Dura 0299000505Z TH
Dura 0299000505Z TH
Dura 0299000505Z TH
THESE
présentée devant
L’UNIVERSITE AIX-MARSEILLE
Par
Julien DURA
Ingénieur de l’Institut National Polytechnique de Grenoble
en vue d’obtenir
LE GRADE DE DOCTEUR
En tout premier lieu, je tenais à remercier l’ensemble de mon jury de soutenance qui
a accepté d’évaluer mon travail. Parmi les membres extérieurs du jury, je remercie cha-
leureusement le président du jury, Mr Ian O’connor, professeur à l’école centrale de Lyon.
Ensuite, je remercie les deux rapporteurs qui m’ont autorisé à soutenir ma thèse, mes-
sieurs Arnaud Bournel, professeur à l’université Paris-Sud, et Thomas Zimmer, professeur
à l’université de Bordeaux 1. Enfin, un grand merci à Hervé Jaouen de la société STmi-
croelectronics, examinateur de mon travail qui a su apporter sa vision industrielle.
Ensuite, comment ne pas remercier les personnes qui m’ont encadrées au quotidien et,
sans qui, je n’aurais certainement pas atteint les objectifs initialement fixés :
Un grand merci à Mme Daniela Munteanu, directrice de recherche au CNRS, pour m’avoir
dirigé dans ma recherche, conseillé et soutenu durant ces trois années de présence au sein
de l’IM2NP.
Au sein du CEA-LETI, j’ai eu le privilège d’avoir été encadré par Mr François Triozon,
ingénieur de recherche, qui a su mettre à mon niveau toutes ces connaissances. Si j’ai pu
acquérir qu’une infime partie de son savoir-faire, le contrat est largement rempli !
Enfin, je remercie le dernier membre de mon jury, Mr Jean-Luc Autran, professeur de
l’université Aix-Marseille et directeur du département nanoélectronique de l’IM2NP, pour
m’avoir accueilli au sein de son équipe et m’avoir donné les possibilités de progresser.
Je tenais également à associer à ces remerciements toutes les personnes qui ont été for-
1
Remerciements
tement impliquées à ce travail mais dont la présence dans le jury n’a pu être validées.
Je remercie donc Mr Sylvain Barraud, ingénieur de recherche au CEA-LETI, qui m’a ap-
puyé et soutenu « numériquement » durant toutes ces années ; Mr Yann-Michel Niquet,
ingénieur de recherche au CEA-INAC, pour tout son savoir et son humilité qui rend l’am-
biance agréable (même si on ne comprend pas tout). Enfin, un grand merci à Mr Sébastien
Martinie, ingénieur de recherche, qui a su brillamment passer le relai et me mettre le pied
à l’étrier.
Passons maintenant à mes collègues de travail avec qui je n’ai pas eu la chance de tra-
vailler mais avec qui les trois années sont passées très rapidement. Je remercie en premier
lieu Jean-Charles Barbé pour m’avoir accueilli au sein de son laboratoire LSM et m’avoir
donné la possibilité de développer l’aspect recherche de mon travail dans un environ-
nement appliqué tel que le CEA-LETI. J’associe également tous les permanents de ce
laboratoire : Philipe, Pierrette, Olga, Pascal, François D., Patrick, Gilles, Marina, Hélène,
Marie-Anne, Anne-Sophie... Afin d’éviter toute jalousie malsaine, je remercie également
chaleureusement les trois mousquetaires de l’IM2NP dont l’ouverture d’esprit et la socia-
bilité sont hors-normes pour des chercheurs « purs souches ». Merci donc à Marc, Fabienne
et Nicolas C...
La vie d’un labo ne serait rien sans eux donc je tenais à les remercier dans leur en-
semble, il s’agit bien sur de tous les stagiaires, thésards et post-docs que j’ai pu croiser.
Commençons évidemment par mes co-bureaux historiques avec qui j’ai perdu tant de
neurones : Hadrien, Aude et Nicolas. Je n’oublie évidemment pas les autres (en vrac) :
Benoit, Raphael, Sylvain, Eddie, Sébastien, Alexandre, Rémy, Mathieu, Emmanuelle, Sa-
lim, Ania, sans oublier les petits nouveaux, Pierre et Anouar. Un grand merci à vous pour
les pauses « café » de 16h et les parties de cartes dont le nom fait référence à une pratique
sexuelle non recommandée pas l’église catholique.
Pour conclure, je tiens à associer à ces remerciements toutes les personnes « extra-
professionnelles » qui m’entourent aux quotidien, que ce soit mes amis ou ma grande
famille. Même si leur aide s’est révélée limitée dans la résolution de la dernière équation
à la mode, leur présence est essentielle pour trouver un équilibre dans ma vie.
A toute les personnes que je viens de citer et celles que j’ai pu croiser lors de mon par-
cours, ce fut un plaisir de travailler (ou autre) avec vous et j’espère ce sentiment restera
partagé au fil du temps...
2
Table des matières
Glossaire 7
Introduction 11
3
Remerciements
4
Remerciements
Bibliographie 152
5
Remerciements
6
Glossaire
α Numéro de la vallée
B
βn Paramètre de NON-parabolicité de la structure de bande
C
Cox Capacité d’oxyde de grille du transistor MOSFET
D
D Diamètre du nanofil
∆ Moyenne quadratique de la rugosité de surface du nanofil
E
e Charge élémentaire d’un électron
EG Bande interdite du silicium
EG,bulk Bande interdite du silicium du matériau massif
Eef f Champ effectif transverse
E Énergie de l’électron
Eαj Énergie de la sous-bande j de la vallée α
Eiv Énergie des phonons intervallées
ǫSi Permittivité du silicium
ǫSiO2 Permittivité de l’oxyde de silicium
ǫHf O2 Permittivité de l’oxyde de silicium
7
Glossaire
F
f (r, k, t) Fonction de distribution des électrons
FS Flux de porteurs au niveau de la source
FD Flux de porteurs au niveau du drain
ψ Fonction d’onde dans l’espace 3D
ϕ Fonction d’onde dans les directions du confinement (enveloppe)
ℑn Intégrale de Fermi à l’ordre n
fraccord Fonction de raccord
G
G Fonction de Green, solution de Poisson avec charge locale dans l’oxyde
â
G Fonction de Green, solution de Poisson avec charge locale dans l’oxyde
H
H Hamiltonien du système
h̄ Constante de Planck réduite
I
IDS Courant de drain du transistor MOSFET à nanofil
J
j Numéro de la sous-bande
K
k Vecteur d’onde
kB Constante de Boltzmann
L
Lc Longueur du canal du transistor
LkT Longueur de la "kT-Layer"
λ Libre parcours moyen des porteurs
lαj Moment angulaire de la sous-bande j de la vallée α
Λ Longueur de corrélation de la rugosité de surface du nanofil
8
Glossaire
M
µtotal Mobilité totale des électrons
µ0 Mobilité à champ transverse faible
µ0,bulk Mobilité à champ transverse faible pour le matériau massif
µαj Mobilité de la sous-bande j de la vallée α
mt Masse transverse
mt,bulk Masse transverse du matériau massif
ml Masse longitudinale
ml,bulk Masse longitudinale du matériau massif
mαz Masse de transport de la vallée α
mαc Masse de confinement de la vallée α
me Masse de l’électron
N
ntot Densité électronique totale (le long du rayon du nanofil)
nαj Densité électronique de la sous-bande j de la vallée α
Nf ix Densité de charges piégées dans l’oxyde de grille
Niv Nombre de phonons intervallées
ηF Potentiel de Fermi
NA Dopage du canal
NSD Dopage des source et drain
ni Dopage intrinsèque
P
Ξac Potentiel de déformation acoustique
Ξiv Potentiel de déformation acoustique
Q
q Différence de vecteurs d’onde entre les sous-bandes initiales et finales
Qinv Charge d’inversion linéïque (le long du rayon du nanofil)
R
R Coefficient de réflexion
rs Interface Silicium/SiO2 en coordonnées cylindriques
9
Glossaire
S
S Inverse de la pente sous le seuil
Se Paramètre d’écrantage
Sk→k′ Probabilité de transition d’un état de vecteur d’onde k vers un état de vecteur
d’onde k’
T
T Température
tSiO2 Épaisseur de la couche d’oxyde SiO2
tHf O2 Épaisseur de la couche d’oxyde Hf O2
τ Temps de relaxation d’un électron
θ Dépendance de la mobilité vis-à-vis du champ électrique transverse
V
V (r, φ, z) Potentiel
Vs Potentiel de surface
Vs,th Potentiel de surface au seuil
VGS Polarisation de grille
VDS Polarisation de drain
Vth Tension de seuil
Vth,long Tension de seuil canal long
∆Vth Chute de tension de seuil liée aux effets de canaux courts
VF B Tension de bande plate
vth Vitesse thermique
vinj Vitesse d’injection
10
Introduction
11
Introduction
[Bin86]. Ces deux outils ont eu un tel impact sur les nanotechnologies que leur déve-
loppement se poursuit encore aujourd’hui. Cependant, il a fallu attendre 1990 pour voir
la première démonstration officielle de manipulations d’atomes avec les fameuses lettres
"IBM" reconstruites avec 35 atomes de xénon [Eig90]. A partir de là, une multitude de
possibilités se sont ouvertes avec l’élaboration de nouvelles formes structurelles des nano-
objets ou l’exploration de nouveaux matériaux afin de couvrir l’ensemble des besoins.
Depuis lors, les nanosystèmes se multiplient comme en témoigne l’augmentation continue
et exponentielle des publications scientifiques concernant les nanotechnologies [Bon06].
⇒ Le nanofil semiconducteur
La forme des nano-objets est actuellement très variée puisque nous observons dans la litté-
rature différentes structures telles que les rubans, les nanocristaux, les nanotubes (souvent
en carbone)... Dans ce manuscrit, nous nous intéresserons plus particulièrement aux na-
nofils considérés comme une structure émergente avec potentiel applicatif vaste. Il s’agit
de structures longilignes (d’où le parallèle avec un fil) généralement cristallines avec une
section assez diverse aussi bien en terme de taille que de forme. En fonction des matériaux
utilisés, le comportement du nanofil est semi-conducteur, isolant ou métallique. Les na-
nofils peuvent être clés dans le développement des nanotechnologies car, contrairement à
d’autres architectures, cette structure est nanométrique sur deux des trois dimensions de
l’espace. L’intérêt du "nano" y est donc accentué par rapport à des structures fines mais
planaires. Ceci se retrouve dans la communauté scientifique comme en témoigne l’aug-
mentation importante du nombre de publication sur ce sujet depuis les années 90 [Lie07].
La méthode de fabrication de ces nanofils varie en fonction des applications ciblées (et
donc des dimensions géométriques). Nous distinguons notamment la fabrication de nano-
fils par approche "top-down". Cette technique provient de l’industrie de la microélectro-
nique puisqu’elle consiste à graver le matériau massif de façon précise par lithographie.
La précision de cette technique dépend essentiellement de la résolution qu’il est possible
d’obtenir, généralement perturbée par des phénomènes de diffraction du faisceau optique.
Au contraire, la deuxième approche dite "bottom-up" consiste à faire croître le nanofil à
partir d’un substrat cristallographique. Cette technique est réalisée à partir du procédé
Vapeur Liquide Solide (VLS) mis au point par Wagner et al [Wag64]. Avec l’aide d’un
catalyseur métallique qui va attirer les atomes du substrat, le nanofil croit en cristallisant
les atomes à l’interface entre la goute métallique et le substrat. La figure 1 montre la
réalisation de nanofils par les deux approches. Il ne s’agit que d’exemples afin d’illustrer
le propos puisque nous retrouvons de plus en plus de publications montrant la faisabilité
du procédé technologique pour la fabrication du nanofil. Le choix des méthodes dépendra
12
Introduction
bien évidemment de l’application choisie pour les nanofils. Généralement, la technique par
croissance est plus difficilement contrôlable (homogénéité du diamètre le long du fil par
exemple) mais reste techniquement plus simple et moins couteuse.
Le nanofil est généralement présenté comme une alternative à une autre structure uni-
dimensionnelle qu’est le nanotube de carbone. Ces deux nanostructures sont souvent dé-
crites comme les futures briques élémentaires des nanodispositifs. Cependant, pour les
nanotubes de carbone, les propriétés sont définies par la chiralité (c’est à dire l’axe selon
lequel le feuillet de carbone s’enroule) qui reste difficilement contrôlable technologique-
ment parlant. C’est pourquoi le nanofil semble plus accessible puisque les techniques de
fabrication sont fiables aussi bien sur la composition chimique du nanofil que son uni-
formité géométrique. De plus, la fabrication du nanofil par gravure apparaît comme la
continuité des procédés technologiques actuels ce qui incite l’industrie à se tourner vers
celui-ci afin de limiter les coûts de mise à jour du matériel.
Comme nous l’avons dit précédemment, les applications potentielles des nanofils sont
nombreuses. La principale reste le développement de composants électroniques à base de
transistors notamment après l’évocation par le comité ITRS (International Technology
Roadmap for Semiconductors) de l’utilisation de nanofils comme architecture de référence
pour les noeuds technologiques ultimes [ITR11]. Nous savons combien il est difficile de
13
Introduction
suivre les lois de performances et économiques telles que la loi de Moore pour main-
tenir la révolution en électronique à un niveau acceptable. L’engouement s’est aussitôt
fait ressentir dans la littérature dans les années 2000 [Chu00] [Cui01] [Cui03] [Zhe04]
[Gol06] [Wan06] [Hu08]. C’est sur cette application que nous nous pencherons dans la
suite de ce manuscrit. Toutefois, d’autres possibilités sont à l’essai dans la littérature
pour des composants annexes comme les portes logiques [Hua01] ou les mémoires non-
volatiles [Dua02]. D’autres domaines beaucoup plus récents sont aussi envisagés comme
le photovoltaïque [Tia07] [Kem08], la photonique [Gud02] [Pau06] avec notamment l’uti-
lisation de semiconducteurs III-V [Bjo02] [The03] [Dic04] ou des applications capteurs de
type biologique ou chimique avec fonctionnalisation du nanofil [Zho03] [Hah04]. Toutes
ces applications sont aussi différentes les unes des autres et nécessitent une compréhension
approfondie pour peut être un jour révolutionner à nouveau notre quotidien. Pour plus
d’informations, le lecteur pourra se reporter à la publication de R. Rurali [Rur10] qui
synthétise les connaissances actuelles sur les nanofils avec toutes les références adéquates.
14
Introduction
15
Introduction
6), nous expliquerons la théorie du code que nous avons développé afin de calculer la mo-
bilité dans le nanofil incluant les principaux mécanismes qui limitent le transport à savoir
les interactions avec les phonons, la rugosité de surface et l’interaction Coulombienne à
distance. Ce code basé sur la formule de Kubo-Greenwood fait plusieurs approximations
permettant de calculer numériquement la mobilité pour des diamètres assez importants
contrairement à des codes plus précis sur la physique. La mobilité est donc calculée et ana-
lysée pour différentes configurations (variation de diamètres, d’oxydes de grille...). Enfin
dans le dernier chapitre (chapitre 7), à l’instar de la partie 2, nous mettrons en place une
modélisation analytique du courant de drain du transistor MOSFET à nanofil incluant
évidemment la tension de seuil développée dans le chapitre 5 mais aussi tous les phéno-
mènes observés au niveau du transport d’un porteur (effet de quasi-balisticité, effet de
diamètre...). Les résultats seront exposés et comparés autant que cela fut possible à des
données expérimentales. Le manuscrit se finira sur l’utilisation du modèle développé avec
la simulation de petits circuits tels qu’un oscillateur en anneau ou une cellule mémoire
SRAM incluant tous les phénomènes ultimes qui sont censés impacter les performances du
transistors MOSFET pour les années à venir. Loin d’être exhaustif sur la théorie ou sur
le design de circuit, ce travail tente de faire le lien entre toutes les simulations afin d’ap-
porter, d’un coté comme de l’autre, tous les arguments nécessaires à valider la pertinence
de l’architecture nanofil pour une application MOSFET.
16
Première partie
17
Comme nous venons de le voir dans l’introduction générale, le domaine de la na-
notechnologie au sens large connait un développement rapide puisque les nanostructures
offrent des perspectives intéressantes et transverses. Bien au delà de la microélectronique,
de nombreux domaines peuvent être dynamisés comme le BTP ou le textile sans compter le
domaine médical. Une compréhension fine des matériaux et notamment leurs propriétés à
l’échelle nanométrique est indispensable. C’est pourquoi la simulation numérique connaît
un tel essor au regard des enjeux. De plus, l’amélioration des performances des machines
de calcul ainsi que la réduction de leur coût a fortement participé à cette émergence. De
nos jours, les laboratoires ou entreprises disposent de "clusters" de calculs pour leurs si-
mulations. L’optimisation des codes numériques par de meilleurs algorithmes jusqu’à la
parallélisation est donc devenu un enjeu à part entière.
Dans cette partie, nous allons passer en revue le formalisme théorique du concept de
structure de bandes d’un matériau et les problèmes qui se soulèvent pour sa simulation
numérique. Dans le chapitre 1, nous poserons le problème à N-corps qui constitue la base
de l’étude des solides. Nous verrons que deux grandes familles d’approches existent afin de
simplifier le problème : les méthodes abinitio et les méthodes semi-empiriques. Une fois
les approximations faites, nous verrons comment il est alors possible d’extraire numéri-
quement la fonction d’onde issue de la résolution de l’équation de Schrödinger en trois
dimensions à travers la méthode "Mode Space" puis son couplage avec l’équation de Pois-
son afin de respecter la neutralité électronique. Dans le deuxième chapitre de cette partie,
nous ferons un tour d’horizon des formalismes employés pour la simulation et la modé-
lisation du transport électronique dans les nano-composants (orientés transistor). Nous
parcourrons toutes les méthodes, des plus simplistes par une approche de mécanique clas-
sique jusqu’au développement de formalisme de mécanique quantique. Nous verrons qu’un
fort lien existe entre la structure électronique et le transport électronique. Une vision gé-
nérale de la simulation numérique (de la nature même des matériaux jusqu’au transport
électronique) est donc proposée afin de justifier les méthodes choisies dans la suite de ce
travail pour aboutir sur un modèle, dit compact, seul apte à estimer les performances de
circuits contenant plusieurs milliards de transistors.
19
20
Chapitre 1
Sommaire
1.1 Notions théoriques du problème à N corps . . . . . . . . . . . 21
1.2 Les différentes méthodes utilisées . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.2.1 Les méthodes ab initio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.2.2 Les méthodes semi-empiriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.3 Extraction de la fonction d’onde mono-électronique- Équa-
tion de Schrödinger 3D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.4 Neutralité électronique - Couplage avec Poisson . . . . . . . . 32
21
Chapitre 1: La structure électronique d’un matériau
H.Ψ(x1 , ..., xNel , X1 , ..., XNat ) = E.Ψ(x1 , ..., xNel , X1 , ..., XNat ) (1.1)
H= Tnoy + Vnoy−noy
ü ûú ý ü ûú ý
Énergie cinétique des noyaux Énergie d′ interaction noyau−noyau
+ T el + Vel−noy + Vel−el
üûúý ü ûú ý ü ûú ý
Énergie cinétique des électrons Énergie d′ interaction électron−noyau Énergie d′ interaction électron−électron
(1.2)
La résolution de l’équation 1.1 n’est possible que pour un nombre extrêmement res-
treint de corps (maximum deux !). Sans cette condition, la cout numérique explose. L’enjeu
d’une approche théorique consiste donc à apporter des méthodes de simplifications qui
approchent au mieux la solution exacte.
