Compréhension Écrite
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Compréhension Écrite
Présenter l'information
La presse est un média, c'est-à-dire un support de diffusion de l'information.
Le journal informe (événements, faits-divers), donne des renseignements pratiques (météo, bourse, résultats
sportifs, petites annonces…) et détend les lecteurs (dessins, jeux, feuilletons…).
Le journal est indispensable à la vie démocratique.
Il expose un événement, le commente. Le journal dénonce les scandales, les injustices et lutte contre la
désinformation.
La presse constitue ce qu'on appelle souvent le "quatrième pouvoir".
Un article d'information présente des faits, des événements, des renseignements. Il répond aux
interrogations simples du lecteur : où, qui, quoi, quand, pourquoi… en ce qui concerne un fait-divers par
exemple.
Dans un texte d'idées, des observations, des remarques et des explications sont formulées.
Un article d'opinion propose un commentaire. L'auteur propose une interprétation, une signification et
donne son opinion à propos de l'information.
Le commentaire se distingue par le système des temps et le vocabulaire employé.
Le commentaire est exprimé dans un temps (le présent, le passé-composé, le futur) ancré dans la situation
d'énonciation (les réflexions sont formulées au moment de la production du message).
Les informations sont présentées à l'aide d'un vocabulaire concret alors que les commentaires, réflexions,
opinions et expressions des sentiments font souvent appel à un vocabulaire abstrait.
Compréhension écrite
Pour toutes les élites de la planète, l'usage de l'anglais est le premier des signes de
reconnaissance. Il existe un lien logique entre la soumission volontaire ou résignée à
l'hyperpuissance américaine et l'adoption de sa langue comme unique outil de communication
internationale. Or le chinois, les langues romanes¹ et demain l'arabe ont tout autant vocation à
jouer ce rôle. C'est affaire de volonté.
D'une part, la pression médiatique est grande pour faire de l'anglais la seule langue de
"communication internationale" sans que l'on sache exactement ce que cela signifie. Faute de
réflexion minimale sur l'articulation entre ces trois paramètres que sont la réalité et la prévision des
véritables besoins langagiers de l'ensemble des citoyens, la géopolitique des langues et la
géopolitique tout court, les rapports aboutissent tous à cela : proposer l'enseignement obligatoire
de l'anglais, en France ou ailleurs dans l'Union européenne. En fonction de quoi ? De l'avenir de
l'Europe et du monde, des rapports avec les États-Unis ?
D'autre part, la puissance impériale américaine ne repose pas seulement sur des facteurs
matériels (capacités militaires et scientifiques, production de biens et de services, contrôle de flux
énergétiques et monétaires, etc.) : elle incorpore aussi et surtout la maîtrise des esprits, donc des
référents et signes culturels, et tout particulièrement des signes linguistiques. Ces facteurs
idéologiques et économiques se renforcent mutuellement et contribuent à la consolidation d'une
unipolarité linguistique planétaire. La langue anglaise se situe au centre d'un système où elle joue
un rôle identique à celui du dollar dans le système monétaire international. Empruntant au lexique
de l'astrophysique, ce système repose sur l'existence d'un astre suprême (l'anglais) autour duquel
gravitent une douzaine de langues-planètes, elles-mêmes entourées d'environ 200 langues-lunes,
dans l'orbite desquelles évoluent quelques 6000 autres langues. De plus, comme le remarque
Claude Hagège, professeur au Collège de France, "le prestige des élites industrielles et
économiques conduit par snobisme les classes moyennes à les imiter et donc à vouloir parler
l'anglais ". Par ailleurs, l'enseignement de cette langue, en termes de méthodes, d'outils
d'évaluation et de personnels, est devenu une véritable industrie et un poste d'exportation non
négligeable pour les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Quand la Commission européenne, au mépris
du règlement linguistique de l'Union, ne publie que certains programmes et appels d'offres
communautaires qu'en anglais, et qu'elle exige qu'il soit répondu dans cette langue, elle favorise
indûment les entreprises et les institutions des pays de langue anglaise et oblige les autres à
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s'acquitter des surcoûts de traduction pour concourir. Si des Etats de langues romanes prenaient
la décision de promouvoir ensemble des méthodes d'apprentissage, ces langues pourraient
acquérir un statut mondial de cohypercentralité avec l'anglais. Les langues romanes, à elles
seules, sont officielles dans 60 pays, 30 pour le français, 20 pour l'espagnol, 7 pour le portugais, 2
pour l'italien (Italie et Suisse) et 1 pour le roumain. L'anglais, lui, n'est langue officielle que dans 45
pays, l'arabe dans 25. D'autre part, en termes démographiques, des projections à l'horizon de 2025
donnent 1561 millions de Chinois, 1048 millions de ressortissants de pays anglophones, 484
millions d'hispanophones, 285 millions de lusophones² et 506 millions de francophones (ce dernier
chiffre appelant cependant des réserves car les habitants d'un Etat officiellement francophone sont
loin de tous parler le français, de même que, par exemple, au Nigeria, officiellement anglophone,
seule une petite minorité est capable de s'exprimer en anglais). Ces précautions prises, il apparaît
que , avec l'Italie et la Roumanie, les "romanophones" susceptibles de se comprendre entre eux
représenteront plus de 1,3 milliard de locuteurs dans une vingtaine d'années. Ce sont donc trois
blocs d'importance comparable (anglais, chinois, langues romanes) et à terme, l'arabe (448
millions de locuteurs prévus en 2025) qui ont une vocation à incarner une hypercentralité
linguistique au niveau mondial. Figer cette dernière dans le seul anglais n'est pas faire preuve
d'une grande capacité d'anticipation.
