 3,4 à 4,1 % pour les
zones britannique et espagnole respectivement.
— pour le scénario fort, l'hydroconversion, bien que toujours dominante (+93%
en volume), eue ne représente plus que 62 % du total des Douze (53 à
74 % par zone). La deuxième unité est le FCC avec 16,3 %, suivie de
l'hydrodésulfuration pour 7 %, la distillation sous vide 5,1 % et la distilla-
tion primaire pour 2,9 % et îa production de l'hydrogène pour 2,4 % (cf.
tableau 9.4).
24!

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248

9.5.3 Impact sur la structure de la production des zones


La différence dans la structure des investissements des deux scénarios de demande est
le résultat d'une nouvelle affectation des productions aux zones, en structure et en
niveau. Cette modification est ie résultat d'un nouvel optimum relatif aux deman-
des du scénario fort (en niveau et surtout en structure) des différentes zones et de la
performance de l'outil (en niveau et ев structure également) de chaque zone pour la
fabrication de tel ou te! produit le moins cher possible sur le plan de la collectivité (ici
l'ensemble des Douze).

L'analyse comparative des structures des demandes et des productions des deux
scénarios pour chacune des cinq zones (cf. tableau 9.5) montre que :

• globalement :
— pour le scénario faible, les Douze présentent un déficit de 10,8 Mt, tous pro-
duits pétroliers confondus. La situation est différente d'une zone à l'autre :
les deux zones de l'Europe du Nord sont déficitaires (- 8,9 Ml pour la zone
britannique et - 7,4 Mt pour la zone allemande), les trois autres zones sont
excédentaires : + 2,8 Mt pour la France, + 1,1 Mt pour la zone italienne et
+ 1,8 Mt pour la zone espagnole.
— le passage au scénario fort fait passer le déficit des Douze à 16,8 Mt (+ 55,6 %).
Aux deux zones de l'Europe du Nord, encore plus déficitaires : - 13,8 Mt
pour la zone britannique (+ 55 %) et - 7,2 Mt pour la zone allemande
(- 2,7 %), il convient d'ajouter deux autres zones qui changent de situa-
tion, d'excédentaire à déficitaire : la France (- 2 Mt) et H zone espagnole
(- 3;6 Mt), la seule zone à rester excédentaire est la zone italienne avec
+ 9,8 Mt.

• par produit, la situation est très variable d'une zone à l'autre. Ainsi :

— pour l'ensemble des Douze et compte tenu ies hypothèses retenues en matière
d'importations de produits (limitées aux G^L1, naphtaet MTBE), le déficit
concerne donc ces deux produits : GPL avec 5,5 Mt et naphta pour 5,3 Mt
(scénario faible) ou 11,4 Mt (scénario de demande fort). La forte augmen-
tation du déficit des Douze, lorsqu'on passe du scénario D au scénario В est
totalement imputable au naphta dont les importations croissent de + 115 %.
— par zone îa situation est variable. En plus des GPL et naphta en déficit
pour toutes les zones :
* la zone britannique est déficitaire pour l'eurosuper 95 sans plorab, îe
kérosène et le fioul HTS pour !es deux scénarios de demande. On y
'Encore que peur ce produit l'importation est implicite, c'est-à-dire que le raffiaear cherche d'abord
à valoriser ce produit sous d'aetîts fermes (aîk>?at et additif анх essences), le reliquat étant envoyé à
la demande GPL. Dans le cas JÙ ce rejiqnat est inférieur à la demande, la différence est importée.
249

ajoutera le fioul BTS pour le scénario fort. Le déficit du naphta passe


de 0,8 Mt à 4 Mt.
* la zone allemande est excédentaire pour le gazole p таг les deux scénarios,
l'eurosuper 95 sans plomb (scénario faible) et pour le fioul HTS (scénario
fort). Elle est déficitaire pour le gazole (deux scénarios) et le fioul BTS
(scénario faible).
* la zone française présente de faibles excédents pour l'eurosuper 95 sans
plomb (scénario fort), kérosène (les deux scénarios), fioul HTS (faible
scénario) et un faible déficit pour le gazole (scénario fort). Le véritable
excédent (+ 2,6 Mt et + 2,3 Mt respectivement pour le scénario faible
et le scénario fort) concerne le fioul BTS.
* la zone italienne est la seule à présenter des excédents pour le naphta,
même relativement faibles. La zone est excédentaire en kérosène (les
deux scénarios), le gazole et l'eurosuper 95 sans plomb (scénario fort).
Un léger déficit en eurosuper 95 sans plomb (- 0,1 Mt) est enregistré
pour le scénario faible.
* la zone espagnole, enfin, est déficitaire en kérosène (les deux scénarios)
et excédentaire en eurosuper 95 sans plomb (scénario faible) et gazok
(les deux scénarios).
250

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251

9,5.4 Les flux interzones de produits


Les déficits et îes excédents précédents donnent naissance aux flux interzones des pro-
duits tels qu'illustrés par les figures 9.3 et 9.4.
# pour le scénario faible, 15,52 Mt de produits sont échangés dont 33 % proviennent
de la zone espagnole, 31 % de la zone française, le quart de la zone allemande et
10 % de la zone italienne.

La destination de ces flux concerne pour 94 % les deux zones de l'Europe du


Nord : 51 % pour la zone britannique et 43 % pour la zone allemande.

• pour le scénario fort, le flux total des produits échangés passe à 17,5 Mt, soit
+ 13 % de croissance. L'origine des flux est : 58 % pour la zone italienne, 22 %
pour la zone allemande, 14 % pour la France et le reste à partager entre les deux
zones restantes.

La destination des flux est à 79 % pour les deux zones de l'Europe du Nord :
59 % pour la zone britannique et 20 % pour la zone allemande. La zone espagnole
intervient pour 15 % et la zone française pour le reste, la zone italienne étant
excédentaire pour tous îes produits.

Qu'échange-t-on ?

La structure des échanges interzones (cf tableau ci-dessous) montre que six
produits constituent îes échanges intra-CEE. Ainsi :

« pour le scénario faible, on retrouve l'eurosuper 95 sans plomb pour le quart des
échanges (25,6 %), le gazole pour 23,4 %, le kérosène et le fioul BTS pour 16,8 %,
le fioul HTS pour 9,3 % et le naphta pour 8 %.

• pour le scénario fort, ie kérosène et le gazole représentent la moitié des flux


d'échanges. On retrouve ensuite î'eurosuper 95 sans plomb pour 23,5 %, les
fiouls : BTS pour 12,9 % et HTS pour 10 % et le naphta pour 3 %.
* * • • .

Tableau 9.6 : Structure des flux intra-C'EE de produits pétroliers à l'horizon 2010

Naphta Eurosuper Kérosène Gazole FÏOUI BTS Fioul HT S TOTAL

Scénario faible
- Mt 1,24 3.98 2,62 3.63 2,60 1,45 15,52
CV

- /o
8,0 25,6 16,9 23,4 16.8 9,3 100,0

Scenario fort
- Mt 0,52 4,12 4.48 4.4Ï 2,27 1,73 17,53
с 3,0 23,5 25,6 25.2 12.9 10,0 100.0

Figure 9.3 : Flux intra-CEE de produits pétroliers à l'horizon 2ÛIÛ pour le


scénario de demande faible (en millions de tonnes).


Figure 9.4 : Flux intra-CEE de produits pétroliers à l'horizon 2010 pour le
scénario de demande fort (en millions de tonnes).

il

Q
254

3.5.5 Variation de la demande et coûts marginaux des pro-


duits
Le passage d'un scénario de demande faible à un scénario fort a pour conséquence
une modification des coûts marginaux des produits dans le sens d'une hausse pour
l'ensemble des produits, hausse qui s'explique par le fait que pour le scénario faible, la
demande étant faible en niveau (83 % de moins que pour le scénario fort) et en structure
(part des produits blancs plus faible) (cf. tableau 9.7), les capacités disponibles étaient,
à l'exception de la conversion profonde, largement disponibles d'où des coûts margi-
naux plus proches des coûts marginaux de courte période, alors que pour le scénario de
demande forte, les capacités disponibles étaient non seulement déficitaires en niveau
mais aussi en structure, d'où l'important investissement à effectuer. Les coûts margi-
naux correspondants sont donc des coûts de long terme et par conséquent plus élevés.

L'écart entre ces coûts marginaux (pour le scénario faible et scénario fort) n'est
pas uniforme pour tous les produits et plus cet écart est élevé plus la difficulté de
répondre à la demande de ce produit est grande.

tableau 9.7 : Variation de la demande (scénario faible au scénario fort) et coûts margi-
naux des produits (moyenne des cinq zones)

Demande en % Coûts marginaux

Scénario faible fort écart faible fort écart


($/t)

GPL 4 3 4- 25 190 190


Naphta 8 6 + 49 202,06 202,56 4- 0,3
Emrosuper 14 19 4- 151 161,30 243,17 4- 50,8
Super 6 8 + 151 189,04 253,89 4- 34,3
Kérosène 5 6 + 141 207,42 231,22 4- 11,5
Gazole 20 21 4- 98 169,90 182,82 4- 7,6
Fioul domestique 15 16 4- 88 167,07 179,93 4- 6,8
Fioul BTS 22 16 4- 30,7 153,46 163,95 4- 6,8
Fioul HTS 7 5 + 33,8 114,61 128,85 4- 12,4

Total Mt 291,62 533,95


255
/Д SÇ
9.6 Conclusion
Les résultats précédents montrent qu'à l'horizon 2010, les Douze devront investir 15
milliards de dollars 91 pour un scénario de demande faible, 37 milliards pour un scénario
de base (l'investissement le plus probable) et jusqu'à 44 miffiards si la demande venait
à correspondre au scénario fort.

Cet investissement servira à accroître les capacités existantes de :

• pour le scénario de base : 29 % pour la distillation sous vide, 42 % pour le FCC,


107 % pour le RCC, 6 % pour l'alkylation, 24 % pour le dimersol, 132 % pour le
MTBE, 40 % pour l'hydrodésulfuration, 15 Mt pour la production d'hydrogène
et . . . . . . 120 Mt d'hydroconversion (pour 1,2 Mt disponibles au 01-01-1992).

• pour le scénario faible, l'essentiel de l'investissement concerne la conversion pro-


fonde (71 Mt seront construites), le reste concerne quelques ajustements pour le
MTBE l'alkylation et la production de l'hydrogène.

« pour le scénario fort, la plupart des unités seront l'objet d'une extension : 5 %
pour la distillation atmosphérique, 32 % pour la distillation sous vide, 58 % pour
le FCC, 127 % pour le RCC, 34 % pour l'isomérisation, 132 % pour l'alkylation,
46 % pour l'hydrodésulfuration. Les capacités du MTBE seront doublées et
celles du dimersol multipliées par 3. L'hydroconversion bénéficiera de 137 Mt
supplémentaires et 15 Mt pour la production de l'hydrogène.

Le rôle des zones est quelque peu modifié, puisque l'essentiel des flux interzones
de produits a une orientation sud-nord. On notera le rôle particuHer de la zone italienne
qui reste la seule zone excédentaire pour tous les produits (à l'exception des GPL).
J

Chapitre 10

Discussion des résultats

Ce chapitre se propose de présenter une synthèse de l'ensemble des résultats afin de per-
mettre au lecteur d'avoir une vue d'ensemble sur les différentes simulations effectuées
pour chacun des trois horizons (1995, 2000 et 2010).

10Л Récapitulatif des capacités nécessaires


Dans les tableaux 10.1 et 10.2, nous avons présenté les capacités nécessaires pour
satisfaire, au moindre coût, la demande des Douze pour les différents scénarios de
demande : scénario faible haute sévérité, scénario de base, basse et haute sévérités et
scénario fort haute sévérité.

10.1.1 Les besoins en capacité


L'analyse du tableau 10.1 montre que :
• pour l'ensemble des Douze :
— les capacités des distillations primaire et sous vide, de FCC et hydrodésul-
furation, disponibles au premier janvier 1992, s'avèrent Insuffisantes pour
satisfaire la demande de l'année 1995, pour l'ensemble des scénarios présentés,
à l'exception du scénario faible de l'horizon 2010.
— par horizon, on constate que le déficit1 concerne la majorité des unités pour
l'horizon 1995 et 2000, alors que pour 2010, à l'exception du scénario fort,
le déficit est limité aux unités : de MTBE (4- 13 % pour le scénario faible,

1
Pai rapport аи niveau actuel, ce qui ne signifie naHememt que les capacités actuelles seront encore
en service en 2010, cai, l'horiton étant saffisâmment éloigné, à la dépréciation "physique" des unités
s'ajoutera leur obsolescence.
258

+ 132 % pour le scénario de base et + 149 % pour le scénario fort), ePhydro-


désulfuration (+ 40 %, pour le scénario de base) et d'hyd reconversion (+ 71 Mt
et + 120 Mt, respectivement pour les scénarios faible et de base).

Pour le scénario fort, horizon 2010, le déficit concerne : les distillations


primaire (+ 5 %) et sous vide (+ 32 %), le FCC (+ 58 %), le RCC (+ 127 %),
l'isomérisation (+ 34 %), le dimersol (+ 228 %), MTBE (+ 149 %), l'hydro-
désulfuration (+ 46 %) et l'hydroconversion (+ 138 Mt).

• par zones, on distingue l'horizon 1995 des deux autres (2000 et 2010), dans la
mesure où l'hypothèse concernant la complexité du schéma de raffinage n'est pas
la même. C'est ainsi que (cf. tableau 10.1 et 10.2) :

— pour l'horizon 1995, c'est la zone britannique qui, compte tenu de son taux
de conversion îe plus élevé des Douze, devra développer le plus son outil. Son
déficit, quasi-général, est de 58 à 102 %, selon que le scénario est faible ou
fort, pour la distillation primaire, 22 à 59 % pour la distillation sous vide, 96
à 159 % pour le réformage catalytique, 14 à 22 % pour le FCC et 0 à 6 % pour
i'hydrodésulfuration. Les plus grandes augmentations, en valeurs relatives,
concernent la viscoréduction dont la capacité sera multipliée par 6,4 à 8,4,
l'hydrocraquage par 4,6 à 6,5 et le MTBE par 2,8 à 3,3, respectivement pour
les scénarios faible et fort.
- pour 2000 et 2010, l'hypothèse de complexité du schéma de raffinage pour
toutes le zones permet d'alléger les besoins en capacité de îa zone britan-
nique et de ce fait, à l'exception du scénario fort, le niveau des capacités
disponibles est à peu près suffisant, hormis quelques petites extensions (dis-
tillation sous vide, FCC, isomérisation (pour l'horizon 2000) et MTBE). Les
besoins ев capacités sont maintenant généralisés à toutes les zones comme
le montrent les tableaux 10.1 et 10.2.

10.1.2 L'approvisionnement en bruts


L'approvisionnement retenu dans les simulations des tableaux 10.1 et 10.2 est déterminé
par le modèle, c'est-à-dire complètement libre. Nous constatons que pour 1995, seules
deux zones (britannique et française) utilisent le Brent (brut très léger) dans des pro-
portions se situant autour de 94 % pour îa première et 40 à 46 % pour la deuxième.
Les trois autres zones n'utilisent que l'Arabe lourd, ce qui nous donne une structure
d'approvisionnement moyenne des Douze de 29 % pour le Brent et 71 % pour l'Arabe
lourd, pour le cas du scénario faible, 30/70 pour îe scénario de base et 32/68 pour le
scénario fort.

À l'horizon 2000, avec la complexité du schéma de raffinage, c'est principale-


ment la гоие britannique qui continuera à utiUser le Brent pour 9 à 12 % (plus la zone
allemande à raison de 3 % pour îe scénario fort), ce qui a pour conséquence d'alourdir
11.

259

davantage l'approvisionnement optimal des Douze qui passe à 2/98 % pour le scénario
faible et 3/9? % pour le scénario fort.

Pour 2010, la structure de l'approvisionnement sera à 100 % Arabe lourd pour


îe scénario faible, 5/95 % pour le scénario de base et 3/97 % pour le scénario fort.

Cet approvisionnement lourd, voire très lourd, explique les fortes capacités
d'hydroconversion déterminées par ie modèle. Comme l'approvisionnement réel ne
peut pas être plus iourd que celui qui a été déterminé, les capacités trouvées don-
nent donc une Idée sur la limite supérieure en terme de besoins en con-
version profonde qu'il faudrait aux Douze si leur approvisionnement réel
des horizons 2000 et 2010 venait à se situer dans les proportions définies
précédemment.

10.1.3 tes investissements


Le montant de l'investissement nécessaire est lié au scénario de demande utilisé et varie
d'un horizon à l'autre. C'est ainsi que (cf. tableau 10.1) :

• pour l'horizon 1995, îe volume des investissements nécessaires est évalué entre 19
miiiards de dollars (scénario faible) et 24 milliards de dollars (scénario fort). Il
est de 21 milliards pour le scénario de base.

L'investissement du scénario faible sera réparti à plus des troïs-quarts pour l'Europe
du Nord : le tiers pour la zone britaHnique et 45 % pour la zone allemande. Le
reste sera réparti entre les deux zones du sud (17 %) et la France (5 %).

Pour le scénario de base, la part des deux zones de l'Europe du Nord augmeate
et passe à 80 % (37 % pour la zone britannique et 43 % pour la zone allemande),
au détriment de la zone française (3 %) et des deux zones du sud

Enfin, pour le scénario fort, les deux zones de l'Europe du Nord voient leur part
passer à 81 %, avec un changement des rôles entre les deux zones (44 % pour la
zone britannique et 37 % pour la zone allemande), la part de la zone française
passe à 4 % et celle des zones de l'Europe du Sud à 15 % (12 % pour la zone
italienne et 3 % pour la zone espagnole).

» pour l'horizon 2000, le montant de l'investissement nécessaire se situe entre 30


milliards de dollars (scénario faible) à 46 miffiards de dollars (scénario fort), 36
milliards de dollars pour le scénario de base.

La localisation géographique de l'investissement se présente comme suit :


•I

260

— pour le scénario faible, les deux zones de l'Europe du Nord ne représentent


plus que îa moitié de l'investissement à cause de la forte réduction du poids
de Is zone britannique dont la part passe à 18 % (contre le tiers pour le même
scénario en 1995). La part de la zone allemande est également réduite de
45 à 36 %. Les zones dont la part a fortement augmenté sont les zones
espagnole et française (15 % chacune).
— pour le scénario de base, îa sone allemande représente 36 % de l'investis-
sement, la zone française 21 %, la zone italienne 16 %, la zone britannique
14 % et la zone espagnole 13 %, en moyenne pour les deux sévérités d'octane.
— pour le scénario fort, on retrouve la zone allemande avec 36 %, la zone
française pour 20 %, la zone britannique pour 16 %, la zone espagnole pour
15 % et îa zone italienne pour 14 %.
• pour l'horizon 2010, le volume de l'investissement nécessaire se situe entre 15 et
44 milliards de dollars, selon que le scénario de demande est faible ou fort. li est
de 37 milliards pour le scénario de base.

La répartition géographique de l'investissement est la suivante :


— la zone allemande détient 38 % de l'investissement total des Douze, pour le
scénario faible, 35 % pour le scénario de base et 32 % pour le scénario fort,
— la part de la zone française passe de 18 %, pour un scénario faible, à 23 %
pour un scénario fort,
— la zone italienne représente 18 à 19 % de l'investissement des Douze, selon
que le scénario est faible on fort,
— îa zone britannique détiendra entre 13 % (scénario fort) et 16 % (scénario
faible),
— la zone espagnole, enfin effectuera de 11 à 14 % de l'investissement total des
Douze, selon que le scénario est faible ou fort.
261

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263

10.2 Discussion des hypothèses


10.2.1 De l'agrégation
Différentes approches étaient possibles pour aborder le problème de la détermination
des capacités et structures nécessaires au raffinage de l'Europe des Douze pour faire
face à sa demande en produits pétroliers pour les horizons 1995, 2000 et 2010, si on
se tient à l'intitulé générai, car selon l'interprétation qu'on donne au vocable "Europe
des Douze" l'approche peut se modifier.

L'Europe des Douze est-elle une entité ou un ensemble d'entités distinctes ? La


réponse est importante parce qu'elle implique deux approches complètement différentes :

• la première va s'attacher à la recherche des capacités d'offre de produits pétroliers,


en niveaux et structures, assurant Sa satisfaction de la demande communautaire
au moindre coût (pour Ja communauté en tant qu'entité).

L'approche qui se dégage de cette solution est la possibilité de choix de centres


de production (ce que nous avons désigné par zones) régionaux et les frontières
politiques des Etats membres n'ont pas d'impacts, les produits pouvant circuler
librement selon la réaîité de leurs coûts de revient (coût de production + coût de
transfert).

• La seconde qui suppose l'Europe comme un ensemble d'entités différentes im-


plique l'existence d'impératifs nationaux se traduisant par des fiscalités différentes
qui ne permettent pas l'atteinte d'un optimum collectif. Dans ce cas S'approche
qui se dégage consiste à modéliser chaque pays séparément et le total des Douze
s'obtient par sommation des résultats des modèles nationaux. Les échanges in-
terzones ne peuvent alors intervenir qu'a posteriori, après détermination des prix
des produits pour chaque entité modélisée.

Nous avons bien évidemment opté pour la première, c'est-à-dire l'Europe des
Douze représentant une entité uaïque, car elle présente plus d'intérêt aussi bien scien-
tifique que pratique (mesure de l'impact de l'union européenne sur l'outil de raffinage),
la seconde consistant à multiplier par onze (les onze pays raffineurs des Douze) la
démarche utilisée pour un pays, démarche simpliste car les échanges avec les autres
pays sont exogènes au modèle.