Ψ ≃ ψ el .φnoy (1.3)
[Tel + Vel−noy + Vel−el ].ψ el (x1 , ..., xNel ) = Eel .ψ el (x1 , ..., xNel ) (1.4)
22
1.2Les différentes méthodes utilisées
pour un maillage à 1000 points, le cout de stockage de la fonction d’onde passe de 1000Nel
pour une fonction à Nel variables à 1000xNel pour Nel fonctions à une variable. La re-
présentation par électrons indépendants se justifie par la théorie du liquide de Fermi de
Landau [Asc76] qui considère que pour des électrons peu énergétiques (de l’ordre de l’agi-
tation thermique kB T ), la relaxation par un autre électron est bien plus longue comparée
à d’autres mécanismes de relaxation. Toutefois, de façon théorique, décrire l’état d’un
électron comme la solution de l’équation mono-électronique n’implique pas systématique-
ment qu’aucune interaction n’intervient entre les électrons. C’est à cette problématique
que toutes les méthodes basées sur la représentation des électrons indépendants tentent
de répondre.
Les méthodes utilisées pour calculer la structure électronique (c’est-à-dire pour ré-
soudre l’équation 1.4) se décomposent en deux grandes familles : d’une part, les méthodes
"ab initio" qui utilisent les lois physiques de base sans postulat additionnel et d’autre part,
les méthodes semi-empiriques pour lesquelles un hamiltonien général est utilisé et dont
les paramètres sont ajustés à partir de données expérimentales ou ab initio. Dans les deux
cas, même si certaines méthodes divergent dans leur approche pour traiter la physique et
notamment les interactions, elles convergent sur leur schéma numérique puisque toutes
sont basées sur des calculs mono-électroniques de fonctions d’onde desquelles vont être
déterminées les énergies d’interaction qui elles-mêmes affectent les fonctions d’onde. Des
boucles d’itération sont donc nécessaires afin de s’assurer de la cohérence du système.
L’équation de Schrödinger 1.4 s’écrit pour un calcul mono-électronique :
−h̄2 ∇
þ2
+ V ϕi (xi ) = E(k).ϕi (xi ) (1.5)
2me
De plus, généralement, les matériaux utilisés sont de nature cristalline ce qui permet
d’appliquer le théorème de Bloch afin d’exploiter cette périodicité. Nous pouvons donc
introduire un vecteur d’onde k associé à chaque bande n de la structure électronique.
Les fonctions d’ondes associées |ϕn,k ê, solution de l’équation 1.5, peuvent donc s’écrire en
utilisant les fonctions de Bloch [Asc76].
23
Chapitre 1: La structure électronique d’un matériau
éψ|H|ψê
Emin = minψ (1.7)
éψ|ψê
Comme nous venons de le dire, toute la difficulté réside dans l’expression de l’hamiltonien
et notamment la description fine de l’interaction entre particules. Nous pouvons distinguer
deux catégories d’approches : les méthodes en fonction d’onde et les méthodes basées sur
la fonctionnelle de densité.
N
Ù el
H
ϕ (x1 , ..., xNel ) = ϕi (xi ) (1.8)
i=1
L’interaction entre électrons est décrite en considérant que chaque électron évolue dans
un champ électrique généré par la présence des autres électrons [Har28]. Cependant, le
potentiel de Hartree ne permet pas de décrire assez précisément cette interaction. Il a été
montré que les équations de Hartree conviennent de façon assez réaliste aux atomes isolés
où peu d’électrons interviennent mais s’avèrent limitées pour l’étude des solides.
Dans l’optique d’optimisation, l’approximation de Hartree-Fock s’attache à la nature des
électrons puisqu’elle corrige le fait que ce sont des fermions. Pour corriger le coté non
24
1.2Les différentes méthodes utilisées
La résolution de l’équation 1.7 avec cette hypothèse donne, par la méthode variationnelle,
un terme supplémentaire par rapport à la simple approximation de Hartree afin d’amélio-
rer l’interaction électron-électron. Cette approximation est tout à fait adaptée à l’étude
de la structure de bandes des solides même si l’interaction reste encore incomplète comme
l’absence des effets de corrélation entre électrons.
Pour être parfaitement décrite, la fonction d’onde devrait s’écrire comme une somme in-
finie de déterminant de Slater. Considérant l’aspect irréaliste de la chose, la méthode dite
"interaction de configuration" étend l’approche de Hartree-Fock en imposant un nombre
fini de cette somme. Les quelques imperfections énoncées précédemment sont corrigées au
détriment d’un cout numérique qui explose.
L’approximation de la DFT peut paraître idéale puisque la résolution est exacte. Cepen-
dant, aucune expression explicite n’existe pour la description des parties énergie cinétique
des électrons Tel et potentiel d’interaction entre électrons Vel−el de l’hamiltonien du sys-
tème à plusieurs électrons. De plus, même si cette méthode est très bien adaptée pour
25
Chapitre 1: La structure électronique d’un matériau
où φi,α (x-Xi ) est l’orbitale de type α centrée sur l’atome i décrit par la coordonnée Xi .
Si une infinité d’orbitales est considérée, la formulation mathématique est exacte. Cepen-
dant, dans les faits, cela n’est pas possible et des simplifications doivent être apportées
pour alléger l’aspect numérique sans perdre d’informations importantes [Sla54]. Parmi les
principales, nous pouvons noter le choix d’une base minimale d’orbitales en ne considérant
que les électrons de valence et non de coeur et une portée finie des orbitales (c’est-à-dire
qu’elles disparaissent à partir d’une certaine distance du noyau de l’atome. En général,
26
1.2Les différentes méthodes utilisées
les modèles s’arrêtent aux premiers, deuxièmes ou troisièmes voisins (pas de couplages au
delà). Malgré ceci, augmenter le nombre d’atomes du système grossit la base d’orbitales
sur laquelle cette méthode se repose. Le temps de calcul y est alors fortement rallongé.
Pour les gros systèmes, il est alors préférable d’utiliser la méthode des pseudo-potentiels
qui couvre également l’intégralité de la première zone de Brillouin.
Pseudo-potentiels
Le nom de cette méthode vient du fait que le potentiel exercé par les noyaux et les
électrons de coeurs est remplacé par un potentiel effectif qui s’applique uniquement aux
électrons de valence. L’énergie potentielle de l’équation de Schrödinger s’exprime alors
comme la somme des contributions de chaque pseudo-potentiel :
Ø
V = −q vi (x − Xi ) (1.12)
i
Méthode k.p
Contrairement aux deux méthodes présentées juste au dessus, la méthode k.p est
locale puisqu’elle permet de reproduire les principales bandes de la structure électronique
au voisinage d’un point k0 donné [Car66]. La résolution de l’équation de Schrödinger par
cette méthode s’apparente donc à un développement limité de la structure de bandes
autour de ce point k0 . De plus, cette méthode utilise la nature cristalline des matériaux
utilisés ce qui permet d’écrire les fonctions d’onde |ϕn,k ê en utilisant les fonctions de
Bloch pour traduire cette périodicité comme écrite à l’équation 1.6. La méthode k.p
consiste donc à décomposer cette fonction un,k sur la base des solutions un,k0 (solution de
27
Chapitre 1: La structure électronique d’un matériau
Cette méthode est exacte tant que la base des solutions utilisée est infinie. En pratique,
comme pour les autres méthodes, ce n’est pas le cas et un nombre fini doit être choisi
(le temps de calcul en est fortement dépendant). Toutefois, l’exactitude et la pertinence
de cette méthode repose essentiellement sur des paramètres ajustables qui interviennent
dans l’équation de Schrödinger.
1þ
vn = ∇k En (1.15)
h̄
(dh̄k)
Fe = (1.16)
dt
A partir de ces équations, nous pouvons déduire les dépendances de la masse effective :
A B−1
2 ∂ 2E
m∗e,x(y,z) = h̄ (1.17)
∂kx(y,z)
Bien que très simpliste, cette approximation est très utilisée puisqu’elle simplifie consi-
dérablement le problème numérique. En toute rigueur, il faudrait connaître la valeur des
masses effectives dans les trois directions de l’espace et pour tout point de la première
zone de Brillouin. Généralement, pour une même direction et dans une même bande, cette
masse est considérée constante ce qui approxime la bande comme parabolique. Des cor-
28
1.3Extraction de la fonction d’onde mono-électronique- Équation de Schrödinger 3D
rections supplémentaires doivent être alors ajoutées pour décrire proprement la structure
électronique du matériau.
Hψ = Eψ (1.18)
h̄2 ∂ 1 ∂ ∂ 1 ∂ ∂ 1 ∂
H=− [ ( ∗ )+ ( ∗ ) + ( ∗ )] + V (x, y, z) (1.19)
2 ∂x mx ∂x ∂y my ∂y ∂z mz ∂z
La résolution de cette équation nous donnera donc une infinité de solutions ψn associées
chacune à un niveau énergétique En . La solution générale de la fonction d’onde est alors
une somme sur toutes les solutions propres de l’équation de Schrödinger :
Ø
ψ(x, y, z) = cn ψn (x, y, z) (1.20)
n
où les cn sont des coefficients complexes déterminés grâce aux conditions initiales.
Cependant, la résolution numérique directe de cette équation dans les trois dimensions de
l’espace, appelée approche Real Space, est trop complexe. Il faut alors décorréler le pro-
blème afin de retrouver une résolution de l’équation de Schrödinger sur une ou deux di-
mensions. Une alternative a donc été trouvée avec l’approche Mode Space [Ven02] [Bar09].
29
Chapitre 1: La structure électronique d’un matériau
Cette séparation n’est pas exacte quand V (z) varie mais l’approche mode-space reste une
bonne approximation. Il suffit alors de découper le nanofil en tranches suivant la direc-
tion du transport pour résoudre de façon locale ces équations. On supposera alors que le
potentiel V(z) est constant sur chaque tranche. Cette approche consiste à remplacer la
discrétisation suivant z par une discrétisation de l’espace du vecteur propre (ici, l’énergie
quantifiée). Ainsi, l’objectif est d’extraire les deux fonctions d’onde ψ(z) et ϕ(x, y) sur
chaque tranche qui dans ce cas sont indépendantes puisque V(z) est supposé constant sur
chaque tranche [Coh95].
h̄2 ∂ 1 ∂ ∂ 1 ∂
H 2D = − [ ( ∗ )+ ( )] + V (x, y, z0 ) (1.22)
2 ∂x mx ∂x ∂y m∗y ∂y
h̄2 ∂ 1 ∂
H 1D = − [ ( )] + En (z) (1.23)
2 ∂z m∗z ∂z
Le principal résultat de cette étape est l’extraction de chaque fonction d’onde φn associée
au mode n de la quantification en x et y. Il n’y a pas vraiment de quantification puisque
les dimensions géométriques suivant z sont assez grandes pour qu’un réel confinement ait
lieu. L’information importante reste quand même la valeur énergétique des porteurs et sa
variation suivant z qui jouera un rôle dans le transport.
30
1.3Extraction de la fonction d’onde mono-électronique- Équation de Schrödinger 3D
Figure 1.1: Principe général pour la résolution de Schrödinger 3D dans le cas d’un
dispositif 1D par l’approche Mode space.
D’un point de vue numérique, la résolution de Schrödinger se base sur une décom-
position des dimensions de l’espace aussi bien dans l’approche "Real Space" que "Mode
Space". Pour cela, une discrétisation est faite suivant la dimension géométrique concernée
("x"). L’équation de Schrödinger 1D devient alors au point de maille i :
L’hamiltonien H devient alors une matrice NxN. Après quelques opérations matricielles
explicitées dans les références [Mun08] [Tan90], nous pouvons extraire les fonctions d’onde
propres ψ du système.
31
Chapitre 1: La structure électronique d’un matériau
32
1.4Neutralité électronique - Couplage avec Poisson
Modèle de Hänsch
z2
NC (z) = NC [1 − exp(− 2 )] (1.26)
λ
Toutefois, ce modèle est loin d’être parfait. Outre le fait qu’il ne considère pas la quantifi-
cation énergétique, le paramètre λ devrait dépendre fortement du champ transverse (plus
le champ est fort, plus le pic de concentration se rapproche de l’interface), ce qui n’est
pas le cas.
ǫox .∆z
teq
ox = tox + (1.27)
ǫSC
Par conséquent, le potentiel de surface va être modifié puisqu’il faut lui ajouter la contri-
bution de la zone de déplétion (FS .∆z ; FS étant le champ électrique de cette zone).
33
Chapitre 1: La structure électronique d’un matériau
∆ε
Vtot = Vclass + + ES ∆z (1.28)
e
Conclusion
La connaissance de la structure de bandes d’un matériau est à la base de toutes les
études. Elle regroupe l’ensemble des propriétés qui peuvent être par la suite exploitées
pour différentes applications. Cependant, la théorie générale du problème à N corps est
trop complexe pour être explicitée de façon brute. Différentes approches ont donc été
développées afin de simplifier le problème notamment autour de la notion de fonction
d’onde mono-électronique. La complexité numérique de ces approches est très variable et
le choix qui doit être fait dépendra des attentes de chacun. Il en est de même pour la neu-
tralité électronique. Le couplage entre les effets de confinement quantique (Schrödinger)
et leur impact sur le potentiel local (Poisson) peut être abordé de diverses manières. Il
est alors possible de faire une résolution fine des deux équations de façon auto-cohérente
jusqu’à des modèles phénoménologiques simples qui tendent juste à corriger les grandeurs
physiques telles que la concentration de porteurs incluant les effets de confinement.
Dans le chapitre suivant, nous verrons que le vaste choix de méthodes de simulation peut
s’appliquer également à l’étude du transport électronique dans un matériau soumis à un
champ électrique extérieur. La structure électronique y est directement impliquée. Il est
donc important de s’assurer de la pertinence des approches choisies aussi bien pour la
structure de bandes que pour le transport.
34
Chapitre 2
Modélisation du transport
électronique : du classique au
quantique...
Sommaire
2.1 Formalismes mathématiques pour le transport . . . . . . . . . 36
2.1.1 Equation de Liouville - Von Neumann . . . . . . . . . . . . . . 36
2.1.2 Equation de Wigner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.1.3 Équation de Boltzmann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.2 Approches Macroscopiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.3 Approches Microscopiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.3.1 Résolution Déterministe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.3.2 Résolution Particulaire (Monte Carlo). . . . . . . . . . . . . . . 45
2.4 Approche Matricielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.5 Approche compacte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
35
Chapitre 2: Modélisation du transport électronique : du classique au quantique...
de transport classique :
−1 4πλ
nlim3 = (2.1)
3
où λ est la longueur d’onde des porteurs.
36
2.1Formalismes mathématiques pour le transport
porteurs. Une explication complète est fournie dans [Coh95] concernant la matrice densité.
dρ i
= − [H, ρ] (2.2)
dt h̄
où [,] est l’opérateur "commutation" et H est l’hamiltonien défini dans le chapitre 1.
Cette équation, appelée équation de Liouville - Von Neumanm, est l’équation régis-
sant le transport à partir d’une approche physique. C’est à partir de celle-ci et avec de
nombreuses approximations, que l’on tire la fameuse équation de transport de Boltzmann
(pour le cas classique) et l’équation de transport de Wigner (pour le cas quantique).
dρ(x, x′ , t) h̄2 ∂ 2 ∂2
ih̄ =− [ 2 − ′2 ]ρ(x, x′ , t) + [V (x) − V (x′ )]ρ(x, x′ , t) (2.5)
dt 2m ∂x ∂x
37
Chapitre 2: Modélisation du transport électronique : du classique au quantique...
1
r = (x + x′ ); z = x − x′ (2.6)
2
dρ(r, z) h̄2 1 ∂ ∂ 1 ∂ ∂ z z
ih̄ =− [( + )2 −( − )2 ]ρ(r, z)+[V (r + )−V (r − )]ρ(r, z) (2.7)
dt 2m 2 ∂r ∂z 2 ∂r ∂z 2 2
1 Ú z z
fw (r, k, t) = ρ(r + , r − , t).exp(−ikz).dz (2.8)
2πh̄ 2 2
où Ú
θ(fw (r, k, t)) = −i Vw (r, k − k ′ )fw (r, k ′ , t)dk ′ (2.10)
38
2.2Approches Macroscopiques
quant à la position n’est pas prise en compte. Nous obtenons alors une équation similaire
à l’équation de Wigner où le terme quantique est fortement simplifié :
Cette équation, appelée équation de transport de Boltzmann (ETB), est une équa-
tion de transport semi-classique et constituera la base pour tous les modèles dans cette
configuration. Ses limitations sont les suivantes :
– La mécanique classique (loi de Newton) décrit les trajectoires entre les collisions.
– Les collisions sont binaires (un électron avec un électron), instantanées et localisées.
– Aucune corrélation entre porteurs puisque nous nous plaçons dans une description
à une particule.
– Non respect du principe d’incertitude d’Heisenberg.
Dans la suite, nous allons expliciter la méthode des moments appliquée à l’équation de
transport de Boltzmann afin de lister les modèles de transport classique. Les modèles de
transport quantiques sont issus du même formalisme mais basés sur l’équation de Wigner.
T ransport Classique
Pour relier les paramètres macroscopiques entre eux, nous allons intégrer l’ETB à
différents ordres (méthode des moments). Dans notre cas, l’intégration se fera à l’ordre 0,
1 et 2 correspondant à l’intégration sur l’espace des phases de 1, vn et ε respectivement
39
Chapitre 2: Modélisation du transport électronique : du classique au quantique...
∂ e ∂V ∂
éθê + ▽r évn θê + . . ▽k éθê = −é θêcoll (2.12)
∂t h̄ ∂r ∂t
2 s
où éθê = (2π)3
f.θ.d3 k
∂
n + ▽r (n.vmoy ) = −Rnet (ordre0; θ = 1) (2.13)
∂t
∂ 2 F n(vmoy − vmoy0 )
(n.vmoy ) + ▽r (n.w) + n = − (ordre1; θ = vg ) (2.14)
∂t 3m m τm
∂ w − w0
(n.w) + ▽r (n.S) − F.n.vmoy = −n (ordre2; θ = E) (2.15)
∂t τε
40
2.2Approches Macroscopiques
5.kB .Tn
n.S = − Jn + n.Q (2.18)
2.e
41
Chapitre 2: Modélisation du transport électronique : du classique au quantique...
