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Concevoir

son pré-verger
et valoriser ses fruits
Concevoir
son pré-verger
et valoriser
ses fruits
Sommaire
2 Éditorial

3 Le pré-verger : une pratique agroforestière toujours moderne

5 Intérêts agronomiques du pré-verger

7 Elaborer son projet

11 Gérer le pâturage dans le pré-verger

14 Transformer et vendre du jus de pomme

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Concevoir son pré-verger et valoriser ses fruits

Éditorial

Le pré-verger constitue un système agricole productif unique en son genre qui associe pâturage et production de fruits. Il
ménage aussi des paysages identitaires, illustre des savoirs et des savoir-faire agricoles et enrichit notre patrimoine culinaire.
Ici, les arbres sont fruitiers et associés au pâturage. Tout est fait pour valoriser les synergies entre l’animal et l’arbre. L’animal
contrôle l’herbe et mange les fruits véreux. L’arbre lui fait de l’ombrage sans trop gêner la pousse d’herbe. Et au final le
paysan est gagnant au travers d’une double récolte. Ces vergers de plein vent, conduits sans pesticides et riches d’une
grande diversité variétale, sont à l’origine de boissons de qualité, tels que les jus de fruit, le cidre, le poiré ou des alcools
(calvados, pommeau, kirsch, etc.).

On déplore que ce système agroforestier soit totalement délaissé par la recherche agricole, à l’heure où l’agroforesterie
et ses aménités sont de plus en plus médiatisées ; à l’heure où, pour des raisons de santé, nous devons augmenter notre
consommation de fruits, mais non contaminés par les pesticides. Heureusement, des citoyens – agriculteurs ou non – sont
nombreux à mener des actions collectives pour restaurer, développer et valoriser ce patrimoine de nos campagnes.
Le pré-verger fait partie de la culture de nombreux territoires en France, mais aussi en Europe. Aujourd’hui encore, près de
20 000 agriculteurs français gèrent des vergers de haute tige. Par sa multifonctionalité, il est un atout pour mettre en place
une alimentation durable et des projets alimentaires territorialisés.

Philippe Pointereau,
directeur du pôle agro-environnement de Solagro

© Éric Péro

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Le pré-verger : une pratique
agroforestière toujours moderne
Le pré-verger est défini comme une prairie permanente, Majoritairement constitués de pommiers et de poiriers à
fauchée ou pâturée, plantée d’arbres fruitiers de haute tige cidre, ces prés-vergers produisaient aussi traditionnellement
mais où la production d’herbe est dominante. La densité des pommes « de bouche » (à couteaux), mais aussi des
des arbres est souvent inférieure à 100 arbres/ha. mirabelles (Lorraine) et des cerises (pays de Fougerolles).
On peut considérer que l’arbre est de « haute tige » si la L’arbre fruitier de haute tige est particulièrement interessant
hauteur du tronc est supérieure à 1,60 m. L’administration en système d’élevage, où les animaux peuvent valoriser
française retient la hauteur de 1,80 m, mais ceci ne l’herbe, mais aussi les fruits tombés au sol et les drèches
correspond à aucune norme. (marcs) obtenues par pressurage des fruits.
Les arbres fruitiers investissent nos paysages selon une Géré sans pesticide et sans engrais chimique, le pré-verger
grande variété d’organisations spatiales : isolés, alignés, est un système hautement productif basé sur une chaîne de
groupés dans un coin, ou occupant tout la prairie. savoir-faire.

Des usages qui se maintiennent


A partir du XVIIème siècle, la campagne française se couvre La diversité fruitière du verger traditionnel français est
d’arbres fruitiers associés principalement aux cultures. ­remarquable, en espèces et en variétés même si le pommier
Avec le pré-verger, l’arbre fruitier planté en alignements domine.
réguliers remplit pleinement l’espace, y compris dans les Un bon tiers des prés-vergers sont en Normandie,
cultures, et s’affirme comme composante forte de l’écono- notamment dans le pays d’Auge. Autres régions densément
mie paysanne, avec des singularités locales. pourvues : la Lorraine, l’Alsace, les départements de la
Mayenne et de la Sarthe. Globalement, les prés-vergers se
A leur apogée, vers 1930-50, les prés-vergers couvraient une sont maintenus dans des bassins irrigués par une industrie
surface équivalente de 500 000 à 600 000 ha en France. Au- locale de la transformation (cidrerie, distillerie…). Ils sont
jourd’hui, ils représentent encore quelques 100 000 ha, soit aussi encore présents en montagne et surtout localisés
moins de 0,5 % de la surface agricole utile française (SAU). autour des villages.
Du fait des contraintes de mécanisation, les prés-vergers Il est le mariage de l’arbre, de l’herbe, du lait, de la viande et
sont aujourd’hui majoritairement pâturés. des fruits – pommes mélangées de quelques poires.

Un habitat écologique riche


Equilibre biologique
La diversité des espèces (oiseaux insectivores, chauve-
souris, insectes auxiliaires) permet de préserver l’équilibre
biologique de ces milieux. Les populations de ravageurs
des feuilles (pucerons), des bourgeons et surtout des fruits
(chenilles,…) y sont maintenues à des densités faibles
grâce à la présence de nombreux antagonistes. Les variétés
rustiques résistent, par ailleurs, aux principales maladies
cryptogamiques (champignons).
© Nö Agrarbezirksbehörde

Le pré-verger offre une large palette de micro-habitats :


plantes herbacées, bourgeons, fleurs et fruits, cavités, bois
mort, écorces, etc. Autre facteur créateur de diversité : les
pratiques agricoles extensives qui s’y appliquent, comme
la fauche ou la ­pâture. Tout comme les prairies naturelles
et les haies, le pré-verger héberge de nombreuses espèces
animales et végétales en déclin ou menacées.
Huppe fasciée et sa couvée dans une cavité.

