Ressources en Eau Du MAROC Tome I
Ressources en Eau Du MAROC Tome I
Ressources en Eau Du MAROC Tome I
Télécharger Tome 2
Télécharger Tome 3
Sommaire
I.31 Le Bassin de Guercif (par Ph. C ARLIER & M. S IMONOT ) ............................................ 261
Géologie ............................................................................................................................. 261
Stratigraphie ................................................................................................................. 261
Schéma structural ......................................................................................................... 262
Climatologie ..................................................................................................................... 262
Hydrologie ......................................................................................................................... 264
Hydrogéologie ................................................................................................................. 264
Nappe de la plaine de Mahfouf .............................................................................. 264
Nappe de la plaine de Tafrata .................................................................................... 265
Nappe de la plaine du Jel .............................................................................................. 265
Nappe de la plaine de Sangal ..................................................................................... 265
Nappes profondes ....................................................................................................... 267
Underflow ............................................................................................................................ 267
Composition chimique des eaux ............................................................................... 267
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﻐﺮاﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
I.32. Le couloir Taourirt-Oujda (par N. Q UANG T RAC & M. S IMONOT ) ........................ 271
I.33. La Chaîne des Beni-Bou-Yahi — Beni-Snassène (par Ph. C ARLIER ) ................. 291
par
JEAN-PIEREE THAUVIN
Baigné par la Méditerranée sur plus de 400 km de forme, de Ceuta (Sebta) à Chaouène, l'ossature de la
côtes ainsi que, dans sa partie nord-ouest, par l'Océan partie nord-ouest du Rif. Ses sommets souvent aigus,
Atlantique, le domaine rifain, qui forme la partie la ses falaises et sa couleur généralement claire tran-
plus septentrionale du Maroc, possède une indivi- chent sur le reste du paysage. De part et d'autre de
dualité incontestable. Sur le plan géologique, c'est cette chaîne, le relief est beaucoup plus mou, et
la seule chaîne marocaine issue de l'orogénie alpine généralement moins élevé. Dans la partie du Rif qui
et plusieurs de ses faciès ont plus d'affinités avec s'étend entre Chaouène et l'oued Nekor, l'ossature
ceux de l'Andalousie qu'avec ceux du reste du de la chaîne est moins aiguë mais souvent plus haute.
Maroc. Géographiquement parlant, les reliefs mouve- On y trouve quelques plateaux rigoureusement plans
mentés et les difficultés d'accès vers l'intérieur (du (Ktama — Targuist). Le secteur oriental enfin est très
moins à partir des côtes méditerranéennes) ont fort adouci et d'altitude assez basse (rarement supérieure
peu favorisé les pénétrations étrangères, ce qui a à 1 000 m). Les plaines ou du moins les reliefs mous
permis au pays rifain de conserver presque partout et bas ne se trouvent qu'aux deux extrémités du
son cachet original. Il est d'ailleurs plus juste de domaine rifain : à l'W, le pays collinaire de Tanger
parler de « ses » cachets car son étendue a pour s'allonge le long de l'Atlantique jusqu'à Larache
conséquence première une diversification qui se ma- où il est relayé par la basse plaine de l'oued Loukkos
nifeste dans le relief (plaines et collines sur la bor- et le plateau sablo-argileux des Rehamna ; ce dernier
dure externe de l'arc, montagnes partout ailleurs), la se poursuit vers le S par la plaine du Dradère qui
pluviométrie (indice pluviométrique plus de deux n'est séparée de celle du Rharb que par un liseré
fois supérieur dans la moitié occidentale), et la na- de collines. A l'E du pays rifain, la plaine du Kerte
ture géologique des terrains (schistes, marnes, grès, est relayée par celles de Gareb puis de Bou-Areg qui
calcaires...). Ceci entraîne notamment une grande annoncent déjà les plaines de la Basse-Moulouya.
variabilité dans la potentialité des ressources en eaux
souterraines, et une dissymétrie dans l'hydrographie Dans la chaîne rifaine elle-même, les plaines sont
entre le versant méditerranéen (oueds courts à pente pratiquement inexistantes, si l'on excepte les zones
très forte) et le versant atlantique (oueds longs, avec alluviales côtières dont les plus importantes sont
nombreux affluents). dans l'ordre, celles de l'oued Nekor (région d'Al-
Hoceima), celle de l'oued Martil (région de Tétouan)
* et celle de l'oued Lao. Pour l'ensemble du domaine
*** rifain la superficie des plaines ne dépasse pas au
total 2 % (700 km2 sur 32 000 environ).
Au sens propre, le mot « Rif » ne doit désigner
que la partie de la chaîne située à l'E d'une ligne Jusqu'au méridien d'Al-Hoceima, le Rif forme une
joignant Jebha à Boured et Taza. C'est le seul do- ligne de dispersion hydrographique (fig. 2 ) , avec une
maine berbérophone pur du N du Maroc, le reste dissymétrie très nette entre le versant interne (nord
étant arabophone bien que les Arabes n'y soient ouest) et le versant externe (sud ou ouest). Les bas-
généralement représentés que dans les parties alti- sins versants des oueds méditerranéens en effet sont
métriquement basses. En fait, le terme de Rif est passé généralement assez réduits : on en compte plus d'une
dans l'usage pour désigner l'ensemble du pays mon- vingtaine entre Ceuta et Al-Hoceima, et leurs points
tagneux couvrant le N du Maroc, par opposition aux les plus éloignés de la mer ne le sont que de 25 à
Atlas. 40 km, à l'exception du Nekor et du Kerte. Le ver-
sant atlantique par contre n'a pas de bassin dont le
Culminant au jbel Tidirhine (2 456 m), le Rif pos- point extrême soit à moins de 35 km du rivage ;
sède plusieurs autres sommets de plus de 2 000 m, encore cette distance est-elle exceptionnelle et ne se
tous situés au centre de la chaîne. La Dorsale calcaire
28 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
trouve-t-elle que dans la péninsule ; partout ailleurs, noyer) à l'W et de l'amandier à l'E. Les formations
que ce soit dans les bassins du Loukkos, de l'Ouerrha forestières, généralement très discontinues, sont essen-
ou du Sebou, les distances sont beaucoup plus impor- tiellement constituées des espèces suivantes : le
tantes. La partie orientale du domaine rifain, par chêne-liège (Quercus suber) sur les sols acides de la
contre, a un relief trop peu accentué pour jouer ce péninsule, et le chêne vert (Q. ilex) et Q. pyrenaïca
rôle de dispersion, qui est ici tenu par les prolonge- dans les zones montagneuses centrales avec Pinus
ments septentrionaux de la chaîne moyen-atlasique. pinaster, généralement relayées en altitude par le sa-
pin (Abies pinsapo et A. tazaotana) sur les sommets
Au point de vue végétation le domaine rifain, de calcaires de la zone de Chaouène, et par le cèdre
par ses différences d'altitudes, de faciès et d'humidité (Cedrus atlantica) dans la région de Ktama ; on peut y
notamment, offre une grande diversité dans le peu- trouver associé le genévrier (Juniperus oxycedrus).
plement naturel et dans la gamme des cultures. La Enfin, les sols dégradés qui reçoivent une pluviomé-
végétation arbustive est représentée dans la moitié trie faible sont le domaine du thuya (Callitris arti-
occidentale du Rif par le palmier-nain, ou doum culara), et du pin d'Alep (Pinus halepensis).
(Chamaerops humilis) et le lentisque (Pisfacia lentis-
cus) qui, associés à d'autres essences, arrivent à En ce qui concerne les cultures, les montagnes
former un maquis souvent impénétrable ; la moitié portent de petits champs souvent irrigués, avec un
orientale par contre est caractérisée par le jujubier élevage d'appoint (chèvres généralement) alors que
(Zizyphus lotus) et, dans certains secteurs, par l'alfa les collines portent, dans le Prérif notamment, des
(Stipa tenacissima). Ces aires correspondent à peu cultures céréalières. Les plaines irrigables portent des
près à celles de l'olivier (remplacé en altitude par le cultures maraîchères et des orangers essentiellement.
GEOLOGIE (fig. 3)
La chaîne rifaine formant une entité bien distincte grâce aux travaux de J. Marçais pour la zone orien-
du reste du Maroc, il a paru utile de donner ci-après tale, J. de Lizaur et A. Almela pour la zone septen-
une description assez substantielle de la géologie de trionale, G. Suter et les géologues de la SCP pour la
cette unité, et notamment en fonction des dernières zone méridionale. Ces études, coordonnées par P.
hypothèses admises sur sa tectonique. Effectivement Fallot, amenèrent à une première synthèse faite en
cette chaîne, du détroit de Gibraltar à la Basse-Mou- 1952 à l'occasion du 19e Congrès géologique interna-
louya, apparaît comme une unité indépendante ra- tional d'Alger.
joutée tardivement au bâti africain. Son caractère On considérait alors que le Rif était formé d'unités
alpin a été reconnu depuis très longtemps (L. Gentil, arquées, emboîtées les unes dans les autres, et étant
1912), mais les détails de structure n'ont été expli- du N au S :
qués qu'en plusieurs étapes successives dont on trou-
vera ci-dessous les principales. • la zone paléozoïque interne
• les chaînes calcaires (Haouz, Dorsale calcaire,
En 1922 on considérait que le Rif était une chaîne Bokoya)
post-miocène formée de nappes de charriages pous- • la zone marno-schisteuse « rifaine »
sées vers le S.
• la nappe prérifaine
En 1927 commença l'ère des études systématiques • les rides prérifaines.
et de l'élaboration de cartes au 1/100 000 : F. Daguin,
J. Bourcart, J. Lacoste, P. Russo pour les zones méri- Les deux premières unités sauf leur partie septen-
dionale et orientale et, à partir de 1930, P. Fallot, A. trionale, autochtone, étaient considérées comme affec-
Marin et M. Blumenthal pour les chaînes calcaires. tées de charriages plus ou moins importants selon les
Les années 30 furent ainsi capitales pour la compré- secteurs ; la zone marno-schisteuse était essentielle-
hension de la structure rifaine : on établit la struc- ment autochtone sauf sur sa bordure méridionale, et
ture en écaille de la Dorsale calcaire et le charriage la nappe prérifaine affectée d'immenses charriages
de la série paléozoïque, la non-continuité de la cor- par glissements sur un avant-pays autochtone, mis
dillère bétique et du Rif qui n'en était que le pro- en évidence à l'E dans la « zone des fenêtres » ; les
longement de l'arrière pays, l'âge des flyschs de la rides prérifaines, enfin, étaient parautochtones.
série marno-schisteuse, des injections gypso-salines, En 1956-58, on augmenta sensiblement la part des
et surtout l'âge intra-helvétien (et non post-miocène) poussées tangentielles en admettant que, exception
des charriages majeurs (J. Marçais et Société Chéri- faite de la partie nord (comprise entre Tétouan et le
fienne des Pétroles, 1937). Vinrent ensuite diverses détroit de Gibraltar) autochtone ou parautochtone,
précisions sur la tectonique d'écoulement des nappes toutes les unités étaient charriées les unes sur les
prérifaines et les rapports mutuels des diverses unités, autres, les septentrionales sur les méridionales.
CEUTA
DU D
Ksar es Srhir Zone axiale
TANGER
Melloussa Zone rifaine
ETRO
S COTIERS Restinga
S IN
BAS Khmis Anja
Zone et rides prérifaine
IT
ar
orh Bas Loukkos
O. M Martil
Dar Chaoui
Tangéroise
TAHARDAT
B TETOUAN Plaine du Kerte
Asilah A Oued Lao
50
0 S
50
S Plaines du gareb et bou-areg
0
Khmis des I 1000
N MELILLA
S
o
La
50
AIACHA Ben Arrouss 0
AL HOCEIMA
O.
500
500
Tleta Rissan Jebha NADOR
e!
Mekhsen
50
Chaouène
0
LO 10
J.
UK 00
COT
La
KO
50
Ben Tieb
50
LARACHE IERS 0
ch
O
0
S
.
O
O. M
UE
Nekour
Selouane
h
D
N S
Ou
E
ab
Taatof RRANE Darioich
iet
M E D IRT E
rin
00
Bab Taza J. Tizifène 10
his
g
10
00
a
LO
Ksar el UK . O. 00 rte
K OS
1000 O 10 O. Ke Tistoutine
Kebir Midar
Brikcha Targuist
150
O.
50 500 500
0 500
Aoulaï
YA
Ketama
a!
hane
OU
O. Ir
15
Arbaoua
50
kn
00
Zoumi
J.
UL
ra
Amzez
Ze
O.
Ti
MO
2000
0
di
Boured
100
00
O.
rh
15
OUERRHA
in
OUEZZANE
Aoudu
e
O. M
da
Teroual Taher Souk
O. S
O.
Sk el Arba Rhafsaï
i!
500
ra
!
Aknoul
Rdat
SEB Saka
OU
ED Tafrannt
O.
O. A
Sidi Slimane OUED ne O 0
50
. Le
be M
mlil
Sid Kacem B O
Guercif
500
O.
Ina TAZA ulo
u
ou llo
Moulay Yacoub èn 00 Me
D
e 15
OUE
Moulay Idriss O.
FES
O.
n
J. Zerhou 1500
Rd
_
Debdou
om
1000
500 100
0
50
0 Avant pays oriental
0
Kmis des MELILLA
1000
o
La
50
Ben Arrouss 0
AL HOCEIMA
O.
500
500
Tleta Rissan Jebha NADOR
e!
Mekhsen
50
Chaouène
0
10
J.
00
La
50
Ben Tieb
50
LARACHE 0
ch
O
0
.
O
O. M
UE
Nekour
Selouane
ha
D
Ou
Taatof Darioich
iet
b
rin
00
Bab Taza J. Tizifène 10
Rhis
ga
10
00
LO
Ksar el UK . O. 00 rte
KO 1000 O 10 O. Ke Tistoutine
S
Kebir Midar
Brikcha Targuist 500
150
O.
50 500
500
YA
0
Aoulaï
Ketama
a!
hane
OU
0
O. Ir
15
Arbaoua
50
kn
UL
00
Zoumi
J.
ra
MO
Amzez
Ze
O.
Ti
2000
0
di
Boured
100
00
O.
rh
15
in
OUEZZANE
Aoudu
e
O. M
da
Teroual Taher Souk
O. S
O.
Sk el Arba Rhafsaï
i!
500
ra
!
Aknoul
Rdat
SEB Saka
OU
ED Tafrannt
O.
O. A
Sidi Slimane OUED ne
50
0
ebe
O. L
mlil
Sid Kacem Guercif
500
O.
I na TAZA ulo
u
ou ello
Moulay Yacoub èn 00 M
D
e 15
Moulay Idriss
O UE
O.
FES
O.
n
J. Zerhou 1500
Rd
_
Debdou
om
1000
500 100
0
F IG. 3 — Domaine rifain : géologie structurale (d'après M. Durand Delga & al, 1961)
DOMAINE RIFAIN 31
L'unification du Maroc permit d'entamer l'étude l'unité appelée jusqu'ici «interne» (Paléozoïque et
des régions peu connues, à laquelle s'attachèrent Y. Chaîne calcaire). En effet, on peut résumer la paléo-
Milliard pour la zone paléozoïque, M. Durand Delga, géographie anté-miocène en disant qu'il existait alors
M. Mattauer et G. Suter pour la zone marno-schis- trois grands domaines :
teuse ; de plus, en 1960-61, M. Durand Delga dirigea • un domaine externe, au S
les travaux d'une équipe de jeunes géologues ( * ) • un domaine interne, au N du Rif actuel
qui s'attachèrent à la structure de détail du Haouz et • un domaine médian, formant un haut-fond entre
à ses rapports avec la Dorsale calcaire. les deux sillons précédents.
Fin 1961, toutes ces études ont fait l'objet d'une Du domaine médian est issu le Rif septentrional
synthèse (Durand Delga & al, 1960-62) qui est le plus actuel (Zone paléozoïque et Chaîne calcaire), par
récent ouvrage traitant de l'ensemble de la géologie dessus lequel sont passés les flyschs « ultra » venant
rifaine : elle est caractérisée par l'apparition du du sillon interne et reposant sur le domaine externe
terme d'« ultra », indiquant que certaines unités de (zone intra-rifaine schisto-gréseuse et zone prérifaine
la zone marno-schisteuse ont été charriées par-dessus
Le Rif septentrional
LA ZONE PALEOZOÏQUE et marnes gréseuses, le tout de couleur rouge. Cette
La zone paléozoïque est composée de termes cris- nappe d'Akaïli, par l'intermédiaire ou non de la série
tallophylliens et primaires ; elle s'étend en bord de de Federico, est charriée sur le métamorphique ainsi
mer du détroit de Gibraltar à la Pointe des Pêcheurs que, parfois, sur la Dorsale calcaire, et supporte l'unité
(Jebha) et réapparaît dans les Bokoya. Considérée suivante, la nappe de Koudiate-Tiziane. Celle-ci,
dès 1930 comme charriée sur la Dorsale calcaire, elle formée essentiellement de schistes, grès et grauwac-
était tenue ailleurs (Haouz et Bokoya) comme sou- kes de l'Emsien, et d'un Permien transgressif sembla-
bassement de la chaîne calcaire, l'ensemble étant ble à celui de l'unité précédente, repose à la fois sur
autochtone dans le Haouz, et charrié sur les flyschs la nappe d'Akaïli et sur la Dorsale calcaire, et est sur-
plus méridionaux dans les Bokoya. tout représentée entre l'oued Lao et Tétouan. Enfin
la nappe des Beni-Hozmar (composée de schistes et
En fait (Y. Milliard), le cristallophyllien forme un
de phtanites siluro-dévoniens puis de conglomérats
substratum sur lequel sont venues reposer, venant
et flyschs carbonifères et enfin de Permien analogue
de l'E, trois nappes à matériel paléozoïque non méta-
à celui des autres nappes) repose sur les unités pré-
morphique. Le substratum est visible dans quatre
cédentes et sur la Dorsale (Klippe de Talembote).
demi-fenêtre d'importance inégale : la presqu'île de
Ceuta, le centre des Anjera, le Cabo-Negro et surtout LES CHAINES CALCAIRES
le massif des Beni-Bouchera. Pétrographiquement, on Les chaînes calcaires, essentiellement constituées
distingue un noyau de péridotites entouré de gneiss, d'une puissante série calcaréo-dolomitique allant du
de micaschistes et de séricitoschistes associés à des Trias (supérieur ?) de faciès alpin au Lias, forment
quartzites sériciteux et des cipolins ; ces séries se trois tronçons : le Haouz, la Dorsale calcaire et les
terminent localement par des dolomies métamorphi- Bokoya. M. Mattauer et Y. Milliard, puis M. Durand
ques attribuées au Trias. Delga et ses élèves ont montré que le Haouz n'était
La première nappe paléozoïque est celle d'Akaïli pas autochtone mais formé d'un empilement d'écail-
quelquefois précédée par la série dite de Federico — les, « tectoniquement plus élevées que les unités
conglomérats, quartzites et phyllades — qui pourrait paléozoïques plus internes », les écailles occidentales
être en fait la première nappe charriée sur le cris- ayant une provenance plus interne que les orientales.
tallin. La nappe d'Akaïli, très étendue, est composée Quant à la Dorsale calcaire, on la considère comme
essentiellement de schistes, grès et grauwackes dévo- charriée en quasi-totalité, et non plus en partie
no-dinantiens, de calcaires et conglomérats carboni- comme auparavant ; de plus, ses rapports avec la
fères transgressifs et d'un Permien également trans- zone paléozoïque seraient identiques à ceux du
gressif sous faciès de conglomérats, grès psammites Haouz.
Le Domaine interne
Le domaine interne a donné naissance aux nappes taines de mètres, dont le faciès dominant est un en-
« ultra », au nombre de trois : semble marneux à intercalations de grès calcareux
1. La nappe des Beni-Idère se compose de terrains et de microbrèches calcaires, d'âge sénonien. Au
divers allant du Cénomanien à l'Oligocène. A la base, sommet, une série marno-gréseuse, d'âge oligocène,
une série d'une puissance totale de quelques cen- a une puissance supérieure à mille mètres ; ce faciès
flysch forme l'essentiel de la nappe des Beni-Idère,
(*) J.C. Griffon, J. Kornprobst, M. Leikine, J.F. Raoult qu'on trouve surtout entre le détroit de Gibraltar
et M. Williaumey. et le parallèle de Chaouène.
32 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
2. La nappe du Tizirène a une série stratigraphi- été décollé à la base du Cénomanien pour former
que s'étendant du Malm inférieur (?) à l'Aptien. A l'unité des Beni-Idère, puis au niveau du Malm pour
la base, des marno-calcaires violacés à radiolarites, donner naissance à la nappe du Tizirène.
des marno-calcaires et des marnes grises ont une puis-
sance de plusieurs centaines de mètres, et appartien- 3. La nappe numidienne a pour faciès caractéris-
nent probablement au Malm inférieur et moyen. Au- tique un grès à gros grains de quartz, à ciment sou-
dessus, un flysch schisto-gréseux typique, d'une vent ferrugineux, admettant des intercalations d'ar-
épaisseur totale de l'ordre de 800 m, est daté Titho- gile schisteuse à petits lits gréseux fins ; ces « grès
nique supérieur à la base et Aptien au sommet. A numidiens », d'âge oligocène, ont une puissance de
part quelques lambeaux plus ou moins importants l'ordre de mille mètres. Au-dessous on trouve soit
situés dans la région de la nappe des Beni-Idère, (région de Tanger) 100 à 200 m d'argilites colorées
c'est surtout dans l'ensellement entre la Dorsale cal- oligocènes, soit (W de Chaouène) des marnes sa-
caire et les Bokoya que cette nappe s'étend, avec bleuses rougeâtres à lits de calcaires gréseux, proba-
une structure interne généralement simple. blement de l'Eocène supérieur. Cette nappe numi-
dienne n'est connue qu'à l'état de lambeaux, dont la
Il faut remarquer que les séries stratigraphiques dispersion montre une extension passée considéra-
des nappes du Tizirène et des Beni-Idère se com- ble ; le jbel Zem-Zem (Restinga) est le plus oriental
plètent exactement, ce qui laisse à penser que leur d'entre eux et il témoigne de l'origine ultra de ces
matériel, sédimenté dans le même bassin, a d'abord unités.
Le Domaine externe
LA ZONE INTRA-R1FA1NE LA ZONE PRERIFA1NE
La zone intra-rifaine au N est caractérisée par la La zone prérifaine est actuellement définie comme
très grande puissance des flyschs du Malm et de étant composée des « formations marginales du sillon
l'Albo-Aptien. Elle peut se subdiviser en autochtone externe, caractérisées par la prédominance du faciès
(ou parautochtone) et en nappes de charriage. Les marneux dès le Crétacé inférieur». Le Lias (formant
deux premiers termes apparaissent dans plusieurs notamment les sofs (*) et le Dogger sont calcaires, le
fenêtres (Nekor, Kouine, Tamda, Taounate, Tafrannt, Jurassique supérieur est schisto-gréseux, comme dans
forêt d'Izzarene, Tefelouast), ainsi que dans les unités la zone intra-rifaine, avec un Tithonique calcaire. Le
dites de Ktama, de Tanger et du Loukkos. Crétacé inférieur est marneux, parfois encore fine-
ment gréseux, le Crétacé supérieur est marneux et
L'unité de Ktama comporte un flysch jurassique marno-calcaire. L'essentiel du Tertiaire est formé de
supérieur, une barre de calcaires tithoniques, des marnes détritiques du Miocène inférieur et moyen.
marno-calcaires et schistes néocomiens et surtout une Les termes de cette zone prérifaine ont été décollés
puissante série de flysch albo-aptienne. au niveau du Trias gypso-salin qu'on retrouve par-
L'unité de Tanger est formée essentiellement de tout dans cette unité, avec parfois des épaisseurs
marnes grises cénomaniennes et surtout sénoniennes, considérables.
mais des termes allant jusqu'au Miocène y sont pré- Peu après la publication de cette synthèse, les
sents. Une unité dite de Melloussa (flysch albo-aptien travaux de M. Mattauer et J. Andrieux mirent en
typique) s'intercale entre l'unité de Tanger et la évidence la présence d'une quatrième nappe « ultra »
nappe des Beni-Idère. dite de Chouamate, essentiellement schisto-gréseuse
L'unité du Loukkos, enfin, avec le Trias marno- (Albo-Aptien), et dont les termes se seraient sédi-
gypso-salin, comporte du Crétacé inférieur schisto- mentés entre ceux des nappes du Tizirène et du
gréseux, du Cénomanien marneux et calcaire et du Numidien, les éléments de la nappe des Beni-Idère
Sénonien analogue à celui de Tanger. s'étant déposés dans une région plus externe du
sillon ultra.
Les nappes intra-rifaines sont également au nom-
bre de trois : celle des Senhadja comporte du Juras- Actuellement, ces interprétations élégantes sont
sique supérieur et du Crétacé à faciès intra-rifain remises en question, au moins partiellement, par
mais, de plus, elle est fortement injectée de Trias et M. Durand Delga (fig. 4). Celui-ci abandonne l'hypo-
présente des masses importantes de Paléozoïque et thèse de l'origine « ultra » des flysch internes et
même du granite. La nappe d'Aknoul, reposant sur explique la tectonique rifaine de la façon suivante :
la précédente par un contact de Trias gypseux, est les deux sillons de sédimentation, l'un externe, l'autre
constituée d'une très forte série marneuse du Crétacé interne, ne seraient plus séparés par le haut-fond
moyen et supérieur, coiffée de marnes et calcaires correspondant aux chaînes calcaires, mais auraient
éocènes. Enfin la nappe d'Ouezzane est formée de
marnes, marno-calcaires, et grès allant du Paléocène * sof : terme marocain désignant des guirlandes ou
au Miocène inférieur. alignements de rochers.
DOMAINE RIFAIN 33
été juxtaposés, le haut-fond étant en position encore des autres unités demeurerait inchangée. Signalons
plus interne ; le sillon interne aurait produit les que la plupart des autres géologues rifains, notam-
nappes appelées auparavant « ultra » et leur soubas- ment M. Mattauer et G. Suter, refusent ces hypothè-
sement anté-jurassique aurait enfoui par un ses et s'en tiennent à la théorie classique précédem-
phénomène de succion. L'explication de la position ment exposée (fig. 5).
3 4
1 2
2
3 4
1
3 chaînes calcaires
Arrières-pays
1 - Sillon externe ----> Flyschs externes
2 - Sillon interne ----> Flyschs internes ex-ultra 4 nappes paléozoïques
3
1 2
4
2
4
3
1
3 chaînes calcaires
1 - Sillon externe ----> Flyschs externes Domaine médian
2 - Sillon interne ----> Flyschs "ultra" 4 nappes paléozoïques
R E F E R E N C E S
DURAND DELGA M., HOTTINGER L., MARÇAIS J., MATTAUER M.. trional. Notes & M. Serv. Mines & Carte géol. Maroc,
MILLIARD Y. & SUTER G. (1960-62) : Données actuelles n° 40, 553 pp., 100 fig., Bibl., 26 pl. h.t. sous pochette.
sur la structure du Rif. M. h. sér. Soc. géol. Fr. (Livre
mémoire P. Fallot), t. 1, pp. 399-422, 3 fig., 1 pl. h.t., MARÇAIS J. & SUTER G. (1957) : La région rifains. Intro-
bibl. duction géologique sur la chaîne du Rif et son avant-
TALLOT P. (1937) : Essai sur la géologie du Rif septen- pays. Notes maroc, Rabat, n° 9-10, pp. 5-12, 5 fig.
34 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE
Le domaine rifain présente, là encore, une grande en décembre ou janvier, avec un maximum secon-
diversité puisqu'on y trouve des climats allant du daire en mars ou parfois avril. Les mois les plus secs
semi-aride à l'humide. Trois zones principales peu- sont toujours juillet et août, ce dernier recevant néan-
vent être différenciées : moins, surtout sur les reliefs, quelques orages qui
• la chaîne rifaine, de Tétouan à une ligne joi- peuvent être violents.
gnant Guercif à Aknoul, où la pluviométrie dépasse Les températures moyennes annuelles varient entre
1 000 mm, voire 2 000 mm sur les sommets ; 15 et 20° C environ et sont grosso modo en raison
• l'oriental où, à part quelques taches plus ou inverse de l'altitude. Les différences entre les maxima
moins étendues, la pluviométrie est inférieure à et minima moyens annuels sont de l'ordre de 12° sur
500 mm, le passage de cette zone à la zone précédente la côte (Larache, Tanger, Al-Hoceima) et varient de
se faisant pratiquement sans transition ; 16 à 19° à l'intérieur, selon l'altitude et l'orientalité.
• enfin les plaines et collines du Nord, de l'Ouest La saison sèche dure quatre mois (juin à septem-
et du Sud-Ouest, où la pluviométrie, très nuancée, bre) sur les reliefs, cinq mois (mi-mai à mi-octobre)
va de 500 à 1 000 mm. sur la côte atlantique et six ou sept mois, selon l'alti-
tude, dans le Rif oriental (fig. 7).
La carte ci-jointe (fig. 6), qui est un extrait simplifié
et réduit de la carte des précipitations de Gaussen, La neige tombe chaque année sur les hauts som-
Roux & Bagnouls, fait bien ressortir ces différences. mets du Rif et peut s'y maintenir jusqu'au mois
Le principal facteur d'humidité est l'altitude ; de d'avril.
plus, à altitudes égales, la zone atlantique reçoit plus
d'eau que la zone méditerranéenne. Le calcul des indices de Thornthwaite (fig. 8),
effectué pour les 9 stations les plus représentatives,
Les maxima pluviométriques se situent en général permet de préciser certains aspects du climat rifain.
ni Arouss
aéro humide
Plaines et s
50
0
Khmis des 1000
MELILLA
o
La
50
Ben Arrouss 0
AL HOCEIMA
O.
500 500
Tleta Rissan Jebha NADOR
e!
Mekhsen
50
Chaouène
0
10
J.
00
La
50
Ben Tieb
50
LARACHE 0
ch
0
.
O
O. M
Nekour
O
Selouane
h
UE
Ou
ab
D Taatof Darioich
iet
rin
00
Bab Taza J. Tizifène 10
Rhis
g
10
00
a
LO
Ksar el UK 1000 . O. 00 erte
K OS O 10 O. K Tistoutine
Kebir Midar
Brikcha Targuist
150
O.
50 500 500
0 500
Aoulaï
YA
Ketama
a!
hane
OU
O. Ir
15
Arbaoua
50
kn
J.
00
Zoumi
UL
ra
Ti
Amzez
Ze
O.
MO
2000
0
di
Boured
100
00
O.
rh
15
in
OUEZZANE
e
Aoudu
O. S
da
O.
O. M
Sk el Arba Rhafsaï
i!
500
ra
!
Aknoul
Rdat
SEB
Saka
OU Tafrannt
O.
OU
ED Had Kourt Taïneste
Taounate 1000 Taourirt
Oued Ouerrha
Karia Ba O.
O Mohamed 50
0
La
Beth kd n
ar Msou 100
500 0
SEBOU Oued
O. A
Sidi Slimane OUED ene
0
50
eb
O. L
mlil
Sid Kacem Guercif
500
O.
Ina TAZA ulo
u
ou ello
Moulay Yacoub èn 00 M
D
e 15
OUE
Moulay Idriss O.
FES
O.
J. Zerhoun 15
Rd
_ 00
Debdou
om
10
500 100
0
00
F IG. 6 — Domaine rifain : hauteur moyenne de pluie annuelle (d'après H. Gaussen & G. Roux : Carte des précipitations au Maroc)
38 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
260 260
240 240
200 200
180 180
MONTAGNES SPTENTRIONALES ET CENTRALES
160 160
140 140
120 120
100 100
Tempéra. en °C - Pluv. en mm
80 80
60 60
40 40
20 20
0 0
J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D
120 120
100 100
80 80
60 60
40 40
20 20
0 0
J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D
ORIENTAL MEDITERRANEEN
Tempéra. en °C - Pluv. en mm
60 60
40 40
20 20
0 0
J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D
+22 CEUTA
TANGER -19
MELLOUSSA
TANGER-AERO +23
+9
+16 -10
KHMIS ANJRA MARTIL
TETOUAN
+13 +4
ASILAH DAR CHAOUI OUED LAO
-1 -26
BENI HASSANE
+21
TLETA +24 AL HOCIEMA -34 MELILLA
RISSANA KHMIS DES JEBHA
-3 +16 BENI ARROUSS -35
+40 -35
LARACHE CHAOUENE
TAATOF
+14 DRIOUCH
0 TARGUIST -39
KSAR EL KBIR -29 -39
MIDAR
OUEZZANE
+15 ZOUMI
SkEL ARBA +64
-14
-15
TAOUNATE AKNOUL
+20 TAÏNESTE
+54
KARIA BA
-18 MOHAMED
-28 GUERCIF
TISSA TAZA -48
SIDI SLIMANE -5
-21
AÏN JOHRA
-12
-36 EL KANSERA FES
-18
F IG . 8 — Domaine rifain, les zones climatiques définies par les indices de Thornthwaite
R E F E R E N C E S
AMAR B., BELLION F. & CHAHDI M. (1965) : Pluviométrie, THAUVIN J.-P. & ZIVCOVIC Z. (1969) : Quelques données de
courbes intensité — durée pour onze stations du Ma- base des moyennes climatologiques du Maroc (période
roc. Rapp. inéd., MTPC/Direction de l'Air, Rabat 1933-1963). Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 63 pp., :
5 pp. carte.
THAUVIN J.-P. (1969) : Indices climatiques de Thornthwaite
JOLY F. (1959) : Note sur le calcul des indices de Thorn- pour 110 stations du Maroc. Rapp. inéd., MTPC/DH;
thwaite. Notes maroc, Rabat, n° 11-12, pp. 5-14. DRE, 115 pp., 1 carte.
Les cours d'eau du domaine rifain peuvent être précipitations sont abondantes et souvent violentes ;
caractérisés par leur régime torrentiel et l'importance élevées, comme on l'a vu, dans le Rif septentrional
de leurs débits spécifiques journaliers de crue. De et central (750 à 1500 mm le plus souvent), elles
plus, ils ont, dans le cas général, des débits d'étiage sont plus faibles dans le Rif oriental mais en général
faibles ou nuls, sauf lorsqu'une partie de leur bassin plus concentrées dans le temps, et provoquent de ce
versant se trouve en pays calcaire, ce qui occasionne fait des écoulements instantanés qui peuvent être très
un écoulement retardé parfois non négligeable. Dans violents.
les autres cas, le régime hydrologique s'explique par
la nette prédominance des faciès argileux, marneux Il convient de distinguer les oueds atlantiques et
ou schisteux dans les bassins versants, alliée à des les oueds méditerranéens. Ces derniers en effet sont
pentes fortes dues à la jeunesse du relief. Enfin les en général de bien plus faible envergure ; si l'on
38
Altitude en mètre
Altitude en mètre
Altitude en mètre
1000 1000 1000
Altitude en mètre
Altitude en mètre
Altitude en mètre
Fig. 9
DOMAINE RIFAIN 39
axcepte les oueds Rhis, Nekor et Kerte, ils ont tous Les cours d'eau méditerranéens, de Ceuta a Nador,
des bassins versants de quelques centaines de kilo- évacuent donc à la mer quelque 2,5 milliards de
mètres carrés et des cours de moins de 100 km, la mètres cubes par an.
ligne de partage des eaux étant généralement à 30
ou 40 km de leur embouchure ; enfin, ils n'ont le plus
LES COURS D'EAU ATLANTIQUES
souvent que peu d'affluents importants. Les oueds
atlantiques par contre, exception faite de ceux de la Il n'existe pas encore de stations de jaugeage
péninsule, ont des bassins versants pouvant atteindre permanentes sur les oueds du Tangérois et de la
plusieurs milliers de kilomètres carrés et des cours zone nord-atlantique. Par contre les bassins du Louk-
de plusieurs centaines de kilomètres ; le plus impor- kos et de l'Ouerrha sont assez bien pourvus.
tant d'entre eux et qui en draine la majorité, est
l'Ouerrha dont le bassin versant a plus de 700 km 2 Le Loukkos est jaugé depuis 1961 à l'amont (Pont
de superficie. Il se jette lui-même dans l'oued Sebou, du Loukkos) et à l'aval (Merissa) de son cours. Parmi
l'un des plus importants du Maroc, mais dont le ses affluents, sont également jaugés le Mrhar (depuis
bassin n'est pas entièrement situé dans le domaine 1961), l'Ourhane (depuis 1967), l'Ouarour (depuis
rifain. 1961) et le Mekhazène (depuis 1961).
LES COURS D'EAU MEDITERRANEENS L'Ouerrha est jaugé à l'amont (Bab-Ouender, de-
Un certain nombre d'entre eux sont équipés de puis 1962), au milieu (Ourfzagh, depuis 1950) et à
stations de jaugeage ; ce sont, d'W en E, les oueds l'aval (Mjara, depuis 1933) de son cours. Ses prin-
Asmir (depuis 1967), Martil (à Mogoté de 1944 à 1963 cipaux affluents le sont aussi : oued Sra (Pont du Sra,
et à Torreta depuis 1963) ei son affluent Hajra (depuis depuis 1952), oued Aoulaï (Rhafsaï, depuis 1949) et
1948), Emsa (depuis 1967), Lao (simplifiée de 1944 à oued Aoudour (Tafranni, depuis 1952).
1963, téléphérique depuis), Rhis (simplifiée depuis
1965), Nekor (simplifiée de 1965 à 1966, téléphérique L'oued Sebou sera étudié avec le domaine atlan-
depuis) et Kerte (simplifiée de 1943 à 1966, téléphé- tique.
rique depuis). On ne possède pas de données régu-
On trouvera ci-dessous les principales caractéris-
lières sur les oueds situés entre le Lao et le Rhis.
tiques des oueds atlantiques, définies avec les mêmes
On trouvera ci-dessous les caractéristiques princi- conventions que pour les oueds méditerranéens (le
pales de ces cours d'eau, estimées suivant les cas bassin de l'Ouerrha est limité à son confluent avec
soit par l'observation directe, soit par le calcul com- le Sebou) :
paratif avec des bassins voisins ou analogues :
S désigne la superficie du bassin versant à l'em-
bouchure (en km2)
P la pluviométrie annuelle moyenne du bassin
Oueds S P Q n qs qe
(en mm)
Q le débit moyen annuel (en m 3 /s)
n le coefficient de ruissellement
qs le débit spécifique (en 1/s/km2 )
qe le débit moyen du mois le plus sec (en m 3 /s).
Tangérois 80 785 0,8 0,41 10,1 0
Oueds S P Q n qs qe
Martil 1220 935 14,7 0,41 12,1 0,2 Marhar 460 810 4,6 0,39 10,0 0
Emsa 125 900 1,4 0,41 11,6 0
Lao 915 980 13,0 0,46 14,2 2,0
El-Had 605 825 7,2 0,46 12,0 0,8 Hachef 650 905 6,4 0,34 9,8 ?
HYDROGEOLOGIE
Le domaine rifain ne peut être caractérisé, il s'en mauvais aquifères, irrégulièrement alimentés ; les
faut, par la bonne qualité de ses aquifères. Sur la plaines du Lao et du Rhis-Nekor au contraire, domi-
plus grande partie de son étendue régnent en effet, nées l'une par des calcaires, l'autre par des flyschs à
comme on l'a vu plus haut, les faciès imperméables dominante gréseuse, ont des aquifères de bonne qua-
ou peu perméables tels que marnes, argiles, schistes lité, alimentés même l'été par des écoulements sou-
ou flyschs. Seules les chaînes calcaires, les plaines et terrains ou superficiels retardés. La plaine du Kerte
vallées alluviales, et quelques rares petits bassins et une partie de celle du Gareb — Bou-Areg se ratta-
isolés comme celui du Charf-el-Akab, près de Tanger, cheraient plutôt au premier type, de mauvaise qua-
peuvent receler de l'eau souterraine en quantité lité, tandis que le reste de cette dernière plaine, où
souvent abondante, et de bonne qualité chimi- sont présents des conglomérats et calcaires lacustres,
que (fig. 10). participerait plutôt au second type. La qualité chimi-
que des eaux souterraines correspond évidemment
• Les chaînes calcaires (Haouz de Tétouan, de à celle des aquifères.
Ceuta à Tétouan ; Dorsale calcaire, de Tétouan à
Chaouène et Jebha ; Bokoya à l'W d'Al-Hoceima) • Les petits bassins aquifères isolés sont rares :
jouent un rôle très important dans le cycle de l'eau on peut citer celui du Charf-el-Akab, dans les envi-
du domaine rifain. Leur superficie relativement impor- rons de Tanger dont il assure en grande partie l'ali-
tante, leur enchassement entre des séries peu per- mentation en eau ; d'une quinzaine de kilomètres
méables, les précipitations importantes dont elles sont carrés de superficie, il est constitué de sables et grès
le siège, leur altitude, leur karstification enfin sont coquilliers du Miocène supérieur ; alimenté naturel
autant d'éléments favorables à l'emmagasinement lement par la pluie à raison de 45-50 1/s, il fournit
d'importantes quantités d'eau qui ne sont remises en bien davantage à la ville du fait qu'il est le siège
circulation qu'avec un certain retard ; elles sont donc d'une alimentation artificielle réalisée à partir des
le siège d'écoulements pérennes, très rares dans le eaux de l'oued Marhar.
Rif, et assurent de ce fait l'alimentation estivale des Le deuxième bassin qu'il convient de citer est le
cours d'eau qui les traversent, ainsi que des nappes plateau du Rmel (270 km2 environ) au S de Larache,
alluviales correspondantes. Seul château d'eau impor- et qui contient l'essentiel de l'eau souterraine utili-
tant du domaine rifain, elles livrent une eau d'excel- sable dans le Bas-Loukkos ; constitué d'un recouvre-
lente qualité toute l'année et, dans certains secteurs ment sablo-gréseux sur des argiles bleues mio-plio-
tout au moins, avec un débit largement supérieur cènes, il est alimenté à raison de quelques 1 600 1/s,
aux besoins ; si l'excédent, sur le versant atlantique, dont 1 300 sont utilisés (irrigation, alimentation en eau
est de toute manière utilisé plus à l'aval, il est sou des centres...).
vent perdu à la mer sur le versant méditerranéen ;
c'est le cas par exemple dans la vallée de l'oued Lao • Les flyschs à dominante gréseuse (Oligocène de
où la somme des débits souterrains et superficiels dé la nappe numidienne, Oligocène de celle de Beni-
passe 2 500 1/s dont seulement quelques centaines Idère, Crétacé inférieur de celle de Tizirène, Albo-
sont utilisés. L'heure n'est pas encore aux transferts Aptien de celle de Ktama, Jurassique de celle d'Izza-
d'eau sur de longues distances, ce qui rend provisoi- rène...) sont des aquifères discontinus. Ils ne contien
rement et partiellement inutilisables de telles ri- nent pas de nappes généralisées mais sont le siège
chesses. de très nombreuses sources, très généralement de
faible débit (de l'ordre de 0,1 à 1 litre/seconde) mais
• Les plaines alluviales côtières ont des dimen- qui constituent souvent les seuls points d'eau de la
sions très diverses ; les plus importantes sont, dans région. Leur qualité chimique est le plus souvent
l'ordre, celles du Bas-Loukkos et du Marhar-Hachef bonne.
sur l'Atlantique, et celles du Rhis-Nekor, du Martil et • Quelques aquifères de bonne qualité existent
du Lao sur la Méditerranée ; à celles-ci il faut ajouter, aussi, mais très localisés : il s'agit essentiellement
à l'extrémité orientale du Rif, les plaines du Kerte et des sois calcaires des rides prérifaines, et des terrains
du Gareb — Bou-Areg qui, morphologiquement et volcaniques plio-quaternaires présents surtout au NE
hydrogéologiquement, se raprochent davantage des du domaine rifain. D'un intérêt local primordial, ils
plaines de la Basse-Moulouya ; il n'existe aucune ne peuvent prétendre à une importance régionale.
plaine de quelque envergure à l'intérieur du domaine
rifain. En tant qu'aquifères, ces plaines alluviales ont • Dans tout le reste du domaine rifain régnent
des qualités dépendant de la nature de leur arrière- les schistes, les argiles, les marnes etc. où les points
pays : celles du Bas-Loukkos sensu stricto (c'est-à-dire d'eau sont rares et de mauvaise qualité.
la plaine alluviale seule), du Marhar-Hachef et du On trouvera ci-dessous, à titre de résumé, une
Martil, dont les arrière-pays sont à prédominance stratigraphie hydrogéologique succincte faisant res-
argileuse, ont une granulométrie fine qui en fait de sortir la qualité aquifère éventuelle des principaux
Ksar es Srhir CEUTA
ZONES AQUIFERES DONT LES EAUX ONT UNE CONCENTRATION
TANGER
Melloussa inférieure à 1 g/l écoulement karstique
Restinga
comprise entre 1 et 2 g/l
Khmis Anja supérieure à 2 g/l
r
o rha
O. M Martil ZONES DEPORVUES D'AQUIFERES ETENDUS (SAUF QUATERNAIRE ALLUVIAL)
Dar Chaoui
MAIS POUVANT CONTENIR DES POINTS D'EAU, GENERALEMENT
O. Hachef
TETOUAN douce salée cours d'eau salée
Asilah 50
0
Oued Lao
50
0
Khmis des 1000
MELILLA
o
La
50
Ben Arrouss 0
AL HOCEIMA
O.
500
500
Tleta Rissan Jebha NADOR
e!
Mekhsen
50
Chaouène
0
10
J.
00
La
50
Ben Tieb
50
LARACHE 0
ch
O
0
.