∂
e. ∂t n + ▽r (Jn ) = −e.Rnet
Jn = µn [kB .(Tn . ▽r (n) + n. ▽r (Tn )(1 + νn )) + e.E.n] (2.20)
3.kB ∂(n.Tn )
2 ∂t
+ ▽r (n.S) − E.Jn = − 3.k2B Tnτ−T
ε
L
La notion de transport quantique est assez vaste puisque nous distinguons deux as-
pects d’effets quantiques : les effets quantiques électrostatiques (répartition des porteurs
et quantification énergétique) et le véritable transport quantique (transport multi sous-
bandes ou tunnel). Ainsi, certains modèles se limitent juste à incorporer les effets quan-
tiques électrostatiques dans leur modèle de courant par une simple correction des para-
mètres macroscopiques.
42
2.2Approches Macroscopiques
h̄2
αn = − (2.25)
2mef f
La dernière approche reste celle développée par Ancona [Anc89] qui a utilisé une
approche microscopique pour déterminer son paramètre α. L’expression devient :
h̄2
αn = − (2.26)
12mDOS
La différence observée par rapport à Wettstein [Wet01] est due aux approximations faites
dans le développement mathématique.
Les simulateurs commerciaux de type TCAD utilisent généralement, dans leur modèle
Density-Gradient, l’expression de Wettstein utilisant le paramètre γ comme paramètre
de calibration. Cette calibration est généralement faite par comparaison à des résolutions
Poisson-Schrödinger. Ce modèle de transport avec corrections quantiques est le plus utilisé
en TCAD bien que peu physique puisqu’il modifie juste le potentiel de façon mécanique
sans aucune notion de fonctions d’onde ni de niveaux d’énergie.
43
Chapitre 2: Modélisation du transport électronique : du classique au quantique...
∂
n + ▽r (n.vmoy ) = −Rnet
∂t
∂vmoy h̄2 ∂ 2 n
m. ∂t
− ▽r (2n.w + 4m ∂z 2
) + e.E.n = (m. ∂v∂t
moy
)coll (2.27)
∂ h̄2 ∂ 2 n ∂ h̄2 ∂ 2 n
∂t (w.n + 4m ∂z 2 ) + ▽r (n.S) + e.E.vmoy
= ( ∂t (w.n + ))
4m ∂z 2 coll
Nous citons ici deux approches afin de traiter le transport quantique : la résolution cou-
plée de Boltzmann et Schrödinger, et la résolution de l’équation de Wigner. Nous avons
vu dans le chapitre 1 comment extraire la fonction d’onde suivant toutes les directions
de l’espace. A l’issue de la résolution de l’équation de Schrödinger dans le sens du confi-
nement, nous avons pu extraire les fonctions énergétiques dans le sens du transport. Ce
sont donc ces énergies que nous réinjectons dans les équations de transport.
44
2.3Approches Microscopiques
45
Chapitre 2: Modélisation du transport électronique : du classique au quantique...
nement puis couplée avec l’équation de Boltzmann dans le sens du transport. Toutefois,
nous avons vu précédemment que le couplage Schrödinger/Boltzmann permet d’inclure les
effets quantiques électrostatiques (répartition de la charge et quantification énergétique)
sans considérer véritablement le transport quantique. Pour cela, une résolution Monte
Carlo est faite de façon similaire à [Sai06] sauf que l’équation de transport résolue dans ce
cas est celle de Wigner [Que06]. Ci dessous, nous pouvons voir l’organigramme simplifié
d’un tel algorithme.
46
2.4Approche Matricielle
Figure 2.3: Arborescence des différents modèles issus de l’équation de Liouville - Von
Neumann
Ainsi, l’effet intrinsèque de chaque élément du dispositif est indépendant de l’effet d’un
élément sur l’autre. Ceci est la base pour la modélisation matricielle d’un nanocomposant
qui est constitué d’une zone active (S) connectée à deux électrodes (L et R) dont les
potentiels électrochimiques sont µL et µR . La différence entre ces potentiels est à l’origine
47
Chapitre 2: Modélisation du transport électronique : du classique au quantique...
Formalisme de Landauer
Landauer a été l’un des premiers à modéliser le transport dans des systèmes mésosco-
piques. Ainsi, chaque contact envoie un courant partiel dans la zone active. Une partie
de ce courant sera transmise à l’autre contact et l’autre sera réfléchie suivant la nature
diffusive du conducteur. Cette dernière caractéristique de la zone active est représentée
par un coefficient de transmission T [Bes04].
Les courants injectés dans la zone active peuvent s’exprimer par (pour une seule sous-
bande et par unité d’énergie)
e
IL+ = − f (E − µL ) (2.28)
h
e
IR− = f (E − µR ) (2.29)
h
où f est la fonction de distribution de Fermi.
eÚ
I=− T (E)[f (E − µL ) − f (E − µR )]dE (2.33)
h
L’équation 2.33 est la formule généralisée de Landauer. Il reste maintenant à appréhender
le coefficient de transmission à partir de la résolution de l’équation de Schrödinger du
système.
48
2.4Approche Matricielle
Les fonctions de Green sont donc un outil mathématique pour résoudre l’équation
différentielle de Schrödinger utilisant l’hamiltonien défini dans le chapitre 1. Elles sont
définies comme :
G(E) = [EI − H]−1 (2.34)
Cependant, H est une matrice infinie et l’inverser est une opération trop complexe numé-
riquement. Nous décidons alors de restreindre la fonction de Green uniquement à la zone
qui nous intéresse HS (zone active) :
où ΣL,R est la matrice Self-énergie représentant l’influence du contact L (R) sur la zone
active.
Sommant le courant passant par chaque contact, il est possible d’exprimer le courant
total traversant la zone active en fonction des paramètres définis dans le formalisme des
fonctions de Green [Bes04] [Dat02] :
eÚ
I=− T race[ΓL GΓR G+ ][f (E − µL ) − f (E − µR )]dE (2.36)
h
ΓL(R) = i[ΣL(R) − Σ+
L(R) ] (2.37)
Par analogie avec l’équation du courant issue du formalisme de Landauer (eq 2.33), nous
pouvons exprimer le coefficient de transmission comme étant :
49
Chapitre 2: Modélisation du transport électronique : du classique au quantique...
Modèle de charge
Les modèles de charge regroupent les modèles basés sur le concept de linéarisation de
la charge d’inversion. Cette nouvelle approche a été introduite pour la première fois en
1994 avec le modèle EKV [Enz06] développé à l’EPFL (Ecole P olytechnique F édérale de
Lausanne). Elle consiste à linéariser la charge Qinv par rapport au quasi-niveau de Fermi
50
2.5Approche compacte
dEF
IDS = −µ.W.Qinv (2.41)
dx
Bien que l’équation du courant soit valide dans tous les régimes de fonctionnement, des
approximations sont émises en amont dans le développement afin de décomposer les ré-
gimes d’inversion faible et d’inversion forte. Une fonction de lissage est donc également
nécessaire.
W Ú φs,drain
IDS = − µ.Qinv .dφs (2.42)
L φs,source
Toutefois, bien que très précis sur la description de l’électrostatique, le modèle en potentiel
de surface rend difficile le couplage avec le transport électronique (mobilité généralement
considérée comme constante).
51
Chapitre 2: Modélisation du transport électronique : du classique au quantique...
Graphique résumé
Ci-dessous, nous pouvons voir une synthèse de toutes les méthodes de modélisation
du transport électronique passés en revue dans ce rapport en fonction de leur précision
physique et de leur cout numérique :
Figure 2.6: Récapitulatif des différents modèles pour la simulation du transport électro-
nique en fonction de leur précision physique et de leur coût numérique.
52
Conclusion de la partie I
Dans cette partie, une vue d’ensemble de la simulation des nanocomposants est propo-
sée pour l’étude de la structure électronique des matériaux et pour le transport. La théorie
à N-corps est la base de l’étude des solides puisqu’elle regroupe toutes les caractéristiques
d’une particule progressant dans un environnement constitué par un réseau d’atomes
et d’autre particules de même nature. Cependant, la complexité du formalisme mathé-
matique rend impossible la résolution de l’équation de Schrödinger de façon brute. Des
approximations sont donc appliquées afin de simplifier le problème notamment avec l’ap-
proximation de Born-Oppenheimer et la considération d’un système mono-électronique.
Toutefois, l’étude d’une seule particule ne suppose pas qu’aucune interaction entre charges
ait lieu. Les différentes méthodes de résolution s’intéressent donc à cette problématique.
Les méthodes ab initio permettent la résolution d’un tel problème en utilisant les lois
physiques de base sans postulat additionnel. Cependant, leur investissement numérique
ne permet pas d’étudier des gros systèmes. L’intérêt des méthodes semi-empiriques est
donc de s’affranchir de cette limitation là puisqu’un hamiltonien modèle est utilisé avec des
paramètres ajustés à partir de données expérimentales ou ab initio. Bien que moins phy-
sique, elles permettent une bonne description de la structure de bandes. Une combinaison
de plusieurs approches est donc intéressante à exploiter pour allier précision physique et
temps de simulation. La configuration de la simulation du transport électronique pour les
nanocomposants est semblable puisque également assez vaste. Initialement focalisée sur
du transport dit "classique", le transport concernait uniquement les systèmes de grandes
dimensions. Ainsi, les deux modèles qui en sont issus, "dérive-diffusion" ou "Hydrodyna-
mique" (incluant les effets non-stationnaires par rapport au premier), ont été largement
utilisés ces dernières décennies. Par la suite, au regard de la réduction des dimensions,
il est nécessaire d’adresser le transport dit "quantique". Nous pouvons distinguer deux
types d’approches : une modélisation incluant juste les effets quantiques électrostatiques
(répulsion des porteurs de l’interface et quantification énergétique) et une modélisation
du véritable transport quantique (avec transport tunnel, interférences...). Dans le pre-
mier cas, le principe est de coupler les équations de transport classique avec l’équation
de Schrödinger. Ainsi, nous pouvons observer l’ajout d’un terme supplémentaire dans les
53
Chapitre 2: Modélisation du transport électronique : du classique au quantique...
Nous venons de voir que la modélisation du transport électronique est un sujet vaste
englobant une multitude d’approches. Chaque méthode dispose de ses propres caracté-
ristiques et de ses propres approximations. Chacun peut donc s’approprier telle ou telle
méthode en fonction de ses besoins et des applications qu’il vise. C’est dans ce contexte
là que ce travail s’établit puisque dans les parties suivantes un modèle compacte sera
proposé pour le transport électronique dans le nanofil de silicium. Cependant, de nom-
breuses autres approches seront employées ou développées afin d’étudier et d’inclure dans
le modèle les phénomènes physiques ultimes aussi bien pour l’électrostatique (partie II)
que pour le transport électronique (Partie III).
54
Deuxième partie
55
Dans le domaine de la microélectronique, le transistor MOSFET (Metal - Oxide - Se-
miconductor Field Effect Transistor) est actuellement le dispositif le plus répandu aussi
bien en terme de recherche et développement qu’en terme de production de composants à
base de semiconducteurs. L’évolution dans le temps de ses caractéristiques est extrême-
ment rapide au point que nous assistons à une mutation de son architecture. Le chan-
gement est tel que le nanofil semiconducteur est envisagé comme candidat potentiel pour
l’avenir du MOSFET.
Dans le premier chapitre de cette partie, nous présenterons tout d’abord le transistor MOS-
FET dans son fonctionnement le plus basique jusqu’aux problématiques qui se soulèvent
aujourd’hui. Nous expliquerons pourquoi l’intérêt qui lui est porté est toujours aussi impor-
tant et pour ainsi comprendre ce qui a poussé à envisager le nanofil comme solution pour
les futurs noeuds technologiques. Dans la deuxième partie, nous rentrerons plus en détails
dans les caractéristiques du nanofil de silicium en explicitant des notions plus fondamen-
tales telles que la structure de bande ainsi que le formalisme et les hypothèses utilisés dans
la suite de ce travail. Les différentes approches y seront exposées afin de poser le contexte
numérique de l’étude : des codes les plus poussés vers des approximations afin d’alléger le
temps de calcul. Enfin, la dernière partie se concentrera sur la modélisation analytique de
l’électrostatique du nanofil afin de retranscrire toute la physique observée avec des simu-
lations plus avancées. Un modèle de la tension de seuil du transistor MOSFET à nanofil
sera présenté incluant les phénomènes physiques ultimes.
57
58
Chapitre 3
Sommaire
3.1 Introduction au MOSFET . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.2 Évolution des noeuds technologiques : vers une miniaturisa-
tion agressive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.3 Des effets parasites de plus en plus présents . . . . . . . . . . 63
3.4 Émergence de nouvelles architectures . . . . . . . . . . . . . . 66
L’engouement que nous connaissons actuellement pour le transistor MOSFET (et no-
tamment celui à base de silicium) prend sa source au milieu du 19ème siècle en pleine
révolution industrielle. La découverte du silicium par J. Berzellius et sa cristallisation par
H. Sainte-Claire Deville marquent les prémisses de la microélectronique telle que nous la
côtoyons au quotidien. Cependant, il faut attendre, bien plus tard, les travaux de F. Bloch
sur la théorie cohérente de la conduction dans les solides, de N.F. Mott sur la jonction
métal-semiconducteur ou encore l’introduction du concept du MOSFET par J.E. Lilienfeld
pour se persuader que les semiconducteurs étaient l’avenir de l’électronique. La première
réalisation de transistor a eu lieu en 1947 avec l’apparition du transistor bipolaire issu des
travaux de J. Bardeen, W. Brattain et W. Schockley. Toutefois, le véritable démarrage
de l’industrie dans ce domaine commence avec le dépôt du concept de technologie CMOS
(Complementary Metal-Oxide-Semiconductor) en 1967 par F. Wanlass.
59
Chapitre 3: Le transistor MOSFET comme brique de base de la nanoélectronique
Nous pourrions nous demander pourquoi cette industrie a connu une telle évolution en
seulement quelques décennies. Ceci s’explique en partie par la matière première que nous
retrouvons en abondance sur terre. En effet, le silicium représente le deuxième élément
(après l’oxygène) de la croute terrestre. Cette abondance couplé au fonctionnement ba-
sique du transistor suscite un fort intérêt dans la perspective de nouveaux composants
électroniques capables de révolutionner notre quotidien.
60
3.2Évolution des noeuds technologiques : vers une miniaturisation agressive
61
Chapitre 3: Le transistor MOSFET comme brique de base de la nanoélectronique
monde du semiconducteur se réunissent tous les deux ans afin de définir l’ITRS (Inter-
national Technological Roadmap for Semiconductors) [ITR05]. Il s’agit d’une feuille de
route stratégique qui définit, pour les quinze prochaines années, les objectifs à atteindre
afin de conserver un développement exponentiel.
Les spécifications à atteindre sont classées sous forme de noeuds technologiques. Ils dé-
finissent la taille caractéristique d’une génération de composants, souvent donnée par la
demi distance minimale entre deux lignes d’interconnexion. La réduction des dimensions
géométriques permet non seulement d’augmenter l’intégration des transistors (augmenta-
tion du nombre de transistors par puce) mais également d’augmenter les performances.
Ainsi, à chaque noeud technologique, l’ensemble des paramètres (géométrie, polarisa-
tions...) ainsi que les performances à obtenir sont redéfinis (cf. figure 3.3). Dans les années
70, une règle d’échelle a été introduite par Dennard [Den74] qui consistait à appliquer le
même coefficient de réduction aussi bien aux dimensions qu’aux polarisations. Ce prin-
cipe permettait de passer d’une génération à l’autre en conservant un champ électrique
constant. Toutefois, dans les faits, la réduction des transistors doit prendre en compte
l’application pour laquelle ils se destinent. En effet, idéalement, un transistor doit avoir
un courant de fonctionnement (ION ) fort avec un courant de fuite nul (Iof f défini à
VG = 0V ). En pratique, ce n’est pas le cas et un compromis doit être trouvé entre les
deux critères. C’est pourquoi nous avons vu apparaître dans les recommandations de
l’ITRS deux familles distinctes : Hautes Performances (HP ou High Performances) et
Basses Consommations (LP ou Low Power).
62
3.3Des effets parasites de plus en plus présents
Figure 3.3: Évolution des noeuds technologiques selon les spécifications ITRS 2005 pour
application HP en architecture "bulk" (silicium massif).
Les effets de canaux courts, dits SCE (Short-Channel Effect), constituent l’un des
effets parasites les plus prédominants lorsque l’on réduit la longueur de grille. Nous avons
vu précédemment que le contrôle électrostatique du canal est effectué par l’électrode de
grille. Les barrières de potentiel au niveau des jonctions source et drain sont modulées
par la grille. Ces mêmes jonctions n’ont donc aucun effet sur le contrôle électrostatique
de la zone active dans le cas d’un canal long. En effet, du fait du dopage opposé entre
le canal et les régions d’accès, des zones de désertion se forment au niveau des jonctions
mais affectent peu la hauteur de barrière énergétique du canal. Cependant, la réduction
de la longueur de grille va engendrer le chevauchement de ces deux zones (coté source et
drain) ce qui va perturber fortement l’électrostatique et ainsi affaiblir considérablement
le contrôle de la grille sur la zone active. Comme illustré figure 3.4, la principale cause de
cet effet est l’abaissement de la barrière énergétique. Ceci a pour conséquence de réduire
la tension de seuil du transistor et de dégrader fortement la pente sous le seuil de la
caractéristique en courant. Dit simplement, le passage entre l’état bloqué et l’état passant
du transistor se fait de manière moins abrupte ce qui va à l’encontre des efforts apportés
au développement du MOSFET. Concrètement, bien que le courant de fonctionnement
soit augmenté du fait d’un canal plus court, les performance à l’état Of f (courant de
63
Chapitre 3: Le transistor MOSFET comme brique de base de la nanoélectronique
Figure 3.4: (a) Schéma de l’évolution de la barrière énergétique dans le canal en fonction
de la longueur de grille ; (b) Impact des effets canaux courts sur la caractéristique en
courant ID (VG ) du transistor
Cet effet est purement électrostatique et a des conséquences néfastes sur les perfor-
mances du transistor. C’est pour cela que la réduction de la longueur de grille s’accom-
pagne d’une diminution de l’épaisseur de l’isolant entre le canal et le métal de grille afin
d’améliorer le contrôle électrostatique de la grille sur le canal. Cependant, ceci a deux
conséquences principales que nous allons détailler.
64
3.3Des effets parasites de plus en plus présents
Figure 3.5: Nouvelle architecture de l’oxyde de grille afin d’éviter un courant de fuite
par effet tunnel : couche interfaciale + high-κ
65
Chapitre 3: Le transistor MOSFET comme brique de base de la nanoélectronique
niveau énergétique comme nous l’avons vu dans le chapitre 1 avec le couplage Poisson-
Schrödinger. Le résultat d’un tel confinement est que le maximum de la concentration
de porteurs dans le canal ne se situe plus à l’interface mais quelques angströms plus loin
définissant une "zone noire" (ou "dark space"). Cet écartement des porteurs diminue le
poids de la grille dans le fonctionnement du transistor en diminuant l’effet capacitif. Cette
nouvelle répartition engendre une réduction de la charge impliquée dans le transport et
donc une diminution du courant de fonctionnement comparé à un dispositif moins avancé
avec un oxyde plus épais et un champ électrique plus faible.