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Concevoir son pré-verger et valoriser ses fruits

La présence simultanée de ces espèces en déclin constitue les prés-vergers. Parmi elles, le torcol fourmilier, la huppe
un identifiant du milieu remarquable que représente fasciée, le moineau friquet, la mésange nonette, le rouge-
le verger de haute tige, à la fois zone d’alimentation, et queue à front blanc, le bouvreuil, le gros bec et la chouette
aussi de reproduction et d’hivernage. En France, 14 des 27 chevêche. Emblématique, cette dernière affectionne les
espèces d’oiseaux désignées comme « en déclin » par le cavités présentes dans les vieux arbres fruitiers, où elle y
Museum national d’histoire naturelle sont présentes dans élève sa nichée.

Vergers en fleur dans le bocage


du Pays d’Auge. (ci-contre)

La chouette chevêche profite des cavités


des vieux pommiers. (ci-dessous)
© Nö Agrarbezirksbehörde

© Nö Agrarbezirksbehörde
De grands prés-vergers Implanter une haie autour du verger
La faune spécifique du verger haute tige apparaît à partir de L’idéal est une mosaïque de petites parcelles de prés-
60 à 100 arbres. En deçà, les arbres favorisent uniquement vergers, de prés, de bois et de cultures dans un bocage
la nidification de quelques passereaux, mais pas leur nidifi- régulier. Plus les milieux aux abords du pré-verger sont
cation. A partir de 300 arbres, toutes les espèces spécialistes variés, plus les chaînes alimentaires sont complexes et
du pré-verger sont présentes. fonctionnelles, plus les mécanismes de régulation sont
La présence d’un réseau d’espaces écologiques (haies, performants. En Normandie, il est de tradition de border le
prairies naturelle, mares…) facilitera la circulation de cette pré-verger par une haie de poiriers sur le côté soumis au
faune spécifique entre les prés-vergers situés à proximité vent dominant.
(moins de 300 à 500 m).

AOC ‘Kirsch de Fougerolles’ : faire reconnaître la qualité cerisiers de haute-tige


Les prés-vergers de cerisiers de Fougerolles (Haute-Saône), nommés ici
prés plantés, constituent un patrimoine paysager, écologique et culturel
unique en Europe. On dénombrerait plus de 10 000 cerisiers de haute
tige à Fougerolles. Ils sont aussi à la base d’une filière économique locale
de production de kirsch qui bénéficie de la protection d’une AOC depuis
2010. Cette appellation n’autorise que l’emploi en mélange de variétés
locales (une trentaine), exclusivement des guignes et des merises, qui
font toute la typicité du produit fini.
Depuis 2015, les producteurs ont replantés plusieurs centaines de
cerisiers de plein vent, avec le soutien de la Région.
Le Parc naturel régional des Ballons des Vosges accompagne la filière
à travers des actions de sensibilisation, notamment avec la réalisation
d’une exposition sur les prés-vergers et l’AOC Kirsch de Fougerolles.
© Denis Gros

Son objectif : sensibiliser les habitants, les agriculteurs et les acteurs de


la filière cerise à la préservation de ce patrimoine. Un film de 30 mn et
des jeux permettent aussi de découvrir ce patrimoine unique transmis
par plusieurs générations de paysans distillateurs.

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Intérêts agronomiques du pré-verger
La principale critique formulée à l’encontre du verger de Le coefficient de rendement équivalent (CRE) permet
haute est sa productivité fruitière moindre que celle d’un de calculer la performance agronomique des systèmes
verger cidricole spécialisé (basse tige). Mais ce constat omet agroforestiers, dont le pré-verger fait partie. Ce coefficient
de considérer la combinaison des produits du verger de est obtenu en comparant le rendement de toutes les
haute tige, et notamment le fourrage, c’est -à-dire la viande productions associées au rendement de ces mêmes
et le lait associés. productions cultivées séparément (en pur).

La formule classiquement utilisée par les agroforestiers est la suivante :


CRE = CA / CP + FA / FP + BA / BP
CA : rendement de la culture associée FA : rendement du fruit associé BA : rendement de bois associé
CP : rendement de la culture en pur FP : rendement fruitier en verger pur BP : rendement de bois en pur

Système Prairie Prairie en Fruit Fruit


associée plein associé en plein CRE
de pré-verger (T MS/ha) (T MS/ha) (T/ha) (T/ha)
CA CP FA FP
Poiriers & Bovin lait
7,0 8,75 7,0 20 1,15
(Basse-Normandie)
Pommiers & Bovin lait Performance agronomique
5,5 6,5 7,2 25 1,06 mesurée sur différentes
(Basse-Normandie)
Cerisiers & Bovin lait exploitations agroforestières
3,4 4,6 3,72 12,0 1,06
(Franche-Comté) (source : Coulon et al., 2010)

A surface égale : Ainsi, sans tenir compte de


la production de bois, le CRE
des prés-vergers est toujours
supérieur à 1 (1,06-1,20).
Ceci signifie que la pro-
ductivité agronomique du
pré-verger est supérieure de
6 à 20 % à celles des mêmes
productions séparées.
Productions du pré-verger Production d’un verger basse-tige
+ Production d’une prairie

