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Cours de Géodésie

Chapitre 1

ÉLÉMENTS DE GÉOMÉTRIE
DIFFÉRENTIELLE

Version 2.0 01/03/2003

6
5. 10

6
-5. 10

6
5. 10

6
-5. 10

6
-5. 10

6
5. 10

Didier BOUTELOUP
Cellule pédagogique et de recherche en astro-géodésie
[email protected]
(33) 01 64 15 31 37

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-1


CHAPITRE I
ÉLÉMENTS DE GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE

1 Introduction __________________________________________________________ 4
1.1 Mathématique_____________________________________________________________ 4
1.2 Géodésique _______________________________________________________________ 4
2 Courbe gauche, Arc paramétré ___________________________________________ 5
2.1 Définitions ________________________________________________________________ 5
2.2 Abscisse curviligne _________________________________________________________ 5
2.3 Trièdre de Frenet __________________________________________________________ 7
2.3.a Vecteur tangent ________________________________________________________________7
2.3.b Vecteur unitaire de normale principale, courbure ______________________________________7
2.3.c Vecteur binormal, torsion ________________________________________________________9
2.4 Cinématique d'un point ____________________________________________________ 11
3 Nappe paramétrée_____________________________________________________ 12
3.1 Définitions _______________________________________________________________ 12
3.1.a Surface et nappe paramétrée _____________________________________________________12
3.1.b Courbe tracée sur une surface, courbe-coordonnée ____________________________________12
3.2 Éléments différentiels de 1er ordre __________________________________________ 14
3.2.a Métrique d'une surface__________________________________________________________14
3.2.b Surface régulière ______________________________________________________________15
3.2.c Plan tangent, vecteur normal unitaire_______________________________________________16
3.2.d Coordonnées orthogonales, coordonnées symétriques__________________________________16
3.3 Éléments différentiels de 2ème ordre_________________________________________ 18
3.3.a Trièdre de Darboux-Ribaucour ___________________________________________________18
3.3.b Deuxième forme quadratique fondamentale _________________________________________19
3.3.c Courbure normale _____________________________________________________________20
3.3.d Théorèmes de Meusnier_________________________________________________________20
3.3.e Indicatrice de Dupin ___________________________________________________________23
3.3.f Directions principales; rayons de courbure principale__________________________________25
4 Ligne géodésique _____________________________________________________ 26
4.1 Définition________________________________________________________________ 26
4.2 Donnée d'une courbe sur une surface ________________________________________ 27
4.3 Propriété géométrique fondamentale des lignes géodésiques _____________________ 28
5 Application aux surfaces de révolution ____________________________________ 28
5.1 Définitions _______________________________________________________________ 28
5.1.a Longitude et latitude; parallèle et méridien __________________________________________29
5.1.b Azimut ______________________________________________________________________30
5.2 Formes quadratiques fondamentales, directions principales _____________________ 30
5.3 Lignes géodésiques ________________________________________________________ 32
5.3.a Équations différentielles caractéristiques____________________________________________32
5.3.b Relation de Laplace ____________________________________________________________33
5.3.c Relation de Clairaut ____________________________________________________________34

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-2


Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-3
CHAPITRE I
ÉLÉMENTS DE GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE

1 Introduction

1.1 Mathématique

La géométrie est la branche des mathématiques qui étudie les formes et les figures
dans l’espace, leurs relations entre elles et leurs propriétés. On distingue entre autre :
! La géométrie analytique
Partie de la géométrie ayant recours au calcul algébrique et analytique .Elle facilite
l’étude des propriétés géométriques des courbes et des surfaces et de leurs
représentation graphique ou la recherche de « lieux géométriques ».
! La géométrie différentielle
Branche de la géométrie visant à étudier les propriétés locales (au voisinage d’un
point) et intrinsèques des courbes et des surfaces. La géométrie différentielle est
née de la possibilité d’un interprétation cinématique que le calcul infinitésimal
apporte à l’étude des courbes

1.2 Géodésique

La géodésie étudie la forme de la terre et dans ce but elle substitue à sa surface


topographique des surfaces plus ou moins régulières servant de support :
Surface de référence (ellipsoïde)
Surface de niveau (géoïde)
Ce sont des surfaces à courbure lentement variable et très peu différentes de la
sphère. L’étude des propriétés élémentaires des courbes et des surfaces de révolution
constitue un préambule à l’étude de la géométrie de l’ellipsoïde et des représentations
planes.

Dans ce chapitre et dans la suite de ce cours, nous assimilerons l'espace physique à R 3 .


On le suppose muni d'un repère R = (O;i, j, k) . Nous appellerons la base (i,j,k).

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-4


2 Courbe gauche, Arc paramétré

2.1 Définitions
Soient I ⊂ R ,
 I 
→ R
3

f   avec M ( x, y, z )R
 t 
→ f (t ) = M 

Appelons Γ = f ( I ) . Si f est continue, alors Γ est une courbe de l'espace d'un seul
tenant.

Définition :

Choisissons t0 ∈ I et posons M 0 = f (t0 ) . Par abus de


Γ
k
langage, on note aussi M (t0 ) .
j
Par définition, le couple (f,I) où f est une fonction i
continue est appelé un arc paramétré. Γ est appelée M=f(t)
le support de (f,I) et t0 est une origine de (f,I).
Mo=f(t0)

Fig. 1 Représentation schématique d'un arc paramétré et de son support

Abusivement, on dit que ( f ,I) est un paramétrage de Γ.


Remarquons qu'il est facile de définir d'autres arcs paramétrés admettant Γ comme
support. Pour ce faire, il suffit de se donner une fonction ϕ bijective de I vers J ⊂ R .
J → R3 
Si on note g  , alors (g,J) est un autre arc paramétré de
 x 
→ f (ϕ ( x)) 
−1

support Γ .
Inversement, soit (f,I) et (g,J) deux arcs paramétrés de même support, alors il existe
I 
→ J 
ϕ   telle que t ' = g ( f (t ) ) .
−1

t → ϕ (t ) = t′ 


2.2 Abscisse curviligne


Soient I ⊂ R ,
 I 
→ R
3

f   avec M ( x, y, z )R
 t 
→ f (t ) = M 

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-5


t
le nombre s ( t ) défini par s ( t ) = ∫ f ' ( u ) ⋅ du est appelé abscisse curviligne de
t0

M = f ( t ) , comptée à partir de M 0 = f ( t0 ) , pris pour origine et représente la


longueur de l’arc orienté M 0 M .

la longueur l de la courbe entre M 0 et M est définie par :


!!!!!!!!" !!!!!!!" !!!!!!!!"
( )
l = ∑ M 0 M 1 + M 1M 2 ... + M n M et le passage à la forme intégrale
!!!!" !!!!" !!!!" t
( )
1/ 2
l= ∫ OM ( t + d t ) − OM ( t ) = ∫ d OM = ∫ ( d x(t ) ) + ( d y (t ) ) + ( d z (t ) ) ,
2 2 2

M0M M0M t0

s
or l = s − s0 = ∫ d s d'où d s 2 = d x 2 + d y 2 + d z 2 qui peut aussi s'écrire
s0

2 2 2 2
ds dx d y dz
  =  +  + 
 dt   dt   dt   dt 

Cette formule est une propriété caractéristique de l'abscisse curviligne.

# Application: une hélice

Soient ( a, r , h ) ∈ R 3 , a > 0 , r > 0 et h > 0 ,


 x = r cos t
 [ 0, a ] 
→ R3  
f  avec M ( x, y, z ) et  y = r sin t ,
 t → f (t ) = M   z = ht

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-6


(f,[0,a]) est un arc paramétré dont le support est
appelé une hélice , r en est le rayon et h le pas.
Prenons t0 = 0 comme origine. Cherchons l'abscisse
curviligne de cet arc: -1-0.5 0 0.5 1

2 2 2 2
ds dx d y dz
  =  +  + 
 dt   dt   dt   dt 
8

= r 2 sin 2 t + r 2 cos 2 t + h 2 = r 2 + h 2 k
6
j
ds i
donc = r 2 + h2 et s = r 2 + h2 × t M=f(t)
dt 4

Mo=f(t0)
2

0
-1
Fig. 2 : Hélice de rayon 1 et de
pas 0,25
-0.5
0
0.5
1

2.3 Trièdre de Frenet

2.3.a Vecteur tangent

Soient Γ une courbe, s ( t ) son abscisse curviligne et M 0 = s ( t0 ) son origine. Appelons


!!!!"
!" d f ( t ) d OM !"
T= = . Par définition de la différentielle, T "tangente" Γ au voisinage de
ds ds
!!!!"
!" d OM !"
M. De plus, par définition de l'abscisse curviligne, T = = 1 , et T est unitaire.
ds

Définition :
!!!!" N
!" d OM T
T= est appelé vecteur unitaire
ds
tangent de Γ en M 0 .
M0
Fig. 3 : Trièdre de Frenet

2.3.b Vecteur unitaire de normale principale, courbure

!"
dT
Intéressons nous à :
ds

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-7


!"
dT !"
• est orthogonal à T ; en effet,
ds
!" !"
!" 2 !" !"
T = T ⋅ T = 1 donc
d T⋅T (=
)!"
d T !" !" d T
⋅T + T⋅
!"
=2
!"
d T !"
⋅T = 0,
ds ds ds ds
!"
dT
• n'est a priori pas unitaire.
ds

Posons:

Définitions :
" !"
dT Par définition, N est le vecteur unitaire de la
" normale principale de Γ en M 0 , C en est la courbure
• N = d !s"
dT et R le rayon de courbure.
ds
!"
dT
• C=
ds

!" !"
N dT
La formule = est appelée 1ère formule de
R ds
1
si C ≠ 0, alors R = Frenet.
C

Pour donner une interprétation géométrique de la courbure à Γ en M 0 , étudions la


!" !!"
( )
projection γ de Γ dans le plan défini par M 0 , T , N , et appelons c le point de ce plan
défini par:
M 0c = R N

c R
Le cercle de centre c et de
rayon R est le cercle qui N
tangente le mieux γ et Γ . Il
est appelé cercle osculateur T
à Γ en M 0 . . Fig. 4 : cercle osculateur

!"
!" dT "
Dans le cas particulier où T est un vecteur constant, = 0 , C = 0 et R n'est pas
ds
défini. On dit quelquefois dans ce cas que le rayon de courbure à Γ est infini. Une
droite présente une courbure nulle en tout point.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-8


2.3.c Vecteur binormal, torsion

!" !" !"


Étudions B = T ∧ N :
!"
!" !" !!" dB !"
• B est unitaire car T et N le sont, et donc est orthogonal à B
ds
!" !" !" !" !"
dB !" d B d T !" !" d N !" d N
• est aussi orthogonal à T car = ∧N+T∧ =T∧ .
ds ds ds ds ds
!"
dB !!"
est donc forcément colinéaire à N
ds

Définition :

!" !"
dB N
Posons = . Cette formule est la 2ème formule de Frenet.
ds ℑ
!" 1
Par définition, B est le vecteur binormal de Γ en M 0 , en est la torsion et

ℑ le rayon de torsion.

Établissons la 3ème formule de Frenet:


!" !" !" !" !" !"
B = T∧ N ⇔ N = B∧T ,
!" !" !" !" !"
d N d B !" !" d T N !" !" N
d'où on tire = ∧T+ B∧ = ∧T+B∧
ds ds ds ℑ R
" !" !"
N ∧ T = −B
or !" " "
B ∧ N = −T
3ème formule de Frenet:

!" !" !"


dN B T
=− −
ds ℑ R

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-9


On appelle trièdre de Frenet associé à Γ
!" !!"!"
(
en M 0 le repère de l'espace M 0 , T , N , B . ) B
N
!" !!" T
• ( )
M 0 , T , N définit le plan osculateur à
Γ en M 0 . C'est le plan qui contient le
M0
mieux Γ .
!!" !"
• ( )
M 0 , N , B définit le plan normal à Γ
en M 0 .
!" !" Fig. 5 : Trièdre de Frenet
• ( )
M 0 , B, T définit le plan rectifiant à
Γ en M 0 .

En résumé :

!" !"
N dT
= 1ère formule de Frenet.
R ds
!" !"
dB N
= . 2ème formule de Frenet.
ds ℑ
!" !" !"
dN B T
=− − 3ème formule de Frenet
ds ℑ R

# Application: l'hélice

Cherchons le rayon et le centre de courbure en tout point M à l'hélice définie au


 r cos t 
  ds
paragraphe précédent, rappelons que OM  r sin t  et que = r 2 + h2 .
 ht  dt
 
 r 
− 2 sin t 
!!!!" !!!!"  r + h2 
!" d OM d OM d t !"  r 
On a: T = = ⋅ et T  cos t 
ds dt d s  r 2 + h2 
 h 
 
 
 r 2 + h2 

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-10


 r 
 − r 2 + h 2 cos t 
!"   !"
dT  r  dT r
Ainsi − 2 sin t , = 2 ,
ds  r +h 2  ds r + h2
 
 
 0 
 
 − cos t  c
!"   r 2 + h2
N  − sin t  et R = .
 0  r k
 
!!" j
On remarque que N est parallèle au plan
i
(O;i,j) et que la droite (M;N) coupe l'axe Mo=f(t0)
(O;k).

Si on prend par exemple r = 1 et h = 0, 5 ,


alors on a Mc = 1, 25N .
Fig. 6 :Cercle osculateur de l'hélice de
rayon 1 et de pas 0,5

2.4 Cinématique d'un point

Si I ⊂ R représente un intervalle de temps, alors Γ est appelée trajectoire de M


!!!!" !!!!"
d OM d 2 OM
lorsque t décrit I, est le vecteur-vitesse et le vecteur-accélération de
dt dt2
M.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-11


3 Nappe paramétrée

3.1 Définitions

3.1.a Surface et nappe paramétrée

Soient D ⊂ R 2 ,
 x ( u, v ) 
 D 
→ R3  !!!!"  
g  avec OM =  y ( u , v ) 
 (u, v) 
→ g (u, v) = M   
 z ( u, v ) 

Appelons Σ = g ( D ) . Si g est continue, alors Σ est une surface de l'espace d'un seul
tenant. Par définition, dans ce cours, le couple (g,D) où g est une fonction continue sera
appelé nappe paramétrée, et Σ le support de la nappe paramétrée. On dit encore que
(g,D) et (u,v) sont des paramétrages de Σ .

Remarquons que pour une surface Σ donnée, il existe plusieurs nappes paramétrées
associées.

3.1.b Courbe tracée sur une surface, courbe-coordonnée


 x ( u, v ) 
 D 
→ R 3
 !!!!
"  
g  avec OM =  y ( u , v ) 
Soit  (u, v) 
→ g (u, v) = M   
 z ( u, v ) 

I 
→ R2 
Soient I ⊂ R et h   tels que h( I ) ⊂ D ,
t 
→ h(t ) = (u, v) 
I 
→ R3 
on peut définir g # h : g # h  
t → (g # h)(t ) = g ( u (t ), v(t ) ) 


Si h est continue, alors il est clair que g # h est un arc paramétré. Appelons Γ son
support; on a Γ ⊂ Σ et on dit que Γ est une courbe tracée ou inscrite sur Σ .
On supposera toujours désormais que D = I × J .
Soit M 0 ∈ Σ, M 0 = g (u0 , v0 ) . Intéressons nous aux deux courbes tracées sur Σ définies
par les arcs paramétrés suivants:

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-12


 I → R3 
-1- ( g v0 , I ) avec g v0   ,
 u 
 → g v0 (u ) = g ( u , v0 ) 
 J 
→ R3 
-2- ( g u0 , J ) avec gu0   ,.
→ g u0 (v) = g ( u0 , v ) 
 v 

gu0 et g v0 sont les deux fonctions partielles de g en ( u 0 , v 0 ) .

Γu0
Les supports de (g u0 , J ) et (g v0 , I ) sont !!!!"
∂OM
appelés courbes-coordonnées de Σ en
Γv0 ∂v
M 0 relativement au paramétrage (g,D).
M0
On les note respectivement Γ u0 et Γ v0 !!!!"
∂OM
On appelle aussi Γ u0 1ère courbe-
∂u
coordonnée et Γ v0 2ème courbe- Σ
coordonnée.

Fig. 7 : courbes coordonnées

d gu0 ∂ g ∂ OM ∂ OM
On remarque que = = est tangent à Γ u en M 0 et que est
dv ∂v ∂v 0
∂u
tangent à Γ v0 en M 0 .

# Exemples: paramétrages du plan et de la sphère

Voici deux paramétrages du plan (O;i,j):

$ paramétrage cartésien: ( g , R 2 ) avec


Γy0
k
 R2 
→ R3 
g  j
 ( x, y ) 
→ g ( x, y ) = ( x, y, 0)  i
Γ ρ0
% paramétrage polaire: Γθ 0
Γx0
( g , D) avec D = [ 0, 2π ] × [ 0, +∞ ] avec
Mo
 D 
→ R3 
g 
 (θ , ρ ) 
→ g (θ , ρ ) = ( ρ cos θ , ρ sin θ , 0) 
Fig. 8 : Paramétrages cartésien et polaire du plan

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-13


& Paramétrage de la sphère de centre O et
de rayon R:
Γψ 0
 π π
( g , D) avec D = [ 0, 2π ] ×  − ,  et
 2 2
 D  → R3  k
g  telle que ψ
j
 (θ ,ψ )  → g (θ ,ψ ) 
i
 x = R cosψ cosθ 1

 θ
0 0.25 0.5 0.75

 y = R cosψ sin θ
1

 z = R sinψ Γθ 0
 0.75

0.5 Fig. 9 : Paramétrage de la sphère

0.25

0
0.25

0.5
0
0.75

3.2 Éléments différentiels de 1er ordre

3.2.a Métrique d'une surface


 x ( u, v ) 
 D 
→ R 3
 !!!!
"  
g  avec OM =  y ( u , v ) 
 (u, v) 
→ g (u, v) = M   
 z ( u, v ) 

 ∂x ∂x
d x = ∂ u du + ∂ v d v
d x 
!!!!"    ∂y ∂y
Notons d g = ( d x, d y, d z ) , autrement dit d OM  d y  . On a d y = du + dv
dz  ∂u ∂v
   ∂z ∂z
d z = ∂u du + ∂ v dv

!!!!"
et si on pose d s = d OM alors l'expression d s = d x + d y + d z 2 devient:
2 2 2

 ∂ x  2  ∂ y  2  ∂ z  2  2 ∂ x ∂ x ∂ y ∂ y ∂ z ∂ z 
d s 2 =   +  +  du + 2 ⋅ + ⋅ + ⋅ du ⋅dv
 ∂ u   ∂ u   ∂ u    ∂ u ∂ v ∂ u ∂ v ∂ u ∂ v 
 ∂ x  2  ∂ y  2  ∂ z  2  2
+   +  +  dv
 ∂ v   ∂ v   ∂ v  

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-14


!!!!" 2 !!!!" !!!!" !!!!" 2
 ∂ OM  ∂ OM ∂ OM  ∂ OM 
⇔ ds = 2
 du + 2
2
⋅ du ⋅dv +   dv
2

 ∂u  ∂u ∂v  ∂v 

Définition : première forme quadratique fondamentale


 !!!!" 2
 ∂ OM 
E =  
  ∂u 
 !!!!"
 ∂ OM ∂ OM
Soit, en utilisant la notation  F = ⋅ : alors d s 2 = E d u 2 + 2 F d u d v + G d v 2
 ∂ u ∂ v
  ∂ OM 
2

G =  
  ∂v 

Cette expression est la première forme quadratique fondamentale d'une surface. Elle
est indépendante de la nappe paramétrée (g,D) car l'élément de longueur infiniment
petit d s est indépendant du paramétrage de Σ . Cette forme quadratique est donc un
invariant qui représente la métrique sur Σ .

3.2.b Surface régulière

Définition :
!!!!" !!!!"
∂ OM ∂ OM
Un point M ∈ Σ est dit point régulier de Σ si et seulement si ∧ ≠ 0 . Une
∂u ∂v
surface Σ est dite régulière si et seulement si tous ses points sont réguliers.

Nous admettrons que la régularité de M ∈ Σ ne dépend pas du paramétrage choisi. La


régularité d'une surface Σ est donc une propriété intrinsèque.

!!!!" !!!!" 2
∂ OM ∂ OM
Remarquons que ∧ = EG − F 2 . Ainsi, dire que Σ est régulière implique
∂u ∂v
que d s 2 est une forme quadratique définie.
Désormais, nous ne considérerons que des surfaces régulières, et nous pourrons donc
noter:

H 2 = EG − F 2 avec H > 0

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-15


3.2.c Plan tangent, vecteur normal unitaire

Définition : "
n
!!!!" !!!!" ∂ OM
∂ OM ∂ OM
" ∧ ∂u
n= ∂ u ∂ v est appelé vecteur
H
unitaire normal à Σ en M 0 . On appelle ∂ OM
ΓV0 Π
∂v
plan tangent à Σ en M 0 le plan
orthogonal à ( M 0 ;n). Par la suite, nous le ΓU0
noterons conventionnellement Π .
Fig. 10 : Plan tangent à une surface

La notion de droite normale à une surface est un concept essentiel en géodésie.

!!!!" !!!!"
 ∂ OM ∂ OM 
Le repère  M 0 ; ,  forme un repère non orthogonal et non normé de Π .
 ∂u ∂v 

Dans le cas particulier d'une surface Σ définie par une équation cartésienne
F(x,y,z) = 0, F étant une fonction de R 3 vers R, on peut montrer que la normale à Σ
admet en tout point grad F comme vecteur directeur.

3.2.d Coordonnées orthogonales, coordonnées symétriques

L'angle α entre les deux courbes-coordonnées Γu0 et Γv0 à Σ en M 0 est donné par la
!!!!" !!!!" !!!!" !!!!"
∂ OM ∂ OM ∂ OM ∂ OM
définition du produit scalaire : ⋅ = ⋅ ⋅ cos α
∂v ∂u ∂v ∂u
!!!!"
∂ OM ∂ OM

∂ v" ∂!!!!
D’où l'expression cos α = !!!! u " = F et on a aussi sin α =
H
.
∂ OM ∂ OM EG EG

∂v ∂u

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-16


Les coordonnées (u,v) associées au paramétrage (g,D) de Σ sont dites
!!!!" !!!!"
∂ OM ∂ OM
orthogonales si et seulement si, pour tout point de Σ , on a ⋅ =0 ,
∂u ∂v
c'est à dire F = 0.
!!!!" !!!!"
∂ OM ∂ OM
Elles sont dites symétriques si, de plus, en tout point = . La
∂u ∂v
E = G
condition de symétrie de (u,v) équivaut donc à:  .
F = 0

# Applications: coordonnées cartésiennes ou polaires du plan,


coordonnées sphériques

Étudions l'orthogonalité et la symétrie des exemples de paramétrages donnés en II.1.a:

$ Paramétrage cartésien du plan (O;i,j):


 x 1  0
  ∂ OM   ∂ OM  
OM  y  donc: 0 et 1
0 ∂ x   ∂ y  
   0  0
On a E =G =1 et F=0, ce qui montre que les coordonnées (x,y) sont symétriques.

% Paramétrage polaire du plan (O;i,j):


 ρ cos θ   − ρ sin θ   cos θ 
  ∂ OM   ∂ OM  
OM  ρ sin θ  donc:  ρ cos θ  et  sin θ 
 0  ∂θ  ∂ρ
   0   0 
 
Dans ce cas E = ρ , F = 0 et G = 1 , ce qui montre que les coordonnées (θ , ρ ) sont
2

orthogonales non symétriques.

& Paramétrage (θ ,ψ ) de la sphère de centre O et de rayon R avec


 x = R cosψ cosθ

 y = R cosψ sin θ :
 z = R sinψ

 − R cosψ sin θ   − R sin ψ cos θ 
∂ OM   ∂ OM  
 R cosψ cosθ  et  − R sinψ sin θ 
∂θ   ∂ψ  
 0   R cosψ 
Dans ce cas E = R cos ψ , F = 0 et G = R , ce qui montre que les coordonnées (θ ,ψ )
2 2 2

sont orthogonales non symétriques.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-17


3.3 Éléments différentiels de 2ème ordre

3.3.a Trièdre de Darboux-Ribaucour


Définition :
"
n
On appelle vecteur unitaire normal
" " "
géodésique g défini par g = n ∧ T . On Γ " ∂ OM
appelle trièdre de Darboux-Ribaucour le T ∂u
" " "
(
repère orthonormal direct M , T , g , n . ) " ∂ OM
Π N ∂v

ΓU0

Fig. 11: Trièdre de Darboux-Ribaucour

χ
Remarquons que, par construction, B
" " " " "
N , g , n et B sont orthogonaux à T . T
g π
Désormais, nous appellerons σ
" "
l'intersection de Σ avec le plan ( M , g , n ) .

N σ
" " n
On appelle χ l'angle orienté entre N et n .
Fig. 12 :Relations entre les trièdres de
Darboux-Ribaucour et de Frenet

!" !!"!"
(
Il est clair que le trièdre de Frenet M , T , N , B ) est obtenu à partir du trièdre de
" " " π "
(
Darboux-Ribaucour M , T , g , n ) par rotation positive d'angle
2
− χ autour de M , T( )
.

On peut donc écrire:

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-18


 
" 1 0 0  " "
T   T 1 0 0  T
"  π  π  "   "
= 0 cos  − χ  sin  − χ    g  =  0 sin χ cos χ   g 
N"   2  2  "   "
 
 B  n  0 − cos χ sin χ   n 
π  π   
 0 − sin  2 − χ  cos  2 − χ  
    

3.3.b Deuxième forme quadratique fondamentale

La deuxième forme quadratique fondamentale est une relation liant χ et le rayon de


courbure R à Γ en M.

!!!!" !!!!" !!!!"


" d OM ∂ OM d u ∂ OM d v
Cette relation est obtenue en différentiant : T = = ⋅ + ⋅
ds ∂u ds ∂v ds

deuxième forme quadratique fondamentale :

!!!!"
 ∂ 2 OM "
 L1 = ⋅n
 ∂ u 2
!!!!"
 ∂ 2 OM " cos χ 2
notation  L2 = ⋅n , formulation : d s = L1 d u 2 + 2 L2 d u d v + L3 d v 2
 ∂ v∂ u R
!!!!"
 ∂ 2 OM "
 L3 = ⋅n
 ∂ v2

 cos χ 2 
Dans cette dernière formule, le premier membre de l'identité  d s  ne dépend
 R 
que de Σ et de Γ. Cette formule ne dépend donc pas du paramétrage ( u , v ) choisi.

