Chapitre 5. Notions Sur Les États de Contraintes Et de Déformations 1

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

NOTIONS SUR LES ETATS DE CONTRAINTES ET DE


DEFORMATIONS

1. Etats de contraintes en un point

1.1. Etat linéaire de contraintes

Quand une barre, de section droite (transversale) rectangulaire A = axb, est soumise à l’action
d’une force de traction ou de compression de valeur N, alors, il se développe à l’intérieur de
cette section transversale une contrainte normale  de valeur (voir fig. 1) :

 = N/A (1)
Le matériau étant homogène,
ces contraintes vont être
uniformément réparties dans la
section droite de l’élément.
Fig. 1.
Sur les faces extérieures, les
contraintes sont nulles. Dans ce
cas, on a un état linéaire de contraintes, car les
contraintes normales agissent seulement sur les faces
(sections) transversales de l’élément.

On peut donc dire que l’état linéaire de contraintes


correspond à la traction (cas de la fig. 2, a) ou à la
Fig. 2. compression simple (cas de la fig. 2, b) des barres. En
plaçant la section perpendiculairement au plan du dessin,
on obtient la représentation de la fig. 3.

Dans la section droite de cet élément, les contraintes


tangentielles  sont nulles :  = 0.

Considérons maintenant une section inclinée s1-s1


faisant un angle  avec la section droite s-s (voir fig. 4).
Par convention, on supposera que l’angle  est positif
Fig. 3. quand pour joindre la section droite s-s à la section
inclinée s1-s1, il faut faire la rotation dans le
sens
contraire des aiguilles d’une montre ; dans notre cas, l’angle  est positif.
Le matériau étant homogène, la déformation de toutes les fibres parallèles à l’axe de
l’élément est la même ; cela permet de supposer que les contraintes p sont les mêmes pour
tous les points de la section inclinée s1-s1. L’équilibre de la section permet d’écrire :
X = P - N = 0, d’où P=N (2)

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Ici, N est la résultante des forces intérieures, c’est-à-dire l’effort normal ; donc, on a :

Fig. 4.

N = pA , (3)
où, p sont les contraintes parallèles à l’axe de l’élément et A est l’aire de la section inclinée
s1-s1 ; on a :
A = A/cos (4)
où, A est l’aire de la section droite s-s.

On obtient, ainsi pour les contraintes p :


p = N/A = N/(A/cos) = (N/A)cos = .cos, (5)
où,  = N/A = contrainte normale dans la section droite.
Ainsi, on obtient la relation suivante :
p =  cos (6)
La contrainte p peut être décomposée en deux composantes : une composante  normale au
plan de la section s1-s1 et une composante  tangente à ce plan (voir fig. 4) ; on aura ainsi :
 = pcos = cos.cos = cos2 (7)
1
 = psin = cos.sin = sin2 (8)
2
Donc, à l’état linéaire de contraintes, sur un plan incliné faisant un angle  avec la section
droite, les contraintes normales et tangentes à ce plan incliné ont pour expression :
 = cos2 (9)
1
et  = sin2 (10)
2
Pare convention:
- la contrainte normale  est positive en traction et négative en compression ;
- la contrainte tangentielle  est positive si, le vecteur l’illustrant tend à faire
tourner le corps par rapport à un point quelconque C situé sur la normale
intérieure ni à la section dans le sens des aiguilles d’une montre.
Dans notre cas, les contraintes normales  et tangentielles  sont toutes deux positives.
On remarquera que :
- pour un angle  = 0, on a :  =  et  = 0 ;
1 1
- pour  = 45°, on a :  =  et  =  et,
2 2
- pour  = 90°, on a :  = 0 et  = 0.

On appelle plans principaux les plans sur lesquels les contraintes tangentielles  sont nulles.
Dans ce cas, on voit que quand  = 0, de même que quand  = 90°, on a des plans
principaux. Les contraintes normales agissant sur ces plans principaux sont appelées
contraintes principales. Donc, sur des plans principaux d’un corps soumis à l’action des

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forces extérieures, les contraintes tangentielles sont nulles et les contraintes normales sont
désignées sous le nom de contraintes principales.
Les contraintes tangentielles atteignent leurs valeurs extrémales (maximales et minimales)
quand sin2 =  1, c’est-à-dire quand  =  45° ; dans ce cas :
1
 =  . (15)
2
Sur la section s2-s2 dont le plan est
perpendiculaire à celui de s1-s1 et faisant un
angle  avec le plan de la section droite s-s
(voir fig. 5 ; en effet, on a :  +  = /2   =
/2 -  ; comme par convention  < 0, on
obtient donc  =  - /2), les contraintes
normales  et tangentielles  auront pour
valeurs :
 = cos2 = cos2( - /2) = sin2 (16)
Fig. 5.
1 1 1
 = sin2 = sin(2( - /2)= = sin2 = -  (17)
2 2 2
On remarquera que :
 +  =  18)
 = -  (19)

1.2. Etat plan de contraintes

Fig. 6. Fig. 7.

Quand on a une plaque, par exemple, soumise à l’action de deux forces de traction (ou de
compression) N1 et N2 dans les deux directions orthogonales (voir fig. 6), on est en présence
d’un état plan de contraintes. Sur les faces où agissent les efforts normaux, les contraintes
normales développées auront pour valeurs :
1 = N1/A1 (20)
2 = N2/A2 (21)

En coïncidant la face abfg au plan du dessin, on obtient la représentation de la fig. 7. Sur la


face abfg, il n’y a pas de contraintes (elles sont nulles).

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Ainsi, en supposant un cube élémentaire, l’état plan de contraintes est représenté comme
l’indique la fig. 8. Faisons une section inclinée s1-s1 dont la normale extérieure n fait un
angle 1 avec la direction de 1 et un angle 2 avec celle de 2 (voir fig. 8, c). Sur ce plan
de section agissent des contraintes normales  et tangentielles  dont les valeurs dépendent
de 1 et de 2. En calculons les valeurs de  et  séparément sous les actions de 1 et de
2 (voir fig. 9) on trouve les expressions suivantes :
 = 1 cos21 + 2 sin21 (22)
1
 = (1 - 2 )sin21 . (23)
2

Fig. 8.

Fig. 9.

