Dictees Pour Progresser

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Dictées pour progresser

DANS LA SÉRIE MÉMO (EXTRAITS)

Conjugaison française, Librio n° 470


Grammaire française, Librio n° 534
Conjugaison anglaise, Librio n° 558
Le Calcul, Librio n° 595
Orthographe française, Librio n° 596
Grammaire anglaise, Librio n° 601
Le Solfège, Librio n° 602
Difficultés du français, Librio n° 642
Vocabulaire anglais courant, Librio n° 643
Conjugaison espagnole, Librio n° 644
Figures de style, Librio n° 710
Mouvements littéraires, Librio n° 711
Grammaire espagnole, Librio n° 712
Latin pour débutants, Librio n° 713
Formulaire de mathématiques, Librio n° 756
300 proverbes et expressions, Librio n° 757
Le Dico de la philo, Librio n° 767
La Géométrie, Librio n° 771
Le Mot juste, Librio n° 772
Chronologie universelle, Librio n° 773
Chinois pour débutants, Librio n° 823
Apprendre à apprendre, Librio n° 831
Vocabulaire espagnol, Librio n° 842
Apprendre à prendre des notes, Librio n° 999
Apprendre à réussir, Librio n° 1003
Apprendre à réviser, Librio n° 1004
Apprendre à rédiger, Librio n° 1012
Je déchire au lycée, Librio n° 1119
Mélanie Lamarre

Dictées
pour progresser

Inédit
© E.J.L., 2004
Sommaire
Avant-propos ................................................................................ 7

Étape 1 : On commence en douceur sur terrain plat.............. 9


La ponctuation, les consonnes finales et doubles, les mots
féminins : quelques rappels de base
1. La ponctuation ................................................................ 10
2. Les consonnes finales muettes ...................................... 11
3. Les consonnes doubles.................................................... 12
4. Les noms féminins en -té ou -tié .................................... 13

Étape 2 : Un peu de faux plat au milieu des champs .......... 19


Rappel de quelques désinences temporelles
1. Les désinences de la 1re personne du singulier du
présent de l’indicatif........................................................ 20
2. Les désinences de la 3e personne du singulier du
présent de l’indicatif........................................................ 21
3. Les désinences du passé simple .................................... 22
4. Verbes en -ger et -guer .................................................... 23
5. Verbes en -eler et en -eter ................................................ 24
6. L’impératif présent .......................................................... 25

Étape 3 : Première côte dans les sous-bois : attention à


ne pas se prendre les pieds dans les racines ! ........................ 32
L’accord des adjectifs et des noms composés
1. L’accord des adjectifs ...................................................... 33
2. L’accord des adjectifs de couleur.................................... 34
3. Le pluriel des noms composés ...................................... 35

Étape 4 : Deuxième côte dans les sous-bois : il vaut


mieux savoir distinguer un champignon comestible
d’un champignon vénéneux… .................................................. 39
Les homophones les plus courants
1. et ou est............................................................................ 40
2. a ou à................................................................................ 41
3. ou et où ............................................................................ 42

5
SOMMAIRE

4. ce et se, c’est et s’est, c’était et s’était .............................. 43


5. on et on n’ ........................................................................ 44

Étape 5 : Vers les sommets : endurance et concentration.


Ne pas relâcher l’effort ! ............................................................ 51
Le participe passé
1. L’accord du participe passé avec l’auxiliaire être .......... 52
2. L’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir ........ 53
3. Le participe passé des verbes pronominaux.................. 54
4. Participe passé en -é ou infinitif en -er ? ........................ 56

Étape 6 : Sur les crêtes : grande agilité requise, attention


aux précipices ! .......................................................................... 66
Savoir distinguer les temps
1. Participe passé ou temps conjugué ?.............................. 67
2. Passé simple ou imparfait de l’indicatif ? ...................... 68
3. Futur ou conditionnel présent ? .................................... 69
4. Eut et eût, fut et fût ........................................................ 70

Étape 7 : Encore quelques obstacles éparpillés sur le chemin


du retour, la descente peut réserver des surprises… ............ 76
De tout à quoique en passant par les adverbes en -ment
1. Tout .................................................................................. 77
2. Leur .................................................................................. 78
3. L’accentuation.................................................................. 79
4. Les mots invariables........................................................ 80
5. Les adverbes en -ment .................................................... 81
6. L’inversion du sujet.......................................................... 82
7. Quel[le][s] et qu’elle[s] .................................................... 83
8. Quoique et quoi que ........................................................ 84

Tableau phonétique des voyelles et des consonnes


mentionnées .............................................................................. 94
Avant-propos
L’orthographe peut être un véritable cauchemar… Sensation
désagréable de ne rien contrôler, mauvaises notes en dictée,
découragement… Et pourtant, il existe des moyens simples et fia-
bles de savoir bien écrire la langue française : les règles. Des
règles que l’on a souvent déjà apprises mais que l’on a oubliées,
des règles qui, une fois bien comprises, seront des guides infailli-
bles pour l’exercice de la dictée et, plus généralement, pour la
maîtrise de l’orthographe.
C’est pourquoi nous avons choisi de composer un livre de dic-
tées, à l’usage des moins assurés et de leurs parents, qui serait
aussi un petit manuel éclairant certains points d’orthographe et
de grammaire.
En effet, une dictée ne peut être fructueuse que si elle a été pré-
parée. Chaque dictée est ainsi centrée sur une difficulté précise
dont la règle est auparavant expliquée. Nous vous conseillons de
bien lire cette règle avec l’élève et de voir s’il est capable d’en
expliquer de nouveau les exemples, avant de commencer la dic-
tée. Puis lisez-lui le texte une première fois en vous assurant qu’il
en a bien compris le sens. N’hésitez pas à vous arrêter en cours de
lecture pour être sûr que la signification d’un mot ou d’une
phrase ne lui échappe pas car l’orthographe découle bien souvent
de la compréhension. Dictez ensuite le texte avec la ponctuation
et n’oubliez pas d’épeler les noms propres. Puis laissez à l’élève un
temps de relecture. Enfin, corrigez la dictée avec lui et faites-lui
réécrire les mots incorrects. Il serait bon qu’il se constitue un
petit carnet d’orthographe dans lequel il consignera tous les mots
qui lui étaient étrangers et se les appropriera en les relisant afin
d’en conserver la bonne image.
Si l’élève a vraiment de très grosses difficultés, vous pouvez
aussi choisir de le mettre en confiance en lui faisant d’abord lire
le texte et en lui faisant souligner les mots dont l’orthographe lui
semble difficile.
Les mots en italique renvoient à la difficulté traitée dans la règle,
et l’objectif à atteindre est de ne faire aucune faute sur ces mots.
Chaque dictée est suivie de commentaires renvoyant aux mots

7
AVANT-PROPOS

en gras dans le texte. Ils sont composés de remarques grammati-


cales et lexicales et sont destinés aux parents. Les remarques lexi-
cales donnent le sens en contexte des mots qui nous ont semblé
difficiles. Elles faciliteront le travail d’explication du texte en évi-
tant d’avoir recours au dictionnaire. Les remarques portant sur
l’orthographe et la grammaire serviront plutôt lors de la correc-
tion, pour expliquer à l’élève certaines de ses fautes ne portant
pas sur la règle de la leçon.
Enfin, nous avons choisi de transcrire les sons en suivant l’al-
phabet phonétique international qui attribue un symbole à la pro-
nonciation d’un son. Ainsi, pour savoir ce que signifie ce signe :
[y], reportez-vous à l’alphabet phonétique en fin d’ouvrage ; vous
verrez qu’il sert à noter le son « u » de « nuage », par exemple.
Nous avons organisé ce livre comme un parcours progressif
et méthodique, une sorte de randonnée en montagne qui doit
donner à l’élève les meilleurs réflexes et le conduire au sommet
des difficultés orthographiques. Mais l’on pourra aussi faire les
dictées dans le désordre, en fonction de ses motivations et de ses
faiblesses.
Nous avons choisi des textes courts, afin de l’aider à bien se
concentrer sur la difficulté étudiée, et éviter qu’il ne se décourage.
Nous avons tenté de sélectionner des extraits variés, puisés dans
la littérature française comme dans la littérature étrangère, clas-
sique ou contemporaine, mais aussi dans des textes philosophi-
ques, des documents, et même dans… un livre de cuisine, pour
tenter d’éveiller sa curiosité. Car on ne le répétera jamais assez :
l’orthographe ne s’acquiert qu’en lisant…

En attendant, nous espérons que vous trouverez ce petit guide


utile et qu’il accompagnera en toute confiance votre progression.
Vous pouvez aussi vous aider des Librio déjà parus dans la
série Mémo comme : Grammaire française (n° 534), Conjugaison
française (n° 470), Orthographe française (n° 596) et Difficultés du
français (n° 642).
Bonne route !
Étape 1
On commence en douceur sur terrain plat

La ponctuation, les consonnes muettes et doubles, les


noms féminins : quelques rappels de base
1. La ponctuation
2. Les consonnes finales muettes
3. Les consonnes doubles
4. Les noms féminins en -té ou -tié

9
ÉTAPE 1

Leçon n° 1
La ponctuation

La ponctuation n’est pas un élément facultatif mais indispen-


sable au texte. Elle permet de le structurer et d’en faciliter la lec-
ture et la compréhension. Il ne faut donc pas la négliger.

On rappelle les principaux signes de ponctuation et leur fonc-


tion 1 :
• pour finir une phrase : le point /./, le point d’interrogation /?/,
le point d’exclamation /!/, les points de suspension /…/.
• à l’intérieur d’une phrase : la virgule /,/, le point-virgule /;/, les
deux points /:/.
• pour citer une parole : les guillemets /« »/.
• pour annoncer un changement d’énonciateur dans le dis-
cours direct : le tiret /—/ employé seul.
• pour encadrer une information secondaire : les parenthè-
ses /( )/, les crochets /[ ]/.
• pour encadrer une information et la mettre en relief : le tiret
répété /– –/ [que l’on ne répète pas toutefois si le groupe qu’il
isole coïncide avec la fin de la phrase].

몇 Ne pas oublier la majuscule après les signes de ponctuation


suivants quand ceux-ci terminent une phrase : /./, /?/, /!/, /…/ et
lorsqu’il y a un changement d’énonciateur dans le discours direct
(donc après /: «/ et /–/). C’est important !

Cf. dictée 1

1. Pour plus de détail sur l’utilisation des différents signes de ponctuation,


voir Nathalie Baccus, Orthographe française, Librio n° 596, p. 22 à 24.

10
ÉTAPE 1

Leçon n° 2
Les consonnes finales muettes

En français, un certain nombre de consonnes finales ne se pro-


noncent pas : on dit qu’elles sont « muettes ». Ainsi, pour écrire
correctement un mot, on peut penser :
• à sa forme féminine s’il s’agit d’un adjectif : blanc/blanche,
grand/grande, amoureux/amoureuse…

• à des mots de la même famille s’il s’agit d’un nom : un


fusil/fusiller, le respect/respecter, le mépris/mépriser…

Cf. dictée 2

11
ÉTAPE 1

Leçon n° 3
Les consonnes doubles

• Les mots commençant par ac- ou oc- prennent généralement


deux c : accompagner, accorder, accueillir, accrocher, occuper,
occulter, occasion…
Exceptions : académie, acacia, acompte, acariâtre, oculaire,
ocre, etc.

• Les mots commençant par ap- prennent souvent deux p :


appétit, apprendre, apprivoiser, appareiller…
Exceptions : apercevoir, aplatir, aplanir, apaiser, apitoyer…

• Les mots commençant par sup- prennent aussi générale-


ment deux p : supplémentaire, supplice, supporter…
Exceptions : suprême, suprématie, superlatif…

• Les mots commençants par at- prennent souvent deux t : atti-


rer, attendre, attaquer…
Exceptions : atelier, atroce, atermoiements…

Cf. dictée 3

12
ÉTAPE 1

Leçon n° 4
Les noms féminins en -té ou -tié

Les noms féminins se terminant par le son [e]1 s’écrivent -ée


pour la majorité d’entre eux : une idée, une cheminée, une giro-
flée, une raclée…

Exception : une clé.

몇 Les noms féminins en -té ou -tié se terminent par -é : une


qualité, la pitié, la bonté…

Exceptions :
– des noms exprimant le contenu : une charretée = le contenu
d’une charrette, une brouettée = le contenu d’une brouette…
– et des exceptions : la dictée, la montée, la pâtée, la jetée, la
portée, la butée.

Cf. dictées 4 et 5

1. Cf. tableau phonétique en fin d’ouvrage.

13
ÉTAPE 1

Dictée n° 1
Cf. leçon 1, p. 10

Le sort d’un vieux chien fidèle

Lire une fois le texte à l’élève en insistant sur les pauses, les into-
nations et les changements de voix indiqués par la ponctuation.
Puis dicter le texte en dictant aussi la ponctuation.

Un paysan avait un chien fidèle qui [...] avait perdu toutes


ses dents, si bien qu’il ne pouvait plus rien mordre. Et un jour,
devant sa porte, le paysan dit à sa femme :
— Demain matin, je prends le fusil et je vais tuer le vieux
Sultan qui n’est plus bon à rien.
La femme s’émut de compassion pour la bonne vieille bête
fidèle et dit :
— Lui qui nous a [été si fidèle] […] pendant de si longues
années, nous pourrions bien lui accorder le pain de la
grâce !
— Eh quoi ? dit l’homme, tu n’y penses pas ! Il n’a plus
aucune dent dans la gueule et aucun voleur n’a peur de lui ;
c’est bien son heure de partir à présent. […]
Le pauvre vieux chien, couché au soleil non loin de là,
entendit tout et fut bien triste d’apprendre qu’il devait mourir
le lendemain matin.
Jacob Grimm, Le Vieux Sultan,
dans Blanche-Neige et autres contes, Librio n° 248.

Commentaires
• lui accorder le pain de la grâce : image pour dire que le
couple de paysans pourrait épargner la mort au vieux chien. Ne
pas oublier l’accent circonflexe sur le mot grâce.
• Eh : interjection que l’on ne doit pas écrire et (de même que
dans l’expression eh bien). Attention à ne pas la confondre avec
l’interjection hé qu’on utilise souvent pour interpeller quelqu’un
ou avant de faire un reproche.