Afin d’optimiser le contrôle électrostatique du canal, une solution envisagée est l’uti-
lisation de substrat de type SOI (Silicon On Insulator). Ce transistor reste planaire
mais introduit un oxyde enterré, appelé BOX (Burried Oxide), entre la zone active et
le substrat. En fonctionnement et au regard de la position de l’oxyde, la zone active
sera partiellement (PDSOI P artially Depleted SOI) ou complètement déplétée (FDSOI
F ully Depleted SOI). Ce dernier suscite particulièrement un intérêt car les lignes de
champs générées par les polarisations sont impactées par la structure. Ainsi, le BOX
évite l’étalement des lignes de champs dans le substrat et les limite à la zone active. Le
66
3.4Émergence de nouvelles architectures
contrôle par la grille en est considérablement amélioré. De plus, des études plus pous-
sées ont été faites afin d’optimiser ces capacités comme l’amincissement de l’épaisseur de
BOX [Fay95] [Fen04] ou la polarisation du substrat [Web08].
Enfin, les transistors à grille totalement enrobante ou encore GAA (Gate All Around)
représentent la solution ultime pour s’affranchir des effets de canaux courts des technolo-
gies suivantes. De section carrée ou circulaire, le film de silicium est totalement entouré
par la grille ce qui optimise la stabilité de l’électrostatique de la zone active. Contrai-
rement à la figure 3.3 qui présente les spécifications de l’ITRS de 2005 ne considérant
que l’architecture transistor massif, le dernier rapport de 2011 [ITR11] introduit les ar-
chitectures alternatives dans les projections des performances. Le nanofil comme canal
de conduction du MOSFET est envisagé pour les noeuds technologiques sub-20nm et
devient indispensable pour les noeuds sub-11nm. Un très forte intégration géométrique
peut donc être envisagée. Cependant, outre les problèmes technologiques que cela suscite,
une compréhension physique plus poussée devient nécessaire puisque les dimensions vi-
sées impliquent l’émergence de phénomènes jusqu’alors négligés. Dans le chapitre suivant,
nous allons décrire plus précisément la structure électronique du nanofil de silicium et les
approximations qui sont faites pour la suite de ce travail.
67
Chapitre 3: Le transistor MOSFET comme brique de base de la nanoélectronique
Figure 3.7: Evolution des architectures alternatives au transistor massif par rapport
au nombre de grilles. Représentation schématique et image TEM ; de gauche à droite :
FDSOI [Fen09], Double-Grille [Vin09], FinFET [Dup08], nanofil [Ern08].
68
Chapitre 4
Sommaire
4.1 Formalisme et approximations pour le nanofil cylindrique . . 70
4.1.1 Modèle de liaisons fortes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
4.1.2 Description du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
4.1.3 Approximation de la masse effective . . . . . . . . . . . . . . . 73
4.1.4 Approximation d’un système isotropique . . . . . . . . . . . . . 75
4.1.5 Validation des hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
4.2 Impact de la miniaturisation du transistor sur la structure
électronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
69
Chapitre 4: Structure électronique du nanofil de silicium
des transistors, qui vont se répercuter à la fois sur les caractéristiques électrostatiques du
dispositif mais aussi sur les propriétés du transport électronique.
70
4.1Formalisme et approximations pour le nanofil cylindrique
Le silicium utilisé pour des applications de microélectronique est cristallin. Les atomes
de silicium sont disposés dans un réseau périodique avec une maille élémentaire de type
tétrahédrique dont le paramètre de maille a0 vaut 0.543nm. Cependant, les caractéristiques
de transport du cristal dépendent (entre autre) de la longueur de la maille élémentaire
suivant son axe de conduction et peuvent changer suivant l’orientation cristallographique :
– L = a0 pour les nanofils orientés suivant la direction <001>,
√
– L = a0 / 2 pour les nanofils orientés suivant la direction <110>,
√
– L = a0 3 pour les nanofils orientés suivant la direction <111>.
Dans la suite de ce travail, nous avons fixé l’orientation des nanofils suivant l’axe
<100>. La figure 4.1 montre la structure atomistique du nanofil simulé avec le code
TB_Sim. Les atomes d’hydrogène entourent totalement le film de silicium afin de passiver
la surface et ainsi éviter les liaisons pendantes en surface qui créent des états dans la bande
interdite [Lee04].
71
Chapitre 4: Structure électronique du nanofil de silicium
Une fois le modèle choisi et la structure fixée, nous disposons de tous les éléments pour
extraire la relation de dispersion En (k) du réseau cristallin 1D du nanofil dans la première
zone de Brillouin par diagonalisation du hamilonien H(k) d’une maille élémentaire du
nanofil. Comme la structure de bandes est symétrique par rapport au point k = 0, nous ne
représenterons que les points k positifs. La figure 4.2 montre la structure de bandes extraite
avec le modèle sp3 pour un nanofil de section circulaire de diamètre 10nm. Nous retrouvons
quasiment les caractéristiques du silicium massif. C’est-à-dire que nous retrouvons les
projections des 6 minima du silicium massif : 4 en k = 0 et 2 en k = 0.17 pour les bandes
de conductions le long des six directions équivalentes et un maximum dégénéré en k = 0
pour les bandes de valence. Dans la suite, nous nous pencherons sur les caractéristiques
des électrons. Plus d’informations sur la bande de valence peuvent être trouvées dans le
manuscrit de thèse de K. Huet [Hue08].
Figure 4.2: Structure de bandes d’un nanofil de silicium orienté suivant la direction
<001> avec une section circulaire de 10nm.
72
4.1Formalisme et approximations pour le nanofil cylindrique
Figure 4.3: Définition des masses longitudinales et transverses pour les six vallées de
confinement du silicium orienté <100>.
73
Chapitre 4: Structure électronique du nanofil de silicium
Figure 4.4: Module au carré de la fonction d’onde des seize premiers niveaux quantifiés
d’une vallée longitudinale pour un nanofil orienté <001> de diamètre 10nm. A chaque
niveau est associée la différence d’énergie vis-à-vis du premier niveau.
Figure 4.5: Module au carré de la fonction d’onde des seize premiers niveaux quantifiés
d’une vallée transverse pour un nanofil orienté <001> de diamètre 10nm. A chaque niveau
est associée la variation d’énergie vis-à-vis du bas de bande de chaque vallée. Les fonctions
d’onde d’une vallée transverse orthogonale sont identiques mais pivotées de 90 degrés.
74
4.1Formalisme et approximations pour le nanofil cylindrique
Étant donné que nous considérons un nanofil à section circulaire, nous avons décidé de
nous placer dans un repère cylindrique. Dans ce cas là, les masses suivant les deux axes
de confinement (x et y) sont égales. Le Hamiltonien à résoudre est donc celui exposé dans
le chapitre 1 avec un potentiel radial à symétrie cylindrique V (þr) :
h̄△
H= + V (þr) (4.2)
2m∗
Dans le cas d’un nanofil de longueur L ayant un potentiel constant à symétrie cylindrique,
la fonction d’onde de la j ième sous-bande de la vallée α s’écrit alors comme le produit
d’une onde plane, d’une fonction angulaire et d’une fonction radiale, appelée "fonction
enveloppe".
1
ψαj,k (r, φ, z) = √ .ϕαj (r).eilαj φ .eikz (4.3)
Lc
où r, φ, z sont les coordonnées cylindriques et lαj est le nombre quantique angulaire.
L’hypothèse d’un système isotropique dans le plan de confinement consiste donc à né-
gliger la partie angulaire de la fonction d’onde. L’extraction de la fonction d’onde se
traduit donc par la résolution de l’équation de Schrödinger cylindrique (eq 4.4) que doit
vérifier ϕαj (r). Le problème numérique est nettement simplifié puisque nous passons d’une
résolution 2D à une résolution 1D le long du rayon du nanofil. Le temps de calcul y est
donc fortement réduit ce qui nous permettra d’envisager des structures plus grandes afin
de tendre vers les dimensions réelles des dispositifs expérimentaux.
C A B D
−h̄2 d r d h̄2 lαj
. . + 2 α + V (r) .ϕαj (r) = Eαj .ϕαj (r) (4.4)
2r dr mαc dr 2r mc
L’énergie totale de la sous-bande (α,j) est donc E(k) = Eαj +Ez (k) où la non-parabolicité
est incluse le long du transport à travers le paramètre βn = 0.5eV −1 :
h̄2 .k 2
Ez .(1 + βn .Ez ) = (4.5)
2mαz
75
Chapitre 4: Structure électronique du nanofil de silicium
1 Ø
V (r, φ, z) = Vlq (r).eilφ .eiqz (4.6)
2πLc l,q
et
1 Ø
ρ(r, φ, z) = ρlq (r).eilφ .eiqz (4.7)
2πLc l,q
où l est un entier et q est un multiple de 2π/L. Sous cette forme, l’équation de Poisson
devient : A B
d2 1 d 2 l2 ρlq (r)
+ − q − Vlq (r) = − (4.8)
dr2 r dr r2 ε(r)
Toutefois, l’approximation de l’isotropie sur la résolution de l’équation de Schrödinger
engendre une densité de charge cylindriquement symétrique et constante le long de l’axe
de transport z. Ceci implique que la transformée de Fourier appliquée au potentiel se
réduit à l = 0 et q = 0. La partie radiale correspondante de l’équation de Poisson est
résolue pour mettre à jour le potentiel et ainsi le réinjecter dans l’équation de Schrödinger.
76
4.1Formalisme et approximations pour le nanofil cylindrique
fois et une transverse dégénérée quatre fois. La figure 4.7 indique la masse de transport
et de confinement pour chaque vallée. La masse de confinement de la vallée transverse est
approximée à une masse cylindrique afin de préserver la symétrie dans les calculs.
Figure 4.7: Définition des masses longitudinales et transverses pour les six vallées du
silicium orienté <100> dans l’approximation d’un système isotropique.
La figure 4.8 montre la fonction d’onde au carré issue du code CYLMOS pour les cinq
premières sous-bandes de la vallée transverse d’un nanofil de de 10nm de diamètre et pour
deux polarisations de grille différentes (sous et sur le seuil).
Figure 4.8: Module au carré de la fonction d’onde issue du code CYLMOS pour les cinq
premières sous-bandes de la vallée transverse ; Deux polarisations de grille : sous (gauche)
et sur le seuil (droite)
77
Chapitre 4: Structure électronique du nanofil de silicium
78
4.2Impact de la miniaturisation du transistor sur la structure électronique
nanomètres pour l’épaisseur de film de silicium. A ces dimensions-là, les effets perturba-
tifs que nous avons décrit précédemment (comme les SCE ou le confinement quantique)
sont extrêmement présents. En effet, quelques nanomètres de silicium correspondent à
quelques couches atomiques ce qui modifie fortement la structure électronique comparé à
un matériau massif. De plus, l’architecture particulière du nanofil avec une grille circulaire
totalement enrobante confère un confinement à deux dimensions qui accentue cet effet.
La figure 4.10 montre la structure de bande issue du code TB_Sim avec le modèle sp3
pour des nanofils circulaires orientés suivant la direction <100> de diamètre 2 et 10nm.
Nous pouvons voir qu’à 10nm de diamètre (structure proche du matériau massif), les
sous-bandes de chaque vallée sont relativement resserrées ce qui tend vers l’approche clas-
sique d’un continuum en énergie pour l’accumulation des porteurs. Cependant, à 2nm, ce
n’est plus le cas, les bandes sont beaucoup plus espacées. Nous voyons clairement que le
confinement et la quantification des porteurs y sont accentués. De plus, la forme même
des bandes est différentes. La bande interdite du silicium (différence entre le maximum de
la bande de valence et le minimum de la bande de conduction) augmente ce qui accroit
le comportement isolant du semiconducteur. Enfin, les masses effectives calibrées sur la
courbure des bandes sont modifiées en réduisant l’épaisseur de film. De nombreux papiers
théoriques se sont penchés sur ces effets [Neo08] [Niq00] [Niq06] [Sar08] [Neh06]. Dans la
79
Chapitre 4: Structure électronique du nanofil de silicium
80
Chapitre 5
Modélisation analytique de
l’électrostatique des MOSFETs à
base de nanofil
Sommaire
5.1 État de l’art sur les principaux modèles compacts pour le
transistor MOSFET à nanofil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
5.1.1 Approche par résolution exacte de l’équation de Poisson . . . . 82
5.1.2 Approche par hypothèse d’un potentiel parabolique . . . . . . 83
5.2 Modélisation analytique de l’électrostatique basée sur l’hy-
pothèse d’un potentiel parabolique . . . . . . . . . . . . . . . . 84
5.2.1 Détermination du potentiel parabolique . . . . . . . . . . . . . 84
5.2.2 Définition de la tension de seuil classique canal long . . . . . . 85
5.2.3 Modélisation du confinement de mécanique quantique . . . . . 86
5.2.4 Modélisation des effets de structure de bandes . . . . . . . . . 88
5.2.5 Modélisation des effets canaux courts . . . . . . . . . . . . . . 90
Dans le chapitre précédent, nous avons fait le bilan des propriétés électroniques du
nanofil de silicium et ainsi décrit les différentes approches numériques que nous avons uti-
lisées. Cette étape est indispensable pour la compréhension physique de notre dispositif.
Ainsi une prédiction de l’évolution de ces propriétés peut être envisagée et construite.
Toutefois, la microélectronique a pour but de fournir des circuits tels que les micropro-
cesseurs contenant des milliards de transistors. Toujours dans l’optique d’augmentation
81
Chapitre 5: Modélisation analytique de l’électrostatique des MOSFETs à base de nanofil
des performances, ces circuits doivent être scrupuleusement analysés et optimisés par les
concepteurs. Cependant, il n’est pas envisageable d’utiliser des codes numériques comme
ceux présentés ci-dessus. Bien que très physiques, ils ont un temps de calculs incompatible
avec des simulations à l’échelle multi-transistor. Sur le plan économique, il n’est égale-
ment pas envisageable de fabriquer physiquement des microprocesseurs sans cette étape
préalable de validation par la simulation. C’est pourquoi des modèles dits compacts, in-
troduits dans le chapitre 2, sont nécessaires pour évaluer les grandeurs électriques mises
en jeu dans le circuit.
Dans ce chapitre, après avoir passé en revue les différentes approches de modélisation com-
pacte que nous retrouvons dans la littérature, nous adapterons au nanofil la modélisation
de la tension de seuil incluant le confinement quantique initiée par Harrisonet al [Har05]
et T rivedi et al [Tri05].
d2 V 1 dV e eV
+ . = (N A + n i .e kT ) (5.1)
dr2 r dr εsi
Cependant, cette expression n’est pas une expression purement analytique puisque le pa-
ramètre βp est indéterminé car dépendant de la structure même du composant. A partir de
là, différentes approches sont utilisées dans la littérature. Dans le chapitre 2, nous avons
82
5.1État de l’art sur les principaux modèles compacts pour le transistor MOSFET à nanofil
brièvement introduit les différents types de modèles compact. Ici, nous allons reprendre
ceci mais appliqué aux nanofils.
Comme nous l’avons déjà dit, l’approche en tension de seuil permet de séparer de façon
bien distincte le courant en fonction de son régime de fonctionnement : sous le seuil et au
dessus du seuil. Sachant que le courant de drain a une composante liée à la diffusion et
une autre liée à la conduction, cette approche simplifie le problème en considérant que le
mécanisme de transport est essentiellement diffusif sous le seuil et de conduction au dessus
du seuil. Le modèle conventionnel utilisant cette approche est BSIM [BSI09] développé
par l’université de Berkeley. Dans le cas du nanofil, le modèle de Chiang et al [Chi04] uti-
lise ce raisonnement puisque la résolution de l’équation de Poisson conduit à l’apparition
d’un terme B qui varie suivant la position et les régimes de fonctionnement. Il en est de
même pour le modèle de Jiménez et al [Jim04] qui s’applique aux nanofils peu ou faible-
ment dopés. Le principal inconvénient de cette approche est qu’une fonction de raccord
est nécessaire pour rendre continu le courant sur tous les régimes. Ensuite, des modèles
de charge tel que le modèle EKV [Enz06] ont également été transposés aux nanofils. Nous
comptons notamment sur les modèles de Liu et al et Iniguez et al utilisant cette ap-
proche. Enfin, le modèle en potentiel de surface consiste en une méthode mathématique
d’approximation qui sort un potentiel valide dans tous les régimes de fonctionnement avec
une précision de l’ordre du nanovolt. Les modèles SP et PSP basés sur cette approche
sont les références actuelles en modélisation compacte [Gil04] [Gil06]. Ce modèle a été
appliqué aux nanofilx par Y u et al [Yu07a] [Yu07b]. Toutefois, bien que très précis sur la
description de l’électrostatique, le modèle en potentiel de surface rend difficile le couplage
avec le transport électronique (mobilité généralement considérée comme constante).
Pour le nanofil de silicium qui dispose d’une grille totalement enrobante et dans le
cas d’un film de silicium relativement fin, le potentiel ne peut atteindre un plateau. Les
courbures de bande générées par la grille d’un coté et de l’autre du nanofil se recouvrent
et le potentiel prend ainsi la forme proche d’une parabole [Aut05]. Il s’agit de l’approche
que nous avons choisi de développer dans la suite basée sur un modèle en tension de seuil.
Ainsi, toute la physique décrite précédemment pourra plus facilement être implémentée
dans le modèle comparé à une approche en potentiel de surface.
83
Chapitre 5: Modélisation analytique de l’électrostatique des MOSFETs à base de nanofil
A l’instar des travaux de M artinie et al [Mar09] sur le transistor double grille, l’objectif
de cette partie est de modéliser toute l’électrostatique du nanofil à section circulaire en
se basant sur l’hypothèse d’un potentiel électrostatique de forme parabolique.
Ayant un système totalement symétrique et isotrope, nous pouvons dire que les potentiels
en r = D2 et en r = − D2 sont égaux. Donc nous pouvons écrire :
D D
V( ) = V (− ) (5.4)
2 2
D D2 D D2
⇒ A + B. + C. = A − B. + C. (5.5)
2 4 2 4
D’où :
B=0 (5.6)
D2
+ C.r2
V (r) = V s − C. (5.9)
4
Afin d’avoir une expression analytique complète du potentiel électrostatique, il nous faut
alors déterminer l’expression de la constante parabolique C.
84
5.2Modélisation analytique de l’électrostatique basée sur l’hypothèse d’un potentiel parabolique
Détermination de C
Pour cela, nous allons utiliser l’équation de Poisson (cf eq 5.1). Dans notre cas, nous
avons :
dV d2 V
= 2C.r ⇒ = 2C (5.10)
dr dr2
Ainsi, nous allons intégrer cette équation sur toute la surface transverse du nanofil entre
0 et D2 .
Ú
2π.e.NA Ú 2
D D
2 Qinv,2D
4C.2π.r.dr = r.dr + (5.11)
0 εsi 0 εsi
s tsi
eV
où Qinv,2D = 0
2
2π.e.ni .e kT .r.dr est la charge d’inversion sur la surface (en m−1 ).