On l'appelle deuxième forme quadratique fondamentale. Elle est quelquefois écrite


sous la forme:
cos χ 2
d s = Φ ( d u , d v ) , avec Φ ( d u , d v ) = L1 d u 2 + 2 L2 d u d v + L3 d v 2
R
cos χ L1 d u 2 + 2 L2 d u d v + L3 d v 2
⇔ =
R E d u 2 + 2F d u d v + G d v2

cos χ
2 2
 du  du du  dv 
⇔ = L1   + 2 L2 × + L3  
R  ds ds ds ds

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-19


3.3.c Courbure normale

" "
(
Soit la courbe tracée sur Σ définie comme intersection de Σ avec le plan M , T , n elle )
"
est appelée la section normale de Σ en M dans la direction de T , notée S MT .

" "
Le vecteur unitaire de normale principale ( N ) à S MT en M est n . Donc, pour S MT ,
χ ∈ {0, π } et si Rn est le rayon de courbure de S MT en M:

1 Φ ( d u, d v )

Rn d s2

"
Rn est appelé rayon de courbure normale de Σ en M dans la direction de T .

3.3.d Théorèmes de Meusnier

Premier théorème de Meusnier.


Deux courbes tracées sur Σ passant par M admettant le même plan osculateur
" "
( M , T , N ) ont même centre de courbure.
Deuxième théorème de Meusnier.
"
De plus, soit Γ une courbe quelconque dans la direction de T , alors :

cos χ Φ ( du, dv ) 1 ⇔ R = Rn cos χ


= 2

R ds Rn

Géométriquement, on peut ainsi dire que le rayon de courbure normale est le plus grand
"
rayon de courbure de toutes les courbes tracées sur Σ dans la direction de T .

"
n Section normale
∂ OM
∂u
"
T
∂ OM
∂v

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-20


Fig. 13 : Interprétation géométrique du 2ème théorème de Meusnier

# Application: cylindre de révolution

Le cylindre de révolution au-


tour de ( O;i ) de rayon r est
10
0
∂ OM Γθ 0
défini comme étant le support 20
∂x
de la nappe paramétrée ( g , D ) 5

où:
∂OM
D = R × [ 0, 2π ] et 2.5
∂θ
D 
→ R3 
g 
 ( x,θ ) 
→ g ( x,θ ) = M 

0

 x x = x -2.5

  
avec OM  y  et  y = r cosθ
z  z = r sin θ Γx0
   -5
-5 -2.5 0 2.5 5

Fig. 14 : Cylindre de révolution C (r=5, x[0,25])

1  0 
∂ OM   ∂ OM  
On a  0  et  −r sin θ  ce qui se résume par:
∂x   ∂θ  
 0  r cos θ 
E = 1 , F = 0 et G = r2 et ds 2 = dx 2 + r 2 dθ 2

( g, D) forme donc un système de coordonnées orthogonales non symétriques de .

 0  0  0 
  ∂ 2 OM   ∂ 2 OM ∂ 2 OM  
D'autre part, n  − cos θ  et 0
2  
, = 0 et 2 
− r cosθ 
 − sin θ  ∂ x   ∂θ ∂ x ∂θ  
  0  − r sin θ 

On en déduit que L1 = L2 = 0 et que L3 = r. La deuxième forme quadratique


fondamentale s'écrit donc:
r dθ 2 cos χ L3 dθ 2
= =
d x2 + r 2 dθ 2 R ds 2

Cherchons le rayon de courbure normale à dans une direction quelconque. Trois cas
doivent être envisagés :

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-21


!!!!"
∂ OM
(a) Dans la direction de :
∂θ
1 1
On a d x = 0 et = soit Rn = r .
Rn r
!!!!" !!!!"
∂ OM ∂ OM
(b) Dans une direction autre que et que :
∂θ ∂x
!!!!" !!!!"
+* ∂ OM ∂ OM
Soit k ∈ R . Se donner la direction t = k + équivaut à se donner
∂x ∂θ
dθ 1
= , et la 2ème forme quadratique s'écrit alors:
dx k
 dθ 
2

r 
r dθ 2
 dx cos χ r cos χ
= = ⇔ =
d x + r dθ
2 2 2
 dθ 
2
R k +r
2 2
R
1+ r2  
dx
k 2 + r2
Pour χ = 0 , alors Rn = ,
r
!!!!"
∂ OM
Si k tend vers +∞ , autrement dit si la direction t tend vers , alors Rn tend vers
∂x
+∞ .
!!!!"
∂ OM
(c) Dans la direction de :
∂x
La section normale dans cette direction est une droite, et le rayon de courbure normale
n'est pas défini.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-22


3.3.e Indicatrice de Dupin

On rapporte le plan tangent Π au repère normal non orthogonal


!!!!" !!!!"
 1 ∂ OM 1 ∂ OM 
ℜ Π=  M0; × , ×  .
 E ∂u G ∂v 

L'indicatrice de Dupin « D » est l'ensemble des points P de Π définis par:


!!!!!" !!" "
M 0 P = Rn ⋅ T lorsque T varie autour de M0 .

Appelons (α , β ) les coordonnées d'un point P quelconque de « D » dans le repère ℜ .


Π
!!!!" !!!!"
!!!!!" 1 ∂ OM 1 ∂ OM
On a donc: M0P = α × +β ×
E ∂u G ∂v
!!!!" !!!!"
!!!!!" " d u ∂ OM d v ∂ OM
Mais d'autre par M 0 P = Rn T = Rn × + Rn × .
ds ∂u ds ∂v
du α
ds = E R

Par identification, on en déduit que 
n

d v = β
d s G Rn

Le deuxième forme quadratique fondamentale peut alors s'écrire:


cos χ ε L1α 2 L2 α β L3 β 2
ε = = +2 + , ε ∈ {−1,1}
R Rn E Rn E G Rn G Rn

L1 L2 L3 De la forme de :
α2 +2 αβ+ β 2 = ±1
Et, pour χ ∈ {0, π } : E E G G ax 2 + by 2 + cxy = 1

Ceci est l'équation cartésienne d'une conique. Le type de cette conique (ellipse,
hyperbolle, parabolle ou conique dégénérée) est donné par le signe de L22 − L1 L3 .

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-23


Signe de L22 − L1 L3 Indicatrice de Dupin Type de surface
(propriété locale)
L22 − L1L3 < 0 Ellipse: ∂ OM Rn est défini dans toutes les
∂u directions.
N ne change pas de sens au
M0
voisinage de M0 et Σ est localement
∂ OM d'un seul côté de Π.
∂v Σ est dite localement convexe et le
point M0 est dit point elliptique.

L22 − L1 L3 > 0 Deux hyperbolles Il existe deux directions dans


conjuguées: lesquelles Rn n'est pas défini.
∂ OM
∂u N change de sens au voisinage de
M0.
M0 Σ est dite localement à cour-bures
∂ OM opposées; elle a localement la
∂v forme d'un "col" (cf. fig. 26). M0
est dit point hyperbollique.

L22 − L1 L3 = 0 Deux droites parallèles: Le comportement local de Σ ne peut


pas être caractérisé. M0 est dit
∂ OM
∂u point parabollique.
Par exemple, tout point d'un
M0 cylindre de révolution est para-
∂ OM
bollique.
∂v

Fig. 15 : Typologie locale des surfaces en fonction de l'indicatrice de Dupin

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-24


6

2
+ -2

-
0
-4
-1
-2 M0
0
0 Π
-
1
2

4 2

Fig. 16 : Surface à courbures opposées localement

3.3.f Directions principales; rayons de courbure principale

Définitions :
On supposera désormais que L22 ≠ L1 L3 .
On appelle directions principales de Σ en M 0 les deux axes de symétrie de
l'indicatrice de Dupin en M 0 .
On appelle rayons de courbure principale R1 et R2 les rayons de courbure
normale dans les deux directions principales.

L'étude précédente nous a graphiquement montré que R1 et R2 sont deux extrema de


"
Rn lorsque T varie autour de M 0 :
- si L22 − L1 L3 < 0 (point elliptique): les rayons de courbure principale sont un
minimum et un maximum,
- si L22 − L1 L3 > 0 (point hyperbollique): ce sont deux minima.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-25


Les deux directions principales correspondent aux axes des coniques et sont donc
orthogonales.

α *2 β *2
 2 + 2 =1 (point elliptique)
 a b
ou
 2
α * − β * = 1
2
(point hyperbollique)
 a 2 b2

Dans le cas d’un point elliptique, l'équation cartésienne de l'indicatrice de Dupin dans un
!!" !!"
(
repère orthonormé M 0 ; u *, v * est : )
R2
α *2 β *2 P
+ =1
R1 R2
v* T
" ψ
Soit T vecteur unitaire quelconque de Π; M0 R1
!" !!" !!!"
T = cosψ u * + sin ψ v * . u*
"
Soit P ∈ D dans la direction de T , on a:

Fig. 17 : Directions principales du plan


tangent

!!!!!" !!" !!!" !!!" !!!" !!!"


M 0 P = Rn T = Rn (cosψ u * + sinψ v*) = cosψ Rn u * + sinψ Rn v *

!!!!!" !!" !!"


Or M 0 P = α ∗ u ∗ + β ∗ v∗ d'où:
α * = Rn cosψ

 β * = Rn sinψ

On a donc 1 cos 2 ψ sin 2 ψ (formule d'Euler)


= +
Rn R1 R2

4 Ligne géodésique

4.1 Définition

On appelle ligne géodésique sur Σ toute courbe Γ G inscrite sur Σ telle que, en tout
" "
point de Γ G , n = N .

Remarquons que les trois propositions suivantes sont équivalentes:

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-26


" "
- en tout point de Γ G , n = ± N ,
- en tout point de Γ G , χ = 0 ou χ = π ,
- en tout point de Γ G , R = Rn .

4.2 Donnée d'une courbe sur une surface

Soit γ une courbe tracée sur Σ. Rappellons que la donnée de γ revient à la donnée de
I ⊂ R et de f tels que :
 I →R2 
f   avec f ( I ) ⊂ D
→ f ( s ) = ( u ( s ) , v ( s ) ) 
 s 

(g # f ,I ) est bien un arc paramétré de support γ. Déterminer γ revient donc


pratiquement à déterminer u(s) et v(s). Il se démontre rapidement que la condition
" "
n = N en tout point équivaut au système d'équation différentiel suivant:

 1 ∂ E  d u 2 d2 u d 2 v  ∂ F 1 ∂ G  d v  ∂ E d u d v
2

 ×   + E 2 + F 2 + − ×   + × × =0
2 ∂ u  d s  ds d s  ∂ v 2 ∂ u  d s  ∂ v d s d s

 ∂ F 1 ∂ E  d u  d 2v 1 ∂ G  d v  ∂ G du dv
2 2
d 2u
 − × 
 ∂ u 2 ∂ v  d s   + F + G + ×   + × × =0
 ds 2
ds 2
2 ∂v ds ∂u ds ds

# Applications:

$ Plan ( O;i, j) défini par ses coordonnées cartésiennes ( x, y )


x 1  0
  ∂ OM   ∂ OM   E = G = 1
OM  y  , 0 , 1 et 
0  ∂ x   ∂ y   F = 0
   0 0

Le système différentiel des lignes géodésiques se simplifie beaucoup car E, F et G sont


constants d'où :
 d2 x d x
 2 = 0 =α
ds  d s  x − x0 = α s
 2 ⇔  ⇔ (A)  , α et β étant deux constantes
d y = 0 d y = β  y − y0 = β s
 d s 2
 d s
( )
Le système (A) est l'équation de la droite ( M 0 ; u ) passant par M 0 x 0 , y 0 , 0 et de
α 
 
vecteur directeur u  β  .
0
 

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-27


% Sphère de centre C et de rayon R
On peut montrer que les lignes géodésiques d'une sphère sont les grands cercles de la
sphère; c'est-à-dire les intersections de avec les plans passant par C.

4.3 Propriété géométrique fondamentale des lignes géodésiques

Soient M 0 et M 1 deux points de Σ, et γ une courbe inscrite sur Σ passant par M 0 et


M 1 , appelons l (M 0)M1 la longueur de γ entre M0 et M1:
γ

lM(γ )M =
0 1 ∫ d s (γ ) = ∫ E d u 2 + 2F d u d v + G d v2
M 0 M1 M 0 M1

On admet que, lorsque γ varie, l(Mγ )M


0 1
prend une valeur minimale pour Γ G .

γ1
La ligne géodésique est la courbe M0 γ2
ΓG M1
inscrite sur Σ la plus courte entre
γ0
deux points.
Fig. 18 : Ligne géodésique entre deux points

5 Application aux surfaces de révolution

5.1 Définitions

Soient ∆ une droite et Γ m une courbe plane, ∆ et Γ m étant coplanaires. La surface


engendrée par rotation de Γ m autour de ∆ est appelée surface de révolution. ∆ est
son axe de révolution et Γ m en est une courbe méridienne.

"
Munissons ∆ d'un repère normé C; K ,
" "
( ) ∆

Γ
Choisissons I tel que C; I, K soit un ( )
repère orthonormal du plan contenant Γ m .

" " " " " "


Soit J = K ∧ I . et R = C ; I, J, K est un
r ( )
repère orthonormal direct de l'espace. K J

C I
Σr

Fig. 19 : Surface de révolution

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-28


Alors l'abscisse curviligne ( S , I ) de Γ m s'exprime sous la forme:
 X = r (t )
 I → R3  
S  avec M ( X , Y , Z )R r et Y = 0
 t 
→ S ( t ) = M 
 Z = Z t
 ()

De même, la surface de révolution caractérisée par ∆ et Γ m admet le paramétrage (g,D)


défini comme il suit:
D = [ 0, 2π ] × I
 X = r ( t ) cos λ
 D  → R3  
g  avec M ( X , Y , Z )R r et Y = r ( t ) sin λ
 → g ( λ , t ) = M 
 ( λ , t )  
Z = Z (t )

5.1.a Longitude et latitude; parallèle et méridien

Désormais, on prendra toujours les hypothèses suivantes:


"
( )
• ∆ = 0; k ,
• R et Rr sont confondus.

On peut toujours se ramener à ce cas particulier par un changement de repère. Cette


hypothèse n'enlève donc rien à la généralité de l'étude.

Le paramètre λ est appelé longitude et tout paramétrage t de la courbe


méridienne Γ m est appelé latitude. Pour certains paramétrages particuliers de
Γ m , le terme générique de "latitude" est précisé par un adjectif.

(
Étudions les courbes-coordonnées à Σ selon le paramétrage g , [ 0, 2π ] × I : )

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-29


• Γt0 est un cercle de centre
C ( 0, 0, Z ( t0 ) ) et de rayon r ( t0 ) . Γt0 est
appelé cercle parallèle, ou parallèle, de Σ.
Γm
Les parallèles sont des courbes planes.
Z Γλ 0
• Γλ0 est l'image de Γ m par r M
Γ t0
rotation positive d'angle λ0 autour de
"
(O; k ) . C'est donc aussi une courbe plane.
Uλ0

Σr
λ0
Γλ0 est appelée courbe méridienne, ou
méridien, de Σ. Tout plan passant par ∆
contient une courbe-coordonnées Γ λ0 , et
Fig. 20 : Paramétrage d'une surface de
est à ce titre appelé plan méridien. révolution

5.1.b Azimut

Soit Σ une surface de révolution, on notera


!!!!"
" 1 ∂ OM
désormais Tm = × et
G ∂t
!!!!"
!" 1 ∂ OM
Tp = × .
E ∂λ
On rapportera toujours le plan tangent à Σ Az
en M au repère orthonormal
" " Tp
R Π = ( M ; Tp , Tm ) .
Tm
M

Γ
Définition :
L'azimut Az d'une courbe Γ tracée sur Σ
passant par M est l'angle mesuré dans le
" "
plan tangent entre Tm et T , vecteur unitaire Fig. 21 : Azimut d'une ligne géodésique
tangent à Γ en M.
" "
Az vérifie donc: cos Az = T ⋅ Tm .
π
Un point M de Γ où Az = ± est appelé vertex de Γ.
2
Une courbe de Σ le long de laquelle l'azimut est constant est appelée une loxodromie.

5.2 Formes quadratiques fondamentales, directions principales

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-30


!!!!"  − sin λ r  !!!!"  cos λ r ′ 
∂ OM   ∂ OM  
On a immédiatement:  cos λ r  et  sin λ r ′ 
∂λ   ∂t  
 0   Z′ 
Autrement dit; E =r , F =0
2
et G = r ′2 + Z ′2

( λ ,t ) sont donc des coordonnées orthogonales a priori non symétriques, et la première


forme quadratique fondamentale s'écrit:
d s 2 = r$
2

% & + $'
2

'%''
(
r ′2 + Z ′ 2 d t 2
&
)
d s2 p 2
d sm

On remarque que d sp est un élément de longueur infiniment petit le long du parallèle


(c'est à dire lorsque t est constant) et d sm un élément de longueur infiniment petit le
long du méridien lorsque d λ est nul).

On obtient géométriquement les relations méridien


liant l'azimut, d λ et d t :
d sp rdλ
tan Az = ± = Az
d smr ′ + Z ′2 d t 2
Dsm ds
dt
cos Az = r ′2 + Z ′2
ds
dλ parallèle dsp
sin Az = r
ds
Fig. 22 :Relation entre Az et ds

Écrivons la deuxième forme quadratique fondamentale:


!!!!" !!!!"  cos λ r Z ′  !!!!" !!!!"
∂ OM ∂ OM   ∂ OM ∂ OM
∧  sin λ r Z ′  et ∧ =r G
∂λ ∂t   ∂λ ∂t
 −r r ′ 

Si on suppose que G ≠ 0 , alors:


 Z′ 
 cos λ 
 G
" Z′  On remarque que la droite normale (M;n) coupe l'axe (O;k)
n  sin λ  puisque la projection de n sur (O;i,j) est colinéaire à
 G
u λ = cos λ i + sin λ j
 r′ 
 − 
 G 

!!!!"  − cos λ r 
∂ 2 OM   Z′ r
 − sin λ r  et L1 = −
∂λ  2
 G
 0 

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-31


!!!!"  − sin λ r ' 
∂ 2 OM  
 cos λ r '  et L2 = 0
∂ λ∂ t  
 0 

!!!!"  cos λ r ′′ 
∂ 2 OM   Z ′r ′′ − r ′Z ′′
 sin λ r ′′  et L3 =
∂t 
2
 G
 Z ′′ 

L'indicatrice de Dupin est donc, selon le signe de L1L3, soit une ellipse, soit une
hyperbolle; son équation cartésienne dans le trièdre R Π est:
L1 L3
α2 + β 2 = ±1
E G
Notons entre autres que les parallèles et méridiens sont les directions principales en
tout lieu.

Cherchons R1 et R 2 .
(a) Dans la direction du méridien
Soit R1 est le rayon de courbure principal dans la direction du méridien. Le
méridien est la section normale dans la direction de Tm et donc R1 est le rayon de
courbure du méridien.
L'écriture de la deuxième forme quadratique fondamentale dans le cas où
d λ = 0 donne:
1 L d λ 2 + 2 L2 d λ d t + L3 d t 2 L Z ′r ′′ − r ′Z ′′
= 1 = 3 =
E d λ + 2F d λ d t + G d t ( )
2 2 32
Rm G r ′ 2 + Z ′2
(b) Dans la direction du parallèle
( )
12
E r r ′2 + Z ′2
Rp = =
L1 Z′

5.3 Lignes géodésiques

5.3.a Équations différentielles caractéristiques

Dans le cas d'une surface de révolution, le système caractéristique d'équations


différentielles se simplifie beaucoup:
 d2 λ d E d λ d t
 (A) E + × × =0
 d s2 d t d s d s

(B) − 1 × d E ×  d λ  + G d t + 1 × d G ×  d t  = 0
2 2 2

    
2 dt  d s  d s2 2 d t  d s 

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-32


5.3.b Relation de Laplace

Les parallèles ne sont pas des sections (schéma dans le plan méridien)
" !"
normales, n et Np ne sont pas
colinéaires.
Tm
n
Avec les notations habituelles, notons χp Np
χ p l'angle entre la normale au parallèle
!" " Tp
N p et la normale à la surface n .


Fig. 23 : Orientation d'un parallèle par
rapport à la normale

" π 
On a: N p ⋅ Tm = − cos  − χ p  = sin χ p
2 

!!!!" !!!!"
∂ 2 OM ∂ OM !!!!" !!!!"
∂λ 2
∂ t 1 ∂ 2 OM ∂ OM r′
= 2 !!!!" ⋅ !!!!" = × ⋅ =−
∂ OM ∂ OM r G ∂λ 2
∂t G
∂λ 2
∂t

r′
Nous retenons que sin χ p = −
G
 d λ = sin Az

Or  d s r . Donc l'équation (B) s'écrit:
 E = r 2

cos Az d Az r 2 sin Az d r d r sin Az


r 2
× − 2
× + 2r × =0
r ds r ds ds r
⇔ r cos Az d Az + sin Az d r = 0

dr r dλ dr
⇔ d Az = − tan Az =− × × = sin χ p d λ
r G dt r

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-33


Il en résulte la relation de d Az = sin χ p d λ
Laplace:

5.3.c Relation de Clairaut

On remarque que la première équation s'intégre facilement:


d2 λ d E d λ
(A) ⇔ E + × =0
ds2 ds ds
d  dλ 
⇔ E =0
ds ds 

⇔ E = C , C constante
ds
dλ sin Az
Or E = r2 = r sin Az .
ds r
Nous retiendrons le théorème ci-après:

relation de Clairaut
Sur une ligne géodésique, r sin Az est constant
C = r sin Az est la constante de Clairaut.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 I-34


Cours de Géodésie

Chapitre 2

GEOMETRIE DE L’ELLIPSOÏDE

Version 2.0 01/03/2003

6 Pôle Nord
7 6
0 -5. 10
1. 10 5. 10

5. 10
6
b
Méridien
origine

0 a

Equateur

6
-5. 10

Pôle Sud
6
-5. 10 0
6
5. 10

Didier BOUTELOUP
Cellule pédagogique et de recherche en astro-géodésie
[email protected]
(33) 01 64 15 31 37
CHAPITRE II
GEOMETRIE DE L’ELLIPSOIDE DE REVOLUTION APLATI

1 Ellipse et ellipsoïde _____________________________________________________3


1.1 Ellipse ___________________________________________________________________ 3
1.1.a Définition ____________________________________________________________________ 3
1.1.b Caractérisation ________________________________________________________________ 4
1.2 Ellipsoïde de révolution aplati________________________________________________ 5
2 Paramétrages de l'ellipsoïde ______________________________________________7
2.1 Latitude paramétrique______________________________________________________ 7
2.2 Latitude géographique ______________________________________________________ 8
2.3 Latitude géocentrique _____________________________________________________ 10
2.4 Paramétrage symétrique, Latitude isométrique ________________________________ 11
3 Rayons de courbures principaux; sphères d'approximation ____________________12
3.1 Rayons de courbures principaux ____________________________________________ 12
3.2 Sphères d'approximation___________________________________________________ 15
3.3 Loxodromie ______________________________________________________________ 15
4 Calcul d'un arc d'ellipse méridienne ______________________________________15
5 Passages entre coordonnées cartésiennes et géographiques ____________________17
5.1 Passage des coordonnées géographiques aux coordonnées cartésiennes ____________ 17
5.2 Passage des coordonnées cartésiennes aux coordonnées géographiques ____________ 18
6 Calcul des lignes géodésiques ____________________________________________20
6.1 Problématique____________________________________________________________ 20
6.2 Méthode locale par utilisation d'une sphère d'approximation ____________________ 24
6.2.a Utilisation du repère local en M1 _________________________________________________ 24
6.2.b Problème direct _______________________________________________________________ 26
6.2.c Problème inverse______________________________________________________________ 28
ANNEXES_______________________________________________________________29

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-2


CHAPITRE II
GÉOMÉTRIE DE L ' ELLIPSOÏDE DE RÉVOLUTION
APLATI

1 Ellipse et ellipsoïde

1.1 Ellipse

1.1.a Définition

 x
 R 3 
→ R3  !!!!"  
Rappelons que la fonction A  avec OM  y  et
 M  → ( ) =
 A M P  z
 
 kx 
!!!"   "
OP  y  est appelée une affinité de rapport k selon i .
z
 

On appelle ellipse l'image d'un cercle par une affinité.

Une ellipse est donc une courbe plane. Désormais, nous n'étudierons que les
" "
(
ellipses inscrites dans le plan O; i , k ) issues d'un cercle centré en O par une
"
affinité de rapport k < 1 selon k . Cette hypothèse n'est pas réductrice; en effet,
il est immédiat de s'y ramener par un changement de repère.
a
Conventionellement, on note a le rayon M
" " b
( )
du cercle . Les axes O; i et O; k ( ) P
sont appelés respectivement grand axe
et petit axe de l'ellipse.
k
Les longueurs a et b en sont
respectivement le demi grand axe et le j i a
demi petit axe.
Fig. 1 : Ellipse

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-3


Une condition nécessaire et suffisante pour que M appartienne à étant:
!!!!" x2 z 2
OM = a ⇔ + =1 ,
a2 a2
x2 z2
on en déduit l'équation cartésienne de l'ellipse transformée: + =1 .
a2 b2
 x = a cos θ

est paramétré par  y = 0 , θ ∈ [ 0, 2π ] , et nous retiendrons que
 z = a sin θ

l'ellipse admet le paramétrage suivant:

 x = a cos θ

 z = b sin θ

1.1.b Caractérisation

a −b
• L'aplatissement (en anglais flattening) f est défini par f =
a
a2 − b2
• La première excentricité e est définie par e2 =
a2
a 2 − b2
• La deuxième excentricité e' par e′ 2 = .
b2

La grandeur c = a 2 − b 2 est la distance focale et les points F ( c,0, 0 ) et


F ′ ( −c,0, 0 ) sont les foyers.