A conditions pédoclimatiques identiques, la production La combinaison arbre-animal est source de bénéfices :


fourragère moyenne du pré-verger est minorée d’environ • Les fruits malades (carpocapse, etc.) tombent prématu-
15% à 25% par rapport à celle d’une prairie sans arbre. Sa rément au sol et sont éliminés par le cheptel, ce qui
production fruitière moyenne représente 25 à 30% de diminue fortement la pullulation des ravageurs. Les
celle d’un verger cidricole basse-tige. Le pré-verger fournit auxiliaires (oiseaux insectivores, chauves-souris, etc.)
également des co-produits agricoles (miel, bois). Au final, complète la protection biologique.
le pré-verger a une meilleure efficacité agronomique qu’un • L’absence de fertilisation minérale induit une teneur
système classique agricole. Ceci s’explique par une meilleure faible en azote dans la sève des arbre, ce qui expliquerait
utilisation des ressources disponibles (soleil, espace, le moindre intérêt des pucerons pour le pré-verger.
sol) et une bonne complémentarité entre les différentes • Le pâturage intégral du pré-verger permet le recyclage
productions (herbe, fruit, bois). de la matière organique et limite les exportations des
Le pré-verger est un agrosystème économe en énergie minéraux (azote, …).
directe (interventions mécaniques limitées à la fauche et la • L’ enracinement profond des arbres fruitiers de haute tige
récolte) et en énergie indirecte (pas d’irrigation, quasi-absence leur permet de bien résister aux périodes sèches, évitant
de traitements phytosanitaires et de fertilisation minérale). ainsi l’irrigation indispensable dans les vergers basse tige.

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Concevoir son pré-verger et valoriser ses fruits

Intérêts socio-économiques

Les vaches ruminent sous les cerisiers, profitant de leur ombre (Fougerolles).

Courbe de production du pommier dehaute tige


• La consommation de carburant dans un pré-
verger est équivalente à celle d’une prairie.
Seule une récolte mécanique des fruits induit
un supplément de consommation.
• Un système de production fruitière à très
bas niveau d’intrants (comparativement au
verger spécialisée).
• Aucun risque de pollution des eaux grâce
à une couverture permanente du sol et à
l’absence d’utilisation de produits chimiques.
• Un système de production fruitière adapté
à l’agriculture biologique et favorisant les
principes de l’agroécologie.
• Création d’un atelier fruitier de diversification
pour un éleveur, sans pénaliser la surface
L’arbre fruitier de plein vent ne produit que vers l’âge de 10-12 ans, et atteint sa
constacrée aux cheptel : aucune nécessité pleine production vers 15-18 ans. C’est le prix de la longévité des arbres (60-80 ans,
d’augmentation de SAU. et parfois bien davantage).

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Elaborer son projet
La plantation, l’entretien ou la remise en valeur d’un pré- production de bois, usage des prés (pâture, fauche) selon le
verger nécessite une planification préalable garante de la type de cheptel (ovins, bovins équins...) et leur conduite (pro-
réussite du projet sur le long terme. Cette réflexion est très ductivité, période de mise à l’herbe, besoin d’ombrage, etc.).
importante car le pré-verger est une culture pérenne à très
„„ Analyse socio-économique :
long cycle de vie (50 à 150 ans selon l’espèce fruitière) et
• Quels types de production fruitière sur la ferme (fruits
que la présence d’arbres de haute tige a des incidences très
frais, fruits destinés à la transformation) ?
fortes sur la conduite de l’exploitation.
• Définir les débouchés selon les produits transformés :
La première étape consiste à bien définir ses objectifs en
jus, cidre, eau-de-vie, vinaigre, apéritif), confiture,
menant la réflexion autour des thèmes suivants.
plat cuisiné, etc.
„„Domaine technique : • Quels modes de commercialisation (vente directe,
• La ferme est-elle favorable à la production fruitière circuit court, circuit long…) ? Quelle complémenta-
(climat, exposition, sol) ? Rechercher les témoi- rité avec la commercilaisation des autres produits de
gnages d’une histoire fruitière locale (lieux, espèces, la ferme ?
variétés...) peut fournir des clés de réussite du projet. • Planifier les investissements (plantation, matériel
• Quelles sont les contraintes techniques sur les tra- de transformation, formation...) à moyen terme,
vaux d’entretien et de récolte (pente…) ? identifier les services présents sur le territoire
• Quelle est la surface de l’exploitation à consacrer au (pépiniéristes, atelier de pressurage, etc.) et en-
pré-verger ? visager l’opportunité des démarches collectives.
• Quelle est la valeur de la production fourragère ? • Estimer les besoins en main d’œuvre, notamment au
Quel type de gestion (pâturage, fauchage) ? moment de la récolte, afin de s’assurer de pouvoir y
• Les productions doivent–elles respecter un cahier faire face.
des charges (AB, AOC, etc.) ? • Bien évaluer les charges de l’atelier ‘fruit’ (entretien
Il est important de bien envisager les possibilités de valori- des arbres, frais de récolte, frais de transformation,
sation des produits du pré-verger et des co-produits : etc.) et les recettes ?

Bien choisir le lieu de plantation


Le choix de la parcelle où le verger sera planté est primordial. tout au long de la journée qui favorise la photosynthèse, et
Les facteurs locaux (climat, sol, exposition) conditionnent donc la vigueur des arbres et la qualité gustative des fruits
fortement le devenir des arbres, et surtout la productivité. (taux de sucre, etc.).
Les zones aérées sont préférables afin de réduire le Les parcelles peu pentues et orientées au sud conviennent
développement des maladies cryptogamiques (tavelure…) aussi très bien. Privilégier alors l’orientation au sud-est, car
sur les arbres. Toutefois, le pré-verger doit être abrité des les premiers rayons du soleil réduisent la rosée sur les feuilles
vents forts et implanté en dehors des courants d’air fréquents. et les fruits (réduction des maladies cryptogamiques) et
Les parcelles planes offrent un ensoleillement optimum diminuent l’exposition au gel matinal.

Points de vigilance relatifs à la situation de la parcelle


• Éviter les situations ombragées et humides, ou à eaux
stagnantes  ;
• Ne pas planter sur les sols superficiels (faible réserve
hydrique)  ;
• Éviter les sites exposés au vent (sommet de coteaux, couloir
de vent…) ;
• Eviter les situations gélives (bas-fond, orientation Nord-Est…) ;
• Les parcelles très pentues rendent la mécanisation difficile
(fauche, récolte des fruits) et posent des problèmes de sécurité
lors des interventions de taille.
Prés-vergers plantés à mi-pente en pays d’Auge.

