NIVELLEMENT

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 12

République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique


Université Ferhat Abbas- Sétif-1

Faculté de Technologie
Département de Génie Civil

COURS DE TOPOGRAPHIE 2
3 ème année licence GC
Semestre : 5

 CHAPITRE II : NIVELLEMENT

Par : Dr. Gharbi Ameur

1
Cours de Topographie 2 Chapitre II : Nivellement

2. NIVELLEMENT DIRECT

Principe

Le nivellement direct, appelé aussi nivellement géométrique, consiste à déterminer la


dénivelée HAB entre deux points A et B à l’aide d’un appareil : le niveau et d’une échelle
verticale appelée mire. Le niveau est constitué d’une optique de visée tournant autour
d’un axe vertical, il définit donc un plan de visée horizontal.

Fig III.14 :

La mire est placée successivement sur les deux points. L’opérateur lit la valeur ma sur la
mire posée en A et la valeur mb sur la mire posée en B. La différence des lectures sur mire
est égale à la dénivelée entre A et B. Cette dénivelée est une valeur algébrique dont le
signe indique si B est plus haut ou plus bas que A (si HAB est négative alors B est plus bas
que A).

 La dénivelée de A vers B est : HAB = ma – mb


 La dénivelée de B vers A est : HBA = mb – ma

L’altitude HA d’un point A est la distance comptée suivant la verticale qui le sépare du
géoïde (surface de niveau 0). Si l’altitude du point A est connue, on peut en déduire celle
du point B par :
HB = HA + HAB

Remarque
L’altitude est souvent notée Z au lieu de H. Attention aux éventuelles confusions avec les
coordonnées géocentriques (X, Y, Z).

2
Cours de Topographie 2 Chapitre II : Nivellement

La portée est la distance du niveau à la mire ; elle varie suivant le matériel et la précision
cherchée, et doit être au maximum de 60 m en nivellement ordinaire et 35 m en
nivellement de précision. Dans la mesure du possible, l’opérateur place le niveau à peu près à
égale distance de A et de B (sur la médiatrice de AB) de manière à réaliser l’égalité des
portées.

Fig III.15

Le niveau

Principe de fonctionnement
Le niveau est schématiquement constitué d’une optique de visée (lunette d’axe optique
(O)) tournant autour d’un axe vertical (appelé axe principal (P)) qui lui est
perpendiculaire. Le réglage de la verticalité de l’axe principal est fait au moyen d’une
nivelle sphérique. L’axe optique tournant autour de l’axe principal décrit donc un plan
horizontal passant par le centre optique du niveau qui est l’intersection des axes (P) et (O).

L’axe principal (P) peut être stationné à la verticale d’un point au moyen d’un fil à plomb,
mais généralement le niveau est placé à un endroit quelconque entre les points A et B, si
possible sur la médiatrice de AB. Un niveau n’est donc pas muni d’un plomb optique
comme un théodolite. Certains appareils possèdent une graduation (ou cercle horizontal)
qui permet de lire des angles horizontaux avec une précision médiocre, de l’ordre de ±
0,25 gr : ils ne sont utilisés que pour des implantations ou des levers grossiers.

3
Cours de Topographie 2 Chapitre II : Nivellement

Fig III.16

Mise en station d'un niveau

Le niveau n’étant pas (ou très rarement) stationné sur un point donné, le trépied est posé
sur un point quelconque. L’opérateur doit reculer après avoir positionné le trépied afin de
s’assurer de l’horizontalité du plateau supérieur. Lorsque le plateau est approximativement
horizontal, l’opérateur y fixe le niveau.

Fig III.17 :

Le calage de la nivelle sphérique se fait au moyen des vis calantes, comme indiqué sur la
figure: en agissant sur les deux vis calantes V1 et V2 (en les tournant en sens inverse l’une
de l’autre), l’opérateur fait pivoter le corps du niveau autour de la droite D3. Il amène ainsi
la bulle de la nivelle sur la droite D2 parallèle à D3. En agissant ensuite sur la vis calante
V3, il fait pivoter le niveau autour de la droite D1 et centre ainsi la bulle dans le cercle de
centrage de la nivelle sphérique.