C'est ce qui explique donc qve notre travail s'est attelé à déterminer les ca-
pacités et structures de raffinage optimales pour les Douze, ев tant qu'entité unique.
Le qualificatif "optimales" est à prendre dans le sens d'un coût total de satisfaction de
la demande (production 4- transferts de production d'une zone sur d'autres) minimal.

Cette entité unique a été modélisée selon deux approches différeates : l'approche
monoraffinage, c'est-à-dire les Douze représentés par une seule raffinerie et l'approche
u

264

Multiraffinage, autrement dit le découpage de ce groupe en cinq zones de production


* qui pe'«vent s'échanger des produits si nécessaire.

Le choix des cinq zones est en quelque sorte un compromis entre un niveau très
agrégé (l'apprche MONO) et donc trop simpliste avec tous les inconvénients qui lui
sont liés - particulièrement les biais que cela induit au niveau des coûts marginaux -
et un niveau très désagrégé2 (îa raffinerie) qui n'est malheureusement pas réalisable
pratiquement pour cause de taille du modèle hors de proportions (il y a cent raffine-
ries avec en moyenne une quinzaine d'unités chacune !) et en conséquence ie coût de
traitement correspandant serait trop élevé pour un gain de précision dans les résultats
incertain.

C'est îa même raison qui nous a poussé à renoncer au choix du pays comme
niveau d ; agrégation. Avec onze pays raffineurs à multiplier par «ne quinzaine d'unités
en moyenne, on se heurte sur la contrainte de génération de la matrice 3 correspon-
dante. De plus, dans la mesure où la capacité de raffinage des Douze est fortement
concentrée (les cinq pays gros raffineurs représentent 80 % des sites de raffinage des
Douze, 76 % de la capacité de distillation primaire et 82 % de la capacité de conver-
sion), pourquoi vouloir alors désagréger plus ?

Nous avons retenu alors le principe de ne pas agréger ces cinq pays et de cons-
tituer ainsi cinq zones autour d'eux en utilisant le critère de localisation géographique
pour l'affectation des six pays restants aux zones ainsi définies.

Ce regroupement des pays en zones nécessite également la définition de l'agrégat-


zone, autrement dit une raffinerie par zone ou plusieurs ?

Nous avons opté pour la première (une raffinerie par zone), car la deuxième se
heurte également sur les contraintes citées précédemment.

Les raffineries d'une zone sont de configurations fort différentes et leur agrégation
peut mettre en concurrence des unités ayant les mêmes fonctions, alors qu'en pratique,
on ne rencontre pas ces unités daas la même raffinerie. L'exemple le plus frappant est
donné par la conversion profonde. En effet, les unités de ce procédé utiBsent toutes le
résidu (sous vide, de préférence) comme charge. Leur présence dans un même schéma
de raffinage les met automatiquement en concurrence. Dans un modèle de minimisation
des coûts, certaines unités ne seront pas alors sollicitées faute de charges, alors que le
modèle demandera de nouvelles capacités ailleurs. On peut citer l'exemple des unités
de cokéfaction qui ne sont utilisées que pour l'horizon 1995 pour les zones n'ayant
pas (T'unités d'hydroconversion et de celui du flexicoker de la zone allemande dont le
taux d'utilisation reste obstinément nul à cause de la concurrence de l'hydroconversion.

* idéal sar le pian de l'absence totale de biais.


3
GEMME, comme d'autres générateurs, limite îe nombre à utiliser pour certaines "cartes".

- i
265

Cette agrégation des raffineries peut-elle être source de biais ? Tel est l'objet
de Ja section suivante.

10.2.2 L'agrégation des raffineries d'une zone est-elle source


de biais?
La question qui peut se poser est la suivante : la désagrégation utilisée est-elle la
bonne ? autrement dit, aurions-nous pu faire mieux, car nous avons cei-es désagrégé
les Douze en cinq zones, mais chaque zone demeure représentée par une seule raffinerie
et donc les sources des biais des coûts marginaux n'ont pas été complètement éliminées ?

La réponse est oui dans l'absolu. Cependant, la taille du modèle, très élevée à
ce niveau (1500 lignes x 2600 colonnes), empêche toute nouvelle désagrégation (con-
traintes du générateur de matrices pour différentes cartes de spécifications de qualités
à ne pas dépasser).

Il est vrai que l'agrégation des raffineries d'une même zone peut être source
de biais des coûts marginaux et induire une surestimation des capacités de certaines
unités et sous-esiîmer d'autres.

Pour vérifier ce point et dans l'impossibiîité de le faire avec le modèle multi-


raffineries, nous avons déterminé les capacités optimales pour la satisfaction de la
demande de la zone France (zone 3) en utffisant le modèle MONO (toutes les raffineries
françaises agrégées en une seule raffinerie) et le modèle MULTI (les raffineries françaises
sont réparties en quatre raffineries-types de telle sorte que chaque groupe de raffineries
comprend les mêmes unités). Les résultats sont donnés par le tableau 10.3.

On remarque que :
* pour le scénario de base, les écarts de capacités sont faibles ou acceptables pour les
distiEations primaire et sous vide, le réformage catalytique, la viscoréduction, le
FCC et l'hydrodésulfuration. Ils sont élevés cependant pour les unités d'hydro-
craquage, d'isomérisation, d'alkylation et le MTBE (pour l'horizon 2000). Le
dénominateur commun de toutes ces unités est la faiblesse du niveau des ca-
pacités existantes (l'unité de mesure correspondante est le millier de tonnes et
non pas le million, comme c'est le cas pour les autres unités), une faible variation
absolue se traduisant alors par un écart relatif important.

On notera que pour l'horizon 2010, les écarts n'ont pas été représentés parce que
trop faibles (< 0,1).
• pour le scénario fort et en supposant qu'un écart de 10 % soit acceptable, les
unités de distiEations primaire et sous vide, de réformage catalytique, de FCC,
vît*.,»

266

Tableau 10.3 : Variation (en %)" des capacités obtenues par l'agrégation (MONO) et
la désagrégation (MULTI) des raffineries d'une zone

Scénario de base Scénario fort

Unités 1995 2000 2010 1995 2000 2010

Distillation primaire + 0,1 _ - Q 7 -0,1 -0,1


Distillation sous vide -0,1 + 0,1 - - q7 -0,1 -0,1
Réformage cataîytique + 0,7 + 1,1 - -2,3 - 3,0 - 3,6
FCC -2,4 -2,1 - -3,4 -3,4 -2,9
Hydrocraquage + 32,2 + 30,0 - + 43,8 + 48,7 + 49,6
Isomérisation + 14,4 + 14,3 - + 26,9 + 34,1 + 39,1
Âikylation -1,1 + 44,1 _ + 43,6 + 5,2 - 14,6
Dïmersol _ _ - - 38,7 - 13,6 - 13,8
MTBE -1,9 - 96,5 - -3,1 - 3,0 - 2,6
Viscoréduction + 0,5 + 0,9 - -0,1 + 0,1 + 0,1
Hydrodésulfuration + 5,5 + 6,5 + 6,6 + 7,3 + 0,1
„,„ „,.

* les % sont calculés par rapport aux résultats de l'approche MONO. Le signe positif
iadique une sur-estimation de l'approche MONO (résultat MONO supérieur à celui
de l'approche MULTI) et inversement, un signe négatif indique une sous-estimation
(résultat MULTI supérieur à celui du MONO),
261

MTBE, viscoréduction et hydrodésulfuration sont considérées comme indépendantes


de l'approche utilisée.

Les unités d'hydrocraquage, de dimersol, d'alkylation et d'ïsomérisatîon présentent,


par contre, des écarts importants entre les deux approches.
L'analyse des signes des écarts pour les deux scénarios et les trois horizons
montre que, nonobstant la significativité de l'écart fourni par rapport aux résultats de
rapproche MULTI, l'approche MONO :
• sous-estime les besoins en capacités de distillations primaire et sous vide, de FCC,
de dimersol et de MTBE.
m surestime les besoins des unités d'hydrocraquage, d'isornérisation, viscoréduction
et hydrodésulfuration.
Ainsi, de ce qui précède, on peut penser que l'agrégation des raffineries d'une
zone en une seule ne remet pas en cause de façon significative les capacités trouvées et
les coûts marginaux qui en résultent, l'inconvénient majeur étant celui dont on a parlé
plus haut et qui agrège deux ou plusieurs unités cop.current.es dans un même schéma
de raffinage avec la conséquence que cela a sur leur utilisation.

Ce dernier problème ne pourra être résolu que par l'adoption de l'approche


MULTI pour les raffineries d'une zone, à condition de disposer d'un générateur de
matrices conséquent ; mais là c'est une autre histoire.
Déterminer les capacités et structures optimales pour le raffinage européen a nécessité
la résolution préalable de :

• la définition de l'agrégat à modéliser, tout d'abord. En d'autres termes, il


s'agit de savoir si cela valait îa peine de modéliser l'ensemble des dix-neuf pays
européens ou de se limiter aux Douze de la CEE.

L'analyse des principaux indicateurs montre le poids prépondérant de ce bloc au


sein de l'Europe OCDE en 1991 (86 % de la richesse produite et de la capacité de
distillation primaire, 90 % de la capacité de conversion, 87 % de la consommation
énergétique totale et 86 % de celle des produits pétroliers). Que faut-il de plus ?

• l'approche à utiliser, ensuite, pour cerner cet ensemble : un seul centre de pro-
duction (approche monoraffinage) ou plusieurs (approche multï) ?

L'approche monoraffinage consistant à agréger l'ensemble des raffineries des Douze


en une seule est la plus répandue dans les travaux de modélisation qui ont été
effectués à ce jour. L'avantage de l'approche est d'être simple à gérer, mais
néanmoins elle a un inconvénient de taille : elle suppose l'existence d'un seul
centre de production et ignore par conséquent les échanges intra-communautaires
de produits, ce qui aboutit à des résultats biaises aussi bien pour les besoins en
capacités (sous-estimés pour certaines unités et surestimés pour d'autres), que
pour les coûts marginaux.

Cette approche a été légèrement améliorée par le passage à deux centres de pro-
duction : l'Europe du Nord et l'Europe du Sud, c'est déjà l'approche MULTI.

L'originalité de notre travail consiste à pousser l'analyse plus loin, en d é s a g r é g e a n t


les Douze non pas en deux sones mais en cinq. Le nombre de zones retenues
(cinq) répond en fait à notre souci de ne pas agréger les cinq pays gros raffineurs
(Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie et Espagne) et de réduire ainsi les biais
correspondants. Ces pays représentent d'ailleurs les trois-quarts de la capacité
de distillation primaire des douze et 82 % de celle de conversion, ce qui constitue
272

un pas important dans l'élimination des biais.

Ces cinq zones ainsi définies peuvent s'échanger des produits de façon à satisfaire
la demande totale des Douze, au moindre coût.
la définition des trois blocs des données du modèle, en l'occurence les appro-
visionnements, le module "marché" et le module "schéma de raffinage". Ainsi, :
- en ce qui concerne le premier point, l'application de l'analyse multidimension-
neEe en composantes principales et de la classification hiérarchique a permis
de déterminer une structure de l'approvisionnement réduite à trois
bruts : un brut léger (le Brent), un brut moyen (l'Arabe léger) et un brut
lourd (l'Arabe lourd). Ces bruts sont en fait des représentants de paniers
de bruts respectifs plutôt que des bruts "physiques".

La régression linéaire sous contraintes permet de définir les parts de ces trois
bruts dans l'approvisionnement global de chacune des cinq zones.

Cette structure est utilisée pour caler le modèle sur les différentes zones, ce
qui a permis de tester sa parfaite validité pour une approche MONO. Reste
cependant à la tester sur l'approche MULTI, ce qui n'a jamais encore été
fait, à notre connaissance.

— le module "marché", regroupe la définition de la demande, des prix des bruts


et des produits et les coûts d'appel aux capacités des unités existantes et à
installer.

Pour la demande, nous disposons des quatre scénarios de prévisions ef-


fectuées par la CEE, prévisions jugées suffisamment fiables pour la pour-
suite de l'étude. Nous avons travaillé principalement avec le scénario de base
(scénario  ) que nous avons encadré par deux autres : inférieurement par le
scénario faible (scénario D) et supérieurement par le scénario fort (scénario
B) afin de pouvoir simuler l'impact sur les résultats d'une éventuelle varia-
tion de la demande, en structure et en niveau, dans la limite des deux
scénarios extrêmes.

Les données de la CEE ne sont pas utilisables telles quelles, car elles ne sont
pas suffisamment désagrégées. Nous avons été amenés à poser alors des hy-
pothèses d'évolution de la structure des demandes des essences automobile
(en essence ordinaire sans plomb, supercarburant 98 plombé, l'eurosuper 95
sans plomb et le super 98 sans piomb), du gazole en gazole moteur et gazoîe
de chauffage (fioul domestique) et du fioul lourd en fonction de sa teneur en
soufre (fioul BTS et fioul HTS).
273

Pour les essences automobile et dans le but de couvrir un large intervalle de


variation possible de la structure, nous avons défini deux sévérités d'octane :
basse et haute, se distinguant par une part plus ou moins importante du
total sans plomb, eurosuper 95 sans plomb et super 98 sans plomb.
— le troisième et dernier module, le "schéma de raffinage", consiste à définir
les hypothèses de la complexité à introduire dans le raffinage des Douze.
Compte tenu des délais nécessaires à la mise en place des unités de conver-
sion profonde, nous avons distingué l'horizon 1995 des deux autres.

Pour 1995, nous avons supposé que les nouvelles capacités ne peuvent se
faire (contrainte de délais de construction) que sous forme d'extensions des
capacités des unités existantes, alors que pour 2000 et 2010, rien n'empêche
à ce que la complexité du schéma soit endogène au modèle.
• la recherche d'un degré de liberté à accorder au modèle, autrement dit la détermi-
nation d'une configuration acceptable pour celui-ci. Celle-ci s'obtient par les
simulations de l'impact des paramètres, les plus importants, sur les résultats.

Parmi ces paramètres les plus importants, il y a l'hypothèse de réduction des


approvisonnements dont on a parlé plus haut et dont il faudrait tester la validité
pour l'approche MULTI adoptée : c'est la première simulation effectuée.

Les résultats sont sans équivoque : l'hypothèse de réduction des appro-


visionnements, valable pour une approche MONO, ne l'est plus pour
une approche MULTI, pour la simple raison que tout optimum étant relatif
aux contraintes imposées, dans une optimisation MULTI, le modèle cherchera
une espèce de spécialisation des zones dans la production des produits pour
lesquels eEes sont les meilleures, en fonction de la performance de leur outil
et de la structure de leur march«'. En voulant contraindre les approvision-
nements, on "handicape" fortement le modèle. Les résultats de la simulation 1
(horizon 1995) en sont la preuve, puisque avec une structure de l'approvision-
nement fixe, le modèle fait appel à de nouvelles capacités des différentes unités
de la zone britannique, alors que partout ailleurs les capacités disponibles (donc
largement moins chères) demeurent obstinément sous-utiiisées, voire non utilisées
du tout, comme c'est le cas de la zone espagnole.

Certes, la zone britannique a la particularité de disposer du taux de conversion


le plus élevé des Douze et de l'approvisionnement le plus léger, mais est-ce la
raison d'un tel déséquiubre dans l'utilisation de l'outil de raffinage des zones ?
274

Pour répondre à la question, nous avons effectué îa même simulation que précédem-
ment à l'exception de l'approvisionnement qui devient maintenant libre. Le
résultat est immédiat : toutes les zones voient leurs taux d'utilisation des ca-
pacités améliorés et les besoins en nouvelles capacités de la zone britannique
nettement réduits.

Contrairement à ce qu'on peut penser, une structure de l'approvisionnement


réduite n'est pas la négation du principe des différentiels de prix entre bruts,
principe utilisé par îe raffineur pour l'optimisation du choix de ses bruts, car
cette structure a été bel et bien déterminée sur la base des quantités de bruts
utilisées réeEement par le raffinage et qui découlent des différentiels de prix ob-
servés durant l'année considérée. La structure réduite de l'approvisionnement
reconduit, par voie de conséquence, ce différentiel, maïs ne l'ignore en aucune
manière.

Le problème des approvisionnements résolu, il nous faut maintenant déterminer


«ne configuration acceptable pour ie modèle, c'est-à-dïre le degré de liberté à accorder
à celui-ci. Pour cela, nous avons simulé des situations intermédiaires entre les deux
extrêmes : une complète autarcie des Douze et l'ouverture totale de leur marché aux
importations extra-CEE.

Dans le premier cas on cherchait à voir si l'autonomie totale des Douze en


matière de satisfaction de la demande des produits pétroliers est réalisable économique-
ment. La réponse est négative, car deux produits (ie MTBE et le naphta) présentaient
des coûts marginaux très élevés (trois fois leurs prix spot moyens de l'année 1991), ce
qui signifie que les Douze ne peuvent pas se passer de l'importation de ces deux pro-
duits comme appoint de la production locale. Pour le cas du MTBE, cette dépendance
des importations est le résultat d'un sens-équipement en unités de production de ce
produit, par rapport à l'évolution de sa demande.

La libre importation pour ces deux produits donne au modèle une configu-
ration acceptable, car les coûts marginaux des produits sont maintenant d'un niveau
satisfaisant.
275

Les besoins en capacités et investissements pour l'horizon


1995
Les capacités disponibles au 01-01-1992 sont globalement et structurellement
insuffisantes pour satisfaire la demande des produits pétroliers des Douze. Le déficit
est variable selon le scénario de demande et l'unité considérée. Ainsi : pour la dis-
tillation primaire, le déficit est de 9 à 16 %, selon que le scénario est faible ou fort.
Ce déficit tient compte du paramètre localisation des capacités disponibles. En effet,
les capacités de raffinage disponibles actueEement, n'ayant pas été déterminées dans
le cadre de la recherche d'un optimum au niveau des Douze, mais pour assurer une
sécurité des approvisionnements en produits des pays concernés, d'où la nécessité
d'une «localisation de certaines capacités dans le cadre de la recherche
d'un optimum collectif. Les déficits précédents tombent à 2 et 12 %, respective-
ment, si on ne tient pas compte de ce facteur localisation.

Le déficit, compte tenu de la localisation, est de 10 à 14 % pour la distillation


sous vide, 20 à 32 %, pour le réformage cataîytique, 7 à 11 % pour le FCC, 75 à 106 %
pour l'hydrocraquage, б % pour Palkylation, 75 à 84 % pour le MTBE, 82 à 101 % pour
la viscoréduction, 56 à 67 % pour la cokéfaction, 21 à 25 % pour l'hydrodésulfuration
et 34 à 35 Mt d'hydroconversion.

La mise en place de ces capacités requiert un investissement de 19 à 24 milliards


de doüars dont 78 à 81 % sont à réaliser par les deux zones du nord (zones britannique
et allemande). La zone britannique, compte tenu de son taux de conversion le plus
élevé des Douze, joue un rôle important, puisque près de 90 % des flux d'échanges
interzones de produits ont pour origine cette zone.

L'approvisionnement en brut découlant du modèle est à forte composante Arabe


lourd : 29 % Brent et 71 % Arabe lourd, pour le scénario faible et 32 et 68 %, respec-
tivement, pour le scénario fort. Les différentiels entre bruts, induisent l'utilisation des
deux bruts extrêmes, l'Arabe léger étant un brut intermédiaire dont les caractéristiques
peuvent être obtenues par mélange du Brent et de l'Arabe lourd.
276

Les horizons 2000 et 2010


La complexité du schéma de raffinage permet de "désengorger" îa zone bri-
tannique. Les йиж de produits changent de sens et devieaaent globalement des flux
sud-nord et concernent, pour plus de la moitié, les distillais (gazole notamment et
kérosène), pour l'ensemble des zones.

Les taux d'utilisation des capacités disponibles sont très satisfaisants, grâce à la
conversion profonde (î'hydrocon version, principalement) qui permet de faire fonction-
ner au maximum les unités aval.

Les besoins en investissements sont de 30 à 50 milliards de dollars pour l'horizon


2000 et 15 à 44 milliards de doiars pour l'horizon 2010.

L'approvisionnement en bruts des deux horizons s'alourdit davantage et représente


près de 97 % d'Arabe lourd, ce qui induit de fortes capacités de conversion profonde.
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:r'i

Г f m
I

ANNEXES

1
к

li.

I
f- , r
I

Annexe A
Les feedstocks et le problème de
calcul du taux d'utilisation de
l'outil de raffinage

Le taux d'utilisation des capacités de raffinage sert à mesurer le degré d'utilisation de


l'outil de raffinage disponible. Depuis quelque temps, une confusion entoure la façon
dont cet indicateur est déterminé. Traditionnellement, il s'exprime par le rapport en-
tre la quantité de brut traitée annuellement à la capacité de traitement des unités de
distillation primaire disponible.

Cette méthode était correcte tant que les unités avales de la distillation atmo-
sphérique étaient dépendantes de celle-ci, c'est-à-dire que leurs charges provenaient
directement ou indirectement de la distillation primaire, ce qui était le cas des schémas
de raffinage simples de type hydroskimming.

Les bouleversements qu'a connu le raffinage mondial et européen, en particulier, V


après le deuxième choc pétrolier, ont amené une complexité accrue de l'outil de raffi-
nage. Cette complexité s'est traduite par une multiplication du nombre d'unités avales
de la distillation primaire (unités de conversions et d'obtention de carburants sans
plomb à haut indice d'octane) et une réduction du taux d'intégration de la raffinerie
qui a conduit au développement des flux d'échanges entre raffineries (d'un même centre
ou appartenant à une même compagnie).

