Catechisme Catho
Catechisme Catho
Catechisme Catho
d e l ’ E gl i s e C a t h o l i q u e,
U N A U TR E E V ANG I L E ?
EGBERT EGBERTS
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 2
© 1998
www.croiretcomprendre.be
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 3
I N TR ODU C TI ON
1 . P R E S E NTATI ON DU C ATE C H I S ME
Le but du Catéchisme
La Constitution Apostolique Fidei depositum du pape Jean-Paul
II, datée du 11 octobre 1992, et qui figure en introduction du Ca-
téchisme, donne une bonne idée du but dans lequel l’Eglise a
entrepris ce travail énorme.
Elle a voulu créer un document répondant à quatre objectifs pré-
cis :
Servir de texte de référence pour les futurs catéchismes
dans les divers pays, exposant une doctrine sûre et adap-
tée à la vie actuelle des chrétiens, mais sans qu’il rem-
place les catéchismes existants.
De par le concours d’un grand nombre de collaborateurs
attester la catholicité de l’Eglise. Tout l’Episcopat catho-
lique a été engagé dans l’élaboration de ce texte, dont
l’idée provient du Synode des évêques, réuni en assem-
blée extraordinaire le 25 janvier 1985. Ce texte n’est
donc nullement l’expression de l’épiscopat d’un seul
pays, comme par exemple le Catéchisme des évêques de
France, publié presque en même temps.
Etre un texte qui tient compte des explications de la doc-
trine que le Saint-Esprit a suggérées à l’Eglise au cours
des temps. C’est donc un texte qui, au-delà de l’autorité
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 8
La structure du Catéchisme
Le Catéchisme est bâti sur quatre “piliers” :
La profession de la foi. Deux questions y sont traitées.
D’abord celle de la Révélation qui est le fondement de la
foi et ensuite celle du Symbole des apôtres qui en résume
les points cardinaux.
Les sacrements de la foi. Comment le salut est-il rendu
présent ? C’est le rôle des sept sacrements de l’Eglise.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 10
Notre approche
Quelle doit être notre approche de l’enseignement transmis par le
Catéchisme ? La question a son importance. On peut parcourir
ses pages et noter tout ce qu’il y a de positif selon notre point de
vue. Dans l’ensemble, lorsque le Catéchisme parle de Dieu, de
Christ, du Saint-Esprit, nous pouvons y donner notre assentiment
sans beaucoup d’hésitation. La même chose est vraie pour la plu-
part des questions éthiques. C’est ici que l’Eglise catholique est
sévèrement critiquée par beaucoup et où nous sommes plutôt de
son côté. Nous ne pouvons qu’approuver le jugement du Caté-
chisme sur l’avortement, l’homosexualité et sur des questions
semblables, dans les grandes lignes et souvent dans les détails.
Soutenant sur ces points un même combat, nous nous réjouissons
d’une telle attitude ferme contre une opposition qui ne désarme
pas.
Nous notons avec intérêt certaines expressions du Catéchisme sur
des points aussi importants que la doctrine de la justification de
la foi et l’attitude envers les chrétiens d’autres églises. Mais nous
relevons aussi que sur ces points, le Catéchisme dit parfois des
choses contradictoires !1
Cependant, il ne faut pas oublier que toutes les doctrines tradi-
tionnelles, qu’en descendants spirituels des apôtres et des réfor-
mateurs nous avons toujours contestées, sont maintenues et clai-
rement enseignées dans le Catéchisme. Nous serions tentés de
dire que la doctrine de Trente et de Vatican I s’y trouve exprimée
dans le langage de Vatican II.
1
Voir appendice 2.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 11
2
Voir appendice 1, document 1.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 13
La démangeaison du dialogue.
Notre époque est celle du relativisme. Rien n’est absolu, rien
n’est vrai pour tout le monde. Personne n’est supérieur à l’autre
et aucune religion ne peut se considérer comme au dessus d’une
autre. Il faut respecter tout le monde et ne pas vouloir assommer
qui que ce soit avec ses propres opinions. Chacun sera sauvé à sa
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 14
Le dégoût de la doctrine.
3
Regard sur le catholicisme contemporain, Cachan : Alliance Evangélique Fran-
çaise, sans date, p.5. C'est la traduction française d'une étude entreprise par la
World Evangelical Fellowship et publiée en 1986.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 15
c’est le cas, les renvois sont indiqués par l’abréviation CEF, sui-
vie du numéro du paragraphe.4)
4
Catéchisme des évêques de France, publié dans Le livre de poche LP 10, Paris :
1993.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 17
2 . L E P R OB LE ME D E L’ A U TOR I TE
Voici la question qui sous-tend toutes les autres : quel est le cri-
tère pour juger de la véracité ou de l’utilité de toute doctrine, de
toute pratique religieuse, de toute foi ? Chaque discussion avec
Rome finit par arriver à la grande question de l’autorité. Dès
qu’on nous dit : l’Eglise enseigne ceci ou cela, nous demandons
aussi vite, et sans méchanceté : mais que dit l’Ecriture ? Par
exemple, la phrase typique qu’on rencontre à bon nombre
d’endroits dans le Catéchisme : “La Sainte Eglise, notre mère,
tient et enseigne...” (§36) nous pousse d’emblée à la question :
Est-ce bien l’enseignement de l’Ecriture ? Pour nous, la phrase
“La Bible dit...” est bien plus pertinente. C’est toujours à elle
qu’il faut revenir.
C’est à cause de l’ancien principe du Sola Scriptura que nos dis-
cussions sont souvent si difficiles. Pour nous, chrétiens protes-
tants évangéliques, l’autorité de l’Eglise doit toujours plier de-
vant celle de la Parole de Dieu. Tôt ou tard, il faut se demander
qui a inspiré tel dogme, telle pratique. Si c’est le Saint-Esprit,
pourquoi semble-t-il inspirer chez une partie si importante de
l’Eglise des convictions diamétralement opposées sur ces mêmes
points ?
La Révélation.
L’Ecriture Sainte est la parole de Dieu par laquelle il entre en
conversation avec ses fils, §104. Avec la venue de Jésus, la Révé-
lation est achevée. Il n’y a donc pas d’autre Révélation après lui,
§66,73. L’Eglise vénère cette Parole au même titre qu’elle vénère
le Corps de Christ, §103, car ce livre enseigne “fermement, fidè-
lement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée
pour notre salut”, §107.
Jusque là, nous ne pouvons que marquer notre accord. Et encou-
rager tout un chacun à prendre au sérieux l’exhortation du Caté-
chisme “à acquérir, par la lecture fréquente des divines Ecritures,
la science éminente de Jésus-Christ”, §133.
pecte. D’ailleurs, cette Tradition n’a aucun lien avec les apôtres.
L’appeler “apostolique” lui donne à tort un air de respectabilité
aux oreilles non averties.
La Tradition.
La Révélation divine, inspirée et unique, a été transmise par les
apôtres et leurs successeurs les évêques. Dans un sens, cette tra-
dition est déjà le fait que les apôtres ont mis par écrit le message
de salut, §76,77. Cependant, elle est beaucoup plus. Sous le vo-
cable Tradition est compris un ensemble d’enseignements trans-
mis au travers de l’histoire qui sont distincts de la Sainte Ecriture,
quoique étroitement liés à elle, §78.
Cela, bien sûr, ne nous aide guère à discerner ce qui fait partie de
cette Tradition. Un si grand respect et une telle autorité accordés
à un ensemble d’écrits produits à travers les siècles de l’Histoire
chrétienne soulèvent des questions sérieuses. Comme l’écrit
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 20
Le Magistère.
Nous arrivons ici au point essentiel de ce chapitre. Tout ce que le
Catéchisme et l’Eglise peuvent dire de beau et de vrai sur la Pa-
role de Dieu doit être compris et reçu au travers du filtre du Ma-
gistère. Ce filtre est hautement restrictif.
“La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu,
écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de
l’Eglise...” Cette charge appartient aux évêques en communion
avec le successeur de Pierre, l’évêque de Rome, selon la formule
consacrée, §85. Le Magistère se place-t-il alors au-dessus de la
Parole de Dieu ? Non, dit le §86, mais il la sert. Ce service à la
Bible doit toutefois être reçu avec docilité par les fidèles. Le §87
5
Jacques BLOCHER, Le Catholicisme à la lumière de l'Ecriture Sainte, Nogent-sur-
Marne : Editions de l'Institut Biblique de Nogent, 1979, p.20.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 21
6
§1776-1802 : voir le détail dans l’appendice 2, point 1 : A qui obéir : à sa cons-
cience ou à l’église ?
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 23
Si d’un côté, pour savoir ce que dit l’Ecriture, les fidèles doivent
se laisser guider par la perception qu’en a eue l’Eglise dans sa
Tradition et si d’un autre côté la collectivité des fidèles ne peut se
tromper dans la foi lorsque, des évêques jusqu’au dernier des
fidèles laïcs, elle apporte aux vérités concernant la foi et les
mœurs un consentement universel, ne finit-on pas par raisonner
en cercle ? Le consentement est obligatoire et en même temps il
engendrerait l’infaillibilité ! C’est vraiment trop beau (§92, cf.
CEF §56, 64). Et qui dit que le grand nombre a nécessairement
raison ?
