Chapitre 3 - Fonctions Numériques (Partie I)

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Chapitre III.

Coordination SM-ST du module


U.S.T.H.B Fonctions réelles d’une
MATH I
Faculté des Mathématiques variable réelle
Année universitaire 2020-2021
Partie I

I) Définitions et généralités
Définition 1. Fonction
Une fonction est une correspondance de U ⊆ R dans R qui associe à tout élément x au plus un élément
y. On appelle x antécédent de y et y l’image de x par la fonction f . On note

f :U ⊆R → R
x 7→ f (x) = y.

Exemple 1. La fonction f : R −→ R, x 7→ x2 + x − 1.

Le domaine de définition d’une fonction f est l’ensemble Df des valeurs de x (antécédents) pour
lesquelles f (x) (image) existe. On note

Df = {x ∈ R, f (x) existe}.

Exemple 2.

1. La fonction f : x 7→ 1
x
est définie sur Df = R∗ .

2. La fonction g : x 7→ x − 1 est définie sur Dg = [1, +∞[.

3. La fonction h : x 7→ ln(x) est définie sur Dh =]0, +∞[.

L’ensemble image d’une fonction est l’ensemble des valeurs de la variable y qui correspondent à au
moins une valeur de la variable x (i.e au moins un antécédent) prise dans le domaine de définition. On
note f (Df ) = {f (x) | x ∈ Df }.

Exemple 3.

1. L’ensemble image de la fonction f : x 7→ x2 est [0, +∞[.

2. L’ensemble image de la fonction f : x 7→ sin(x) est [−1, 1].

3. L’ensemble image de la fonction f : x 7→ ln(x) est ] − ∞, +∞[.

Le graphe de la fonction f : Df → R est la partie Γf de R2 définie par Γf = {(x, f (x)) | x ∈ Df }.

1
Opérations sur les fonctions
Soient f : Df → R et g : Dg → R deux fonctions. On peut alors définir les fonctions suivantes :
• La somme : f + g : D → R définie par (f + g)(x) = f (x) + g(x) pour tout x ∈ D = Df ∩ Dg .

• Le produit : f × g : D → R définie par (f × g)(x) = f (x) × g(x) pour tout x ∈ D = Df ∩ Dg .

• Multiplication par un scalaire : λf : Df → R définie par (λf )(x) = λf (x) pour tout x ∈ Df ,
λ ∈ R.
Définition 2. Composée de fonctions.
Soient f : Df → R et g : Dg → R deux fonctions. Supposons que le domaine image de f est inclus dans Dg
alors on définit la fonction g ◦ f : Df → R (on lit g rond f ) par : Pour tout x ∈ Df , (g ◦ f )(x) = g(f (x)).
La fonction g ◦ f s’appelle la composée de f par g.
Exemple 4. Soient f : R → R définie par f (x) = x + 1 et g : R → R définie par g(x) = x2 . Les deux
fonctions g ◦ f et f ◦ g sont définies sur R et on a (g ◦ f )(x) = (x + 1)2 = x2 + 2x + 1 et (f ◦ g)(x) = x2 + 1.

II) Propriétés des fonctions


1) Fonctions majorées, minorées, bornées
Définition 3. Soient f et g deux fonctions définies sur un même ensemble D. Alors
• f ≥ g si et seulement si ∀x ∈ D f (x) ≥ g(x).

• f > 0 si et seulement si ∀x ∈ D f (x) > 0.

• f est dite constante sur D si et seulement si ∃α ∈ R ∀x ∈ D f (x) = α.

• f est dite nulle sur D si et seulement si ∀x ∈ D f (x) = 0.


Définition 4. Soit f : Df → R. On dit que
• f est majorée sur Df si et seulement si ∃M ∈ R ∀x ∈ Df f (x) ≤ M.

• f est minorée sur Df si et seulement si ∃m ∈ R ∀x ∈ Df f (x) ≥ m.

• f est bornée sur Df si et seulement si f est à la fois majorée et minorée sur Df c’est à dire :
∃K > 0 ∀x ∈ Df |f (x)| ≤ K.

2) Fonctions croissantes et décroissantes


Définition 5. Soit f : Df → R. On dit que
• f est croissante (resp. strictement croissante) ssi ∀x1 , x2 ∈ Df x1 ≤ x2 ⇒ f (x1 ) ≤ f (x2 )
(resp. ∀x1 , x2 ∈ Df x1 < x2 ⇒ f (x1 ) < f (x2 )).