Ainsi, dans une section inclinée s1-s1 faisant un angle 1 avec la normale extérieure à la
section (l’angle 1 est compté dans le sens contraire des aiguilles d’une montre à partir de la
direction de 1 jusqu’à la normale extérieure au plan de la section considérée) agissent des
contraintes normales  et tangentielles  dont les valeurs sont déterminées par les
expressions (22) et (23).

Dans ce qui va suivre, on va remplacer 1 par , l’angle  est compté dans le sens
contraire des aiguilles d’une montre à partir de la plus grande (en valeur algébrique)
contrainte jusqu’à la normale extérieure du plan incliné, don on a :
 = 1 cos2 + 2 sin2 (24)
1
 = (1 - 2)sin2 (25)
2
Les contraintes normales  et tangentielles  agissant sur le plan s2-s2 perpendiculaire au
premier plan s1-s1 sont déterminées en utilisant les mêmes formules ; elles auront pour
expressions :
 = 1 sin2 + 2 cos2 (26)
1
 = - (1 - 2)sin2 (27)
2
On remarquera aussi que :
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 +  = 1 (cos2 + sin2) + 2 (sin2 + cos2) = 1 + 2 (28)


1
 = (1 - 2)sin2 = -  (29)
2

On peut donc dégager les deux conclusions suivantes:


 La somme des contraintes normales sur deux plans orthogonaux est constante et égale
à la somme des contraintes principales.
 Les contraintes tangentielles sur deux plans perpendiculaires sont égales en valeurs et
de signes contraires  ; cette propriété est appelée la loi de parité des contraintes
tangentielles  ; elle est vérifiée partout où il y a des contraintes tangentielles.
On remarque que :
- pour  = 0:
 = 1.1 +2.0 = 1 ;
 = 1.0 +2.1 = 2 ;
 = -  = 0,5(1 - 2).0 = 0;
- pour  = 90°:
 = 1.0 +2.1= 2 ;
 = 1.1 +2.0 = 1 ;
= - = 0,5(1-2).0 = 0.

Donc, quand  = 0 et  = 90°, on a des plans principaux. Sur ces plans principaux, les
contraintes normales sont égales aux contraintes principales et les contraintes tangentielles
sont nulles.

Les contraintes tangentielles ont leurs valeurs extrémales (maximales et minimales) quand
sin2 =  1, c’est-à-dire quand  = 45° ; dans ce cas, on a :
1
 =  (1 - 2) (30)
2
Cela veut dire que les plans sur lesquels agissent les contraintes tangentielles extrémales font
un angle de  45° avec celui sur lequel agit la contrainte principale 1. Ces plans sont
appelés plans de cisaillement. On a donc :
1
max, min =  (1 - 2). (31)
2
Sur les plans de cisaillement, les contraintes normales sont égales à :
1
45° = (1 + 2) (32)
2

1.3. Etat volumique de contraintes

On est en présence d’un état volumique de contraintes quand en dégageant un cube


élémentaire autour d’un point quelconque, on ne peut pas tracer un plan sur lequel les
contraintes normales et les contraintes tangentielles sont nulles en même temps. Dans le cas
général, sur les faces d’un cube élémentaire dégagé autour d’un point du corps agissent des
contraintes normales x, y, z et tangentielles xy, yz, zx, yx, zy, xz comme cela est indiqué
sur la fig. 10.

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On peut tourner les trois plans orthogonaux


de façon à avoir les trois contraintes
tangentielles nulles. Ces trois plans
orthogonaux sont les trois plans principaux
sur lesquels agissent les contraintes
principales 1, 2 et 3 (voir fig. 11).

Fig. 10. Fig. 11. Sur un plan non parallèle à aucun des axes
principaux (axes des contraintes principales),
les contraintes normales  et tangentielles
 sont déterminées par les expressions suivantes :
 = 1 cos21 + 2 cos22 + 3 cos23 (33)

 = 12 cos2  1   22 cos2  2   32 cos2  3   (34)


avec,
1 , 2 , 3 - les angles que forme la normale extérieure au plan considéré avec les axes
des contraintes principales 1, 2 et 3 .

Si on calcule les contraintes normales x, y, z et on fait leur somme, on trouvera que cette
somme est égale à celle des contraintes principales ; donc, on a toujours :
x + y + z = 1 + 2 + 3 (35)

Ainsi, la somme des contraintes normales agissant sur trois plans orthogonaux
quelconques passant par un point considéré est une grandeur constante.

De plus, avec la loi de parité des contraintes tangentielles, on a toujours:


xy = - yx ; yz , = - zy ; xz = - zx (36)

En état triaxial de contraintes, les contraintes tangentielles extrémales (maximales et


minimales) agissent sur des plans parallèles à l’axe de 2 et inclinés par rapport aux plans
principaux sur lesquels agissent 1 et 3 d’un angle égal à 45°. Les valeurs des contraintes
tangentielles extrémales sont déterminées par les expressions suivantes :
1
max, min =  (1 - 3) (37)
2

1.4. Etats de contraintes en un point.


1.4.1. Etats de contraintes en un point
L’interaction entre les différentes particules du corps est caractérisée par les valeurs des
contraintes normales et tangentielles en chaque point de l’élément. Ces valeurs des contraintes
dépendent de la direction de la section menée en ce point. L’ensemble des contraintes
normales  des contraintes tangentielles  agissant sur tous les plans passant par un point
considéré est appelé état de contraintes en ce point. Donc, on peut noter que :
 Si, au point considéré, on ne peut mener aucun plan (section) sur lequel les contraintes
normales  et tangentielles  sont nulles, alors, en ce point on a un état volumique de

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contraintes ou état triaxial de contraintes. Cet état de contrainte est souvent désigné
sous le nom d’état complexe de contraintes.
 Si, en un et un seul plan passant par ce point considéré, les contraintes normales  et
tangentielles  sont nulles, alors, en ce point on a un état plan de contraintes ou un
état biaxial de contraintes.
 Si les contraintes normales  et tangentielles  sont nulles sur deux plans passant par
ce point considéré, alors, en ce point, on a un état linéaire de contraintes ou un état
uniaxial de contraintes.