Il ne faut pas laisser à l'anglais le monopole de l'hypercentralité. Quant au chinois, les choses sont
déjà en marche. M Joël Bel Lassen, inspecteur général de cette discipline, indique que "dans une
douzaine d'années, 100 millions de touristes chinois vont parcourir le monde. En Asie, le chinois
est devenu la langue véhiculaire. Quand les Japonais et les Coréens négocient, ils utilisent
maintenant l'anglais et le mandarin. Le chinois a acquis une dimension pratique, à la manière de
l'anglais.
Puisque tous les fantasmes se focalisent sur l'anglais de "communication internationale",
parlons-en. On en connaît seulement le périmètre dans des communautés professionnelles au
lexique bien délimité : celle des pilotes de bateaux, le Seaspeak, l'Airspeak, utilisé par les
équipages des avions et les contrôleurs aériens ; l'anglais de spécialité, des chercheurs, celui de
l'hôtellerie, des finances, etc. Ce n'est de toute évidence pas ces langues-là qu'il est question
d'enseigner à l'école primaire, d'autant qu'elles peuvent s'apprendre ultérieurement sur le tas si le
besoin s'en fait sentir.
En attendant, ne pas insulter l'avenir consiste, en Europe, à enseigner non pas une, mais deux
langues étrangères à l'école primaire. Que l'on cesse de dire aux Européens qu'ils ne peuvent plus
communiquer entre eux qu'en anglais. Au sein de l'Union européenne, on compte 174 millions de
locuteurs de langues romanes, contre moins de 70 millions d'anglophones de naissance.
Comme le dit Umberto Eco, "une Europe de polyglottes n'est pas une Europe de personnes qui
parlent couramment de nombreuses langues, mais dans le meilleur des cas, de personnes qui
peuvent se rencontrer en parlant chacun sa propre langue et en comprenant celle de l'autre sans
pour autant être capable de la parler couramment". Introduire l'intercompréhension des langues
romanes dès le primaire, c'est d'emblée donner aux enfants le plaisir d'accéder à la
compréhension de deux ou trois autres langues d'Europe.
Il faut prendre partie à ce nouveau débat à la fois planétaire, européen et national.
Un débat culturel.
D'après Bernard Cassen, Le Monde diplomatique, janvier 2005
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Plus de méthode
Grille de lecture :
Thème : l'anglais est voulu comme unique outil de communication par les élites de la planète.
Paradoxe : or, d'autres langues peuvent jouer ce rôle.
Thèse : il faut préférer un monde polyglotte pour échapper à la dictature de l'anglais.
D'une part : première observation : la pression médiatique veut faire de l'anglais la langue de
communication internationale.
D'autre part : seconde observation : la puissance des États-Unis repose sur des facteurs
matériels et sur la maîtrise des esprits
De plus : ajout d'une idée : les élites veulent parler anglais
Par ailleurs : introduction d'un nouvel élément : l'enseignement de l'anglais est devenu une industrie
Proposition de l'auteur : si les langues romanes font la promotion de leur apprentissage, elles pourraient
aussi acquérir un statut au même titre que l'anglais
Présentation d'arguments : des données chiffrées, les langues romanes officielles dans 60 pays, 30 pays
pour le français,…
Justification de la critique : puisque tous les fantasmes se focalisent sur l'anglais, parlons-en.
Questions
2. D'après l'auteur, l'anglais est-il justifié dans sa place de première langue du monde ?
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5. Que devrait-il se passer normalement dans les institutions de la Commission européenne en ce qui
concerne l'usage des langues ?
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8. Selon vous, après "Puisque tous les fantasmes se focalisent sur l'anglais de "communication
internationale", l'auteur utilise l'expression "parlons-en" pour :
approuver cette évidence
dénigrer avec ironie
faire comprendre que la discussion se poursuit
11. D’après le texte, quel est l'avenir, souhaitable, des langues en Europe ?
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Plus d’expressions
• sans que l'on sache
• faute de
• reposer sur
• en termes de
• non négligeable
• loin de
• les choses sont déjà en marche
• se focaliser sur
• parlons-en
• contribuer à
• ce n'est de toute évidence pas
• que l'on cesse de dire
• c'est d'emblée
• au mépris de
• il faut prendre partie
(essayez de reprendre ces expressions dans des phrases personnelles)
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