O
O. M
UE
Nekour
Selouane
ha
D
Ou
Taatof Darioich
iet
b
rin
00
Bab Taza J. Tizifène 10
Rhis
g
10
00
a
LO
Ksar el UK . O. 00 rte
K OS
1000 O 10 O. Ke Tistoutine
Kebir Midar
Brikcha Targuist
150
O.
50 500 500
0 500
Aoulaï
A
Ketama
!
hane
UY
0
a
O. Ir
15
Arbaoua
50
kn
O
00
Zoumi
J.
UL
ra
Amzez
Ze
O.
Ti
MO
2000
0
di
Boured
100
00
O.
rh
15
in
OUEZZANE
Aoudu
e
O. M
da
Teroual Taher Souk
O. S
O.
Sk el Arba Rhafsaï 500
i!
ra
!
Aknoul
Rdat
SEB Saka
OU
ED Tafrannt
O.
O. A
Sidi Slimane OUED
ene 0
50
Leb
mlil
Sid Kacem O.
500
Guercif
O.
Ina TAZA ulo
u
ou ello
Moulay Yacoub èn 00 M
D
e 15
Moulay Idriss
OUE
O.
FES
O.
n
J. Zerhou
15
Rd
00
Debdou
om
1000
500 100
0
FIG. 10 — Domaine rifain : chimie des eaux (d'après J. Margat, 1961 : Répartition des eaux salées au Maroc)
42 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
termes géologiques du domaine rifain, pris dans l'or- la proportion de grès variant avec les étages et les
dre stratigraphique : unités. Dans la zone prérifaine, le Crétacé supérieur
est marno-calcaire.
• Le Cristallophyllien et le Paléozoïque ne jouent
en général que le rôle de plancher imperméable. Il • L'Eocène est le plus souvent marneux ou marno-
existe néanmoins quelques niveaux perchés dans des calcaire ; dans ce dernier cas, la faible épaisseur des
formations perméables (calcaires, grès, etc..) bancs en fait un aquifère très occasionnel.
• Le Trias, sous faciès de marnes rouges gypso-
salines dans tout le Maroc et notamment dans le Rif, • L'Oligo-Miocène est sous faciès flysch à prédo
est représenté dans les chaînes calcaires par une minance gréseuse en général, que ce soit dans les
forte série dolomitique plus ou moins karstifiée qui séries parautochtones (unité de Tanger) ou les séries
est le siège d'écoulements souterrains. charriées (Beni-Idère et surtout Numidien). Le Mio
cène marneux servira le plus souvent de plancher
• Le Lias est toujours calcaire et est le siège d'une imperméable.
circulation karstique dans les chaînes calcaires ; on
le trouve également dans les rides prérifaines. • Le Pliocène n'est représenté qu'à proximité des
• Le Dogger est également calcaire, quoique pré- rivages actuels. Il est généralement sablo-gréseux et
sentant souvent des intercalations marneuses ; on le forme un bon aquifère.
trouve principalement dans la zone et les rides préri-
• Le Villafranchien est de faciès variable : sablo-
faines, ainsi que, peu épais et sous faciès marno-
calcaire, dans l'unité de Tizirène. gréseux, faisant alors suite au Pliocène marin ; cail
louteux (Arbaoua, Targuist, etc.) ; calcaire (lacustre)
• Le Malm est en général sous le faciès de flysch comme dans la plaine du Gareb. Dans tous les cas,
schisto :gréseux avec un épisode calcaire au Titho- c'est souvent le seul aquifère de la région.
nique. On y rencontrera donc de petits niveaux
aquifères perchés dans les barres de grès lorsque des • Le Quaternaire enfin, surtout dans ses épisodes
structures favorables auront été conservées. caillouieux, forme dans les plaines et vallées un aqui-
• Le Crétacé est très généralement sous le faciès fère non négligeable ; il en est de même des forma-
de marnes schisteuses ou de flysch schiste-gréseux, tions dunaires littorales.
LE DOMAINE DU MAROC ORIENTAL
183
Par
Le domaine du Maroc oriental s'étend entre les l'irrigation des périmètres modernes de la Basse-
parallèles 36 - 39 grades N et les méridiens 5,5 - 7 Moulouya, à l'aval des barrages de Mechra-Klila
grades W, Il est limité au NE par la Méditerranée, et de Mechra-Homadi. En dehors des grandes vallées,
au NW par la chaîne des Beni-Bou-Yahi, à l'W par l'eau est rare car, sauf exceptions, les eaux souter-
les montagnes du Rif oriental et du Moyen Atlas raines sont profondes et peu abondantes. De nom-
plissé, au S par le Haut Atlas ; la limite est est toute breuses recherches et études y ayant trait ont pour-
conventionnelle et correspond à la frontière algéro- tant été réalisées, afin d'alimenter les centres en
marocaine. eau potable et les mines en eaux industrielles, pour
créer des points d'eau destinés aux troupeaux
A l'exception de la frange méditerranéenne, le nomades, pour desservir de petits périmètres d'irri-
climat est partout nettement aride. La Moulouya gation destinés à amorcer la sédentarisation des
et ses principaux affluents sont les seuls cours d'eau populations. Les recherches sont toujours délicates
pérennes de cette région, et leurs eaux sont très et coûteuses en ce secteur où il reste encore beau-
largement utilisées pour l'irrigation traditionnelle coup à faire pour améliorer les connaissances hydro-
dans les cours supérieurs et moyens, ainsi que pour logiques et hydrogéologiques.
APERÇU GEOGRAPHIQUE
(fig. 88)
Le Maroc oriental présente par son relief et son Les Hauts-plateaux algéro-marocains s'avancent
climat une grande diversité. Des zones montagneu- vers l'W jusqu'à la Moulouya d ont ils dominent
ses jeunes et d'altitude importante (Rif oriental, la rive droite entre Missour et Meski. Peu déformés
Moyen Atlas plissé, Beni-Bou-Yahi, Beni-Snassène, dans l'ensemble, ces vastes entablements de roches
Haut Atlas) et des plateaux élevés (Hauts-plateaux, sédimentaires du Secondaire et du Tertiaire reposant
Chaîne des Horsts) enserrent de larges plaines sur un socle ancien (Meseta oranaise) se terminent
(Moyenne-Moulouya, bassin de Guercif, couloir au N, au NW et au SW par des zones fracturées
Taourirt-Oujda, plaines méditerranéennes). et plissées (chaîne des Horsts et Haut Atlas). L'alti-
Les montagnes bordières culminent vers 2 000 m tude des Hauts-plateaux décroît régulièrement de
pour le Rif oriental, 2 à 3 000 m pour le Moyen 1 400 m au S à 900 m au N.
Atlas plissé, 2 à 4 000 m pour le Haut Atlas. Les Les plaines de la Moulouya sont de grandes
chaînes montagneuses situées à l'intérieur du domaine cuvettes allongées du SW au NE et remplies de
orientai sont également assez élevées et culminent à 1 matériaux détritiques provenant de l'érosion des
839 m pour les Beni-Bou-Yahi, 1 535 m pour les Beni- massifs montagneux qui les bordent. Elles s'échelon-
Snassène et 1 726 m pour la Chaîne des Horsts qui se nent à différentes altitudes, depuis 1500 m dans
poursuit en Algérie par les monts de Tlemcen. Les la partie amont de la Moulouya, 900 m environ
montagnes des Moyen et Haut Atlas et celles situées dans la partie moyenne entre Missour et Outat-el-
à l'intérieur du domaine sont à dominance calcaire Haj, jusqu'à 400-500 m dans le bassin de Taourirt-
(Lias et Jurassique supérieur surtout) et constituent Guercif.
des ensembles aquifères où les sources sont assez La plaine côtière des Triffa est également consti-
nombreuses; ces massifs sont bien drainés par les tuée de matériaux détritiques du Quaternaire pro-
oueds dont ils soutiennent les étiages. venant du démantellement de la chaîne des
1 84 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
M E R M E D
I T E
R R A
N E E
MELILLA
NADOR
Limite du domaine ydrogéologique
N
I
A
33 OUY
A
F
L
U Mra HOMADI OUJDA
I
O
R
M
Mra KLILA
O. EL AÏOUN
BOUBKER
32 TOUISSITE
E TAOURIRT
O
I N
.
A ZA 29
M
O _ UN
D O. M'SO JERADA
O. EL HAÏ
TAZA GUERCIF
U 31
LO
L OU DEBDOU BERGUENT
34°
EL
M
O. E
U
CHAREF
I Q
S MESKI CHOTT
L A
T RHARBI
A
O.
A
EL HAJEB
UY
28
U LO
N
E
Y
MO
O
M 30
RG
AZROU
O.
E
CHE
I N F
OUTAT EL HAJ
A OU
M CH 27
O
O.
KHENIFRA
Si
AY AOULI
ITZER AD CHO
TT RI
TIG
A
IR
UY
GM
U LO 26 MIDELT
MO
SE
O.
AN
BOU ARFA
O.
H A U T - A T L A S I Q
I N E U E
M A
D O
Barrage
F IG. 88 — Domaine du Maroc oriental: limites des bassins versants hydrologiques et hydrogéologiques. Les bassins hy-
drogéologiques étudiés sont : 26. Haute Moulouya et sillon d'Itzer. 27. Moyenne Moulouya ; 28. Rekkame ; 29.
chaîne des Horsts ; 30. Hauts-plateaux ; 31. Plaine de Guercif ; 32. Couloir Taourirt-Oujda ; 33. Beni-Bou-
Yahi — Beni-Snassène ; 34. Plaine des Triffa
vité minière ; cette région est une des parties les bordure du Haut Atlas et le secteur de Midelt au
moins peuplées du Maroc (1 habitant par km2 en SW. La chaîne des Horsts comprend les gisements
mo yenne). La seule ville importante est Oujda de plomb-zinc de Bou-Beker—Touissite (47 000 t/an,
(150 000 habitants), 7 me ville du Maroc, qui joue soit 40 % de la production marocaine) auxquels
un rôle de métropole économique régionale ; suivent s'adjoignent une usine de flottation, une laverie,
Berkane en plein essor, cité agricole des riches un four de récupération des minerais oxydés et
périmètres irrigués de la Basse-Moulouya (35 000 une fonderie complétée par un atelier de désargen-
habitants en 1967) puis des cités minières : Jerada tation, le gisement de manganèse du Narguechoum
(25 000 habitants), Bou-Beker et Bou-Arfa (10 000 (1 000 t/an, région de Taourirt) et surtout les mines
habitants). d'anthracite de Jerada (3 à 4 000 t/an) dont l'exploi-
tation sera accrue après la création d'un complexe
L'économie du Maroc oriental est basée sur sidérurgique à Nador. Le district sud-est comporte
l'agriculture et l'élevage. Le périmètre irrigué essentiellement les gisements de manganèse de
moderne des Triffa (15 000 hectares bruts) peut être Bou-Arfa (78 500 t en 1960) et leur usine d'agglomé-
étendu à 40 000 hectares grâce à des aménagements ration (42 000 t traitées en 1960) et accessoirement
(canaux) dont certains sont en cours d'exécution ; les gisements de cuivre du jbel Klakh. Le district
cependant les périmètres irrigués traditionnels de sud-ouest comprend deux gisements de plomb-zinc,
la Moyenne et Haute-Moulouya, des affluents prin- ceux d'Aouli et de Mibladen qui sont les seconds
cipaux et des piémonts représentent environ 50 000 producteurs du Maroc et possèdent chacun leur
hectares dont 30 000 hectares irrigués par des eaux laverie.
pérennes et 20 000 hectares irrigués seulement par
Des recherches de pétrole ont été entreprises
des eaux d'hiver ; on reviendra ultérieurement sur
sans succès sur les Hauts-plateaux et se poursui-
cette question. L'élevage des bovins se limite pres-
vent actuellement dans le bassin de Guercif.
que exclusivement autour d'Oujda et dans la plaine
Pour conclure, le développement économique du
des Triffa ; un recensement vers les années 1948-50
domaine oriental et principalement celui des régions
donnait 12 000 têtes, chiffre qui est passé à 25 000
intérieures, est sérieusement entravé par l'éloigne-
environ depuis. Ce sont surtout les ovins et caprins
ment et la faible densité des moyens de communi-
qui constituent le cheptel de l'intérieur du pays,
cation. La voie ferrée Rabat - Taza - Guercif - Oujda
oscillant entre les steppes d'armoise des plaines et
dessert de façon satisfaisante le N du domaine, et
des vallées, les étendues alfatières des plateaux et
une voie Oujda - Jerada - Bou-Arfa - Béchar sert à
les pentes des contreforts atlasiques ; le cheptel
l'évacuation des produits miniers. Les rouies sont
ovin et caprin est compris entre 1 200 000 et 1 500 000
nombreuses et bonnes au N, mais rares à l'intérieur,
têtes. Il s'y ajoute quelque 100 000 chameaux et
principalement dans le sens EW. Deux axes N-S,
ânes. D'importantes études se déroulent actuellement
les routes de Guercif à Missour et la route des Hauts-
sur l'amélioration des races d'animaux et des
plateaux (Oujda - Tendrara - Bou Arfa) assurent une
terrains de parcours.
pénétration difficile d'Oujda vers l'inférieur ; le
Trois districts miniers importants peuvent être coût des longs transports ne permet à l'intérieur
distingués ; ce sont la chaîne des Horsts entre qu'une production agricole de subsistance et entrave
Taourirt et Oujda, le secteur de Bou-Arfa au SE en le développement des extractions minières.
APERÇU CLIMATOLOGIQUE
Les hautes barrières montagneuses qui limitent Les zones les moins arrosées sont les dépressions
le domaine oriental vers l'W privent ces régions en général et en particulier la moyenne vallée de
des apports des pluies venant de l'Atlantique. Seuls la Moulouya (Missour 198 mm, Outat-el-Haj 157 mm,
la frange méditerranéenne et les versants nord-ouest Guercif 199 mm) , la vallée et les ch ott Rharb i
des montagnes du Nord qui constituent une barrière et Tigri où les précipitations n'atteignent pas 200 mm
avec la Méditerranée bénéficient de précipitations par an.
substantielles dont le volume est cependant loin
Les Hauts-plateaux reçoivent entre 200 et 300 mm
d'approcher ceux dont profite le Maroc atlantique.
de pluie par an (Tendrara 209 mm, Aïn-Beni-Mathar
Les régions les mieux arrosées (fig. 89) sont donc
246 mm, Bou-Arfa 196 mm) ainsi que les contreforts
les montagnes méditerranéennes des Beni-Snassène
des massifs des Moyen et Haut Atlas et du Rif
(station de Aïn-Almou : 616 mm/an à 1 300 m d'alti-
Oriental, le sillon de Taourirt-Oujda et la Haute-
tude, Taforalt : 538 mm à 850 m d'altitude), celles
Moulouya. Les plaines côtières sont un peu plus
de la chaîne des Horsts (Bou-Beker : 451 mm à
favorisées : Oujda 335 mm, Berkane 362 mm.
1 200 m, Aïn-Kerma : 417 mm à 960 m) et les sommets
occidentaux du Rekkame (Aïn-Kbira : 526 mm à Le nombre de jours pluvieux est assez généra-
1 100 m). lement compris entre 30 et 40 par an, mais s'accroît
186 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
jusqu'à 60 dans la région d'Oujda et 50 dans le Aïn-Beni-Mathar 16,4°C, max. : 25,1°C, min. : 7,7°C
NW du Rekkame. Les hauteurs maximales de pluies Bou-Arfa 17,6°C, max. : 24,7°C, min. : 10,5°C
surviennent à la période des orages, en avril ; les
minimales en juillet-août. L'aridité est générale ; atténuée seulement dans
Les températures varient selon l'altitude et la la frange méditerranéenne (indice global de Thorn-
continentalité ; les moyennes sont les suivantes thwaite entre moins 30 et moins 40 : Berkane et
pour la période 1933-1963 : Oujda : moins 37), elle devient de type saharien
partout ailleurs (indice global de Thornthwaite
Oujda 17,1°C, max. : 23,9°C, min. : 10,3°C inférieur à moins 40 : moins 43 à Aïn-Beni-Mathar,
Berkane 18,6°C, max. : 24,8°C, min. : 12,5°C moins 48 à Guercif et Bou-Arfa, moins 50 à Outat-el-
Guercif 19,0°C, max. : 26,3°C, min. : 11,8°C Haj).
Outat-El-Haj 16,9°C, max. : 25,5°C, min. : 8,3°C
Midelt 14,5°C, max. : 21,5°C, min. : 7,5°C Les hivers sont souvent rigoureux, longs et froids,
TANGER CEUTA
M E R M E D
I T E
R R A
N E E
MELILLA
329
NADOR
305
352 420
355
0 482 ! 35°
372 30 289
345
333 !
338
281 310 BERKANE
383 429
392 294
300 616
334
335 0
501 Station pluviométrique et hauteur YA 421
50370
30
TAOURIRT 350
.
ZA
896 0
_ UN
314 30
O. M'SO 199 216 237
699 365 JERADA
516 O. EL HAÏ
TAZA GUERCIF
OU
1485
L BERGUENT
OU DEBDOU 34°
1080
ELL 395
M
O. 526
CHAREF
566
0
50 CHOTT
352 MESKI
500 RHARBI
O.
502 0
A
30
300
0
403
200
MO 200
UY
EL HAJEB
30
ULO
322
RG
AZROU 513
O.
C HE
157
501 453 OUTAT EL HAJ
O UF
550 CH
O.
290
198 _
817 !
MISSOUR TENDRARA 33°
O.
450
KHENIFRA
Si
757 YA 200
OU
300
GM
235
UL MIDELT
MO
SE
196
O.
AN
661 493
0
595 361 50 00
3 H A U T - A T L A S I Q
200 U E
I N E
M A
D O
Barrage
Station de jaugeage
FIGUIG
5° 4° 3° 2°
marqués par des pointes de températures minimales des Beni-Snassène couverts de chênes verts et de
négatives. Les étés sont très chauds mais supporta- thuyas, la végétation naturelle est steppique avec
bles en raison de la sécheresse de l'air. A l'exception touffes d'alfa et d'armoise.
RESSOURCES EN EAU
(fig. 90)
La Moulouya draine la presque totalité du 50 000 km2 de superficie. Les écoulements les plus
domaine du Maroc oriental. Echappent à son attrac- abondants lorsque l'on se réfère aux surfaces des
tion les petits oueds méditerranéens Isly et Kiss sous-bassins versants, proviennent des affluents
qui sont des émissaires indépendants des plaines Ansegmir et Melloulou qui s'alimentent dans les
peu étendues du NE, et les bassins endoréiques du Atlas où de puissantes formations calcaires jouent
Guerrouaou au NW, des chott Rharbi et Tigri ainsi un rôle régulateur et permettent l'existence d'étiages
que de la zone comprise entre ces deux chotts au SE. soutenus. L'oued Za représente un cas particulier
car la superficie totale du bassin à Taourirt (18 000
L'hydrologie du bassin versant de la Moulouya km2) est très supérieure à la superficie réellement
a fait l'objet d'une étude synthétique récente. Les drainée et qui est de l'ordre de 8 000 km2 ; en effet,
mesures systématiques de débit et de hauteur d'eau les Hauts-plateaux du cours amont possèdent un
ont débuté à la station de Guercif (oued Melloulou) réseau hydrographique très diffus, temporaire, et
en 1952, puis à Dar-el-Caïd (oued Moulouya) en qui ne fonctionne qu'exceptionnellement car la
1953 ; les stations de Zaïda et Missour (Moulouya) majorité des eaux superficielles s'infiltre ou s'évapore
fonctionnent depuis 1959, ainsi que les stations du avant d'atteindre le Za. Le M'Soun constitue un
pont de l'Ansegmir (oued Ansegmir), p ont du autre cas d'espèce car drainant la zone rifaine
Sakka (oued M'Soun) et Taourirt (oued Za). De orientale qui est la partie la mieux arrosée du bassin,
nouvelles stations ont été construites en 1967 à Aïn- on pourrait s'attendre à y trouver un écoulement
Beni-Mathar (Berguent) et El-Rhores (oued Za) et à plus abondant ; le fait que la station de mesures
Mechra-Saf-Saf et Kebdana (oued Moulouya). Les se situe en plaine, peu avant la confluence avec la
mesures au barrage de Mechra-Homadi (depuis 1951) Moulouya, explique en grande partie cette anoma-
ont été écartées car il est apparu que le tarage du lie car les mesures n'enregistrent ni les débits
déversoir de l'ouvrage était mauvais. prélevés à l'amont pour l'irrigation, ni ceux qui
s'infiltrent à l'entrée de la plaine vers les nappes
On peut considérer qu'à Mechra-Klila (barrage profondes.
de retenue Mohammed V) passent toutes les eaux
superficielles ou souterraines provenant du bassin Les étiages sont sévères dans le bassin de la
versant amont. Une période 1952-1966 a été retenue Moulouya et les prélèvements pour l'irrigation de
pour la reconstitution des débits aux stations hydro- très nombreux petits périmètres traditionnels aggra-
logiques, reconstitution obtenue par des lois de vent encore les facteurs naturels du régime. On a
corrélation qui se sont avérées satisfaisantes dans consigné dans le tableau ci-après les débits carac-
leur ensemble. Par comparaison avec des bassins téristiques dépassés dix jours par an, mais en raison
versants voisins où les séquences de mesures sont des prélèvements de l'amont ces valeurs sont assez
plus étendues, il ressort que la période 1952-1966 peu significatives. Les étiages des rivières survien-
est un peu plus abondante que la période moyenne nent toujours en août ou en septembre.
(abondance 1,1 si 1 représente la moyenne).
Les crues ont été soumises à des études appro-
Les apports moyens annuels à Mechra-Klila sont fondies à Dar-El-Caïd et Guercif où les séquences
de l'ordre de un milliard de mètres cubes ; les prélè- d'observation sont les plus longues ; les crues les
vements à l'amont étant d'environ 400 millions de plus nombreuses et les plus importantes surviennent
m3, on peut chiffrer l'apport naturel à Mechra-Klila en mai, à l'époque de la fonte des neiges en
autour de 1,4 milliard de m3 pour un bassin de montagne.
Station Superficie Hauteur PERIODE 1952-1966
du bassin de pluie
hydrologique Ecoulement Coefficient Débit Ecoulement Ecoulement Débit
versant 1932-1963
(km2) (mm) moyent d'écoule- spécifique année année sèche dépassé
Rivière annuel lement 1/s/km2 humide (106 m3) 355 j/an
(106 m3) (106m3) (étiage)
m3/s
Moulouya .... Zaïda 1970 488 155 0,19 2,9 315 30 0,06
Ansegmir ....
Pont de 'Ansegmir 960 488 135 0,28 4,4 275 95 0,60
Moulouya ....
Missour 10 300 368 455 0,12 1,4 1 215 255 0,25
Melloulou . . . .
Guercif 2 600 522 380 0,28 4,6 800 60 0,40
Moulouya ....
Dar-El-Caïd 24 400 319 890 0,11 1,2 2 100 345 1,75
M'Soun ..........
Pont du Sakka 1 800 533 60 0,06 1,0 140 10 0,02
Melloulou à Guercif . .
2 600 4 300 340 2 450 400
Moulouya à Dar-El-Caïd
24 400 10 750 1 150 5 650 800
Za à Taourirt ................
18 000 4 000 190 1 800 160
Moulouya à Mechra-Klila
49 920 12 250 1 300 6 400 900
Débits maxima instantanés des crues de fréquence 0,1 —1 et 50 % aux stations hydrologiques du bassin
de la
Moulouya
Les temps de propagation des pointes de crues Moyen Atlas ; c'est là qu'est implanté le poste
ont fait l'objet d'estimations en fonction des obser- directeur des annonces des crues nécessaires à la
vations effectuées lors de la grande crue de mai protection du barrage Mohammed V de Mechra-
1963 ; entre Zaïda et Mechra-Klila (408 km), une
Klila. Le temps de propagation des pointes de crues
crue de 1 500 m 3 /s se propage en 30 heures, contre
24 heures pour une crue de 5 000 m 3 /s. A Dar-el- de Dar-el-Caïd à Mechra-Klila (distance : 81 km)
Caïd se conjuguent habituellement les crues du varie entre 7 et 5 heures pour des débits compris
haut bassin et celles du Melloulou provenant du
L'utilisation des eaux superficielles à l'amont du portants sont : Taourirt (oued Za, 3 130 ha), Taddert
barrage de Mechra-Klila est actuellement très impor- (oued Melloulou, 2 850 ha), Midelt (oued Outat et
tante et s'effectue au profit d'une irrigation essen- sources, 2 000 ha), Guercif (oued Melloulou, 1400
tiellement traditionnelle. On dénombre quelque ha), Tendit (oued Moulouya, 1400 ha). Les terres
600 périmètres totalisant 54 000 hectares irrigués irriguées se situent à 60 % sur des alluvions et
avec la fréquence de répartition suivante: 50 % colluvions.
des périmètres ont moins de 20 ha de surface, 35 %
sont compris entre 20 et 100 hectares et 15 % ont L'origine de l'eau servant à l'irrigation est
une surface supérieure à 100 ha avec un maximum schématiquement la suivante :
de 3 130 ha. Vis-à-vis des superficies irriguées, les Eau pérenne dérivée des rivières . . . . 25 400 ha
périmètres de moins de 20 ha représentent 5 % des Eau de crue (hiver seulement) dérivée
54 000 ha, ceux compris entre 20 et 100 ha repré-
sentent 15 %, ceux compris entre 100 et 1 000 ha des rivières ........................................ 20 000 ha
représentent 40 % tout comme ceux qui se tiennent Eau de sources ......................................... 7 000 ha
entre 1 000 et 3 100 ha. Les périmètres les plus im- Eau de puits et forages .......................... 1 200 ha
190 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Les consommations en eau à l'hectare irrigué, eau pérenne, et entre 0,10 1/s (traditionnels) et 0,25 1/s
exprimées en débits fictifs continus varient entre (aménagés) pour les périmètres irrigués par les eaux
0,25 1/s (périmètres traditionnels) et 0,40 1/s (péri- d'hiver. Au total, les consommations d'eau en amont
mètres aménagés) pour les périmètres irrigués en de Mechra-Klila sont évaluées actuellement à :
TANGER CEUTA
M E R M E D
I T E
Irrigations Pérennes Irrigations de crues R R A
N° du
N E E
Consommations Consommations
Ss. bassin Surfaces (ha) Surfaces (ha)
eau (M.m3/an) eau (M.m3/an)
O
.
ZA
11 40 0,3 15 - 9
- - O. M'S_OUN 7
10 2 - 11 JERADA
O. EL HAÏ
9 400 4 115 0,4 GUERCIF 8
TAZA
8 800 0 225 0,7 U 7
LO
7 5545 48 370 1,5 LOU 13 10
DEBDOU BERGUENT
EL 13 34°
6 820 8 1470 5 O.
M
CHAREF
5à1 10000 110 <—— REALISES 12
5à1 60000 700 < —PROJETES 14 MESKI CHOTT
Limite des sous bassins hydrogéologiques RHARBI
O.
A
UY
EL HAJEB 15
ULO
15
MO
7
RG
16
O.
AZROU
CHE
F OUTAT EL HAJ
OU
CH
17
O.
18
22 20
Si
KHENIFRA 19
AY 17
AD AOULI
ITZER CHO
TT RI
19 TIG
YA
IR
OU 21
GM
UL
MO 24
SE
MIDELT
O.
AN
BOU ARFA
O.
23
H A U T - A T L A S I Q
U E
I N E
M A
D O
Barrage
F IG. 90 — Domaine du Maroc oriental : prélèvements d'eau pour l'irrigation dans le bassin versant de la Moulouya.
Les sous-bassins versants sont ainsi définis : 24, Moulouya à l'amont de Zaïda : 23, Ansegmir ; 22,
Moulouya RG entre Zaïda et la confluence de l'Ansegmir ; 21, oued Outat ; 20, oued Sidi-Ayad ; 19,
Moulouya RG et RD entre la confluence de Sidi-Ayad et Missour ; 18, oued Chouf-Ckerg ; 17,
Moulouya RG et RD entre Missour et Outat-el-Haj ; 16, oued Cherg-el-Ard ; 15, Moulouya RG et RD
entre Outat-el-Haj et Yacoubate ; 14, oued Bou-Rached ; 13, Moulouya RG et RD entre Yacoubate et la
confluence du Melloulou ; 12, oued Melloulou ; 11, oued Saheh-el-Miane ; 10, Moulouya RD entre
Dar-el-Caïd et la confluence du M'Soun ; 9, oued M'Soun; 8, Moulouya RG et RD entre les confluences
du M'Soun et du Za ; 7, oued Za ; 6, Moulouya RG et RD entre la confluence du Za et Mechra-Homadi ;
5 à 1 (non différenciés), zones d'irrigation moderne à partir des barrages de Mechra-Klila et de
Mechra-Homadi
DOMAINE DU MAROC ORIENTAL 191
Besoins agricoles (irrigation) ........ 400.106 m3/an est actuellement en cours pour chiffrer le rôle régu-
Eau alimentaire ................................. 10.106 m3/an lateur annuel et interannuel joué par les barrages
Eau industrielle (besoins miniers) . . 10.10 6 m3 /an de Mechra-Klila et Mechra-Homadi et évaluer les
et leur répartition par sous-bassins est représentée risques de pénuries. Il est cependant certain qu'un
sur la figure 90. Les productions irriguées sont des choix gouvernemental devra ensuite intervenir
céréales, des fourrages, du maraîchage et l'arbori- dans la répartition des eaux entre le bassin aval al
culture. le bassin amont où fout développement agricole
devrait être nécessairement stoppé si l'on maintenait
L'action de l'Etat dans ce bassin amont a consisté
l'équipement de l'aval à 70 000 ha ; d'autres grands
en l'équipement moderne des deux périmètres de
réservoirs artificiels pourraient éventuellement être
Tendit et Taddert et en l'amélioration des périmètres
traditionnels existants par aménagement des ouvra- édifiés pour améliorer la régularisation interannuelle
ges de prises, bétonnage des Séguias maîtresses et La régularisation naturelle par les formations
évacuation des eaux sauvages. Beaucoup de péri- aquifères souterraines est de l'ordre de 10 à 15 m 3/s
mètres sont susceptibles de faire l'objet d'aména-
dans le bassin à l'amont de Mechra-Klila d'après les
gements et d'extensions, travaux très coûteux en
superficies irriguées en été. Elle est particulièrement
général, et que l'on hésite à entreprendre car les
consommations en eau s'en trouveraient accrues sensible dans les Atlas où les calcaires ont des
alors que de grands périmètres modernes sont en développements importants et se situent dans des
cours d'équipement à l'aval du barrage Mohammed V secteurs relativement bien arrosés - par la pluie
de Mechra-Klila tandis que les ressources en eau dont une fraction notable peut s'y infiltrer ; les
ne paraissent pas suffisantes pour couvrir l'ensemble sources de dégorgement issues de ces niveaux
des besoins de l'amont et de l'aval. soutiennent les étiages des rivières telles l'Anseg-
mir, le Melloulou et le Za. Les formations calcaréo-
Le barrage Mohammed V de Mechra-Klila est dolomitiques appartiennent au Jurassique (Lias et
achevé depuis 1967 ; c'est un barrage poids dont la Dogger des Atlas et des Hauts-plateaux, Jurassique
retenue a une capacité utile de 535 millions de m3 . supérieur des Beni-Snassène) et au Crétacé (Turo-
A l'aval se situe le barrage de compensation de nien de la Haute et Moyenne-Moulouya) ; généra-
Mechra-Homadi (achevé en 1956) qui dérive les lement, dès que l'on s'éloigne quelque peu des
eaux vers des canaux principaux, un sur chaque reliefs, ces formations plongent profondément sous
rive. En rive droite de la Moulouya, une galerie les plaines (Moyenne-Moulouya, couloir Taourirt-
tête-morte et un canal principal bas-service sont Oujda, plaines littorales des Triffa et des Angad)
en eau depuis 1963 et irriguent 10 000 ha de cultu- et deviennent rapidement inaccessibles pour des
res modernes dans la plaine des Triffa ; la prolon- exploitations d'eau, à supposer d'ailleurs qu'elles
gation de ce canal vers le N et l'exécution d'un contiennent encore des quantités d'eau suffisantes
canal haut-service permettraient de porter les super-
et de qualité acceptable, ce qui n'est nullement
ficies irriguées à 40 000 ha. En rive gauche, une
prouvé. Les formations récentes du Pliocène et du
galerie tête-morte et un canal principal en cours
d'achèvement permettront l'irrigation de 30 000 ha Quaternaire qui remplissent les vallées et les plaines
dans les plaines du Gareb et du Bou-Areg (Domaine renferment habituellement une nappe phréatique
rifain). La production énergétique totale sera de généralement peu abondante et alimentée par une
80 à 90 millions de kw/h au terme de l'équipement. faible infiltration des eaux de pluies et des eaux
Les besoins en eau sont estimés à 810 millions de superficielles. L'importance de cette nappe phréati-
m3 /an au départ de Mechra-Homadi ; ce chiffre que est grande en dépit de sa faible abondance car
comprend les besoins agricoles, alimentaires et elle permet de créer des points d'eau alimentaire
industriels au stade final des aménagements, dans pour les hommes et les troupeaux dans des secteurs
la mesure où les 70 000 ha prévus seront équipés. dépourvus d'eau superficielle pérenne ; l'eau contenue
dans cette nappe est souvent de qualité acceptab le ,
Dans le bassin versant de la Moulouya, les b ie n q ue mo i n s b o n n e q ue cel le d es formations
consommations d'eau seront donc de 420.10 6 m3 /an calcaréo-dolomitiques. Dans les périmètres irrigués
à l'amont de Mechra-Klila contre 810.10 6 m3 /an à modernes des plaines méditerranéennes, les mises en
l'aval du barrage au terme des équipements en irrigation ont provoqué des remontées spectaculaires
cours, alors que l'apport moyen annuel naturel de du niveau et de la salure des nappes phréatiques,
la rivière est de 1,4 milliards de m 3 ; or cet apport phénomène qu'il fallut combattre par des travaux
est très irrégulier puisqu'il varie entre 800.10 6 m3 de drainage importants (Triffa).
(année sèche) et 2 800.106 m3 (année humide) et les
successions d'années sèches risquent d'introduire Actuellement, quelques ressources souterraines
des pénuries d'eau économiquement intolérables
non exploitées quittent le sol marocain vers la mer
dans les périmètres modernes de l'aval. Une étude
ou l'Algérie. Des bilans ont été établis, et chiffrent
192 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
leur débit entre 1 et 2 m3/s ce qui est assez modeste ; manquent d'eau en été, mais ces opérations parais-
la mobilisation partielle de ces ressources est possi- sent à priori devoir être limitées à quelques cas
ble. Dans le bassin versant de la Moulouya à l'amont favorables. Toutefois, de nombreuses interventions
de Mechra-Klila, il semble difficile d'intervenir
d'hydrogéologues seront encore nécessaires pour
artificiellement pour accroître le rôle régulateur joué
par les formations calcaires des bordures ; ceci est créer et équiper au mieux fous les points d'eau
peut-être à envisager dans certains cas d'espèce nécessaires à l'alimentation des hommes et des
lorsque l'on se situe à proximité des reliefs, pour troupeaux et pour améliorer encore les exploitations
alimenter par pompage des périmètres irrigués qui et les connaissances générales sur ces régions.
R E F E R E N C E S
ANDRE A. & LE COZ J. (1961) : Economie minière. Atlas du SOMET (1969) : Etude générale des potentialités hydro-
Maroc, Com. géogr. Maroc, Rabat, pl. 41 a & notice agricoles des provinces de Fès et de Taza. Rapp. inéd.
expl., 84 pp., nombr. tabl., index. Ministère de l'Agriculture, Rabat.
LAZAREVIC D. (1969) : Etude hydrologique du bassin ver- THAUVIN J.-P. (1969) : Quelques données de base des
sant de la Moulouya. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, moyennes climatologiques du Maroc (période de 1922-
Rabat. 1983). Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, Rabat.
NOIN D. (1963) : Population (1960). Atlas du Maroc, Com. T HAUVIN J.-P. (1969) : Indices climatiques de Thornth-
géogr. Maroc, Rabat, pl. 31 a, b & notice expl., 51 pp. waite pour 110 stations du Maroc. Rapp. inéd., MTPC/
DH/DRE, Rabat.
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﻐﺮاﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب 43
I. 1
par
JEAN-PIERRE THAUVIN
On désigne sous ce terme les unités paléozoïques le reste dépendant de celle d'Al-Hoceïma. Les monta-
et calcaires qui, lors de la sédimentation des séries gnes sont peu occupées, les douars se groupant de
rifaines, formaient un haut-fond en position médiane, préférence là où on trouve de l'eau et des sols culti-
axiale, par rapport au domaine « interne » (origine vables au contact des reliefs calcaires sur les séries
des flyschs « ultra ») et au domaine « externe » (séries imperméables, dans les vallées, et dans les petites
rifaines s. str. et prérifaines). Ce vocable, qui a une plaines côtières. La vocation des populations est
justification paléogéographique, est mal choisi au essentiellement agricole (cultures vivrières, arbori-
regard de la géographie actuelle puisque cette zone culture traditionnelle, élevage de caprins et d'ovins),
forme au contraire la bordure orientale et septen- les habitants des petits centres littoraux se livrant de
trionale, donc interne, de l'arc rifain. plus à la pêche traditionnelle.
Limitée sur sa face interne par la Méditerranée, La ville d'Al-Hoceïma (11300 hab. en 1960) a eu
cette zone s'appuie sur sa face externe sur les flyschs quelque difficulté à effectuer sa mutation en métro-
des unités externes et « ultra ». Du point de vue fa- pole administrative, son développement étant entravé
ciès, on peut la diviser en une série paléozoïque par la pauvreté de son arrière-pays. Jusqu'à il y a
essentiellement schisteuse et une série calcaire. Du peu, la pêche formait l'essentiel de son activité arti-
point de vue géographique, on peut distinguer : sanale et industrielle. Actuellement l'activité princi-
pale de la ville est liée au tourisme avec le village
- au N, entre le Détroit et la cluse de Tétouan, de vacances du Club Méditerranée et le complexe
la chaîne du Haouz et sa bordure paléozoïque ; hôtelier de la chaîne Maroc-Tourist.
- au centre, formant un triangle entre Tétouan, La ville de Chaouène (13 700 hab.) a une tradition
Chaouène et la Pointe des Pêcheurs, la Dorsale cal- religieuse qui en fait un lieu de visite et de pèleri-
caire et les massifs paléozoïques des Beni-Saïd et des nage. Son caractère pittoresque en fait de plus, depuis
Beni-Bouchera ; quelques années, un centre touristique recherché.
- à l'E, formant un îlot isolé à l'W d'Al-Hoceïma, La ville de Tétouan enfin (102 000 hab.) a toujours
le massif des Bokoya, où les séries calcaires et paléo- été, et est encore, la grosse métropole du Nord maro-
zoïques sont étroitement imbriquées. cain. Elle a le caractère mixte d'une grande ville tra-
L'ensemble de la zone axiale a une superficie de ditionnelle (82 000 habitants) et d'un important centre
l'ordre de 2 600 km2. Sa longueur totale est d'environ européen, essentiellement espagnol (20 000 habitants
160 km ; sa largeur, de 10 à 15 km dans le Haouz et en 1960). De ce fait la ville a une certaine activité
les Bokoya, atteint une quarantaine de kilomètres au industrielle (cimenterie, papeterie, conserverie...).
niveau de Chaouène. Dans le Haouz et les Bokoya, Citons pour mémoire la ville de Ceuta (Sebta).
l'altitude ne dépasse guère 800 m, alors que la Dorsale D'une population sensiblement égale à celle de
calcaire culmine à 2 154 m au jbel Lechhab. Les reliefs Tétouan, elle constitue un centre militaire et por-
sont en général très accusés, jeunes, ce qui limite tuaire important.
les axes de pénétration à de rares vallées transver-
sales comme celles de Tétouan et des oueds Lao, Pour terminer, il faut mettre l'accent sur le déve-
El-Had et Mter. loppement touristique important que connaît cette
région, avec les complexes de Restinga-Smir, Mdiq,
La population rurale est d'environ 110 000 habi- Cudia-Taïffor, auxquels s'ajoute un important poten-
tants, dont les 9/10 sont dans la Province de Tétouan, tiel de plages très pittoresques.
44 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE RIFAIN 1 - ZONE AXIALE (Dorsale et Bokoya)
CHAOUENE 14.6 5.6 16.2 6.2 19.7 8.2 28.6 9.4 23.5 11.3 27.0 14.6 31.1 16.8 31.5 17.2 23.6 15.6 25.1 12.3 15.6 9.0 15.8 6.8 22.8 11.1
CHAOUENE 10.1 12.2 14,0 15.0 17.4 20.6 24,0 24,4 22.1 18.7 14.3 11.3 17.0 670 +40,1 B2 B'3 s2 a' 730
Fig. 11
CLIMATOLOGIE 1933-1963
TETOUAN 16.4 8.0 17.3 8.4 18.9 10.0 21 .4 11.5 23.8 13.4 27.3 16.3 30.2 18.3 30.7 18.8 25.6 17.7 24.4 15.1 20. 8 11.9 17.5 9.2 23.1 13.2
TETOUAN 12.2 12.8 14.4 16.4 13.6 21.6 24.2 24.e 22.2 19.8 16.4 13.4 18.2 420 + 4,2 C2 B'3 s2 a' 630
Fig. 12
ZONE AXIALE DU RIF 45
GEOLOGIE
On n'entrera pas ici dans le détail stratigraphique En dehors de ces différentes séries, il faut citer le
et tectonique déjà traité plus haut. On rappellera jbel Zem-Zem à mi-chemin entre Tétouan et Sebta,
seulement que les différentes nappes paléozoïques formant un synclinal perché de grès numidiens (nap-
(à faciès schisteux en majorité) reposent sur un subs- pe ultra).
tratum cristallophyllien, important surtout dans les Postérieurement à la mise en place des nappes
Beni-Bouchera, et sont charriées sur les séries cal- de charriage, la mer a déposé des marnes bleues au
caires ; ces dernières ont été ultérieurement affectées Tortonien, et des sables au Pliocène ; ces faciès ne
de mouvements violents qui les ont localement frag- sont à peu près visibles que dans la cluse de Tétouan.
mentées en écailles reposant maintenant sur le maté- Les dépôts quaternaires marins sont pratiquement
riel paléozoïque (Haouz notamment). Quant aux rap- inexistants ; les dépôts dunaires existent dans la
ports de l'unité calcaire avec les flyschs externes, plaine de Martil. Les formations continentales con-
sistent essentiellement en remplissage alluvial dans
ils ne sont pas encore clairement définis, les contacts
les plaines côtières dont celles d'Oued-Lao et surtout
étant en général sub-verticaux. de Martil sont de loin les plus importantes.
En dépit de son extension relativement faible, la les Bokoya ont un climat déjà semi-aride, chaud et
zone axiale possède trois types de climats bien dif- sec. Pour le premier type, les précipitations moyen-
férents : les reliefs ont un climat de montagne médi- nes (1933-1963) oscillent entre 800 et 1 400 mm aux
terranéen avec des précipitations hivernales élevées, stations connues, et atteignent certainement 2 000 mm
souvent sous forme de neige, et un été sec et assez (y compris la neige) sur les plus hauts sommets. La
chaud ; la frange côtière nord-occidentale a une frange côtière du Haouz de Tétouan ne reçoit guère
humidité relative assez forte mais des précipitations plus de 600 à 800 mm. Enfin, les précipitations sur le
moins élevées que sur les reliefs, avec des tempéra- littoral de la Dorsale calcaire et sur l'ensemble des
tures tempérées chaudes ; le reste de la Dorsale et Bokoya varient de 300 à 450 mm environ.
HYDROLOGIE
Les seuls cours d'eau entièrement endogènes de d'avoir un écoulement d'étiage. A titre d'exemple
la zone axiale ont des bassins versants de moins de l'oued Farda, petit affluent de l'oued Lao, et dont la
150 km2. Les principaux d'entre eux sont les oueds quasi-totalité du bassin versant est en pays calcaire,
Fnideq, Negrone et Asmir dans le Haouz, Hallila et a un débit d'étiage de l'ordre de 350 1/s soit quelque
Emsa dans la Dorsale calcaire. Les oueds Lao, El-Had
8/1/s/km2. L'oued El-Had, à la sortie de la partie
et Mfer, dans la Dorsale calcaire, ont des bassins de
900, 600 et 300 km2 respectivement, mais situés en calcaréo-dolomitique de son bassin, a un débit d'étia-
partie dans la zone rifaine ; à l'E, les oueds Badès et ge de 1 m3/s, soit quelque 11 1/s/km2.
Bousicour (200 km2 environ) n'ont que leur cours infé-
rieur dans les Bokoya. Enfin l'oued Martil, qui arrose De tous ces cours d'eau, seuls le Martil et le Lao
Tétouan, a un bassin de 1 220 km2, mais il est aussi sont jaugés régulièrement. Les oueds Asmir et Emsa
partagé avec la zone rifaine. viennent juste d'être équipés. On trouvera ci-dessous
Les masses calcaires jouent ici un rôle régulateur quelques caractéristiques, mesurées ou calculées, des
important, en permettant à la plupart de ces oueds principaux oueds de cette zone.
46 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
40
O. Bousicour 210 300 0,7 3,4 0,35 0
HYDROGEOLOGIE
MER MEDITERRANNEE
en bordure de mer à mi-chemin entre Ceuta et Té- O. Fnideq
touan. Bien que constituant un aquifère virtuel, per-
ché sur les séries paléozoïques imperméables, ce mas- 580
sif n'est le siège que de deux ou trois petites sources
de très faible débit ; d'ailleurs, un bilan rapide ne
ra
(P = 750 mm, i = 5 à 10 %) montre que la totalité Ne
g
.
du débit possible sortant de ce bassin est comprise O
entre 5 et 10 1/s. La grosse « source » située au N du
Jbel
jbel Zem-Zem, et utilisée à ce titre pendant plusieurs
mois par le complexe touristique de Restinga, n'est Zem -
Zem
en fait que la résurgence de la partie des eaux de
l'oued Negrone enfouies quelques centaines de mè-
tres plus à l'amont dans des alluvions grossières deve-
nant de plus en plus fines vers l'aval. ir
m
As
O.