Dès que l’Ecriture est dite être lue “bien plus dans le cœur de
l’Eglise que dans les moyens matériels de son expression”, §113,
on soumet la parole incorruptible de Dieu à la faiblesse des hu-
mains. Elever cette faiblesse à l’infaillibilité relève d’une audace
affreuse. C’est ouvrir l’Eglise au risque de voir s’installer l’erreur
à la place de la vérité et l’arrogance à la place de l’humilité. C’est
en dernier ressort Dieu qui se trouve détrôné et domestiqué par
les hommes. Au lieu de dire : que veut le Seigneur ?, on n’entend
plus que : que dit l’Eglise ? Par exemple, que la mort soit la con-
séquence du péché, ce n’est plus avant tout la Bible qui l’affirme,
7
Jacques BLOCHER, Op.cit. p.20 C'est nous qui soulignons.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 25
Jésus avait dit que la parole de Dieu est la vérité, Jean 17.17 et
que le fait de demeurer dans sa parole nous ferait connaître la
vérité et nous rendrait libres, Jean 8.31,32. Quelle est cette pa-
role ? Les dogmes de l’Eglise ? C’est ce que prétend le Caté-
chisme, §89, mais pour lire cela dans les paroles de Jésus il faut
s’adonner à une bien curieuse façon d’interpréter la Bible. Face
aux Juifs partisans de la Tradition, Jésus renvoie les gens à
l’Ecriture : “Vous êtes dans l’erreur, parce que vous ne compre-
nez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu”, Matthieu 22.29. En
fait, il accusait les Pharisiens d’annuler la Parole de Dieu par leur
tradition, Marc 7.13. Selon les paroles mêmes de Jésus, il est
donc possible d’annuler la parole de Dieu par la tradition. Que
dirait-il aujourd’hui ?
3 . Q U ’ E S T- C E QU E L’ E G LI S E ?
Le Credo
“Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique” dit le
Symbole de Nicée-Constantinople, p 50 du Catéchisme. Les pa-
ragraphes 811 à 870 développent cette phrase. “L’Eglise, rappelle
le premier Concile du Vatican, en raison de sa sainteté, de son
8
Gregor DALLIARD, Je n’avais plus le droit d’être prêtre, Nyon (Ch) : Librairie
Chrétienne Carrefour, 1993.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 31
2. En Jean 17, Jésus prie pour l’unité de ceux qui croient en lui,
vv. 11, 21-23. Mais qui sont-ils ? Quelle est leur foi ? Com-
9
Voir appendice 3 : Une église unie ?
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 33
D’où vient cette idée ? §757 cite Galates 4.26 en disant que
“l’Eglise s’appelle encore... ‘notre mère’”. Paul y parle de la Jé-
rusalem d’en haut qui est notre mère dans un passage allégorique
unique en son genre. Est-ce qu’il pensait à l’Eglise comme une
mère ? Rien n’est moins sûr. A aucun moment les chrétiens du
Nouveau Testament ne sont appelés à respecter l’Eglise comme
une mère. Le Catéchisme semble l’avoir bien compris et ne
pousse pas l’idée plus loin.
En fait, l’idée vient d’une autre source. La maternité de l’Eglise
est dérivée de la maternité de Marie qui constitue “la réalisation
exemplaire”, typus, de l’Eglise, §967. Les évêques de France sont
plus clairs : “Parler de Marie, c’est encore parler de l’Eglise”.
L’Eglise, quand elle contemple la sainteté de la Vierge “devient à
son tour une Mère... elle engendre, à une vie nouvelle et immor-
telle, des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu”, CEF
§343,354. Le dernier texte provient de Lumen Gentium.
Est-ce que cela veut dire que nous abaissons l’Eglise ? Loin de là.
Nous ne sommes pas les fils de la Mère Eglise précisément parce
que nous sommes l’Eglise. L’ériger en Mère, c’est créer la dis-
tance entre l’institution et ses membres, c’est diviser artificielle-
ment une certaine entité mystique et les chrétiens. Quand cette
entité est ensuite confondue avec l’église institutionnelle, avec la
hiérarchie vaticane, la relation mère-fils se transforme très vite en
relation maîtresse-esclave.
Mais le détournement va encore plus loin. L’Ecriture appelle
l’Eglise l’épouse de Christ, Ephésiens 5.25-27. En s’établissant
orgueilleusement comme mère, l’église-institution dégrade
l’épouse adulte et responsable que nous sommes collectivement
en enfants irresponsables et dépendants. L’Eglise, ce n’est plus
nous, c’est une administration qui a le pouvoir de nous unir ou de
nous séparer de notre Père céleste. Et parce que nous ne sommes
10
Intervention lors du Centre Evangélique à Nogent-sur-Marne en novembre
1991.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 41
La Papauté
C’est plus loin que le Catéchisme traite du sacrement de l’Ordre,
et nous laisserons donc pour le moment la question plus générale
de la hiérarchie ecclésiastique. Dans le cadre de ce chapitre-ci, il
faut par contre évaluer l’enseignement de l’Eglise sur sa concep-
tion de la Papauté. Voici d’abord les points saillants de cet ensei-
gnement.
“Le Seigneur a fait du seul Simon, auquel Il donna le nom de
Pierre, la pierre de son Eglise. Il lui en a remis les clefs; Il l’a
institué pasteur de tout le troupeau. (...) Cette charge pastorale...
appartient aux fondements de l’Eglise. Elle est continuée par les
évêques sous la primauté du Pape”, §881. Voilà le texte clef,
fondé sur Matthieu 16.18,19.
Comment, cette charge s’exerce-t-elle dans l’Eglise ?
En tant que Vicaire (= remplaçant) de Christ et Pasteur de toute
l’Eglise, le Pontife romain a sur l’Eglise “un pouvoir plénier,
suprême et universel qu’il peut toujours librement exercer.” Il est
“principe et fondement de l’unité” de l’Eglise, §882. Cela veut
dire qu’à aucun moment, les évêques ne puissent s’établir en
autorité indépendante du pape. Ils ne peuvent agir “qu’avec le
consentement du Pontife romain”, §883. Même un Concile Œcu-
ménique ne peut exister légalement à moins d’avoir été “confirmé
ou tout au moins accepté par le successeur de Pierre”, §884.
Donc, même si la totalité des évêques devait se réunir, mais sans
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 42
11
Op.cit. p.48.
12
Voir appendice 2, point 2 : Sur quel roc, l’Eglise est-elle bâtie ?
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 46
13
Op.cit. p.49. Pour le détail, voir aussi Mgr PHOTIOS et l’Archimandrite PHILARETE,
Le nouveau Catéchisme contre la foi des Pères, Lausanne : L’Age d’Homme,
1993, p.36ss.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 47
14
Blocher, op.cit. p.55.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 50
15
Voir BLOCHER, op.cit. p.59.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 51
16
F.F. BRUCE, Paul, Apostle of the Heart Set Free, Londres : Paternoster, 1977,
cité in Perspectives du ministère, Villeurbanne : ITEA, 1994, section 5D, p.14,15.
17
Voir à ce sujet l’excellent livre d’Alexandre HISLOP, The Two Babylons,
4
Londres : Partridge, 1916, 1965 (en français : Les deux Babylones). Il y décrit
dans le détail les origines lointaines des rites et coutumes romains.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 53
Il sera clair que les relations entre l’Eglise catholique et les autres
Eglises n’ont jamais été simples. Nous avons déjà cité le §816 qui
enseigne que c’est
“par la seule Eglise catholique du Christ... que peut s’obtenir
toute la plénitude des moyens de salut. Car c’est au seul collège
apostolique, dont Pierre est le chef, que le Seigneur confia, se-
lon notre foi, toutes les richesses de la Nouvelle Alliance, afin
de constituer sur la terre un seul Corps du Christ...” (c’est nous
qui soulignons).
Cette “seule Eglise catholique” n’est pas l’Eglise universelle,
mais bien cette Eglise romaine à l’intérieur de laquelle seule,
selon elle, peut s’obtenir le salut, §846. C’est son unité qui serait
voulue de Dieu et qui est le but de tout processus de réunifica-
tion.
Car l’unité a été blessée. Des fautes de part et d’autre ont créé des
ruptures parmi lesquelles le Catéchisme distingue l’hérésie,
l’apostasie et le schisme, §817. Vatican II a introduit une nou-
velle façon de considérer ses ruptures. “Ceux qui naissent au-
jourd’hui dans des communautés issues de telles ruptures ‘et qui
vivent la foi au Christ, ne peuvent être accusés de péché de divi-
sion, et l’Eglise catholique les entoure de respect fraternel et de
charité’” en les appelant à bon droit “des frères dans le Sei-
gneur”, §818. Pourtant, ces Eglises séparées puisent leur force
dans “la plénitude de grâce et de vérité que le Christ a confiée à
l’Eglise catholique”, §819.
Comme l’unité “subsiste de façon inamissible dans l’Eglise ca-
tholique”, §820, la prière du Christ (“Que tous soient un”) trouve
son exaucement dans un mouvement de retour vers l’Eglise une,
sainte, catholique et apostolique qui est la mère de tous. Le fon-
dement de cette communion entre chrétiens de différentes Eglises
est le baptême validement reçu. Bien sûr, cette communion n’est
pas encore pleine, elle est imparfaite. Mais le baptême constitue
déjà le lien sacramentel d’unité entre ceux qui ont été régénérés
par Christ, §1271, cf. 818. Il est, comme le titrent les évêques de
France, “un trésor œcuménique”, CEF §403. Cependant, cette
communion est imparfaite, parce que tous ces chrétiens ne gar-
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 56
19
Regard, p.8.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 58
20
Voir appendice 1, document 2.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 59
4 . L A V I E RG E M ARI E
21
Regard, p.11.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 61
Christ et Marie.
“Marie est invitée à concevoir” le Christ (§484, c’est nous qui
soulignons). Son “consentement” devient l’acte crucial de
l’incarnation, avec la compréhension suivante : “‘ce que la vierge
Eve avait noué par son incrédulité, la Vierge Marie l’a dénoué
par sa foi’; comparant Marie avec Eve, ils [les Pères] appellent
Marie ‘la Mère des vivants’ et déclarent souvent : ‘Par Eve la
mort, par Marie la vie’.” (§494)
Pour que la Vierge puisse remplir ce rôle, il fallait bien sûr que
Dieu la prépare. “Le Père des miséricordes a voulu que
l’Incarnation fût précédée par une acceptation de la part de cette
Mère prédestinée...”, §488. Cette préparation, essentielle selon
l’Eglise, est la raison derrière le dogme de l’Immaculée Concep-
tion, §490-493.