Ainsi est-on passé d'une phase où les flux à l'intérieur de la raffinerie étaient
parfaitement définis par la quantité de brut traitée dans la distillation atmosphérique
(ces flux en découlent par un jeu de rendements des différentes unités considérées) à
une autre où la raffinerie, en plus des flux précédemment cités, importe des quantités
plus ou moins importantes de charges à craquer1. Celles-ci viennent alimenter directe-
1
I- Feedstocks pour les anglo-saxons. Sous cette appellation on regroupe des charges aussi diverses
que :
- les résidus atmosphériques qui servent comme charge à la distillation

r
r
288
I ment, sans passer par la distillation primaire, les unités concernées.

Continuer à calculer le taux d'utilisation des capacités de raffinage uniquement


en se référant à la quantité de brut traitée ne correspond donc plus à la réalité d'autant
plus que les quantités de charges traitées annuellement sont importantes (12,6 % de
la quantité totale du brut pour l'Europe OCDE en 1991) et peut engendrer des in-
terprétations erronnées dans le cas où la raffinerie disposerait, par exemple, d'excédent
de capacité de distillation atmosphérique mais ses unités avales sont saturées par suite
d'importations de charges.

Dans ce cas-ci, en se référant au taux classique, on pourrait conclure à une sous-


utilisation de l'appareil et s'attendre à pouvoir répondre facilement à toute hausse de
la demande par simple augmentation de la quantité de brut traitée. Or, l'inconvénient
majeur de ce taux est qu'il ne donne aucune idée sur les goulots d'étranglement
éventuels qui pourraient exister en aval de cette distillation primaire et n'est donc
plus représentatif de l'ensemble de la raffinerie.

Une deuxième méthode consiste à calculer ce taux en faisant le rapport de la


somme de la quantité du brut traitée et des charges, à la capacité de distillation. Là
aussi, un problème se pose puisque la somme "brut + charges" n'a pas de sens dans la
mesure où ces dernières ne transitent pas en général par la distillation primaire, il n'y
a, par conséquent, aucune raison de les ramener à cette capacité.

Quelle est alors la solution de rechange ?

L'idée que nous développerons s'inspire de cette dernière méthode et consiste à


1 transformer la quantité de charges en équivalent brut. Le taux sera alors le rapport
entre la somme de la quantité du brut traitée et de la quantité des charges, exprimées
en équivalent brut et la capacité de distillation primaire. Toutefois il reste alors à
définir le coefficient d'équivalence à adopter.

On peut penser immédiatement à l'équivalence "physique", c'est-à-dire la quan-


tité de brut nécessaire pour obtenir une tonne de charges à craquer. Cependant, le
traitement du brut ne donne pas que des charges, mais autant, voir plus, d'autres pro-
duits. L'équivalence est donc faussée.

Si les raffineurs préfèrent aujourd'hui sous-utiliser leur distillation primaire et


importer des charges, c'est simplement par souci de rentabilité, c'est-à-dire de valo-
risations relatives. C'est justement ce critère de valorisation relative d'une tonne de
sous vide ou directement poui le RCC (atmospheric residue catalytic cracking) et le viscoréducteur,
- le naphta,
- les distillât» sous vide pour l'alimentation des FCC et hydrociaqueur de distillats.
Cependant, dans la mesure où aucune statistique ne détaille ces flux, nous les assimilerons à du résidu
atmosphérique d'arabe léger.

r
I

289
I
charges par rapport à celle d'une tonne de brut que nous utiliserons.

Nous appliquerons la méthode à dix-sept pays2 de l'Europe OCDE que nous


regroupons en six zones :
• la zone 1 correspond aux quatre pays Scandinaves : Danemark, Finlande, Norvège
et Suède,
• la zone 2 regroupe le Royaume-Uni et l'Irlande,
• la zone 3 comprend l'Allemagne, l'Autriche et le Benelux,
• la zone 4 comprend la France et la Suisse,
• la zone 5 se compose de l'Italie,
• la zone 6 regroupe l'Espagne et le Portugal,
Pour calculer les valorisations relatives, nous allons recourir à un modèle linéaire
de raffinage.

L'utilisation de ce modèle nécessite son calage préalable pour chaque zone, c'est-
à-dire le "réglage" des rendements des unités de manière à reproduire les productions
réelles des raffineries de la zone considérée pour l'année retenue. L'approvisionnement
en brut est représenté par trois paniers de bruts : Brent pour les bruts légers, l'arabe
léger pour les moyens et l'arabe lourd pour les lourds. La part de chacun de ces paniers
est déterminée statistiquement par analyse en composantes principales (cf. tableau 1).

1 Tableau A.l : Structure de l'approvisionnement en bruts des différentes zones (en %)

Zones / Bruts Brent Arabe léger Arabe lourd

1 Scandinavie 70 27 3
2 Royaume-Uni - Mande 76 12 12
3 Allemagne-Autriche-Benelux 47 44 9
4 France-Suisse 49 40 11
5 Italie 48 26 26
6 Espagne-Portugal 45 16 39

Détermination de l'équivalence Charges-Brut

3
la Grèce et 1* Turquie n'ont pas été considérées.
г
290

Le modèle étant calé, il est facile de déterminer :


• la valorisation d'une tonne de brut : Brent, Arabe léger, Arabe lourd et mélange
des trois bruts (dans des proportions définies par le tableau 1) en supposant que
le modèle ne traite que du brut,
• la valorisation d'une tonne de charges en supposant que le modèle ne traite que
des charges.
Les résultats sont donnés par le tableau 2.

Tableau A.2 : Coefficients d'équivalence de la tonne de charges par rapport à la tonne


de brut pour les différentes zones de l'Europe OCDE en 1991

Zones / Bruts Brent Arabe léger Arabe lourd Appro, moyen

France-Suisse 0,62 0,71 0,88 0,66


Royaume-Uni-Irlande 0,66 0,74 0,92 0,68
Italie 0,72 0,81 0,97 0,76
Allemagne-Benelux-Autriche 0,73 0,80 0,98 0,76
Espagne-Portugal 0,74 0,84 1,03 0,83
Scandinavie 0,77 0,84 1,05 0,78

On remarque que la valeur des coefficients varie, comme on peut s'y attendre,
К en fonction de la zone et du type de brut. Ces variations s'expliquent par le taux de
conversion3 différent d'une zone à l'autre et qui influe directement sur les valorisations
de la tonne du brut et des charges comme le montre le tableau 3.
Dans ce tableau on remarque la forte corrélation positive entre la valeur d'une
tonne de brut (particulièrement pour l'arabe léger) et le ratio de conversion. Pour la
valeur d'une tonne de charges cette liaison n'est pas aussi évidente, en raison prob-
ablement de l'importance relative de certains types de conversion tels le coking, la y-;
viscoréduction et le RCC. C'est d'ailleurs l'explication qu'on peut avancer pour la zone ri
Espagne-Portugal qui présente une valorisation de la tonne de brut relativement faible
alors que celle des charges est élevée. De la même façon, la zone Scandinave avec le cok-
ing, la viscoréduction et le RCC, présente une valorisation des charges la plus élevée.
La zone britannique qui présente la valorisation de brut la plus élevée se trouve au
cinquième rang pour les charges à cause de sa très faible capacité de viscoréduction.

3
On appelle taux de conversion le rapport de la capacité de conversion, exprimée en équivalent FCC,
à la capacité de distillation atmosphérique. •s,

* • •
г г
291

Tableau A.3 : Relation taux de conversion de l'outil et valeurs de la tonne de brut et


des charges

Zones Espagne- France- Italie Scan- Allemagne- Royaume-


Portugal Suisse dinavie Autriche- Uni
Benelux Irlande

Taux de conversion (%) 19,1 24,7 27,6 30,2 30,4 39,8


Valeur d'1 tonne ($91) :
- Arabe léger 156,7 157,9 161,9 162,5 167,2 168,0
- Arabe lourd 127,8 127,4 134,9 131,3 136,7 136,0
- Brent 175,5 180,4 183,1 178,8 182,8 187,5
- Appro, moyen 158,2 170,3 173,3 175,2 175,0 183,0
- Charges 131,1 111,8 131,4 137,2 133,8 124,6

Comparaison des taux d'utilisation des capacités obtenus par différentes


méthodes

Afin de valider la pertinence de notre approche, il apparaît intéressant de la


confronter à des méthodes traditionnelles. Le tableau 4 permet de comparer les taux
d'utilisation des capacités de raffinage de chacune des zones selon les trois méthodes
suivantes :
1
• Méthode 1 : rapport de la quantité de brut traitée à la capacité de distillation
primaire,

• Méthode 2 : rapport de la somme de la quantité de brut traitée et des charges,


à la capacité de la distillation primaire,
s. >.
• Méthode 3 : rapport de la somme de la quantité de brut traitée et des charges ex-
primées en équivalent brut (au moyen des coefficients du tableau 2), à la capacité
de distillation primaire.

La méthode développée (méthode 3) paraît plus réaliste. Elle s'appuie sur le


principe de la valorisation, principe qui commande le raffineur dans sa décision de sub-
stitution brut-charges. Elle fournit un taux intermédiaire.

Selon l'importance des charges par rapport au brut (cf. tableau 5) et la valeur du
',•»
coefficient de conversion charges-Brut, ce taux tendra vers l'un ou l'autre des extrêmes.

Trois zones se distinguent par l'importance de la part des charges, il s'agit de :

f
292

Tableau А.4 : Taux d'utilisation des capacités de raffinage obtenus par trois méthodes
différentes, pour 1991

Zones Espagne- Erance- Italie Scandinavie Allemagne- Royaume-uni


Portugal Suisse Autriche- Irlande
Benelux

Méthode 1 81,1 90,0 67,2 85,0 87,1 87,4


Méthode 2 84,6 96,8 79,0 97,9 103,7 98,8
Méthode 3 84,0 94,5 76,2 87,3 99,8 95,2

t
к
Tableau A.5 : Importance des charges dans l'approvisionnement du raffinage européen
(en % de la quantité totale du brut traitée)

Zones Espagne- France- Italie Scandinavie Allemagne- Royaume-uni


Portugal Suisse Autriche- Irlande
Benelux

% 4,3 7,5 17,6 3,5 19,0 13,1

Source : d'après les statistiques de Г AIE.

t t
• la zone Allemagne-Autriche-Benelux pour 19 % dont la moitié pour les Pays-
Bas (qui possèdent les deux unités de conversion profonde de toute l'Europe : le
flexicoker (Exxon-Rotterdam) et le hycon (Shell-Pernis)),
• l'Italie qui possède la plus grande capacité de distillation primaire d'Europe (115
Mt/an) "préfère" l'importation des charges à une utilisation plus importante de
sa capacité de distillation comme en témoigne un taux de 17,6 %.
• les îles britanniques pour 13,1 %.
De plus, une part importante des charges à craquer induit des taux d'utilisation
très différents selon la méthode retenue. Ainsi, pour la zone Allemagne-Autriche-
Benelux, passe-t-on d'un taux de 87,1 % à 103,7 % (soit + 16,6 points ) selon que l'on
retienne les méthodes 1 ou 2. On voit aisément la limite de la deuxième méthode qui
consiste à additionner simplement les charges au brut, donc à considérer un coefficient
de conversion brut-charges égal à l'unité.

La méthode proposée présente l'avantage d'être dépendante de la valorisation


des produits. Cette valorisation est à l'essence même de la détermination du pro-
gramme optimal de production du raffineur.

L'utilisation, voire la généralisation de cette nouvelle méthode de calcul synthétique


des taux d'utilisation des capacités de raffinage requiert une mise à jour périodique
des coefficients d'équivalence. Cette actualisation peut s'effectuer en toute rigueur au
moyen d'un modèle de programmation linéaire. Néanmoins, il est tout à fait concev-
able d'envisager une procédure de calcul plus souple et plus transparente conduisant à
des valeurs d'un ordre de grandeur satisfaisant.

Faciliter la mise en œuvre de cette méthode permettrait, d'une part de parler un


к même langage en matière de calcul du taux d'utilisation et d'autre part, de redonner
toute sa valeur à ce taux pour mieux apprécier l'adaptation technico-économique de
l'outil de raffinage.

f
ha-
! I

\ 1

Annexe В
L'analyse en composantes
principales et classification :
rappels théoriques

B.l L'analyse en composantes principales


Un pétrole brut se définit par ses caractéristiques - on parle de ses qualités - obtenues
par des analyses de laboratoire.

L'approvisionnement d'une raffinerie est, quant à lui, parfaitement défini dès


qu'on connaît pour chaque brut i (i = 1,2, • • •, m) :
\^ • ses caractéristiques j (j = 1,2,••• ,n) ;
• sa quote-part g; dans l'approvisionnement total.
к
' Si on désigne par X la matrice de dimension (mxn) des n caractéristiques des
m bruts et par Q le vecteur-colonne des quote-parts qi, l'approvisionnement en brut de
la raffinerie sera alors un brut fictif FICT dont les n caractéristiques sont les moyennes
pondérées (par les quote-parts qî) des caractéristiques des m bruts traités, ce qui s'écrit
par la relation :

!
FICT = Q' . X
Où:
• FICT est un vecteur-ligne de dimension (l,n),

• Q vecteur-colonne des parts des bruts dans l'approvisionnement total (m, 1) et

Q' = ( t f l j f t j * - • » ? • » • • • ,4m)

t
F
296
I • X matrice des n caractéristiques des m bruts

Х12

X21

X =
«in

Mathématiquement il y a donc équivalence1 entre le traitement successif des m


bruts ou le traitement du brut FICT, dont les caractéristiques sont les combinaisons
linéaires de celles des bruts considérés.

En analyse des données, les m bruts, appelés individus, forment un nuage de


points dans l'espace Шп des n caractéristiques - appelées caractères - alors que les n
caractères forment aussi un nuage de points dans l'espace 5ftm des m individus.

L'objet de l'analyse des données est d'identifier les liaisons éventuelles entre les
points à travers l'analyse du nuage. La difficulté rencontrée est qu'à partir d'un nombre
de points supérieur à trois, l'examen visuel du nuaeçe devient alors impossible, de ce
fait il va falloir recourir à des projections sur des plans. Se pose alors le problème du
choix du plan de projection car toute projection quelle qu'elle soit ne peut conserver
les distances réelles entre points du nuage, d'où l'importance du choix du plan de pro-
jection. Ce dernier sera choisi de manière à ce que les distances soient en moyenne le
mieux conservées.

Considérons deux individus e< et ej de l'espace des individus et appelons fi et


/,• leurs projections su»; le plan défini par deux droites FI et F2 (cf. figure 4.1) ; on
peut écrire :

'En fait, il n'y a équivalence que lorsque les n caractéristiques considérées sont linéaires, c'est pourquoi
en pratique, on remplace les caractéristiques physiques, pour lesquelles cette propriété n'est pas vérifiée,
par des indices correspondants qui eux sont linéaires.
f
297

Le choix du plan de projection - appelé plan principal - se fera donc sur la base du
critère d'une maximisation de la moyenne des carrés des distances entre les projections
/i)/2>*"')/m des m individus du nuage de l'espace des individus. Si les deux droites
F I et F2 définissant le plan principal sont perpendiculaires, on peut écrire :

où cn,otj et ßi,ßj sont les projections des individus e; et ej, par l'intermédiaire de et
fj, sur F I et F2 respectivement.

Pour définir ce plan principal, la méthode consiste alors à chercher tout d'abord
FI rendant maximale la moyenne des <P (о^;а,), puis F2, perpendiculaire à F l , ren-
dant maximale la moyenne des d? (ßi;ßj) et ainsi de suite, pour le cas d'un espace prin-
cipal (plus de deux droites). Les droites F1,F2,F3, • • • ,Fn ainsi trouvées s'appellent
les axes principaux du nuage.

En projetant un individu г ayant pour coordonnées initiales (x},x?, •••,£") sur


les axes principaux on obtient de nouvelles coordonnées (c},cj,-- -,c") appelées com-
posantes principales. Chique composante principale ck n'est autre qu'une combinaison
linéaire des caractères initiaux et s'exprime par la relation :

3=1 i=l

Les coefficients (uj,u*,- • " i u *) forment le fc-ième facteur principal uk.

L'objectif de l'ACP étant de fournir la meilleure synthèse des données initiales


(les individus) à partir d'un nombre réduit de caractères, il y a donc heu de retenir les
p premières composantes principales (sur les n disponibles). Cette méthode nécessite
cependant que les p caractères initiaux ne soient pas indépendants.

Après ces généralités, analysons de plus près chacun des deux espaces §?" et 9?m.
f r-
If

298

В. 1.1 L'espace des individus


Tout individu ei, i = 1,2,• ",771, est considéré comme un vecteur de coordonnées
(x},x2, • • • ,x") d'un espace vectoriel 5Rn, à n dimensions, appelé espace des individus.

B. 1.1.1 La métrique
Une fois la projection des points du nuage sur le plan (ou espace) principal effectuée,
on cherche à analyser les proximités entre les points obtenus. Comment mesurer cette
proximité ? On a recours généralement à la notion de distance entre points pour carac-
tériser cette proximité. Mais une distance c'est quoi ? Ainsi, il est nécessaire de définir
au préalable le concept de distance, car si en sciences physiques la distance se calcule
aisément en utilisant la formule de Pythagore, en statistique où chaque dimension cor-
respond à un caractère qui a sa propre unité de mesure, la formule de Pythagore est
aussi arbitraire qu'une autre et ne sera plus valable si les axes ne sont pas perpendicu-
laires.

D'une manière générale une distance entre deux individus s'exprime par la for-
mule générale suivante :
n n
a \e\, e-i) — 2_^ Z_j mbj \xi ~ хг) \xi ~ X
2)

Ou, en notant M la matrice des éléments mjy :


d2 (ei; e2) = (ei — e2)' M (ei - e2)
On voit bien qu'il suffit de poser M = I (matrice unitaire) pour retrouver la formule
de Pythagore.
1 1
En algèbre vectorielle, le carré de la distance entre deux points n'est autre que
le produit scalaire des deux vecteurs formés par ces points, c'est-à-dire :
< ei;e 2 >м == c i M e2

On dit alors que l'on a muni l'espace des individus d'une structure euclidienne et la
matrice M s'appelle la métrique de l'espace.

Le produit scalaire de e\ par lui-même est noté ||ei||^ et sa racine carrée, c'est-
à-dire ||ei||jif, qui est la longueur du vecteur e\, s'appelle la M-norme de ег.

En ACP, on utilise très souvent des métriques diagonales, ce qui revient à


pondérer les caractères et en particulier la métrique suivante :
/ -V 0 ••• 0 ••• 0 \

0 0 0
M = Dj_ =
;-

% 1
I
| 299
I
% qui revient à normer les données, c'est-à-dire à diviser chaque caractère par son écart-
type <r et de cette manière on s'affranchit du problème de la diversité des unités de
mesure des caractères, puisque désormais les nouveaux caractères -£ sont sans dimen-
sion.
Comme pour toute matrice symétrique, définie positive2, M, il existe une ma-
trice T telle que :
M = T'T
le produit scalaire de deux vecteurs ex et e2 (qui exprime le carré de la distance entre
ces deux points) s'écrit :

< ei;e 2 >м= e[ M e2 = e[ Г T e 2 = {ex T)' [T e 2 ) = < ex T ; T e 2 >/

Tout se passe alors comme si on avait remplacé le tableau X des données initiales
par le tableau Y = X T' et à prendre comme métrique la matrice unité / .

B.l.1.2 L'inertie
L'inertie totale Ф du nuage de points est la moyenne des carrés des distances des m
points au centre de gravité considéré comme origine :

Cette quantité caractérise la dispersion globale du nuage par rapport à son centre de ; ' ,. ч
gravité (l'origine). Le plan principal est celui qui rend maximum l'inertie des m points \^
projetés sur lui. ' *

L'inertie du nuage par rapport à un point A quelconque est liée à l'inertie par ^
rapport à l'origine3 par la formule de Huyghens suivante :

ФА est donc toujours supérieure à Ф, la valeur minimale étant atteinte pour A = §. On


en déduit alors que la recherche d'un plan rendant maximum l'inertie des projections
des m points est équivalente à la recherche du plan passant "au plus près" de l'ensemble
des points du nuage au sens où la moyenne des carrés des distances des points du nuage
est minimale.

Soit A la projection de G sur le plan principal, il est alors le centre de gravité


des projections des points du nuage. Le triangle ефА (cf. figure 4.2) est rectangle en
/i
2
La matrice M est dite définie positive si pour tout x ф 0 : x' M x > 0. Si cette inégalité n'est pas
stricte, la matrice M est dite semi-définie positive.
3
Désormais nous supposerons l'origine confondue avec le centre de gravité.
300

fi, d'où :
fff X

V
В. J

Ou:

Or:

On voit alors que rendre minimale la moyenne des carrés des distances entre les e,
et les /, s'obtient lorsque G = A et quand l'inertie du nuage projeté est maximale,
c'est-à-dire lorsque le plan de projection est un plan principal.

L'inertie Ф s'exprime par la relation :


Ф = Trace {MV)
où V est la matrice des variances des n caractères (de dimension n x n ) e t Trace désigne
la somme des éléments de la diagonale de la matrice considérée. Selon le choix de la
métrique M, on distingue :
• pour M = I l'inertie globale du nuage est égale à la somme des variances des n
caractères ;
• pour M = D j ^ alors Trace(MV) = n, c'est-à-dire le nombre total de caractères ;

• pour M quelconque, on peut se ramener au premier cas par transformation des


données initiales, en posant M = T' T

B.1.2 L'espace des caractères


Chaque caractère z J est un vecteur d'un espace à m dimensions appelé espace des
caractères et noté 3?m.

B. 1.2.1 La métrique
La métrique dont il faut munir l'espace des caractères est la matrice diagonale D des
poids car le produit scalaire de deux caractères centrés x' et xk qui vaut :

t
I 301

n'est autre que la covariance a^.