Dans certains copeaux calcaires du Lias, on observe Mdiq
un paléokarst de très petite envergure, sans doute
d'origine marine, à remplissage rouge siliceux attri-
bué au Lias supérieur, par analogie de microfaciès
avec des éléments datés par ailleurs ; ces calcaires
ont ultérieurement (Quaternaire ?) subi une karstifi-
560
cation aérienne importante mais qui n'est le siège
Jb
d'aucune circulation souterraine en raison de la fai- el
ble extension de ce réservoir. Martil
De
rs
a
LES CHAINES CALCAIRES
LE HAOUZ DE TÉTOUAN (fig. 13) Nappes paléozoïques " supérieur à 200 "
d'aucune manifestation karstique importante, c'est-à- tifiée et susceptible de recéler des écoulements souter-
dire pénétrable, sauf peut-être au N, dans le massif rains importants ; des pêcheurs utiliseraient d'ailleurs
du jbel Moussa (analogue au Rocher de Gibraltar et des résurgences d'eau douce en mer, mais ce point
constituant avec lui les « Colonnes d'Hercule » des n'a pu être contrôlé.
Anciens).
LA DORSALE CALCAIRE (fig. 14)
Le Haouz est entouré par des séries imperméables
ou peu perméables : flyschs externes à l'W, schistes
paléozoïques à l'E, qui lui sont topographiquement • Le massif du Lechhab est le plus haut sommet
inférieures. La pluie qui y tombe se retrouve donc, de la chaîne calcaire (2 154 m) et forme un centre de
diminuée de l'évapotranspiration, en ruissellement dispersion des eaux vers l'Atlantique (oued Aou-
superficiel et en exsurgences d'eau souterraine. dour = affluent de l'Ouerrha) et vers la Méditerra-
née (oued Maggou = cours supérieur de l'oued Lao) ,
• Le massif du jbel Dersa (N de Tétouan) est, il est essentiellement formé de calcaires et de dolo-
comme l'ensemble du Haouz, entouré à l'E et à l'W mies du Trias, coiffés de Rhétien calcaire. Sa struc-
de séries imperméables ; au N, il n'est en contact ture, légèrement charriée, en fait un anticlinal irré-
avec le reste de la chaîne calcaire que sur quelques gulier et assez aplati sauf vers Cherafate où les pen-
centaines de mètres, coupés par un large affleurement dages sont très prononcés et où on a même une série
de Permo-Trias rouge ; sur le plan hydrogéologique, compréhensive en série inverse (Malm, Néocomien à
cet abouchement est donc dérisoire ; au S, le jbel Aptychus...). Ce massif est le siège d'écoulements
Dersa tombe sur la vallée alluviale de Tétouan par karstiques discontinus et d'importance diverse. A
l'intermédiaire d'une énorme masse travertineuse sur l'intérieur, un certain nombre de petites sources
laquelle est bâtie la ville. Il était intéressant de déter- voient le jour à la faveur de facteurs topographiques
miner si des circulations d'eau passaient encore dans ou d'accidents locaux ; leur débit n'excède que ra-
ou sous ces travertins, et allaient alimenter la nappe rement le litre/seconde ; leur assèchement partiel ou
alluviale de l'oued Martil située en contrebas ; cette total en été et leur turbidité après les pluies, sont des
hypothèse apparaissait d'ailleurs peu vraisemblable indices de la faible étendue de leur bassin versant.
du fait de la très faible valeur des débits passant La majorité des grottes et gouffres explorés dans ce
dans cette nappe au droit de Tétouan, déduits d'essais massif (une quarantaine au total) ne présentent pas
de pompage. d'eau au fond, même à grande profondeur (Kef-Rha-
chaba, 202 m). Certaines grottes (Kef-Aframanou,
Le massif du Dersa a une superficie de 32 km 2 ; Houta-del-Gazdir, Kef-Isourhar...) sont néanmoins le
on peut lui appliquer une pluviométrie de l'ordre de siège de ruisseaux souterrains ; leur débit hivernal
1000 mm, ce qui donne une alimentation fictive et printanier est inconnu mais est probablement fai-
continue de 1 000 l/s. L'évapotranspiration est au ble, ces grottes ne présentent que fort peu de traces
moins égale à 50 %, soit l'équivalent de 500 1/s. Les d'écoulement rapide. Dans le gouffre du Torhobeit
débits des quelques cours d'eau superficiels, et de par contre, dans lequel une petite rivière souterraine
l'ensemble des sources sortant du massif calcaire ont est visible dès la cote — 100, les galeries et puits à
tous été jaugés, ou estimés ; on peut admettre un partir de la cote — 260 présentent des traces très
débit superficiel de 100 1/s et un débit souterrain de nettes de creusements très actifs (en conduites forcées
450 1/s. Aux erreurs d'approximation près, on retrouve parfois) et sont effectivement parcourus par une
donc le débit disponible et il ne passe pratiquement rivière de quelques litres/secondes en étiage.
plus d'eau dans les travertins de Tétouan. Autre con-
clusion : on peut estimer à environ 40-45 % l'infiltra- Sur les bordures, les sources sont beaucoup plus
tion dans les calcaires du Lias en bancs très redressés. importantes qu'à l'intérieur du massif. Sur le versant
Un point intéressant à signaler est la valeur parfois « atlantique », il n'existe de sources qu'à Cherafate
élevée des débits souterrains et le nombre important où plusieurs exsurgences se manifestent : à quelques
de sources ceinturant ce massif : une bonne trentaine mètres au-dessus de la route, quelques griffons lais-
ont un débit de 5 à 10 1/s, une quinzaine de 10 à 50 1/s sent jaillir un débit variant entre une dizaine et
et deux de plus de 50 1/s (100 et 300 1/s) ; ces débits quelques dizaines de litres/seconde suivant la sai-
sont évidemment des débits hivernaux mais ils sont son ; au-dessus de la cascade, la source principale
de plus de la moitié de ces valeurs en étiage. se présente comme un orifice de quelques décimètres
de diamètre d'où l'eau jaillit avec violence (un essai
• Le teste de la chaîne est encore assez mal de pénétration en scaphandre autonome a échoué à
connu ; les quelques sources inventoriées sont toutes cause du courant). L'ensemble de ces sources a un
situées sur la bordure orientale, avec des débits de 1 débit de 200 à 500 1/s selon la saison. Il faut y ajouter
à 20 1/s ; il est probable que d'autres exsurgences les arrivées d'eau visibles dans le lit de l'oued Hana-
existent, notamment sur la bordure ouest. La partie ba (qui alimente aussi la cascade en hiver) ; d'autre
septentrionale de la chaîne (jbel Moussa et ses satel- part, après de fortes pluies soutenues, de l'eau sourd
lites), de faciès diffèrent, est probablement plus kars- de l'éboulis situé entre l'oued Hanaba et la grotte
TETOUAN
Principales sources
sa
540 O. Em SCHEMA HYDROGEOLOGIQUE DE LA DORSALE
Oued Lao
M CALCAIRE ET DE SES BORDURES
ER
o
La M
O. ED
IT
ER
Targa RA
NE
E
s
ou
er
kh
.A
O
O. El Had
ao
520
L
O.
O. F
arda
Barrage
uhia
O. Bo Jebha
r
te
.M
O
a
O. Ouring
Chaouene
500
F IG. 14
50 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
aucun réseau souterrain n'y a encore été découvert. L E MASSIF DES B OKOYA
Les sources de Zarka (Yarguit) ont un débit d'une
trentaine de litres/seconde mais devaient être plus Il n'a pas encore été étudié dans son ensemble.
importantes auparavant si l'on en juge par l'étendue Les observations faites en plusieurs endroits montrent
des travertins ; elles pourraient correspondre à des que la karstification des calcaires a été peu active
sources de trop-plein. et que la faible pluviométrie n'a que peu de chances
de constituer des réservoirs intéressants, même en
• Le bassin des oueds El-Had et Bouhia a fait l'objet cas de structures hydrogéologiques favorables (klippe
de quelques jaugeages d'étiage en septembre 1968. Si de Tadkant par exemple). Des sources existent néan-
l'on enlève les quelque 50 km2 de sa partie littorale moins mais elles ont presque toujours un faible
(plaine et bordures), ce bassin a une superficie de 550 débit. Le seul potentiel aquifère intéressant de cette
km2, dont 370 pour l'oued Bouhia et 180 pour l'oued région semble être constitué par les sous-écoule-
El-Had. ments des oueds qui drainent les calcaires et les
flyschs Tizirène.
L’Oued Bouhia possède un débit d'étiage de 890
1/s (septembre 1968) ; or son bassin versant est
constitué de schistes paléozoïques et crétacés pour 75 S.W.
N.E.
% de sa superficie, de grès du Tizirène pour 5 % (soit
20 km2) et de dolomies et calcaires pour 75 km 2
Mer
environ. L'apport estival est donc dû, en quasi- 2 3
Méditerranée
109/4 250 20
10 000
105/4 330 30
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
• Oued Asmir ; une nappe relativement impor- chargée en sel, surtout dans la partie sud-est où la
tante est constituée par le sous-écoulement de l'oued teneur en chlorures peut dépasser 1 g/1.
Asmir, alimenté de plus sur les bordures par le • Oued Martil : la plaine de l'oued Martil et de
ruissellement sur le Paléozoïque peu perméable. La l'oued Leïla est la plus grande de la bordure médi-
nappe est partout en charge sous plusieurs mètres terranéenne du Rif après celle des oueds Nekor et
de limons, et est contenue dans les graviers et galets. Rhis. Elle a une superficie de l'ordre de 60 km 2
Les forages 273 et 274/2, situés au débouché de jusqu'à Tétouan. Elle possède dans les alluvions
l'oued dans la plaine qui a une superficie totale sablo-limoneuses du Quaternaire récent une nappe
d'une dizaine de kilomètres carrés, ont fourni chacun phréatique de faibles possibilités. Un relevé systé-
un débit de 25 1/s avec 4 m de rabattement environ. matique de fous les points d'eau de la plaine et de
Les essais de pompage ont donné une transmissivité ses bordures a été effectué. Le chiffre en atteint 320,
de 4.103 m2/s (perméabilité 1,1. 104 m/s) et un coeffi- dont 260 dans la plaine elle-même, plus 40 trous
cient d'emmagasinement de 6,2. 10 5, indice de nappe creusés à la tarière dans des zones dépourvues de
en charge. La teneur en chlorures de l'eau pompée puits. Enfin, sur une trentaine de puits témoins,
est de l'ordre de 50 mg/1. Plus à l'aval par contre, on effectue mensuellement des relevés et des analy-
où la nappe circule difficilement dans les limons et ses chimiques. La piézométrie de cette nappe
où une influence marine est probable, l'eau est plus commence donc à être bien connue (fig. 20).
5 1.5
7 6
12 11 10 9 8
5
109
4
MER
2 3
107 104 1
O. Leîla 0.5
MED
108
ITE
125 124
560
RRAN
126
103
EE
106
735.9
734
105
0.5 2
1
2
1.5
127 MARTIL
738.9
740 123 737
euta
1.5
èC
uan
Teto
8 de
n° 2
Ple
744
Rte
555
122 1.5
til
ar 1
M 0.5
O.
741 0.5
1
5 2
4 3
3 n°608 de
cond aire Te
1.5 Route se tou
743 an
3 àO
2 ue
dL
4 510 ao
Courbes isopièzes
743
Sondage et son n° I.R.E.
5 ( dans l'indice 2)
2 3 4
505
En règle générale, la nappe s'écoule d'W en E, Les connaissances sur l'aquifère et son plancher
c'est-à-dire vers la mer. Dans le détail on se rend imperméable ne sont pas très nombreuses, surtout eu
compte que l'écoulement ne se fait que sur les ver- égard aux grandes hétérogénéités que les reconnais-
sants, la plus grande partie de la plaine étant sances ont montrées. En règle générale le substra-
comprise sous l'isopièze 1 m. On constate de plus tum est constitué, au NW de la plaine, par des
un bombement très net des isopièzes sous les dunes schistes paléozoïques, et partout ailleurs par des
côtières et au contraire un écoulement, extrêmement marnes bleues plus ou moins plastiques datées du
faible, vers les embouchures de l'oued Leïla, de l'oued Pliocène inférieur. Sa profondeur est de 20 à 40 m
Martil et du canal de drainage situé au S de la au N. de la plaine, de 40 à 60 m ailleurs sauf en
plaine. certains points où elle atteindrait 70 à 90 m. Il est
en fait extrêmement difficile, et très arbitraire, de
Le niveau piézométrique est à plus de 5 m de fixer dans un forage la cote de l'imperméable :
profondeur à la sortie de la cluse de Tétouan. Dans en effet, à part quelques passées sableuses, ou conglo-
mératiques, de puissance variant entre 5 et 15 m et
la plaine elle-même, la profondeur de la nappe est
pouvant se trouver à des profondeurs diverses, on
comprise, en étiage, entre 1 et 2,5 m sauf dans la ne trouve dans le remplissage de la plaine que des
bande littorale où elle est inférieure à 1 m ; en argiles, parfois plus ou moins sableuses, et de couleur
hautes eaux par contre, les zones où la nappe est à fréquemment bleue comme le « substratum » défini ci-
moins de 1 m sont plus importantes : bande littorale dessus. Il est en général impossible de faire des
élargie, tout le centre de la plaine, et quelques corrélations de faciès d'un forage à l'autre ; néan-
taches au SW. On voit donc que le gros problème moins on trouve fréquemment vers la cote — 40
de cette plaine est le drainage de sa nappe phréa- (± 10 m) le passage à granulométrie grossière signalé
tique (fig. 21). plus haut.
Fig 21 — Plaine de Martil : variations piézométriques de la nappe phréatique (les profondeurs sont exprimées en
mètres au-dessous du sol). Le piézomètre 13/2 est situé au centre-sud de la plaine, le 16/2 au centre-nord,
le 50/2 sur le littoral centre, et le 12/2 sur le littoral sud
ZONE AXIALE DU RIF 55
Les essais de pompage effectués dans la plaine ques. Cette vallée est d'ailleurs très probablement
ont donné des caractéristiques très variables mais épigénique : son tracé a dû être causé par une topo-
presque toujours médiocres sinon mauvaises : les graphie ancienne dans les marnes et sables pliocènes
transmissivités les plus fréquentes vont de 1 à 5.10-3 dont il ne reste plus maintenant que des lambeaux,
m2 /s ; il est exceptionnel de dépasser 1.10-2 m2 /s, et le cours d'eau a dû s'enfoncer sur place au fur
mais on trouve des valeurs de 10-4 m2/s ; les rares et à mesure de l'érosion. La plaine garde plusieurs
coefficients d'emmagasinement qu'il a été possible témoins de mouvements eustatiques quaternaires :
d'obtenir sont de l'ordre de 10-4. En fait, dans de au bord de la mer, au moins trois dépôts marins,
nombreux cas, les importantes hétérogénéités laté- situés à 30, 60 et 100 m environ d'altitude, se raccor-
rales et verticales de l'aquifère, ainsi que les diffé- dent avec des dépôts continentaux actuellement très
rences d'équilibre hydrostatique qu'elles entraînent fortement érodés. Les dépôts affleurant dans la plaine
dans les différents niveaux d'eau, conduisent à des et ses piémonts semblent pouvoir être attribués
graphiques d'écoulement transitoire extrêmement (G. Beaudet & G. Maurer, 1961) à l'Ouljien en ce
complexes et parfois ininterprétables. Les débits qui concerne les galets et limons rouges situés aux
pompés sont eux aussi très variables puisqu'ils vont cotes 6 - 8 m près de la mer, au Mellahien-Rharbien
de 1 à 30 l/s avec des rabattements de 3 à 20 m. pour les limons gris les plus bas, et au Soltanien
pour les dépôts de pente limono-graveleux rouges.
L'hydrochimie est l'un des points les plus impor-
tants à mettre en évidence, et aussi l'un des plus Cette plaine bénéficie des apports pérennes de
complexe vu l'anarchie apparente qui règne dans l'oued Lao, et d'une nappe phréatique d'ailleurs peu
la répartition des salures. En règle générale, la nappe utilisée.
phréatique, c'est-à-dire celle qui circule dans les
Dans l'axe de la plaine, la surface piézométrique
sables et limons de surface (quelques mètres d'épais-
(fig. 24) a une pente de l'ordre de 10 %° à l'extrémité
seur) est relativement douce, de l'ordre de 1 g/1 et
amont, diminuant ensuite brutalement à 0,8 %° pour
de type mixte à tendance chloruré sodique (fig. 22) ;
devenir presque nulle dans la zone littorale. Cette
les horizons inférieurs par contre (ceux qu'on trouve
nappe est principalement alimentée par le sous-écou-
vers 40 m de profondeur) sont très salés et impropres
lement de l'oued Lao et, dans une moindre mesure,
à tout usage puisque la salinité totale est de 5 à 7 g/1
par celui de l'oued Agnouri ; l'apport des bordures
dans le centre de la plaine, et de 11 à 18 g/1 sur le
ne peut être négligé, surtout en hiver où le ruissel-
littoral. Le type est le plus souvent nettement chloru-
lement est intense sur les schistes paléozoïques qui
ré sodique avec une affinité marine évidente (fig. 23).
entourent la plaine. Sauf exceptions locales et saison-
Tout se passe comme si la charge de l'eau douce
nières, la nappe phréatique est indépendante du
n'était pas suffisante pour s'opposer à la pénétration
cours superficiel de l'oued Lao et son axe d'écoule-
sous la plaine d'une eau de mer, de plus en plus
ment ne suit pas du tout le tracé de celui-ci ; il est
diluée et modifiée vers l'intérieur. En fait il existe
vraisemblable que l'axe de drainage de la nappe
localement des exceptions à cette répartition des
correspond à un lit fossile de l'oued, siège d'allu-
salures puisqu'on trouve parfois en profondeur de
vions plus grossières. La profondeur de la nappe
l'eau à moins de 1 gramme/litre ; les connaissances
à partir du sol varie de 0 à plus de 5 m, ces der-
que l'on possède pour le moment sur l'hydrogéologie
nières étant situées exclusivement sur la bordure
de la plaine ne permettent pas d'expliquer de façon
rive gauche de la plaine. Les variations saisonnières
systématique ces anomalies.
de la nappe (fig. 25) observées depuis six ans sur
En conclusion on peut souligner encore le carac- sept puits témoins, montrent un régime parfois
tère très médiocre des possibilités en eau souter- complexe de l'alimentation, notamment dans la zone
raine de cette plaine : l'eau exploitable en grande aval où les faibles variations (1 m) et leur dispersion
quantité est pratiquement toujours très salée, tandis dans le temps d'une année à l'autre semblent mon-
que l'eau douce n'existe qu'avec un débit très faible. trer que deux apports se relaient : celui retardé de
Il n'est donc pas question d'envisager une mise en la nappe phréatique et celui, presque instantané, des
valeur agricole systématique à partir des eaux sou- pluies sur les bordures de la plaine. A l'amont par
terraines. D'autre part, la faible pente de la plaine contre les variations saisonnières peuvent atteindre
et de sa nappe phréatique qui s'ajoute aux mau- 4 m et sont directement liées, avec un très faible
vaises caractéristiques hydrauliques des terrains de retard, au régime des précipitations.
surface, font que las inondations hivernales sont
monnaie courante, et qu'un drainage particulière- Au point de vue hydrochimie, la nappe est d'as-
ment étudié sera indispensable. sez bonne qualité en général puisque dans la plus
grande partie de la plaine, la teneur en chlorures
• Oued Lao : cette plaine, d'une superficie totale de est inférieure à 200 mg/1 (résidu sec inférieur à
1 700 ha, dont 1 300 sont cultivés, constitue 1 200 mg/1). Dans la partie amont de la plaine et
l'aboutissement de l'oued Lao qui avait auparavant sur sa bordure rive gauche, ainsi que dans une
traversé la Dorsale calcaire par des gorges pittores- partie de la zone littorale, l'eau est encore plus
56 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
D'après H. SCHOELLER
DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU Rés. sec 1/?
et E. BERKALOFF à 25°C
Teneurs en mg/l Figuré à 180° C dh pH
n° IRE
+ mmhos
Ca + + Mg + + Na + K + Cl - SO -- ° fr
4 mg/l /cm
10 000
10 000
120/2 990 64
10 000
16/2 2390 82
65/2 730 40
75/2 760 36
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Fig. 23 — Plaine de Martil : types d'eau de la nappe «inférieure» (vers 50 m de profondeur), Le point de
prélèvement 741/2 est situé au centre amont, le 744/2 au centre, le 740/2 au centre nord, le
735/2 sur le littoral nord, le 737/2 et le 739/2 sur le littoral centre
58 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Oued Lao
4 608
o
5 607 La
O.
609
610
?
611 1
2
535 3
Courbe isopièze
6
605
606
609 Sondage et son n° I.R.E dan
l'indice 4
525 0 1 2 km
douce puisque la teneur en chlorure est inférieure provoquant ponctuellement des différences de char-
à 100 mg/1 (résidu sec inférieur à 600 mg/1). ge hydraulique de quelques décimètres, ne peuvent
Les quelques sondages exécutés sur deux profils isoler une nappe «phréatique» d'une nappe «pro-
barrant la plaine, l'un à l'amont, l'autre à l'aval, fonde » ; il s'agit donc d'une seule et même nappe.
permettent d'avoir une idée approximative sur Les caractéristiques hydrauliques de l'aquifère
l'aquifère, notamment sa nature, son épaisseur et obtenues par essais de pompage permettent de défi-
ses caractéristiques hydrauliques. Le substratum est nir trois groupes : les deux forages amont ont donné
constitué, en principe partout, par des argiles des transmissivités de l'ordre de 15.10-2 m2/s ; les
bleues, en général plastiques, datées du Pliocène forages aval, sauf le plus méridional ont donné des
inférieur marin par microfaunes ; il est présent vers transmissivités de l'ordre de 2.10-2 m2/s ; le dernier
50 m de profondeur à l'amont, et vers 120 m à l'aval. fo rage, o ù l'aq uifère n'a q u'une vingtaine de
Au-dessus, les alluvions sont à granulométrie gros- mètres d'épaisseur, a donné une transmissivité de
sière (sables, graviers et surtout galets souvent 0,4.10-2 m2 /s ; les perméabilités correspondantes
cimentés en conglomérats) mais elles présentent des sont de l'ordre de 3.10-4 m/s à l'aval et de 3.10-3 m/s à
passées argileuses (souvent à graviers), parfois de l'amont, soit dix fois plus. Inversement les coeffi-
couleur gris-bleue, et dont l'épaisseur connue varie cients d'emmagasinement sont de l'ordre de 3.10- 2
entre 5 et 40 m suivant les endroits ; l'absence de à l'amont et 9.10-2 à l'aval.
continuité de ces argiles d'un forage à l'autre, et
certains résultats d'essais de pompage, conduisent Une estimation prudente des débits souterrains
à penser qu'il s'agit de lentilles de faible extension passant par les deux profils montrerait que l'amont
latérale (au moins dans le sens transversal par rap- reçoit de 500 à 700 1/s, alors que l'aval ne reçoit
port à l'allongement de la plaine) qui, bien que que 100 à 200 1/s ; bien que cela n'apparaisse guère
ZONE AXIALE DU RIF 59
203/4
2
3
5
6
7
8
2 129/4
5
6
120/4
4
Fig. 25 — Plaine d'Oued-Lao : variations piézométriques de la nappe phréatique (les profondeurs sont exprimées en
mètres au-dessous du sol). Les trois piézomètres sont situés en rive gauche : le 203/4 à l'amont, le 129/4
vers le centre, et le 120/4 en bord de mer
sur la piézométrie, on est forcé de conclure à un • Autres plaines : les autres plaines alluviales
drainage par l'oued, d'autant plus qu'il existe d'autres de cette zone n'ont pas encore été étudiées dans
apports (ruissellement et infiltration sur les bordures, le détail. On sait que celle de l'oued Emsa présente
« return-flow » d'irrigation...) entre les deux profils. un sous-écoulement pérenne et que son réservoir
est constitué d'alluvions grossières ; la nappe
Les débits pompés ont varié entre 20 et 70 1/s présente de faibles variations saisonnières et n'est
suivant les forages ; les débits spécifiques (après pas influencée par la proximité de la mer ; l'eau est
12 h de pompage) ont été de l'ordre de 5 1/s/m sur de bonne qualité chimique (résidu sec 40 mg/1).
les forages aval sauf celui situé en bordure d'oued
qui a permis 17 1/s/m (pompage partiel de l'oued ?) ; Il en est de même de la nappe de la plaine de Bou-
sur les forages amont, ils ont été de 26 et 60 1/s/m. Ahmed, où confluent les oueds El-Had et Bouhia (voir
supra). Vraisemblablement alimentée à raison de
En conclusion, les quelques connaissances acqui- plusieurs dizaines de litres/seconde par les deux
ses récemment sur l'hydrogéologie de la plaine oueds pérennes qui y aboutissent, cette nappe est
d'Oued-Lao montrent que celle-ci recèle une nappe encore inconnue et n'est d'ailleurs que très peu
assez riche, de bonne qualité chimique, et d'exploi- utilisée par les riverains qui préfèrent l'utilisation
tation facile. Vu le réseau d'irrigation déjà installé de prises en oued. Quelques dizaines d'hectares
à partir des eaux superficielles, cette nappe ne sont irrigués le long des rives à l'amont de la
devrait être utilisée que pour les besoins d'alimen- confluence. A l'aval, quelque 500 ha sont cultivés
lation en eau potable, pour l'agglomération d'Oued- mais sont périodiquement noyés par les crues des
Lao et d'éventuelles installations touristiques. Capa- oueds qui, de plus, changent fréquemment de lit.
ble de se rééquilibrer naturellement grâce aux Les débits d'étiage jaugés en septembre 1968, soit
apports importants et pérennes de l'oued Lao, cette 1 850 1/s pour les deux oueds, permettraient large-
nappe pourrait être exploitée, à proximité du litto- ment d'irriguer les 2 000 ha dominés par une prise
ral, à raison de plusieurs dizaines de litres/seconde, à la cote 100 m (à condition d'endiguer les deux
permettant d'envisager l'édification de complexes lits d'oueds) ; l'appel aux eaux souterraines est
hôteliers de plusieurs milliers de lits. donc inutile.
60 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
HYDROGEOLOGIE APPLIQUEE
1 2 3 4
0 5 km
Barrage
Usine électrique
Canal d'amenée
Har
ame
Oued
530
Barrage de Koudia Kourirène
( prise d'irrigation )
Lao
ed
Ou
520
Usine Central Lao
O
.T
al
am
bo
te
Barrage
de Talambote Usine de
( prise ) Talambote
Barrage d'Achour
O. Haba
O. F
ard D
O.
510
510
520
530
FIG. 26
ter la ville de Tétouan et irriguer une partie (un permis de déterminer un important programme de
millier d'hectares) de la plaine du Martil ; en fait confortement dont la réalisation vient d'être ter-
l'insuffisance des études d'ancrage et de solidité minée. D'autre part des études sont également en
des appuis a provoqué, lors d'une mise en eau cours pour définir les meilleures conditions de
totale, des fuites très importantes et des glissements culture irriguée du reste de la plaine (réseaux
de berges, ce qui fait que, depuis sa construction d'irrigation et de drainage) et rechercher des apports
terminée en 1956, le barrage n'est empli qu'à moitié d'eau supplémentaire, notamment par des barrages
et ne sert pas à l'irrigation. De longues études ont d'accumulation (Kerikera, etc.).
C O N C L U S I O N S
La zone « axiale » est la seule du domaine rifain celle-ci pourrait être notablement améliorée, au
qui, dans son ensemble, puisse être considérée moins dans certains secteurs.
comme assez riche en eau souterraine (ou superfi-
Sur le plan de la recherche hydrogéologique,
cielle à écoulement retardé). Les 10 ou 15 m3/s
théoriquement disponibles ne sont même pas utilisés l'effort devrait maintenant être porté sur les hori-
à 50 % et, de toutes manières, la nature monta- zons calcaires des Bokoya, seuls susceptibles de
gneuse de la zone ne se prête pas à une mise en fournir l'eau nécessaire au développement de cette
valeur agricole de grande envergure ; néanmoins zone semi-aride.
Quelques secteurs de la Dorsale calcaire ont été (31/4) Toussit : grands puits de section elliptique de
depuis 1957 le siège d'explorations spéléologiques 15 m sur 3 m, de 45 m de profondeur ; le fond est
menées par les membres du Spéléo-Club de Rabat colmaté par un éboulis.
parmi lesquels il faut au moins citer A. Camus, (32/4) Ensif : puits de 4-5 m de largeur dont le fond,
J. Fiquet, C. Lamouroux, J. Penot, J.-P. Thauvin et tapissé par un éboulis, est à 22 m de profondeur ;
E. Toulza. On trouvera dans le répertoire ci-dessous sec.
les principales cavités explorées, dont le repérage
se fera, sur la carte de situation, au moyen des (33/4) Trou Pierre : diaclase longue de quelques
numéros de l'Inventaire des Ressources en Eau mètres, large de quelques décimètres, et subverti-
(fig. 27). cale ; infranchissable à partir d'une quinzaine de
mètres de profondeur.
JBEL BOU-HALLA (versant « atlantique »)
(7/4) Kef-Aframanou : s'ouvrant à la base d'une (36/4) Nissar-n-Hamidou : puits vertical de 15 m, à
petite falaise par un trou de faibles dimensions, la base duquel part une galerie infranchissable de
cette cavité débute par une salle d'entrée, pentue direction SE.
et couverte d'éboulis se poursuivant vers la droite (104/4) Keî-Moulay-Abdelkader : s'ouvrant par un
par une autre salle, analogue mais plus grande ; porche au-dessus de l'exsurgence de Cherafate
à gauche par contre un petit ressaut de quelques (105/4), cette cavité débute par un réseau fossile
mètres donne accès à une salle plus petite mais à composé d'une succession de petites salles et de
fond subhorizontal ; les bordures orientales des galeries, totalisant un développement d'une centaine
deux salles sont reliées par un réseau inférieur, de mètres ; le bas de la salle terminale, pentue
noyé en période humide ; l'ensemble de la grotte vers l'W, est noyé ; de la même salle part un puits
peut s'inscrire, en plan, dans un trapèze de 2 500 m2, de 10 m aboutissant à une galerie basse à circulation
avec une hauteur moyenne de 4-5 m. intermittente (à laquelle on accède également à
(28/4) Tachia-n-Tioua : grande salle d'éboulis, très partir de l'extrémité nord de la salle terminale)
pentue, descendant jusqu'à une quinzaine de mètres d'une cinquantaine de mètres de longueur ; la
de profondeur ; assez concrétionnée, elle ne ren- continuation ascendante de cette galerie, reconnue
ferme pas d'eau. par une progression acrobatique, se fait dans des
joints de stratification agrandis par l'érosion et finit
(29/4) Zanka-n-Tioua ; puits en forme d'aven, pro- par ne plus être accessible; le réseau noyé, existant
fond d'une vingtaine de mètres, sans eau. 5 m plus bas que la galerie inférieure et visible à
(30/4) Ajar Mfteuh : puits assez étroit de 55 m de partir de diaclases transversales, a été exploré sans
profondeur, sans prolongement et sec. succès en scaphandre autonome.
ZONE AXIALE DU RIF
530
535
Extrait de la carte américaine UN
Bab Taza au 1: 500 000 e L AIO
BE Hauta el Gazdir
BA
JBE
48/4
46/4
25/4
L L
45/4 8/4
HAFA EL HANDANI
ECH
AB
ida
r Ru
39/4 49/4 b ae
MAGGOU 38/4 Ba
JBE
635 41/ 635
Oued Ma 43/4
42/4
gg 50/4
ou 29/4
Ou
L
CUDIA AZAGAR
ed
28/4
BOU
31/4
Am
Hauta el Malaib 32/4
at
ra
7/4
sc
HAL
107/4
33/4
LA
CUDIA
ACHATTU
104/4
105/4
630 630
CHERAFAT
BAB TAZA
535
63
FIG. 27 — Plan de situation des principales cavités du massif du Lechhab (Dorsale calcaire)
(105/4) Les exsurgences de Cherafate sont composées (après l'Anou-Boussouil, en Algérie). Un vaste puits
d'un groupe de petits griffons à écoulement d'une centaine de mètres de verticale donne accès
saisonnier, et d'un griffon principal pérenne ; une à une longue succession de salles, de galeries et
tentative de pénétration en scaphandre a échoué de puits. Le réseau amont est composé essentielle-
du fait de la violence du courant sortant d'une ment d'une galerie de quelque 120 m de longueur
ouverture de quelques décimètres de dimensions. aboutissant à une vaste salle triangulaire de
Les sources de Cherafate, mises en charge par le 50 X 35 m ; assez concrétionné, ce réseau n'est
réseau noyé visible dans la grotte de Moulay- plus le siège que d'un faible écoulement saison-
Abdelkader, ont un débit de 200 à 500 1/s environ nier. Le réseau aval débute p ar une galerie de
suivant la saison. 140 m de longueur sur 5 à 25 m de largeur, abou-
tissant à une vaste salle d'effondrement (80 X 20-
(107/4) Gouffre du Torhobeït (fig. 28) : «morceau 25 m) ; la galerie qui en part (90 X 10 m environ)
de gloire » de la spéléologie rifaine, cette cavité mène à une autre salle d'effondrement, triangu-
possède un réseau important de près d'un kilomètre laire, dont la face opposée est constituée d'un
de longueur et de 390 m de profondeur qui en fait miroir de faille ; la pente moyenne du réseau entre
le plus profond du Maroc et le second d'Afrique ce lieu et le bout du réseau amont est de 10° ; la
64 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
m
0
Altitude 1700 m environ
50
Allée blanche
Salle du bivouac
Salle Moniton
Galerie des perles
100 ? Salle Ranner
?
?
A
A
150 Eboulis
Eboulis
Salle Ambroggi
200 Salle des statuettes
?
Passage des
Ratepenades Puits Diouri
250
Salle de bains
?
Puits Joseph
Piscine
300
Cascades
350 ?
Puits bruneau
Station Décamètre
107/4
Siphon
Terminé 1-8-69
400
F IG. 28 — Gouffre du Torhobeït (107/4), reconnaissances spéléologiques. Cette cavité est à ce jour la plus profonde du
Maroc et la seconde d'Afrique
progression se poursuit en descendant dans des l'alimentation des sources de Cherafate au terme
éboulis le long de la faille, et mène à une vaste d'un cheminement souterrain d'une dizaine de
salle (60 X 30 m) que l'on peut quitter par deux jours (en été) donnant une vitesse fictive (pour un
voies différentes, assez étroites et concrétionnées, réseau rectiligne) de 400 m/jour.
qui se rejoignent peu après ; à partir de là et jus-
qu'au point le plus bas atteint, la pente moyenne De nombreuses autres cavités de petites dimen-
du réseau sera de 45° en suivant le cheminement, sions ont été explorées dans le massif ; dans la
et de 65° à vol d'oiseau ; quelques dizaines de plupart des cas, ce sont de petits puits de 5 à 20 m
mètres plus loin se trouve un vaste puits glaiseux de profondeur creusés le long de diaclases,
à la base duquel commence le réseau actif où
l'écoulement, maigre à l'étiage, doit atteindre plu- JBEL LECHHAB S.STR (versant «méditerranéen»)
sieurs dizaines de litres/seconde en hiver et au (8/4) Khandak-Mzaza : source de faible débit dont
printemps si l'on en juge par les traces d'érosion on peut remonter le courant par une galerie subho-
active et l'absence quasi-complète de dépôts ; uns rizontale de 55 m, à l'issue desquels quelques
succession de puits et de petits tronçons de galeries, petites salles concrétionnées constituent l'étage fos-
dont les dimensions deviennent de plus en plus sile de la cavité.
étroites, s'achève vers la cote — 390 m, dans des
diaclases infranchissables ouvertes dans la dolomie (25/4) Ket Izourar (fig. 29) : petite galerie descen-
triasique. Trois colorations à la fluorescéine ont dant à 45° sur une longueur d'une centaine de
montré que le ruisseau du Torhobeït participait à mètres, menant à une petite salle concrétionnée.
ZONE AXIALE DU RIF 65
KEF IZOURAR
Coupe schématique
m
0
10
coupe
Carte
20
américaine
Bab Taza 30
x: 528 600
40
y : 637 350
z: 1600
50
entrée
60
plan
8
m
25/4
R E F E R E N C E S
BEAUDET G. & MAURER G. (1961) : Dépôts et morphogenèse ETIENNE H. (1963) : Etude hydrogéologique en vue de l'ali-
quaternaires dans la vallée inférieure de l'oued Lao. mentation en eau de la station balnéaire de Restinga-
Notes maroc, n° 15, Rabat, pp. 13-25, 9 fig., 1 carte. Mdiq. Rapp. inéd., ONI/SRE, 19 pp., 6 pl. & 2 tabl. h.t.
DURAND DELGA M., HOTTINGER L., MARÇAIS J., MATTAUER M., GRIFFON J.-C, KORNPROBST J., MOUTERDE R. & RAOULT J.-F.
(1966) : Etudes géologiques sur la chaîne du Rif, I.
MILLIARD Y. & SUTER G. (1960-62) : Données actuelles (J.K., Haouz de Tétouan ; J.-F. R., Haouz de Tétouan ;
sur la structure du Rif. M. h. sér. Soc. géol. Fr. (Livre J.-C. G. Nord da la Dorsale calcaire ; R.M., Ammo-
mémoire P. Fallot), t. I, pp. 399-422, 3 fig., 1 pl. h.t, nites du Lias). Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 184,
243 pp., nombr. fig., coupes et cartes.
66 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
m Camp de surface
0
Plateforme du treuil
50
Redan blanc
100
KEF RACHABA
39/4
W Lucarne
200
F IG . 30 — Coupe du Kef-Rachaba
ZONE AXIALE DU RIF 67
CUTNIC M., LEIKINE M. & MEGARD F. (1969) : Etudes géolo- THAUVIN J.-P. (1966) : Plaine de l'oued Martil ; piézomé-
giques sur la chaîne du Rif, II. (M.L., Haouz de Té- trie de la nappe phréatique. Rapp. inéd., OMVA/DRE,
touan ; M.G., Dorsale calcaire méridionale : F.M., 3 pp., 5 cartes.
Bokoya orientaux). Notes & M. Serv. géol. Maroc,
n° 194, 198 pp., nombr. fig., coupes et cartes. THAUVIN J.-P. & RAISS A. (1966) : Bassin de l'oued Lao ;
MESSAOUD M. (1961) : Etude hydrogéologique de la plaine état des connaissances sur l'hydrologie du bassin ver-
de Rio-Martin. Rapp. inéd., ONI/SRE, 21 pp., 8 cartes, sant et sur l'hydrogéologie de la plaine alluviale.
1 diagr. Rapp. inéd., OMVA/DRE, 19 pp., 6 fig., 5 cartes.
MESSAOUD M. (1961) : Note préliminaire sur l'oued Emsa
(Tétouan). Rapp. inéd., ONI/SRE, 4 pp., 1 carte. THAUVIN J.-P. (1968) : Quelques observations sur l'Aïn-
THAUVIN J.-P. (1963) : Alimentation en eau des centres Souyah (604/4) (Dorsale calcaire rifaine). Rapp. inéd.,
côtiers situés entre Mdiq et Restinga. Rapp. inéd., MTPC/DH/DRE, 3 pp., 3 diagr. log., 1 fig.
ONI/SRE, 9 pp., 1 carte, diagr.
m
Coupe schématique 0
10
d'après carte américaine Bab Taza
x : 531 400
y : 635 250
20
z : 1700
Courant d'air
? Dalle en pente 30
Eboulis
49/4
I. 2
LA ZONE RIFAINE
Par
Jean-Pierre THAUVIN
La zone rifaine telle qu'elle est étudiée ici phases d'accumulation postérieures au Villafran-
comprend le domaine rifain qui s'étend entre l'Océan chien existent également ; leurs rapports avec les
Atlantique et l'oued Nekor, à l'exception de la dépôts marins ont pu être mis en évidence sur la
zone « axiale » étudiée précédemment et des unités côte, et notamment autour de la baie d'Al-Hoceima :
qui feront l'objet des chapitres suivants : zone pré- un premier dépôt fossilise la falaise ouljienne ; selon
rifaine, Bas-Loukkos, Tangérois, plaine du Kerte, les endroits il est constitué par des dunes, des dépôts
et sillon Gareb-Bou-Areg. Elle correspond à l'essen- de versants, des cônes fluviatiles ou des terrasses,
tiel de la zone montagneuse, la plus déshéritée, où et est en général recouvert d'une croûte calcaire ;
les faciès prédominants sont schisteux. Une seule un deuxième dépôt est constitué de quelques mètres
plaine y a une certaine importance, celle du Rhis- de limons rouges, au-dessus de la croûte, et est
Nekor. Ailleurs, on ne trouve que des vallées de d'âge soltanien.
montagnes ou des basses vallées alluviales, en La population de la zone rifaine est uniquement
bordure de mer, dont les plus marquantes sont celles rurale ; le seul centre de quelque importance est
de l'oued El-Ksar, sur le Détroit, et des oueds Targuist, qui ne compte que 2 300 habitants. La
Ouringa, Mestassa et Bou-Frah sur la Méditerranée. population de l'ensemble de cette région est de
Il convient néanmoins de signaler les formes 600.000 habitants environ ce qui donne, pour une
d'accumulation et d'érosion du Quaternaire et du superficie de l'ordre de 12 000 km 2 , une densité
Villafranchien, voire du Pliocène, qui constituent moyenne de 50 habitants au kilomètre carré. Les
des zones planes vouées essentiellement à la céréa- voies de communications sont rares : dans l'axe
liculture. Les grandes surfaces planes des environs longitudinal la « route des crêtes » relie Tétouan et
de Targuist correspondent à des accumulations pou- Chaouène à Al-Hoceïma, relayée vers le Détroit par
vant atteindre 100 m d'épaisseur, fossilisant un la petite route desservant Ksar-es-Srhir; de plus une
relief d'érosion antérieur et d'origine fluviatile rocade côtière relie actuellement Tanger à Ksar-es-
(Moulouya) ; ces dépôts ont ensuite été déformés Srhir ; dans le sens transversal il n'existe que les
par des mouvements tectoniques puis arasés par la routes Ouezzane - Chaouène, Taounate - Ktama et
phase d'érosion fini-villafranchienne. Plus bas, bor- Aknoul - Al-Hoceïma, ainsi que celles joignant Jebha
dant la vallée actuelle de l'oued Rhis, un replat et Beni-Bou-Frah à la route des crêtes.
topographique très continu correspond à un arrêt Sur le plan ethnographique, il convient de citer
dans le creusement des oueds, qui reprendra à la que le Rif au sens strict, c'est-à-dire la partie orien-
suite de mouvements tectoniques abaissant le bas tale de la chaîne, est peuplé par des Berbères purs,
pays et portant les hautes surfaces de Targuist à parlant le dialecte tarrifite. Sa limite méridionale
1 000 m et davantage. Ces mouvements s'observent est particulièrement nette dans le couloir de Taza,
également dans d'autres vallées (unité de Tizirène au S duquel la population berbère du Moyen Atlas
notamment) où les dépôts Villafranchiens sont portés parle un autre dialecte, le Tamazirte, fondamentale-
à de hautes altitudes et entaillés par les différentes ment différent. La partie occidentale de la zone
phases de creusement quaternaires. De notables rifaine, le pays jbala notamment, est arabophone.
70 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
GEOLOGIE
La bordure interne de l'arc rifain, du moins après schisteuses du Crétacé supérieur) recouverte loca-
la zone axiale étudiée précédemment, comprend lement par des fragments de la nappe numidienne
essentiellement au N la nappe de Beni-Idère dont (grès et argilites), tandis que la moitié orientale
le faciès prédominant est constitué par un flysch est constituée de l'unité de Ktama (flysch albo-
schisto-gréseux oligocène, et à l'E la nappe de Tizi- aptien).
rène essentiellement formée d'un flysch gréso-schis- Plus extérieurement encore, en limite avec le
teux du Crétacé inférieur. Prérif, on trouve plusieurs unités de petites dimen-
sions, soit charriées, soit parautochtones ; leurs
En position plus externe on trouve dans la moitié faciès, là aussi, sont à prédominance argileuse ou
occidentale l'unité de Tanger (marnes et argiles schisteuse.
CLIMATOLOGIE
(Tableaux des fig. 32, 33, 34) bent de novembre à mars. La zone située à l'E
d'une ligne Targuist-Taïneste par contre ne bénéficie
La zone rifaine, à l'exception de sa bande litto- que de 300 à 500 mm de pluie mais présente para-
rale et de sa partie orientale nettement plus sèches, doxalement plus de précipitations estivales que
a un climat humide à étés secs. Les précipitations, le secteur nord-occidental (3 à 8 % des précipita-
variant avec l'altitude et l'exposition, s'échelonnent tio ns annuelles d e j uin à ao ût, co ntre mo ins de
en général entre 900 et 1800 mm dont les 3/4 tom- 2 %).
