Mémoire de F A Mesmer (... ) Mesmer Franz bpt6k754748

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Mémoire de F. A. Mesmer,...

sur ses découvertes


(Nouvelle édition) / avec des
notes de J. L. Picher Grand-
champ,...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Mesmer, Franz Anton (1734-1815). Auteur du texte. Mémoire de
F. A. Mesmer,... sur ses découvertes (Nouvelle édition) / avec des
notes de J. L. Picher Grand-champ,.... 1826.

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MEMOIRE
DE F. A. MESMER
DOCTEUR EN MÉDECINE,

SUR SES DÉCOUVERTES.


PAMW.–Dtt t.'ntPntMZHM DN KMNOOX,
rw< de. FrMct.BoMttdt S.-Michtt, t" t.
MÉMOIRE
DE F A MESMER,
DOCTEUR EN MÉDECINE,

SUR SES DÉCOUVERTES.


Matta renaseeatar qua}jam eeeiderw, eadeatqM
Qua* non'' *xat io honore.
BotAT.

S~~tOtt~

AVEC DES NOTES


DE J. L. PICHER GRANDCHAMP,.
Gradoe, ancien Chirorgiem en chef de rhôpitti générât de la Chtnté
de Lyon, membre dn ci-devant cjttége royal de chirurgie de cette
viUe, membre de la Société de médecine et du Ceretc médical de
Paris, membre honoraire de l'Académie royale de médecine, l'un
de< Médecina et ChIrargieM dea panvret du premier arrondiMement
de cette ville, l'un des Médecine iMpecteaM et TérincatanM dès
décM.

PARIS.
p~~MTÈ~AUMUS ET C", LIBRAIRES,
aux M VMMCH., <" t8;
ET CHEZ LTÉNTKUR. RUE DE JOUBERT, a t.
1826.
AVANT-PROPOS

DE L'ÉDITEUR.

CE Mémoire de M. le docteur Mesmer pa-


rut dans l'année i y y 8 il fut rapidement enlevé,
principalement par les étrangers; il est de-
venu fort rare.

Comme l'un des plus anciens et des pre-


miers disciples de ce médecin, et dans un
moment où l'Académie royale de Médecine
a choisi, dans son sein, des membres distin-
gués pour s'occuper du magnétisme animal,
et lui faire un rapport à ce sujet, j'ai cru
devoir servir ses intentions et pouvoir le faire,
en donnant au public ud'e nouvelle édition
de cet ouvrage.

Je l'ai choisi exprès, et de préférence, parmi


les autres écrits de ce médecin, sur le même
sujet. 11 m'a
paru donner une idée plus exacte,
quoique sommaire, du système et de la doc-
trine du magnétisme animal. Un grand nom-
bre de médecins et d'autres personnes s'en
occupant plus que jamais, ce Mémoire peut
servir à diriger ou à rectifier leurs opinions
à cet égard.

J'y ai joint quelques notes dans l'intention


d'en rendre la lecture plus utile et pour aider
l'intelligence de cette découverte. Je souhaite
avoir rempli ces divers objets.

Précédé par une lettre adressée MM. le


président et membres de la Commission choi-
sie dans le sein de l'Académie royale de
Médecine, pour s'occuper de l'examen du
magnétisme animal.

Cet ouvrage ainsi constitué sera terminé


par des remarques et observations faites
sur un article contre le magnétisme animal
et les magnétiseurs, extrait du Mandement
de M'' l'évêque de Moulins, à l'occasion du
Jubilé.
M. le docteur Mesmer, écrivant à un de ses
amis, en ï y83, disait c Mon existence res-
« semble absolument à celle de tous les
«
hommes, qui, en combinant des idées fortes
« et d'une vaste étendue, sont arrivés à une
« grande erreur ou à une importante vérité
« ils appartiennent à cette erreur ou à cette
« vérité; et selon qu'elle est accueillie ou reje*
« tée, ils vivent admirés ou meurent mal-
« heureux. Mais quoi qu'ils tentent, pour re-
« couvrer leur indépendance primitive, c'est-à-
« dire, pour séparer leur destinée de celle du
<c système
dont ils sont les auteurs, ils ne font
« que d'inutiles efforts. Leur travail est celui
« de Sisyphe, qui roule malgré lui le rocher
« qui l'écrase rien ne peut les soustraire à
a la tâche qu'ils se sont une fois imposée il
<t
faut qu'ils ia remplissent, ou que la mort
« les surprenne occupés de la remplir. » Le
docteur Mesmer a été tout ce qu'il devait être,
et s'il a fallu qu'il souffrît pour avoir fait un'
grand bien aux hommes, il a subi cette des-
tinée il n'a abandonné qu'à la mort son tra-
vail commencé. Les grandes vérités ne sont
point le partage des hommes pusillanimes
et celui qui les découvre est aussi celui qui
est le plus digne de les défendre

Cet ouvrage, de M. le docteur Mesmer,


doit être considéré comme le vestibule d'un
très-grand palais, qui doit donner rentrée à
toutes ses distributions, et à jeter un jour suf-
fisant dans ses endroits les plus obscurs.
A MONSIEUR

BOURDOIS DE LA MOTTE,

7~.yM~ de la Co77?/M/jJzo~ c~ ~c~-


dé/nie royale de médecitie, de s'occuper de
l'examen <~M y~Tïe animal.
MONSIEUR LE PRÉSIDENT ET HONORE COLLEGUE,

Je m'adresse à vous pour vous proposer,


ainsi qu'à la commission, que vous présidez
le développement d'un projet que je crois
très-important, eu égard aux circonstances
dans lesquelles vous allez être placés, vous,
et vos honorables collègues, au sujet du ma-
gnétisme animal.
<
Appelé à porter un jugement suprême,
peut-être irréfragable, sur une grande er-
reur accréditée, ou sur une science mère,
environnée de tout l'éclat de la vérité, qui
porte tous les caractères qui la prouvent, et
qui dénonce son utilité; je crois, sans doute
comme vous, que dans ce genre d'une magis-
trature exacte et sévère, s'exerçant envers
l'homme directement, et faite pour rectifier
ou pour augmenter les lumières et les res-
sources de la médecine proprement dite; je
crois, dis-je, que son premier besoin, comme
son premier devoir, dans cette nouvelle car-
rière, sont de s'instruire à fond du terrain
qu'elle doit explorer, du sujet sur lequel elle
est invitée à fonder et à rendre son arrêt.

Pour vous.aider, si j'en suis capable, à at-


teindre ce but avec sûreté, à marcher avec
assurance dans un chemin devenu multiple
et quelquefois obscur, pour en parcourir
tous les sentiers, pour vous garantir enfin
contre la facilité de prendre une fausse route;
je viens, M. le Président, offrir de porter au
devant de vous, et de la commission, un
flambeau secourable, qui éclaire votre mar-
che, et placer des fanaux dans les endroits
difficiles qui pourraient entraver vos pas ou
vous égarer. Dans quel moment d'une vie
déjà avancée aurai-je pu rencontrer et saisir
une occasion plus honorable et plus favorable
pour orner son déclin, que celle de vous faire
une proposition de cette nature, peut-être
téméraire, mais naïve et que je crois conve-
nante

Je n'ai point, Dieu m'en garde, la ridicule


prétention de vous instruire, d'être en cela
même votre professeur. Chacun de vous, à
plus juste titre, est fait pour être le mien à
tous égards; mais l'intérêt de l'humanité, de
la vérité, celui de la science, et oserai-je le
dire, celui de votre propre gloire me rend
en cette occasion aussi enhardi que je suis de
bonne foi. Je cherche à vous rendre le service
qu'on m'a rendu à moi-même, voilà mon
motif si j'avais besoin de le défendre.
Et d'abord, dans tout ce qui a été dit et
soutenu contradictoirement, sur le magné-
tisme animal, à l'Académie royale de Méde-
cine avec assez de solennité, dans quelques
ouvrages imprimés du moment, dans des
journaux, et dans des conversations et dis-
cussions particulières il m'a paru qu'on
prenait le sommeil magnétique ou somnam-
bulisme, comme le type de la science mesmé-
rienne, et les phénomènes de cet état extraordi-
naire, comme les seuls conséquences, les seuls
produits, à solliciter, à rechercher, à obtenir, à
observer et à exploiter en faveur de l'huma-
nité souffrante, pour la guériscn de ses maux.
C'est bien le cas de dire, que c'est prendre la
chose à rebours, l'effet pour la cause et croire
faussement avoir tout obtenu par la manifes-
tation de ce résultat, sans être tenu d'en con-
naître les principes fondamentaux. Pour des
médecins instruits, pour des savans philan-
thropes, n'est-ce pas cueillir des fruits avec
avidité, sans vouloir examiner, étudier par
degrés, et le sol qui a produit l'arbre qui le
porte,- les racines de cet arbre, son tronc, sa
contexture, ses branches, ses ramifications,
enfin, ses feuilles ses fleurs et son fruit
même comme on doit le faire dans l'étude
de l'histoire naturelle ?

Cette manière légère et vulgaire d'argumen-


ter et de procéder, est une grande erreur, un
véritable empirisme, qui peuvent avoir dans
l'application des conséquences dangereuses,
et qu'il convient, si non de détruire, au
moins de vous signaler.
Le sommeil magnétique n'est qu'un effet
très-naturel, comme les remèdes ordinaires
de la médecine en produisent dans leurs
sphères d'activité; mais plus fécond, plus
avantageux, il est vrai, plus lumineux, mais
aussi plus sujet à faire illusion. C'est un
événement possible, une crise, un dévelop-
pement produit par des procédés magné-
tiques, bien ou mal connus, bien ou m<d
appliqués. Cet état est constitutif; il est iden-
tique à l'individu chez lequel il se prononce.
Celui qui n'a pas cette prédisposition mor-
bide innée ou acquise, cherchera en vain à
l'obtenir par tous les magnétiseurs instruits,
et par tous les meilleurs procédés. Cependant,
par le développement de la maladie et la con-
tinuité de l'application de cet agent magné-
tique, il se démontre parce qu'il y était non
encore développé. Voilà pourquoi sur vingt
magnétisés il y en a tout au plus cinq avec
des intelligences diverses qui manifestent ce
sens nouveau, cette faculté nouvelle.
Ces premières ventes énoncées, un narré
simple que j'abrégerai le plus possible, me
paraît nécessaire pour la double fin que je me
suis proposée, et va, M. le Président, je l'es-
père, vous en donner les preuves, commen-
cer à fixer vos idées, et à diriger votre marche
dans ces travaux.
Il y a à peu près quarante ans, comme on
peut le savoir, que M. le docteur Mesmer fit
parler de lui dans toute l'Europe, en annon-
çant par des mémoires qu'un nouveau
moyen de guérison, un système nouveau de
médecine, une doctrine nouvelle reposant
sur des bases nouvelles, étaient faits pour re-
culer les bornes de toutes les sciences, de
l'art de guérir principalement. Un fluide uni-
versel, âme secondaire de la nature, était
l'agent principal des procédés extérieurs, et
la volonté, les moyens.

Arrivé et nxé à Paris, où l'on vient toujours


chercher le sceau de la gloire, sa découverte
eut de grands partisans, comme aussi de
grands détracteurs. Il n'a cessée d'appeler une
commission de savans pour la leur démontrer.
Des cours de cette doctrine furent annon-
cés avec éclat, et le nombre des disciples ou
auditeurs fixé. Nous, par une curiosité natu-
relle à notre profession, nous partîmes quatre
médecins de la ville de Lyon, messieurs Fais-
sole, Orelut, Bonnefoi et moi, voulant, s'il
se pouvait augmenter ou rectifier nos con-
naissances médicales principalement. Nous
fume~, pendant plus de quinze jours, sévère-
ment examinés sur nos connaissances physi-
ques, sur notre capacité, sur notre moralité,
et admis comme élèves, ou <M~~j si vous
voulez, avec des conditions réciproques écrites
et signées.

Nous nous trouvâmes au nombre de qua-


rante ou cinquante, si je m'en rappelle, parmi
lesquels il y avait des médecins,des chirurgiens,
des avocats, des savans, des conseillers au
parlement, des intendants, des grands sei-
gneurs. J'avais la liste imprimée de tous ces
messieurs, elle m'a été dérobée ainsi que quel-
ques imprimés et manuscrits précieux mais ma
mémoire me rappelle les suivans M~Ie duc de
C~vH, MM. de ~M~~M~M, de La Farette, de
Pur-Ségur, de C~z/e/M~c, Z?~<Mje, le premier
commis de la police, M. Judel, ancien dé-
puté, actuellement médecin à Versailles, le
prince de Condé, défunt, le duc de ~oM/<7~,
vivant, etc. etc. Le cours dura deux mois, et
un traitement établi dans des salons, des
chambres appelées des crises, joignirent en
même temps la pratique à la théorie. Il ne
m'est point encore parvenu qu'aucun membre
de cette brillante et honorable assemblée ne
soit resté bien convaincu de la réalité d'un prin-
cipe actif et de la grande utilité de la décou-
verte. Quelques médecins choisis, parmi les-
quels j'avais l'honneur d'être comptés, avaient
seuls la permission d'entrer dans les chambres
appelées des crises, de les diriger. Cette dispo-
sition exclusive ne regardait point leurs altesses
sérénissimes, M~ de Condé et de Bourbon.
Là, des agitations, des sueurs, des crises
par tous les émonctoires, des pleurs, des som-
meils. dont, par raisons, on ne nous avait
point encore instruits, excitèrent nos médi-
tations.
Au milieu d'un second cours, que nous
suivîmes avec encore plus d'ardeur et d'assi-
duité, s'il est possible, avec une partie de la
compagnie du premier cours et avec une
nouvelle, de cette même composition, on
demanda que ces cours, cette doctrine fussent
imprimés. Une opposition tranchée à cette
proposition, surtout de la part de quelques
savans et seigneurs de la cour, appuyée sur
les considérations suivantes, fut écoutée et
admise.

La médecine, dit-on, a perdu beaucoup


«
« de sa
considération, de l'espèce de sacerdoce
a qui environnait son existence et ses décrets,
«
de l'estime et confiance publiques dont elle
était décorée, depuis que l'impression a ré-
a vellé toute la science, ses maximes, ses vé-
« rités fondamentales, ses fautes, ses erreurs,
et même ses moyens occultes et mystérieux.
«Tout cela est entre les mains de tout le
« monde. L'ignorance, la cupidité y puisent
< sans cesse des maximes qu'elles travestissent,
« des recettes, des remèdes soi-disant j~c/ie~;
« de là un charlatanisme général et épouvan-
« table. Le médecin instruit a continuellement
Ma lutter contre les préjuges, les erreurs, les
« préventions et l'entêtement des malades,
K par
suite de cette publicité devenue vulgaire,
« et qui font perdre à la science son véritable
« lustre et son prix se voyant d'ailleurs tous
les jours baffouée, jouée sur tous les théâ-
« très, et aussi par de grands écrivains! » Cette
sortie fut frappante.

Il fut arrêté que, sans s'attacher à la quo-


tité de la dépense, tous les élémens, prin-
cipes et applications de cette science nouvelle
seraient gravés avec soin, que pour leur con-
server une dignité convenable et méritée, on
n'en remettrait qu'un seul exemplaire à ceux
qui collectivement seraient autorisés à établir
un traitement et des cours, dans quelques
villes .nommées. Nous acquîmes un de ses
exemplaires devenu notre propriété, restant
comme telle, au dernier vivant, et garantie
encore contre une indiscrète publicité par la
précaution d'avoir exprimé les mots essen-
tiels, les mots tecniques par des figures ou
signes dont on nous donna la clef; voilà les rai-
sons pour lesquelles une espèce de mystère
a environné cette science et sa pratique, ce
qui, sans doute, eût toujours été très-utile
dans l'exercice de la médecine ordinaire, con-
venez-en. Comme dernier vivant, je possède
dans toute son intégrité cet ouvrage gravé.
Sans répéter ce que je viens de vous dire,
M. le Président, vous devrez savoir que de
retour à Lyon, un traitement, des cours, furent
aussitôt annoncés et établis. La foule ne tarda
pas à se présenter les travaux furent distri-
bués ainsi Bonnefoi fut chargé des cours,
moi, de la direction immédiate des traite-
mens les autres étaient collaborateurs, et
tous des écrits possibles.
Nos traitemens se composèrent de toutes
les classes de la société entre autres de mi-
lady de mistriss Pitt sa fille. Il y en
eut un spécial et gratuit pour ceux dépourvus
d'aisance; sauf une multitude de maux frap-
pés d'incurabilité radicale, toutes les mala-
dies pouvant être amenées, chroniques ou
aiguës (sauf la peste, les maladies conta-
gieuses et la rage ), furent avec succès sou-
mises à notre traitement et pour tous re-
mèdes auxiliaires, l'eau magnétisée, un peu
de crème de tartre, de l'orangeade ou limo-
nade, principalement.
De riches négocians, des éclésiastiques, sur-
tout l'abbé Boul, académicien, ancien prédi-
cateur des rois Louis J~et Stanislas; des avo-
cats, des savans, des architectes, des artistes,
des hommes titrés, des membresdu Parlement
de Grenoble, entre autres le célèbre avocat
général Servan; le comte d'T~, cham-
bellan du roi de Prusse; Guillaume, père de
celui qui règne; enfin de son altesse royale
M~ le duc de GA?c~~r, oncle du roi d'An-
gleterre régnant, furent comptés au nombre
de nos disciples; et tout ainsi que dans l'his-
torique développé plus haut, aucun de ces
messieurs et seigneurs ne s'est retiré qu'in-
struit, persuadé et convaincu de la réalité et
de la grande utilité de la découverte.

Je ne dois point vous laisser ignorer, mon-


sieur et très-honoré collégue, une anecdote
remarquable M. le comte d'Hœnoiï, cité plus
haut, passait par Lyon pour conduire à Nice,
d'après l'avis des médecins de Berlin, M*' la
comtesse,1 son épouse, dame d'honneur
de la princesse Amélie de Prusse, et y rester
quelques mois, à l'effet de la guérir d'une
névrose affectant tous les organes abdomi-
naux et thorachiques pour laquelle ils
avaient employé tous les moyens voulus par
la science et l'expérience) mais sans succès
chez une dame de vingt six ans, ayant un
enfant de trois ans. Le hasard d'une cir-
constance particulière détermina ces époux
à rester à Lyon la comtesse fut confiée à mes
soins magnétiques. Au bout de quatre mois
elle s'en retourna à Berlin, guérie et enceinte
de. trois; son enfant fut inoculé par moi, et
d'après la permission de M. le docteur Mesmer,
elle avait été très-instruite de la doctrine,
comme le comte son mari. C'est que je sache
la seule femme qui ait été initiée. En par-
tant le comte me dit « En arrivant à Berlin
et où Fon sait déjà mon histoire, et où je suis
« pour cet objet principal attendu, mon pre-
« mier soin sera de présenter ma femme guérie
« par le magnétisme, de voir et de convaincre
« mes médecins particuliers, puis de prendre
« le moment opportun pour en parler au roi,
« qui d'abord ne manquera pas de m'inter-
« roger à cet égard. » En effet, au bout de
quelques mois sa majesté et quelques méde-
cins choisis furent instruits par le comte; il
en est résulté une décision suprême, par la-
quelle tout individu qui voudrait magnétiser
serait tenu d'en demander l'autorisation.à une
espèce de comité ou conseil médical exami-
nateur, et défense expresse d'exercer le ma-
gnétisme sans avoir obtenu cette autorisation.
Il est à désirer qu'en France, et il faut l'es-
pérer, d'après votre commission, il sera pris
les mêmes moyens d'actions et de répressions.
On connaît le reste cette science théorique
et pratique s'est étendue de Prusse en Da-
nemark, en Suède, en Russie, etc. M. de La
/~y~e en a fait hommage aux États-Unis
anglo-américains. C'est encore ici une nou-
velle preuve, M. le président, qu'une petite
cause éloignée produit de grands effets. Certes,
si avec tout ce cortège de savans, de méde-
cins, d'ecclésiastiques, de jurisconsultes, de
grands, de princes et de rois, on est dans
l'erreur, il y a quelque dédommagement dans
l'honneur de s'égarer avec lui.
Un mois d'exercice de notre traitement et
cours magnétiques était à peine écoulé, lors-
que, sur trente ou quarante malades journa-
liers, de tout âge et de tout sexe, le somnam-
bulisme se développa spontanément dans un
jeune homme, une jeune dame mère de fa-
mille et une demoiselle, âgée de plus de trente
ans. Cette apparition subite, sans provoca-
tions plus particulières, nous étonna et nous
aurait approchés de l'enthousiasme, si nous
n'y eussions été un peu préparés d'avance. Ce
genre de crise ou de développement d'un sens
inconnu fut exploité et dirigé avec toute la
prudence, la sagesse et le succès dont nous
étions capables. Ce sommeil magnétique, si
fécond en vérités et en erreurs, dont on ne
nous avait parlé qu'avec discrétion et réserve
obligées, s'est donc manifesté dans les com-
mencemens de l'emploi des procédés magné-
tiques. Ce n'est donc point une nouveauté,
une nouvelle doctrine séparée du système
fondamental cette division ou séparation est
tout uniment, comme je l'ai dit, une erreur,
une aberration à la place de la vérité.
Le printemps arrivé, il fut décidé par nos
élèves et nous, que le traitement serait établi
en plein air, dans un jardin, sous deux grands
arbres, et par eux enrichi d'une fontaine d'eau
courante et limpide, le tout renferme dans
une enceinte, avec toutes les aisances conve-
nables. Ces arbres, cette eau furent magné-
tisés, et devinrent la base essentielle de notre
traitement. Avant la première semaine écou-
lée, tous nos malades réjouis de ce nouveau
mode de traitement, ceux dont le développe-
ment des maux et de la marche de curation
éprouvaient des spasmes, des agitations dou-
loureuses et critiques, cessèrent d'en avoir de
bruyantes. Un calme parfait succéda à toutes
les espèces d'orages naturels et nécessaires.
Le nombre de somnambules devenus méde-
cins plus ou moins intelligens, et se secou-
rant tous, pour ainsi dire machinalement,
mais clair-voyans, fit plus que doubler. Le
mauvais tems nous ramenait à regret dans
nos salons ordinaires.
Telle est la première fin que je me suis
proposée, monsieur le président, dans cette
lettre, celle de vous présenter l'esquisse ra-
pide et imparfaite de l'histoire magnétique qui
nous concerne. Je ne vous parle point des
résultats heureux, incroyables et extraordi-
naires obtenus par le magnétisme et le som-
nambulisme ce n'est pas ici le moment ni le
lieu. La seconde fin est renfermée dans la
proposition suivante J'ai l'honneur de vous
offrir, ainsi qu'à la commission que vous allez
présider, l'ouvrage gravé, dont j'ai parlé plus
haut~ dans toute sa pureté et son intégrité;
de vous le céder a~ ec la clef. II renferme tout
le système, toute la doctrine, les procédés
et les autres élëmens constitutifs de cette
science.
Je propose encore dans des conférences,
séances, ou conversations privées, de faire mes
efforts pour répondre à toutes les questions,
objections, doutes, interrogations, discré-
tionnelles, etc., si la commission jugea pro-
pos de me les produire.
Dans cette lettre déjà trop longue, je n'ai
fait cependant qu'énoncer les textes ou som-
maires principaux, beaucoup d'autres expli-
cations, propositions subséquentes qui en dé-
rivent naturellement, et s'y rattachent avec
la même nécessite, devront être faites en
tems et lieux, si, comme je n'en doute pas,
vous me faites l'honneur d'un mot de réponse.
Veuillez, mon cher président et honoré
collégue recevoir, et faire accepter aux mem-
bres de la commission les témoignages de
ma considération et de mon dévoûment.
AVANT-PROPOS.
DE L'AUTEUR.