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Concevoir son pré-verger et valoriser ses fruits

Une implantation pratique et rationnelle


Le lieu de plantation du pré-verger au sein de l’exploitation décisive quand les arbres sont jeunes (pression du cheptel,
mérite réflexion compte tenu de son incidence sur bon état des protections…). Toutefois, il est déconseillé de
l’organisation du pâturage. planter sur la prairie qui permet l’accès à l’étable, en raison
Planter à proximité de la ferme d’habitation ou d’un chemin des passages repétés des gros bovins (vaches laitières,
fréquemment emprunté facilite la surveillance du ­pré-verger, bœufs) susceptible d’endommager les jeunes arbres.

Une certaine rusticité vis-à-vis du sol


De manière générale, les arbres de plein vent sont davantage (ex. : sols limoneux profonds) sont d’ailleurs peu conseillés,
tolérants sur la nature du sol que les arbres de basse tige. car l’excès de végétation nuit à la teneur en sucres des fruits,
Toutefois, chaque espèce fruitière a ses propres exigences. et donc à la qualité des produits cidricoles (cidre, jus de
Une seule règle ne souffre d’aucun compromis : exclure les fruits…). Certains producteurs des A.O.C. « Pays d’Auge » et
sols hydromorphes et compactés. « Pommeau de Normandie » privilégient les sols caillouteux
L’arbre fruitier de plein vent valorise bien les prairies et argileux (sols « argiles à silex ») et évitent les fonds de
permanentes, qui ne sont généralement pas implantées sur vallées humides.
les meilleures parcelles de l’exploitation. Les sols trop riches

Espèce Exigences vis-à-vis de la nature du sol


N’apprécie pas les sols compacts ou peu perméables. Prospère dans les sols frais, sains, aérés et bien drainés.
Pommier franc
S’adapte à de nombreux sols (limoneux, argileux, argilo-calcaire, sableux...), même peu profonds.
Affectionne les sols calcaires, avec moins de 15 % de calcaire actif cependant.
Mêmes exigences que le pommier, mais son système racinaire plongeant lui permet de supporter les sols
Poirier franc
plus secs et aussi plus humides. Meilleure venue dans les sols profonds.
Souffre souvent de carence ferrique en sol calcaire.
Prunier Supporte les sols lourds et humides défavorables au pommier.
Affectionne les sols bien drainés. Ne supporte pas l’hydromorphie.
Vient bien sur les limons, notamment limono-argileux.
Cerisier Tolère même les sols lourds (argilo-limoneux), mais redoute les sols trop légers (sablo-limoneux).
Indifférent au calcaire.

Le porte-greffe franc s’impose en verger de pommiers


Le choix du porte-greffe est essentiel pour la réussite fu- (M 111), forment des arbres de demi-tige (tronc de 1,60 m)
ture du verger. Il existe de nombreux porte-greffes, mais incompatibles avec le pâturage. Le porte-greffe dit ‘Franc’
peu conviennent réellement à la conduite en haute tige. est préférable à bien des égards : vigueur inégalée idéale en
Pour les pommiers, les porte-greffes à faible vigueur (M9, haute tige, très bon ancrage racinaire, maturité retardée du
M106, M7) sont à réserver aux vergers basse tige. Ceux à fruit qui améliore sa conservation. Le Noir de Monton (M24)
vigueur moyenne, comme Doucin de Fontenay (M 2) ou le est une alternative possible.

Porte-greffe Intérêts Limites Remarques


de pommiers
Franc • Indemne de virus. • entrée en production tardive (10-12 ans).
Adapté à la plupart
= issus de semis • Enracinement robuste. • sensible à la pourriture du collet
des sols.
(Bittenfelder) en terrain humide.
• Mise à fruit plus rapide (8-10 ans).
Noir de Monton • vigueur légèrement Alternative possible
• Peu sensible à la chlorose ferrique
(M 24) inférieure au franc. au franc
et au pourridié laineux.
Mieux adapté
M 25 • fruits de calibre supérieur au franc. • sensibilité aux viroses
aux sols limoneux.

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Espacer suffisamment les arbres fruitiers
Planter les arbres fruitiers trop près les uns des autres est le verger et la propagation des maladies (champignons,
une erreur majeure qui se manifeste tardivement quand viroses,…) entre les arbres. Un pré-verger aéré est gage de
les houppiers des arbres devenus adultes (15-18 ans) sont bon état sanitaire des arbres, d’une meilleure fructification
proches, voire se touchent. Les arbres se trouvent alors en des branches latérales, et de la qualité des fruits (composés
concurrence directe pour les ressources naturelles (lumière, organoleptiques, teneur en sucre, calibre supérieur…).
eau, minéraux du sol…) ce qui altère leur croissance et Pour chaque espèce fruitière, le tableau suivant donne les
leur production. Le manque d’espacement favorise aussi valeurs indicatives des distances de plantation qu’il est sou-
le développement des parasites (insectes ravageurs) dans haitable de respecter .

Distances de plantation conseillées en haute tige


Espèce Distance Distance Densité
sur franc sur le rang entre rang usuelle
Pommier 10 à 12 m 10 à 12 m 90-100 arbres/ha
Poirier 10 à 12 m 10 à 15 m 70-80 arbres/ha
Cerisier 10 à 12 m 12 à 15 m 70-80 arbres/ha
Prunier - Mirabellier 7 à 10 m 10 à 14 m 100-120 arbres/ha
Noyer 12 à 14 m 15 à 18 m 40-50 arbres/ha

La plantation en carré est la plus habituelle ; elle convient bien à la forme généralement
rectangulaire des parcelles et permet de faucher dans les deux sens.