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE RIFAIN 2 - ZONE RIFAINE (Rif central)
FIG.32
DOMAINE RIFAIN 71
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE RIFAIN 2 - ZONE RIFAINE (Rif nord-occidental)
ZOUMI 10.0 1 1. 2 13.6 15.4 17.8 21.6 25.1 25.5 23.0 19.5 14.6 11..3 17.4 480 +64,4 B3 B'3 s2 a' 800
FIG. 33
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE RIFAIN 2 - ZONE RIFAINE (Rif oriental)
TAINASTE 11. 6 2.0 13.4 2.8 15.7 5.1 18.2 6.8 21.7 9.2 27.7 13.1 33.9 17.2 33.8 17.4 26.3 14.6 21.9 10.3 16.1 6.0 12.2 3.2 21.2 9.0
TAINASTE 6.8 8.1 10.4 12.5 15.4 20.4 25.6 25.6 21.4 16.1 11.0 7.7 15,1 410 + 54,3 B2 B'2 B2 s2a' 670
FIG.34
72 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
HYDROLOGIE
Les cours d'eau méditerranéens de la zone depuis peu. On trouvera ci-dessous les principales
rifaine ont tous, sauf le Rhis et le Nekor, des caractéristiques, calculées, des différents cours d'eau
bassins versants et des longueurs de peu d'impor- de cette zone, auxquels il faut ajouter les oueds
tance. Les oueds Rhis et Nekor sont les seuls qui Bousicour et Badès, étudiés dans le chapitre pré-
soient équipés d'une station hydrologique, et encore cédent.
73
Les cours d'eau atlantiques seront étudiés dans Loukkos et ses affluents qui seront analysés dans
le chapitre consacré à la zone prérifaine sauf le le chapitre « Bas-Loukkos ».
HYDROGEOLOGIE
La zone rifaine ne peut receler, du fait de la plaine du Rhis-Nekor, on n'y trouvera que de
nature des formations qui la composent, aucun petites nappes perchées de faible débit. La zone
aquifère étendu important. Mises à part les nappes rifaine, de ce fait, n'est connue en hydrogéologie
des plaines alluviales, dont notamment celle de la qu'en quelques points.
LE FLYSCH ALBO-APTIEN DES NAPPES Un autre exemple est donné par les sources
DE CHOUAMATE ET DE MELLOUSSA pourvoyant à l'alimentation en eau de Targuist.
640 645
Tijzirine
Penon d'El Hoceïma
Club
Méditerranée
his
AJDIR
O. R
50
10
0
310
251
253
50
510 252
268
TROUGOUT
Aérodrome 254
319 287
100
288
50
kor
100
Ne
O.
150
255
211
IMZORENE
150
284 50
0
20
256
315
505
10
0
PLAINE
0
10
DU 312
150
150
RHIS - NEKOR 316
314 285
0
20
dans l'indice 5
ou
ha
Puits 150 15
0
0
15
a
500
0
200
nd
20
Ta
F IG . 35
76
645
640
Tijzirine
Penon d'El Hoceïma
Club 5
Méditerranée
10
his
AJDIR
O.R
5
50
100
50
510
TROUGOUT
Aérodrome
10
20
100
kor
50
Ne
100
O.
150
IMZORENE
150 50
20
30
0
20
505
10
0
30
PLAINE
0
10
DU 150
150
RHIS - NEKOR
0
20
30
PROFONDEUR DE LA NAPPE
30
BENI
inférieure à 5 m BOUAYACH 100
comprise entre 5 et 10 m
ua
ao
" " 10 et 20 m
a h
0
15
150
0
15
" 20 et 30 m
0
" 500
20
nd
200
Ta
supérieure à 30 m
FIG . 36
ZONE RIFAINE 77
640 645
M E R M E D I T E R R A N E E
AJDIR
is
Rh
O.
510
TROUGOUT
r
eko
O. N
directe par la pluviométrie étant considérée nulle). plaine, parallèlement au Nekor, et pourrait alors pré-
Enfin, la contribution de l'oued Nekor, à l'aval de lever de gros débits dans une zone à granulométrie
la plaine, peut être estimée à 300 1/s (par différence favorable et siège d'une importante infiltration des
entre les débits jaugés sur l'oued à son entrée dans eaux superficielles augmentée par la dépression
la plaine et à proximité de l'embouchure, et compte causée par le pompage. A l'aval, dans la partie rive
tenu des prélèvements par canaux d'irrigation, esti- gauche de la plaine (seule touchée par la première
més à 200 1/s). tranche de mise en valeur), les eaux phréatiques
seraient pompées par une batterie parallèle au rivage,
Il reste donc un débit théoriquement disponible et rejetées à la mer ; ce processus revient en somme
de 1 200 1/s se perdant actuellement en mer, et à irriguer les terrains tout en remplaçant des eaux
passant vraisemblablement, pour la plus grande salées par des eaux douces. Une étude précise de
partie, au droit des oueds Rhis et Nekor. l'interface eau douce/eau marine est indispensable,
et sera prochainement abordée.
MISE EN VALEUR
D'autres projets d'aménagement hydro-agricole
Une étude a été menée récemment, tendant à avaient vu le jour il y a quelques années. Il s'agis-
définir les conditions optimales de mise en valeur sait essentiellement d'une prise sur l'oued Nekor
agricole de la plaine à partir des eaux souterraines à Maabane, et d'un ouvrage de retenue sur l'oued
et superficielles. Une retenue latérale pourrait être Rhis, au site de Sidi-Aïssa ; pour ce dernier, la
établie en rive droite du Nekor juste avant son retenue ne semble pas poser de problèmes d'étan-
entrée dans la plaine (Tanda-Haoua) ; une batterie chéité mais le site présente des caractéristiques
de pompages pourrait être installée à l'amont de la géologiques et géotechniques assez moyennes.
• La ville de Targuist (2 300 hab.), largement cultés d'exploitabilité et de la certitude des pollu-
pourvue en eau pendant la saison humide, est très tions. La solution pourrait être dans la réalisation
dépourvue en été. Elle est alimentée au moyen d'un petit barrage de 10 m sur l'oued Aherkaouène,
d'une conduite longue de 17 km environ, par des situé à 500 m de la caserne, qui permettrait une
captages de torrents et de sources du flysch albo- retenue de quelque 30 000 m3 qui, outre son attrait
aptien de Ktama. En été le débit est si faible qu'il touristique, permettrait de donner à l'hôtel un débit
faut couper l'eau la nuit pour pouvoir remplir le de 2 1/s pendant les cinq mois secs.
château d'eau ; on peut estimer à 2 1/s le débit de
l'adduction en été. Or, dans les environs de Targuist,
• Le futur complexe hôtelier de Ksar-es-Srhir,
sur le Détroit de Gibraltar, pourra être alimenté par
aucun horizon n'est vraiment aquifère : les caillou-
des pompages dans la nappe alluviale, localement
tis à ciment argileux du glacis Villafranchien se
artésienne. Un programme d'étude assez succinct,
sont avérés secs ; la nappe alluviale du Rhis est,
par puits et forages, a été mis au point. L'eau de
à cet endroit, pratiquement inexistante ; les grès de
la nappe est très douce (300 à 500 mg/1 de résidu
Tizirène ne livrent qu'une quantité d'eau minime.
sec dans la partie amont, 1 000 à 1700 mg/1 vers
La solution la plus simple consiste en l'amélioration
l'aval en bordure de mer). Bien que contrôlé systé-
du captage de certaines sources et de la conduite,
matiquement depuis peu, l'oued Ksar semble pérenne
très hétéroclite, sujette à d'importantes perles de
avec un débit supérieur à 10 1/s à l'étiage.
charge et victime de prélèvements clandestins.
• Le petit port de Jebha (anciennement Puerto-
• L'agglomération de Ktama et le centre hôtelier Capaz) est alimenté par de petites sources captées
reçoivent leur eau, là aussi, du captage de plusieurs dans le flysch Tizirène, mais surtout par un drain
sources du flysch albo-aptien. Si le village et la placé sur un barrage souterrain dans un petit oued
caserne n'ont pas de gros besoins, il n'en est pas non pérenne. Un autre aménagement semblable cou
de même pour le « Parador », hôtel dépendant de vrira les besoins futurs.
la chaîne Maroc-Tourist, dont le développement
est entravé par le manque d'eau ; en été les besoins • Le centre de Souk-el-Kheinis des Beni-Bou-Fiah
actuels n'atteignent pas 1 1/s mais, dans l'avenir, est alimenté par un captage assez éloigné dans le
l'équipement touristique complet (hôtel de 70 cham- fllysch Tizirène, ainsi que par des puits dans la
bres, bungalows, piscine, golf...) demandera 2 à nappe alluviale.
2,5 1/s. Or les captages de sources peuvent diffici- • Aknoul (4 000 hab.) est alimentée par deux
lement être améliorés, tant en qualité qu'en quan- puits et une galerie de captage, fournissant 5 1/s,
tité, et l'utilisation des maigres ressources du glacis dans l'underflow de l'oued Chaouïa, mais l'eau est
Villafranchien est à déconseiller du fait des diffi- chargée (1,5 à 2 g/1).
ZONE RIFAINE 79
R E F E R E N C E S
C HAPOND G. (1960) : Alimentation en eau de Ktama. MAURER G. (1968) : Les montagnes du Rif central ; étude
Rapp. inéd. CEH, 8 pp., 1 fig., 4 phot., arch. MTPC/ géomorphologique. Trav. Inst. sci. chérif., Rabat, sér.
DH/DRE. géol. et géogr. phys., n° 14, 500 pp., nombr. fig. et
cartes, 3 pi. h.t.
DURAND DELGA M., HOTIINGER L., MARÇAIS J., MAITAUER M.,
MILLIARD Y. & SUTER G. (1960-62) : Données actuelles SCET-COOPÉRATION (1966) : Equipement et mise en valeur
sur la structure du Rif. M. h. sér. Soc. géol. Fr. (Livre de la plaine d'Al-Hoceima ; 1ere étape de 2 000 hec-
mémoire P. Fallût), t. I, pp. 399-422, 3 fig., 1 pl. h.t., tares. 317 pp., nombr. fig., cartes, annexes div. et
bibl. pl. h.t, inéd. ; arch. MTPC/DH/DRE.
LECLERC C. (1969) : Résultats des essais de pompage effec- THAUVIN J.-P. (1966) : Etat des connaissances sur l'hydro-
tués en septembre 1968 à Beni-Bou-Frah (province géologie de la plaine du Rhis-Nekor (Province d'Al-
d'Al-Hoceima). Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 10 pp., Hoceima). Rapp. inéd. OMVA/SRE, 20 pp., 4 tabl.,
2 fig., 17 diagr. 3 diagr., 32 logs. géol., 4 cartes, arch. MTPC/DH/DRE.
THAUVIN J.-P. (1966) : Etude géologique préliminaire du
M AURER G. (1962) : Les hauts niveaux continentaux du site de barrage de Sidi-Aïssa sur l'oued Rhis (Pro-
bassin de Targuist et des plateaux de la basse vallée vince d'Al-Hoceima) Rapp. inéd. OMVA/SRE, 9 pp.,
de l'oued Rhis (Rif oriental). C.R. Acad. Sci., Paris, 1 coupe géol., 1 carte géol. au 1/20 000, arch. MTPC/
t. 255, n° 7, pp. 1220-1222. DH/DRE.
M AURER G. (1962) : Rapports entre la terrasse marine THAUVIN J.-P. (1967) : Note préliminaire sur les possibilités
ouljienne et les niveaux continentaux récents autour d'alimentation en eau potable d'un complexe touris-
de la baie d'Al-Hoceima (Rif oriental) C.R. Acad. Sci., tique à Ksar-es-Srhir (Province de Tétouan). 4 pp.,
Paris, t. 255, pp. 1138-1140. . inéd., arch. MTPC/DH/DRE.
81
I. 3
Par
Michel COMBE
La Zone prérifaine
GEOLOGIE
Le socle anté-triasique n'est connu nulle part si unité plus interne de la chaîne que la nappe
ce n'est à l'état de débris souvent très prérifaine), un épisode marneux puis une puissante
métamorphiques. Le Trias, constitué essentiellement série marno-gréseuse font suite à l'Eocène et
d'argiles salifères et de gypse, apparaît en précédent un Tortonien inférieur marneux ; dans la
d'innombrables pointements qui jalonnent les nappé prérifaine, le Tortonien inférieur marneux
moindres accidents tectoniques. Le Lias calcaréo- succède directement à l'Eocène. Ultérieurement aux
dolomitique se présente en affleurements de tailles dernières phases tectoniques importantes (Tortonien
modestes et toujours très discontinus, constituant moyen) s'est déposé le Tortonien supérieur
dans le paysage des alignements escarpés dénommés transgressif, généralement détritique à la base (grés et
« sofs », le Lias inférieur marno-calcaire est peu conglomérats) puis marneux (épaisse série des
développé. Les Jurassique moyen et supérieur sont marnes bleues]. Des formations gréso-sableuses
schisto-gréseux. Le Crétacé inférieur est marneux et marquent la régression de la mer à la fin du Tertiaire.
souvent gypsi-fère, le Cénomanien et le Crétacé Des dépôts de cailloutis, assez fréquents et parfois
supérieur sont marneux, plus ou moins armés de épais dans la zone occidentale, sont attribués au Plio-
minces assises calcaires. L'Eocène est réduit et se villafranchien continental. Les formations dunaires
trouve sous forme de marnes et calcaires marneux du littoral atlantique et six niveaux de terrasses
parfois détritiques, blancs, à silex. Dans les dans les vallées des grands oueds se rapportent au
synclinaux de la nappe d'Ouezzane (nappe de Villafranchien et au Quaternaire.
charriage provenant d'une
ZONE
S
400 500 600 700
AL HOCEIMA
AXIALE
KO
LARACHE
O. LAO
_ RIFAINE
UK
MEKHASENE
O.
LO
O.
is
O. NEKOR
Rh
LO
UK
E
O. RT
KO
KE
O.
S
- BRADERE - BAS
r
ARBAOUA ou
ud
Ao ASLEF
ASJENE
O.
ï
oula
BOU AGBA
iar
OUEZZANE
Aoud
O. A
zez
BOURED
O.
O. MDA
O. A m
o;
Tafrant
ine
O. Sra
TAHAR SOUK ou
Tn
M'jara fal
AT
O. As AKNOUL
O.
UE
RHAFSAI
RD
TAFRANT Rhafsai Asfalou
IQ
la
O.
MJARA
Sahe
OURTZAGH Pnt du Bab Ouender
NT
ARB
RHARB O. TAOUNATE
Sker BAB_ OUENDER
TAÏNESTE
H I
LA
KENICHET U
BO
- R
N
OUERRHA
SEROU I
EA
MOYEN 6 000 ha
Mechra AVAL AMONT Si Abbou N
BE
Si Abdelaziz
OC
KARIA
BA MOHAMED 7 300 ha 4 800 ha
ne
el Haje
RA
LEBENE
be
INAOUENE
AZIB
Le
PONT DU SEBOU 3 400 ha
O.
O. U AVAL D'ARABAT AMONT D'ARABAT
SEBO
MO
SOLTANE
KENITRA* TISSA
1 600 ha 34 000 ha O. Msoun
MA
YA
Dar GUERCIF
PERIMETRE IR-
SIDI - KACEM Touahar
OU
RIGUE DE SIDI- El Arsa
KES
Arobat
IN
NE TAZA
OUE
UL
SLIMANE
O. BETH
. INA
M
SS
O. MIK
MO
30 000 ha
DO
_ MIKKES
O. R
ED
BA
1 500 ha
TOUABA
OU
RABAT EL KANSARA Si Bouchkalat
IFAIN OU
Barrage existant MOULAY IDRISS
FES UL
RR LO
IR SU S L
LO LA ME
Zone rifaine
COU Si Youb AT OU
ED
S ET
Zone prérifaine FE
MEKNES S-
Rides prérifaines KNE SEFROU
L
KHEMISSET E OU
EM
ZL
O.
UD
Station de mesures hydrologiques N Aïn Timerdine
EA YE
Limite de bassin versant hydrologique AT IMOZZER
MO
PL EL HAJEB DU KANDAR M'dez
Limite de sous bassin versant hydrologique
FIG. 38
ZONE PRERIFAINE 83
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE RIFAIN 3 - ZONE PRERIFAINE (est)
TISSA 15.3 5.0 18.2 6.5 21.0 8.4 24.2 10.8 27.9 13.1 33.9 16.8 39.6 20.0 39.6 20.1 34.4 18.0 27.4 13.3 21.6 6.7 16.6 5.6 26.6 12.2
TISSA 10.2 12.4 14.7 17.5 20.5 25.4 29.8 29.8 26.2 20.4 15.2 11.1 19.4 390 - 21,4 DB '4 sb'4 520
FIG. 39
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE RIFAIN 3 - ZONE PRERIFAINE (ouest)
KARIA BA MOHAMED 16.0 5.4 19.0 6.5 22.0 8.6 24.1 9.7 27.3 12.9 32.0 16.2 37.1 19.1 37.6 19.2 32.8 17.0 26.4 13.6 21.2 9.4 16.9 5.8 26.0 12.0
KARIA BA MOHAMED 10.7 12.8 15.3 16.9 20.2 24.1 28.1 28.4 24.9 20.0 15.3 11.4 19.0 390 - 18,2 C, B ' 3 sb' 4 530
FIG. 40
34 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE
(Tableaux des fig. 39 et 40)
La lalitude, l'altitude et l'exposition des massifs le nombre de jours de pluie est compris entre 80
montagneux jouent des rôles prépondérants dans par an en montagne et 50 par an dans les secteurs
la distribution des pluies sur la zone prérifaine. bas de la partie orientale. L'enneigement dure 2 à 3
Les massifs montagneux septentrionaux et centraux, mois au-dessus de l'altitude de 2 000 m ; il est rare au-
d'altitude élevée et aux versants exposés vers dessous de 1500 m, mais les chutes de neige sont
l'Atlantique reçoivent plus d'un mètre d e pluie habituelles au-dessus de 1000 m.
par an, alors que les collines prérifaines, moins Les tableaux précédents donnent les valeurs
h a u t e s e t p l u s mé r i d i o n a l e s n e r e ço i v e n t q u e moyennes des températures maximales et minimales
600 mm. La partie orientale de la zone prérifaine, mensuelles en quelques stations. L'amplitude
aux versants exposés vers l'E est, mis à part les thermique extrême moyenne se situe dans toute la
massifs élevés, encore moins favorisée puisque la zone prérifaine entre 30 et 32°5 ce qui correspond à
moyenne pluviométrique annuelle chute au- un climat semi-continental.
dessous de 500 mm.
Les données sur l'évaporation sont rares et
La distribution saisonnière des précipitations est médiocres ; quelques séries de mesures au Piche
semblable d'un bout à l'autre du Prérif. Un existent à Ourtzagh et Touahar sans que l'on sache
maximum très accentué se situe en novembre- très bien les rapporter aux évaporations réelles sur
décembre-janvier ; février et mars marquent un palier de grandes surfaces libres. En minorant de 20 % les
un peu moins abondant ; juin-juillet-août et valeurs brutes mesurées au Piche, on obtient les
septembre sont des mois très secs, le minimum se valeurs mensuelles suivantes de l'évaporation en
plaçant d'une manière générale en juillet. Dans millimètres.
toute cette zone,
mois J F M A M J J A S O N D ANNEE
stations
TOUAHAR .... 60,5 75,6 106,3 111,3 136,0 224,9 292,9 290,5 180,3 127,5 96,9 59,8 1 762,5
OURTZAGH . . . . 56,8 67,2 87,2 98,4 158,4 180,0 245,6 257,6 192,0 136,0 67,2 54,4 1 600,8
Les évapotranspirations réelles annuelles ont été semble que l'on puisse retenir les valeurs
calculées pour les quelques stations où l'on dispose Thornthwaite.
à la fois de mesures thermométriques et pluviomé-
triques. Il apparaît systématiquement dans la zone Du point de vue bioclimatique, la partie
prérifaine que les résultats obtenus à partir de la montagneuse de la zone prérifaine se situe dans
formule de Turc sont très supérieurs à ceux calculés l'étage sub-humide à hiver tempéré ; les collines
par la formule de Thornthwaite. Compte tenu des atlantiques sont dans l'étage semi-aride à hiver
valeurs élevées des coefficients d'écoulement tempéré alors que les collines du versant
obtenus dans cette zone par l'analyse méditerranéen se classent dans l'étage semi-aride à
hydrologique, il hiver frais.
HYDROLOGIE
A l'Ouest, le bassin versant du Loukkos et de les apports des plateaux calcaires qui prolongent
ses affluents (3 750 km2 de superficie) dont le Moyen Atlas vers le N.
l'hydrologie est étudiée au chapitre I.4 (Bas- Au centre-est l'Inaouène et le Lebène s'aliman-
Loukkos), tent dans les collines marneuses de la zone préri-
Au centre-ouest et au centre, le sous-bassin de faine.
l'Ouerrha (7 300 km 2 de superficie), principal A l'E, le M'Soun qui prend naissance dans la
affluent rive droite du Sebou ; l'Ouerrha auquel on zone rifaine traverse ensuite la zone prérifaine avant
peut ajouter le petit bassin côtier du M'Da (360 km2) de rejoindre le grand fleuve méditerranéen qu'est
et le R'Dat affluent du Sebou à l'aval de la confluence la Moulouya.
Sebou-Ouerrha (1 160 km2) collectent les torrents
rifains dévalant du N vers le S. Enfin au NE une petite partie des zones rifaines
et prérifaines constitue le haut bassin de l'oued
Au centre-sud le Sebou mo yen, entre les Kerte qui sera examiné en détail dans le
confluents de l'Ouerrha et de l'Inaouène draine les chapitre II-6.
collines marneuses de la zone prérifaine et reçoit
Le sous-bassin versant de l'Ouerrha possède spécifique par km2 de bassin. Tous ces chiffres
environ 7 300 km 2 de superficie au confluent caractérisent l'abondance de la rivière ; l'évolution
avec le Sebou ; en ce point, la superficie du bassin des apports de l'Ouerrha de l'amont vers l'aval,
Sebou-Ouerrha est de 24 000 km2. Dépourvu d'affluent exprimée en modules moyens annuels pour la
rive gauche, l'Ouerrha possède une très forte période 1932-63, est représentée sur la fig. 41. Les
densité d'affluents rive droite qui drainent le versant variations interannuelles du débit moyen par
méridional du Rif. L'irrégularité des précipitations rapport au module de la période 1932-63 sont en
et l'absence de réservoir souterrain perméable de étroite concordance avec la pluviosité annuelle pour
quelque envergure entraînent une irrégularité toutes les stations ; l'analyse des débits moyens
confirme bien le caractère pluvial du régime de
extrême de ces oueds qui, énormes pendant les
l'Ouerrha.
crues d'hiver, sont pratiquement à sec en été. En
outre, une autre caractéristique de la rivière, due
à l'agressivité envers les sols marneux des hauts-
bassins des torrents qui l'alimentent, est la saleté
BAB OUENDER
des eaux qui sont toujours très chargées en 0
Longueur du fleuve Ouerrha
sédiments fins. . O
.S
RA
O
Les mesures hydrologiques systématiques 50 .S 10
.5
AH
réalisées en des stations fixes débutèrent en 1932-33 O
.A EL 18.1
M 9.
à M'Jara sur le cours moyen de l'Ouerrha et à Keni- O
.A
ZE 4
Z
chet près du confluent Sebou-Ouerrha. Entre 1950 100 O
UL 11
.5
AÏ
et 1953 furent équipées les stations de Ourtzagh O
.A 14
O .5
et Bab-Ouender sur l'Ouerrha, de Tafrant sur l'Aou- O UD
150 .A O
dour, de Rhafsai sur l'Aoulaï et de Pont du Sker sur O UR OURTZAGH
UD
le Sra. La station de Kenichet qui avait cessé de IA 16
.5
64
R
6.
fonctionner en 1941 a été remise en service en 1967 ; 5
200 4.0
les autres stations ont pratiquement fonctionné sans M'JARA
interruption importante depuis leur mise en place et 86.5
les résultais sont très généralement bons. De ce fait 250
on a pu procéder à des corrélations qui ont permis
de reconstituer pour chaque station une série
complète de débits mensuels pour la période 1932-63. 300
CONFLUENCE OUERRHA -SEBOU
324
Le module moyen annuel pour la période 1932-63
ainsi que les débits moyens annuels des années
les plus sèches et les plus humides sont consignés
dans le tableau suivant ; on y a joint le débit F IG. 41 — Evolution de l'abondance de l'Ouerrha, le long
de son cours (débits moyens annuels de la
période 1932-1963) en m3/s fictifs continus
BASSIN Débits moyens annuels (m3 /s)
Altitude Pluviométrie Coefficient Débit Période
Superficie
OUED ET STATION moyenne moyenne Max. Min. Module de spécifique de
km2
NGM mm ruissellement 1/s/km2 référence
OUERRHA
SRA à Pont du Sker .. 1 100 485 1390 28,8 0,8 10,5 0,49 21,6 1932-63
AOULAI à Rhafsaï ___ 700 775 1 150 38,8 1,2 13,9 0,49 17,9 »
AOUDOUR à Tafrant .. 540 1040 1 180 45,3 1,4 16,2 0,42 15,7 »
OUERRHA à Bab-Ouen- 1 125 1755 968 52,3 1,6 18,1 0,32 10,3 »
der ....................................
OUERRHA à Ourtzagh . 840 1 400 1074 191,2 5,8 64,0 0,45 14,6 »
OUERRHA à M'Jara .. 750 6 180 1 065 252,0 7,8 86,5 0,41 14,0 »
SEBOU
LEBENE à Tissa ............ 630 800 836 18,6 0,7 7,1 0,34 9,0 1932-63
INAOUENE à Touaba .. 720 3 320 830 50,5 2,5 17,6 0,20 5,3 »
SEBOU à Pont du Sebou 1 020 13 000 730 134,6 18,1 62,7 0,21 4,8 »
SEBOU à Azib-Soltane . 940 16 275 685 156,9 20,0 69,5 0,20 4,3 »
MOULOUYA
M'SOUN à Pont du Sak- 1 800 533 3,9 0,26 1,83 0,06 1,02 1952-66
ka ...................................
Les débits d'étiage sont généralement mal connus des prélèvements pour irrigation effectués par les
en raison d'une part des difficultés de mesure dues riverains. La valeur du débit caractéristique
à l'existence de nombreux petits chenaux dans les d'étiage (débit non dépassé 10 jours par an) fournit
lits mineurs et d'autre pari de la méconnaissance une valeur par défaut des étiages.
L'Ouerrha est une rivière redoutable par la crue dont l'apport a été évalué à 925 millions de
violence et l'importance de ses crues qui mètres cubes, soit 1/3 de celui de 1962-63. Les
provoquent des inondations catastrophiques à l'aval, fréquences des débits maxima de crues sur l'Ouer-
dans la plaine du Rharb. La plus forte crue connue rha font l'objet du tableau suivant. En outre, le
est celle de décembre 1962 à janvier 1963 qui en une laminage partiel des crues de l'Ouerrha entra
vingtaine de jours a apporté 2 760 millions de M'Jara et le confluent Sebou-Ouerrha a été étudié
mètres cubes au droit de la station de M'Jara (Projet Sebou - 1968) ; l'atténuation des forts débits
(soit la valeur du module moyen annuel de la de crues est un phénomène certain au-dessus de
période 1932-63) ; la pointe de cette crue a été 1 800 m3/s en raison des débordements qui se pro-
estimée à 5 620 m 3 /s. Sa période de retour serait duisent alors dans la vallée ; au-dessous le
de 15 ans et sa fréquence 7 %. Mais on a phénomène inverse prédomine. Il faut ajouter que
également observé à M'Jara en décembre 1950 des crues encore plus importantes que celles de 1963
une pointe de crue de 7 950 m3/s correspondant à viennent de se produire en janvier 1970.
une fréquence de 2%,
1000 100 10 1
BAB-OUENDER ...........................
3 600 10 2 200 6 1 100 3 360
OURTZAGH
000 14 800 9 900 1500 1
M'JARA .......................................
000 200 5.000 800
Les transports solides moyens annuels calculés des apports annuels de respectivement 570, 2 075,
sur une période d e 30 ans se situent auto ur de 2 720 millions de m3. Les crues amènent la quasi
(en millions de tonnes) : 6,3 à Bab-Ouender, 14,7 totalité des sédiments fins qui constituent ces trans-
à l'Ourizagh, 15,2 à M'Jara, ce qui correspond à ports.
Le sous-bassin du M'Da (superficie 360 km2 ) est par an ; les débits maxima et les volumes des crues
un petit bassin côtier équipé depuis peu de deux sont inconnus.
stations hydrométriques : l'une dans la plaine du
Le sous-bassin constitué par le R'Dat et son affluent
Rharb, l'autre en amo nt (super ficie d u bassin :
le Tnine a une superficie de 1 160 km 2 et une
25 km 2 ) implantée au niveau d'un bassin
expérimental de mesure de l'érosion. Ces stations altitude moyenne de 170 m. Une station hydro-
fonctionnent depuis 1967 et ne fournissent pas métrique a été implantée en 1966-67. On admet par
encore de résultats susceptibles d'être corrélation, comme pour le M'Da, que le module
extrapolés. On admet, par corrélation, que le moyen annuel est de 10,3 m 3 /s (soit 8,8 1/s/km 2 ).
module mo yen annuel des apports du M'Da est de Les étiages sont pratiquement secs un ou deux mois
3,0 m3/s fictifs continus, correspondant à un débit par an et les débits et volumes de crues sont
spécifique de 8,3 1/s/km2. Les étiages sont secs inconnus.
plusieurs mois
Deux stations de mesures fonctionnent sur possède un caractère torrentiel beaucoup moins
l'Iinaouène à Touaba et sur son principal affluent marqué ; le nom de Lebène (petit lait) du principal
le Lebène. Elles ont été mises en service toutes affluent rappelle la forte charge des eaux en
deux en 1960, mais les débits moyens mensuels ont sédiments en suspension.
été reconstitués par corrélation pour la période
Les modules moyens annuels figurent sur le
1932-63. L'altitude du bassin versant de ces deux
oueds varie entre les cotes 1 700 et 190 m, s'établis- tableau récapitulatif précédent. Les débits
sant en moyenne à 630 m pour le Lebène et 720 m caractéristiques d'étiage sont de 0,15 m3 /s pour le
pour l'inaouène ; l'altitude est donc inférieure en Lebène à Tissa et de 1,7 m 3 /s pour l'Inaouène à
général à celles des sous-bassins de l'Ouerrha. La Touaba ; les débits caractéristiques maxima sont
pluviométrie est également plus faible que dans le respectivement de 48,5 et 110 m 3 /s à Tissa et
sous-bassin de l'Ouerrha. Ces facteurs essentiels, Touaba.
joints à des caractéristiques climatiques plus arides,
expliquent que le groupe Inaouène-Lebène (5 200 Les débits maxima instantanés des périodes de
km 2 au confluent avec le Sebou) ait des apports retour : 1 000, 100, 10 et 1 ans sont de 1 900, 1200,
au km2 inférieurs à ceux du groupe Ouerrha, et 600, 170 m 3 /s pour le Lebène à Tissa et de 2 500,
1 400, 660, 180 m3/s pour l'Inaouène à Touaba.
L'oued Sebou peut être décomposé en Haut-Sebou, l'inaouène et de l'Ouerrha (une fois ces sous-bassins
depuis la source jusqu'au confluent de l'inaouène, déduits, ainsi que celui du Haut-Sebou). Le module
en Moyen-Sebou entre les confluents de l'inaouène moyen annuel des apports propres au Moyen-Sebou
et de l'Ouerrha et en Bas-Sebou pour le cours aval. n'est que de 6 % des apports totaux à la confluence
Le Haut-Sebou (surface du bassin versant 6 000 km2) Sebou-Ouerrha pour 15 % de superficie drainée.
sera étudié en détail avec le Causse Moyen- De fait la rivière ne bénéficie dans cette partie de
son cours que d'apports peu abondants en
atlasique, le Bas-Sebou est traité dans le chapitre
provenance de quelques petits affluents tels le
Rharb-Mamora ; ces deux chapitres font Mikkès et le Zegota en rive gauche et le Chabel
respectivement partie des tomes 3 et 2 de « en rive droite ; les collines marneuses peu élevées
Ressources en eau du Maroc s. et aux reliefs très doux qui constituent cette
Le Moyen-Sebou draine un peu moins de 6 000 partie du bassin ont un coefficient d'écoulement
km2 de bassin versant entre les confluents de étonnement faible.
ZONE PRERIFAINE 89
Deux stations hydrométriques fonctionnent depuis effectués à l'amont, sur le Sebou et ses affluents. La
1932 en cette partie du bassin sur le cours du Sebou, valeur des prélèvements est très mal connue, ce
à Pont du Sebou et Azib-Soltane (précédée par une qui ne permet pas de reconstituer des débits natu-
station qui fonctionna quelques années un peu à rels. Les débits caractéristiques maxima sont
l'aval, à Sidi-Abd-el-Aziz). Une station a été mise en respectivement de 258 à 300 m3 /s à Pont du Sebou et
service en 1967 sur le principal affluent de la rive Azib-Soltane. Les débits maxima instantanés des
gauche : le Mikkès. périodes de retour 1 000, 100, 10 et 1 ans sont à Azib-
Les étiages du Sebou sont soutenus par les Soltane de 5 500, 3 400, 1 600 et 500 m3/s, ils sont
sources des calcaires du Moyen Atlas ; les débits trois fois plus faibles que les mêmes débits de
caractéristiques d'étiage sont de 10 et 12 m3/s à Pont l'Ouerrha à M'Jara, bien que la superficie du bassin
du Sebou et Azib-Soltane et ces débits ne tiennent pas versant du Sebou soit le double de celle de l'Ouerrha
compte de fous les prélèvements pour irrigation aux stations considérées.
L'écoulement de ce sous-bassin est contrôlé par 4 à 5 fois plus faible que pour les sous-bassins de
la station hydrologique de Pont du Sakka, station l'Inaouène et du Moyen-Sebou, et 10 à 15 fois plus
en service permanent depuis 1959. Cette station faible que pour le sous-bassin de l'Ouerrha. Les
implantée dans le cours inférieur du M'Soun est étiages du M'Soun sont extrêmement sévères et les
située à l'aval de nombreuses prises pour irrigation périodes à débit nul sont fréquentes, pouvant se
de sorte que le contrôle des débits réels est prolonger deux à trois mois consécutifs. Le débit
mauvais, principalement en ce qui concerne les caractéristique d'étiage à Pont du Sakka est de
0,02 m3/s.
faibles débits ; une série de débits mensuels pour la
période 1952-66 a pu être reconstituée par Le débit caractéristique maximum est de 15,75
corrélation avec la station de Dar-El-Caïd sur la m3 /s. A Pont du Sakka, 80 crues ont été observées
Moulouya. en huit ans ; les débits instantanés étaient compris
entre 10 et 300 m 3 /s. Les débits instantanés de
Les débits moyens annuels du M'Soun sont très fréquence 1 000, 100, 10 et 1 ans sont respectivement
inférieurs aux débits des affluents des bassins de 2 600, 1 250, 420 et 70 m3/s.
versants occidentaux du Rif. Le débit spécifique
est
OUVRAGES PRINCIPAUX
145 1430 560 0,87 45 000
A.RABAT ....................................... Inaouène Marno- Poids évidé
calcaires 65,0 435
+ dérivation du ....................... Sebou Galerie ? 1430 919 - 70 000
(hypothèse Marnes Ø = 10 m 2 l o n g . =
1) 16 km
Caractéristiques des ouvrages de régularisation projetés sur les rivières de la zone prérifaine
ZONE PRERIFAINE 91
Les trois groupes de solutions comprennent 1969 les travaux de construction de cet ouvrage
l'exécution en tous les cas du barrage d'Arabat. qui est dimensionné pour recevoir les eaux de la
Sa Majesté le Roi Hassan II a inauguré au galerie de dérivation Sebou-Inaouène.
printemps
La zone d'étude expérimentale couvre le bassin geurs Parshall), micro-bassins (canaux calibrés) et
versant du Haut-M'Da, d'une superficie de 2 430 ha parcelles (cuves réceptives).
à la station fixe de mesure (pont de la route Le transport solide en suspension est mesuré aux
principale n° 23 de Ouezzane à Souk-El-Arba du mêmes lieux par des prises en bouteilles à col
Rharb); on a isolé dans cette zone trois sous- large, sauf au niveau des parcelles et du champ où
bassins de 100 ha chacun environ, ces sous- des cuves réceptrices situées à l'aval d'une
bassins contrôlant des micro-bassins de 1 à 50 ha gouttière collectrice retiennent la totalité du
chacun dans lesquels sont surveillés des parcelles et ruissellement. Les charriages de fond sont
un champ expérimental. recueillis dans des fosses à sédiments disposées à
Une méthode d'étude combinant des mesures de l'aval des sous-bassins et micro-bassins.
débits solides, une analyse factorielle des Le bassin expérimental comporte en outre une
caractéristiques des bassins versants et une station climatique très complète dotée
expérimentation sur un bassin type a été mise au d'enregistreurs, ainsi que de 15 pluviomètres et 4
point par les experts du Projet Sebou (FAO - pluvio-graphes correctement répartis.
Gouvernement marocain).
Le bassin expérimental fonctionne depuis
L'étude des débits solides a été menée
septembre 1966 et les résultats exposés ci-dessous ne
statistiquement à partir des données recueillies en
portent que sur les deux campagnes d'observation:
13 stations de mesures, ce qui a permis de chiffrer la
1966-67 et 1967-68 ; ils demandent à être contrôlés
dégradation spécifique de chacun des sous-bassins
par les campagnes ultérieures. En effet, 1966-67
versants, sans localiser l'origine et la cause de
fui une année très sèche du point de vue
l'érosion.
pluviosité, alors que 1967-68 est voisine de la
La formule de Wischmeïer (Service américain de moyenne ; il reste maintenant à observer les
conservation des sols) permet de calculer la perte résultats d'une année humide. Pour 1967-68, le
en ferre par décapage, d'un champ en fonction de débit solide au pont du M'Da atteint 6 900 tonnes (6
l'agressivité de la pluie, de la pente et de la 000 en suspension et 900 en charriage) soit une
longueur du versant, de la nature du sol et des dégradation spécifique en terre de 247
cultures et pratiques culturales. Cette formule a été tonnes/km 2 /an ; les apports en suspension
utilisés en estimant les différents facteurs en fonction proviennent (ordres de grandeur) :
de l'expérience déjà acquise en Tunisie ; d'autre part, érosion des versants ......................... 2%
l'analyse séparée des différents facteurs de érosion torrentielle .............................. 28 %
l'érosion a été conduite isolément pour chacun érosion des badlands ...................... 60 %
d'entre eux par une cartographie au 1/100 000. érosion des berges de la rivière M'Da 10 %
L'expérimentation est conduite en une station On remarque que l'érosion des badlands qui ne
fixe de mesure et de lutte contre l'érosion couvrent q ue 1 % de la super ficie du bassin,
permettant d'observer in situ les phénomènes, et en apporte la majeure partie des sédiments transportés
un dispositif mobile d'étude d'érosion sous pluie par la rivière. En revanche, l'érosion par
simulée qui doit permettre d'extrapoler les ruissellement sur les versants est minime (2 %).
données de la station fixe dans l'espace et dans le
Parallèlement aux observations, des calculs ont
temps. La station fixe a été choisie dans une zone où
été effectués pour les années de mesure, par les
existent plusieurs sous-bassins versants d'environ
formules théoriques de Fournier et Wischmeïer.
100 ha chacun, possédant une lithologie uniforme
Les résultais de ces calculs sont très discordants
faite soit de marnes pour les uns, soit de marnes
par rapport à ceux des observations, et des
armées de bancs de grès ou de calcaires pour les
recherches sont en cours pour déterminer une
autres. La région possède une pluviosité moyenne
équation de corrélation à l'échelle régionale entre
annuelle élevée (900 mm), un couvert végétal
l'érosion, la pluviosité et la surface du bassin
uniforme et des caractéristiques physiques
considéré. Des recherches quantitatives doivent
représentatives du Prérif en général.
être entreprises sur les procédés de lutte anti-
Le ruissellement est mesuré à la station fixe érosive concernant en particulier le remodelage
contrôlant le bassin (limnigraphe et jaugeages au des versants et la défense biologique par le choix
moulinet), aux limites aval des sous-bassins (jau- des assolements culturaux.
92 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
HYDROGEOLOGIE
Les niveaux géologiques susceptibles de jouer • Le Quaternaire graveleux des fonds de vallées
le rôle de réservoirs aquifères de quelque d'oueds et des terrasses est susceptible d'être le
importance sont peu nombreux dans le Prérif. Ce siège de sous-écoulements intéressants.
sont :
Les formations antérieures à la dernière phase
• Le Lias calcaréo-dolomitique, perméable en grand orogénique importante du Rif sont fréquemment
mais toujours présent sous forme très compartimentées, et constituent des réservoirs
d'affleurements de superficie très modeste. de très petite taille. Les formations postérieures ne
sont pas non plus très étendues et ne constituent
• Les formations post-Eocène (Oligocène ?) de la que des réserves modestes. La zone prérifaine ne
série supérieure marno-gréseuse appartenant à possède donc que de petits réservoirs isolés et
la nappe d'Ouezzane (épaisseur parfois supé- sans lien entre eux ; la recherche d'eau en quantité
rieure à 100 m) dans les synclinaux pas trop suffisante pour alimenter des agglomérations en
tectonisés. particulier, pose des problèmes difficiles et qui
• Le Tortonien inférieur transgressif gréseux et deviennent insolubles à l'heure actuelle à partir
sableux pouvant atteindre plusieurs dizaines de des eaux souterraines. Le captage des rivières au
mètres de puissance et parfois disposé en grands fil de l'eau ne peut que rarement être envisagé en
synclinaux propices à l'accumulation de réser- remplacement car la plupart des oueds s'assèchent
ves d'eau. en été ou débitent des eaux salées ; l'édification
d'ouvrages de retenue se heurte de même
• Le Miocène supérieur - Pliocène, sableux et
fréquemment à des impossibilités liées aux
gréseux ; souvent présent sous forme de placa-
multitudes d'injections salifères et gypseuses au droit
ges peu épais, il constitue néanmoins de petites
des sites d'ouvrages. Les problèmes d'aménagement
accumulations.
des eaux dans la zone prérifaine sont toujours
• Le Plio-Villafranchien continental caillouteux difficiles et se présentent chaque fois sous des
de la zone occidentale est un réservoir particu- formes spécifiques ; c'est aussi sous forme de cas
lièrement intéressant lorsqu'il remplit les fonds significatifs que seront présentés les principaux
de synclinaux. d'entre eux.
Les écailles de calcaires jurassiques sont formation y affleurent sur une superficie d'environ
toujours de taille très modeste dans la zone 25 km 2 ; 47 sources y ont été recensées, débitant
prérifaine; elles sont d'ailleurs peu nombreuses et entre 0,05 et 5 1/s, produisant un total de 25 1/s à
essentiellement situées dans la partie sud. N'ayant l'étiage.
aucune liaison directe avec un réservoir
profond, ces écailles emmagasinent de petites Les affleurements jurassiques deviennent
quantités d'eau de pluie qu'elles restituent par beaucoup plus nombreux et plus étendus dans la
des sources. région de Taounate, Tahar-Souk, Taïneste en
L'une des écailles parmi les plus importantes bordure nord de la zone prérifaine, mais cette
est le jbel Zalagh qui domine Fès au N. Le région appartient à la zone rifaine.
Jurassique (calcaires du Lias) et les éboulis de
cette
480
O
.A
YA
DA
Limons et cailloutis
O. ZEZ
Quaternaire
Marnes
Miocène
Failles 470
0 5 km
que le centre du synclinal est recouvert de Miocène nombre de petites sources débitant une eau très
marneux. La topographie accuse la forme en cuvette douce (100 à 600 mg/1 de résidu sec à 180°G) au
puisque les bordures gréseuses culminent à 500-600 faciès bicarbonaté-calcique, ont été inventoriées
mètres en moyenne à l'E et 400 à 500 m à l'W, alors sur les bordures internes et externes ainsi qu'au
q ue le fo nd d u s yn c li n a l se si t ue ver s l a co te centre du synclinal ; ces sources sont pérennes, du
270 m. Dans ce secteur, la pluviosité moyenne moins pour les plus basses en altitude. Les
annuelle est de 885 mm (station de Ouezzane, formations gréso-marneuses oligocènes contiennent
période 1933-63). donc une nappe bien que l'alternance de bancs
gréseux durs et de marnes schisteuses ne paraisse
Du point de vue hydrogéologique, un certain pas à priori constituer un aquifère de grande
qualité.
94 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Les caractéristiques du réservoir ont été testées des sources du centre du synclinal pour les évacuer
en 1966 grâce à un sondage d'exploitation en gros vers l'W, l'autre est souterrain et chemine ver s
diamètre implanté au cœur du synclinal ; un piézo- le S grâce à un système de failles, pour alimenter
mètre avait été foré en reconnaissance et se situait les sources qui se situent autour du village d'Asjène.
