Chapitre II Mise en Oeuvre Des Capteurs SPR À Fibre Optique: Ii.1. Généralités Sur Les Fibres Optiques
Chapitre II Mise en Oeuvre Des Capteurs SPR À Fibre Optique: Ii.1. Généralités Sur Les Fibres Optiques
Chapitre II Mise en Oeuvre Des Capteurs SPR À Fibre Optique: Ii.1. Généralités Sur Les Fibres Optiques
Figure II.1 : Fibre optique formée d’un cœur entouré par une
gaine optique et une gaine mécanique.
Les fibres optiques sont classifiées en fonction du profil d’indice des différentes couches
diélectriques constituant le coeur et la gaine. Nous distinguons deux types de fibres, les fibres à
gradient d’indice et, les plus standard, les fibres à saut d’indice représentées dans la Figure II.2.
Dans ce dernier cas, le cœur est homogène et son indice de réfraction constant. Enfin, toutes ces
fibres peuvent être monomodes ou multimodes.
Quelque soit le type de la fibre, un faisceau lumineux sera d’autant mieux guidé qu’il parvient
sous une incidence proche de la normale sur la face d’entrée de la fibre. Comme pour beaucoup de
systèmes optiques, il existe un angle d’admission limite qui détermine le cône d’entrée au-delà
duquel le rayon n’est plus guidé par la fibre. Cet angle d’acceptance noté θacc illustré sur la Figure
II.2, définit l’ouverture numérique (ON).
Figure II.2 : Fibre optique à saut d’indice [1]. Le cône d’incidence définit l’ouverture numérique de la
fibre ( ng : indice de la gaine optique, nc : indice du cœur).
Pour les fibres à saut d’indice, l’ouverture numérique se calcule à l’aide de la loi de Descartes ;
dans un milieu extérieur à la fibre d’indice de réfraction ns, un rapide calcul donne la relation qui
relie l’ouverture numérique aux indices de réfraction du coeur et de la gaine optique (équation II.1
et 2)
n s sin θ acc =√ n2c −n2g (II.1)
Si la fibre est dans l’air, on pose ns = 1, et on peut alors écrire :
Une autre configuration fondée sur la même idée existe dans la littérature. Il s’agit en
particulier de l’utilisation de fibres formées par soudage de trois fibres de diamètres de cœur
différents (Figure II.4). Cette configuration est appelée en anglais « heterocore structured » CFO
[14]. Ici, on cherche délibérément à transmettre la lumière incidente du cœur vers la gaine optique,
et c’est sur cette dernière que le dépôt métallique est réalisé. La lumière est ensuite réintroduite dans
la fibre multimode et guidée jusqu’au système de détection. Cette géométrie à l’avantage d’être
relativement simple à réaliser car elle ne nécessite pas le dénudage de la fibre. Elle permet de plus
de réaliser des longueurs reproductibles de la zone sensible avec des jonctions nettes. Le principe de
détection de cette configuration reste néanmoins le même, à savoir le SPR.
Figure II.5 : Illustration d’un CFO ayant sa zone sensible polie sur un seul coté de la fibre optique qui est fixée
dans un bloc de silice [15]
Enfin, nous avons également recensé des montages qui utilisent des fibres dont la face d’entrée
est clivée avec un angle de 45°. D’après les auteurs, cet angle permettrait une meilleure insertion de
la lumière et permettrait en conséquence de travailler sur une gamme d’indice de réfraction plus
large [18].
Dans ce qui précède nous avons parlé des CFO en transmission (in-line transmission based) ;
Nous allons maintenant reporter des travaux réalisés sur des CFO parnt en réflexion, sont appelés en
anglais “terminated reflection-based” CFO à SPR [8]. Le point commun des différentes
configurations que nous allons lister, est que la lumière est injectée dans la fibre et qu’un miroir
disposé sur la face de sortie réfléchit le signal (Figure II.6). L’avantage évident de ces
configurations est qu’elles permettent une miniaturisation de la sonde puisque la partie sensible est
réduite du fait du double passage de la lumière sur cette zone.