Ce dogme est fondé sur la traduction, erronée, de la parole de Luc
1.28 où l’ange Gabriel salue Marie comme étant “pleine de
grâce”, gratia plenam. Elle avait été “rachetée dès sa conception”
et “préservée intacte de toute souillure du péché originel”. Le
beau texte de Paul en Ephésiens 1.3,4 s’applique à elle “plus qu’à
toute autre personne créée”. Elle a été “pétrie par l’Esprit Saint,
et formée comme une nouvelle créature.” De la sorte, elle “est
restée pure de tout péché personnel tout au long de sa vie.” Elle
est ainsi l’unique exemple d’une personne sauvée “par anticipa-
tion”, CEF §349.
Le dogme date de 1854, proclamé par Pie IX en ces mots :
“...pour l’honneur de la sainte et indivisible Trinité, pour la
gloire et l’ornement de la Vierge Mère de Dieu (...) Nous décla-
rons... que la doctrine qui tient que la Bienheureuse Vierge Ma-
rie, dans le premier instant de sa conception, a été... préservée
et exempte de toute tache du péché originel, est révélée de
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 62
22
Citée in Regard p.12.
23
Hislop y revient en détail dans son livre.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 63
L’Esprit-Saint et Marie.
“Marie, la Toute Sainte Mère de Dieu, toujours Vierge est le chef
d’œuvre de la mission du Fils et de l’Esprit dans la plénitude du
temps. Pour la première fois dans le dessein du salut et parce que
son Esprit l’a préparée, le Père trouve la Demeure où son Fils et
son Esprit peuvent habiter parmi les hommes.” Les plus beaux
textes sur la Sagesse (dont Proverbes 8.1 à 9.6) sont lus en rela-
tion avec elle. Dans la liturgie, elle est chantée et représentée
comme “le Trône de la Sagesse”, §721. Cela correspond au texte
suivant de Lumen Gentium 53 : Marie est “la fille de prédilection
du Père et le sanctuaire du Saint-Esprit”.
Les paragraphes suivants, 722-726, y ajoutent les commentaires
suivants. C’est le Saint-Esprit qui l’a préparée pour que, conçue
sans péché, elle soit parmi les créatures “la plus capable d’accueil
au Don ineffable du Tout-Puissant”. C’est ainsi “avec et par
l’Esprit” qu’elle conçoit et enfante le Fils de Dieu. Le Saint-
Esprit manifeste en elle le Fils du Père. “Elle est le Buisson ar-
dent de la Théophanie définitive”. C’est “par Marie” que
“l’Esprit Saint commence à mettre en communion avec le Christ
les hommes... : les bergers, ...les époux de Cana et les premiers
disciples.” Et, “au terme de cette mission de l’Esprit, Marie de-
vient la ‘Femme’, nouvelle Eve ‘mère des vivants’, Mère du
‘Christ total’ (Cf. Jean 19.25-27). C’est comme telle qu’elle est
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 64
L’Eglise et Marie.
Le troisième contexte est celui de la doctrine de l’Eglise.
“Elle (Marie) est aussi vraiment ‘Mère des membres [du Christ]
(...) ayant coopéré par sa charité à la naissance dans l’Eglise des
fidèles qui sont les membres de ce Chef”. Elle est “Mère de
l’Eglise”, §963.24 “Comme la foi d’Abraham avait marqué le
début de l’Ancienne Alliance, la foi de Marie est située à l’aurore
de la Nouvelle Alliance. Marie, elle aussi, a cru et espéré contre
espérance”, CEF §346. Mieux (ou pire...), à la croix, “la Nou-
velle Eve, comme le suggère Saint Jean, enfante le monde nou-
veau qui naît du calvaire”, CEF §351.
Son rôle est d’abord et surtout maternel. Cela découle de son
union avec son Fils dans l’œuvre du salut qui se manifeste parti-
culièrement lors de la conception virginale du Christ et lors de la
passion. Effectivement, elle était là, “souffrant cruellement avec
son Fils unique, associée d’un cœur maternel à son sacrifice,
donnant à l’immolation de la victime, née de sa chair, le consen-
tement de son amour...”, §964, cf. 969. Ce rôle maternel ressort
encore après l’Ascension lorsqu’elle a “assisté de ses prières
l’Eglise naissante”, §965.
Cette maternité a été en quelque sorte couronnée lors de
l’Assomption. Elevée corps et âme à la gloire du ciel, elle est
“exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être
ainsi plus entièrement conforme à son Fils...”; “...Tu as rejoint la
source de la Vie, toi qui conçus le Dieu vivant et qui, par tes
prières, délivreras nos âmes de la mort”, §966.
24
Comme l’Eglise est sensée être la mère des chrétiens (“notre sainte mère,
l’Eglise”) et comme Marie est “Mère de l’Eglise”, est-elle donc la grand-mère
des chrétiens ?
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 65
25
Regard, p.12,13. Les évêques de France rappellent que l’Eglise interprète ici
les données du Nouveau Testament, CEF §350. Ils oublient de préciser les-
quelles...
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 66
La place unique de Marie résulte dans une piété envers elle qui
“est intrinsèque au culte chrétien”. Elle “‘est légitimement hono-
rée par l’Eglise d’un culte spécial. [Ce culte qui lui est d’ailleurs
rendu] depuis les temps les plus reculés... sous le titre de ‘Mère
de Dieu’ (...) bien que présentant un caractère absolument unique
(...) n’en est pas moins essentiellement différent du culte
d’adoration qui est rendu au Verbe incarné ainsi qu’au Père et à
l’Esprit Saint; il est éminemment apte à le servir’; il trouve son
expression... dans la prière mariale, telle le Saint Rosaire, ‘abrégé
de tout l’Evangile’”, §971. Cette attitude croyante à l’égard de
Marie s’est développée “spontanément” dans la tradition de
l’Eglise, CEF §355.
__________________
Est-ce que les traditions diverses de piété mariale ont été abo-
lies ?
Lumen Gentium 54, déjà cité, dit : “...demeurent légitimes les
opinions qui sont librement proposées dans les écoles catholiques
au sujet de celle qui occupe dans la Sainte Eglise la place la plus
élevée au-dessous du Christ et nous est toute proche.” Et plus
loin : “...les formes diverses de piété envers la Sainte Vierge, que
l’Eglise a approuvées, en les maintenant dans les limites d’une
saine doctrine orthodoxe et en respectant les conditions de temps
et de lieu, le tempérament et le génie des fidèles, font que, à tra-
vers l’honneur rendu à sa Mère, le Fils... peut être comme il le
doit (sic; en latin : rite, selon le rite, légalement) connu, aimé,
glorifié et obéi dans ses commandements”, 66.
Dans cette optique, le Concile engage “tous les fils de l’Eglise à
apporter un concours généreux au culte, surtout liturgique, envers
la bienheureuse Vierge, à faire grand cas des pratiques et exer-
cices de piété envers elle, que le magistère a recommandées au
cours des siècles; il recommande de conserver religieusement
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 69
Né de la vierge Marie
Une des accusations fréquentes que nous entendons comme chré-
tiens non catholiques est : “Vous ne croyez pas à la Vierge !”
Avant d’aller plus loin, il n’est alors pas inutile de dire ce que
nous croyons à son sujet. Comme d’habitude, nous nous tournons
vers la Parole de Dieu, unique source d’autorité que nous possé-
dons sur Marie.
26
Dans l'appendice 1, les documents 3 et 4 donnent deux exemples de ces
pratiques et exercices de piété mariale, visées par Vatican II; les documents 5 et
6 y ajoutent deux titres récents de la Vierge. Les évêques de France rappellent à
ce sujet la vénération de la Vierge à Lourdes, CEF §349.
27
Dans l’Encyclique Redemptor Hominis, cité par le Regard, p 14.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 70
Heureux plutôt...
En Luc 11.27,28, on dit à Jésus : “Heureux le sein qui t’a porté et
les mamelles qui t’ont allaité !” N’est-ce pas l’accomplissement
des paroles mêmes de Marie (“toutes les nations me diront bien-
heureuse”) ? Pourtant, Jésus répond de manière très différente :
“Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la
gardent !” Cela nous pousse à poser la question suivante : Le
culte de la Vierge, est-il licite, est-il permis d’après la parole de
Dieu ? En la louant, honorons-nous celle que Dieu veut honorer ?
En refusant ce culte, aurons-nous fait défection de la foi divine ?
De nouveau, comme nous l’avons dit précédemment, la question
est d’une grande importance. Notre salut en dépend, si nous de-
vons croire les paroles de Pie XII, citées plus haut. Examinons
donc la doctrine mariale à la lumière de la Bible.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 72
Ainsi, nous dit-on, c’est autour de Marie, que l’Eglise est réunie
ce jour de la Pentecôte. Elle n’est pas avec les disciples, mais au
milieu d’eux. Ils sont tous sont autour d’elle. Elle les assiste de
ses prières. Assistance tellement efficace qu’ils reçoivent tous le
Saint-Esprit. Grâce à elle, sans doute !
Nous l’avons déjà dit et il faut le redire : Dieu est volé. Son
amour est dénigré. Sa grâce est méprisée. Sa gloire est donnée à
un(e) autre. Suivre le Catéchisme dans ce domaine, c’est faire
naufrage en ce qui concerne la foi. Si le Catéchisme a raison, la
Bible peut être mise de côté. Manifestement, elle s’est trompée
dans ce qu’elle dit de Marie et elle nous trompe en ce qu’elle ne
dit pas de Marie. Bien plus, si le Catéchisme a raison, il faut
croire que la doctrine de la Trinité sera bientôt à mettre à jour.
Dieu la Mère arrive ! N’est-ce pas ce qui est déjà pressenti dans
les textes que nous avons cités ?