14
ÉTAPE 1

Dictée n° 2
Cf. leçon 2, p. 11

Une découverte macabre

« Mon Dieu ! m’écriai-je, qu’est-il donc arrivé ? »


Je m’approchai du lit et soulevai le corps du malheureux
jeune homme ; il était déjà raide et froid. Ses dents serrées et sa
figure noircie exprimaient les plus affreuses angoisses. Il
paraissait assez que sa mort avait été violente et son agonie
terrible. Nulle trace de sang cependant sur ses habits. J’écartai
sa chemise et vis sur sa poitrine une empreinte livide qui se
prolongeait sur les côtes et le dos. On [aurait] dit qu’il avait été
étreint dans un cercle de fer. Mon pied posa sur quelque
chose de dur qui se trouvait sur le tapis ; je me baissai et vis
la bague de diamants.
Prosper Mérimée, La Vénus d’Ille, Librio n° 236.

Commentaires
• Les consonnes finales muettes de la dictée :
– Les noms :
Corps/corpulent ; dents/dentiste ; mort/mortel ; diamants/
diamantaire ; sang/sanguinolent, dos/dossier, s’adosser ; tapis/
tapisser, tapisserie.
– Les adjectifs :
Malheureux/malheureuse, froid/froide, noircie/noirci, étreint/
étreinte.

• m’écriai-je : verbe au passé simple, comme tous les verbes


conjugués à la 1re personne du singulier dans ce texte. Ils rendent
compte d’actions situées dans le passé, bien délimitées dans le
temps et précisément datables. Le signaler à l’élève si on voit que
celui-ci confond avec l’imparfait.
• Nulle: déterminant indéfini qui s’accorde avec le nom auquel il
se rapporte (à la manière d’un adjectif), ici «trace», féminin singulier.
• empreinte : attention ! s’écrit e.i.n à la différence des mots de
la même famille que le verbe emprunter.
• posa sur quelque chose : même sens que se posa sur quel-
que chose.

15
ÉTAPE 1

Dictée n° 3
Cf. leçon 3, p. 12

Les hommes veulent attaquer les dieux,


Zeus décide de se défendre

Ils s’attaquèrent aux dieux […].


Alors Zeus et les autres dieux se demandèrent quel parti
prendre : ils étaient bien embarrassés. Ils ne pouvaient en effet
les tuer, et détruire leur espèce en les foudroyant comme les
Géants, car c’était perdre complètement les honneurs et les
offrandes qui leur venaient des hommes [...]. Après avoir labo-
rieusement réfléchi, Zeus parla : « Je crois, dit-il, tenir un
moyen pour qu’il puisse y avoir des hommes et que pourtant
ils renoncent à leur indiscipline : c’est de les rendre plus fai-
bles. Je vais maintenant, dit-il, couper par moitié chacun
d’eux. Ils seront ainsi plus faibles, et en même temps ils nous
rapporteront davantage, puisque leur nombre aura grandi. »
Platon, Le Banquet, Librio n° 76.

Commentaires
• Zeus : Zeus est le roi de l’Olympe (mont où résidaient les
dieux de la mythologie grecque).
• Géants : le nom prend ici une majuscule parce qu’il renvoie
aux Géants de la mythologie grecque, et est donc considéré
comme un nom propre. Fils de Gaia, la déesse de la Terre, les
Géants déclenchèrent une guerre terrible contre Zeus au début de
son règne.
• davantage : cet adverbe – invariable comme tous les adver-
bes – s’écrit en un seul mot. Il ne faut pas le confondre avec le
groupe nominal d’avantages, contraction de des avantages (ex. : Il
a obtenu plus d’avantages que lui).

16
ÉTAPE 1

Dictée n° 4
Cf. leçon 4, p. 13

Pour la reine de la fête

La beauté de mon choix réunit facilement tous les suffra-


ges ; on adora en elle la faveur et l’innocence, qui a bien aussi
sa majesté. Les heureux parents de Mina s’attribuaient les
respects que l’on rendait à leur fille. Quant à moi, j’étais dans
une ivresse difficile à décrire. Sur la fin du repas, je fis appor-
ter dans deux bassins couverts toutes les perles, tous les
bijoux, tous les diamants dont j’avais autrefois fait emplette
pour me débarrasser d’une partie de mon or, et je les fis dis-
tribuer, au nom de la reine, à toutes ses compagnes et à toutes
les dames.
Adelbert de Chamisso,
L’Étrange Histoire de Peter Schlemihl, Librio n° 615.

Commentaires
• suffrages : deux f.
• Quant : dans l’expression quant à moi, quant s’écrit avec
un t. L’expression signifie « en ce qui me concerne ».
• emplette : toujours au singulier dans l’expression faire
emplette de qui signifie acheter.

17
ÉTAPE 1

Dictée n° 5
Cf. leçon 4, p. 13

Les douleurs de la passion

Je lui déclarai un jour que […] ce qui empoisonnait la féli-


cité de mes jours, c’était l’appréhension d’entraîner après moi
dans l’abîme celle qui était, à mes yeux, l’ange consolateur de
ma destinée. Elle pleurait de me voir malheureux. Loin de
reculer devant les sacrifices de l’amour, elle [aurait] volontiers
donné toute son existence pour racheter une seule de mes lar-
mes.
Adelbert de Chamisso,
L’Étrange Histoire de Peter Schlemihl, Librio n° 615.

Commentaires
• entraîner: ne pas oublier l’accent circonflexe sur le i de ce mot
de la même famille que traîner, à toutes les personnes et à tous les
temps.
• abîme : ne pas oublier l’accent circonflexe sur le i.
Étape 2
Un peu de faux plat au milieu des champs

Rappel de quelques désinences temporelles


1. Les désinences de la 1re personne du présent de l’indicatif
2. Les désinences de la 3e personne du présent de l’indicatif
3. Les désinences du passé simple
4. Les verbes en -ger et -guer
5. Les verbes en -eler et -eter
6. L’impératif présent

19
ÉTAPE 2

Leçon n° 1
Les désinences de la 1re personne
du présent de l’indicatif

On rappelle que la désinence d’un verbe est sa terminaison : elle


est variable en fonction des temps et des personnes et elle s’ajoute
à son radical. À la première personne du présent de l’indicatif, ce
n’est pas très compliqué…

• Les verbes du 1er groupe, en -er, prennent un -e :


Ex. : monter : je monte cette côte avec courage.

• Les autres verbes prennent un -s :


Ex. : finir : je finis cette montée et je fais une pause.

Exceptions :
– Certains verbes prennent un -x : vouloir > je veux, pouvoir > je
peux, valoir > je vaux.
– Certains verbes en -ir prennent un -e comme les verbes en
-er : cueillir > je cueille, ouvrir > j’ouvre, offrir > j’offre, assaillir
> j’assaille…
– Le verbe avoir : j’ai.
– Le verbe aller, irrégulier, prend un -s : je vais.

Cf. dictée 6

20
ÉTAPE 2

Leçon n° 2
Les désinences de la 3e personne
du singulier du présent de l’indicatif

Pour savoir comment se termine un verbe à la 3e personne du


singulier de l’indicatif, se souvenir que les verbes se divisent en
deux grandes catégories :

• Les verbes du 1er groupe, en -er, prennent un -e.


Ex. : prier : il prie pour avoir des bottes de cow-boy à Noël.
• Les autres verbes prennent un -t ou un -d (les verbes prenant
un -d étant ceux qui en possèdent déjà un dans leur radical).
Ex. : prendre : il prend son lasso.
Ex. : tendre : il tend les rênes.
Ex. : finir : il finit de ramener les vaches au ranch.
몇 Les verbes en -inde, -oindre, -soudre perdent le -d et prennent
un -t.
Ex. : il joint à cette lettre un chèque de cent mille dollars.
Exceptions :
– Avoir : il a.
– Aller : il va.
– Cueillir, ouvrir, offrir, assaillir, et tressaillir se conjuguent
comme les verbes en -er [ouvrir > j’ouvre].
– Vaincre : il vainc.
Il n’y a donc que trois désinences possibles : -e, -t, et -d (à part
pour avoir, aller et vaincre).
Remarques :
– Les verbes en -yer changent leur y en i devant le e muet.
Ex. : s’ennuyer > je m’ennuie.
– Mais pour certains verbes en -yer, cette transformation est
facultative. C’est l’usage qui prévaut.
Ex. : balayer > je balaie ou je balaye ; payer > je paie ou je paye.
On préfère en général la terminaison en -aie. Et quelle que soit
l’orthographe, il est recommandé de ne pas faire entendre le e
muet final.
Cf. dictée 7

21
ÉTAPE 2

Leçon n°3
Les désinences du passé simple

Les désinences du passé simple se répartissent en 3 groupes :

• Pour les verbes du 1er groupe et certains verbes du 3e groupe,


on a :
ai, as, a, âmes, âtes, èrent
Ex. : aimer [1er groupe] : j’aimai, tu aimas, il aima, nous aimâ-
mes, vous aimâtes, ils aimèrent.
Ex. : aller [3e groupe] : j’allai, tu allas, il alla, nous allâmes, vous
allâtes, ils allèrent.

• Pour les verbes du 2e groupe et certains verbes du 3e groupe,


on a :
is, is, it, îmes, îtes, irent
Ex. : finir [2e groupe] : je finis, tu finis, il finit, nous finîmes,
vous finîtes, ils finirent.
Ex. : dire [3e groupe] : je dis, tu dis, il dit, nous dîmes, vous
dîtes, ils dirent.

• Pour les autres verbes du 3e groupe, on a :


us, us, ut, ûmes, ûtes, urent
Ex. : lire : je lus, tu lus, il lut, nous lûmes, vous lûtes, ils lurent.

Exceptions : les verbes tenir et venir et leurs composés, qui ont


une sonorité en [ı̃] :
ins, ins, int, înmes, întes, inrent
Ex. : obtenir : j’obtins, tu obtins, il obtint, nous obtînmes, vous
obtîntes, ils obtinrent.

Remarques :
– Certains verbes n’ont pas de passé simple : absoudre, dissou-
dre, traire, paître, clore, frire.
– Ne pas oublier l’accent circonflexe sur les 1re et 2e personnes
du pluriel. En revanche, on ne trouve jamais d’accent circonflexe
sur la 3e personne du singulier.
Cf. dictée 8

22
ÉTAPE 2

Leçon n° 4
Verbes en -ger et en -guer

• Les verbes en -ger (ex. : nager, voyager, partager…) prennent


un e muet après le g et devant a et o pour conserver le son [].
Ex. : Je nageais, nous nageons mais nous nagions.

몇 Les verbes en -anger s’écrivent tous a.n.g.e.r sauf venger (ex. :


ranger, changer, mélanger, manger…).

• Les verbes en -guer (ex : naviguer, distinguer, fatiguer…) sont


réguliers : ils conservent le u de leur radical à toutes les personnes
et à tous les temps de leur conjugaison.
Ex. : Je distinguai, nous distinguons, nous distinguions.

Cf. dictée 9

23
ÉTAPE 2

Leçon n° 5
Verbes en -eler et en -eter

• En général, les verbes en -eler (ex. : appeler) et en -eter (ex. :


jeter) prennent deux l ou deux t devant un e muet. Le e qui pré-
cède la consonne est alors un e ouvert (il se prononce comme le e
de mer).
Ex. : j’appelle mais j’appelais
Ex. : je jette mais je jetais

몇 Certains verbes en -eler (ex. : geler) et en -eter (ex. : acheter)


ne redoublent pas le l ou le t devant un e muet : ils prennent un
accent grave sur l’e pour marquer la différence de prononciation.
Ex. : je gèle mais nous gelons
Ex. : j’achète mais nous achetons

• Voici les principaux (auxquels il faut ajouter leurs compo-


sés) :
acheter geler
celer haleter
ciseler marteler
démanteler modeler
écarteler peler
fureter

Cf. dictée 10

24
ÉTAPE 2

Leçon n° 6
L’impératif présent

L’impératif est un mode qui sert principalement à exprimer


l’ordre (ex. : Mange ta soupe !), ou la défense (employé dans une
phrase négative, ex. : Ne fais pas ça !).
Il ne possède que trois personnes : la deuxième personne du
singulier [mange], la deuxième personne du pluriel [mangeons] et
la troisième personne du pluriel [mangez]. Pour les autres per-
sonnes, on utilise le subjonctif : que je mange, qu’il mange, qu’ils
mangent.

• Pour bien orthographier la 2e personne du singulier de l’im-


pératif présent :
– Les verbes du 1er groupe se terminent en -e, ainsi que quel-
ques verbes du 3e groupe terminés par un e muet : chante [chan-
ter], sache [savoir], ouvre [ouvrir], cueille [cueillir].
– Les autres verbes se terminent en -s : finis, lis, prends, viens,
fais, etc.
Exceptions : aller > va, avoir > aie.
– Les verbes ne se terminant normalement pas en -s prennent
un -s lorsqu’ils sont suivis des pronoms y ou en pour faciliter la
liaison : manges-en, vas-y.

• Les pronoms personnels qui complètent le verbe à l’impéra-


tif se placent tous après le verbe, et sont liés à lui et entre eux (s’il
y en a plusieurs) par un trait d’union : finis-la, donne-le-moi.

Cf. dictée 11

25
ÉTAPE 2

Dictée n° 6
Cf. leçon 1, p. 20

Doutes et interrogations

— Oh ! Est-ce que je me trouve vraiment dans une seule


dimension ? dit-il. Et toi ?
— Pourquoi tout ce que je dis est faux ?
— Tout ce que tu dis est faux ? reprit-il.
— Je crois que je me suis trompé de voie.
— Tu penses peut-être à l’immobilier ? dit-il.
— L’immobilier ou les assurances.
— Il y a de l’avenir dans l’immobilier, si c’est un avenir que
tu veux.
— D’accord. Je m’excuse, dis-je. Je ne veux pas d’avenir.
J’aimerais autant devenir un bon vieux maître du monde de
l’illusion. Dans une semaine peut-être ?
— Écoute, Richard, j’espère bien que ce ne sera pas si long !
Richard Bach, Le Messie récalcitrant,
traduit par Guy Casaril, Librio n° 315.
© Richard Bach and Leslie Parrish, Bade, 1977.
© Flammarion, 1978, pour la traduction française.

Commentaires
• Oh ! : cette interjection exprimant ici la surprise (mais pou-
vant aussi exprimer l’indignation ou renforcer le sens de la
phrase) est toujours suivie d’un point d’exclamation. Il ne faut pas
la confondre avec ho ! qui exprime uniquement la surprise ou l’in-
dignation.
• voie : ne pas confondre la voie = la route, le chemin, et la voix
pour chanter.