• f est décroissante (resp. strictement décroissante) ssi ∀x1 , x2 ∈ Df x1 ≤ x2 ⇒ f (x1 ) ≥ f (x2 )


(resp. ∀x1 , x2 ∈ Df x1 < x2 ⇒ f (x1 ) > f (x2 )).

• f est monotone (resp. strictement monotone) sur Df ssi f est croissante ou décroissante (resp.
strictement croissante ou strictement décroissante) sur Df .
Exemple 5.

1. La fonction racine carrée x 7→ x définie de [0, +∞[ dans [0, +∞[ est strictement croissante.

2. La fonction valeur absolue x 7→ |x| définie de R dans R+ n’est ni croissante, ni décroissante. Par
contre la fonction x 7→ |x| définie de [0, +∞[ dans R+ est strictement croissante.

2
La courbe de la fonction racine carrée. La courbe de la fonction valeur absolue.

3) Parité et périodicité
Définition 6. Soit f : Df → R. On dit que

• f est paire si ∀x ∈ Df , −x ∈ Df et f (−x) = f (x).

• f est impaire si ∀x ∈ Df , −x ∈ Df et f (−x) = −f (x).

Graphiquement, cela veut dire que :

• f est paire si et seulement si son graphe est symétrique par rapport à l’axe des ordonnées.

• f est impaire si et seulement si son graphe est symétique par rapport à l’origine.

Exemple 6.

1. La fonction définie sur R par x 7→ x2n (n ∈ N) est paire.

2. La fonction définie sur R par x 7→ x2n+1 (n ∈ N) est impaire.

3. La fonction cos : R → R est paire et la fonction sin : R → R est impaire.

Définition 7. Soit f : R → R une fonction et T un nombre réel, T > 0. La fonction f est dite périodique
de période T si ∀x ∈ R f (x + T ) = f (x).
Intérprétation graphique : f est périodique de période T si et seulement si son graphe est invariant par la

− →
− →
− →−
translation du vecteur T i où i est le premier vecteur du repère orthonormé (O, i , j ).

Exemple 7. Les fonctions sinus et cosinus sont 2π périodiques. La fonction tangente est π périodique.
Ona
∀x ∈ R, cos(x + 2π) = cos(x), sin(x + 2π) = sin(x), tan(x + π) = tan(x).

3
4) Restriction et prolongement d’une fonction
Définition 8. Soient f une fonction f : D → R et A ⊂ D. On appelle restriction de f à A, la fonction
g : A → R telle que f (x) = g(x) ∀x ∈ A. Et on note g = f |A .
Dans ce cas, f est appelée prolongement de g à D et on note f = ge.

Exemple 8. Soient f : R → R, x 7→ x2 − 1 et g :]0, +∞[→ R, x 7→ x2 − 1. La fonction g est la restriction


de f à ]0, +∞[, on écrit g = f |]0,+∞[ .

III) Limites
1) Limite en un point
Définition 9. Voisinage.
Soit x0 ∈ R. On appelle voisinage de x0 et on note V (x0 ), tout intervalle ouvert de R contenant x0 .
Ainsi, pour tout ε > 0, ]x0 − ε, x0 + ε[ est un voisinage de x0 .

Figure 1: Voisinage du point x0

Définition 10. Soit f une fonction définie au voisinage de x0 , sauf peut être en x0 . Soit l ∈ R. On dit
que :

• f admet pour limite l quand x tend vers x0 si et seulement si :


∀ε > 0 ∃δ > 0 ∀x ∈ V (x0 ) |x − x0 | < δ ⇒ |f (x) − l| < ε.
On dit aussi que f (x) tend vers l lorsque x tend vers x0 . On note alors lim f (x) = l ou bien
x→x0
f (x) → l lorsque x → x0 .

• f admet pour limite +∞ au point x0 si et seulement si:


∀A > 0 ∃δ > 0 ∀x ∈ V (x0 ) |x − x0 | < δ ⇒ f (x) > A.
On note alors lim f (x) = +∞.
x→x0

• f admet pour limite −∞ au point x0 si et seulement si :


∀A > 0 ∃δ > 0 ∀x ∈ V (x0 ) |x − x0 | < δ ⇒ f (x) < −A.
On note alors lim f (x) = −∞.
x→x0

Remarque 1. L’inégalité |x − x0 | < δ est équivalente à x0 − δ < x < x0 + δ et l’inégalité |f (x) − l| < ε
est équivalente à f (x) ∈]l − ε, l + ε[.