5 . L E S S AC R E ME NTS
C’est avec une certaine réticence que nous abordons le sujet des
sacrements. Pourquoi ? Parce que nous touchons ici à l’un des
domaines les plus intimes de la vie chrétienne. Notamment lors-
que le croyant se réunit autour de la table du Seigneur, il vit un
moment très particulier. Au milieu de ses frères, conscient de leur
présence, il est en même temps seul avec le Seigneur. Qui
sommes-nous à vouloir nous immiscer dans cette intimité ? Ne
faut-il pas une certaine hésitation avant de lancer la discussion ?
Pourtant, même l’apôtre Paul s’est senti forcé à le faire. Chez les
chrétiens de Corinthe, la rencontre autour de la table du Seigneur
s’était dégradée et Paul s’exprime en des termes très forts afin de
corriger leurs erreurs, cf. 1 Corinthiens 10 et 11.
Son exemple nous encourage dans notre démarche. Même ici, ou
plutôt, surtout ici, l’Eglise doit marcher comme la Bible lui dit de
marcher. Dans cette question, loin de nous d’imposer quoi que ce
soit qui serait seulement d’invention et de fabrication humaine.
Par leur nature, et par le sens que nous leur donnons, les sacre-
ments peuvent devenir de puissants moyens pour diriger et con-
trôler l’Eglise. Ils peuvent être manipulés dans le but d’asservir
les hommes au lieu d’être pour eux des moyens de servir Dieu et
de s’approcher de lui. C’est parce que les sacrements doivent
toucher l’homme dans son intimité la plus profonde que nous
devons être encore plus prudents d’agir selon la Parole de Dieu.
Selon notre habitude, regardons ce que dit le Catéchisme et puis,
au fur et à mesure, évaluons ses propos d’après l’Ecriture.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 85
Gestes du Christ
“L’Eglise est le grand sacrement de la communion divine”,
§1108. Au centre de cette Eglise se trouvent les signes visibles de
la grâce invisible, que sont les sacrements, CEF §359. Ici, et en
particulier avec le sacrifice de la Messe, nous entrons au cœur de
la vie catholique. L’Eglise est avant tout une assemblée sacra-
mentelle. Cela reçoit un sens œcuménique profond lorsque
l’Eglise est appelée “le sacrement de l’unité”, §1140. L’unité des
chrétiens passe nécessairement par l’Eglise qui prie dans les sa-
crements, §1126. La vie du Christ est communiquée par les sa-
crements. En recevant les offrandes devenues le corps et le sang
du Christ, les fidèles “deviennent eux-mêmes une vivante of-
frande à Dieu”, §1105. Les sacrements sont “les chefs-d’œuvre
de Dieu” dans la nouvelle alliance. C’est là que la force vivante
et vivifiante du Christ est disponible pour les croyants, §1116.
Plus encore, c’est dans les sacrements que Christ lui-même est
agissant. L’exemple donné est celui du baptême, §1087, 1127. Et
parce que Christ agit par eux, en eux, les sacrements sont effi-
caces. Ils communiquent la grâce qu’ils signifient sans dépendre
d’un instrument intermédiaire. Ils agissent, comme on dit, Ex
opere operato, par le fait même que l’action est accomplie. “Dès
lors qu’un sacrement est célébré conformément à l’intention de
l’Eglise, la puissance du Christ et de son Esprit agit en lui, indé-
pendamment de la sainteté personnelle du ministre”, §1128. C’est
en participant ainsi à l’œuvre de Christ que les fidèles récoltent le
fruit de la vie sacramentelle : ils sont “déifiés” par l’Esprit en
étant unis vitalement au Fils unique, Sauveur. On comprend
pourquoi les sacrements sont nécessaires au salut, comme l’avait
déjà affirmé le Concile de Trente, §1129.
Les sacrements sont aujourd’hui dans l’Eglise ce que furent les
signes et les miracles dans la vie du Christ, §1151,1152. Par eux,
le Christ tout entier (Christus totus) est à l’œuvre, le Christ avec
son Eglise au travers du ministère ordonné, §1136,1142. Car sans
ce dernier, il n’y a pas de sacrement.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 86
30
L’expression vient de Dietrich BONHOEFFER, Le prix de la grâce, Genève-Paris :
Labor et Fides - Cerf, 1985.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 88
et ils ont payé leur présomption de leur vie. Nous ne pouvons pas
non plus nous imaginer d’avoir Dieu dans notre manche. Comme
l’a dit Jean Calvin : “Lorsque je baptise, est-ce comme si j’avais
le Saint-Esprit en bout de manche pour le donner à tout moment ?
Ou le corps et le sang du Seigneur à offrir à qui me plaît ? Ce
serait bien présomptueux d’attribuer à des créatures mortelles ce
qui appartient à Jésus-Christ”31.
Le baptême
“Le Baptême est le sacrement de la régénération par l’eau et dans
la parole”. C’est par le baptême que “nous sommes libérés du
péché et régénérés comme fils de Dieu, nous devenons membres
du Christ et nous sommes incorporés à l’Eglise et faits partici-
pants à sa mission”, §1213.
Donné aux nourrissons, il constitue pour eux “un acte unique qui
intègre de façon très abrégée les étapes préalables à l’initiation
chrétienne”, §1231. L’Eglise demande à Dieu que l’Esprit Saint
descende dans l’eau baptismale, “afin que ceux qui y seront bap-
tisés ‘naissent de l’eau et de l’Esprit’ (Jean 3.5)”, §1238.
L’onction du saint chrême complète le rite et signifie que le bap-
tisé est devenu un chrétien, c’est à dire “oint” de l’Esprit Saint,
§1329. On parlera alors facilement de la “nouvelle naissance dans
le Baptême”. Et pour ne pas priver les enfants d’une telle grâce
inestimable, il faudrait conférer le baptême peu après la nais-
sance, §1250. D’ailleurs, cette tradition du baptême des nourris-
sons est “immémoriale”, attestée depuis le IIe siècle, §1252.
Qu’arrive-t-il si un enfant meurt sans baptême ? Notons que le
Catéchisme, §1261, a fait disparaître les Limbes. Cependant, il
faut prier pour leur salut, §1283. Et les évêques de France rappel-
lent que “l’Eglise a manifesté ne pas connaître d’autre moyen, en
31
Cité dans le Regard, p.35.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 91
issus d’une culture “chrétienne”. Mais Dieu n’est jamais lié à une
culture. Il est le Père de ceux qui sont devenus ses enfants par
leur confiance personnelle en Jésus-Christ, son Fils. C’est eux
que Dieu a marqué de son sceau, après qu’ils ont entendu
l’Evangile et qu’ils ont cru, Ephésiens 1.13,14. L’Esprit de Dieu
ne descend pas dans l’eau du baptistère (vague souvenir de Jean
5.4), même si l’Eglise toute entière devait prier dans ce sens du-
rant des siècles. Il n’y a donc aucune magie dans l’eau du bap-
tême.
La confirmation
Le baptême de par lui-même est insuffisant. La confirmation est
“nécessaire à l’accomplissement de la grâce baptismale”, §1285.
Bien que le baptême soit valide et efficace, “l’initiation chré-
tienne reste inachevée”, §1306. La confirmation, donnée une
seule fois, imprime “dans l’âme une marque spirituelle indélé-
bile, le ‘caractère’ qui est le signe de ce que Jésus-Christ a mar-
qué un chrétien du sceau de son Esprit en le revêtant de la force
d’en haut pour qu’il soit son témoin”, §1304, cf. §1295. Les
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 95
domestiqué ? Le vent, a-t-il été mis en cage (cf. Jean 3.8) ? Peut-
on rabaisser l’Esprit du Dieu vivant à une chrismation rituelle,
dispensée par un clerc ?
L’eucharistie
L’eucharistie est présentée comme le sacrement qui achève
l’initiation chrétienne, §1322. Elle est bien sûr beaucoup plus.
C’est le rite central et essentiel de l’Eglise, “source et sommet de
toute la vie chrétienne”, contenant “tout le trésor spirituel de
l’Eglise”. Par l’eucharistie, “Dieu sanctifie le monde”,
§1324,1325. C’est ici le moment clef où l’Eglise transforme du
pain et du vin en le corps et le sang du Seigneur Jésus-Christ,
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 98
L’Eucharistie est célébrée sur un autel, et non pas sur une table.
Elle y “représente (rend présent) le sacrifice de la Croix”. Christ
a voulu ainsi “laisser à l’Eglise, son épouse bien-aimée, un sacri-
fice visible (comme le réclame la nature humaine), où serait re-
présenté le sacrifice sanglant qui allait s’accomplir une unique
fois sur la Croix (...) et dont la vertu salutaire s’appliquerait à la
rédemption des péchés que nous commettons chaque jour”,
§1366. Plus encore, “le sacrifice du Christ et le sacrifice de
l’Eucharistie sont un unique sacrifice : ‘C’est une seule et même
victime, c’est le même qui offre maintenant par le ministère des
prêtres, qui s’est offert Lui-même alors sur la Croix. Seule la
manière d’offrir diffère’”, §1367, cf. CEF §419. “L’Eucharistie
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 99
est également le sacrifice de l’Eglise. (...) Avec Lui, elle est of-
ferte elle-même tout entière”, §1368.
Sous quel mode, Christ est-il présent sous les espèces eucharis-
tiques ?