Lectures sur mire

La mire est une échelle linéaire qui doit être tenue verticalement (elle comporte une nivelle
4
Cours de Topographie 2 Chapitre II : Nivellement

sphérique) sur le point intervenant dans la dénivelée à mesurer. La précision de sa


graduation et de son maintien en position verticale influent fortement sur la précision de la
dénivelée mesurée. La mire classique est généralement graduée en centimètre. La chiffraison
est souvent en décimètre. Il existe des mires à graduation renversée pour les optiques ne
redressant pas l’image (anciens modèles).
Le réticule d’un niveau est généralement constitué de quatre fils :

 Le fil stadimétrique supérieur (s´), qui donne


une lecture m1 sur la mire ;
 Le fil stadimétrique inférieur (s), qui donne
la lecture m2 sur la mire ;
 Le fil niveleur (n), qui donne la lecture m sur
la mire ;
 Le fil vertical (v), qui permet le pointé de la
mire ou d’un objet.

Fig III.18

La lecture sur chaque fil est estimée visuellement au millimètre près (6,64 dm sur la figure,
fil niveleur). Les fils stadimétriques permettent d’obtenir une valeur approchée de la
portée. Pour chaque lecture, il est judicieux de lire les trois fils horizontaux de manière à
éviter les fautes de lecture: on vérifie en effet, directement sur Le terrain, que:
(m1 + m2)/2 Par exemple, sur la figure : 6,64 dm = (5,69 + 7,60)/2.

Précision et tolérance des lectures


Sont énumérées ci-après les différentes fautes et sources d’erreur possibles.
Fautes
On distingue les fautes de :

 Calage : oubli de caler la bulle, compensateur bloqué ;


 Lecture : confusion du trait niveleur avec un trait stadimétrique ; confusion de
graduation ou d’unité ;
 Transcription sur carnet : mauvaise retranscription de la valeur lue.
Erreurs systématiques
Les erreurs systématiques sont :
 L’erreur d’étalonnage de la mire ;
 Le défaut de verticalité de la mire: bulle déréglée ;
 L’erreur d’inclinaison de l’axe optique: axe optique non perpendiculaire à l’axe

5
Cours de Topographie 2 Chapitre II : Nivellement

principal ;
 Le défaut de fonctionnement du compensateur.

Erreurs accidentelles
Les erreurs accidentelles sont :
 L’erreur de parallaxe qui est une mauvaise mise au point de la lunette ;
 Un mauvais calage de la bulle ;
 L’erreur de lecture sur la mire due à l’estimation du millimètre ;
 Un mauvais choix d’un point intermédiaire : point non stable ;
 Le flamboiement de l’air : il faut éviter les visées en bas de mire près du sol lorsqu’il
fait chaud.
Écarts types
Ils varient suivant les niveaux et les mires utilisées, le soin apporté au mesurage, la
stabilité des points de mire, la force du vent, etc. En nivellement ordinaire, on cumule les
erreurs de lecture sur mire listées ci-après :
 Une erreur due au calage de l’axe principal (sur un niveau non automatique) de  0,5
mm à 30 m. Cette valeur est pessimiste puisqu’avec un niveau automatique du type
NA20, la précision du calage est de  0,8´´ (soit  2,5 dmgon), ce qui donne une erreur
sur la mire de  0,1 mm à 30 m ;
 Une erreur due à la tenue de la mire (plus ou moins verticale) et à l’appréciation de la
lecture de  1mm à 30 m ;
Une erreur sur le support de la mire (sol, crapauds éventuels, etc.) de  0,5 mm.

Soit un écart type de po sur une visée.

Pour une dénivelée (deux visées), cela donne :

Sur un parcours de N dénivelées, l’écart type est donc de :

Donc la tolérance sur la fermeture du parcours est de 2,7 soit :

Si l’on considère 16 dénivelées au kilomètre, on obtient :  =  7 mm pour 1 km.


Ces valeurs sont des valeurs usuelles utilisables pour des travaux courants.