4
Proposition 1. (Unicité de la limite)
Si une fonction admet une limite, alors cette limite est unique.
La proposition suivante donne un résultat reliant la limite en un point et la convergence d’une suite en ce
point.
Proposition 2. (Limite et suite)
Une fonction f admet une limite l quand x tend vers x0 si et seulement si pour toute suite (xn )n convergente
vers x0 , alors la suite (f (xn ))n converge vers l.
Ce résultat est très important dans le sens où il permet de prouver en utilisant la contraposée que les
limites de certaines fonctions n’existent pas. En effet, on a le résultat suivant :
Proposition 3. S’il existe deux suites (xn )n et (yn )n convergentes vers x0 et telles que (f (xn ))n converge
vers l1 et (f (yn ))n converge vers l2 avec l1 6= l2 , alors lim f (x) n’existe pas.
x→x0

Exemple 9. On montre que lim sin( x1 ) n’existe pas. En effet:


x→0
1 1
On considère les deux suites (xn )n et (yn )n définies par : xn = , yn = . On a
2nπ 2nπ + π2
   
1 1
lim xn = lim yn = 0 et lim sin = 0, lim sin = 1.
x→0 x→0 x→0 xn x→0 yn
On conclut que lim sin( x1 ) n’existe pas.
x→0

2) Limite à gauche et à droite


Soit f une fonction définie au voisinage de x0 , sauf peut être en x0 .
Définition 11. On dit que
• f admet une limite l ∈ R à droite de x0 si et seulement si :
∀ε > 0 ∃δ > 0 x0 < x < x0 + δ ⇒ |f (x) − l| < ε.
On note lim f (x) = l ou encore lim+ f (x) = l.
> x→x0
x→x0

• f admet une limite l ∈ R à gauche de x0 si et seulement si :


∀ε > 0 ∃δ > 0 x0 − δ < x < x0 ⇒ |f (x) − l| < ε.
On note lim f (x) = l ou encore lim− f (x) = l.
< x→x0
x→x0

• Si la fonction f admet une limite en x0 alors ses limites à gauche et à droite en x0 coincident et
valent lim f (x). Réciproquement, si f a une limite à gauche et une limite à droite en x0 et si ces
x→x0
limites valent f (x0 ) (si f est bien définie en x0 ) alors f admet une limite en x0 .
Exemple 10. Considérons la fonction partie entière au point x = 2.
• Comme pour tout x ∈ [2, 3[, on a E(x) = 2 alors lim+ E(x) = 2.
x→2

• Comme pour tout x ∈ [1, 2[, on a E(x) = 1 alors lim− E(x) = 1.


x→2
Ces deux limites étant différentes, on déduit que E n’a pas de limite en 2.

5
3) Limite à l’infini
Soit f : D → R une fonction définie sur un intervalle de la forme D =]a, +∞[.

Définition 12.

• Soit l ∈ R. On dit que f a pour limite l en +∞ si et seulement si :


∀ε > 0 ∃B > 0 ∀x ∈ D x > B ⇒ |f (x) − l| < ε.
On note alors lim f (x) = l.
x→+∞

• On dit que f a pour limite +∞ en +∞ si et seulement si :


∀A > 0 ∃B > 0 ∀x ∈ D x > B ⇒ f (x) > A.
On note alors lim f (x) = +∞.
x→+∞

On définit de la même manière la limite en −∞ des fonctions définies sur les intervalles du type ] − ∞, a[.

Exemple 11. On a les limites classiques suivantes pour tout n ≥ 1 :



n n +∞ si n est pair
1. lim x = +∞ et lim x =
x→+∞ x→−∞ −∞ si n est impair
1 1
2. lim n = lim n =0
x→+∞ x x→−∞ x

3. Soit P (x) = an xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 avec an > 0 et Q(x) = bm xm + bm−1 xm−1 + · · · + b1 x + b0


avec bm > 0. 
 +∞ si n > m
P (x) an
lim = si n = m
x→+∞ Q(x)  bm
0 si n < m

4) Quelques propriétés
Proposition 4. Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle D et x0 ∈ D.