26
ÉTAPE 2

Dictée n° 7
Cf. leçon 2, p. 21

Les débuts de Kennedy

Avec la mort de son frère aîné, John Kennedy est devenu le


porteur des ambitions politiques de son père. Cela ne l’emballe
pas, mais il est résigné. Il confie à un ami : « Voilà mon vieux
qui travaille à l’avenir ; maintenant c’est mon tour, et il va fal-
loir que j’y aille. » […] Dès Noël 1944, en effet, Joseph Kennedy
prend ses dispositions : il paie les lourdes dettes du député cor-
rompu […] à condition qu’il ne se représente pas aux élections
législatives de novembre 1946.
[…] John y met du sien. Il parcourt assidûment une ville
qu’il connaît mal, puisqu’il n’y a plus habité depuis l’âge de dix
ans, et qu’il n’a jamais mis les pieds dans les quartiers popu-
laires. […] Il est debout du matin au soir et ne dort que quatre
heures par nuit pendant des mois.
Claude Moisy, John F. Kennedy [1917-1963], Librio n° 607.

Commentaires
• corrompu : prend deux r, comme corruption et corruptible.
• assidûment : cet adverbe en -ment porte un accent circon-
flexe sur le u : lors de sa formation, on a remplacé le -e final de
l’adjectif féminin par un accent circonflexe (cf. leçon : Les adver-
bes en -ment, p. 81).
• connaît : le i prend un accent circonflexe chaque fois qu’il est
placé devant un t.

27
ÉTAPE 2

Dictée n° 8
Cf. leçon 3, p. 22

Une bataille de boules de neige

La fête se termina à minuit et demi. Nous récupérâmes nos


manteaux. […]
Quand nous sortîmes, la rue et les voitures étaient blanches
et la neige, comme dans un conte de Noël, tombait à gros flo-
cons.
— Comment je vais marcher, moi ? gémit Gladys.
Elle avait aux pieds de fins souliers à hauts talons. Marc
Alby lui présenta son dos. Elle monta dessus et nous dit de
faire pareil. Il y avait un cheval de trop puisque nous étions
cinq. Je dis que je prenais le deuxième tour et qu’en attendant
je compterais les points. Anna s’agrippa au cou de Patrick et
se souleva. […] Je donnai le départ. Patrick reçut la boule de
neige de Gladys en pleine figure et, avec une expression d’in-
tense perplexité, tomba à genoux devant un réverbère.
Patrick Besson, Lettre à un ami perdu, Librio n° 218.
© Fayard, 2004.

Commentaires
• demi : demi placé après un nom s’accorde en genre avec ce
nom (cf. leçon : L’accord des adjectifs, p. 33). Minuit étant de
genre masculin, on écrit demi.
• compterais : conditionnel présent qui joue un rôle de futur
dans le passé (cf. leçon : Futur ou conditionnel présent, p. 69).
Terminaison : -ais.
• s’agrippa : un g et deux p.

28
ÉTAPE 2

Dictée n° 9
Cf. leçon 4, p. 23

Un étrange rayon de lumière

Le rayon arriva à notre hauteur et nous éclaboussa de


lumière. Je craignis qu’il me brûle la peau, mais il ne dégageait
aucune chaleur. Il nous dépassa, s’allongea sur les dalles du
porche, gravit le panneau de la porte monumentale et termina
sa course sur la serrure. […]
Le rayon continua de s’élever et se jeta dans l’ensemble
formé par les autres lignes lumineuses. J’eus la sensation d’ad-
mirer une constellation dont on aurait relié les points. Je
reconnus, ou crus reconnaître, des oiseaux superposés dans
l’enchevêtrement de traits et de courbes. Mais cela resta
confus jusqu’à ce que les rayons se mettent de nouveau à bou-
ger […]. […] subitement, l’éclat des rayons s’estompa et je ne
distinguai plus que la coupole lumineuse qui coiffait Guillestre
et les environs.
Pierre Bordage, Nuits-lumière, mystères en Guillestrois,
Librio n° 564.

Commentaires
• brûle : le verbe brûler prend un accent circonflexe sur le u à
toutes les personnes et à tous les temps.
• reconnaître : le i prend un accent circonflexe chaque fois
qu’il est placé devant un t.

29
ÉTAPE 2

Dictée n° 10
Cf. leçon 5, p. 24

Un couple fascinant

C’étaient un homme et une femme, tous deux de haute


taille, et qui, dès le premier regard que je leur jetai, me firent
l’effet d’appartenir aux rangs élevés du monde parisien. Ils
n’étaient jeunes ni l’un ni l’autre, mais néanmoins parfaite-
ment beaux. L’homme devait s’en aller vers quarante-sept ans
et davantage, et la femme vers quarante et plus… […]
L’homme […] portait des cheveux courts, qui n’empêchaient
nullement de voir briller à ses oreilles deux saphirs d’un bleu
sombre, qui me rappelèrent les deux émeraudes que Sbogar
portait à la même place… […] Elle était grande comme lui. Sa
tête atteignait presque la sienne.
Jules Barbey d’Aurevilly, Le Bonheur
dans le crime, Librio n° 196.

Commentaires
• C’étaient : ici, on a accordé le verbe être avec le groupe nomi-
nal pluriel qui le suit, un homme et une femme. Mais on peut aussi
choisir de ne pas l’accorder et écrire c’était.
• parisien : employé comme adjectif, ce nom d’habitant ne
prend pas de majuscule.
• devait s’en aller vers : devait avoir environ.
• davantage : cet adverbe – invariable comme tous les adver-
bes – s’écrit en un seul mot. Il ne faut pas le confondre avec le
groupe nominal d’avantages, contraction de des avantages (ex. : Il
a obtenu plus d’avantages que lui).
• saphirs : pierre précieuse de couleur bleue.

30
ÉTAPE 2

Dictée n° 11
Cf. leçon 6, p. 25

La pomme

Plus loin, dans d’immenses paniers d’osier, s’entassaient


des citrons doux, des oranges [...]. Un garçonnet leur donnait
du luisant en soufflant dessus et en les essuyant avec un chif-
fon. Les deux mains croisées sur son ventre, le propriétaire le
regardait faire d’un œil complaisant.
— Qui me paiera une pomme ? s’écria Okkasionne.
— Donne-lui une pomme, dit l’homme sans décroiser les
bras.
— Non, c’est moi qui la choisirai !
Le montreur cueillit à la surface du panier un fruit velouté
et du plus bel incarnat.
— Tiens, c’est pour toi, fit-il, la tendant à Saddika, elle te
donnera des couleurs.
Elle la prit sans rien dire.
— Mange-la…
— Je ne pourrais pas… […] À cause de mes dents, finit-elle
par ajouter.
— Alors, rends-la-moi.
Andrée Chedid, Le Sixième Jour, Librio n° 47.
© Flammarion, 1986.

Commentaires
• osier : petit arbre aux branches flexibles à partir desquelles
on tresse des paniers.
• s’entasser : deux s pour faire le son [s]. Penser au mot de
base, tas, à partir duquel le verbe a été formé.
• paiera : on peut écrire aussi payera.
• incarnat : rouge clair et vif.
• pourrais : le verbe est au conditionnel parce qu’il exprime
une hypothèse rejetée (on peut sous-entendre : « même si je le
voulais, je ne le pourrais pas ») (cf. leçon : Futur ou conditionnel
présent, p. 69).
Étape 3
Première côte dans les sous-bois :
attention à ne pas se prendre les pieds dans les racines !

L’accord des adjectifs et des noms composés


1. L’accord des adjectifs
2. L’accord des adjectifs de couleur
3. Le pluriel des noms composés

32
ÉTAPE 3

Leçon n° 1
L’accord des adjectifs

• L’adjectif qualificatif s’accorde en genre (masculin/féminin)


et en nombre (singulier/pluriel) avec le nom auquel il se rapporte.
Ex. 1 : Le gâteau est bon.
Ex. 2 : La tarte est bonne.
Ex. 3 : Les cakes et les gâteaux sont bons.
Ex. 4 : Les chouquettes et les tartes sont bonnes.
Ex. 5 : Les gâteaux et les tartes sont bons.
– Si l’adjectif se rapporte à plusieurs noms de même genre, il
prend leur genre (ex. 3 et 4).
– Si l’adjectif se rapporte à plusieurs noms de genres diffé-
rents, il se met au masculin (ex. 5).

• Les adjectifs demi et nu placés devant un nom sont invaria-


bles. Placés après, ils s’accordent en genre et en nombre avec le
nom auquel ils se rapportent.
Ex. : une demi-heure mais une heure et demie
Ex. : nu-pieds mais les pieds nus

• Les adjectifs numéraux cardinaux sont invariables (sauf


vingt et cent quand ils indiquent des vingtaines et des centaines
entières).
Ex. : vingt-quatre mais quatre-vingts.
Ex. : deux cent cinq mais deux cents.

• Les adjectifs numéraux ordinaux sont variables.


Ex. : sa première dent.
Ex. : les trois cinquièmes.

Remarque : mille, adjectif numéral est invariable, mais millier,


million, milliard, qui sont des noms, sont variables.
Ex. : mille tartes au chocolat mais deux millions de tartes au
chocolat.

Cf. dictée 12

33
ÉTAPE 3

Leçon n° 2
L’accord des adjectifs de couleur

• Généralement, l’adjectif de couleur suit la règle d’accord de


l’adjectif qualificatif : il s’accorde en genre et en nombre avec le
nom auquel il se rapporte.
Ex. : des paquets jaunes, des rideaux roses, une chemise bleue.

• Mais il ne s’accorde pas s’il s’agit d’un nom commun employé


comme adjectif. Pour s’aider à les reconnaître, on peut sous-
entendre « couleur » avant l’adjectif.
Ex. : une robe [couleur] chocolat, une étoffe [couleur] indigo,
des boîtes [couleur] ivoire.
Exceptions : écarlate, fauve, incarnat, rose, mauve et pourpre
varient (avec l’usage, on les a assimilés à de véritables adjectifs de
couleur).

• De même l’adjectif est invariable :


– Lorsque l’adjectif est un mot composé, que les mots soient
réunis par un trait d’union ou pas : des tapis vert bouteille, une
robe bleu roi, des cheveux poivre et sel, une couverture lie-de-vin,
une mer bleu-vert.
– Lorsqu’un adjectif est accompagné d’un autre adjectif le
modifiant : des cheveux blond clair, une laine brun jaunâtre.

Remarque : on écrira des tartelettes roses et rouges si certaines


sont roses et d’autres rouges. En revanche, on écrira des tartelet-
tes rose et rouge si chaque tartelette est à la fois rose et rouge.

Cf. dictée 13

34
ÉTAPE 3

Leçon n° 3
Le pluriel des noms composés

Les noms composés sont formés de deux mots reliés entre eux
par un trait d’union ou une préposition, ex. : chou-fleur, boîte aux
lettres. Ces deux mots peuvent être :
– un nom + un nom : un timbre-poste
– un nom + un adjectif : un coffre-fort
– un adjectif + un nom : un rouge-gorge
– un verbe + un nom : un cache-pot
– un verbe + un verbe : un jeu de cache-cache
– une préposition + un nom : une arrière-boutique
– un adverbe + un nom : un à-côté.

Pour former leur pluriel :


• Seuls les noms et les adjectifs peuvent prendre la marque du
pluriel, et si le sens le permet.
Ex. : un chef-lieu > des chefs-lieux (nom + nom), un coffre-fort
> des coffres-forts (nom + adjectif).

• Mais si le second nom a la fonction de complément du pre-


mier, qu’il soit introduit ou non par une préposition, il reste inva-
riable.
Ex. : un timbre-poste (« de la poste ») > des timbres-poste, un
arc-en-ciel (« du ciel ») > des arcs-en-ciel.

• Enfin, si l’un des éléments est un verbe, une préposition ou


un adverbe, cet élément ne varie pas.
Ex. : un couvre-lit (verbe + nom) > des couvre-lits, un à-côté
(préposition + nom) > des à-côtés, une arrière-boutique (adverbe
+ nom) > des arrière-boutiques.

Cf. dictée 14

35
ÉTAPE 3

Dictée n° 12
Cf. leçon 1, p. 33

La télévision, objet de fascination

Durant les repas, Thomas, lui, ne résistait pas au défilé des


images. Au début, lorsqu’elles lui semblaient trop rudes, trop
brutales pour l’enfant, il zappait pour quelques instants.
Martin lui paraissant, chaque fois, indifférent ou distrait, il
avait renoncé à ces brefs intervalles. Thomas estimait qu’il fal-
lait se tenir au courant de ce qui agitait le vaste monde. Toutes
ces nouvelles finissaient par s’absorber avec impassibilité et
sagesse. […] Thomas, comme tant d’autres, avait ses soucis
personnels, ses propres inquiétudes, auxquels il fallait faire
face avant de se préoccuper du reste. […]
Le dessin animé venait de céder la place à une publicité
qu’Agnès appréciait particulièrement. De ravissants bébés
nageaient sous l’eau, s’élevaient dans les airs, composaient un
ballet enchanteur.
Andrée Chedid, Arrêt sur image,
dans Inventons la paix, Librio n° 338.

Commentaires
• chaque : toujours au singulier (comme chacun).
• auxquels : pronom relatif qui s’accorde avec le nom auquel
il se rapporte (ici ses soucis personnels, ses propres inquiétudes :
accord au masculin pluriel).
• se préoccuper : deux c et un p.
• ballet : il ne faut pas confondre le ballet, qui est un spectacle
de danse, et le balai pour balayer par terre…

36
ÉTAPE 3

Dictée n° 13
Cf. leçon 2, p. 34

Un jardin merveilleux

Les arbres de ce jardin étaient tout chargés de fruits


extraordinaires. Chaque arbre en portait de différentes cou-
leurs : il y avait des fruits blancs, et d’autres luisants et transpa-
rents comme le cristal ; des rouges, des carmin, des cerise, des
pourpres, les uns plus chargés, les autres moins ; des verts, des
bleus, des violets, des dorés, des argentés, et de plusieurs autres
sortes de couleurs. Les fruits blancs étaient des perles ; les lui-
sants et transparents des diamants ; les rouge foncé des rubis ;
les verts des émeraudes ; et ainsi des autres. Et ces fruits
étaient tous d’une grosseur et d’une perfection à quoi on n’a-
vait encore rien vu de pareil dans le monde.
D’après Les Mille et Une Nuits,
Aladdin ou la Lampe merveilleuse,
traduit par Antoine Galland, Librio n° 191.

Commentaires
• Quelques adjectifs de couleur de la dictée : carmin = nom
commun employé comme adjectif, invariable ; cerise = nom com-
mun employé comme adjectif, invariable ; pourpres = variable (cf.
exceptions de la leçon p. 34) ; rouge foncé = rouge est modifié par
foncé, les deux adjectifs sont invariables.
• tout : tout est ici invariable car il est employé comme
adverbe. Il modifie l’adjectif chargés et il signifie « entièrement »
(cf. leçon : tout, p. 77).
• on n’ : pour ne pas oublier la négation n’, il faut remplacer
on par nous. Nous n’avons encore rien vu de pareil : on entend le
son [n], donc on écrit on n’ (cf. leçon : on et on n’, p. 44).