L& norme d'un caractère (sa longueur) est

Le cosinus de l'angle в entre deux caractères centrés n'est autre que leur coefficient de
corrélation linéaire : k
_ <x>;x > _ <rjk
COS jk
- \\x*\\ ||s*|| ~ ай <тк
Ainsi, si pour l'espace des individus on s'intéresse aux distances entre points,
dans l'espace des caractères on s'intéresse plutôt aux angles en raison de la propriété
précédente.

B.l.2.2 Caractères engendrés par un tableau de données


A partir des n caractères x1, x2, • • •, xn mesurés sur les m individus, on peut en déduire
de nouveaux caractères par combinaison linéaire de type :
C = U\ X1 +U2 X2 + '•• +UnXn = X U
ce qui, graphiquement revient à choisir un nouvel axe dans l'espace des individus.
L'ensemble de tous les caractères ainsi fabriqués forme alors un sous-espace vectoriel
W de l'espace des caractères x*. La dimension de ce sous-espace sera au plus égale à
n (s'il n'existe aucune relation linéaire entre les caractères initiaux).

B.1.2.3 Composantes, axes et facteurs principaux


Nous avons vu que le premier axe principal Fl est défini par la propriété de rendre
maximale la moyenne des carrés des distances entre les projections des points du nuage,
ce qui équivaut à rendre maximale l'inertie £ Pi c? des projections, avec c< les mesures
algébriques des projections des e, sur Fl, car on choisit de faire passer F l par le centre
de gravité du nuage. F l est l'axe d'allongement principal du nuage puisque c'est sur
cet axe que les c, sont le plus dispersés possible, ce qui signifie que с est la combinaison
linéaire des x* de variance maximale.

Pour la recherche des facteurs et composantes, on peut toujours se ramener au


cas M = l, en travaillant sur le tableau Y des données transformé : Y = X' T avec
M — T' T. La première composante de Y sera la même que celle de X puisque les
combinaisons linéaires des y' sont des combinaisons linéaires de x-7, donc la combinai-
son des y* de variance maximale définira automatiquement la combinaison des xj de
variance maximale.
f\
En désignant par Vv la matrice de variance associée au tableau de données
transformé Y, on peut écrire :
г-
302

V étant la matrice de variance du tableau X des données initial.

La composante с a pour variance v' Vv v et le vecteur v est alors égal au vecteur


unitaire de l'axe principal. Le problème revient donc à trouver un vecteur v de norme
1 tel que :
v'Vvv ou v'v
soit maximal, ce qui s'obtient en annulant les dérivées par rapport à chacune des n
composantes. On obtient alors après transformation :
Vy v - (v' Vy v) v = A v
v est donc un vecteur propre de la matrice Vv et sa valeur propre Л doit être la plus
grande puisqu'elle représente la quantité à maximiser. La variance de с vaut alors Л
car v est de norme 1. Comme une matrice de variance est symétrique, semi-définie
et positive, elle possède n vecteurs propres orthogonaux deux à deux et ses valeurs
propres sont toutes positives ou nulles.

Les axes et les facteurs principaux Vi,v2,••-,*>„, lorsque M = I, sont des


vecteurs propres de la matrice de variance associés aux valeurs propres Ai,A 2 ,--*,A n
écrites en ordre décroissant. Ainsi, l'analyse en composantes principales remplace
les n caractères initiaux par des caractères non corroies de variance maximale et
d'importance décroissante.

La somme des valeurs propres A b A2, • • •, An, égale à l'inertie totale Ф, est une
constante égale à la trace de la matrice Vv (ou de MV d'une manière générale).

1
1 La quantité COR = -£ exprime la part de l'inertie (de variance) expliquée par
l'axe k. Le quotient ' * д — ^ exprime, quant à lui, la part d'inertie cumulée expliquée
par les deux premiers axes factoriels .FI et F2, c'est-à-dire le plan F1F2. Plus cette
part est grande et meilleure est la représentation du nuage sur ce plan.

Enfin, le nombre de valeurs propres non nulles donne la dimension de l'espace


dans lequel sont réeUement les observations, car une valeur propre nulle montre l'existence
d'une relation linéaire entre les caractères initiaux.

B.1.3 Interprétation des résultats d'une ACP


B.1.3.1 Les individus
Dans l'espace des individus, on cherchera à analyser les proximités, autrement dit les
distances, entre individus par l'intermédiaire de leurs projections en tenant compte
de la qualité de leurs représentations par les projections. Cette qualité est fonction
croissante du nombre de facteurs retenus.

t
г- ,
303

On s'intéressera également à la contribution du point à l'axe (noté CTR) car le


fait que quelques individus puissent avoir des contributions importantes à la formation
d'un des premiers axes factoriels peut être alors un grave défaut, car le retrait de ces in-
dividus risque de modifier profondément les résultats : il y a alors tout intérêt à effectuer
une ACP en éliminant ces individus (en les considérant en lignes supplémentaires).

Les contributions des axes à l'explication de la variance (COR) permettent de


déterminer le nombre de facteurs (axes principaux) à retenir pour l'étude.

B. 1.3.2 Les caractères


Dans l'espace des caractères, on s'intéresse plutôt aux corrélations entre caractères. La
présentation des projections des n caractères, sur un plan factoriel, dans un cercle de
rayon 1 - appelé cercle des corrélations - permet de constituer des groupes de caractères
corrélés (groupe se trouvant à proximité de la circonférence du cercle) et de pouvoir
ainsi réduire le nombre de caractères en choisissant un caractère par groupe.

L'analyse en composantes principales nous permet, par un choix judicieux des


espaces de projections, d'analyser les proximités entre individus (espace des individus)
et les liens entre caractères (espace des caractères). Elle ne répond pas encore à notre
attente, à savoir la réduction du nombre d'individus (en l'occurence le nombre de bruts
constituant notre approvisionnement). C'est pourquoi nous allons maintenant pouvoir
regrouper les individus en classes homogènes en utilisant les méthodes de classification.
C'est l'objet du paragraphe suivant.

B.2 La classification
Les méthodes de classification se subdivisent en groupes :
1. les méthodes non hiérarchiques qui effectuent une partition des données analysées
en un nombre fixé de classes ;
2. les méthodes hiérarchiques qui donnent une suite de partitions en classes de plus
en plus vastes.

B.2.1 Classification non hiérarchique


Le but de la méthode est de regrouper n individus - les bruts dans le cas qui nous
intéresse - en к classes de telle sorte que les individus d'une même classe soient le plus
semblables possible et que les classes soient bien séparées. Cette manière d'opérer sup-
pose la définition d'un critère global mesurant la proximité des individus d'une même
classe et par conséquent la qualité de la partition.

L'homogénéité d'une classe se mesure par sa dispersion, autrement dit par son
inertie qui n'est autre que la moyenne des carrés des distances des points (représentant

•**
304

les individus) au centre de gravité de la classe. Les classes sont d'autant plus ho-
mogènes que la somme de leur inertie ФА - appelée inertie intraclasse - est plus faible.

La deuxième étape est d'avoir des classes bien distinctes, ce qui suppose une
inertie interclasse фв - inertie des centres de gravité des différentes classes par rapport
au centre de gravité du nuage total - maximale.

Le théorème de Huyghens montre que la somme des inerties intraclasse et inter-


classe n'est autre que l'inertie totale du nuage des n individus. Cette inertie ф étant
constante, maximiser фв revient à minimiser ФА, c'est-à-dire qu'il suffit de caractériser
les meilleures partitions possibles en к classes, où fc a été fixé a priori, comme celles
qui rendent minimale l'inertie intraclasse. Le principe des techniques utilisées consiste
à partir d'une partition de départ et à procéder par améliorations successives, c'est le
cas de la méthode de regroupement autour de centres mobiles et de celle des nuées
dynamiques.

B.2.1.1 Regroupement autour de centres mobiles


Le principe de la méthode consiste à partir de к centres arbitraires Cj et de regrouper
les individus autour de ces centres, les points étant affectés au centre c, le plus proche.
On calcule les centres de gravité gi des classes que l'on vient de former. On effectue
ensuite une partition autour de ces gi qui prennent alors la place des c, et on calcule
les nouveaux centres de gravité g} de ces nouvelles classes. On regroupe les individus
autour d'eux et ainsi de suite jusqu'à ce que la qualité de la partition mesurée par
l'inertie intraclasse ne s'améliore plus.
4^

1 L'inconvénient de la méthode, en plus du risque d'obtenir des classes vides donc


d'aboutir à moins de к classes, est la dépendance de la solution finale de la solution de
départ, et par conséquent d'obtenir un optimum qui n'est pas global.

B.2.1.2 La méthode des nuées dynamiques


Cette méthode peut être considérée comme une généralisation de la méthode des cen-
tres mobiles dont le défaut principal est le choix arbitraire des centres c; qui condition-
neront, comme nous l'avons vu, la solution finale.

Développée par Б. Diday, elle consiste à définir une classe, non plus par un point
qui peut ne pas être représentatif, mais par un ensemble p de points qui forment ainsi
un noyau plus représentatif de la classe que le seul centre de gravité et permettra de
mieux interpréter la classe.

Une fois les к noyaux définis, on regroupe les individus restant autour d'eux pour
obtenir une première partition. On calcule ensuite de nouveaux noyaux représentatifs
des classes ainsi formées et ainsi de suite jusqu'à ce que la qualité de la partition
п
•jjr

305

(l'inertie intraclasse) ne s'améliore plus.

L'inconvénient de cette méthode est aussi la dépendance de la solution finale de


la solution de départ, autrement dit du choix des noyaux de départ. Pour y remédier
on teste la procédure sur plusieurs noyaux de départ tirés au sort parmi les n individus
et on compare les partitions finales obtenues.

B.2.2 Classification hiérarchique


Le principe des méthodes hiérarchiques consiste à construire une suite de partitions en
n classes, n — 1, n — 2 classes, etc., emboîtées les unes dans les autres de manière à ce
que la partition en it classes s'obtienne en regroupant deux des classes de la partition en
к +1 classes. Le nombre total de partitions à déterminer est de n — 2 car la partition en
n classes n'est autre que le cas où chaque individu constitue une classe et la partition
en une classe représente la réunion de tous les individus.

L'application des méthodes hiérarchiques se fait en deux étapes :


1. l'élaboration de l'arbre, autrement dit de la hiérarchie de type d'un organigramme
d'une entreprise, chaque classe d'une partition étant incluse dans une classe de la
partition suivante. La hiérarchie est indicée puisqu'à chaque partition correspond
une valeur numérique représentant le niveau auquel ont lieu les regroupements
- on parle de niveau d'agrégation - et plus l'indice en question est élevé plus les
parties regroupées sont hétérogènes ;
2. les partitions à retenir s'obtiennent en coupant l'arbre au niveau hiérarchique
1 désiré et en retenant les branches qui tombent.
Les méthodes de classification hiérarchiques ne sont pas exemptes de reproches
dans la mesure où l'utilisateur devra défiair le critère de regroupement des classes,
c'est-à-dire la distance entre classes. Une fois cette distance définie, on regroupe les
deux classes les plus proches en une seule et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il n'y ait plus
qu'une seule classe.

Nous présenterons deux méthodes, l'une, la méthode de Ward, pour des dis-
tances eucliennes et l'autre pour le cas où elles ne le sont pas.

B.2.2.1 Le critère de l'inertie : la méthode de Ward


Nous avons vu que les individus sont des points d'un espace euclidien et que la qualité
d'une partition se définit par son inertie intraclasse à minimiser ou son inertie in-
terclasse à maximiser. Le passage d'une partition en к + 1 classes à une partition
en Jfc classes (par regroupement de deux classes en une seule) réduit l'inertie inter-
classe. Ainsi, le critère de regroupement sera de fusionner les deux classes
pour lesquelles la perte d'inertie intraclasse est la plus faible, ce qui revient

f
m

I 306

à choisir les deux classes les plus proches en prenant comme distance entre deux
classes la perte d'inertie qui se produirait suite à ce regroupement.
i
Considérons deux classes A et В de poids respectif PA et PB- Le poids de la
classe résultant de la fusion des classes Л et Б sera (PA + Рв).

Avant la réunion des classes A et B, la formule de calcul de l'inertie interclasse


comprend l'expression suivante :
PA d2(gA;g) + PB d2(gB;g) - (PA + PB) d2(gAB;g)

Où g désigne le centre de gravité.

Comme :
PA 9 A + Рв дв
9 AB —
PA + PB
La perte d'inertie résultant de cette fusion sera :
PAPB
E(A,B) =
PA+PB
Et c'est cette expression qui est prise comme distance entre les classes A et B.
De la même manière la distance entre une classe С quelconque et la classe résultant
de la fusion des deux classes Л et В s'écrira :
(PA + Pc) E(A,C) + (PB + Pc) E(B,C) - Pc E{AyB)
E(C;AUB) =
L'algorithme de Ward se formule ainsi :
1. remplacer le tableau D des distances entre les n points par le tableau E des
distances modifiées :
p _ Pi Pi d (e,-; ej)
*J ~ Pi + Pi
2. réunir en une classe unique les deux individus pour lesquels l'expression E{i a la
valeur la plus faible. L'indice d'agrégation sera égal à Eij ;
3. calculer les distances E entre cette classe (considérée comme un individu se sub-
stituant aux deux individus réunis) et chacun des individus restants ;
4. réunir la classe et l'individu le plus proche en une nouvelle classe ;
5. revenir à l'étape 3 ;
6. la procédure sera terminée dès lors que les n individus auront été sélectionnés,
c'est-à-dire lorsqu'on aura obtenu une classe regroupant tous les individus analysés.
On obtient un arbre qu'il faudra couper au niveau de l'indice d'agrégation désiré
et les branches qui tomberaient constitueront alors les classes à retenir.
i ESS«

307

В.2.2.2 Le cas des distances non euclidiennes


4
Lorsque les distances ne sont pas euclidiennes - on parle alors de dissimilarité plutôt
que de distance - la notion d'inertie n'ayant plus de sens, on ne dispose alors plus de
critère objectif pour le choix des individus à regrouper en classes. Plusieurs solutions,
plus ou moins arbitraires, ont été imaginées dont :
• la distance du saut minimal ou de l'Inf :
d{A,B)=ini die^ej) e< G A

• la distance du diamètre ou du Sup :

d(A,B) — sup d(ei;ej) с; ел е^ ев


• la distance moyenne :
£ <*(е«е,-)
d(A,B) = » J_
PAPB

La première formule, de loin la plus utilisée, tend à favoriser le regroupement de


deux classes, dès qu'elles possèdent des points proches ; le risque étant alors de trouver
dans une même classe des points très éloignés.

La distance du Sup remédie quelque peu au défaut de la méthode précédente,


car elle exige que les points les plus éloignés, donc tous les points, soient proches.

1 La distance moyenne offre un compromis entre les deux méthodes de l'inf et du


sup.
Le problème qui se pose est que la hiérarchie obtenue est fortement dépendante
de la méthode utilisée, d'où l'importance de ce choix.

4
Ceci est le cas lorsque l'inégalité triangulaire d(A, B) < d(A, C) + d{B, C) n'est pas vérifiée.

t
г- fi
?

Annexe С
Les 4 scénarios d'évolution de la
demande de produits pétroliers
**« - -
Scénario A Demande en Millions de tonnes métriques

Zones Années GPL Naphta Essences Kérosène Gas oil Fuel oil Autres
auto.

1995 1,84 4,78 28,43 8,55 25,71 21,78 6,80


Zone 1 2000 1,58 4,87 29,10 8,75 26,29 20,38 6,77
2010 1,49 5,10 30,07 9,32 26,44 11,50 6,30

1995 6,41 12,72 41,08 7,95 83,41 32,68 17,04


Zone 2 2000 6,58 13,01 39,48 8,70 78,91 24,33 17,18
2010 6,83 13,46 35,61 9,71 71,67 19,64 16,13

1995 2,75 5,80 20,79 2,98 35,55 10,72 6,68


Zone 3 2000 2,72 6,00 21,53 2,86 34,80 12,12 6,50
2010 2,57 6,48 22,35 3,12 30,90 6,69 6,44

1995 2,62 3,06 16,93 3,89 36,00 33,70 7,34


Zone 4 2000 2,47 3,15 18,74 3,84 32,83 28,38 7,57
2010 2,37 3,39 19,02 3,82 33,03 18,74 8,06

1995 3,00 4,91 10,23 3,33 16,66 12,54 4,06


Zone 5 2000 2,88 5,09 11,10 3,42 18,14 12,78 4,28
2010 2,80 5,45 11,59 3,40 20,95 9,52 5,04

Scénario В Demande en Millions de tonnes métriques

1995 2,13 5,00 30,46 9,16 27,82 24,41 5,38


Zone 1 2000 2,04 5,20 32,92 9,71 28,83 22,03 5,33
2010 1,59 5,18 33,87 9,37 27,12 12,42 4,88

1995 6,41 13,27 44,11 8,51 87,10 30,90 17,90


Zone 2 2000 6,31 13,83 45,78 10,05 82,80 24,09 17,79
2010 5,94 13,60 43,00 9,52 72,27 18,82 15,90

1995 2,80 6,00 23,87 3,42 38,23 10,40 7,81


Zone 3 2000 2,78 6,32 27,66 3,68 39,88 11,48 8,11
2010 2,81 6,68 27,87 3,71 37,38 7,13 6,93

1995 2,90 3,45 18,92 4,40 37,86 36,48 7,38


Zone 4 2000 2,82 3,37 22,96 4,86 37,45 31,43 7,66
2010 2,75 3,22 24,02 4,91 36,57 21,64 7,93

1995 3,26 5,18 12,19 4,05 20,05 13,50 3,99


Zone 5 2000 3,48 5,41 15,45 4,67 23,71 12,99 4,13
2010 3,19 5,51 16,40 4,97 24,38 9,88 4,53

t
Source : SOEC & DG XVII A2 estimates in Energy in Europe, Special Issue, July 1990.
311

Scénario С Demande en Millions de tonnes métriques

Zones Années GPL Naphta Essences Kérosène Gas oil Fuel oil Autres
auto.

1995 2,13 5,00 30,46 9,16 27,82 24,41 5,38


Zone 1 2000 1,91 4,74 29,48 8,98 27,15 21,24 4,88
2010 1,22 3,59 17,53 5,48 17,56 9,78 3,53

1995 6,41 13,27 44,11 8,51 87,10 30,90 17,90


Zone 2 2000 6,01 12,58 39,42 8,70 80,39 24,42 15,76
2010 4,35 9,44 23,27 5,22 54,18 14,05 10,94

1995 2,80 6,00 23,87 3,42 38,23 10,40 7,81


Zone 3 2000 2,79 5,82 22,81 3,04 36,40 8,83 7,22
2010 2,09 4,69 13,65 1,82 22,33 4,71 5,24

1995 2,90 3,22 18,92 4,40 37,86 36,48 7,38


Zone 4 2000 2,80 3,08 19,50 4,05 35,25 30,57 6,60
2010 2,00 2,43 12,71 2,70 22,98 18,43 5,17

1995 3,26 5,18 12,19 4,05 20,05 13,50 3,99


Zone 5 2000 3,21 4,81 12,88 3,90 20,34 13,07 3,86
2010 2,87 3,82 9,61 2,91 16,01 7,37 3,28

1 Scénario D Demande en Millions de tonnes métriques

1995 1,95 4,78 27,45 8,35 25,37 21,01 6,80


Zone 1 2000 1,79 4,87 25,94 7,75 23,40 18,75 6,51
2010 1,20 3,39 13,53 4,17 13,67 10,57 3,91

1995 6,21 12,72 40,16 7,74 81,20 30,92 16,44


Zone 2 2000 5,75 13,00 35,40 7,80 68,28 23,14 16,26
2010 4,17 9,78 19,52 4,38 44,25 15,67 11,47

1995 2,62 5,72 19,87 2,84 33,84 10,03 6,67


Zone 3 2000 2,43 5,86 18,28 2,43 30,22 9,84 6,39
2010 1,72 4,60 9,88 1,32 17,13 5,02 4,66

1995 2,53 3,05 16,36 3,75 34,17 33,01 7,20


Zone 4 2000 2,23 3,13 ^6,56 3,40 29,75 27,42 7,38
2010 1,49 2,40 9,30 1,92 18,00 17,44 5,84

1995 2,92 4,98 9,66 3,22 16,35 12,22 3,77


Zone 5 2000 2,67 5,09 10,02 3,04 16,10 11,21 3,98
2010 1,62 2,96 5,57 1,70 8,97 6,59 2,74

Source : SOEC к DG ХУЛ А2 estimates in Energy in Europe, Special Issue, July 1990.
Annexe D
Fichier-types GEMME et matrice
sous format MPS
Г
I 314
|
D.l Exemple de fichier GEMME de type MONO
EXEMPLE DEMANDE BORNE TEST DATA
PIERRE ++++
COUT ** COUT
**** APPROVISIONNEMENT

** * * BRENT
BRUT 11 0.44 67
COUT 14 3.04
**** ARABIAN LIGHT
BRUT 22 0.4475
COUT 129.49
*********************************************************************
**** ARABIAN HEAVY
BRUT 33 0.1058
COUT 102.05
ж******************************************************************************
**** SPECIFICATIONS
TYPE DE DENSITE T/M3 V
TYPE TV TENSION-VAPEUR(BAR) BAR V
TYPE 01 OCTANE RECHERCHE CL PT-OCT V
TYPE 02 OCTANE RECHERCHE .15PT-OCT V
TYPE Ml OCTANE MOTEUR CL PT-OCT V
TYPE M2 OCTANE MOTEUR.15 PT-OCT V
TYPE C4 MAXI BUTANE(POIDS) %PDS-C4 P
TYPE AR FRAC.AROMATIQ.(VOL) 100%ARO V
TYPE OL FRAC.OLEFINES (VCD 100%OLE V
TYPE OX TENEUR EN OXYGENE I VOL V
TYPE SO FRAC.SOUFRE (POIDS) IPDS-SO P
TYPE CO PT ECOULEMENT С C ) DEG.CLS. FP СО