1. Si lim f (x) = l ∈ R et lim g(x) = l0 ∈ R alors


x→x0 x→x0
(a). lim (λf (x)) = λl ∀λ ∈ R. (b). lim (f + g)(x) = l + l0 . (c). lim (f g)(x) = ll0 .
x→x0 x→x0 x→x0
(d). Si l 6= 0 alors lim ( f1 )(x) = 1l .
x→x0

2. Si lim f (x) = ±∞ alors lim ( f1 )(x) = 0.


x→x0 x→x0

3. Si lim f (x) = l et lim g(x) = l0 alors lim (g ◦ f )(x) = l0 .


x→x0 x→l x→x0

4. Si f ≤ g et si lim f (x) = l ∈ R et lim g(x) = l0 ∈ R alors l ≤ l0 .


x→x0 x→x0

Proposition 5. Les résultats de la proposition précédente restent vrais si x0 est remplacé par +∞ ou
−∞.

Remarque 2. Il y a des situations où l’on peut rien dire sur les limites. Par exemple si lim f (x) = +∞ et
x→x0
lim g(x) = −∞ alors on ne peut rien dire sur lim (f +g)(x). Il s’agit d’une forme indéterminée +∞−∞.
x→x0 x→x0

Voici d’autres formes indéterminées : 0 × ∞, ∞



, 0
0
, 1∞ , ∞0 , 00 . À noter que la forme 0∞ n’est pas
indéterminée. En effet : 0+∞ = 0 et 0−∞ = +∞.

6
5) Théorèmes de comparaison
Théorème 1. Théorème d’encadrement (dit des gendarmes)
Soient f, g et h trois fonctions définies sur un intervalle D =]a, +∞[ et l ∈ R. Si pour tout x ∈ D, on a
f (x) ≤ g(x) ≤ h(x) et lim f (x) = lim h(x) = l ∈ R alors g a une limite en +∞ et lim g(x) = l.
x→+∞ x→+∞ x→+∞

cos x
Exemple 12. Soit f (x) = . Calculer lim f (x).
x x→+∞
1 cos x 1
Pour tout x > 0, on a : −1 ≤ cos x ≤ 1 donc − ≤ ≤ .
 −1  1 x x x
Or lim = lim = 0. D’où, d’après le théorème d’encadrement, on déduit que lim f (x) = 0.
x→+∞ x x→+∞ x x→+∞

Remarque 3. Le théorème précédent reste valable pour des limites en −∞ et en un réel x0 . Il suffit dans
les hypothèses de modifier le domaine de validité des inégalités.

Théorème 2. Soient f, g deux fonctions définies au voisinage de x0 , sauf peut être en x0 . Si f est bornée
au voisinage de x0 et lim g(x) = 0 alors lim (f · g)(x) = 0.
x→x0 x→x0

Exemple 13. On a lim x sin( x1 ) = 0, car lim x = 0 et ∀x ∈ R? , | sin( x1 )| ≤ 1.


x→0 x→0

Proposition 6. Soient f et g deux fonctions définies sur D =]a, +∞[.

• Si pour tout x ∈]a, +∞[ g(x) ≤ f (x) et si lim g(x) = +∞ alors lim f (x) = +∞.
x→+∞ x→+∞

• Si pour tout x ∈]a, +∞[ f (x) ≤ g(x) et si lim g(x) = −∞ alors lim f (x) = −∞.
x→+∞ x→+∞

Remarque 4. Ce dernier résultat reste valable pour des limites en −∞.

IV) Continuité
1) Définitions
Définition 13. Continuité en un point, continuité sur un intervalle

Soient f une fonction définie sur un intervalle D et x0 ∈ D. On dit que

• f est continue en un point x0 ssi lim f (x) = f (x0 ).


x→x0

• f est continue à droite en un point x0 ssi lim f (x) = f (x0 ).


>
x→x0

• f est continue à gauche en un point x0 ssi lim f (x) = f (x0 ).


<
x→x0

• f est continue dans l’intervalle [a, b] si elle est continue en tout point x de ]a, b[ et est continue à
droite de a et à gauche de b.

• Intuitivement, une fonction est continue sur un intervalle, si on peut tracer son graphe sans lever le
crayon, c’est à dire qu’elle n’a pas de sauts.

Voici un exemple de fonction qui n’est pas continue


en x0 :
La fonction partie entière E n’est pas continue aux
points x0 ∈ Z, puisqu’elle n’admet pas de limite en
ces points. Pour x0 ∈ R \ Z, elle est continue en x0 .

7
Exemple 14. Les fonctions suivantes sont continues :

1. Une fonction constante sur intervalle.

2. Toute fonction polynomiale est continue sur R.


P (x)
3. Toute fonction rationnelle où P et Q sont des polynômes est continue sur son domaine de
Q(x)
définition.