à 77,5 m du forage principal. La coupe géologique Le débit total des sources est, en étiage, de l'ordre
est sommairement la suivante : de 10 1/s et cette eau est totalement utilisée pour
— de 0 à 24 m : Marnes schisteuses avec fines l'irrigation d'oliviers ou de jardins et pour
passées gréseuses à la base (Miocène) ; l'alimentation des hommes et des troupeaux ;
les sources les plus importantes font l'objet de
— de 24 à 101,7 m : Grès consolidés, durs, en alter- droits d'eau officiels et il ne pourrait être question de
nances avec des bancs marneux plus ou moins voir diminuer leur débit à cause d'une
fréquents selon les passes (Oligocène). exploitation située en amont, sans compenser
Au cours du forage du piézomètre on s'est aperçu cette perte par des apports provenant des
que l'eau était mise en charge dans les grès par forages.
les marnes miocènes ; au fur et à mesure de En raison de l'absence de terres à irriguer au
l'approfondissement du sondage, des venues cœur du synclinal, mises à part celles déjà irriguées
artésiennes de plus en plus abondantes pouvaient par de petites sources, on avait pensé utiliser une
s'observer, jusqu'à fournir un débit jaillissant de 5 partie des eaux emmagasinées dans le synclinal
1/s en fin de travaux. En revanche, la so urce pour couvrir les pointes de consommation en eau
Aïn-Taouad (1 1/s) située au fond du synclinal à alimentaire de la ville d'Ouezzane distante de 15 km.
proximité des ouvrages vo yait son débit Un débit minimum continu de 12 1/s pendant 100
diminuer peu à peu alors qu'on laissait débiter le jours par an, de juin à septembre, devait pouvoir
forage, ce qui confirmait son alimentation à partir être assuré de façon à justifier l'investissement en
des grès oligocènes grâce à une faille qui avait conduite et stations de relèvement et de pompage.
d'ailleurs été soupçonnée auparavant. L'eau de la L'exhaure correspondait donc à 100 000 m 3 /an, soit
source et celle des grès était de composition le double du volume extrait au cours des essais
identique, et leurs températures étaient les mêmes : rapportés ci-dessus ; l'infiltration de la pluie ne
20,5°C. permet pas de recharger le réservoir d'une année
Des essais de pompage furent alors entrepris sur l'autre puisque pour infiltrer 50 000 m3 il avait
dans le forage pour évaluer la capacité du fallu près de 70 % de la pluviométrie moyenne
synclinal que l'on comptait utiliser éventuellement annuelle. La réserve aurait alors baissé d'année
pour l'alimentation en eau potable, en été, de la ville en année, ce qui entraînait inévitablement une
d'Ouezzane. Des débits instantanés importants (20 baisse du débit des sources situées à l'aval. Dans
à 40 1/s) peuvent être extraits pendant les premiers ces conditions, le projet a été abandonné, il n'en
jours de pompage, alors que la perméabilité demeure pas moins qu'un volume d'eau annuel de
horizontale de la série gréseuse s'avérait bonne, 50 000 m3 environ peut être prélevé sans dommage
voisinant 5.10- 4 m/s ; cependant les essais au cœur du synclinal ; des investissements
successifs à paliers constants de 20 puis 12 1/s qui importants devront toutefois être consentis en
se succédèrent pendant plus d'un mois montrèrent équipement (conduites et stations) et en
que l'évolution du rabattement en fonction du fonctionnement (stations d'exhaure) pour utiliser
temps était parfaitement linéaire, ce qui prouvait cette eau.
comme on s'y attendait que l'on vidait un
réservoir fermé et non réalimenté. En fin LE SYNCLINAL DU JBEL BOU-HELLAL
d'essais, alors qu'un volume de 50 000 m 3 d'eau ET L'ALIMENTATION EN EAU DE LA VILLE
avait été extrait, il demeurait effectivement un
rabattement résiduel de 2 m dans le forage, alors D'OUEZZANE
que la source la plus proche était tarie. Les La ville d'Ouezzane est bâtie sur le flanc nord
premières pluies automnales survenant à la fin des du synclinal du jbel Bou-Hellal. Le synclinal d'une
essais, le remplissage naturel du réservoir fui superficie de 25 km 2 environ est constitué, à la
observé ; il fallut attendre 4 mois (pluviométrie de la base par une série schisto-gréseuse pratiquement
période : 600 mm à Ouezzane) pour que s'infiltrent imperméable, sauf vers le haut, sur laquelle repose
vers le centre de la cuvette, les 50 000 m 3 qui une série gréseuse qui est de plus en plus gréseuse,
avaient été prélevés. Le coefficient d'infiltration donc plus perméable au fur et à mesure que l'on
de la pluie est donc de l'ordre de 3 %. s'élève vers le sommet (fig. 43) ; le contact des
Avant les travaux de forage, les sources deux séries est marqué par des sources.
alimentées par la réserve du synclinal avaient été Contrairement au synclinal d'Asjène, le synclinal
inventoriées et jaugées. Les exutoires du synclinal perché du Bou-Hellal est affecté de nombreux
sont au nombre de deux : l'un est l'oued Ayada accidents tectoniques qui l'ont disloqué en nombreux
qui collecte le ruissellement et les eaux non compartiments et en font un réservoir encore moins
utilisées favorable que celui d'Asjène.
ZONE PRERIFAINE 95
La ville d'Ouezzane est une cité d'origine • En 1947, des campagnes de sondages de recon-
ancienne et est actuellement peuplée d 'environ naissance explorèrent les formations gréseuses
25 000 habitants. Jusqu'en 1910 (5 000 habitants du même type que celles du Bou-Hellal
environ) la ville était alimentée en eau potable affleurant autour d'Ouezzane, ainsi que les
grâce à des puits peu profonds et à de longues sous-écoulements des oueds les plus importants
galeries creusées dans le flanc du jbel Bou-Hellal ; (oueds Beheira et Deida). Devant des résultats
il est vraisemblable que déjà des pénuries d'eau négatifs on se tourna à nouveau vers la
étaient ressenties lors des années sèches. Depuis création de réserves d'eau de surface.
1930 la croissance de la ville est régulière et la
pénurie d'eau est devenue chronique ; cette • En 1949, des sondages de reconnaissance sur
situation ne résulte pourtant pas de l'absence l'emplacement d'un nouveau site de barrage sur
d'aménagements ni du défaut de travaux de l'oued Beheira (à 12 km au N de la ville)
recherches de toutes sortes : galeries, puits, découvraient du gypse dans les zones de
forages, barrages, etc. fondation de l'ouvrage. Le projet fut modifié et
l'on exécuta un barrage souterrain en argile,
un drain, une station d'exhaure et les
conduites de refoulement vers Ouezzane,
S.W N.E l'ensemble devant fournir dans une première
J. BOUHELLAL étape 15 1/s en été puis 30 1/s en seconde phase
; or ces installations ne peuvent fournir en fait,
700 faute d'eau, que 1200 m 3 /jour en hiver et
pratiquement rien entre juin et octobre.
600
500 OUEZZANE • Enfin, deux puits à galeries, progressivement
400 améliorés entre 1926 et 1950 et exploitant l'eau
du jbel Bou-Hellal fournissent au total 1000
300 m 3 /jour en hiver et 500 m 3 /jour en été.
200
Au total, la ville d'Ouezzane dispose donc
Grès Flysh marneux actuellement à la production d'environ 1 850 m3/jour
en été d'une année pas trop sèche ce qui, compte
tenu du rendement du réseau de distribution et des
besoins publics, correspond à une fourniture de
FIG. 43 — Ouezzane, coupe géologique schématique du 30 1 par jour et par habitant. Cette fourniture
jbel Bou-Hellal représente la moitié des besoins de la population
actuelle et devrait être portée à 4 800 m3 /j pour
couvrir les besoins dans 30 ans.
En 1968 les réalisations étaient les suivantes :
• Les galeries et puits anciens creusés dans De nouvelles recherches d'eau souterraine ont
la ville sont abandonnés car leurs eaux sont été réalisées dans les petits synclinaux voisins
nettement polluées et les débits sont de toutes d'Ouezzane (à Asjène par exemple) afin de couvrir
façons insignifiants en été. les besoins immédiats ; elles se sont soldées par des
échecs. Désormais il est indispensable d'avoir
• Des galeries, puits et captages de sources recours à des solutions d'envergure ; adduction
réalisés entre 1926 et 1932 dans le jbel Bou- lointaine ou ouvrage d'accumulation important, qui
Hellal sont également abandonnés pour les s'avèrent extrêmement onéreuses (10 à 15 millions
mêmes raisons. de Dh suivant les cas) et maintiendront le prix
de revient des eaux livrées à la ville pa rmi les
• Un petit barrage d'une capacité de 360 000 m 3 , plus hauts du Maroc (1,2 Dh le m3). Une adduction
créé en 1936 à 4 km à l'E d'Ouezzane sur un longue de 40 km et comportant un relèvement des
bassin versant de 10 km 2 , serf de réserve pour eaux de 300 m est actuellement à l'étude, à partir
l'été. La retenue a été débarrassée en 1968 de de pompages dans la nappe d'eau souterraine de
150 000 m3 de dépôts solides accumulés en 30 ans la plaine de Bou-Agba située à l'W d'Ouezzane,
de service. Les installations de pompage et de plaine dont les ressources seront étudiées ci-dessous.
traitement assurent une fourniture de 15 1/s
en été.
96 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
La vallée du Moyen-Ouerrha, entre M'Jara et Bab- de niveaux salifères du Trias. Le sondage suivant,
Ouender présente plusieurs vastes synclinaux situé entre M'Jara et Tafrant fut stoppé à 400 m
constitués de Miocène post-nappe reposant sur les de profondeur, avant d'avoir atteint les grès
terrains essentiellement marneux de la nappe préri- recherchés ; un niveau de marnes sableuses entre
faine. A l'affleurement, le Miocène post-nappe se 220 et 246 m de profondeur produisait un débit
montre nettement gréseux à la base sur quelques artésien jaillissant de 0,3 1/s d'eau douce. Les deux
dizaines de mètres d'épaisseur, puis se poursuit sondages suivants, implantés à Tafrant et à Taounate
vers le haut par une série marneuse épaisse (série ne sortirent pas non plus des marnes bleues aux
des marnes bleues). L'eau douce est rare dans cette profondeurs respectives de 400 et 450 m ; des
zone et l'alimentation des agglomérations telles que éléments gréseux fins étaient rencontrés vers la
Tafrant, Taounate ou Ourtzagh pouvait être base de chacun des forages ce qui a fait émettre
solutionnée par un résultat positif de recherches l'hypothèse de passages latéraux des grès aux
dans les synclinaux. Quatre sondages profonds marnes de l'extérieur vers l'intérieur des
furent exécutés dans cette optique en 1963 ; le synclinaux. Cette hypothèse fut confirmée
premier, implanté près de l'Ourtzagh traversa les
ultérieurement par les importants travaux de
marnes du Tortonien jusqu'à 87 m de profondeur
puis pénétra jusqu'à 250 m de profondeur dans les reconnaissance (galeries et forages) exécutés sur le
grès calcaires du Tortonien inférieur ; ces grès site de barrage de M'Jara. Bien que divers niveaux
contenaient une nappe en charge (niveau aquifères artésiens et parfois jaillissants aient pu
piézométrique à 10 m sous le niveau du sol, débit être mis en évidence, tous peu productifs il est
: 2,5 1/s pour 30 m de rabattement) dont l'eau était vrai, la campagne de sondages a montré que les
malheureusement saumâtre (5 g/1 de Na Cl), grès du Tortonien inférieur ne pouvaient constituer
probablement à la suite de circulation en un aquifère abondant dans les grands synclinaux
profondeur au contact du Moyen-Ouerrha.
Le petit centre de Karia-Sa-Mohamed comprend, représentent une alimentation qui peut être évaluée
avec les douars suburbains, environ 6 000 habitants; entre 10 et 20 1/s fictifs continus. Aux points bas
c'est un lieu de marché très important puisqu'il du contact entre marnes et grès apparaissent cinq
sources pérennes dont le débit total n'atteint pas
réunit alors une dizaine de milliers de chalands et
3 1/s en été, alors qu'il est beaucoup plus
un millier de bêtes. Une huilerie coopérative y important aux autres saisons. Le captage des
fonctionne. Le bourg est situé dans un pays sources à l'aide de puits atteignant l'imperméable
marneux ; cependant s'étend au SW un plateau et situés en amont-écoulement a permis de moduler
gréso-sableux qui est en fait un placage de les prélèvements en jouant sur les réserves de la
Pliocène sur les formations de la nappe prérifaine. nappe, ce qui assure à l'agglomération une
Ce plateau s'incline doucement du SW vers Karia et disponibilité potentielle de 5 à 6 1/s en toutes
se présente en forme de synclinal perché ; sa saisons, lui permettant de suffire à ses besoins jusque
superficie est de 6 km2 et la pluviosité moyenne vers 1973-75; ultérieurement il faudra faire appel
dans se secteur s'élève à 550 mm. Les aux eaux superficielles du Sebou ou de l'Ouerrha.
infiltrations de la pluie
Le petit bassin de Bou-Agba (superficie 100 km2) bords du bassin mais disparaissent au centre de la
a une morphologie en cuvette et repose sur les cuvette sous un recouvrement essentiellement
formations de la nappe prérifaine ; le fond de la limoneux que l'on peut attribuer au Quaternaire
cuvette est tapissé par du Miocène marneux moyen et récent. L'oued M'Da pénètre dans le
postnappe d'âge Tortonien, puis viennent d'épaisses
formations conglomératiques plus ou moins bassin par l'E à Grouna et en ressort au S au seuil de
argileuses ou sableuses, d'âge Villafranchien et Sidi-Bou-Knadel pour pénétrer ensuite dans la
Quaternaire ancien, qui affleurent largement sur plaine du Rharb (fig. 44).
les
ger
455
450
T an
429
475 475
426 492
493
Harrarich
428
Haraïdine
423 506
419 Ou Grouna
ed M'da
497
421 495 496
491
0
Sa
424 480
70
he
549 490
b
470 470
412 489
488
Oued
Olad Triat
80
100
Zo
Si Ahmed 90 ub
ar
Ka
ben Haddou
tan
I 548
0
10
E017
II F013
Olda Riahi
III
110
IV F016 477
321 Si Bouknadel
DAHAR LARBI S1
S3
F09
120
Olad Biayad S2 F08 El Maalem -Raho
V
F015 130 475
M'da
140 317
474
473 El Marja
O.
t
472
ba
Ra
471 465
465
455
450
L'attention des hydrogéologues fut attirée sur semblait en effet en mesure de les fournir. La nappe
ce bassin par les faits suivants : d'une part, des de Bou-Agba se tient dans les galets Villafranchiens
sondages de reconnaissance pétrolière exécutés à qui affleurent sur les bordures de la cuvette et
l'E (sondage GR 1) et au S (sondages FO 8, 9, 13 s'enfouissent au centre sous le Quaternaire argilo-
15, 16, 17) avaient traversé des épaisseurs de plus sableux ; la nappe est libre sur les bordures
de 50 m de formations caillouteuses susceptibles caillouteuses (50 km2 d'affleurements) et en charge
de constituer un réservoir aquifère important et au centre (25 km2 de superficie). L'épaisseur des
continu sous le recouvrement argileux de la plaine. galets est d'une cinquantaine de mètres sur les
D'autre part on notait que l'oued M'Da, sec bordures et de 100 à 200 m au centre ; aucune
plusieurs mois d'été à son entrée à Grouna, mesure de perméabilité ni de coefficient
renaissait à l'aval du seuil de Bou-Knadel avec d'emmagasinement n'est disponible pour effectuer
un débit minimum d'étiage de 60 1/s en provenance le moindre calcul de réserves. Il est de même
probable de la nappe des galets. De fortes impossible d'approcher l'alimentation annuelle qui
présomptions existaient par conséquent sur la est vraisemblablement double : d'une part
présence d'une nappe en charge intéressante sous infiltration d'une fraction de la pluie (700 mm/an)
la plaine de Bou-Agba, le réservoir se trouvant tombant sur les affleurements du Villafranchien,
naturellement fermé à l'aval par une remontée de d'autre part infiltrations à partir de l'oued M'Da à
terrains imperméables (nappe prérifaine et son entrée dans la plaine à Grouna, là où il coule
Miocène marneux) au niveau du seuil de Bou- pendant plusieurs centaines de mètres sur le
Knadel. Une confirmation de ces hypothèses fut Villafranchien. Restent alors à chiffrer les sorties de la
apportée en 1955 par l'exécution de trois forages nappe au seuil de Bou-Knadel d'une part, et par
sur le seuil de Bou-Knadel et par les deux forages drainance au cœur de la plaine d'autre part. Les
548 et 549/8 qui montrèrent l'existence de jaugeages de 1955 à Bou-Knadel ont mesuré 60
l'artésianisme. Deux forages d'exploitation suivirent 1/s en étiage d'une année à pluviosité au-dessous de
en 1959-60. Le premier, 665/8 implanté au NW, la moyenne survenant après une série d'années
rencontrait les niveaux graveleux à 80 m de sèches, ce qui fournit une valeur minimum aux
profondeur sous le Quaternaire argilo-sableux ; il sorties par cette voie. La drainance de la nappe
ne put y pénétrer que de 20 m mais produisit 5,4 1/s profonde vers la surface se traduit par l'existence
jaillissants, le niveau piézométrique s'établissant à 12 de zones marécageuses dans la plaine ; ces eaux
m au-dessus du sol. Le second forage (931/8) situé sont perdues par évaporation mais leur volume ne
au cœur de la zone basse de la plaine rencontrait peut se calculer sans connaître un ordre de
les galets à 145 m de profondeur, puis en grandeur de la perméabilité verticale des argiles
traversait une épaisseur de 154 m avant de pénétrer limoneuses du Quaternaire récent. Finalement, aucun
de 31 m dans le Pliocène marin marno-gréseux ; un recoupement ne permet de chiffrer avec quelque
débit jaillissant de 10 l/s était obtenu aux essais à certitude les volumes susceptibles d'être régularisés
travers des crépines de très petit diamètre. Ces deux par le réservoir de Bou-Agba ; il paraît probable
forages furent mis en exploitation pour l'alimentation que ces volumes se situent entre 3 et 10 millions
en eau potable des douars voisins. de m3 /an. Une campagne de sondages est en cours
pour déterminer les caractéristiques hydrauliques
Les recherches reprirent en 1967 afin d'étudier
qui font défaut (sondages 1548 et 1549/8).
la possibilité d'extraire 100 à 120 1/s du bassin pour
les destiner à l'alimentation en eau de la ville Les eaux de la nappe profonde sont douces
d'Ouezzane distante de 40 km et dépourvue de (moins de 0,5 g/1 de sels totaux), de type
ressources plus proches ; le bassin de Bou-Agba bicarbonaté calcique et ne sont pratiquement pas
utilisées à l'heure actuelle.
D'une manière générale, les underflow des de l'Inaouène et du Lebène (1 à 1,5 g/1 de résidu
différentes rivières de la zone prérifaine sont peu sec à 180°C). Deux cas d'exploitation de nappes
abondants ; les alluvions grossières peu épaisses, d'underflow vont être examinés.
sont souvent colmatées par une gangue argileuse
qui réduit leur transmissivité. En outre, bon Tafrant a été alimentée en eau potable
nombre de rivières coulent sur des affleurements jusqu'en 1949 à partir de petites sources émergeant
salifères (Trias et parfois Crétacé) et sont saumâtres à des formations gréseuses et conglomératiques du
l'étiage, ainsi que les underflow. C'est le cas de Pliocène ; l'eau des sources est très douce (340
l'oued Sra (5,2 g/1 de résidu sec à 180°C) de mg/l de résidu sec) mais les débits (0,3 1/s en
l'oued Aoulaï (4,6 g/1), de l'o ued Mellah (8,5 étiage) étaient trop faibles pour satisfaire les
g/1), du M'Da (3,6 g/1) et dans une certaine besoins du centre. Les prospections se sont
mesure de l'Ouerrha, orientées vers
ZONE PRERIFAINE 99
l'underflow de l'oued Aoudour où existe une nappe A Aknoul, deux puits foncés en 1955 dans les
peu puissante mais régulièrement rechargée par les alluvions de l'oued M'Soun permettent d'extraire
crues de la rivière ; un débit de 1,3 1/s en étiage 5 1/s de la nappe d'underflow. Ce débit est très
est extrait du puits 3 (fig, 45) et la multiplication suffisant pour l'agglomération du moins en
d'ouvrages de ce genre permettra de couvrir quantité, car la qualité de l'eau est mauvaise (1,4 g/1
l'accroissement des besoins pendant plusieurs de résidu sec à 180°C dont 0,7 g/1 de sulfates).
années. L'eau des alluvions est douce : 560 mg/1 de L'abaissement du taux de sel des eaux captées
résidu sec à 180°C en été ; le problème de la dans l'underflow est obtenu par un faible apport
protection des captages contre les crues limite d'eau douce captée à plusieurs kilomètres de la
quelque peu le choix des emplacements ville ; le mélange demeure cependant d'une qualité
hydrogéologique-ment les plus favorables. médiocre.
N.W. S.E.
175 Oued Aoudour Pont de l'oued Aoudour Puits 3 Puits 2 Puits 1
164.25 165.04 170 169.05 168.81 169.7 173
170
166.3
165
164 163.5 165.2
0 40 200 m 163.2
161.3
Bedrock Flysh Galets des Terrasses Sables des Terrasses Profil piézomètrique
de la nappe d'underflow
La zone prérifaine est une des régions du Maroc Cependant, les oueds les plus salés en étiage
les plus riches en eaux salées bien qu'elle soit tel que l'oued Aoulaï débitent, grâce à leur
dépourvue de niveaux aquifères étendus. Le Permo- alimentation très abondante, des volumes d'eau douce
Trias aux affleurements innombrables et le plus incomparablement supérieurs aux volumes d'eau
souvent salifères ou gypsifères, ainsi que les salée écoulés. Le calcul a été effectué pour l'oued
marnes gypseuses du Crétacé inférieur qui Aoulaï à Rhafsaï pendant la période 1954-57 ; le
couvrent de larges étendues en sont les principaux volume annuel de sels dissous transportés serait de
responsables. Les points d'eau salée (sources) et les l'ordre de 150 000 tonnes soit près de 200 tonnes
cours d'eau salée superficiels se comptent par par km2 de bassin versant. La fréquence des
centaines. écoulement d'eau salée (>2 gramme par litre)
est de 28 % (en moyenne 100 jours par an). Enfin
C'est dans cette région que l'on a observé l'eau le classement des volumes écoulés suivant la
la plus salée connue jusqu'à présent au Maroc à concentration de l'eau montre que l'eau salée
l'exception d'eaux connées : une source au jbel constitue une part presque négligeable : moins
Tissa (c'est-à-dire « de sel ») dont l'eau titre 31? de 1 %, résultat qui permet de se rassurer sur la
grammes par litre (1542/15). concentration de l'eau des retenues appelées à
Le faciès chloruré sodique prédomine largement; être créées sur les rivières de cette région.
toutefois les eaux séléniteuses ne sont pas rares.
100 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le thermalisme
Un certain nombre de petites sources sées localement pour le traitement des affections de
thermominérales sont connues dans le Prérif où la peau sont :
elles se situent en général à proximité d'écailles • Aïn-El-Hamman du Zalagh, à l'E de Fès, débit
calcaires. On rencontre essentiellement des sources 2 1/s, température 38°C, sels totaux : 4,1 g/1.
sulfureuses parfois voisines d'indices vivants ou • El-Hammam (Kebbata) de Bab-Ouender, moins
éteints d'hydrocarbures. Les principales, réputées de 1 1/s, eau sulfurée chaude.
et utili-
Le bilan des ressources en eaux superficielles • 2 000 1/s pour le sous-bassin du Sebou Moyen
de la zone prérifaine est assez bien connu (entre Pont du Sebou et Azib-Soltane)
actuellement ; ces ressources sont importantes mais
nécessitent pour être utilisées, la construction de • 150 1/s pour le sous-bassin du Lebène à Tissa
plusieurs ouvrages de retenue qui ont d'ailleurs été
• 1 700 1/s pour le sous-bassin de l'Inaouène à
étudiés dans le cadre d'un aménagement global du
Touaba
bassin. Au total, le ruissellement sur la zone
prérifaine apporte aux rivières une moyenne de 5 • 0 1/s pour les sous-bassins du R'Dat, du
350 millions de mètres cubes par an ainsi répartis : M'Da et du M'Soun.
• sous-bassin de l'Ouerrha 2 800 106 m3/an
Compte tenu de ce que les débits d'étiage du
• sous-bassin du Moyen-Sebou 1 200 » Moyen-Sebou et de l'Inaouène proviennent au
• sous-bassins du M'Da et du R'Dat 400 » moins pour moitié de leurs affl uents rive gauche
• sous-bassins Inaouène et Lebène 900 » et par conséquent du Moyen Atlas et non des rides
• sous-bassin du M'Soun 50 » prérifaines, mais que par contre des prélèvements
dont l'importance est mal connue font que ce débit
En regard de cet énorme potentiel hydraulique, caractéristique d'étiage est très inférieur au débit
le rôle de régularisation joué par les réservoirs naturel d'étiage des rivières, on estimera en toute
souterrains ressort comme extrêmement faible. Il ne première approximation que le débit naturel d'étiage
fait aucun doute que les exutoires des nappes
des rivières peut se situer entre 5 et 10 m 3 /s. Par
souterraines de cette région sont généralement les
ailleurs, les débits exploités dans les nappes sont
rivières ; les pertes des nappes par évaporation
doivent en effet être minimes et il n'existe guère probablement de l'ordre de 1 à 3 m 3 /s, ce qui fixe
de possibilité d'existence de fuites profondes vers les réserves régulatrices des nappes souterraines
l'extérieur du bassin. La seule approche possible autour de 10 m 3 /s soit 300 millions de mètres cubes
du volume régularisé par les nappes souterraines par an.
et non utilisé est le débit caractéristique d'étiage
A part quelques très rares exceptions (bled Bou-
des rivières dont on a vu qu'il était connu par
Agba par exemple) on peut être à peu près certain
défaut et avec beaucoup d'approximation ; ce débit
que toutes les réserves souterraines facilement
est de 5 550 1/s ainsi réparti :
exploitables sont utilisées à l'heure actuelle dans
• 1700 1/s pour le sous-bassin de l'Ouerrha (à la zone prérifaine ou tout aménagement concernera
M'Jara) désormais les ressources superficielles.
R E F E R E N C E S
BOLELLI E. (1948) : Note relative à l'alimentation en eau C OMBE M. (1968) : Résumé de l'étude hydrologique du
d'Ouezzane. Rapp, inéd., MTPC/DH/DRE. bassin versant de la Moulouya réalisée en 1968. Rapp.
inéd. MTPC/DH/DRE, 7 pp.
CHAPOND G. (1964) : Rapport sur la campagne de quatre
forages de reconnaissance exécutés en 1963 dans la COMBE M. (1969) : Les sources thermo-minérales du
vallée de l'Ouerrha. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 9 pp., Maroc. Rep. 23 e Intern. géol. Congress. Prague, 1968,
1 carte h.t. Sympos. II : Minerai and thermal Waters of the World
- B. vol. 19, pp. 121-137.
COMBE M. (1966) : Résultats des forages effectués à Asjène
en 1966 pour l'alimentation en eau d'Ouezzane. Rapp. GAUSSEN H., DEBKACH J. & JOLY F. (1958) : Précipitations
inéd. MTPC/DH/DRE, 3 pp. annuelles. Atlas du Maroc, notice explicative. Sect. 2,
RIDES PRERIFAINES 101
pl. n° 4 a. Com, géogr. Maroc, Rabat, 36 pp., 3 fig., MONITION L. (1962) : Hydrogéologie de la région de Keni-
avec une carte au 1/2 000 000. chet sur Ouerrha. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 14 pp.
GERBIER N.E. (1968) : Esquisse climatologique du bassin Projet Sebou (1968) : Rapport général du développement
versant du Sebou - Projet Sebou, annexe agronomie. régional du Sebou - Tomes principaux et annexes.
Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE. Rapp. inéd.
H EUSCH B. (1889) : La station expérimentale de mesures Société Africaine d'Etudes Maroc (1949) : Mémoires sur
et de luttes anti-érosive du M'Da. Rapp. inéd. - l'alimentation en eau potable de la ville d'Ouezzane.
Projet Sebou. Rapp. inéd. MTPC/REI.
LAZAREVIC D. (1966) : Etude hydrologique du bassin versant Société Africaine d'Etudes Maroc (1964) : Alimentation en
du Sebou. Rr.pp. inéd. MTPC/DH/DRE, 90 pp. eau de la ville d'Ouezzane, accroissement des
MARGAT J. (1961) : Les eaux salées au Maroc - ressources en eau. Rapp. inéd. MTPC/REI.
Hydrogéologie et hydrochimie. Notes & M. Serv.
géol. Maroc, n° 151, 138 pp., 41 fig., 6 pl. h.t,, 25 tabl., 5 Société Africaine d'Etudes Maroc (1967) : Alimentation en
pl. phot, bibl. eau de la ville d'Ouezzane, adduction de la plaine de
Bou-Agba. Rapp. inéd. MTPC/REI.
MONITION L. (1956) : La nappe artésienne de la plaine de
Bou-Agba (bassin de l'oued M'Da). Soc. Sci. natur. TALTASSE P. (1949) : Alimentation en eau de Karia-Ba-Mo-
& phys. Maroc, Var. Sci., n° 7, pp. 23-26, 1 pl. h.t. hamed. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
M ONITION L. (1957) : Note relative à des effondrements TALTASSE P. (1949) : Alimentation en eau de Tafrant. Rapp
de galeries souterraines survenus dans la ville d'Ouez- inéd. MTPC/DH/DRE.
zane. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
J
A Marnes, sel
TSE
th
Trias
M
Be
SIDI-KACEM et basaltes
LFA
Schistes et Primaire de la Meséta
400 400 quartzites
T
BOU DRAA Gisement de pétrole
Basaltes récents
Source thermale
TIT
A P
OU R Formations de la nappe prérifaine
Oued
SII-FILI E
B
_
he
IF
R
MERS EL KHAREZ Moulay Oued et autres limites de la zone des rides prérifaines
Ta
Krou
A Failles principales
A
Yacoub mane
IN
ed
H
Ou
E
R
Ou Moulay - Yacoub
ed J. TRHAT
J. SNED
_
EL KANSERA MOULAY IDRISS
R'd
El Hammam
om
a J. ZE
lh J. K RHO
380 o ue AF
UN
M S
J. K
FES
ah ENN
ell AIT YADINE OUF 872/15
M A
d
ue
O
d
ue
O
KHEMISSET
PL
Bet
B2 ATLAS
EN
ed
Y
Ou
Y est assez dense, elle est comprise entre 40 et 80 fienne des Pétroles se déroulèrent pendant plus de
habitants au km 2 ; l'habitat est presque totalement 30 ans dans cette région et aboutirent à la
rural et la seule cité importante est Moulay-Idriss découverte de quelques petits gisements d'huile qui
qui est installée à proximité de l'ancien site romain sont actuellement en voie d'épuisement
de Volubilis. Les recherches de la Société Chéri- (production : 16 000 t/an en 1968).
GEOLOGIE
Stratigraphie
Le bassin secondaire des rides prérifaines s'est Tortonien (Miocène) constitue l'événement majeur
constitué dès le Trias, lors des transgressions du de la tectonique du bassin. De fortes contraintes
Secondaire sur la Meseta Primaire plissée à se sont exercées du NE vers le SW et les terrains
l'Hercynien puis arasée au Permien. Les limites en secondaires et tertiaires anté-nappe, violemment
sont connues grâce aux nombreux travaux à objectifs plissés, ont surgi en guirlandes de plis emboîtés
pétroliers et potassiques ; vers le S les mers perpendiculaires aux contraintes et qui constituent
secondaires sont venues mourir sur la Meseta les rides prérifaines. Dans la partie nord du bassin
entre Khemisset et El-Hajeb de même que vers secondaire les plis sont très aigus, souvent décollés
l'W où elles n'ont pas dépassé le môle Tiflete - Sidi- et parfois chevauchants ; ces structures ont été
Kacem. Vers l'E le bassin était en liaison à cette explorées par la Société Chérifienne des Pétroles
période, avec le grand bassin du Moyen Atlas. qui y a découvert plusieurs petits gisements
Vers le N, les limites du bassin secondaire sont d'hydrocarbures. En allant vers la bordure sud
imprécises faute de sondages profonds; il est du bassin, la violence des phénomènes tectoniques
acquis que le bassin se prolonge sous le s'atténue pour se borner, dans le secteur de Khe-
recouvrement des nappes prérifaines dont misset, à de simples déplacements verticaux qui
l'épaisseur constitue un obstacle à l'étude directe constituent des rejeux d'accidents hercyniens. La
par sondage. fig. 48 illustre les différences de style tectonique
dans le bassin secondaire.
La mise en place des nappes prérifaines au
104 RESSOU RC ES EN EAU D U M ARO C
0 10 20 30 40 50 km
U Oued
BO
SE
O.
KENITRA Si SLIMANE
Si KACEM
Beth
M A M O R A
U DE
TE A ES
P L A - F
TIFLET
ES
MEKNES E KN
KHEMISSET M
M E EL HAJEB
S E M O Y E N
T A
A T L A S
Oued
OULMES AZROU
Bet
h
OU
OUED SEB
SIDI SLIMANE
6
Si KACEM aa
J . Ts e
Dr 0 1 2 3 4 5 KM
O. BETH
u
. Bo
a J COUPE DU JBEL OUTITA
lfat
u tit
6 COUPE DU J. TSELFAT 4
O
SIDI FILI J. 4 d'après S.C.P. d'après S.C.P.
MERS EL KHIREZ 5
SE
J. Ari
BATON Dahar en W E NW
TISSERAND
N's
3
our
J. Kansera J. Zerhoun
O. MELLAH
J. K
afs
Gantra el 2
S.
Fellous
el
Hi
re
ch
1 MEKNES
0 1.5 3 km
KHEMISSET
0 1.5 3 km
Trias
NAPPE PRERIFAINE
Paléozoïque TERTIAIRE
0 1 2 3 km
BARRAGE DOGGER
COUPE DE GANTRA EL FELLOUS
2 d'apès G. Rouaix LIAS SUPERIEUR
SW NE SECONDAIRE
DOMERIEN
PALEOZOIQUE
0 250 500 m
0 100 200 m
CLIMATOLOGIE 1933-1963
EL KANSERA 17.4 6.6 19.4 7.3 22.2 9.1 24.9 11.0 27.7 12.9 32.0 15.8 36.1 18.0 36.1 18.4 32.8 16.1 28.4 14.0 22.4 10..4 18.4 8.2 26.5 12.4
EL KANSERA 12.1 13.4 15.6 18.0 20.3 23.9 27.0 27.2 24,8 21.2 16.5 13. 3 19.1 420 - 35,5 DB'4 ds' 420 790 (B) 1957-64
FIG . 49
HYDROLOGIE
Deux rivières la Beth et le R'Dom, toutes deux d'accumulation. Antérieurement à la mise en place
affluents rive gauche du Sebou, traversent cette du barrage et du réseau de drainage du Rharb, le
région. Beth se perdait plus ou moins au centre de la
plaine du Rharb surtout lors des crues ; dans cette
Le R'Dom constitue le drain le plus occidental
partie de son cours il est maintenant canalisé vers
du plateau de Meknès-Fès où il reçoit les apports
le Sebou.
des petits oueds en provenance du Moyen Atlas
calcaire ; sorti du plateau de Meknès-Fès, il coule L'hydrologie du Beth est bien connue au
sur les marnes miocènes de la zone des rides préri- barrage d 'El-Kanser a (sup er ficie d u b assin
faines jusqu'à son entrée dans la plaine du Rharb, ver sant : 4 536 km2 ). Les apports moyens annuels
à Sidi-Kacem. Dans la plaine du Rharb, son cours se chiffrent à 360 millions de mètres cubes pour la
est canalisé jusqu'au Sebou. Une station hydromé- période 1932-1963, variant entre un minimum de 115
trique moderne a été installée un peu à l'aval de Sidi- Mm3 (1944-1945) et un maximum de 1000 Mm3
Kacem, depuis 1966 ; la période de fonctionnement de (1962-1963). Le coefficient de ruissellement moyen
cette station est trop courte pour fournir des résultats est de 0,15, par conséquent légèrement plus faible
valables. Les apports moyens annuels du R'Dom sont que celui du bassin versant du Sebou (0,20 à
évalués à 125.106 m3 par corrélation ; les étiages sont Azib-Soltane). Le Beth est pérenne bien que
très marqués (moins de 50 1/s à Sidi-Kacem) mais certains étiages soient très bas (parfois moins de
l'eau demeure toujours douce : 300 à 800 mg/1 de 100 1/s). Les crues sont importantes et la crue
résidu sec à 180°C. millénaire est évaluée à 3 100 m 3 /s de débit de
pointe.
Le Beth est une rivière de pays primaire
imperméable (schistes et quartzites de la Meseta Les eaux de l'oued Beth sont moyennement
centrale marocaine). Il borde la partie occidentale des minéralisées et les prélèvements effectués à la prise
rides prérifaines sur quelque 20 kilomètres entre d u b a r r a g e d 'E l - K a n s e r a d o n n e n t e n t r e 5 0 0 e t
Khémis-set et El-Kansera où a été édifié un grand 1000 mg/1 de sels totaux, les concentrations les
barrage plus élevées étant obtenues en automne.
RIDES PRERIFAINES 107
Le barrage de retenue d'El-Kansera du Beth a ces sites : Sidi-Bou-Krichlet avait été reconnu
été édifié entre 1926 et 1934 afin de créer un valable pour l'édification d'un grand barrage.
périmètre d'irrigation autour de Sidi-Slimane dans
la plaine du Rharb et d'assurer une production La première mise en eau partielle de la retenue
énergétique. L'ouvrage est construit dans les gorges s'effectua en novembre 1933 ; en automne 1966,
calcaires de la ride prérifaine d'El-Kansera. Les profitant d'une vidange presque complète de la
travaux furent longs et coûteux car les fouilles retenue, on effectua un relevé photogrammétrique
entreprises sans reconnaissance géologique, aérien de la cuvette de façon à en étudier
s'effectuèrent dans de la dolomie mylonitisée dont il l'envasement. Après 33 années de fonctionnement
fallut extraire 400 000 m 3 avant d'atteindre un totalisant 11,5 milliards de mètres cubes d'eau
rocher sain ; d'autre part, les voiles d'injection écoulés, le volume de matériaux déposé dans la
représentent une surface de 55 000 m 2 . Ce fut le retenue s'élève à 44 millions de m3 soit environ 1,34
premier barrage d'accumulation construit au millions de m 3 /an. L'apport solide du bassin
Maroc. versant se chiffre à 300 m 3 /an au kilomètre carré
équivalent à 13,5 tonnes/km 2 /an, valeurs
L'ouvrage est en béton, de type poids déversant comparables à celles d u b assin ver sant d e l'o ued
dans sa partie droite, avec contreforts dans sa partie Fo d d a en Algér ie (314 m 3 /km 2 /an) ou du bassin
gauche. Haut initialement de 63 m au-dessus des du Drac en France (250 m3/km2/an).
fondations, il a été surélevé de 5 m en 1967-68 : la
capacité totale de la retenue est désormais de 297 Un aménagement du R'Dom fut envisagé un
millions de mètres cubes pour une superficie certain temps au débouché de la plaine du Rharb,
maximum de 18 km 2 . Ce réservoir permet un peu à l'amont de Sidi-Kacem. L'idée n'en fut
l'irrigation de 32 700 ha bruts dans la région de pas poursuivie pour des raisons de coût de
Sidi-Slimane et garantit la production annuelle de l'aménagement. D'autres études de sites d'ouvrages
29 millions de KWH d'électricité. Avant furent exécutées sur les affluents du R'Dom en amont
d'entreprendre les travaux de surélévation, des de Sidi-Kacem mais ne débouchèrent, pour les mêmes
reconnaissances géologiques avaient été réalisées raisons, sur aucune réalisation.
sur plusieurs sites de barrages à l'amont d'El-
Kansera et l'un de
HYDROGEOLOGIE
Le bassin des rides prérifaines s'avère, du point miocène. Les superficies recouvertes par les marnes
de vue hydrogéologique, constitué de quelques miocènes sont infiniment plus importantes que
massifs montagneux d'âge secondaire émergeant celles où affleure le Secondaire calcaréo-marneux ;
les problèmes de recherche et d'exploitation d'eau
dans une région essentiellement marneuse d'âge sont toujours très ardus dans cette région.
Vers les années 1949-1950, l'attention des services l'ensemble le Lias et le Jurassique moyen affleurant
officiels responsables de l'agriculture avait été dans les rides sur les bordures de la cuvette
attirée par le développement des pompages en s'enfonçaient concentriquement vers le centre.
bordure du plateau de Meknès, pompages qui se Quelques travaux de géophysique par la méthode
traduisaient à l'aval par une baisse importante électrique apportèrent alors quelques précisions sur
des débits d'étiage du R'Dom dont les usagers
l'épaisseur des marnes miocènes dans la cuvette ;
avaient à souffrir. La configuration générale en
cuvette de la moyenne vallée du R'Dom provoqua à l'E du R'Dom, et surtout au N de l'oued Kroumane
alors des recherches hydrogéologiques profondes afin le Jurassique est très profond et hors d'atteinte
de permettre, en cas de succès, un accroissement économiquement ; les zones où le Jurassique est le
des étiages de la rivière grâce à l'apport de forages moins profond se situent ainsi :
artésiens ; aucun site de barrage intéressant n'existe
en effet sur le R'Dom ou ses affluents. - au S, entre les jbels Kafs et Zerhoun
Bien que la structure générale des rides - au NW, à l'aval du confluent R'Dom-Krou-
prérifaines soit complexe, on pouvait admettre que mane.
dans
470 480 490
B
HAR
R
J. T
U
D
SEL
E
IN SIDI KACEM
LA
FAT
P
400 400
J. O
UTI
TA
TITA
OU
625/14
J.
566/14
Oued
Kroum
AÏN ZEBZAR ane
390 390
655/14
Ou
ed
VOLUBILS
1153/14
MOULAY IDRISS
R'dom
J. ZERH
OUN
645/14
380
J. K 380
AF
S AÏN KERMA
AK2
470 AK1 490
AK3
Marnes (HELVETIEN)
Alluvions ( QUATERNAIRE) Grès de base ( BURDIGALIEN)
Graviers et argiles Grès, calcaires
( JURASSIQUE)
( PLIO - VILLAFRANCHIEN ) et marnes
Marnes - Miocène ( TORTONIEN ) Marnes ( NAPPE PRERIFAINE)
1153/14 Forgaes hydrogéologique AK1 Forage pétrolier Failles
Limite sud d'avancée des nappes prérifaines 0 5 km
Aucune recherche n'ayant l'ampleur de celle qui Khemisset (20 000 habitants) est la seule ville
vient d'être décrite dans le sous-bassin du R'Dom importante de la région, mais deux agglomérations
n'a été exécutée dans le sous-bassin du Beth. Les rurales : Aït-Yaddine (1 000 habitants) et Souabeur-
principaux problèmes à résoudre dans ce secteur Sfassif (2 000 habitants) constituent des centres,
d'attraction locaux (siège des autorités civiles -
ont trait à l'alimentation en eau potable des centres infirmerie - écoles - lieux de marchés) susceptibles
ruraux et urbains ; en effet, les rivières (Beth et de se développer.
affluents) coulent dans des vallées encaissées de
200 à 300 m par rapport aux plateaux où sont La ville de Khemisset se situe en rive gauche
implantés les centres, ce qui exclut d'avoir de l'oued Beth, à une distance de 10 km de l'oued
environ ; l'oued est à la cote 150 m et la ville à la
recours aux eaux superficielles sans consentir des cote 450 m. Elle est implantée au droit d'un petit
investissements considérables. Par ailleurs, les bassin hydrogéologique de 7 km 2 de superficie
ressources souterraines sont extrêmement limitées constitué par 20 à 30 m de grès calcaires du
dans cette zone essentiellement marneuse. Quaternaire reposant sur des marnes du
Miocène
110 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Dans les massifs montagneux des rides, les importante l'Aïn-Cheuch (114/15) oscille entre 20
sources sont nombreuses bien que de débit et 50 1/s selon les saisons et la pluviosité des
variable. L'inventaire systématique de ces sources années ; les autres sources débitent en majeure
n'a pas été fait pour toutes les rides. Le massif partie entre 1 et 3 1/s pendant l'été. Dans les autres
traité le plus complètement à ce sujet est le rides, aucune source très importante n'est connue
Zerhoun où une quarantaine de sources ont été mais les petites émergences sont nombreuses et
recensées. Les sources débitant plus de 10 1/s en utilisées localement pour l'irrigation des oliveraies
toutes saisons sont au nombre de 4 dans le et des jardins.
Zerhoun où la plus
Thermalisme
La source Aïn Skhrouna du Zerhoun (872/15) se de l'accident géologique qui la conduit jusqu'au
siiue en fait dans la ride de Kannoufa et représente jour. On peut encore citer une petite source au
un cas particulier. Son débit est important (150 1/s), débit modeste, l'Aïn Skhounat du jbel Tratt, située
elle est chaude (37°C) et peu minéralisée (1 g/1), entre Moulay-Yacoub et Fès, qui débite 3 1/s d'eau
de type bicarbonaté calcique et magnésien.
tiède (26°C), peu minéralisée de type bicarbonaté
L'importance du débit nécessite la présence d'un
réservoir régulateur de grande taille qui ne peut et qui s'apparente à l'Aïn-Skhrouna du Zerhoun.
être que les calcaires du Lias affleurant dans le L'alimentation en eau de la cité religieuse de
Moyen Atlas et se prolongeant sous le plateau de
Meknès-Fès. Le gisement est donc probablement le Moulay-Idriss (12 000 habitants) et de la station
même que pour Moulay-Yacoub de Fès qui elle, thermale de Moulay-Yacoub de Fès est réalisée à
acquiert ses qualités sulfureuses soit dans le partir de sources voisines et ne pose pas de
réservoir profond, soit pendant son parcours le long problème particulier.