Un large espacement entre les arbres aide au bon séchage de l’herbe et


facilite la récolte du foin. (ci-dessus)
La plantation en quinconce optimise l’espace, mais il convient de préserver
une distance d’au moins 10 mètres entre les pommiers. (ci-contre)

Points de vigilance : Bien aménager le pré-verger


• Respecter un espacement régulier entre les lignes de plantation (rangées) facilite les interventions mécaniques
(engins de fauche, récolte des fruits…) ;
• Orienter les lignes selon l’axe Nord-Sud pour un ensoleillement homogène du houppier (qualité des fruits) et du
séchage de l’herbe coupée (qualité du foin).
• Simplifier l’organisation du pré-verger : un rang pour une espèce facilite l’entretien des arbres (taille, surveillance
sanitaire, période de récolte).
• Regrouper les variétés selon leur période de récolte permet d’éviter les pertes de temps et les circulations (risque de
tassement du sol à l’automne, etc.).
• Eviter de planter à moins de 7 m du bord de la parcelle pour faciliter le passage des engins agricoles (fauche, récolte,
etc.) en périphérie du verger.

9
Concevoir son pré-verger et valoriser ses fruits

AOC normandes : la promotion du verger de haute tige


Les appellations normandes d’origine contrôlée ont renforcé depuis dix ans l’intérêt, déjà ancien, pour la contribution du pré-
verger dans la qualité des produits cidricoles. En effet, les vergers haute tige abritent des variétés locales reconnues pour leur valeur
phénolique (variétés amères et douces-amères) à l’origine de la typicité des produits élaborés.
C’est pourquoi certaines AOC imposent une proportion minimale de fruits issus des vergers haute tige : au moins de 35% pour l’AOC
« Calvados » ; et au moins 45% pour l’AOC « Calvados Pays d’Auge ». L’AOC « Calvados Domfrontais » exige qu’au moins 80 % de la
surface des vergers soit « haute tige » ; au moins 50% pour l’AOC « Pommeau du Maine ».
Leur cahier des charges précisent que les pommiers et les poiriers sont « haute tige » si le départ des branches sur le tronc est à au
moins 1,80 m du sol. Ces appelations précisent également les modes de conduite des vergers haute tige : un maximum de 250 arbres
par hectare ; un écartement minimal de 5 m entre les arbres ; un rendement moyen maximal variant de 20 à 25 t/ha selon l’appélation
(30 à 35 t/ha en « basse tige »). Les arbres fruitiers disséminés sont aussi éligibles aux appelations cidricoles normandes.
Pour élaborer un poiré « Domfront », ce cidre de poires élaboré à la limite de l’Orne, de la Manche et de la Mayenne, les vergers doivent
être conduits exclusivement en « haute tige ». Leur densité est plafonnée est à 150 arbres par hectare, et leur productivité moyenne
à 625 kg de poires par arbre.
Cette valorisation de la qualité des produits est un enjeu majeur pour les producteurs ; le recensement agricole de 2010 denombrait
732 000 pommiers haute tige répartis dans 11 650 fermes en Basse-Normandie ; soit la plus grande partie des prés-vergers de France,
et les paysages remarquables qui leur sont associés.
www.idac-aoc.fr/fr/idac/cahiers-des-charges.html

Bien choisir ses variétés


La sélection des variétés est une étape décisive du projet qui dépend des ob-
jectifs et des priorités du producteur : type et diversité de produits, période
de récolte, durée de conservation, etc.
Le choix variétal est également conditionné par le mode de commercialisa-
tion (vente directe, circuit long) et de production envisagé (produit fermier,
agriculture biologique…). Il est peut être intéressant de tenir compte des
potentialités de valorisation par le biais de contrat de production. Certains
cahiers des charges (AOC, marque…) listent les variétés autorisées.
En verger traditionnel, le choix doit se porter sur des variétés rustiques, ré-
sistantes aux maladies, et bien adaptées au climat et au sol. Il existe de nom-
breuses variétés locales intéressantes pour la production cidricoles.
Il est important d’implanter une large palette de variétés, que ce soit pour la
qualité des produits (variétés douces, amer, acides), pour limiter les impacts
du risque de gel et pour mieux étaler la récolte. Un verger traditionnel est
généralement composé de plus de 15 variétés.
Ne pas hésiter à se renseigner auprès d’organismes techniques et des as-
sociations pomologiques régionales ou locales qui disposent de connais-
sances sur les qualités et leurs utilisations des variétés anciennes.

L’AOC Poiré Domfront préserve le verger haute-tige et réclame des variétés locales.

Les prés-vergers de l’Avesnois à l’honneur sur le site internet du ministère de l’agriculture


L’association Vergers Haute Tige de l’Avesnois porte une démarche qui rassemble des agriculteurs du territoire de l’Avesnois, un ter-
ritoire réputé pour ses paysages bocagers. Parmi eux, Gérard Delva a recréé un pré-verger qui lui permet une double valorisation de
ses prairies. Les animaux bénéficient de l’ombre et du microclimat plus doux entretenus par les arbres, lesquels constituent aussi une
ressource complémentaire pour l’agriculteur. Une filière de jus de pomme est créée utilisant des variétés locales. Cette diversification
permet une performance économique et écologique, car l’agriculteur n’utilise aucun intrant sur les prairies naturelles. Son initiative
reçoit le soutien du Parc régional de l’Avesnois car ce système agroforestier participe de la qualité du paysage de mise en valeur, et
elle mobilise le Centre régional de ressources génétiques qui préserve les variétés locales.

10
Gérer le pâturage dans le pré-verger
Une bonne combinaison arbre - animal
Le pâturage nécessite avant tout de bien étudier la compa- possible dans un pré-verger de densité moyenne (75 arbres/
tibilité de l’association entre l’animal et l’espèce fruitière, en ha). Mais il convient alors de bien protéger les arbres, car
fonction de l’âge des arbres et de la densité de plantation. seuls les arbres de plus de 20 ans sont capables de résister à
Les éleveurs de bovins réservent souvent les prés-vergers la poussée des vaches et des bœufs.
de pommiers et de poiriers aux jeunes (génisses, veaux). Certaines races de mouton, comme le Shropshire, a la parti-
Toutefois, le pâturage des bovins adultes est parfaitement cularité de ne pas s’attaquer à l’écorce des arbres.