4. La fonction racine carrée x 7→ x sur [0, +∞[.

5. Les fonctions sin et cos sur R.

6. La fonction valeur absolue x 7→ |x| sur R.

7. Les fonctions exp sur R et ln sur ]0, +∞[.

2) Propriétés
Proposition 7. Soient f, g : I → R deux fonctions continues en un point x0 ∈ I. Alors :

• λf est continue en x0 pour tout λ ∈ R.

• f + g et f g sont continues en x0 .
1
• Si f (x0 ) 6= 0 alors f
est continue en x0 .

Exemple 15.

1. Les fonctions puissance x 7→ xn sur R (comme x × x × x · · · ).

2. Les polynômes sur R comme somme et produit de fonctions puissance et de fonctions constantes.
P (x)
3. Les fractions rationnelles x 7→ Q(x)
sur tout intervalle où le polynôme Q(x) ne s’annule pas.

4. La composition conserve la continuité mais il faut faire attention en quels points les hypothèses
s’appliquent.

Proposition 8. Soient f : I → R et g : J → R deux fonctions telles que : f (I) ⊂ J. Si f est continue en


un point x0 ∈ I et si g est continue en f (x0 ) alors g ◦ f est continue en x0 .

3) Prolongement par continuité


Définition 14. Soit I un intervalle, x0 un point de I et f : I \ {x0 } → R une fonction.

• On dit que f est prolongeable par continuité en x0 si f admet une limite l finie en x0 . Notons
l = lim f (x).
x→x0

f (x) si x 6= x0
• On définit alors la fonction fe : I → R en posant pour tout x ∈ I : fe(x) =
l si x = x0 .
Par construction, on a fe est continue en x0 et on l’appelle le prolongement par continuité de
f en x0 .

Exemple 16. La fonction f : x 7→ est définie sur R∗ mais comme lim sinx x = 1. Alors la fonction f
sin x
x
 sin x x→0

x
si x 6
= 0
est prolongeable par continuité en x0 et on a fe(x) =
1 si x = 0

8
4) Théorèmes fondamentaux des fonctions continues sur un intervalle
Théorème 3. (Théorème des valeurs in-
termédiaires)
Soit f : [a, b] → R une fonction continue sur un seg-
ment.
Pour tout réel y compris entre f (a) et f (b), il existe
c ∈ [a, b] tel que f (c) = y.

Corollaire 1. Soit f : [a, b] → R une fonction con-


tinue sur un segment. Si f (a)f (b) < 0 alors il existe
c ∈]a, b[ tel que f (c) = 0. Si de plus, f est stricte-
ment monotone alors c est unique.

Proposition 9. Soit f : I → R une fonction con-


tinue sur un intervalle I = [a, b] de R alors f (I)
est un intervalle. L’image de I par f est f (I) =
[f (a), f (b)] si f est croissante et f (I) = [f (b), f (a)]
si f est décroissante.

5) Fonctions continues sur un segment


Théorème 4. (Théorème des bornes atteintes) Soit f : [a, b] → R une fonction continue sur un
segment. Alors il existe deux réels m et M tels que f ([a, b]) = [m, M ]. Autrement dit, l’image d’un segment
par une fonction continue est un segment.
Comme on sait déjà par le théorème des valeurs intéremédiaires que f ([a, b]) est un intervalle, le théorème
signifie exactement que :
Si f est continue sur [a, b] alors f est bornée sur [a, b] et elle atteint ses bornes. Donc, il existe α et β
dans [a, b] tel que
m = min f (x) = f (α) et M = max f (x) = f (β).
x∈[a,b] x∈[a,b]

6) Fonctions monotones et bijections


Définition 15. Soit f : E → F une fonction où E et F sont deux parties de R. On dit que
1. f est injective si et seulement si ∀x, x0 ∈ E, f (x) = f (x0 ) ⇒ x = x0 .
2. f est surjective si et seulement si ∀y ∈ F , ∃x ∈ E, y = f (x).
3. f est bijective si et seulement si f est à la fois injective et surjective, c’est-à-dire si ∀y ∈ F, ∃!x ∈ E,
y = f (x).
Théorème 5. (Théorème de la bijection monotone)
Soient I intervalle de R et f : I → R est une fonction définie sur I tel que I ⊆ Df . Si f est continue et
strictement monotone sur I, alors :
1. f établit une bijection de l’intervalle I dans l’intervalle image J = f (I).
2. La fonction réciproque f −1 : J → I est continue et strictement monotone sur J et elle a le même
sens de variation que f .