* * **
TYPE VI VISCOSITE-1ERE TEMP CST FP
TYPE V2 VISCOSITE-2EME TEMP CST FP
TYPE CE INDICE DE CETANE PT-CET. V
REFINED PRODUCTS

PROD PT1PROPANE TOTAL 110.С


PROD BU1BUTANE TOTAL 110.0
PROD NA1NAPHTHA 191.25
PROD RE2REGULAR 232.48
SPEC DEG 0.73 DEL 0.780 TVG 0.50 TVL 0.80 OIG 90.0 O2N
SPEC M1G 81.0 M2N C4N ARN OLN OXN
PROD ES 2EUROSUPER 95 UNLD 250.00
SPEC DEG 0.73 DEL 0.780 TVG 0.50 TVL 0.80 OIG 95. O2N
SPEC M1G 85.0 M2N C4N ARN OLN OXN
PROD PR 2PREMIUM 98 LD 0.15 239.38
SPEC DEG 0.73 DEL 0.780 TVG 0.50 TVL 0.80 O1N O2G 98.
SPEC M1N M2G 87.0 C4N ARN OLN OXN
PROD SU 2SUPER 98 UNLEADED 290.00
SPEC DEG 0.73 DEL 0.780 TVG 0.50 TVL 0.80 OIG 98.0 O2N
SPEC M1G 88.0 M2N C4N ARN OLN OXN
PROD JF 1JET FUEL 201.18
****SPEC DEG 0.77 DEL 0 .83 SOL 0 .13 COL-50
PROD DO 3DIESEL OIL 204.9800
SPEC DEG 0.82 DEL 0.86 SOL 0.30 COL-10. V1L 8. CEG 45.
PROD HO 3HEATING OIL 170.00
SPEC DEL 0.9 SOL 0.30 COL - 1 0 . V1L 6.
****EXIN HOI IN
****COUT 160
PROD LF 3HEAVY FUEL OIL LS 82.2C
SPEC DEL 1.00 SOL 1.0 CON 35. V 2 L 4C.
DEST LF

f
PROD HF 3HEAVY FUEL OIL HS i: . 4 f
SPEC DEL 1.1 SOL 3.5 CON 35 . '.._ _ i_ .
315

****EXIN HF1
****COUT -90.
DEST HF
PROD CK 1COKE
** * *
о с. о с
PURS
** * *
PROD HS SULPHUR
PROD C2 REFINERY GAS
DEST C2
PROD C3 PROPANE
DEST C3 PT
PROD P3 PROPYLENE
DES? P3 PT
PROD C4 BUTANE
DEST C4 BU ЧЕ ES SU PR 1.18
QUAL C4 DE .58 TV 4 30 01 94.0 C2 96.5 Ml 90.0 M2 93.0
QUAL C4 C4 100. AR 0. OL 0. OX 0.
PROD N4 NORMAL BUTANE
DEST N4 BU RE ES SU PR 1.18
QUAL N4 DE .58 TV 4, 30 01 94.0 C2 96.5 Ml 90.0 M2 93.0
QUAL C4 C4 100. AR 0. OL С. ОХ С.
PROD 14 ISOBUTANE
DEST 14 BU RE ES SU PR i.ie
QUAL 14 DE .58 TV 4, 30 01 94.0 02 96.5 к: 90.С M2 S3.0
QUAL 14 C4 100. AR 0. OL 0. ОХ С .
PROD IB ISOBUTENE
DEST IB BU RE ES SU PR 1.16
QUAL IB DE .58 TV 4. 30 Ol 94.0 C2 96.5 Ml 90.0 M2 93.0
QUAL IB C4 100. AR 0. OL 100. OX 0.
PROD NB NORMALBUTENE
DEST NB
QUAL NB
BU RE ES su PR 1.18
DE .58 TV 4 30 01 94.0 02 96.5 Ml 90.0 M2 93.0
QUAL NB C4 100. AR OL 100. OX 0.
PROD BE 0.
MTBE
DEST BE RE ES SU PR л 2g
QUAL BE DE.740 TV 0.50 01 118.0 02 124.0 Ml 100.0 M2 102.0

1 QUAL BE
PROD H2
DEST H2
C4 0.
HYDROGEN
AR 0. OL 0. OX 100.

PROD ME METHANOL
EXIN ME1 IN
COUT 250. 250.
****
***** DEMAND FOR FINISHED PRODUCTS
****
PARA DEMI PT 0. BU 0. JF 0. NA 0. RE 0. ES 0.
PARA DEMI PR 0. SU 0. DO 0. HO 0. LF 0. HF 0.
****
**** REFINERY UTILITIES
** * *
UTIL CB REFINERY FUEL T.EQ.FUEL
UTIL EL ELECTRICITY KWH
UTIL CB .0003 EL -1.
* ** *
* ** * PROCESSING UNITS
** **

UNIT ATMOSPHERIC DISTILLATION


CAPA
COUT CAP 0.1 UP 17.800
UTIL CB .035 EL 5.
DEST LG RE ES PR SU NA
316
DEST HN NA RF
DEST KE JF DO HO
DEST AR LF HF
BRUT 11

DEST GO HO DO
RPRO *p .007 C2 .0055 C3 .0060 С4 .0135
REND LG .0546 GO .2216 AR .3812
QUAL LG DE .670 TV 0.90 01 71.0 02 80.0 к: бк .0 К2 78.0
QUAL LG C4 0. AR 0. OL 0. Сл 0.
QUAL GO DE .856 SO 0.23 CO -10. V1 6.5 с СЕ 5 0 . •:
QUAL AR DE .934 SO 0.65 CO 33. \* Z *> ".
** * *
COUP A
****
REND HN .1717 KE .1389
QUAL HN DE 0.740
QUAL KE DE 0.815 SO 0.02 со -50. VI 1.8 V2 0. 7 СЕ 48.С
* * **
COUP В
****
REND HN .1261 KE .1845
QUAL HN DE 0.730
QUAL KE DE 0.805 SO 0.02 со -55. VI 1 . 5 0. С СЕ 48.0

BRUT 22
DEST GO HO DO HL
RPRO *P .007 C2 .0030 СЗ .0025 СА .0078
REND LG .0419 GO .2111 AR .4480
QUAL LG DE .655 TV 0.83 01 64.0 02 70.С Ml 64 . С М2 70.6
QUAL LG C4 0. AR 0. OL 0. ОХ 0.
QUAL GO DE .857 SO 1.51 СО -6. VI 6.5 V2 1. 7 СЕ 50.0
QUAL AR DE .961 SO 3.23 со 4. V2 36.
* ***
COUP A
***•
REND HN .1492 KE .1295
QUAL HN DE 0.730
QUAL KE DE 0.798 SO 0.15 со -49. VI 1 . с V2 С. 7 СЕ
** * *
COUP В
****
REND HN .1032 KE .1755
QUAL HN DE 0.720
QUAL KE DE 0.790 SO 0.13 со -55. VI 1.5 V2 0. 5 СЕ 59.0
^ttlixЛНК1
BRUT 33

DEST GO HO DO HD
RPRO *P .007 C2 .0017 СЗ .0045 Г4 .0089
REND LG .0426 GO .1730 AR .5478
QUAL LG DE .660 TV 0.80 01 66.0 02 3.C к: 64.! к: 72.0
QUAL LG C4 0. AR 0. OL 0. CX ГР
ü.
QUAL GO DE .862 SO 1.60 CO -£. v: 6.5
QUAL AR DE .993 SO 4.30 V2 170.
****
COUP
****
REND HN .1137 KE .1008
QUAL HN DE 0.725
QUAL
****
COUP
KE DE 0.801 SO 0.2B CO -50. VI 1.8 V2 0.7 СЕ 57.0
F
s.
****

.**•
3i ;

REND HN .0813 KE .1332


QUAL HN DE 0.715
QUAL KE DE 0.790 SO 0.20 CO -60. VI 1.5 VI 0.5 CE 57.С
UNIT VD VACUUM DISTILLATION UNIT
Ä Тт ж ж* ж ж* Эч Ти ж ж ж" jfc ИГ J* ж* #t ж1 ж *ï ж tC ж" ж" и ж1 ж" ж ж * и ж и л и ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж я ж ж ж я ж ж ж ж ж ~ л ж ж ™ ж ж ж ж ж ж ж ж ж ж

САРА
COUT САР 0.1 UP 6.5
UTIL CB .018 EL 4.
DEST VD LF HF CC
DEST VR LF HF VB

SEVE VI
CHAR AR AR11
REND VD .6308 VR .3692
QUAL VD DE 0.911 SO 0.52 CO 33. V2 9.
QUAL VR DE 0.982 SO 0.91 CO 35. V2 300.

SEVE V2
CHAR AR AR22
REND VD .5722 VR .4278
QUAL VD DE 0.928 SO 0.20 CO 25. V2 9.
QUAL VR DE 1.018 SO 0.50 CO 40. V2 1100.
SEVE V3
CHAR AR AR33
REND VD .4387 VR .5613
QUAL VD DE 0.935 SO 0.40 CO 34. V2 17.
QUAL VR DE 1.050 SO 0.90 CO 75. V2 5000.
UNIT RF CATALYTIC REFORMING
************ A ******************************************************************
САРА
COUT CAP 0. UP 2.31
SEVE RI HIGH SEVERITY - BRENT
CHAR HN HN1A HN1B EVB1 EVB2 EVB3
COUT 0.6

1 UTIL
DEST RF
RPRO
CB .082
RE ES
H2 .018
EL 20.
PR SU
C2 .058 C3 .031 C4 .051
REND RF .842
QUAL RF DE .817 "TV 0.40 01 100. 02 102.5 Ml 90.5 M2 93.5
QUAL RF C4 0. AR 6. OL 0. OX 0.
******************************************************************************
SEVE R2 HIGH SEVERITY - ARABIAN LIGHT & HEAVY
CHAR HN HN2A HN2B HN3A HN3B
COUT 0.6
UTIL CB .08 EL 15.
DEST RF RE ES PR SU
RPRO H2 .015 C2 .089 C3 .058 C4 .097
REND RF .741
QUAL RF DE .790 TV 0.40 01 100. 02 102.5 Ml 90.5 M2 93.5
QUAL RF C4 0. AR 6. OL 0. OX 0.
*******************************************************************************
SEVE R3 LOW SEVERITY - BRENT
CHAR HN HN1A HN1B EVB1 EVB2 EVB3
COUT 0.6
UTIL CB .08 EL 15.
DEST RF RE ES PR SU
RPRO H2 .014 C2 .055 C3 .026 C4 .041
REND RF .864
QUAL RF DE .811 TV 0.40 01 97. 02 101. Ml 86. M2 89.
QUAL RF C4 0. AR 6. OL 0. OX 0.
л******************************************************************************
SEVE R4 LOW SEVERITY - ARABIAN LIGHT & HEAVY
CHAR HN HN2A HN2B HN3A HN3B
318
COUT 0.6
UTIL ев .08 EL 15.
DEST RF ES PR SU
RPRO RE .010 C2 .081 C3 .044 . C72
REND H2
RF .792
QUAL RF DE .784 TV 0.40 01 95. 99. Kl 8 5 . M2 88.
QUAL RF C4 0. AR 6. OL 0. ox 0.
UNIT CC CATALYTIC CRACKING

САРА
COUT CAP 0. UP 4.02
DEST LG RE PR ES SU
DEST HG RE PR ES SU
DEST LC DO HO LF HF HD
DEST RC LF HF
DEST CK .93
ft*************************************************! ****************** **********
SEVE Cl MAXIMUM GASOLINE - BRENT
CHAR VD VDV1
COUT 0.8
UTIL CB .053 EL 45.
RPRO HS .001 C2 .030 C3 .018 P3 .040 14 .027 N4 .010
RPRO IB .018 NB .036
REND LG .312 HG .200 LC .189 RC .064 CK .055
QUAL LG DE .700 TV .750 01 93.5 02 96.0 Ml 80.0 M2 83.0
QUAL LG C4 0. AR 2. OL 47.С OX 0.
QUAL HG DE .840 TV .050 01 90.7 02 93.2 Ml 80.0 M2 83.0
QUAL HG C4 0. AR 2. OL 25.0 OX 0.
QUAL LC DE .940 SO .700 СО -15. VI 3.6 V2 1.1 CE 25.0
QUAL RC DE 1.02 SO 1.60 СО 37. V2 11 .
SEVE C2 MAXIMUM GASOLINE - ARABIAN LIGHT HYDROTREATED
CHAR VD VDV2
COUT 0.8
UTIL CB . 053 EL 45.
RPRO HS . 010 C2 .031 СЗ .017 P3 .036 14 .025 N4 .008
RPRO IB . 016 NB .033
1 REND
QUAL
QUAL
LG
LG . 305
DE . 700
C4 0.
HG .200
TV .750
AR 2.
LC .194
01 93.5
OL 47.0
RC
02
OX
.070
96.0
0.
CK .055
Ml 80.0 M2 83 .0
LG
QUAL HG DE . 840 TV .050 01 90.7 O2 93.2 Ml 80. 0 M2 83 .0
К QUAL HG C4 0. AR 2. OL 25.0 OX 0.
QUAL LC DE 0 .940 SO 2.10 CO -15. VI 3.6 V2 i.l CE 25..0
QUAL RC DE 1 .05 SO 4.60 CO 37. V2 11.
SEVE C3 MAXIMUM GASOLINE - ARABIAN HEAVY HYDROTREATED
CHAR VD VDV3
COUT 0.8
UTIL CB . 053 EL 45.
RPRO HS . 015 C2 .030 C3 .016 P3 .035 14 .023 N4 .008
RPRO IB . 015 NB .031
REND LG . 299 HG .200 LC .194 RC .079 CK .055
QUAL LG DE . 700 TV .750 01 93.5 02 96.0 Ml 80.0 M2 83,,0
QUAL LG C4 0. AR 2. OL 47.0 OX 0.
QUAL HG DE . 840 TV .050 01 90.7 02 93.2 Ml 80.0 M2 83..0
QUAL HG C4 0. AR 2. OL 25.0 OX 0.
QUAL LC DE . 950 SO 3.00 CO -15. VI 3.6 V2 1.1 CE 25. 0
QUAL RC DE 1.05 SO 6.00 CO 37. V2 11.
******************
SEVE C4 MAXIMUM DISTILLATE - BRENT
CHAR VD VDV1
COUT 0.В
UTIL CB .053 EL 45.
RPRO HS .001 C2 .030 C3 .018 P3 .040 14 .027 N4 .010
RPRO IB .018 NB .036
Г
319

REND LG .312 HG .100 LC .285 КГ .064 гк .05-


QUAL LG DE .700 TV .750 01 93.5 CI 96.С к: б и. с к: S3.О
QUAL LG C4 0. AR 2. OL 47.0 СХ О.
QUAL HG DE .810 TV .050 01 90.7 02 93.Z к: в о . : M2 6 3. С
QUAL HG C4 0. AR 2. OL 25.С СХ v.
QUAL LC DE .910 SO .500 СО -20. VI 3.-: V2 1.1 CE 25.0
QUAL RC DE 1.02 SO 1.60 СО 37. V2 11.

SEVE C5 MAXIMUM DISTILLATE - ARABIAN LIGHT HYDR0TREA7ED


CHAR VD VDV2
COUT 0.8
UTIL СВ .053 EL 45.
RPRO HS .010 C2 .031 СЗ .017 РЗ .036 14 .025 N4 .008
RPRO IB .016 NB .033
REND LG .305 HG 100 LC .294 RC .070 CK .055
QUAL LG DE .700 TV 750 01 93.5 02 96.0 Ml 80.0 М2 83.0
QUAL LG СЛ 0. AR 2. OL 47.0 OX 0.
QUAL HG DE .810 TV .050 01 90.7 02 93.2 Ml 8 0. 0 М2 83.0
QUAL HG C4 0. AR 2. OL 25.0 OX 0.
QUAL LC DE .910 SO 1.60 CO -20. VI 3.6 V2 1.1 СЕ 25.0
QUAL RC DE 1.05 SO 4.60 CO 37. V2 11.
SEVE C6 MAXIMUM DISTILLATE - ARABIAN HEAVY HYDROTREATED
CHAR VD VDV3
COUT 0.8
UTIL CB .053 EL 45.
RPRO HS .015 C2 .030 C3 .016 P3 .035 14 .023 N4 .008
RPRO ID .015 NB .031
REND LG .299 HG .100 LC .294 RC .079 CK .055
QUAL LG DE .700 TV .750 01 93.5 02 96.С Ml 80.0 M2 83.0
QUAL LG C4 0. AR 2. OL 4 7.0 OX 0.
QUAL HG DE .810 TV .050 01 90.7 02 93.2 Ml 80.0 M2 83.0
QUAL HG C4 0. AR 2. OL 25.0 OX C.
QUAL LC DE .920 SO 2.50 CO -20. VI 3.6 1.1 CE 25.0
QUAL RC DE 1.05 SO 6.00 CO 37. V2 11.
»•»it****************************)

UNIT IS ISOMERIZATION
ж*************************************************»***»*******»*»*»*»*»*»»,»,,»»
САРА
CHAR LG LG**
COUT CAP 1.0 UP .0
UTIL CB .04 EL 30.
DEST IS RE PR ES SU
RPRO C2 .03
REND IS .97
QUAL IS DE .655 TV 0.40 01 89. 92. Ml 87.0 M2 90.0
QUAL IS C4 0. AR 0. OL 0. OX
*******************************
UNIT AK ALKYLATION
*******************************
CAPA
CHAR NB SOLDNB
COUT CAP 5.5 UP .00
UTIL CB .091 EL 70.
DEST AK RE PR ES SU
RPRO N4 .05 14 -1.05 *P .01
REND AK 1.99
QUAL AK DE .700 TV 0.40 01 96. 02 100. Ml 94.0 M2 99.5
QUAL AK C4 0. AR 0. OL 0. OX 0.
• * * * * * * * * * * * *

UNIT D L DIMERSOL
CAPA
CHAR P3 SOLDP3
COUT CAP 0.4 UP .0
UTIL CB .023 EL 10.

f
320

DEST DM RE PR ES SU
RPRO *P .005
REND DM .995
QUAL DM DE .690 TV .50 о: 96.0 с: К'. 32. < KZ 84.0
QUAL D M C4 0. AR 0. OL 100.0 Ол

UNIT BE UNITE DE MTBE

САРА
CHAR IB SOLDIB
COUT CAP 0. 3 UP .000
UTIL CB .021 EL 10.
DEST BE RE PR ES SU
RPRO BE 1.52 ME -.52
**ж"**жжжжжжжжжжжжж:
UNIT VB VISBREAKING (VACUUM RESIDUE)

CAPA
COUT CAP 0. 9 UP 0.1oo
UTIL CB .006 EL 5.
DEST EV RE ES PR SU RF
DEST GV DO HO LF HF HD
DEST W LF HF
SEVE Bl VISBREAKING BRENT

CHAR VR VRV1
RPRO HS .001 C2 .023
REND EV .041 GV .136 W 0.799
QUAL EV DE .740 TV 0.70 01 66.0 02 70. С Ml 59. С M2 61 .3
QUAL EV C4 0. AR 2. OL 55.0 OX 0.
QUAL GV DE .860 SO 0.30 CO -10. VI 4.0 v : l.i CE 40 .0
QUAL W DE 1.002 SO 0.96 CO 25. V2 200.
SEVE B2 VISBREAKING ARABIAN LIGHT

CHAR VR VRV2
RPRO HS .003 C2 .020
REND EV .036 GV .119 W 0.622
QUAL EV DE .740 TV 0.70 Ol 66.0 O2 70. 0 Ml 59.0 M2 61 .3
QUAL EV C4 0. AR 2. OL 55.0 OX 0.
QUAL GV DE .860 SO 2.10 CO -10. VI 4.0 V2 1.1 CE 40,.0
QUAL W DE 1.038 SO 4.40 CO 30. V2 730.
SEVE B 3 VISBREAKING ARABIAN HEAVÏ

CHAR VR VRV3
RPRO HS .004 C2 .020
R™ND EV .036 GV .119 W 0.821
QUAL EV DE .740 TV 0.70 01 66.0 02 70.0 Ml 59.0 M2 61..3
QUAL EV C4 0. AR 2. OL 55.0 OX 0.
QUAL GV DE .860 SO 2.60 CO -10. VI 4.0 V2 1.1 CE 40..0
QUAL W DE 1.071 SO 5.46 CO 65. V2 3300.
« I * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * !**<Г * * * * * *
* * * **'***
* ********** * * * *«г * * it * * *
UNIT CK COKING

САРА
COUT CAP 0.1 UP .0
UTIL CB .006 EL 10.
*BND UP 0.0
CHAR VR VRV3
DEST EK RE ES PR SU
DEST GK LF HF КГ
DEST CK CK
RPRO HS .004 C2 .121 C4 .042

t
REND EK .309 GK .070 CK .454
Г
321

QUAL EK DE .750 TV 0.70 01 65.0 02 70.G Ml 5Й.С MC 61.С


QUAL EK C4 0. AR 2. OL 5C.0 OX 0.
QUAL GK DE .860 SO 2.60 СО -10. VI 4.0 VI 1.1 CE 40.0'

UNIT HD HYDRODESULFURIZATION

CAPA
COUT CAP 0.3 UP 5.55
DEST GD D O H O LF HF
л********************************************************************
S E V E Hl LIGHT ATMOSPHERIC GAS OIL - ARABIAN CRUDE OILS
UTIL CB .021 EL 10.
CHAR GO GO22 GO33
RPRO H2 -0.005 HS .015 C2 .011
REND GD .979
QUAL GD DE .860 SO 0.16 СО -6. VI 6.5 V2 1.7 CE 50.
it*****************************************************?-**************

