Les Sources Du Droit Commercial

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LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL

Avec la rapidité de l’évolution du monde des affaires, on ne peut se permettre de compter


uniquement sur les sources écrites ; c’est pourquoi les sources non écrites y jouent un rôle
fondamental.

I- LES SOURCES ECRITES


Dans cette catégorie il existe des sources nationales et d’autres internationales.

A- LES SOURCES NATIONALES


1/ Le code de commerce et la refonte du droit des affaires
Depuis le protectorat, la zone française du Maroc était régie par le code de
commerce du 12 août 1913. Après l'indépendance il a été généralisé à tout le
Royaume. Ce code était largement inspiré du code de commerce français de 1807.
Il fut enfin remplacé par un nouveau code de commerce par un dahir n° 1-96-83 du
1er août 1996 portant promulgation de la loi 15/95 formant code de commerce1.
Le droit des affaires a connu une refonte dans son ensemble durant ces dernières
années, elle a concerné notamment : la comptabilité commerciale2, le domaine
bancaire3, la bourse des valeurs4, le domaine des investissements5, les sociétés
anonymes6, les autres sociétés commerciales7, les tribunaux de commerce8, la loi
sur la liberté des prix et de la concurrence9, la loi relative à la protection de la
propriété industrielle10, etc.
2/ Le D.O.C. :
Le D.O.C. est notre code civil (Dahir formant code des obligations et contrats
également du 12 août 1913).
En tant que code de droit privé marocain, le D.O.C. constitue ce qu'on appelle le droit
commun. Par conséquent, en cas de lacune des règles commerciales, ce sont ses
règles qui s’appliquent.
À ce propos, le nouveau code de commerce stipule dans son article 2 : « il est statué
en matière commerciale, conformément aux lois, coutumes et usages du commerce
ou au droit civil, dans la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du
droit commercial ». Même les lois relatives aux sociétés renvoient à l'application des
règles du DOC lorsqu'elles ne sont pas contradictoires avec elles.
B- LES SOURCES INTERNATIONALES
Il s’agit des conventions internationales qui constituent une source fondamentale du
droit commercial.
Ces conventions peuvent être bilatérales se limitant à régler certaines questions
entre deux États signataires ou entre un État et un groupement économique régional
(par exemple l’accord d’association entre le Maroc et la CE).
Il existe aussi des conventions internationales, par exemple les traités internationaux
ratifiés par le Maroc tels que ceux sur les transports maritimes, ferroviaire, routier et
aérien ; les accords du GATT ; les conventions internationales portant lois uniformes
(les conventions de Genève du 7 juin 1930 sur la lettre de change et le billet à ordre
et du 19 mars 1931 sur le chèque).
Le droit commercial n’a pas que des sources écrites, il en a d’autres importantes,
mêmes non écrites.
II- LES SOURCES NON ECRITES
Il s’agit des usages, de la jurisprudence et de la doctrine.

A- LES USAGES COMMERCIAUX


Bien que le droit commercial soit codifié, les usages commerciaux continuent d’en
constituer une source fondamentale ; car la législation, avec sa lenteur, est incapable
de suivre l’évolution rapide du monde des affaires.
Les usages sont des règles générales non écrites issues de pratiques professionnelles
constantes et tacitement acceptées par les commerçants à l’occasion des
négociations ou de l’exécution de leurs opérations commerciales.
Ce sont les pratiques qui créent des règles par la force de l’habitude professionnelle.
C’est à l’occasion de la conclusion des contrats et de leur exécution que le rôle des
usages intervient, par exemple, en matière de ventes commerciales ce sont les
usages de chaque profession qui fixent les délais, les modalités et les modes de
paiement, les délais de livraison, la charge de la livraison et ses frais, la charge des
frais de courtage et leur taux, les risques des défauts des marchandises, etc.
Les usages peuvent réglementer toute une institution nouvellement créée, par
exemple le leasing était, avant le nouveau code, presque exclusivement régis par les
usages.
B - LA JURISPRUDENCE
C’est la solution donnée par un ensemble de décisions concordantes rendues par les
juridictions sur une question de droit.
Ce sont les précédents judiciaires qui servent de guide aux décisions des juridictions à
travers la pyramide judiciaire, l’unification de la jurisprudence se réalise d’ailleurs par
le biais des voies de recours.
Il n’est pas besoin d’insister sur le rôle de la jurisprudence en matière commerciale ;
c’est aux tribunaux qu’il revient d’interpréter les lois et les contrats conclus entre
commerçants, de fixer les usages auxquels ils se réfèrent, de déterminer le statut des
institutions nouvelles créées par la pratique.
C – LA DOCTRINE
C'est l'ensemble des écrits portant les interprétations et les opinions des juristes (les
universitaires, les avocats, les magistrats, etc.). Ces écrits sont publiés sous forme
d'ouvrages ou d'articles dans différentes revues juridiques.
La doctrine, par son analyse juridique et ses recherches scientifiques, a pour rôle
d'éclairer le législateur (à l'occasion de l'élaboration des textes) et les tribunaux (lors
de l'application de la loi).
          Chapitre sept : les sources du droit commercial
au Maroc
Aux termes de l’article 2 du code de commerce : « il est statué en matière
commerciale conformément aux lois, coutumes ou usages du commerce ou au droit
civil dans la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du droit
commercial ».