Il est remarquable qu'une propriété caractéristique de l'ellipse est:


!!!" !!!!"
PF + PF ' = 2a

Deux ellipses ayant même distance focale sont dites homofocales.

L'ellipse peut être caractérisée par la donnée de ( a, b ) , ( a, f ) , a, e 2( ) ou ( a, c ) .


Entre ces différents paramètres, on dispose, entre autres, des relations suivantes
:

b
 = 1− f = 1− e
2

a
e 2 = 2 f − f 2

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-4


Exemples numériques :
1 1
• la Terre : f ≈ , e2 ≈
300 150
Clarke IGN 1880 : a = 6 378 249.2 b= 6 356 515
• ballon de football :
Texte officiel FFF : la circonférence d’un ballon de football doit être
comprise entre 68cm et 70cm.
1
Calculer a et b pour que l’aplatissement de ce ballon soit égal
300

1.2 Ellipsoïde de révolution aplati

Définition :

Un ellipsoïde de révolution aplati est la surface engendrée par la rotation d'une


ellipse autour de son demi-petit axe.

6 7
-5. 10 -1. 10 6
-5. 10
0 0 6
6
5. 10 7
5. 10
1. 10
7
1. 10
6
6 5. 10
5. 10

0
0

6
-5. 10

6
-5. 10
6
-5. 10
0 6
-5. 10
6 0
5. 10
6
5. 10

Fig. 2 : rotation/demi-petit axe Fig. 3 : rotation/demi-grand axe

L'ellipsoïde de révolution aplati est défini comme le support de la nappe


paramétrée ( D, g ) avec:

  π π
 D = [ 0, 2π ] ×  − 2 , 2   x = a cos λ cosψ
   
  où M  y = a sin λ cosψ
g  D  →R 3
  z = b sinψ
 
  ( λ ,ψ )  → g ( λ ,ψ ) = M
  

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-5


" " "
Le repère (O; i , j, k )
permet de distinguer
différentes parties de
l'ellipsoïde:
6 Pôle Nord
• l'ensemble des points 7 6
0 -5. 10
1. 10 5. 10
M tels que OM ⋅ k ≥ 0
(respectivement 5. 10
6
b
Méridien
OM ⋅ k ≤ 0 ) forment
origine
l'hémisphère Nord ou
boréal (resp. Sud ou 0 a
austral),
Equateur
• les points PN ( 0, 0,b )
PS ( 0, 0, −b )
6
et sont
-5. 10

appelés pôles Nord et Pôle Sud


" 6
Sud, et l'axe (O; k ) -5. 10 0
6

est l'axe des pôles,


5. 10

Fig. 4 : Ellipsoïde géodésique


• l'intersection du plan
" "
(O; i , j) et de
l'ellipsoïde est appelé
équateur,
• L’ensemble des points M de coordonnées (x,0,z), x>0 est appelé méridien origine
En fait, l'axe i est choisi de telle sorte que le méridien origine passe par l'observatoire
astronomique de Greenwich (près de Londres).

Toute courbe méridienne est une ellipse d’équation :


r2 z2
2
+ 2 = 1 avec r = x 2 + y 2
a b

D'où on tire l'équation cartésienne de l'ellipsoïde de révolution aplati:

x2 y2 z2
+ + =1
a2 a2 b2

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-6


2 Paramétrages de l'ellipsoïde

2.1 Latitude paramétrique

Rappelons que λ est la


longitude de a
M. ψ en est la latitude
paramétrique. b
Le paramétrage d’une M
surface de révolution est
défini par la donnée de 2
fonctions :
r (ψ ) = a cosψ k
avec Ψ
Z (ψ ) = b sin ψ j a
i
 x = r (ψ ) cos λ
 λ
M  y = r (ψ ) sin λ

 z = Z (ψ )
d’où
Fig. 5 : Latitude paramétrique

 x = a cos λ cosψ

M  y = a sin λ cosψ
 z = b sinψ

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-7


2.2 Latitude géographique

" " "


Appelons ϕ l'angle entre n la normale à l’ellipsoïde et le plan équatorial O, i , j ( )
a "
n
b
M

ϕ
uλ a

Fig. 6 : Latitude géographique

(Schéma dans un plan méridien)

" " " " " "


n = cos ϕ u λ + sin ϕ k avec u λ = cos λ i + sin λ j

 cos λ cos ϕ 
" 
On peut donc écrire: n  sin λ cos ϕ 
 sin ϕ 
 

"
Exprimons d'autre part n en fonction de λ et de ψ:

r (ψ ) = a cosψ r ′ = −a sinψ


 ; 
 Z (ψ ) = b sinψ  Z ′ = b cosψ

 E = r 2 = a 2 cos 2 ψ

et F = 0
G = r ′2 + Z ′2 = a 2 sin 2 ψ + b 2 cos 2 ψ

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-8


a2
G =b sin 2 ψ + 1 − sin 2 ψ = b 1 + e′2 sin 2 ψ
b2
 
 w cos λ cosψ 
1 b " 
En posant w = , on obtient: G= et n  w sin λ cosψ 
1 + e′ sin ψ
2 2 w  a 
 w sinψ 
 b 

cos ϕ = w cosψ
a
sin ϕ = w sinψ
D'où: b
a
tan ϕ = tanψ
b
1
w=
1 + e′2 sin 2 ψ

ϕ peut donc être utilisé comme paramétrage de l'ellipse méridienne; ϕ est appelé
latitude géographique.

w peut s'exprimer également en fonction de ϕ, en effet:


cos 2 ϕ b2 b2
cos ψ + sin ψ = 1 =
2 2
2
+ 2 2 sin ϕ ⇔ w = cos ϕ + 2 sin 2 ϕ = 1 − e 2 sin 2 ϕ
2 2 2

w a w a

⇔ w = 1 − e 2 sin 2 ϕ

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-9


2.3 Latitude géocentrique

(Schémas dans un plan méridien)


Considérons l'angle entre le plan a
équatorial et OM . Cet angle est
traditionnellement noté ω.
b
M
Les coordonnées ( λ ,ω ) forment un
para-métrage de l'ellipsoïde.

ω est appelée latitude géocentrique. Z


k
ω
uλ a

Fig. 7 :Latitude géocentrique

Si r ≠ 0 , alors il est clair que


a n
OP Z
tan ω = = .
OQ r b
M
a P
Z
On sait aussi que tan ψ = b .
r
k ϕ

Nous retiendrons donc: uλ a


O J Q
b b2
tan ω = tanψ = 2 tan ϕ
a a
ω

Fig. 8 : Latitudes paramétrique, géographique et géocentrique

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-10


On peut ainsi affirmer que, en tout point, ω ≤ ϕ ; ce qui signifie géométriquement
"
que, si on désigne par I et J les intersections de la normale ( M ;n) avec
!!" "
" OI ⋅ k ≤ 0
( )"
respectivement les axes O; k et ( O; u λ ) , alors  !!!" "
⋅ ≥
. Autrement dit, la
OJ u λ 0
normale coupe le plan équatorial avant de couper l'axe des pôles.

2.4 Paramétrage symétrique, Latitude isométrique

Écrivons la 1ère forme quadratique fondamentale à l'aide du paramétrage


( λ ,ψ ) :
 a2
 E = a 2
cos 2
ψ = 2
cos 2 ϕ
 w
d s 2 = E d λ 2 + 2 F d λ dψ + G dψ 2 avec F = 0
 2
G = a 2 sin 2 ψ + b 2 cos 2 ψ = b 2
 w

b
Or tan ψ =
tan ϕ d'où:
a
dψ b dϕ b dϕ
= × ⇔ dψ = × 2
cos ψ a cos 2 ϕ
2
a w
Et pour le paramétrage ( λ , ϕ )

a 2 (1 − e 2 )
2
a 2 cos 2 ϕ b4 a 2 cos 2 ϕ
Et d s =
2
2
d λ + 2 6 dϕ =
2 2
2
dλ +
2
6
dϕ 2
w a w w w

Les coordonnées ( λ ,ϕ ) sont donc des coordonnées orthogonales non


symétriques de l'ellipsoïde.

Définissons une fonction L (ϕ ) croissante de ϕ telle que ( λ, L) soit un


paramétrage symétrique. Une équation caractéristique de L (ϕ ) est donc:

a 2 (1 − e 2 )
2
a 2 cos 2 ϕ
dϕ 2 = d L2
w6 w2

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-11


1 − e2
⇔ dL= dϕ
w2 cos ϕ

Cette équation s'intègre en:

  π ϕ   e 1 + e sin ϕ
L = ln  tan  +   − ln
  4 2   2 1 − e sin ϕ

L est appelée latitude isométrique.

 e

  π ϕ   1 − e sin ϕ  2

Autre écriture : L = ln tan  +  ⋅ 
  4 2   1 + e sin ϕ  
 

3 Rayons de courbures principaux; sphères d'approximation

3.1 Rayons de courbures principaux

La forme locale de la surface est donnée par le type de la conique d’équation


L1 2 L3 2
cartésienne ⋅ α + ⋅ β = 1 (indicatrice de Dupin) où (α , β ) sont les coordonnées
E G
d’un point P de cette conique exprimées dans le repère RΠ au voisinage de M0. Les
directions principales sont donc celles de RΠ et correspondent au parallèle et au
méridien défini en M0

Le type de la conique dépend donc du signe de L1 L3 :

 Z ′r
 L1 = − G
 b
( L2 = 0 ) avec G=
 w
′ ′′ ′ ′′
 L3 = Z r − r Z
 G

r (ψ ) = a cosψ  r ′ = − a sin ψ r ′′ = −a cosψ


 ;  ; 
 Z (ψ ) = b sinψ  Z ′ = b cosψ  Z ′′ = −b sinψ

On en déduit que :

Z ′r ( r ′Z ′′ − Z ′r ′′ ) ab cos ψ ( ab sin ψ + ab cos ψ ) w


2 2 2 2

L1 L 3 = = = a 2 w2 cos 2 ψ
G b2

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-12


π
Donc, pourvu que ψ ≠ ± , c'est à dire en tout point autre que les pôles, L1 L3 > 0 .
2
Tous les points, pôles exceptés, sont elliptiques, et les rayons de courbures
principaux sont alors :

(a) Dans la direction du méridien

G3 2 b3 1 a (1 − e2 )
Rm = = × =
r ′Z ′′ − r ′′Z ′ w3 ab cos 2 ψ + ab sin 2 ψ w3

(b) Dans la direction du parallèle

r ( r ′2 + Z ′2 )
12
a b cosψ a
Rp = = =
Z′ wb cosψ w

1
Or w2 = = 1 − e 2 sin 2 ϕ , donc R m ≤ R p . Nous retiendrons:
1 + e′ sin 2 ψ
2

Le rayon de courbure principale dans la direction du parallèle est la grande


a
normale à l'ellipsoïde N; N=
w
a (1 − e 2 )
Le rayon de courbure principale dans la direction du méridien est ρ=
w3
On a toujours: N≥ρ

Tous les points, à l'exception des pôles, étant elliptiques, le rayon de courbure
normale selon une direction quelconque est compris entre ρ et N et peut être calculé
par la formule d'Euler qui s'écrit désormais:

sin 2 Az cos 2 Az 1
+ =
N ρ Rn

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-13


a n

b
M
Interprétations graphiques :
P
a
r = OQ = a cosψ = cos ϕ = N cos ϕ
w
or k

cos ϕ =
OQ
⇒ N = IM ψ ϕ
IM
uλ a
O J Q

Fig. 9 : Grande normale

I
Section normale dans la
direction d’un méridien

"
n
Tm M Tp

O
J

Section normale
dans la direction
d’un parallèle

Fig. 10 : Sections normales de l'ellipsoïde de révolution

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-14


3.2 Sphères d'approximation

Pour certains usages, on assimile localement l'ellipsoïde à une sphère tangente à


l'ellipsoïde. On définit ainsi:
• la sphère de courbure totale; son rayon de courbure R T est donné par
RT = N ρ

• la sphère de courbure moyenne dont le rayon de courbure R M est défini par:


1 1 1 1 
=  + 
RM 2  ρ N 

Bien sur, on a toujours ρ ≤ RT ≤ N et ρ ≤ RM ≤ N .

3.3 Loxodromie

Une loxodromie est une courbe tracée sur l'ellipsoïde le long de laquelle
l'azimut Az est constant.

rdλ N cos ϕ d λ N cos ϕ d λ


Or tan Az = = =
r ′ + Z ′ dψ
2 2 b
dψ a (1 − e 2 )
w dϕ
w3
1− e 2
⇔ tan Az dϕ = d λ
w 2 cos ϕ

Az étant constant, cette équation différentielle s'intègre en:

tan Az ( L − Lc ) = λ − λ c ⇔ λ − λc
tan Az =
L − Lc

4 Calcul d'un arc d'ellipse méridienne

En un point quelconque, l'élément de longueur infiniment petit le long d'un méridien


d s m vaut:
a (1 − e 2 )
d s m = ρ dϕ = dϕ
w3

Conventionnellement, d s m est noté d β . La longueur β d'un arc de méridien entre


l'équateur et le point de latitude ϕ s'obtient en intégrant d β :

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-15


ϕ
a (1 − e2 ) ϕ 3
d ϕ = a (1 − e2 ) ∫ (1 − e2 sin 2 ϕ ) 2 d ϕ

β =∫
0
w3 0


Mais n'admet pas de primitive connue, et on est donc contraint d'utiliser une
w3
méthode approchée.
3

(1 − e2 sin 2 ϕ )

Le développement de 2 en somme infinie des puissances de sin 2 ϕ
permet d'écrire β sous la forme suivante:

) ( p ! 2 )  e4 
p
+∞
2 p +1 ! 2 
β = ∑ bp avec: (
• bp = a 1 − e 2
W2 p (ϕ )
p =0 ( )  
• W2 p est l'intégrale de Wallis d'ordre 2p :
ϕ
W2 p = ∫ sin 2 p ϕ d ϕ
0

Les intégrales de Wallis d'ordre n ≥ 2 sont liées par la formule de récurrence


suivante:
n −1 1
Wn = Wn − 2 − sin n −1 ϕ cos ϕ
n n

L'étude de la convergence de la suite (b )


p p∈N
montre que le calcul des 5 premiers

termes permet de connaître β avec une précision meilleure que 1 mm. Nous retiendrons
4
donc β = ∑ bp ; cette somme peut s'exprimer uniquement à l'aide des fonctions
p =0

sin ( 2 pϕ ) , p ≤ 4 , comme indiqué page suivante :

β = a ( b0 ϕ + b1 sin 2ϕ + b2 sin 4ϕ + b3 sin 6ϕ + b4 sin 8ϕ )


1 3 5 6 175 8
avec b0 = 1 − e2 − e 4 − e − e
4 64 256 16384
3 3 45 6 105 8
b1 = − e2 − e 4 − e − e
8 32 1024 4096
15 4 45 6 525 8
b2 = e + e + e
256 1024 16384
35 6 175 8
b3 = − e − e
3072 12288
315 8
b4 = e
131072

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-16


5 Passages entre coordonnées cartésiennes et géographiques

5.1 Passage des coordonnées géographiques aux coordonnées cartésiennes

Soient M ( X , Y , Z )R un point quelconque de l'espace et M ∗ x∗ , y ∗ , z ∗ ( )R sa


projection normale sur l'ellipsoïde; M ∗ est donc définie de telle sorte que
!!!!!!" "
M ∗M = h .n . h est la hauteur de M au-dessus de l'ellipsoïde (éventuellement h < 0 ).

Les coordonnées ( λ , ϕ , h ) sont appelées coordonnées géographiques de M.

 x∗ = a cos λ cosψ cos ϕ = w cosψ


 ∗ 
On a  y = a sin λ cosψ or  a
 z ∗ = b sinψ sin ϕ = b w sin ψ

( )
L'expression de x∗ , y ∗ , z ∗ en fonction de λ et de ϕ est donc:

 ∗ a cos λ cos ϕ
x =
 w  x∗ = N cos λ cos ϕ
 ∗ a sin λ cos ϕ  ∗
y = ⇔  y = N sin λ cos ϕ
 w  ∗
 z = N (1 − e ) sin ϕ
2
 ∗ b 2

z = sin ϕ
 aw

!!!!!!"  cos λ cos ϕ 


" " 
En outre, M M = h. n avec n  sin λ cos ϕ 

 sin ϕ 
 

Il s'en déduit la formule de transformation des  X = ( N + h ) cos λ cos ϕ


coordonnées géographiques ( λ , ϕ , h ) aux 

Y = ( N + h ) sin λ cos ϕ
coordonnées ( X ,Y , Z ) cartésiennes 
 Z =  N (1 − e ) + h  sin ϕ
2
géocentriques, c'est à dire dans le repère R
centré au centre de la Terre.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-17


5.2 Passage des coordonnées cartésiennes aux coordonnées géographiques

5.2.a Processus itératif


L'objet de ce paragraphe est d'inverser le système précédent. Autrement dit, à
partir des formules précédentes, d'exprimer ( λ , ϕ , h ) en fonction de ( X , Y , Z ) .

Y
On obtient immédiatement: tan λ = .
X
Z
Obtenir ϕ et h est plus difficile, car N est une fonction de ϕ. Écrivons
X 2 +Y2
en fonction de ϕ et de h:
 N (1 − e 2 ) + h  sin ϕ
= 
Z
X +Y
2 2
( N + h ) cos ϕ
Z N
⇔ = tan ϕ − e 2 tan ϕ = tan ϕ (1 − T2 )
X 2 +Y2 #$N +&
%$ h
T2 (ϕ ,h )

Il est clair que, si tan ϕ est une fonction inversible en ϕ, cela n'est pas le cas pour
T2 . Nous savons en outre que, tant que h reste suffisamment petit, 1 T2 est de
l'ordre de 1 150 , c'est à dire négligeable. Cette remarque conduit à envisager la
méthode itérative suivante:

 Z 
• calcul d'une valeur approchée ϕ 0 par ϕ 0 = arctan   ,
 X +Y 
2 2

• utilisation de ϕ 0 pour calculer h 0 puis ϕ1 avec les formules:

 X 2 +Y2
h 0 = − N0
 cos ϕ 0
 ,
  Z 1 
ϕ1 = arctan  × 
  X 2
+ Y 2
1 − T2 ( ϕ 0 , h 0 ) 

• de la même manière, utilisation de ϕ n −1 et h n −1 pour calculer h n et ϕ n .

On peut démontrer que le processus itératif que nous venons de définir


converge. Nous retiendrons donc les formules de transformation ci-dessous:

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-18


Y
tan λ =
X
ϕ et h sont les limites des suites convergentes respectives (ϕ n )n∈N et

(h )
n n∈N définies par:

 Z
ϕ 0 = arctan
 X 2 +Y2 a
 avec N i = d’où
h X 2 +Y2 1 − e2 sin 2 ϕi
= − N0
 0 cos ϕ 0

  
  
ϕ n Z 1
= arctan  × 
  X 2 + Y 2 1 − e2 N n −1 
  N n −1 + h n −1 
 
 X 2 +Y 2
h n = − Nn
 cos ϕ n

5.2.b Processus direct


Source : Bowring, 1985, « The accuracy of geodetic latitude and height
équations », survey review,28, pp202-206

Y 
f = 1 − 1 − e2 R = X 2 +Y2 + Z2 λ = arctg  
X
 Z   e2a  
µ = arctg  ⋅  (1 − f ) +   
 X 2 + Y 2   R   

 
 Z (1 − f ) + e 2 a sin 3 µ 
ϕ = arctg 
 
 (1 − f )  X + Y − e a cos µ  
2 2 2 3

h =  X 2 + Y 2 ⋅ cos ϕ  + [ Z sin ϕ ] −  a 1 − e 2 sin 2 ϕ 


   

Les deux processus fournissent un résultat numérique identique.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-19


6 Calcul des lignes géodésiques

6.1 Problématique

Az2
ΓG
Az1

M1 M2

∆λ

Fig. 11 : Lignes géodésique de l'ellipsoïde

Le problème de calcul de lignes géodésiques sur l'ellipsoïde peut se poser selon


deux aspects:
(a) Aspect dit "direct"

Soient ( λ1 , ϕ1 ) les coordonnées d'un point M 1 de l'ellipsoïde et l'azimut en


M 1 Az1 d'une ligne géodésique Γ G passant par M 1 . Définissons M 2 comme
le point de Γ G tel que la distance entre M 1 et M 2 mesurée sur Γ G vaut
∆s donné. Résoudre le problème direct revient à déterminer les
coordonnées géographiques ( λ2 , ϕ 2 ) de M 2 et l'azimut de Γ G en M 2 Az2 .
Le problème direct peut donc être schématisé par:
( λ1 , ϕ1 ) , Az1 , ∆s→ ( λ2 , ϕ 2 ) , Az2
(b) Aspect "inverse"

Connaissant les coordonnées de deux points M 1 ( λ1 , ϕ1 ) et M 2 ( λ2 , ϕ 2 ) de


l'ellipsoïde, déterminer la longueur ∆ s de la ligne géodésique Γ G les
reliant, son azimut en M 1 Az1 et son azimut en M 2 Az2 . Schématiquement,
le problème inverse se résume par:

( λ1 , ϕ1 ) , ( λ2 , ϕ 2 ) → ∆s , Az1 , Az2

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-20


Les outils disponibles pour résoudre ces problèmes sont les suivants:
• le système d'équations différentielles caractéristique des lignes géodésiques
(expression simplifié propre aux surfaces de révolution),
• les relations de Clairaut et de Laplace

relation de Laplace :
sur l’ellipsoïde ϕ = π − χ p
dAz = sin ϕ dλ
relation de Clairaut :
r1 ⋅ sinAz1 = r2 ⋅ sinAz 2 = C

avec r1 : rayon du parallèle en un point M1 de la géodésique Γ G


Az1 : azimut en M1 de la géodésique Γ G

R2 : rayon du parallèle en un point M2 de la géodésique Γ G


Az2 : azimut en M2 de la géodésique Γ G
C : constante de Clairaut.

• la possibilité, dans certains cas, d'assimiler l'ellipsoïde à une autre surface


plus simple; plan tangent ou sphère d'approximation.

En résumé, il existe deux types de méthodes:


(1) Méthodes locales
Elles consistent à assimiler localement l'ellipsoïde par une surface voisine
plus facile à utiliser: pratiquement le plan tangent ou une sphère
d'approximation. Ces méthodes sont de mise en œuvre légère, mais ne sont
valables que sur une zone limitée: une centaine de mètres si on utilise le
plan tangent, quelques dizaines de km si on utilise une sphère
d'approximation.
(2) Méthodes générales

En général, les problèmes faisant intervenir des lignes géodésiques,


intègrent une résolution géométrique et numérique.

Une méthode retenue pour la résolution géométrique est dite par


représentation ou correspondance de la ligne géodésique sur la sphère
paramétrique de l'ellipsoïde, sphère auxiliaire dite sphère de Jacobi.
Soit un ellipsoïde de révolution de demi grand axe a. La sphère de Jacobi
est la sphère circonscrite le long de l'équateur. On établit entre l'ellipsoïde
et cette sphère une correspondance ponctuelle qui ne concerne que les
points de 2 géodésiques, l'une (g) tracée sur l'ellipsoïde, l'autre (g') tracée
sur la sphère (grand cercle). Ainsi, à tout point d'une géodésique de

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-21


l'ellipsoïde de révolution, on a fait correspondre un point image sur un
grand cercle, géodésique, d'une sphère ayant les propriétés suivantes :
- les 2 géodésiques ont même azimut équatorial.
- la latitude du point M' image sur la sphère est égale à la latitude du point
M correspondant sur l'ellipsoïde dans un rapport b/a (soit la latitude
paramétrique).
- conservation des azimuts
Les longitudes ne sont pas conservées.

Dans cette méthode, les problèmes relatifs à l'arc géodésique de


l'ellipsoïde vont donc se ramener aux problèmes correspondants sur l'arc
de grand cercle de la sphère de Jacobi. La solution comportera en général
les étapes suivantes :
- calcul des éléments connus du triangle sphérique puis résolution de
triangles sphériques correspondant aux triangles ellipsoïdiques.
- retour aux éléments inconnus de l'ellipsoïde par la correspondance de
Jacobi.
Les formules de la trigonométrie sphérique restent rigoureuses pour les
géodésiques de l'ellipsoïde de révolution en les appliquant aux triangles
admettant le pôle pour sommet, deux méridiens et un arc de géodésique
pour côtés.

La méthode d'intégration numérique choisie pour résoudre les intégrales


elliptiques d'expression de la longitude dλλ et de la longueur ds de l'arc en
fonction de l'élongation dωω sur la sphère, est celle de la quadrature de
Gauss, utilisant les paramètres suivants :
n : nième polynôme de Legendre. C'est le nombre de points d'intégration.(on
prendra n=8).

wi , zi : coefficients et abscisses d'interpolation calculés à partir des


polynômes de Legendre.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-22


Sphère de jacobi

Géodésique sur la
sphère

M2’
M1’

M2
M1 Géodésique
sur
l’ellipsoïde

Fig. 12 : Sphère de Jacobi

Vous trouverez en annexe de ce chapitre les algorithmes développés par le Service de


Géodésie et Nivellement de l’IGN pour appliquer cette méthode.
Un logiciel de calcul « GEO2 » a également été développé à l’IGN utilisant un algorithme
similaire formulé par le docteur « Tsumuto Saïto ».