R E F E R E N C E S
BOURCART J. (1932) : La ride prérifaine d'El-Kansera LEVY R.-G. (1952) : Pétrole, in : Géologie des gîtes
(Maroc). B. Soc. géol. Fr., 5e sér., t. 2, fasc. 5-7, pp. 221- minéraux marocains. Notes d M. Serv. géol. Maroc, n°
236, 87, & 19e Congr. géol. int., Alger, Monogr. région., 3 e
1 pl. h.t, 1 carte géol au 1/50 000. sér. n° 1, pp. 251-280, 3 fig., 3 tabl., 2 cartes h.t., coul.,
bibl.
B.R.P.M. (1965) : Le gisement de potasse triasique de
Khemissît. Mines & Géol. Rabat, n° 23, pp. 35-48. LEVY R.-G. (1952) : Les rides prérifaines. Livret guide des
excursions A 31 et C 31. 19e Congr. géol. int, Alger,
CAILLE J. (1955) : Le barrage d'El-Kansera du Beth. livret guide, sér. Maroc, n° 5.
Cinquième congrès des grands barrages. Paris. MARGAT J. (1950) : Note sur la recherche de ressources
hydrogéologiques profondes dans le bassin du R'Dom.
COMBE M. (1964) : Etude géologique de l'avant-projet de Rapp. inéd., et notes inédites de 1950 à 1953. MTPC/
surélévation du barrage d'El-Kansera. Rapp. inéd. DH/DRE.
MTPC/BH/DRE, 4 pp.
MEYER-F ETER (1929) : Rapport sur la construction du
COMBE M. (1964) : Alimentation en eau de Khemisset. barrage d'El-Kansera. Rapp. inéd. arch.
Premières observations et conclusions sur les MTPC/DH/DRE.
possibilités d'exploitation des installations de la
Société Florale. Rapp. inéd. MTPC/BH/DRE, 5 pp. M ORTIER F. (1953) : Alimentation en eau du Souk-El-
Jemaa des Aït-Yaddine. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
COMBE M. (1965) : Alimentation en eau de Khemisset.
Perspectives d'avenir. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, ROBAUX A. (Coll. P. Lévêque et als.) (1952) : Hydrogéologie
8 pp. et géologie appliquées aux grands travaux. 19 e Congr.
géol. int., Alger, 1952, livret-guide, sér. : Maroc, n° 14,
COMBE M. (1966) : Alimentation en eau de Khemisset. publ. Rabat, 57 pp., 7 fig., 1 pl. h.t. (Barrage d'El-
Résultats des prospections exécutées par forages en Kansera, p. 24).
1968. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 5 pp.
ROUAIX S. (1950) : Etude géologique et hydrogéologique de
COMBE M. (1966) : Etude géologique préliminaire des sites la région de Bataille (Maroc). Dipl. Et. sup., Paris,
de barrages sur l'oued Beth à l'amont d'El-Kansera. inéd. (dir. L. Barrabé).
Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 24 pp. SCHLUND J.-M. (1957) : Notice explicative de la carte
géologique du bassin salifère triasique de Khemisset-
COMBE M. (1969) : Les sources thermo-minérales du Maroc. Bataille à l'échelle du 1/50 000. Document inéd., Bureau
Rep. 23e Intern. géol. Congress. Prague, 1968, Sympos. recher. & particip. min. Rabat.
II : Mineral and Thermal Waters of the World - B -
vol. 19, pp. 121-137. Société chérifienne des Pétroles (S C P) (J. Burger, R.
Dardel, E. Dutrieux, P. Jacquemont, R. Naif, R. Tilloy)
Compagnie Africaine de Géophysique (1950) : Etude par & TALTASSE P. (1951) : Carte géologique régulière du
prospection électrique de la région de l'oued R'Dom. Maroc au 1/100 000 : demi-feuille Meknès-Nord. Notes
Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/DRE. & M. Serv. géol. Maroc, n° 111.
Société chérifienne des Pétroles (S C P) (1952) : Carte
DAGUIN F. (1927) : Contribution à l'étude géologique de la géologique du Rharb et du Prérif occidental au 1/200
région prérifaine (Maroc occidental). Notes & M. Serv. 000. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 113.
Mines d Carte géol. Maroc, n° 1, 413 pp., 57 fig., 37 pl.,
phot. h.t., 2 pl. coupes, bibl. Société Chérifienne des Pétroles (S C P) (1952-53) :
Découverte de pétrole dans la marge externe du Bassin
H ALEN R. & M UNITION L. (1960) : Alimentation en eau du secondaire du Prérif. Champs de Sidi-Fili supérieur
centre de Khemisset. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, et du Bled-Eddoum (Maroc). C.R. 19e Congr. géol. int.,
Alger, 1952, publ. Alger 1953, sect. 14, fasc. 16, pp.
H ALEN R. & LAZAREVIC Dj. (1965) : Hydrogéologie en zone 97-111, 3 fig.
karstique au Maroc : Sebou - Beth. Actes Coll. Société chérifienne des pétroles (S C P) et Bureau de
hydrol., roches fissurées, Dubrovnik, 1965, publ. 1967. recherches et participations minières (B R P M) :
Ass. int. Hydrol. sci., Gentbrugge, 1, pp. 275-292. nombreux documents inédits consultés (géophysique et
sondages).
113
I. 4
par
Jean-Pierre THAUVIN
Le Bas-Loukkos au sens large comprend (fig. 51) Les voies de communication sont extrêmement
au N le Sahel, plaieau sablo-limoneux rares et se limitent pratiquement à la route RP2 et
Villafranchien, à l'E et au SE une succession de à la voie ferrée, qui relient Rabat à Tanger. Ailleurs
collines de la nappe prérifaine, au centre la il n'existe que des pistes, impraticables l'été dans
plaine alluviale et, à l'W et SW, les formations le Rmel sableux, et l'hiver presque partout ailleurs.
plio-quaternaires du Rmel crevées au centre par des De plus le Loukkos et, dans une moindre mesure,
affleurements de nappe prérifaine. En tant qu'unité ses affluents de rive droite, constituent des
hydrogéologique, le B a s - Lo u k ko s co mp r e nd la barrières infranchissables qu'on ne peut passer que
p lai n e al l u vi ale ( 200 km 2 ) et la partie du Rmel par quelques rares ponts.
dont les eaux souterraines sont tributaires de la
plaine (270 km2), avec le plateau sableux des L'activité humaine est orientée uniquement vers
Rehamna au NW et les collines des Ouled- la culture et l'élevage. Le Rmel est en partie occupé
Ogbane au SE. par une forêt de chêne-liège, relayée localement
La plaine est argileuse, basse et de pente très par des peuplements d'eucalyptus et d'acacia à
faible (7.10- 4 entre Ksar-el-Kebir et la mer). Elle tanin. De vastes superficies sont utilisées
peut être intégralement inondée par les crues uniquement comme terres de parcours pour le bétail.
exceptionnelles (1963) du Loukkos et de ses affluents Aux environs de quelques douars isolés se pratique
(O. Mekhazène et O. Ouarour), mais même en année une culture vivrière pauvre. Depuis peu on a voué
normale les crues s'épandent sur 8 à 10 000 ha; une partie de cette zone à une culture extensive
l'une des raisons de ce phénomène est que l'oued comme l'arachide. Dans les environs de Larache par
Loukkos exhausse son lit et se trouve « perché » contre s'impose une agrumiculture très réussie
entre des berges qui dominent nettement la plaine. (orangers notamment) irriguée par pompages dans la
Le plateau des Rehamna par contre, est sableux, nappe ; cette activité tend à se développer encore
relativement plan et le ruissellement y est presque davantage, aidée par un sol assez favorable, des
nul, ce dont témoigne la présence d'assez ressources en eau suffisantes (du moins à quelque
nombreuses dayas. Il est en partie recouvert par distance de Larache) et par une petite infrastructure
une forêt de chêne-liège associée à son sous-bois industrielle (proximité de Larache, installations
habituel (ciste, etc.). Les altitudes ne dépassent guère d'emballage et de conditionnement). L'agriculture
100 m, tant dans les Rehamna que dans les Ouled- traditionnelle (vivrière ou d'appoint) intéresse
Ogbane. quelque 8 000 ha dont 2 700 en blé, 1 500 en
sorgho et 1 500 en mil, le reste étant partagé en
L'habitai urbain est concentré dans les deux
villes de Larache (31 000 habitants) et de Ksar-el- autres céréales et en légumineuses. L'élevage
Kebir (34 000 habitants). Cette dernière, à vocation traditionnel comprend 10 000 bovins et 45 000
de marché, draine les populations des montagnes ovins. Les cultures modernes comptent environ 2 000
environnantes, tandis que Larache est davantage ha cultivés en agrumes, et 1000 en cultures
orientée vers la petite industrie, alimentaire annuelles (arachide, melon, alpiste) ; l'élevage ne
notamment : pêche, conditionnement des agrumes, compte qu'environ 500 bovins et 300 ovins.
mino-ierie, conserveries (tomates, nioras, poissons).
Dans la plaine, l'élevage traditionnel comporte
En dehors de ces deux villes, l'habitat est
5 000 bovins et 15 000 ovins. Les cultures sont toutes
dispersé en gros douars, surtout dans la plaine où
annuelles ; elles utilisent 11000 ha dans le secteur
ils sont construits contre les premiers reliefs ou
sur des buttes d'alluvions anciennes. L'ensemble de la traditionnel, en céréales pour la plus grande part ;
populatio n r ur ale d u B as-Lo ukko s est d e
l'o rdr e de 35 000 habitants.
RESSOURCES EN EAU DU MAROC
les cultures modernes occupent 2 000 ha, dont 1 100 de 200 tonnes/jour de tomates et 75 tonnes/jour
sont orientées (Compagnie du Loukkos) vers la de poivrons ; sur le resta de la superficie, 200 ha
production de tomates et de poivrons doux sont consacrés aux agrumes et le reste à des
(concentrés et poudres) ; cette société traite sur cultures diverses.
place plus
LARACHE
510
R E H A
Isla de los
Pàjaros
kh
Guedira ne
So
azè
ekh
h-
O. M
. ak
O S
M N A
O
.L
el Ma
O
U
.O
KK
ua
O. Smid
Hiaïda ro
S
ur
Aouamra OU
Ouled Sehar LE
D Ouled Saïd
O. Lakhal
Zlaoula
OG
BA
NE
Merissa KSAR EL
490
KEBIR
O.
So
ue
ïr
e
er
ad
Dr
O.
GEOLOGIE
Le bassin du Bas-Loukkos est situé en limite de ses de 20 à 50 m en général, elles ne dépassent pas,
la zone mésorifaine qui constitue toute sa bordure vers l'E, le niveau de l'oued Loukkos qui y a creusé
orientale et nord-orientale. On y trouve en structure son lit.
relativement calme des marnes grises du Crétacé
supérieur (Sénonien essentiellement), des marnes Les formations continentales villafranchiennes
et marno-calcaires, de couleur blanche, de l'Eocène, comprennent d'abord des cailloutis à ciment
et des marnes grises à bancs gréseux de l'Oligo- argileux rouge, analogues à ceux d'Arbaoua, et
Miocène (grès « larachiens »). On trouve aussi, qu'on ne trouve pratiquement qu'au SE du bassin où
localement, des lambeaux de grès « numidiens » ils peuvent dépasser 50 m d'épaisseur. En
(Oligocène charrié, d'origine «ultra»), associés à passage latéral et supérieur, on a ensuite des limons
leurs argilites bariolées de base. Au S, les collines des sableux rouges qui peuvent atteindre une puissance
Ouled-Ogbane sont constituées de cailloutis comparable. Ces formations villafranchiennes, elles
Villafranchiens limités au S par des affleurements non plus, ne dépassent pas à l'E l'oued Loukkos.
de nappe prérifaine dont les terrains sont assez
analogues à ceux de la zone mésorifaine, mais dont Le Quaternaire marin n'est connu qu'à Larache
la structure est beaucoup plus complexe et où il est représenté par des grès et des lumachelles
fréquemment injectée de Trias gypseux. attribués au Maarifien (Quaternaire ancien). Le
Quaternaire continental est sous faciès de grès
En fait les formations qui intéressent
dunaires dans les Rehamna, et d'alluvions fluvia-
directement l'hydrogéologie du Bas-Loukkos sont
tiles variées dans la plaine, qui peuvent localement
postérieures à la mise en place des charriages
dépasser 50 m de puissance ; les terrasses anciennes,
rifains. Les marnes bleues, plus ou moins sableuses
surtout sablo-caillouteuses, n'existent plus qu'à
vers le haut, du Miocène supérieur et du Pliocène
l'état de lambeaux. Les alluvions du Quaternaire
inférieur, constituent le substratum imperméable des
récent (dans lesquelles on trouve parfois des marnes
horizons aquifères, reconnu par sondages mécaniques
bleues plus ou moins sableuses, à coquilles marines,
et par géophysique électrique.
attribuées à la transgression flandrienne)
On trouve, au-dessus, des formations marines et comprennent principalement des argiles rouges à
dunaires du Plio-Villafranchien, comprenant des passages sableux ou caillouteux, attribuées au
grès coquilliers, des sables et des marnes plus ou Soltanien, et des tirs marno-limoneux noirs ou
moins sableuses, le tout de couleur jaunâtre. Epais- grisâtres, attribués au Rharbien.
L'oued Loukkos à son embouchure a un bassin pente de 3 cm par km. A mi-chemin entre Merissa
versant de 3 750 km 2 environ. C'est donc, avec et la mer, le Loukkos reçoit le Mekhazène et son
l'oued Kerte, le plus grand cours d'eau rifain. Il fond est alors à la cote - 2,9 m. A 19 km de
est jaugé depuis mai 1961 à la station de Merissa, l'embouchure, la cote du fond au niveau de la
installée au pont de la RP2 à 2 km de Ksar-el-Kebir. digue fusible de la Isla-de-los-Pajaros est de - 6,2
A cet endroit, le bassin versant a une superficie de m ; cette digue est responsable de dépôts d'estuaires
2130 km 2 . Bien que l'oued ait encore 52 km à relativement importants puisque, juste à l'aval, le
parcourir avant l'océan, son fond n'est qu'à la cote fond de l'oued remonte à - 2,9 m et même - 1,5 m un
+ 1,70 m, ce qui donne au cours inférieur une peu plus à l'aval.
116 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE 1933-1963
ROMAINE RIFAIN 4 - BAS LO UKKOS
FIG. 52
KHMIS SAHEL
LARACHE Saf er
Rharraf CHAOUENE
O.
Me
kha
O. M
zèn
O.
e TANAKOUB
Si aYAD sOUSSI
Lo
enz
uk
ora
ko
O. A
ur
O. Ouaro
s
zla
Ourhane
r
ARBAOUA
urh
O. Zaz
an
e
ZOUMI
0 10 20 Km OUEZZANE
F IG . 53 — Hydrologie du bassin versant de l'oued Loukkos : l'emplacement des stations fixes de jaugeage est figuré
par un carré noir
BAS-LOUKKOS 117
L'oued Mekhazène draine un bassin versant de Les autres cours d'eau affluents du Loukkos dans
345 km2. Il est jaugé depuis 1961 à la station de Sidi- la plaine sont de faible importance et n'ont que
Ayad-Soussi (Bassin versant : 630 km2) située à 20 des bassins versants modestes. En rive droite, les
km de la confluence avec le Loukkos, et où le fond oueds Bousafi et Boufekrane drainent une partie
de l'oued est à la cote + 4,1 m. Depuis 1963, une du Sahel et des collines argileuses du NE ; ils sont
autre station a été installée quelque 15 km plus pratiquement secs en été et, en hiver, participent
à l'amont, au sortir des gorges de Saf-er-Rahrraf. à l'inondation de la partie nord de la plaine. En
rive gauche, les oueds Sakh-Sokh, Smid-el-Ma et
L'oued Aouarour n'a que 175 km 2 de bassin Lakhal drainent la nappe phréatique et ont de ce
versant et n'arrive pas jusqu'au Loukkos ; il se jette fait un écoulement pérenne, mais de débit inconnu.
dans une merja qui se déverse plus ou moins dans
le Mekhazène peu avant son confluent avec le On trouvera dans le tableau suivant les
Loukkos. Il est jaugé depuis 1961 à la station principales données et extrapolations obtenues à
d'Ouled-Jabeur (Bassin versant : 160 km 2 ) où il partir des jaugeages réguliers effectués sur les
est à la cote + 6,3 m. stations de la Division des Ressources en Eau
(période 1961-62 à 1965-66).
HYDROGEOLOGIE
LARACHE
510
R E H A
Isla de los
Pàjaros
okh
Guedira ne
azè
h-S
ekh
O. M
. Sak
O
M N A
O
.L
el Ma
O
U
.O
KK
ua
O. Smid
Hiaïda ro
S
ur
Aouamra OU
Ouled Sehar LE
D Ouled Saïd
O. Lakhal
Zlaoula
OG
BA
NE
490
Merissa KSAR EL
KEBIR
O.
So
ueïr
Cote supérieure à 0
e
er
Cote inférieure à - 50 m
Axes de gouttières
O. Boufekrane
LARACHE
O Bo
usaft
OU
510
.
ED
U E
20
10
5
I Q
KOS
LOUK
N T
L A
Guedira
h
Sok
e
zèn
5
2.5
A T
2
kha
Sakh
Me
O.
O.
N
E A
500
O C
2.5
el Ma
Hjaïda
O.
5
Ou
ar
10
ou
id
r
Sm
O. 20
Aouamra
Ouled Sehar
30
40
50 3
60
50
70
1
60
80
90
70
10 10
1
12 80
0
480 Barrha
0 FIG. 107
10
20
30
40
KSAR
50
O.
60
So EL
70
80
90
ueï
r KEBIR
ha
Ophites et marnes
Khefc
Sables roses (Actuel) Sables conglomérats et marnes
rouges (Villafranchien) gypso-salines (Trias)
Grès dunaires
Grès (Oligocène, Miocène) Coupes géologiques
O.
(Quaternaire récent)
La nappe du Plio-Quaternaire
Alimentée directement par les infiltrations d'eaux de son affluent l'oued Lakhal. Mises à part les zones
météoriques, et s'écoutant facilement dans des d'alimentation et de contact avec la plaine
terrains peu sensibles à la dissolution des sels, alluviale, où la topographie est plus accentuée,
cette nappe présente de très bonnes le gradient de la nappe est de l'ordre de 1 % ; il
caractéristiques, tant en qualité qu'en quantité. atteint 4 % au contact de la plaine, qui est souligné
par plusieurs sources.
ALLURE GENERALE
Sur les collines des Ouled-Ogbane, la forme de
La nappe s'écoule partout vers la plaine du la surface topographique et la mauvaise
Loukkos, sauf sur la bande littorale où les isopièzes perméabilité des galets à ciment argileux
sont parallèles au rivage, et sur la bordure sud où provoquent également un gradient élevé,
elle est drainée vers le Dradère et sort donc du généralement supérieur à 3 %.
cadre de cette étude.
La profo ndeur de la nap pe en étiage mo yen
Sur le plateau des Rehamna l'écoulement se (fig. 56) est généralement inférieure à 10 m et
fait vers le NNE ou le NE suivant les secteurs ; à souvent même inférieure à 5 m. Le niveau
proximité de Larache néanmoins existe une petite piézométrique ne se trouve à plus de 10 m que
zone de divergence rayonnante ; la vallée de dans certaines zones localisées: environs de
l'oued Sakh-Sokh occasionne un très net drainage Larache, zone littorale, secteur compris entre les
de la nappe ainsi que, dans une moindre mesure oueds Sakh-Sokh et Smid-el-Ma, ainsi que le
et surtout à l'amont, celle de l'oued Smid-el-Ma et secteur amont de la nappe des Ouled-Ogbane.
LARACHE
510
R E H A
Isla de los
Pàjaros
kh
Guedira
ne
So
azè
e kh
h-
O. M
. Sak
O
M N A
O
.L
el Ma
O
U
.O
KK
ua
O. Smid
Hiaïda ro
S
ur
Aouamra OU
Ouled Sehar LE
D Ouled Saïd
O. Lakhal
Zlaoula
OG
BA
NE
490 Merissa KSAR EL
KEBIR
O.
So
ue
ïr
re
e
ad
Dr
0.5 m 10 - 20 m
O.
5 - 10 m 20 - 30 m
Dans la plus grande partie de la zone plio-qua- Une quinzaine d'essais de pompage ont été
ternaire, bien alimentée et à faciès perméables, effectués dans ce secteur ; ils donnent pour
l'amplitude maximum des variations piézométriques l'aquifère des caractéristiques relativement
est inférieure à 2 m sauf dans le secteur amont où homogènes :
elle atteint 3 m. • la transmissivité est de l'ordre de 1.10- 2 m 2 /s
(entre 0,3 et 1,8) dans les Rehamna, et de 0,5.10- 2
DONNEES SUR L'AQUIFERE m2 /s (entre 0,3 et 0,7) dans les Ouled-Ogbane.
• de même la perméabilité des grès et sables est
Comme on l'a déjà note plus haut, l'aquifère d'environ 3.10-4 m/s, celle des cailloutis à ciment
est constitué essentiellement de sables et grès argileux de 1.10-4 m/s.
coquilliers et de sables rouges plus ou moins • le coefficient d'emmagasinement est très varia
argileux dans les Rehamna, et de galets à ciment ble suivant le faciès : il atteint 8.10- 3 dans les grès
argilo-sableux dans les Ouled-Ogbane. Son coquilliers fissurés, et environ 3.10-3 dans les sables
épaisseur (fig. 57) est évidemment fonction de dunaires et les cailloutis Villafranchiens. Les très
l'allure du substratum imperméable telle qu'elle faibles coefficients (2.10-4, 5.10-4, 8.1O-5) trouvés sur
a été définie plus haut ; elle n'est donc inférieure à certains forages sont l'indice d'une nappe en charge
20 m qu'au niveau des éperons de mar nes sous les limons sableux rouges du Villafranchien.
bleues, et n'est supérieure à 70 m que dans la
fosse des Rehamna (où elle dépasse localement Le volume de l'aquifère a pu être estimé à 12,5
100 m) et dans celle des Ouled-Ogbane. 109 m3 dans les Rehamna, et 1,5.109 m3 dans les Ouled-
Ogbane. En appliquant à ces chiffres les
LARACHE
510
R E H A
20 Isla de los
50 Pàjaros
okh
Guedira ne
azè
h-S
ekh
O. M
. S ak
_
O
M N A
O
.L
el Ma
O
U
.O
KK
ua
O. Smid
Hiaïda ro
S
ur
Aouamra OU
Ouled Sehar LE
D Ouled Saïd
O. Lakhal
Zlaoula
OG
BA
NE
490
Merissa KSAR EL
50 20 KEBIR
O.
So
ue
ïr
e
er
ad
Dr
0 - 20 m 50 - 80 m
O.
20-50 m 80 - 100 m
LARACHE
510
R E H A
Isla de los
Pàjaros
okh
Guedira
ne
azè
h-S
ekh
O. M
. ak
O S
M N A
O
.L
el Ma
O
UK
.O
KO
ua
O. Smid
Hiaïda ro
S
ur
Aouamra OU
Ouled Sehar LE
D Ouled Saïd
O. Lakhal
Zlaoula
OG
BA
NE
490 Merissa KSAR EL
KEBIR
O.
So
ue
ïr
e
er
ad
Alimentée pour sa plus grande part par les c'est-à-dire vers le NW, avec un écoulement axé
eaux de l'unité précédente, cette nappe présente à peu près sur le cours du Loukkos dans la moitié
à tous points de vue des caractéristiques nettement amont ; le gradient hydraulique, de l'ordre de
moins favorables. 2.10-3 à l'amont ne dépasse pas 2.10-4 dans le centre
de la plaine (arrivée des oueds Ouarour et Mekha-
ALLURE GENERALE (fig. 55) La nappe zène) qui est donc presque endoréique et est
d'ailleurs le siège de merjas. Plus à l'aval,
s'écoule suivant la pente de la plaine, l'écoulement semble nul, en liaison avec la petite
retenue
122 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Essai de bilan
Cette opération est aléatoire en raison de pour les cultures annuelles, et 1 1/s pour le
l'insuffisance des données que l'on possède, tant sur maraîchage industriel.
l'alimentation que sur les prélèvements. Il est
notamment délicat de déterminer le coefficient
ZONE NW DES REHAMNA
d'infiltration d'une manière rigoureuse ; les études
menées par M. Messaoud dans cette région lui ont (limitée à l'E par la route et au S par l'ordonnée
permit de donner à ce coefficient la valeur 0,24, y = 503 km)
ce qui paraît un peu fort. Des études parallèles en
Mamora, dans la zone littorale de Rabat et dans L'alimentation de la nappe se fait d'une part
le bassin du Charf-el-Akab près de Tanger ont d ir ectement p ar la p luie sur une s up er ficie d e
montré que ce coefficient y était de l'ordre de 0,16 à 30 km 2 (environ 140 1/s), d'autre part latéralement
0,20 ; on prendra ici la valeur 0,20 ± 0,04. La hauteur par la nappe des Rehamna (le débit donné par
des précipitations annuelles sera prise égale à 720 l'équation de Darcy est de 130 1/s). L'alimentation
mm dans les Rehamna et 750 mm dans la plaine. ne dépasse donc pas 270 1/s. Les seuls
Or utilisera pour les modules d'irrigation les prélèvements sont causés par l'irrigation de 400 ha
valeurs de 0,7 1/s fictifs continus pour les agrumes, d'agrumes et s'élèvent à environ 280 1/s. Cette
0,2 1/s zone est
BAS-LOUKKOS 123
donc exploitée au maximum de ses possibilités ; les de la plaine, on obtient dans les deux cas un débit
pompages intensifs dans certains secteurs localisés de passage d'une dizaine de litres/seconde.
ont d'ailleurs provoqué une baisse du niveau
piézométrique, et même un début d'invasion marine Dans ce secteur, q ui cor respo nd do nc à la
à l'aval hydraulique du Douar Guedira (forage moitié amont de la plaine, la nappe est alimentée
305/3), à raison de 70 1/s par les eaux souterraines du
Rmel ; l'alimentation par infiltration directe, faible
et non chiffrable, sera négligée ; il en sera de même
RESTE DE LA ZONE COTIERE
des eaux de crue de l'oued Ouarour, qui arrivent
(limitée à l'E par une ligne passant par les douars à un moment où la nappe est déjà proche du sol,
Hiaïda et Zlaoula, et au S par l'ordonnée voire affleurante, ce qui n'entraîne sans doute
Y = 492 km) qu'une alimentation très restreinte. Les prélèvements
par irrigation ne dépassent guère 20 1/s, la plus
La seule alimentation est celle qui se fait grande partie des pompages s'effectuant dans les
directement par infiltration des pluies sur les 35 oueds. En résumé l'alimentation est donc d'au
km 2 de cette zone, soit environ 160 1/s. Les moins 70 1/s alors que les prélèvements ne
prélèvements par pompage ne doivent pas dépassent guère 30 1/s. Le complément alimente
dépasser 40 1/s, ce qui pourrait permettre d'irriguer l'oued Loukkos, ce qui a d'ailleurs pu être mis en
de nouvelles terres jusqu'à concurrence de 100 1/s évidence en jaugeant cet oued sur deux sections
environ. différentes.
HYDROGEOLOGIE APPLIQUEE
Les villes de Larache et de Ksar-el-Kebir à 500 mg/1) ; de plus la qualité bactériologique est
prélèvent dans la nappe des Rehamna l'eau infiniment meilleure que celle du Sakh-Sokh. La
nécessaire à leur consommation. Larache était ville de Ksar-el-Kebir (34 000 hab.) est
auparavant alimentée par un captage sur l'oued actuellement alimentée en eau par un captage sur
Sakh-Sokh (302/3) donnant en moyenne 40 1/s, soit l'oued Smid-el-Ma (303 et 304/3) fournissant
3 000 m3 /j ; le réseau de distribution était tel que moins de 50 1/s d'une eau sujette à pollution et
près de la moitié de ce volume se perdait, ce qui non traitée ; le réseau de distribution est aussi
ne laissait à la population (31 000 hab.) qu'un débit peu rentable que celui de Larache. Il faudrait
moyen journalier de l'ordre de 60 litres par assurer à la ville une eau saine en quantité
habitant. Actuellement le réseau est en voie suffisante (80 à 100 1/s), ce qui pourrait être
d'amélioration et l'alimentation se fait à partir de obtenu par deux ou trois sondages i mplantés
deux forages (718 et 719/3) pouvant fournir 100 1/s dans la nappa des Ouled-Ogbane ; le forage 700/3
d'une eau carbonatée calcique à faible résidu sec peut déjà être utilisé à ce titre pour 20 1/s.
(inférieur
Le bassin du Bas-Loukkos (y compris le secteur On a vu dans le bilan que, sur le Rmel (sauf la
de Barga, dans le bassin du Dradère) est exploité région de Larache), on pouvait encore utiliser
sur environ 24 000 ha, se décomposant de la façon quelque 300 1/s d'eaux souterraines, ce qui
suivante : permettrait la mise en valeur de 500 à 1 500 ha
selon le type de culture. Ce débit est faible eu
Plaine Rmel Total égard à celui des eaux de surface, de crue
notamment, qui se perdent en mer.
céréaliculture tradi- Or aucun ouvrage ne permet d'utiliser
tionnelle rationnellement les eaux de surface sauf, dans le
10 000 1 5 000 3 15 000 4 cours inférieur du Loukkos, la digue de la Isla-de-
los-Pajaros, propriété de la Compagnie du Loukkos,
polyculture tradition- qui fait obstacle à l'invasion des marées et forme
nelle ............................ une petite réserve pour l'irrigation de 1 600 ha. La
000 000 1 000 2
plus grande partie des 2 300 ha restants sont irrigués
agrumiculture moder- par des moto-pompes puisant dans l'oued
ne ............................... Loukkos.
300 800 100
On étudie depuis quelques années la possibilité
maraîchage industriel 1 100 1 100 d'exécuter un ou plusieurs barrages sur l'oued
Loukkos ou ses affluents avant leur entrée dans
polyculture moderne 700 900 1 600 la plaine. Après reconnaissance de plusieurs sites,
on a retenu provisoirement celui de Tfer, sur le
Loukkos, à une quarantaine de kilomètres à l'amont
Total 13 100 10 700 23 800 de Ksar-el-Kebir. Le barrage s'appuierait sur un
synclinal de marnes oligocènes armées d'un gros
banc de grès ; la retenue se trouverait en partie
Dans cette superficie, seuls les 2 100 ha dans les nappes mésorifaines et en partie dans
d'agrumes et les 1 100 ha de tomate-niora sont irrigués l'unité de Tanger, soit essentiellement dans des
intensivement une partie de l'année ; on peut faciès marno-schisteux. Le barrage (poids en béton,
estimer à 600 ha la superficie de cultures annuelles ou digue mixte en terre et enrochements) aurait
modernes irriguées extensivement ; ceci porte à une hauteur d'environ 60 m hors-sol, ce qui
3 800 ha la superficie de cultures modernes provoquerait une retenue de près d'un milliard de
irriguées, dont 1 400 ha à partir des eaux mètres cubes permettant de régulariser 265.10 6
souterraines et 2 400 ha à partir des eaux de m3/an. Un autre site, celui de Koudiat-er-Rhorfa, est
surface. La superficie de cultures traditionnelles en cours d'étude. Situé juste avant le débouché du
irriguées ne doit pas dépasser 1 000 ha, dont la Loukkos dans la plaine, il permettrait de contrôler
presque totalité est irriguée à partir des eaux de une plus grande partie de son bassin versant. La
surface. décision entre cet emplacement et celui de Tfer
interviendra
BAS-LOUKKOS 125
lorsque le degré des connaissances sera compara- ha, voire 26 000 en envoyant de l'eau dans le
bie sur les deux sites. bassin voisin du Dradère. Les investissements totaux
L'ouvrage choisi, quel qu'il soit, assurera, outre varient selon les schémas entre 10 500 et 12 000 Dh
l'écrêtement des crues du Loukkos, la mise en par hectare.
valeur de la plaine. Les études d'aménagement
Les cultures proposées sont très variées ; outre
prévoient la construction du barrage principal,
d'un barrage de prise, d'un barrage de garde près celles qui sont déjà pratiquées dans la région, on
de l'embouchure, et des réseaux d'irrigation a envisagé des cultures maraîchères (betterave,
nécessaires ; elles prévoient de plus l'assainissement cornichon), industrielles (canne à sucre, betterave
du bassin et son équipement routier. Selon les sucrière, coton, soja) et fourragères, ainsi que des
schémas, la superficie aménagée varie entre 14 000 céréales (sorgho), du théier et de l'avocatier.
et 22 000
R E F E R E N C E S
DURAND DELGA M., HOTTINGER L., MARÇAIS J., M ATTAUER M., M ESSAOUD M. (1963) : Rapport hydrogéologique du bassin
MILLIARD Y. & SUTER G. (1960-62) : Données actuelles du Bas-Loukkos. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 111 pp..
sur la structure du Rif. M. h. sér. Soc. géol. Fr., (Livre 3 cartes, 9 diagr., 58 pp. d'annexes, 12 cartes h.t. en
coul., 4 profils géol. h.t. en coul., 5 graph. h.t., bibl.
mémoire P. Fallot), t. I, pp. 399-422, 3 fig., 1 pl. h.t.,
S.C.E.T. (1964) : Aménagement du bassin de l'oued Louk-
bibl. kos. Arch. MTPC/DH/DRE & Min. Agric.
127
I. 5
LE TANGEROIS
Par
Jean-Pierre THAUVIN
Cette unité, prise au sens très large, est limitée plus accentués et un peu plus hauts dans la moitié
à l'W par l'Océan Atlantique, au N par le Détroit sud-est.
de Gibraltar, au S par la ligne de partage des eaux
des bassins du Marhar et du Kharroub, et à l'E par Le seul centre urbain est Tanger (142 000 habi-
celle des bassins des oueds El-Liam d'une part, tants en 1960, environ 180 000 actuellement) qui
El-Ksar et Khemis d'autre part (fig. 59). Il faut voit de plus en plus s'estomper son ancien caractère
de ville internationale, notamment au point de vue
convenir que rien, ou peu de chose, justifie ce
économique. L'ensemble du Tangérois, y compris
découpage, sinon une certaine affinité dans le
la ville de Tanger, a une population de 250 000
climat et le relief ; cette entité n'en forme une que
habitants.
sur le plan de la mise en valeur agricole, pour
laquelle des projets assez homogènes (lacs collinai- Les activités humaines rurales sont uniquement
res) ont été élaborés. consacrées à l'élevage et à la culture traditionnelle,
des céréales notamment. La ville de Tanger est le
Ainsi définie, cette unité a une superficie d'en- siège de petites industries (textiles, agar-agar,
viron 900 km2 , et forme grossièrement un rectangle boissons gazeuses, petite mécanique) et d'un port
de 35 X 25 km. Elle est bordée par 60 km de côtes, relativement important orienté vers le transport de
dont 35 sur le Détroit et 25 sur l'Atlantique ; son passagers (liaisons quotidiennes avec l'Espagne ;
point culminant se situe dans l'angle sud-oriental, fête de pont du tourisme européen au Maroc), et
où le jbel Hayya culmine à 690 m d'altitude. Les de certaines denrées (agrumes, liège...). La zone
plaines sont peu étendues puisque leur superficie urbaine de Tanger est de plus le siège de deux
réalisations en cours d'exécution : une zone franche
totale ne dépasse pas 60 km 2 ; sur ce total; 40 km2 se
industrielle, installée au S de la ville et couvrant
situent dans la plaine du Marhar, dont le quart est 300 ha ; une zone touristique, qui occupera l'actuelle
régulièrement inondé en période humide. Le reste embouchure de l'oued Mellaleh, à l'E de la ville,
de la superficie du Tangérois est constitué de et dans laquelle a été prévu un plan d'eau arti-
collines dans la moitié nord-ouest, et de reliefs ficiel de près de 200 ha.
GEOLOGIE
Une grande partie du Tangérois est constituée La nappe de Melloussa, très étendue également,
de l'unité dite de Tanger, mésorifaine. Les faciès consiste surtout en une épaisse série de flysch
prédominants sont des argiles et marnes schisteuses verdâtre, de plus en plus argileux vers le haut, et
grises, jaunes en altération, datées du Sénonien, daté de l'Albo-Aptien. Au-dessus, on trouve des
mais on trouve également du Paléocène sous un calcaires siliceux turoniens puis des marnes séno-
faciès comparable, de l'Eocène marneux blanc, et niennes.
de l'Oligo-Miocène à faciès marneux et horizons La nappe de Beni-Idère apparaît essentiellement
de grès. sous forme de calcaires en petites dalles à interlits
228 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
460 Kannkouch
k
lou Montagne O. Ch
J .S att
O. El
O. Bouana O
I Q
.M
el
al
-l
eh
iam
N T
O.
r
Mo Melloussa
n Ama
rho
L A
O. Boukhalef
O. H
u
ug ado
Bo
erra
O . Bombar Roumane
J.
N
D
dou
ar
E A
Zh
iro Rhdir Defla
u ne
f-e
l ïffi
ar b Ta J .
O C
h
C ka Bougdour O. Zi
na
A te
r
560 rha
Ma
O. Rgaïa
O.
O.
Fechkara
Ardez
Ak
Cruce
Sr
ba
hir
Blanco
Ha
O. Defla
m
ra
Fondak
O. K Aïn
ha Jdida
rro Dar chaoui
ub O.
Haricha
de marnes versicolores (Crétacé moyen-supérieur) paux reliefs (jbel Sloukia, Montagne, jbel Dar-
et par le flysch typique de l'Oligocène. Zhirou, Akba-Hamra, jbel Zinate, Talaa-Lacra...).
La nappe de Tizirène est surtout constituée ici En dehors de ces différentes unités de la tecto-
de flysch gréso-schisieux, d'âge crétacé inférieur. nique rifaine, il faut citer le bassin gréseux miocène
supérieur du Charf-el-Akab, qu'on étudiera en
Enfin la nappe numidienne (Oligocène) est détail dans le chapitre traitant de l'alimentation en
abondamment représentée par des grès puissants, eau de Tanger. Le Quaternaire marin figure sur le
surmontant des argilites, et qui forment les princi- littoral, sous forme de grès et de lumachelles ; le
TANGEROIS
129
Quaternaire continental est surtout représenté par actuelles et, au Charf-el-Akab, par des sables blancs
des alluvions, en général assez fines, rharbiennes et à remaniement éolien.
CLIMATOLOGIE
Le Tangérois possède un climat subhumide le nombre de jours de pluie par an est en moyenne
caractérisé par une pluviométrie de quelque 800 mm de 90, soit l'équivalent de 3 mois. Les averses de
et une température de l'ordre de 17,5°C. La pluvio- longue durée (de l'ordre de 24 heures) sont excep-
métrie varie dans le temps de 500 à 1 200 mm, et tionnelles ; le plus souvent, elles ne durent que
dans l'espace de 750 à 1 000 mm. Les mois d'hiver quelques heures ,• les courtes averses peuvent être
(pluviométrie supérieure à 100 mm) s'étendent de relativement violentes (plus de 85 mm/h pour les
novembre à mars avec un maximum en décembre ; averses de 15 minutes).
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE 5-
RIFAIN TAMGEROIS
FIG. 60
Quatre pluviographes de la Division des Ressour- tionnelles. L'écart diurne moyen est de 7 à 9°C
ces en Eau sont en service depuis 1966 ; leurs selon les mois, et de 8°C en moyenne annuelle.
données ont permis de construire la courbe suivante La présence fréquente de vent (surtout d'Est et
(fig. 61). La large ouverture marine du Tangérois d'Ouest) doit être signalée : si la tourmente est
adoucit les températures, dont les valeurs infé- rare, les vents de 7 à 20 km/h existent un jour sur
rieures à 0°C et supérieures à 40°C sont excep- deux.
HYDROLOGIE
Le plus grand cours d'eau de celte région est prise de Bougdour). Cet oued n'est pas jaugé de
l'oued Marhar qui a une longueur de 65 km et un façon rigoureuse et systématique. Néanmoins,
bassin versant de 480 km 2 (340 km 2 au barrage de depuis 1960, les hauteurs d'eau sont relevées une
130 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
90 h en milimètres E
années entre 0,8 et 11,3 m3/s. La période vraiment
80 humide ne dure que de novembre à mars, soit cinq
70
mois. Les matières en suspension sont en quantité
60
1 B très variable suivant la saison, mais sont en moyenne
50
RD
annuelle de l'ordre de 6 g/1.
40
F
R Deux des affluents rive droite du Marhar, l'oued
30
Defla à l'amont et l'oued Taïffine à l'aval, viennent
d'être équipés de stations de jaugeage ; les quatre
20 pluviographes dont il a été fait mention plus haut
et ces deux stations hydrologiques permettront de
très intéressantes corrélations entre les pluies et
les débits écoulés.
10
9
8 Les seuls autres cours d'eau de quelque enver-
7 gure sont les oueds Morhorha et Mellaleh, se jetant
6
dans le Détroit à proximité de Tanger, et l'oued El-
5
Liam, sur la bordure orientale du Tangérois. Il
4 n'exista pour le moment aucune donnée sur ce
3
minutes heures dernier oued ; par contre les deux autres ont fait
5 10 15 30 45 1 2 3 4 6 9 12 temps
l'objet d'une étude en 1956, et leurs débits ont été
extrapolés à partir d'une relation pluie-débit établie
F IG . 61 — Tangérois : hauteurs de pluie en fonction de au moyen de jaugeages journaliers au déversoir
la durée des averses observées sur les stations pendant un hiver. La période étudiée s'étend de
suivantes : E = hauteurs exceptionnelles à Tan- 1946 à 1953. Pour le Mellaleh (Bassin versant 12 km2),
ger aérodrome ; l = hauteurs observées 10 fois
en 10 ans à Tanger aérodrome ; B = Bombar les débits annuels varieraient entre 2 et 22.10 6 m3
(maximum 1966-67) ; RD = Rhdir-Defda (id. (65 à 700 1/s) ; le débit annuel moyen serait de
B) ; F = Fachkara (id. B) ; R = Roumane (id. B). 8,5.10 6 m 3 , soit 270 1/s, et le débit spécifique de
22,5 1/s/km2. Pour le Morhorha (62 km2), les débits
fois par jour au barrage de Bougdour, et transfor- annuels varieraient de 3 à 31.10 6 m3 (10 à 1000 l/s);
mées en débits journaliers au moyen d'une formule le débit annuel moyen serait de 12.10 8 m3 (380 l/s)
de déversoir. Pour la période 1960-61 à 1966-67, le et le débit spécifique de 6,2 1/s/km 2 .
module moyen annuel est d'environ 6 m3 /s fictifs
continus (soit 18 1/s/km2); il a varié selon les On trouvera ci-dessous quelques données moyen-
nes estimées sur la salinité et le dépôt solide des
principaux oueds du Tangérois (en mg/1) :
Résidu sec 400 à 1 000 100 à 700 200 à 500 300 à 600 400 à 1000 400 à 600 400 à 800 400 à 600
30 à 300
Dépôt solide 40 à 200 100 à 500 200 à 500 200 à 2 000 100 à 600 10 à 100 50 à 300
HYDROGEOLOGIE
Comme le reste de la zone rifaine dont il fait petites nappes phréatiques très pauvres, dans les
partie, le Tangérois est dans l'ensemble sous faciès vallées alluviales, sur les plages, et dans la partie
argilo-schisteux et, localement, schisto-gréseux. On altérée des schistes, soit de petites nappes perchées
n'y trouvera donc aucun aquifère important, mis dans les bancs calcaires ou gréseux des flyschs.
