L'existentialisme

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Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université Amar Télidji –Laghouat-


Faculté des Lettres et des Langues
Département de français (LMD)

Enseignante : KHEDRANE. A
Module : Culture(s) et Civilisation (s) de la langue (04).

 L’EXISTENTIALISME :

L’existentialisme est un courant philosophique et littéraire plaçant au cœur de la réflexion


l’existence individuelle, la liberté et le choix personnels.

 THÈMES PRINCIPAUX :

L’existentialisme se caractérise par des grands thèmes liés à une préoccupation majeure :
l’existence individuelle déterminée par la subjectivité, la liberté et les choix de l’individu.

a) L’individualisme moral 

La plupart des philosophes depuis Platon soutiennent que le bien moral est le même pour
tous. Au XIXe siècle, le philosophe danois Soren Kierkegaard, le premier auteur à se
qualifier d’existentialiste, réagit contre cette tradition en affirmant que l’homme ne peut
trouver le sens de sa vie qu’à travers la découverte de sa propre et unique vocation. « Je
dois trouver une vérité, écrit-il dans son journal, qui en soit une pour moi-même... une
idée pour laquelle je puisse vivre ou mourir. »

D’autres écrivains existentialistes reprennent l’idée de Kierkegaard selon laquelle


l’homme doit choisir sa propre voie sans se référer à des critères universaux. S’opposant à
la conception traditionnelle du choix moral qui implique de juger objectivement du bien et
du mal, les existentialistes n’admettent pas qu’il existe une base objective et rationnelle
aux décisions morales.

b) Subjectivité 

À l’instar de Kierkegaard, les existentialistes accordent une importance capitale à


l’engagement personnel et passionné dans la recherche du bien et de la vérité. Aussi
soulignent-ils que l’expérience personnelle réglée sur ses propres convictions est
essentielle dans la quête de la vérité.

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c) Choix et engagement

Le thème le plus marquant de l’existentialisme est sans doute celui du choix. La plupart


des existentialistes font de la liberté de choix le trait distinctif de l’humanité, considérant
que les êtres humains ne sont pas programmés par nature ou par essence à la façon des
animaux ou des plantes. Par ses choix, chaque être humain crée sa propre nature. Selon
une formule devenue célèbre de Jean-Paul Sartre, « l’existence précède l’ essence ». Aussi
le choix est central dans l’existence humaine, et il est inévitable ; même le refus du choix
est un choix. La liberté de choix implique engagement et responsabilité. Parce qu’il est
libre de choisir sa propre voie, l’homme doit, selon les existentialistes, accepter le risque
et la responsabilité inhérents à son engagement, quelle qu’en soit l’issue.

d) Anxiété et angoisse 

Kierkegaard pense qu’il est essentiel pour l’esprit de reconnaître que l’on n’éprouve pas
seulement de la peur face à certains objets spécifiques, mais aussi un sentiment général
d’appréhension, qu’il appelle « angoisse ». Le terme « angoisse » acquiert une importance
similaire dans l’œuvre de Martin Heidegger. Selon le philosophe allemand, l’angoisse
mène l’individu à la confrontation avec le néant et à l’impossibilité de trouver une raison
ultime aux choix qu’il doit faire. Dans la philosophie de Sartre, le terme de « nausée »
désigne l’état d’esprit d’un individu qui prend conscience de la pure contingence de
l’Univers, et celui d’« angoisse » est employé pour qualifier la conscience de la totale
liberté de choix à laquelle se confronte à tout instant l’individu.

 HISTORIQUE DE L’EXISTENTIALISME :

En tant que courant philosophique et littéraire distinct, l’existentialisme remonte au


XIXe siècle, mais on peut dégager des éléments existentialistes dans l’œuvre de nombreux
philosophes et écrivains prémodernes.

a) Pascal

Le premier philosophe à anticiper les thèmes de l’existentialisme moderne est Blaise


Pascal qui, au XVIIe siècle, rejette le rationalisme rigoureux de son contemporain René
Descartes. Il affirme dans les Pensées (1670) qu’une philosophie systématique qui entend
expliquer Dieu et l’humanité est une forme de vanité. Comme plus tard les existentialistes,

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il analyse la vie humaine en termes de paradoxes : le moi humain, à la fois corps et esprit,
est en soi un paradoxe et une contradiction.

b) Kierkegaard

Kierkegaard, considéré comme le fondateur de l’existentialisme moderne, s’oppose au


système de l’idéalisme absolu de Hegel, qui prétend avoir forgé une conception
entièrement rationnelle de l’humanité et de l’histoire. Kierkegaard, au contraire, souligne
l’ambiguïté et l’absurdité de la condition humaine.

c) Nietzsche

Le philosophe allemand marque la pensée existentialiste par la critique des hypothèses


métaphysiques et morales traditionnelles et par son adhésion au pessimisme tragique et à
la volonté individuelle opposée au conformisme moral de la majorité. Nietzsche proclame
la « mort de Dieu » et en vient à rejeter la tradition morale judéo-chrétienne dans son
ensemble en faveur d’un idéal païen héroïque.

d) Heidegger

Comme Pascal et Kierkegaard, Heidegger récuse la tentative de donner à la philosophie


un fondement rationnel définitif. Heidegger pose que l’humanité se trouve dans un monde
incompréhensible et indifférent ; l’homme ne pouvant espérer comprendre la raison de sa
présence ici-bas, il est appelé à se donner un but et à le suivre avec conviction et passion,
conscient de la certitude de la mort et de l’absurdité ultime de sa propre vie. Heidegger
contribue à enrichir la pensée existentialiste par ses développements inédits sur l’étant et
l’ontologie ainsi que sur le langage.

e) Sartre

Le terme d’« existentialisme » devient courant grâce au philosophe français qui l’applique


à sa propre philosophie et qui devient le chef de mouvement existentialiste en France,
appelé à connaître un retentissement international au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale. La philosophie de Sartre, explicitement athée et pessimiste, affirme que
l’homme a besoin de donner un fondement rationnel à sa vie, mais qu’il est incapable de
réaliser cette condition. Aussi la vie humaine est-elle à ses yeux une « futile passion ».

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Toutefois, Sartre souligne que l’existentialisme est une forme d’humanisme, et il met
fortement l’accent sur la liberté de l’homme, sur ses choix et sa responsabilité.

Existentialisme et littérature :

De nombreux philosophes existentialistes ayant recours à des formes littéraires pour véhiculer


leur pensée, l’existentialisme est un mouvement aussi fécond en littérature qu’en philosophie.

Les romans de l’écrivain juif de Prague Franz Kafka, tels que le Procès (1925) et le Château
(1926), mettent en scène des individus isolés, luttant seuls contre une bureaucratie
insaisissable et menaçante. Les thèmes de l’anxiété, de la culpabilité et de la solitude propres
à Kafka reflètent l’influence de Kierkegaard, de Dostoïevski et de Nietzsche. On peut
également discerner l’influence des penseurs existentialistes dans les romans d’André
Malraux et dans les pièces de théâtre de Sartre. L’œuvre d’Albert Camus est associée à
l’existentialisme par les thèmes qu’elle aborde : l’apparente absurdité et la futilité de la vie, de
l’indifférence de l’Univers et de la nécessité de l’engagement en faveur d’une cause juste. On
retrouve également ces thèmes dans le théâtre de l’absurde, notamment dans les pièces de
Samuel Beckett et d’Eugène Ionesco.

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