D2 e.NA D2 Qinv,2D
⇒ 8π.C. = 2π . + (5.12)
8 εsi 8 εsi
e.NA Qinv,2D
C= + (5.13)
4εsi π.εsi .D2
85
Chapitre 5: Modélisation analytique de l’électrostatique des MOSFETs à base de nanofil
εsi
VGS − VF B = .ζs + Vs + φF (5.14)
Cox
dV
ζs = − | D = −C.D (5.15)
dr r= 2
L’expression finale de la tension de seuil classique canal long est alors définie comme
étant la polarisation de grille lorsque le critère de seuil est atteint. Comme nous l’avons dit
dans le chapitre 3, la tension de seuil est définie comme étant le moment où la concentra-
tion de porteurs minoritaires dépasse celle des dopants. Nous avons donc choisi d’imposer
un critère de seuil sur la charge totale. Autour du seuil, la charge linéïque (intégrée sur le
rayon par analogie au dispositif planaire) est égale à Qinv,1D = kte Cox où Cox [Mun05] est
la capacité d’oxyde exprimée par :
εox
Cox = D (5.16)
2
ln(2 tD
ox
+ 1)
Dans notre cas, nous avons un système 2D (suivant r et suivant l’angle θ), donc la charge
totale d’inversion vaut Qinv,2D = Qinv,1D .2π. D2 .
e.NA kT Cox
Cth = + . (5.17)
4εsi e εsi .D
Finalement, l’expression qui définit notre tension de seuil pour un transistor MOSFET
à nanofil canal long est donnée ci-dessous. Il ne reste plus qu’à déterminer le potentiel
de surface au seuil Vs,th . Nous allons par la suite utiliser ce paramètre pour inclure les
phénomènes physiques décrits ci-dessus comme le confinement quantique ou les effets de
structure de bandes.
εsi
Vth = VF B − .D.Cth + Vs,th + φF (5.18)
Cox
Afin de prendre en compte le confinement des porteurs dans l’ensemble des vallées α et
des sous-bandes j de la structure de bandes, l’expression de la charge quantique intégrée
86
5.2Modélisation analytique de l’électrostatique basée sur l’hypothèse d’un potentiel parabolique
avec Ú +∞
n(Eαj ) = 2 ρ1D (E, Eαj ).f (E).dE (5.20)
Eαj
Dans la condition d’un film non-dégénéré (valide au seuil), la distribution de Fermi peut
être approximée par une simple exponentielle (correspondant à la distribution de Boltz-
mann) [Aut04].
e.ψs
Qinv,1D ≈ Q∗ .e− kT (5.22)
avec ó ó
ØØ 2 2.mαz kT √ − e .(Eαj + Eg )
Q∗ = e ( . 2 ). . π.e kT 2 (5.23)
α j π h̄ e
(2.ς.h̄.j)2 1 1
E1(2)j = 2
.( ∗ + ∗ ) (5.24)
4.e.tsi mt ml
(2.ς.h̄.j)2 1
E3j = .( ∗ ) (5.25)
2.e.t2si mt
où ς est un paramètre numérique valant 2,405. Notons que nous retrouvons bien la masse
cylindrique définie dans le chapitre 4 pour les vallées transverses.
La figure 5.2 montre la variation du premier niveau énergétique par rapport au bas de la
bande de conduction en fonction du diamètre du nanofil pour les vallées longitudinale et
transverse. Les masses effectives utilisées dans ce cas sont les valeurs du silicium massif.
Le résultat analytique a été confronté aux deux codes numériques utilisant également la
même approche : Poisson-Schrödinger 2D (TB_Sim EMA) et Poisson 2D-Schrödinger 1D
en masse isotrope (CYLMOS). Étant donné que nous cherchons les niveaux quantifiés liés
à la structure, les simulations ont été faites pour une polarisation de grille nulle.
87
Chapitre 5: Modélisation analytique de l’électrostatique des MOSFETs à base de nanofil
Figure 5.2: Variation du premier niveau quantifié par rapport au bas de la bande de
conduction pour les vallées longitudinale et transverse ; Comparaison avec les codes nu-
mériques CYLMOS et TB_Sim EMA.
kT Qinv,th
Vs,th = .ln( ) (5.26)
e Q∗
que nous réinjectons dans l’équation 5.18 pour obtenir la tension de seuil quantique.
K1,g
Eg = Eg,bulk + (5.27)
D2 + K2,g .D + K3,g
K1,t(l)
mt(l) = mt(l),bulk + (5.28)
D2 + K2,t(l) .D + K3,t(l)
où les constantes K sont des paramètres de calibrage dont les valeurs sont répertoriées
dans le tableau ci-dessous.
88
5.2Modélisation analytique de l’électrostatique basée sur l’hypothèse d’un potentiel parabolique
Eg mt ml
K1 5.148 1.784 0.975
K2 1.748 2.483 3.9.10−6
K3 10−6 0.957 310−6
Figure 5.3: Variation de la bande interdite du silicium et des masses effectives relatives
longitudinale et transverse en fonction du diamètre du nanofil ; Comparaison avec des
résultats numériques issus de TB_Sim [Sar08].
La figure 5.4 montre l’augmentation de la tension de seuil due aux effets de confinement
quantique avec (considérant les équations 5.27 et 5.28) et sans (utilisant les valeurs du
silicium massif) effets de structure de bandes. Le modèle analytique est comparé aux
simulations numériques mais également à des données expérimentales. Dans le papier de
Suket al [Suk07], des nanofils "jumeaux" GAA circulaires ont été obtenus jusqu’à des
diamètres d’environ 3nm.
Nous pouvons remarquer que les effets de structure de bandes limitent de façon non
négligeable l’impact du confinement quantique sur la tension de seuil. Ceci est cohérent
avec les équations 5.24 et 5.25. En augmentant les masses effectives, les niveaux quantifiés
sont abaissés et donc le remplissage des sous-bandes est facilité. La tension de seuil du
transistor diminue donc. La figure 5.4 met l’accent sur le fait que l’approximation de la
masse effective est toujours valide pour des diamètres faibles mais les valeurs des masses
doivent être modulées.
89
Chapitre 5: Modélisation analytique de l’électrostatique des MOSFETs à base de nanofil
Figure 5.4: Différence entre la tension de seuil quantique (Vth,q ) et la tension de seuil
classique (Vth,cl ) avec et sans effet de structure de bandes en fonction du diamètre du
nanofil pour un transistor à canal long) ; Comparaison avec des résultats numériques issus
de TB_Sim [Sar08] et des données expérimentales [Suk07].
Pour obtenir une modélisation analytique des effets de canal court, il est nécessaire
d’avoir une description explicite du potentiel de surface et notamment sa variation suivant
la direction du transport (axe z). D’un point de vue électrostatique, le contrôle du courant
est déterminé par le maximum de la barrière énergétique qui correspond au minimum du
potentiel de surface. L’objectif de cette partie est d’exprimer analytiquement ce potentiel
de surface afin d’inclure les effets perturbatifs SCE et DIBL. L’approche développée ici
suit les grandes lignes de la méthodologie proposée par Suzuki et al [Suz96] et revue par
Autran et al [Aut04]. En appliquant la loi de Gauss sur une tranche du nanofil, l’équation
suivante est obtenue :
D2 D2 D e.NA .D
− ζ(z)π. + ζ(z + dz)π. − ζs (z)2π. dx = − .dz (5.29)
4 4 2 2εsi
dVs
ζ ≃ éηê (5.30)
dx
éηê est un paramètre qui inclut les effets de la variation du champ électrique latéral,
paramètre qui dépend du dopage, de l’épaisseur de film est de l’épaisseur d’oxyde [Ban95].
90
5.2Modélisation analytique de l’électrostatique basée sur l’hypothèse d’un potentiel parabolique
d2 Vs Cox 2 D
2
−4 .Vs = .[e.NA . − 2.Cox .(VG − VF B − φF )] (5.31)
dz éηê.εsi .D éηê.εsi .D 2
K3
Vs = K1 .eγz + K2 .e−γz − (5.32)
γ2
(1 − e+γLc ).(Vbi + K3
γ2
) + VDS
K2 = (5.34)
2.sh(γ.Lc )
2 D
K3 = .[e.NA . − 2.Cox .(VG − VF B − φF )] (5.35)
éηê.εsi .D 2
ó
4.Cox
γ= (5.36)
éηê.εsi .D
A B
kT NA .NSD
Vbi = .ln (5.37)
e n2i
Afin de trouver le potentiel minimum zmin , la dérivée première de l’équation est fixée à
zéro.
dVs 1 K2
=0 ⇐⇒ zmin = .ln(| |) (5.38)
dz 2.γ K1
L’expression analytique du potentiel de surface minimum est alors :
K3 ñ
Vs (x = xmin ) = − + 2. K1 .K2 (5.39)
γ2
Nous supposons que le transistor change d’état quand le potentiel au seuil est égal au po-
tentiel minimal que nous venons de décrire. En l’insérant dans l’équation 5.18, l’expression
générale de la tension de seuil devient :
εsi K3 ñ
Vth = VF B − .D.Cth + φF − 2 + 2. K1 .K2 (5.40)
Cox γ
Par analogie avec l’approche de Suzukiet al [Suz96], nous pouvons distinguer deux termes.
Le premier terme (indépendant de la longueur de canal) représente la tension de seuil pour
91
Chapitre 5: Modélisation analytique de l’électrostatique des MOSFETs à base de nanofil
εsi K3
Vth,long = VF B − .D.Cth + φF − 2 (5.41)
Cox γ
ñ
∆Vth = Vth − Vth,long = 2. K1 .K2 (5.42)
avec
H1 = sh2 (γ.Lc ) + 2.[1 − ch(γ.Lc )] (5.44)
La dégradation de la tension de seuil due aux effets de canal court est représentée
figure 5.5 pour des diamètres de nanofil de 2, 5 et 10nm. Les résultats ont été validés
sur des simulations numériques de type TCAD [SIL] pour une structure cylindrique en
utilisant une approche classique (modèle dérive-diffusion). La tension de seuil est extraite
à partir des caractéristiques courant-tension en utilisant la méthode du courant constant.
Ces résultats numériques nous ont servi à établir un modèle numérique pour le paramètre
éηê incluant la dépendance en longueur de canal, diamètre du nanofil et en polarisation
source-drain.
D
éηê = + VDS .[f1 .Lc + f2 .L2c ] (5.49)
D + f0
où f0 , f1 et f2 sont des paramètres calibrés sur les données numériques.
L’équation est valide pour une large gamme de diamètres (jusqu’à 2nm) et de longueur
de canal (jusqu’à une longueur égale au diamètre du nanofil). Le résultat montre un bon
accord entre le modèle analytique et les simulations numériques obtenues par TCAD. Au
92
5.2Modélisation analytique de l’électrostatique basée sur l’hypothèse d’un potentiel parabolique
vu des résultats, le nanofil paraît pertinent pour le contrôle électrostatique puisque les
effets de canal court apparaissent peu pour un ratio longueur de canal sur diamètre valant
deux. Si nous comparons aux autres architectures et pour un effet parasite équivalent, ce
même ratio est deux fois plus fort pour un transistor MOSFET de type double-grille ou
FDSOI optimisé [Col07].
Figure 5.5: Chute de tension de seuil liée aux effets de canal court en fonction de la
longueur de canal pour trois diamètres de nanofil différents (2, 5 et 10nm) et pour une
polarisation de drain faible (VDS = 50mV ) et forte VDS = 0.5V ; Comparaison avec des
résultats numériques TCAD [SIL].
De la même façon que Suzukiet al [Suz96], il est très simple d’obtenir une équation
explicite pour l’expression de la pente sous le seuil en appliquant la définition de S (cf
93
Chapitre 5: Modélisation analytique de l’électrostatique des MOSFETs à base de nanofil
figure 5.6) :
A B−1
kB T dVs
S= .ln(10). (5.50)
e dVG
A B−1
kB T [1 − ch(γLc )].[2.φs + VDS + K3 /γ 2 ]
⇒S= .ln(10). 1 + √ (5.51)
e 2.sh(γ.Lc )2 . K1 .K2 )
Figure 5.6: Evolution de la pente sous le seuil en fonction de la longueur de canal pour
un nanofil de 5nm de diamètre et pour différentes polarisations de drain.
Impact des effets de confinement quantique sur les effets de canal court
Contrairement aux modèles standards qui traitent des effets de canal court [Ban95]
[Suz96], ce modèle a la possibilité d’inclure les effets de confinement quantique. En effet,
dans l’équation 5.47, le terme de tension de seuil canal long intervient et va impacter la
chute de tension de seuil. Jusqu’ici la tension de seuil classique a été utilisée mais les effets
de confinement quantiques et les effets de structure de bandes peuvent y être insérés.
La figure 5.7 montre l’impact du confinement et de la basse dimensionalité sur le SCE. La
courbe trace la chute de tension de seuil pour une longueur de canal égale au diamètre du
nanofil pour les trois approches : classique, quantique et quantique avec effet de structure
de bandes. Les données quantiques avec effets de structure de bandes ont été validées avec
le code CYLMOS (Poisson-Schrödinger couplé avec les équations de continuité afin d’ob-
tenir le courant). Nous pouvons noter que les effets de confinement des porteurs tendent
à limiter le SCE puisque le contrôle énergétique des porteurs est amélioré avec la quanti-
fication. L’énergie étant plus importante que dans l’approche classique, les porteurs sont
94
5.2Modélisation analytique de l’électrostatique basée sur l’hypothèse d’un potentiel parabolique
plus stables face à d’éventuelles perturbations. De plus, les effets de structure de bandes
amplifient ce phénomène. Dans le modèle, le fait d’augmenter artificiellement la barrière
énergétique (ie. la bande interdite) améliore le contrôle électrostatique indispensable pour
s’affranchir des effets de canal court. Il est également important de noter que pour des
nanofils ultra-minces, la chute de tension de seuil se rapproche de zéro. Le confinement
est tel que les porteurs ne subissent quasiment plus la perturbation électrostatique des
jonctions source et drain.
Figure 5.7: Impact du confinement quantique et des effets de structure de bandes sur
le SCE. Chute de la tension de seuil liée aux effets de canal court en fonction du dia-
mètre pour une longueur de canal égale au diamètre ; Comparaison avec des simulations
numériques : TCAD pour le cas classique et CYLMOS pour le cas quantique avec BSE.
95
Chapitre 5: Modélisation analytique de l’électrostatique des MOSFETs à base de nanofil
96
Conclusion de la partie II
Dans cette partie, nous avons fait un point sur les caractéristiques électrostatiques
du transistor MOSFET à base de nanofil. Au regard du contexte et des enjeux écono-
miques de la microélectronique, l’architecture même des transistors évolue constamment
afin de suivre les recommandations de l’ITRS. Il en résulte que, pour permettre une forte
intégration en s’affranchissant des effets parasites, le contrôle électrostatique de la zone
active doit être amélioré ce qui se traduit par une augmentation du nombre de grilles du
transistor. Suivant cette logique, l’architecture nanofil avec grille totalement enrobante
apparaît comme la solution ultime pour les noeuds technologiques avancés.
Au regard des dimensions ciblées pour l’utilisation des nanofils (quelques nanomètres cor-
respondant à quelques dizaines de couches atomiques), il est important de bien connaître
la structure électronique du matériau et quelle sera son évolution lors de l’intégration
géométrique. Pour cela, nous avons tout d’abord fait une étude de la structure avec un
code de liaisons fortes sp3 (TB_Sim). Cependant, vu le temps de calcul et pour une ap-
plication microélectronique (effet d’une grille), ce code n’est pas adapté à des fils de plus
de 5 nm. Nous avons donc fait des approximations supplémentaires afin de simplifier le
problème numérique. L’approximation de la masse effective a été utilisée. De plus, nous
avons considéré un système isotrope (indépendance vis-à-vis de l’angle du nanofil en coor-
données cylindriques) afin de rendre 1D la résolution de l’équation de Schrödinger (le long
du rayon). Ceci est le coeur du code CYLMOS développé (Poisson 2D - Schrödinger 1D
en coordonnées cylindrique). Toutefois, afin de vérifier la pertinence de l’approximation
isotrope, des comparaisons avec un code Poisson-Schrödinger 2D en masse effective ont
été faites. L’enchainement des trois codes permet donc de simplifier le problème tout en
gardant une physique propre puisque les paramètres d’entrée importants pour l’approxi-
mation de la masse effective (énergie des sous-bandes et valeur des masses pour chaque
vallée) ont été extraits du modèle de liaisons fortes et notamment leur évolution lors de
l’amincissement du diamètre du nanofil de silicium.
Dans le dernier chapitre de cette partie, nous nous sommes penchés sur la modélisa-
97
Chapitre 5: Modélisation analytique de l’électrostatique des MOSFETs à base de nanofil
98
Troisième partie
99
Comme nous l’avons vu dans la partie 1, les approches utilisées pour l’étude du trans-
port électronique peuvent être très diverses : de l’approche macroscopique simple jusqu’à
l’étude de la trajectoire d’une particule. L’émergence de nouvelles méthodes est liée, comme
pour l’électrostatique, d’une part à la réduction importante des dimensions qui affecte le
transport et d’autre part au développement de nouvelles architectures comme exposé dans
la partie 2 pour les transistors MOSFETs. Du fait d’une épaisseur de film de quelques na-
nomètres et de la présence de plusieurs électrodes de grille, la mobilité des porteurs va être
impactée par rapport à celle du matériau massif. Dans le premier chapitre de cette partie
3, nous allons nous pencher sur la mobilité canal long du nanofil à grille totalement en-
robante incluant les principaux mécanismes limitant la mobilité : les phonons, la rugosité
de surface et l’interaction Coulombienne à distance due aux charges piégées dans l’empi-
lement d’oxydes de grille lors des étapes de fabrication. Un code basé sur la formule de
Kubo-Greenwood a été développé à cette occasion. Ainsi, une première étude peut être faite
de façon prédictive notamment en ce qui concerne la réduction du diamètre du fil. D’autres
paramètres ont également été regardés comme les paramètres technologiques (épaisseurs
de l’empilement de grille ou bien la permittivité) afin d’optimiser la mobilité. Ensuite,
dans le deuxième chapitre de cette partie, nous nous attarderons sur la modélisation com-
pacte du transport électronique du transistor MOSFET à base de nanofil cylindrique et
notamment sa prédictibilité quant à la réduction du diamètre et de la longueur de grille.
Pour l’impact du diamètre, l’étude numérique faite dans le premier chapitre de cette partie
nous permet de connaitre l’évolution de la mobilité via-à-vis de l’épaisseur du fil. Ceci va
directement être inclus à travers un modèle analytique de mobilité pour le nanofil. Pour
l’effet de la longueur de grille, généralement, une modélisation simple est précise à partir
du moment où la mobilité des porteurs est parfaitement connue et surtout constante vis-
à-vis des paramètres extérieurs. C’était jusqu’alors le cas pour des systèmes de grandes
dimensions. Dans le cas du silicium massif, nous estimons qu’un porteur va subir une
interaction tout les 10 nm. Le fait de grandes dimensions va moyenner ses interactions
et il est alors possible d’extraire un paramètre macroscopique (la mobilité) de façon as-
sez précise représentant des interactions locales. Cependant, aujourd’hui nous arrivons à
des longueurs de grille de l’ordre de quelques dizaines de nanomètres ce qui correspond
à quelques interactions pour le porteur. La probabilité qu’un porteur ne subisse aucune
interaction lors de son trajet est alors beaucoup plus importante. Par conséquent, de façon
globale, nous estimons qu’en réduisant la longueur de grille, le nombre d’interactions va
diminuer en moyenne sur l’ensemble des porteurs pour tendre vers un régime de trans-
port théorique sans interaction appelé transport balistique. Il est alors possible de définir
un régime transitoire où le nombre d’interactions n’est pas nul mais limité par rapport à
un régime diffusif, appelé quasi-balistique. Ce dernier point doit évidemment être inclus
101
et validé dans le modèle compact. Enfin, la dernière section illustrera l’intérêt du modèle
compact puisque nous présenterons le résultat de simulations de petits circuits à base de
nanofils implémentés dans un environnement ELDO.