L'HISTOIRE offre peu d'exemples d'une


découverte qui, malgré son importance,
ait éprouvé autant de difficulté à s'établir
et à s'accréditer, que celle d'un agent sur
les nerfs, agent inconnu jusqu'ici, et que
je nomme magnétisme animal.
L'opiniâtreté avec laquelle on s'est op-
posé aux progrès de l'opinion naissante
sur cette nouvelle méthode de guérir,
m'a fait faire des efforts pour rectifier et
pour embrasser dans un système une
grande partie des connaissances phy-
siques.
Avant de produire ce système, dans
lequel j'ai tâché de rapprocher et d'en-
chaîner tes principes qui le composent,
j'ai cru devoir donner dans un mémoire
préliminaire une idée juste et précise
de son objet, de l'étendue de son utilité,
et détruire les erreurs et les préjugés
auxquels il a pu donner lieu.
Je présenterai une théorie aussi simple
que nouvelle des maladies, de leur mar-
che, et de leur développement, et je subs-
tituerai une pratique également simple,
générale, et prise dans la nature, aux
principes incertains, qui jusqu'à présent
ont servi de règle à la médecine.
La plupart des propriétés de la matière
organisée, tels que la cohésion, l'élasti-
cité, la gravité, le feu, la lumière, l'é-
lectricité, l'irritabilité animale, qui jus-
qu'à présent ont été regardés comme des
qualités occultes, seront expliqués par
mes principes, et leur mécanisme mis en
évidence.
Je me flatte d'avoir jeté un nouveau jour
sur la théorie des sens et de l'instinct.
Par le moyen de cette théorie, j'ai essayé
d expliquer plus parfaitement les phéno-
mènes aussi variés qu'étonnans de l'état
appelé somnambulisme qui n'est autre
chose qu'un développement critique de
certaines maladies l'histoire de la méde-
cine en rapporte un si grand nombre
d'exemples qu'on ne peut pas douter que
ces phénomènes n'aient toujours paru un
sujet d'observations intéressantes pour les
gens de l'art et je puis moi-même affir-
mer aujourd'hui que toutes les nuances
d'aliénations de l'esprit, appartiennent à
cette crise extraordinaire.
C'est elle qui produit les apparitions
merveilleuses, les extases, les visions
inexplicables, sources de tant d'erreurs
et'd'opinions absurdes. On sent combien
l'obscurité même qui couvrait de tels
phénomènes, jointe à l'ignorance de la
multitude, a dû favoriser l'établissement
des préjugés religieux et politiques de
tous les peuples.
J'espère que ma théorie préviendra dé-
sormais ces interprétations qui produi-
sirent et alimentèrent la superstition et
le fanatisme, et empêchera surtout que
ceux qui, soit par un accident subit ou
par des maladies aggravées, ont le mal-
heur de tomber dans le somnambulisme,
ne soient abandonnés par l'art, et retran-
chés de la société comme incurables car
j'ai la certitude que les états les plus
efïrayans, tels que la folie, l'épilepsie et
la plupart des convulsions sont le plus
souvent les funestes effets de l'ignorance
du phénomène dont je parle, et de l'im-
puissance des moyens employés par la
médecine; que presque dans tous les cas
ces nîatadies ne sont que des crises incon-
nues et dégénérées; qu'il est enfin peu de
circonstances où on ne puisse les pré-
venir et les guérir.
J'ai la confiance que des principes dont
les conséquences sont si importantes, ne
seront jugés ni sur des préventions, ni
sur des productions prématurées (i), non

(i) Les imitateurs de ma méthode de guérir, pour


l'avoir trop légèrement exposée à la curiosité et à la con-
tradiction, ont donné lieu à beaucoup de préventions
contre elle. Depuis cette époque on a confondu le som-
nambulisme avec le magnétisme, et par un zèle irré-
plus que sur des fragmens et des contre-
façons qui ont été publiées sans mon
aveu moins encore d'après le rapport de
ceux qui, obsédés de préjugés, ont donné
leurs propres lumières pour la mesure des
connaissances possibles (*). Si d'ailleurs

Méchi~ par un enthousiasme exagéré on a voulu consta-


ter la réalité de l'un par les effets surprenans de l'autre.
Le mémoire qu'on va lire a, en partie, pour objet de
détromper d'une pareille erreur.
(*) Les préjugés, les préventions sont, pour ainsi
dire, inhérens à la nature de l'homme, non assez instruit
encore, et refusant de l'être par ces premières causes.
«
Il ne faut (dit M. l'abbé Trublet) (ï) pour aucune
«
opinion, avoir cette sorte d'éloignement qui forme
«
l'esprit aux raisons qui la favorisent, à moins, pour-
« tant, que cette
opinion ne soit dangereuse aux autres
« et à nous-mêmes.
« Il y a deux sortes de préventions, l'une qui n'est que

«
dans l'esprit, l'autre qui est dans le cœur. Celle-ci est
«
le plus grand obstacle à changer d'opinion, et elle se
joint presque toujours à la première. On s'attache à
« une
opinion par l'habitude de la croire, et les préjugés
« de la naissance et
de l'éducation ne sont si forts, que
« parce
qu'ils produisent un attachementproprement dit,

(t) Pensées sur la philosophie, tes sciences, les opinions, tes


systèmes, etc.; par M. i'abh~ Fra~. Entr. dans tf Mère. de
France, août 176~ pag. 3g et suiv.
malgré tous mes efforts, je ne suis pas
assez heureux pour éclairer mes contem-
porains sur leurs propres intérêts, j'aurai
du moins la satisfaction intime d'avoir
rempli ma tâche envers la société. (~)

« un attachement de cœur et par conséquent, une vraie


w
aversion-pour tout ce qui leur est contraire.
< A
l'attachement qui vient de l'habitude, se joint
« celui qui nait de l'amour-propre. On respecte ses pre-

«
miers maîtres, mais on se respecte aussi soi-même.
a Serait-il possible, se dit-on, qu'on eut été si loug-temps
dans l'erreur ? Non sans doute on y persiste donc, et
autant par orgueil que par prévention.
Aussi, Descartes a-t-il dit qu'il est aussi difficile de
se défaire de ses préjugés et de ses préventions, que de
brûler sa maison. ( Note de ~~cMr. )
(*) Il a tenu, en effet, sa parole envers les savans, les
médecins, l'humanité entière et son siècle.
Mort dans la. ville de Constance, lieu de sa naissance,
il n'a cessé, jusqu'au dernier soapir, de protester contre
l'aveuglement volontaire ou non, de ses contemporains.
J'ai une consolation, a-t-il dit, dans ce moment, où
toute illusion s'évanouit, ou tout intérêt personnel dis-
parait j'ai une prévision, qu'avant ving-cinq ans, le
magnétisme débarrassé de tout ce que l'ignorance et la
persécutionl'ont environné, viendra satisfaire à la plus
forte passion de ma vie, celle d'avoir été utile à mes
semblables. ( Note de ~<~c~.)
MÉMOIRE
If

DE F. A. MESMER,
DOCTEUR EN MÉDECINE,

SUR SES DÉCOUVERTES.

IjA philosophie est parvenue dans ce siècle


à triompher des préjuges et de la superstition
c'est par le ridicule surtout qu'elle a réussi à
éteindre les bûchers que le fanatisme, trop
crédule, avait allumés, parce que le ridicule
est l'arme à laquelle l'amour-propre sait le
moins résister. Si l'opinion élevait autrefois
le courage jusqu'à faire braver le martyre, tan-
-dis qu'aujourd'hui on ne peut supporter le
moindre ridicule; c'est que l'amour-propre
mettait alors toute sa gloire dans la~/c/icc de
la résistance, et qu'à présent il craindrait
l'humiliation d'une crédulité qu'on taxerait
de faiblesse. Le ridicule serait sans doute le
meilleur moyen de réformer les opinions, si
toutefois il n'avait que l'erreur pour objet
mais, par un zèle exagéré pour les progrès
de la philosophie, on abusa trop souvent de
ce moyen les vérités les plus utiles furent
méconnues, confondues avec les erreurs et
sacrifiées avec elles.
Les égaremens de la superstition n'empê-
chèrent pas autrefois de reconnaître des faits
surprenans, dont le défaut de lumières ne
permettait pas d'apercevoir les causes on ne
dédaignait pas de constater ces faits avec une
attention proportionnée à leur importance
et si l'on se trompait sur les principes on
Savait au moins aucun doute sur les effets.
Aujourd'hui on se refuse à l'examen et à la
vérification des faits, de sorte qu'on est ré-
duit à ignorer autant les effets que les causes.
Lors même que certaines vérités, en raison
de leur vétusté et de l'abus de l'esprit hu-
main, sont tellement défigurées qu'elles se
trouvent confondues avec les erreurs les plus
absurdes, ces vérités n'ont pas perdu pour
cela le droit de reparaître au grand jour pour
le bonheur des hommes; j'ose dire même
que c'est une obligation pour ceux qui, par
leurs connaissances prétendent à l'estime pu-
blique, de rechercher ces vérités pour les dé-
gager des ténèbres et des préjugés qui les
enveloppent encore, au lieu de se retrancher
dans une incrédulité funeste aux progrès de
la science.
J'ai annoncé, par le Mémoire que j'ai pu-
blié l'an 1770, sur la découverte du magné-
tisme animal, les réflexions que j'avais faites
depuis plusieurs années sur l'universalité de
certaines opinions populaires qui, selon moi,
étaient les résultats d'observations les plus
générales et les plus constantes.
Je disais à ce sujet que je m'étais imposé la
tâche de rechercher ce que les anciennes er-
reurs pouvaient renfermer d'utile et de vrai
et j'ai cru pouvoir avancer que parmi les opi-
nions vulgaires de tous les temps qui TÏ'O/Ï~
pas leur principe dans le ca?Mr ~MF~MM/ï, il en
était peu quelque ridicules et même extra-
vagantes qu'elles paraissent, ~Mi~c/ï~
être considérées comme le reste d'une ~~y~
primitivement reconnue.
Mon premier objet fut de méditer sur ce
qui pouvait avoir donné lieu à des opinions
absurdes, suivant lesquelles les destinées.des
hommes, ainsi que les ëvënemens de la na-
ture étaient regardés comme soumis aux
constellations et aux différentes positions que
les astres avaient entre eux.
Un vaste système des influences ou des
rapports qui lient tous les êtres, les lois
mécaniques et même le mécanisme des lois
de la nature, ont été les résultats de mes mé-
ditations et de mes recherches.
J'ose me flatter que les découvertes que
j'ai faites, et qui sont le sujet de cet ouvrage,
reculeront les bornes de notre savoir en
physique, autant que l'invention des mi-
croscopes et des télescopes l'a fait par rap-
port aux temps qui nous ont précédés (*).
Elles feront connaître que la conservation de

(*) Le docteur Mesmer par une de ces comparaisons


heureuses dont il abondait, disait à ses élèves, en par-
lant du sommeil magnétique, dont bientôt il va parler,
que dans cet état d'un somnambulismeparfait, l'individu
chez lequet il était développé, devenait pour le médecin
bien instruit du magnétisme animal un télescope ou un
l'homme, ainsi que son existence, sont fon-
dées sur les lois générales de la nature; que
l'hommepossède des propriétés analogues à
celles de l'aimant; qu'il est doué d'une sensi-
bilité, par laquelle il peut être en rapport
avec les êtres qui l'environnent, même les
plus éloignes; et qu'il est susceptible de se
charger d'un ton de mouvement (ï); qu'il
peut à l'instar ~M ~/cM, communiquer à
d'autres corps animés et inanimés; que ce
mouvement peut être propagé, concentré,
réfléchi comme la lumière, et communiqué
par le son; qu'enfin le principe de cette
action, considéré comme un agent sur la
substance intime des nerfs du corps animal,
peut devenir UN MOYEN DE CU~RÏR ET M~M~
DE SE PRÉSERVER DES MALADIES.

microscope avec lequel il pouvait apercevoir toutes les


indispositions, toutes lès maladies et surtout leurs causes
et curadons, jusque-là obscures voilées et inappré-
ciables. ( Note de/Mr. )
(i) J'entends par ton un mode particulier et déterminé
du mouvement qu'ont entre elles les, par<iM:ules qui
constituent le nuide.
Je suis parvenu à reconnaître la cause im-
médiate de l'important phénomène du mou-
vement alternatif que nous offre l'Océan
je suis convaincu que l'action de cette même
cause ne se borne pas à cet élément, mais
qu'elle s'étend sur toutes les parties consti-
tutives de notre globe; que cette action, en
déterminant ce que j'appelle l'intension (1) et
la rémission alternatives des propriétés de la
matière organisée anime et vivifie tout ce
qui existe et qu'enfin cette action, la plus
universelle, est au monde ce que les deux
actes de la respiration sont à l'économie ani-
male.
Voi!à en substance les principales décou-
vertes que j'annonce depuis vingt cinq ans
sous la dénomination de magnétisme animal
dénomination pleinement justifiée par la na-
ture de la chose.
La singularité de cette nouveauté révolta

(t ) J'entends par les mots intension et ~c~!M~o/!


~augmentation et la diminution de,la propriété ou de la
faculté, ce qu'il ne faut pas confondre avec l'intensité,
qui exprime l'effet de cette propriété ou faculté même.
d'abord en Allemagne les physiciens et les
médecins, les électriseurs, et les gens qui
maniaient l'aimant. On accueillit avec dédain
les premières annonces faites par un homme
encore ignoré parmi eux. On contesta la pos-
sibilité des phénomènes, comme étant con-
traires aux principes reçus en physique. Au
lieu d'amuser la curiosité je m'empressai
d'arriver au point de les rendre utiles, et ce
ne fut que par les faits que je voulus con-
vaincre.
Les premières guérisons obtenues sur quel-
ques malades regardés comme incurables,
suscitèrent l'envie et produisirent même l'in-
gratitude, qui se réunirent pour répandre des
préventions contre ma méthode de guérir en
sorte que beaucoup de savans se liguèrent
pour faire tomber, sinon dans l'oubli, du
moins dans le mépris, les ouvertures que je
fis sur cet objet on cria partout à l'impos-
ture (*).

(*) ti n'est point inutile ici de tracer en peu de mots un


aperçu historique sur la jeunesse du docteur Mesmer.
Après ses études appelées d'humanité, et parfaitement
En France, où la nation est plus éclairée
et moins indifférente pour les nouvelles con-
naissances, je n'ai pas laissé que d'éprouver
des contrariétés de toute espèce, et des per-
sécutions que mes compatriotes m'avaient
préparées de longue main, mais qui, loin de

faites avant l'âge, ordinaire, il se livra à celle de la mé-


decine. Élevé à l'école de ~«~M et de Haen dis-
ciples du fameux Boerhaave, il ne tarda pas à se frayer
une route nouvelle, et ce n est qu'après avoir long-temps
combattu les préjugés, qu'il s'est avancé dans la connais-
sance des vrais principes de la nature éclairé d'un
nouveau jour, ses observations lui ont fait sentir le pro-
fond système qu'il annonce.
On a dit que Newton eut la première idée si savam-
ment développée depuis de soa système de gravitation,
en apercevant une pomme tombant de l'arbre. Le doc-
teur Mesmer eut la première idée aussi de son système
en observant que chaque fois qu'à table ou autrement
un domestique ou autres de sa connaissance se pla-
çaient derrière lui, par une sensation particulière et
sans les apercevoir par la vue, il annonçait que c'était tel
ou tel qui lui procurait cette observation. Né très-sen-
sible, et naturellement grand observateur, c'est de ces
premiers effets et de ces premières causes qu'il a tiré et
bâti son système, établi sa doctrine, et les a appliqués à
la guérison des maladies. Il m'a répété plusieurs fois cette
anecdote. (~Vb~ de /'2~7/~Mr. )
me décourager, ne firent que redoubler mes
efforts pour le triomphe des vérités que je
regardais comme essentielles au bonheur des
hommes.
Un grand nombre de malades qui, pen-
dant dix à douze années consécutives, avaient
éprouvé les effets salutaires de cette méthode,
et des personnes instruites qui se livraient à
cette pratique bienfaisante, me rendirent une
justice entière. Mais quelques savans de ce
pays, faisant profession de gouverner l'opi-
nioil, se sont, pour ainsi dire, coalisés avec
les étrangers, pour mettre au nombre des
illusions tout ce qui se présentait en faveur
de cet objet l'autorité de leur renommée
fortifia la prévention.
Un ministre du règne passé abusa de toute
sa puissance pour détruire l'opinion nais-
sante. Après avoir ordonné (malgré mes pro-
testations) la formation d'une commission,
pour juger ma doctrine, et la condamner
dans la pratique qu'en faisait une personne
que je désavouais, il fit célébrer son triomphe
à l'académie des sciences, où il fut flagorné
pour les avoir préservées, disait-on, d'une
grande erreur qui faisait la honte du siècle.
H inonda l'Europe entière d'un rapport fait
par cette commission, et finit par livrer à la
dérision publique, sur les théâtres, et ma
doctrine et ma méthode de guérir.
La grande nation à laquelle je consacre le
fruit de mes découvertes continuerait elle
de voir avec indifférence qu'on soit parvenu
à lui ravir, par de basses intrigues, l'opinion
consolante d'avoir acquis un moyen nouveau
de conserver et de rétablir la santé ? non, elle
s'empressera de revenir de son erreur sur un
objet si essentiel au bonheur de l'huma-
nité (~).

(~) Jaloux de transmettre les fruits de ses expériences


( dit un des disciples du docteur Mesmer) (*), il a choisi
la France pour les apprécier et les répandre. La réputa-
tion dont elle jouit par ses succès dans les sciences, l'ému-
lation qui règne parmi les médecins de la capitale, re-
connus universellement pour réunir l'observation au
pénie et la science à la réflexion des motifs d'une estime

(*) père Hervier docteur de Sorbonne, bibliothécaire des


Le
Grands-Augustins etc., Lettre sur la Découverte de Magnétisme
animal à M. Court </e Gebelin, pap. 17.
En effet on aura de la peine à croire que
vingt-cinq années d'efforts n'aient pas pu
dégager ces précieuses découvertes de l'in-
certitude dans laquelle elles furent envelop-
pées par les circonstances. Faudra-t-il laisser
s'écouler ce siècle, sans avancer d'un pas en

plus particulière pour les Français, ont fixé ce docteur


parmi nous.
Il a d'abord joui de l'accueil favorable que la nation a
coutume de faire aux étrangers. Son savoir et sa mo-
destie lui ont gagné des partisans mais l'envie n'a pas
tardé à lui susciter de puissans ennemis. On l'a couvert
de mépris et de ridicules; sa fortune, sa vie même et son
nom ont été exposés aux plus grands dangers; il a subi le
sort du fameux Galilée poursuivi par le fanatisme de son
siècle pour avoir soutenu le mouvement de la terre; on
l'a traité de visionnaire comme le célèbre jyan'<y qui en-
seignait la circulation du sang on l'a persécuté comme
Christophe Colomb qui découvrit le nonveau monde;
enfin, on l'a joué sur le théâtre comme Socrate pour le
faire haïr du peuple.
La plupart des corps chargés de l'instruction publique
sont en possession de n'en admettre aucune qui leur soit
étrangère, quelqu'avantageuse qu'elle puisse être; c'est
une marchandise prohibée qu'ils arrêtent aux barrières
de leur royaume.
C'est le sort des grands hommes d'être persécutés.
( Note de r~t~Mr. )
physique, et rester stationnaire sur l'électri-
cité et l'aimant? Chercherait-on encore à se
réunir pour s'opposer à une révolution que
je voulais opérer dans l'art qui a fait le moins
de progrès, et pourtant le plus nécessaire
aux hommes (*)?
On verra, j'ose le croire, que ces décou-

(*) Les médecins instruits et studieux doivent savoir


que selon Pline c'est Hippocrate qui réunit en science
exacte et d'observations la médecine dispersée, et la ré-
duisit en un corps de doctrine. Chrysippe lui succéda,
qui détruisit tout ce qu'il avait inventé. Érasistrage en
fit autant à la doctrine de C~~t~c. Les empiriques
vinrent après, qui formèrent une médecine toute dif-
férente, et se divisèrent en plusieurs sectes. Herophile
survint qui les condamna toutes, s'attachant à la con-
naissance du pouls. Sa doctrine fut ruinée par ~c~
j?M</e, qui en substitua en sa place une autre plus facile.
7%eFMMO~, son disciple, la changea; et. ensuite Mua
ayant guéri ~M~M~cpar une pratique contraire, forgea
une méthode toute nouvelle. Du temps de Messaline,
~r<M~ ~û~MT en établit une autre. Sous ~Vc~o~, 7%
salus renversa avec furie les opinions de ses devanciers,
et fonda la secte des méthodistes. Crinus de Marceille
l'abolit ensuite et introduisit la méthode de régler toutes
les opérations de la médecine au mouvement des astres;
boire, manger et dormir à l'heure qu'il plairait à la Lune
ou à Mercure. Son autorité fut bientôt apres ruinée par
vertes ne sont pas une rencontre du hasard,
mais le résultat de l'étude et de l'observation

C~prMM~ qui condamna toute la médecine des an-


ciens (*).
Depuis ces temps reculés, combien de vicissitudes
effrayantes n'a pas éprouvé la médecine! Tour à tour
et successivement ont dominé dans ses moyens, la diète,
l'eau, la glace, la saignée, l'émétique, les purgatifs, le
quinquina, la médecine agissante, la médecine expec-
tante, les bains, les eaux tuinérales, l'électricité, etc., etc.
ia doctrine appelée WM~&* enfin les sangsues, le tout
pour faire encore place à d'autres.
N'est-ce pas cette incertitude, cette mouvance dans
les principes de cette science dans ses moyens variés et
opposés dans leur application qui ont alarmé et éclairé
dans tous les temps les gens d'un sens droit, beaucoup
de médecins, beaucoup d'hommes d'esprit et de savoir 1
Parmi eux, on doit remarquer Montaigne comme celui
qui a le plus profondément et avec une logique trop
gaie, il est vrai, mais plus entraînante combattu avec
plus de succès une science et un art faits pour être
ou devenir les auxiliaires et les consolateurs d'une vie
chargée de maux ? N'est-ce pas elle encore qui a fait
dire à J. J. JïoM~MM « que la médecine vienne sans le
« médecin, ou le médecin sans la médecine.
Enfin, pourquoi toutes ces grandes aberrations de la
vérité ? C'est qu'on a méconnu et négligé les maximes du
grand Hippocrate, justement appelé le prince de la mé-

(*) Dictionnaire Bncyclop. des An<, in-4", p'g. ~4o et suiv.


des lois de la nature; que la pratique que
j'enseigne n'est pas un empirisme aveugle,
mais une méthode raisonnée.
Quoique je sache très-bien que le premier
principe de toute reconnaissance humaine
est l'expérience, et que c'est par elle qu'on
peut constater la réalité des suppositions, je
me suis occupé à prouver d'avance par un
enchaînement de notions simples et claires,
la possibilité des faits que j'ai annoncés, et
dont un grand nombre a été publié sous dif-

decine. C'est que malgré son autorité, on a méconnu et


contrarié la nature, qu'on a dédaigné la simplicité comme
l'énergie de ses ressorts.
Un homme de génie, plein de bonne foi et d'expé-
rience, passionné par l'humanité, nous y rappèle à
cette nature il nous la fait toucher, pour ainsi dire,
au doigt et à l'œil, c'est un devoir sacré d'étudier sa
doctrine.
L'Académie royale de Médecine est appelée à enten-
dre, à voir et à faire à cet égard. Sa commission sera,
il faut l'espérer, sans préventions; elle jugera alors elle
remplira une partie de ses hautes destinées. Alors, l'art
qui <ï./aK le moins de progrès et pourtant le p&M MecM-
.~K/'c, deviendra le bienfaiteur du genre humain.
( Note de /eMr.)
férentes formes, par ceux qui ont su profiter
de ma doctrine.
Les phénomènes que j'avais surpris à la
nature m'ont fait remonter à la source com-
mune de toutes choses, et je crois avoir ou-
vert une route simple et droite pour arriver à
la vérité, et avoir dégagé en grande partie l'é-
tude de la nature des illusions de la méta-
physique (~).