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-23


6.2 Méthode locale par utilisation d'une sphère d'approximation

6.2.a Utilisation du repère local en M1


Tm n
On appelle repère local en M le
repère orthonormal direct centré en Tp
M, et dont les trois axes sont dirigés M
respectivement vers l'Est, vers le k
Nord et vers le haut.
ϕ
Il est noté 'L. Avec les O
conventions habituelles, on peut
j
écrire: i λ

' L = ( M ; Tp , Tm , n )
Fig. 13 : Repère local

Soient M 1 un point donné de l'ellipsoïde et R L1 son repère local. Soit P un


point quelconque de l’ellipsoïde . On note:

P ( x, y , z ) R et P ( X L , YL , Z L )R
L1

Cherchons à exprimer ( X L , YL , Z L ) en fonction de (x,y,z) et inversement. Il


s'agit d'un problème de changement de repère, autrement dit d'un changement
d'origine (translation de O à M 1 ) et d'un changement de base:
!!!!!!" !!!!" !!!!!"
OP = OM1 + M 1P

 x  N cos λ cos ϕ  X 
!!!"   !!!!!"  1 1 1
 !!!!!"  L 
OP  y  OM1  N1 sin λ1 cos ϕ1  M1P  YL 
z   Z 
 R  N1 (1 − e2 ) sin ϕ1   L R
 R L1

La base (T , T , n)
p m se déduit de ( i, j, k ) par composition de 3 rotations
élémentaires:

• rotation positive d'angle λ1 autour du 3ème axe R 3+ ( λ1 ) ,

π π 
• rotation positive d'angle − ϕ1 autour du 2ème axe R +2  − ϕ1  ,
2 2 

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-24


π π 
• rotation positive d'angle autour du 3ème axe R 3+   .
2 2

!!" "
 Tp  i
 !!"  π π "
Nous avons donc:  Tm  = R 3+   R +2  − ϕ1  R 3+ ( λ1 )  j 
"  2 2   k" 
n   
 
 π π 
 cos 2 sin 0   cos  π − ϕ  0 − sin  π − ϕ   "
  1  1 

2
  2  2   cos λ sin λ 0  i 
π π
1 1
"
=  − sin cos 0 × 0 1 0  ×  − sin λ1 cos λ1 0  ×  j 

  

2 2
  π π
    k" 
 
1  sin  − ϕ1  0 cos  − ϕ1     0 0 1   
 0 0

  2 
   2 

!!" "
 Tp 
 !!"   − sin λ1 cos λ1 0  i
  "
⇔  Tm  =  − sin ϕ1 cos λ1 − sin ϕ1 sin λ1 cos ϕ1  ×  j 
"   "
 n   cos ϕ1 cos λ1 cos ϕ1 sin λ1 sin ϕ1   k 
   

Nous retiendrons les formules de passage du repère local au repère


géocentrique et vice et versa:

 X L   − sin λ1 cos λ1 0   x − N1 cos λ1 cos ϕ1 


    
 YL  =  − sin ϕ1 cos λ1 − sin ϕ1 sin λ1 cos ϕ1  ×  y − N1 sin λ1 cos ϕ1 
 Z   cos ϕ cos λ  
 L  cos ϕ1 sin λ1 sin ϕ1   z − N1 (1 − e 2 ) sin ϕ1 
1 1
 

 x   N1 cos λ1 cos ϕ1   − sin λ1 − sin ϕ1 cos λ1 cos ϕ1 cos λ1   X L 


 y  = N sin λ cos ϕ   
   1 1 1  +  cos λ1 − sin ϕ1 sin λ1 cos ϕ1 sin λ1  ×  YL 
    
sin ϕ1   Z L 
 z   N1 (1 − e 2 ) sin ϕ1   0 cos ϕ1

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-25


6.2.b Problème direct

Supposons donnés ( λ1 , ϕ1 ) , ∆s et Az1 ,


et cherchons ( λ2 , ϕ 2 ) et Az2 .

On approxime la ligne géodésique Γ G M2


entre M 1 et M 2 à son cercle osculateur
Az1
Ω G en M 1 .
1

Appelons C G1 le centre de Ω G1 et
R G1 son rayon. Tm
TG1

M1 Tp

G1

Fig. 14 :Ligne géodésique au voisinage de M1

n
Selon cette hypothèse, entre M 1 et
M 2 , Γ G est alors une courbe plane dans
le plan osculateur (M ;T1 G1 , n ) .On peut M1
TG 1

ainsi définir α tel que: M2


∆s
α= ,
RG1

R G1 étant donné par la formule α


d'Euler:
1 sin 2 Az1 cos 2 Az1
= + .
R G1 N1 ρ1
CG 1

Fig. 15 : Ligne géodésique dans le plan


osculateur

Déterminer les coordonnées de M 2 en fonction de ∆s , R G1 et α revient à


résoudre un problème de trigonométrie plane dans le plan osculateur:

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-26


!!!!!!!" !!!!!!!" !!!!!!!!" " !!!" "
M1M 2 = M1C G1 + C G1 M 2 = − RG1 n + sin α R G1 TG1 + cos α R G1 n
!!!" "
= sin α R G1 TG1 + R G1 ( cos α − 1) n
!!!" !!" !!"
TG1 se décompose lui-même selon Tp et Tm :
!!!" !!" !!!"
TG1 = sin Az1 Tp + cos Az1 Tm

(
Nous disposons ainsi des coordonnées X L2 , YL2 , X L2 ) de M 2 dans le repère local
en M 1 :

 ∆s
 X L2   sin α sin Az1 R G1  α = R
     G1
 YL2  =  sin α cos Az1 R G1  avec  2 2
 Z L   ( cos α − 1) R G   1 = sin Az1 + cos Az1
 2  1   RG N1 ρ1
 1

Ces formules permettent ensuite de déterminer les coordonnées ( x2 , y2 , z2 ) de


M 2 dans ' , puis ( λ2 , ϕ 2 ) .

Quant à Az2 , il est obtenu à partir de la relation de Clairaut:

r1 N1 cos ϕ1
r1 sin Az1 = C = r2 sin Az2 ⇔ sin Az2 = sin Az1 = sin Az1
r2 N 2 cos ϕ 2

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-27


6.2.c Problème inverse

Supposons données ( λ1 , ϕ1 ) et ( λ2 , ϕ 2 ) , le problème consiste à chercher ∆s ,


Az1 et Az2 . Il suffit de déterminer les coordonnées (X L2 , YL2 , Z L2 ) de M 2 dans
R L . On obtient ensuite Az1 , R G , α, ∆s et Az2 à l'aide des identités ci-après:
1 1

X L2
tan Az1 =
YL2

1 sin 2 Az1 cos 2 Az1


= +
R G1 N1 ρ1

X L22 + YL22
sin α =2

RG21

∆ s = α RG1

N1 cos ϕ1
sin Az2 = sin Az1
N 2 cos ϕ 2

Cette méthode approchée de calcul de lignes géodésiques consistant à


modéliser l'ellipsoïde par la sphère de courbure normale dans la direction
considérée fournit des résultats avec une exactitude millimétrique jusqu'à 50 km
environ.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-28


ANNEXES

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003 II-29


Cours de Géodésie

Chapitre 3

REPRESENTATIONS PLANES

Version 2.1 20/10/2002

Didier BOUTELOUP
Cellule pédagogique et de recherche en astro-géodésie
[email protected]
(33) 01 64 15 31 37
CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

CHAPITRE III
REPRÉSENTATIONS PLANES

1 Bref historique de la cartographie__________________________________________ 3


1.1 Introduction _______________________________________________________________ 3
1.2 La période grecque__________________________________________________________ 3
1.3 La période romaine _________________________________________________________ 4
1.4 Les temps modernes _________________________________________________________ 5
2 Représentation d'une surface sur une autre __________________________________ 9
2.1 Définitions générales ________________________________________________________ 9
2.2 Altérations________________________________________________________________ 10
2.2.a Notion d'applicabilité entre deux surfaces ___________________________________________ 10
2.2.b Module et altération linéaires ____________________________________________________ 10
2.2.c Altération angulaire ____________________________________________________________ 11
2.2.d Module aérolaire ______________________________________________________________ 11
2.3 Indicatrice de Tissot ________________________________________________________ 11
2.3.a Directions principales de la représentation; modules linéaires principaux __________________ 11
2.3.b Indicatrice de Tissot____________________________________________________________ 11
2.3.c Calculs des modules linéaire et aérolaire____________________________________________ 13
2.4 Conformité et équivalence ___________________________________________________ 14
2.4.a Représentation conforme ________________________________________________________ 14
2.4.b Représentation équivalente ______________________________________________________ 15
2.4.c Surfaces applicables ___________________________________________________________ 15
3 Classification des représentations _________________________________________ 16
3.1 Typologie selon les déformations _____________________________________________ 16
3.2 Classification selon le canevas________________________________________________ 16
3.3 Classification selon l'aspect __________________________________________________ 18
3.4 Exemples _________________________________________________________________ 19
4 Étude de représentations conformes particulières ____________________________ 21
4.1 Conditions de Cauchy ______________________________________________________ 21
4.2 Représentation conforme de Mercator directe __________________________________ 22
4.2.a Construction mathématique ______________________________________________________ 22
4.2.b Étude du module linéaire ________________________________________________________ 24
4.3 Représentation conique conforme de Lambert __________________________________ 28
4.3.a Construction mathématique ______________________________________________________ 28
4.3.b Étude du module linéaire ________________________________________________________ 30
4.3.c Formulaire ___________________________________________________________________ 34
4.3.d Représentations de Lambert en usage en France métropolitaine __________________________ 36
4.4 Représentation stéréographique polaire _______________________________________ 41
4.4.a Construction mathématique ______________________________________________________ 41
4.4.b Etude du module linéaire ________________________________________________________ 42
4.4.c Formulaire ___________________________________________________________________ 42
4.5 Représentation transverse de Mercator ________________________________________ 44
4.5.a Coordonnées de Cassini-Soldner de la sphère ________________________________________ 44
4.5.b Représentation transverse de Mercator de la sphère ___________________________________ 46
4.5.c Représentation conforme de l'ellipsoïde sur la sphère __________________________________ 48

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-1


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES
4.5.d Représentation de Gauss-Laborde _________________________________________________ 51
4.5.e Définition des représentations UTM _______________________________________________ 52
4.5.f Mise en oeuvre des représentations UTM ___________________________________________ 54
4.5.g UTM : Définition initiale de US Army _____________________________________________ 56

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-2


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

CHAPITRE III
REPRÉSENTATIONS PLANES

1 Bref historique de la cartographie

1.1 Introduction

Dès une époque très reculée les hommes sentent le besoin de connaître les pays qu’ils
habitent et qu’ils parcourent. Ils commencent par s’informer des distances, de la
direction des itinéraires, du nom des lieux les plus remarquables. En regroupant ces
renseignements, ils font naître la géographie. Celle ci est d’abord descriptive et
utilitaire, c’est à dire constituée par des recueils de notions écrites sur les pays visités,
accompagnées de dessins approximatif ; elle devient mathématique, lorsqu’ on imagine ,
pour relier et orienter les objets situés sur ces dessin, de les rapporter à des lignes
déterminées par rapports aux observations de la voute céleste.
Extrait de : Historique de la cartographie , G. ALINHAC, publication ENSG.

1.2 La période grecque

Homère (IXème siècle avant J.C.) à travers ses récits de l’Iliade et de l’Odyssée est
considéré comme le précurseur de la géographie.
Thalès de Milet (640-548 avant J.C.) contribua au développement la géographie
mathématique.
Eratosthène (275-194 avant J.C.) améliorant les premières ébauches de cartes
tracées par ses prédécesseurs, on lui doit outre la première estimation du rayon
terrestre, une carte ou figurent les méridiens et parallèles passant par les lieux les
plus connus. Les méridiens et parallèles sont représentés par des droites concourantes
se coupant à angle droit, cette représentation du monde est connu sous le nom de
projection plate carrée.

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-3


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Fig. 1 : carte d'Eratosthène III av. J.C.

1.3 La période romaine

Ptolémée (90-168) géomètre, astronome et géographe était un grec d’Alexandrie, il


publia deux ouvrages fondamentaux « l’almageste » recueil de cosmographie et
d’astronomie ainsi qu’un « Guide géographique » en huit volumes comportant le relevé des
coordonnées géographiques de plus de 8000 lieux. Il développe la projection dite
Homéotère où les parallèles sont représentés par des cercles concentriques et les
méridiens par des courbes tracées points par points.

Fig. 2 : tableau d'assemblage des cartes de Ptolémée

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-4


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Fig. 3 : carte du monde de Ptolémée

1.4 Les temps modernes

Le moyen age mis fin à la période romaine, pendant cette période obscure Al Edrisi
(1099-1164) géographe arabe compléta l’œuvre de Ptolémée sur les routes empruntées
par les commerçants arabes. L’invention de la boussole et le développement de la
navigation maritime conduisit à la fabrication de nombreux « Portulans » basés sur
l’observation des directions des routes maritimes.

Fig. 4 : portulan arabe 1600

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-5


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

La représentation plane d’une vaste partie du monde minimisant les déformations posait
cependant un problème aux cartographes. Une des solutions consista en la production de
cartographie en fuseaux développées vers 1507 par Waldseemüller.

Fig. 5 : carte en fuseau de Waldseemüller (1507)

Sur les planisphère, les terres nouvellement découvertes restaient très déformées par
la projection plate carré, il faudra attendre Mercator (1512-1594) pour voire
apparaître la projection à latitudes croissantes qui a gardé son nom. Outre ce système
de projection on lui doit un recueil de 107 cartes gravées auquel il donna le nom d’Atlas
proposant ainsi comme patron aux cartographes modernes, le géant légendaire qui
portait le monde sur ses épaules.

Fig. 6 : Mappemonde de Mercator (1595)

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-6


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

La cartographie de l’Europe au XVIIIeme siècle a ses grands traits de géographie


physique à peu près arrêtés, des observations astronomiques ont fixé les contours des
royaumes, il faudra attendre l’invention de l’horloge pour cependant connaître avec
précision les longitudes astronomiques. Dans le domaine des projections, tous les types
de canevas ont été essayés et construits géométriquement, les perfectionnements dont
les artisans sont Lambert(1728-1777), Bonne(1727-1794) et Gauss(1777-1855),
interviendront surtout dans leur définition analytique qui permettra la réalisation
rigoureuse des propriétés de conformité et d’équivalence.

Fig. 7 : carte de La Hire (1682)

Les travaux géodésiques de triangulation générale de la France depuis la méridienne de


Picard (1669-1671), reprise ensuite dans la triangulation de Cassini (1733-1740),
permirent la réalisation de cartes topographiques précises au 1:86400 couvrant le
territoire national (carte de Cassini).

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-7


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Fig. 8 : carte de Cassini (1756)

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-8


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

2 Représentation d'une surface sur une autre

2.1 Définitions générales

Soient deux surfaces régulières σ et Σ, on appelle représentation de σ sur Σ


toute fonction F de σ vers Σ bijective, "presque partout" en tout cas:

 σ 
→Σ 
F 
 m 
→ F ( m ) = M 

Si on se donne une nappe paramétrée de σ (g ,D ),


1 1 D1 ⊂ R 2 , et une nappe
( )
paramétrée de g 2 , D 2 , D 2 ⊂ R 2 , alors la donnée de F équivaut à la donnée de F ∗ :

 D1  → D2 
F∗   ,
 ( u, v ) 
→ F ∗
( u , v ) = (U , V ) 
 

et aussi à la donnée des deux projections de F ∗ :

 D1  →R   D 2  →R 
F1∗   et F2∗   ,
 ( u, v ) 
→ U   ( u, v ) 
→ V 
   

c'est à dire à la donnée de U ( u , v ) et de V ( u , v ) . Désormais, par abus de langage,


nous confondrons F et F ∗ .

Dans la suite du chapitre, nous limiterons l'étude aux cas de fonctions F continue
et différentiable en tout point de définition, telles que leur réciproque F −1 soit elle
aussi continue et différentiable en tout point et telles que le jacobien de F J F
admette deux valeurs propres non nulles.

Appelons m un point σ et M = F ( m ) ; m et M sont appelés points correspondants.


!" !"
Soient γ 1 et γ 2 deux courbes tracées sur σ passant par m et t1 (respectivement t 2 )
!" !!"
le vecteur unitaire tangent à γ 1 (resp. γ 2 ) en m, et notons T1 (resp. T2 ) le vecteur
unitaire tangent à Γ1 = F γ 1 ( ) ( )-
- resp. Γ 2 = F γ 2 en M sur Σ. t 1 et T1 (resp. t 2 et
T2 ) sont appelés directions correspondantes.

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-9


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

∂ Om ∂ OM
Soient θ l'angle entre ∂v ∂U
m F Γ2
t 1 et t 2 et Θ l'angle θ γ
entre T1 et T2 , θ et Θ
1 Θ
γ2 Σ M
sont des angles σ ∂ Om Γ1 ∂ OM
correspondants. ∂u ∂V

Fig. 9 : Schéma d'une représentation d'une surface sur une autre

2.2 Altérations

2.2.a Notion d'applicabilité entre deux surfaces

σ et Σ sont dites applicables si et seulement si il existe une représentation F de


σ vers Σ telle que, au voisinage de tout point m de σ, toute figure infiniment petite
de σ a pour image par F une figure identique en forme et en surface sur Σ.

2.2.b Module et altération linéaires

Soient m ∈ σ et le point correspondant M ∈ Σ , et t une direction autour de


m. On appelle module linéaire de F en m dans la direction de t le rapport
dS
µ= où:
ds
. ds est un élément de longueur infiniment petit autour de m,
. dS est l'élément de longueur correspondant sur Σ.

Nous savons déjà que la première forme quadratique fondamentale fournit une
expression de d s ( d s 2 = E d u 2 + 2 F d u d v + G d v 2 ) et que la donnée de t revient
dv
à la donnée de (Chap.I 3.3.a).
du
En général, µ dépend de m et de la direction considérée.

F
ds
dS
σ
Σ
Fig. 10 : Module linéaire

On appelle altération linéaire la quantité ε = µ − 1 .

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-10


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

2.2.c Altération angulaire

Avec les conventions précédemment indiquées, on appelle altération angulaire la


quantité Ξ − θ .
En général, l'altération angulaire dépend de m et des directions considérées.

2.2.d Module aérolaire

Soient γ f une courbe fermée infiniment petite autour de m sur σ, et Γ f la


courbe correspondante sur Σ. Si on note d ω et d Ω respectivement les aires
dΩ
intérieures à γ f et Γ f , on appelle module aérolaire k = .

On admet que k ne dépend pas de γ f mais uniquement de m.

2.3 Indicatrice de Tissot

2.3.a Directions principales de la représentation; modules linéaires


principaux

Étant données les hypothèses prises pour F (principalement le fait que J F est
de rang 2 à valeurs propres non nulles µ1 et µ 2 ), nous admettons que, en tout
point m de σ, il existe 2 directions orthogonales et 2 seulement t 1 et t 2 qui se
transforment par F en directions orthogonales T1 et T2 sur Σ.

Les directions t 1 et t 2 sont appelées directions principales de la


représentation F en m. Les modules linéaires de F dans les directions principales
sont µ1 et µ 2 ; ils sont les modules linéaires principaux de F en m.

Dans la suite, nous supposerons toujours que µ1 ≥ µ 2 . Évidemment, les directions


principales de F peuvent varier d'un point à un autre et sont a priori différentes
des directions principales de la surface σ.

2.3.b Indicatrice de Tissot

Les plans tangents π (de σ en m) et Π (de Σ en M) sont chacun munis de leur


base normée principale relativement à F, respectivement t 1 , t 2( ) et ( T , T ) ;
1

2

T ∗ = T1
 1 T1
Avec 
T ∗ = T2
 2 T2

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-11


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Cherchons l'image par F du cercle de σ de centre m et de rayon d s .

t2
t1 F T2

ds m M
Σ
σ T1

Fig. 11 : Image par F du cercle infiniment petit C

Par définition de la fonction différentielle, µ1 et µ 2 étant les valeurs propres


de F, si p est un point quelconque de et P = F ( p ) , on a:
!!!" !!" !!"
mp = cos ξ d s t 1 + sin ξ d s t 2

!!!" !!!" !!!"


MP = cos ξ µ1 d s T1 + sin ξ µ 2 d s T2
* *

Lorsque ξ décrit [ 0, 2π ] , l'ensemble des points P forme, sur Σ, la transformée


µ2
par l'affinité de valeur selon T2 du cercle de centre M et de rayon µ1 d s .
*

µ1
!!"
F ( C ) est donc l'ellipse de demi grand axe µ1 d s selon T1 et de demi petit axe
*

µ 2 d s selon T2* .

L'image par F du cercle sur σ de centre m est de rayon d s est une ellipse
!!"
sur Σ de centre M, de demi grand axe µ1 d s selon T1 et de demi petit axe
*

!!!"
µ 2 d s selon T2* . On l'appelle indicatrice de Tissot de F en m.

t2
b=µ2ds
T2
p P
ds θ P
m M
σ t1 M T1 Θ

Σ
Fig. 12 : Indicatrice de Tissot a= µ1ds
!!" !!!"
L'équation cartésienne de cette ellipse dans le repère M ; T1 , T2 ( * *
) de Π est:
α2 β2
+ 2 = d s2
µ1 µ 2
2

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-12


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Les directions principales de F en m sont donc les axes de symétrie de


l'indicatrice de Tissot.

Fig. 13 : interprétation graphique de l'indicatrice de tissot

2.3.c Calculs des modules linéaire et aérolaire

Dans la direction de cos ξ t 1 + sin ξ t 2 , le module linéaire vaut:


!!!!"
µ=
dS MP
= !!!" ⇔ µ 2
=

2
1 cos 2 ξ + µ 22 sin 2 ξ ) d s 2
ds mp d s2

soit µ = µ12 cos 2 ξ + µ 22 sin 2 ξ

A ( F ( C ) ) π µ1 d s µ 2 d s
Pour le module aérolaire: k= = = µ1 µ 2
A ( C) π d s2

Pour établir la relation entre les angles correspondants ξ et Ξ, on se souvient


que, avec les notations habituelles, on a démontré la relation suivante entre les
latitudes géocentrique, paramétrique et géographique (cf. chap II) :

b b2
tan ω = tanψ = 2 tan ϕ
a a
Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-13
CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

µ2
Dans le cadre présent, on obtient: tan Ξ = tan ξ
µ1

2.4 Conformité et équivalence

2.4.a Représentation conforme

Une représentation est dite conforme si et seulement si, en tout point,


l'indicatrice de Tissot est un cercle.

Remarquons que les propositions suivantes sont des conditions nécessaires et


suffisantes de conformité:
• En tout point, µ1 = µ 2 .

• En tout point, µ est le même dans toutes les directions.


• En tout point, µ ne dépend que de la position.
• En tout point, quelque soit ξ , Ξ = ξ .

• F conserve les angles en tout point.

Pour des représentations conformes, on caractérise des lignes privilégiées de σ:


• on appelle ligne isomètre une courbe le long de laquelle µ est constant,

• si on désigne par µ 0 la valeur minimale de µ sur σ, on appelle isomètre


centrale la (les) courbe(s) le long de laquelle (desquelles) µ vaut µ 0

• on appelle ligne automécoïque µ = µ 1> 1 µ = µ0< 1


une isomètre particulière le
µ= 1
long de laquelle µ vaut 1, µ=µ2> 1
• on appelle ligne isomorphe une
courbe orthogonale aux
courbes isomètres.
isomètres

isomorphe
Fig. 14 : Isomètres et isomorphes

"Réduction" des distances en représentation:


dS
µ= donc S = ∫ µ d s . Pratiquement, l'intégrale est discrétisée:
ds M1M 2

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-14


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

- soit S = µ s

µ1 + µ 2
- soit S = s
2
µ1 + 4µ1 2 + µ 2
- soit S = s
6

2.4.b Représentation équivalente

Une représentation est dite équivalente si et seulement si, en tout point,


l'aire de l'indicatrice de Tissot vaut π d s 2 .

Les propositions suivantes sont des conditions nécessaires et suffisantes de


l'équivalence d'une représentation:
• En tout point, µ1 µ 2 = 1 .
• En tout point, k = 1 .
• F conserve les surfaces élémentaires en tout point.

2.4.c Surfaces applicables

Il est clair que σ et Σ sont applicables si et seulement si il existe une


représentation conforme et équivalente de σ vers Σ.
Or, on admet qu'une condition nécessaire et suffisante pour que deux surfaces
soient applicables est qu'elles aient même courbure totale en tout point. Or, la
1
courbure totale de l'ellipsoïde est ., celle du plan est 0 et celle de la sphère

1
.
R
Donc l'ellipsoïde, la sphère et le plan sont des surfaces non applicables deux à
deux. Il n'existe donc pas de représentation conforme et équivalente entre ces
trois surfaces.

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-15


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

3 Classification des représentations

3.1 Typologie selon les déformations

On distingue les représentations conformes, équivalentes ou aphylactiques (c'est-


à-dire ni conforme, ni équivalente).
Les représentations conformes sont très utilisées dans les sciences géographiques
(topographie, géodésie, ...), dans l'artillerie ou en navigation; un angle mesuré en
représentation est égal à l'angle correspondant sur la sphère ou l'ellipsoïde.
L'intérêt des représentations équivalentes réside dans le calcul des petites aires:
calcul de l'impôt foncier (cadastre), études d'occupation des sols, etc.
Les représentations aphylactiques sont principalement utilisées pour des
représentations générale de la Terre à très petite échelle; elles permettent de ne
pas avoir des déformations angulaires ou aérolaires extrêmes et laissent une grande
"liberté esthétique" au cartographe.

3.2 Classification selon le canevas

On classe d'autre part les représentations planes de l'ellipsoïde ou de la sphère


selon leur canevas, c'est à dire l'image des méridiens et des parallèles en
représentation:
• représentation conique:
- les images des méridiens sont des demi droites concourantes en un point P,
image du pôle (Nord ou Sud),
- les images des parallèles sont des arcs de cercle concentriques autour de P.

Comme leur nom l’indique, ces projection correspondent à des applications de


la sphère ou de l’ellipsoïde sur un cône sécant ou tangent à la sphère. Le cône
étant développable, on peut en faire une représentation plane sans
déformation. Selon la propriété qu’on voudra voir vérifiée, la projection sera
conforme ou équivalente. A noter que la conformité ou l’équivalence de ces
projections est maintenue pour une Terre ellipsoïdale, lorsque l’axe du cône
est confondu avec l’axe de rotation de la Terre.

• représentation cylindrique:
- les images des méridiens sont des faisceaux de droites parallèles,
- les images des parallèles sont des faisceaux de droites parallèles,
orthogonales aux images des méridiens.

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-16


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Comme leur nom l’indique, ces projections correspondent à des applications


de la sphère sur un cylindre sécant ou tangent à la sphère. Le cylindre étant
développable, on peut en faire une représentation plane sans déformation
Seules les projections transverses permettent de construire des projections
conservant, sur l’ellipsoïde, leurs propriétés. Les parallèles sont des droites
parallèles, horizontales dans la projection directe.