1.4.2. Plans principaux et contraintes principales


En chaque point d’un corps déformé sous contraintes, on peut mener trois plans orthogonaux
sur lesquels agissent les trois contraintes principales parmi lesquelles les deux ont des valeurs
algébriques extrémales (dont une a une valeur algébrique maximale et l’autre a une valeur
algébrique minimale) et la troisième a une valeur intermédiaire. Ainsi, en chaque point, on
peut dégager un parallélépipède élémentaire dont les faces coïncident avec les plans
principaux (voir fig. 12). Le matériau se trouve, soit étiré (en cas de contrainte de traction),
soit comprimé (en cas de contrainte de compression).
Par convention, les contraintes principales sont notées
1 , 2 et 3 telles que 1 est la contrainte qui a la
plus grande valeur algébrique, 2 est la contrainte
ayant la valeur algébrique intermédiaire et 3 est la
contrainte qui a la plus petite valeur algébrique ; on a
donc, en valeur algébrique:
1  2  3 . (38)

Fig. 12. Par convention, les contraintes normales sont


négatives en compression et positives en traction.
Ainsi, par définition :
 Un état linéaire (uniaxial) de contraintes est un état de contraintes où seule une
contrainte principale n’est pas nulle, les deux autres sont nulles fig. 13, a).
 Un état plan (biaxial) de contraintes est un état de contraintes où deux contraintes
principales ne sont pas nulles, la troisième est nulle (fig. 13, b).
 Un état volumique (triaxial) de contraintes est un état de contraintes où les trois
contraintes principales ne sont pas nulles (fig. 13, c).

Fig. 13.

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1.5. Cercle des contraintes de Mohr

Soit un état plan de contraintes avec des contraintes


principales 1 et 2 et soit un plan faisant un angle 
avec celui sur lequel agit 1 (voir fig. 14); on a
conformément aux formules précédentes :
 = 1 cos2 + 2 sin2 (39)
1
 = (1 - 2 )sin2 (40)
2
1 1
Comme cos2 = (1+ cos2) et sin2 = (1-
2 2
cos2)

Fig. 14. et après quelques transformations, on obtient pour les


contraintes  et  les expressions suivantes :
1 1
 = (1 + 2 ) + (1 - 2 )cos2 ; (41)
2 2
1
 = (1 - 2 )sin2 (42)
2
1 1
ou encore  - (1 + 2 ) = (1 - 2 )cos2 ; (43)
2 2
1
 = (1 - 2 )sin2 (44)
2

En élevant ces deux expressions au carré et en faisant la somme, on obtient :


2 2
       
  1 2    2   1 2  (45)
 2   2 
ou de façon générale :
2 2
 1   2   1   2 
    
2
 (46)
 2   2 

En comparant cette expression (2.60) avec l’équation d’un cercle (x - a)2 + (y - b)2 = R2 , on
remarque que l’expression obtenue représente l’équation d’un cercle dont le centre C a pour
coordonnées a = (1 + 2 )/2, b = 0 et de rayon R = (1 - 2 )/2.

En prenant un système de coordonnées avec  et  ( en abscisse et  en ordonnée) et en


traçant le cercle obtenu, on obtient un cercle appelé cercle des contraintes de Mohr (voir
fig. 15). Ce cercle décrit la place géométrique des points dont les coordonnées (, )
caractérisent l’état de contraintes en un point donné du corps. Ainsi, chaque point D de
coordonnées ( , ) du cercle représente un plan incliné faisant un angle  avec celui
sur lequel agit 1 .

Pour trouver les contraintes  et  sur un plan incliné faisant un angle  avec l’axe de la
plus grande contrainte 1, on procède comme suit : du point C (centre du cercle), on trace un
angle de valeur 2 (angle DCA) en considérant comme sens positif le sens des aiguilles
d’une montre. Le point D appartenant au cercle des contraintes correspond ainsi au plan
choisi, c’est-à-dire au plan dont la normale extérieure fait un angle  avec la direction de 1.
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En géométrie, on démontre que si l’angle central DCA = 2, alors l’angle DBA = . Les
coordonnées du point D représentent les contraintes  et  , ce qu’on peut facilement
démontré sur la fig. 15 ; on a :
CD = R = (1 - 2 )/2 . (47)

Du triangle EDC, on a : sin2 = DE/CD , (48)


d’où DE = CD sin2 (49)
ou encore DE = 0,5(1 - 2 )sin2 = . (50)
Aussi, on a : cos2 = CE/CD ,
(51)
d’où CE = CD cos2 = 0,5(1 - 2 )cos2 . (52)
De plus, on a :
OE = OB +BC +CE = 2 + 0,5(1 - 2) +0,5(1 - 2)cos2
= 2 + 0,5(1 - 2)(1 + cos2) = 2 + (1 - 2)cos2 = 2 + 1cos2 - 2cos2
= 1cos2 + 2 (1 - cos2 ) = 1cos2 + 2sin2 = 
ou encore OE = 1cos2 + 2sin2 =  (53)

Fig. 15.

Ainsi, les coordonnées du point D représentent les contraintes  et  ; ces


coordonnées sont données sur la fig. 15. L’angle  est toujours compté à partir de la ligne
de la plus grande contrainte maximale 1. Si on coïncide l’axe 1 avec l’axe des abscisses
(axe ), la ligne BD , inclinée d’un angle  par rapport à l’axe des abscisses sera parallèle à
la normale extérieure du plan considéré, c’est-à-dire parallèle à  . La ligne BF qui est
perpendiculaire à BD sera parallèle à .

On peut remarquer que la valeur maximale des contraintes tangentielles est égale au rayon du
cercle:
1
max  = (1 - 2 ) ; (54)
2

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cela correspond à un angle 2 = /2, soit  = /4 = 45°. Cette valeur est représentée par le
segment CDo ; sur ce plan, la contrainte normale est :
1
 = 45° = (1 + 2) (55)
2

La valeur minimale des contraintes tangentielles est obtenue pour  = -/4 = -45°:
1
min  = - (1 - 2 ) (56)
2
Cette valeur est représentée par le segment CD1 ; sur ce plan, la contrainte normale est
1
toujours égale à (1 + 2 ) :
2
1
-45° = (1 + 2) (57)
2

De même, on peut remarquer que les contraintes normales maximales sont égales à 1 (au
point A) obtenues pour  = 0 ( = 0) et les valeurs minimales sont égales à 2 (au point B)
pour  = 90° ( = 0) ; donc, on a :
max  = 1 et min  = 2. (58)

Le point A représente ainsi le plan principal sur lequel agit la contrainte principale 1 et
le point B représente celui sur lequel agit 2 .Quant aux plans de cisaillement, ils sont
représentés par les points Do et D1.