(*) L'une des plus grandes maladies de l'esprit humain


est la superstition en tout genre; enfant de la faiblesse et
de son ignorancequi croit savoir, elle saisit comme réa-
lité tout ce que l'imagination vagabonde lui présente sur
des objets qui jusque-là lui étaient inconnus; de là
une multitude d'erreurs plus ou moins ridicules, plus
ou moins dangereuses, plus ou moins funestes. Et c'est
toujours ce qui arrive en toute science quand on n'est
point de sang froid, et que l'on méconnaît la nature et la
notion exacte de quelques-uns de ses élémens.
Lorsque des sauvages virent pour la première fois
une lanterne magique, ils crurent que les Européens
étaient des démons, des sorciers.
il en sera toujours ainsi parmi ~es hommes les plus
civilisés lorsqu'un homme de génie leur présentera des
faits nouveaux, quelque simples qu'ils soient, mais ex-
traordinaires.
L'étude et la pratique du magnétismeanimal ont déve-
loppé des phénomènesinhérens à l'homme et à ses rap-
La langue de convention, le seul moyen
dont nous nous servons pour communiquer
nos idées, a, dans tous les temps, contribue
à défigurer nos connaissances. Nous acqué-

ports avec tout ce qui l'environne; on a douté de leur


existence parce qu'on ne savait les expliquer; ou bien
en les croyant, on s'est perdu dans toutes les espèces de
spiritualités. Dès lors, chez quelques-uns de ces indivi-
dus, tout est devenu inspirations divines, anges, bons
ou mauvais génies, etc. Comme le père ~Ma/c~aw~c,
ils ont tout vu en Dieu; dès lors encore :ont nées toutes
les sectes, fruits de l'aveugle amour-propre, ou plutôt
de l'orgueil. Dès lors, enfin, au sujet du magnétisme
animal ont paru tes illuminés, les ~t~MM~, etc. etc.
Certes, Dieu est partout, sans doute, il préside à tous
<%es ouvrages il innue directement selon sa volonté
divine, sur tels ou tels hommes, sur telles ou telles
choses plus particulièrement mais en principe général,
il a créé la matière et le mouvement. H leur a donné le
pouvoir de toutes les combinaisons secondaires visibles
et invisibles, par là il entretient l'univers dans une jeu-
nesse perpétuelle.
M. le docteur Mesmer et ses élèves instruits ont tout
fait pour garantir leurs semblables et surtout les méde-
cins des illusions métaphysiques pareilles, pour arriver
par sa doctrine, à une utilité réelle, simple et à la por-
tée des hommes, à la vérité; c'est-à-dire aux véritables
lois de la nature qui se démontrent elles-mêmes.
(~c~Mr.)
rons toutes les idées par les sens les sens ne
nous transmettent que celles des propriétés,
des caractères, des accidens, des attributs:
les idées de toutes ces sensations s'expriment
par un adjectif ou épithète, comme chaud,
froid fluide solide, pesant, léger, luisant
sonore, coloré, etc. On substitua à ces épi-
thètes, pour la commodité de la langue, des
substantifs bientôt on substantiûa les pro-
priétés on dit, la chaleur, la gravité, la lu-
mière, le son, la couleur, et voilà l'origine
des abstractions métaphysiques.
Ces mots représentèrent confusément des
idées de substances, c'est-à-dire qu'on avait
l'idée d'une substance lorsqu'on n'eut en
effet que l'idée du /MO~M~a/z~ ces qualités
occultes d'autrefois, aujourd'hui s'appellent
les propriétés des corps. A mesure qu'on
s'éloignait de l'expérience, ou plutôt avant
d'avoir des moyens d'y parvenir, non seule-
ment on multiplia ces substances, mais en-
core on les personnifia. Des substances rem-
plissaient tous les espaces,: elles présidaient
etdirigealent les opérations de la nature de là
les esprits, les divinités, les démons les génies,
'lesarchées, etc. I~a philosophie expérimen'
tale en a diminué le nombre mais il nous
reste encore beaucoup à faire pour arriver à
la pureté de la vérité. Nous y serons, lorsque
nous serons parvenus à ne reconnaître d'autre
substance physique que le corps, ou la matière
organisée et modifiée de telle ou telle manière.
Il s'agit donc de connaître et de déterminer
le /~c~c de ces modincations, et les
idées qui résulteront de ce mécanisme aper-
çu, seront des idées physiques les plus coti-
formes à la vérité. C'est, en général, le but
que je me propose d'atteindre par le système
des influences dont je fais ici l'annoncer).

(*) L'inûuencc mutuelle de tous les corps quelconques


est incontestable. Avec de la sensibilité, et en observant
attentivement, on ne tarde pas à s'en convaincre. C'est
cette influence ou versement réciproque du fluide uni-
ver sel qui a pris le ton ou le de~ré de mouvement conve-
nable dans chaque corps, qui peut servir à expliquer
beaucoup de phénomènes de la nature. La racine de ce
mot même porte avec elle son explication.
Les combinaisons métalliques dans le sein de la terre,
les afnnités chimiques, les sympathies et les antipathies
peuvent servir a en démontrer et les lois et les effets.
Dans les règnes de la nature entre les animaux et leurs
« Une aiguille non-aimantée, mise en mou-
« vement, ne répondra que par hasard à une

substances nutritives, entre hommes et les animaux,


entre homme et homme. Par défaut d'attention et d'une
certaine étude, on a perdu les traces de la connaissance
de ces influences qui s'exercent à notre insu qu'on a
nommées aussi instinct.
Une dame ayant une aversion extrême pour les chats,
jugeait sans se tromper qu'il y avait un de ces animaux
dans la pièce où elle entrait, ne l'ayant ni vu, ni aperçu,
ni soupçonné; elle était obligée de sortir ou de faire
chasser le chat crainte de se trouver mal.
Quelqu'un qui aime beaucoup les animaux ( non es-
sentiellement malfaisans ), ne peut entrer dans un mai-
son sans que le chien ou le chat ne viennent aussitôt le
caresser, ce qu'ils ne font point à d'autres.
Un aveugle-né, marié, et ayant une grande fille, re-
fusait obstinément de la donner en mariage à tel individu.
L'amant se trouve un jour'avec cette fille, le père absent.
Ce dernier rentre dans un moment inopportun. Le pré-
tendu a le temps de se glisser dans un coin peu fréquenté.
Le père, sans aucune notion antécédente, assure a sa
Hlle qu'il y a dans la chambre un homme il le cherche
et le trouve où il est, malgré les dénégations de sa nllf.
On connaît cet adage ancien Non amo te Sabide
~M /~Oj~MW dicere quare, huc <~<MM dicere /?o.f.M
MM amo Je ue t'aime pas, ~~M~,je ne saurais dire
pourquoi, mais tout ce que j<' puis dire, c'est que je n<*
t'aime pas, etc., etc. ( Note f/f /7~<'M/. )
« direction déterminée; tandis qu'au contraire
celle qui est aimantée ayant reçu la même
<t
impulsion, après différentes oscillations pro-
« portionnées à cette impulsion et au magné-
« tisme qu'elle a reçu, retrouvera sa première
« direction et s'y fixera c'est ainsi que l'har-
« monie
des corps organisés, une fois troublée,
« doitéprouver les incertitudes de ma première
« supposition, si elle n'est rappelée et déter-
« minée par
l'agent général, dont je vais déve-
« lopper l'existence, et qui seul peut rétablir
« cette harmonie
dans l'état naturel ( ') ».
Examinons donc quelle est la nature de cet
agent ?
existe un fluide universellement ré-
« il
« pandu et continué de manière à ne souffrir
c aucun vide, dont la subtilité ne permet
<t aucune
comparaison, et qui de sa nature est
« susceptible de recevoir, propager et com-
« muniquer toutes les impressions du mouve-
« ment (2)).

(t)
~~ï0<rc sur la découvertedu magnétisme animal,
pubtiéeen 1779.
(a) Idem, page ï8.
L'état de fluidité de la matière étant un
état relatif entre le mouvement et le repos,
il est évident qu'après avoir épuisé par l'ima-~
gination toutes les nuances de fluidité possi-
bles, on sera forcé de s'arrêter au dernier
degré de subdivision et ce dernier degré est
ce fluide qui remplit tous les interstices ré-
sultans des figures des molécules plus combi-
nées. Le sable, par exemple, a un degré de
fluidité la figure de ses grains forme néces-
sairement des interstices qui peuvent être
occupés par l'eau; ceux de l'eau le seront par
l'air; ceux de l'air par ce qu'on appelle l'éther;
ceux de l'éther enfin seront comblés par une
substance encore plus fluide; et dont nous
n'avons pas fixé la dénomination~ Il est dif-
ficile de déterminer où cette divisibilité finit.
C'est cependant d'une de ces séries de la ma-
tière la plus divisée par le mouvement intes-
tin, que je veux parler ici.
On pourrait comparer, si je puis m'expri-
mer ainsi, l'opiniâtreté de quelques savans à
rejeter l'idée d'un fluide universel et la pos-
sibilité d'un mouvement dans le pleins à
celle des poissons, qui s'élèveraient contre
celui d'entre eux qui leur annoncerait que
l'espace entre le fond et la surface de la mer
est rempli d'un fluide qu'ils habitent que ce
n'est qu'en ce milieu qu'ils se rapprochent,
qu'ils s'éloignent, qu'ils se communiquent
qu'ils s'enchaînent, et qu'il est le seul moyen
de leurs relations réciproques.
Cependant quelques physiciens sont par-
venus à reconnaître l'existence d'un fluide
universel; mais à peine eurent-ils fait ce
premier pas, qu'entraînés au-delà du vrai,
ils ont prétendu caractériser ce fluide, le
surcharger de propriétés et de vertus spéci-
fiques en lui attribuant des qualités, des puis-
sances, des tendances des vues, des causes
finales; enfin des puissances conservatrices,
productrices, destructrices, réformatrices.
La vérité n'est que sur une ligne tracée
entre les erreurs. L'esprit humain, par son
activité inquiète, est comme un cheval fou-
gueux il est également difficile de mesurer
avec justesse l'élan qu'il lui faut pour attein-
dre cette ligne, sans courir risque de la dé-
passer, et de s'y contenir long-tems, de ma-
nière à n'avancer ni à reculer ses pas,
H nest donc pas permis de douter de
l'existence d'un fluide universel, qui n'est
que l'ensemble de toutes les séries de la
matière la plus divisée par le mouvement
intestin (t\ En cet état, il remplit les inter-
stices de tous les fluides, ainsi que de tous
les solides contenus dans l'espace. Par lui,
l'univers est fondu et réduit en une seule
masse. La fluidité constitue son essence.
N'ayant aucune propriété, il n'est ni élas-
tique ni pesant, mais il est le moyen propre
à déterminer des propriétés dans tous les
ordres de la matière qui se trouve plus com-
posée qu'~1 ne l'est lui-mème. Ce fluide est à
l'égard des propriétés qu'il détermine dans
les corps organiques, ce que l'air (a) est au

(t) C'est-à-dire le mouvement des particules entre


elles.
(a) L'air qui passe à travers les tuyaux d'un orgue, eu
reçoit des vibrations proportionnées à leur grandeur et
à leurs formes ces vibrations ne deviennent un son
qu'après qu'elles sont propagées et communiquées à un
organe de l'animal disposé à le recevoir l'air, dans ce
cas, n'est donc que le conducteur du mouvement vers
l'ouïe, de même que le mouvement d'un autre fluide plus
son et à Fuarmonie, ou l'éther à la lumière,
ou enfin l'eau au moulin; c'est-à-dire, qu'il
reçoit les impressions, les modifications du
mouvement, qu'il les transmet, qu'il les trans-
fère, qu'il les applique et les insinue dans les
corps organisés; et les effets ainsi produits ne
sont que le résultat combiné du mouvement
et de l'organisation des corps.
Il faut considérer ici que les diverses séries
dont FOcéan du fluide est composé, à partir
de la matière élémentaire jusque celles qui
tombent sous nos sens, comme Feau, l'air et
l'éther, différent entre elles par une sorte
d'organisation intime, effet de la combinaisoii
primitive de leurs molécules. Cette organisa-
tion spéciale rend chacune de ces séries sus-
ceptible d'un mouvement particulier qui lui
est propre.
Nous observons la gradation de cette sus-
ceptibilité exclusive de mouvemens dans les

délié que lui, réfléchi par une surface, y reçoit dea vi-
brations qu!, transférées à l'organe de la vue, y déter-
minent les sensations des formes des couleurs, lesquelles
n'existent certainement ni dans ce fluide, ni dfms !a
surface des corps.
trois genres de fluides. Il en est de la lu-
mière, du feu, de l'électricité et du magné-
tisme comme du son; aucuns ne sont point
des substances, mais bien des effets du mou-
vement dans les diverses séries du fluide
universel.
Il sera démontré par ma théorie des in-
fluences comment ce fluide, cette matière
subtile, sans être pesante, détermine l'effet
que nous appelons ~ra~/c; comment sans
être élastique, il concourt à l'élasticité; com-
ment en remplissant tous les espaces, il opère
la cohésion, sans être lui-même en cet état.
Je démontrerai de même que l'attraction est
un mot vide de sens, que l'attraction n'existe
pas dans la nature, qu'elle n est qu'un effet
apparent d'une cause qu'on n'aperçoit pas.
J'établirai aussi en quoi consiste l'électricité,
le feu, la lumière, etc. Je prouverai, en un
mot que toutes les propriétés sont le résultat
combiné de l'organisation des corps et du
mouvement du fluide dans lequel ils sont
plongés.
On comprendra avant tout comment une
impulsion une ibis donnée sur la matière a
du suffire au développement successif de
toutes les possibilités, comment les impul-
sions particulières, qui n'en sont que la con-
tinuité, deviennent l'origine de nouvelles
organisations comment le mouvement est la
cause du repos, et le repos à son tour accé-
lère le mouvement de la matière fluide pour
opérer d'autres combinaisons. On verra enfin
que c'est par la simplicité de l'ordre, dans un
cercle perpétuel entre les causes et les effets,
que nous pouvons avoir la plus juste comme
la plus grande idée de la nature et de son au-
teur~).

(*) L'intérêt, l'envie la jalousie se servant de toutes


les armes offensives, ont attaqué M. le docteur ~p~?<~
par la calomnie. Ils l'ont accusé d'~fAe~~c, de maté-
rialisme, dernières ressources de la persécution. Qu'on
interroge ses disciples survivans parmi lesquels un
grand nombre d'ecclésiastiques respectables de tous les
degrés de leur hiérarchie, on aura la conviction bien
établie du contraire. Ici, l'on voit sa profession de foi.
Et d'ailleurs comme déjà on l'a dit souvent, un savant
véritable est Je plus grand adorateur de la divinité. Je
puis attester pour mon compte, que toujours et dans
toutes les occasions, il nous faisait admirer les gran-
deurs de Dieu dans la nature et tontes ses mcrvciHcs.
On pourrait ajouter à ces considérations,
que l'immensité de la matière fluide serait
restée homogène, sans produire de nouveaux
êtres, si le hazard des premières combinai-
sons n'eût pas déterminé des courans, dont
les célérités variées et modifiées sont devenues
une source infinie d'organisations et des effets
qui en résultent.
En remontant ainsi par une marche simple
aux plus grandes opérations de la nature, ou
reconnaît que le magnétisme ou l'influence
mutuelle, est l'action la plus universelle; et
que c'est l'aimant qui nous offre le modèle
du mécanisme de l'univers que cette action
n'est que l'effet nécessaire du /MC~c/yïc/y
le plein.

Dans ses momens d'intimité familière avec quelques-uns


de ses élèves, nous lui avons souvent entendu dire: « Le
<
meiHeur ouvrage que je connaisse sur l'existence de
«
Dieu est celui de ~/<p/o/t. J.-J. Rousseau a dit que
~/c<W!~A<w!yMc revenait parmi les ~w?.y //<M&<-
et
tionnerait la ~~M~ d'être son V<C<-</C-C~< et
f moi celle d'être son médecin pour lui prolonger une
<
vie, si je pouvais, aussi précieuse pour le bonheur
< du genre humain dans ce monde et dans t'autre.
( V<?~ /M/. ) n
Comme toutes les vérités se tiennent, il est
impossible de faire des progrès dans l'étude
de la nature, sans avoir embrassé l'enchaîne-
ment de ses principes c'est pourquoi j'ai cru
nécessaire d'en exposer le système, dont le
corps humain fait partie intégrante, avant de
proposer des moyens conservateurs car les
lois par lesquelles l'univers est gouverné, sont
les mêmes que celles qui règlent l'économie
animale. La vie du monde n'est qu'une, et
celle de l'homme individuel en est une par-
ticule.
Toutes les propriétés des corps, je le répète,
sont le résultat combiné de leur organisation
et du mouvement du fluide dans lequel ils se
trouvent.
Si l'on considère l'action de ce fluide ainsi
défini, comme appliquée au corps animal,
elle y devient le principe du mouvement et
des sensations.
Il est certain que la nature et la qualité
des humeurs de l'homme dépendent unique-
ment de l'action des solides, du mécanisme
des organes ou viscères, et des vaisseaux qui
contiennent ces humeurs; ce sont eux qui les
élaborent, en dirigent et règlent les mouve-
mens, les mélanges, les proportions, les sé-
crétions, les excrétions, etc. Il est aisé de
concevoir que ce n'est que dans l'irrégularité
de l'action des solides sur les liquides, ou
dans l'imperfection du mécanisme ou du jeu
des viscères et des organes, qu'existe la pre-
mière cause de toutes les aberrations; et que
conséquemment le remède commun et unique
doit se trouver dans le rétablissement de l'ac-
tion des organes, qui seuls peuvent changer
et corriger les vices et les altérations des hu-
meurs. C'est ici le cas d'examiner quel est le
principe du mouvement, et le ressort coin-
mun des différentes machines agissant sur les
liquides.
C'est la/~c musculaire, qui par son mé-
canisme particulier, devient, comme je puis
le prouver, l'instrument de tout mouvement,
comme le principe de toute action des solides
sur les liquides. Les courans- du fluide uni-
versel étant dirigés et appliqués à l'organisa-
tion intime de la fibre musculaire, précisé-
ment comme le vent ou l'eau le sont au mou-
lin,en déterminent les fonctions. Ces fonctions
consistent dans l'alternative de se raccourcir
et de s'alonger, ou de se relâcher; se raccour-
cir est proprement son action positive cette
Vacuité est appelée irritabilité.
C'est à cette faculté, appliquée au méca-
nisme particulier du cœur, que nous devons
le mouvement de systole et diastole de ce
viscère hydraulique et de toutes les artères.
Le jeu de la dilatation et de la contraction
des vaisseaux sur la liqueur qu'ils contiennent,
est la cause de la circulation des humeurs, et
conséquemment de la vie animale. Le défaut
de l'une de ces deux actions ou de la réaction
eu arrête le cours. Aussitôt que les humeurs
sont privées du mouvement local et intestin,
elles s'épaississent et se consolident. Cet épais-
sissement ou repos s'étend en se communi-
quant à une partie plus ou moins considérable
des canaux. Un autre effet du repos des hu-
meurs est leur dégénérescence en se décom-
posant, elles s'arrêtent dans les canaux dont
la capacité n'est pas propre à les contenir.
L'état des vaisseaux dans lesquels le cours des
humeurs est arrêté ou rallenti, est nommé
0~MC//0/Ï.
La fibre musculaire animée par le prin-
cipe de rirritabiHté, est encore susceptible
d'une affection externe, qui est appelée
(*). L'efïet ordinaire de cet affection
est le raccourcissement de la fibre.