Il en résulte que les sources du droit commercial sont au nombre de trois : la


législation commerciale, les usages commerciaux et enfin le droit civil.

                   §1 : la législation commerciale


Il faut distinguer à cet égard, la législation d’origine interne, c’est-à-dire les textes
de lois et la législation d’origine internationale c’est-à-dire les conventions et traités
internationaux.

                             A- les sources du droit interne


Cette législation comporte des textes généraux et des textes spéciaux.

                                       1- les textes généraux


                                                 a- le code du commerce
Ce code résulte de la loi N° 15-95 promulguée par le dahir du 1 août 1996. Il
contient 736 articles répartis en cinq livres (parties). Le livre 1 traite du statut
juridique du commerçant, de la capacité commerciale et des obligations du
commerçant (première partie du cours).

Le livre 2 : le fonds de commerce (troisième partie du cours). Le livre 3 : les effets


de commerce : la lettre de change, le billet à ordre, le chèque. Le livre 4 : les
contrats commerciaux en particulier, l’agence commerciale, le leasing, les contrats
bancaires. Livre 5 : les difficultés de l’entreprise. Ce livre traite des procédures de
prévention interne et externe et des procédures de traitement à savoir, le
redressement judiciaire et la liquidation judiciaire ; c’est l’ancien régime de la
faillite.

                                                 b- le code du commerce maritime


Qui résulte du dahir du 31 mars 1919. Ce code comprend 391 articles divisés en
trois livres. Le premier porte sur le régime de la navigation maritime. Le livre 2
traite des navires. Le livre 3 porte sur les transports maritimes, les risques de mer et
les assurances maritimes.
                                                 c- le décret du 10 juillet 1962 sur la navigation aérienne
Ce texte contient 251 articles et traite en particulier du transport aérien et de la
responsabilité du transporteur.

                              2- les textes spéciaux


En premier lieu, la loi N° 17-95 relative aux sociétés anonymes promulguée par le
dahir du 30 août 1996, modifiée et complétée par la loi 20-05.

En second lieu, la loi N° 05-96 relative aux sociétés commerciales autres que la
société anonyme à savoir, la société en nom collectif, la société en commandite
simple, la société en commandite par actions, la société en participation, la société à
responsabilité limitée. Cette loi a été promulguée par le dahir du 13 février 1997.

Troisième texte particulier, le dahir du 24 mai 1955 sur la propriété commerciale


c’est-à-dire le renouvellement des baux commerciaux.

Quatrième texte, la loi N° 17-97 relative à la propriété industrielle, promulguée par


le dahir du 15 février 2002. Ce texte protège en particulier les brevets d’invention,
les dessins et modèles, les marques.

Cinquième texte, loi 103-12, dit loi bancaire. Relatif à l’exercice de l’activité
bancaire.

Sixième texte, les trois dahirs du 21 juillet 1993 sur la bourse, sur le conseil
déontologique des valeurs mobilières (C.D.V.M), les O.P.C.V.M (organisation de
placement collectif en valeurs mobilières).

Dernier texte, la loi N° 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence,


promulguée par le dahir du 5 juin 2002.

Il ne faut pas oublier parmi les textes spéciaux, les lois fiscales qui ont des
incidences sur les opérations commerciales. Ces incidences figurent au premier
plan des préoccupations des commerçants.

Le système fiscal marocain repose sur trois textes qui réglementent successivement
l’impôt général sur le revenu (I.G.R) payé par la personne physique, ensuite l’impôt
sur les sociétés (I.S) payé par les personnes morales, la taxe sur la valeur ajoutée
(pas de distinction entre personnes physiques et personnes morales).

                             B- les sources du droit international


Il s’agit des conventions bilatérales ou multilatérales ratifiées par le Maroc. On
distingue d’une part, les conventions d’établissement et d’autre part les conventions
d’unification du droit.
                                       1- les conventions d’établissement ou traités de
commerce
Ce sont des conventions bilatérales qui confèrent aux ressortissants de chacun des
états signataires, le droit de s’établir sur le territoire de l’autre État et d’y exercer
librement, les activités commerciales ou industrielles dans les mêmes conditions
que les nationaux.

Autrement dit, les conventions d’établissement accordent aux étrangers les mêmes
droits que les nationaux sur le plan commercial et industriel.

C’est ainsi que le Maroc a signé des conventions d’établissement avec la Libye en
1962, avec l’Algérie en 1963, avec le Sénégal et la Tunisie en 1964.