SEVE H2 LIGHT CYCLE OIL - ARABIAN CRUDE OILS


UTIL CB .021 EL 10.
CHAR LCC1 LCC2 LCC3 LCC4 LCC5 LCC6
RPRO H2 -0.006 HS .021 C2 .027
REND GD .958
QUAL GD DE .940 SO 0.30 CO -20. VI 3.6 V2 1.1 CE 25.
SEVE H3 VISBREAKING AND COKING - ARABIAN CRUDE OILS
UTIL CB .021 EL 10.
CHAR GVB1 GVB2 GKCK
RPRO H2 -0.011 HS .021 C2 .021
REND GD .969
QUAL GD DE .860 SO 0.25 CO -10. VI 4.0 V2 1.1 CE 40.
л*******************************************************************
322

D.2 Le fichier GEMME MULTI


MULT 95A1
BLOC ZI NA 0 .00 RE 0.00 PR 0. 00 ES 0. ОС SU 0. 00 JF 0. 00
BLOC ZI DO 0 .00 HO 0.0 LF 0. ОС HF 0. 00
BLOC Z2 NA 0 .00 RE 0.00 PR 0. 00 ES 0. 00 SU 0. 00 JF 0. ОС
BLOC Z2 DO 0 .00 HO 0.00 LF 0. 00 HF 0. 00
BLOC Z3 NA 0 .00 RE 0.00 PR 0. 00 ES 0. 00 SU 0. 00 JF 0. 00
BLOC Z3 DO 0 .00 HO 0.0 LF 0. 00 HF 0. 00
BLOC Z4 NA 0 .00 RE 0.00 PR 0. 00 ES 0.00 SU 0.00 JF 0.00
BLOC Z4 DO 0 .00 HO 0.00 LF 0. ОС HF 0. 00
BLOC Z5 NA 0 .00 RE 0.00 PR 0. 00 ES 0. 00 SU 0.00 JF 0. 00
BLOC Z5 DO 0 .00 HO 0.00 LF 0. 00 HF 0. 00
DEPO UK NA 4 .78 RE 0.00 PR 8. 53 ES 12 .79 SU 7. 11 JF 8. 55
DEPO UK DO 13.62 HO 12.08 LF 11 .43 HF 17 .14
DEPO AB NA 12.72 RE 6.16 PR 2. 05 ES 26 .29 SU 6.57 JF 7. 95
DEPO AB DO 35.03 HO 4 8.38 LF 19 .89 HF 29 .83
DEPO FR NA 5.80 RE 0.00 PR 9. 36 ES 3.74 SU 7. 69 JF 2. 98
DEPO FR DO 17.42 HO 18.13 LF 3. 48 HF 13 .92
DEPO GI NA 3..06 RE 1.69 PR 10 .16 ES 1. 69 SU 39 JF 3. 89
DEPO GI DO 24.84 HO 11.16 LF 4. 10 HF 36 .93
DEPO PS NA 4..91 RE 1.53 PR 7. 16 ES 0. 51 SU 1. 02 JF 3. 35
DEPO PS DO 11.00 HO 5.66 LF 1. 66 HF 14 .94
TRAN ZI UK NAREPRES 0.00
TRAN ZI UK ^UJFDOHO 0.00
TRAN ZI UK LFHF 0.00
TRAN Z2 AB NAREPRES 0.00
TRAN Z2 AB SUJFDOHO 0.00
TRAN Z2 AB LFHF 0.00
TRAN 23 FR NAREPRES 0.00
TRAN Z3 FR SUJFDOHO 0.00
TRAN Z3 FR LFHF 0.00
TRAN Z4 GI NAREPRES 0.00
TRAN 24 GI SUJFDOHO 0.00
TRAN Z4 GI LFHF 0.00
TRAN Z5 PS NAREPRES 0.00
TRAN Z5 PS SUJFDOHO 0.00
1 TRAN
TRAN
Z5
21
PS
AB
LFHF
NAREPRES
0.00
4.42
TRAN 21 AB SUJFDOHO 4.42
TRAN ZI AB LFHF 2.23
TRAN ZI FR NAREPRES 5.38
TRAN ZI FR SUJFDOHO 5.38
TRAN ZI FR LFHF 2.71
TRAN ZI GI NAREPRES 8.97
TRAN ZI GI SUJFDOHO 8.97
TRAN ZI GI LFHF 7.64
TRAN 21 PS NAREPRES 5.53
TRAN ZI PS SUJFDOHO 5.53
TRAN ZI PS LFHF 4.71
TRAN Z2 UK NAREPRES 4.42
TRAN 22 UK SUJFDOHO 4.42
TRAN 22 UK LFHF 2.23
TRAN Z2 FR NAREPRES 4.76
TRAN Z2 FR SUJFDOHO 4.76
TRAN Z2 FR LFHF 2.40
TRAN Z2 GI NAREPRES 8.46
TRAN Z2 GI SUJFDOHO 8.46
TRAN Z2 GI LFHF 7.21
TRAN Z2 PS NAREPRES 5.04
TRAN Z2 PS SUJFDOHO 5.04
TRAN Z2 PS LFHF 4.29
TRAN Z3 UK NAREPRES 5.36
TRAN Z3 UK SUJFDOHO 5.38
TRAN Z3 UK LFHF 2.71
TRAN Z3 AB NAREPRES 4.76
TRAN Z3 AB SUJFDOHO 4.76
TRAN Z3 AB LFHF 2.4C

'•"3*
Г

TRAN Z3 GI NAREPRES 8.70


TRAN 23 GI SUJFDOHO 8.70
TRAN Z3 GI LFHF 7.41
TRAN Z3 PS NAREPRES 6.12
TRAN Z3 PS SUJFDOHO 6.12
TRAN Z3 PS LFHF 5.21
TRAN Z4 UK NAREPRES 8.97
TRAN Z4 UK SUJFDOHO 8.97
TRAN Z4 UK LFHF 7.64
TRAN Z4 AB NAREPRES 8.46
TRAN Z4 AB SUJFDOHO 8.46
TRAN Z4 AB LFHF 7.21
TRAN Z4 FR NAREPRES 8.70
TRAN Z4 FR SUJFDOHO 8.70
TRAN Z4 FR LFHF 7.41
TRAN Z4 PS NAREPRES 7.21
TRAN 24 PS SUJFDOHO 7.21
TRAN 24 PS LFHF 6.76
TRAN Z5 UK NAREPRES 5.53
TRAN Z5 UK SUJFDOHO 5.53
TRAN Z5 UK LFHF 4.71
TRAN Z5 AB NAREPRES 5.04
TRAN Z5 AB SUJFDOHO 5.04
TRAN Z5 AB LFHF 4.29
TRAN Z5 FR NAREPRES 6.12
TRAN Z5 FR SUJFDOHO 6.12
TRAN Z5 FR LFHF 5.21
TRAN Z5 GI NAREPRES 7.21
TRAN Z5 GI SUJFDOHO 7.21
1 TRAN Z5 GI LFHF 6.76

К
324

D.3 La matrice sous format MPS


it NAME EXEMPLE
: , ROWS
L ecu
L CDB
G D1MIN
L D1MAX
G D2MIN
L D2MAX
E BIGZ
E BIGL
E BIE1
E BIE2
E BITE
E BIGO1
E BIGO2
E BIRE1
E BIRE2
E BIR92
E BIR98
E BICH
E BICA
E BISU
E BIGM
E BIFL
E BICB
L TVMAXCA
G TVMINCA
G NORCA
L TVMAXSU
G TVMINSU
G NORSU
L TSGM
L VMAXFL
G VMINFL
N COUT
COLUMNS
BRI ecu 1.0000
BRI D1MIN 1.0000
BRI D1MAX 1.0000
BRI BIGZ 0.0020
BRI BIGL 0.0180
BRI BIE1 0.0500
BRI BIE2 0.1600
BRI BITE 0.1600
BRI BIGO1 0.3100
BRI BIRE1 0.3000
BRI BICH -0.0200
BRI COUT 192.0000
BR2 ecu 1.0000
BR2 D2MIN 1.0000
BR2 D2MAX 1.0000
BR2 BIGZ 0.0040
BR2 BIGL 0.0210
BR2 BIE1 0.0500
BR2 BIE2 0.0900
BR2 BITE 0.1000
BR2 BIGO2 0.2100
BR2 BIRE2 0.5250
BR2 BICH -0.0200
BR2 COUT 152.0000
E2R92 CDB 1.0000
E2R92 BIGZ 0.0830
E2R92 BIGL 0.1510
E2R92 BIE2 -1.0000
E2R92 BIR92 0.7940
E2R92 BICH -0.0800
325

E2R92 COUT 1.5000


E2R98 CDB 1.0000
E2R98 BIGZ 0.1200
E2R98 BIGL 0.2440
E2R98 BIE2 -1.0000
E2R98 BIR98 0.7010
E2R98 BICH -0.0900
E2R98 COUT 1.S000
CHGZ BIGZ -1.0000
CHGZ BICH 1.0000
CHGL BIGL -1.0000
CHGL BICH 0.6500
CHE1 BIE1 -1.0000
CHE1 BICH 0.7500
CHFL BICH 1.0000
CHFL BIFL -1.0000
E1CA BIE1 -1.0000
T.1CA BICA 1.0000
E1CA TVMINCA 300.0000
E1CA NORCA -5.0000
E1SU BIE1 -1.0000
E1SU BISU 1.0000
E1SU TVMAXSU 100.0000
El SU TVMINSU 300.0000
El SU NORSU -13.0000
F1CB BIE1 -0.1800
F1CB BIE2 -0.3000
F1CB BITE -0.5200
F1CB BICB 1.0000
F2CB BIE1 -0.0800
F2CB BIE2 -0.5500
F2CB BITE -0.3700
F2CB BICB 1.0000
PTGM BITE -1.0000
PTGM BIGM 1.0000
PTGM TSGM -0.3120
G01GM BIGO1 -1.0000
GO1GM BIGM 1.0000
GO1GM TSGM -0.3735
GO1FL BIGO1 -1.0000
GO1FL BIFL 1.0000
GO1FL VMAXFL -17.0000
GO1FL VMINFL -15.0000
GO2GM BIGO2 -1.0000
GO2GM BIGM 1.0000
GO2GM TSGM 1.2900
GO2FL BIGO2 -1.0000
GO2FL BIFL 1.0000
GO2FL VMAXFL -17.0000
GO2FL VMINFL -15.0000
RE1FL BIRE1 -1.0000
RE1FL BIFL 1.0000
RE1FL VMAXFL -3.0000
RE1FL VMINFL -1.0000
RE2FL BIRE2 -1.0000
RE2FL BIFL 1.0000
RE2FL VMAXFL 3.0000
RE2FL VMINFL 5.0000
R92CA BIR92 -1.0000
R92CA BICA 1.0000
R92CA TVMAXCA -400.0000
R92CA TVMINCA -100.0000
R92CA NORCA 8.0000
R98CA BIR9B -1.0000
R98CA BICA 1.0000
R98CA TVMAXCA -350.0000
326

R98CA TVMINCA -50.0000


R98CA NORCA 12.0000
R92SU BIR92 -1.0000
R92SU BISU 1.0000
R92SU TVMAXSU -300.0000
R92SU TVMINSU -100.0000
R98SU BIR98 -1.0000
R98SU BISU 1.0000
R98SU TVMAXSU -250.0000
R98SU TVMINSU -50.0000
R98SU NORSU 4.0000
IMCA BICA 1.0000
IMCA COUT 287.0000
ЕХСА BICA -1.0000
ЕХСА COUT -177.0000
IMSU BISU 1.0000
IMSU COUT 332.0000
EXSU BISU -1.0000
EXSU COUT -205.0000
IMGM BIGM 1.0000
IMGM COUT 270.0000
EXGM BIGM -1.0000
EXGM COUT -168.0000
IMFTJ BIFL 1.0000
IMFL COUT 177.0000
EXFL BIFL -1.0000
EXFL COUT -112.0000
IMCB BICB 1.0000
IMCB COUT 283.0000
ЕХСВ BICB -1.0000
ЕХСВ COUT -175.0000
RHS
RHS
RHS
ecu
CDB
3000.0000
480.0000
RHS D1MIN 500.0000
RHS D1MAX 2000.0000
1 RHS
RHS
D2MIN
D2MAX
500.0000
3000.0000
RHS BIGL 60.0000
RHS BIE1 20.0000
RHS BICA 38.0000
RHS BISU 130.0000
RHS BIGM 610.0000
RHS BIFL 890.0000
RHS BICB 200.0000
RHS1 BIFL 910.0000
RHS2 BIFL -400.0000
ENDATA
Annexe E
Programmation linéaire : rappels
théoriques

Б.1 Systèmes d'équations linéaires et la méthode


de Gauss
La théorie des systèmes d'équations linéaires étant à la base de la programmation
linéaire, le rappel des concepts usuels paraît indispensable à la compréhension des
développements qui vont suivre.

1. Forme linéaire : Soient Xj un vecteur à n composantes dans un espace euclidien


if* à n dimensions хг,Х2,- • • ,xn, et n nombres réels a,j, nous appellerons forme
linéaire l'expression :

ai x\ + ai xi + — + an xn (6-1)

ou, sous une forme équivalente :

(6-1')

2. Equation linéaire : Si on égalise l'expression linéaire précédente à une quantité


donnée OQ, on obtient ce qu'on appelle une équation linéaire :
J
ai Xi + U2 Xi + • 1- On Xn = (6-2)

ou, de manière équivalente :

(6-2')
J=l
Г Г
328

3. S y s t è m e d'équations linéaires : est un ensemble de m équations linéaires de


î
type (6-2) à résoudre simultanément, c'est-à-dire dont la ou les soltion(s) vérifient
l'ensemble des équations considérées :

+ a2jxj + • • •

(6-3W + ... + ... + ... + ... + ... = . . .


+ щ2х2 -\ h aijXj -) 1- a,inxn = 0,0

-Ь вт2х2 + + + ••• + amnxn = c m o

ou, sous une forme plus condensée :


n
;- = 0,0 i = 1,2, • •• ,m (6-3')

Le système (6-3) peut être écrit également sous forme matricielle :

 X = Ao (6 — 3 )

Avec :
a n «In

О22 Û20

X = Ao =
«in

1 OraO У
1
jJ
Ûm2

Б.1.1 Définitions
1. On appelle solution d'un système d'équations (6-3), tout vecteur V dont les
composantes vi,v2, • • • ,vn vérifient toutes les équations du système, c'est-à-dire :

Vt = l , 2 , - - - , m (6-4)

2. un système est dit incompatible s'il n'existe aucun vecteur V dont les composantes
vérifient la relation (6-4).
3. un système possède une infinité de solutions s'il existe plus d'un vecteur dont les
composantes sont solutions des équations du système.
a.
4. un système possède une solution unique s'il n'existe qu'un seul vecteur dont les
composantes vérifient la relation (6-4).
h
ri1 w

ri
to I

329

Résoudre un système d'équations linéaires, c'est rechercher sa ou ses solutions,


c'est-à-dire l'ensemble des vecteurs Vj, s'ils existent, dont les composantes sont solu-
tions de toutes les équations du système donné. Le principe de la résolution consiste à
passer successivement à des systèmes équivalents au système initial, jusqu'à obtention
de la ou des solution(s).

Systèmes équivalents : Deux systèmes sont dits équivalents si toute solution de l'un
est solution de l'autre et inversement.

Un système équivalent à un système donné s'obtient en effectuant sur ce dernier des


transformations élémentaires de type :
• multiplication ou division des deux membres d'une ou plusieurs équations du
système par un nombre réel différent de zéro,
• addition ou soustraction membre à membre de deux ou plusieurs équations du
système,
• élimination du, ou ajout au, système d'une ou plusieurs équations à coefficients
aij et seconds membres a,o nuls.

Б.1.2 La Méthode de Gauss


La méthode de Gauss consiste à chercher un système-solution équivalent au système
initial et ayant une matrice A des coefficients triangulaire ou trapézoïdale, ce qui re-
vient à chercher une base unitaire dans le système, cest-à-dire en faisant apparaître
dans chaque équation une variable propre à cette équation (qui n'apparaît dans au-
1 cune autre équation).

Reprenons le système (6-3) et supposons que le rang1 de la matrice A est égal2 à r.


Soit an ф 0 (si tel n'est pas le cas il existerait au moins une équation i telle que ац ф 0).

En divisant tous les coefficients de la première équation par appelé pivot,


nous obtenons une équation équivalente :
, Û12 . «in a«o
H x2 + (6-5)
au •+ х„ = —
Ou:
xi x, xn = (6-5')
Avec :
(6-6)
l
le rang r d'une matrice A(m, n) est égal à l'ordre du plus grand déterminant non nul de la matrice.
2
ce qui signifie qu'il existe r équations linéairement indépendantes dans le système. Comme le nombte
total d'équations est m, on doit avoir r < m .

\IJ
Ci
330

Relation dans laquelle l'exposant indique le numéro de l'itération.


En éliminant maintenant X\ des m — 1 autres équations, on obtient un nouveau
système, équivalent au système initial :

0 + c $ x 2 + ••• + a{26>x <4 6 „Ч,=


(6-7)
0 + c$x2 + -•• + s g V = «So
U + e_,2*2 + • • •
+ ••• + !-••• = () f. ,
= a

Système dans lequel :


(в) j = 0,1,---,n
=
a
ij °»'i ~ a »l o n
(6-8)
a t =

C'est la première itération qui a permis d'éliminer la variable xx de toutes les équations
exceptée la première. La procédure se poursuivra de la même manière pour les autres
variables, en se gardant ne pas retenir comme équation celle où la variable en question
apparaîtra, une équation déjà retenue dans les itérations précédentes.

D'une manière générale, si on choisit, à l'étape l, de garder la variable xp3 dans


l'équation g*, le pivot est alors l'intersection des ligne et colonne clefs, c'est-à-dire a,p.
La variable xp figurera alors uniquement dans l'équation g avec un coefficient unitaire,
les coefficients des autres variables se déterminent à partir de ceux du système de
1 l'itération / — 1, selon la relation :

V гф\
(6-9)

a
ЯР
Au cours des itérations deux cas peuvent se produirent :
• une équation quelconque devient identiquement nulle, c'est-à-dire dont tous les
coefficients (y compris le second membre) s'annulent, cela signifie que l'équation
initiale correspondante est une combinaison linéaire d'autres équations du système.
Dans ce cas la ligne des zéro: est à supprimer et la procédure se poursuivra,
• pour une équation quelconque, tous les coefficients du membre de gauche sont
nuls alors que le second membre ne l'est pas. Ceci veut dire que le système est
incompatible, donc la procédure de résolution est terminée.
3
le vecteur p est dit vecteur-clef.
*la ligne q est dite ligne-clef.
331

Б. 1.3 Critère d'arrêt de la procédure


L'achèvement de la procédure itérative de Gauss dépend des valeurs de m,n,r, le cas
d'incompatibilté dont on a parlé précédemment non compris, puisque :
1. si m = n = r, c'est-à-dire que le système à résoudre, composé de m = n = r
équations linéairement indépendantes, possède autant d'inconnues que d'équations
(la matrice A étant alors carrée), d'où le cas d'une solution unique. Le nombre
d'itérations à effectuer est égal à m = n = r, pour aboutir au système suivant
ayant une matrice A triangulaire :

xi 0 о О =
О Х2 о О = 10

(6-10)
О =

0 о
où a)™' se déterminent par la relation (6-9) dans laquelle on remplace / par m.
Le vecteur solution X" s'écrit :
m
лY* io
(//1 0 ) , a«W
20

Avec : m = n = r.

4V 2. si r < m < n, le système possède alors un nombre d'inconnues supérieur au


nombre d'équations linéairement indépendantes5 : c'est le cas d'une infinité de
1 solutions. Après r itérations on aboutit au système suivant :
К xi 0 0 О +
0 x2 0
о +
(6-11)
0 0 = <4o
о +
О 0 ••• 0 ••• хт

La matrice A est alors trapézoïdale.

Dans ce cas les r premières variables par rapport auxquel le système a été résolu
forment ce qu'on appelle une base dans un espace à JT à r dimensions (r < m).
Ces variables sont dites variables de base, les (n — r) autres sont dites variables
5
Non» avons mentionné que les équations linéairement dépendantes se transforment en lignes de zéros
an coutf des itérations, donc il ne subsistera que les équations linéairement indépendantes.

f
r
332

hors base.

La solution du système consiste à exprimer les r variables de base en fonction


des (n — r) variables hors base, c'est-à-dire :

Xï 0 О О =
О хг О О =

(6-12)
О О О = г+1

О О о
Ainsi, il suffit de donner arbitrairement des valeurs numériques aux (n — r) varia-
bles x r + 1 ,« r + 2, • • • ,xn pour obtenir les valeurs correspondantes pour les г varia-
bles de base i i , ж2> • • • » xT. Le système admet donc une infinité de solutions. En
particulier si on pose :

X r+ 1 = Xr+2 = • • • = Xn = 0

on obtient le vecteur solution :

\a\0',a\0>,• • • , a \ 0 \ • • •,аут0'J

appelé solution de base.


1
Б.1.4 Généralisation : l'algorithme de Gauss
К La mise en œuvre de la méthode de Gauss décrite précédemment requiert les étapes
suivantes :

1. on choisit une colonne-clef p et une ligne-clef q, ce qui signifie qu'on décide de ne


garder cette variable xp que sur la ligne (équation) q. On dira que la variable xp
entre en base. Le pivot étant l'intersection des ligne et colonne clefs est donc aqp;

2. on passe alors à un système équivalent dont les coefficients se déterminent selon


la relation (6-9)

3. on choisit une autre ligne-clef et une autre colonne-clef et on revient à l'étape 2.