(*) Je hasarderais ici, à l'occasion de l'irritabilité on


faculté de se raccourcir dans la fibre, et l'irritation on
effet d'une cause irritante quelconque, une opinion que
je crois fondée; c'est celle que, selon un certain degré de
cette crispation ou raccourcissementde cette fibre motrice,
les diverses nuances de douleurs physiques et morales,
s'établissent.
Que dans le relâchement de cette fibre s'établissent
aussi toutes les nuances de plaisirs, ou cessation de la
douleur. H est cependant nécessaire que pour obtenir
cette dernière sensation, la première l'ait précédée.
Peut être qu'en physiologie comme en philosophie, la
santé, le bonheur ne sont-ils que l'alternatif mesuré de
ces deux propriétés, des causes et des effets sur les parties
sensibles.
Le repos est la suite, comme le sommeil, de la fatigue
et du traçai!, mais n'est pas une sensation directe du
plaisir; c'est seulement la cessation de son contraire;
mais n'est ni douleur, ni plaisir. Entre ces deux états
opposés repose l'ennui, etc.
Toutes nos fonctions réclament pour exister, ces con-
traires balancés
«faut passer par les peines
H

Pour arriver au plaisir. «


Ce balancement continuel est nécessairement vital.
Toute action de la nbre musculaire peut
être considérée comme dépendante, soit de
l'irritabilité, soit de l'irritation, soit de l'une
et de l'autre ensemble. Il existe par consé-
quent deux causes immédiates d'obstructions
La première, lorsqu'un vaisseau a perdu de
son irritabilité ce qui le met dans l'impuis-
sance de se contracter la seconde, lorsqu'un
vaisseau est dans un état d'irritation, ou qu'il
se trouve quelque obstacle à sa dilatation.
Ainsi dans les deux cas, les conditions né-
cessaires pour le jeu alternatif des vaisseaux
sont contrariées, et leur action arrêtée.
Sans entrer dans les détails de cette aber-
ration, qui est la plus générale et presque la
seule dans le corps vivant, il est aisé de
concevoir, d'après une loi générale, que la
cause du mouvement fait toujours un effort
contre la résistance, et qu'il doit lui être
proportionné pour la vaincre. Cet effort est

L'une de ces sensations restant stationnaire un peu de


temps, le plaisir disparaît. Dans cette situation il n'y a
pas pour tong-temps aussi ni santé, ni maladie, ni plai-
sir, ni bonheur on vc~etc pour seule existence.
( Note de /Mr. )
appelé crise, et tous les effets qui résultent
directement de cet effort, sont appelés les
~vK~/d/~j critiques ils sont les véritables
moyens de guérison, ou ce qui forme la cure
de la nature; tandis qu'au contraire les effets
provenant de la résistance contre cet effort
de la nature, sont dits les ~?M~ ~~ï-
ptomatiques, et forment ce qu'on doit appeler
la maladie.
La crise est déterminée par l'irritation de la
fibre, laquelle est occasionnée, soit par l'in-
tension de l'irritabilité, soit par un effort aug-
menté sur la fibre résistante, soit enfin par la
réunion de ces deux causes.
Il est donc constant et conforme aux lois
du mouvement, qu'aucune aberration dans
le corps animal ne peut se rectifier sans avoir
éprouvé les effets de cet effort; c'est-à-dire,
qu'aucune maladie ne peut être guérie sans
une crise. Cette loi est si vraie et si générale,
que d'après l'expérience et l'observation, la
plus légère pustule, le plus petit bouton sur
la peau, ne se guérissent qu'après une crise.
Les différentes formes sous lesquelles l'ef-
fort de la nature se manifeste dépendent de
la diversité dans la structure des parties orga-
niques ou des viscères qui subissent cet et-
fort, de leurs correspondances et rapports,
selon les divers degrés et modes de résistance,
du période de leur développement.
Pour avoir peu connu le mécanisme du
corps animal, et moins encore comment, par
ce mécanisme, il tient à l'organisation de
toute la nature, les anciens ont regardé cha-
que genre de ces efforts comme autant d'es-
pèces de maladies. Dès la naissance de la
médecine, on s'est opposé au vrai et au seul
moyen employé par la nature pour détruire
les causes qui troublaient l'harmonie.
Hippocrate paraît avoir été le premier et
presque le seul qui ait saisi le phénomène
des crises dans les maladies aiguës. Son génie
observateur l'avait conduit à reconnaître que
les divers symptômes n'étaient que les mo'
dincations des efforts que la nature faisait
contre ces maladies. Après lui, lorsqu'on ob-
serva les mêmes symptômes dans les maladies
chroniques, plus éloignées de la cause, iso-
lées, sans fièvre continue, on substantifia ces
accidens, on en fit autant de maladies, et
on les caractérisa chacune par un nom; on
étudia, on analysa ces accidens et leurs
symptômes comme des choses on prit même
pour //?~c~~M/ les sensations du malade. Et
voilà la source des erreurs qui désolent l'hu-
manité depuis tant de siècles.
Hippocrate, par les symptômes les plus
opposés en apparence, au lieu d'être décon-
certé, pronostiquait la guérison; son assu-
rance était fondée sur l'observation de la
marche périodique des jours, qu'il appelait
critiques. Il sentait conmsément qu'il existait
un principe externe et général, dont l'action
était régulière et que c'était ce principe qui
développait et décidait la complication des
causes qui forment la maladie.
Ce que le père de la médecine observait
ainsi, et ce que d'autres après lui jusqu'ici
ont appelé la nature, n'était que les effets de
ce principe que j'ai reconnu et dont j'ai
annoncé l'existence, principé qui détermine
sur nous cette espèce de flux, et reflux ou
intention et rémission des propriétés.
H est à regretter que la lumière qu'il jeta
sur l'art de guérir se soit bornée aux maladies
aiguës il aurait pu reconnaître que les mala-
dies chroniques ne diffèrent des autres que
par la continuité et la rapidité avec laquelle
les symptômes se succèdent. Les maladies
aiguës sont à l'égard des chroniques ce que
le cours de la vie d'un insecte, qu'on nomme
~éye, est au cours de là vie des autres
animaux le premier subit dans les vingt-
quatre heures toutes les révolutions (le l'âge,
du sexe, de l'accroissement et du dépérisse-
ment, lorsque les autres espèces d animaux
emploient des années pour parcourir cette
carrière.
D'ailleurs, on a lieu de regretter que la mé-
decine ignore encore le développement natu-
rel et nécessaire de la plupart des maladies
chroniques c'est en s'y opposant par des
remèdes, qu'elle en trouble la marche, en
arrête le cours, et très-souvent en avance le
terme par une mort prématurée. La marche
et le développement de l'épilepsie, par exem-
ple, ainsi que de la manie, de la mélancolie,
des maladies dites de nerfs, des engorgemens
des glandes, de leurs complications, des affec-
tions des organes des sens, sont encore in-
connus; et c'est principalement dans ces divers
états qu'on confond la crise avec la maladie.
Les causes immédiates de toutes les mala-
dies, internes ou externes, supposent le dé-
faut ou l'irrégularité de la circulation des
humeurs ou des obstructions de différens
ordres de vaisseaux cet état étant, comme
on l'a fait remarquer, le résultat du défaut de
l'irritabilité ou de l'action des solides sur les
humeurs qu'ils contiennent, on comprendra
enfin, qu'au lieu de recourir par un choix
vague et incertain, aux spécifiques et aux
drogues innombrables assorties par la théorie
des humeurs; on n'a, dans tous les cas, que
deux indications à remplir savoir i~ de
rétablir l'irritabilité ou l'action des solides sur
les /~M~ <~w/?é'c~cr ~f~e~/r
obstacles qui peuvent s'r opposer.
11 est prouvé par le système des influences,

et il est constaté par l'observation exacte et


assidue, que les grands corps appelés célestes,
gouvernent les mouvemens partiels de notre
globe les alternatives du flux et reflux
(effet commun à toutes ses parties constitu-
tives,) la végétation, les fermentat ions les
organisations, les révolutions générâtes et
particulières dont il est susceptible, sont na-
turellement déterminées par cette influence
qui au moyen de la continuité d'un fluide
universel, produit augmentation et diminu-
tion de toutes les propriétés des corps, comme
nous le voyons distinctement dans le déve-
loppement et le ralentissement de la végéta-
tion.
C'est ainsi, et par les mêmes causes que
l'irritabilité est naturellement augmentée ou
diminuée en sorte que le cours et le déve-
loppement dans les maladies, et même leur
guérison, que l'on attribuait vaguement à la
nature, sont réglés et déterminés par cette
influence ou par ce que j'appelle yM~~7ïc~/MC
~~M7~
Mais comme cette opération de la nature,
quoique générale, ne peut devenir utile
qu'aux êtres qui y sont particulièrement dis-
posés il me restait à découvrir et a reconnaî-
tre les lois et le mécanisme intime des procé-
dés de la nature, afin de savoir l'imiter et
d'en faire l'application renforcée et graduée
dans les cas individuels, dans tous les temps
et dans toutes les situations ou l'homme se
trouve.
Je crois avoir surpris à la nature ce méca-
nisme des influences, qui, comme je l'expli-
querai, consiste dans une sorte de versement
réciproque et alternatif des courans entrans
et sortans, d'un fluide subtil, rem plissant
l'espace entre deux corps. La nécessité de
ce versement est fondée sur la loi plein
c'est-à-dire que dans l'espace rempli de ma-
tière, il ne peut se faire un déplacement
sans remplacement, ce qui suppose que si un
mouvement de la matière subtile est provo-
qué dans un corps, il se produit aussitôt un
mouvement semblable dans un autre suscep-
tible de la recevoir, quelle que soit la distance
entre les corps. Cette sorte de circulation est
capable d'exciter et de renforcer en eux les
propriétés analogues à leur organisation, ce
qui se concevra facilement en réfléchissant
sur la continuité de la matière fluide, et sur
son extrême mobilité toujours égale à sa sub-
tilité l'aimant, l'électricité, comme aussi le
feu, nous offrent les modèles et les exemples
de cette loi universelle.
J'ai reconnu que quoiqu il existât une
influence générale entre les corps, il est
néanmoins des modes, des tons particuliers
et divers, des mouvemens par lesquels cette
influence peut s'effectuer.
Comme le feu, par un mouvement toni-
que (i) détermine, diffère de la chaleur, ainsi
le magnétisme, dit animal, diffère du magné-
tisme naturel la chaleur est dans la nature;
sans être feu elle consiste dans le mouve-
ment intestin d'une matière subtile. Elle est
générale~ tandis que le feu est un produit
de l'art ou de certaines conditions. Le feu
produit presqu'a l'instant, et dans la plupart
des circonstances, les effets qu'on n'obtient
de la chaleur que par la durée du temps, et
avec le concours des causes particulières. Et
voilà comment le magnétisme naturel défère
du magnétisme animal dont il s'agit ici. Les

(1) J'entends par ton ou mouvement tonique, le genre


ou mode spécial du mouvement qu'ont les particules
d'un fluide entre eues ainsi à l'égard des particules
de quelques fluides, le mouvement est ondulatoire ou
oscillatoire; dans d'autres il est vibratoire, de rota-
tion, etc.
expériences et les sensations des malades,
confirment d'une manière incontestable cette
théorie.
L'action la plus immédiate du magnétisme
ou de l'influence de ce fluide, est de ranimer
et de renforcer l'action de la fibre muscu-
laire par un mouvement accélère, tonique
et analogue à la partie organique à laquelle
elle appartient. Mille observations ont prouve
que l'application de ce moyen développe le
cours des maladies c'est-à-dire, qu'après un
combat plus ou moins décisif entre les efforts
et la résistance, il détermine, règle et accé-
lère l'ordre et la marche dans lesquels les
causes et les effets se succèdent, afin d'opérer
le rétablissement de la santé, en provoquant,
dans tous les cas, d'une manière sûre, les
crises et leurs effets relatifs.
Le magnétisme animal, considéré comme
un agent, est donc effectivement un feu invi-
sible il s~agit
i~ Desavoir provoquer et entretenir par
tous les moyens possibles ce /<pM et d'en faire
l'application.
De connaître et lever les obstacles qui
peuvent troubler ou empêcher son action et
Feuet gradué qu'on cherche à obtenir dans
le traitement.
3~ De connaître et de prévoir la marche de
leur développement pour en régler et en
attendre avec fermeté le cours jusque la
guérison.
Voilà à quoi se réduit généralement la dé-
couverte du magnétisme animal considéré
comme moyen de préserver des maladies et
de les guérir.
Il est prouvé par la raison et constaté par
l'expérience continuelle, que ce feu peut être
concentré et conservé; que l'eau, les ani-
maux, les arbres et tous les végétaux (~), ainsi
que les minéraux, sont susceptibles d'en être
chargés.

("')Parmi tous les corps susceptibles de recevoir et


concentrer le fluide du magnétisme animal et d'en com-
muniquer utilement les effets, les arbres, selon moi,
tiennent !c premier rang.
Lorsqu'on voudra sérieusement s'occuper du magné-
tisme animal, et qu'avant tout on aura puisé dans cette
découverte et à la source, les véritables principes~
procédés et directions utiks, on verra combien !<s
D'après tout ce qui vient d'être dit jus-
qu'ici, on s'attend sans doute à des explica-
tions sur la manière d'appliquer le magné-
tisme animal, et de le rendre un moyen
curatif efficace; mais comme indépendam-
ment de la théorie, cette nouvelle méthode
de guérir exige indispensablement une in-
struction pratique et suivie, je n'ai pas cru
devoir donner ici la description, ni de cette
partique, ni de l'appareil et des machines de
différentes espèces, ni des procédés dont je
me suis servi avec succès, parce que chacun,
en conséquence de son instruction, s'appli-
quera à les étudier, et apprendra de lui-
même à les varier et à les accommoder aux
circonstances et aux diverses situations du
malade. C'est l'empirisme ou l'application
aveugle de mes procédés, qui a donné lieu
aux préventions et aux critiques indiscrètes

arbres qui auront reçu l'impression et la nature du


magnétisme animal, sont supérieurs à tous !es autres
moyens de transmissions.
Je puis attestct que les effets qui résultent de teur com-
munication sont aussi doux qu aperçus; aussi rapidement
salutaires que tacites. f~Vo~ /cu/.)
qu'on s'est permises contre cette nouvelle
méthode. Ces procédés, s'ils n'étaient pas rat
sonnes, paraîtraient comme des grimaces
aussi absurdes que ridicules, auxquelles il
serait en effet impossible d'ajouter foi. Dé-
terminés et prescrits d'une manière positive,
ils deviendraient, par une observance trop
scrupuleuse, le sujet d'une superstition; et
j'oserais dire qu'une grande partie des céré-
monies religieuses de l'antiquité paraissent
être des restes de cet empirisme. Tous ceux
d'ailleurs qui ont voulu s'assurer par leur
propre expérience, de la réalité du magné-
tisme, en le pratiquant sans en connaître
les principes, se sont trouvés repoussés faute
d'avoir obtenu le succès qu'ils attendaient;
s'imaginant que les effets devaient être le
résultat immédiat des procédés, comme ceux
de l'électricité ou des opérations chimiques (*).

(*)La plupart des hommes veulent être touchés avec


force pour croire à une cause et à son effet réel, par
une sensation bien établie.
Beaucoup de savans, quelques médecins surtout,
cèdent à ce désir peur avoir la conviction compote de
En considérant que l'influence réciproque
est générale entre les corps; que l'aimant nous

l'enicacité et de l'existence d'un moyen nouveau pour eux


et inaccoutumé.
La prévention les aveugle au point que ces derniers
ne s'aperçoivent pas qu'ils sont à cet égard en contra-
diction avec eux-mcmcs tous les jours dans la théorie et
dans la pratique de la médecine ordinaire. Ils veulent
a l'égard du magnétisme animal, comme le dit plaisam-
ment un homme célèbre (*), ils veulent de la part des
médecins magnétiseurs des coups de massue tandis
que continueUcment ils emploient eux-mêmes un ré-
gime gradué et insensible, des remèdes appropriés aux
maladies chroniques, principalement, les bains simples
ou de différentes eaux minérales, l'électricité par bains,
t'aimant minéral, l'exercice, les applications douces,
aqueuses, anodines, divers médicamens pris intérieure-
ment, etc. Ces moyens agissant très ef&cacemcnt réta-
blissent la santé sans laisser apercevoir les traces et
les sensations de leurs actions autrement que par les ré-
sultats, la bonne santé qui en sont la suite.
Dan& ces circonstances, serait-on bien reçu de soute-
nir à un médecin sage, qu'il ne doit pas s'attribuer le
mérite de la guérison ni en arguer des bienfaits de la
médecine; que c'est la nature, la confiance, qui ont opéré
la cure ?
Sans doute les passions prospères et suaves doivent
entrer et être comptées comme élémens dans tous les

(*) M..Scn'an, ancien avocat général du parlement de Grenoble.


représente le modète de cette loi universelle,
et que le corps animal est susceptible de pro-

assez justifier la dénomination de


animal, que j'ai adoptée pour désigner tant
w~
priétés analogues à celles de l'aimant; je crois

le système ou la doctrine des influences en

moyens de la thérapeutique; mais n'est-ce pas ce méde-


cin qui a conçu dirigé et conduit les ressources de la
science et de la nature réunies? Elles ont mis fin à la
maladie, a moins qu'on ne voulût dire dans tous les cas
semblables, comme ~/M&o~c Paré Je le pansai el
Dieu /<*g~< ce qui est bien plus convenable.
Ainsi agit le fluide magnétique. Toutefois cependant
avec diverses sensations exprimées par les malades Sans
douté, dans aucun cas il ne produit les douleurs occa-
sionnées par les cautères, les épispastiques, les sinapismes,
les sangsues, etc., mais il agit réellement dans toutes les
occasions utiles. It prépare et effectue des crises. Dans
t'état du sommeil magnétique, ces effets ni grossiers, ni
aperçus par la multitude, sont sentis, décrits dans leurs
marches et annoncés instantanément a la minute par ces
malades, et quelquefois plusieurs jours d'avance. Alors
ces effets sont aperçus par l'intelligence la plus prévenue
qui les attribue souvent à l'imagination, ne sachant et
ne pouvant en expliquer la nature, ni le mécanisme,
ni le mouvement. Les effets seuls étant a la portée
de nos connaissances.
~M~
( Note f/f )
gênerai que ladite propriété du corps animal,
ainsi que le remède et la méthode de guérir.
Cela peut sufnre pour démontrer qu'on ne
doit pas confondre le magnétisme avec les
phénomènes qui ont pu donner lieu à ce
qu'on veut appeler l'électricité c/M~/c.
Je vois avec regret qu'on abuse légèrement
cle cette dénomination dès qu'on s'est fami-
liarisé avec le mot ~ï~/ïe~~c, on se flatte
d'avoir l'idée de la chose, tandis qu'on n'a
que l'idée du mot.
Tant que mes découvertes ont été mises au
rang des chimères, l'incrédulité de quelques
savans me laissait toute la gloire de l'inven-
tion mais depuis, qu'ils ont été forcés d'en
reconnaître l'existence, ils ont affecté de
m'opposer les ouvrages de l'antiquité, où se
trouvent les mots/?M~ universel, ~M~e,
influence etc. Ce n'est pas des mots qu'il
s'agit c'est de la chose, et surto'~ ~e l'utilité
de son application.
On trouvera dans le corps de ma doctrine,
que l'homme, comme objet principal de notre
contemplation dans la nature, peut être con-
sidéré en raison des parties constitutives de
son mécanisme, et en raison de sa conserva-
tion. Sous le premier rapport, on comprend
les instrumens du mouvement et des sensa-
tions, qui déterminent les fonctions et les
facultés j j'ai donné à cet égard mes idées sur
les nerfs, la fibre musculaire, l'irritabilité,
les sens, etc.
Sous le point de vue de la conservation,
l'homme est considéré dans les divers états
où il parcourt la carrière de son existence
comme dans l'état de sommeil, où il com-
mence à exister ensuite dans l'état de veille.
où il fait usage de ses sens, et continue
d'exister, mais en relation avec les autres
êtres qui l'environnent; enfin dans l'état de
santé et de maladie.
La vie de tous les êtres dans l'univers n'est
qu'une elle consiste dans le mouvement de
la matière la plus déliée. La mort est le repos,
ou la cessation du mouvement. On verra que
la marche naturelle et inévitable, est de
passer de l'état de ûuidité à celui de solidité:
que le terme naturel de la vie de l'homme est
déterminé et fixé par son organisation et sa
vie même; que la maladie peut rapprocherce
terme, en empêchant le mouvement et en
avançant la consolidation. H s'agit ici de con-
naître les moyens de retarder ce terme fatal.
L'homme est doué de la faculté de sentir.
C'est par les sensations et leurs effets qu'H
existe en rapport avec d'autres matières et avec
les êtres qui se trouvent hors de lui. La di-
versité des organes appelés les ~c/~ le rend
susceptible d'éprouver les effets des différentes
matières dont il est environné. Le principe
qui l'anime et qui le rend actif est déterminé
par !e~ sensations et toutes les actions sont
des résultats des sensations.
Indépendamment des organes connus,
nous avons encore d'autres organes propres
à recevoir des sensations nous ne nous dou.
tons pas de leur existence, à cause de l'habi-
tude prédominante où nous sommes de nous
servir des premiers, d'une manière plus appa-
rente, et parce que des impressions fortes,
auxquelles nous sommes accoutumés dès le
premier âge, absorbent des impressions plus
délicates, et ne nous permettent pas de les
apercevoir.
D'après les expériences et les observations
faites, il y a de fortes raisons pour croire que
nous sommes doués d'un sens /<t// qui
est en relation avec l'ensemble de l'univers,
et qui pourrait être considéré comme une
extension de la vue.
S'il est possible d'être affecté de manière à
avoir l'idëe d'un être à une distance infinie,
ainsi que nous voyons les étoiles dont l'im-
pression nous est transmise en ligne droite,
par la sensation et la continuité d'une matière
co-existante entre elles et nos organes ne se-
rait-il pas également possible qu'au moyen
d'un organe interne, par lequel nous sommes
en contact avec tout l'univers, nous fussions
affectés par des êtres dont le mouvement suc-
cessif serait propagé jusqu'à nous en ligne
courbe ou oblique, en un mot, dans une di-
rection quelconque ? S'il est vrai, comme
j'essayerai de le prouver, que nous soyons
affectés par l'enchaînement des êtres et des
événemens qui se succèdent, on comprendra
la possibilité des pressentimens et d'autres
phénomènes, tels que les prédictions, les

D'après ma théorie sur les c/


prophéties, les oracles des sy billes, etc.
c'est en
observant avec plus d'attention le développe
ment aussi néglige que contrarié des maladies
chroniques, que j'ai reconnu le phénomène
d'un sommeil critique, dont les modifications
infiniment variées se sont montrées assez
souvent à mes yeux, pour ouvrir une nou-
velle carrière à mes observations sur la nature
et les propriétés de l'homme.
Le sommeil de l'homme n'est pas un état
négatif ou la simple absence de la veille des
modifications de cet état m'ont appris que les
facultés dans l'homme endormi, non-seule-
ment ne sont pas suspendues, mais qu'elles
agissent souvent avec plus de perfection que
lorsqu'il est éveillé. Ou observe que certaines
personnes endormies, marchent, se condui-
sent et produisent les actes les mieux combi-
nés, avec la même réflexion, la même atten-
tioii, et autant d'exactitude que si elles étaient
éveillées. On est encore plus surpris de voir
les facultés qu'on nomme intellectuelles, être
portées à un tel degré, qu'elles surpassent in-
finiment celles qui sont les plus cultivées dans
l'état ordinaire.
Dans cet état de crise, ces êtres peuvent
prévoir l'avenir, et se rendre présent le passé
le plus reculé. Leurs sens peuvent s'étendre
à toutes les distances et dans toutes les direc-
tions sans être arrêtés par aucun obstacle.
Il semble ennn que toute la nature leur soit
présente. La volonté même leur est commu-
niquée indépendamment de tous les moyens
de convention. Ces facultés varient dans cha-
que individu; le phénomène le plus commun
est de voir Fintérieur de leur corps, et même
celui des autres, et de juger avec la plus grande
exactitude les maladies, leur marche, les re-
mèdes nécessaires et leurs effets. Mais il est
rare de voir toutes ces facultés réunies dans
le même individu (*).