En état plan de contraintes, avec le cercle des contraintes de Mohr, si les contraintes
principales en un point sont connues, on peut déterminer les valeurs et les directions des
contraintes agissant sur n’importe quel plan passant par ce point. Pour cela, on positionne les
points A et B (représentant les plans principaux), on positionne ensuite le point C (centre du
cercle ayant pour abscisse la demi-somme des contraintes principales), puis on trace le cercle
de centre C et de rayon R égal à la demi-différence des contraintes principales. A partir du
point A, on trace l’angle  pour trouver, à l’intersection avec le cercle, le point D de
coordonnées  et  représentant les contraintes normales et tangentielles agissant le plan en
question faisant un angle  avec celui sur lequel agit la plus grande contrainte principale (voir
fig. 16).

Quand les deux contraintes principales 2 et 3 sont des contraintes de compression, le


cercle de Mohr est représenté sur la fig. 17. Quand les deux contraintes principales 1 et 3
sont de signes contraires, le cercle de Mohr est représenté sur la fig. 18.

A l’aide du cercle de Mohr, on peut résoudre le problème inverse, c’est-à-dire qu’en


connaissant les contraintes agissant sur deux plans orthogonaux quelconques  ,  (sur un
1er plan) et  ,  (sur un second plan perpendiculaire au premier), on peut déterminer les
contraintes principales 1 et 2 . Pour cela, sur le système de repère -, positionnons les
points D de coordonnées (, ) et D de coordonnées (, ), puis relions ces deux points
D et D par une droite qui coupera l’axe des abscisses (axe ) au point C qui n’est autre
que le centre du cercle des contraintes de Mohr (voir fig. 19). On trace ainsi le cercle de
centre C et de rayon R = CD = CD . Ce cercle va couper l’axe des abscisses en deux
points: au point A de coordonnées (1, 0) et au point B de coordonnées (2, 0).

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Fig. 16.

Fig. 17.

La direction de  sur le cercle des contraintes est représentée par la droite BD inclinée d’un
angle  ( > 0) par rapport à l’axe des abscisses. Par conséquent, pour aller de la direction de
1 à la direction de , il faut tracer un angle  dans le sens contraire des aiguilles d’une
montre en se déplaçant du point A vers le point D . Dans notre cas, la direction de  est
connue (c’est la direction horizontale, voir fig. 2.19, a), donc, pour trouver la direction de 1,
il faut tracer un angle  à partir de la direction de  dans le sens opposé, c’est-à-dire dans le
sens des aiguilles d’une montre. On détermine, ainsi, la direction de 1 ; cette direction peut
être matérialisée sur le cercle en traçant un angle  du point B à partir de l’axe des abscisses
dans le sens des aiguilles d’une montre ; autrement dit, transposer le point D au point D’. La
direction BD’ représente la direction de 1 ; la direction de 2 est perpendiculaire à celle de
1. La direction de 1 est aussi donnée par la direction du segment PA, où P est appelé pôle.
Le pôle P est obtenu à partir du point D ou du point D , comme le montre la fig. 19, a.

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Fig. 18.

Fig. 19.

On a les expressions suivantes pour déterminer les contraintes principales à partir des
contraintes normales et tangentielles sur deux plans orthogonaux quelconques :
1
1 = (( + ) + (     ) 2  4 2 ; (59)
2

1
2 = (( + ) - (     ) 2  4 2 (60)
2

Pour l’état linéaire de contraintes, on a :


- en cas de traction : 2 = 3 = 0 et 1  0 ;
- en cas de compression : 1 = 2 = 0 et 3  0.

Les cercles des contraintes de Mohr pour ces cas sont tracés sur la fig. 20.

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

Fig..20.

Pour un plan dont la normale extérieure fait un angle  avec la direction de 1, les contraintes
seront :
 = 1cos2 ; (61)
1
 = 1sin2 . (62)
2

Les valeurs extrémales des contraintes


seront :
pour  = 0 : ,max = 1 ;
1
pour  = 45° : max, min =  1.
2
En cas de compression, 1 est remplacé par
3 .
En connaissant  et , on peut déterminer
les valeurs et la direction de la contrainte
principale 1 (ou 3). Pour cela, on place les
points E , D , D’ et D’’ comme pour
l’état plan de contraintes (voir fig. 21).
Joignons les points D et D’’, on obtient le
point C, centre du cercle de rayon CD. La
contrainte principale 1 sera égale au
segment OA (1 = OA). La direction de 1
Fig. 21. sera la direction OD’.

2. Etats de déformations en un point

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

L’ensemble des déformations linéaires unitaires dans les différentes directions et des
déformations angulaires unitaires sur les différents plans passant par un point considéré
constitue l’état de déformations en ce point.

2.1. Variation volumique

Sous l’action des forces extérieures, les corps élastiques se déforment, leurs volumes
changent. Pour déterminer cette variation de volume, dégageons, autour d’un point, un
parallélépipède élémentaire de dimension a, b et c (voir fig. 22) Le volume de e
parallélépipède élémentaire, avant toute déformation est :
dV = abc (63)

Après déformation, les côtés du parallélépipède changent de longueurs et on obtient,


respectivement, pour les trois côtés: a+a, b+b et c+c. Le volume de ce parallélépipède,
après déformation sera:
dV’ = (a+a)(b+b)(c+c) =
abc(1+a/a+b/b+c/c)+(abc+bac+cab+abc) (64)

En négligeant le dernier terme entre parenthèses pour sa petitesse, on obtient:


dV’ = abc(1 + a/a + b/b + c/c) (65)

Fig. 22.

ou encore dV’ = dV(1 + 1 + 2 + 3), (66)


avec, 1 = a/a ; 2 = b/b ; 3 = c/c . (67)
1 , 2 , 3 sont les déformations linéaires unitaires des côtés du parallélépipède.