• représentation azimutale:
- les images des méridiens sont des demi droites concourantes en P, image du
pôle (Nord ou Sud),
- les images des parallèles sont des cercles entiers concentriques autour de
P.
Un canevas azimutal est donc un cas particulier de canevas conique.
Ces projections sont des projections au sens mathématique du terme, elles
possèdent un centre de projection1. La projection s’opère sur un plan tangent à
la surface terrestre. Lorsque le point de tangence est le pôle terrestre, les
parallèles apparaissent en projection sous forme de cercles concentriques, et
les méridiens, sous forme de droites. Plus généralement, lorsque la surface
terrestre est sphérique, la famille des grands cercles passant par le point de
tangence devient dans le plan l’ensemble des droites passant par l’homologue
du point en projection. Cette propriété rend très utile ces projections pour la
navigation

• représentation mériconique:
- les images des parallèles sont des arcs de cercles concentriques autour de
P, image du pôle (Nord ou Sud),
- l'image d'un méridien est une demi droite passant par P, les autres
méridiens étant quelconques.

• représentation méricylindrique:
- les images des parallèles sont des faisceaux de droites parallèles,
- l'image d'un méridien est une droite orthogonale aux parallèles, les autres
méridiens étant quelconques.

1 Excepté la projection azimutale équivalente

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-17


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

canevas conique canevas cylindrique canevas azimutal

pôle parallèles
parallèles
parallèles
pôle

méridiens méridiens méridiens

canevas méricylindrique canevas mériconique

parallèles
parallèles

méridien origine méridien origine

Fig. 15 : Classification selon le canevas

3.3 Classification selon l'aspect

La notion d'aspect traduit l'usage d'un pseudo-canevas pour qualifier la


représentation:
→ aspect direct: utilisation du canevas des parallèles et des méridiens,
→ aspect transverse: utilisation d'un canevas transverse, obtenu à partir de
2 points P1 et P2 diamétralement opposés sur l'équateur pris comme
pseudo-pôles,
→ aspect oblique: utilisation d'un canevas oblique, obtenu à partir de 2
points P1 et P2 diamétralement opposés quelconques pris comme pseudo-
pôles.

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-18


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

P2 P1

représentation cylindrique transverse


représentation cylindrique directe

P1

P2

représentation conique directe


représentation conique oblique

3.4 Exemples

Certaines représentations ont été très étudiées et portent ainsi des noms
particuliers:
• représentations cylindriques conformes (directes): représentations de
Mercator. Par extension:
- représentation cylindrique conforme transverse: Mercator transverse,
- représentation cylindrique conforme oblique: Mercator oblique.
• représentations coniques conformes (directes): représentations conformes de
Lambert.

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-19


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

• représentations azimutales conformes (directes): représentations


stéréographiques (polaires). Sous son aspect transverse, une représentation
stéréographique est dite méridienne.

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-20


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

4 Étude de représentations conformes particulières

4.1 Conditions de Cauchy

Soient ( u, v ) des coordonnées symétriques de σ et (U ,V ) des coordonnées


symétriques de Σ,

Sur une surface quelconque, la première forme quadratique fondamentale se


formule:

d s2 = edu2 + 2 f du dv + g dv2

e = g
or, dans le cas de coordonnées symétriques,  donc:
f =0
d s 2 = e (d u 2 + d v 2 )

Sur Σ, on notera de même d S 2 = E (dU 2 + dV 2 )

d S 2 E dU 2 dV 2
Le module linéaire peut donc s'écrire: µ2 = = ×
d s2 e du2 + dv2

 ∂U ∂U
d U = ∂ u d u + ∂ v d v
D'autre part  et µ 2 devient:
d V = ∂ V d u + ∂ V d v
 ∂u ∂v
 ∂ u  2  ∂ V  2  2 ∂ U ∂U ∂V ∂V   ∂ U  2  ∂ V  2  2
  +  du + 2 × + × d u d v +   +  dv
E  ∂ u   ∂ u    ∂ u ∂ v ∂ u ∂ v   ∂ v   ∂ v  

µ = ×
2

e d u 2 + d v2

 ∂U ∂U 
 ∂u ∂v  a b
Si on note J F =  =  , alors
 ∂V ∂V   c d 
 
 ∂u ∂v 

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-21


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

E (
a + c ) + 2 ( ab + cd ) + (b + d ) 2
2
dv 2 dv
E ( a + c ) d u + 2 ( ab + cd ) d u d v + ( b + d ) d v
2 2 2
2 2 2 2 2 2

µ2 = × = × du du
e d u 2 + d v2 e d v2
1+ 2
du

La représentation est conforme si et seulement si µ est indépendant de la


dv
direction, c'est-à-dire de , donc si et seulement si:
du

a 2 + c 2 = b 2 + d 2 a 2b 2 + c 2b 2 = b 4 + d 2b 2 b = c b = −c
 ⇔  ⇔  ou 
ab + cd = 0 ab = −cd a = −d a = d

Ainsi ( u, v ) et (U ,V ) étant des paramétrages symétriques


respectivement de σ et de Σ, une représentation de σ vers Σ est
conforme si et seulement si elle satisfait aux conditions de
Cauchy:

∂ U ∂ V ∂ U ∂V
 ∂ u = ∂ v  ∂ u = − ∂ v
 ou 
∂ U = − ∂ V ∂ U = ∂ V
 ∂ v ∂u  ∂ v ∂ u

4.2 Représentation conforme de Mercator directe

4.2.a Construction mathématique

Il s’agit de définir une projection cylindrique directe conforme de l’ellipsoïde.


Mathématiquement, dire que le canevas est cylindrique peut se traduire par:

∂ X
 ∂ϕ = 0

∂ Y = 0
 ∂λ

D'autre part, on connaît un paramétrage symétrique de l'ellipsoïde (λ et ) et un


autre du plan (X et Y). Les conditions de Cauchy peuvent donc s'écrire comme il
suit:

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-22


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

∂ X ∂ Y ∂ X ∂Y
 ∂λ = ∂ L  ∂λ = − ∂ L
(A)  ou (B) 
∂ X = − ∂ Y ∂ X = ∂ Y
 ∂ L ∂λ  ∂ L ∂λ

On souhaite aussi que X varie dans le même sens que λ et Y dans le même sens
que ϕ et ( est une fonction croissante de ϕ). Autrement dit, on impose que, en
représentation, le Nord soit "vers le haut" et l'Est "vers la droite":

∂ X
 ∂λ # 0
 ∂Y
 #0
 ∂ L

Le système (B) ne satisfait pas cette condition et n'est pas retenu. La deuxième
condition du système (A) est triviale, puisqu'elle revient à écrire: 0 = 0 . Ainsi la
condition de conformité se formule:
∂ X ∂Y
=
∂λ ∂ L

Dans cette équation, le terme de gauche ne dépend que de λ , et celui de droite


ne dépend que de ϕ . Il s'agit donc d'une équation différentielle à variables
séparées. Ce type d'équation différentielle se résout en écrivant que chaque
terme est constant.

∂ X
 ∂λ = n
 ∂Y , n étant une constante positive
 =n
 ∂ L

Finalement l'expression générale des représentations directes de Mercator est:

X = XC + n λ

Y = YC + n L

n, XC et YC étant 3
constantes

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-23


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

4.2.b Étude du module linéaire

Le représentation étant conforme, en un point, µ est le même dans toutes les


directions. Pour déterminer µ , il suffit par exemple de le calculer dans la
direction du parallèle:
d S paral Y
µ = µ paral = avec:
d sparal

m d sp d Sp
• dsparal = N cos ϕ d λ
ϕ M
• dS paral = d X = n d λ

Fig. 16 : Module linéaire le long d'un parallèle

n (1 − e sin ϕ )
1
2 2 2
n
En définitive: µ= = ×
N cos ϕ a cos ϕ
µ n'est fonction que de ϕ; donc les lignes isomètres sont les parallèles et les
lignes isomorphes les méridiens.

Étudions les variations de µ en fonction de ϕ :

1 −2e 2 sin ϕ cos ϕ cos ϕ


( )
1

× + − 2 2
ϕ sin ϕ
2
1 e sin
(1 − e sin ϕ )
1

dµ n 2 2 2 2

= ×
dϕ a cos 2 ϕ

n −e sin ϕ cos ϕ + (1 − e sin ϕ ) sin ϕ


2 2 2 2

= ×
(1 − e2 sin 2 ϕ ) 2 cos2 ϕ
1
a

n −e 2 sin ϕ + e2 sin 3 ϕ + sin ϕ − e2 sin 3 ϕ


= ×
(1 − e2 sin 2 ϕ ) 2 cos2 ϕ
1
a

dµ n sin ϕ (1 − e 2 ) dµ
Et = × . est donc du signe de sin ϕ - n est
d ϕ a (1 − e 2 sin 2 ϕ ) 2 cos 2 ϕ dϕ
1

positif - . On peut maintenant tracer le tableau de variations de µ :

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-24


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

ϕ π 0 π

2 2

dµ −∞ - 0 + +∞

+∞ +∞
µ ! "
n
a

On remarque que l'équateur est isomètre centrale. n est choisi de sorte à


minimiser les altérations linéaires, c'est-à-dire à rendre µ proche de 1. Deux cas
sont donc envisageables:

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-25


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

# Soit n = a :
Dans ce cas, µ = 1 lorsque ϕ = 0 .
L'équateur est automécoïque et la µ>1
représentation est alors dite
tangente.
ϕ=0 µ=1

µ>1

Fig. 17 : Représentation de Mercator


tangente

$ Soit n < a : µ>1


ϕ0
Il existe alors ϕ 0 ≠ 0 tel que les µ=1
parallèles ϕ = −ϕ 0 et ϕ = ϕ 0 sont ϕ=0 µ<1
automécoïques. On dit que la µ=1
-ϕ0
représentation est sécante.
µ>1

Fig. 18 : Représentation de Mercator sécante


( le cas où n > a ne présente pas
d'intérêt )

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-26


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

PROJECTION CYLINDRIQUE CONFORME MERCATOR DIRECTE

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-27


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

4.3 Représentation conique conforme de Lambert

4.3.a Construction mathématique

On appelle représentation (conique conforme) de Lambert une représentation


conique et conforme.

La conicité du canevas nous


suggère d'utiliser des coordonnées Y
P
planes polaires (γ , R ) : P
YP
!!!!"  X + R sin γ 
• OM  P  ,
 YP − R cos γ  R
( X P , YP ) étant les coordonnées du
γ
pôle Nord, M
• R n'est fonction que de ϕ et YM
M
varie dans le sens contraire de ϕ;
dR
≤ 0,

R diminue quand ϕ augmente X
O
XP XM
Fig. 19 : Coordonnées polaires du plan

• γ n'est fonction que de λ et varie dans le même sens que λ (en


représentation, l'Est est à droite). γ est appelée la convergence des
méridiens.

La conformité peut se traduire par l'identité µ1 = µ 2 en tout point, µ1 et µ 2


étant les modules linéaires principaux de la représentation. Les directions du
parallèle et du méridien sont directions principales en tout point de l’ellipsoïde et
La condition de conformité s'écrit donc:

µ mér = µ paral

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-28


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES
Y
P

R
dλ dsp
m γ dSp

N
M
ϕ

Fig. 20 : Module linéaire dans les directions du parallèle et du méridien

d Sm dR d Sp R dγ
Il est clair que µ mér = − =− et que µ paral = = .
d sm
$ ρ dϕ d sp N cos ϕ d λ
=d β

Donc:
dR R dγ
µ mér = µ paral ⇔ − =
ρ d ϕ N cos ϕ d λ

Puisque R ne dépend que de ϕ et γ que de λ, il va être possible de séparer les


variables dans cette équation différentielle:
 d R N cos ϕ
d R N cos ϕ dγ − R × ρ d ϕ = n
µ mér = µ paral ⇔ − × = ⇔ 
R
%&
ρ d ϕ( $
&'&&
dλ  dγ = n
fonct. de
fonction de ϕ λ seul.  d λ
seulement

où n est une constante strictement positive

Ce système d'équations différentielles s'intègre aisément:

d R

(
= −n 2
1 − e2 ) d ϕ
= −n d L ln R = − n L + K  R = exp ( − n L ) × exp K = C exp ( −n L )
 R w cos ϕ ⇔  ⇔ 
 γ = n ( λ − λ0 ) γ = n ( λ − λ0 )
γ = nd λ
λ0 et C étant deux constantes d'intégration.

L'expression générale  X = X P + C exp ( − n L ) sin  n ( λ − λ0 ) 


d'une représentation 
conforme de Lambert est: Y = YP − C exp ( − n L ) cos  n ( λ − λ0 ) 

Cinq paramètres sont nécessaires pour définir une projection Lambert: les
coordonnées du pôle en représentation X P et YP , l'exposant n, la longitude origine
λ0 et C.

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-29


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Pratiquement, on utilise un point origine p0 ( λ 0 , ϕ 0 ) et son image en

représentation P0 ( X 0 , Y0 ) . Si on note R 0 = R ϕ 0 ( ) ( )
et L 0 = L ϕ 0 , on peut écrire
les égalités suivantes:

X = X
 P 0

YP = Y0 + R 0

C = R 0 exp ( n L 0 )

La représentation est alors parfaitement définie par la donnée de:


X 0 , Y0 , R 0 , n , λ0 , ϕ 0

4.3.b Étude du module linéaire

R dγ nR
L'expression du module linéaire est µ = µ paral = = .
N cos ϕ d λ N cos ϕ

µ ne dépend que de ϕ; on en déduit que les lignes isomètres sont les parallèles
et les méridiens sont isomorphes.

Pour connaitre les variations de µ, étudions le signe de sa dérivée:


n d R N cos ϕ − nR ( cos ϕ d N − N sin ϕ d ϕ )
dµ =
N 2 cos 2 ϕ

 Cn (1 − e2 ) nR (1 − e 2 )
d R = −C exp ( − n L ) n d L = - 2 exp ( − n L ) d ϕ = − 2 dϕ
 w cos ϕ w cos ϕ
Or 
d N = a e cos ϕ sin ϕ d ϕ = Ne cos ϕ sin ϕ d ϕ
2 2

 ( )
32
1 − e 2
sin 2
ϕ w2

n2 R (1 − e 2 )
n R e2 sin ϕ n R sin ϕ
Ainsi d µ = − dϕ − dϕ + dϕ
N cos ϕ w
2 2
Nw 2
N cos 2 ϕ

 − n 2 R (1 − e 2 ) − n R e 2 sin ϕ cos 2 ϕ + n R sin ϕ w2  d ϕ


1
= 2  
N cos ϕ w
2

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-30


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

n R (1 − e2 )
= ( sin ϕ − n ) d ϕ
N cos 2 ϕ w2

d µ µ (1 − e )
2

Nous retiendrons que = ( sin ϕ − n )


d ϕ w2 cos ϕ


Il est clair que est du signe de sin ϕ − n .

Nous nous limitons aux cas où n ∈ [ 0,1[ ; on peut assurer qu'il existe alors
 π dµ
ϕ ∗ ∈ 0,  tel que change de signe en s'annulant en ϕ ∗ , et les variations de µ
 2 dϕ
sont décrites dans le tableau ci-dessous:

ϕ π 0 ϕ∗ π

2 2

dµ −∞ - 0 + +∞

+∞ +∞
µ ! "
µ∗

Le parallèle de latitude ϕ ∗ est isomètre centrale. Dans la pratique, les


constantes sont toujours choisies de telle sorte que µ* ≤ 1 , afin que µ varie peu et
soit proche de 1 sur un certain voisinage de ϕ * :

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-31


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

# Soit µ* = 1 :

Le parallèle de latitude ϕ * est


automécoïque. Le point-origine p0
est pratiquement choisi sur ce µ>1
parallèle ( ϕ * = ϕ 0 ).

La représentation est dite


tangente. Les 4 constantes suivantes
ϕ0 µ=1
suffisent à la définir:
µ>1
X 0 , Y0 , λ 0 , ϕ 0

Fig. 21 : Représentation de Lambert tangente

En effet, par définition de ϕ * :

d µ
 d ϕ (ϕ 0 ) = 0 n = sin ϕ 0
 ⇔ 
 µ (ϕ ) = 1  R 0 = N 0 cot ϕ 0
 0

$ Soit µ ∗ < 1 :

Il existe deux parallèles ϕ 1 et


ϕ 2 ( ϕ 1 < ϕ ∗ < ϕ 2 ) automécoïques: µ>1

. si ϕ ∈ ϕ 1 , ϕ 2  , alors µ < 1 ,


ϕ2
. sinon, µ > 1 . µ=1
La représentation peut être définie µmini µ<1
de deux manières différentes:
ϕ1 µ=1
µ>1

Fig. 22 : Représentation de Lambert sécante

(2a) La représentation est définie par la donnée des deux parallèles


automécoïques ϕ 1 et ϕ 2 . On parle dans ce cas de représentation
sécante. n et C s'obtiennent par les formules suivantes:

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-32


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

 n C exp ( − n L 1 ) n C exp ( −n L 2 )
 =
 N1 cos ϕ 1 N 2 cos ϕ 2
µ ( ϕ 1 ) = µ (ϕ 2 ) = 1 ⇔
n R1 n R2
= =1 ⇔ 
N1 cos ϕ 1 N 2 cos ϕ 2 − nL
 n Ce 1
 N cos ϕ = 1
 1 1

 N cos ϕ 2
 ln 2
n = N1 cos ϕ 1
 L1 − L 2

⇔ C = N1 cos ϕ 1 exp ( n L )

1
n

(2b)La représentation est définie par la donnée de l'isomètre centrale


ϕ 0 = ϕ * et de k 0 = µ ∗ , k 0 < 1 . La représentation est dite tangente
avec facteur d'échelle et k 0 est appelé facteur d'échelle. n et C
s'obtiennent comme il suit:

 µ (ϕ 0 ) = k 0  R 0 = N 0 k0 cot ϕ 0
 
d µ ⇔
 dϕ ( ϕ 0 ) = 0 n = sin ϕ 0

Il faut noter que les termes "sécante" et "tangente avec facteur d'échelle"
peuvent s'appliquer à la même représentation; ils caractérisent simplement le
mode de définition d'une représentation qui n'est pas tangente. En d'autres
termes, une représentation tangente avec facteur d'échelle peut donc être
considérée comme une représentation sécante et inversement.

Traditionnellement, en France, on définit les représentations coniques


conformes de Lambert comme des projections tangentes avec facteur d'échelle -
c'est à dire à l'aide de ϕ 0 et k0 -, alors que dans les pays anglo-saxons, elles sont
définies comme des représentations sécantes - avec ϕ 1 et ϕ 2 -.

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-33


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Echelle

1.004

1.003
II étendue
1.002

Lambert 93
1.001

1.000

IV III II I
Latitude
Bonif. Perpignan Lyon Nantes Paris Dunkerque

Fig. 23 : comparaison des modules linéaires des projections “Lambert”

4.3.c Formulaire

Vous trouverez en annexe les algorithmes et jeux d’essais utilisés pour cette
représentation.

% Une représentation sécante est définie par:


' λ0 , ϕ 0 (coord. du point-origine p 0 )

' X 0 , Y0 (coord. planes de P0 )

' ϕ1 , ϕ 2 (parallèles automécoïques)

On en déduit n, C, X P et YP :

N 2 cos ϕ 2
ln
N1 cos ϕ 1
• n=
L1 − L 2
N1 cos ϕ 1
•C= exp ( n L 1 )
n
(
• R 0 = C exp − n L 0 )
• X P = X 0 et YP = Y0 + R 0

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-34


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

% Une représentation tangente (avec ou sans facteur d'échelle) est définie par:
' X 0 , Y0 , λ0 , ϕ 0 , k0

( ϕ 0 est l'isomètre centrale et k0 le facteur d'échelle)

n, R0 et C s'obtiennent par:

• n = sin ϕ 0

• R 0 = N 0 k0 cot ϕ 0

• C = R 0 exp n L 0( )
• X P = X 0 et YP = Y0 + R 0

% Passage de ( λ , ϕ ) à ( X ,Y ) par:

• X = X P + C exp ( − n L ) sin  n ( λ − λ0 ) 

• Y = YP − C exp ( − n L ) cos  n ( λ − λ0 ) 

% Passage de ( X ,Y ) à ( λ ,ϕ ) par:

X − XP
arctan
YP − Y
• λ = λ0 +
n

( X − X P ) + (YP − Y )
2 2
1
• L = − ln
n C
• ϕ est obtenue à partir de de manière itérative, comme limite d'une
suite convergente (ϕ n )n∈N définie par:

 π
ϕ 0 = 2 × arctan ( exp L ) − 2

  e

  + ϕ  π
exp L  −
2
ϕ i +1 = 2 × arctan  1 e sin

i
  1 − e sin ϕ i   2
  

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-35


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

4.3.d Représentations de Lambert en usage en France métropolitaine

Les coordonnées inscrites sur les cartes de base ne sont pas exactement des
coordonnées Lambert I, II, III ou IV, mais plutôt des coordonnées dites Lambert
I, II, III ou IV cartographiques. Une représentation Lambert i cartographique
ne diffère de la représentation Lambert i (i valant I, II, III ou IV) que par la
valeur de sa constante Y0 :

Y0 Lamb. i carto. = Y0 Lamb. i + i × 1000 000

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-36


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Le Lambert II cartographique est aussi appelé Lambert II étendu, car il est


couramment utilisé pour des travaux de cartographie à petite échelle et la
constitution de bases de données nationales sur l'ensemble du territoire
métropolitain.

Cartes IGN Top25 (nouvelle édition)

Coordonnées géographiques du coin de feuille

--------------------

LATITUDE et LONGITUDE

En degrés, Méridien origine Greenwich, Système WGS84

En grades, Méridien origine Paris, Système NTF

Quadrillage
Km du fuseau adjacent (31) ou (32)
dhgdfdgfff UTM

Quadrillage
Lambert zone II étendu (bleu)
Lambert

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-37


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Suite à l'adoption de la loi "Aménagement et développement durable" relative à


l'aménagement du territoire, l'usage d'une nouvelle projection conique conforme
de Lambert, appelée Lambert 93, va prochainement être rendu obligatoire pour
tous les travaux géographiques en France métropolitaine. Cette représentation
sécante est associée au système géodésique RGF932 et à l'ellipsoïde GRS 1980:

a = 6378137 m
 2
e = 0, 006 694380 022

Ses paramètres sont les suivants:


• λ 0 = 3° Est de Greenwich ,

• ϕ 0 = 46° 30′ Nord ,

• X 0 = 700 000 m ,

• Y0 = 6 600 000 m ,

• ϕ 1 = 44° Nord ,

• ϕ 2 = 49° Nord .

Une projection tangente avec facteur d'échelle équivalente peut être définie de
manière suivante :
• λ 0 = 3° Est de Greenwich ,

• ϕ 0 = 46, 51943022399Nord ,

• X 0 = 700 000 m ,

• Y0 = 6 602157.83881 m ,

• k0 = 0.9990510286374691 ,

2: La notion de système géodésique est abordée à la fin du chapitre VI puis étudiée en


détail au chapitre VIII.

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-38


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Paramètres des projections coniques conformes de LAMBERT utilisées en France métropolitaine

Zone Lambert I II III IV II étendu Lambert-93 (*)


Zone d'application 57.0 gr - 53,5 gr 53,5 gr - 50,5 gr 50,5 gr - 47,0 gr 47,8 gr - 45,9 gr 56,5 gr - 45,9 gr 41° - 51°

Latitude origine 55 gr = 49° 30' 52 gr = 46° 48' 49 gr = 44° 06' 46,85 gr = 42° 09' 54" 52 gr = 46° 48' 46° 30'

Longitude origine 0 gr Paris 0 gr Paris 0 gr Paris 0 gr Paris 0 gr Paris 3° 00'

Parallèles 48° 35' 54,682" 45° 53' 56,108" 43° 11' 57,449" 41° 33' 37,396" 45° 53' 56,108" 44°
automécoïques
50° 23' 45,282" 47° 41' 45,652" 44° 59' 45,938" 42° 46' 03,588" 47° 41' 45,652" 49°
(valeurs
indicatives) (valeurs de définition)

Eo (ou Xo) 600 000 m 600 000 m 600 000 m 234,358 m 600 000 m 700 000 m

No (ou Yo) 200 000 m 200 000 m 200 000 m 185 861,369 m 2 200 000 m 6 600 000 m

Facteur d'échelle 0,999 877 34 0,999 877 42 0,999 877 50 0,999 944 71 0,999 877 42 0,999 051 03

(valeur de définition) (valeur de définition) (valeur de définition) (valeur de définition) (valeur de définition) (valeur approchée)

0 grade Paris = 2° 20' 14,025" Est Greenwich

Référentiel géodésique associé : N.T.F. (Nouvelle Triangulation de la France) (*) RGF93 (Réseau Géodésique Français)

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-39


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Ellipsoïde de référence associé : CLARKE 1880 IGN IAG GRS 80

demi grand axe : a = 6 378 249,2 m (paramètre de définition) a = 6 378 137,00 m (paramètre de définition)

demi petit axe : b = 6 356 515,0 m (paramètre de définition)


aplatissement : f = 1/293,466 021 294 (paramètre calculé) f = 1/298,257 222 101 (paramètre de définition)
première excentricité :e = 0,082 483 256 763 (paramètre calculé) e = 0,081 819 191 043 (paramètre calculé)

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-40


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

4.4 Représentation stéréographique polaire

4.4.a Construction mathématique

Caractères: azimutale conforme directe


( Cas particulier de la représentation de Lambert où l'images des
parallèles sont des cercles entiers.
Formulation générale des représentations de Lambert:
P
γ = n ( λ − λ0 )
γ

 R = C exp − nL( )
M
Dans le cas de la représentation stéréographique polaire, n=1 :

( )
 X = X P + C exp −L sin ( λ − λ0 )


( )
Y = YP − C exp −L cos ( λ − λ0 )

Autre expression:

Soit Φ définie par L (Φ ) = L


S E (ϕ ) où

   π x 
LS ( x) = ln  tan  +  
   4 2 
 ,

L ( x) = ln tan  π x   e 1 + e sin x
 E   4 + 2   − 2 ln 1 − e sin x
   

( )
exp -L =
1
   π Φ  
=
1
π Φ 
=
cos Φ
1 + sin Φ
, car
exp  ln  tan  +    tan  + 
   4 2   4 2
 π Φ  1 + sin Φ
tan 2  +  = ,et on a:
 4 2  1 − sin Φ

 cos Φ
 X = X P + C 1 + sin Φ sin ( λ − λ0 )

Y = Y − C cos Φ cos ( λ − λ )
 P
1 + sin Φ
0

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-41


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

4.4.b Etude du module linéaire

R Cw
µ= =
N cos ϕ e
1 + sin ϕ  1 − e sin ϕ  2
a cos ϕ
1 − sin ϕ  1 + e sin ϕ 
e
Cw  1 + e sin ϕ  2
=  
a (1 + sin ϕ )  1 − e sin ϕ 
e
C 1 − e2  1+ e 2
Remarquons que lim µ =   = k0
ϕ→
π 2a
2
 1− e 

d µ µ (1 − e )
2

= ( sin ϕ − 1)
d ϕ w2 cos ϕ

ϕ π π

2 2
dµ _

+∞
µ

k0

e
2ak0  1 − e  2
Pratiquement, on choisit k0 ≤ 1 , et C =  
1 − e2  1 + e 

4.4.c Formulaire

constantes de la représentation : λ0, k0, XP , YP


e
2ak0  1 − e  2
C=  
1 − e2  1 + e 

% Passage de (λ ϕ) à (X,Y):
λ,ϕ

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-42


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Φ = 2 arctan L −
π L ( Φ ) = ln  tan  π + Φ  
S
2   4 2 

cos Φ
X = XP +C sin ( λ − λ0 )
1 + sin Φ
cos Φ
Y = YP − C cos ( λ − λ0 )
1 + sin Φ

% Passage de (X,Y) à (λ
λ,ϕ
ϕ):

X − XP
λ = λ0 + arctan
YP − Y

D 2 = ( X − X P ) + (YP − Y )
2 2

C 2 − D2 cos 2 Φ
Φ = arcsin D2 = C 2
C 2 + D2 (1 + sin Φ )
2

L (ϕ ) = L ( Φ )
E S

L (ϕ ) → ϕ
E

# k0 < 1 , représentation sécante µ<1

µ=1

µ>1

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-43


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

$ k0 = 1 , représentation tangente µ=1

µ>1

4.5 Représentation transverse de Mercator

Nous allons définir la représentation transverse de Mercator de l'ellipsoïde sur le


plan par le principe de la double représentation (algorithme de Gauss-Laborde):

ellipsoïde
↓ (conforme)
sphère
↓ (représentation transverse de
Mercator)
plan

4.5.a Coordonnées de Cassini-Soldner de la sphère

Soient la sphère de rayon a et λ0 une longitude choisie comme origine. Se


donner λ0 permet de se donner deux pivots sur l'équateur P1 et P2 tels que le
méridien de longitude λ0 soit pseudo-équateur dans le canevas transverse défini
par les deux pseudo-pôles P1 et P2 :

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-44


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

 π PN
λ = λ0 +
P1  2
ϕ = 0 I

 π
λ = λ0 −
et P2  2 h M
ϕ = 0 k
P2 l
ϕ
O
j
λ0 ι λ
Soit M ( λ ,ϕ ) un point P1

quelconque de la sphère. On appelle


coordonnées de Cassini-Soldner la
spseudo-latitude h et la pseudo-
longitude ) de M dans le système
transverse défini par P1 et P2 .