Pré-verger Bovins adulte Jeunes bovins Ovins Equins Caprins Volailles


Pommier arbres > 25 ans Oui Oui NON A EVITER Oui
Poirier arbres > 25 ans Oui Oui NON A EVITER Oui
Prunier NON A EVITER Oui NON NON Oui
Cerisier Oui Oui Oui NON NON Oui

La présence de jeunes bovins Salers dans un verger de 15 ans nécessite une protection efficace.

Pâturage : un chargement moyen à respecter


Le pâturage dans un pré-verger ne diffère guère de celle d’une En pays d’Auge, le chargement moyen est de 0,9 vache/ha/an.
prairie non plantée. La période de pâturage est identique : La pression de pâturage peut être cependant très variable
elle se déroule généralement sur 7 à 9 mois selon les régions, d’une ferme à l’autre ; allant de 0,4 à 1,5 vache/ha/an.
par exemple de début avril à mi-décembre en Normandie. Ceci résulte d’une différence de potentiel agronomique,
Toutefois, le ramassage des fruits oblige à interrompre mais témoignent aussi de préoccupations diverses des
le pâturage 2 à 3 semaines avant celle-ci pour éviter de agriculteurs vis-à-vis de la production animale. Certains
souiller les fruits tombés à terre. Le cheptel ne revenant éleveurs limitent fortement le chargement afin d’éviter les
dans le pré-verger qu’au terme du ramassage. Afin de tirer dégâts sur les arbres.
le meilleur parti de la production conjointe de fourrage et Et c’est aussi là l’intérêt technique du pré-verger que
de fruits, il convient d’adapter la conduite du cheptel : type de pouvoir satisfaire à des attentes différentiels des
d’animal, chargement, durée et fréquence de pâturage… producteurs.

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Concevoir son pré-verger et valoriser ses fruits

© Denis Bringard
La subdivision du
pré-verger en sous-
unités de pâturage
de moins de 1 ha
aide à mieux gérer
le chargement.

Points de vigilance
• Pour préserver la qualité sanitaire des fruits, le pâturage doit s’interrompre au moins 2-3 semaines avant que la chute
des fruits, et ceci jusqu’à la fin de la récolte, soit environ 2 mois en verger de pommiers.
• Le fractionnement du pré-verger en petites sous-unités de pâturage (de 0,3 à 0,5 ha) permet d’ajuster au mieux le
chargement et faciliter la gestion des animaux. Le fait de regrouper les variétés ayant la même date de récolte dans
chaque sous-unité minimise la durée de l’interruption du pâturage.
• Le stationnement des animaux sous les arbres peut conduire au déchaussement des arbres. Attention aux vieux
arbres car ils sont plus fragiles.
• Retirer les animaux du pré-verger quand le sol est très humide : cela induit un tassement du sol avec un fort risque
d’asphyxie racinaire (pommiers et cerisiers y sont particulièrement sensibles).

En pré-verger, il importe de trouver un équilibre entre le nombre d’arbres et le nombre d’animaux, car plus il y a d’animaux
plus la pression sur le sol, le tronc et les branches basses est susceptible d’être forte sous un arbre.

• Prévenir les risques de piétinement du sol


La surveillance régulière et constante de la pression exer-
cée sur le sol par les animaux est impérative. Le bétail peut
en effet causer un tassement excessif du sol, en particulier
à l’aplomb des arbres puisqu’il y trouve une protection. Ce
piétinement localisé conduit inévitablement au dépérisse-
ment rapide des arbres, même des plus vigoureux.
• Un retrait précoce des animaux avant récolte
Pour la qualité sanitaire des fruits et leur bonne conserva-
tion, ceux tombés au sol ne doivent pas être souillés par
les déjections animales. Ce retrait favorise une herbe plus
© Denis Bringard

haute qui évite le contact des fruits avec la terre, et limite sa


contamination avec les germes du sol.

Bovins en pature dans un verger de cerisiers.

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Protéger les arbres, un facteur essentiel de réussite du projet
La protection doit rester en place jusqu’à ce que l’arbre soit écorces) par le cheptel. Pieux, hursus ou corset : les
capable de résister au bétail, soit environ 20 ans pour le systèmes de protection fréquemment employés sont
poirier et le pommier. divers selon l’animal (ovins, jeunes bovins, vaches…).
La protection du jeune arbre planté est indispensable pour Mise en œuvre avec soin, il ne dédouane pas d’une surveil-
éviter l’abroutissement des jeunes arbres (bourgeons, lance régulière. Aucune solution n’est en effet infaillible.

• Enclos en bois et hursus (a)


La plantation de 3 à 4 pieux est le dispositif classique-
ment utilisé dans les vergers pâturés par les bovins. D’une
hauteur de 1,5 à 1,7 m de haut, ces pieux sont plantés de
0,8 à 1 mètre de l’arbre et solidarisés entre eux par des
lattes transversales. L’efficacité est améliorée si l’on fixe 3
à 5 rangs de fil.
Pour les moutons, un hursus (grillage) de 1,2 m est
suffisant.

• Le corset métallique : une solution durable (b)


Les éleveurs de bovins en Bretagne et Normandie
utilisent fréquemment un corset ajouré en acier
galvanisé (1,80 m de haut et 30 cm de diamètre), évasé
au niveau du point de départ des charpentières.
Solides, durables mais onéreux (environ 14 € l’unité),
ces corsets sont surtout utilisés dans le cadre d’un
renouvellement annuel du verger.