102
Chapitre 6
Sommaire
6.1 Calcul numérique de la mobilité par approche Kubo-Greenwood104
6.1.1 Détermination du temps de relaxation des porteurs . . . . . . . 104
6.1.2 Expression de la mobilité multi sous-bandes . . . . . . . . . . . 107
6.2 Interaction "phonons" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
6.3 Interaction "rugosité de surface" . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
6.4 Interaction "Coulombienne à distance" . . . . . . . . . . . . . 115
6.4.1 Potentiel d’interaction Coulombien NON écranté . . . . . . . . 115
6.4.2 Potentiel d’interaction Coulombien écranté . . . . . . . . . . . 118
6.5 Comparaison et validation sur données expérimentales . . . . 120
6.6 Résultats et discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
6.6.1 Impact du diamètre du nanofil . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
6.6.2 Impact des paramètres technologiques . . . . . . . . . . . . . . 122
103
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
ment entre les études théoriques de mobilité et les données expérimentales. Dans cette
partie, nous allons nous intéresser aux principaux mécanismes d’interactions qui limitent
le transport dans le nanofil à grille enrobante : les phonons, la rugosité de surface qui est
importante dans l’architecture particulière du nanofil et enfin l’impact de charges piégées
dans l’oxyde lors de la fabrication des dispositifs (RCS pour Remote Coulomb Scattering).
L’interaction Coulombienne par les impuretés dans le canal n’est pas considérée car les
transistors à nanofil sont généralement non dopés et elle a donc peu d’effet sur la mobilité
totale [Zha10].
Le formalisme employé dans ce chapitre pour le calcul de la mobilité est celui basé sur
la formule de Kubo-Greenwood. Nous le détaillerons dans la section 1 puis nous nous
pencherons sur les probabilités d’interactions de chaque mécanisme considéré.
Le calcul de la mobilité peut se faire de manière très variée. En effet, comme nous
l’avons vu dans le chapitre 2, il est possible de relier directement le terme de collision
de l’équation de Boltzmann ou de Wigner avec les fréquences d’interaction qu’un porteur
subit lors de son déplacement. Une résolution déterministe (lourde numériquement) ou
une approche Monte-Carlo peuvent également nous donner une valeur de mobilité. Une
approche plus rapide peut être utilisée en calculant de façon directe la mobilité. Il s’agit
de l’approche Kubo-Greenwood. Cependant, cette approche ne peut être employée que
pour un canal long avec un champ faible [Kub57] [Gre58].
Nous décrivons le transport (suivant l’axe z) le long du fil par l’équation de Boltzmann :
Le terme de droite est totalement dédié à la description des collisions dans le matériau. Il
est donc indispensable de le décrire proprement en considérant certaines approximations
sans modifier sa réelle signification. De façon générale, nous pouvons développer ce terme
en fonction de Sk→k′ qui définit la probabilité de passage d’un état | n k ê vers un état |
104
6.1Calcul numérique de la mobilité par approche Kubo-Greenwood
n’ k’ ê.
∂f (z, k, t) Ø Ø
[ ]coll = − Sk→k′ .f (z, k, t).[1 − f (z, k ′ , t)] + Sk′ →k .f (z, k ′ , t).[1 − f (z, k, t)]
∂t k′ k′
(6.2)
A champ faible, afin d’isoler la partie perturbative de la fonction de distribution, il convient
de l’exprimer comme la somme d’une partie correspondant à son état d’équilibre f0 et
une partie liée à sa variation g.
∂f (z, k, t) Ø
[ ]coll = − [Sk→k′ .g(z, k, t).[1 − f0 (z, k ′ , t)] − Sk→k′ .g(z, k ′ , t).f0 (z, k, t)]
∂t k′
Ø
+ Sk′ →k .[g(z, k ′ , t).[1 − f0 (z, k, t)] − g(z, k, t).f0 (z, k ′ , t)] (6.4)
k′
où nous avons utilisé le principe de balance détaillée : à l’équilibre, nous savons que les
collisions de l’état | n k ê vers l’état | n k’ ê équivalent au mécanisme inverse (de l’état |
n k’ ê vers l’état | n k ê). Ceci nous donne la relation :
Sk→k′ .f0 (z, k, t).[1 − f0 (z, k ′ , t)] = Sk′ →k .f0 (z, k ′ , t).[1 − f0 (z, k, t)] (6.5)
En remplaçant le terme Sk′ →k dans l’équation 6.4, nous obtenons l’expression du terme
de collision suivante :
A B
∂f (z, k, t) Ø 1 − f0 (z, k ′ , t) f0 (z, k, t) 1 − f0 (z, k, t)
[ ]coll = − [Sk→k′ . .[g(z, k, t)−g(z, k ′ , t). . ]]
∂t k′
1 − f0 (z, k, t) f0 (z, k ′ , t) 1 − f0 (z, k ′ , t)
(6.6)
Il ne reste plus qu’à exprimer le terme de perturbation g. Pour cela, nous appliquons
l’approximation du temps de relaxation à l’équation de Boltzmann. Il est donc possible
d’exprimer le terme de collision en fonction du temps de relaxation des porteurs τ .
105
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
∂U ∂f (z, k, t)
g(z, k, t) = −e.τ (k).v(k). . (6.8)
∂z ∂E
Une des propriétés de dérivation de la fonction de distribution par rapport à l’énergie est :
∂f (z, k, t) 1
= .f0 (z, k, t)[1 − f0 (z, k, t)] (6.9)
∂E kB T
Dans la suite de ce travail, nous simplifierons d’avantage cette expression. En effet, dans
l’expression précédente, nous voyons que le temps de relaxation dépend de lui-même. Afin
d’éviter numériquement des boucles de cohérence, nous considérerons que le terme (1 −
τ (k ′ ).v(k ′ )
) (qui peut s’apparenter à un facteur angulaire) vaut 1 alors que théoriquement
τ (k).v(k)
il peut prendre les valeurs proches de 0 ou 2 en fonction du type d’interaction (transmission
ou rétrodiffusion). L’expression précédente se simplifie et devient :
1 Ø
= Sk→k′ (6.11)
τ (k) k′
A partir de là, il ne reste plus qu’à exprimer la règle d’or de Fermi pour chaque mécanisme
d’interaction pour déterminer la mobilité totale.
Afin de calculer la probabilité qu’un porteur passe de l’état | α j k ê vers un état | α’
j’ k’ ê, une approche perturbative limitée au premier ordre est utilisée à travers la règle
d’or de Fermi associée à l’approximation de Born [Coh95] [Sar09]. La probabilité que cet
événement ait lieu est donc :
A B
1 2π
= . éϕαj | Υ | ϕα′ j ′ ê2 .δ(Eα′ j ′ − Eαj ± h̄ω).ρk (6.12)
τ (k) αj,α′ j ′
h̄
106
6.1Calcul numérique de la mobilité par approche Kubo-Greenwood
I αj
µαj = limE→0 (6.13)
e.nαj .E
e Ú Ú
I αj = . dz dkf (z, k, t)v(k) (6.14)
Lc
et en utilisant l’équation (6.8), il est alors possible d’exprimer la mobilité (en considérant
le régime stationnaire et homogène suivant z) :
Ú ∞ ñ
e.gα .gs 1 + 2.βn .(Eαj ′ − Eαj )
µαj = ñ . dE.τ αj (E). E − E αj . ñ .f (E).[1−f (E)]
nαj .kB T.π.h̄ 2mαj
ef f
Eαj 1 + βn (Eαj ′ − Eαj )
(6.15)
où gα et gs représentent respectivement la dégénérescence de la vallée α et du spin et ταj
le temps de relaxation du porteur dans la bande concernée. Ce temps de relaxation est
l’inverse de la probabilité totale d’interaction qui est la somme de toutes les interactions
possibles :
1 Ø 1
= (6.16)
ταj i ταj,i
La mobilité totale du système s’obtient en moyennant toutes les mobilités de chaque bande
vis-à-vis de leur taux d’occupation :
1 Ø
µtotal = . nαj .µαj (6.17)
ntot αj
107
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
l’interaction Coulombienne à distance due aux charges piégées dans l’oxyde de grille. La
structure électronique considérée est celle obtenue par le code CYLMOS (cf chapitre 4)
avec l’approximation de la masse effective et un système isotrope (indépendance vis-à-vis
de la coordonnée φ). Nous nous retrouvons donc avec un système à deux vallées : une
longitudinale dégénérée deux fois et une transverse dégénérée quatre fois.
108
6.2Interaction "phonons"
où ρc est la densité volumique, Ω est le volume du système, vl est la vitesse du son selon
l’axe longitudinal, aq et a+
−q sont les opérateurs création et annihilation et q
â est le vecteur
unitaire défini par þq/q.
Il suffit alors de sommer cette probabilité sur toutes les sous-bandes pour avoir la proba-
bilité totale : A B A B
1 Ø 1
= (6.22)
τac (k) αj j′
τac (k) αj,αj ′
Rq : Le développement que nous venons d’exposer a été fait pour du matériau massif où
la relation de dispersion des phonons est linéaire. Pour de petits diamètres de nanofil, ce
n’est plus le cas et l’expression de la probabilité d’interaction est plus complexe [Sar09].
Dans notre étude, nous considérons les phonons du matériau massif.
Interaction intervallée
Pour le cas du silicium massif, le calcul de mobilité diffère des données expérimentales
si on se limite aux seules interactions intravallées. Il est nécessaire de considérer les inter-
actions intervallées induites par des phonons acoustiques ou optiques de grands vecteurs
d’onde. Les porteurs peuvent alors complètement changer de vallées (phonon de type g
pour la vallée de même direction et phonon de type f pour les vallées orthogonales).
Toutefois, contrairement à l’interaction acoustique, nous notons une variation d’énergie
des porteurs qui est directement la conséquence de l’absorption ou de l’émission d’un pho-
non. Les phonons considérés ont une énergie de 63meV pour les phonons optiques et de 46
et 59meV pour les autres types de transitions intervallées. Comme pour les autres types
de phonons, l’interaction avec les phonons intervallées est caractérisée par un potentiel
109
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
1
Niv = (6.24)
Eiv
e kB .T − 1
A cela il faut considérer la dégénérescence des vallées qui rend les transitions de type g
comme intravallée mais avec variation d’énergie. Il faut donc multiplier l’expression pré-
cédente par le symbole de Kronecker δαα′ pour les interactions avec phonons de type g et
par 2(1 − δαα′ ) pour les interactions avec phonons de type f.
Rq : Il a été montré que, pour obtenir un bon accord entre mobilités expérimentales et
théoriques sur une large gamme de température, il fallait considérer des phonons d’énergie
plus faibles [Fer76]. Le développement mathématique présenté ci-dessus donne un élément
de matrice nul. Ferry a proposé d’utiliser l’ordre supérieur, c’est pourquoi ces interactions
sont appelés interactions intervallées d’ordre 1. Dans notre cas, pour des températures
ambiantes, nous négligeons ce terme.
La figure 6.1 montre les fréquences d’interaction avec les phonons en fonction de l’énergie
du porteur pour les vallées longitudinale et transverse. Nous distinguons les cas pho-
nons acoustiques et optiques. Dans la simulation, le potentiel de déformation des phonons
acoustique est pris égal à Ξac = 14.6eV alors que pour les cas des différentes transi-
tions intervallées (de type f ou g), les valeurs de Ξiv sont prises d’après Jacoboni et
Reggiani [Jac83].
110
6.3Interaction "rugosité de surface"
111
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
Figure 6.2: Schéma d’une coupe transverse du nanofil représentant la rugosité de surface
à l’interface Si/SiO2 .
nanofil :
Ø
∆φz = â .ei(lφ+qz)
∆ (6.25)
lq
l,q
La densité spectrale qui intervient dans le calcul des fréquences d’interaction est directe-
ment reliée à la fonction de corrélation spatiale de ∆φz :
e f
â |2 ê
| Slq |2 = Lc .é|∆ lq (6.26)
Cependant, il existe différentes modélisations pour cette fonction. Les deux principales
sont celle d’Ando [And82] de type gaussien ou celle de Goodnick [Goo85] de type expo-
nentiel. Afin d’être au plus proche des mesures expérimentales, le modèle proposé par
Goodnick sera utilisé. La densité spectrale s’exprime alors :
C A BD−3/2
e f ∆2 .Λ2 Λ2 l2
| Slq |2 = 1+ + q2 (6.27)
D 2 D2
112
6.3Interaction "rugosité de surface"
d’échange d’énergie avec la surface. De plus, la variation spatiale de la rugosité est trop
faible pour permettre un changement de vallée lors de l’interaction.
L’élément de matrice dû à l’interaction de la rugosité de surface s’écrit :
q â
VSR (αj; α′ j ′ ) = δαα′ (ΓGP N
αj,αj ′ + Γαj,αj ′ ).é|∆ljj ′ q± |ê (6.28)
où ljj ′ est la différence des moments angulaires entre les sous-bandes initiales et finales
ljj ′ = lj − lj ′ et q± est la différence de vecteur d’onde entre les états initiaux et finaux (-
pour les interactions transmises et + pour les interactions rétroréfléchies).
Le terme ΓGPαj,αj ′ , appelé terme Généralisé de Prange-Nee, réunit toutes les conséquences
N
L’expression de ΓGP
αj,αj ′ est :
N
Ú ∞ A B
r ∂ϕαj ′
ΓGP N
αj,αj ′ = dr. .(Eαj ′ − Eαj ).ϕαj . ϕαj ′ + r.
0 D ∂r
113
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
avec Ú ∞ C D
2ntot (r′ ) r′ ∂ntot (r′ )
Vlqn (r) = −e. ′ ′
dr .r .Vlq (r). + . (6.32)
0 rs rs ∂r′
εSi − εSiO2 εsi ∂V (rs ) ∂Vlq (r)
Vlqσ (r) = . .rs . . |r′ =rs (6.33)
εSiO2 e ∂r ∂r
où nous rappelons que le terme Vlq est la composante de Fourier du potentiel non perturbé.
Ainsi, la probabilité d’interaction liée à la rugosité de surface avec écrantage s’écrit alors :
A B √
1 Lc . 2.mαz e â 2
f Ø1
GP N q
22 Θ(E − E ′ ) 1 + 2.β .(E − E ′ )
αj n αj
= 2 . | ∆ ljj ′ q± | . Γαj,αj ′ + Γαj,αj ′ . ñ .ñ
τSR (k) αj h̄ j′ E − Eαj ′ 1 + βn (E − Eαj ′ )
(6.34)
La figure 6.3 montre les fréquences d’interaction avec la rugosité de surface en fonction
de l’énergie du porteur pour les vallées longitudinale et transverse. Dans la simulation,
la valeur des paramètres de rugosité est extraite à partir de caractérisation TEM (Trans-
mission Electron Microscopy) d’interface Si/SiO2 . ∆ vaut 0.25nm tandis que Λ est pris
égal à 1.3nm.
114
6.4Interaction "Coulombienne à distance"
1 Ø
V (r, φ, z) = Vlq (r).eilφ .eiqz (6.35)
2πLc l,q
Dans le cas d’une interaction Coulombienne à distance générée par une charge unique
dans l’oxyde de grille (localisée en rc ), chaque composante de Fourier (lq) est liée à la
fonction de Green Glq .
e
Vlq (r) = − .Glq (r, rc ) (6.36)
ǫSi
L’élément de matrice de la perturbation causée par un seul centre Coulombien de charge
Q est défini alors par :
C Q2 Ú ∞
Vαj,αj ′ = . dr.r.ϕαj (r).ϕαj ′ (r).Gljj′ q± (r, rc ) (6.37)
Lc .ǫSi 0
115
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
où nc (rc ) est la densité de centres Coulombiens suivant l’axe r. Cette formule néglige les
effets de corrélations possibles entre les centres Coulombiens qui tendent à réduire l’élé-
ment de matrice de la perturbation [Ess03].
Le seul terme restant à déterminer est donc la fonction de green Glq (r, rc ) représentant le
potentiel de perturbation de la charge localisée en rc et satisfaisant l’équation de Poisson.
Il est donc nécessaire d’obtenir une expression explicite et analytique de cette fonction
de Green. L’équation de Poisson en coordonnées cylindriques dans le cas sans écrantage
s’écrit considérant une charge ponctuelle en rc :
A B
∂2 1 ∂ 2 l2 γ
2
+ . − q − 2
Glq (r, rc ) = .δ(r − rc ) (6.39)
∂r r ∂r r rc
où γ dépend de la position de la charge (1 pour une charge dans le silicium et ǫsi /ǫox pour
une charge dans l’un des oxydes).
Il ne suffit plus qu’à résoudre cette dernière équation couplée aux conditions aux limites
du système. La fonction de Green, à l’instar d’un potentiel, doit être continue dans tout
le système et nulle au niveau de la grille métallique. De plus, la conservation du flux
électrique donne des conditions aux limites supplémentaires. Dans le cas d’un empilement
de grille SiO2 /Hf O2 /métal, les équations à vérifier sont :
116
6.4Interaction "Coulombienne à distance"
Figure 6.4: Schéma d’une coupe transverse du nanofil représentant l’empilement à double
oxyde utilisé ; Définition des différentes notations : rs : interface Si/SiO2 , rox : interface
Si02 /Hf O2 , rm : interface Hf O2 /métal, rc : position des charges.
117
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
Dans ce cas là, seule la forme de la fonction de Green est modifiée. Les équations de
continuité et les conditions aux limites restent inchangées. Dans le cas d’un double oxyde,
la solution est :
′
AN E .Il (qr), 0 < r < rc
′ ′
BN E .Il (qr) + CN E .Kl (qr), rc < r < rs
Gl (r, rc ) = ′ ′
(6.45)
DN E .Il (qr) + EN E .Kl (qr), rs < r < rox
′ ′
FN E .Il (qr) + HN E .Kl (qr), rox < r < rm
La résolution se fait de la même manière que le cas précédent en adaptant les conditions
aux limites.
e 1 Ø â
Vâ (þr) = V (þr) + Vind (þr) = − . Glq (þr).eilφ .eiqz (6.46)
ǫSi 2πLc lq
118
6.4Interaction "Coulombienne à distance"
e ∂ntot
Se = . (6.47)
2ǫSi ∂ηF
où ntot est la densité totale de porteurs (en m−1 ) et EF est l’énergie de Fermi.