Nous avons recensé des travaux effectués sur des sondes de géométries effilées ou clivées
comme représentées sur la Figure II.6 [11,20-22]. La géométrie « gravure droite » (Figure II.6.A)
est la plus couramment utilisée. Récemment, des résultats sur des fibres dont les extrémités
comportent quatre faces polies (tetra-tapered fiber optic sensors [23]) ont été publiés (Figure II.7.D)
; ce type de capteur a été développé pour ajuster les longueurs d’onde de résonance, mais aussi et
surtout pour réaliser avec le même montage, deux études d’indice simultanément ; ceci est possible
en contrôlant les longueurs d’onde de résonance sur deux zones clivées (les deux autres zones étant
considérées comme des miroirs). Cette modification de la géométrie paraît intéressante pour régler,
en fonction des applications, la gamme de longueur d’onde de résonance sondée sans ajouter des
couches diélectriques supplémentaires.
Dans le même ordre d’idée, des travaux ont également été effectués, notamment avec les fibres
« double face » (Dual-channel FOS), pour mesurer une auto-réference de l’indice de réfraction. Il
s’agit ici de deux signaux indépendants mais qui proviennent de deux zones sensibles séparées
d’une même fibre optique [24].
Citons enfin le développement de capteur SPR à fibre optique utilisant des pointes coniques
gravées chimiquement en extrémité (Figure II.6.B et II.7). La fabrication de ce type de CFO est
fondée sur la technologie des sondes de microscopes optiques en champ proche, ou SNOM [25-
27]. Cette géométrie de pointe est particulièrement attractive et des essais sont en cours
actuellement au laboratoire [27] (Figure II.7).
Figure II.7 : Capteur à fibre optique dont la zone sensible est une pointe conique [26].
Les applications des capteurs dont la zone sensible est en extrémité de fibre optique sont très
prometteuses mais la construction de ces CFO en réflexion (terminated reflection-based systems)
demeure relativement lourde. Aujourd’hui, les CFO en transmission (biconique) sont considérés les
plus efficaces et les plus simples de réalisation. De ce fait, c’est la géométrie que nous avons choisie
dans ce travail et que nous allons développer dans la suite de ce chapitre.
' 1
2 π εm εd
K ' SP=
( )
λ ε 'm +ε d
2
peut être réalisé en ajustant la longueur d'onde d'excitation.
Figure II.9 : En haut, nappe de réflectivité en fonctions de l’angle d’incidence et de la longueur d’onde. En faisant
une coupe (traits pointillés en blanc), à une longueur d’onde fixe, exemple à 850 nm, nous pouvons tracer la réflectivité
en fonction de l’angle d’incidence. De même à un angle d’incidence fixé nous pouvons tracer la réflectivité en fonction
des longueurs d’onde.
Un changement dans l'indice de réfraction à la surface va entrainer un changement dans la
constante de propagation de l’onde plasmonique. Par conséquent, la mesure des variations des
propriétés de réflectivité correspondant à la résonance vont permettre de quantifier les perturbations
se produisant près de l’interface métal/milieu externe, jusqu’à la limite de détection (de pénétration)
de l’onde évanescente.
II.2.5.3. Principe de détection
Il est possible de tirer profit du phénomène de la RPS pour la bio-détection, en concevant des
biocapteurs permettant la quantification de toutes perturbations à la surface métal/diélectrique
engendrant un changement dans le profil de la résonance. Dans le cas pratique de la bio-détection,
ces perturbations peuvent provenir de deux causes principales. La première est une variation
homogène de l’indice de réfraction du milieu environnant. Expérimentalement, ce saut d’indice Δn
est provoqué par l’injection (circulation) d’un produit de nature ou de composition différente
(Figure II.10)
Figure II.10: Principe d’une perturbation dûe à variation homogène de l’indice de réfraction du milieu environnant
La deuxième cause est une variation due à la détection d’une interaction moléculaire entre deux
types de molécules. En effet, après avoir fixé le premier type de molécules sondes, sur le métal avec
une chimie de surface adéquate, ces biomolécules forment une couche biologique caractérisée par
une épaisseur et un indice qui dépendent de la nature et de la taille des sondes (Figure II.11-A). En
présence d’une solution contenant des molécules cibles, l’interaction sonde-cible se traduit par une
augmentation de la concentration des éléments biologiques à l’interface, ce qui engendre une
augmentation de l’indice de réfraction et de l’épaisseur de la couche biologique. La biopuce est
ainsi assumée comme un empilement de couches d’indice et d’épaisseur variables (Figure II.11-B).
Figure II.11: Principe d’une perturbation engendrée par une interaction biomoléculaire à la surface d’une biopuce
à RPS. (A) Formation d’une première couche biologique due à l’immobilisation des sondes et d’une deuxième couche
biologique due à l’accrochage des cibles. (B) Modèle d’empilement de couches d’indice et d’épaisseur variables.