Son corps et son sang y sont “‘contenus vraiment, réellement et
substantiellement... conjointement avec l’âme et la divinité de
notre Seigneur Jésus-Christ, et, par conséquent, le Christ tout
entier’” Cette présence réelle est ainsi nommée “parce qu’elle est
substantielle”, §1374. Pain et vin sont convertis. Par la consécra-
tion “s’opère un changement de toute la substance du pain en la
substance du Corps du Christ notre Seigneur et de toute la subs-
tance du vin en la substance de son Sang; ce changement, l’Eglise
catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantia-
tion”, §1375,1376. Ce changement est durable : il persiste aussi
longtemps que les espèces eucharistiques subsistent. Mieux en-
core, et contrairement à ce que laissent entendre les lignes précé-
dents, “le Christ est tout entier présent dans chacune des espèces
et tout entier dans chacune de leurs parties, de sorte que la frac-
tion du pain ne divise pas le Christ”, §1377. Cette présence dans
l’hostie (le mot veut dire : victime) a pour conséquence pour
l’Eglise qu’un culte d’adoration doit être rendu au Saint Sacre-
ment, conservé avec le plus grand soin parce qu’il s’agit mainte-
nant du Christ, présent sous les espèces eucharistiques, et logé
dans le tabernacle au fond des églises, §1378, 1379. C’est témoi-
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 100
se rendre compte que le même langage est utilisé pour parler d’un
repas ordinaire ou pour la Cène. “Rompre le pain” signifiait tan-
tôt le sacrement, tantôt un repas quelconque. La Cène était alors
un moment de communion intense, au sens normal du mot : par-
tage, union avec le Seigneur et avec les autres, la koinonia expri-
mée autour de la table, comme elle l’était à d’autres moments par
d’autres manifestations.
Mais, lorsque le Seigneur dit : “Ceci est mon corps, ... ceci est
mon sang...”, ne voulait-il pas par là signifier que la substance de
ces éléments avait changé ? N’a-t-il pas réalisé un vrai sacrifice
dans la chambre haute ? Voilà deux verbes qui reviennent sou-
vent dans la discussion à ce sujet. Qu’est-ce que le Seigneur a
voulu dire ?
La dernière cène est la continuation et la transformation du repas
pascal. Or, le repas pascal n’était pas un sacrifice, mais un repas
fondé sur le sacrifice. En tant que tel, le repas ne réalisait rien. Il
commémorait, il faisait revivre. La phrase centrale et liturgique
“Ceci est le pain d’affliction que nos pères ont mangé...” ne
changeait rien à la substance du pain. Mais il aidait le Juif à re-
vivre la délivrance de l’Egypte. L’institution de la Pâque en
Exode 12.14-28 était faite pour enrayer l’oubli, pour aider le
peuple à se réaliser qu’il était peuple de Dieu et peuple de ce
Dieu terrible et puissant. Il devait en résulter une vie qui honorait
le Seigneur. Ce sacrifice répétitif qui était le fondement de la
Pâque a trouvé son accomplissement dans le sacrifice définitif du
Christ, cf. Hébreux 9.26-10.18. Voici quelques phrases clef de ce
texte : “Mais maintenant, à la fin des siècles, il (Christ) a paru
une seule fois pour abolir le péché par son sacrifice. (...) nous
sommes sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus-Christ, une
fois pour toutes. (...) Car par une seule offrande, il a rendu par-
faits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés. (...) Or, là où il y a
pardon des péchés, il n’y a plus d’offrande pour le péché.” Ainsi,
le sacrifice qui forme le fondement de la cène n’est pas, et ne
peut pas être, un sacrifice actualisé, une répétition sacramentelle
mais réelle du corps de Christ. La cène se fonde uniquement sur
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 105
serai pas orphelins, je viens vers vous”, Jean 14.18. Dans le con-
texte, il est manifeste que c’est par son Esprit, et non par un sa-
crement, que Christ est présent dans son Eglise. Le grand pro-
blème des chrétiens hébreux, à qui s’adresse la lettre du même
nom, était le désir de retourner au culte juif visible. L’auteur ne
les encourage pas en leur rappelant la visibilité d’un quelconque
sacrement, mais en leur montrant que le visible était l’ombre des
réalités célestes, 8.5. Vouloir retourner vers ce culte de l’ombre,
c’était tourner le dos à Christ. L’appel même à la visibilité dési-
rable et nécessaire de l’eucharistie constitue une critique de ce
que le Seigneur a fait. Il est une négation de la parole de Jésus à
la Samaritaine que Dieu cherche des adorateurs “en esprit et en
vérité”, Jean 4.24.
32
Voir appendice 2, point 4 : Le pain, devient-il le sang de Christ ?
33
Hislop, Op.cit.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 107
34
Voir E. EGBERTS, La tente de Dieu dans le désert des hommes, Cléon d’Andran :
Excelsis, 1997, p.124,125 et 169,170.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 108
silence est presque complet. Est-ce que cela veut dire que ce
troisième lien est donc peu important ? Loin de là ! Non seule-
ment Actes 2.42 nous montre l’égale importance des quatre
liens, mais l’Eglise a fidèlement continué à persévérer dans
cette fraction du pain. L’unique mention claire concernant le
culte dans le livre des Actes, 20.7, en fait même un des élé-
ments clefs du culte primitif. Les chrétiens se rencontraient
“pour rompre le pain”. Le culte, c’est la rencontre des croyants
autour de la table (et non devant l’autel). Ce fut un temps de
prédication et d’enseignement, de communion fraternelle et de
prière, mais le but était de rompre le pain, de se retrouver au-
tour du Maître crucifié et ressuscité. Cela était tellement évident
que la répétition dans le texte était superflue.
En plus, la discrétion même du regard vers l’intérieur peut diffi-
cilement soutenir l’œil scrutateur de l’extérieur. Le culte, au
sens propre, n’est pas un acte public; c’est l’Eglise dans
l’intimité du Seigneur. Cela est à des années-lumière des pro-
cessions du Saint Sacrement et autres manifestations publiques
de ce secret. Le mystère déambulé devant le grand public reste
de toute façon complètement méconnu, opaque. L’examen de
soi que requiert la table recule devant toute publicité. Loin des
projecteurs, il réclame pour unique éclairage la lumière de ce
Dieu qui est lumière. Sous cet éclairage, rien ne reste caché,
tout vient à la lumière; car seul ce qui vient à la lumière peut
être pardonné. L’espoir ne provient pas de notre réussite -à
avoir bien agi ou bien caché- mais de la confession qui té-
moigne de la confiance dans le sacrifice de Christ. L’espoir bi-
blique naît ainsi de la faillite humaine confessée comme telle et
du pardon de Dieu en Christ reçu comme tel. Cela n’a pas be-
soin d’une grande théologie, et donc d’un grand développement
“eucharistique”, mais d’une grande discrétion pour que
l’homme devienne honnête avec Dieu, avec les autres et avec
soi. Alors, et seulement alors, ce lien liera réellement les enfants
de Dieu dans une vraie communion.
La grandeur de la Cène, c’est la grandeur de la grâce qui ren-
contre la petitesse de l’homme. C’est la fraction du pain qui
trouve sa contrepartie dans le brisement du croyant.”
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 111
La pénitence et la réconciliation
L’Eglise l’appelle aussi le sacrement de la confession, parce que
celle-ci en est l’élément essentiel. Ou encore : le sacrement de
conversion “puisqu’il réalise sacramentellement l’appel de Jésus
à la conversion”, §1423,1424. Les versets bibliques cités à
l’appui sont entre autres Marc 1.15 et 2 Corinthiens 5.20. Au
§1433, le Catéchisme y ajoute le texte de Jean 16.8,9, où Jésus
dit que l’Esprit Saint convaincra le monde de péché, et donne
ainsi au cœur de l’homme la grâce du repentir et de la conversion.
Et au §1442, il précise que le pouvoir d’absolution est confié au
ministère apostolique selon 2 Corinthiens 5.18,20. En Matthieu
18.18 et 28.16-20, ce pouvoir est donné “au collège des apôtres
unis à leur chef”, §1444.
Pourquoi a-t-on besoin de ce sacrement ? Les paragraphes 1425-
1429 expliquent que, bien que le baptême soit “le lieu principal
de la conversion première et fondamentale” (la référence est
Actes 2.38) cela ne suffit pas. Il faut une seconde conversion et
celle-ci a une dimension communautaire, comme en témoigne
l’expérience de Pierre en Jean 21.15-17. Cette conversion signifie
l’obtention d’un cœur nouveau d’après Ezéchiel 36.26,27, §1432.
Une des illustrations les plus frappantes de la conversion et de la
pénitence se trouve dans la parabole du fils prodigue en Luc 15.
Le pénitent passe de la mort à la vie “et il n’est pas soumis au
jugement” (Jean 5.24), §1470.
Ainsi, la pratique de ce sacrement permet aux croyants de retrou-
ver “la grâce baptismale”, appelée encore “la grâce de la justifi-
cation”, perdue à cause d’un péché grave (mortel ?). C’est une
véritable “seconde planche [de salut] après le naufrage qu’est la
perte de la grâce”, §1446.
35
Voir appendice 2, point 5 : A quel moment se situe la conversion ou la nou-
velle naissance ?
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 116
36
Les avis sont divergents, mais un lien avec Hébreux 6.6 semble assez pro-
bable.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 117
La confusion.
La peine éternelle, ce serait être privé de la communion avec
Dieu suite à tout péché grave commis en tant que chrétien. Cela
n’est pas vraiment l’enseignement de la Bible. La peine éternelle,
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 119
L’erreur.
Il faudrait “expier” ses péchés. Notons d’abord la contradiction :
Jésus Christ seul “a expié pour nos péchés une fois pour toutes”,
cependant, le pénitent doit lui aussi expier ses péchés. Autrement
dit, ce que Christ a fait sur la croix n’est pas suffisant ! L’Eglise
veut mettre un bémol à l’œuvre parfaite de Christ. Les versets
cités par le Catéchisme, Romains 3.25 et 1 Jean 2.1,2, sont suffi-
sants pour montrer l’impossibilité de l’affirmation. “Satisfaire”
ou “expier” ses péchés est impossible. D’ailleurs, pourquoi le
Catéchisme utilise-t-il des guillemets ? Faute de meilleur mot ?
Ainsi, tout l’effort que la hiérarchie a mis dans ce Catéchisme n’a
donc pu éviter une telle erreur de vocabulaire et de compréhen-
sion ? Et tout cela pour justifier la notion non biblique de la “pé-
nitence”. La Parole de Dieu parle de repentance. Ce n’est mani-
festement pas la même chose.