La variation (ou changement) unitaire (ou relative) du volume est égale à:


(dV ) dV ' dV (1   1   2   3 )  dV
 =   = 1 + 2 + 3 (68)
dV dV dV

Si on note la valeur moyenne des déformations unitaires par o :


o = (1 + 2 + 3 )/3, (69)
on obtient pour la variation unitaire de volume :
 = 3o . (70)

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

En connaissant la variation unitaire du volume en chaque point, on peut calculer la variation


du volume de tout le corps:
V =  dV (71)
V

2.2. Loi de Hooke généralisée

Considérons notre parallélépipède élémentaire de côtés a, b et c (voir fig. 22). On appellera le


côté parallèle à 1 le premier côté de longueur a, celui parallèle à 2 - le deuxième côté de
longueur b et celui parallèle à 3 - le troisième côté de longueur c.

On peut déterminer les déformations longitudinales de l’élément dans le sens de ses côtés en
considérant l’influence de chacune des contraintes séparément et, à la fin on additionne les
résultats. Ainsi, sous l’action de 1, l’élément dans le sens du premier côté reçoit une
déformation linéaire longitudinale (allongement) égale à :
1’ = 1/E . (72)
Par rapport aux contraintes 2 et 3, ce premier côté est une dimension transversale, donc il
reçoit de 2 et 3 des déformations linéaires transversales (raccourcissements) égales à:
1’’ = -(2/E) (73)
et 1’’’ = -(3/E) (74)
avec,  - le coefficient de Poisson du matériau de l’élément.
La déformation unitaire totale de l’élément dans le sens du premier côté est égale à la somme
de 1’, de 1’’ et de 1’’’:
1 = 1’ + 1’’ + 1’’’ = 1/E - (2/E) - (3/E) (75)
ou encore 1 = (1 - (2 + 3))/E (76)

De la même façon, on obtient pour les deuxième et troisième côtés, les expressions suivantes:
2 = (2 - (1 + 3))/E (77)
3 = (3 - (1 + 2))/E (78)

Ainsi, les déformations linéaires unitaires des côtés de l’élément sous l’action des contraintes
principales 1 , 2 et 3 ont pour valeurs:
1 = (1 - (2 + 3))/E
2 = (2 - (1 + 3))/E (79)
3 = (3 - (1 + 2))/E

Ces formules, liant les déformations linéaires aux contraintes normales, expriment la loi de
Hooke pour l’état complexe de contraintes ou loi généralisée de Hooke.

Si une des contraintes principales est nulle, par exemple 3 = 0 (état plan de contraintes), on
obtient :

1 = (1 - 2 )/E


2 = (2 - 1 )/E (80)
3 = -(1 + 2)/E

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

Pour un état linéaire de contrainte, par exemple quand 2 = 3 = 0, on obtient:


1 = 1 /E
2 = (1 )/E (81)
3 = -(1 )/E

Même si les côtés du parallélépipède ne coïncident pas avec les plans principaux, les formules
généralisées de la loi de Hooke ne changent pas. Pour ces cas, les formules de la loi
généralisée de Hooke (ou formules généralisées de la loi de Hooke) s’écrivent (fig. 23) :
x = (x - (y + z))/E
y = (y - (x + z))/E (82)
z = (z - (x + y))/E
avec,
x , y , z - les contraintes normales agissant sur les faces du parallélépipède;
x , y , z - les déformations linéaires unitaires dans les directions de x, y et z.
Déterminons maintenant les déformations dues aux
contraintes tangentielles. Expérimentalement, il fut
démontré qu’entre les contraintes tangentielles  et
les déformations de cisaillement  qu’elles
provoquent, existe une relation de la forme :
 = G (83)
ou encore  = /G (84)
où,
G est une grandeur élastique caractéristique
Fig. 23. du matériau, appelé module de cisaillement ou
coefficient de l’élasticité transversale; il est lié aux
autres constantes (E et ) par la formule:
E
G = (85)
2(1   )

L’expression liant les déformations angulaires  aux contraintes tangentielles  exprime la loi
de Hooke en cisaillement (déformation transversale). Sur la base de cette loi de Hooke en
cisaillement, les déformations angulaires unitaires peuvent être déterminées comme suit:
xy = - yx = xy/G = - yx/G
yz = - zy = yz/G = - zy/G (86)
zx = - xz = zx/G = - xz/G

Ainsi, sur chaque plan, la déformation angulaire est entièrement déterminée par la contrainte
tangentielle correspondante. Les deux autres composantes des contraintes tangentielles et les
contraintes normales n’influent pas sur la valeur de la déformation angulaire. Cela est une
conséquence des propriétés du corps isotrope.

Les formules de la loi de Hooke généralisée exprimant la relation linéaire entre les
composantes des déformations et des contraintes dans un corps isotrope élastique sont donc
les suivantes:
x = (x - (y + z))/E
y = (y - (x + z))/E
z = (z - (x + y))/E (87)
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Notions sur les états de contraintes et de déformations

xy = - yx = xy/G = - yx/G


yz = - zy = yz/G = - zy/G
zx = - xz = zx/G = - xz/G

Ces équations sont aussi appelées équations physiques de la théorie de l’élasticité linéaire.

En remplaçant les déformations linéaires unitaires 1, 2 et 3 par leurs expressions de la loi
généralisée de Hooke, on obtient pour la variation unitaire de volume de l’élément,
l’expression suivante :
1  2
 = 1 + 2 + 3 = (1 + 2 + 3) (88)
E

Par cette expression, on peut remarquer que quand la somme des trois contraintes principales
est nulle, il n’y aura pas de variation de volume en régime élastique de déformation du corps.
En notant : o = (1 + 2 + 3)/3,
(89)
on obtient :
1  2
 = 3o (90)
E
o     3
ou encore  = = 1 2 (91)
K 3K
E
avec, K = (92)
3(1  2 )
où, la quantité K est appelée module volumique d’élasticité ou encore module de
déformation de volume.
En posant : o = (1 + 2 + 3)/3,
(93)
on peut écrire aussi : o = K = 3oK
(94)

Cette expression est la loi de Hooke généralisée exprimée à travers la déformation


volumique et le module de déformation de volume.

3. Les théories de résistance

3.1. Généralités

Le but essentiel des calculs d’ingénieurs consiste à évaluer la résistance d’un élément de
structure quand on connaît son état de contraintes. Ce problème se résout facilement dans le
cas d’un état de déformations simples ; par exemple, dans le cas d’un état uniaxial de
contraintes, on peut expérimentalement déterminer les valeurs limites des contraintes, c’est-à-
dire les valeurs pour lesquelles on assiste à l’écoulement du matériau (matériau plastique)
accompagné de déformations résiduelles importantes ou de l’apparition de fissures
témoignant la ruine de l’élément.