37
ÉTAPE 3

Dictée n° 14
Cf. leçon 3, p. 35

Au bord de l’eau

Nous avons mis les mots composés de cette dictée au pluriel pour
les nécessités de l’exercice.

Sur de petites plates-formes, les nageurs se pressent pour


piquer leur tête. Ils sont longs comme des échalas, ronds
comme des citrouilles, noueux comme des branches d’olivier,
courbés en avant ou rejetés en arrière par l’ampleur du ventre,
et, invariablement laids, ils sautent dans l’eau qui rejaillit jus-
que sur les buveurs du café.
Malgré les arbres immenses penchés sur la maison flottante
et malgré le voisinage de l’eau, une chaleur suffocante emplis-
sait ce lieu. Les émanations des liqueurs répandues se
mêlaient à l’odeur des corps et à celle des parfums violents
dont la peau des marchandes d’amour était pénétrée et qui s’é-
vaporaient dans cette fournaise. […]
Le spectacle était sur le fleuve, où les va-et-vient incessants
des barques tiraient les yeux.
Guy de Maupassant, La Femme de Paul, dans
Une partie de campagne et autres nouvelles, Librio n° 29.

Commentaires
• échalas : bâton qu’on enfonce dans le sol au pied d’un petit
arbre pour le soutenir lors de sa croissance.
• émanations : odeurs, effluves.
Étape 4
Deuxième côte dans les sous-bois : il vaut mieux savoir
distinguer un champignon comestible
d’un champignon vénéneux…

Les homophones les plus courants


Les homophones sont des mots qui se prononcent de la même
façon mais qui n’ont pas la même orthographe
1. et ou est
2. a ou à
3. ou et où
4. ce et se, c’est et s’est, c’était et s’était
5. on et on n’

39
ÉTAPE 4

Leçon n° 1
et ou est

Il ne faut pas confondre et, conjonction de coordination qui


sert à relier deux phrases ou deux éléments d’une phrase, et est,
verbe être conjugué à la troisième personne du singulier du pré-
sent de l’indicatif.

Pour les distinguer, retenir qu’on peut remplacer :


et par et puis
est par était

Ex. 1 : Il aime le miel et le chocolat. / Il aime le miel et puis le


chocolat.

Ex. 2 : Il est très gourmand. / Il était très gourmand.

Ex. 3 : Elle est partie en vacances et est rentrée deux jours plus
tard. / Elle était partie en vacances et puis était rentrée deux
jours plus tard.

Cf. dictée 15

40
ÉTAPE 4

Leçon n° 2
a et à

Il ne faut pas confondre à, préposition et a, verbe avoir conju-


gué à la troisième personne du singulier du présent de l’indicatif.

Pour les distinguer, on peut tenter de remplacer la forme qui


pose problème par avait. Si c’est possible, on est alors en présence
du verbe avoir et on écrit a.

Ex. 1 : Il mange un yaourt à l’abricot : préposition, on ne peut


pas la remplacer par avait [Il mange un yaourt avait l’abricot].

Ex. 2 : Il a un yaourt dans son réfrigérateur : verbe avoir conju-


gué à la troisième personne du présent de l’indicatif, on peut le
remplacer par avait [Il avait un yaourt dans son réfrigérateur].

Cf. dictée 16

41
ÉTAPE 4

Leçon n° 3
ou et où

Il ne faut pas confondre ou, conjonction de coordination qui


sert à relier deux phrases ou deux éléments d’une phrase, et où,
adverbe interrogatif ou adverbe relatif.

• Ou sans accent grave s’emploie pour coordonner deux ter-


mes. Il exprime l’alternative.
Ex. 1 : Tu choisis un gâteau ou une tarte.

• Où avec un accent grave exprime le lieu. Il s’emploie :


– dans une interrogation, il est alors adverbe interrogatif :
Ex. 2 : Où est la tarte ? [interrogation directe]
Ex. 3 : Je ne sais pas où elle est. [interrogation indirecte]

– dans une proposition subordonnée relative, il est alors


adverbe relatif :
Ex. 4 : La tarte est là où elle est.

À retenir : si l’on peut remplacer ou par ou bien, on écrit ou


sans accent grave. Sinon on l’écrit avec un accent grave.
Ex. 1 : Tu choisis un gâteau ou bien une tarte : on écrit ou.
Ex. 2 : Ou bien est la tarte ? : ne fonctionne pas : on écrit où.

Cf. dictée 17

42
ÉTAPE 4

Leçon n° 4
ce et se, c’est et s’est, c’était et s’était

• Ce peut être :
– un déterminant démonstratif qui se place devant un nom.
Ex. 1 : Ce vélo est à moi.
– un pronom démonstratif employé devant un pronom relatif
(que, qui, dont).
Ex. 2 : Je sais ce que je veux.
– employé de manière abrégée devant le verbe être. On l’écrit c’.
Ex. 3 : C’est son vélo.
Ex. 4 : C’était une belle journée de printemps.

• Se est un pronom personnel réfléchi ; il s’emploie unique-


ment devant un verbe.
Ex. 5 : Il s’était levé de bonne heure.
Ex. 6 : Elle s’est cassé la jambe.

À retenir :
– Employé devant un nom, on peut remplacer ce par le.
Ex. 1 : Le vélo est à moi.
– Employé devant un pronom relatif (que, qui, dont), on peut
remplacer ce par cette chose.
Ex. 2 : Je sais que je veux cette chose.
– Abrégé en c’ devant le verbe être, on peut remplacer ce par
ceci.
Ex. 3 : Ceci est son vélo.
Ex. 4 : Ceci était une belle journée de printemps.
– On peut remplacer se par un autre pronom personnel réflé-
chi comme me (en changeant le pronom personnel sujet du verbe
de la phrase).
Ex. 5 : Je m’étais levé de bonne heure.
Ex. 6 : Je me suis cassé la jambe.

Cf. dictée 18

43
ÉTAPE 4

Leçon n° 5
on et on n’

À l’oreille, il est difficile de distinguer on + mot commençant


par une voyelle et on n’ + mot commençant par une voyelle. Or la
différence est importante puisque, dans le second cas, on est suivi
de l’adverbe ne (abrégé en n’), premier élément d’une négation à
deux termes [ne… pas, ne… que, ne… personne].

• Observez ces exemples :


Ex. 1 : On aime les pâtes !
Ex. 2 : On n’aime pas les pâtes !
Ex. 3 : On n’aime que les pâtes fraîches !
Ex. 4 : On n’a trouvé personne pour faire des pâtes fraîches.
Ex. 5 : On entend peu l’eau bouillir.

• Pour savoir si l’on est en présence d’une négation, il suffit de


remplacer le pronom on par un autre pronom personnel, comme
nous. Si le son [n] subsiste, il faut écrire on n’.

Ex. 3 : Nous n’aimons que les pâtes fraîches ! : on entend la


négation, on écrit on n’.
Ex. 5 : Nous entendons peu l’eau bouillir : on est sûr qu’il n’y a
pas de négation, on écrit on.

Cf. dictée 19

44
ÉTAPE 4

Dictée n° 15
Cf. leçon 1, p. 40

Les devoirs d’un ami dévoué

La cane et le rat d’eau discutent. Le rat d’eau vient de déclarer


qu’il n’existe selon lui rien de plus rare qu’une amitié dévouée…

— Et quelle est, je vous prie, votre idée des devoirs d’un


ami dévoué ? demanda une linotte verte perchée sur un saule
tordu et qui avait écouté la conversation.
— Oui, c’est justement ce que je voudrais savoir, fit la cane,
et elle nagea vers l’extrémité du réservoir et piqua sa tête pour
donner à ses enfants le bon exemple.
— Quelle question niaise ! cria le rat d’eau. J’entends que
mon ami dévoué me soit dévoué, parbleu !
— Et que ferez-vous en retour ? dit le petit oiseau, s’agitant
sur une ramille argentée et battant de ses petites ailes.
— Je ne vous comprends pas, répondit le rat d’eau.
— Laissez-moi vous conter une histoire à ce sujet, dit la
linotte.
Oscar Wilde, L’Ami dévoué dans Le Fantôme de Canterville suivi de
Le Prince heureux, Le Géant égoïste et autres contes,
traduit par Albert Savine, Librio n° 600.

Commentaires
• quelle : déterminant interrogatif qui s’accorde avec le nom
sur lequel il interroge, ici idée, féminin singulier (cf. leçon :
quel[le][s] et qu’elle[s], p. 83).
• linotte : petit oiseau, comme cela est dit quelques lignes plus
bas.
• cane : s’écrit avec un seul n, à la différence de la canne pour
marcher, à pêche, à sucre…
• extrémité : s’écrit avec un accent aigu, à la différence de
extrême qui porte un accent circonflexe.
• parbleu : juron issu d’une atténuation de par dieu et qui
exprime l’évidence.
• ramille : toute petite branche d’arbre.

45
ÉTAPE 4

Dictée n° 16
Cf. leçon 2, p. 41

Une nouvelle enquête pour Sherlock Holmes

Lestrade se mit à rire.


— Décidément, monsieur Holmes, il n’y a rien à vous
cacher. Oui, il y a bien quelque chose qui me préoccupe, et
pourtant, c’est si absurde que j’hésite à vous en infliger le récit ;
d’un autre côté, l’événement, tout en ne sortant pas de la
banalité, paraît cependant assez bizarre. Je sais, il est vrai,
que vous avez un goût marqué pour ce qui sort de l’ordinaire,
mais, à mon avis, cette affaire paraît plutôt ressortir du
domaine du Dr Watson que du vôtre.
[…]
Croiriez-vous qu’il existe, de nos jours, un homme qui nour-
rit une telle haine contre Napoléon Ier qu’il brise impitoyable-
ment toutes les statues qui le représentent ?
Holmes s’enfonça dans sa chaise.
— Cela ne me regarde pas, dit-il.
Sir Arthur Conan Doyle, Les Six Napoléons,
traduit par Henry Evie, Librio n° 84.

Commentaires
• événement : si autrefois l’accent aigu sur le second e était de
rigueur, aujourd’hui l’accent grave est toléré.
• paraît : ce verbe prend un accent circonflexe sur le i chaque
fois que celui-ci est devant un t.
• vôtre : pronom possessif, il prend un accent circonflexe sur
le o, à la différence de votre, déterminant possessif, qui accompa-
gne un nom (ex. : votre maison a été cambriolée).

46
ÉTAPE 4

Dictée n° 17
Cf. leçon 3, p. 42

La fée du logis

Il y avait un énorme foyer qui se trouvait en n’importe quel


endroit où il vous plaisait d’allumer le feu. […]
[Wendy] ne levait pas le nez des casseroles, pour ainsi dire,
et préparait toutes sortes de plats exotiques, à base d’ignames,
de noix de coco, de sapotilles et j’en passe. Mais l’on ne savait
jamais si l’on allait faire un vrai repas ou se contenter d’un
repas pour rire : tout dépendait de l’humeur du capitaine. […]
[Elle] attendait que tout le monde soit couché pour ravau-
der. Alors, disait-elle, elle pouvait souffler. Elle leur taillait de
nouveaux pantalons, ou renforçait les anciens avec des dou-
bles pièces, car tous se montraient durs pour les genoux. Et
lorsqu’elle s’asseyait avec sa corbeille pleine de chaussettes
aux talons troués, elle levait les bras au ciel en soupirant :
« Mon Dieu ! il y a des jours où l’on envierait les vieilles
filles ! », et son visage rayonnait.
James M. Barrie, Peter Pan, traduit
par Yvette Métral, Librio n° 591.
© Flammarion, 1982, pour la traduction française.

Commentaires
• igname : tubercule que l’on mange dans les pays tropicaux.
• sapotille : gros fruit rouge, très savoureux.
• ravauder : raccommoder à la main de vieux vêtements.

47
ÉTAPE 4

Dictée n° 18
Cf. leçon 4, p. 43

Préparatifs avant l’expédition

Il est bien clair en effet que l’on ne s’embarque pas pour une
expédition semblable sans prendre quelques précautions. Il
faut savoir où l’on va, que diable !, et ne pas partir comme un
oiseau…
Avant toutes choses, le Tarasconnais voulut lire les récits
des grands touristes africains […].
Là, il vit que ces intrépides voyageurs, avant de chausser
leurs sandales pour les excursions lointaines, s’étaient prépa-
rés de longue main à supporter la faim, la soif, les marches
forcées, les privations de toutes sortes. Tartarin voulut faire
comme eux, et, à partir de ce jour-là, ne se nourrit plus que
d’eau bouillie. – Ce qu’on appelle eau bouillie, à Tarascon, c’est
quelques tranches de pain noyées dans de l’eau chaude, avec
une gousse d’ail, un peu de thym, un brin de laurier.
Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon,
Librio n° 164.

Commentaires
• quelques : déterminant indéfini qui s’accorde en nombre
avec le nom qu’il introduit, ici précautions, pluriel.
• Tarasconnais : on met une majuscule devant un nom de
peuple employé substantivement.
• africains : le nom de peuple est ici employé comme adjectif,
on ne met donc pas de majuscule.
• jour-là : ne pas oublier le trait d’union qui unit toujours la
particule adverbiale là et le nom qui la précède.

48
ÉTAPE 4

Dictée n° 19
Cf. leçon 5, p. 44

La loi du désir

Être heureux, c’est avoir non pas tout ce qu’on désire, mais
enfin une bonne partie, peut-être la plus grosse partie de ce
qu’on désire. Soit. Mais si le désir est manque, on ne désire,
par définition, que ce qu’on n’a pas. Or, si l’on ne désire que ce
qu’on n’a pas, on n’a jamais ce qu’on désire, donc on n’est
jamais heureux. Non pas que le désir ne soit jamais satisfait,
la vie n’est pas difficile à ce point. Mais en ceci que, dès qu’un
désir est satisfait, il n’y a plus de manque, donc plus de désir.
André Comte-Sponville, Le Bonheur,
désespérément, Librio n° 513.
© Pleins feux, 2000.

Commentaires
• Soit : adverbe d’affirmation. Il faut faire entendre le -t final.
• dès que : ne pas oublier l’accent grave sur dès.