Fig. 57: Coordonnées de Cassini-Soldner

Cherchons h et ) en fonction de λ, ϕ et PN
de λ0 . Pour ce faire, considérons le λ −λ0
triangle sphérique ( I , PN , M ) :
π/2- l π/2- ϕ
 sin a sin b 
La "règle des sinus"  = 
 sin A sin B 
nous donne: I
h
sin h cos ϕ M
= , soit:
sin ( λ − λ0 ) 1

Fig. 58: Triangle sphérique (I,PN,M)


sin h = cos ϕ sin ( λ − λ0 )

La formule des cotangentes relie 2 angles et 2 côtés:

0 = tan ϕ cos ) − sin ) cos ( λ − λ0 )

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-45


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

tan ϕ
tan ) =
⇔ cos ( λ − λ0 )

Pour obtenir λ en fonction de h et de ) , utilisons à nouveau la règle dite des


contangentes:

1× cot ( λ − λ 0 ) = cot h cos ) − sin ) × 0

tan h
tan ( λ − λ0 ) =
⇔ cos )

La formule fondamentale fournit ϕ en fonction de h et de ) :

sin ϕ = cos h sin ) − cos ) sin h × 0

sin ϕ = sin ) cos h


4.5.b Représentation transverse de Mercator de la sphère

Il suffit d'appliquer les formules directes de Mercator aux pseudo-


coordonnées ( ), h ) en imposant cette fois les conditions ci-dessous:

 X est une fonction croissante de h seulement



Y est une fonction croissante de ) seulement

 X = X C + n L S ( h )
La formulation générale est 
Y = YC + n )
donc

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-46


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

LS (respectivement LE ) représente désormais les fonctions donnant la latitude


isométrique sur la sphère (resp. sur l'ellipsoïde) :

   π x 
L S ( x ) = ln  tan  +  
   4 2 

L x = ln  tan  π + x   − e ln 1 + e sin x
 E( )   4 2   2 1 − e sin x
  

Et L S ( h ) peut s'écrire:

1   π h   1 1 + sin h 1 1 + cos ϕ sin ( λ − λ0 )


L S ( h ) = ln  tan 2  +   = ln = ln
2  
4 2 2 1 − sin h 2 1 − cos ϕ sin ( λ − λ )
 0

La représentation est définie par la donnée de X C , YC , n et λ0 .

Le module linéaire se déduit de celui d'une représentation de Mercator


 n 
µ =  : ici, il faut remplacer N par a et ϕ par h:
 N cos ϕ 
n
µ=
a cos h

Pratiquement, les formules de la représentation sont:

• calcul de ( X ,Y ) en fonction de ( λ ,ϕ ) :

n 1 + cos ϕ sin ( λ − λ0 )
X = X C + ln
2 1 − cos ϕ sin ( λ − λ0 )

tan ϕ
Y = Y C + n arctan
cos ( λ − λ0 )

•calcul de ( λ ,ϕ ) en fonction de ( X ,Y ) :

  X − X C  π
h = 2 arctan exp   −
  n  2

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-47


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

tan h
λ = λ0 + arctan
Y − YC
cos
n
 Y − YC 
ϕ = arctan cos ( λ − λ0 ) tan 
 n 

4.5.c Représentation conforme de l'ellipsoïde sur la sphère

Soient l'ellipsoïde terrestre de demi grand axe a et de demi petit axe b et une
(
sphère tangente à l'ellipsoïde en M 0 λ 0 , ϕ 0 ) de rayon r.

Notons λ et ϕ les coordonnées géographiques d'un point sur l'ellipsoïde et Λ et


Φ celles du point correspondant sur la sphère.

Cherchons une représentation conforme telle que:

 ∂Λ
Λ ne dépend que de λ et ∂λ ≥ 0

Φ ne dépend que de ϕ et ∂Φ ≥ 0
 ∂ϕ

Les conditions de Cauchy se formulent alors:

 ∂Λ
 ∂Λ ∂ L S  ∂λ = n
 ∂λ = ∂ L 
 E ∂ LS
 ⇔  =n avec n>0
 ∂Λ = − ∂ L S  ∂ L E
∂ L E ∂λ 0 = 0
 

Λ = Cλ + n λ
D'où 
L S = Cϕ + n L E

Si on utilise un point origine m 0 ( λ0 , ϕ 0 ) dont l'image est M 0 ( Λ 0 , Φ 0 ) , la


formulation générale devient:

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-48


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Λ = Λ 0 + n ( λ − λ0 )

(
L S = L S 0 + n L E − L E 0 )

La représentation est définie par 6 paramètres:


λ0 , ϕ 0 , Λ 0 , Φ 0 , n , r

Étude du module linéaire:

r cos Φ d Λ n r cos Φ
µ = µ paral = = ×
N cos ϕ d λ N cos ϕ

dµ n r cos Φ d w nr w d Φ n r w cos Φ sin ϕ


et =+ × − sin Φ + ×
dϕ a cos ϕ d ϕ a cos ϕ dϕ a cos 2 ϕ

dw e 2 sin ϕ cos ϕ
avec: • =−
dϕ w

1 − e2
• par définition de (voir chap. II), dL = dϕ ,
w2 cosϕ
d LS
et de plus = n . On peut ainsi écrire:
d LE
1
d Φ n (1 − e ) cos Φ
dΦ 2

n= cos Φ ⇔ =
1 − e2 dϕ w2 cosϕ

w2 cosϕ

dµ d µ µ (1 − e )
2

Ainsi, se simplifie en: = ( sin ϕ − n sin Φ )


dϕ d ϕ w2 cos ϕ

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-49


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

sin ϕ 0 dµ
Si n = , alors change de signe en s'annulant en ϕ 0 , et µ varie selon
sin Φ 0 dϕ
le tableau suivant:

ϕ π ϕ0 π

2 2

dµ - 0 +

µ ! "
µ0

µ 0 = µ (ϕ 0 )

D'autre part, le calcul montre que:

d2 µ cos 2 ϕ 0 1 − e 2 sin 2 ϕ 0
dϕ 2
(ϕ 0 ) = 0 ⇔ n = cos2 Φ × 1 − e2
2

Pratiquement, n et ϕ 0 sont choisis de telle manière que:

d µ
 d ϕ (ϕ 0 ) = 0 n 2 = 1 + e′2 cos 4 ϕ 0
 
 2 ⇔  sin ϕ 0
 d µ (ϕ ) = 0 sin Φ 0 =
 d ϕ 2 0  n

n r cos Φ 0 w0 n r w02 r r
⇒ µ0 = = = =
a cos ϕ 0 n 1 − e2 a
1
ρ0 N 0
 a a (1 − e 2 )  2
 × 
 w0 w03 
 

Nous retiendrons que r est, au facteur


r = µ 0 ρ0 N 0
d'échelle µ 0 près, le rayon de courbure
totale:

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-50


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

La sphère de courbure totale est celle qui annule les deux premières dérivées
de µ en M 0 . Géométriquement, c'est la sphère "la plus tangente" à l'ellipsoïde
parmi toutes les sphères tangentes.

4.5.d Représentation de Gauss-Laborde

C'est la double représentation transverse de Mercator:

ellipsoïde (conforme) (1)

(1-2) sphère (représentation transverse de


Mercator, utilisée dans le cas
↓ tangent)
plan

(2) n (2) = r

Les formules sont les suivantes:

• n (1) = 1 + e′2 cos 4 ϕ 0

sin ϕ 0
• sin Φ 0 =
n(1)

( ( ))
• L S ( Φ ) = L S ( Φ 0 ) + n (1) L E (ϕ ) − L E ϕ 0

• Λ = n (1) ( λ − λ0 )

• n (2) = µ (1) 0 ρ 0 N 0

n (2) 1 + cos Φ sin Λ


• X = XC + ln
2 1 − cos Φ sin Λ
tan Φ
• Y = Y C + n (2) arctan
cos Λ

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-51


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Étude du module linéaire :

n (1) r cos Φ n( 2) cos Φ 1


µ = µ(1− 2) = µ(1) × µ( 2) = × = n (1) r × ×
N cos ϕ r cos h N cos ϕ cos h

Il y a lieu de prendre note des trois remarques suivantes:

( )
• µ ϕ 0 = µ (1)ϕ ⋅
0
1
cosh 0
= µ (1)ϕ ,
0

• µ n'est pas constant sur le méridien origine,


• lorsque l'on s'éloigne du méridien origine, autrement dit lorque h ≠ 0 ,
µ augmente.

Pratiquement, la représentation est définie par:


λ0 , ϕ 0 , X C , YC , k 0 = µ (1)0

(facteur d'échelle)

4.5.e Définition des représentations UTM

Les représentations UTM sont des représentations transverses de Mercator de


l'ellipsoïde telles que le module linéaire est constant sur le méridien origine. On
peut les définir par composition de trois représentations conformes.

ellipsoïde
↓ (représentation de Gauss-Laborde)
plan

↓ (transformation conforme du plan


telle que µ mér-orig = k 0 )

plan

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-52


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

On démontre que cette transformation conforme du plan peut s'exprimer au


(
voisinage de M 0 X 0 , Y0 ) sous la forme du développement limité suivant:
 X UTM = X 0 + C1 x − C3 x 3 + 3C3 xy 2  x = X G − Lab − X 0
 avec 
YUTM = Y0 + C1 y + C3 y − 3C3 yx  y = YG − Lab − Y0
3 2

On démontre aussi que le choix fait pour n (1) et r lors du passage de l'ellipsoïde
à la sphère impose les valeurs de C1 et de C 3 :

 w0 cos ϕ 0
C1 = ×
 n (1) 1 − e cos Φ 0
2


C = 0
3

C représentant le point-intersection de l'équateur et du méridien origine


( )
( λ C = λ 0 et ϕ C = 0 ), les coordonnées X 0 , Y0 du point M 0 sont obtenues comme il
suit:

 X 0 = X C

Y0 = YC + β (ϕ 0 )

 C 1 n (2) 1 + cos Φ sin Λ


X = XC + ln
 2 1 − cos Φ sin Λ
Ainsi, au voisinage de M 0 , 
Y = Y + k β (ϕ ) + C n  arctan tan Φ − Φ 
1 (2)  0
 cos Λ
C 0 0
 

Finalement, la sphère tangente en M 0 n'est qu'un intermédiaire de calcul, et on


peut obtenir la même représentation en utilisant plusieurs sphères intermédiaires.
Pratiquement, pour calculer les coordonnées planes de M ( λ , ϕ ) , on utilise la

( )
sphère tangente en λ 0 , ϕ . De la sorte, les formules se simplifie beaucoup.

Le formulaire de passage de (λ,ϕ) à (X,Y) est le suivant:

• n (1) = 1 + e′2 cos 4 ϕ

• Λ = n (1) ( λ − λ0 )

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-53


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

• V = 1 + e′2 cos 2 ϕ

k0 a 1 + e′2 n(1) + V cos ϕ sin Λ


• X = XC + ln (1)
2V 2 n − V cos ϕ sin Λ

k0 a 1 + e′2  tan ϕ tan ϕ 


• Y = Y C + k0 β ( ϕ ) +  arctan − arctan 
V2  V cos Λ V 

Pour passer de (X,Y) à (λ,ϕ), on utilise le formulaire ci-dessous:

Y − YC
• ϕ0 =
k0 a

• n (1) = 1 + e′2 cos 4 ϕ 0

• V = 1 + e′2 cos 2 ϕ 0

•ξ=
( X − X C )V 2
k 0 a 1 + e′2

V2 tan ϕ 0
• η = Y − YC − k 0 β (ϕ 0 )  + arctan
 
k 0 a 1 + e′2 V

 π
tan  2 arctan ( exp ξ ) − 
1
• λ = λ 0 + (1) arctan  2
n cos η

(
• Λ = n (1) sin λ − λ 0 )
• Φ = arctan ( cos Λ tan η )

  tan ϕ 0  
• L (ϕ ) = 1  L ( Φ ) − L
E (1) S S  arctan   + L E (ϕ 0 )
n   V 

4.5.f Mise en oeuvre des représentations UTM

Les représentations dites "Universal Transverse Mercator" (U.T.M. en abrégé


forment un ensemble de 120 représentations transverses de Mercator de
l'ellipsoïde conçues par l'armée américaine dans les années 1940.

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-54


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Numéro de Étendue Hémisphère


fuseau
λ min λ max
(en °, par rapport à Greenwich)

n 6(n-31) 6(n-30) Nord

(1 ≤ n ≤ 60 )
n 6(n-31) 6(n-30) Sud

(1 ≤ n ≤ 60 )
Tableau 1 : Zones d'application des représentations UTM

Chaque représentation est définie comme il suit :


• λ 0 = 6(n − 31) + 3

• k 0 = 0,9996

• X C = 500 000 m

hémisphère Nord: YC = 0 m
• 
hémisphère Sud: YC = 10 000 000 m

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-55


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Le système UTM est le système de représentations utilisé par l'OTAN, et,


entre autres, par l'armée française en France métropolitaine. C'est pourquoi le
canevas UTM apparaît en surcharge sur les cartes de base à 1 : 50 000.

Le territoire métropolitain est à cheval sur 3 fuseaux; les fuseaux 30, 31 et 32.

De plus, l'IGN a cartographié de nombreux départements et territoires


d'outremer en système UTM.

4.5.g UTM : Définition initiale de US Army

) Définition
L’UTM est une projection mercator transverse de l’ellipsoïde développée par le
service géographique de l’US Army dans le but de fournir une projection unique
utilisable en tout point du globe à partir de « tables de la représentation UTM »
préalablement calculées pour chaque ellipsoïde.
La définition initiale est basée sur le développement limité de fonctions
complexes définies de la façon suivante :

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-56


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Soit un point m(λ, ϕ ) de l’ellipsoïde de coordonnées et le point


M(X, Y ) associé en projection.
Soit les valeurs complexes définies comme suit
% z = L(ϕ ) + iλ
% Z = Y + iX
ou L est la latitude isométrique

C → C 
Et la fonction f : 
z → f (z ) = Z
On impose deux conditions à cette fonction :
% L’image du méridien origine dit méridien central est l’axe des Y
% Le méridien central est automécoïque

La première impose donc que f (L ) = Y


ϕ

dS
∫ ρd ϕ
La deuxième impose que µ = = 0
⇒Y=β
ds Y
Si l’on réussit à trouver une telle fonction alors sa généralisation au plan
complexe sera la solution recherchée. β = f (L ) ⇒ Z = f (z )

L’arc de méridien est une intégrale elliptique de ϕ, il n’est pas possible d’ en


donner une expression finie, il en est de même pour f.
) Passage des coordonnées géographiques aux coordonnées planes :

Soit z0 un point sur le méridien central de longitude λ0 un développement


limité de f au voisinage de z0 nous donne :

df z (z 0 ) (z − z 0 ) d 2 f z (z 0 ) (z − z 0 ) d 3f z (z 0 )
Z − Z 0 = f (z ) − f (z 0 ) = (z − z 0 ) + + + ....
dz 2! dz 2 3! dz 3
f est une fonction analytique, ses dérivées successives pourront être calculées
quelque soit la direction, en particulier dans la direction du méridien

df z (z 0 ) dβ d 2 f z (z 0 ) d 2β d n f z (z 0 ) dnβ
β = f (L ) d’où = = =
dz dL dz 2 dL2 dz n dLn

Z − Z 0 = Y + iX − Y0 = ∆Y + iX
z − z 0 = L + iλ − L 0 = ∆ L + iλ

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-57


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Ecrivons le développement de Taylor en se fixant L 0 = L d’où z − z 0 = iλ

Z − Z 0 = Y − β + iX = a1 (iλ ) + a 2 (iλ ) + a 3 (iλ ) + ... + a n (iλ )


2 3 n

Z − Z 0 = a1 (iλ ) − a 2 (λ ) − a 3 i (λ ) + a 4 (λ ) + a 5 i(λ ) ... + a n (iλ )


2 3 4 5 n

1 dpβ
avec a p = ⋅
p! dLp

Soit en séparant parties réelles et imaginaires :

Y = β − a2λ 2 + a4 λ 4 − a6λ 6 + ...


X = a1λ − a3λ 3 + a5λ 5 + ...
Les expressions des dérivées peuvent s’obtenir à partir de :

dβ = ρ dϕ
ρ dϕ
dL =
N cos ϕ
et finalement :

 
a1 = N 0 cos ϕ 0 
 
a = 1 N sin ϕ cos ϕ 
 2 2 0 0 0

 
 3
a =
1
6
N 0 cos 3
ϕ 0 (
1 + tan 2
ϕ 0 − e' 2
cos 2
)ϕ 0 
 
 
a 4 = 24 N 0 cos ϕ 0 tan ϕ 0 (5 − tan ϕ 0 + 9(e' cos ϕ 0 ) + 4(e' cos ϕ 0 )
1 4 2 2 4

 
a = 1 N cos 5 ϕ (5 − 18 tan 2 ϕ + tan 4 ϕ + 14(e' cos ϕ )4 − 58 tan 2 ϕ (e' cos ϕ )2 .....
 5 120 0 0 0 0 0 0 0 

) Passage des coordonnées planes aux coordonnées géographiques :


On procédera de manière analogue en considérant la fonction réciproque
z = F( Z )
f est une fonction analytique, ses dérivées successives pourront être calculées
quelque soit la direction, en particulier dans la direction du méridien

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-58


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Z − Z 0 = Y + iX − Y0 = ∆Y + iX
z − z 0 = L + iλ − L 0 = ∆ L + iλ

Ecrivons le développement de Taylor en se fixant Y0 = Y d’où Z − Z 0 = iX

z − z 0 = L − L 0 + iλ = b1 (iX ) + b 2 (iX ) + b 3 (iX ) + ... + b n (iX )


2 3 n

1 dpL
avec b p = ⋅
p! dβ p

Soit en séparant parties réelles et imaginaires:

L − L 0 = −b 2 X 2 + b 4 X 4 − b 6 X 6 + ...
λ = b1 X 2 − b 3 X 3 + b 5 X 5 + ...

On peut également obtenir directement la latitude en considérant le


développement limité
 dϕ 
ϕ − ϕ 0 = (L − L 0 )
(L − L 0 ) 2
 d2ϕ 
  + ... +
(L − L 0 )n  dnϕ 
 
 +  dL2   dLn 
 dL  0 2!  0 n!  0
Soit en remplaçant

ϕ = ϕ 0 − b' 2 X 2 + b' 4 X 4 − b' 6 X 6 + ...


λ = b1 X 2 − b 3 X 3 + b 5 X 5 + ...

avec :

 1 
b1 = N cos ϕ 
 0 0 

b' 2 =
1
2N 0
2
(
tan ϕ 0 1 + η 0
2
) 

 

b 3 =
1
6N 0 cos 3 ϕ 0
1( + 2 tan 2
ϕ 0 + η 0
2
) 

 
 1 
b' 4 = tan ϕ 0 ( 5 + 3 tan 3
ϕ 0 − 6 η 0
2
− 6 tan 2
ϕ η
0 0
2
− 3η 0
4
− 9 tan 2
ϕ 0 0 
η
4
)
 
4
24N 0
 
b = 1 
+ ϕ + ϕ + η + ϕ η
2 4 2 2 2
( 5 28 tan 24 tan 6 8 tan )
 5 120N 0 cos 5 ϕ 0 0 0 0 0 0

 
avec η 0 = e' cosϕ 0 

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-59


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

) Mise en oeuvre de la représentation UTM


Des tables de conversions issues des développements limités d’ordre 5 peuvent
être utilisée partout dans le monde, il est par contre nécessaire de disposer
d’une table correspondant à chaque ellipsoïde de référence.
Les formules de passage correspondant aux valeurs mises en tables sont les
suivantes :

) Géographiques->planes

∆E = (IV )p + (V )p 3 + B 5
avec p = 10 −4 ∆λ"( sex )
∆N = (I ) + (II )p + (III )p + A 6
2 4

les valeurs (I)(II) ..(V) sont fournies dans les tables américaines les valeurs B5
et A6 sont à interpoler dans des abaques.

) Planes->géographiques

ϕ = ϕ'− (VII )q 2 + (VIII )q 4 − D 6


avec q = 10 −6 ∆E ( ∆E exprimé en milliers de
λ = (IX )q − (X )q + E 5
3

km)

ϕ’ table inverse de (I)


(Vii),(VIII)…(X) tables américaines
D6 et E5 sont interpolées dans un graphique.

On trouvent également dans ces tables :


La valeur du module linéaire
La convergence des méridiens
Applications :
Latitude = 34° 15’ 34’’.742 longitude = 5° 57’ 16’’.842
Méridien central : 3°

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-60


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-61


CHAPITRE III : REPRESENTATIONS PLANES

Didier BOUTELOUP / CPRAG / 2002 III-62


Cours de Géodésie

Chapitre 4

INTRODUCTION A LA GEODESIE
PHYSIQUE

Version 2.0 20/10/2002

Didier BOUTELOUP
Cellule pédagogique et de recherche en astro-géodésie
[email protected]
(33) 01 64 15 31 37
CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

CHAPITRE 4
INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

1 Introduction ___________________________________________________________ 3
2 Rappels sur la notion de potentiel __________________________________________ 3
2.1 Gradient_____________________________________________________________ 3
2.2 Potentiel _____________________________________________________________ 3
3 Champ de pesanteur terrestre _____________________________________________ 4
3.1 Bilan des forces en un point ______________________________________________ 4
3.1.a Force de gravitation universelle __________________________________________________ 4
3.1.b Force centrifuge ______________________________________________________________ 5
3.1.c Accélération de pesanteur_______________________________________________________ 5
3.2 Verticale; déviation de la verticale _________________________________________ 5
3.2.a Définitions __________________________________________________________________ 5
3.2.b Coordonnées géographiques géodésiques et astronomiques______________________________ 7
3.3 Potentiel de gravité _____________________________________________________ 9
3.3.a Définition___________________________________________________________________ 9
3.3.b Potentiel créé par une sphère homogène ___________________________________________ 10
3.3.c Développement en harmo niques sphériques ________________________________________ 10
3.4 Géoïde _____________________________________________________________ 13
3.4.a Potentiel centrifuge __________________________________________________________ 13
3.4.b Potentiel de pesanteur ; géoïde __________________________________________________ 13
3.4.c Dénivellée élémentaire ________________________________________________________ 14
3.5 Potentiel d'un corps à symétrie ___________________________________________ 15
3.5.a Simplification du développement ________________________________________________ 15
3.5.b Champ en J2 _______________________________________________________________ 15

4 Champ de pesanteur normal _____________________________________________ 16


4.1 Problématique _______________________________________________________ 16
4.2 Expression du potentiel normal __________________________________________ 16
4.3 Expression de la pesanteur normale _______________________________________ 17
4.3.a Pesanteur normale sur l'ellipsoïde de référence ______________________________________ 17
4.3.b Pesanteur normale à l'extérieur de l'ellipsoïde de référence _____________________________ 18
4.4 Définition d'un ellipsoïde géodésique de référence ____________________________ 19
4.4.a Développement du potentiel normal en harmoniques sphériques_________________________ 19
4.4.b Paramètres de l'ellipsoïde ______________________________________________________ 19
5 Systèmes d'altitude _____________________________________________________ 21
5.1 Introduction_________________________________________________________ 21
5.2 Cote géopotentielle ____________________________________________________ 21
5.3 Altitude _____________________________________________________________ 21
5.4 Altitude dynamique ___________________________________________________ 22

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-1


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

5.5 Altitude orthométrique _________________________________________________22


5.6 Altitude normale ______________________________________________________24
5.6.a Définition __________________________________________________________________24
5.6.b Quasi-géoïde, relation entre altitude normale et hauteur ellipsoïdale ______________________26
5.7 Comparaison entre les types d'altitudes_____________________________________27
5.8 La conversion des hauteurs ellipsoïdales en altitudes___________________________28
5.9 Système d'altitudes en France continentale __________________________________28
6 Estimation du géoïde ____________________________________________________30
6.1 Anomalies de la pesanteur _______________________________________________30
6.2 Modèle gravimétrique __________________________________________________30
6.3 Modèle astro-géodésique ________________________________________________31
6.4 Modèle obtenu par nivellement et GPS _____________________________________31
6.5 listes des modèles disponibles_____________________________________________33

IV-2 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

1 Introduction

On appelle géodésie physique l'étude du champ de pesanteur terrestre. Cette étude


permet de définir un certain nombre de liens entre d'une part le modèle géométrique
et d'autre part le modèle dynamique (modèle de forces) de la Terre.