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

Un élément se trouve à l’état dangereux (ou à l’état limite) quand un de ses points est dans
cet état, c’est-à-dire quand la contrainte en ce point a atteint sa valeur limite (valeur
admissible). Ce point est appelé point dangereux.

Pour les matériaux plastiques, la contrainte dangereuse est égale à la limite d’écoulement e,
tandis que pour les matériaux fragiles, elle est constituée par la limite de résistance R .

Pour l’état linéaire de contraintes, la condition de résistance s’écrit :


- pour la traction: t,max  t ;
- pour la compression: c,max  c.

Donc à l’état dangereux, on a respectivement t,max = t pour le cas de la traction et c,max =
c pour le cas de la compression.

Dans le cas d’un état complexe de contraintes (état plan ou volumique de contraintes), où les
autres contraintes principales ne sont pas nulles, l’état dangereux pour un même matériau
peut être atteint à des valeurs différentes des contraintes principales en fonction des rapports
existant entre elles. Dans ce cas, le problème d’évaluation de la résistance du matériau se
complique. Pour la résolution de ce problème, il existe plusieurs points de vue sur les raisons
pouvant provoquer l’état dangereux d’un matériau. A cet effet, on émet des hypothèses selon
lesquelles tel ou tel facteur exerce une influence déterminante sur la résistance du matériau.
Pour empêcher l’avènement de l’état dangereux, on est ainsi amené à limiter la valeur de ce
facteur en question et assurer ainsi la résistance du matériau. Ces hypothèses ainsi émises
sur les critères déterminant les conditions de passage du matériau à l’état dangereux sont
appelées théories de résistance ou critères de résistance. Parmi ces différentes théories, on
peut citer quelques unes qui sont vraiment fondamentales (théories fondamentales de
résistance), à savoir:
- la théorie des contraintes normales maximales (ou 1ère théorie de résistance);
- la théorie des déformations linéaires unitaires maximales (ou 2 ème théorie de
résistance);
- la théorie des contraintes tangentielles maximales (ou 3ème théorie de résistance);
- la théorie de l’énergie potentielle spécifique de changement de forme (ou 4 ème
théorie de résistance ou encore théorie énergétique);
- la théorie de Coulomb - Mohr (ou critère de Coulomb - Mohr).

En plus de ces théories dites fondamentales, il existe plusieurs autres qui ne seront pas objet
de notre étude.

3.2. La théorie des contraintes normales maximales

Selon cette théorie, un corps sollicité est à l’état dangereux quand une des contraintes
principales  a atteint sa valeur maximale admissible, c’est-à-dire quand :
1 = t ou bien 3 = c (95)

La condition de résistance sera:


1  t et 3  c (96)

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

Cette théorie n’est confirmée dans la pratique que pour les matériaux assez fragiles et
homogènes comme le verre, le gypse, les pierres, les briques, le béton, etc...

3.3. La théorie des déformations linéaires unitaires maximales

Selon cette théorie, un corps sollicité est à l’état dangereux quand une des déformations
linéaires unitaires max a atteint sa valeur maximale admissible , déterminée en état
linéaire de contraintes, c’est-à-dire quand :
1 = t ou bien 3 = c (97)

La condition de résistance sera:


1  t et 3  c (98)

A l’état linéaire de contraintes, on a :


 = /E, (99)

donc, la condition de résistance se présentera comme suit:


1 = (1 - (2 + 3))/E  t/E et 3 = (3 - (1 + 2))/E  c/E (100)
ou encore
1 - (2 + 3)  t et 3 - (1 + 2)  c (101)

Cette théorie ne donne des résultats satisfaisants que pour certains cas particuliers d’états de
contraintes pour les matériaux fragiles ; elle n’est pas utilisée dans les calculs pratiques pour
sa faible fiabilité.

3.4. La théorie des contraintes tangentielles maximales


Selon cette théorie, un corps sollicité est à l’état dangereux quand les contraintes
tangentielles maximales max ont atteint leur valeur maximale admissible , déterminée en
état linéaire de contraintes, c’est-à-dire quand
max =  (102)
La condition de résistance sera:
max   (103)
A l’état linéaire de contraintes, on a :
 = /2, (104)
donc la condition de résistance se présentera comme suit :
max = (1 - 3))/2  /2 (105)
ou encore
1 - 3   (106)
Cette théorie donne de bons résultats pour les matériaux ayant une égale résistance en traction
et en compression, donc pour les matériaux plastiques. Son inconvénient est qu’elle ne tient
pas compte de la contrainte principale 2 exerçant une certaine influence.

3.5. Critère de résistance Coulomb - Mohr

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

Cette théorie est fondée sur l’hypothèse selon laquelle, la résistance


des matériaux, dans le cas général d’état de contraintes, dépend
principalement des signes et des valeurs des contraintes principales
extrémales 1 et 3. L’erreur due au fait qu’on a négligé 2 ne
dépasse pas 15%. D’après cette hypothèse, n’importe quel état de
contraintes peut être représenté sous forme d’un cercle de Mohr tracé
sur la base des contraintes 1 et 3 (voir fig. 24). Si pour un
matériau quelconque, on a les données sur ses états dangereux pour Fig. 24.
quelques rapports différents entre 1 et 3 et qu’on trace pour
chaque état dangereux le cercle de Mohr, on obtient une famille de
cercles (cercles I, II, III, IV, ...) appelés cercles limites de Mohr (voir fig. 25). Ces cercles
sont aussi appelés cercles dangereux de Mohr, car ils décrivent les états dangereux pour le
matériau.

En menant une courbe - enveloppe tangente à ces cercles, on obtient la courbe intrinsèque
du matériau. Ainsi, par définition, la courbe intrinsèque d’un matériau est la courbe qui
enveloppe les cercles limites de Mohr pour ce matériau.

Tous les cercles de contraintes qui caractérisent un état stable (état résistant ou état
admissible) du matériau vont se trouver à l’intérieur de la courbe intrinsèque (cercle 1 en
pointillés, par exemple). La zone intérieure de la courbe intrinsèque est appelée domaine
admissible ou domaine stable ou encore domaine résistant du matériau.