(*) Cette observation est d'une grande importance.


EUe doit arrêter, dans leur empressement et dans leur-
présomption, beaucoup de soi-disant médecins-magné-
tiseurs qui, enchantés d'avoir obtenu le somnambulisme
ou sommeil magnétique par des procédés bien ou mal
pratiqués et au hasard, repoussenttoute représentation,
et établissent dogmatiquement qu'its n'ont pas besoin
d'autres instructions que celles données par les individus
assujétis à ce sommeil plus ou moins critique.
(~o«-<Mr.)
Mon intention n'est pas d'entrer ici dans
le détail des faits multiples que présenté
l'histoire, qu'une longue expérience m'a pe~
sonnellement fournis, et qui se renouvellent
chaque jour sous les yeux de ceux qui font
usage de mes principes; j'ai voulu seulement
donner une idée sommaire et précise des
phénomènes sans nombre que la nature de
l'homme ne cesse d'offrir à l'observateur at.
tentif. Quelques-uns de ces faits ont été connus
de tous temps sous diverses dénominations, et
particulierementsouscpllede~TM/M~uwM:
quelques autres ont été entièrement négligés;
d'autres enfin ont été soigneusement cachés.
Ce qui est certain, c'est que ces phéno-
mènes, aussi anciens que les infirmités des
hommes, ont toujours étonné et le plus sou-
vent égaré l'esprit humain la disposition
que celui-ci manifeste sans cesse à regarder
comme des substances les modifications dont
il n'entrevoit pas le mécanisme, le portent
également à attribuer à des esprits ou à des
principes surnaturels des effets dont son
inexpérience l'empêche de démé!er les vraies
causes selon qu'ils étaient heureux ou fu-
n estes, d'après les apparences, ils ont caracté-
risé ces principes comme bons ou mauvais; et
selon qu'ils déterminaient l'espérance ou la
crainte, la superstition et l'ignorante crédu-
lité les rendaient tour-à-tour sacrés ou crimi-
nels. Ils ne servirent que trop souvent à pro-
voquer de grandes révolutions; la cbarlata-
nerie politique et religieuse des différens peu-
pies y puisa ses ressources et ses moyens.
En observant ces phénomènes, en réflé-
chissaut sur la facilité avec laquelle les erreurs
naissent, se multiplient et se succèdent, per~
sonne ne pourra méconnaître !a source des
opinions sur les oracles, les inspirations, les
sybilles, les prophéties, les divinations, les
sortiléges la magie, la démonurgie des an,
ciens et de nos jours, sur les possessions et
les convulsions (*).

(*) Ces ~~cr


explications de M. le docteur sont si
justes, si avouées par l'expérience, que j'ai vu des
hommes distingués offrir de grosses sommes pour leur
céder deux ou trois fois un individu en sommeil ma-
gnétique pour tâcher de découvrir, par son moyen,
l'endroit ou avait été dépose un vol de cinq cent
mille francs, produits d'une recette ~énératc. Notre
Quoique ces différentes opinions paraissent
aussi absurdes qu'extravagantes, elles ne por-
tent pas tout-à fait sur des chimères tout n'y
est point prestige elles sont souvent les ré-
sultats de l'observation de certains phéno-
mènes de la nature, qui, faute de lumière ou
de bonne foi, ontété succcssivementdéagurés;
enveloppes ou mystérieusement cachés. Je
puis prouver aujourd'hui que ce qu'il y a tou-
jours eu de vrai dans les faits dont il s'agit,
doit être rapporté à la même cause, et qu'ils
ne doivent être considérés que comme autant

refus obstiné prenait sa source et sa justification dans


l'abus qu'on puuvait faire du somnambulisme.
C'est un grand mal, dira-t-on peut-être, que la facilité
de pouvoir abuser de cet état. On aura raison; mais
quelle est la professiez dont on ne puisse se servir dans
ce sens? la médecine doit être rangée en première ligne
dans cette filiation d'abus. On abuse de tout, de la vérité
même; et voilà pourquoi M. le docteur Mesmer exigeait
dans ses disciples une grande moralité, et que sa doctrine
ne devait être d'abord confiée qu'à un petit nombre
choisi jusqu'à ce que l'administration publique, suffisam-
ment éclairée, eût établi des lois rotatives, également
utiles à l'humanité et repressiv es.
( ~c de y~/f~y. )
de modifications de l'état appelé .yo/M~ï~-
/<~c.
Depuis que ma méthode de traiter et d'ob-
server les maladies a été mise en pratique
dans les différentes parties de la France, plu-
sieurs personnes, soit par un zèle imprudent,
soit par une vanité déplacée, et sans égard
pour les réserves et les précautions que j'avais
jugées nécessaires, ont donné une publicité
prématurée aux effets et surtout à l'explica-
tion de ce sommeil critique je n'ignore pas
qu'il en est résulté des abus, et je vois avec
douleur les anciens préjugés revenir à grands
pas.
Nous ayons encore présentes les persécu-
tions que le fanatisme trop crédule exerça,
dans les siècles de l'ignorance, sur les per-
sonnes qui avaient le malheur de devenir les
sujets de ces prodiges, ou qui en étaient les
ministres. Il est de même à craindre qu'ils ne
soient aujourd'hui victimes du fanatisme de
/'</K7~<M/ on ne les punira pas comme
idolâtres ou sacrilèges; mais on les traitera
peut-être comme des imposteurs et pertur-
bateurs du repos public.
Comme l'ignorance est, dans toutes les sup-
positions, la source des injustices et du mal
moral, j'ai cru nécessaire de produire mes
pensées sur la nature d'un phénomène si
propre à nous égarer, et qui, quoique tou-
jours sous nos yeux, a constamment été mé-
connu (*).

(*) J'en étais là, lorsqu'on m'a procuré la lecture de


l'ouvrage de M. Delcuze sur le magnétisme animal. Dans
la première partie j'ai fait la remarque que cet auteur
recommandable suppose trop gratuitement que ceux qui
magnétisent dans ce moment connaissent bien le sys-
tème, la doctrine et les procédés magnétiques de M. le
docteur Mesmer. A cet égard, je le croit dans l'erreur.
En toute science annoncée et démontrée utile, il faut,
pour en cueillir les fruits et réussir dans leur emploi, re-
monter au type qui en a enfanté toute la génération, aux
véritables principes de celui qui les a fait connaître. Il
faut en conséquence un ordre rigoureux dans leur étude,
une méthode sévère et exacte, une synthèse, avantages
qu'on ne doit chercher et qu'on ne peut trouver que chez
l'auteur ou chez les disciples de la découverte.
Je sais qu'en tout on peut faire de nouvelles acquisi-
tions, réussir nies améliorer; ma!s trop souvent aussi on
croit faire mieux que le maître l'amour-propre, l'ambi-
tion, l'orgueil même, viennent, se mêler aux recherches;
de là sont nés les schismes, les opinions divergentes ou
opposées, des erreurs souvent dangereuses ou funestes.
D une autre part, M. Deleuze établit trois écoles ma-
A l'égard des effets du magnétisme anima!,
et notamment du sommeil critique, qui est
un des phénomènes les plus frappans de son

gnétiques, il est vrai qu'il les fait se réunir dans leurs


effets. J'observerai pourtant qu'en voulant ainsi diviser
la science et son application en domaines divers, on crée
cette division, on l'affermit chez les esprits inattentifs et
légers qui sont en plus grand nombre que les autres, ce
qui est un grand inconvénient dans l'étude et la pratique,
ce qui rentre dans mes premières remarques.
Appuyons-nous toujours, étant professeurs, sur les
premières et véritables bases, et ne cherchons à dé
montrer que les vrais principes; ensuite que chaque
médecin magnétiseur, instruit de cette manière, ne les
abandonne point, et fasse à lui scut, comme dans la
médecine ordinaire, s'il le croit nécessaire, sa théorie
et sa pratique particutières. Tout ceci n'est point une
critique, ce sont de simples remarques.
Depuis quarante ans, les procédés m'ont été démon-
trés parties constituantes et bien essentielles de la doc-
trine et pratique magnétiques. Je ne parle point de
cette école appuyée sur divers genres de spiritualisme.
Peut-être dois-je remarquer encore dans le livre de
M. Deleuze un peu d'inconvenance de détaitier quel-
ques-uns des procédés magnétiques les plus communs
et les plus à la portée de tout te monde. Le vulgaire,
très-assurément, peut en abuser comme il a été fait dans
la médecine ordinaire, en mettant en toutes mains, et
aux abords de toute intelligence, des maximes et de cer
taines recettes. L'ignorance, t<' chartatanistnc, la cupt
application, la société, en France, peut être
divisée en trois classes.
Dans la première sont ceux qui ignorent

dité les exploitent contre l'intérêt de l'utilité publique


et de la vérité.
Ces procédés, d'ailleurs, pris et décrits isolément,
peuvent tenter tels auteurs qui, vivant de bonnes ou
de mauvaises plaisanteries, en feront métier et mar-
chandise. En toute profession, il y a des formes qu'on
peut présenter à la défaveur du fond. En France sur-
tout, ne donnons jamais lieu autant que faire se
pourra, a faire saisir un côté qui peut être montré
avec ridicule, pour le rendre plus piquant et plus lucra-
tif ces auteurs ne manqueront pas d'y joindre une bonne
teinte de calomnie car, comme l'assure un adage 7/
/M<~OM/bMr~ (pour atteindre ce dernier but) TWï/r/
Il en reste toujours quelque chose.
Au reste, je dois dire que cet estimable auteur explique
parfaitement la marche et les fausses routes que prend
le jugement dans la crédulité aveugle, dans l'esprit
de corps, dans l'enthousiasme, au sujet des effets
magnétiques, des procédés du somnambulisme. Il pré-
sente avec sagesse toutes les circonstances qui les font
naître ou qui les développent. Cette partie philosophique
et critique est tracée de main de maître on y voit un
observateur sévère, décent, de sang-froid, marchant
sur les pas du doute, faisant une part nécessaire aux
erreurs naturelles et les détruisant avec les armes tou-
jours victorieuses de la dialecti ~uc, de la raison et
surtout de l'expérience. Par d'heureux contrastes amc-
absolument tous les faits relatifs à ce phéno-
mène, ou qui, soit par indifférence, soit par
un intérêt mal entendu, s'obstinent à fermer
les yeux sur tout ce que l'histoire et l'obser-
vation leur présentent. Ce serait vouloir ex-
pliquer les couleurs aux aveugles-nés, que
d'entreprendre l'instruction de ceux-là..
Je vois dans la seconde classe ceux qui,
après avoir pris une exacte connaissance de
mes principes, les ont médités, ou en ont fait
usagç, et en obtiennent chaque jour la con.
firmation par leur propre expérience je ne
puis que les inviter à la persévérance, et j'ai-
ta confiance que cet écrit ajoutera quelque
chose à leurs lumières.
Je comprends enfin, dans la troisième classe,
ceux qui, par des observations constantes et

nés d'eux-mêmes, pour ainsi dire, il fait ressortir la


vérité.
Je conseille aux hommes sensibles, honnêtes et de
bonne foi qui cherchent reeUemcnt à s'instruire, être
utiles à leurs semblables par le magnétisme de lire
cet ouvrage.M. Deleuze n'a donné de courtes notices, que
de peu d'écrits sur un tel sujet. Ils ne forment pas la

dont je suis en possession. ( 2Vb/<* de ~<)


4* partie d'autres bons ouvrages sur le magnétisme
multipliées, se sont assurés de la réalité des
faits; mais qui, ne pouvant en expliquer les
causes, et voulant sortir de l'état pénible de
l'étonnement, au lieu d'avoir recours à mes
principes, ont préféré les illusions delà méta-
physique. C'est pour eux essentiellement que
j'écris qu'ils veuillent bien me lire sans pré-
vention, et ils ne tarderont pas à reconnaître
que tout est explicable par des lois mécani-
ques prises dans la nature, et que tous les
effets appartiennent aux modifications de la
matière et du woMpc//?e/?/.
Je pense que j'aurai rempli cette tache im-
portante, si l'on trouve dans le cours de ce
mémoire une solution satisfaisante aux ques-
tions qui suivent, et dans lesquelles je crois
avoir prévu les difficultés les plus épineuses.
ï° Comment l'homme endormi peut-il ju-
ger et prévoir ses maladies, et même celles
des autres?
a° Comment, indépendamment de toute
instruction, peut-il indiquer les moyens les
plus propres à la guérison ?
3° Comment peut-il voir les objets les plus
éloignés, et pressentir les événemens?
Comment l'homme peut-il recevoir l'im-
pression d'une autre volonté que la sienne?
5~ Pourquoi l'homme n'est-il pas toujours
doué de ces facultés?
6~ Comment sont-elles susceptibles de per-
fectibilité ?
Pourquoi cet état est-il plus fréquent,
et parait-il être plus parfait depuis que l'on
emploie les procédés du magnétisme animal?
8~ Quels ont été les effets de l'ignorance
de ce phénomène ) et quels sont-ils encore
aujourd'hui ?
o~ Quels sont les incoiivéniens résultans
de l'abus qu'on en peut faire?
Pour que je puisse répondre à ces ques-
tions d'une manière précise, je crois devoir
en faciliter l'intelligence et l'explication, par
une exposition abrégée des principes géné-
raux puisés dans ma théorie principes dont
quelques-uns sont déjà connus du lecteur.
L'univers est l'ensemble de toutes les par-
ties co-existantes de la matière qui remplit
l'espace. D'après cette idée il existe autant de
matière que l'espace peut en contenir, et
elle est dans un état égal de continuité. Toutes
les parties de la matière sont en repos ou en
mouvement entre elles, par conséquent elks
sont ou fluides ou solides (* t.

(*) L'opinion du plein et du vide compte parmi ses


partisans divers des hommes du plus haut mérite. Cha-
cun de ces systèmes, comme tous les systèmes, a eu d'ha-
biles défenseurs. M. le docteur 3~y//ï~ me paraît avoir
pour lui les vérités physiques, l'expérience et les vraisem-
blances. Comment concevoir et expliquer en effet des
phénomènes sans cesse sous nos yeux, sans admettre
une série de matières subtiles comme cause agissante
dans ces phénomènes?a
Les variations du baromètre toutes les influences
dont les agenssc sentent, mais invisibles; l'électricité, le
magnétisme minéral,J le galvanisme l'air, les émana-
tions la divisibilité infinie de la matière exprimée par
l'exhalaison d'un grain de musc se conservant pendant
une longue suite d'années daus un appartement ou un
espace donné; celle d'une violette ou d'une rose éloignée
dont l'odeur se laisse apercevoir chez un individu sen-
sible, etc., etc., prouvent qu'on doit admettre une im-
mense gradation de matière subtile et universelle.
Sans doute M. de ~b~/requi, le premier en France,
nous a fait connaître le nc~o/ï~w~, et qui admet le
vide dans la nature, n'avait point assez observé à cet
égard. En cherchant à faire le .I~e avec une machine,
il lui eut été démontré qu'a r~ortion qu'on tente de
faire ce vide une autre matière vient aussitôt le remplir
même à travers une plaque d'or, et fut-elle de diamant~
ce qui démontre la continuité de matières.
La fluidité et la solidité doivent être consi-
dérées comme un état relatif du mouvement
et du repos des particules entre elles; et dans
ces relations j~M/M se trouve la raison de
toutes les formes et propriétés possibles. Les
solides supposent une figure, et les figures
des interstices qui sont remplis de la matière
moins solide ou plus déliée; celle-ci, con-
sistant dans de petites masses d'une forme
déterminée, présente encore des interstices a
une matière plus fluide. Ces divisions entre les

Certainement, nous ne voyons au-dessus des nuages


ni rochers, ni substances plus ou moins opaques; mais
une matière plus ou moins subtile y exerce ses fonctions
et remplit sa destination, <'t si elle n'y existait pas, comme
ce grand écrivain l'a dit au sujet de la divinité, il faudrait
l'inventer.
D'ailleur3, en fait de système, si ce n'en est qu'un, il

~<
est le plus vraisemblable de tous. Rappelons-nous sans
cesse de ce qu'a dit (*) Pour prouver
qu'une chose est, dit-il, il suffit de démontrer qu'etle
« peut être; car, en
bonne philosophie; toute dcdnctiou
« qni a pour
base des faits on des vérités reconnus, est
préférable à ce qui n'est appuyé que sur des hypothèses
«
mêmes ingénieuses. »
( ~Vo~ </e /M/ )
(*) Discours préliminaire de t'Encyclopédie in-folio.
insterstices et les fluides, ainsi qu'il a été dit,
se succèdent par une sorte de gradation,
jusque la dernière des subdivisions de la
matière, que je nomme ~c/x/c ou/?/7/?~
diale, celle-là est seule d'une fluidité absolue,
et les interstices ne sont plus occupés, puis-
qu'il n'existe pas de matière plus subtile.
La mobilité de la matière étant en raison
inverse de l'absence de la cohésion, cette mo<
bilité doit répondre à sa subtilité consé-
quemment la plus fluide et la plus subtile
doit être douée de la mobilité la plus ëmi-
nente. Les trois ordres de fluidité, qui tom-
bent sous nos sens l'c~M, l'air et l'éther, nous
confirment cette progression.
Il est nécessaire de se rappeler ici qu'il y a en-
tre l'éther et la matière élémentaire, des séries
de matières d'une fluidité graduée, capables
de pénétrer et de remplir tous les interstices.
Chacun des trois fluides qui nous sont
connus est susceptible d'être conducteur
d'un ~ÏOMPC~C/Ï~CM/<?~û~<?/2~e ~C-
gré de fluidité. L'aau par exemple, peut re-
cevoir les modifications de la chaleur. L'air,
tous les mouvemens de vibration qui peuvent
produire le son, l'harmonie et ses modula-
tions. L'éther en mouvement constitue la
lumière même. Ses modifications sont déter-
minées par les formes, les surfaces, les rap-
ports des distances et des lieux. Outre cela.
l'eau et l'air peuvent renfermer dans leurs
interstices des particules d'une gravite spé-
cifique analogue, et devenir ainsi les véhi-
cules des corpuscules, qui, moyennant leur
co~M~~b/x, sont capables de produire tels
ou tels effets.
Placé au milieu de ces différens fluides,
l'homme est doué d'organes auxquels abou-
tissent les extrémités des nerfs en plus ou
moins grande quantité ces nerfs sont plus ou
moins exposés au contact des différens ordres
~/?MM~, dont ils reçoivent les impressions.
Quelques-uns de ces organes, tels que ceux
du tact, du goût et de l'odorat, reçoivent ces
impressions par une application immédiate de
la matière ou du mouvement; les autres,
comme la vue et l'ouïe sont affectées par la
commotion des milieux, dont la cause peut
être à toute distance. Ces organes sont appelés
les jc/!J leur structure est telle, que chacun
d'eux peut être affecté d'un ordre de matières
à l'exclusion de toute autre.
L'œil offre au mouvement de t'éther, par

capable de recevoir et de retracer l'c


l'expansion du nerf optique, une surface unie,

des formes, des figures, des couleurs et des


situations; et par sa structure composée de
parties diaphanes et opaques, il peut empê-
cher l'accès de toute autre substance fluide.
L'oreille présente dans sa structure des parties
distinctes, et tellement disposées, qu'elles
répondent à toutes les proportions et à tous
les degrés d'intensité du ton et du son.
Le tact éprouve au contraire toutes les
nuances des résistances et des impressions des
corps qui lui sont immédiatement appliqués.
Le goût est affecté par la~gwe des particules
qui, atténuées par le liquide, s'insinuent dans
les pores que leur présente la superficie de la
membrane de cet organe, dont elles touchent
les extrémités nerveuses. L'organe de l'odorat
reçoit de la même manière l'impression, par
lafigure des corpuscules qui lui sont amenés
et appliqués par l'air.
Cette variété de dispositionsétait nécessaire
pour que, plongés dans un océan de fluides,
nous pussions ne pas confondre, et distin-
guer même avec la plus grande justesse, les
effets des différentes matières, et les mouve-
mens détermines par les divers objets. La
structure et le mécanisme particulier de cha-
que organe ne les rendent ainsi susceptibles
que d'une seule fonction.
Ncus sommes donc par le nombre et la
propriété de chacun de nos sens, bornés
à être en rapport avec les seules combinai-
sons et modifications de la matière, dont
l'ordre est relatif à notre conservation. Cette
réflexion me porte à penser qu'il existe des
animaux doués d'organes différens des nô-
tres, et dont les facultés les mettent en rela-
tion avec des matières d'un ordre différent de
celles qui nous affectent.
Voilà ce que je puis dire de plus succinct,
sur la diversité des effets produits à l'extré-
mité des nerfs.
Il s'agit d'examiner actuellement ce qui
s'opère dans leur substance intime. Je n'y vois
que des mouvemens, aussi variés que l'est l'ac-
tion des différentes matières sur les sens
externes. Mais nous n'avons point de mots qui
puissent en exprimer toutes les nuances. Ces
mouvemens ainsi modifiés, reçus d'abord à
la superficie, sont propagés vers un centre
commun formé par la réunion et l'entrelace-
ment des nerfs, dont les extrémités que nous
appelons les sens, ne doivent être considérées
que comme des prolongemens. Par cette réu-
nion plusieurs fois répétée dans l'organisation
auimale, ces mouvemens se mêlent, se con-
fondent, se modifient. C'est cet ensemble qui
constitue l'organe que j'appelle le~/M~v~;
ce qui en résulte est ce que nous appelons
sensations. Ces mêmes mouvemens, ainsi com-
muniqués aux muscles moteurs, déterminent
les actions.
Pour bien concevoir ce grand phénomène
des sensations, il importe de réfléchir sur la
Rdélitéet la justesse avec laquelle se propagent
et se répètent le son et la lumière; d'observer
comment leurs rayons et leurs mouvemens
les plus multipliés et. les plus combinés se
croisent sans se détruire ni se confondre; en
sorte que dans quelque point que se trouve
placé l'oeil ou l'oreille, ces organes reçoivent
avec exactitude le détail et l'ensemble des
effets les plus compliqués.
J'ai dit qu'entre l'éther et la matière élé-
mentaire, il existait des séries de matière qui
se succèdent en fluidité, et qui, par leur sub-
tilité, peuvent pénétrer et remplir tous les
interstices.
Parmi ces matières fluides, il en est une
essentiellement correspondante, et en conti-
nuité avec celle qui anime les nerfs du corps
animal, et qui, se trouvant mêlée et con-
fondue avec les différens ordres de fluides
dont j'ai parlé, doit les accompagner, les pé-
nétrer, et conséquemment participer de tous
leurs mouvemens particuliers elle devient
comme le conducteur direct et immédiat de
tous les genres de modifications qu'éprou-
vent les fluides destinés à faire impression
sur les sens externes, et tous ces effets appli-
qués à la substance même des nerfs sont
ainsi rapportés à l'organe interne des sensa-
tions.
On doit concevoir par cet aperçu comr-ent
il est possible que tout le système des nerfs
devienne ~7 à l'égard des mouvemens qui
représentent les couleurs, les formes, les fi-
gures or~7/e à l'égard des mouveniens qui
expriment les proportions des oscillations de
l'air et enfin les organes du tact, du goût,
de l'odorat pour les mouvemens produits par
le contact immédiat des formes, des figures.
C'est encore en réfléchissant sur la ténuité
et la mobilité de la matière, et l'exacte con-
tiguité avec laquelle elle remplit tout espace,
qu'on peut concevoir qu'il n'arrive aucun
mouvement ou déplacement dans ses moin-
dres parties, qui ne réponde, à un certain
degré, à toute l'étendue de l'univers (*).
On en conclura donc que comme il n'y