Le corset en métal est fixé à un pieu (voire deux) d’environ 2,5 m de haut
(a) (b) et 10-15 cm de diamètre. Un grillage surmonte le corset afin de protéger
de la dent du bétail le point de greffe et les premières charpentières.

© Éric Péro

Les éleveurs normands privilégient les corsets métalliques pour protéger les jeunes arbres. Un investissement onéreux mais réutilisable car très durable.

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Concevoir son pré-verger et valoriser ses fruits

Transformer et vendre du jus de pomme


Pour un meilleur revenu horaire
Selon le type de fruit et le mode de commercialisation, la
transformation à la ferme multiplie d’un facteur 5 à 10 le
produit net de l’atelier ‘fruit’ de la ferme par rapport à la
vente de fruits en vrac. Quant à la charge de travail, elle
n’augmente que d’un facteur 1,5 à 2.
Ainsi, la transformation fermière des fruits avec leur
commercialisation en circuit court procure un revenu net
variant de 15 à 40 €/h selon la nature du produit élaboré
(cidre ou eau-de-vie). En comparaison, l’entretien du verger
et la vente de la récolte en vrac procurent un revenu horaire
très faible de 2 à 5 €.
Certes, transformer est une activité à part entière qui
nécessite du temps et du savoir-faire. Cela peut être aussi
fait « à façon » dans un atelier local. La vente des produits
du verger est plus facile à mettre en oeuvre pour les éleveur
pratiquant déjà la commercilaistaion des autres produits de
la ferme (viande, lait, fromage, miel…).

Produit peu complexe à élaborer, le jus de pomme représente un produit


de diversification économique intéressant pour l’éleveur.

Un coût de fabrication variable selon la nature de la main d’œuvre


Le coût de production hors main d’œuvre est d’environ La bouteille représente une part importante des frais : 0,45
0,85 €/l. Le coût de main d’œuvre du travail de à 0,60 € pièce selon la quantité commandée. Aujourd’hui, le
transformation (assuré par le producteur ou par travail à modèle nommé ‘Fraicheur’ (1L) à capsule large (48 mm) est
façon) est d’au moins 0,70 € par litre de jus pour un petit la bouteille la plus courante, car pratique (refermable).
pressoir hydraulique (presse à paquet) ; un minimum pour Cette production de jus de fruits peut être vendue en direct
tenir compte de la pénibilité du travail. ou en circuit court, et partiellement autoconsommée.
Souvent les petits producteurs se regroupent pour investir Le coût d’achat du jus de pomme traditionnel pour le
dans un atelier collectif (associatif ou coopératif) et réalisent consommateur dépend du marché local, du type de produit
tout ou partie du pressage des fruits et de la pasteurisation. (label, jus monovariétal…) et du mode de commercialisation
L’autoproduction et les quantités supérieures de fruits (vente directe, circuit court…). Quant au producteur, il peut
transformés diminuent significativement le prix de revient vendre son jus de 3 à 4 €/L en AB en vente directe, et environ
du jus pour les producteurs. de 1,80 à 2,50 €/L en circuit court.

Désignation Coût
Frais de fonctionnement de l’atelier 0,30 €/l
Bouteille Fraicheur
0,50 €/l
(1 L en verre blanc) avec capsule
Étiquette 0,05 €/u
Main d’œuvre salariée
0,70 €/l
(Smic avec charges sociales)
Coût de production HT 1,85 €/l
Coût de fabrication du jus de pomme avec un atelier collectif.

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Produire du jus de pomme en montagne
C’est le projet de Laurence et de ses associés de la Ferme aux ânes, située sur les communes d’Unac et Appy dans la vallée de l’Ariège ;
une ferme diversifiée qui produit de la viande de race gasconne en vente directe et loue des ânes pour la randonnée. Laurence et
David ont entrepris en 2009 de relancer une production de jus de pomme pour valoriser tous les pommiers de plein vent situés sur
la ferme et sur la commune d’Appy. Plus de 20 variétés de pommiers ont été recensées sur ce territoire qui s’étale entre 700 m et
1 200 m d’altitude. La production de jus est d’environ 3 000 litres par an, vendu à 3 €/litre dans la vallée et lors de la distribution des
caissettes de viande. Cette production permet un revenu d’appoint non négligeable et arrive en octobre au moment où la dispo-
nibilité en main d’œuvre est plus importante. Les 5 à 9 tonnes de pommes sont ramassées à la main. La récolte des pommes écarte
aussi un danger de voir des bêtes s’étrangler. La fabrication de jus se fait à façon chez un autre agriculteur situé à 75 km qui possède
un pressoir et un pasteurisateur. Cette transformation coûte 1,05 € HT par litre de jus, incluant le prix de la bouteille. Chaque année
Laurence replante entre 5 et 10 pommiers fournis par un pépiniériste local qui réalise des greffes à partir des variétés de la commune.
Les jeunes arbres sont plantés hors parcours à cause de la difficulté à protéger les arbres par rapport au troupeau. Le mélange des
variétés acides, douces et amères assure un jus de qualité.

Cidre, jus et vinaigre de pomme élargissent la gamme de produits Cet atelier mobile de pressage de pomme d’Aveyron contribue aussi
vendus en direct sur les marchés ; ici, un boulanger-paysan des d’animation du territoire et de transmission des savoirs auprès des
Pyrénées. plus jeunes.