Pratiquement, la connaissance du champ de pesanteur terrestre est indispensable à


deux types de travaux :
• la détermination des altitudes,
• l'orbitographie des satellites artificiels de la Terre.

Dans tout ce chapitre, nous supposerons toujours que la Terre est un système isolé :
c'est-à-dire que nous négligerons l'influence de la Lune, du Soleil et des autres corps
célestes. Entre autres, nous ne prendrons pas en considération les phénomènes de
marées.

2 Rappels sur la notion de potentiel

2.1 Gradient

Soit U une fonction scalaire de l'espace;

 R 3 → R 
U 
 M → U(M )
 

On appelle gradient de U la fonction vectorielle de l'espace notée grad U définie


par:

 ∂U 
 
 ∂x 
 R 3 → R 3   
grad U  avec grad U ∂U 
 M →grad U(M )
   ∂y 
 ∂U 
 
 ∂z 

2.2 Potentiel

 R 3 → R 3 
Soit F un champ vectoriel de l'espace; F  .
 M → F(M ) 
 

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-3


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

On dit que F dérive d'un potentiel si et seulement si il existe une fonction scalaire
U de l'espace telle que, en tout point M, F(M ) = grad U(M ) .

Lorsque F dérive d'un potentiel, on note donc F = grad U .

3 Champ de pesanteur terrestre

3.1 Bilan des forces en un point

Soit P le centre de gravité d'un solide de masse m à la surface ou à l'extérieur de


la Terre, lié au mouvement de rotation de la Terre sur elle-même (mouvement diurne).

Inventorions l'ensemble des forces qui
s'appliquent en P.
P
( m)
3.1.a Force de gravitation universelle

k
Au niveau élémentaire, considérons une
fraction élémentaire de la Terre, de uP' j
O
volume d v , de densité ρ et de centre de
i
gravité P ′ . Si la masse de ce morceau
λ
élémentaire est d m′ , on a: ρd v = d m′ . P'
(d m ')

Fig. 1: Force de gravitation


élémentaire

La force de gravitation exercée par P ′ sur P vaut:


m d m′ uuur
−G u P′
l
2

avec: • G est la constante de gravitation universelle;


G ≈ 6, 672 10−11 m3kg −1s−2 ,
uuur
• l = P′P
uuur
uuur P′P
• u P′ = uuur
P′P

IV-4 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

Donc, pour l'ensemble de la Terre, la force de gravitation se formule de cette


manière:

m d m′ uuur ρ d v uuur
∫∫∫
Terre T
−G
l 2
u P′ = −Gm∫∫∫ 2 uP′
T
l
Remarquons que ρ, uP ′ et l dépendent du volume élémentaire considéré.

3.1.b Force centrifuge

Il s'agit de la force due à la rotation de la Terre sur elle-même.


−5
Appelons ω T la vitesse de rotation de la Terre; ω T ≈ 7 , 292 10
rad / s .
uur uur r r
La force centrifuge qui s'exerce sur P est mω p u λ avec u λ = cos λ i + sin λ j
2
T

3.1.c Accélération de pesanteur

Par définition, on appelle accélération de pesanteur terrestre,


r
conventionnellement notée g , l'accélération de P créée par l'attraction
gravitationnelle de la Terre et par l'accélération centrifuge:
r ρ d v uuur uur
g = −G ∫∫∫ 2 u P′ + ω T2 p uλ
Terre
l

r r
g est exprimé en m / s2 , en gal (1 gal = 1 cm / s2 ) ou en mgal. g est mesurable
avec un gravimètre avec une précision de l'ordre de quelques µgal. Numériquement,
uur uur
à l'équateur g e ≈ 9,78 m/s2 et au pôle g p ≈ 9,83 m/s2 . Il s'agit par exemple de
l'accélération d'un corps en chute libre.

ur r
Nous noterons désormais g = g .

ρd v
Le terme − G ∫∫∫ u P ′ est appelé accélération gravitationnelle.
Terre l
2

Le terme ω T p uλ est appelé accélération centrifuge.


2

3.2 Verticale; déviation de la verticale

3.2.a Définitions

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-5


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

En un lieu M, on appelle verticale la direction du vecteur-accélération de


pesanteur terrestre g. La verticale est dirigée par le vecteur unitaire v défini
r
r g
par v=− r
g

Autrement dit, la verticale est "la direction du fil à plomb". Le plan passant par
r
M et orthogonal à v est le plan horizontal. On appelle zénith la direction définie
uur uur
par +v et nadir la direction opposée de −v .

r r r r
On appelle déviation de la verticale l'angle θ entre n et v . On a cos θ = n ⋅ v .

Le terme "déviation de la verticale" est défini v


de manière plus précise au chapitre θ n

Numériquement, en France métropolitaine, on


a toujours θ < 15′′ , et, dans le monde, θ < 100′′ .

r r uur
Si n ≠ v , définissons un vecteur normal Tα
r r r uur g
orthogonal à n et coplanaire avec n et v . Tα ellipsoïde
est donc un vecteur du plan tangent et peut
Fig. 2 : Vecteurs g et n
s'écrire:
uur uur uuur
Tα = sin α Tp + cos α Tm
r v
v s'exprime alors: n
v = cos θ n + sin θ Tα θ η
ξ Tα
Il est clair que θ étant un angle infiniment Tm Tp
cos θ ≈ 1 α
petit,  et les composantes de v dans le
sin θ ≈ θ
 θ sin α 
  M
repère local sont vθ cos α  , où θ cos α et
 1  Fig. 3 : Décomposition de la
 R L déviation de la verticale
θ sin α sont des angles infiniment petits.

IV-6 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

On retiendra: η η et ξ sont les composantes de


  la déviation de la verticale,
v ξ 
1 respecti-vement dans les
 R
L directions Est-Ouest et Nord-
Sud.

3.2.b Coordonnées géographiques géodésiques et astronomiques

Nous avons déjà étudié les coordonnées géographiques (λ,ϕ ) au chapitre 2. Il


est désormais nécessaire de les définir plus précisément:

On appelle coordonnées géographiques géodésiques les angles notés λg ,ϕ g ( )


décrivant l'orientation du vecteur n dans la base (i, j, k ) .

On appelle coordonnées géographiques astronomiques les angles notés


(λa ,ϕ a ) décrivant l'orientation du vecteur v dans la même base.
L'utilisation ici de l'adjectif «astronomique» est expliqué au chapitre 5. On
peut affirmer que les coordonnées géographiques astronomiques et géodésiques ne
r r r r
sont confondues que si n = v . Mais, a priori n ≠ v et (λa , ϕ a ) ≠ λg ,ϕ g .( )
uur uur r
Appelons Lg le repère local géodésique en M ( M ; Tp ,Tm , n ) et
uur uur r
R La ( )
= M ; T1 , T2 , v le repère local astronomique en M1 défini comme il suit:
uur r
• ( M ; T , v ) est un repère orthonormé du plan méridien astronomique, c'est
2

à dire du plan contenant v et parallèle à l'axe des pôles,


uur uur uur r
( )
• T1 est tel que T1 , T2 , v soit une base orthonormale directe.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-7


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

Tm v n
Il est clair que, par définition de L , a θ T1
a T2
Tp
priori, R ≠ R 1− (ξ ) R +2 (η )R L .
La g M

O ϕ
Cherchons une relation entre les g
coordonnées astronomiques (λa ,ϕ a ) , λg
ϕ
les coordonnées géographiques λg ,ϕ g ( ) a

et les composantes (η, ξ ) de la


déviation de la verticale. λa
;

Fig. 4 : Repère local astronomique

Les composantes de v sont connues dans et dans Lg :

 cos λa cos ϕ a  η 
   
v sin λ a cos ϕ a  et v ξ 
 sin ϕ  1
 a R  R
Lg

Or la matrice R de passage de à Lg a déjà été étudiée :

 − sin λg cos λg 
0
 
R =  − sin ϕ g cos λ g − sin ϕ g sin λg cos ϕ g 
 
 cos ϕ g cos λ g cos ϕ g sin λg sin ϕ g 

D'où on tire l'identité matricielle:

η   − sin λg cos λg 0  cos λa cos ϕ a 


    
 ξ  =  − sin ϕ g cos λ g − sin ϕ g sin λg cos ϕ g  sin λa cos ϕ a 
 1   cos ϕ cos λ cos ϕ g sin λg

sin ϕ g  sin ϕ a 
   g g 

η = cos ϕ a sin λa − λg ( ) (1)



⇔ ξ = sin ϕ a cos ϕ g − cos ϕ a sin ϕ g cos λa − λg ( ) ( 2)
a g a g (
1 = cos ϕ cos ϕ cos λ − λ + sin ϕ sin ϕ
 a g ) (3)
L'égalité (1) montre que λa − λg est de l'ordre de η, c'est à dire un infiniment
petit de 1er ordre. Ainsi, au 1er ordre près, on peut donc écrire
( )
sin λa − λg = λa − λg
.

(
cos λa − λg = 1)

IV-8 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

Les relations (1) et (2) s'écrivent donc:


(
η = cos ϕ a λa − λ g )

(
ξ = sin ϕ a cos ϕ g − cos ϕ a sin ϕ g × 1 = sin ϕ a − ϕ g )
On en déduit que ϕ a − ϕ g est aussi un infiniment petit de 1er ordre. Dans ces
conditions:
( ) [ ( ) ( )](
cos ϕ a λa − λg = cos ϕ g cos ϕ a − ϕ g − sin ϕ g sin ϕ a − ϕ g λ a − λg )
= cos ϕ g (λa − λg ) − sin ϕ g (ϕ a − ϕ g )(λa − λ g ) = cos ϕ g (λa − λg )
1444424444 3
néligeable

En définitive, on peut écrire:


(
η = cos ϕ λ a − λg )
ξ = ϕa − ϕg

3.3 Potentiel de gravité

3.3.a Définition

Soient d v un volume élémentaire à l'intérieur de la Terre ; d m′ sa masse et P'


son centre de gravité,

 R 3 → R 
  uuur
Considérons f P′  G d m′  où l = P′P
 P → f P′ (P ) = 
 l 

d m′
On peut montrer que −G u P′ = grad f P′ (P ) . Ainsi, l'accélération
l2
G d m′ Gρ d v
gravitationnelle exercée par d v sur P dérive du potentiel = .
l l
Globalement , au niveau de la Terre, on peut écrire:

ρdv  Gρ d v   Gρ d v 
− G ∫∫∫ u P′ = ∫∫∫ grad   = grad  ∫∫∫ 
Terre l  l  T l 
2
T

L'accélération gravitationnelle dérive du potentiel gravitationnel, noté V,


défini par l'expression:
Gρ d v
V = ∫∫∫
Terre l

La connaissance de V nécessiterait a priori la connaissance de la densité des


masses ρ en tout point de la Terre; connaissance évidemment impossible à

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-9


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

acquérir. Cette formule explicite qui définit V ne permet donc pas de le


déterminer pratiquement.

3.3.b Potentiel créé par une sphère homogène


Soient une sphère homogène de centre O et de masse M et P un point extérieur à
la sphère.

uuur
Si on note r = OP , on peut montrer que le potentiel gravitationnel créé par la
sphère a pour expression:

V (P ) =
GM
r

3.3.c Développement en harmoniques sphériques


Nous supposons dans ce paragraphe que la Terre est de forme quelconque.

Soit un point P extérieur à la Terre.


P
Repérons P par les coordonnées sphériques
(λ ,θ , r) définies de la manière suivante: θ
• λ est la longitude géographique,
ω
• θ est la colatitude géocentrique; O
π
θ= −ω ,
2 λ
uuur
• r = OP .

Fig. 5 : Colatitude de P

On admet que V peut se développer en série entière en fonction des coordonnées


sphériques (λ ,θ , r ) ; on parle alors de développement en harmoniques sphériques:

GM  + ∞ n  a  
n
V= 1+ ∑ ∑   [C nm cos(m λ ) + S nm sin (m λ )]P nm (cos θ ) 
r  n =1m =0  r  

avec les notations suivantes:

• a: demi-grand axe de l'ellipsoïde terrestre,


• M: masse totale de la Terre,

IV-10 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

• Cn m et Sn m : constantes liées à la physique de la Terre,

C n 0 = C n
On note aussi 
Sn 0 = Sn

• Pn m (x ) représente la fonction de Legendre de 1ère espèce de degré n et


d'ordre m définie de la manière suivante:

 nP (x ) =
1
×
dn  2
2 n! d x 
n n 
(x −1 
n

)

( )
m
Pn m (x ) = 1 − x 2 m / 2 d Pn (x )
 d xm
Pn est donc un polynôme de degré n. On note aussi Pn 0 = Pn .

Ce développement en harmoniques sphériques suggère plusieurs remarques :

Gm
• Le premier terme correspond au modèle d'une sphère homogène, et
r
les autres termes du développement peuvent donc s'interpréter comme
des "corrections" par rapport à ce modèle.

‚ Il convient d'observer précisément les fonctions de Legendre:


• Pn 0 est un polynôme de degré n, pair ou impair selon la parité de n.

• de manière générale, Pn m est le produit de (1− x ) 2 m/2


et du
m
Pn (x ) .
d
polynôme de degré n-m
dxm
Nous admettons que Pn m (cos θ ) admet n − m + 2 racines pour θ ∈ 0, π et
change n − m + 1 fois de signe sur l'intervalle 0, π .

ƒ sin (mλ ) et cos (mλ ) s'annulent 2m fois pour λ ∈ 0, 2 π et changent


2 m − 1 fois de signe sur 0, 2 π .

„ Les coefficients Cn m et Sn m deviennent de plus en plus petits lorsque n


augmente.

Ainsi, lorsque n augmente, les harmoniques sphériques indiquent des


variations de V de plus en plus locales et faibles. On parle alors des
longueurs d'onde du potentiel de plus en plus courtes.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-11


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

… Lors d'une estimation du potentiel, par exemple avec les mesures


satellitaires, la finesse de l'estimation repose sur le degré de
développement en harmoniques sphériques de potentiel. Par exemple:
• le modèle de potentiel GRIM4 réalisé conjointement par le GRGS1 et
le DGFI2 détermine tous les termes jusqu'au degré 50,
• dans le modèle OSU91 (de la Ohio State University), tous les termes
jusqu'au degré 360 ont été estimés.

† Plus on s'éloigne de la Terre, plus l'influence sur V des termes de degré


n
a
élevé est négligeable, parce que ces termes sont multipliés par   .
r
On exprime le plus souvent le développement de V à l'aide des coefficients Jn m
et Kn m :
J n m = − C n m

K n m = −S n m
pour m = 0,J = J
 n0 n

GM  +∞ n  a  
[ ]
n
Et V s'écrit: V=  ∑ ∑   J n m cos (mλ ) + K n m sin (mλ ) Pn m (cos θ ) 
1 −
r  n =1 m =0  r  
Exemples

N=11 M=6 N=6 M=6

1: Groupe de Recherche de Géodésie Spatiale, Toulouse.


2: Deutsches Geodätisches Forschunsginstitut, Munich.

IV-12 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

3.4 Géoïde

3.4.a Potentiel centrifuge

On se rappèle que l'accélération centrifuge vaut ω T2 pu λ = ω T2 r sin θ u λ .

 R 3 
→R 
 
Soit la fonction scalaire Φ définie parΦ  1 2 2
 P  → Φ (P ) = ω T p 
 2 
uur
Il se démontre rapidement que ω T2 p u λ = grad Φ ; c'est-à-dire que
l'accélération centrifuge dérive du potentiel Φ .

3.4.b Potentiel de pesanteur ; géoïde

r
Notons W = V + Φ . Il est clair que l'accélération de pesanteur g dérive du
potentiel W. W est appelé potentiel de pesanteur.

On appelle surface équipotentielle une surface où W est constant. Nous savons


que la normale à une surface équipotentielle est colinéaire au gradient de W, c'est
r
à dire à g . La verticale est donc la normale à la surface équipotentielle.

W = W2
r
ligne de force

Une ligne admettant g comme vecteur


tangent en tout point est appelée ligne de
gr
force.
∆h′
Si on suppose que les mers ne sont W = W1

soumises à aucune force autre que celle


de pesanteur - entre autres, si on ne tient
pas compte des marées - , alors le niveau
moyen des mers peut être assimilé à une Fig. 6 : Équipotentielles et lignes de
surface équipotentielle. forces

Par définition, on appelle géoïde la surface équipotentielle du champ de


pesanteur terrestre proche du niveau moyen des mers.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-13


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

On appelle hauteur du géoïde,


notée par convention N, la hauteur du
géoïde par rapport à l'ellipsoïde.
(O )
H (M )
h
Pratiquement, il est rare que N Marégraphe
A géoïde W=W(A)
dépasse une centaine de m.
M0

N
ellipsoïde U = W0
M 0′ Q0

On remarque que l'on peut avoir


N < 0. Fig. 7: Hauteur du géoïde

Au niveau millimétrique, on peut négliger la courbure de la ligne de force et, si


H M désigne la longueur de la ligne de force entre M et P, il est légitime d'écrire:

hM ≈ H M + N P

3.4.c Dénivellée élémentaire

Soit une surface équipotentielle W = W1 et une base orthonormée directe


(I, J, K ) liée à cette surface en un point M donné vérifiant:
(I, J )est une base du plan horizontal en M

K = v M

 ∂W 
 
 ∂X 
 ∂W 
Il est clair que g  .
 ∂Y 
 ∂W 
 ∂Z 
  ( I,J,K )
∂W ∂W ∂W ∂W
Or au voisinage de M = = 0 donc = −g et d W = − d Z.
∂X ∂Y ∂Z ∂Z

Si on note d Z = d n , on a d W = −g d n

d n est appelée dénivellée élémentaire: c'est une longueur élémentaire mesurée


le long d'une ligne de force.

IV-14 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

3.5 Potentiel d'un corps à symétrie

3.5.a Simplification du développement

Étudions le cas particulier d'un corps présentant les symétries suivantes:


(i) symétrie autour de l'axe (O; k )

(ii) symétrie par rapport au plan (O; i, j )

Naturellement W (et V) doivent respecter ces 2 symétries:

(i) W doit être indépendant de λ, donc, dans l'expression de V, les termes


en cos (mλ ) et sin (mλ ) doivent disparaître, ce qui se traduit par:
J n m = Kn m = 0 si m ≠ 0

(ii) La symétrie par rapport au plan équatorial impose que, quel que soit θ,
W(π − θ ) = W(θ ) . Or Φ (π − θ ) = Φ (θ ) , donc V(π − θ ) = V(θ ) .
Imposer cette contrainte à V revient à faire disparaître les polynômes
de Legendre de degré impair:
J2 n+1 = 0

Ainsi, le champ de gravité d'un tel corps peut-il s'écrire:

GM  + ∞ a  
2n
V= 1 − ∑   J 2 n P2 n (cosθ )
r  n =1 r  
3.5.b Champ en J2

On peut supposer en première approximation que la Terre correspond à un corps


présentant ces deux symétries, et alors W vaut:

GM  +∞ a   1
2n
W= 1 − ∑   J 2 n P2 n (cos θ ) + ω T2 r 2 sin 2 θ
r  n =1 r   2

Une deuxième approximation du potentiel terrestre consiste à négliger tous les


termes de degré supérieur à 2.

Le polynôme de Legendre P2 se calcule aisément :

1 d2  2
P2 (x ) = 2 2
2 2! d x 
(
x − 1
2
) [ ( )] (
 = 1 × d 2 × 2 x x 2 − 1 = 1 3x 2 − 1
 8 d x 2
)

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-15


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

On aboutit au GM   a 
2
1 − 3 cos 2 θ  1 2 2
champ en J2: W≈ 1 +   J 2  + ω T r sin 2 θ
r   r  2  2

4 Champ de pesanteur normal

4.1 Problématique

Pour la géodésie géométrique, nous avons utilisé une surface de référence de la


Terre, mathématiquement simple, par rapport à laquelle nous avons étudié la
géométrie de la planète: il s'agit de l'ellipsoïde de révolution aplati à partir duquel
sont définies les coordonnées géographiques (λ ,ϕ , h ) .

En ce qui concerne la géodésie physique, l'objectif est, de manière analogue,


d'utiliser un champ de pesanteur mathématiquement simple, qui serve de référence à
l'étude du champ de pesanteur réel. En outre, il serait plaisant que ces deux objets
de référence soient liés.
Cette question a été résolue par Pizzetti (en 1894) et Somigliana (en 1922) avec la
notion de pesanteur normale. Le problème est posé en ces termes: définir un corps
ayant la forme d'un ellipsoïde de révolution aplati tel que :
• l'ellipsoïde soit une surface équipotentielle de son propre champ,
• le coefficient J2 de ce champ soit égal au coefficient J2 du champ de
pesanteur terrestre.

Un tel champ est appelé champ normal, noté conventionnellement γ, et son


potentiel associé est le potentiel normal, noté U. En pratique, U est très proche de
r
W, γ est très proche de g , et le potentiel T = W − U est appelé potentiel
perturbateur.

4.2 Expression du potentiel normal

Notons U = VN + Φ où VN est le potentiel gravitationnel normal.

Il se démontre que VN a une expression finie en coordonnées ellipsoïdiques.


Étant donné un ellipsoïde de référence terrestre défini par a et b, appelons c sa
(
distance focale c 2 = a 2 − b 2 ) et rappelons ci-après la définition des coordonnées
ellipsoïdiques (u , β , λ ) d'un point M quelconque:

IV-16 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

• λ est la longitude géographique de M, a


M
u
• u est le demi-petit axe de l'ellipsoïde
P
homofocal à l'ellipsoïde de référence
passant par M,
k
• β est la latitude paramétrique de M
j i a
relativement à l'ellipsoïde homofocal. Fig. 8 : Coordonnées ellipsoïdiques

L'expression de VN est:

GM c 1 q  2 1
VN = arctan + ω T2 a 2  sin β − 
c u 2 q0  3

1  u2  u
avec: • q (u ) =
c
1 + 3 2  arctan − 3 
2  c  u c 

• q0 est la valeur de q sur l'ellipsoïde de référence


(q 0 = q(b )) .

Le terme Φ s'exprime simplement avec les coordonnées ellipsoïdiques:


1 2 2 1 2 2 2
Φ= ω T p = ω T v cos β avec v2 = u2 + c2
2 2

On aboutit à l'expression de U:

q  2 1 1
U(u, β ) =
GM c 1
arctan + ω T2 a 2  sin β −  + ω T2 v 2 cos 2 β
c u 2 q0  3 2

On vérifie que U est constant est sur l'ellipsoïde de référence.

4.3 Expression de la pesanteur normale

4.3.a Pesanteur normale sur l'ellipsoïde de référence

Sur l'ellipsoïde de référence, la formulation de γ est la suivante:

(i) à l'équateur:

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-17


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

 ω T2 a 2 b
 m =
GM   (')
m 
q0
1 − m − e ′  avec 
γe = GM
2
a b  6 q 0  q (') = − v × d q
 c du

 (')  u 2  u c
q (u ) = 31 + 2  1 − × arctan  − 1
  c  c u
On trouve 
q (') = q (') (b ) = 31 + 1  1 − arctan e′  − 1
 0  e ′ 2  e′ 

(ii) au pôle:
GM  m q 0 
(')
γp = 1 + e′ 
a 2  3 q 0 

(iii)à une latitude quelconque:

a γ p sin 2 β + b γ e cos2 β
γ=
a 2 sin 2 β + b2 cos2 β
Or, sur l'ellipsoïde de référence, β = ψ est lié à la latitude
géographique ϕ:

sin ψ = b sin ϕ
 aw
 cos ϕ
cosψ =
 w
On en tire la formule de Somigliana :

aγ e cos 2 ϕ + bγ p sin 2 ϕ
γ0 =
(a 2
cos 2 ϕ + b 2 sin 2 ϕ )
1/ 2

a et b sont le demi-axe et le demi-axe de l'ellipsoïde, γ e et γ p sont


les pesanteurs normales équatoriale et polaire sur l'ellipsoïde, ϕ est
la latitude géographique

4.3.b Pesanteur normale à l'extérieur de l'ellipsoïde de référence

A la hauteur h au-dessus de l'ellipsoïde, le module de l'accélération normale se calcule à


partir de γ 0 par le formulaire :

IV-18 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

h M

r
γp r
b γ0 M0

ϕ r
γe
a
Fig. 9 : Pesanteur normale sur l'ellipsoïde.

a −b
f =
a
ω a b
2 2
m=
GM
 2 3 2
γ = γ 0 1 − (1 + f + m − 2 f sin ϕ ) h + 2 h 
2

 a a 
où f est l'aplatissement de l'ellipsoïde. Ces formules sont utilisées dans les calculs de
certains types d'altitudes et pour la réalisation de géoïdes gravimétriques.