L’horreur.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 120
Dieu n’est pas indulgent. Il est juste et il est amour; il est un Dieu
saint et il est un Dieu de grâce. Mais il ne sera jamais indulgent.
Il n’offre aucune indulgence. Pourquoi ? Parce qu’il offre infini-
ment mieux : Il offre un plein pardon ! Aucune action, aucune
pénitence, aucun paiement ne peut nous acheter la moindre in-
dulgence. Il n’y a pas de peine temporelle à régler. Après le par-
don, il ne subsiste aucun dû. Dieu n’est pas un marchand de ré-
duction de peines temporelles : il s’est spécialisé dans
l’acquittement à cause du sacrifice de son Fils.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 121
“C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen
de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce
n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. Car
nous sommes son ouvrage, nous avons été créés en Christ-Jésus
pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance, afin
que nous les pratiquions”, Ephésiens 2.8-10.
Entretenir l’illusion des indulgences a deux conséquences catas-
trophiques. C’est, tout d’abord, donner de Dieu une image in-
juste. Il devient un genre de père indulgent avec qui on peut tou-
jours s’entendre sans devoir devenir obéissant à Jésus-Christ.
Curieusement, ce dieu facile ne donne rien. Ce dieu indulgent
rend le salut autrement plus cher ! La deuxième conséquence,
c’est qu’on donne une fausse image de l’homme. Il pourrait, par
ses efforts, ajouter quelque peu à l’œuvre de Christ. Mais il n’est
pas appelé à diminuer sa peine par un bon comportement, comme
un criminel en prison. Il est pardonné, libre ! Il est maintenant
appelé à vivre en homme libre et pardonné, en agissant selon la
volonté de Dieu. Au lieu d’être un prisonnier toujours occupé de
lui-même et de sa peine à réduire, il est un fils de Dieu, respon-
sable des affaires de son Père.
37
Voir appendice 2, point 6 : Vers la Maison du Père ou vers le Purgatoire ?
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 123
L’ordre
Ce sacrement a pour but de continuer la mission que Christ a
confiée aux apôtres. Ses trois degrés, évêques, prêtres et diacres,
constituent aujourd’hui le ministère apostolique, §1536. En-
semble, ils forment le sacerdoce ministériel, institué par Dieu,
qu’il faut distinguer du sacerdoce commun ou baptismal de tous
les croyants, §1546, 1547. Y a-t-il contradiction entre le sacer-
doce unique du Christ et celui des prêtres ? Non, dit le Caté-
chisme. Tout comme le sacrifice unique de Christ est rendu pré-
sent dans le sacrifice eucharistique de l’Eglise, de même le sacer-
doce des prêtres représente le sacerdoce du Christ, §1545. Il rend
visible la présence du Christ comme chef de l’Eglise, §1549.
Cette présence actualisée du Seigneur ne prémunit pas les prêtres
contre les faiblesses humaines. Bien que les sacrements donnent
cette garantie, “de sorte que même le péché ne peut empêcher le
fruit de grâce”, les actes des prêtres ne sont pas pour autant tou-
jours le signe de la fidélité à l’Evangile, §1550.
dès Actes 12.2. Puis, peu à peu, les autres partent dans leurs dif-
férents champs de mission. Le collège des apôtres n’existe plus
au-delà d’Actes 15. C’est vrai qu’il y a aussi d’autres apôtres :
Paul et Barnabas étant les plus connus. Mais ils n’ont pas été
établis par les Douze ! Et le “ministère apostolique” est dès le
début un ministère par définition itinérant. Ce sont des hommes
envoyés pour fonder des églises là où Christ n’est pas encore
connu. En ce sens, le ministère apostolique continue encore au-
jourd’hui dans le rôle de ces missionnaires qui s’acquittent de la
même tâche, étant envoyés par le Seigneur et les églises.
La direction des églises locales sera très vite confiée aux anciens.
En Actes 14.23, Paul les établit en Galatie. Pourtant, Paul n’a
jamais reçu l’imposition des mains des Douze ! Il opère hors
succession apostolique et en a été accusé à l’époque ! Dès Actes
15.2, 4 et 6, nous voyons des anciens à Jérusalem. Et il semble
manifeste que c’est un ancien, Jacques, le frère du Seigneur (cf.
§1511), qui dirige les débats. Nous voyons ainsi apparaître un
peu partout des groupes d’anciens comme conducteurs des
églises. Actes 20.28 les appelle du nom d’évêque et c’est “aux
évêques et aux diacres” de Philippes que Paul écrit sa lettre, Phi-
lippiens 1.1. Anciens et évêques sont au début de l’Eglise les
mêmes hommes. Sont-ils les successeurs des apôtres ? Pas vrai-
ment. Ils ont un tout autre ministère. Les apôtres voyagent; ils
fondent des églises, mais ils n’en sont pas responsables. Les
évêques/anciens ne voyagent pas. Leur ministère se limite à
l’église dans laquelle ils ont été établis. Il n’est donc pas juste de
dire que l’évêque a part à la responsabilité apostolique et à la
mission de toute l’Eglise.
Qui sont les anciens aujourd’hui ? Il est vrai que le mot ‘prêtre’
est dérivé du mot ‘presbytre’ du Nouveau Testament. Mais cela
ne veut rien dire. Les anciens, sont-ils les prêtres d’aujourd’hui,
des sacrificateurs dont la charge essentielle concerne les sacre-
ments et surtout l’eucharistie ? Nous avons déjà vu qu’il n’y a pas
de sacrifice de la messe. Personne dans l’Eglise du Nouveau Tes-
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 128
Le mariage
Le mariage a été élevé par Christ “à la dignité de sacrement”,
§1601. C’est un sacrement que les époux se donnent entre eux,
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 130
6 . Q U E FA I R E P OU R E TR E S A U VE ?
Le péché
Qu’est-ce qui s’est passé aux origines de l’humanité ?
Créé bon, l’homme a désobéi au commandement que le Créateur
lui a donné. A cause de cette désobéissance, il a plongé la race
humaine dans le péché. Il a perdu “la grâce de la sainteté origi-
nelle”, §399 qui se réfère à Romains 3.23. L’inclination au mal
dont souffre l’humanité est le résultat de cette chute. L’homme
naît avec ce péché qui est “mort de l’âme”. Pour l’en délivrer,
“l’Eglise donne le Baptême pour la rémission des péchés même
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 136
Elle est une participation à la vie de Dieu qui nous est donnée
par le Baptême. Elle est “le don gratuit que Dieu nous fait de sa
vie infusée par l’Esprit-Saint dans notre âme pour la guérir du
péché et la sanctifier : C’est la grâce sanctifiante ou déifiante,
reçue dans le Baptême” (le Catéchisme cite ici 2 Corinthiens
5.17,18), §1997, 1999. Elle est “d’abord et principalement”, le
don de l’Esprit qui nous justifie et nous sanctifie. Comme cette
grâce échappe à notre expérience, elle ne peut être connue que
par la foi. (§2003, 2005)
Est-on donc sauvé par la grâce, par le moyen de la foi ? Pas tout à
fait. Car il y a la notion du mérite. Bien sûr, entre Dieu et nous
l’inégalité est sans mesure. On ne peut donc pas parler, au sens
d’un droit strict, de mérite de la part de l’homme, §2007. Pour-
tant, Dieu a librement disposé d’associer l’homme à l’œuvre de
sa grâce. Il y a donc des œuvres bonnes qui produisent des mé-
rites, mais ils “doivent être attribués à la grâce de Dieu d’abord,
au fidèle ensuite”, §2008. “L’adoption filiale, en nous rendant
participants par grâce à la nature divine, peut nous conférer, sui-
vant la justice gratuite de Dieu, un véritable mérite. C’est là un
droit par grâce, le plein droit de l’amour... Les mérites de nos
bonnes œuvres sont des dons de la bonté divine”, §2009 qui cite
le concile de Trente. “Personne ne peut mériter la grâce pre-
mière, à l’origine de la conversion, du pardon et de la justifica-
tion. Sous la motion de l’Esprit-Saint et de la charité, nous pou-
vons ensuite mériter pour nous-mêmes et pour autrui les grâces
utiles pour notre sanctification, pour la croissance de la grâce et
de la charité, comme pour l’obtention de la vie éternelle. Les
biens temporels eux-mêmes, comme la santé, l’amitié, peuvent
être mérités suivant la sagesse de Dieu. Ces grâces et ses biens
sont l’objet de la prière chrétienne. Celle-ci pourvoit à notre be-
soin de la grâce pour les actions méritoires”, §2010. Ces mérites
ne sont pas perdus à notre mort. Ils sont accumulés par l’Eglise
dans son trésor, en vue d’une distribution ultérieure au travers des
indulgences, §1477.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 141
38
Voir appendice 2, point 7 : Qui expie nos péchés ?
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 144
39
Voir appendice 2, point 8 : La justification : par le baptême, par la conversion,
plus tard, ou ...jamais ?
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 145
Non, l’homme n’est pas que blessé par le péché, §1949 : il a été
mortellement blessé. Aucun traitement ne peut encore lui rendre
la vie. Il n’a pas besoin de guérir : il doit revivre. Il doit venir à
Christ en sachant que c’est là le seul, l’ultime moyen pour échap-
per à la mort éternelle. Il sait qu’il est incapable de s’en sortir de
par lui-même. Il est impuissant et à bout de raison. Son péché lui
pèse et sa conscience l’accuse. Alors, l’Esprit de Dieu lui révèle
la croix où le Seigneur Jésus-Christ a payé jusqu’au bout la dette
de son péché. Incapable de mériter le moindre petit pardon, il
reçoit par la foi un plein pardon. Et il se relève libre. Plus de trai-
tement à suivre. Il est devenu fils de Dieu et l’Esprit de Dieu le
pousse à la prière, à l’espérance, à la persévérance et au service.