(*) Une comparaison, quelque grossière qu'elle soit,


retadvement à ce que dit ici M. le docteur Af~Mc~, peut
néanmoins donner une juste idée de l'effet du déplace-
ment de la madère, et du mouvement communiqué à une
grande distance.
Jetez une pierre au milieu d'une pièce d'eau d'une
étendue donnée, mais assez grande~ le déplacement des
particules de l'eau par la chute de la pierre commu-
nique un mouvement circulaire autour de l'endroit fixe
de ce déplacement; il s'étend, il s'éloigne en s'affaiblis-
sant, et si le sens de notre vue était plus exquis, nous
apercevrions encore ce mouvement communiqué à une
distance incommensurable. ( Note de /~<~Mr. )
a m être ni combimuson de matière, qui,
par les rapports sous lesquels ils existent avec
l'ensemble, n'impriment un effet sur toute
la matière environnante, et sur le milieu dans
lequel nous sommes plongés il s'ensuit que
tout ce qui a une existence peut être senti,
et que les corps animés, se trouvant en con-
tact avec toute la nature, ont la faculté d'être
sensibles aux êtres comme aux événemens qui
se succèdent.
Indépendamment des impressions que les
objets font sur nos sens, en raison de leurs
figures et de leurs mouvemens, nous aper-
cevons encore la sensation de l'ordre et des
proportions qui s'y trouvent. Cette sensation
est exprimée par différentes dénominations
selon les organes qui la reçoivent, tels le
beau pour la vue, l'harmonieux pour l'ouïe,
le doux pour le goût, le suave pour l'odorat
et l'agréable pour le tact. A partir de ces
points de comparaison, il existe une multi-
tude de nuances qui s'éloignent plus ou moins
de la perfection.
Nous sommes doués d'une faculté de sentir
dans l'harmonie universelle, les ~~or~ que
les événemens et les êtres ont avec notre ccw-
.pa~ Cette faculté nous est commune
avec les autres animaux, quoique nous en
fassions moins usage que ceux-ci, parce que
nous y substituons ce que nous appelons la
raison, qui dépend absolument des sens ex-
ternes. Nous apercevons de même, par le
sens interne, les proportions non-seulement
des surfaces, mais encore de leur structure
intime ainsi que de leurs parties constitutives,
et nous pouvons saisir, soit l'accord, soit la
~j~/ïc~ce que les substances ont avec notre
organisation. Cette faculté est ce que nous
devons nommer l'instinct elle est d'autant
plus parfaite, cette faculté, qu'elle est indé-
pendante des sens externes, qui, pour en jouir,
ont besoin d'être rectifiés l'un par l'autre, à
cause de la différence de leur mécanisme.
C'est par l'extension ainsi expliquée de
l'instinct, que l'homme endormi peut avoir
l'intuition des maladies, et distinguer parmi
toutes les substances celles qui conviennent
à sa conservation et à sa guérison (~).

C'est ici que commence une série de faits, appelés


~*)
merveiucux, quoiqn'Us soient naturels, et connnncnt
Je puis expliquer de la même manière un
fait qui paraîtra plus étonnant, la cow~M/M-
cation de la volonté en effet cette communi-
cation ne peut avoir lieu entre deux indivi-
dus, dans l'état ordinaire que lorsque le
mouvement résultant de leurs pensées, est
propagé du centre aux organes de la voix et
aux parties servant à exprimer les signes na-
turels ou de convention ces mouvemens
sont alors transmis à l'air ou à Féther, comme
milieux intermédiaires, pour être reçus et
sentis par les organes des sens externes. Ces
mêmes mouvemens ainsi modifiés par la pen-

toute la profondeur et la clarté de la théorie de M. le


docteur Mesmer sur sa découverte du magnétisme
animal.
Cette théorie a donné lieu à ces faits, et ces faits eux-
mêmes ont fortifié, agrandi cette Jléorie et en ont prouvé
l'étonnante justesse et la fécondité. Les observations à cet
égard, faites et recueillies par M. le docteur Mesmer et
ses véritables élevés, sont nombreuses, quelques-unes in-
croyables pour ceux qui ne veulent pas convenir à quel
degré d'ignorance la plupart des hommes, des savans
même, sont encore sur l'existence de beaucoup d'autres
phénomènes de la nature, jusqu'ici inexpliqués. Ce n'est
dans ce moment, ni le lieu, m le temps de développer
les premiers. ( Note de /'J~~Mr )
sée dans le cerveau et dans la substance des
nerfs, étant communiqués en même temps à
la série d'un fluide subtil avec lequel cette
substance des nerfs est en continuité, peuvent
indépendamment et sans le concours de l'air
et de Féther, s'étendre à des distances indéfi-
nies et se rapporter immédiatement au sens
interne d'un autre individu. On concevra par
là comment les volontés de deux personnes
peuvent se communiquer par leurs sens in-
ternes par conséquent, comment il peut
exister une réciprocité, un accord, une sorte
de convention entre deux volontés, ce qu'on
peut appeler être en rapport.
Il paraît sans doute plus difficile d'expli-
quer comment il est possible d'avoir le senti-
ment de faits qui n'existent pas encore, ou
d'autres entre lesquels il s'est écoulé de longs
intervalles.
Essayons d'abord de rendre cette idée sen-
sible par une comparaison prise dans l'état
ordinaire. Placez un homme sur une émi-
nence d'où il découvre une rivière et un
bateau qui en suit le cours il aperçoit du
même coup d'œil. l'espace déjà parcouru
par ce bateau, et celui qu'il va parcourir.
Étendez cette faible image d'un apwçu du
passé et de l'avenir; en vous rappelant que
l'homme, étant par le sens interne en contact
avec toute la nature, se trouve toujours placé
de manière à sentir l'enchaînement des causes
et des effets, vous comprendrez que voir le
passé n'est autre chose que sentir la cause
par l'effet, et que prévoir l'avenir, c'est sentir
l'effet par la cause, quelque distance que
nous puissions supposer entre la première
cause et le dernier effet.
D'ailleurs tout ce qui a été a laissé des
traces quelconques; de même ce qui sera
est déjà déterminé par l'ensemble des causes
qui doivent le réaliser ce qui conduit à l'idée
que dans l'univers tout est présent, et que le
passé et l'avenir ne sont que différentes rela-
tions des parties entre elles.
Comme ce genre de sensations ne peut
s'acquérir que par la médiation des fluides,
qui sont aussi supérieurs en subtilité à l'éther,
que celui-ci peut l'être à l'air commun les
expressions me manquent autant, que si je
voulais expliquer les couleurs par les sous
il faut y suppléer par les réflexions qu'on
peut faire sur les ~c-z.M~o/M constantes
des hommes et surtout des animaux dans les
grands événemcns de la nature à des distan-
ces inaccessibles pour leurs organes apparens;
sur l'attrait irrésistible des oiseaux et des
poissons pour des voyages périodiques et
enfin sur tous les phénomènes relatifs que
nous présente le sommeil critique de l'homme.
Mais pourquoi, dira-t-on, l'état du sommeil
de l'homme est-il plus propre que celui de
la veille à nous fournir ces exemples ?
Le sommeil naturel et parfait de l'homme
est l'état où les fonctions des sens sont sus-
pendues c'est-à-dire, où la continuité du
jc/Mo/'M~ ccw/??M/M avec les organes des sens
externes est interrompue il s'ensuit la ces-
sation de toutes les fonctions, qui, médiate-
ment ou immédiatement dépendent des sens
externes comme l'imagination, la mémoire,
les mouvemens volontaires des muscles, des
membres, la parole, etc. Lorsque l'homme
est en santé, ce sommeil est régulier et pério-
dique.
Mais par une sorte d'irrégularité dans l'é-
conomie animale, et par différentes irrita-
tions intérieures, il peut arriver que les fonc-
tions qu'on nomme ~TM/y ne soient pas
entièrement arrêtées et que certains mouve-
mens des muscles, ainsi que l'usage de la
parole soient entretenus chez l'homme endor-
mi. Dans les deux états du sommeil, les im-
pressions des matières ambiantes, ne se font
pas sur les organes des sens externes, mais
directement et immédiatement sur la substan-
ce mêmes des nerfs. Le sens interne devient
ainsi le seul organe des sensations. Ces impres-
sions se trouvant indépendantes des sens
externes, elles deviennent alors sensibles par
cela même qu'elles sont seules. Comme la loi
immuable des sensations est que la plus
forte efface la plus faible, celle-ci peut être
sensible dans l'absence d'une plus forte. Si
l'impression des étoiles n'est pas sensible à
notre vue pendant le jour comme elle nous
l'est pendant la nuit, quoique leur action soit
la même, c'est qu'elle est alors effacée par l'im-
pression supérieure de la présence du soleil.
On peut dire que dans l'état de sommeil,
l'homme sent ses rapports avec toute la na-
ture. Comme nous ne pourrions avoir aucune
idée des connaissances de l'homme le plus
instruit, s'il ne parlait ou n'était pas entendu,
je conviens qu'il serait difficile de persuader
l'existence de ce phénomène, s'il ne se trou-
vait des individus qui, pendant leur sommeil
et par l'effet d'une maladie ou d'une crise
conservent la faculté de nous rendre, tant par
leurs actions que par leurs expressions, ce qui
se passe en eux.
Supposons pour un moment un peuple
qui, à l'instar de quelques animaux, s'en-
dorme nécessairement au coucher du soleil,
pour ne se réveiller qu'après son retour sur
l'horizon: il n'aurait aucune idée du magninque
spectacle de la nuit, et croirait l'existence des
choses bornée aux objets sensibles pendant le
jour. Si dans cet état on apprenait à ce peuple,
qu'il existe au milieu de lui des hommes en
qui cet ordre habituel a été troublé par des
causes de maladies, et qui s'étant réveillés
pendant la nuit, ont reconnu à des distances
infinies des corps lumineux innombrables,
t
et pour ainsi dire de nouveaux mondes; on
les traiterait sans doute comme les visionnai-
res en raison de la prodigieuse oifférence de
leurs opinions. Tels sont cependant aujour-
d'hui, aux yeux de la multitude, ceux qui
prétendent que dans le sommeil l'homme a
la faculté d'étendre ses sensations.
L'état de crise dont je parle étant intermé-
diaire entre la veille et le sommeil parfait, il
peut se rapprocher plus ou moins de l'une ou
de l'autre il est susceptible par là de divers
degrés de perfection. Si cet état est plus près
de la veille, il participe alors de la mémoire
et de l'imagination il éprouve les effets des
sens externes ces impressions se trouvant
ainsi confondues avec celles du sens interne
au point quelquefois de les dominer, elles ne
peuvent être considérées dans ce cas que
comme des rêveries. Mais lorsque cet état est
le plus rapproché du sommeil, les assertions
des somnambules étant alors le résultat des
impressions reçues directement par le sens
interne à l'exclusion des autres, on peut les
regarder comme fondées dans la proportion
de ce rapprochement ( ).
Ce développement, ces distinctions des sommeik
(*)
magnétiques, n'étant pas faits par ceux qui se mêlent sans
La perfection de ce sommeil critique varie
encore en raison de la marche et du période
de la crise, comme aussi par le caractère, le
tempérament et les habitudes des sujets
mais singulièrement par une sorte d'éduca-
tion qu'on peut leur donner dans cet état, et
par la manière dont on dirige leurs acuités
on peut les comparer à cet égard à un téles-
cope dont l'effet varie comme les moyens de
l'ajuster.
Quoique dans l'état du sommeil critique,
la substance des nerfs soit affectée immédia-
tement, en sorte que l'homme n'agisse que
d'après le sens interne, néanmoins les effets
de diverses matières sont rapportés aux or-
ganes des sens internes qui leur sont particu-
lièrement destinés ainsi quand le somnam-
bule dit qu'il voit, ce ne sont pas ses yeux
proprement dit qui sentent les modifications
de l'éther; mais il rapporte à la i~c les im-
pressions qui lui représentent les mouvemens

principes certains de développer cet état, ils donnent lieu


à une multitude d'erreurs, et les engagent de plus en plus
dans des routes obscures, péhUeuses, et croient pourtant
être dans la bonne voie. ( Note de fj~~eMr. )
de la lumière, telles que les formes, les fi-
gures, les couleurs, les situations. Lorsqu'il
dit qu'il entend, ce n'est pas non plus par les
oreilles qu'il reçoit les modulations de l'air;
mais il rapporte simplement à l'ouïe ces TM~M
vemens relatifs dont il éprouve l'impression.
Il en est de même des autres organes, et il
fait ainsi une sorte de traduction pour ex-
primer ses idées dans la langue formée pour
le sens interne. Il s'en suit que comme il fait
toujours usage d'une langue qu'on peut dire
empruntée, il est facile de s'y méprendre, et
qu'il faut l'expérience d'un bon observateur
pour l'entendre et le bien interpréter.
Je dois dire encore que la perfection de
cette sensation dépend essentiellement de
deux conditions l'une est la suspension to-
tale de l'action des sens externes l'autre est
la disposition de l'organe du sens interne.
Lorsque j'ai dit que cet organe consiste
dans l'union et l'entrelacement des nerfs, je
n'ai pas entendu que ce fût un seul point
ou centre unique, ni une région circonscrite,
mais bien le système nerveux en entier; c'est-
à-dire l'ensemble composé de tous les points
de réunion, tels que le cerveau, la moelle
épinière, les plexus et les ganglions. Ces diffé-
rentes parties, à l'égard de leurs fonctions,
peuvent être considérées, séparément ou dans
leur ensemble, comme différens instrumens
de musique, dont l'harmonie dépend de leur
parfait accord, ou être comparées aux effets
que produirait à nos yeux une glace exposée
à différentes directions, dont la surface serait
plus ou moins polie, terne, enveloppée de
vapeurs ou même brisée. Je puis enfin, pour
me rapprocher encore plus de la vérité, et
donner une juste idée de la perfection du sens
interne, considérer tous les points qui le con-
stituent comme étant soumis à la même loi,
dépendant les uns des autres, et tendant éga-
lement à former un tout bien ordonné je
puis, dis-je, les comparer à un liquide dont
toutes les parties étant en équilibre parfait,
et offrant une surface exactement unie, sont
capables de retracer fidèlement tous les ob-
jets. Comme il est clair que tout changement
dans cet équilibre et dans ses proportions
doit en altérer les effets de même la perfec-
tion des sensations est toujours altérée dans
la proportion des troubles qui agitent le corps
animal dans les maladies et dans les momens
de crise.
Il est essentiel de dire ici que tous les
genres d'aliénation de l'esprit ne sont que des
nuances d'un sommeil imparfait. La folie,
par exemple, existe lorsque divers viscères
sont tellement obstrués, que leurs fonctions
sont suspendues, et qu'ils sont par conséquent
réduits à un état ~oy~c~ tandis que les or-
ganes naturels du sommeil sont dans une ac-
tion continuelle et irrégulière, et que le som-
meil ainsi déplacé occupe les parties affectées
parla maladie. Laguérison peut s'opérer alors
par l'action du magnétisme animal les obs-
tructions et les obstacles, qui s'opposaient à
l'harmonie du j~~y/M/M cw~ seront
levés, et ces parties retirées de leur état
soporeux, de manière que le sommeil né-
cessaire soit pour ainsi dire transporté aux
organes destinés aux fonctions animales et à
celles des sens.
On voit combien il est important de dis-
tinguer dans les maladies le sommeil symp-
toma tique du sommeil critique.
Par une suite de ces explications et de ce
que j'ai dit des anciens préjugés, il est aisé
d'entrevoir à combien d'erreurs et d'abus s'ex-
posent les observateurs de cet état, lorsqu'ils
lui accordent une confiance trop étendue.
Il me reste encore à dire pourquoi l'état de
somnambulisme est plus fréquent et présente
plus de perfection depuis qu'on emploie mes
principes la raison en est que le magnétisme
détermine un mouvement tonique qui pé-
nètre toutes les parties du corps, en vivifie
les nerfs, et ranime le jeu de tous les ressorts
de la machine. J'ai déjà comparé cette action
à celle d'un courant d'eau ou d'air dirigé sur
les parties mobiles d'un moulin c'est cette
action qui provoque les crises nécessaires à
la guérison de toutes les maladies ces crises
participent le plus souvent du sommeil dont
j'ai parlé et comme l'action qui les a pro-
duites tend à rétablir l'harmonie dans tous les
organes et viscères, elle produit aussi néces-
sairement l'effet inséparable de perfectionner
les sensations. Enfin les facultés de l'homme
sont manifestées par les effets du magnétisme,
comme les propriétés des autres corps sont
développées par les procédés du feu gradué
employé par la chimie.
Il résulte de ces principes et de ces déve-
loppemens, que les anciennes opinions ne
sont pas à dédaigner, parce qu'elles sont asso-
ciées à quelque~ erreurs que les phénomènes
du somnambulisme ont été aperçus de tous
temps, et dénaturés selon lespréjugés dusiècle
auquel ils appartenaient que l'homme a tou.
jours été imparfaitement connu, surtout dans
son état de maladie, et que les facultés ex-
traordinaires, qui se manifestent en lui, ne
doivent être regardées que comme ~.r~/ïjfo/ï
de ses j~/M~c/M de son instinct.
D'après tout ce que je viens de faire con-
naître du magnétisme comme agent direct et
immédiat sur les nerfs et sur la fibre muscu-
laire, instrumens des sensations et du mou-
vement dans le corps animal; d'après les
preuves que j'ai établies, que c'est dans l'ac-
tion seule de la fibre, animée par ce même
agenjt~que réside la cause générale de la
qualité des"numeurs, ainsi que de leur circu-
lation que c'est enfin lui, qui, dans tous
les cas de maladie, en déterminant des crises
salutaires, rectifie les aberrations dans les
fluides et dans les solides on comprendra
que je suis fondé à le considérer comme
moyen M~~? et M/M~ de préserver des
maladies, et d'en obtenir la guérison; toute-
fois lorsqu'elle n'est pas devenue absolument
impossible comme lorsque des parties du
corps sont désorganisées ou détruites, ou que
l'individu malade est privé des ressources
essentielles à l'action de la machine et au jeu
de l'économie animale.
Car quoiqu'on puisse affirmer que l'appli-
cation du magnétisme suffit pour opérer la
cure de toute ~fc~ de maladies, il serait
insensé de prétendre guérir de même tous les
individus malades. Il faut donc prendre dans
le sens possible ce que j'appelle l'universalité
de ce moyen de guérir.
Toute cause physique suppose certaines
conditions nécessaires pour que l'effet puisse
avoir lieu. Dans les cas dont je viens de
parler, comment réussirait-on s'il existe des
obstacles qui empêchent l'action de la cause?
Cette Ipi de la nature est ce qui rend indis-
pensable, pour la pratique du magnétisme,
une théorie saine de l'économie animale, et
le secours des lumières que donne l'étude de
la médecine (*).
Pourquoi cette découverte annoncée de-
puis ~o ans, soutenue des épreuves les plus
authentiques, défendue par les hommes les
plus estimables, par les faits les plus multi-
pliés dans toutes les parties de la France;
pourquoi, dis-je, une découverte si impor-
tante, par son étendue et si précieuse par ses
effets, n'a-t-elle produit qu'une opinion si
incertaine? C'est que mes assertions, les pro-
cédés et les effets apparens du magnétisme