Un atelier collectif pour préserver les vieux pommiers en Aveyron


En 2013, le projet de créer un atelier mobile et collectif de fabrication de jus de pommes voit le jour. Son objectif : récolter les fruits
laissés au sol produits par les vieux pommiers. L’atelier est financé par une association créé a cet effet : l’association « les amis du
verger ». Elle compte aujourd’hui 350 adhérents, agriculteurs, habitants, retraités. Douze agriculteurs vendent leur jus de pomme,
tandis que la majorité des adhérents produisent pour leur propre consommation. En 2015, l’association a pressé 40 tonnes de
pommes. Parmi les initiateurs du projet, Yannick Hardiviller. Ce paysan installé comme apiculteur a peu à peu diversifié ses activités
agricoles (éleveur ovin, apiculteur, brasseur…). Yannick vend entre 500 et 2 000 litres par an (3,5 €/L). Il diversifie sa gamme de jus en
proposant des mélanges (pomme-framboise, pomme-groseille) et même en élaborant des sorbets aux pommes. L’année 2017 sera
aussi l’année de la noix avec l’achat d’un casseur à noix avec un investissement collectif (25.000 €) pour produire facilement de l’huile
de noix et des cerneaux à partir des vieux noyers qui bordent les champs.
La mise en place de ces différents outils redonne une valeur à ces vieux arbres de plein vent ; pommiers, châtaigniers et noyers. Plus
de 1 200 arbres ont été plantés en 5 ans pour renouveler ce patrimoine.
Ces arbres sont produits par un pépiniériste local qui remet en valeur les anciennes variétés à partir de greffons locaux. Les savoirs
de taille et de greffage sont à nouveau transmis.

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Concevoir son pré-verger et valoriser ses fruits

Pour un agrosystème diversifié et résilient


Le point faible majeur du pré-verger est sa durée d’implantation avant mise
à fruit. Aussi est-il indispensable d’asseoir sa production sur des arbres et des
vergers existants en les restaurant ou en négociant les récoltes chez le voisin
et en replantant régulièrement de nouveaux arbres. La production de jus de
pomme peut devenir une source de revenu importante et complémentaire de
l’élevage à une période peu chargée en travail.
La vente de jus de pomme est d’autant plus facilitée que la ferme commercialise
déjà sa viande et son fromage en circuit court.
Dans ces temps de crise agricole et de prix volatiles, le pré-verger vient
© Denis Bringard

renforcer la résilience des fermes avec un risque très limité de part le peu
de temps qu’il nécessite hors récolte. Il est totalement adapté à la demande
accrue en produits de qualité (AB, AOC), élaborés sans l’emploi de pesticides.
Les vergers de plein vent sont aussi bien adaptés à l’autoconsommation et
font l’objet de dynamiques collectives de revalorisation dans nos campagnes.

Une nouvelle rubrique « Pré-verger » sur le site Osaé


Les prés-vergers sont des espaces agricoles reconnus pour leur forte valeur
biologique et pour les remarquables paysages qu’ils proposent. Ceci est le
fruit du labeur des agriculteurs-éleveurs qui mènent une gestion économe
en intrants, héritée de savoirs traditionnels et sans cesse innovante. Ces
producteurs méritent d’être soutenus pour leurs pratiques qui relèvent de
l’agroécologie. C’est pourquoi, le site Internet Osaé (Osez l’agroécologie)
met en valeur cette pratique agroforestière spécifique en faisant état de
leurs initiatives et de leurs témoignages.

Découvrez sur Osaé la ferme de Patrice et Michèle Giard à Montreuil-sur-


Auge (Calvados), qui gère un troupeau de vaches laitières, mais aussi 20 ha
de prés-vergers pour une production de cidre et de calvados AOC.

www.osez-agroecologie.org
© Éric Péro

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Contacts :
• Association Française Arbres Champêtres et Agroforesteries
3, la pépinière - Pôle de l’arbre - Route de Redon - 44290 Guéméné-Penfao
• Centre régional des ressources génétiques
Ferme du Héron - Chemin de la Ferme Lenglet - 59650 Villeneuve d’Ascq
• Conservatoire végétale régional d’Aquitaine
Domaine de Barolle - 47130 Montesquieu
www.conservatoirevegetal.com
• Croqueurs de pommes
Cité des Associations - Rue Jean-Pierre Melville - B.P. 80043 - 90001 Belfort cedex
www.croqueurs-national.fr
• Fédération des Parcs naturels régionaux
9 rue Christiani - 75018 Paris
www.parcs-naturels-regionaux.fr
• INAO
Délégation territoriale Ouest - 6 rue Fresnel – 14000 Caen
Siège : 12, rue Henri Rol-Tanguy - TSA 30003 – 93555 Montreuil-sous-Bois cedex
• Rénova
1, place du Dome - 09350 Daumazan sur Arize

Bibliographie :
• Etude des pratiques agroforestières associant des arbres fruitiers de haute tige à des cultures ou des pâtures.
Coulon et al., Solagro-INRA. Ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire. 2000. 179 p.
• Le pré-verger pour une agriculture durable. Guide technique. Coulon et al., Ed. Solagro, 2005 - 186 p.
• Les vergers traditionnels et les alignements d’arbres têtards. Jean-Luc Coppée et Claudy Noiret.
Coll. « Nature et Forêts » n°2. 2008. 74 p.
• Les vergers hautes tiges de l’Avesnois - Vidéo réalisée par le Ministère de l’Agriculture
http://agriculture.gouv.fr/dans-lavesnois-le-pre-verger-na-pas-dit-son-dernier-mot-0
• Projet Léonardo ESTO « spécialistes européens des vergers traditionnels »
www.esto-project.eu/
• Site Osae
www.osez-agroecologie.org/mettre-en-place-un-pre-verger

Comité de rédaction : Frédéric COULON, Philippe POINTEREAU


Solagro
75 voie du TOEC - CS 27608 - 31076 Toulouse Cedex 3
Tel. : 05 67 69 6 96 69 - [email protected] - www.solagro.org
Crédits photographiques : Solagro sauf mentions
Création et réalisation graphique : Eric Péro (spyro) - www.imageric.fr
Imprimé à 1000 exemplaires sur les presses du groupe Reprint

Avec le soutien de la Fondation Toi l’arbre,


sous l’égide de la Fondation de France.

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