Cheminements simples
Lorsque les points A et B sont situés de sorte qu’une seule station du niveau ne suffit pas à
déterminer leur dénivelée (éloignement, masque, dénivelée trop importante, etc.), il faut
décomposer la dénivelée totale en dénivelées élémentaires à l’aide de points
intermédiaires (I1, I2, ...). L’ensemble de ces décompositions est appelé nivellement par
cheminement.
Un cheminement encadré part d’un « point origine » connu en altitude, passe par un
6
Cours de Topographie 2 Chapitre II : Nivellement

certain nombre de points intermédiaires et se referme sur un « point extrémité » différent


du point d’origine et également connu en altitude. Le cheminement de la figure est
encadré entre A et B.
Lorsque l’on cherche à déterminer l’altitude d’un point extrémité B à partir de celle
connue d’un repère A, on effectue généralement un cheminement aller-retour de A vers A
en passant par B. Ceci permet de calculer l’altitude de B et de vérifier la validité des
mesures en retrouvant l’altitude de A.
Pratique du nivellement par cheminement
Un nivellement par cheminement s’effectue par les opérations suivantes :
 la mire étant sur le point origine A, l’opérateur stationne le niveau en S1 dont il
détermine l’éloignement en comptant le nombre de pas séparant A de S1, de manière à
ne pas dépasser la portée maximale de 60 m. L’opérateur fait une lecture arrière, c’est-à-
dire dans le sens de parcours choisi, sur le point A, notée mar A ;
 Le porte-mire se déplace pour venir sur le premier point intermédiaire I1 le plus stable
possible (pierre, socle métallique appelé « crapaud », piquet etc.) et dont il détermine
l’éloignement en comptant lui-même le nombre de pas séparant A de S1 afin de pouvoir
reproduire ce nombre de pas de S1 à I1 ;
 Toujours stationné en S1, l’opérateur lit sur la mire la lecture avant sur Il notée mav I1 ;
H1 = mar A– mav I1 = lecture arrière sur A – lecture avant sur I1.
 L’opérateur doit lire les fils stadimétriques et vérifier que m  (m1 + m2)/2 ;

Fig III.19

7
Cours de Topographie 2 Chapitre II : Nivellement

La dénivelée totale HAB de A vers B est égale à la somme des lectures arrière diminuée
de la somme des lectures avant.
Remarque: Si le cheminement est fermé, la dénivelée totale doit être égale à zéro.

Fermeture du cheminement
Connaissant l’altitude de A, on peut calculer à nouveau à partir des mesures de terrain,
l’altitude de B : on appelle cette valeur de HB la valeur observée, notée HB obs.

Elle est définie par :

Si les mesures étaient exemptes d’erreurs, on retrouverait exactement l’altitude connue


HB. En réalité, il existe un écart appelé erreur de fermeture du cheminement (ou plus
simplement fermeture) qui est soumis à tolérance. Cette fermeture notée fH vaut :

Un moyen mnémotechnique permettant de se souvenir du sens de cette soustraction est


de se rappeler que le signe de l’erreur de fermeture fH doit être positif si l’altitude observée
est supérieure à l’altitude réelle c’est-à-dire : fH > 0 implique que HB obs > HB.

Si l’on appelle TH la tolérance réglementaire de fermeture du cheminement, on doit donc


vérifier : | fH|< TH . Si ce n’est pas le cas, les mesures doivent être refaites.

Compensation du cheminement
La compensation est l’opération qui consiste à répartir la fermeture sur toutes les mesures.
La compensation, notée CH , est donc l’opposée de la fermeture, c’est-à-dire : CH = – fH
Cet ajustement consiste à modifier les dénivelées partielles en répartissant la
compensation totale CH sur chacune d’elle. Cette répartition peut être effectuée de
plusieurs manières :

1- proportionnellement au nombre N de dénivelées :


On choisira ce type de compensation dans le cas où la fermeture est très faible c’est-à-dire
inférieure à l’écart type H = TH / 2,7.
8
Cours de Topographie 2 Chapitre II : Nivellement

Donc la compensation sur chaque dénivelée est :

Dans le cas où la fermeture est comprise entre écart type et tolérance, on peut choisir
entre les deux méthodes de répartition suivantes :

1. proportionnellement à la portée : on considère que plus la portée est importante et plus


la dénivelée peut être entachée d’erreur. Ceci oblige à connaître un ordre de grandeur
de la portée, qui est obtenu par stadimétrie.