II.2.5.4. Différentes méthodes de détection (spectrale, angulaire, angulospectrale,
suivi dynamique d’interaction)
II.2.5.4.1. Interrogation angulaire
Les ondes plasmons de surface servent comme sondes pour les perturbations survenant à la
surface métallique. En effet, une perturbation au voisinage de la surface engendre une variation
dans les conditions de couplage qui se traduit concrètement par les variations des propriétés de la
chute de réflectivité : un décalage angulaire de la courbe de réflectivité. En d’autres termes,
l’interrogation angulaire permet le suivi de l’angle de résonance à une longueur d’onde fixée et de
remonter ainsi à information concernant l’évolution de l’interaction biomoléculaire étudiée en
quantifiant les perturbations à l’interface métal/diélectrique (Miura et al. 2003) (Herminjard et al.
2009). Cette technique est illustrée sur la figure 1. 18 où est présentée la réflectivité du mode TM,
normalisée par la réflectivité du mode TE, d’une couche mince d’or (50 nm), fixée sur la base d’un
prisme en SF10 et en contact avec un milieu diélectrique (eau). La courbe en noir donne la
réflectivité avant une perturbation et la courbe en rouge correspond à la réflectivité angulaire après
la perturbation (Figure II.12-A). À une longueur d’onde fixe de = 850 nm, un décalage angulaire de
l’ordre de est visualisé. Il est induit par un changement de l’indice du milieu environnant de = 1.33
à = 1.34 ce qui correspond à un saut d’indice de ∆ n=10−2 RIU. De même, un décalage angulaire de
l’ordre de est observé lors du dépôt d’une couche biologique dû à l’immobilisation des molécules
cibles sur la surface métallique. Nous considérons dans notre cas que les cibles sont des brins
d’ADN formant une couche biologique avec un indice de réfraction =1.48 et d’épaisseur choisie à
titre d’exemple = 10 nm (Figure II.12-B).
Figure II.12: (A) Décalage angulaire dû à un saut d’indice ∆ n=10−2 RIU. (B) Décalage angulaire engendré par
le dépôt d’une couche biologique sur la surface métallique.
Pour mesurer ces variations, il est possible d’utiliser un dispositif, dit : « mono-capteurs », qui
est le dispositif à lecture plasmonique le plus ancien. Nous présentons ici ce montage (Figure II.13)
permettant de réaliser l’interrogation angulaire, i.e. mesurer la réflectivité à une longueur d’onde
fixée. Ce dispositif a été le premier à être développé dans notre laboratoire. La source est un laser
qui émet une longueur d’onde λ=633 nm. Le faisceau, polarisé TM, est ensuite partagé en deux : la
première partie est réfléchie et envoyée sur une première photodiode de mesure, la deuxième partie
du faisceau est dirigée vers une deuxième photodiode de référence. Celle-ci est utilisée pour suivre
les fluctuations au cours du temps et permettre la normalisation du faisceau mesuré par la
photodiode de mesure. Le faisceau incident balaye différents angles d’incidence grâce aux platines
de rotation. Une lecture du signal de la photodiode permet d’afficher la réflectivité en fonction de
l’angle d’incidence et offre ainsi la possibilité de remonter à la valeur de l’angle de résonance
correspondant à la réflectivité minimale mesurée
Il existe un montage commercial équivalent qui est principalement fabriqué par Biacore
International et commercialisé par Texas Instrument. Ce dispositif se base sur une diode LED
émettant un faisceau incident, non-collimaté, qui éclaire la surface métallique selon différents
angles d’incidence. Le signal réfléchi est envoyé ensuite sur une barrette de photodiodes, ce qui
permet de mesurer la réflectivité angulaire en une seule fois et donc un gain au niveau du temps de
mesure. Ceci est dû à l’immobilisation de l’ensemble : cuve, prisme et fluidique. Ceci étant, les
mesures prises par le mono-capteur correspondent en général à une valeur moyenne sur une région
qui a la même largeur que celle du faisceau incident sur la surface. Ils servent principalement à
caractériser la lame d’or et à visualiser le phénomène de plasmons de surface. Bien qu’utiles, les
mono-capteurs ne répondent pas aux besoins médicaux pour une analyse simultanée de multiples
réactions biomoléculaires.
Figure II.13: principe de montage d’un dispositif mono-capteurs