à part le petit bassin du Charf-El-Akab qui est une
exception dans cette région. Dans tout le reste du Le principal horizon du Tangérois contenant une
pays, les seules ressources en eau sont soit de nappe phréatique est constitué par les alluvions
TANGEROIS 131
quaternaires des oueds Morhorha, Souani, Mellaleh extrêmement pauvre et discontinue. Elle est exploi-
et Chatt, ainsi que celles des oueds Yhoud et tée par de nombreux puits dont le débit d'exhaure ne
Boubana. Ces sous-écoulements sont très sollicités dépasse qu'exceptionnellement le mètre cube/heure,-
car ils constituent la seule ressource en eau sus- ces puits jouent en effet plutôt le rôle de drain,
ceptible de permettre l'irrigation de quelques cen- voire de simple réservoir. Les variations saisonnières
taines ou quelques milliers de mètres carrés d'assez du niveau piézométrique, ainsi que les rabatte-
bonnes terres de culture. La granulométrie de ments après pompage, sont très élevés et peuvent
l'aquifère dépend de la lithologie du bassin versant dépasser 10 mètres. La qualité chimique de l'eau
qui amène un plus ou moins grand pourcentage
est en général médiocre, voire mauvaise : le résidu
d'éléments grossiers ; l'oued Souani est à ce titre
assez défavorisé, ses alluvions étant surtout limo- sec peut atteindre 3 ou 4 g/1, avec une assez forte
neuses ; en règle générale néanmoins, les alluvions teneur en chlorures (1 g/1) et même en sulfates
grossières (sables, graviers, galets) sont assez abon- (présence de paillettes de gypse et oxydation de
dantes et forment d'assez bons réservoirs de capa- sulfures).
cité malheureusement limitée. Plusieurs dizaines de Outre ces quelques nappes phréatiques, le Tan-
puits sont creusés dans chacun de ces écoulements, gérois recèle quelques minuscules nappes perchées
notamment celui de l'oued Chatt ; certains puits y dans les flyschs calcaires ou gréseux. L'horizon le
sont même équipés de moto-pompes. Les débits plus favorable est constitué par les épaisses séries
exhaurés sont variables et d'ailleurs peu connus, gréseuses, intercalées de lits schisteux, de la nappe
sinon par le biais de la superficie irriguée. 11 numidienne. Parfois assez poreux et souvent assez
semble que, en moyenne annuelle, ces débits soient diaclasés, ces grès peuvent contenir de l'eau dans
de l'ordre de 50 1/s pour l'ensemble des sous-écou- les endroits où elle peut être drainée (fonds de
lements des environs immédiats de Tanger. L'écou- synclinaux, zones fracturées...). Ailleurs, il semble
lement se fait toujours, évidemment, vers la mer, probable que ces grès sont pratiquement secs ; un
avec une pente de 1 à 6%. La puissance aquifère, essai d'exploitation profonde par sondage dans le
très variable, oscille généralement entre 3 et 15 m. quartier de la Montagne s'est soldé par un échec
Le niveau piézométrique est toujours très proche du presque complet : bien que plusieurs arrivées d'eau
sol en hiver (certaines zones sont même inondées) ; aient été mises en évidence à divers niveaux, un
en été par contre il descend de plusieurs mètres, essai de pompage à quelques, mètres cubes/heure
dépassant parfois 10 m. La qualité chimique de l'eau provoqua un rabattement de plusieurs dizaines de
est médiocre, surtout en été ; le résidu sec est le mètres. Pourtant de nombreuses sources jalonnent
plus souvent compris, selon le lieu et la saison, le contact entre les grès numidiens et les argilites
entre 500 et 1 500 mg/1, dont 200 à 700 de chlorures. ou les schistes sous-jacents. C'est le cas des reliefs
De plus, la présence fréquente de nitrates est un s'étendant entre Tanger et le Cap Spartel, ainsi
indice de pollution, soit directe (habitations, jar- que du jbel Dar-Zhirou, du jbel Zinate, etc. Ces
dins), soit par l'intermédiaire des eaux de crues sources, qui ont guidé l'établissement de villages,
qui s'infiltrent en partie. ont des débits allant de quelques litres/minute à
Un autre horizon recelant une nappe phréati- quelques litres/seconde, selon les endroits, mais qui
que est le sable dunaire de Tanger. S'écoulant vers sont relativement soutenus pendant l'été. Aucun
jaugeage systématique de sources n'ayant été
la mer avec une pente de 3 à 4 %, cette nappe n'a
réalisé, il n'est pas possible de chiffrer le débit
que quelques mètres de puissance mais a été très total sortant de cette formation ; pour donner un
sollicitée au début du siècle pour l'alimentation en ordre de grandeur très grossier, on peut estimer le
eau de Tanger ; outre un certain nombre de puits, débit total des sources du Numidien du Tangérois
une galerie y recueillait 4 à 5 litres/seconde. Cette de 50 à 100 1/s en moyenne annuelle. La qualité
nappe draine en effet les versants qui surplombent chimique de l'eau est toujours bonne puisque le
la plage et, dans une moindre mesure, le lit de résidu sec varie le plus souvent entre 200 et 500
l'oued Souani. Quelques puits l'exploitent encore, mg/1, avec une teneur en chlorures toujours infé-
mais son eau est très sensible aux pollutions super- rieure à 150 ou 200 mg/1.
ficielles, ainsi qu'à l'intrusion marine. A l'état D'autres faciès susceptibles d'offrir quelques
naturel, l'eau est de bonne qualité puisque le résidu petites sources sont formés par les petits bancs
sec est de l'ordre de 700 mg/1 avec une teneur en calcaires ou gréseux, intercalés dans des marnes
chlorures de quelque 200 mg/1. schisteuses du Crétacé moyen-supérieur et de l'Oli-
gocène de la nappe de B eni -Idère. C'est le cas
Une grande partie du Tangérois est couverte par aux carrières situées près du belvédère de la route
les argiles et marnes schisteuses sénoniennes dont de Malabata, ou celles situées au NW d'El-Borj.
la frange d'altération, qui peut atteindre quelques Les débits ne dépassent pas quelques litres/minute
mètres, est parfois le siège d'une nappe phréatique mais l'écoulement se poursuit souvent, diminué,
132 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
pendant l'été. La qualité chimique est bonne (teneur qui peuvent, en cas de structure favorable (envi-
en chlorures de l'ordre de 150 mg/1). rons de Kankouch et de Melloussa par exemple),
donner lieu à des sources dont le débit va du
Il faut enfin citer les grès de l'unité de Tizirène litre/minute au litre/seconde.
D'après H. SCHOELLER
DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU Rés. sec 1/?
et E. BERKALOFF à 25°C
Teneurs en mg/l Figuré à 180° C dh pH
n° IRE
+ mmhos
Ca + + Mg + + Na + K + Cl - SO -- ° fr
4 mg/l /cm
10 000
10 000
414/1 1000 41
10 000
192/1 360 12
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
D'après H. SCHOELLER
DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU Rés. sec 1/?
et E. BERKALOFF à 25°C
Teneurs en mg/l Figuré à 180° C dh pH
n° IRE
+ mmhos
Ca + + Mg + + Na + K + Cl - SO -- ° fr
4 mg/l /cm
10 000
10 000
142/1 1020 44
10 000
196/1 570 32
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
F IG. 63 — Types d'eaux souterraines du Tangérois. Le captage 142/1 exploite les dunes quaternaires, le 196/1
exploite les grès numidiens, le 276/1 exploite les alluvions fluviatiles
234 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
HYDROGEOLOGIE APPLIQUEE
O. LEGENDE
vers Tanger
Bo
uk
R.C.A ad 1 - Barrage 2 - Station de traitement
ou
3 - Station de reprise 4 - Station d'injection
Limite du - Station de pompage
U E
N
Charf-el-Akab Conduites
T I Q
0 1 2 Km
A N
Daya 3
Daya
Srhira Dhid
A T L
er
Dhat
ng
Ta
rs
4 2
ve
N
Cimenterie 1
E A
Mackay
O C
Marhar
.
O
at
abat
vers Rab
vers R
de la vidange du réservoir ont montré que le coeffi- observer dans la réalité, lorsque l'on trace graphi-
cient d'emmagasinement était de l'ordre de 3 %, ce quement l'évolution moyenne de la nappe à partir
qui correspondrait à un volume utile de 500 000 des piézomètres, et que l'on se réfère aux dates
m3 environ par mètre de nappe. Le bénéfice annuel de réapparition des sources de déversement (fig. 65).
de la nappe s'est traduit par une remontée moyenne
L'alimentation de Tanger et ses composantes
annuelle de 1,2 m environ, soit environ 7 m en
sont résumées dans le tableau ci-après (en m3) :
6 ans. C'est effectivement ce qu'on peut
1958-59 ............................... 2 267 000 936 200 (41 %) 1 331 600 (59 %) 1 546 100 2 877 700
1959-60 ............................... 2 908 700 988 200 (34 %) 1 920 500 (66 %) 1 817 400 3 737 900
1960-61 ............................... 2 840 700 1 171 800 (41 %) 1 668 900 (59 %) 1 884 000 3 552 900
1961-62 ............................... 2 506 800 1018 800 (41 %) 1 488 000 (59 %) 1 992 800 3 480 800
1962-63 ............................... 2 761 200 812 000 (30 %) 1 949 200 (70 %) 2 035 100 3 984 300
1963-64 ................................... 2 539 100 658 800 (26 %) 1 880 300 (74 %) 2 043 100 3 923 400
1964-65 ............................... 1 982 000 656 700 (33 %) 1 325 300 (67 %) 3 177 200 4 502 600
1965-66 ............................... 3 026 400 899 400 (30 %) 2 127 000 (70 %) 2 484 100 4 611 100
1966-67 ............................... 2 463 900 466 500 (19 %) 1997 400 (81 %) 3 023 700 5 021 100
1967-68 ............................... 3 036 200 664 100 (22 %) 2 372 000 (78 %) 2 822 200 5 194 200
moyenne ......................... 2 633 300 827 300 (32 %) 1 806 000 (68 %) 2 282 600 4 088 600
Il ressort de ces chiffres que le débit prélevé moyenne annuelle) dont il aura besoin dans quel-
dans le Marhar a été, en moyenne, destiné pour ques années, et surtout les 35 000 m 3 /j prévus pour
2/3 à alimenter Tanger et pour 1/3 à recharger la 1980 (fig. 66). L'étude du bilan du Charf-el-Àkab
nappe. D'autre part, toujours en moyenne, la villa montre que, en année de pluviométrie moyenne
de Tanger est alimentée pour 44 % par les eaux de (700 mm), l'alimentation naturelle est de l'ordre de
l,4.10 6 m3 /an. Or la station de Bougdour ne peut
surface et pour 56 % par les eaux souterraines.
traiter que 3.10 6 m3 /an, ce qui donne au total moins
Le recensement de juin 1960 a donné à Tanger de 4,5.10 6 m3 /an. Donc depuis trois ans le supplé-
une population de 142 000 habitants. La consom- ment nécessaire à l'alimentation de Tanger (500 000
mation correspondante est donc de 72 litres/jour/ha- m 3 en 1966-67) est prélevé sur le capital de la
bitant, soit en tout 10 240 m3/j (elle est actuellement nappe, ce qui entraîne une baisse du niveau piézo-
de 10 800 m3/j). Cette consommation est nettement métrique, qu'on observe effectivement. Il est
supérieure en été : le débit de pointe peut atteindre évidemment possible de continuer pendant quel-
certains jours 23 000 m 3 /j ; un débit supérieur ques années à déprimer la nappe, mais dans la
pourrait être donné par l'ensemble Marhar - Charf-el- mesure où on est assuré de pouvoir la régénérer
Akab, à condition d'augmenter la capacité de un jour. Ceci ne pourra être possible qu'en s'assu-
traitement de l'usine et, surtout, celle des conduites rant de ressources supplémentaires en eaux de
de refoulement sur Tanger. Des études sont en surface à l'aide de barrages de retenue. C'est
cours pour donner à Tanger les 20 000 m3/j (en l'orientation qui est donnée aux études actuelles.
La région tangéroise, dans l'état actuel des tionnels, à partir de puits dans les sous-écoulements
choses, ne possède que quelques centaines d'hec- des oueds Souani, Morhorha et Chatt. Ailleurs, on
tares irrigués, généralement par des moyens tradi- ne trouve que des cultures en sec, céréales et sorgho
136 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
15
PI (34/1)
10
15
PII (33/1)
10
15
PIII (35/1)
10
15
PIV (36/1)
10
15
PV (32/1)
10
15
PVI (30/1)
10
-5
15-12-58
15-11-61
15-12-64
15-10-66
15-10-67
15-10-68
15-6-59
1-11-59
15-6-60
1-10-60
15-4-61
15-5-62
1-11-62
15-6-63
1-11-63
15-6-64
1-10-65
15-5-67
15-5-68
1-5-65
1-5-66
F IG. 65 — Evolution piézométrique de la nappe du Charf-el-Akab ; les traits pleins correspondent aux maxima et minima
annuels, les tiretés traduisent l'évolution moyenne des niveaux piézométriques. Les cotes du plan d'eau sont
exprimées en mètres au-dessus du niveau de la mer (cote zéro) dans six piézomètres de surveillance (P
I à P VI)
TANGEROIS 137
Importante porte touristique du Maroc, Tanger modeste, mais suffisant pour des campings organi-
est en train de compléter son équipement hôtelier sés) par utilisation des nappes phréatiques, ou par
si envisage d'augmenter son potentiel d'accueil par le captage de petites sources sur les reliefs gréseux.
l’aménagement de plusieurs plages de ses environs.
Plusieurs d'entre elles pourraient être assez facile- * Projet de Revalorisation de l'Agriculture en sec au
ment pourvues en eau potable (avec un débit Maroc (FAO/Maroc).
138 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Il est évident que l'alimentation en eau potable La zone touristique en cours d'édification sur
de grands complexes touristiques éloignés de la la lisière orientale de la ville, près du Club Euro-
ville est impossible dans l'état actuel mais que, péen du Tourisme (CET), et qui présentera, une
dans certains cas, elle pourra être assurée par de fois achevée, une allure grandiose, sera alimentée
petits barrages de retenue. en eau à partir d'extensions' du réseau urbain.
Industrie
Peu riche en eau, la région de Tanger ne peut coût élevé de l'eau. C'est dans cette optique que
accepter que des industries peu consommatrices ou vient d'être achevée une « zone franche indus-
livrant des produits chers qui peuvent amortir le trielle » aux portes de la ville en direction de
Tétouan.
C O N C L U S I O N S
Peu favorisé sur le plan des ressources en eaux ment utilisés par la prise de Bougdour, le Tangérois
souterraines, mais bénéficiaire d'un potentiel en n'est susceptible d'accroître substantiellement son
eaux superficielles qui doit être de l'ordre de 200 activité économique (agricole, industrielle et tou-
à 300 millions de mètres cubes par an (soit de 6 à ristique) que par une mise à contribution rationnelle
9 m3/s), dont seulement 3.106 m3/an sont actuelle- des eaux de surface. C'est dans ce sens que s'orien-
tent les études actuelles.
R E F E R E N C E S
AMBROGGI R. & ROEDERER H. (1956) : Alimentation en eau Italconsult (1965) : Aménagement hydro-agricole de l'hin-
de Tanger ; utilisation des eaux superficielles ; com- terland de Tanger. Arch. Min. Agric. et réf. agraire,
plexe O. Mogoga - O. Mellaleh. Rapp. inéd. MTFC/ Rabat.
DH/DRE, 36 pp., nombr. tabl., 6 pl. h.t.
MESSAOUD M. (1959) : Etude des nappes phréatiques du
AMBROGGI R. (1956) : L'alimentation en eau de Tanger ; périmètre municipal de Tanger ; assainissement du
suralimentation du bassin du Charf-el-Akab. Rapp. futur quartier industriel, Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE,
inéd. MTPC/DH/DRK, 14 pp., 6 fig. 10 pp., 1 diagr. log., 3 cartes.
MESSAOUD M. (1959) : Rapport sur les ressources en eau de
AMBROGGI R. & HAZAN R. (1965-67) : Alimentation artifi- Tétouan, Chaouen, Tanger et Larache. Rapp. inéd.
cielle de nappe aquifère dans les grès fissurés, Tanger, MTPC/DH/DRE, 8 pp., 6 diagr. log., 1 carte.
Maroc, in : Hydrologie des roches fissurées, Colloque
Dubrovnik 1965, Actes, 2, Publ. Ass. int. Hydrol. Sci., MESSAOUD M. (1960) : Note sur le bassin aquifère du Charf-el-
Unesco, Paris, pp. 496-499. Akab (province de Tanger). Rapp. inéd. MTPC/
DH/DRE, 4 pp., 10 pp. d'annexes, 1 carte h.t., 1 pl. h.t.
DURAND DELGA M., HOTTINGER L., MARÇAIS J., MATTAUER M., de coupes géol.
MILLIARD Y. & SUTER G. (1960-62) : Données actuelles
sur la structure du Rif. M. h. sér. Soc. géol. Fr. (livre REMLINGER P. (1950) : Eau potable à Tanger ; exemples à
mémoire P. Fallût), t. I, pp. 399-422, 3 fig., 1 pl. h.t., suivre et à ne pas suivre. Maroc médical, Casablanca,
bibl. n° 300, pp. 425-430.
Russo Ph. (1928) : Recherches hydrogéologiques sur la
G ENTIL L. (1907) : Rapport sur les eaux potables de la zone internationale de Tanger. B. Soc. géol. Fr., 4e sér.,
région de Tanger. Rapp. inéd. Arch. MTPC/DRE. t. 28, fasc. 6-7, pp. 341-352, 1 fig., 1 carte géol. au
1/150 000.
HAZAN R. (1958) : Comportement de la nappe du Charf-el-
Akab (Tanger) ; années 1955-56 et 1956-57. Rapp. inéd. SOYER R. (1950) : Etude hydrogéologique de la zone inter-
MTPC/DH/DRE, 20 pp., nombr. tabl. nationale de Tanger. Rapp. inéd. arch. MTPC/DH/
DRE.
HAZAN R. & THAUVIN J.-P. (1968) : Un exemple de recharge
de nappe : le bassin du Charf-el-Akab (Province de S OYER R. (1951) : Le Néogène de la zone internationale
Tanger, Maroc). B. Bur. Rech. géol. & min., Orléans, de Tanger (Maroc). C.R. Acad. Sci., Paris, t. 233, n° 1,
2e sér., sect. 3 : Hydrogéol., n° 1, pp. 75-78, 1 fig., pp. 76-77.
1 carte. T HAUVIN J.-P. (1964) : Aperçu sur les ressources en eau
des plages du Détroit, de Tanger à Ksar-es-Serhir.
HUMBERT M. & al. (1971) : Mémoire explicatif de la carte Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 3 pp., 1 carte.
géotechnique de Tanger au 1/25 000 : Contribution à
la connaissance du Tangérois. Notes & M. Serv. géol. THAUVIN J.-P. (1964) : Note sur les possibilités en eau de
Maroc, n° 222, 190 pp., 52 fig., 28 tabl., 12 pl. phot, quatre emplacements de camping dans les environs
2 cartes. de Tanger. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 4 pp.
TANGEROIS
139
T HA U VIN J.-P. (1965) : Fermeture nord-ouest du bassin sur le site de barrage de Sidi-Rhezouani sur l'oued
du Charf-el-Akab (Province de Tanger). Rapp. inéd. Haricha (Province de Tétouan). Rapp. inéd. MTPC/
MTPC/DH/DRE, 6 pp. DH/DRE, 9 pp., 4 fig.
T HAUVIN J.-P. (1966) : Climatologie et hydrologie théorique
du Tangérois ; applications à trois sites de barrages T HAUVIN J.-P. (1971) : Hydrologie et hydrogéologie, in :
collinaires. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 31 pp., 7 diagr. Mémoire explicatif de la carte géotechnique de Tanger
au 1/25 000. Contribution à la connaissance du Tan-
T HAU VIN J.-P. (1967) ; Données hydrologiques sur le site gérois. Notes & M. Serv, géol. Maroc, n° 222, pp. 49-60.
de barrage de Sidi-Hassaïne (projet PRAM, province
de Tanger). Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 11 pp., 1 T HAUVIN J.-P. (1971) : Introduction géographique, in :
carte géol. au 1/1000. Mémoire explicatif de la carte géotechnique de Tanger
T HAUVIN J.-P. (1968) : Essais de détermination des coeffi- au 1/25 000. Contribution à la connaissance du Tan-
cients d'infiltration et d'emmagasinement dans le bas- gérois. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 222, pp. 21-30.
sin du Charf-el-Akab (Province de Tanger). Rapp.
inéd. MTPC/DH/DRE, 3 pp., 1 tabl., 1 graph., 3 cartes. YOVANOVITCH B. (1935) : Hydrogéologie détaillée de la Mon-
tagne de Tanger (Maroc). B. Com. Et. eaux souterr.,
T HAUVIN J.-P. & L AZAREVIC G. (1969) : Note préliminaire Rabat T sér., t. 2, fasc. 6, pp. 51-53.
I. 6
LA PLAINE DU KERTE
par
Philippe CARLIER
Cette plaine (fig. 67) située à l'W de la Province tiellement cultivateurs, récoltent des céréales ou
de Nador est entourée de zones montagneuses : se livrent au jardinage. Ce sont des rifains berbé-
jbel Driouch au S, massif des Temsamane à l'W et rophones fortement attachés à leurs traditions. La
au N, jbel Tistoutine et sa trouée vers la plaine du
population des neuf communes rurales qui se parta-
Gareb à l'E.
gent la plaine du Kerte et les bordures monta-
Le paysage est jeune, profondément marqué par gneuses voisines était de 106 081 habitants au
l'érosion dans les parties montagneuses, caractérisé
par l'absence d'emboîtement des formes du relief recensement de 1960; en majorant ce chiffre de 3 %
dans les plaines (sauf en de rares endroits) et par par an, valeur moyenne du taux d'accroissement
les longs glacis polygéniques qui descendent des démographique, le chiffre obtenu pour la fin de
montagnes et convergent dans les plaines à forte 1969 est de 137000 habitants pour 2 700 km 2 soit
subsidence. 50 habitants au km 2 . En plaine, la densité dépasse
Le milieu humain est influencé par l'aridité du 100 habitants au km2 dans les régions de Midar et
climat. L'habitat est dispersé et les habitants, essen- Driouch.
690
710
MEDITERRANEE
Tanger
MER MEDITERRANEE
Bassin versant de l'Oued Kerte Oujda
Fes
Rabat
Casablanca
UE
ANE
Oum
TIQ
Oued assin
AM e 510
MS
AN
TE
TL
NA
EA
leh
1197/5 el Ma
Ou
Kebdani
Kerte
0 100 200 300 km
OC
ed
d
DE
Echelle :
ue
352
O
543/5
Me
lla
Beni Temmaït
h
Kandoussi
Ou
IF
ed
289 520 Km²
SS Ben Tieb ou 1460 m³/s
Irhane
13/5
Oued
294 Dehar CHA Jbel
Bou
452/5 451/5
101/10 sefdaoun
21/5
Adrar Barrage
208 Km²
Amekrane 300
0,560 m³/s
1183
Asle
r
ma
1200 114/10
Ch
470
1227
520 km² Superficie du bassin versant
0,560 m³/s Débit moyen annuel
ed
1777
1261 Aslef Stations de jaugeage anciennes
725
0 4 8 12 16 km
1801 1839
Echelle :
3°45'
3°30'
3°15'
650
670
690
du Quaternaire affleurent en bordure de la chaîne La nappe de charriage rifaine affleure très peu
et sont formés par un conglomérat d'âge probable- dans le jbel Driouch et le jbel Zouggarhene, mais
ment Villafranchien. Vers le centre de la cuvette elle est très développée dans le jbel Tistoufine. Sur
ces formations passent latéralement à des marnes le Miocène se trouve le Trias sous forme d'argiles
blanches ou jaunâtres alternant avec des dalles rouges gypsifères, de dolomies fétides, noires, ruban-
conglomératiques (à l'aval du pont de Driouch). nées, de gypse (exploité dans le jbel Tistoutine),
PLAINE DU KERTE 143
d'ophites. Des calcaires et dolomies attribuées au vements posthumes ont entièrement replissé le pays
Lias affleurent près de l'oued Chemmar et à 5 km selon des forces orientées du N vers le S. Ces
au SW de Driouch. Au-dessus de ces calcaires et plissements repincent des terrains charriés (plis de
dolomies reposent des marno-calcaires contenant des couverture) et entraînent une grande complexité
ammonites du Toarcien-Aalénien. Puis vient le tectonique dans la bordure sud du Kerte. Toute la
Crétacé essentiellement schisto-gréseux (Néocomien, ride jbel Driouch - jbel Zouggarhene est lardée de
Barrémien). Des niveaux marneux du Crétacé veines filoniennes d'aïounites (de la localité d'El-
supérieur (datés par des microfaunes) peuvent être Aïoun), roches microgrenues, néphéliniques sans
trouvés en profondeur sous la plaine. feldspath, riches en phénocristaux de biotite. Ces
Les terrains allochtones de la nappe prérifaine roches, dont l'âge radiométrique est voisin de 57
se sont mis en place au Tortonien ; puis des mou- millions d'année ± 3, correspondent à l'Eocène.
Cette région appelée massif des Temsamane situées plus au N. A l'E de Kebdani, le Miocène
s'étend au N jusqu'à la Méditerranée ; elle appar- métamorphique recouvre transgressivement la série
tient à l'avant-pays autochtone du Rif et ses roches schisto-gréseuse. En discordance sur ce Miocène
sont caractérisées par un épimétamorphisme impor- vient la transgression messinienne (Tortonien infé-
tant ; les fossiles y sont très rares. rieur) représentée par des dépôts non métamorphi-
ques : molasses à Térébratules et Pectinidés, puis
La plaine du Moyen-Kierte est bordée au N par des marnes et grès fossilifères. Des dépôts conti-
une série métamorphique qui débute par des nentaux vraisemblablement pliocènes la surmon-
conglomérats chloriteux et des calcaires bruns, tent.
parfois précédés de roches vertes écrasées et Le métamorphisme qui affecte le massif des
métamorphisées. Ces niveaux font penser aux Temsamane est récent, le Miocène est assez bien
molasses de base du « Miocène anté-nappe » (Torto- caractérisé ; cependant les terrains anté-miocènes
nien inférieur) et sont suivis par une série de des Temsamane ont déjà été plissés avant la trans-
schistes métamorphiques. Cet ensemble est inten- gression du Tortonien inférieur, et il est probable
sément plissoté dans le plan horizontal. Le Miocène qu'existe aussi un autre métamorphisme alpin un
métamorphique affleure sur une largeur de 2 à 5 km. peu plus ancien. Un tel double métamorphisme
Les niveaux de calcaires de base réapparaissent en pourrait expliquer l'intensité surprenante des trans-
de nombreux anticlinaux étirés. Ce Miocène peut formations subies par les unités successives des
être chevauché par les unités schisto-calcaires Temsamane.
Il est surtout connu pour ses exploitations de Tithonique. Le Néocomien à Aptychus, découvert
minerai de fer (Segangane). Il est constitué de par E. del Valle sur les flancs du jbel Bouserit, est
formations jurassico-crétacées ; sa structure de détail constitué d'une épaisse série de schistes calcifères
est complexe et encore imprécise. Le jbel Harcha et argentés et fissiles ; il est surmonté au N d'Ibo-
le dôme d'Iberoudiene sont des coupoles liasiques roudiene par une barre calcaire microcongloméra-
fracturées en leur centre et déversées qui percent tique peu épaisse du Barrémien. Le Burdigalien est
une série de couvertures plastiques en disharmonie discordant sur ces formations sur le flanc sud du
de plissement avec elles. jbel Bouserit ; il se développe dans le jbel Tistou-
Le Dogger est calcaréo-marneux, tronqué par des tine et supporte des klippes de la nappe rifaine.
failles ou des laminages et le Jurassique supérieur Ces séries s'enfoncent vers le N et le NE sous le
est schisto-quartzitique fortement induré avec à sa flysch d'Ouiksane qui renferme les calcaires du
partie supérieure des brèches calcaires et des jbel Ouiksane, roche-magasin de la minéralisation
calcaires vaseux lenticulaires à microfaunes du du gîte ferrifère principal.
144 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE
Les pluies
Les mo yennes annuelles varient entr e 281 mm écart moyen, variabilité moyenne et rapport des
à D riou ch et 372 mm à T a fe r s it. Il se mb le qu 'un extrêmes calculés pour le poste de Midar :
mo dul e d e 300 mm s o it as s e z rep r és en ta ti f d e l a • Altitude en mètres ................ 380
plaine mais les bordures montagneuses, du fait de
• Moyenne annuelle en milli
l'altitude, doivent être plus arrosées ; l'indice plu-
viométrique est égal à 438 mm à Tizi-Ouzli (altitude
mètres (1933-1963) ................... 294
1300 m) et 402 mm à Aïn -Zora (altitude 800 m). • Ecart moyen hyperannuel en
(Xi - X)
L'exa men des mo yennes m ensuelles montre que millimètres ---------- ............ 85 (0,34)
les mois de juin à septembre sont pratiquement n
secs (7 % du total annuel) et que le reste de l'année
e s t a rro s é d 'un e fa çon a ss e z ho mo gèn e a ve c un • Rapport des extrêmes annuels 7,5
maximum principal en décembre et un maximum • Variabilité moyenne en milli
secondaire en avril. mètres .......................................... 120
Le nombre de jours de pluie par an est faible ; • Moyenne annuelle du nombre
pour le poste de Midar il a été observé 30 jours de jours de pluie .................. 40
en 1961 et 1964 et 54 jours en 1962, la moyenne est • Maximum enregistré en 24
de 40 jours. Il est rare d'avoir plus de 4 ou 5 jour - heures en millimètres ............ 116 (16.5.62)
nées pluvieuses consécutives. Le beau temps entraî - • Indice pluviométrique maximal
n a n t l ' é v a p o r a t i o n r e v i e n t t r è s vi t e . L e s o r a g e s enregistré en mm ................... 600 (en 1962-63)
courts et violents sont fréquents et l'eau n'a pas le
te mps de pénétrer dans les sols qui se glacent en • Indice pluviométrique minimal
surface avec saturation des premiers centimètres enregistré en mm .................. 8 (en 1944-45)
de terrain. Malgré l'irrégularité des mesures nécessitant un
L'irrégularité du régime pluriannuel des pluies certain nombre d'interpolations, l'existence des
est p lus gr and e q ue cell e d u r égi me an nuel ; séries d'années déficitaires et de séries d'années
plutôt que d'une année mo yenne il faut parler aux précipitations supérieures à la normale n'est
d'une succession d'années sèches et humides : les pas contestable ; par exemple à Midar, moyenne
totaux annuels peuvent varier dans le rapport de sur 7 années :
1 à 7,5. Les moyennes annuelles sont complétées 1944-45 à 50-51 = 224 mm
par des indices exprimant l'irrégularité du régime : et 1961-62 à 67-68 = 392 mm.
La température
La température est beaucoup plus régulière d'une et le minimum absolu de zéro est observé plusieurs
année à l'autre que la pluviométrie. A Midar la fois en janvier, environ une année sur deux.
moyenne annuelle est de 17,5°C et à Driouch de La saison chaude, définie comme la période pen-
dant laquelle les moyennes des maximums sont
17,6°C. Pour les années 1958 à 1968, le maximum
supérieures à 30°C, dure trois mois (juillet, août et
absolu enregistré à Midar a été de 44°C le 12-7-61 septembre).
L'évaporation
Dans les conditions climatiques du Moyen-Kerte, E = 884 mm dont les deux tiers (595 mm) sont tota-
l'évaporation potentielle, c'est-à-dire le pouvoir lisés pour cinq mois (mai à septembre).
évaporant de l'atmosphère, est très supérieure à Les mesures faites à l'évaporomètre de Piche à
l'évaporation réelle. Midar et Driouch donnent les résultats suivants :
Midar : 793 mm moyenne sur 4 années Driouch
Le calcul de l'évaporation potentielle selon la : 735 mm moyenne sur 6 années dont aussi les
méthode de Thornthwaite donne pour l'année : deux fiers entre mai et septembre.
PLAINE DU KERTE 145
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE RIFAIN 6 - PLAINE DU KERTE
MIDAR (1958-1968) 16.1 4.6 18.1 5.9 19.9 7.3 21.9 8.2 26.6 11.9 28.4 13.6 33.0 15.8 34.5 16.4 32.2 14.6 26.0 12.6 19.8 9.1 17.7 6.6 24.5 10.5
MIDAR 10. 3 12.0 13.6 14.5 19.2 21.0 24.5 25.5 23.3 19.3 14.5 12.1 17.5 274 - 39 Db'3 da' 291
FIG. 68
Le calcul de l'évaporation réelle suivant Thornfh- potranspiration réelle ; d'autre part les apports d'eau
waite donne pour l'année E = 274 mm mais la d'irrigation augmentent l'importance de l'évapo-
concentration des précipitations en un petit nombre transpiration réelle. Le calcul suivant Turc donne :
de jours rend assez aléatoire le bilan par soustrac- E2 — 291 mm à Midar et 278 mm à Driouch soit
tion des moyennes mensuelles et surévalue l'éva- une valeur proche de celle de Thornthwaite.
L'aridité
A Midar l'indice d'aridité selon Thornthwaite En résumé le climat du Moyen-Kerte peut être
est égal à 70 et l'indice global est — 39, le quo- défini comme étant à la limite du semi-aride et de
tient pluviothermique d'Emberger est 33. l'aride, continental mais avec une influence modé-
ratrice due à la proximité de la mer.
HYDROLOGIE SUPERFICIELLE
L'ensemble du bassin de l'oued Kerte s'étend L'oued Irhane n'intéresse pas la plaine du Moyen-
sur 2 710 km2 dont 1 500 km2 concernant le Moyen Kerte ; ses eaux sont retenues par un petit barrage
et le Haut-Kerte. situé à l'W du Guerrouaou et envoyées dans cette
L'oued Kerte est pérenne ainsi que ses princi- plaine par un canal de 2 km aboutissant dans une
paux affluents. Le Haut-Kerte est formé des oueds cuvette naturelle fermée par une digue et permet-
Tiakhenat et Medja puis reçoit sur la droite les tant de retenir un maximum de 15.10 6 m3 d'eau.
oueds Chemmar, Irhane et Oumassine ; sur la gauche
les oueds Kharoua, Ouardane et El-Maleh (fig. 67). Le régime annuel est caractérisé par un faible
De nombreux petits cours d'eau saisonniers drai- débit d'étiage pouvant être nul pour certains
nent les massifs montagneux. affluents, l'essentiel de l'écoulement étant le fait de
0 2 4 6 8 km
Plio-Villafranchien et Quaternaire
700
Mio-Pliocène post-nappe (marnes)
e
né
Autochtone et
Parautochone
Miocène anté-nappe (marnes à intercalations rra
de grès et de conglomérats) ite
Méd OU
r UG
Me O
Miocène métamorphique (calcschistes et cipolins) E UR
Jurassique et Crétacé (schistes et grès, marno-calcaires, MAN GO
A
marno_grès)
MS
Paléozoïque (micaschistes et séricitoschistes) TE
SEGANGANE
Nappes de charriage intrarifaines
Allochtone
Roches eruptives (basaltes, andésites, trachytes, rhyolites,
diorites)
Contact anormal Failles J.O
UIK
KEBDANI SA
axe de subsidence du bassin miocène 1587/6 !
NE
125
Piézomètres et puits cités dans le texte 125 NI
O KANDOUSSI BE
150
BEN- 35
0 ue 150
S EB
d 150
DE
5
TAÏB 32
680
175
O 1015/6
SIF 30
0 urd 1157/6 175 A
an G
0
d Mt ARROUIT
S
20
e e
Ou
MA
175
DU
5
TINE
22
27
5
E TOU
RT
541/5 !
. TIS E
ne
250
45/5 !
TAFERSIT PLAINE
1187/6
K E J
IN
Irha
DU 1016/6 A
PL
37 00
30/5
5 5
1188/6 1189/6
4700
5
52
4
5
42550
DARIOUCH
4
879/6 !
31/5 1163/6 ! 520/6
E 517/6
IN Melloul TISTOUTINE 518/6
UZ 250 22 200
42/5 ! 1177/5 5 519/6
O J. ZOUGGAR
IT
27
rte
N 738/6 522/6
Ke
33/5
BE MIDAR
30
J. DRIOUCH
0
d 453/5
Oue
32
35
Oued
5
0
43/5 ! Oued J. HAMZA
121/10 !
a
480 480
mm
J. NACH
e
Ch
680
700
Oued
Barrage
GUERROUAOU
F IG . 69 — Plaine du Kerte : schéma géologique d'après G. Suter et surface piézométrique de la nappe phréatique
PLAINE DU KERTE 14 7
quelques crues ; les hautes eaux ont lieu de septem- à Driouch les salinités mesurées sont de 2 g/1 en
bre jusqu'à mai. Le régime pluriannuel présente une hautes eaux et 4,7 g/1 en étiage.
grande irrégularité, conséquence de la grande varia-
bilité de la pluviométrie annuelle. Salinité des eaux de l'oued Kerte à Driouch
en période de crue
Deux stations hydrométriques modernes fonction-
nent depuis octobre 1968 à Telat-Ezlef et Driouch
sur le Kerte lui-même ; les mesures faites avant cette Date CE. à Equiva- Débit de
date sont incertaines et peu exploitables. Toutefois 25°C en lent en l'oued en
quelques séries de mesures intéressantes sont four- mmhos g/1 m3 /s
nies pour la période 1943-1955 par les stations avec
déversoir de Telat-Ezlef (anciennement Aslef), et
de l'oued Irhane aval (Igan-Bajo). 14.2.69 ................ 5,07 3,5 1,8
27.2.69 .............. 3,5 3,7 4,1
Le coefficient moyen d'écoulement est d'environ
0,25 à Telat-Ezlef et Irhane aval. 27.2.69 .............. 5,3 2,5 env. 10,0
3 3 2
Une crue de 272 m /s ou 1,3 m /s/km a été 20.5.69 .............. 2,6 1,8 8,4
observée le 12.9.1951 à Telat-Ezlef. La plus forte crue
enregistrée à Irhane aval est de 232 m 3 /s ou 0,44
m3/s/km2 en mars 1953.
Les eaux ont un faciès sulfaté alcalin ou chloruré
Les étiages sont très faibles et ont lieu générale- sodique riche en sulfate. La forte concentration des
ment en août et septembre, le débit moyen mensuel eaux de l'oued Chemmar en étiage est due vrai-
du mois le plus faible de l'année est de 90 1/s en semblablement à l'importance des niveaux salifères
août à Telat-Ezlef pour 12 années d'observations soit du Trias affleurant dans le bassin versant.
3,43 1/s/km 2 , il est nul à Irhane aval en juillet et
août. Les quelques résultats obtenus jusqu'à mainte-
nant sur l'oued Kerte et ses affluents permettent
Les résultats des analyses chimiques des eaux de dégager les caractéristiques suivantes pour
superficielles sont indiqués sur le tableau suivant. l'écoulement superficiel :
• grande variabilité du régime saisonnier d'une
Les concentrations mesurées à Telat-Ezlef et Midar
année à l'autre,
varient entre 1,3 et 3,1 g/1, la valeur la plus cou-
rante étant 2,5 g/1. Sur l'oued Chemmar en amont • débits de crues importants,
du confluent avec le Kerte la salinité varie entre • étiages faibles ou nuls,
3 g/1 en hautes eaux et près de 10 g/1 en étiage ; • forte salinité des eaux en étiage comme en crue.
Mesures hydrologiques sur le bassin du Kerte
Mois Sept. Oct. Nov. Dec. Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août
Débits moyens mensuels en m3 /s 1,06 0,39 0,26 0,9 0,26 0,17 0,19 3,38 0,21 0,12 0,14 0,10
3
Maximum instantané en m /s et 272 31,56 36,52 22,56 18,58 2,52 7,46 53,02 41,76 36,52 22,56 2,12
année 1951 1950 1944 1945 1.946 1945 1953 1955 1949 1944 1945 1955
Minimum en m3 /s (moyenne journa-
0,06 0,08 0,08 0,05 0,06 0,08 0,08 0,07 0,04 0,06 0,06 0,04
lière)
et année 1944 1948 1948 1947 1948 1949 1944 1947 1944 1944 1944 1944
Mois Sept. Oct. Nov. Dec. Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août
Débits moyens mensuels en m3 /s 0,13 2,95 0,65 1,18 1,90 4,23 2,62 3,32 0,54 0,24 0,00 0,00
3
Maximum instantané en m /s et 187,70 169,67 184,95 139,51 115,15 81,94 232,49 192,35 1,48 43,87 4,99 0,00
année 3952 1948 1954 1949 1950 1954 1953 1948 1947 1955 1945 1955
Minimum en m3 /s (moyenne journa- 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00
0,00 0,00
lière)
et année 1954 1951 1953 1953 1952 1953 1952 1954 1954 1954 1954 1954
Kerte : analyses chimiques des eaux superficielles
Oued Date de Ca Mg Na K Cl SO4 CO3H Résidu Concen- CE. à de sodium Qualité pour
prélève- sec à tration en 25°C en 100 = rNa l'irrigation
ment 180°C en mé/1 mmhos rCo + rMg + rNa d'après Greene
mg/1
Kerte à Telat-Ezlef 27.10.66 166 44 100 3 131 288 1 305 1274 2 30,9 - 27 Bonne
crue
(n°IRE 114/10) 202 155 33
28. 5.68 177 177 113 164 076 58,3 2 560 24 »
Kerte à Midar
(n°IRE 452/5) 27.10.66 220 158 300 5 365 1080 134 2 542 72,1 crue - 35 »
27. 2.68 192 155 290 4 323 1 603 122 2 286 69,6 crue 2 930 36 »
28. 5.68 274 215 445 8 454 1574 213 3 106 100,0 3 790 38 »
16.10.68 215 136 322 5 319 1 152 201 2 351 72,4 3 000 38 »
Kerte à Driouch 28.10.66 322 166 775 5 210 1 075 128 4 134 125,2 - 55 »
(n°IRE 1447/6) 27. 2.68 268 148 640 5 987 4 017 232 3 300 106,3 crue 4 680 52 »
30. 5.68 320 225 674 10 979 1 617 164 4 000 128,0 5 805 46 »
150 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
HYDROGEOLOGIE
(fig. 69)
Une nappe libre s'étend sous la plaine du Moyen- bilité. L'oued Kerte alimente la nappe en amont de
Kerte et s'écoule sur les marnes bleues du Miocène. son confluent avec l'oued Kharoua à l'E de Midar,
L'aquifère est constitué de limons graveleux et il draine la nappe en aval de Driouch. La nappe
argileux, de conglomérats peu consolidés à ciment s'écoule d'W en E avec une pente variable : de
marneux d'âge Villafranchien, ainsi que d'alluvions l'ordre de 4 % en amont (Tafersit), elle diminue
fluviatiles dans les sous-écoulements d'oueds. au niveau de Driouch où sa valeur moyenne est
0,5 %, plus à l'E elle augmente et atteint 1 %,
Les caractéristiques de la nappe phréatique sont
bien connues surtout dans la région de Driouch où
la densité des puits est importante ; dans les secteurs PUISSANCE AQUIFERE
plus pauvres en points d'eau 6 puits d'étude et 10
La puissance aquifère a pu être estimée grâce à
forages de reconnaissance ont été creusés (fig. 70).
l'étude par géophysique de la plaine. La prospection
La nappe phréatique est à une profondeur électrique a permis de connaître les cotes du toit
moyenne (fig. 71) supérieure à 10 m dans la plus du conducteur profond qui, étant donné ses très
grande partie de la plaine ; atteignant 60 m entre faibles résistivités peut être considéré comme une
Tafersit et Ben-Tieb, elle a une profondeur infé assise imperméable. Le toit du conducteur profond
rieure à 10 m au N et à l'W de Tafersit, à Midar est donc la base de l'ensemble aquifère dans lequel
le long de l'oued Kharoua et surtout dans une circule la nappe phréatique.
bande longue de 15 km et large de 1 à 2,5 km,
située à l'E et à l'W de Driouch, et le long de La carte des courbes d'égales épaisseurs de la
l'oued Kerte. nappe phréatique ou isopaques (fig. 72) montre que
l'importance de l'aquifère varie de moins de 50
La fréquence des profondeurs d'après la plani- mètr es sur les bordures sud et ouest de la plaine
métrie des surfaces inter-isobathes sur 225 km 2 est à 200 mètres au centre. Le volume de l'aquifèrs
la suivante : pour l'ensemble de la nappe du Moyen-Kerte est
environ 24.109 m3.
Profondeur (en m) Pourcentage de la surface
de la nappe étudiée en L'écoulement de la nappe phréatique est étudié
période d'étiage moyen ici indépendamment de ses fluctuations. Las
connaissances précises concernant les transmissivités
et les vitesses d'écoulement sont encore peu nom-
breuses et localisées, aussi leur extrapolation ne
moins de 10 ................ 25 peut aboutir qu'à fixer des ordres de grandeur.
de 10 à 25 ................... 41
de 25 à 50 .................... 30 TRANSMISSIVITE
r
r
eu
eu
nd
nd Description Lithologique Description Lithologique
te
e
ag
te
ag
ofo
Co
ofo
Co
Et
Et
Pr
Pr
338.01 8.00
VILLAFRANCHIEN
couleur jaune
Ø = 12 " 1/2
galets très dispersés.
3/8
Ø = 17"
292.01 54.00
Conglomérat à petits galets
N.P. peu consolidé à ciment
marneux
Ø = 8"
283.01 63.00
339.06 64.00
Conglomérat plus ou moins Marne roouge avec quelques
consolidés de couleur bleu graviers dispersés
33.06 70.00 à ciment argileux 276.01 70.00
VILLAFRANCHIEN
Ø = 17" 3/8
Ø = 17" 3/8
à graviers et galets
351.85 28.00
321.65 29.00
339.35 40.50
308.15 42.50
500 HEK
O LIC
NI
Oued
rte
BE 15 10
Kandoussi Ke 5 10
20
Ben Taïb 15
10
35
40
e
an
Irh
15
d
55 OU
AR Oue 20
30
30
50 DA
Tafersit
25
NE
20
40
5 15
30
45
ed
15
35
25
Ou
20
35
10
NE Driouch
ZI
35
U
30
Tistoutine
25
I TO 20
B EN
Midar Melloul
rte
Ke
5
Oued 10
Oue
d J. Hamza
5
10 Courbe isobathe avec sa profondeur
480
Limite de la nappe phréatique
Profondeur inférieure à 5 m
" comprise entre 5 et 10 m
Barrage
Guerrouaou
680
F IG . 71 — Plaine du Kerte, Profondeurs de la nappe phréatique sous le niveau du sol (en m) d'après les relevés
de l'hiver 1964-65
Les eaux de la nappe phréatique de la plaine L'amplitude moyenne annuelle décroît et la tem-
du Moyen-Kerte ne sont pas assez profondes pour pérature moyenne annuelle croît avec la profondeur.
échapper à l'influence des variations saisonnières La température de l'eau est supérieure à la tempé-
de la température de l'air et du terrain. Jusqu'à une rature moyenne de l'air de novembre à avril et
profondeur d'environ 25 mètres la température des inférieure de mai à octobre. La température du
eaux varie suivant un régime annuel influencé terrain jusqu'à 25 ou 30 mètres de profondeur (zone
principalement par les variations de la température d'hétérothermie) s'accroît en profondeur pendant
moyenne journalière ; au-delà de cette profondeur
l'amplitude annuelle ne dépasse pas 4°C et est une p ar tie de l'année et d iminue p endant une
nulle à partir de 50 mètres de profondeur moyenne, autre période, le sens de cette variation verticale
de la température s'inverse deux fois par an lorsque
Les principales valeurs caractéristiques concer- la température moyenne journalière coïncide avec
nant la température sont indiquées ci-après ; la température moyenne annuelle (fin avril et début
Profondeur moyenne novembre). Toute variation de profondeur entraînera
de la nappe une variation de la température de la couche super-
ficielle de la nappe ; une remontée de la nappe
moins de plus de 25 m entraînera un refroidissement entre novembre et
25 m avril et un réchauffement entre mai et octobre : un
Températures moyennes abaissement aura un effet inverse. Ces mouvements
annuelles en °C . . . . 18,1 24,3 sont donc de nature à diminuer ou à accentuer
Minimum en février ou l'action normale des variations de la température
mars ................................. 12,0 20,0 de l'air. Les eaux de crues sont toujours plus froides
Maximum en juillet ou que celles de la nappe et leur infiltration entraîne
août ................................. 22,0 25,0 un refroidissement de la nappe.