(*) On ne peut douter que sans être médecin de


profession, un homme moral, instruit en physique,
ne soit très-capable d'être instruit dans la doctrine du
magnétisme animal, et ne puisse être très utile par
elle les faits ont prouvé cette assertion d'une manière
certaine.
Mais il faut convenir aussi qu'un médecin avec ces
premiers avantages, et ayant toutes les notions conve-
nables sur la physiologie, sur la marche des maladies;
mais voulant sans prévention, ni esprit de parti, ou de
de corps, voir, examiner, étudier à ce sujet, ne soit bien
plus apte à remplir cette honorable mission.
( Note de ~2~wr. )
animal semblaient rappeler d'anciennes opi-
nions, d'anciennes pratiques justement re-
gardées depuis long-temps comme des erreurs
et des jongleries. La plupart des hommes
consacrés aux sciences et à l'art de guérir
n'ont considéré ma découverte que sous ce
point (le vue entraînés par ces premières
impressions, ils ont négligé de l'approfondir.
D'autres, excités par des motifs personnels,
par l'intérêt de corps, n'ont voulu voir dans
ma personne qu'un adversaire qu'ils devaient
abattre. Pour y parvenir, ils ont d'abord em-
ployé l'arme si puissante du ridicule, celle
non moins active et plus odieuse de la ca-
lomnie enfin la publicité immodérée d'un
rapport qui sera dans tous les temps un mo-
nument peu honorable pour ceux qui ont osé
le signer. D'autres personnes enfin, et le
nombre en est assez grand, convaincues, soit
par leur propre expérience, soit par celle
d'autrui, se sont exaltées et livrées à de telles
exagérations qu'elles ont rendu tous les faits
incroyables. Il en est résulté pour la multi-
tude faible et sans instruction des illusions
et des craintes sans fondement. Voilà quelles
ont été jusqu'à présent les sources de l'opi-
nion publique contre ma doctrine (~).
Supérieur à tant d'obstacles et de contra"
dictions j'ai cru nécessaire au progrès des
sciences, plus encore au succès du magné-

(*) Empruntons, pour jeter plus de jour sur ce sujet,


une pensée de M. l'abbé Trublet (*) elle rendra à cet
égard la mienne propre beaucoup plus lucide que je
pourrais le faire moi-même.
(1 La première impression que nous recevons des choses,
«
dit-il, est souvent la plus sage et la plus juste, parce
qu'elle est moins altérée par le préjugé ot par la pas-
«
sion. A la première vue d'un objet, c'est l'objet seul
< qui nous frappe il occupe l'âme tout entière. Mais
<
quand on vient à le considérer avec rcMexion, alors
le préjugé et la passion se mettent de la partie. On (ait
'<
des efforts, même sans s'apercevoir qu'on en fait,
'< pour
voir les choses comme on a intérêt et envie de les
< voir, et l'on y réussit; c'est ainsi qu'it arrive quelque-
fois qu'en examinant, on voit moins bien.
«
L'examen n'est utile que lorsqu'on le fait non-seule-
t ment de bonne foi, mais encore avec défiance des mo-
tifs personnels qui pourraient nous incliner d'un côté
< ou d'un autre. Sans cela il ne sert qu'a nous écarter de
«
plus en plus de la vérité qui s'était présentée d'abord,
et qui, forte de sa nouveauté et nous prenant au dé-
(*) Pensées sur la philosophie, les sciences, les opinions, les
ï
systèmes .etc. Ext. du Merc. de France, mai 769, pag. 3a-33.
tisme de publier mes idées sur l'organisation
et l'influence respective des corps. J'aban-
donne volontiers ma théorie à la critique
déclarant que je n'ai ni le tems ni la volonté
de répondre. Je n'aurais rien à dire à ceux
qui, incapables de me supposer de la droi-
ture et de la générosité, s'attacheraient à me
combattre avec des dispositions purement
hostiles uu sans rien substituer de mieux à
ce qu'ils voudraient détruire et je verrais
avec plaisir de meilleurs génies remonter à
des principes plus solides, plus lumineux;

« pourvu, avait fait sur nous une vive impression.


L'examen pour être plus lent et plus raisonné, n'en
est quelquefois que plus susceptible de la séduction des
<'
passions et des préjuges; s'il ne détruit pas ces préju-
gés~ il les affermit; ensorte que ce qui devait être !c
« remède du mal y met le oombte, et le rend souvent
<
incurable.
Ces réflexions, aussi lumineuses que profondes, je ne
crains point de le dire, sont en tout point applicables
à l'esprit qui a dirigé la plupart des commissaires, nom-
més il y a quarante ans pour porter un jugement sur la
découverte de M. le docteur A/Mwcr. Il est donc vrai
que les préjugés vrMs ou faux ont encore plus de pou-
voir sur l'esprit de tn plupart des hommes, que les
passions mêmes. (Note de ~j~/r. )
des talens plus étendus que les miens décou-
vrir de nouveaux faits, et rendre, par leurs
conceptions et leurs travaux, ma découverte
encore plus intéressante en un mot, je dois
désirer que l'on fasse mieux que moi. Il suf-
fira toujours à ma gloire d'avoir pu ouvrir
un vaste champ aux calculs de la science, et
d'avoir en quelque sorte tracé la route de
cette nouvelle carrière.
Déjà fort avancé dans celle de la vie, je
veux consacrer ce qui me reste d'existence à
la jeM/e/?/Y~M6 d'un moyen que j'ai reconnu
éminemment utile à la conservation de mes
semblables, afin qu'elle ne soit plus désor-
mais exposée aux chances incalculables des
drogues et de leur application (~).

(*) Je ne saurais mieux terminer ces notes que par


les considérations suivantes Plus une doctrine, plus le
système qui l'a produite deviennent importans par leurs
promesses et les faits annonces, plus aussi il me paraît
nécessaire de reproduire de temps en temps à ce sujet
quelques maximes philosophiques faites pour guider ceux
qui les ont adoptées; pour éclairer ceux qui en nient
l'utilité, ou ceux qui de bonne foi se retranchent dans
le doute.
Le système et la doctrine du magnétisme animal ont
éprouvé ces chances, ces vicissitudes; ils réclament
donc l'application de ces vérités que je viens d'a-
vancer. Je les puise encore ces vérités dans les écrits de
M. l'abbé 7/<?~ (*). Qu'on me permette de les pro-
duire encore
«On a beau, dit-il, dire aux philosophes ~~xc~cz-
à bien voir la nature /?~<~ que de chercher à la
« ~<
cc vous
Ils ne feront jamais l'un sans l'autre, et c'est
leur commander l'impossible, c'est leur dire de voir
<'
stupidement. Il est impossible à un homme de beau-
« coup
d'esprit d'observer et de voir sans penser et sans
raisonner sur ce qu'il voit et ce qu'il observe.Or, voilà
«
les systèmes on en fait malgré soi, et dans une tête

<M
« pensante,
ils sont une suite nécessaire des expériences

bons.
« et
des observations tout grand esprit est un esprit
'<
systématique mais tout grand esprit n'est pas un bon
»
esprit. Voilà pourquoi il y a eu et il y aura toujours
«
beaucoup de systèmes, peu de bien faits, encore moins
«
de
»

«
Les philosophes futurs pourront se flatter de mieux
«
réussir que leurs prédécesseurs, parce qu'ils auront
«
plus de secours. Les systèmes doivent se multiplier
« avec
les découvertes qui en font les matériaux plus
« on
connaîtra d'effets d'une même cause, moins il sera
«
difficile de parvenir à connaître cette cause un nouvel
«
effet connu a quelquefois expliqué beaucoup d'autres
«
effets jusque là inexpliquables.
« Après tout ce qu'il faut du côté de l'esprit et des con-

(') Extr. du Mercure de France, mai t ?6a, pag. 4 a et suiv.


«
naissances pour faire un bon système, il y a encore une
«
chose importante à recommander, c'est la bonne foi. M
M. le docteur J~~cr a convaincu ses nombreux dis-
ciples qu'il connaissait et avait su apprécier et mettre en.
usage ces vérités~ et que surtout il avait éminemment la
dernière qualité jusqu'à son dernier soupir.
(2Vb<<?~<<&~Mr.)
~t~<h~~ CONVENTION.

Nous soussignés Antoine MESMER, docteur en


médecine, d'une part, et M. PICHER GnAND-
CHAMp, ancien chirurgien-major de l'hôpital
général de la Charité à Lyon demeurant à
Paris, rue Coq-Héron, d'autre part, sommes
convenus double entre nous de ce qui suit,
savoir
Moi, Antoine MESMER, ayant toujours dé-
siré de répandre parmi des personnes hon-
nêtes et vertueuses, la doctrine du magnétisme
~KM~, je consens et je m'engage à instruire
dans tous les principes qui constituent cette
doctrine, M. GpAND-CuAMp, dénommé ci-
dessus aux conditions suivantes
t~ II ne pourra former aucun élève, trans-
mettre directement ou indirectement à qui
que ce puisse être, ni tout, ni la moindre
partie des connaissances, relatives sous quel-
que point de vue que ce soit, à la découverte
du magnétisme ~/M/M~ sans un consentement
par écrit, signé de moi
2~ II ne fera, avec aucun prince, gouver-
nem.ent, ou communauté quelconque, ni né-
gociation, ni traité, ni accord d'aucune espèce
relatifs au magnétisme ~/M' me réservant
expressément et privativement cette faculté;
3~ Il ne pourra, sans mon consentement
exprès et par écrit, établir aucun traitement
public, ou assembler des malades pour les
traiter en commun par ma méthode, lui per-
mettant seulement de voir et de traiter des
malades en particulier, et d'une manière
isolée;
40 II s'engagera avec moi par le serment
sacré de l'honneur verbal et écrit, à se con-
former rigoureusement, sans restriction au-
cune, aux conditions ci-dessus, et à ne faire,y
autoriser, favoriser, directement ou indirec-
tement, dans quelque partie du monde qu'il
habite, aucun établissement, sans mon at-
tache formelle.
Et moi, GRAND Cn~Mp, dénommé ci-des-
sus, considérant que la doctrine du ~MgTM-
tisme amimal est la propriété de M. MESMER
son auteur, et qu'il n'appartient qu'à lui de
déterminer les conditions auxquelles il con-
sent de la propager, j'accepte en totalité les
conditions énoncées au présent Acte, et j'en-
gage par écrit, comme je l'ai fait verbale-
ment, ma parole d'honneur la plus sacrée
d'en observer la teneur de bonne foi, avec
l'exactitude la plus scrupuleuse.
Fait double entre nous librement, sous nos
seings, avec promesse de ratifier par-devant
notaire, à la première réquisition d'une des
deux parties, aux frais du requérant.

A Paris, le cinq avril mil sept cent quatrp.-vingt-


quatre.
%<<<t~ DIPLOME.

Moi Antoine MESMER, ayant instruit M. Jo-


seph Louis PiCHER-Gi:AjfDCHAMp, membre
du collége royal de chirurgie* de Lyon, dans
tous les principes qui constituent la doctrine
du magnétisme animal, aux conditions énon-
cées dans l'acte passé entre nous à ce sujet;
Je reconnais qu'il possède actuellement
mes principes et mes procédés de manière à
pouvoir en faire l'usage le plus avantageux
pour le soulagement de l'humanité.
M. GpANDCHAMp, se destinant à la pratique
(le la médecine d'après mes principes, et
m'ayant témoigné le désir qu'il aurait d'éta-
blir dans le lieu de sa résidence un traite-
ment semblable à celui que j'ai établi à Paris,
en conséquence, je déroge expressément à
l'article trois des conventions que j'ai passées
avec lui; les autres articles subsistant tou-
jours dans toute leur force, et je consens
qu'il forme à Lyon, conjointement avec
MM. Orelut, Fessolles et Bonnefoy un éta-
blissement pour y traiter des maladies en
commun, et par les moyens pratiques que
je lui ai enseignés se servant de machines
ou boîtes magnétiques, et en général de
tout ce qui peut être propre au but qu'il se
propose.
Cette permission ne pouvant s'étendre que
pour un établissement dans la ville de Lyon,
et non pour tout autre lieu, à moins de nou-
veaux pouvoirs émanés de moi.
En foi de quoi, j'ai signé le présent acte,
en présence de deux de mes élèves, qui ont
signé avec moi, à Paris, le sept mai mil sept
cent quatre-vingt-quatre.
MESMER, médecin.
Cte M. PUYSECUR.
Le marquis de CsrASTELLus.
LETTRES

DE MONSIEUR LE DOCTEUR MESMER,

A M. PtCHER-GRANDCHAMP, A LYON.

Paris, le t~ mai ï787.

MONSIEUR,

J'arrive il n'y a pas long-temps d'Angle-


terre, où j'avais passé un mois pour me dis-
traire. Je n'aurais pas tardé de répondre à
votre obligeante lettre, si je n'avais pas pensé
de vous voir incessamment à Lyon, et d'a-
voir une conversation avec vous sur les ob-
jets que vous m'avez confiés. Je me propose
de faire un voyage en Suisse pour y prendre
des eaux cet été. J'ai dirigé ma route exprès
pour avoir le plaisir de vous embrasser et
de vous assurer de mon attachement et de
l'estime que je vous ai vouée. Je vous prie de
faire passer la lettre pour M. le comte Dhoénoff;
j'espère qu'elle est telle que vous l'avez dé-
sirée. Je partirai d'ici le dimanche au soir par,
la poste. Je ne ferai aucun séjour à Lyon.
En attendant j'ai l'honneur d'être
Votre très-humble, très-obéissant serviteur,
MESMER, médecin.
P. S. Recommandez à M. le comte de Dhoénotf, de
prendre de nouveau, avec les personnes qu'il se propose
d'instruire, les mêmes engagemens qu'il avait signés lui-
même.

Zurdeh, ce io juillet.

MONSIEUR~
J'apprends que deux lettres m'ont été
adressées à rhôtel de Provence, qui appa-
remment y sont arrivées après mon départ.
Je vous prie, Monsieur, d'avoir la bonté de
les chercher à l'hôtel ou à la poste pour me
les faire parvenir, en ajoutant à mon adresse
chez M. tScA~c~~ c/ compagnie, à ZM/~c en
Suisse en effaçant Z~c/ï. C'est par cette
adresse que je recevrai toutes les lettres tan-
dis que je serai en Suisse.
Recevez, je vous prie Monsieur, en même
temps tous mes remercunens pour les hon-
nêtetés dont vous m'avez comblé pendant
mon séjour, et soyez persuadé des sentimens
du sincère attachement, de l'estime la plus
distinguée avec laquelle j'ai l'honneur d'être,
Monsieur, votre très-humble et obéis-
sant serviteur,
MESMER, médecin.

Frauenfeld, en Suisse, canton Thurgovie,


le 16 janvier i8o<).

MONSIEUR,
Je saisis avec plaisir l'occasion long-temps
désirée de renouer avec vous mes relations d'a-
mitié et d'estime. Persuadé que vous n'avez
point quitté le parti du magnétisme, et que
vous n'avez pas cessé d'apprécier ma doc-
trine je vous ai recommandé M. Danomibes,
qui est venu à moi en Suisse. J'ai la confiance
en vos lumières, que je ne doute pas que
vous ne parvinssiez à le guérir. Le siège de
-son mal me paraît résider dans l'épine du
dos et l'épigastre, vers l'hypocondre gauche.
Permettez, cher ami, de vous dire le pro-
cédé dont je me serais d'abord servi j'au-
rais placé une main sur le dos, que j'aurais
passée très lentement, à commencer de la nu-
que, le long de l'épine; j'aurais observé et
fait observer au malade une légère sensation
probablement de la chaleur en plaçant en
même temps l'autre main sur la région in-
diquée, j'aurais pris le point de sensation
pour la source du mal, contre lequel j'au-
rais dirigé tous mes moyens, afin de provo-
quer une sorte de crise. Après une couple
d'heures du traitement, je l'aurais envoyé à
quelque bain pour une heure et demie.
Je n'ai pas manqué d'insinuer à votre ma-
lade les conditions sous lesquelles vous lui
faites espérer sa guérison. Ne doutez pas de
la part que je prendrai au succès de cette en-
treprise, et que des pareils faits puissent
ajouter à votre célébrité.
Vous serez sans doute curieux, mon ami,
de savoir comment j'existe ici parmi une na-
tion antique. Je végète dans une obscurité,
sans rien faire ni en bien ni en mal un peu
considéré, moins par rapport à mes connais-
sances, que comme étranger à son aise, n'étant
à charge à personne avec cela je suis content,
occupe de ma santé, que je conserve bonne.
Veuillez bien vous charger d'une lettre
ci-jointe à M. Loos, rédacteur de la littéra-
ture universelle, que vous trouverez chez
MM. Treuttel, Wùrtz, libraires, rue de Lille
c'est mon ami fort attaché à la doctrine du
magnétisme animal je désire que vous fas-
siez sa connaissance; il vous instruira du sort
de M. A., du travail que j'ai encore entre les
mains, de mes projets relatifs. Je vous prie
de l'aller voir et de vous entretenir avec lui
sur cet objet; surtout sur les moyens de faire
renaître l'opinion en faveur de cette science,
que je suis bien loin d'abandonner tant que
j'existerai. Je suis très-sensible à votre sou-
venir ainsi qu'à votre chère famille des vœux
que vous m'adressez pour le renouvellement
de l'an; je vous les retourne sincèrement, en
vous priant de me conserver la tendre affec-
tion dont vous m'avez honoré jusqu'ici. Dai-
gnez me donner des nouvelles de votre bien-
être, et particulièrement de vos chers fils.
Adieu, je suis, avec l'estime la plus distin-
guée et la tendre amitié, à vous pour la vie,
MESMER, médecin.
~<«~<<<~<<
REMARQUES

ET OBSERVATIONS

Faites au sujet d'un article ~/2/cr/M~ dans


un mandement de monseigneur l'évêque de
Moulins.

DANS un mandement de Ms' l'évêque de


Moulins, pour l'ouverture du jubilé, nous
venons de lire avec le plus grand étonnement
un article inséré dans le journal du Puy-de-
Dôme, r~K~p la Charte, et rapporté textuelle-
ment dans celui des Débatsdu jeudi 4 mai î8a6,
contre le magnétisme animal et les médecins
magnétiseurs voici cet article
« Mais pour terminer
la tâche de pasteur
«
vigilant qui nous reste à remplir, nous nous
« éleverons contre ces ténébreuses inventions,
« ces mystérieuses découvertes de prétendus
< savans modernes, adeptes du matérialisme
« et corrtipteurs de la morale si bien accueillies
« à l'époque où se préparait notre malheu-
t< reuse révolution, e/ dont on cherche à re-
« nouveler le-scandale. Nous signalerons par-
« ticulièrement cette ~c/e/~c~ du
< ~/y~ animal dont ta seule dénomination
« caractérise si bien i~/Mc/e de ceux qui
« la professent, !a~/Yz~M~ets~&/rc/
« propager; science perturbatrice, et dont tout
«
l'effet est de mettre le désordre dans toutes
« les facultésphysiques et morales de l'homme.
<f Certes, nous nous

« rer cette oeuvre


de~f,
serions bien gardé d'éclcii-
si quelques ~e/M-
« bres d'une
société savante ne nous /M~/Mï-
« caient pas de r~cc~~cr par leurs suffrages.
« malgré la judicieuse opinion émise tout ré-
« comment dans une séance de l'Académie
« royale de Médecine, par un homme de l'art
«
distingué, qui a parlé du magnétisme ani-
« mal en médecin, en
physiologiste et en
« observateur. Après avoir rapporté des faits
« qui prouvent
rc/~w~ que peut prendre le
« magnétiseur sur les mouvenlens, la volonté,
<f ~0/2C~
/~OWïeKr la vie </M //Ï~7M~JC;
« il avait établi que dans l'application du ma-

« gnétisme au traitement des maladies, ou


« ne pourrait citer un jcM/~r~/M~ de succès,
«
taudis qu'on sait que trois ~e/'jo/2~j sont
« mortes au moment
oic /'C/Z se vantait de les

« avoir ~Mc/Y~j, le sage et savant docteur con-


« clut que le magnétisme, comme moyen cu-
« ratif, est nul ou dangereux, et qu'il est de
« l'honneur de l'Académie de provoquer, de
« la part de l'autorité, toutes les wcjM~j
~<police convenables pour

« /2o?M~cj qui, de l'aveu des ~M/


surveiller des ma-

« peuvent mettre un individu à la merci d'un


u autre, pendant un somnambulisme réel ou
« supposé. Ne sommes-nous donc pas auto-
« risé nos très-chers frères, à vous pré-
a munir contre ces pratiques ténébreuses si
«y~~û~ûf~j à l'illuminisme qui s'en empare,
« et que réprouvent le bon ordre et la wo-
« rale jpM~~Mc F Et quelle est donc l'utilité
« d'une science qui a pour but de réaliser sur
« l'espèce humaine le~M~M~Mc~/ÏK~r,
« rapporté par des naturalistes de l'irrésis-
« tible influence qu'exerce cet être dégoù-
« tant (~) je nourrit dans la fange, sur le

(*) Le serpent, sans doute.