Dieu. Ce n’est point par les œuvres (ou par les mérites), afin que
personne ne se glorifie.” (Ephésiens 2.8,9) Dieu a-t-il librement
disposé d’associer l’homme à l’œuvre de sa grâce ? La Bible n’en
dit rien. Parfois les silences de l’Ecriture, ne parlent-ils pas plus
fort que toutes les belles phrases du Catéchisme ? Nous le
croyons.
La foi
Qu’est-ce que la foi selon le Catéchisme ?
A vrai dire, il n’en parle pas beaucoup. Plusieurs paragraphes y
sont consacrés au début; un court texte y revient plus loin avant
de parler du péché et de la grâce. Mais la foi n’a pas sa place
dans la discussion de la justification. L’homme est justifié par le
baptême. Il y ajoute ses mérites. Mais la foi n’y apparaît guère
comme nécessaire.
La foi semble être, dans ces paragraphes, avant tout une question
personnelle, le fondement d’une piété personnelle manifestée
d’ailleurs par un certain nombre de catholiques. Pourtant, ce n’est
pas ce que veut dire le Catéchisme. Le “Je crois”, professé per-
sonnellement par chaque croyant, “principalement” lors du bap-
tême, est en fait la foi de l’Eglise. “Je crois” : c’est aussi
“l’Eglise, notre mère, qui répond à Dieu par sa foi”. Le “Je crois”
est fondé dans le “Nous croyons”, parce que “c’est d’abord
l’Eglise qui croit”, §167,168. La foi qui est don de Dieu, est don-
née par l’Eglise au travers du baptême. Dans le rituel romain, cité
par le §168, le ministre du baptême demande au catéchumène :
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 149
“Le don de la foi demeure en celui qui n’a pas péché contre elle”.
Mais pour cela, il faut que les œuvres l’accompagnent. Sans cela,
“la foi n’unit pas pleinement le fidèle au Christ”. Cela
s’accompagne du témoignage devant les hommes : “Le service et
le témoignage de la foi sont requis pour le salut”, §1815,1816.
40
Voir appendice 4 : Le chemin.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 151
Cela ne veut pas dire que l’Eglise est indifférente à la vie de ses
fidèles. Elle cherche à réglementer et à organiser leur vie jusque
dans ses moindres détails. Elle a produit (malgré elle ?) des
hommes et des femmes d’une spiritualité remarquable. Certains
de ses saints étaient des chrétiens exemplaires. Plusieurs de ses
règles sont dignes d’être suivies à la lettre et aptes à révolutionner
la société si seulement elles étaient respectées. Mais tout cela
reste, en dernière analyse, terriblement insuffisant pour deux
raisons.
1° Ce n’est pas vraiment nécessaire. Permettez-moi de le dire
dans un langage automobile : l’Eglise offre un modèle de base
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 153
Pourtant, le Catéchisme dit bien que Dieu a gravé les dix com-
mandements dans le cœur de l’être humain, §2072, et que Dieu
rend possible ce qu’il commande, §2082.
pas, ce n’est que naturel. L’y obliger, c’est le mettre sous une loi
impossible. C’est revenir au Judaïsme.
C’est pourtant exactement ce que fait le Catéchisme au §2075. Il
s’agit d’un résumé de la section qui introduit les dix commande-
ments et il commence avec la question du jeune homme riche :
“Que dois-je faire de bon pour posséder la vie éternelle ? – Si tu
veux entrer dans la vie, observe les commandements” (Matthieu
19.16-17). Jésus, a-t-il voulu dire qu’en observant les comman-
dements, on peut être sauvé ? Mais c’est justement impossible !
C’est l’impasse à cause de la faiblesse et du péché du cœur hu-
main. Non, Christ est venu pour ouvrir un autre chemin : “Je suis
le chemin, la vérité et la vie; nul ne vient au Père que par moi”
(Jean 14.6).
Il est glorieusement vrai que Dieu rend possible par sa grâce ce
qu’il commande. Mais à condition d’avoir pris ce chemin nou-
veau. Dire que cela est vrai pour tout homme, c’est induire en
erreur les gens avec un enseignement bien cruel. Non seulement,
on les oblige à tenir la Loi, ce qui est impossible à l’homme “na-
turel”, mais, en plus, on leur dit que Dieu leur en donnera la
force. S’ils ne parviennent pas à tenir la Loi, ils seront donc dou-
blement coupables. D’abord pour avoir désobéi, ensuite pour
avoir fait obstruction à la grâce de Dieu.
Ce qui est peut-être encore plus dramatique, c’est que la plupart
des gens ne s’y intéressent même pas. Ils ont été baptisés et ma-
riés à l’Eglise, ils y ont fait baptiser leurs enfants, et cela leur
suffit amplement. De toute façon, ils seront “sauvés” (si toutefois
cela existe) et n’est-ce pas le principal ?
Croire et obéir
La vie chrétienne est une vie d’obéissance aux commandements,
ceux de l’Eglise d’abord, §2041-2043, ceux de Dieu, les dix
commandements, ensuite. Dans la longue section sur ces derniers,
le Catéchisme essaie de transmettre un projet de société à beau-
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 158
gauche dans ta gloire.” Une fois de plus, Jésus leur révèle leur
ignorance. “Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-
vous boire la coupe que je vais boire...?” Marc 10.37,38. Cette
coupe, ils la boiront. Leur convoitise égoïste de la gloire s’est
transformée en une passion sans bornes pour le Fils de l’homme
qui est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa
vie en rançon pour beaucoup. La convoitise humaine n’est pas
échangée contre la neutralité et l’innocuité du bénitier. Elle est
d’abord crucifiée pour être ensuite remplacée par le feu de
Dieu.”41
Prier
La dernière partie du Catéchisme est consacrée entièrement à la
prière. Après tout, celle-ci est l’expression courante de la foi des
croyants de tous les temps. Le propre du chrétien, c’est de dialo-
guer avec son Père céleste. La prière revêt une grande importance
dans la Parole de Dieu, et le Catéchisme le souligne à raison.
Tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau Testament,
nous voyons les hommes et les femmes de Dieu prier, parfois
avec des conséquences remarquables. Car Dieu aime répondre à
la prière.
Ce n’est pas à nous de critiquer la prière de quelqu’un, surtout
pas dans un monde où cela devient rare. Il faut pourtant se poser
des questions. Toute prière n’est pas également valable. La prière
de l’idolâtre devant sa statue n’est pas la même chose que la
prière d’un Juif croyant au Créateur. La prière musulmane, fré-
quente d’ailleurs, n’est pas la même chose que la prière chré-
tienne. Les moulins de prière des Tibétains ne peuvent être con-
fondus avec la prière personnelle qu’enseigne la Bible.
L’important n’est pas de prier, mais de parler à Dieu et de lui
plaire. Il y a des prières qui portent, qui sont percutantes, et
d’autres qui ne le sont pas. Où est la différence ? Dans le cœur,
comme le dit bien §2562 : “C’est le cœur qui prie. S’il est loin de
Dieu, l’expression de la prière est vaine.” Le psalmiste dit : “Si
j’avais vu de la fraude dans mon cœur, le Seigneur ne m’aurait
41
Op. cit. p.70,71.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 166
L E TTR E O U VE R TE A ME S LE C TE U R S C A TH OLI QU E S
l’Eglise. Certains restent curés parce qu’il faut bien gagner sa vie,
et qu’ils n’osent pas (encore ?) quitter le sacerdoce. D’autres,
laïcs, restent catholiques parce qu’“on ne quitte pas son église”.
J’ai voulu montrer à ces croyants jusqu’à quel point le ver est
dans le fruit. Ce n’est pas que le célibat est à peu près le seul
grand problème ! C’est bien plus grave. Sur plusieurs des fonde-
ments de la foi, l’Eglise enseigne le contraire de la Parole de
Dieu. Mais dans ce cas, comment est-il possible de rester fidèle à
Christ en cautionnant par sa présence les opinions défendues dans
le Catéchisme ?
Dans mon rêve je vois des milliers de gens qui prennent cons-
cience de leur situation délicate : ils sont dans une église dont ils
découvrent peu à peu qu’elle s’est irrémédiablement éloignée de
la Parole de Dieu. Par le moyen de petits groupes d’étude bi-
blique, ils se laissent interpeller par le Saint-Esprit et décident de
ne plus rester dans une église qui manifestement ne veut pas
changer. Ils commencent à former une vraie église alternative,
bâtie sur l’amour de Dieu et de sa Parole. Ils découvrent leur
vraie unité avec des frères et sœurs d’églises évangéliques et
protestantes autour d’eux. Dans certains cas, ils se feront aider
par ces églises. Dans d’autres cas, ils trouvent des curés qui par-
tagent leurs convictions et qui ont quitté le carcan ecclésiastique
avec eux. Ils deviennent les bergers de ces petits groupes, finan-
cièrement soutenus par eux. Dans d’autres cas encore, ils se dé-
brouillent comme les églises du Nouveau Testament ont souvent
dû se débrouiller, sans quelqu’un à temps plein pour les guider.
Mais dans tous ces cas, ils sont conscients du Saint-Esprit de
Dieu pour les conduire dans la fidélité à la Parole de Dieu. Le
résultat est que partout dans nos pays catholiques, l’Evangile de
Jésus-Christ commence à prendre un nouvel essor. Ce n’est pas
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 171
une nouvelle division qui s’opère, mais le réveil d’une vraie spiri-
tualité, un retour aux sources bibliques qui prend le risque de
laisser les structures bien rodées entre les mains de ceux qui pré-
fèrent la tradition à l’obéissance.
Un rêve ?
Ou un défi ?
Jésus-Christ est encore aujourd’hui le Chef de son Eglise. Il n’a
jamais donné les rênes de commande à qui que ce soit d’autre.