Les cercles de contraintes coupant la courbe intrinsèque indiquent la ruine (la rupture) du
matériau (cercle 3 en pointillés, par exemple). La zone extérieure de la courbe intrinsèque est
appelée domaine inadmissible ou domaine instable ou domaine de rupture ou encore
domaine de refus du matériau.
Tous les cercles tangents à la courbe intrinsèque caractérisent l’état dangereux du matériau
(cercle 2 en pointillés, par exemple). Dans ce cas, on est à l’état dangereux ou à l’état
limite pour le matériau.
Pour les matériaux (fragiles) ayant une résistance à la compression supérieure à celle à la
traction, les ordonnées de la courbe intrinsèque diminuent au fur et à mesure que la valeur des
contraintes de traction augmente pour s’annuler au point A qui correspond au cercle de Mohr
pour une traction uniforme dans tous les sens (voir fig. 25). La courbe intrinsèque ne se
fermera pas du côté de la compression, car le matériau ne peut se détruire quand il est
soumis à une compression (uniforme) dans tous les sens.
Dans la pratique, on remplace la courbe intrinsèque par deux droites tangentes aux deux
cercles de Mohr tracés pour le cas de la traction simple (cercle ayant un diamètre égal à la
contrainte admissible en traction t) et pour le cas de la compression simple (cercle ayant
un diamètre égal à la contrainte admissible en compression c) (voir fig. 26).

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

Fig. 25.

Donc, pour les matériaux fragiles, comme t < c, les deux droites sont obliques et se
coupent en zone de traction ; pour les matériaux plastiques pour lesquels t = c, les deux
droites sont parallèles à l’axe des abscisses (voir fig. 27).

Ainsi, selon cette théorie (critère de Coulomb - Mohr), un corps sollicité est à l’état
dangereux quand le cercle des contraintes de Mohr tracé pour cet état de contraintes est
tangent à la courbe intrinsèque du matériau. Pour cela, considérons un état limite de
contraintes (état dangereux) caractérisé par 1 et 3 (voir fig. 28). La similitude des triangles
O1O2a et O1O3b permet d’écrire l’état dangereux :
O3 b O2 a O1 O3
 d’où O3b = O2 a
O1 O3 O1 O2 O1 O2
avec,
O3b = O3M3 - bM3 = (1 - 2)/2 - t/2 ;

O2a =O2M2 -aM2 = c/2 - t/2 ;


O1O2 = O1O + OO2 = t/2 + c/2 ;
O1O3 = O1O + OO3 = t/2 + (1 + 2)/2 .

En remplaçant O3b, O1O3, O1O2 et O2a par leurs valeurs, on obtient :


  t  1   3
2   c   t  
  
1   3   t  2
 =  (107)
2 2   t   c   2 2 

2 2
ou encore

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

Fig. 26.

Fig. 27.

   
t 1 3
1 - 3 - t = (c - t) (108)
    
t c

Après quelques transformations, on obtient :


 t
1 -  = t. (109)
  3
c

La condition de résistance aura donc la forme:


  t
1 -    . (110)
  3 tc

Donc, selon cette théorie, le corps sollicité est à l’état dangereux quand on a:

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

Fig. 28.

 
t
1 -  = t (111)
  3
c

et la condition de résistance selon cette théorie de résistance Coulomb Mohr se présentera


comme suit:
 t 
1 -    . (112)
 c  3 t

4. Notions sur la théorie de l’élasticité linéaire

L’élasticité est la propriété des matériaux, après déformations sous l’action des forces
extérieures, de reprendre entièrement leurs dimensions et formes initiales dès cessation de ces
charges extérieures.

Dans la théorie de l’élasticité, on étudie le comportement des corps solides en régime


élastique de déformation, c’est-à-dire qu’en enlevant les forces qui ont provoqué des
déformations, ces dernières disparaissent complètement. On distingue:
- la théorie de l’élasticité linéaire ou classique où  = f() est une fonction linéaire
(voir fig. 29, a) ;
- la théorie de l’élasticité non linéaire où  = f() est une fonction non linéaire
(voir fig. 29, b).

Les principales hypothèses de la théorie de l’élasticité linéaire sont:


- la continuité du corps déformable (le corps est supposé être un milieu continu) ;
- l’homogénéité physique du corps ;
- l’état naturel non contraint, c’est-à-dire qu’à l’état naturel, les contraintes sont
nulles dans le corps ;
- l’élasticité et l’isotropie idéales du corps ( = f() est une fonction linéaire et la loi
de Hooke est vérifiée).

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

Fig. 29.

En plus de ces hypothèses, cette théorie est fondée sur les principes suivants:
- le principe de la petitesse des déformations par rapport aux dimensions de
l’élément ;
- le principe de superposition des effets ;
- le principe de Saint Venant ou principe de l’effet local des charges équilibrées.
En théorie de l’élasticité, il y a trois groupes d’équations qui sont:
- les équations statiques;
- les équations géométriques;
- les équations physiques.

Les équations statiques définissent l’état d’équilibre du corps. Dans ce groupe d’équations
entrent les équations suivantes:
- les équations différentielles d’équilibre intérieur du corps;
- les équations d’équilibre aux limites du corps.
Les équations géométriques relient les déformations unitaires linéaires et angulaires aux
déplacements linéaires. Dans ce groupe d’équations, on a :
- les équations géométriques de Cauchy qui permettent de déterminer les
déformations unitaires linéaires et angulaires en fonction des composantes des
déplacements linéaires ;
- les équations de continuité des déformations de Saint Venant qui établissent les
relations entre les différentes composantes des déformations pour qu’après
déformation le corps reste continu.
Les équations physiques définissent les relations entre les déformations unitaires et les
contraintes dans le cadre de la loi généralisée de Hooke. Dans ce groupe d’équations, entrent
les équations suivantes :
- les formules de la loi généralisée de Hooke ;
- les formules de Lamé ou formules de Hooke sous la forme de Lamé.

5. Notions sur la plasticité


La plasticité est la propriété des corps solides, sous l’action des efforts extérieurs, de changer
leurs formes sans se rompre et de conserver des déformations résiduelles (plastiques) après
annulation des effets extérieurs qui étaient à leur origine.