9
Conséquences :
1. On a l’équivalence suivante
x = f −1 (y)
 
y = f (x)
⇐⇒
x∈I y∈J

2. Les égalités suivantes sont vérifiées :

f −1 ◦ f (x) = x et ∀x ∈ J, f ◦ f −1 (x) = x.
 
∀x ∈ I,

Remarque 5. Dans un repère orthonormé les graphes des fonctions f et f −1 sont symétriques par rapport
à la première bissectrice.
Exemple 17. Soit f (x) = x2 définie sur R. Elle n’est pas strictement monotone sur R et on voit bien
qu’elle n’est pas injective. Cependant en restreignant son ensemble de définition à ] − ∞, 0] d’une part et
à [0, +∞[ d’autre part, on définit deux fonctions strictement monotones :

f1 :] − ∞, 0] → [0, +∞[, x 7→ f1 (x) = x2 et f2 : [0, +∞[→ [0, +∞[, x 7→ f2 (x) = x2

• On remarque que f (] − ∞, 0]) = f ([0, +∞[) = [0, +∞[.

• D’après le théorème précédent, les fonctions f1 et f2 sont des bijections.

• Déterminons leurs fonctions réciproques : f1−1 : [0, +∞[→] − ∞, 0] et f2−1 : [0, +∞[→ [0, +∞[.
Soient deux réels x et y tels que y ≥ 0. Alors
√ √
y = f (x) ⇔ y = x2 ⇔ x = y ou x = − y.

C’est à dire y admet deux antécédents, l’un dans [0, +∞[ et l’autre dans ] − ∞, 0]
√ √
et donc f1−1 (y) = − y et f2−1 (y) = y.

7) Exemples de fonctions réciproques


• La fonction sin est continue et strictement croissante sur l’intervalle [ −π , π ], elle est donc bijective de
2 2
−π π −π π
[ 2 , 2 ] dans f ([ 2 , 2 ]) = [−1, 1].
Définition 16. La fonction arcsinus
La bijection réciproque de la fonction sin : [ −π , π ] → [−1, 1] est la fonction arcsin : [−1, 1] → [ −π
2 2
, π ],
2 2
appelée arcsinus. La fonction arcsin vérifie
 
−π π
∀y ∈ [−1, 1], sin(arcsin(y)) = y, et ∀x ∈ , , arcsin(sin(x)) = x
2 2

/ −π π
 
Remarque 6. Si x ∈ ,
2 2
, la quantité arcsin(sin(x)) est bien définie mais elle ne vaut pas x. Par
exemple arcsin(sin(π)) = arcsin(0) = 0.

10
Valeurs usuelles de la fonction arcsinus.

1 √1 3
x 0 2 2 2
1

π π π π
arcsin(x) 0 6 4 3 2

• La fonction cos est continue et strictement décroissante sur l’intervalle [0, π], elle est donc bijective de
[0, π] dans f ([0, π]) = [−1, 1].

Définition 17. La fonction arccosinus


La bijection réciproque de la fonction cos : [0, π] → [−1, 1] est la fonction arccos : [−1, 1] → [0, π], appelée
arccosinus. La fonction arccos vérifie

∀y ∈ [−1, 1], cos(arccos(y)) = y, et ∀x ∈ [0, π] , arccos(cos(x)) = x

Remarque 7. Si x ∈ / [0, π], la quantité arccos(cos(x)) est bien définie mais elle ne vaut pas x. Par
exemple arccos(cos(2π)) = arccos(1) = 0.


1 √1 3
x 0 2 2 2
1

π π π π
arccos(x) 2 3 4 6
0

11
• La fonction tan est continue et strictement croissante sur l’intervalle ] −π , π [, elle est donc bijective de
2 2
] −π , π [ dans f (] −π
2 2
, π [) = R.
2 2

Définition 18. La fonction arctangente


La bijection réciproque de la fonction tan :] −π , π [→ R est la fonction arctan : R →] −π
2 2
, π [, appelée arctan-
2 2
gente. La fonction arctan vérifie
 
−π π
∀y ∈ R, tan(arctan(y)) = y, et ∀x ∈ , , arctan(tan(x)) = x
2 2


x 0 √1 3 1
3

π π π
arctan(x) 0 6 4 3

12

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