49
ÉTAPE 4

Dictée n° 20
Cf. leçon 5, p. 44

Un visage à la fenêtre

La porte d’entrée ferme mal, elle ouvre mal aussi. Il s’agit


de ces portes auxquelles on donne un tour de clé pour satis-
faire l’esprit, tant, à la pousser, si l’on n’y est pas habitué, on
ébranle jusqu’aux murs. À côté d’elle, de là où je suis, j’ai vu,
l’espace d’une seconde, un visage blafard s’encadrer au car-
reau de la fenêtre, se haussant goulûment sur la pointe des
pieds pour regarder notre menu – un rêve récurrent. À peine
a-t-on le temps d’enregistrer la vision que la porte fait enten-
dre son raclement. Personne n’a frappé. La poussée devient
plus violente. J’ai bondi, le couteau à bout rond en avant.
Eric Holder, L’Échappée belle, dans Révélations,
Librio, édition limitée.

Commentaires
• blafard : très pâle, livide.
• goulûment : dans la formation de cet adverbe en -ment, on a
remplacé le -e final de l’adjectif féminin par un accent circonflexe
(cf. leçon : Les adverbes en -ment, p. 81).
Étape 5
Vers les sommets : endurance et concentration.
Ne pas relâcher l’effort !

Le participe passé
1. L’accord du participe passé avec l’auxiliaire être
2. L’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir
3. Le participe passé des verbes pronominaux
4. Participe passé en -é ou infinitif en -er ?

51
ÉTAPE 5

Leçon n° 1
L’accord du participe passé avec l’auxiliaire être

• Employé avec l’auxiliaire être, le participe passé 1 s’accorde


en genre et en nombre avec le sujet.
Ex. 1 : Ils sont allés au cinéma.
Ex. 2 : On est parti avant-hier.
Ex. 3 : Elle est descendue de sa chaise.

• Quand le verbe est à la forme passive, c’est-à-dire que la


forme verbale est composée à la fois de l’auxiliaire être et de
l’auxiliaire avoir, c’est la même règle qui s’applique.
Ex. 4 : Ces photos ont été prises malgré l’interdiction.

Cf. dictées 21 et 22

1. Pour la définition et la formation du participe passé, voir Nathalie


Baccus, Orthographe française, Librio n° 596, p. 28 à 30.

52
ÉTAPE 5

Leçon n° 2
L’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir

• Employé avec l’auxiliaire avoir, le participe passé :


– ne s’accorde jamais avec le sujet du verbe
– s’accorde en genre et en nombre avec le complément d’objet
direct [COD] 1 quand celui-ci est placé avant le participe.

• Observez ces exemples en prenant bien soin de reconnaître à


chaque fois le verbe, le sujet, et le COD lorsqu’il y en a un :

Ex. 1 : Les enfants ont mangé dans la cuisine : on n’accorde pas


le participe passé avec le sujet du verbe (ici les enfants). Il n’y a
pas de COD dans cette phrase.

Ex. 2 : Ils ont mangé des biscuits : le COD est placé après le par-
ticipe passé, il n’y a donc pas de raison pour accorder le participe
passé.

Ex. 3 : Ces biscuits, elle les a mangés : le COD est le pronom les
qui représente ces biscuits. Il est placé avant le participe passé.
Donc, on accorde le participe passé en genre et en nombre avec
le pronom COD masculin pluriel.

Ex. 4 : Les biscuits qu’elle a mangés sont délicieux : le COD est


le pronom relatif qu’ qui représente son antécédent les biscuits.
Le COD est placé avant le participe : on accorde donc le participe
en genre et en nombre avec l’antécédent du pronom COD (ici
masculin pluriel).

Cf. dictées 23, 24 et 25

1. Pour en savoir plus sur le COD, voir Nathalie Baccus, Grammaire fran-
çaise, Librio n° 534, p. 91.

53
ÉTAPE 5

Leçon n° 3
Le participe passé des verbes pronominaux

• Les verbes pronominaux sont ceux qui se construisent


avec un pronom personnel réfléchi (ex. : se laver) qui renvoie
à la même personne que celle représentée par le pronom sujet
(ex. : je me lave). On distingue deux types de verbes pronomi-
naux 1 :
– les verbes essentiellement pronominaux qui n’existent qu’à la
forme pronominale dans le dictionnaire, ex. : s’évader, s’age-
nouiller.
– les verbes occasionnellement pronominaux qui existent aussi
sous une forme non pronominale, ex. : s’habiller [/ habiller quel-
qu’un], se tromper [/ tromper quelqu’un].

• Le participe passé des verbes essentiellement pronominaux


s’accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe.
Ex. : Elle s’est efforcée de bien faire.

• Le participe passé des verbes occasionnellement pronomi-


naux :

– Règle générale : le participe passé s’accorde avec le COD s’il


est placé avant le verbe (règle de l’accord du participe passé avec
l’auxiliaire avoir). Ainsi, si le pronom réfléchi est COD, le parti-
cipe s’accorde avec lui. Si le pronom n’est pas COD (mais COI 2 ou
COS 3) et si le COD est placé après, le participe passé ne s’accorde
pas.
Ex. : Ils se sont battus [ils ont battu eux-mêmes] : on accorde le
participe avec se, COD du verbe.

1. On n’étudiera pas ici la distinction entre verbes pronominaux réfléchis


et verbes pronominaux réciproques car elle ne présente pas d’intérêt pour
l’accord du participe passé.
2. COI : complément d’objet indirect. Voir Nathalie Baccus, Grammaire
française, Librio n° 534, p. 91.
3. COS : complément d’objet second. Voir Nathalie Baccus, Grammaire
française, Librio n° 534, p. 91.

54
ÉTAPE 5

Mais : Ils se sont juré une éternelle amitié [ils ont juré une éter-
nelle amitié à eux] : on n’accorde pas le participe passé. Se est
COS, le COD une éternelle amitié est placé après le verbe.

– Le participe passé des verbes pronominaux non réfléchis


(ceux pour lesquels le pronom réfléchi n’est pas analysable, c’est-
à-dire n’a pas de fonction grammaticale précise) s’accorde avec le
sujet du verbe.
Ex. : Elles s’étaient aperçues que le jeu était truqué.
Ex. : Ils s’étaient souvenus que c’était un sacré tricheur !

– Remarque : il est parfois difficile de savoir si le pronom est


analysable ou non, mais cela n’est pas grave puisque le participe
passé de ces verbes, logiquement, s’accorde toujours (avec le COD
ou avec le sujet, qui renvoient à la même personne).

– Le participe passé des verbes pronominaux de sens passif


s’accorde avec le sujet.
Ex. : La démarche s’est effectuée correctement [a été effectuée].

Cf. dictées 26, 27 et 28

55
ÉTAPE 5

Leçon n° 4
Participe passé en -é ou infinitif en -er ?

• Pour les verbes du 1er groupe, on ne peut pas distinguer à l’o-


reille (sauf en cas de liaison avec une voyelle) un participe passé
en -é, variable, d’un infinitif en -er. Pour ne pas les confondre, il
convient de remplacer le verbe qui pose problème par un verbe
du 3e groupe, dont l’infinitif et le participe passé ne se prononcent
pas de la même façon.
Ex. : prendre / pris.

• On sait alors si l’on est en présence d’un participe passé (on


l’accorde alors comme il se doit) ou d’un infinitif.
Ex. : Elle a mangé [/ pris] un bonbon : participe passé en -é.
Ex. : Elle va manger [/ prendre] beaucoup trop de bonbons, je
le sens : infinitif en -er.

Cf. dictée 29

56
ÉTAPE 5

Dictée n° 21
Cf. leçon 1, p. 52

La cuisine des nomades

La viande se consomme fraîche, simplement salée et rôtie à


la broche ou encore cuite longuement dans le sable rendu brû-
lant par un feu de braises. Découpée en morceaux, elle est
aussi séchée au soleil. […]
Le lait est consommé chaque jour, cru ou caillé, souvent
mélangé à la farine de mil. Le beurre, lui, est fondu puis écumé
et mis à l’abri de l’air. Ainsi préparé, il pourra se conserver plu-
sieurs semaines. […]
Le célèbre couscous est d’origine berbère. Semoule de blé
dur ou de maïs, de seigle, ou d’orge ou parfois de riz comme
au Soudan, dont les grains ont été roulés à la main et enrobés
d’une fine gangue de farine avant d’être passés au tamis et
séchés au soleil.
Gilles et Laurence Laurendon, La Cuisine du désert,
50 recettes faciles au bon goût d’aventure, Librio n° 555.

Commentaires
• brûlant : le verbe brûler prend un accent circonflexe sur le u
à toutes les personnes et à tous les temps.
• mil : le mil est une céréale principalement cultivée en Afrique.
• berbère : les Berbères sont un peuple d’Afrique du Nord. Il
est ici employé comme adjectif, et ne prend donc pas de majus-
cule.
• gangue : enveloppe.
• tamis : pour deviner quelle est la consonne finale muette de
ce nom, on peut penser au verbe tamiser (cf. leçon : Les conson-
nes finales muettes, p. 11).

57
ÉTAPE 5

Dictée n° 22
Cf. leçon 1, p. 52

L’alerte

Je n’avais pas encore cinq ans. Nous habitions un immeuble


de six étages, abritant une trentaine de locataires. Nous
logions au quatrième. C’était un jour sans doute semblable aux
autres, avec son cortège de petits bonheurs et de contrariétés.
Pourtant, ce jour-là, tous les soucis [ont été] réunis au moment
du repas du soir. L’heure de la soupe ! Quelle épreuve ! Cette
soupe qu’il faut manger si l’on veut grandir, mais celle aussi
qui ressemble à de l’eau chaude à peine troublée par quelques
éléments non identifiables. Nous sommes en 1944. Ceci expli-
que cela. […] Mémé a tout vérifié : les mains sont propres, la
serviette est attachée autour du cou, les poings sont fermés,
campés de chaque côté de l’assiette. Mémé sert la soupe. Un
bruit strident nous agresse. C’est l’alerte. […] Nous allons être
bombardés.
« Le sac vide » dans Premières fois, le livre des instants
qui ont changé nos vies, Librio n° 612.

Commentaires
• jour-là : ne pas oublier le trait d’union. Là est une particule
adverbiale toujours liée par un trait d’union au mot qui la pré-
cède.
• Quelle : déterminant exclamatif qui s’accorde en genre et en
nombre avec le nom qu’il introduit, ici épreuve, féminin singulier
(cf. leçon : quel[le][s] et qu’elle[s], p. 83).
• campés : posés fermement.

58
ÉTAPE 5

Dictée n° 23
Cf. leçon 2, p. 53

La visite au cimetière

Mais les fleurs qui ornaient le devant du tombeau baissaient


déjà la tête. On les avait disposées là pour la Toussaint.
Maman, qui n’avait pu venir, avait envoyé de très beaux chry-
santhèmes. Après la visite du cimetière, il y avait eu un grand
déjeuner à la maison avec des amis de la famille. Ce ne serait
pas le cas aujourd’hui, qui était un dimanche comme les aut-
res. […]
Elles arrivèrent à la maison juste à temps pour échapper au
gros de l’averse. Tante Madeleine resta pour le déjeuner.
Angèle avait préparé un chou farci. La promenade au cimetière
avait aiguisé l’appétit de Sylvie. Elle dévora.
Henri Troyat, Viou, Librio n° 284.

Commentaires
• chrysanthèmes : ce mot est masculin, comme l’indique l’ad-
jectif beaux. Les chrysanthèmes sont des plantes traditionnelle-
ment utilisées pour fleurir les tombes à la Toussaint.
• appétit : prend deux p, comme beaucoup de mots commen-
çant par ap- (cf. leçon : Les consonnes doubles, p. 12).

59
ÉTAPE 5

Dictée n° 24
Cf. leçon 2, p. 53

« Le souffle de tes lèvres sur les miennes »

Annoncer qu’Alfred de Musset s’adresse à une femme dont il est


passionnément amoureux.

[...] lorsque je suis parti, je n’ai pas pu souffrir ; il n’y avait


pas de place dans mon cœur. Je t’avais tenue dans mes bras
[…] ! Je t’avais pressée sur cette blessure chérie ! Je suis parti
sans savoir ce que je faisais ; je ne sais si ma mère était triste,
je crois que non, je l’ai embrassée, je suis parti ; je n’ai rien dit,
j’avais le souffle de tes lèvres sur les miennes, je te respirais
encore.
Alfred de Musset à George Sand dans
Je vous aime, Librio n° 575.

Commentaires
• pressée sur cette blessure chérie : Musset a serré George
Sand contre son cœur qu’il compare à une « blessure » parce qu’il
est malade d’amour. Cette blessure est « chérie » parce qu’elle le
fait souffrir mais en même temps l’exalte et le rend heureux.

60
ÉTAPE 5

Dictée n° 25
Cf. leçon 2, p. 53

Les adieux

Cette vie que je venais d’exposer pour Ellénore, je l’aurais


mille fois donnée pour qu’elle fût heureuse sans moi.
Les six mois que m’avait accordés mon père étaient expirés ;
il fallut songer à partir. Ellénore […] fit promettre que, deux
mois après, je reviendrais près d’elle, ou que je lui permet-
trais de me rejoindre : je le lui jurai solennellement. Quel
engagement n’aurais-je pas pris dans un moment où je la
voyais lutter contre elle-même et contenir sa douleur ! Elle
aurait pu exiger de moi de ne pas la quitter ; je savais au fond
de mon âme que ses larmes n’auraient pas été désobéies.
J’étais reconnaissant de ce qu’elle n’exerçait pas sa puissance ;
il me semblait que je l’en aimais mieux.
Benjamin Constant, Adolphe, Librio n° 489.

Commentaires
• mille : adjectif numéral invariable qui ne prend jamais de -s
(cf. leçon : L’accord des adjectifs, p. 33).
• fût : subjonctif imparfait en proposition subordonnée cir-
constancielle de but introduite par la conjonction de subordina-
tion « pour que ». On écrit fût avec un accent circonflexe car on
peut le remplacer par soit (cf. leçon : eut et eût, fut et fût, p. 70).
• reviendrais, permettrais : ces verbes au conditionnel pré-
sent jouent un rôle de futur dans le passé, le verbe de la proposi-
tion principale fit étant au passé simple (cf. : leçon : Futur ou
conditionnel présent ?, p. 69).
• solennellement : l’adverbe est formé sur l’adjectif féminin
solennelle, qui donne au masculin solennel, qui s’écrit avec un l et
deux n. Le premier e du mot se prononce [a].
• désobéies : on accorde le participe passé en genre et en nom-
bre avec le sujet quand on a à la fois l’auxiliaire être et l’auxiliaire
avoir (c’est la règle de l’accord avec l’auxiliaire être qui s’applique, cf.
leçon : L’accord du participe passé avec l’auxiliaire être, p. 52).