Une charge piégée dans l’oxyde de grille induit donc une variation de charge dans le canal
qui est proportionnelle au potentiel :
δ(r − rmax )
ρind (r) = .∆Q (6.50)
2πrmax
δ(r − rmax ) e 1 Ø â
⇒ ρind (r) = .(−2ǫSi .Se ).(− . Glq (rmax ).eilφ .eiqz ) (6.51)
2πrmax ǫSi 2πLc lq
Dans cette expression, nous identifions chaque composante de Fourier à celle d’une charge
Se â
localisée en rmax multiplié par un facteur .Glq (rmax ). Par analogie avec le cas non
π
écranté, le potentiel induit associé à cette densité de charge vaut :
e 1 Ø Se â
Vind (r) = − . .Glq (rmax ).Glq (r, rmax ).eilφ .eiqz (6.52)
ǫSi 2πLc lq π
e 1 Ø Se â
Vâ (r) = − . [Glq (r, rc ) + .G ilφ iqz
lq (rmax ).Glq (r, rmax )].e .e (6.53)
ǫSi 2πLc lq π
â (r) = G (r, r ) + Se â
G lq lq c .Glq (rmax ).Glq (r, rmax ) (6.54)
π
â (r
A la position r = rmax , G â
lq max ) est une solution particulière de Glq (r) donc nous nous
plaçons à cette position précise dans l’équation précédente pour trouver cette solution
119
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
particulière :
â (r Glq (rmax , rc )
G lq max ) = (6.55)
Se
1 − .Glq (rmax , rmax )
π
En réinjectant cette expression dans l’équation 6.54, nous trouvons l’expression du poten-
tiel écranté pour une charge piégée en rc :
S
.Glq (r, rmax ).Glq (rmax , rc )
â (r) = G (r, r ) + π
G (6.56)
lq lq c
Se
1 − .Glq (rmax , rmax )
π
Le signe "moins" au dénominateur ne pose pas de problème puisque, selon nos définitions,
la fonction de Green G est négative.
120
6.5Comparaison et validation sur données expérimentales
Figure 6.5: Fonction de Green écrantée ou non écrantée pour la première sous-bande
transverse en fonction de la position sur le rayon du nanofil pour différent vecteurs d’ondes
et pour une charge localisée à l’interface SiO2 /Hf O2 (a) ; Fréquences d’interaction pour
le RCS écranté ou non écranté en fonction de l’énergie d’un porteur situé dans la première
bande transverse pour deux polarisations de grille : au niveau du seuil du transistor (b)
et à 0.1V plus fort (c).
fabrication non optimisé, l’empilement de grille est non seulement épais mais en plus,
un grand nombre de charges piégées y figurent comme reporté dans l’article de Cassé
et al [Cas10]. Il est donc indispensable de considérer une forte concentration de charges
dans le code numérique pour retrouver un bon accord. Cette donnée est susceptible de
générer un grand décalage de la tension de seuil (en supposant que toutes les charges ont
le même signe) qui n’est pas observé expérimentalement. De plus, l’effet de la corrélation
entre charges n’explique pas ce problème puisqu’il tendrait à accroitre cette différence. Le
problème reste entier dans la littérature.
121
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
122
6.6Résultats et discussions
Figure 6.7: Mobilité totale des électrons en fonction de la charge d’inversion du canal
pour différents diamètres de fils et pour les différents mécanismes d’interaction : phonon
(a), phonon et rugosité (b) et phonon, rugosité et RCS (c).
diélectrique haute permittivité (κ). Ces paramètres sont très dépendants du procédé de
fabrication et une grande incertitude règne sur leur valeur exacte.
La figure 6.8 montre la mobilité totale en fonction la densité électronique en faisant va-
123
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
rier les différents paramètres évoqués juste au dessus. Comme attendu, le nombre de
charges ainsi que leur position (épaisseur tSiO2 ) perturbent fortement la mobilité ce qui
pousse à contrôler le procédé afin d’éviter toute variabilité de ces paramètres là. Concer-
nant la permittivité, le résultat est moins intuitif. En effet, en changeant de matériau
haute-permittivité, la pénétration de l’enveloppe électrostatique d’une charge piégée va
être différente ce qui modifie son impact sur la conduction du nanofil. Il s’agit là d’un
paramètre clé afin d’obtenir un meilleur contrôle électrostatique ainsi que sur le transport.
Cependant, un compromis doit être trouvé entre la permittivité de l’oxyde et sa qualité
(densité de charges piégées).
124
6.6Résultats et discussions
Figure 6.8: Mobilité totale des électrons en fonction de la charge d’inversion du canal
en faisant varier différents paramètres : densité de charges piégées (Nf ix ), épaisseur de la
couche interfaciale (tSiO2 ) et permittivité du diélectrique à haute permittivité (κ).
125
Chapitre 6: Étude numérique des mécanismes d’interactions
126
Chapitre 7
Sommaire
7.1 La méthode des flux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
7.1.1 Description physique générale d’un nanocomposant . . . . . . . 128
7.1.2 Approche de Landauer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
7.2 Modélisation du transport quasi-balistique . . . . . . . . . . . 130
7.2.1 Notion de source virtuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
7.2.2 Modèle en courant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
7.3 Le coefficient de réflexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
7.3.1 État de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
7.3.2 Approche de McKelvey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
7.3.3 Application à notre nanofil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
7.3.4 Approche empirique de la puissance . . . . . . . . . . . . . . . 138
7.3.5 Libre parcours moyen des porteurs . . . . . . . . . . . . . . . . 138
7.4 Résultats et comparaisons expérimentales . . . . . . . . . . . 142
7.5 Application à l’étude de petits circuits . . . . . . . . . . . . . 144
L’étude numérique du transport est essentielle pour comprendre les mécanismes d’in-
teraction dans les transistors MOSFETs à base de nanofils. Elle a ainsi mis en avant l’effet
de l’intégration géométrique qui devient critique sur la mobilité pour des diamètres de fils
127
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
inférieurs à 10nm. Cette caractéristique est la clé de la prédictibilité des performances des
dispositifs des futurs noeuds technologiques. Toujours dans l’optique d’étudier les méca-
nismes de façon physique jusqu’à leur impact sur le dispositif voire sur les performances
au niveau circuit, nous proposons dans ce chapitre un modèle compact en courant pour le
transistor à nanofil incluant toute la physique décrite préalablement : de l’électrostatique
de la partie 2 aux mécanismes d’interaction du chapitre précédent.
Dans le chapitre 2, nous avons vu l’étendue des méthodes de modélisation du transport
électronique ; des méthodes numériques jusqu’aux modèles simplifiés tels que le modèle
"dérive-diffusion" qui alimente les approches compactes. Cependant, de telles simplifica-
tions ne sont généralement pas compatibles avec la considération de phénomènes physiques
émergents. Dans la suite, un formalisme alternatif aux méthodes classiques est repris puis
transposé aux nanofils : la méthode des flux.
128
7.1La méthode des flux
La théorie de Landauer considère qu’un porteur qui est injecté dans la zone active va
avoir une probabilité T d’atteindre l’autre extrémité. Dans le cas d’un transport balistique,
ce coefficient vaut 1. Toutefois, du fait de la présence d’interactions dans la zone active,
le porteur est susceptible d’en subir une et d’être renvoyé dans son contact initial. La
probabilité que cela arrive vaut alors (1-T).
Pour obtenir la nouvelle formule du courant, il nous faut effectuer un bilan des diffé-
rents courants du système (cf fig 7.2). Le courant par unité d’énergie injecté par l’électrode
de gauche (resp. de droite) s’écrit alors :
e e
IG+ = − .M.f (E − µG ) −
ID = .M.f (E − µD ) (7.1)
h h
Ces deux composantes vont ensuite interagir avec la zone active. La partie réfléchie de
chaque composante s’exprime :
129
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
I = IG+ − IG− = ID
+ −
− ID (7.3)
eÚ
I=− M.T (E).[f (E − µG ) − f (E − µD )]dE (7.4)
h
130
7.2Modélisation du transport quasi-balistique
Bien que Natori ait développé le premier modèle analytique du transport balistique,
Lundstrom l’a généralisé pour tendre vers un transport de type quasi-balistique en in-
troduisant le terme de rétrodiffusion [Lun00] [Rah02]. Ainsi, toujours en se plaçant à la
source virtuelle, le flux total des contributions du drain et de la source s’exprime par :
où FS+ (respectivement FD− ) représente le flux injecté par la source (respectivement par le
drain) et R est le coefficient de réflexion de la zone active. Ce paramètre reflète la qualité
du transport en terme d’interactions. Dans la suite, nous supposerons que le coefficient
de réflexion est le même provenant de la source ou du drain.
FS− FD+
π.D.Qinv = e.( − + + ) (7.6)
vinjS vinjD
e
π.D.Qinv = .(F − + FD+ ) (7.10)
vth S
131
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
Cas dégénéré
Dans le cas dégénéré, la statistique de Fermi ne se simplifie pas et donc les flux de
courant issus de la source et du drain s’expriment comme étant les produits de la charge
d’inversion et de la vitesse d’injection [Dat02] :
ℑ0 (ηF )
FS+ = N1D .ℑ−1/2 (ηF ).vinjS
+
avec +
vinjS = vth . (7.12)
ℑ−1/2 (ηF )
e.VDS
ℑ0 (ηF − )
e.VDS − kB .T
FD− = N1D .ℑ−1/2 (ηF − ).vinjD −
avec vinjD = vth . (7.13)
kB .T e.VDS
ℑ−1/2 (ηF − )
kB .T
Toujours en combinant cette équation de charge avec les expressions des flux, nous
132
7.2Modélisation du transport quasi-balistique
Dans cette expression, chaque composante physique rentre en jeu : l’électrostatique avec
la charge d’inversion Qinv , le transport avec le coefficient de réflexion R et la physique
statistique à travers les intégrales de Fermi. Sur ces paramètres là, plusieurs remarques
doivent être faites.
Tout d’abord, comme nous l’avons dit précédemment, nous définissons notre charge au
niveau de la source virtuelle. Il est alors possible de l’exprimer en fonction de notre modèle
en tension de seuil décrit au chapitre 5.
où fraccord est une fonction de raccord permettant de relier les différents régimes de fonc-
tionnement [Mar09].
Deuxièmement, il est à noter que l’intégrale de Fermi d’ordre 0 peut se résoudre faci-
lement dont la solution est :
ℑ0 (x) = ln(1 + exp(x)) (7.19)
Cependant, afin d’avoir une expression totalement analytique, il n’est pas concevable
de laisser la résolution de l’intégrale de Fermi à l’ordre − 12 telle qu’elle intervient dans
l’équation du courant. Une des propriétés de cette équation est de perde un ordre lors de
sa dérivée [Sel84] :
dℑn (x)
= ℑn−1 (x) (7.20)
dx
133
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
L’avantage d’un tel formalisme en courant est qu’il permet de relier facilement les
différents types de transport (diffusif, balistique et quasi-balistique) à travers le terme de
réflexion. Pour un transport théorique sans interactions, ce coefficient est donc nul (R = 0)
alors que certaines études théoriques [Rah02] ou expérimentales ont montré que pour un
transistor MOSFET ayant un canal long (transport diffusif) ce terme était de l’ordre de
0,5. Indépendamment de la modélisation en courant présentée au dessus, la difficulté est
d’obtenir un coefficient de réflexion précis et réaliste notamment en réduisant la longueur
du canal de conduction ce qui réduit le nombre d’interactions. Ceci constitue la base même
d’une bonne modélisation du transport quasi-balistique.
134
7.3Le coefficient de réflexion
est :
LkT
R= (7.22)
λ + LkT
où λ représente le libre parcours moyen et LkT la longueur de la "kT-Layer" sachant qu’à
faible champ cette longueur se rapproche de la longueur de canal.
A B
1
kB .T α
LkT = Lc . (7.23)
e.VDS
Lc
−
1 − e LkT
R= (7.24)
2 λ Lc
1+ √ . − exp(− )
π LkT LkT
Toutefois, cette approche a été largement contredite aussi bien au niveau caractérisation
électrique [Bar08] que pour sa modélisation puisque les résultats affichés sont en contra-
diction avec un fonctionnement standard d’un transistor MOSFET (certainement dû à
l’hypothèse de potentiel parabolique peu importe la longueur de canal !).
135
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
L′kT LkT
R= avec L′kT = 1 (7.25)
λ + L′kT A 3 4m B
LkT m
1+
Lc
136
7.3Le coefficient de réflexion
Figure 7.4: Illustration de la méthode des flux de façon locale vue par Mc Kelvey ; r :
coefficient de réflexion local (au point x).
L′′kT
R= (7.29)
λ + L′′kT
avec
5 3 4 3 3 446−1 5 3 3 446−1
1 e.VDS x e.VDS 1 x
L′′kT = . . 1 + coth . = . 1 + coth
2.Lc kB .T 2.Lc kB .T 2.LkT 2.LkT
(7.30)
L’introduction de cette nouvelle expression de la "kT-Layer" permet de relier les champs
faible et fort de façon continue. De plus, contrairement aux travaux présentés, cette équa-
tion incorpore la dépendance en fonction de la position x.
137
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
Le terme L′ sert à moduler la valeur de la "kT-Layer" afin d’obtenir une expression continue
vis-à-vis de la polarisation de grille. Il ne reste plus qu’à traiter le coefficient α pour obtenir
une expression complète de la réflexion dans le canal.
A travers tout le développement que nous venons d’effectuer, l’impact des conditions
électrostatiques a été considéré et établi par rapport au type de transport (dépendance
en λ). Cependant, ce dernier paramètre reste inconnu. Il est directement lié au nombre
d’interactions que les porteurs subissent lors de leur parcours. Nous avons donc déve-
loppé un modèle analytique de ce libre parcours moyen basé sur l’étude numérique Kubo-
Greenwood réalisée au chapitre 6.
138
7.3Le coefficient de réflexion
139
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
place une expression analytique simple basée sur le code Kubo-Greenwood. Pour cela, afin
d’inclure l’ensemble des mécanismes d’interaction limitant pour le transport des porteurs,
une formulation de la mobilité se fait de façon similaire à la règle de Matthiessen :
2kT
λ= .µtotal (7.34)
e.vinj
−1 −1 −1
µ
0,ph
µ0,SR µ0,RCS
µ−1
total = θ + θSR + θrcs (7.35)
Eefphf Eef f Eef f
où µ0 est la mobilité à champ faible et θ représente la dépendance de la mobilité vis-à-vis
du champ électrique transverse.
Afin d’inclure l’effet du diamètre, la mobilité de chaque mécanisme est définie par
rapport à la valeur du matériau massif (µ0,bulk ) introduisant une variation relative (δµ(D)).
où
D − Dbulk
δD = (7.38)
Dbulk
Le terme correspondant à la mobilité phonon à champ faible s’écrit alors :
ñ
µ0,ph (D) = µ0,bulk,ph . 1 + Aph .δD + Bph .δD4 (7.39)
où Aph et Bph sont des paramètres de calibrage sur les résultats numériques présentés au
chapitre précédent. Le terme δD4 est rajouté pour une meilleure précision.
140
7.3Le coefficient de réflexion
µ0,bulk,RCS
µ0,RCS (D) = .(1 + ARCS .δD + BRCS .δD4 )3/2 (7.41)
Nf ix .π.D
où Nf ix est la densité linéïque de charges piégées dans l’oxyde de grille et ASR , BSR , ARCS
et BRCS sont des paramètres de calibrage sur les résultats numériques.
La figure 7.7 montre la comparaison entre le modèle analytique et les données numé-
riques pour la mobilité à champ faible pour chaque mécanisme en fonction du diamètre
du nanofil.
Figure 7.7: Mobilité à champ faible en fonction du diamètre du nanofil pour les différents
mécansimes d’interaction : phonon (a), rugosité de surface (b) et RCS (c).
141
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
où θbulk et Θ sont des paramètres de calibrage validés sur les données numériques en mo-
bilité. Il est à noter que le diamètre n’affecte pas la dépendance du champ électrique sur
la mobilité pour les interactions de type RCS.
La figure 2.8 montre la mobilité totale en fonction de la charge d’inversion pour dif-
férents diamètres et notamment la comparaison entre la modélisation analytique et les
résultats numériques issus de l’approche Kubo-Greenwood.
142
7.4Résultats et comparaisons expérimentales
143
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
trostatiques qui ont un comportement inverse (diminution des effets SCE par la réduction
du diamètre). La figure 7.11 montre le ratio de courant ION /Iof f afin d’estimer, pour
une longueur de canal donnée, quel diamètre choisir. On voit que pour les longueurs im-
portantes, les effets de diamètre ont des variations de l’ordre du linéaire. Un diamètre
important doit être choisi afin d’éviter toute dégradation de mobilité. Toutefois, pour les
longueurs extrêmement courtes, la dégradation du courant de fuite est tel que le transistor
n’est plus viable. Un petit diamètre est donc nécessaire même si nous devons sacrifier un
peu la mobilité.
Dans cette dernière section, nous allons illustrer l’intérêt du modèle compact à travers
la simulation de petits circuits CMOS à base de nanofils. Cette étude est loin d’être
exhaustive et ne s’attarde que sur les effets physiques décrits précédemment. Pour cela,
le modèle a été implémenté en langage Verilog-A afin de simuler les circuits dans un
environnement ELDO. Dans la suite, les transistors de type p-MOS seront pris symétriques
aux transistors n-MOS. De cette manière, nous nous affranchissons de toute contrainte de
dimensionnement des transistors afin d’optimiser les circuits.
144
7.5Application à l’étude de petits circuits
Figure 7.11: Ratio ION /Iof f en fonction de la longueur de canal pour différents diamètres
de fils en régime d’inversion forte (pour le ION ).
Inverseur
Un inverseur est la porte logique élémentaire constitué de deux transistors (un de type
n et un de type p). Sa fonction est d’inverser l’état de l’entrée. La figure 7.12 montre la
représentation schématique de l’inverseur ainsi que sa caractéristique théorique dans le cas
équilibré (quand les niveaux des courants ON des deux transistors sont égaux). Ainsi, tant
que Vin est inférieur à la polarisation Vdd /2, le transistor n-MOS reste bloqué tandis que
le p-MOS est passant. Au delà de cette tension, le comportement des transistors s’inverse
et la sortie devient nulle. Il est à noter que plus ce changement est abrupte, meilleure
est la porte logique. Ce dernier point est totalement dépendant de la caractéristique
électrostatique (tension de seuil et pente sous le seuil) des transistors MOSFETs utilisés.
La figure 7.13 montre le résultat de la simulation des inverseurs à base de nanofil pour
différents diamètres et longueurs de grille des transistors. Le paramètre extrait représente
la qualité de l’inverseur et dépend du fait que sa caractéristique est plus ou moins abrupte.
Plus ce paramètre est petit, plus la porte logique bascule rapidement. Nous voyons claire-
ment un effet du diamètre sur l’inverseur. Les observations faites sur la tension de seuil au
chapitre 5 se retrouvent ici. La quantification de l’énergie des porteurs améliore clairement
l’électrostatique des transistors jusqu’au niveau circuit. La réduction de la longueur de
grille fait intervenir les effets canaux courts qui, eux, dégradent fortement les performances
de l’inverseur.