4.4 Définition d'un ellipsoïde géodésique de référence

4.4.a Développement du potentiel normal en harmoniques sphériques

Les symétries de l'ellipsoïde de référence autour de l'axe (O; k ) et par


rapport au plan (O; i, j) nous permettent d'affirmer que le développement de U en
harmoniques sphériques ne comprendra que des termes en J 2n .

Or, le calcul montre que:

e2  e′ 
• J2 = 1 − 2m  ,
3  15q 0 
• tous les termes J 2n se déduisent du terme J2 par une formule de
récurrence.

Ainsi, la donnée de J2 suffit de définir l'ensemble du développement

4.4.b Paramètres de l'ellipsoïde

GM et ωT peuvent être estimés par des observations astronomiques. De plus, si


(
l'ellipsoïde de référence est défini par 2 paramètres géométriques - (a , b) , a , e 2 , )
(a ,1 f ) , etc. - , et, si GM et ωT sont connus, alors m peut être calculé et J2 aussi.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-19


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

Inversement, si l'ellipsoïde de référence est défini par a et J2 (valeur du


potentiel pesanteur réel et ), on a:

e2  ω 2a 3e 
J2 = 1 − 2 T  où q0 est fonction de e seulement.
 
3  15GM q 0 
Cette dernière fonction n'est pas explicite en e, mais permet tout de même de
déterminer e, par exemple de manière itérative.
Ainsi, le dernier ellipsoïde de référence recommandé pour servir de surface
géométrique de référence et de surface équipotentielle du champ de pesanteur
normal est l'ellipsoïde GRS 1980 (Geodetic Reference System 1980), adopté par
l'Association Internationale de Géodésie en 1979, et défini de manière dynamique:
• a= 6 378 137 m
• GM = 3 986 005 108 m3 / s 2
• J2 = 108 263 10 −8
• ω T = 7292115 10−13 rad/s

D'où les constantes dérivées:


• e 2 ≈ 0,006 694 380 022 90
• γ e ≈ 9,780 326 771 5..m/ s 2
• γ p ≈ 9 , 832 186 368 5... m / s2
etc.

IV-20 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

5 Systèmes d'altitude

5.1 Introduction

La notion d'altitude répond à la demande des aménageurs de pouvoir quantifier de


manière "simple" l'éloignement par rapport au niveau de la mer. L'altitude devra donc
être un indicateur, homogène à une longueur, de l'éloignement par rapport au géoïde.
Cette grandeur dynamique est indispensable au percement des canaux, à la construction
des voies ferrées, etc.

5.2 Cote géopotentielle

On appelle cote géopotentielle C la différence de potentiel par rapport au


géoïde :
M M
C M = W0 − WM = − ∫ dW = ∫ g d n
P P

On remarque que la cote géopotentielle est nulle en tout point du géoïde.

Soient M et M' deux points de la surface terrestre. Notons


M′

M = C M ′ − CM = ∫ g d n .
∆C M
M

∆CM
M′
est mesurable. En effet:
• g est mesurable sur la surface terrestre avec un gravimètre.
• d n est mesurable avec un niveau
et deux mires. Le niveau
matérialise l'horizontale en S, et
les deux mires sont maintenues Wn
verticales en A et B. Si la distance PN

entre A et B est suffisament Pk +1


δ h k′
petite (pratiquement inférieure à Wk

100 m), on peut négliger le non W0


Pk

parallélisme des surfaces P0


équipotentielles, et la dénivellée
Fig. 10 : Principe du nivellement géométrique
entre A et B vaut d n BA = l A − l B .

Les cotes géopotentielles sont exprimées en m²/s² ou en unités géopotentielles


(abrégées par UGP): 1 UGP = 10 3 gal ⋅ m = 106 mgal ⋅ m .

5.3 Altitude

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-21


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

D'une manière générale, l'altitude d'un point M est son éloignement d'une surface de
référence proche du géoïde. Comme on l'a vu ci-dessus, la technique du nivellement
utilisée seule fournit une dénivelée entre deux points qui dépend du chemin suivi. Seule
la différence de potentiel entre les deux points est invariante. On est donc conduit à
adopter la définition générale suivante de l'altitude d'un point M :
(*) W ( A) − W ( M )
H( M ) =
γ (*) ( M )
A est un point de référence dont l'altitude est conventionnellement nulle, par exemple
le niveau moyen enregistré par un marégraphe. Le symbole (*) distingue les différents
types d'altitude. γ (*) ( M ) est une fonction du seul point M qui a la dimension d'une
accélération. Comme la différence de potentiel ne dépend pas du chemin suivi, la formule
ci-dessus garantit une définition correcte et sans équivoque de l'altitude. Le choix de la
fonction γ (*) ( M ) détermine le type d'altitude. En particulier, si la valeur de γ (*) ( M )
est proche de la valeur de la pesanteur entre M et le géoïde, H((*) M ) est proche de la

hauteur de M au-dessus du géoïde. On comprend que la notion d'altitude est


nécessairement liée à celle de potentiel. Pour établir un réseau de nivellement de grande
étendue ou couvrant des zones montagneuses, il faut tenir compte des variations de g et
déterminer des différences de potentiel, et pas seulement des dénivelées mesurées par
le nivellement.

5.4 Altitude dynamique

(D ) W ( A) − W ( M )
On appelle altitude dynamique la grandeur H ( M ) =
γ (*) ( M )

Remarquons que H (D) est exprimée en mètre.

Les altitudes dynamiques H ( D) sont définies en choisissant pour γ (*) ( M ) une constante
notée γ ( D) égale à la pesanteur normale sur l'ellipsoïde, à la latitude de 45°. γ ( D) se
calcule par la formule de Somigliana. Les altitudes dynamiques ont un intérêt
scientifique évident : elles sont directement proportionnelles aux différences de
potentiel et leur interprétation physique est très simple. Elles peuvent cependant
s'écarter des hauteurs au-dessus du géoïde de 0,25 %, ce qui n'est pas tolérable pour
de nombreuses applications où l'aspect géométrique prime sur la physique. Il est
commode d'ajuster les réseaux de nivellement de grande étendue (nationaux ou
continentaux) en altitude dynamique, quitte à les transformer ensuite en altitudes
usuelles. La référence théorique des altitudes dynamiques est le géoïde.
5.5 Altitude orthométrique

On symbolise l'altitude orthométrique par H (O ) . Idéalement, l'altitude orthométrique du


point M est son abscisse curviligne au-dessus du géoïde, comptée le long de la ligne de

IV-22 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

force du champ de pesanteur ( M 0 M sur la figure 10). Ce type d'altitude est donc très
proche de l'altitude commune, la "hauteur au-dessus du niveau de la mer". La valeur
moyenne de g sur l'arc de ligne de force M 0 M est :
1
H ((MO)) M∫0 M
g~ = g ⋅ ds

ds est la différentielle de l'abscisse curviligne le long de la ligne de force. L'altitude


orthométrique de M est donc :
W ( A ) − W (M )
H ((MO)) =
g~

H((MO))
h
Marégraphe
A géoïde W=W(A) M0

N
ellipsoïde U = W0
M 0′ Q0

Fig. 11 : Altitude orthométrique.

Une formule pratique est obtenue en remplaçant g% par la valeur de g au point milieu
H ((O)
entre M 0 et M, à l'altitude , obtenue par un développement limité :
M)

2
W ( A) − W ( M)
H ((MO)) =
1  ∂g 
g (M ) +   ⋅ H ((MO))
2  ∂H  moy
 ∂g 
  est le gradient moyen de la pesanteur entre M et M 0 , g(M) est la pesanteur
 ∂H  moy
réelle en M, sur la surface topographique. Le calcul de H((MO)) à partir de W (A ) − W ( M)
est itératif mais peut être remplacé par :
W ( A) − W ( M )  1  ∂g  W ( A) − W ( M ) 
H ((MO)) = 1−
g (M)  2  ∂H  moy (g (M) ) 2 

∂g
La modélisation de est délicate, il existe plusieurs choix possibles et donc plusieurs
∂H
sous-types d'altitudes orthométriques. Pour les altitudes orthométriques de Helmert,

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-23


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

qui sont la meilleure réalisation des altitudes orthométriques, on part d'une formule due
à Bruns (Heiskanen et Moritz, 1967, p. 53) :
∂g
= −2 gJ + 4 πGρ − 2 ω 2
∂H
J est la courbure moyenne du géoïde au point M 0 , ρ est la masse volumique de la croûte
terrestre. On approxime la courbure du géoïde par celle de l'ellipsoïde, g par
l'accélération normale et on prend pour ρ une valeur moyenne, en général 2670 kg m −3.
Cela donne le gradient de Poincaré-Prey :
 ∂g 
  = −0,848 × 10 −6 s −2 = −0,0848 mGal/m
 ∂H  moy
La référence idéale des altitudes orthométriques de Helmert est le géoïde, dans la
mesure où la masse volumique réelle de la croûte terrestre est bien représentée par la
valeur moyenne adoptée.
Pour les altitudes dites orthométriques normales3 , on remplace le gradient moyen
 ∂g 
  dans la formule) par le gradient moyen de la pesanteur normale. La référence
 ∂H  moy
idéale des altitudes orthométriques normales n'est donc pas exactement le géoïde.
Relation entre altitude orthométrique et hauteur ellipsoïdale
La ligne de force du champ de pesanteur (MM 0 ) et la normale à l'ellipsoïde (MM′0) ne
différant que par la courbure de la ligne de force et la déviation de la verticale (voir
figure), on peut , à 1 mm près transformer une altitude orthométrique de Helmert en
hauteur ellipsoïdale par :
h ≈ N + H ( O)
où N est la hauteur du géoïde sur l’ellipsoïde.

5.6 Altitude normale

5.6.a Définition
On appelle surface sphéropotentielle d'un point M la surface équipotentielle du champ
normal, dont le potentiel normal est égal au potentiel réel de M . Le point Q est
l'intersection de la sphéropotentielle et de la ligne de force. L'altitude normale de M
est la hauteur Q 0Q de la surface sphéropotentielle au-dessus de l'ellipsoïde, prise le
long de la ligne de force du champ normal. L'arc de ligne de force compris entre Q et M
est l'anomalie d'altitude ζ . γ~ est l'accélération normale moyenne sur l'arc de ligne de
force du champ normal Q 0 Q :
1 U( Q0 ) − U(Q) W ( A) − W ( M )
γ~ = ∫ γ (h ) ⋅ ds = =
H ((NM)) Q 0Q H ((M
N)
) H (( NM))
où ds est la différentielle de l'abscisse curviligne de la ligne de force du champ normal.

3 Les altitudes NGF-Lallemand utilisées en France avant 1969 appartenaient à ce type, à ceci près que g n'a pas été mesuré pour estimer les
différences de potentiel, mais modélisé.

IV-24 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

M
W=W(M)
surface équipotentielle ζ
U=W(M)
Q
surface sphéropotentielle

N
H ((M ))
géoïde M0

ellipsoïde
Q0

Fig. 12 : Altitude normale.

On a donc :
W ( A) − W ( M )
H ((MN )) =
γ~
En pratique, on emploie la formule :
W (A) − W (M)  
2
W (A) − W (M)  W (A) − W (M) 
H =
(N )
1 + (1 + f + m − 2 f sin 2 ϕ ) −  
(M)
γ0  aγ 0  aγ 0  
 
aγ e cos 2 ϕ + bγ p sin 2 ϕ
où γ 0 est donné par la formule de Somigliana γ 0 =
(a 2 cos 2 ϕ + b 2 sin 2 ϕ )1 / 2
ω 2 a 2b
et m par m =
GM
Contrairement aux altitudes orthométriques, les altitudes normales sont tributaires
d'une formule de pesanteur normale donc, dans une certaine mesure, du choix d'un
ellipsoïde de référence. Par contre, elle ne dépend pas de la répartition des masses dans
la croûte terrestre.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-25


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

5.6.b Quasi-géoïde, relation entre altitude normale et hauteur


ellipsoïdale
M
W=W(M)
surface équipotentielle ζ
U=W(M)
Q
surface sphéropotentielle N
H ((M ))
h N
H ((M ))
géoïde M0

ζ quasigéoïde
ellipsoïde
Q0

Fig. 13 : Quasigéoïde

Le géoïde est la surface d'altitude normale nulle. Le quasi-géoïde est la surface obtenue
en reportant depuis chaque point M de la surface topographique, vers le bas, son
altitude normale. Pour passer d'une altitude normale à une hauteur ellipsoïdale, on ne
commet pas d'erreur supérieure à 1 mm en confondant la normale à l'ellipsoïde et la
ligne de force du champ de pesanteur. On obtient donc une relation entre la hauteur
ellipsoïdale, l'anomalie d'altitude et l'altitude normale :
h ≈ ζ + H(N)
La différence entre l'anomalie d'altitude et de la hauteur du géoïde est :
g% − γ%
N − ζ = H ( N ) − H (O) = H
γ%
où H (O ) désigne ici l'altitude orthométrique de Helmert et H désigne indifféremment
l'altitude normale ou l'altitude orthométrique. On emploie la formule et son équivalente
pour la pesanteur normale :
∂γ
= −2γJ0 − 2ω 2
∂H
J 0 est la courbure moyenne de l'ellipsoïde. Ces deux formules permettent de calculer
g% − γ% à partir des valeurs en surface g et γ :
g% − γ% = g − γ − 2 πGρH + γ ( J − J 0 ) H
Les trois premiers termes du second membre représentent, à une petite correction
près, l'anomalie de Bouguer ∆g B telle qu'elle est cartographiée, en France, par le Bureau
de Recherches Géologiques et Minières4 . Le dernier terme, qui contient la courbure du
géoïde, est plus difficile à évaluer mais est très petit. On a donc :

4 La formule de la pesanteur normale utilisée est celle de 1930.

IV-26 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

∆g B
H ( N ) − H ( O) ≈ H
γ%
Cette formule permet de convertir des altitudes de Helmert en altitudes normales, mais
ne s'applique pas aux altitudes orthométriques normales.

5.7 Comparaison entre les types d'altitudes


B
Il est clair que la somme des dénivellées élémentaires mesurées ∆n BA = ∫ d n ne peut
A
pas être à la base d'un système d'altitudes, car cette quantité dépend du "chemin
suivi" entre A et B.
Les principaux critères de choix d'un système d'altitudes sont les suivants:
• possibilité de déterminer pratiquement les altitudes avec une précision
suffisante,
‚ possibilité de négliger la différence d'altitudes entre deux points proches
situés sur la même surface équipotentielle,
ƒ possibilité d'utiliser la dénivellée géométrique ∆nAB entre deux points comme
approximation de la différence d'altitudes.

Aucun type d'altitudes ne répond parfaitement à tous les critères; chacun d'eux
représente une solution de compromis. Pour évaluer chaque type d'altitudes
relativement au 3ème critère, il convient d'avoir à l'esprit les ordres de grandeur des
variations de g à la surface de la Terre:

exactitude instrumentale exactitude instrumentale


courante ultime

9 , 8 1 0 0 0 0 0 0 0

variations en fonction de ϕ
variations du niveau des mers
anomalies maximales irrégularités de la rotation terrestre
et variations en fonction de l'altitude
(environ 0,9 mgal par mètre)
anomalies courantes variations séculaires
variations lunisolaires variations atmosphériques,
et saisonnières
Fig. 14 : Ordre de grandeur des anomalies de pesanteur

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-27


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

5.8 La conversion des hauteurs ellipsoïdales en altitudes

Les formules précédentes montrent qu'idéalement, il suffirait de disposer d'un modèle


de géoïde ou de quasi-géoïde, suivant le type d'altitude, pour effectuer ces
conversions :
H (O ) = h − N
H (N ) = h − ζ
Ces formules s'appliquent dans le cas rare d'observation et traitement d'un point isolé.
En général, on procède en mode différentiel (ou relatif). Le point M 1 étant connu en
coordonnées et altitude, l'altitude du point M 2 est calculée par :
H 2( O) = H 1(O ) + h2 − h1 − ( N 2 − N 1 )
ou
H 2( N ) = H 1( N ) + h2 − h1 − (ζ 2 − ζ 1 )
Dans le cas de points très proches et si on peut supposer que la variation de la hauteur
du (quasi) géoïde est faible, celle ci peut être négligée. Dans le cas contraire, cette
variation est déduite d'un modèle local, régional ou global de géoïde ou de quasi-géoïde.

5.9 Système d'altitudes en France continentale

Un référentiel altimétrique (ou système d'altitude idéal) est défini par :


§ un type d'altitude,
§ les constantes relatives au type d'altitude ( γ ( D) pour l'altitude dynamique,
constantes de l'ellipsoïde pour l'altitude normale, etc.),
§ une surface de référence idéale fixée par une constante W 0 ,
§ une unité.
Pour les altitudes dynamiques et orthométriques, la surface de référence idéale est un
géoïde. Pour les altitudes normales, la surface de référence idéale est un quasi-géoïde.
Un système d'altitude est réalisé par un réseau formé d'un ensemble de repères
matérialisés auxquels on a attribué une altitude. La surface de référence altimétrique
réalisée diffère de la surface de référence idéale en raison des erreurs de mesure et,
pour les altitudes orthométriques, en raison des défauts de modélisation du gradient de
la pesanteur.
Une réalisation d'un système d'altitude comprend donc l'ensemble des constantes et
algorithmes qui influent sur le système de référence, à savoir :
§ un type d'altitude et les constantes associées,
§ un point fondamental et son altitude conventionnelle. En pratique, le point
fondamental est proche d'un marégraphe et son altitude est déduite des
observations marégraphiques durant une période limitée. Il apparaît donc que la
surface de référence est fixée non par la valeur de W(A), mais par le fait quelle
passe par le point fondamental,
§ un réseau de repères de nivellement et un ensemble d'observations de nivellement
de précision et de gravimétrie,
§ un processus de calcul des altitudes des repères.

IV-28 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

La qualité d'une référence d'altitude est directement fonction de la qualité du réseau


qui la réalise. Les facteurs de qualité sont :
§ l'extension géographique,
§ l'exactitude des observations (systématismes éventuels),
§ la précision des observations (erreurs accidentelles),
§ la fiabilité du réseau (fautes d'observation et de calcul)
§ la stabilité des repères ou la connaissance de leur vitesse verticale.

En France continentale, les altitudes fournies par l'IGN sont des altitudes normales
(champ normal relatif à l'ellipsoïde GRS 1980), exprimées en mètre, la surface
équipotentielle prise comme modèle de géoïde étant le niveau moyen de la mer
Méditerranée mesuré au marégraphe de Marseille. Le système d'altitudes ainsi défini
est appelé système altimétrique IGN 1969.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-29


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

6 Estimation du géoïde

M
6.1 Anomalies de la pesanteur

vP
géoïde P
Soient M un point quelconque de la (W=W0 )
surface topographique, P l'intersection de
la ligne de force passant par M avec le N
g
P
nQ
géoïde et Q la projection de M sur
l'ellipsoïde. ellipsoïde Q
( U=U0 ) γ
Q

Fig. 15 : Anomalie de pesanteur


Comparons g P et γ Q .

L'angle entre gP et γQ est la déviation de la verticale. On note


conventionnellement η et ξ ses composantes
dans les directions respectives Est-Ouest et Nord-Sud:

η 
 
v ξ 
1
 R
L

La différence de normes g p − γ Q est appelée anomalie de pesanteur noté


∆g.

6.2 Modèle gravimétrique

On peut connaître N en fonction de ∆ g (utilisation de la formule de Stokes).


T
En effet, la formule de Bruns lie N et le potentiel perturbateur T: N = .
γ
Or, en faisant entre autres l'approximation sphérique, on démontre la
relation suivante:

∫∫ S(ψ )∆ g(P ) d σ P , avec les notations indiquées page suivante.


R
T=
4π sphère

IV-30 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

PN
• R est le rayon de la sphère
terrestre,
• (α,ψ ) sont les pseudo- α
M
coordonnées obliques d'un point P P (dσP )
quelconque de la surface ψ
k
terrestre, M étant utilisé comme
pseudo-pôle,
O
• d σ P est l'élément de surface i j
infiniment petit dans la direction
de P de la sphère de rayon 1
centrée au centre O de la Terre.
On a: Fig. 16 : Intégration des anomalies
d σ P = sin ψ d α × d ψ gravimétriques

• S(ψ ) est la fonction de Stokes:

ψ   ψ ψ 
S(ψ ) =
1
− 6 sin + 1 − cosψ 5 + 3 ln  sin + sin 2  ,
ψ 2   2 2 
sin
2

On en déduit la formule de Stokes:

R π  1 2π 
∫∫ S(ψ )∆ g(α ,ψ ) d α S(ψ ) sin ψ dψ
R
N= gdσ = ∫ ∫∆
4πγ sphère 2γ ψ = 0  2π α =0 

6.3 Modèle astro-géodésique

On peut connaître N par l'intermédiaire de ξ et η ; η et ξ étant eux-mêmes


données par la comparaison des coordonnées astronomiques et géodésiques
en un point:
(
η = cos ϕ λ a − λg )

ξ = ϕ a − ϕ g

6.4 Modèle obtenu par nivellement et GPS

Cette méthode consiste à exploiter directement la relation suivante (suivant le type


d’altitude)
N = h−H

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-31


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

où h désigne la hauteur ellipsoïdale obtenue par GPS exprimée dans un système de


référence géodésique, H l’altitude exprimée dans un système altimétrique.

N désigne donc la hauteur de l’altitude 0 du système altimétrique sur l’ellipsoïde du


système de référence géodésique.

Lorsque l’on dispose d’un semis de points déterminés dans les deux systèmes, il est
possible de déterminer par interpolation la valeur de N en n’importe quel point. Cette
méthode donne donc directement une surface de conversion des hauteurs ellipsoïdales
du système de référence en altitudes et non le géoïde (ou du moins que dans la mesure
où l’altitude 0 est proche du géoïde).

La précision de cette méthode dépend de :


§ la précision de la réalisation du système de référence géodésique,
§ la précision de la réalisation du système altimétrique,
§ la précision de la mesure GPS de h,
§ la densité de points : contrairement aux données gravimétriques ou aux modèles
numériques de terrain qui donne une information régionale pour la détermination du
géoïde, cette mesure est ponctuelle. En particulier, il n’est pas possible de prédire
des variations de la surface à des longueurs d’onde inférieures à la distance entre
les points,
§ l’interpolateur : le choix de l’interpolateur, en particulier sa régularité doit restituer
le comportement de la surface de conversion entre les points d’appui. Son choix est
important car associé à un critère statistique, il permet de détecter les fautes.

IV-32 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

6.5 listes des modèles disponibles

Modèles T* Auteur / année Etendue pas données utilisées


organisme
Levallois S Levallois/IGN 1970 France - nivellement astro-
géodésique
Levallois S Levallois/IGN 1970 France - nivellement astro-
gravimétrique
Deloménie G Deloménie/BGI- 1987 France - Gravimé trie
IGN
OSU 91 P Rapp et al. Ohio 1991 Monde Trajectographie
State University Gravimétrie
Altimétrie
EGM96 P NASA/NIMA 1996 Monde 15’ x 15’ trajectographie
altimétrie satellitaire
gravimétrie
G96-01b S Jiang/IGN 1996 France 1/40°x 1/30° points GPS nivelés
MNT
QGF96 QG Duquenne/ESGT 1996 France 1/40°x 1/30° OSU91A
et IGN Gravimétrie
altimétrie satellitaire
MNT
RAF96 S Duquenne/ESGT 1996 France 1/40°x 1/30° QGF96
et IGN points GPS nivelés
GGF97 S Harmel/Nocquet 1997 France + 0.1° x 0.1° points GPS nivelés
IGN Corse
EGG97 G, Torge/Denker 1997 Europe 1/40° x EGM96
QG IFE Université de 1/60° Gravimétrie
Hannovre Altimétrie satelittaire
MNT
EGG97F05 S Nocquet/IGN 1997 France 1/40° x EGG97
EGG97-1 D d’après EGG97 1/60° points GPS nivelés
QGF98 QG Duquenne/ESGT 1998 France 1/40°x 1/30° OSU91
Gravimétrie
Altimétrie satelittaire
MNT
RAF98 S Duquenne/ESGT 1998 France 1/40°x 1/30° QGF98
points GPS/nivelés
GPM98A/B P Wenzel/université 1998 Monde 5’ x 5’ Trajectographie
de Karlsruhe Gravimétrie
Altimétrie satelittaire
MNT
liste des modèles de géoïde et de surface de conversion altimétrique (CNIG)
*T (type de modèle) : S surface de conversion altimétrique, G modèle de géoïde, QG quasi-géoïde, P modèle de
potentiel de pesanteur

En France métropolitaine, un modèle de géoïde astro-géodésique sous la forme


d'une carte de géoïde au-dessus de l'ellipsoïde Clarke 1880 IGN dans le système

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-33


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

géodésique NTF a été établi dans les années 1970. Il est communément désigné
"modèle de géoïde Levallois".
En 1999, le CNIG5 a officiellement recommandé l'utilisation d'une nouvelle surface
de référence; la Référence d'Altitudes Françaises 1998 (RAF98). Il s'agit d'un
quasi-géoïde correspondant aux altitudes normales IGN 1969. RAF98 est une grille
régulière fournissant à chaque noeud la hauteur N du quasi-géoïde au-dessus de
l'ellisoïde GRS 1980:

N = hGRS80 − H (n)
IGN69

L'exactitude de cette grille est estimé de l'ordre de quelques cm.

Fig. 17 : Géoïde RAF98

5: Conseil National de l'Information Géographique.

IV-34 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002


CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE

Le GGF97 (Géoïde Géométrique Français) est la surface de conversion produite au


Service de Géodésie et Nivellement (SGN) de l’IGN par A. Harmel et JM. Nocquet. Elle
est obtenue simplement par interpolation de 1100 points nivelés du RBF. Cette surface a
un pas de 0.1 X 0.1° (environ 10 km). Elle peut être considérée comme la représentation
surfacique des points nivelés du RBF. Ce modèle inclut la Corse et la conversion RGF93-
IGN78.

Fig. 18 : Géoïde géométrique GGF97

Bibliographie
& Groupe de Travail du CNIG « Positionnement Statique et Dynamique »
Conversion altimétrique RGF93-IGN69
De larges extraits de ce compte rendu ont servis de support dans ce document.

Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002 IV-35


COURS D ' INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE

ANNEXES

IV-36 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2002

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