61
ÉTAPE 5

Dictée n° 26
Cf. leçon 3, p. 54

Un meurtre inexplicable

« Les gens de police sont confondus par l’absence apparente


de motifs légitimant, non le meurtre en lui-même, mais l’atro-
cité du meurtre. Ils se sont embarrassés aussi par l’impossi-
bilité apparente de concilier les voix qui se disputaient avec ce
fait qu’on n’a trouvé en haut de l’escalier d’autre personne que
mademoiselle l’Espanaye, assassinée, et qu’il n’y avait aucun
moyen de sortir sans être vu des gens qui montaient l’escalier.
[…] Dans des investigations du genre de celle qui nous occupe,
il ne faut pas tant se demander comment les choses se sont
passées, qu’étudier en quoi elles se distinguent de tout ce qui
est arrivé jusqu’à présent. »
Edgar Allan Poe, Double assassinat dans la rue Morgue,
traduit par Charles Baudelaire, Librio n° 26.

Commentaires
• Les verbes pronominaux de la dictée :
– s’embarrasser : on peut analyser le pronom réfléchi se
comme le COD du verbe [ils ont embarrassé eux-mêmes], on
accorde donc le participe passé avec le COD placé avant (cf. leçon
p. 43) ;
– se passer : le pronom réfléchi se n’est pas analysable, on
accorde le participe passé avec le sujet du verbe, ici les choses,
féminin pluriel (cf. leçon p. 43).

• on n’ : pour ne pas oublier la négation n’, il faut remplacer


on par nous. Nous n’avons pas trouvé : on entend le son [n], donc
on écrit on n’ (cf. leçon : on et on n’, p. 44).

62
ÉTAPE 5

Dictée n° 27
Cf. leçon 3, p. 54

Les dévots

Un dévot est quelqu’un qui est très attaché


aux pratiques religieuses.

[Pourquoi] voyons-nous si fréquemment les dévots si durs,


si fâcheux, si insociables ? C’est qu’ils se sont imposé une
tâche qui ne leur est pas naturelle. Ils souffrent, et quand on
souffre, on fait souffrir les autres. Ce n’est pas là mon compte,
ni celui de mes protecteurs ; il faut que je sois gai, souple, plai-
sant, bouffon, drôle.
Diderot, extrait du Neveu de Rameau, Librio n° 61.

Commentaires
• Le verbe pronominal de la dictée : s’imposer : le pronom
réfléchi se est analysable comme le COI du verbe (ils ont imposé
à eux une tâche), on n’accorde donc pas le participe passé (cf.
leçon p. 54).
• fréquemment : deux m.
• insociable : qui n’est pas sociable. À ne pas confondre avec
asocial qui désigne un marginal, quelqu’un qui n’est pas adapté à
la vie en société ou qui la refuse avec force.

63
ÉTAPE 5

Dictée n° 28
Cf. leçon 3, p. 54

Les poètes de mauvais goût

Ils se sont persuadés qu’après avoir mêlé leurs larmes aux


pleurs d’une mère qui se désole sur la mort de son fils, après
avoir frémi de l’ordre d’un tyran qui ordonne un meurtre, ils
ne s’ennuieraient pas de leur féerie, de leur insipide mytholo-
gie, de leurs petits madrigaux doucereux qui ne marquent pas
moins le mauvais goût du poète, que la misère de l’art qui s’en
accommode.
Diderot, extrait du Neveu de Rameau, Librio n° 61.

Commentaires
• Le verbe pronominal de la dictée : se persuader : on peut
analyser le pronom réfléchi se comme le COD du verbe (ils ont
persuadé eux-mêmes), on accorde donc le participe passé avec le
COD placé avant (cf. leçon p. 54).
• féerie : seul le premier e porte un accent, et le mot doit se
prononcer [feri], malgré l’usage courant qui tend à prononcer [e]
le second e.
• madrigaux : un madrigal est un petit poème galant.
• doucereux : d’une douceur fade.
• s’accommoder : les mots commençant par ac- prennent sou-
vent deux c (cf. leçon : Les consonnes doubles, p. 12).

64
ÉTAPE 5

Dictée n° 29
Cf. leçon 4, p. 56

Candide malheureux
cherche un compagnon de voyage

Ce procédé acheva de désespérer Candide ; il avait à la vérité


essuyé des malheurs mille fois plus douloureux ; mais le sang-
froid du juge, et celui du patron dont il était volé, alluma sa
bile, et le plongea dans une noire mélancolie. [...] Enfin, un
vaisseau français était sur le point de partir pour Bordeaux,
comme il n’avait plus de moutons chargés de diamants à
embarquer, il loua une chambre du vaisseau à juste prix, et fit
signifier dans la ville qu’il payerait le passage, la nourriture, et
donnerait deux mille piastres à un honnête homme qui vou-
drait faire le voyage avec lui, à condition que cet homme serait
le plus dégoûté de son état et le plus malheureux de la pro-
vince.
Voltaire, Candide, Librio n° 31.

Commentaires
• mille : adjectif numéral invariable qui ne prend jamais de -s
(cf. leçon : L’accord des adjectifs, p. 33).
• sang-froid : ne pas oublier le trait d’union.
• dont : même sens que par qui. Au XVIIIe siècle, époque à
laquelle écrit Voltaire, l’emploi des relatifs est plus souple qu’en
français moderne.
• alluma sa bile : signifie que Candide se met en colère, la bile
étant considérée comme une sécrétion organique liée au senti-
ment de colère.
• mélancolie : tristesse.
• français : employé comme adjectif, ce nom de peuple ne
prend pas de majuscule.
• payerait : on peut écrire aussi paierait.
• piastre : type de monnaie.
Étape 6
Sur les crêtes : grande agilité requise,
attention aux précipices !

Savoir distinguer les temps


1. Participe passé ou temps conjugué ?
2. Passé simple ou imparfait de l’indicatif ?
3. Futur ou conditionnel présent ?
4. Eut et eût, fut et fût

66
ÉTAPE 6

Leçon n° 1
Participe passé ou temps conjugué ?

• On ne peut parfois pas distinguer à l’oreille un participe


passé en [i] ou [y] (graphie : -i, -is, -it, -its, -ie, -ies, ou -u, -ue, -us,
-ues) d’un verbe conjugué à la troisième personne du singulier s’é-
crivant -it ou -ut. Pour ne pas les confondre, on peut remplacer le
verbe par un imparfait. Si la substitution fonctionne, c’est que
l’on est en présence d’un verbe à un temps conjugué, et on l’écrit
-it ou -ut. Sinon, c’est qu’on est en présence d’un participe passé
et on l’accorde comme il se doit.

Ex. 1 : Le plat fini a été emmené à la cuisine [/ la marmite finie


a été emmenée à la cuisine] : participe passé du verbe finir.
Ex. 2 : Il finit le plat de spaghettis [/ Il finissait le plat de spa-
ghettis] : verbe finir conjugué au présent ou au passé simple.
Ex. 3 : Ceci est interdit [/ Cette chose est interdite] : participe
passé du verbe interdire.
몇 Certains participes passés en [i] s’écrivent -it.
Ex. 4 : il lut ce livre avec avidité [/ il lisait ce livre avec avidité] :
verbe lire conjugué au passé simple.
Ex. 5 : Cette histoire lue par un conteur est formidable [/ ce
récit lu par un conteur] : participe passé du verbe lire.

• Pour orthographier correctement un participe passé en [i], il


convient de penser à sa forme féminine. On pourra alors choisir
entre les graphies -i, -is, ou -it.
– -ie au féminin donne -i au masculin : blottie / blotti
– -ise au féminin donne -is au masculin : comprise / compris
– -ite au féminin donne -it au masculin : interdite / interdit

Cf. dictées 30 et 31

67
ÉTAPE 6

Leçon n° 2
Passé simple ou imparfait de l’indicatif ?

• À l’indicatif des verbes en -er, la première personne du sin-


gulier du passé simple et celle de l’imparfait se prononcent pres-
que de la même manière, mais s’écrivent différemment : -ai pour
le passé simple, -ais pour l’imparfait.
Ex. : je regardais la télé quand soudain j’éternuai.

• Pour les distinguer, penser :

– au sens de la phrase : l’imparfait est le temps du décor, de la


description, de l’action d’arrière-plan. On peut le remplacer par
« j’étais en train de ». Il s’oppose en ce sens au passé simple qui
introduit les actions de premier plan, que l’on peut dater, et qui
sont délimitées dans leur déroulement.
Ex. : j’étais en train de regarder la télé quand soudain j’éternuai.

– à remplacer le verbe qui pose problème par le même verbe


conjugué à la troisième personne du singulier, dont l’imparfait et
le passé simple ne se terminent pas de la même manière.
Ex. : il était en train de regarder la télé quand soudain il éter-
nua.

Cf. dictée 32

68
ÉTAPE 6

Leçon n° 3
Futur ou conditionnel présent ?

Pour former le futur, on ajoute à l’infinitif du verbe les termi-


naisons -ai, -as, -a, -ons, -ez, -ont. Pour former le conditionnel
présent, on ajoute à l’infinitif du verbe les terminaisons -ais, -ais,
-ait, -ions, -iez, -aient.

Ainsi, la première personne du singulier du futur et celle du


conditionnel présent se prononcent presque de la même façon
mais n’ont pas la même orthographe. Pour les distinguer, penser :

• au sens de la phrase : le conditionnel présent s’utilise :

– comme futur dans le passé en concordance avec un temps du


passé.
Ex. : Je pensais que je lirais ce livre un jour/Je pense que je lirai
ce livre un jour.

– pour exprimer l’hypothèse dans le cadre du système hypo-


thétique introduit par si :
Ex. : Si je le voulais, je ferais des efforts.

– pour exprimer un souhait, un désir, une volonté, une crainte,


de manière atténuée :
Ex. : Je voudrais te dire que tu comptes beaucoup pour moi.

• à remplacer le verbe qui pose problème par le même verbe


conjugué à la troisième personne du singulier, dont le futur et le
conditionnel ne se terminent pas de la même manière.
Ex. : Je lirais/il lirait mais je lirai/il lira.

Cf. dictée 33

69
ÉTAPE 6

Leçon n° 4
eut et eût, fut et fût

• On écrit eut si l’on peut le remplacer par avait : eut est le


verbe avoir à la troisième personne du passé simple de l’indicatif,
on peut donc le remplacer par un autre temps de l’indicatif,
comme l’imparfait.
Ex. : Il eut très mal. / Il avait très mal.

En revanche, on écrit eût si l’on peut le remplacer par ait ou


aurait : eût est le verbe avoir à la troisième personne du subjonc-
tif imparfait. On peut donc le remplacer par un autre temps du
subjonctif comme le subjonctif présent [ait], ou par un condi-
tionnel [aurait], le conditionnel pouvant servir à exprimer l’irréel,
comme le subjonctif.
Ex. : Bien qu’il eût très mal, il ne pleura pas. / Bien qu’il ait très
mal, il ne pleure pas.
Ex. : S’il eut été là, il eût raconté son histoire. / S’il avait été là,
il aurait raconté son histoire.

• On écrit fut si l’on peut le remplacer par était : fut est le verbe
être à la troisième personne du passé simple de l’indicatif, on peut
donc le remplacer mentalement par un autre temps de l’indicatif,
comme l’imparfait.
Ex. : Elle fut très heureuse de le revoir. / Elle était très heureuse
de le revoir.

En revanche, on écrit fût si l’on peut le remplacer par soit : fût


est le verbe être à la troisième personne du singulier du subjonc-
tif imparfait, on peut donc le remplacer par un autre temps du
subjonctif, comme le subjonctif présent [soit].
Ex. : Quoiqu’il fût très bon acteur, ils ne l’avaient pas choisi
pour ce film. / Quoiqu’il soit très bon acteur, ils ne l’ont pas
choisi pour ce film.

Cf. dictée 34

70
ÉTAPE 6

Dictée n° 30
Cf. leçon 1, p. 67

Une métamorphose

Quand il se retrouva sur le trottoir, rue de la Mairie, il sen-


tit bien qu’il n’était plus le même. Il n’avait plus le temps ni
l’âge d’expliquer. Le soleil était revenu, luisait sur le trottoir
mouillé. L’air lui semblait léger ; léger son corps, légère sa
démarche. Au lieu de prendre le chemin du retour, il se surprit
à regagner le centre-ville. […] Il faisait chaud. L’imperméable
jeté sur l’épaule, il avançait, les bras en balancier, aux lèvres un
sourire inconnu. […] Jamais les marronniers n’avaient senti
si bon…
Philippe Delerm, L’Envol, Librio n° 280.
© Éditions du Rocher, 1996.

Commentaires
• trottoir : deux t.
• centre-ville : ne pas oublier le trait d’union.
• marronniers : deux r et deux n.

71
ÉTAPE 6

Dictée n° 31
Cf. leçon 1, p. 67

Un nouvel amour ?

Si la dictée semble trop longue, on peut la couper en deux, la pre-


mière partie allant jusqu’à « l’abusant ».

Le soir rendit à mon nouvel amour tout le prestige de la


veille. La dame se montra sensible à ce que je lui avais écrit,
tout en manifestant quelque étonnement de ma ferveur sou-
daine. J’avais franchi, en un jour, plusieurs degrés des senti-
ments que l’on peut concevoir pour une femme avec
apparence de sincérité. Elle m’avoua que je l’étonnais tout en
la rendant fière. J’essayai de la convaincre ; mais quoi que je
voulusse lui dire, je ne pus ensuite retrouver dans nos entre-
tiens le diapason de mon style, de sorte que je fus réduit à lui
avouer, avec larmes, que je m’étais trompé moi-même en l’a-
busant. Mes confidences attendries eurent pourtant quelque
charme, et une amitié plus forte dans sa douceur succéda à de
vaines protestations de tendresse.
[...] Un hasard les fit connaître l’une à l’autre, et la première
eut l’occasion, sans doute, d’attendrir à mon égard celle qui
m’avait exilé de son cœur.
Gérard de Nerval, Aurélia, Librio n° 23.

Commentaires
• quelque : déterminant indéfini, il introduit un nom. Il est
proche du sens de « un certain ».
• quoi que : on écrit quoi que en deux mots lorsqu’on ne peut
pas le remplacer par bien que, mais par quelle que soit la chose que
(cf. leçon : quoique et quoi que, p. 84).
• je voulusse : quoi que exprime la concession et est suivi du
subjonctif (ici, subjonctif imparfait).
• le diapason de mon style : image musicale. Le narrateur ne
parvient pas à retrouver le ton employé pour séduire la dame.