4. сгйе'ге d'arrêt de la procédure : la procédure se termine lorsque toutes les lignes


(équations) du système ont été retenues comme ligne-clef, à l'exception du cas
d'incompatibilité qui pourra être décelé durant la mise en œuvre de la procédure,
par l'obtention d'une ligne dont tous les coefficients a.ij sont nuls sauf le second
membre а^0 correspondant et qui met fin à la procédure.

t
f

f
333

E.I.5 Solutions de base d'un système d'équations linéaires


E. 1.5.1 Recherche de toutes les solutions de base
Le choix arbitraire du pivot permet de trouver une solution de base parmi d'autres.
Le nombre de solutions de base d'un système de m équations linéaires, dont r sont
linéairement indépendantes, à n inconnus est égal à C„. La détermination de toutes
ces solutions s'effectue en deux étapes :

1. recherche d'une solution de base (choix arbitraire du pivot) ;


2. passage de cette solution de base trouvée aux autres.

Б.1.5.2 Solutions non négatives des systèmes d'équations linéaires


Dans des applications pratiques, seule une partie des solutions de base d'un système
d'équations linéaires revêt un intérêt : il s'agit des solutions de base non négatives,
puisque les variables pouvant représenter des grandeurs économiques (tonnages, volu-
mes, prix, etc.), sont alors astreintes à ne pas être négatives.

La recherche des solutions de base non négatives d'un système d'équations


linéaires s'effectue à l'aide de l'algorithme de Gauss assorti de restrictions sur le choix
du pivot, qui ne pourra alors plus se faire arbitrairement.

Les étapes de l'algorithme de Gauss deviennent alors :


1. tous les seconds membres a« doivent être non négatifs (a,0 > 0), si tel n'est pas
le cas on multipliera par (-1) l'équation ou les équations concernées ;
2. la variable xp entrante dans la base doit posséder au moins un élément а*р positif,
c'est-à-dire que la colonne-clef xp doit contenir au moins un coefficient positif ;

3. on calcule les ratios :


, <4o
hi— — i = 1,2, ••• ,m

4. la ligne-clef g (autrement dit l'équation dans laquelle sera retenue la variable xp)
correspond au minimum des hi, c'est-à-dire :

= Min{— i = l , 2 , •••, m }

5. la détermination des ligne-clef et colonne-clef aboutit à celle du pivot qui sera


alors dçp ;
6. on passe alors à l'application des itérations restantes de l'algorithme de Gauss
décrites précédemment.

t
334

Après le rappel des fondements de la méthode de Gauss pour la résolution des


systèmes d'équations linéaires, nous passons maintenant à la formulation mathématique
d'un programme linéaire, avant de passer aux méthodes de résolution graphique et
analytique (les méthodes du simplexe ordinaire et révisé).

Б.2 Formulation mathématique d'un programme liné-


aire
Considérons le cas d'une raffinerie fabriquant n produits j à partir de m facteurs i.
La quantité disponible en facteur i est o,0. La technologie de fabrication utilisée par
la raffinerie est caractérisée par la matrice A (m x n) des coefficients techniques a^,
c'est-à-dire la quantité du bien intermédiaire i nécessitée par la production d'une unité
du produit final j .

Le problème qui se pose à la raffinerie est celui d'une utilisation optimale de ses
ressources (facteurs de production) dans le cadre de la réalisation de son programme
de production ; autrement dit, il s'agit de trouver le programme de production qui
optimise l'objectif de la raffinerie, qui peut être :
• une minimisation des coûts de revient de la production. Dans ce cas on se donne
un vecteur-ligne С de composantes (с1,сг,---,с,-,••• ,c n ) des coûts de revient
unitaire des produits j fabriqués ;
• une maximisation d'un revenu (profit, chiffre d'affaires) ; le vecteur С désignant
alors des revenus unitaires procurés par la vente des produits j fabriqués.
L'ensemble des données précédentes peut être regroupé dans le tableau suivant :

Facteur Quantité <4j du bien t néceuaire Disponibilité


s à la production d'une unité du bien final : en facteur i

1 2 i n ai0

£•"
1 «il au ai и aio
2 an 033 <4J azn ajo

i ojj •4} lin <4o

i
m »ml Omj ... amn «tnO

Coût ou Revenu
unitaire C3 Cn
!'

La recherche d'un tel programme optimal passe par :


1. la formulation mathématique du problème sous forme d'un programme linéaire ;
г-
335

2. sa résolution enfin par la méthode appropriée.


La formulation mathématique du problème sous forme d'un programme linéaire s'effectue
en étapes suivantes :
• Etape 1 : définition des variables (inconnues) Xj du problème. Pour le cas présenté
ci-dessus, les inconnues du problème sont les quantités (ou volumes) Xj à fabri-
quer pour les n produits ;
• Etape 2 : expression de la fonction-objectif ( fonction économique) du problème.
La raffinerie considérée, ayant pour objectif de maximiser, par exemple, ses
revenus résultant de la production, sa fonction économique Z s'écrit :
Max (Z) — ci xi + c 2 x 2 H \- -\ V cnxn (6 — 13)
ou, de manière équivalente :

(6-13')
.7=1

ou, sous forme matricielle :


Max(Z) = CX (6-13")
où, С et X sont respectivement les vecteurs-ligne des revenus unitaires et vecteur-
colonne des inconnues du problème.

La fonction économique, étant la somme des produits d'un revenu (ou coût) uni-
taire par une quantité (ou volume), s'exprime donc en unités monétaires choisies.
• Etape 3 : expression des contraintes techniques. La production de la raffinerie
étant contrainte pratiquement par des disponibilités limitées en facteurs de pro-
duction (heures machines, main d'ceuvre, matières premières, etc.), il s'agit de
traduire mathématiquement le fait que la quantité totale d'un bien intermédiaire
i requise pour réaliser les productions Xj des n biens j ne doit pas dépasser (donc
inférieure ou égale à) sa disponibilité ащ, ce qui s'écrit par :
En ^ °io г = 1 , 2 , •••,n ( 6— 1 4 )

ou, sous forme équivalente :


n
5 ^ Oij Xj < ai0 t (6-14')

ou, sous forme matricielle :


AX<A0 (6-14")
où A est la matrice (m x n) des coefficients techniques a^ et Ao le vecteur-colonne
des disponibilités a,o des m facteurs de production. Le produit A X exprime la
quantité de chacun des m facteurs i requises par les productions xj des n biens j ;

t
336

• Etape 4 : enfin, les variables ou inconnues du problème expriment des grandeurs


économiques (des quantités ou volumes) et de ce fait elles ne doivent pas être
négatives, ce qui s'écrit par la contrainte dite de non négativité des variables :
Xj>0 j = l,2,---,n (6-15)
L'ensemble formé par les expressions (6-13) à (6-15) forme ce qu'on appelle an
programme linéaire qu'on peut exprimer sous les trois formes :
1. en regroupant les relations (2-1), (2-2) et (2-3) on peut écrire :
Max (Z) = ci X\ + c2 X2 H h Cj Xj H \- cnxn
Tel que :
+ 0.12 %2 + • *• + a-ij Xj + + ai„ x„ < a«
a a
+ 22 X2 + + a
2j xj + + 2n Xn < U20

+ ai2x2 + -I- ainxn < ai0


+ +
j Xj -f + Omn xn < am0

2. de la même manière en regroupant les relations (6 — 13) à (6 — 15), on obtient :

1 tel que :

Xj>0

3. enfin, sous forme matricielle (relations (6 — 13") à (6 — 15"))

Max (Z) = CX
tel que :
AX <A0 X>0
ou :
an j ••• a.\n
0.22

l(mxn) =
fi
ai2

\ Oral

t
г- »
337

О20

l(nxl) =

\ / \ ат0 /
Un autre problème-type est celui d'une entreprise qui doit réaliser son pro-
gramme de production au moindre coût (donc la fonction-objectif est la minimisation
des coûts de revient de la production) tout en répondant à la demande exprimée pour
les différents produits.

Considérons le cas d'une raffinerie qui traite n bruts j pour satisfaire des de-
mandes djo des m produits pétroliers г. La mise en œuvre d'une unité d'un brut j
revient à Cj. H s'agit de formuler mathématiquement un tel problème.
1. les inconnues Xj sont les quantités à traiter de chaque type de brut j .
2. la fonction économique, le coût total à minimiser s'écrit :
Min (Z) = ci xi + c2 x2 H \- CjXj -\ \- cnxn

3. les coefficients a^- expriment ici les rendements du brut j en produit fini i. Les
contraintes techniques expriment le fait que la quantité totale à fabriquer en
produit i doit être au moins égale à (donc supérieure ou égale à) la demande a;0
de ce produit :
ûtl Xi + Oi2 X2 + • • • + Oij Xj + • • ' + uin Xn> uio i = 1, 2, ,n
к 4. enfin, les contraintes de non négativité des variables :

Le programme linéaire d'un tel problème s'écrit donc :


Min (Z) = Ciii + c 2 x 2 H \-CjXj + \-cnxn
Tel que :
+ Oin Xn >
a2i< a
22 X
2 + 0.2t, X„ > 0.20

Xi + Oj2 X2 + ij Xj +

+ ацхг + ••• -I- OijXj + ••• + (цпхп > ai0

f
••a

I"

338

On pourrait aussi écrire ce programme linéaire sous formes condensée ou ma-


tricielle, comme on Га fait pour le premier cas-type ; il suffit de remplacer dans chacune
des deux formes précédentes le sens des inégalités (<) par (>) et la recherche d'un
minimum au lieu d'un maximum (Min (Z) au lieu de Max (Z)).

Б.З Formes des programmes linéaires


Un programme linéaire peut être représenté sous l'une des trois formes suivantes :
1. la forme est dite canonique lorsque le système des m contraintes est composé
uniquement d'inéquations (de type < pour une fonction-objectif à maximiser et
> pour une fonction-objectif à minimiser) ;
2. la forme est dite standard si le système des contraintes est un système d'équations
(les contraintes sont de type =) ;
3. la forme est dite mixte si les trois types de contraintes (<, = et >) sont présents
dans le programme.
Les formes qui nous intéresseront sont les deux premières (la forme canonique
est adaptée pour une résolution graphique du programme linéaire6, alors que la forme
standard est adaptée pour une résolution analytique du programme).

Il est possible de passer d'une forme aux deux autres, en observant les propriétés
suivantes :
1. on peut changer le type de la fonction économique de lr, recherche d'un maximum
à celui d'un minimum et vice-versa7, en utilisant la relation :
1
Max (Z) = - Min (Z) Min (Z) = - Max (Z)
2. toute variable x de signe quelconque peut toujours être exprimée comme une
différence de deux variables x et x non négatives :

x=x —x x >0 x >0

Cette propriété p e r m e t t r a de respecter la contrainte de non négativité imposée


aux variables d'un programme linéaire.

3. toute inéquation de type < peut être remplacée p a r une équation en soustrayant
du membre de gauche une variable non négative dite variable d'écart, et inverse-
ment :

— a»'o 0

6
si le nombre de variables ne dépasse pas trois.
7
ceci permettra en effet d'associer à un système de contraintes de type < une fonction-objectif de
type Max, et à un système de contraintes ds type > une fonction économique de type Min.
Г
339

4. toute inéquation de type > peut être remplacée par une équation en soustrayant
au membre de gauche une variable non négative dite variable d'excédent et in-
versement :

> ai0 j — xn+i = a,o >0

5. toute équation peut être remplacée par un système de deux inéquations de signes
opposés (< et >) :

U > ai0

Б.4 Passage d'une forme à une autre


Б.4.1 De la forme canonique à la forme standard
La forme standard est adaptée à une résolution du programme linéaire par la méthode
analytique (le simplexe) comme on le verra plus loin.

Le passage de la forme canonique à la forme standard consiste à transformer le


système de contraintes exprimées sous forme d'inéquations à des équations par ajout
(soustraction) des variables d'écart (d'excédent). Ces variables d'écart et d'excédent
ont un coefficient nul dans la fonction économique.

Exemple : Ecrire le programme suivant sous forme standard :


1
Max (Z) = 2xx - x2 + 3x3

Tel que :
- i l +4x2 — x3 < 6
3«i - 2 x 2 -4x3 > 4
Xj>0 j = 1,2,3
Appelons x+ et z 5 les variables d'écart et d'excédent à ajouter et soustraire du membre
gauche de la première et deuxième contraintes respectivement, nous aurons :

Max (Z) = 2xi - x2 + 3x 3

Tel que :
—xt +4a?2 — x3 + z4 =6
3 xi — 2 x2 — 4 x3 — x5 = 4
Xj>0 j = 1,2,3,4,5
Ce programme est équivalent au premier et nous verrons que ce passage nous
permettra de résoudra ce second programme au lieu du premier.
340

Б.4.2 De la forme standard à la forme canonique


Le passage inverse au précédent, c'est-à-dire d'un système de contraintes exprimées sous
forme d'équations à un système sous forme d'inéquations se fait en utilisant la méthode
de Gauss que nous avons développée dans le premier paragraphe de ce chapitre. La
base unitaire à laquelle conduit la méthode est alors considérée comme une base com-
posée des variables d'écart dont l'omission permet alors le passage à des inéquations
(cf. propriété 3).

Exemple : Ecrire le programme suivant sous forme standard :

Max

Tel que :
i i + x2 + xA + 5 xs = 22
Xi + x2 + x3 + 2 xt + 4 x& = 25
x\ + +x3 + xs = 9
Xj>0 j = 1,2,3,4,5
Comme la fonction-objectif est à maximiser, les équations seront transformées en
inéquations de type < 8 .

Avant d'appliquer la méthode de Gauss, on remarquera que la variable x3,


n'apparaissant que dans la deuxième équation, est donc une variable d'écart ; il reste
donc à trouver deux autres variables sur les équations une et trois pour constituer
la base unitaire recherchée. Le pivot ne pourra être donc choisi que sur ces deux
équations :

Itération hi Variables X\ *3 Xi x5
№ de base

22 - 22 1 1 0 1 5
0 25 25 |l| 1 1 2 0
9
II - 9 1 0 0 0 1
13 - 13 0 111 0 1 4
1 16 *3 16 0 1 1 2 3
- 9 1 0 0 0 1
- x2 13 0 1 D 1 4
2 - X3 3 0 0 1 1 -1
- X\ 9 1 0 0 0 1

Le programme équivalent s'écrit :

Max (Z) = Xi + x2 •
'Dans le cas d'une fonction économique à minimiser, les équations seront transformées en inéquations
de type >, la base unitaire doit avoir des coefficients égaux à (- 1).
г,
341

Tel que :
X2 + X 4 + 4 X 5 = 13
х
з + x 4 — X5 = 3
=
Xj + +15 9
х,>0 j = 1,2,3,4,5
On a fait apparaître une base unitaire composée des variables xi, x 2 et x 3 qu'on
éliminera du système (fonction économique et contraintes). Pour cela on les exprimera
en fonction des autres variables :
x 2 = 13 — x 4 — x 5 > 0 = > x 4 + x 5 < 13
x 3 = 3 — x 4 + x s > 0 =r> x4 - x 5 < 3
! X! = 3 - x 4 + xs > 0 = > xs < 9
Et en remplaçant dans Z, nous aurons finalement le programme sous forme canonique,
équivalent au programme standard initial :

Max (Z) = 28 4- 4 x 4 + 5 x 5

Tel que :
ж4 + x 5 < 13

x5<9
x* > 0 x5 > 0
1
On voit qu'on est passé d'un programme à 5 inconnues à un programme équivalent à 2
inconnues qu'on pourra résoudre graphiquement comme on le verra un peu plus loin.
Au préalable donnons quelques définitions.

У
Б.5 Ensembles convexes et programmes linéaires
^ •. Б.5.1 Définitions
t
• Ensemble convexe : On appelle ensemble convexe tout ensemble de points tel
que tout point d'un segment quelconque, joignant n'importe quels deux points
de l'ensemble, appartienne à l'ensemble considéré.
• Le s o m m e t : C'est un point de l'ensemble convexe mais n'appartenant à aucun
segment joignant deux points intérieurs à l'ensemble convexe.

Un ensemble convexe est parfaitement défini lorsqu'on connaît ses sommets.


• Polyèdre convexe : On appelle polyèdre convexe tout ensemble convexe ayant
un nombre fini de sommets.

• Plan d'appui : On appelle plan d'appui d'un polyèdre convexe tout plan situé
d'un même côté du polyèdre et qui possède au moins un point en commun avec
ce polyèdre.
г - г
342
i
• M
I
ç
• Hyperplan : Toute équation linéaire de type :

ai X\ + a.2 x-i + • • • + Oj Xj + • • • + c n xn = ao

définit un plan de l'espace à n dimensions, ou hyperlan. .


• Combinaison linéaire convexe : La relation :
* = £>,*, ai>0
m

"""* définit une combinaison linéaire convexe des m points x^. Tout point d'un seg- •" i *
ment est une combinaison linéaire de ces points extrémités.

Ces définitions permettent d'énoncer les théorèmes suivants 9 :

Б.5.2 Propriétés fondamentales des programmes linéaires


* i • Théorème 1 : L'ensemble des programmes réalisables d'un problème de pro- • -, %
grammation linéaire forme un polyèdre convexe.

• Théorème 2 : Si un ensemble convexe S des solutions réalisables d'un problème


^ч de programmation linéaire est un polyèdre borné, la forme linéaire exprimant la j .ч
^ fonction objectif à optimiser, atteint son optimum en un sommet de ce polyèdre. \Jl
De plus si cet optimum est atteint en deux sommets du polyèdre, il est aussi ^
atteint en tout point qui est la combinaison linéaire des deux sommets, c'est-à-
/• •• dire l'ensemble (infini) des points du segments formé par les deux sommets : c'est ^
le cas d'une infinité de solutions.

• Théorème 3 : La condition nécessaire et suffisante pour qu'un vecteur V soit un


%s
sommet de l'ensemble convexe S, est qu'il ait exactement m composantes posi-
tives. ...

! [.. l
Ainsi toute solution de base est un sommet et, inversement, tout sommet est une
solution de base. Résoudre un programme linéaire revient donc à rechercher les som-
mets (les solutions de base) de l'ensemble convexe du programme considéré et choisir
parmi eux celui (ou ceux) qui optimise(nt) la fonction-objectif. Cependant, rechercher \/
tous les sommets de l'ensemble convexe du programme considéré peut s'avérer coûteux,
c'est pourquoi, en pratique, la procédure d'optimisation comporte les deux phases sui-
vantes :
9
que nous ne démontrerons pas.

V
343

• trouver un point sommet quelconque. A cette solution de base dite de départ


correspond une valeur pour la fonction objectif ;
• passer à d'autres sommets en veillant à ce que la valeur de la fonction objectif
s'améliore. Si à un moment donné celle-ci ne peut plus être améliorée, on a alors
atteint la solution optimale.

Une solution de base est dite dégénérée si elle comporte au moins une com-
posante nulle ; dans le cas contraire (aucune composante n'est nulle) la solution de
base est dite non dégénérée.

Б.6 Résolution graphique des programmes linéaires


Б.6.1 Principe de la méthode
Nous avons vu dans les paragraphes précédents que la résolution d'un programme
linéaire consiste à rechercher un premier point extrême (un sommet du polyèdre con-
vexe) et puis à se déplacer vers les autres points extrême qui améliorent la valeur de
la fonction objectif.

Graphiquement cette démarche consiste à définir au préalable le polyèdre con-


vexe, c'est-à-dire le domaine des solutions afin de trouver les sommets. Le domaine
des solutions s'obtient en projetant l'ensemble convexe sur un plan ou, au plus, sur un
espace à trois dimensions ; d'où la limite de la méthode graphique qui ne peut donc
traiter des programmes linéaires qui ne peuvent être ramenés à un nombre de variables
inférieur ou égal à 2.

La méthode graphique s'applique pour les programmes linéaires :


• sous forme canonique à deux variables ;
• sous forme standard ou mixte dont la forme canonique équivalente contient au
maximum 2 variables hors base, c'est-à-dire les programmes dont n — r < 2, où n
et r sont respectivement le nombre de variables et le rang de la matrice des coef-
ficients des contraintes (le nombre de contraintes linéairement indépendantes).

Б.6.2 Les étapes de la méthode


1. Ecrire le problème à résoudre sous forme canonique (si tel n'est pas déjà le cas) ;
2. Trouver le polygone des solutions (le domaine des solutions) formé par le système
des contraintes. Le domaine des solutions possibles s'obtient en :
• traçant dans le plan défini par les vecteurs de la forme canonique les droites
représentant les équations ;

Y*
Г
344

• délimitant le domaine de solutions pour chaque contrainte. Une inéquation


partage le plan en deux demi-plans ; pour savoir quel demi-plan constitue
le domaine de solutions de la contrainte il y a lieu de prendre un point quel-
conque (généralement l'origine des coordonnées, sauf si ce dernier appartient
à la droite considérée). Si les coordonnées de ce point vérifient la contrainte
donnée, alors ce point appartient au demi-plan solution de la contrainte,
on hachure alors l'autre demi-plan pour montrer qu'il ne constitue pas une
solution à la contrainte. Dans le cas contraire (les coordonnées du point ne
vérifient pas la contrainte), on hachure le demi-plan considéré et on retient
le second demi-plan ;
• lorsqu'on a défini les domaines de solutions pour l'ensemble des contraintes
(y compris celle de non négativité des variables) alors le plygone des solutions
du programme s'obtient de lui- шете.
3. Tracer la droite de la fonction objectif.
4. Déplacer la droite de la fonction objectif parallèlement à elle-même dans le sens
de son vecteur directeur jusqu'au dernier sommet du polygone, qui constitue la
solution optimale.