La compensation sur chaque dénivelée est alors :

3- proportionnellement à la valeur absolue de la dénivelée : la compensation à appliquer à


chaque dénivelée partielle du cheminement vaut donc :

9
Cours de Topographie 2 Chapitre II : Nivellement

3. NIVELLEMENT INDIRECT

Il est intéressant d’étudier en détail cette technique puisque c’est le moyen de mesure
utilisé par les stations totales. Il est donc appelé à se généraliser, même s’il reste moins
précis sur les dénivelées que le nivellement direct.

PRINCIPE DU NIVELLEMENT INDIRECT


Le nivellement indirect trigonométrique permet de déterminer la dénivelée H entre la
station T d’un théodolite et un point P visé. Ceci est fait par la mesure de la distance
inclinée suivant la ligne de visée Di et de l’angle zénithal (noté V sur la figure).

À partir du schéma, on peut écrire que :


HTP = ht + Di.cosV – hv
HTP est la dénivelée de T vers P.
ht est la hauteur de station
(ou hauteur des tourillons).

hv est la hauteur de voyant ou plus


généralement la hauteur visée au-dessus
du point cherché (on peut aussi poser une
mire en P). Fig III.20

On en déduit la distance horizontale Dh : DhTP = Di.sinV

On en déduit la distance suivant la pente Dp :

COMPARAISON AVEC LE NIVELLEMENT DIRECT

Les avantages du nivellement indirect par rapport au nivellement direct sont les suivants :
 On peut faire du nivellement indirect en terrain à forte pente sans multiplier le
nombre des stations contrairement au nivellement direct ;
 La mesure de la dénivelée est faite en station sur le point connu, ce qui peut faire
gagner du temps lors d’un cheminement ou lors d’un lever de détails par
rayonnement puisqu’on obtient directement l’altitude des points visés outre leurs
coordonnées en planimétrie ;
 Si l’on utilise un théodolite électronique, on peut faire des visées très longues, de
plusieurs kilomètres, ce qui n’est pas possible en nivellement direct, une lecture sur
10
Cours de Topographie 2 Chapitre II : Nivellement

mire à 100 m étant déjà difficile.

Les inconvénients du nivellement indirect par rapport au nivellement direct sont les
suivants :

 Sur un chantier, pour obtenir une simple dénivelée en vue d’une vérification ou
d’une implantation, le niveau reste plus simple et plus rapide à mettre en station et
surtout plus facile à maîtriser par des non spécialistes ;
 les longues portées obligent à prendre en compte les erreurs dues à la sphéricité
terrestre, à la réfraction atmosphérique, et les corrections de réduction à
l’ellipsoïde. Mais l’informatique remédie à cet inconvénient en fournissant
directement les données corrigées de ces erreurs. Seul le nivellement direct de
précision permet d’obtenir des précisions millimétriques sur les dénivelées. La
précision des instruments de mesure électronique des longueurs des stations
modernes (IMEL) permet d’approcher la précision du centimètre sur la dénivelée
sur des portées de l’ordre du kilomètre.

CHEMINEMENTS EN NIVELLEMENT INDIRECT


Sur le terrain, le nivellement indirect reste dans son principe général identique au
nivellement direct. Les parcours effectués sont des cheminements mixtes encadrés ou
fermés sur lesquels on calcule l’erreur de fermeture altimétrique fH qui est ensuite répartie
sur les dénivelées du parcours.

Fig III.21 :

donc : HAB = htA – hvB + Di  cosVAB


soit : HBA = htB – hvA + Di  cosVBA

11
Cours de Topographie 2 Chapitre II : Nivellement

Les dénivelées se calculent de proche en proche


En pratique, on calcule chaque dénivelée et on en fait la moyenne

La dénivelée de A vers B est :

Remarquez que HAB est de signe opposé à HBA.

12

Vous aimerez peut-être aussi