                                       2- les conventions d’unification du droit


Le besoin de sécurité en matière commerciale a conduit à la recherche d’une
unification au niveau international, de certaines règles applicables aux transactions
internationales.

En effet, la diversité des législations est source d’insécurité en ce sens, qu’à


l’occasion d’un différend concernant un contrat international, la solution de ce
litige sera souvent différente selon que l’on se réfère à la loi de tel ou tel pays.

Cette diversité des législations et l’insécurité qu’elle entraîne, constituent un


obstacle majeur au développement du commerce international. C’est pourquoi, on a
cherché à régler par des conventions internationales, les difficultés qui peuvent
naître à l’occasion de certaines transactions commerciales.

Plusieurs organisations internationales contribuent à cette unification notamment la


chambre de commerce international, des organisations spéciales de l’ONU en
particulier la C.N.U.D.C.I (la conférence des Nations unies pour le développement
du commerce international) et la C.N.U.C.E.D (la conférence des Nations unies
pour le commerce et le développement), Uni droit, le comité maritime international.

Pour aboutir à cette unification, on utilise deux méthodes. La première consiste à


soumettre les différends ayant un caractère international aux dispositions de la
convention internationale. En d’autres termes, on applique aux transactions
internationales les règles de la convention, sans pour autant modifier les
dispositions du droit interne ; de sorte qu’on va avoir un double régime. L’un, pour
les transactions internes régi par la législation interne et l’autre, pour les
transactions internationales régi par la convention d’unification.

Il en est ainsi en particulier du transport aérien réglementé par la convention de


Varsovie de 1929. Il en est de même de la convention de Vienne de 1980, sur la
vente internationale de marchandises.
Le deuxième procédé consiste à adopter une loi uniforme, qui deviendra une loi
interne à tous les états signataires de la convention. Ces états s’engagent à modifier
leur loi interne en la matière, pour lui substituer la loi uniforme. Dans ce cas,
l’unification porte à la fois sur le droit interne et le droit international. Il en est ainsi
des conventions de Genève de 1930 et 1931 portants loi uniforme sur les chèques,
la lettre de change et le billet à ordre.

Les dispositions de ces conventions sont intégrées dans le code du commerce


marocain.

                   Para 2 : les usages commerciaux


Les usages commerciaux sont constitués par l’ensemble des comportements des
agents économiques dans leurs relations commerciales et qui ont acquis, par leur
pratique constante et leur généralisation dans le temps et dans l’espace, force de loi.

Il faut rappeler que le droit commercial a été à l’origine un droit coutumier. Par la
suite, la coutume a cédé la place aux codifications.

Cependant, la législation écrite ne peut pas englober toutes les transactions


commerciales et ne peut pas suivre quotidiennement l’évolution des techniques
commerciales. Il en résulte que les usages ont une place importante parmi les
sources du droit commercial. D’ailleurs, dans bien des cas, les usages ont été repris
dans des textes de loi.

Sur le plan juridique, les usages ont valeur de loi supplétive c’est-à-dire qu’ils
n’acquièrent force de loi, qu’à défaut de stipulation contractuelle. Dans tous les cas,
l’usage ne peut pas faire échec à l’application d’une loi formelle ou à une volonté
nettement exprimée des parties.

Il appartient à celui qui invoque un usage, de rapporter la preuve de son existence.

À cet effet, on a recours à des parères qui sont des attestations écrites émanant des
chambres de commerce, des organisations professionnelles ou des consuls lorsqu’il
s’agit d’un usage étranger.

À côté des usages locaux, la pratique commerciale internationale a unifié en les


codifiant, les usages applicables à certaines branches du droit commercial. Cette
codification a abouti à la création du Lex Mercatoria : loi des marchands. Et c’est
ainsi, qu’on a vu apparaître des contrats type, des modèles de contrats ou des
règlements établis sur la base des usages dominants dans une matière déterminée.

Ces règles sont adoptées volontairement par les parties, qui renvoient à ces contrats
type, les difficultés qui pourraient naître à l’exécution de leur contrat. Le renvoi aux
usages évite de s’encombrer de précisions et de détails dans les contrats, ce qui
permet un gain de temps dans la conclusion des contrats.

Les codifications les plus célèbres sont les règles de York et d’Anvers sur les
avaries communes, les règles et usances de la chambre de commerce internationale,
sur le crédit documentaire, des incoterms de la même chambre sur les ventes
internationales.

                   §3 : le droit civil


Les règles du droit civil sont conclues dans le D.O.C. Le D.O.C constitue une
source du droit commercial à deux niveaux.

1.              c’est le droit commun applicable en matière commerciale, chaque


fois que la législation commerciale ne réglemente pas expressément un point
particulier. Lorsqu’on se trouve en présence d’une lacune du droit commercial, il
faut avoir recours aux règles du droit civil.
2.               le D.O.C contient des dispositions du droit commercial tel que, les
règles applicables aux contrats de société, les règles concernant la preuve de la
solidarité.

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