Б.7 La méthode du simplexe ordinaire


La méthode du simplexe10, développée par Dantzig, consiste à trouver une solution de
base réalisable, puis passer de celle-ci aux autres solutions de base tout en améliorant
la valeur de la fonction objectif.
1
Б.7.1 Recherche d'une solution de base de départ
La solution de base réalisable est un sommet du polyèdre convexe formé par le système
des contraintes (techniques et de non négativité des variables) du programme. L'obten-
tion de cette solution dépend de la forme dans laquelle est formulé le problème. Ainsi,
si le programme est donné sous forme :
• canonique de type <, la base de départ est composée des variables d'écart
(xn+1,a;n+2,---,xn+m) qu'on ajoute aux m inéquations < pour les transformer
en équations. Ces variables d'écart ont des coefficients nuls dans la fonction
économique. La solution de base consiste à annuler les variables hors base
(xi = x2 = • • • = xn = 0) pour obtenir la base suivante :

Xn+2 = 0,20, — OtnO

La valeur de la fonction économique correspondante est : Z = 0.


10
Le simplexe est un polyèdre convexe à n dimensions avec n + 1 sommets.

t
Г
345

• canonique de type >, la base de depart n'est pas évidente car la transforma-
tion des inéquations en équations nécessite la soustraction du membre gauche
de l'inéquation t d'une variable d'excédent жп+,, ce qui donne une base unitaire
négative.

Dans ce cas on a recours à ce qu'on appelle la base artificielle, méthode qui con-
siste à ajouter à toute équation i, (i = 1,2, • • • ,m), obtenue à l'étape précédente,
une variable xn+m+i non négative dont le coefficient dans la fonction économique
est un nombre M positif très grand11 avec un signe positif pour une fonction ob-
jectif à minimiser et négatif pour une maximisation, de telle sorte que l'optimum
ne puisse être atteint tant que subsistera dans la base une variable artificielle,
car dans ce cas la contrainte contenant cette variable artificielle de base sera
incompatible.
• standard (=). Dans ce cas deux méthodes sont possibles :
— la méthode de la base artificielle décrite dans l'étape précédente,
— la recherche d'une base unitaire par la méthode de Gauss décrite dans la
première section de ce chapitre, en ajoutant au système des équations des
contraintes l'équation exprimant la fonction économique :
Z — C\ X\ — C2 X2 — • • • — Cn Xn = Co

Où Co est le terme libre de la fonction économique s'il y a lieu (les charges


fixes indépendantes du niveau d'activité par exemple).

On se gardera de ne pas faire sortir la variable Z de la base, car cet ajout à


pour seul but de faire subir à la fonction économique toutes les transforma-
tions du système.

Б.7.2 Recherche de la solution optimale : l'algorithme du sim-


plexe
Le passage d'une solution de base à une autre consiste en un remplacement12 d'une
variable de base (variable sortante) par une variable hors base (variable entrante).

L'algorithme du simplexe s'inspire dans une large mesure de celui de Gauss pour
la recherche des solutions non négatives des systèmes d'équations linéaires (cf. § 6.1.5.2)
avec une restriction supplémentaire sur le choix de la variable entrante xp (deuxième
étape de l'algorithme). En effet, parmi toutes les variables de base candidates13 à entrer
n
D'où le nom anglo-saxon de la méthode "The big M method".
12
La lignification économique de ce remplacement est la substitution d'une activité par une autre
meilleure.
13
Une variable hors base j est candidate à entrer dans la base lorsqu'elle possède au moins un élément
Of, > 0 et peut améliorer la valeur de la fonction économique.

t
••с
>'П

dans la base, on choisira la variable p qui donne un accroissement marginal maximal à


la valeur de la fonction économique mesurée par la grandeur :

Д р = max I CJ - Zj I

Où : cj est le coefficient dans la fonction économique de la variable j , et

avec Ci est le coefficient dans la fonction économique de la variable de base xi.

, „„ Les étapes 3 et suivantes de l'algorithme de Gauss (cf. § 6.1.5.2) restent in-


changées.

E.7.3 Critère d'optimalité


La procédure d'optimisation (passage d'une solution de base à une autre) se pour-
suivra tant qu'il existera au moins une variable hors base dont l'entrée en base permet
d'améliorer la valeur de la fonction économique.
1
! Nous avons mentionné que le choix de la variable hors base p qui entrera en base
(à la place de la variable de base q) se fera sur la base de la valeur Д de l'accroissement
marginal de la fonction économique. L'accroissement global de la fonction économique
induit par le passage de solution de base Xo (valeur de la fonction économique corres-
w^ pondante ZU), à la solution de base X\ (valeur de la fonction économique correspon-
^ dante Zx) est :
Аг = гх-го = -^Ар
t Comme a^ et aqp sont positifs, alors la valeur de AZ dépend du signe de Ap.

Ainsi, pour un programme à maximiser la procédure d'optimisation se pour-


suivra tant qu'il existera une variable hors base candidate j avec un Д,- > 0, alors que
pour un programme à minimiser, la procédure se poursuivra tant qu'il existera une
variable hors base candidate j avec un Aj < 0.
I

Le critère d'optimalité s'énonce alors comme suit : une base est optimale si :
• pour la recherche d'un maximum : Aj < 0 pour j = 1,2, • • •, n,
• pour la recherche d'un minimum : A j > 0 pour j = 1,2, • • •, n,
Quelles significations peut-on donner aux grandeurs Aj qui jouent un rôle si
important dans l'optimisation ?

t t
•/г'

г Г
347

On sait que les Д, sont nuls pour les variables de base, puisque z, est égal à Cj
(la colonne a^ correspondante ne contient qu'un seul élément non nul ; le 1 de la base
unitaire). Pour les variables hors base, ces grandeurs sont différentes de zéro14 et nous
avons dit qu'elles représentent l'accroissement marginal (pour une unité de la variable)
de la fonction économique, elles expriment en conséquence le coût marginal 15 de la
variable concernée.

Б.7.4 La dualité
A tout programme linéaire, appelé primai, correspond un programme appelé dual.
Cette correspondance revêt un double intérêt :
• pratique, d'abord, du fait de la liaison des solutions des deux programmes, il est
parfois plus facile de résoudre le dual pour obtenir la solution du primai, plutôt
que d'effectuer une résolution directe du primai,
• théorique, ensuite, car les significations des deux problèmes sont profondément
liées. En effet, si le premier problème s'efforce de déterminer les niveaux d'activité,
le second détermine un système de prix de référence16 qui conduit à une organi-
sation optimum de la production.
Pour écrire le dual d'un programme linéaire (P), il suffit d'observer les règles
suivantes :
1. si le programme (P) est à maximiser, le dual (D) sera à minimiser et inversement,
2. on associe à chaque contrainte г de (P) une variable duale y; (il y a autant de
1 variables duales que de contraintes linéairement indépendantes),
1
3. avant de passer à l'écriture de (D) on effectue les transformations suivantes sur
(P):
• pour un programme à maximiser on transforme toutes les contraintes en
type < ou =, ce qui revient à multiplier par (-1) les deux membres des
contraintes de type >, à l'exception des contraintes de non négativité des
variables Xj,
• pour un programme à minimiser, on multiplie par (-1) les membres des
contraintes de type <, pour les transformer en contraintes de type >.
"Lorsqu'une variable hots base j a un Aj = 0 cela signifie qu'on est en présence d'un cas d'une
infinité de solutions, puisque cette variable peut entiet dans la base sans pout autant modifier ia valeur
de la fonction économique. C'est le cas où deux sommets sont solutions, par conséquent tout point
combinaison linéaire des deux premiers (les points du segment joignant les deux sommets) est également
solution. Comme il y a une infinité de points dans un segment de droite, il y a donc une infinité de
solutions.
I5
Duai price pour les anglo-saxons.
"Shadow prices pour TINBERGEN, évaluation objectivement déterminées pout E. Kantarovitch et
prix d'ordre pour d'autres auteurs.

t
Г
348

4. les coefficients de la fonction économique du primal sont les seconds membres des
contraintes du dual et inversement,
5. les matrices des coefficients des contraintes du primai et du dual sont symétriques
(les lignes de l'un sont les colonnes de l'autre),
Exemple : écrire le dual du programme (P) suivant :
Max {Z)'= ciX1+c2x2 + --- + CjXj-\ \-cnxn
Tel que :

X\ + О22X2 + + 0,2] Zj + "• + O-2n In < «20

+ ai2x2 + + ainxn <


+ +
+ am2x2 + ••• + amj + amnxn <

On remarque que les règles précédentes sont vérifiées pour (P), on peut donc
passer à l'écriture du dual. En désignant par y; les variables duales, le dual s'écrit :
Min {Z') = a10 yt + a20 y2 -\ + ai0 y,-\ 1- am0 ym
Tel que :
e n î/i + a2\ y2 4- ••' + anyi + •• • + amï ym > c\
+ a22 y2 + — + an yi •+• • • • + am2 ym > c2

a2jy2 + +
К
a2ny2 amnym > с„

Б.7.5 Liaisons des solutions primale et duale : le théorème


des écarts complémentaires
Avant d'énoncer le théorème de la dualité, précisons d'abord que le dual du dual est
le primai, par définition même de la dualité.

Théorème de la dualité : Si l'un des programmes primai (P) ou dual (D) possède
des solutions de base iréalisables17 et si la fonction économique Z ou Z' qui lui est
associée est bornée (supérieurement pour une maximisation et inférieurement pour
une minimisation), alors :
17
Noui rappelons qu'une solution de baie est dite réalisable si elle vérifie l'ensemble des contraintes
du programme, y compris les contraintes de non négativité des variables.

t
г.
г- r
349

• il existe des solutions de base réalisables pour l'autre problème et sa fonction


économique est également bornée et,
t • Max(Z) = Min(Z') ou Min(Z) = Max(Z').
Dans le cas où le programme en question possède des solutions réalisables sans que la
fonction économique soit bornée, alors l'autre programme ne possède aucune solution
de base réalisable.

Les solutions optimales des programmes (P) et (D) sont liées et il suffit de
résoudre l'un d'eux pour en déduire celles de l'autre grâce au théorème des écarts
complémentaires suivant :

Théorème : La condition nécessaire et suffisante pour que Xя (xi,x2,•• • ,xn)


solution de base réalisable de (P) et Y' (t/i,t/2»# • • >3/m) solution de base réalisable de
(D), soient optimales est qu'elles vérifient le système suivant :

У% pour i = 1,2,- •• ,m (a)

pourj = (b)
i=X
La signification de ces relations est la suivante :
• pour que la relation (a) soit vérifiée, il faudrait avoir soit :
~ Vi = 0 qui signifie que le facteur i n'est pas totalement utilisé ; la variable
d'écart correspondante n'est pas nulle et la contrainte initiale est une stricte
1 inéquation,
— (a,o — XJ) = 0 implique que le facteur г est totalement utilisé et
devient donc facteur rare et de ce fait une valorisation marginale y; > 0
(la variable duale) lui est attachée.
• pour que la relation (b) soit vérifiée, il faudrait soit :
m
- Xj = 0 implique £ ) Oy Vi > Cj ce qui signifie que lorsque le coût de revient
t=i

unitaire de l'activité j , /j) est supérieur à sa valorisation unitaire


»i
Cj, l'activité en question n'est pas rentable et a un niveau nul (XJ = 0) à
l'optimum,
— au contraire si le coût unitaire de retient de l'activité j est égal à sa valo-
m
risation unitaire c,-, ( ^ °v У« — cj — 0), alors l'activité en question devient
rentable et à l'optimum elle a un niveau positif (XJ > 0).
г
vri

г
350

Б.8 Le simplexe révisé


La méthode du simplexe ordinaire est lourde à mettre en œuvre pour les programmes
de grande taille, à cause de l'importance de la mémoire nécessaire sur les machines
utilisées. Or, il se trouve que les colonnes du tableau du simplexe ne sont pas toutes
nécessaires pour passer d'une solution de base à une autre, mais seulement une partie
d'entre elles. Pourquoralors utiliser tout le tableau du simplexe et occuper ainsi inu-
tilement de l'espace mémoire et alourdir les calculs ?

Le simplexe révisé se base sur ce principe et décompose la matrice des variables


en deux blocs : la matrice des variables de base notée Хв et des variables hors base
. Analysons de plus près la méthode.

Considérons le programme (P) suivant :

Minimum Z = с x

tel que : Ax = b
x>0

Avec :

in a12 ••• a

<Цп2
1
V

x2
X
==
b= С = (сг,С2,---,С,,---,С„)

U'm/
Désignons par Pi,P2,--- ,Pn les vecteurs-colonne de la matrice A. Ainsi, le
vecteur-colonne Pj s'écrit :

\Oroj/

Supposons que la solution de base réalisable soit représentée par les m premières
Г
351

variables Xj, c'est-à-dire :


Оц ÖJ2 Ulm \
О21 О22 «2m
= (Pi,Pat---,Pm) =

\O

Soit :
ßn ßn •'• ß\j Am^
Ai A2 • • • Ai A™

ßmm)
/Хв\
Décomposons le vecteur x en I ) où ХЦ correspond aux variables de base et
aux variables hors base, c'est-à-dire :
1 X-i N /*m+l\
x2 «tn+2
XN =

,XmJ ^ X y

La solution de base s'exprime donc par :

х в = В"1 b =

\ßm\ bl + ßm.2 bf + ••• + ßmm Ьт )


Décomposons également le vecteur ligne с des coefficients de la fonction économique
en ( C B , C N ) , avec ев vecteur-ligne des coefficients dans la fonction économique des
variables de base et C],j pour les variables hors base.

La fonction économique Z s'écrit alors :


=
Z = C X = CB XB Ci b i + C2 Ьг + • • • + Сщ b m

Pour déterminer si cette solution de base est optimale, le simplexe révisé calcule
les multiplicateurs du simplexe18 suivants :

7Г = = Cfl В

Ainsi :
"Traduction du teime anglais "the simplex multipliers".

I
Г г
352

C2 ßz\ + «m /?ml
C2 /?22

Tm = Ca / 9 l f n + C 2 /3 2 V Cm ßm

Les coefficients de coût relatif sont donnés par :


Aj = с, — 7Г Pj j = m + 1, m + 2, • • •, n
Ainsi :

Дп = . - ir P n = cn - am,n)

Pour un problème de minimisation (maximisation respectivement), la solution


est optimale si tous les Aj > 0 (Aj < 0 respectivement), sinon, comme on l'a vu pour
le simplexe ordinaire, il y a lieu de sélectionner la variable hors base avec une valeur Ag-
régative (positive respectivement) la plus grande en valeur absolue qui rentrera dans
la base.

Durant cette phase de calcul, appelée itérations pour la détermination des


coûts 19 , les multiplicateurs du simplexe sont généralement stockés dans la mémoire
de la machine, alors que les éléments de la matrice A et les CJ sont gardés sur le disque
ou bande magnétique et sont lus en une seule colonne au moment du calcul des Aj.
On notera que les Aj ne sont pas tous calculés, notamment pour des programmes de 1
grande taille, et dès qu'un Aj négatif (respectivement positif) est trouvé, la variable
hors base correspondante deviendra la nouvelle variable de base.

Supposons que la variable en question soit z n , le vecteur-colonne correspondant


P n est sélectionné pour être transformé en variable de base. Le pivot sera alors choisi
dans cette colonne, qui se transformera en :
Зц ai„ + /?i2 ain -\ (- ßim amn \ / aln \
^21 <*ln + /?22 O2n + • • • + ßim Omn
P n = В" 1 P„ =

'rai O-\n 1 Pm.2 "2n T ' * " T Pmm Omn \O-mn)


Pour déterminer le pivot, il reste à sélectionner la variable qui sortira de la base.
Supposons que c'est X2- Celle-ci doit vérifier la relation ;.

; r - = min ( — ) i = 1,2," • ,m
O2n °i»>° <4n
19
The pricing out routine, en anglais.

l
f- r
353

La variable x2 ayant le ratio précédent minimal, quittera alors la base et sera


remplacée par xn et le pivot correspondant est donc l'élément azn (intersection de la
ligne-clef et de la colonne-clef).

On calculera alors les nouveaux seconds membres :

b' =

Et l'inverse de la nouvelle matrice de base est

(BT^

Les éléments de b et (B*) s'obtiennent par les relations suivantes :

4 =
p O U r i — 1 , 3 , - • • ,771

4 pour i = 1,2,••• , m 4
1 ,771

La nouvelle solution de base réalisable est :

xi = b\,xn = Q ,xm = = xm+i = ••• = i n _ i = 0.


,
Sur la base de la nouvelle matrice de base inverse (B*)" 1 , on calculera les
nouveaux multiplicateurs du simplexe et les nouveaux Aj pour vérifier si le critère
d'optimalité énoncé précédemment est vérifié ou pas : si c'est le cas, la procédure
d'optimisation est terminée, sinon elle se poursuivra.

r.
r
354

E.9 L'apport des méthodes du "point intérieur"


Depuis l'élaboration de l'algorithme du simplexe par Dantzig, avant la deuxième guerre
mondiale, la théorie de la programmation linéaire a connu très peu de développements
à cause des moyens de calcul disponibles qui étaient très chers, ce qui restreint le champ
des applications possibles.

Le boom de l'informatique à partir des années soixante-dix, et particulièrement


de sa branche micro à partir des années quatre-vingt, a ouvert à la programmation
linéaire un champ d'application de plus en plus vaste.

Aujourd'hui, avec un PC doté d'un processeur Intel 486 on peut traiter des
programmes de taille 1000 lignes x 2000 colonnes en quelques minutes !!

Les recherches sur la théorie de la programmation linéaire ont été axées sur les
méthodes permettant d'atteindre l'optimum avec un nombre minimum d'itérations, ce
qui permettra, grâce à une réduction du coût d'utilisation du code, d'ouvrir de nou-
veaux horizons à la discipline.

Sur le plan théorique, depuis Dantzig, on a continué à croire que l'optimum d'un
programme linéaire ne peut être atteint qu'en se déplaçant d'un sommet à l'autre du
polyèdre convexe formé par le système des contraintes du programme.

Les récentes publications des travaux portant sur ce qu'on a appelé les méthodes
intérieures, dont les plus connues sont les travaux de N. KARMARKAR (1984) ou A.
LISSER, N. MACULAN & M. MINOUX (1987), ont remis en cause l'idée jusqu'alors
1 inébranlable. En quoi consiste ces méthodes et quel est leur apport ?

L'idée principale de ces méthodes est d'atteindre le sommet optimum du pro-


gramme, non pas en passant d'un sommet à l'autre comme c'est le cas de la méthode
du simplexe, mais à partir d'un point à l'intérieur du simplexe (généralement le centre)
et à se déplacer suivant un pas choisi à l'avance, vers le sommet optimum. Le choix du
pas est déterminé de manière à avoir une convergence de l'algorithme en un nombre
d'itérations minimal.

Sans chercher à rentrer dans les détails de cette méthode qui a fait l'objet
d'une littérature abondante, nous rappelons ci-dessous les deux hypothèses ainsi que
l'algorithme de KARMARKAR, et renvoyons le lecteur intéressé au travail de D.
TACHAT20 (1991).

30
D. TACHAT Méthodes intérieures en programmation linéaire : Elaboration et mise en œuvre de
procédures de projection exacte et approchées, thés« de Doctorat, Université de Paris Dauphine, 1991

%•>
355

L'algorithme de KARMARKAR

L'ensemble des programmes linéaires réalisables par cet algorithme est limité
par les deux hypothèses suivantes que Karmarkar a posé pour assurer la convergence
de son algorithme :

• le programme linéaire, exprimé sous forme canonique (contraintes sous forme =


et les seconds membres sont nuls), a pour domaine de solutions un polyèdre inclus
dans le simplexe,

• la fonction objectif a pour valeur minimale zéro.

Le programme linéaire vérifiant les deux hypothèses s'écrit :

Minimiser c^y c,,y € Rn+l


sous contraintes A,y = О Л, G i T x ( n + 1 )
eTy = 1 е = (1,.--,1)г,е€Лп+1
У > 0
s" = 0 s*, valeur minimale de cfj/

Les étapes de l'algorithme sont les suivantes :

• Pas 0 : initialisation : Si le centre du simplexe est un point réalisable passer


au pas suivant, sinon une simple transformation protective est nécessaire pour
trouver un point réalisable intérieur.

1
C o n s i d é r o n s y 0= nl_i
S
Soit к le compteur d'itérations ; à ce niveau k=0.

• Pas 1 : calcul du point y k + x

1. Transformation projective du simplexe sur lui-même de sorte que le point


courant yk devienne le centre du simplexe An. Par cette transformation, la
:natrice du simplexe A, est transformée en A, D et la fonction objectif c, en
D c,, avec D matrice diagonale (yf, • • •, jf*+1 ).

Calculer В
- (Г)
2. Calculer la direction de descente cp, projection orthogonale de D c, dans le
sous-espace nul de B, donnée par l'expression :

cp=(I- BT(B B7)-1 B) D c,

Is
Г r- ,
356

3. Normalisation de la direction de descente


cp
cp =

4. Optimisation, dans la plus grande boule inscrite dans le simplexe Д", dans
la direction —cp
1
z = e — arcp
Où : r est le rayon de la plus grande boule inscrite dans A n ,
1
r =
/n(n

Et a (0 < a < 1) est le pas de déplacement.

Karmarkar a démontré que son algorithme converge pour un pas amax = 0,25.
5. Calculer yk+1 = f£ ,
e Dz
• Pas 2 : Critère d'arrêt : si test négatif alors к = к + 1, aller au Pas 1, sinon
yk+1 est solution optimale.

1 1
К К

X:
Г #
\

INSTITUT FRANÇAIS DU PÉTROLE

B.P. 311
92506 Rueil-Malmaison Cedex - France
Tél. : national (1) 47 49 02 14
international 33 (1 ) 47 49 02 14
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