72
ÉTAPE 6

Dictée n° 32
Cf. leçon 2, p. 68

Les rêves de gloire d’un petit garçon

Je ne savais pas lire, je portais des culottes fendues, je pleu-


rais quand ma bonne me mouchait et j’étais dévoré par l’a-
mour de la gloire. Telle est la vérité : dans l’âge le plus tendre,
je nourrissais le désir de m’illustrer sans retard et de durer
dans la mémoire des hommes. […] C’est pourquoi je pensai
devenir un saint. […] Pour m’y livrer sans perdre de temps, je
refusai de déjeuner. Ma mère, qui n’entendait rien à ma nou-
velle vocation, me crut souffrant et me regarda avec une
inquiétude qui me fit de la peine. Je n’en jeûnai pas moins.
Puis, me rappelant saint Siméon stylite, qui vécut sur une
colonne, je montai sur la fontaine de la cuisine ; mais je ne pus
y vivre, car Julie, notre bonne, m’en délogea promptement.
Anatole France, Le Livre de mon ami, Librio n° 123.

Commentaires
• culottes fendues : pantalon s’arrêtant aux genoux porté par
les petits garçons.
• déjeuner, jeûnai : jeûner et jeûne prennent un accent circon-
flexe. En revanche, il n’y a pas d’accent circonflexe sur le u de
déjeuner.
• stylite : nom employé ici comme adjectif. Un stylite est un
saint ou un ermite vivant au sommet d’une colonne (c’est le cas
de saint Siméon) ou d’une tour.
• fontaine : située dans la cuisine, la fontaine était un petit
réservoir d’eau pourvu d’un robinet et d’un petit bassin, qui ser-
vait pour les usages domestiques.

73
ÉTAPE 6

Dictée n° 33
Cf. leçon 3, p. 69

Une femme pleine d’équité

Chère femme, combien je vous aime ! Combien je vous


estime ! […] Je ne saurais vous dire ce que la droiture et la
vérité font sur moi. Si le spectacle de l’injustice me transporte
quelquefois d’une telle indignation que j’en perds le jugement
et que dans ce délire je tuerais, j’anéantirais ; aussi celui de l’é-
quité me remplit d’une douceur, m’enflamme d’une chaleur et
d’un enthousiasme où la vie, s’il fallait la perdre, ne me tien-
drait à rien. […]
Ô ma Sophie, combien de beaux moments je vous dois !
combien je vous en devrai encore ! […] si tu lis jamais ces mots
quand je ne serai plus, car tu me survivras, tu verras que je
m’occupais de toi et que je disais […] qu’il dépendrait de toi de
me faire mourir de plaisir ou de peine.
Denis Diderot à Sophie Volland dans Je vous aime, Librio n° 575.

Commentaires
• quelquefois : attention, ce mot invariable s’écrit en un seul
mot.
• équité : le sentiment d’équité est celui qui permet de faire
naturellement la distinction entre le juste et l’injuste.
• Ô : interjection littéraire qui prend un accent circonflexe. Il
n’y a jamais de point d’exclamation après cette interjection.

74
ÉTAPE 6

Dictée n° 34
Cf. leçon 4, p. 70

Un étrange pays

En outre, d’après ces gens affolés, on eût dit que le sol était
agité de trépidations souterraines […]. Mais peut-être y avait-
il une bonne part d’exagération dans ce que les Werstiens
croyaient voir, entendre et ressentir. Quoi qu’il en soit, il s’é-
tait produit des faits positifs, tangibles, on en conviendra, et il
n’y avait plus moyen de vivre en un pays si extraordinairement
machiné.
Il va de soi que l’auberge du Roi Mathias continuait d’être
déserte. Un lazaret en temps d’épidémie n’eût pas été plus
abandonné. […]
Dans la soirée du 9 juin, vers huit heures, le loquet de la
porte fut soulevé du dehors ; mais cette porte, verrouillée en
dedans, ne put s’ouvrir.
[...] À l’espoir qu’il éprouvait de se trouver en face d’un hôte
se joignait la crainte que cet hôte ne fût quelque revenant de
mauvaise mine […].
Jules Verne, Le Château des Carpathes,
Librio n° 171.

Commentaires
• souterraines : prononcer sou-té-raines.
• Quoi que : quand on ne peut pas le remplacer par bien que,
on écrit quoi que en deux mots (cf. leçon : quoique et quoi que,
p. 84).
• soi : dans l’expression aller de soi, on reconnaît le pronom
réfléchi soi [moi, toi, soi…] qui s’écrit sans -t final.
• lazaret : bâtiment où l’on isole les malades contagieux. On
pourra épeler ce mot à l’élève.
Étape 7
Encore quelques obstacles éparpillés sur le chemin
du retour, la descente peut réserver des surprises…

De tout à quoique en passant par les adverbes en -ment


1. Tout 5. Les adverbes en -ment
2. Leur 6. L’inversion du sujet
3. L’accentuation 7. Quel[le][s] et qu’elle[s]
4. Les mots invariables 8. Quoique et quoi que

76
ÉTAPE 7

Leçon n° 1
tout

Tout est un mot qui possède plusieurs natures. Il peut être :

• Un nom : il est placé après un déterminant.


Ex. : Tu es mon tout.

• Un déterminant : il s’accorde avec le nom qu’il introduit.


– Il est placé avant un nom, et est combiné à un autre déter-
minant.
Ex. : J’aime tous mes cadeaux.
– Il est placé avant un nom, et est employé seul.
Ex. : Tout chevalier digne de ce nom doit franchir cette
épreuve !

• Un pronom : il remplace un nom et prend les marques du


genre et du nombre du nom qu’il remplace.
Ex. : Tous ont reçu un cadeau. [/ Les enfants ont reçu un
cadeau.]

• Un adverbe : il est invariable.


– Il modifie un adjectif.
Ex. : Il m’a offert un tout petit chien.
Ex. : Tout grand qu’il est, il n’a pas réussi à attraper la balle.
– Il modifie un autre adverbe.
Ex. : Je l’aime, tout simplement.

Cf. dictée 35

77
ÉTAPE 7

Leçon n° 2
leur

• Leur peut être 1 :


– Un déterminant possessif 2 : il précède toujours un nom,
avec lequel il s’accorde en nombre. Il peut donc s’écrire leur (si le
nom est singulier) ou leurs (si le nom est pluriel).
Leur signifie qu’il y a plusieurs possesseurs mais une seule
chose possédée :
Ex. 1 : Les voisins sont inquiets : leur voiture a été peinte en rose
fluo cette nuit. [Il y a plusieurs voisins mais une seule voiture.]
Leurs signifie qu’il y a plusieurs possesseurs et plusieurs choses
possédées :
Ex. 2 : Les militants ont bien réussi : leurs actions sont dans
tous les journaux. [Il y a plusieurs militants et plusieurs actions.]
– Un pronom personnel : il précède toujours un verbe. Il repré-
sente la 3e personne du pluriel [ils, elles] mais ne varie jamais et
n’existe que sous la forme leur (même s’il remplace un mot au pluriel).
Ex. 3 : Pour calmer les enfants, je leur ai acheté des glaces.
À retenir : pour être sûr de ne pas confondre leur, déterminant
possessif, et leur, pronom personnel, changer de personne en
remplaçant ils ou le groupe nominal pluriel par nous.
Ex. 1 : Nous sommes inquiets : notre voiture a été peinte en rose
fluo cette nuit : il s’agit du déterminant possessif, et il n’y a qu’une
seule chose possédée.
Ex. 2 : Nous avons bien réussi : nos actions sont dans tous les
journaux : il s’agit du déterminant possessif et il y a plusieurs cho-
ses possédées.
Ex. 3 : Pour nous calmer, il nous a acheté des glaces : il s’agit du
pronom personnel.
Si l’on obtient notre, on écrit leur.
Si l’on obtient nos, on écrit leurs.
Si l’on obtient nous, on écrit leur.
Cf. dictée 36

1. Nous n’étudierons pas ici le cas de leur, pronom possessif.


2. Pour plus d’information sur les déterminants possessifs, voir Nathalie
Baccus, Grammaire française, Librio n° 534, p. 31 et 32.

78
ÉTAPE 7

Leçon n° 3
L’accentuation

• Il existe en français trois sortes d’accents :


– L’accent aigu [´] produit un son fermé : il se place sur un e
fermé [[e]]. Ex. : un marché.
– L’accent grave [`] produit un son ouvert : il se place sur un e
ouvert [[ε]]. Ex. : une règle. Il se place aussi sur les voyelles a et u
dans certains cas. Il permet alors de distinguer certains mots de
leurs homophones [a et à, ou et où].
– L’accent circonflexe [ˆ] produit un son très largement ouvert.
Il se place sur les lettres a, e, i, o, et u. Ex. : bâiller, gêner, gîte,
geôle, brûler. Il remplace souvent un -s disparu, maintenu dans
certains mots de la même famille : bâton / bastonner, fête / festi-
val, goûter / gustatif.
• Quand mettre un accent sur le e ?
– Ne prennent un accent que les e qui terminent une syllabe.
Ex. : é/lé/phant ; mè/re mais mer, er/mite.
– On ne double pas la consonne qui suit une voyelle accentuée,
sauf pour le mot châssis et ses dérivés. Il faut placer l’accent immé-
diatement sur la voyelle avant de finir d’écrire le mot. On sait ainsi
qu’il ne faut pas doubler la consonne suivant la voyelle accentuée.
Ex. : é/rable mais er/rer
몇 Ne pas oublier l’accent circonflexe :
– sur certains participes passés en -u accordés au masculin
singulier : dû [devoir], crû [croître], mû [mouvoir]… Attention, on
écrit pu [pouvoir] et cru [croire].
– sur certains adverbes en -ment : continûment, assidûment,
crûment, congrûment, dûment…
– sur les verbes conjugués aux première et deuxième person-
nes du pluriel du passé simple : nous mangeâmes, vous fûtes.
– sur les verbes conjugués à la troisième personne du singulier
du subjonctif imparfait : qu’il tînt.
– sur les verbes connaître et paraître et leurs composés unique-
ment aux formes où le i précède le t : elle connaît mais vous
connaissez.
Cf. dictée 37

79
ÉTAPE 7

Leçon n° 4
Les mots invariables

Nous donnons ici une liste de mots invariables souvent mal


orthographiés. Bien les faire lire à l’élève puis en choisir quelques-
uns et les lui faire épeler sans faute.

ailleurs désormais pourtant


ainsi envers quelquefois
alors environ sans
après exprès selon
aujourd’hui guère sitôt
aussi hors surtout
aussitôt longtemps tant mieux
autrefois lors tant pis
beaucoup lorsque tôt
bientôt maintenant travers
cependant malgré toujours
certes mieux vers
d’abord moins volontiers
davantage néanmoins
depuis parmi

Cf. dictée 38

80
ÉTAPE 7

Leçon n° 5
Les adverbes en -ment

Les adverbes se terminant par le suffixe -ment sont des adver-


bes de manière. Comme tous les adverbes, ils sont invariables.
Pour bien les orthographier, il convient de penser à la façon dont
ils sont formés.

• En général, on a ajouté le suffixe -ment à la forme féminine


de l’adjectif correspondant : copieuse > copieusement, naturelle
> naturellement.

• Ou bien, on a ajouté -ment à la forme masculine de certains


adjectifs : joli > joliment, éperdu > éperdument.

• Mais on a pu aussi remplacer le -e du féminin par un accent


circonflexe : crue > crûment, assidue > assidûment.

• Par analogie avec les adjectifs terminés par -é, certains


adverbes en -ment s’écrivent -ément au lieu de -ement : précise
> précisément.

• À partir des adjectifs en -ent et -ant, on a formé les adverbes


en -emment et en -amment qui sont les seuls à prendre deux m :
méchant > méchamment, prudent > prudemment.

Cf. dictée 39

81
ÉTAPE 7

Leçon n° 6
L’inversion du sujet

On parle d’inversion du sujet lorsque le sujet est placé après le


verbe (sa position canonique dans la phrase simple étant devant
le verbe). Mais quelle que soit la position du sujet, le verbe s’ac-
corde toujours avec lui.

• Quelques cas d’inversion du sujet :


– Dans la phrase interrogative : Que fais-tu ?
– Dans les incises : « J’aime ce gâteau », dit-il.
– Dans certaines propositions relatives : Le gâteau que prépa-
rait ma mère semblait délicieux.
– Dans les propositions subordonnées introduites par à peine :
À peine avait-il allumé la radio qu’il entendit le téléphone sonner.
– Dans les textes littéraires et particulièrement les textes poéti-
ques, elle est très fréquente par effet de style.

• Pour identifier le sujet, ne pas oublier qu’il répond générale-


ment à la question qui est-ce qui [fait l’action] ? ou qu’est-ce qui
[fait l’action] ?
Ex. : Les pulls que tricote ma grand-mère sont superbes. Qui
est-ce qui [tricote des pulls superbes] ? > ma grand-mère = sujet
du verbe « tricoter ».

Cf. dictée 40

82
ÉTAPE 7

Leçon n° 7
quel[le][s] et qu’elle[s]

Il est très difficile de distinguer à l’oreille quel[le][s] et qu’elle[s].

• Quel [quels, quelle, quels] peut être :

– un déterminant interrogatif ou exclamatif qui accompagne


toujours un nom commun et s’accorde en genre et en nombre
avec lui :
Ex. 1 : Quel plat préfères-tu ? Quel est un déterminant interro-
gatif s’accordant avec plat, masculin pluriel.
Ex. 2 : Quelle jolie veste ! Quelle est un déterminant exclamatif
s’accordant avec veste, féminin singulier.

– un pronom interrogatif : il est attribut du sujet et s’accorde


en genre et en nombre avec lui :
Ex. 3 : Quelles sont les épreuves à passer ? Quelles est attribut
du sujet les épreuves, féminin pluriel.

• Qu’elle [qu’elles] est la combinaison de que et du pronom


personnel de la troisième personne du féminin (singulier ou plu-
riel).
Ex. 4 : Il veut qu’elle fasse la cuisine.
Ex. 5 : Voici la robe qu’elle a achetée.

À retenir : si l’on peut remplacer la forme problématique par


qu’il[s], on écrit qu’elle[s] en deux mots. Sinon on écrit quel[le][s]
en un mot.
Ex. 3 : [Qu’il] sont les épreuves à passer ? : ne fonctionne pas.
On choisit quel et on l’accorde avec le sujet = quelles.
Ex. 4 : Il veut [qu’il] fasse la cuisine : fonctionne. On choisit
qu’elle et on l’accorde avec le verbe = qu’elle.