145
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
Oscillateur en anneau
L’oscillateur en anneau est une chaine d’inverseurs bouclée sur elle-même. Il est très
utile pour mettre en avant les caractéristiques dynamiques des transistors. C’est pourquoi
il apparaît souvent dans de nombreuses applications des hyperfréquences. Dans notre
cas, la fréquence d’oscillation représente l’inverse du temps de propagation d’une chaine
d’inverseurs qui est directement influencé par les propriétés de transport. Dans la suite,
nous considérons une chaîne de 11 inverseurs, chacun associé à une capacité de charge de
1fF.
146
7.5Application à l’étude de petits circuits
Étant données les bonnes projections du nanofil pour le contrôle électrostatique des
transistors MOSFETs, cette architecture pourrait être candidate pour les mémoires vo-
latiles telles que la mémoire SRAM (Static Random Access Memory). Dans notre cas,
nous allons nous pencher sur le cellule mémoire à six transistors (6T) composée de deux
inverseurs retro-couplés et deux transistors d’accès. Le fonctionnement d’une telle cel-
lule est constitué de trois modes (lecture, écriture et rétention), commandés par une
ligne de mot (WL). Afin d’estimer les performances de la cellule, deux principaux para-
mètres sont à observer : la RNM (Read N oise M argin) pour le mode écriture et la SNM
(Static N oise M argin) pour la rétention. Leur extraction est schématisée sur la figure
7.15 en fonction de la caractéristique de la SRAM. La simulation pour différents dia-
mètres de fils est donnée sur la figure 7.16. Sachant que meilleure est la valeur de la SNM,
plus la rétention de la mémoire est de qualité, nous pouvons voir l’effet d’amélioration de
l’électrostatique par la réduction du film et ce jusqu’à la cellule mémoire.
147
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
148
7.5Application à l’étude de petits circuits
149
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
150
Conclusion de la partie III
Dans cette dernière partie du manuscrit, nous nous sommes intéressés aux différentes
caractéristiques du transport électronique dans un nanofil de silicium pour application
MOSFET. Au niveau comportement électrostatique, nous avons clairement vu, dans la
partie 2, l’intérêt d’utiliser une architecture "nanofil" pour les futurs noeuds technolo-
giques. Cependant, le transport a un rôle à part entière dans les performances d’un dis-
positif ce qui justifie totalement cette partie.
Dans le premier chapitre de cette partie, la théorie du temps de relaxation d’un porteur
a été développée pour les principaux mécanismes d’interactions qui limitent le transport
dans un nanofil à grille enrobante : interaction avec les phonons, l’effet de la rugosité
de surface et l’interaction Coulombienne à distance due à la présence de charges dans
l’empilement de grille du transistor. La mobilité est alors décrite à partir de l’équation de
Boltzmann en utilisant la théorie de Kubo-Greenwood qui limite l’étude aux transistors à
canal long et champ faible. A l’instar de l’électrostatique où nous avons vu le fort impact
du diamètre du fil sur les propriétés de conduction du silicium (bande interdite et masses
effective) ou sur les caractéristiques du transistors (tension de seuil), l’intérêt d’un tel
développement numérique est d’extraire les dépendances de la mobilité en fonction de
certains paramètres clés de l’intégration des dispositifs comme l’épaisseur du film de sili-
cium. Après analyse, cette étude est d’autant plus intéressante puisque la mobilité décroit
fortement pour les diamètres en deçà de 10nm. Ce point-là est à inclure dans toute mo-
délisation ayant pour but de prédire les performances d’un transistor à nanofil. De plus,
d’autres paramètres appelés "technologiques", comme l’épaisseur de la couche interfaciale
ou la permittivité du diélectrique à haute permittivité utilisé dans l’empilement de grille,
ont été balayés afin d’estimer leur impact sur la mobilité. Cela peut apporter quelques
pistes pour l’optimisation des procédés de fabrication ou le changement éventuel de maté-
riau au regard des performances ciblées. Ce code numérique a notamment pu être validé
sur des toutes premières données expérimentales réalisées au CEA-LETI sur des disposi-
tifs à base de nanofil à grille totalement enrobante et à section circulaire. Ceci a soulevé
le problème des charges piégées dans l’oxyde de grille qui sont difficilement localisables
151
Chapitre 7: Modélisation analytique du courant quasi-balistique des MOSFETs à base de nanofil
152
Conclusion générale et perspectives
Dans cette thèse, nous nous sommes penchés sur l’étude théorique des propriétés des
nanofils de silicium ainsi que leur modélisation pour une application MOSFET. Cette
architecture est encore trop récente pour juger de sa pertinence sur des circuits contenant
plusieurs milliers de transistors. Ceci est d’autant plus vrai que son architecture et les di-
mensions géométriques ciblées engendrent de nouveaux phénomènes peu ou pas observés
jusqu’alors. Tout ce travail consiste donc à se placer à mi chemin entre l’observation et la
compréhension des phénomènes physiques ultimes susceptibles d’affecter les performances
et la mise en place d’une modélisation simple de ceux-ci pour soutenir des simulations
TCAD ou circuits.
153
Bibliographie
de dimensions (des dispositifs actuels jusqu’à des valeurs ultimes de l’ordre de quelques
nanomètres). Une modélisation du transport électronique a donc pu être mis en place à
travers le coefficient de réflexion incluant aussi bien les effets de réduction de diamètre
mais également les effets de quasi-balisticité liés à la réduction du canal. Basé fortement
sur des codes numériques physiques, le modèle mis en place a été confronté également,
pour plus de pertinence, à des données expérimentales que ce soit pour l’électrostatique
à travers la tension de seuil, la mobilité électronique et le courant de drain du dispositif
MOSFET à nanofil. Malheureusement, l’architecture nanofil à grille totalement enrobante
et à section circulaire n’est pas très répandue au niveau résultats expérimentaux ce qui
ne nous a pas permis de comparer le modèle pour un jeu de paramètres conséquent. Tou-
tefois, l’implémentation du code dans un langage Verilog-A a montré tout l’intérêt d’un
tel code puisque des effets tels que les effets de structure de bande ou de quasi-balisticité
ont pu être prédits sur les performances de petits circuits à base de dispositifs à nanofil.
Bien d’autres choses auraient pu être apportées à ce travail et les perspectives de suites
sont nombreuses. Suivant les inspirations de chacun, un travail complémenatire pourra
être ajouté aussi bien en amont sur l’amélioration du code ou le développement d’autres
approches moins simplificatrices soit en aval avec une étude circuit plus exhaustive. Afin
d’affiner le travail qui a été fait au niveau numérique, il est tout à fait envisageable de
s’affranchir de certaine approximation comme l’isotropie et en apportant des réponses
aux problématiques actuelles comme les effets de contraintes (en faisant du calcul k.p par
exemple) ou simplement en améliorant le code Kubo-Greenwood développé ici (considé-
ration des ordres supérieurs, considération du confinement des phonons, corrélation entre
charges pour le RCS...). Concernant le modèle et la partie simulation de circuit, beaucoup
de choses restent à faire. Nous nous sommes essentiellement intéressés à la physique du
nanofil mais tout un travail sur la compacité du modèle et sa robustesse doit être apporté
avant d’envisager la simulation de plus gros circuits. De plus, certaines études non mo-
délisées ici ont commencé à être faites sans approfondissement comme le courant tunnel
direct entre la source et le drain du transistor qui affecte les caractéristiques du transistor
pour des longueurs de grille en deça de 10nm.
154
Bibliographie
[Akh11] N.D. Akhavan, A. Afzalian, A. Kranti, I. Ferain, C.W. Lee, R. Yan, P. Razavi,
R. Yu et J.P. Colinge, Influence of Elastic and Inelastic Electron-Phonon In-
teraction on Quantum Transport in Multigate Silicon Nanowire MOSFETs,
IEEE Transactions on Electron Devices, Vol. 58, pp. 1029–1037, 2011.
[Anc89] M.G. Ancona et G.J. Iafrate, Quantum correction to the equation of state of an
electron-gas in a semiconductor, Physical Review B, Vol. 39, pp. 9536–9540,
1989.
[And82] T Ando, A.B Fowler et F Stern, Electronic properties of two-dimensional sys-
tems, Reviews of Modern Physics, Vol. 54, pp. 437–672, 1982.
[Apa94] Y. Apanovich, E. Lyumkis, B. Polsky, A. Shur et P. Blakey, Steady-state and
transient analysis of submicron devices using energy-balance and simplified
hydrodynamic models, IEEE Transactions on Computer-Aided Design of In-
tegrated Circuits and Systems, Vol. 13, pp. 702–711, 1994.
[Asc76] N.W. Aschchoft et N.D. Mermin, Solid State Physics, Aunders College Publi-
shing, 1976.
[Aut04] J.L. Autran, D. Munteanu, O. Tintori, S. Harrison, E. Decarre et T. Skotni-
cki, Quantum-mechanical analytical Modeling of threshold voltage in long-
channel double-gate MOSFET with symmetric and asymmetric gates, In
NSTI Nanotech 2004, Vol. 2, Technical proceedings, pp. 163–166, 2004.
[Aut05] J.L. Autran, K. Nehari et D. Munteanu, Compact modeling of the threshold
voltage in silicon nanowire MOSFET including 2D-quantum confinement
effects, Molecular Simulation, Vol. 31, pp. 839–843, 2005.
[Bac08] G. Baccarani, Device physics for the modeling of future nanoscale silicon devices,
In SINANO summer School on Device Modeling, 2008.
[Ban95] S.R. Banna, P.C.H. Chan, P.K. Ko, C.T. Nguyen et M.S. Chan, Threshold
voltage model for deep-submicrometer fully depleted SOI MOSFETs, IEEE
Transactions on Electon Devices, Vol. 42, pp. 1949–1955, 1995.
155
Bibliographie
156
Bibliographie
157
Bibliographie
[Cui03] Y. Cui, Z.H. Zhong, D.L. Wang, W.U. Wang et C.M. Lieber, High performance
silicon nanowire field effect transistors, Nano Letters, Vol. 3, pp. 149–152,
2003.
[Dat02] S. Datta, The non-equilibrium Green’s function (NEGF) formalism : An elemen-
tary introduction, In International Electron Devices 2002 Meeting, Technical
Digest, pp. 703, 2002.
[Del04] C. Delerue et M. Lannoo, Nanostrutures Theory and Modelling, Springer, 2004.
[Den74] R.H. Dennard, F.H. Gaensslen, H.N. Yu et A.R. Leblanc, Design of Ion Implan-
ted MOSFET’s with very small physical dimensions, IEEE of Solid State
Circuits, Vol. 9, pp. 256, 1974.
[Dic04] K.A. Dick, K. Deppert, M.W. Larsson, T. Martensson, W. Seifert, L.R. Wallen-
berg et L. Samuelson, Synthesis of branched ‘nanotrees’ by controlled seeding
of multiple branching events, Nature Materials, Vol. 3, pp. 380–384, 2004.
[Dua02] X.F. Duan, Y. Huang et C.M. Lieber, Nonvolatile memory and programmable
logic from molecule-gated nanowires, Nano Letters, Vol. 2, pp. 487–490, 2002.
[Dup08] C. Dupre, A. Hubert, S. Becu, M. Jublot, V. Maffini-Alvaro, C. Vizioz, F. Aus-
senac, C. Arvet, S. Barnola, J.-M. Hartmann, G. Garnier, F. Allain, J.-P.
Colonna, M. Rivoire, L. Baud, S. Pauliac, V. Loup, T. Chevolleau, P. Ri-
vallin, B. Guillaumot, G. Ghibaudo, O. Faynot, T. Ernst et S. Deleonibus,
15 nm-diameter 3D stacked nanowires with independent gates operation :
PhiFET, In 2008. IEEE International Electron Devices Meeting Technical
Digest, 2008.
[Eig90] D.M. Eigler et E.K. Schweizer, Positioning single atoms with scanning tunneling
microscope, Nature, Vol. 344, pp. 524–526, 1990.
[Enz06] C.C. Enz et E.A. Vittoz, charge-based MOS transistor modeling : The EKV
model for low-power and RF IC design, Wiley, 2006.
[Ern08] T. Ernst, L. Duraffourg, C. Dupre, E. Bernard, P. Andreucci, S. Becu, E. Ollier,
A. Hubert, C. Halte, J. Buckley, O. Thomas, G. Delapierre, S. Deleonibus,
B. de Salvo, P. Robert et O. Faynot, Novel Si-based nanowire devices : Will
they serve ultimate MOSFETs scaling or ultimate hybrid integration ?, In
2008. IEEE International Electron Devices Meeting Technical Digest, 2008.
[Ess03] D. Esseni et A. Abramo, Modeling of electron mobility degradation by remote
Coulomb scattering in ultrathin oxide MOSFETs, IEEE Transaction on Elec-
tron Devices, Vol. 50, pp. 1665–1674, 2003.
[Fay95] O. Faynot, Caractérisation et modélisation du fonctionnement des transistors
MOS ultra-subnicroniques fabriqués sur film SIMOX très minces, Thèse de
doctorat, Institut National Polytechnique de Grenoble, 1995.
158
Bibliographie
159
Bibliographie
160
Bibliographie
161
Bibliographie
162
Bibliographie
163
Bibliographie
481–489, 2002.
[Ram07] E. B. Ramayya, D. Vasileska, S. M. Goodnick et I. Knezevic, Electron mobility
in silicon nanowires, IEEE Transactions on Nanotechnology, Vol. 6, pp.
113–117, 2007.
[Ran96] F. Rana, S. Tiwari et D.A. Buchanan, Self-consistent modeling of accumula-
tion layers and tunneling currents through very thin oxides, Applied Physics
letters, Vol. 69, pp. 1104–1106, 1996.
[Rog09] K. Rogdakis, S. Poli, E. Bano, K. Zekentes et M. G. Pala, Phonon- and surface-
roughness-limited mobility of gate-all-around 3C-SiC and Si nanowire FETs,
Nanotechnology, Vol. 20, pp. 295202, 2009.
[Rur10] R. Rurali, Colloquium : Structural, electronic, and transport properties of silicon
nanowires, Reviews of Modern Physics, Vol. 82, pp. 427–449, 2010.
[Ryn08] D. Ryndyk, Green function techniques in the treatment of quantum transport at
the molecular scale, Springer, 2008.
[Sai06] J. Saint-Martin, A. Bournel, F. Monsef, C. Chassat et P. Dollfus, Multi sub-
band Monte Carlo simulation of an ultra-thin double gate MOSFET with 2D
electron gas, Semiconductor Science and Technology, Vol. 21, pp. L29–L31,
2006.
[Sar08] E. Sarrazin, S. Barraud, F. Triozon et A. Bournel, A self-consistent calculation of
band structure in silicon nanowires using a Tight-Binding model, In SISPAD
2008 International Conference on Simulation of Semiconductor Processes
and devices, pp. 349–352, 2008.
[Sar09] E. Sarrazin, Etude du transport électronique dans un nanofil de silicium, Thèse
de doctorat, Université Paris-Sud 11, 2009.
[Sca07] S. Scaldaferri, G. Curatola et G. Iannaccone, Direct solution of the boltzmann
transport equation and poisson-schrodinger equation for nanoscale MOS-
FETs, IEEE Transactions on Electon Devices, Vol. 54, pp. 2901–2909, 2007.
[Sel84] S. Selberherr, Analysis and simulation of semiconductor devices, Springer-
Verlag Wien New-York, 1984.
[SIL] SILVACO :
Atlas users manual.
http ://www.silvaco.com.
[Sla54] J.C. Slater et G.F. Koster, Simplified LCAO Method for the Periodic Potential
Problem, Physical Review, Vol. 94, pp. 1498–1524, 1954.
[Ste74] F. Stern, Quantum properties of surface space-charge layers, Critical Reviews
in Solid State Sciences, Vol. 4, pp. 499–514, 1974.
164
Bibliographie
[Suk07] S.D. Suk, M. Li, Y.Y. Yeoh, K.H. Yeo, K.H. Cho, I.K. Ku, H.C., W.J. Jang,
D.W. Kim, D. Park et W.S. Lee, Investigation of nanowire size dependency
on TSNWFET, In 2007 IEEE International Electron Devices Meeting -
IEDM, pp. 891–4, 2007.
[Suz96] K. Suzuki, Y. Tosaka et T. Sugii, Analytical threshold voltage model for short
channel n(+)-p(+) double-gate SOI MOSFET’s, IEEE Transactions on Elec-
ton Devices, Vol. 43, pp. 732–738, 1996.
[Tac09] K. Tachi, M. Casse, D. Jang, C. Dupre, A. Hubert, N. Vulliet, V. Maffini-Alvaro,
C. Vizioz, C. Carabasse, V. Delaye, J. M. Hartmann, G. Ghibaudo, H. Iwai,
S. Cristoloveanu, O. Faynot et T. Ernst, Relationship between mobility and
high-k interface properties in advanced Si and SiGe nanowires, In 2009 IEEE
International Electron Devices Meeting, pp. 288–291, 2009.
[Tac11] K. Tachi, A Study on Carrier Transport Properties of Vertically-Stacked Nano-
wire Transistors, Thèse de doctorat, Science and engineering Tokyo institute
of technology, 2011.
[Tan90] I.H. Tan, G.L. Snider, L.D. Chang et E.L. Hu, A Self-consistent solution of
Schrödinger-Poisson equations using a nonuniform mesh, Journal of Applied
Physics, Vol. 68, pp. 4071–4076, 1990.
[The03] C. Thelander, T. Martensson, M.T. Bjork, B.J. Ohlsson, M.W. Larsson, L.R.
Wallenberg et L. Samuelson, Single-electron transistors in heterostructure
nanowires, Applied Physics Letters, Vol. 83, pp. 2052–2054, 2003.
[Tia07] B. Tian, X. Zheng, T.J. Kempa, Y. Fang, N. Yu, G. Yu, J. Huang et C.M.
Lieber, Coaxial silicon nanowires as solar cells and nanoelectronic power
sources, Nature, Vol. 449, pp. 885–U8, 2007.
[Tri05] V.P. Trivedi et J.G. Fossum, Quantum-mechanical effects on the threshold vol-
tage of undoped double-gate MOSFETs, IEEE Electron Device Letters, Vol.
26, pp. 579–582, 2005.
[Tse93] C. Tserbak, H.M. Polatoglou et G. Theodorou, Unified approach to the
electronic-structure of strained Si/Ge superlattices, Physical Review B, Vol.
47, pp. 7104–7124, 1993.
[Van94] M.J. Van Dort, P.H. Woerlee et A.J. Walker, A simple-model for quantization ef-
fects in heavily-doped silicon MOSFETs at inversion conditions, Solid-State
Electronics, Vol. 37, pp. 411–414, 1994.
[Ven02] R. Venugopal, Z. Ren, S. Datta, M.S. Lundstrom et D. Jovanovic, Simula-
ting quantum transport in nanoscale transistors : Real versus mode-space
approaches, Journal of Applied Physics, Vol. 92, pp. 3730–3739, 2002.
165
Bibliographie
166
Bibliographie
167
Bibliographie
168
Liste de publications de l’auteur
Chapitre de livre
Conférences internationales
169
Liste de publications de l’auteur
170