« iréle oiseau dont les accens ont tant de
« charmes, et que, par la
/M~M~ de ses
« ~v~, il engage dans une sphère d'attrac-
« tion qui maîtrise tellement l'innocente vic-
« time, qu'insensiblement elle se rapproche,
« bat des ailes, et, toute palpitante, vient se
« jeter dans le gouffre qui l'engloutit ? On
ne peut deviner d'abord, à la première lec-
ture de cet article, quels liommes ou quelle
secte précisément on veut désigner; mais en
traitant le magnétisme animal et les magné-
tiseurs de la même manière, avec de sem-
blables qualifications d'igtiorans, de<7'
de la morale, etc., et faisant suite aux
premières, l'espèce de réponse qu'elles ap-
pellent les rendent identiques à tous, et com-
munes pour tous.
Après avoir lu cet article, non avec sang-
froid d'abord, la première pensée qui vous
saisit, les premières réflexions qui s'ensui-
vent, par ces cris d'alarme si bien articules,
sont celles-ci Comment dans toute la France,
dans toutes ses villes principales sous le
règne d'un gouvernement paternel et clair-
voyant comment les commissaires de police,
les maires, les sous-préfets, les préfets, les
magistrats n'ont -ils pas sévi ou ne sévissent-
ils pas depuis quarante ans, contre les indi-
vidus qui excitent tant de scandales, une
animadversion si véhémente des dénoncia-
tions si assurées, si positives et si publiques
d'un prélat revêtu d'un caractère vénérable
et sacré, d'un ministre évangélique de paix,
de concorde, de charité, de la religion chré-
tienne enun
Si ces accusations sont fondées, prouvées,
que tardent doue ces autorités à faire leurs
devoirs? mais si elles ne remplissent pas ces
devoirs, c'est une preuve sans réplique qu'il
n'y en a point à remplir à cet égard et que
ces accusations, ces allégations injurieuses
sont aventurées, mal fondées, et ayant d'au-
tres motifs pour élémens. M~ Févéque de
Moulins ignore sans doute que des ecclésias-
tiques respectables et d'une, haute vertu, sé-
culiers et réguliers, se sont occupés, comme
disciples des véritables professeurs, du ma-
gnétisme, sans apercevoir ni donner aucun
prétexte à l'accusation de scandale, et con-
jointement avec des médecins estimés, des
avocats-généraux des savans, des juriscon-
sultes, des pères de famille de toutes les hon-
nêtes professions, des lieutenans généraux et
préfets de police, sans qu'aucune plainte ait
été portée.
Les secondes réflexions suivent nécessaire-
ment les premières; il est vraisemblable que,
dans un de ces momens de distraction ou d'i-
nattention, trop ordinaires aux hommes très-
occupés d'ailleurs, et du plus grand mérite,
M~ l'évoque de Moulins, avec les intentions
les meilleures et les plus pieuses, aura été
mu et séduit par sa propre confiance en des
hommes qui ne la méritent pas, et trompe
par de fausses apparences. Partout, depuis
le trône jusqu'à la dernière classe de la so-
ciété, il se trouve dans l'occasion des con-
seillers également furibonds et ignorans. Il
peut se commettre des fautes de ce genre
même dans un évêché.
On descend dans une lisse nouvelle; on
embouche donc la trompette de l'attaque;
on semble provoquer au combat que doi-
vent suivre la victoire ou la défaite. Nous ne
descendrons dans ce champ clos qu'avec les
armes que donnent le bon sens, la raison et
la vérité; et ces moyens, produits avec tout
le respect et la modération dont nous sommes
capables. Nous devons convenir, cependant,
que nous avons cette obligation à Ms~ l'é-
voque de Moulins; c'est celle de trouver dans
cette partie de son mandement une occasion
présente et toute naturelle de donner quel-
ques explications au sujet du magnétisme
animal et des médecins magnétiseurs.
Comme partie intéressée et provoquée,
nous allons examiner le plus brièvement pos-
sible tous ces actes d'accusation. Pour com-
menter ce texte, avec tout le succès possible,
il faudrait un plus grand développement
mais les points essentiels seront suffisamment
signalés et éclairés, nous l'espérons plus
un corps mobile est lancé d'un lieu élevé,
plus ce coup, pour ceux qui en sont frappés,
peut devenir dangereux ou funeste, si on
n'y apporte tout de suite les remèdes. Com-
mençons nos remarques et nos observations
par protester hautement que nous sommes
bien éloigné de vouloir faire perdre à M8' Fé-
vèque le plus petit degré de vénération, de
respect et déconsidération,dont nous sommes
persuadé qu'il est environné, et qu'il mérite,
sans doute; mais l'honneur, le devoir, la pro-
bité, ce que nous croyons la vérité, auront
toujours notre premier culte, et appelleront
notre défense comme propriétés naturelles;
mais, plaçant Ms~ l'évêque dans notre pensée,
et l'isolant, pour ainsi dire, dans le sanctuaire
de ses fonctions religieuses et sacrées, nous
tirerons une ligne de démarcation entre le ca-
ractère d'éminence et celui d'écrivain; entre
l'homme ordinaire et le prélat nous ne ré-
pondrons qu'à l'auteur de cet article, indivi-
duellement pris et considéré.
Reprenons, et d'abordl'auteur s'élève contre
ces ~~M~j M(~~o/M, il y a donc de l'in-
vention ? Plus de trois mille élèves de M. le
docteur Mesmer et de ses véritables disciples,
répandus dans diverses contrées des deux
mondes, attestent publiquement qu'il n'y a
rien de ténébreux dans cette invention que
les causes premières à jamais cachées aux re-
gards des mortels, ni dans la doctrine, ni
dans la pratique, ni dans la propagation du
magnétisme c'est au contraire cette publics
té sans intelligence qu'on eût dû, à certains
égards, signaler et blâmer avec quelque fon-
dement.
Ces ~~r~Mj~ découvertes, de prétendus
.savans, adeptes du matérialisme, etc. il y a
donc une découverte, cela implique contra-
diction. Quant au mystère qui a accompagné
cette découverte, son auteur tout d'abord
l'a publiée, en invitant les vrais savans à venir
l'examiner.D'ailleurs ce mystère n'étaitqu'une
conduite prudente dans son développement.
Il eût été à désirer que, dans toutes les pro-
fessions qui ont pour objet le moral et le
physique de l'espèce humaine, et dont on
peut abuser, ce genre de mystère y eût tou-
jours entré, jusqu'à un certain point, comme
élément essentiel. Que d'erreurs, que de maux
on eût évités!
~~c~ matérialisme! Sans doute l'au-
teur n'a point, ou ne doit point avoir en vue
les médecins magnétiseurs dans cette accu-
sation, lesquels seuls nous cherchons dans
cette occasion à défendre; car, il est aussi im-
possible à un anatomiste, naturaliste, à un
physiologiste, à un physicien, à un médecin
instruit, moral, qui doit être tout cela né-
cessairement, de nier, ou de n'être pas con-
vaincu, même par instinct, d'une puissance
spirituelle, divine, adorable, bonne par ex-
cellence, et infinie ayant créé toutes choses,
dirigeant tout par sa volonté et des moyens
surnaturels, et incompréhensibles pour la
faiblesse et la nature de l'homme, il lui est
ausssi impossible, dis-je, que de faire qu'un
cercle soit carré C'est surtout en contemplant
les ressorts innombrables de la machine hu-
maine, les organes sécondaires de la pensée, du
sentiment,de la reproduction des espèces, etc.;
c'est en contemplant le ravissant tableau de
l'univers, et de tout ce qu'il renferme, j usqu'au
plus petit ciron, que ce médecin est anéanti
dans l'admiration et dans l'adoration de l'Au-
teur de tant de merveilles.
Le grand Fénélon, dans son admirable et
inimitable livre, sur les preuves de l'exis~
tence de Dieu, ne manque pas d'apporter
dans leur nombre immense celles irrésisti-
bles de la vue de tous les ressorts combinés
et en harmonie qui constituent et font aller
la vie mot~eMe de l'homme, en attendant sa
vie immortelle.. Cette inculpation de maté-
rialisme est donc gratuite, aventurée, inju-
rieuse et mal fondée. Le moral de l'homme,
d'ailleurs, n'est-il plus du domaine, et l'objet
constant des études et des soins des méde-
cins ordinaires et des médecins magnétiseurs?
Que cet auteur demande à tous, aux de Z~
Chambre, Haller, <&M/t~e, Montaigne, Ber,
nardin de Saint-Pierre, Pinel, ~5'J~M<0/, Bon-
/o~, Alibert, Mesmer, etc., etc., si la bonté,
la bienveillance, l'amour de la paix, celui du
prochain, la charité, la piété, l'injustice, la
haine, l'orgueil, la colère, le fanatisme, etc.,
sont des cailloux, de l'eau des nbres, du
sang, du sable, ou des champignons (~).
L'auteur de cet article ne connaît ni le prin-

(*) Lorsque nous articulons les mots de médecins


~Mgw~MMr~ ce n'est point pour exclure de cette déno
miaation les magnétiseurs ou amateurs, si l'on veut,
instruits, moraux, savans; lesP~r~ de CAaMc/tM-,
de.La Fayette, de ~o~~j~MMM, de ZMzc, ~c~~M~ et
autres, sont aussi d'excellens médecins, et même pro-
fesseurs en magnétisme. Mais dans cette circonstance,
il ne nous convenait de parler que des médecins reçus
dans les facultés on en sentira facilement les raisons.
cipe magnétique, ni son application à l'art de
guérir, ni les médecins magnétiseurs; cepen-
dant, il prodigue à ce sujet le blâme, les
injures et l'outrage.
Pour beaucoup de personnes la gravité et
le mérite d'une accusation dépend du carac-
tère de celui qui la porte nous devons
donc la repousser, l'anéantir dans l'esprit
des gens sages et éclairés d'autres critiques,
au contraire, ont voulu établir que l'ima-
gination, les sentimens, toutes les facultés
de Famé inexpliquées et à jamais inexpli-
cables, étaient seuls les agens de tous les
effets magnétiques. Tout autant que l'Auteur
de toutes choses a voulu nous accorder une
mesure d'intelligence,= nous devons dire et
nousdisonsque nous reconnaissons des facultés
intellectuelles, des qualités morales; mais en
matérialisme, nous n'y connaissons rien du
tout, nous ne savons ce que c'est; nous fai-
sons profession d'être chrétiens. Nous ne
croyons pas toujours, il est vrai, à certains
dévots, car on peut être l'un sans être l'autre,
et vice versâ. Où sont donc ces corrupteurs de
la morale ?
~c/c/~y~/Mj~ du magnétisme animall dit-
on, qu'on professe, qu'on pratique et qu'on
s'efforce de propager. Science /M/c<?
dont tout l'effet est de mettre le désordre dans
toutes les facultés physiques et morales de
l'homme
Nous savions bien que dans la pratique or-
dinaire de la médecine, que dans la variété
des talens de ceux qui exercent cette profes-
sion, dans l'administration pharmaceutique
des remèdes, de certaines drogues, impru-
demment donnés ou pris .en trop grande me-
sure, ou dans des momens inopportuns, il
en est résulté le désordre dans l'économie
animale, ~/M~M~j~/?ïCM~ M/~c/M~&y,
dans le moral de l'homme, comme la fièvre,
les vomissemens et crachemens de sang, la
colique, le délire, la fureur, les convulsions,
etc., et la mort. Nous savions encore mieux
que, cette science qui demande tant d'études,
d'observations et d'expérience, était livrée à
l'ignorance du vulgaire, à l'empirisme, au
charlatanisme de ceux qui s'en emparent et
la pratiquent illégalement avec des dangers
et des accidens continuels pour l'espèce
humaine; mais, dans l'application des vérita-
bles moyens magnétiques, jamais. Depuis
quarante ans, nous n'avons pas eu encore
un seul de ces effets à déplorer, parlant
toujours des véritables médecins magnéti-
seurs.
Le principe secondaire agissant ici dans
cette science est indéfinissable et incompré-
hensible. C'est un des mystérieux produits de
la création c'est un ressort voulu par le di-
vin Auteur de toutes choses; c'est nécessaire-
ment un fluide, peut-être universel, qui n'est
aperçu à l'oeil que par de véritables somnam-
bules sous la forme d'une fumée blanchâtre,
rapide dans son affluence, ignée, et dont la
vue continuée les fatigue beaucoup. Tous
ces véritables somnambules, partout, depuis
le développementde ce sens et de cette crise,
ont tenu le même langage.
C'est vraisemblablement le même fluide
que celui de l'aimant, de l'électricité, du
galvanisme, différemment modifié, suivant
les corps ou le milieu qu'il traverse comi~
l'air, le son, dans différens instrumens de mu-
sique, ainsi qu'il a été dit dans ce livre par
les antécédens; fluide devant prendre ainsi
divers tons; fluide animalisé en passant et en
se communiquant par l'intermédiaire des mé-
decins magnétiseurs. Aucune dose de ce fluide
ne peut être extraordinaire ni en trop grande
abondance, ni intempestive. Lorsqu'un verre
est rempli d'eau entièrement, on ne peut
y faire entrer une seule goutte de plus sans la
faire déborder et répandre; il en est tout ainsi
des véritables procédés et des véritables méde-
cins magnétiseurs; nul danger n'est à craindre,
nul accident ne peut résulter de cette action;
il n'y a nécessairement que la mesure. On
peuvent donc exister les ~c~~M~j~P Les
arbres, si propres, surtout au printemps, à re~
cevoir le fluide magnétique et à le transmettre
avec le ton convenable, pouvant développer
dans un sujet malade le somnambulisme ou
sommeil magnétique, sont-ils des co/v~~wy;,
J
des ~c/fM~w~, des ~Mo/~a~~M/vP Mais
je m'aperçois que je disserte, que je professe;
ce n'est point mon dessein, encore une fois,
où sont donc ces
/M~
/~M/ ces
~c.? Ici, comme ailleurs, nous ne
répondons, comme déjà il a été dit, que des
médecins magnétiseurs et des magnétiseurs
médecins suffisamment instruits, délaissant
tous les autres qui usurpent cette qualifica-
tion à leurs faits et ~~M, et à la satire viru-
lente bien ou mal appliquée dans l'article en
question.
Continuons un homme de l'art distingué a
parte de cette science en pleine académie en
médecin, et en rapportant des~KAy qui/~M-
~K l'empire que peut prendre le magnétiseur
sur les rnouvemens, volonté, la fortune, l'hon-
neur et la vie du magnétisé. Laissons la vo-
/o~ la fortune et les /?MWt~~M. Ce médecin
que distingue si libéralement l'auteur de l'ar~
ticle, quel est-il? Il n'est pas nommé. Plu-
sieurs médecins, dans cette séance solennelle,
ont parlé pour, sur et contre le magnétisme.
Parmi ces derniers, quel est cet anonyme?
car dans cette discussion publique il y en
avait beaucoup, et de très-distingués véri-
tablement, et du premier mérite. Cette
manière de prouver laisse une grande la-
titude à la recherche, aux soupçons, aux
conjectures, sur la personne de ce méde-
cin. On dirait presque qu'il a fait dévo-
tement cet article commandé, dont nous
parlons, et l'a envoyé tel qu'il est à sa desti-
nation.
Trois personnes, dit-il (ce médecin), sont
mortes CM moment où l'on j~ vantait de les
~~o/c/o/K* J9e~ et l'on raisonne ainsi!1
comme si trois personnes réelles ou sup-
posées, frappées d'incurabilité, ayant épuisé
d'ailleurs toutes les ressources des meilleurs
médecins, sachant que les principes et les
doctrines, en médecine, ont toujours (il faut
bien le dire) varié, changé, et varient en-
core, n'étaient pas bien excusables (s'il les
faut excuser) de chercher, en désespoir de
cause, un moyen doux, nouveau, qui relève
leur espoir et semble promettre de remplir
leur attente, et ne peut ni leur nuire, ni les
soustraire à la mort! comme si ces malades avec
cette espérance trompée de guérison ou de
soulagement d'après une apparence de succès
trop tôt parlé, pendant ou après cet essai, ne
pouvaient achever de mourir, ou finir par des
accidens imprévus, très-étrangers à ce moyen!
Quelles investigations, quelles preuves vic-
torieuses contre le magnétisme! Ce médecin
fera très-bien de ne pas s'exposer à de pa-
reilles recherches.
Viennent l'empire sur l~o/M/, et les at-
tentats contre lui. On sait ce que cela veut
dire, il n'y a besoin d'aucune explication
autre. Ce médecin ne sait pas qu'une jeune
femme ou jeune fille, à inoins d'être à l'avance
dépravée et perdue de moeurs, devenant vé-
ritablement somnambule par l'effet du ma.
gnétisme, s'éveillerait brusquement et dou.
loureusement au physique et au moral par
la moindre tentative contre leur honneur,
et la repousserait avec horreur. Mais il
paraît qu'il était question dans cette circon-
stance de faire effet. Lorsqu'on arrange des
événemens de cette espèce, aussi alarmans,
aussi publics, aussi indécens il faut les
produire ( non sans honte) avec les preuves
les plus positives, plus claires que le jour,
autrement on s'expose aux accusations méri-
tées de calomnie et de méchanceté. Si ce
médecin, par hasard, affiche beaucoup de
dévotion, à coup sûr il n'affiche pas eu cette
occasion la charité évangélique et l'amour du
prochain.
L'opinion de ce médecin an~yme, mais
uniquement cité, ses accusations et dénon-
ciations n'ont pas empêché une très-grande
majorité de l'académie de se prononcer pour
examiner et porter un jugement SL'r cette
science. Les raisons pour cet examen, com-
battues librement, contradictoirement, ont
fait ressortir les talens, le génie, et le bon
esprit de beaucoup de médecins sages et
véridiques.
Nous déclarons ne point connaître ce mé-
decin et ne vouloir point le connaître dans
cette occasion et sous ces rapports. D'ailleurs,
toutes ces armes offensives sont usées depuis
bien des années à force d'avoir servi inuti-
lement. On veut les retremper, les aiguiser
de nouveau, elles ne réussiront pas davan-
tage. D'ailleurs, encore, nous ne répondons
que de nous, comme nous croyons l'avoir
bien expliqué. Que chacun réponde de ses
œuvres, de ses allégations, de ses discours,
de ses calomnies. Un médecin habile, comme
il est honnête nécessairement, répond-il des
actions punissables d'un empirique, qui en
dérobant quelques-unes de ses prescriptions,
les a employées au désavantage de la société
et de la morale
Enfin, une société savante menace d'accré-
diter la doctrine du ~ïc~/y~~r ses ~M/~
frages. Tant pis pour ceux qui craignent la
menace d'être instruits physiquement, mora-
lement et civilement par la vérité., ou ce
qu'on croit elle de bonne foi, on ne doit
point les compter parmi ceux qui l'aiment et
!a recherchent.
Oui, l'académie royale de médecine a choisi
dans son sein une commission nombreuse
de ses membres. Tous, quoique d'opinions
opposées ( ce qui prouve la sagesse du choix ),
d'une probité, d'une loyauté parfaites; tous,
environnés de la considération et de la re-
connaissance publiques; nous croyons devoir
assurer que les sarcasmes, les injures, les
bons mots, les bonnes et mauvaises plaisan-
teries, de quelques lieux qu'ils partent, et
dans quelque intention qu'ils soient d'iri-
gés, n'affaibliront en rien le zèle de cette
commission, ne détourneront pas un seul
instant ces respectables académiciens de l'im-
portance de leur honorable mission, tout
devant céder auprès d'eux devant l'intérêt de
l'humanité.
Il ne sortira de ce foyer de lumières ni
pratiques térébreuses, ni tendance à l'ï/~M-
nisme, auquel nous n'entendons rien (~), et
que semble redouter l'auteur de l'article. Si
la décision de ces savans docteurs, accueillie
et justifiée par l'approbation de l'académie
royale de médecine, décision bien préparée,
bien méditée, avec le temps, l'instruction et
les investigations nécessaires, est favorable à
la doctrine du magnétisme animal, ce sera
une richesse de plus acquise, enfin, par cette
savante compagnie, dans ses domaines et
dans la sphère des grandes connaissances de
l'esprit humain. Si le contraire arrive, nous
nous rangerons les premiers à cette décision
alors, dans l'une ou dans l'autre de ces alter-
natives, le souhait et l'exhortation de l'auteur
de l'article, de provoquer auprès de l'autorité

(') Dans une dénotes ajoutées au présent Mémoire


de M. le docteur Mesmer, on a légèrement signalé à ce
sujet cette aberration de l'esprit, et les précautionspour
s'en garantir.
des mesures convenables de police, comme
dans la pratique illicite de la médecine, au-
ront toutes leurs justes applications, et seront
très vraisemblablement bien accueillies et
bien effectives, comme dans quelques autres
pays.
Finissons il résulte donc, selon cet article,
que les médecins magnétiseurs sont des ma-
~rM~/cj, c'est-à-dire des hommes sansfoi,
sans loi, sans religion; qu'ils sont perturba-
teurs et désorganisateurs de toutes lesfacultés
de l'homme; tenant école de séduction et de
mauvaises mœurs; par dessus toutes ces ac-
tions, fauteurs de notre malheureuse ~w/M-
tion dont on cherche à renouveler le scandale.
Grand Dieu, quel scandale Plus de six mil-
lions de Français ont péri dans cette révolu-
tion, soit dans le sein de la France, soit
ailleurs, par des batailles sans nombre, pen-
dant cette révolution et par ses suites i
Ces dénonciations, aussi graves qu'elles
sont dénuées de fondement, pour ne rien
dire de plus, sont proférées après que la
haute sagesse de nos deux rois, depuis la res-
tauration, répare tous les désastres de cette
révolution, et qu'elle a commandé encore
plus, par leurs exemples que par la loi, le
silence, le pardon et l'oubli! et ces dénon-
ciations se trouvent mêlées avec des exhor-
tations pastorales, évangéliques, au moment
d'une solennelle et extraordinaire époque
religieuse! Pardonnez-leur, mon Dieu, comme
nous leur pardonnons.
Quelques personnes pourront trouver sans
doute faibles les moyens que nous avons em-
ployés pour combattre et détruire les asser-
tions injustes et inconvenantes renfermées
dans cet article du mandement de M~ l'évéque
de Moulins, et que nous aurions pu et dû
les repousser avec plus d'énergie encore. Mais
le sacrifice que nous avons fait d'armes plus
acérées, nous l'avons fait par respect et par
vénération pour le caractère éminent et sacré
de M~ l'évoque; par véritable amour de la
paix, de l'humanité et de la religion chré-
tienne. Nous aurons toujours dans l'esprit et
le cœur ces commandemens de l'évangile (~
« Je vous dis de ne pas résister à celui qui

(*) Selon S.-M~thieu, ~M'~M~ 3< etc., etc.


K vous fait du mal; mais, si quelqu'un te
« frappe à la joue droite, présente lui aussi
l'autre.
« Ne jugez point, afin que vous ne soyez
« point jugé; car on vous jugera du même
« jugement que vous aurez jugé et on vous
« mesurera à la même mesure que vous aurez
« mesuré les autres. M
« Je vous dis que quiconque se met en co-
«
1ère contre son frère sans cause, sera puni;
« celui qui dira à son frère, racha, sera puni;
« et celui qui lui dira fou, sera puni. » dmen.
Nous finissons ici et terminons ce qu'il
nous importait de dire. Quant à la fin de cet
article que nousvenons de combattre, nous ne
croyons pas devoir nous en occuper, par res-
pect pour nous-mêmes c'est à l'intelligence,
au bon goût et à la sagacité du lecteur
qu'appartiennent définitivement le droit et le
pouvoir de la juger selon ses qualités appré-
ciables.
Il y aura toujours des époques dans le cours
ordinaire des tems, où les vérités les plus au-
thentiques seront mises par le vulgaire au
rang des prodiges, et par quelques personnes
intéressées et de mauvaise foi, au rang des
découvertes dangereuses.
Les véritables savans qui sont les bienfai-
teurs de l'humanité alors seront obligés de
se communiquer ces vérités en confidence.
Persécutés calomniés, par cette seconde
classe~ ils restent inébranlables dans leurs
déterminations. Dès long-temps, d'ailleurs,
ils ont appris que la vérité, pour être admise
parmi les hommes, ne doit pas se présenter à
visage découvert, mais se glisser furtivement
à la suite de l'erreur.
SERVICE PHOTOGRAPHIQUE

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