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

La théorie de la plasticité étudie les corps n’obéissant pas aux lois de l’élasticité, soit dès le
début de la déformation (par exemple le corps A, fig. 30), soit à partir d’une étape de
chargement (par exemple le corps B, fig. 30).
Les matériaux élastoplastiques sont des matériaux qui sont élastiques en début de
déformation, puis, après un certain niveau des contraintes deviennent plastiques.

Fig. 30.

Les conditions de plasticité sont les conditions dans lesquelles un matériau passe de l’état
élastique à l’état plastique.

A l’état linéaire (uniaxial) de contraintes, ces conditions sont déterminées par essais :
 = e (113)
où, e étant une constante pour chaque matériau (traction ou compression).

En cisaillement pur, on a :


 = e (114)
où, e étant une constante pour chaque matériau.

A l’état complexe de contraintes (état plan ou état volumique de contraintes), il est très
difficile de fixer les conditions de plasticité ; dans ces cas, on passe par des hypothèses dont
on vérifie le bien fondé par essais.
Les diagrammes de déformations les plus utilisés en théorie de plasticité pour les calculs
pratiques sont illustrés sur la fig. 31. Sur la fig. 31, a, on a la courbe de déformation d’un
corps plastique parfait pour lequel, au début, la déformation se fait linéairement et, à partir
d’un certain niveau des contraintes (quand  = e), les déformations augmentent sans
augmentation des contraintes. Sur la fig. 31, b, on a la courbe de déformation d’un corps
élastoplastique parfait (ou corps rigide plastique) ; dans ce cas, les déformations linéaires
sont insignifiantes et sont considérées, dans le calcul, comme nulles. Ainsi, on suppose que
les déformations sont nulles jusqu’à un certain niveau des contraintes (quand  = e), après
quoi, les déformations plastiques apparaissent sans augmentation des contraintes. Sur la fig.
31, c, est montré le diagramme de déformation correspondant à un corps élastoplastique

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

écrouissable ; dans ce cas, même après que les contraintes ont atteint la valeur caractéristique
e, elles continuent d’augmenter, mais la croissance des déformations devient beaucoup plus
rapide.

Fig. 31. Diagrammes de déformations des matériaux en régime plastique de déformation.


a - corps élastoplastique parfait (diagramme de Prandlt); b - corps rigide plastique ou corps
plastique parfait; c - corps élastoplastique écrouissable  ; 1 – zone élastique  ; 2 – zone plastique.

6. Notions sur le fluage

Le phénomène d’accroissement lent des déformations sous charges (c’est-à-dire sous


contraintes) constantes est appelé fluage. Les théories d’élasticité et de plasticité ne tiennent
pas compte du facteur temps, alors qu’en réalité, les déformations, même sous charges
constantes, ne restent pas invariables, mais croissent. Dans la théorie du fluage, on étudie la
variation, dans le temps, des contraintes et des déformations dans les corps solides ; ces
contraintes et déformations sont provoquées par un chargement initial.

En général, les déformations dans les corps solides dépendent :


- du niveau des contraintes (objet d’étude dans les théories d’élasticité et de
plasticité) ;
- de la vitesse d’application de la charge (voir fig. 32) ;
- de la durée d’application de la charge (fig.33.).

Fig. 32. Influence de la vitesse d’application des Fig. 33.


charges. Courbe de fluage déformation  – temps
1 – chargement instantané (grande vitesse d’application de la charge t ( - t)
d’application de la charge)  ; 2 – chargement
statique (petite vitesse d’application de la
charge).

Les deux derniers facteurs sont objet d’étude dans la théorie du fluage. Sur la fig. 34 sont
illustrées les différentes allures que peuvent avoir les courbes de fluage et les différentes
périodes d’évolution des déformations de fluage.
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Notions sur les états de contraintes et de déformations

Fig. 34.Courbe de fluage


o = /E = la déformation instantanée après application de la charge.
I – première période de fluage  : période de grande vitesse du fluage  ;
II – deuxième période de fluage  : période de vitesse constante du fluage  ;
III – troisième période de fluage  : IIIS – la déformation de fluage tend vers une certaine valeur
constante (stabilisation du fluage)  ; IIIR – le fluage finit par la rupture de l’élément. 

L’allure des courbes de fluage dépend de la température et du niveau des contraintes. En


général, plus la température est élevée, plus le fluage se passe à intensivement. Pour certains
matériaux comme le bois et le béton (ciment), le fluage se passe à température normale de
chambre et sous basses contraintes. Pour l’acier, on remarque le fluage à partir de 300°C.

Les déformations de fluage peuvent être élastiques ou plastiques (voir fig. 35).

Fig. 35.
a – cas des déformations de fluage élastiques (rétablissement de l’élément = disparition totale des
déformations après un certain temps)  ; b – cas des déformations de fluage plastiques (pas de
rétablissement de l’élément même après un certain temps  = persistance des déformations
résiduelles  : t,r = déformations de fluage résiduelles).

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Notions sur les états de contraintes et de déformations

Le phénomène de fluage a un autre


côté : à déformations constantes, les
contraintes changent et diminuent
avec le temps pour tendre vers une
certaine valeur. Ce phénomène est
appelé relaxation des contraintes. Au
début, la relaxation est rapide, puis,
avec le temps, elle diminue pour enfin
s’annuler (voir fig. 36).
Fig. 36.
La relaxation est due aux déformations
de fluage : à valeur constante de la
déformation totale, la part des déformations élastiques diminue, de même que celle des
contraintes correspondantes.

En général, le fluage et la relaxation se passent en même temps. Il existe plusieurs théories de


fluages, parmi lesquelles on peut citer :
- la théorie du raffermissement ;
- la théorie du vieillissement ;
- la théorie d’écoulement ; etc…

Ces théories sont fondées sur les hypothèses suivantes :


- le matériau est homogène et isotrope ;
- entre les déformations de fluage et les contraintes, il existe une relation linéaire ;
- le principe de superposition est applicable pour les déformations de fluage ;
- les déformations de fluage sont égales en traction et en compression.

Un des modèles les plus utilisé pour étudier le phénomène de fluage est de supposer qu’il se
présente comme un processus d’écoulement visqueux accompagné de changement structurel
du corps.

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