Cf. dictées 41 et 42

83
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ÉTAPE 7

Leçon n° 8
quoique et quoi que

• Il est très difficile de distinguer à l’oreille quoique et quoi


que. De plus, ils introduisent tous les deux des propositions sub-
ordonnées exprimant la concession et sont tous les deux suivis du
subjonctif.
Leur sens n’est pourtant pas le même :

– Quoique peut être remplacé par bien que.


Ex. : Quoiqu’il soit très poli, je ne l’aime pas. / Bien qu’il soit très
poli, je ne l’aime pas.

– Quoi que peut être remplacé par quelle que soit la chose que.
Ex. : Quoi que tu fasses, je te suivrai. / Quelle que soit la chose
que tu fasses, je te suivrai.

• Pour ne pas les confondre, il suffit donc d’essayer de rem-


placer la forme qui pose problème par bien que. Si la substitution
fonctionne, il faut écrire quoique en un seul mot. Sinon, on écrit
quoi que, en deux mots.

Cf. dictée 42

84
ÉTAPE 7

Dictée n° 35
Cf. leçon 1, p. 77

Exploration dans les ténèbres

Mais tout à coup, après plusieurs éternités passées à me


traîner, collé à la paroi de ce précipice concave et affolant,
ma tête heurta quelque chose de dur, et je compris que je
venais d’atteindre le toit, ou tout au moins quelque palier.
Toujours dans le noir, je levai une main et tâtai l’obstacle. Je
m’aperçus qu’il était de pierre, et immuable. […]
[Je] me redressai lourdement et fouillai la nuit de mes
mains, à la recherche de fenêtres afin de pouvoir, pour la pre-
mière fois, poser les yeux sur le ciel, la lune et les étoiles dont
m’avaient parlé mes livres. Mais sur tous ces points je fus
déçu : car tout ce que je rencontrai, ce furent d’interminables
alignements de profondes étagères de marbre, chargées de
longues et inquiétantes boîtes que je touchai en frissonnant.
H.P. Lovecraft, Je suis d’ailleurs, dans La Dimension
fantastique 1, anthologie présentée par Barbara Sadoul,
traduit par Yves Rivière, Librio n° 150.
© Denoël, 1961.

Commentaires
• traîner : ne pas oublier l’accent circonflexe sur le i de ce
verbe à toutes les personnes et à tous les temps, ainsi que sur ses
composés [traîneau, traînard…].
• concave : de forme incurvée vers l’intérieur.
• levai : le verbe est au passé simple car il décrit une action
passée datable et clairement délimitée, et s’inscrit dans une suite
d’actions rendues au passé simple [heurta, compris, tâtai, m’aper-
çus, etc.] (cf. leçon : Passé simple ou imparfait ?, p. 68).
• m’aperçus : un seul p. Ne pas oublier la cédille sous le c
devant le u pour faire le son [s].
• immuable : qu’on ne pouvait pas faire bouger.

85
ÉTAPE 7

Dictée n° 36
Cf. leçon 2, p. 78

De l’infidélité des femmes

Emilia. — […] Mais je pense que c’est la faute de leurs maris


si les femmes succombent. S’il arrive à ceux-ci de négliger
leurs devoirs […] ou d’éclater en maussades jalousies et de
nous soumettre à la contrainte, ou encore de nous frapper ou
de réduire par dépit notre budget accoutumé, eh bien ! […]
quelque vertu que nous ayons, nous avons de la rancune. Que
les maris le sachent ! leurs femmes ont des sens comme eux ;
elles voient, elles sentent, elles ont un palais pour le doux
comme pour l’aigre, ainsi que les maris. […] Alors qu’ils nous
traitent bien ! Autrement, qu’ils sachent que leurs torts envers
nous nous autorisent nos torts envers eux !
Shakespeare, Othello, traduit
par François-Victor Hugo, Librio n° 108.

Commentaires
• succombent : cèdent à la tentation.
• eh bien ! : dans cette interjection, il faut écrire eh et non pas
et. Attention à ne pas la confondre avec l’interjection hé qu’on uti-
lise souvent pour interpeller quelqu’un ou faire un reproche.
• aigre : un goût aigre est un goût acide et désagréable.

86
ÉTAPE 7

Dictée n° 37
Cf. leçon 3, p. 79

Le vieux laboureur

Dans ce texte, pour ne pas compliquer la lecture, nous n’avons


pas mis en italique les nombreux mots portant un ou plusieurs
accents – il est en effet facile de les repérer.

La journée était claire et tiède, et la terre, fraîchement


ouverte par le tranchant des charrues, exhalait une vapeur
légère. Dans le haut du champ, un vieillard, dont le dos large
et la figure sévère rappelaient celui d’Holbein, mais dont les
vêtements n’annonçaient pas la misère, poussait gravement
son areau de forme antique, traîné par deux bœufs tran-
quilles, à la robe d’un jaune pâle, véritables patriarches de la
prairie, hauts de taille, un peu maigres, les cornes longues et
rabattues […].
Le vieux laboureur travaillait lentement, en silence, sans
efforts inutiles.
George Sand, La Mare au diable, Librio n° 78.

Commentaires
• charrues : les mots de la famille de char prennent tous deux r
à l’exception de chariot.
• exhalait : signifie ici dégager [une vapeur].
• Holbein : peintre allemand du XVIe siècle qui se spécialisa
dans la peinture de portraits.
• areau : ancêtre de la charrue.
• traîné : ne pas oublier que le verbe traîner et ses dérivés s’é-
crivent avec un accent circonflexe sur le i (ex. : entraîner, traî-
neau…).
• patriarche : vieillard respecté entouré d’une nombreuse
famille.

87
ÉTAPE 7

Dictée n° 38
Cf. leçon 4, p. 80

Les mœurs corses

Il ne faut point juger les mœurs de la Corse avec nos petites


idées européennes. Ici un bandit est ordinairement le plus
honnête homme du pays […]. Un homme tue son voisin en
plein jour sur la place publique, il gagne le maquis et dispa-
raît pour toujours. Hors un membre de sa famille qui cor-
respond avec lui, personne ne sait ce qu’il est devenu. […]
Quand ils ont fini leur contumace, ils rentrent chez eux
comme des ressuscités […].
[…] Ils vous racontent eux-mêmes leur histoire en riant, et
ils s’en glorifient tous plutôt qu’ils n’en rougissent ; c’est tou-
jours à cause du point d’honneur, et surtout quand une femme
s’y trouve mêlée, que se déclarent ces inimitiés profondes qui
[…] durent quelquefois plusieurs siècles […].
Gustave Flaubert, Voyage en Corse dans Corse noire,
anthologie présentée par Roger Martin, Librio n° 444.

Commentaires
• maquis : végétation constituée d’arbrisseaux capables de
supporter l’aridité. Le maquis corse offre une bonne cachette aux
bandits en fuite. Pour deviner la consonne finale muette de ce
mot, on peut penser à maquisard, mot de la même famille.
• disparaît : ce composé de paraître prend un accent circon-
flexe sur le i chaque fois que celui-ci est placé devant un t.
• contumace : désigne ici la période pendant laquelle le ban-
dit a disparu pour échapper à la justice.
• inimitié : ce mot est le contraire du mot amitié.

88
ÉTAPE 7

Dictée n° 39
Cf. leçon 5, p. 81

Les méfaits de l’opinion publique

Que s’est-il donc passé, comment ton peuple, France, ton


peuple de bon cœur et de bon sens, a-t-il pu en venir à cette
férocité de la peur, à ces ténèbres de l’intolérance ? On lui dit
qu’il y a, dans la pire des tortures, un homme peut-être inno-
cent, on a des preuves matérielles et morales que la révision du
procès s’impose, et voilà ton peuple qui refuse violemment la
lumière […].
Quelle angoisse et quelle tristesse, France, dans l’âme de
ceux qui t’aiment, qui veulent ton honneur et ta grandeur !
[…]
Songes-tu que le danger est justement dans ces ténèbres
têtues de l’opinion publique ? Cent journaux répètent quoti-
diennement que l’opinion publique ne veut pas que Dreyfus
soit innocent, que sa culpabilité est nécessaire au salut de la
patrie. […] Aussi, ceux de tes fils qui t’aiment et t’honorent,
France, n’ont-ils qu’un devoir ardent, à cette heure grave, celui
d’agir puissamment sur l’opinion […].
Émile Zola, Lettre à la France dans J’accuse !, Librio n° 201.

Commentaires
• a-t-il : ne pas oublier les traits d’union.
• peut-être : locution adverbiale, ne pas oublier le trait d’u-
nion.
• Quelle : déterminant exclamatif qui s’accorde avec le nom
qu’il introduit, ici angoisse, féminin singulier, puis tristesse, fémi-
nin singulier (cf. leçon : quel[le][s] et qu’elle[s], p. 83).
• honneur / honorer : attention, honneur prend deux n mais
honorer un seul (de même que honorable, honoraire, dés-
honorant…).

89
ÉTAPE 7

Dictée n° 40
Cf. leçon 6, p. 82

La leçon de dessin

Le maître alla de chevalet en chevalet, grondant, flattant,


plaisantant, et faisant, comme toujours, craindre plutôt ses
plaisanteries que ses réprimandes. […] Elle prit une feuille de
papier et se mit à croquer à la sépia la tête du pauvre reclus.
Une œuvre conçue avec passion porte toujours un cachet par-
ticulier. Aussi, dans la circonstance où se trouvait Ginevra, l’in-
tuition qu’elle devait à sa mémoire vivement frappée, ou la
nécessité peut-être, cette mère des grandes choses, lui prêta-
t-elle un talent surnaturel. La tête de l’officier fut jetée sur le
papier au milieu d’un tressaillement intérieur qu’elle attribuait
à la crainte […].
La beauté de l’inconnu […] que lui prêtaient son attache-
ment à l’Empereur, sa blessure, son malheur, son danger même,
tout disparut aux yeux de Ginevra, ou plutôt tout se fondit
dans un seul sentiment, nouveau, délicieux.
Balzac, La Vendetta, Librio n° 302.

Commentaires
• croquer : dessiner rapidement et à grands traits un modèle
pour en saisir l’attitude ou l’expression générale.
• sépia : sorte d’encre utilisée pour dessiner.
• cachet : marque distinctive qui fait l’originalité d’une œuvre
d’art.

90
ÉTAPE 7

Dictée n° 41
Cf. leçon 7, p. 83

L’infidélité est masculine

HERMIANNE. — Oui, Seigneur, je le soutiens encore. La pre-


mière inconstance, ou la première infidélité, n’a pu commen-
cer que par quelqu’un d’assez hardi pour ne rougir de rien.
Oh ! comment veut-on que les femmes, avec la pudeur et la
timidité naturelle qu’elles avaient, et qu’elles ont encore depuis
que le monde et sa corruption durent, comment veut-on qu’el-
les soient tombées les premières dans des vices de cœur qui
demandent autant d’audace, autant de libertinage de senti-
ment, autant d’effronterie que ceux dont nous parlons ? Cela
n’est pas croyable.
Marivaux, La Dispute, Librio n° 477.

Commentaires
• libertinage de sentiment : inconstance, dérèglement dans le
sentiment amoureux.

91
ÉTAPE 7

Dictée n° 42
Cf. leçon 7, p. 83

L’orgueil d’une maîtresse vu par sa servante

CLÉANTHIS. — Je sors, et tantôt nous reprendrons le dis-


cours, qui sera fort divertissant ; car vous verrez aussi comme
quoi Madame entre dans une loge au spectacle, avec quelle
emphase, avec quel air imposant, quoique d’un air distrait et
sans y penser ; car c’est la belle éducation qui donne cet
orgueil-là. Vous verrez comme dans la loge on y jette un
regard indifférent et dédaigneux sur des femmes qui sont à
côté, et qu’on ne connaît pas. […]
Marivaux, L’Île des esclaves, Librio n° 477.

Commentaires
• tantôt : signifie ici bientôt (sens aujourd’hui vieilli).
• comme quoi : même sens que comment.
• quoique : quand on peut le remplacer par bien que, on écrit
quoique en un mot (cf. leçon : quoique et quoi que, p.84).
• orgueil : le u vient immédiatement après le g, car -euil
devient -ueil après g et c (ex. : cueillir).
• orgueil-là : ne pas oublier le trait d’union qui rattache tou-
jours la particule adverbiale là au mot qui la précède.
• connaît : ne pas oublier l’accent circonflexe sur le i chaque
fois que celui-ci est placé devant un t.

92
ÉTAPE 7

Dictée n° 43
Cf. leçon 8, p. 84

Des pluies diluviennes

Nous avons réécrit la fin du texte pour en simplifier le sens.

Hélas ! je l’ai encore, cette pauvre enfant ; et quoi qu’elle


ait pu faire, il n’a pas été en son pouvoir de partir le [dix] de
ce mois, comme elle en avait le dessein. Les pluies ont été et
sont encore si excessives, qu’il y aurait eu de la folie à se
hasarder. Toutes les rivières sont débordées, tous les grands
chemins sont noyés […]. […] je vous avoue que l’excès d’un si
mauvais temps fait que je me suis opposée à son départ pen-
dant quelques jours. Je ne prétends pas qu’elle évite le froid, ni
les boues, ni les fatigues du voyage ; mais je ne veux pas qu’elle
soit noyée.
Cette raison, quoique très forte, ne la retiendrait pas pré-
sentement.
Madame de Sévigné, d’après la Lettre au comte de Grignan
du 16 janvier 1671, dans « Ma chère bonne… », Librio n° 401.

Commentaires
• je l’ai encore, cette pauvre enfant : Madame de Sévigné
parle ici de sa fille qui veut quitter Paris mais en est empêchée par
des pluies torrentielles, et doit par conséquent rester auprès de sa
mère. Je l’ai encore signifie ainsi : « je l’ai encore auprès de moi ».
• le dessein : l’intention. À ne pas confondre avec le dessin que
l’on dessine.
• se hasarder : se risquer (sous-entendu : « à partir »).
• présentement : adverbe aujourd’hui vieilli qui signifie main-
tenant, au moment où je parle.
Alphabet phonétique des voyelles
et des consonnes mentionnées

Voyelles
[i] lit
[e] blé, lancer
[ε] mère, mais, forêt, mercredi
[a] chat
[ı̃] brin, main
[y] vu

Consonnes
[f] fable
[n] anormal
[r] rat
[] venger, jeter
Achevé d’imprimer en Italie par Grafica Veneta
en avril 2014
Dépôt légal avril 2014
EAN 9782290093047
OTP L21ELLN000423N001

Ce texte est composé en Lemonde journal et en Akkurat

Conception des principes de mise en page :
mecano, Laurent Batard

Composition : PCA

ÉDITIONS J’AI LU
87, quai Panhard-et-Levassor, 75013 Paris
Diffusion France et étranger : Flammarion

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