C’est lui qui dirige selon sa Parole et par son Esprit. L’état actuel
de la Chrétienté ne peut le réjouir ou le laisser indifférent. Que
des milliers, voire des millions de gens soient emprisonnés dans
un système religieux qui l’a exclu de fait si pas de nom, doit être
pour lui d’une souffrance permanente. Qu’au nom de Christ on
puisse tenir quelqu’un éloigné de Christ est une fourberie spiri-
tuelle qui caractérise bien l’ancien serpent. Que cela aille de pair
avec une critique facile des sectes ne fait qu’ajouter à la ruse.
Comme si tout est secte qui n’est pas en accord avec Rome !
C’est vrai qu’il y a des sectes ! Et le froid polaire de l’Eglise a
fait beaucoup pour les rendre attrayantes aux yeux de nombreux
croyants ignorants de ces vérités évangéliques qui auraient dû les
garder contre leur séduction.
Il est temps de revenir aux sources. Il est temps qu’une vraie ré-
volution spirituelle balaye nos pauvres pays. Ensemble, avec
l’aide de Dieu, nous pouvons changer la face de notre pays.
Après tout, c’est exactement ce qui s’est passé aux premiers
siècles du Christianisme, avant que le paganisme ait complète-
ment obscurci l’Evangile. Ne laissons pas le dernier mot au ser-
pent, mais agissons pour que nos contemporains puissent décou-
vrir cet Evangile !
Agissons maintenant !
“Il nous faut travailler, tant qu’il fait jour, aux œuvres de celui
qui m’a envoyé; la nuit vient où personne ne peut travailler. Pen-
dant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.”
(Jean 9.4,5)
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 172
A P P E ND IC E S
1 . D OC UM E NTS
(Ne disons pas trop vite que tout cela est d’une dévotion au-
jourd’hui révolue, car il n’en est rien. Notez aussi dans ce dernier
paragraphe la majuscule “Elle” pour Marie et le “il” minuscule
pour le Seigneur. La Mère de Dieu est devenue la divine Mère en
l’année du dogme de l’Assomption.)
(C’est nous qui soulignons. Texte publié par le Centre de Culture Chré-
tienne, 9, rue des Charpentiers, 68100 Mulhouse.)
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 181
2 . L E S C ON TR A DI C TI ON S DU C A TE C H I S M E
42
La référence donnée est 1 Corinthiens 15.21,22 et 45.
43
Romains 5.19-20. Pour les dernières affirmations, les références sont à Pie IX
et le Concile de Trente)
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 185
44
La référence donnée est Actes 2.36-38.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 189
côté, elle assure que tous les baptisés sont nés de nouveau et, de
l’autre côté, elle voit bien qu’ils ne le sont pas. Plutôt que chan-
ger des doctrines qui ne sont pas bibliques, elle introduit et main-
tient une contradiction flagrante.
45
Les références données sont : Marc 16.16; Jean 3.36; 6.40 e.a.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 194
§1992), est-il possible que Dieu nous refuse l’entrée dans sa Mai-
son ? Mais il nous refuse cette entrée selon le Catéchisme. Il nous
fait “antichambrer” dans le Purgatoire pour parfaire notre purifi-
cation. C’est que nous ne sommes pas si justes que cela. La justi-
fication a pour but la vie éternelle, mais quel parcours du combat-
tant pour y parvenir si déjà on y parvient !
3 . U N E E G LI S E U N I E ?
Ces 110 Eglises, toutes séparées les unes des autres, font leur
chemin dans notre pays. Chacune se réclame du catholicisme !
Nous avons là tout simplement une preuve que ce catholicisme
est varié et très divisé !
Gérard DAGON
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 206
4 . L E CH E MI N
viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges” (Marc
8.34-38).
Le salut, c’est la porte de Christ. C’est entrer par lui, par le che-
min nouveau et vivant (Hébreux 10.19,20) qu’il a ouvert par sa
mort sur la croix et par sa résurrection d’entre les morts.
Tous ceux qui ont cherché ce chemin, l’ont fait consciemment. Ils
ont rencontré le Christ, que ce soit directement, dans les Evan-
giles, que ce soit par le témoignage et la prédication des apôtres
et autres témoins du Christ par après.
Mais, ne faut-il pas d’abord croire en lui ? Et même, avoir la
chance de croire en lui ? En fait, la plupart des hommes viennent
à Jésus par un chemin détourné. Ce n’est pas lui qu’ils cherchent,
mais la vie, une raison de vivre, un but digne d’être poursuivi.
C’est qu’ils ont mal à la vie. Les autres ne le cherchent pas. Ils ne
ressentent pas le besoin de lui.
Prenez ce jeune homme et sa quête de la vie : “Que dois-je faire
pour obtenir la vie éternelle ?” (Voir Matthieu 19.16-26) C’est la
vie qu’il cherche et c’est Jésus qu’il trouve. C’est Jésus qu’il
vient trouver, mais ce n’est pas Jésus qu’il cherche. Il vient à
Jésus comme à une banque de données, un maître de plus sur le
marché des idées. Il ne croit pas encore, mais il croira peut-être.
“Observe les commandements de Dieu”, lui dit Jésus. “J’ai es-
sayé mais cela ne m’a rien apporté. Que me manque-t-il encore ?”
La vie doit avoir un autre secret, un chemin pour initiés peut-être.
Jésus, ne peut-il pas révéler ce chemin ? La réponse ne se fait pas
entendre. “Va, vends tout ce que tu possèdes, donne l’argent aux
pauvres et toi, viens et suis-moi !” Fin de l’entretien. C’est trop
simple et en même temps trop cher. Le jeune homme part ailleurs
avec sa quête. Il ne croira pas, parce qu’il ne le veut pas. Il ne
croira pas parce qu’il ne veut pas obéir à l’ordre de Jésus. La
porte étroite est vraiment trop étroite. Mieux vaut se perdre que
de perdre. Il n’a pas la chance de la foi parce qu’il refuse la grâce
de l’obéissance.
Que nous demande Jésus ? (Tout de même pas de vendre nos
biens ! Jésus n’est pas un communiste !) La réponse est bien sûr
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 208
Pourquoi se repentir ?
Mais pourquoi cherchons-nous la vie ? Parce que nous allons
bien ? Parce que nous avons le sentiment d’avoir réussi et que
rien ne nous manque ? Mais dans ce cas, nous ne chercherons pas
et Jésus ne pourra rien nous apporter. Nous nous serons créés
notre propre ciel selon nos conditions à nous. Nous ne cherche-
rons pas et nous ne trouverons pas et nous serons à tout jamais
étrangers en ce qui concerne Jésus-Christ et son Père qui l’a en-
voyé. Nous serons perdus encore plus désespérément que le jeune
homme. Nous aurons été trop riches.
Pourquoi cherchons-nous la vie ? Mais bien sûr parce que nous
sentons que quelque chose nous manque, nous échappe. Parce
que malgré tout, ça ne va pas. Et Jésus nous appelle à nous repen-
tir, à nous détourner de notre chemin, pour pouvoir commencer à
marcher sur le sien. Christ nous appelle et nous devons obéir si
jamais nous voulons trouver la foi qui sauve. Concrètement,
qu’est-ce que cela veut dire ? “Que chacun de vous soit baptisé
au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés” (Actes
2.38-41).
Ah, ça alors ! Aussi vite, comme le jeune homme, nous partons
déçus. Trop cher, et trop sectaire. Après tout, n’avons-nous pas
déjà été baptisés ? On préférerait mourir ! Eh bien, justement, il
faut mourir ! La vie est à ce prix. Sans cela, nous chercherions
une vie nouvelle en refusant de délaisser l’ancienne. Comme le
jeune homme, nous ferions semblant de chercher. Nous vou-
drions la vie, mais seulement à notre prix... et donc à trop bon
marché. Nous ne la voudrions pas en échange de la nôtre mais en
plus de la nôtre. Et tristement, nous poursuivrons notre chemin
large et spacieux jusqu’à la perdition. Nous aurons préféré la
religion à la vie.
Le Catéchisme, un autre Evangile ? 209
rons pas la vie, mais la colère de Dieu demeurera sur nous (Jean
3.36).
Ils ne marchent pas seuls. Jésus les incorpore à son Eglise. Pas à
une institution vénérable et imposante, mais à l’Eglise faible,
sous la croix. Tout ce que peut dire la théologie sur le corps mys-
tique de Christ n’est pas entièrement faux. Il y a un corps de
Christ, une Eglise dont Christ est le Chef et dont ses disciples
sont les membres. Par ci, c’est une communauté nombreuse, par
là, ce sont quelques uns qui vivent la réalité du règne de Christ
ensemble. Leur unité ne dépend pas d’une puissante administra-
tion, d’un joli bâtiment, d’une hiérarchie bien huilée. Ils sont un
en Christ, au niveau le plus profond de leur être. Ils ont rencontré
Jésus en lui devenant obéissants. Maintenant, ils voyagent en-
semble sur le chemin. Et Dieu n’a pas honte de les appeler ses fils
et ses filles. Ils vivent dans le même monde que tout le monde.
Mais entre eux et ce monde se dresse la croix de Christ. Ils y
agissent et ils le connaissent, le subissent souvent, à travers Jésus.
Méprisables aux yeux des établissements religieux, souvent per-
sécutés, ils sont pourtant heureux. Ils acceptent cette vie autre
parce qu’ils sont étrangers, des gens de passage. Leur attente est
ailleurs. Ils attendent leur Maître qui doit revenir. Ils préparent
son retour.
S OMMA I RE
Introduction ………………………….………….….. 3
1. Présentation du Catéchisme ………………………. 7
Le but du Catéchisme ………………………………. 7
La structure du Catéchisme ………………………. 9
Notre approche …………………………...….. 10
Dangers de notre époque ……………..………. 13
Appendices
1. Documents ………………………………….……………. 171
2. Les contradictions du Catéchisme ……………………. 180
3. Une Eglise unie ? ……………………………………… 194
4. Le chemin ………………………………….…………… 205