Amplitude moyenne
annuelle en °C . . . . 5,5 4,1
PLAINE DU KERTE 15 3
675
680
685
Courbes d'égale épaisseur de la nappe
50
75
0
10
5
12
0
15
BEN TEIB
5
17
495 495
1 75
0
15
TAFERSIT
490 490
25
125
DRIOUCH
200 100
25
50
175
75
100
125 75
150
175
50
485 200 485
MIDAR 50
75
10
225
0
125
150
0
25 5
27300 5 0 1 2 3 4 km
32
5
20 25
17
Echelle :
0
2
675
680
685
Le régime de la nappe phréatique est contrôlé carie de la figure 67 et leurs caractéristiques prin-
depuis 1963 par l'observation régulière (intervalle cipales sont indiquées dans les tableaux suivant.
de 1 à 2 mois) de 15 puits témoins et piézomètres. Ce sont surtout des émergences des nappes du
Le régime annuel de la nappe phréatique est lié massif des Temsamane situées au pied de la mon-
aux précipitations et aux crues des oueds ; il n'est tagne (Tazimi : 13/5) ou au bord d'un oued (source
pas constant et varie sensiblement suivant les de Tafersit : 541 et 542/5). La source thermale de
années tant par le nombre des fluctuations que par Marium-Lalla-Chafia (101/10) a une température de
leur amplitude ou leur date (fig. 73). L'amplitude 32°C, et elle sourd d'un banc de calcaire gréseux
extrême des fluctuations du niveau piézométrique à patine ferrugineuse ; la région montre des cal-
caires liasiques qui reposent en contact anormal
pour la période 1963-1968 varie de moins de 2 m sur du Miocène anté-nappe constitué par un calcaire
(923/6) à plus de 11 m (33/5). microcongiomératique.
L'autochtone est formé d'une série schisteuse où
LES SOURCES s'intercalent des bancs de grés, de calcaires et de
calcaires gréseux. L'origine de la température élevée
Elles sont peu nombreuses dans la région du et la nature du dégagement gazeux observé de
Moyen-Kerte, les principales sont reportées sur la cette source ne sont pas connues.
Principales sources de la région du Moyen-Kerte
n° IRE Dénomination Coordonnées Altitude Débit T°C Résidu sec Faciès de l'eau Usage
carte 1/50 000 moyen à 180°C
X Y en m en 1/s en mg/1
10/5 Tala-Hadj- 668,02 483,40 420 0,3 V 1400 sulfaté sodique alimentation de douars
Moussa 18
13/5 Berda 666,90 480,15 440 50 20 1 980 à 2 440 sulfaté sodique irrigation et alimentation du
centre de Midar
21/5 Tazimi 665,05 479,55 610 8 20 400 bicarbonaté calcique irrigation et alimentation de
et magnésien douars
541/5 Tala-Marzouk 666,80 492,25 580 0,6 19 620 à 670 Chloruré sodique alimentation de douars, ré-
gion de Tafersit
542/5 Tala-Tanouf 666,70 491,55 570 10 19 370 à 520 Chloro-sulfaté magné- irrigation de cultures et
sien terrasses (Tafersit)
543/5 Zaouïa Moulay 676,150 497,90 510 15 19 660 à 925 chloruré sodique irrigation et alimentation de
Baghda Ben-Tieb
545/5 Tala-Ouafersit 669,25 491,05 470 0,5 22 890 chloruré sodique borne fontaine à 2 robi-
nets
1157/6 Messaouda 694,55 493,90 180 2 20 3 210 à 4 380 chloruré sodique alimentation des douars
1597/6 Tet-Natghanit 688,50 503,48 300 1 17 1 630 chloruré sodique alimentation de douars
(Kebdani)
101/10 Marium-Lalla- 663,25 479,60 500 3 32 1 070 à 1 440 bicarbonaté sodique bains et alimentation de
Chafia douars
PLAINE DU KERTE
200 200
100 100
0 0
1015/6 1015/6
14 14
18 18
22 22
979/6
33/5 26
26
33/5 30
30
979/6
34 34
1016/6
38 38
1016/6
J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D
1962 1963 1964 1965 1966 1967
F IG . 73 — Plaine du Kerte. Variations piézométriques de la nappe phréatique (en m sous le niveau du sol) en
relation avec la pluviométrie à Midar (en mm) pour quatre puits témoins
tracé des courbes d'égales concentrations ou courbes 4 g/1 ce qui correspond pour 1968 à 72 % inférieurs
isocônes. Le planimétrage des zones inter-isocônes à 6 mmhos.
permet de connaître la fréquence des concentra- Les zones de concentration minimale sont situées
tions : au N et à l'E de la plaine (Ben-Tieb et Tafersit). La
Pour la nappe phréatique du Kerte 1 g/1 équi- répartition verticale des concentrations est mal
vaut à 0,65 mmhos mesurés à 25°C. connue, elle est fonction des variations verticales
En 1968, les 66 % de la surface de la nappe ont de faciès et de perméabilité de l'aquifère. La compa-
une concentration comprise entre 2 et 6 mmhos à raison entre la carte des salinités et celle des isoba-
25°C. La salinité a peu varié entre 1965 et 1968, thes (fig. 71) montre que généralement les zones à
79 % des eaux ont une concentration inférieure à fortes concentrations se superposent aux zones à
1 965 1968
N rte
BE Kandoussi Ke
Ben Taïb 2 6
8
e 6
an
d Irh
2 OU
AR Oue
2 DAN
E
6
4
4 8
ed
Ou
NE Driouch
UZI 2
6
4
TO
4 Tistoutine
NI 4 6 8
6
BE
6
8
Midar Melloul 4
rte
4 Ke
Oued
Oue
d 2 Courbe isocône avec sa valeur en g/l J. Hamza
Limite de la nappe phréatique
480 Salinité inférieure à 2 g/l
" comprise entre 2 et 4 g/l
" " 4 et 6 g/l
" supérieure à 8 g/l Barrage
680
Guerrouaou
F IG. 74 — Plaine du Kerte. Concentration des eaux de la nappe phréatique (Résidu sec à 180°C exprimé en g/l)
d'après les prélèvements de l'hiver 1964-1965
Exemples de compositions chimiques d'eau de la nappe phréatique de la plaine du Moyen-Kerte
Teneur en mg/l
Quotient
N° I R E et Coordonnées Ca Mg Na K Cl SO4 CO3H Qualité
sodium
Date de Résidu sec Concen - CE. à pour l'irri-
100 =
prélève- à 180°C en tration en 25°C en gation
rNa
ment mg/1 méq. micromhos d'après
-------------
rCa+rMg+rNa
Greene
27/5 X = 669,15 27.3.68 212 333 1 792 40 2 854 1 181 707 7 670 233,5 11210 67 mauvaise
Y = 482,63
474/5 X = 670,03 25.3.68 56 22 112 1 2 131 2 105 250 622 5 19,5 1 130 52 bonne
Y = 491,10
495/5 X = 670,35 25.3.68 60 155 750 45 627 1 278 982 738 4 188,8 9 650 83 mauvaise
Y = 484,75
528/5 X = 670,50 25.3.68 344 158 680 9 729 509 171 084 1 122,1 5 560 49 douteuse
Y = 486,95
529/5 X = 670,25 25.3.68 236 58 370 6 490 6 302 250 396 47,8 2 500 68 douteuse
Y = 488,75
1151/6 X = 702,98 22.3.68 552 686 3 500 22 958 1833 225 14 086 474,6 21 690 64 inutilisable
Y = 485,67
1237/6 X = 681,62 23.3.68 86 59 312 5 610 96 140 1 438 1 44,4 2 440 60 douteuse
Y = 492,40
1244/6 X = 681,65 28.3.68 118 69 325 2 603 3 278 152 592 7 51,1 2 745 55 bonne
Y = 497,70
1264/6 X = 702,57 19.3.68 356 259 1 900 18 607 873 164 062 4 244,7 11 675 68 mauvaise
Y = 495,40
1325/6 X = 681,60 21.3.68 294 138 920 8 1714 782 207 274 2 134,3 6 790 61 douteuse
Y = 489,10
1358/6 X = 678,20 21.3.68 140 93 400 5 894 283 128 028 4 65,4 3 570 54 douteuse
Y = 489,65
1380/6 X = 682,56 21.3.68 326 249 870 7 1686 1229 183 836 2 150,9 7 150 51 douteuse
Y = 486,12
1435/6 X = 686,06 28.3.68 120 113 572 10 1 090 105 311 270 80,6 4 120 61 douteuse
Y = 491,66
RESSOURCES EN EAU DU MAROC
faible profondeur ; c'est le cas par exemple pour La concentration de l'eau de la nappe phréati-
la région de Driouch, Cette relation n'est pas tou- que varie dans le temps selon un régime en relation
jours exacte dans le détail. avec les fluctuations du niveau de la nappe, donc
Le tableau précédent donne des exemples de la des irrigations et des crues.
composition ionique des eaux, le faciès est iden- Les mesures de la salinité effectuées depuis six
tique quelle que soit la valeur du résidu sec. Le ans (1963) sur des puits témoins montrent une
type est essentiellement chloruré sodique, faciès le tendance à l'augmentation de la teneur en sels
plus répandu au Maroc pour les eaux dont la avec la montée de la nappe. Lorsque le niveau de
concentration dépasse 1 à 1,5 g/1. Quelques eaux
la nappe se maintient relativement constant la
sont riches en sulfates et des faciès sulfatés alcalins
apparaissent entre Driouch et Tafersit (par exemple : salinité garde elle aussi une valeur peu variable.
puits 9/5 et 453/5). Le diagramme logarithmique Les amplitudes absolues des variations de
(fig. 75) et le diagramme en losange (fig. 76) mettent concentration sont comprises entre 0,6 et 4,5 gram-
en évidence le faciès chloruré sodique dominant mes par litre, la moyenne étant 2,3 g/1 (période
avec quelques passages au faciès sulfaté alcalin. 1963-1968).
--
1 000 CO 3 combiné
milliéquivalents
--
1 000 ( CO 3 + HCO 3 - ) -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
Ca
+M
50
Cl
g
calculée d'après des formules empiriques (Thornth-
4 +
SO
40 waite).
30
Les sorties, plus faciles à connaître que les
20 apports, sont formées de deux éléments dans la
nappe du Moyen-Kerte:
10
0
1. l'écoulement souterrain vers l'aval mesuré par
des essais de pompage au niveau des isopièzes
280-285 m ; le débit obtenu par la formule de Darcy
10
3
O
50
+K
HC
ou 5,3.106 m3/an.
3 +
CO
60
14,1 14,1
160 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
L'irrigation des régions de Driouch et Tafersit de l'aquifère (limons graveleux), de la nature des
est faite par des eaux ne provenant pas de la nappe bordures alimentant la nappe (massif métamorphique
phréatique mais de sources drainant le massif des des Temsamane) et du rôle des oueds qui alimen-
Temsamane et de captages dans le Haut-Kerte. tent la nappe particulièrement l'oued Kerte à l'E de
Midar où sur 8 km un débit de 100 à 120 1/s prove-
Les valeurs des apports ne sont que des estima- nant surtout de l'oued Chemmar, s'infiltre dans la
tions faites en tenant compte des caractéristiques nappe en période de basses eaux (tableau ci-dessous).
Station d'Ezlef 222 130 1/s sont utilisés par les riverains
entre Ezlef et Midar et alimentent
Séguia vers Midar 92
Amont du confluent de l'oued la nappe au S de Midar.
néant
Chemmar
Aval du confluent 127 débit provenant de l'oued Chem-
Amont du confluent oued mar.
Kharoua 20 107 1/s alimentent la nappe phréa-
tique sur 5 km.
Provenant de l'oued Kharoua néant
Une campagne de reconnaissance par prospec- avec ses zones de plate-forme, les zones d'enfonce-
tion électrique a été faite en 1968 sur la plaine du ment rapide et la partie profonde ; la plate-forme
Kerte entre Midar, Tistoutine, Kebdani et BenTieb ; en pente régulière vers le NE semble se poursuivre
son but était de reconnaître le mode d'enfoncement sous les collines villafranchiennes des Bni-Temaït,
du substratum jurassique et crétacé sous la plaine elle est limitée au S par des décrochements marqués
au pied des massifs qui la limitent au S, puis de dans la région de Driouch et paraît s'étaler au SW
déterminer l'épaisseur du Miocène transgressif et vers Midar.
du Quaternaire sur ce substratum afin d'implanter
des forages de reconnaissance d'une éventuelle Sur le versant nord de la chaîne du Gareb, la
nappe profonde en charge sous le Miocène. plate-forme est très réduite et limitée par un jeu
de failles importantes mettant vraisemblablement
La carte de la cote du mur du conducteur pro- en contact vertical le substratum résistant et le
fond (fig. 77) donne l'allure générale de la fosse conducteur.
675
680
685
_
30 Forage avec n° d'inventaire
00
+3
Courbe de niveau avec cote du mur +2
00
-500
du conducteur profond
Zone où le recouvrement atteint 400 à 500 00
+1 0
métres d'épaisseur +5
0
0
Faille ou flexure -10
0
-20
0
Coupe électrique -30 0
0
-4
495
BEN TEIB
0
495
-50
C
O
30 U
TAFERSIT PE
0
-50
A
490 490
924
922
00
+4
00
-4
31
DRIOUCH
0
COUPE B +50
+100
32 +200
920
485 485
0
MIDAR 0
33 +5
+100
+200
0 1 2 3 4 km
Echelle :
+300
+50
675
680
685
+100
F IG. 77 — Plaine du Kerte. Résultais de la campagne géophysique par méthode électrique : profondeur sous le sol du
substratum conducteur profond
162 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Les coupes électriques (fig. 78) montrent : • le conducteur épais qui apparaît ensuite semble
devoir être rattaché, dans sa partie supérieure du
• sur la bordure sud de la fosse, les décroche - moins, aux marnes miocènes datées dans le bassin
ments brutaux et la position des lambeaux charriés ; de Kebdani.
le relèvement du substratum vers la bordure nord
de la fosse le long d'une zone de flexure ou de Les plate-formes peu profondes (moins de 400
faille plus atténuée que sur le versant sud ; mètres) situées sur les bordures de la fosse peuvent
• le fond de la fosse qui s'incurve au SW en éventuellement être intéressantes du point de vue
direction du Dehar-Bou-Sefdaoun et qui paraît hydrogéologique, mais au centre le substratum est
calme ; les horizons supérieurs très épais au milieu à trop grande profondeur (supérieure à 500 mètres)
de la plaine qui vont s'amincir sur les flancs de pour être économiquement intéressant.
la fosse, brutalement au S où le résistant supérieur Jusqu'à présent, aucun forage profond n'a permis
peut venir en contact avec le substratum résistant de tester la valeur de l'interprétation de cette
et plus progressivement sur la bordure nord.
campagne géophysique. Des forages permettraient
La stratigraphie des diverses formations peut être éventuellement de juger des quantités et qualités
interprétée comme suit : des eaux susceptibles d'être emmagasinées dans les
• le premier résistant serait le Villafranchien qui réservoirs profonds.
affleure sur le flanc nord de la chaîne du Gareb Les zones d'affleurements permettant l'alimenta-
et sur la rive nord du Kerte ; tion d'une nappe profonde sont situées au S de la
• le premier conducteur peut être identifié aux plaine et couvrent quelques dizaines de km 2 ; cette
marnes du Miocène ; région est très faillée et la circulation des eaux y
serait difficile ; le bilan de la nappe phréatique ne
• le second résistant paraît être, au moins en
partie, le prolongement des niveaux calcaires nécessite pas un rapport par drainance depuis un
conglomératiques du Miocène qui affleurent sur aquifère profond. L'existence d'un aquifère n'est
les massifs du Sud de la plaine ; donc pas démontrée.
Miocène
Métres J.s J.s
500 A F
400
300 50 55 55 4 80 60
3 4 80 70
200 2,8
80 3 2 80 80
60 100 3
100 2,3 100 80 70
R
0
100 17 13 R
200
300
400
R R
500
F.2 F.1
Métres
B
500
400
4
R1 R1 4 5 4 20
300 120 140 100 80
170 75 C1 C1 90 100 100 R
400 R2 R2
200 3
R 2,5 2 2 27 R
100
1,75 C 1,75
0
100
200 R
300 R 0 1 2 km
F.2
400
F.1
80 Résistivité en ohm.m
R1 Premier résistant Miocène calcaire conglomératique
C1 Conducteur intermédiaire
R2 100 Deuxième résistant Néocomien calcaréo-sableux
C 3,25 Conducteur profond
Kimméridjien- Tilhonique (!) calcaire du Jbel Driouch
R Substartum résistant
Accident
LES EAUX SUPERFICIELLES La qualité d'une eau d'irrigation pour son utili-
H. Shoeller (1955) a fixé les normes de pota- sation dans l'agriculture dépend essentiellement de
bilité absolue de l'eau pour l'alimentation humaine sa concentration en sels totaux et de la composi-
en fonction du résidu sec et de la teneur des prin- tion de sa salinité, c'est-à-dire de la proportion
cipaux ions ; les eaux du Kerte sont classées en milliéquivalents des ions les uns par rapport
médiocres à mauvaises à Telat-Ezlef et Midar et aux autres.
mauvaises à non potables à Driouch et sur l'oued Les deux méthodes de classement utilisées ici
Chemmar. sont celles de Greene (FAO) et Riverside.
D'après les normes de Greene (fig. 79) les eaux du amener jusqu'à 27 % de sodium sur le complexe
Haut-Kerte en amont du confluent avec l'oued adsorbant des sols, et plus de 27 % pour la classe
Chemmar sont bonnes pour l'irrigation ; à l'aval la S 4.
concentration augmente avec les apports de l'oued
Chemmar. Malgré les résidus secs élevés, compris entre 1,3
et presque 10 g/1 selon la saison et le lieu de prélè-
Les normes de Riverside sont plus sévères que vement, les eaux superficielles sont utilisables pour
les précédentes ; les eaux sont classées C 4 pour la l'irrigation, mais le salage du sol est à craindre.
salure et S 2, S 3 et S 4 pour la composition de la
salure. L'eau ne contient pas de carbonate de L ES EA UX D E LA N APPE P HR EAT IQ UE
sodium résiduel : r HCO 3 + r CO 3 est toujours D'après les normes de potabilité de H. Schoeller,
inférieur à r Ca + r Mg. seulement 2 % des eaux analysées sont de qualité
La classe 4 indique une salinité supérieure à passable pour la consommation humaine (résidu sec
1,5 mg/1 ou une conductivité électrique supérieure compris entre 0,5 et 1 g/1), 12 % sont médiocres
à 2,25 millimhos à 25°C ; il s'agit d'une eau forte- (R S entre 1 et 2 g/1), 32 % sont mauvaises (R S entre
ment salée à n'utiliser que pour l'irrigation de 2 et 4 g/1) et 54 % sont non potables (RS supé-
cultures très résistantes aux sels. rieur à 4 g/1).
685
680
675
Bonne
Douteuse
Mauvaise
TAFERSIT
490 490
DRIOUCH
485 485
MIDAR
0 1 2 3 4 km
Echelle :
685
680
675
F IG. 79 — Plaine du Kerte. Représentation cartographique de la qualité chimique des eaux de la nappe
phréatique d'après les normes de H. Greene
Cette classification est sévère pour les régions supérieur à 1,5 g/1) et S 2 ou S 3 pour la composi-
à climat aride comme le Moyen-Kerte où il existe tion de la salinité. Il s'agit donc d'eau ne pouvant
très peu d'eau à concentration inférieure à 1 et être utilisée que pour irriguer des cultures résis-
même 2 g/1. tantes aux sels : le coton est cultivé dans la région
de Driouch sur 370 hectares (moyenne 1965-1969).
Comme pour les eaux superficielles, les eaux de
la nappe phréatique seront classées pour leur
utilisation pour l'agriculture, d'après les normes de LES SOURCES
Greene et de Riverside.
L'eau des sources est largement utilisée pour
D'après Greene 8 % des eaux analysées sont l'alimentation de la population, du bétail et l'irri-
considérées comme bonnes, 62 % comme douteuses, gation de quelques cultures.
20 % comme mauvaises et 10 % non inutilisables.
Le tableau ci-après résume les qualités de l'eau
D'après Riverside ces eaux sont pratiquement des principales sources pour la consommation
toutes classées C 4 pour la salinité (résidu sec humaine et l'agriculture :
PLAINE DU KERTE 165
L'irrigation dans la plaine du Kerte est pratiquée m3 /an ou 200 1/s disponibles. Le coût approximatif
surtout dans les trois secteurs de Midar (60 ha), de l'opération en investissement serait de 300 000 Dh
Tafersit (100 ha) et Driouch (800 à 1000 ha en plus le réseau de distribution.
moyenne mais avec d'importantes variations selon
les années, dues à l'action des pouvoirs publics Il existe deux sites de barrages dominant la
en faveur du coton). plaine du Moyen-Kerte :
• Sur le Haut-Kerte à Telat-Ezlef, où le volume
Les cultures modernes sont essentiellement le moyen écoulé annuel est de l'ordre de 18.10 6 m3
coton et les cultures traditionnelles : le tournesol, pour un bassin versant de 208 km2 et un coefficient
la luzerne, le maraîchage. de ruissellement d'environ 0,25.
La concentration des eaux utilisées pour les
irrigations est partout inférieure à 8 mmhos à 25°C Les caractéristiques de ce barrage pourraient
être :
ou 5 g/1 ; elle est de qualité bonne à médiocre
d'après les normes de Greene. — hauteur 30 à 40 m
— longueur en crête 100 à 150 m
Les volumes d'eau consommés proviennent des
sources (40 à 80 1/s) d'une dérivation de l'oued — superficie de la retenue 2,5 à 4 km 2
Kerte en amont de Midar (80 à 160 1/s) et de — volume de la retenue 20 à 30.106 m3 aux cotes
pompages de la nappe phréatique (170 à 200 1/s). 590 et 600
Le bilan des eaux souterraines montre qu'un — superficie irrigable 1 500 à 2 000 ha dans la
volume annuel de l'ordre de 8,8.10 6 m3 ou 280 1/s région de Midar.
s'écoule vers l'aval de la nappe drainée par l'oued La reconnaissance géologique du site du barrage
Kerte sans être pratiquement utilisé. Cette eau montre d'importantes formations gypsifères et sali-
permettrait théoriquement l'irrigation de 800 ha à fères affleurant dans la gorge ; la série triasique
r aiso n d e 8 0 00 m 3 p ar hectar e et p ar an, so it broyée contient des morceaux des schistes sous-
6,4.106 m3/an pour tenir compte d'une marge d'incer- jacents. Le flanc des gorges est formé de schistes
titude de 25 %. L'exploitation de cette nappe pourra et quartzites allochtones du Primaire. Au N les
être obtenue par des puits de 15 à 30 mètres de sommets sont formés de calcaires dolomitiques et
profondeur avec un débit de 5 à 20 1/s, Une ving- gréseux.
taine de puits creusés dans les zones où la transmis-
sivité est la meilleure (secteur de Driouch et axe Ces résultats rendent peu probable la construc-
Driouch-Midar) permettraient de capter les 6,4.106 tion d'un ouvrage d'accumulation en cet endroit.
166 RESSOU RC ES EN EAU D U M ARO C
• Sur l'oued Chemmar au lieu-dit « Allal-Ben- 25 % des apports dans les plaines de la Basse-
Jemaa », le volume moyen écoulé annuel est environ Moulouya). D'autre part, le barrage d'Ezlef aurait
80.10 6 m 3 ; le bassin versant a une superficie de pour conséquence l'augmentation de la salinité en
600 km2 et le coefficient de ruissellement est évalué aval du confluent avec l'oued Ghemmar dont les
à 0,4. Les terrains sont des marnes rouges avec bancs eaux ne seraient plus diluées par le Hauf-Kerte ;
conglomératiques parfois non consolidés du Mio- le résultat serait vraisemblablement une augmen-
cène. La mauvaise qualité chimique des eaux (résidu tation de la concentration de la nappa phréatique
sec à 180°C variant de 3,5 g/1 en crue à 9 g/1 en alimentée surtout en dehors des eaux météoriques
étiage) rend ce projet peu réaliste. par les crues du Chemmar.
La réalisation de ces deux retenues dans le bassin Actuellement sur 320 puits recensés, 90 sont
du Moyen et du Haut-Kerte ne semble pas actuelle- équipés d'une pompe et servent aux besoins d'une
ment possible. ou de quelques familles.
Les possibilités d'expansion des ressources exploi-
L'influence de ces barrages sur la nappe phréa- tables en eau superficielle et souterraine du bassin
tique serait la suppression des apports dus aux du Moyen-Kerte sont limitées par la faiblesse des
eaux de crues, perte en partie compensée par apports à la nappe libre et l'absence de sites
l'infiltration des eaux d'irrigation (de l'ordre de permettant la création d'une ou plusieurs retenues.
REFERENCES
C ARLIER Ph. (1969) ; Etude hydrogéologique de la plaine bat, n° 14, pp, 7 à 16, 1 fig., 1 carte h.t., bibl.
du moyen Kerte, 60 pp., 10 tabl., 48 fig., 1 carte h.t.
Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, Rabat. KARST J. (1960) : Les traits généraux du régime et les
caractéristiques hydrologiques des oueds des provinces
CHOUBERT G. & FAURE-MURET A. (1969) : Carte géologique du nord du Maroc. Notes ma/roc, Rabat, n° 13, pp. 35
des Temsamane, Feuille Boudinar au 1/50 000. C.R. à 43, 1 carte, 3 tabl.
Act. Serv. Carte géol. pour 1969, inéd., pp. 15-20, Rabat.
MARÇAIS J. & SUTER G. (1957) : La région rifaine. Introduc-
HAMEL Ch. (1967) : Etude géologique de la terminaison tion géologique sur la chaîne du Rif et son avant-pays.
occidentale de la chaîne du Gareb (avant-pays du Notes maroc, Rabat, n° 9-10, pp. 5 à 12, 5 fig. dont
Rif oriental). Notes & M. Serv, géol. Maroc, n° 199, un schéma structural.
78 pp., 29 fig., 2 pl. h.t., (Carte & coupe), bibl.
Annuaires hydrologiques de la zone nord du Maroc :
JEANNETTE A. & HAMEL Ch. (1961) : Présentation géologique années 1943-44 à 1955-56. Arch. MTPC/DH/DRE,
et structural du Rif nord-oriental. Mines & géol. Ra- Rabat.
167
I. 7
par
Philippe CARLIER
La région étudiée est formée par deux plaines Hassi-Berkane) soit une densité moyenne de 28
situées au S de Nador. Le bassin versant couvre habitants au kilomètre carré.
910 km2 dont 420 pour les plaines elles-mêmes.
La plaine du Bou-Areg s'étend en croissant autour
La plaine du Gareb est un bassin allongé WSW- d'une lagune, la Sebkha-Bou-Areg dont la profon-
ENE séparé de la plaine du Bou-Areg située au deur maximum est de 8 mètres et la superficie de
NE par les plateaux plio-villafranchiens situés 115 km2 ; un cordon littoral, long de 22 km et large
autour de Selouane, qui reposent sur les formations de 160 à 1 300 mètres ferme la lagune. Une passe de
volcaniques des Bni-Bou-Ifrour et de Laglab. A 3 à 4 mètres de profondeur qu'il faut constamment
l'W un large col permet de communiquer avec le draguer permet la communication avec la Méditer-
bassin de l'oued Kerte au S des jbel Tistoutine et ranée.
jbel Bni-Bou-Ifrour qui ferment la plaine. Celle-ci
est assez aride, mais la présence d'une nappe La plaine est limitée par le massif du Gourougou
phréatique permet l'existence d'une agriculture et les Bni-Bou-Ifrour au N et à l'W, par le piémont
irriguée de type traditionnel dont le développement des Kebdana au S. La topographie du Bou-Areg
est freiné par la salure élevée de l'eau. La région est peu accidentée ; des glacis encroûtés, adossés
mise en valeur est surtout située au S de Monte- aux massifs qu'ils limitent, descendent en pente
Arrouit ; là, des sols minces surmontent les calcaires régulière (1 à 5 %) vers la mer ; ils se prolongent
lacustres Villafranchiens et la nappe est à faible par un vaste glacis rharbien, très développé à l'W
profondeur. de la plaine, plus réduit à l'E où le relief reste
plus contrasté jusqu'à proximité de la mer.
Le Gareb a une topographie régulière sauf à l'E
où l'érosion a creusé un réseau de petites vallées La proximité des deux centres urbains de Nador
qui drainent la plaine en direction du Bou-Areg. et Melilla et les mines de fer de Segangane font
A l'W des glacis quaternaires forment de grands de cette plaine la plus peuplée et la plus cultivée
bombements très amples. de la région. La population est actuellement d'en-
viron 60 000 habitants (commune et ville de Nador
La population de la plaine et des montagnes et commune de Kariat-Arkmane), dont 20 000 pour
voisines est actuellement (1967) d'environ 40 000 la ville de Nador. La densité moyenne est de 180
habitants (communes de Tistoutine, de Selouane et habitants au kilomètre carré.
GEOLOGIE
Plaine du Gareb
NADOR
0 2 4 6 8 10 km
GO UROUGOU 503
SE
BK
505
HA
759
Tid C_ A 1022
BO
ien NA 660 U
nit
1023 -A
L RE
1019
G
859
J. O
uiks 509
Sélouane
ane
R PL 1021
OU
1020 510
R AIN 1034
IF F
1032
diène E 1025
EG 5
Ib é ro u U DU BO U - AR 1026
1028
rch a BO 100
1024
PRINCIPAL
J . Ha SELOUANE 1027
NI 1030 25
BE 501
1029
d
ue
1036 50
Bouserit
O
150
75
1037
175
525
100
K E
B D
tin
e Mt ARROUIT 521
125
A N
is tou 150 A
.T
TU
J PLAINE DU GAREB
NN
175
EL
520
517
51 180
TISTOUTINE
pri 522 514
nc
Canal ipa
l
1038 Oued
738 en projet ZAIO
_
J. Amjer
PLAINE
iata DU S EB SAF-SAF
J. Z Se
bra RA
F IG. 80 — Plaines du Gareb et du Bou-Areg. Plan de situation, géologie et piézométrie des nappes phréatiques
marnes gris-bleu passant au Pliocène sans change- le sens horizontal que vertical à des calcaires
ment de faciès. Les rapports entre le Miocène et sublithographiques, des calcaires tuffeux et crayeux
le Pliocène ne sont pas très clairs, les dépôts laguno- ou des marno-calcaires noduleux. Ces formations
continentaux provenant de la régression qui sépare sont le plus souvent recouvertes d'une croûte rose
ces deux étages pouvant être confondus avec des dure, parfois bréchique (notamment sur les pié-
dépôts pliocènes de même nature. monts). Dans les parties SE et NE du Gareb, ces
Le Villafranchien est confondu à sa base avec le faciès calcaires passent latéralement à des conglo-
Pliocène terminal, d'où l'emploi du terme Plio- mérats mal consolidés à ciment argileux ou à des
villafranchien. Ses dépôts ont contribué en grande conglomérats bien consolidés dont les éléments
partie au comblement de la dépression du Gareb ; sont souvent d'origine volcanique. Les formations
ils sont constitués surtout par des formations lacus- lacustres sont sub-affleurantes dans foute la partie
tres et, au SW de la plaine, par des limons à lits E et NE de la plaine. Elles sont absentes au SW,
de galets et graviers. La description de ces forma- alors que leur puissance peut atteindre 70 m dans
tions est due à A.M. Derekoy (1965) : le reste de la plaine. Ces formations lacustres pré-
« L'épisode lacustre Villafranchien a formé des sentent parfois des intercalations lenticulaires de
calcaires blancs à jaunâtres passant aussi bien dans limons à galets et graviers.
GAREB ET BOU-AREG 169
Les limons « profonds » vraisemblablement d'âge lits de galets et graviers. Le Tennsiftien se présente
Villafranchien sont surtout cantonnés au SW de la comme un tuf blanc, très calcaire surmonté d'une
plaine ; ils sont parfois consolidés, devenant un croûte feuilletée et noduleuse de quelques centi-
calcaire détritique ou grumeleux. Cette consolida- mètres d'épaisseur. Ce Quaternaire moyen est
tion est visiblement secondaire, ces roches étant surtout important dans la moitié occidentale du
à l'origine des limons meubles. En effet, on y Gareb et dans un sillon au S de la plaine le long
observe des fissures discontinues, toutes horizon- des Kerker (probablement en liaison avec un acci-
tales, partiellement ou entièrement remplies par de dent tectonique mis en évidence par l'étude
la calcite, qui constitue le témoin du dépôt des géophysique). L'épisode d'encroûtement tennsiftien
anciennes circulations de la nappe. La roche conserve peut néanmoins se superposer au Villafranchien
dans la masse sa couleur initiale qui est rose ou dans les autres régions. La puissance des limons
rouge. Les circulations anciennes ou actuelles se atteint fréquemment 20 à 30 m, peut-être davantage
discernent par des auréoles blanchâtres qui indi-
au SW du Gareb où les limons profonds atteignent
quent un enrichissement (physico-chimique) en
une épaisseur considérable (219 m au forage 738/6)
calcaire, dû précisément aux circulations des eaux
incrustantes ». sans que l'on puisse y distinguer la succession des
étages quaternaires ni même affirmer l'inexistence
Au-dessus de ce Villafranchien, on trouve un d'un Pliocène continental. L'épaisseur du Tennsiftien
Quaternaire moyen représenté par des formations est de l'ordre de 5 cm à 2 m.
fines, rouges, attribuées à l'Amirien et terminées
par un encroûtement vraisemblablement tennsiftien. Le Quaternaire récent enfin (Soltano-Rharbien)
L'Amirien est formé de limons argileux rouges à est presque partout présent sous forme d'une mince
roses plus ou moins calcaires, souvent coupés de couche de limons rouges à bruns.
Plaine du Bou-Areg
Le Quaternaire y est puissant : les forages de sous les dépôts puissants du Quaternaire moyen et
120 m de profondeur exécutés au bord de la Sebkha- récent. La croûte rose moulouyenne est le plus
Bou-Areg n'ont traversé que des dépôts de Quater- souvent bréchique. Il a aussi été trouvé des conglo-
naire continental. Le régime eustatique est peu mérats plus ou moins consolidés, polygéniques
net, il s'agit plutôt de mouvements épirogéniques (éléments calcaires, roches métamorphiques ou vol-
localisés dans une première phase, puis d'une caniques), surtout à l'W et au NW de la plaine.
subsidence très lente au cours du Quaternaire. Le Quaternaire moyen est représenté par des
Les formations du Villafranchien n'existent que limons roses à lits graveleux, encroûtés au sommet
dans une bande étroite aux piémonts des massifs (croûte tennsiftienne). Cette croûte peut disparaître
entourant la plaine. Elles disparaissent rapidement complètement ou n'exister que sporadiquement.
CLIMATOLOGIE
Précipitations
Les pluies ont des caractéristiques très analo- Le tableau (fig. 81) groupe quelques résultats
gues à celles de la plaine du Kerte, quoiqu'un peu concernant les principales stations intéressant la
plus abondantes. région étudiée.
Température
Les températures sont beaucoup plus régulières Le mois le plus froid est janvier, quelquefois
d'une année à l'autre que les précipitations. février, et le plus chaud juillet ou août.
L'influence de la mer est très nette dans la Le tableau ci-après, où sont indiqués- les écarts
plaine du Bou-Areg ; les gelées y sont très rares
et les maxima moins élevés que dans les plaines entre les températures maxima et minima, met en
situées à l'intérieur. Dans le Gareb les gelées sont évidence l'augmentation de la continentalité du
encore assez rares et localisées. climat du Bou-Areg vers le bassin du Kerte.
170 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Moyenne
interannuelle
en °C 17,8 16,7 17,9 17,6 16,8 16,8 17,6
Moyenne
mensuelle du
mois le plus
froid 11,0 10,2 11,4 11,5 10,8 9,5 10,3
Moyenne
mensuelle du
mois le plus
chaud 24,5 24,0 25,0 24,5 23,5 23,8 25,8
Moyenne des
minima du
mois le plus
froid 7,0 6,3 6,2 5,0 4,5 3,4 4,4
Moyenne des
maxima du
mois le plus
chaud 31,0 28,3 30,6 30,0 32,8 32,1 34,5
Minimum ab-
solu moyen
de l'année 0,6
2,0 1,5
Maximum
absolu
moyen de 34,0 38,0
l'année 41,7
GAREB ET BOU-ABEG 171
CLIMATOLOGIE 1933-1963
DOMAINE RIFAIN - PLAINE DU GAREB ET DU BOU AREG
FIG. 81
Les diagrammes ombrothermiques montrent que novembre, une saison froide et humide de décem-
dans la plaine du Gareb les mois chauds et secs bre à mars alors que avril est chaud et humide.
vont de juin à novembre alors que les froids et Les maxima restent modérés ; leur moyenne ne
humides se situent entre décembre et avril ; le mois dépassant 30°C qu'en juillet.
de mai est chaud et humide.
La plaine du Bou-Areg (Kariat-Arkmane) pré- Les résultats des calculs des indices de Thorn-
sente une saison chaude et sèche entre mai et thwaite sont groupés dans le tableau suivant:
Il s'agit d'un climat semi-aride (Gareb et Bou- nuls en hiver. La faible valeur de la concentration
Areg), mésothermique, à déficit important de préci- estivale de l'efficacité thermique traduit des influen-
ces modératrices dues à la proximité de la Médi-
pitations en été et avec des surplus très faibles ou
terranée.
HYDROLOGIE SUPERFICIELLE
La plaine du Gareb fait partie d'un bassin versant de 50 à 150 1/s, fourni par la nappe phréatique.
presque fermé de 540 km2 de superficie drainé par L'eau de l'oued Selouane est utilisée pour l'irri-
gation malgré une salinité élevée. Le tableau
l'oued Selouane, long de 16 kilomètres, qui débute suivant donne quelques résultats d'analyses chi-
près de Monte-Arrouit et disparaît dans le Bou- miques d'échantillons d'eau prélevés au pont de
Areg ; son débit pérenne à la sortie du Gareb est Selouane (n° IRE 1448/6).
Aucun cours d'eau important ne traverse la d'eau temporaires arrivent rarement jusqu'à la mer,
plaine du Bou-Areg qui, en tant qu'unité hydrolo- l'eau se perdant auparavant par étalement et évapo-
gique, couvre une superficie de 490 km 2 . Les cours ration, ou infiltration dans la nappe phréatique.
HYDROGEOLOGIE
La nappe phréatique de la plaine du Gareb
alimente en partie celle de la plaine du Bou-Areg. calcaires marneux Villafranchiens qui sont l'aquifère
La cote la plus élevée de la nappe est 186 m et la de cette zone.
plus basse 60 m au niveau de Selouane. La pente
est de 0,1 % au SW et au S, elle diminue assez La carte des courbes isobathes (fig. 82) montre
rapidement dans la région de Monte-Arrouit, et les secteurs où la nappe est à moins de 5 mètres
atteint une valeur voisine de 1 % en aval. Cette du sol ; ils couvrent 4 750 hectares sur les 29 000
forte pente est due à la mauvaise perméabilité des que compte la totalité de la plaine.
NADOR
Se
5
bk
ha
10 Bo
u-
Ar
10 eg
O. Sélouane
15 PLA
INE 10
20
DU 30
BOU-A
_ REG 40
15
10
5
500 500
SELOUANE
3540
5
15 202530
10
15
20
25
30
10
25 30
20 10
15 25 30
20
10 10
5 Profondeur inférieure à 5 m
20 5
1
TISTOUTINE
15 Profondeur comprise entre 5 et 10 m
20
25
30 0 2 4 6 8 10 km
25
20
30
35
40
720
740
300 300
200 200
100 100
0 0
315/6
4 4
357/6
510/6
357/6 509/6
8 8
515/6 510/6
509/6
518/6
519/6
12 12
525/6 502/6
519/6
525/6 502/6 518/6
16 16
20 20
J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D J F MA MJ J A S ON D
1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967
F IG . 83 — Plaines du Gareb et du Bou-Areg. Fluctuations piézométriques entre 1960 et 1967. Les puits témoins
357, 515, 518, 519, 525/6 sont situés dans le Gareb. Les puits témoins 502, 509 et 510/6 sont situés dans le
Bou-Areg. Les fluctuations sont exprimées en m sous la surface du sol ; les hauteurs de pluies (en
mm) représentées en haut de la figure sont celles de la station de Monte-Arrouit
mars. L'amplitude annuelle était en moyenne de 13 à 25°C au cours de l'année. L'amplitude ponctuelle
1 mètre avec un maximum de 2 mètres. La période des variations n'excède pas 8°C ; elle est en
très pluvieuse de février 1962 à mars 1964 a perturbé moyenne de 4°C.
totalement le régime existant et entraîné une montée
moyenne de la nappe de 6 mètres (amplitude CARACTERES CHIMIQUES
moyenne entre les maxima de 1961 et de 1964). Les analyses chimiques ont été effectuées sur
Depuis cette période la nappe s'est maintenue à 49 échantillons d'eau de la nappe prélevés en février
ce niveau avec toutefois une baisse due à la faible 1967 (101 échantillons pour la mesure de la conduc-
pluviosité de l'année 1966. L'amplitude annuelle est tivité à 25°C). La concentration des eaux est très
voisine de 1 m, les valeurs extrêmes étant de 0 à variable (de 2 à 16 g/1 de résidu sec) mais reste
2 m. Le décalage entre une forte pluie (mai et forte. Les courbes d'égal résidu sec ou courbes
décembre 1963) et la remontée de la nappe est isocônes (fig. 84) ont été tracées et ont permis de
généralement d'un mois, parfois deux, la remontée délimiter cinq zones qui ont été planimétrées.
consécutive du niveau atteint 3 à 4 mètres.
Le tableau ci-dessous permet de comparer les
La température des eaux souterraines varie d'un résultats obtenus en février 1967 avec ceux d'avril
point à l'autre de la nappe; elle est comprise entre 1962 :
NADOR
Se
bk
2 ha
Bo
2 4 8 u-
6 Ar
eg
O. Sélouane
PLA
INE 4
6 8
DU
6
8 BOU-AREG 6
8 8
6
500 500
SELOUANE
4
6
8
8
4
0 2 4 6 8 10 km
68
4 M ARROUI
8 4 2 Courbe isocôe avec sa valeur en g/l
6
" supérieure à 8 g/l
720
740
Fig. 84 _ Plaines du Gareb et du Bou-Areg. Carte des isocônes de la nappe phréatique (résidus secs à 180°C exprimé:
en g/l)
Ce tableau fait apparaître une sensible augmen- Arrouit. La salinité augmente rapidement vers le N
tation de la salinité entre ces deux périodes, entre et l'W de la plaine où le résidu sec est supérieur
lesquelles le niveau de la nappe a monté ; toute- à 6 g/1. La surface de la nappe se trouve à moins
fois l'importance prise par la zone de concentration de 5 mètres du sol sur près de 5 000 hectares mais
supérieure à 8 g/1 est due essentiellement au fait les zones à forte salinité ne correspondent pas à
que la surface étudiée en 1967 est supérieure à celles où la nappe est le plus près du sol. Il semble
celle étudiée en 1962. Les eaux à résidu sec infé- que l'importance de la salinité des eaux soit liée
rieur à 2 g/1 sont passées de 6,7 % à presque zéro à la mauvaise perméabilité des limons et locale-
(1 seul puits a une eau de concentration inférieure ment à des apports de sels superficiels. L'eau
à 2 g/1). La concentration des 3/4 des eaux est analysée a un faciès essentiellement chloruré sodi-
comprise entre 2 et 8 g/1, le dernier quart dépassant que du type r Cl > r SO4 > r CO3H et r Na >
les 8 g/1. r Mg > r Ca. Ce phénomène apparaît dans les repré-
Les zones à plus faible concentration (inférieure sentations en diagrammes logarithmiques (fig. 85)
à 4 g/1) sont situées surtout au SE et à l'E de Monte- ou en losanges (fig. 87).
176 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
100
1 000
--
1 000 CO 3 combiné
milliéquivalents
--
1 000 ( CO 3 + HCO 3 - ) -
NO 3
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
--
1 000 CO 3 combiné
milliéquivalents
--
1 000 ( CO 3 + HCO 3 - ) -
NO 3
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
La carte des courbes isopiézométriques (fig. 80) régulière depuis la bordure montagneuse où le
montre que l'écoulement de la nappe est conver- niveau piézométrique est à plus de 40 mètres, vers
gent vers la Sebkha-Bou-Areg. La pente de la la lagune où la nappe est à moins de 1 mètre du
surface piézométrique varie de 2 % en amont de sol au S de Nador.
la nappe à 0,5 % et moins à proximité de la lagune
(0,1 %). Les zones de convergences et de diver- Les fluctuations de la nappe phréatique (fig. 83)
gences sont peu accentuées. suivent le régime des pluies avec un décalage d'un
La car te d es co ur b es isob athes d e la nap p e mois, rarement deux ; l'amplitude annuelle varie de
( fig. 82) indique que la profondeur varie de façon moins de 1 m à 5 m.
178 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
L'épaisseur de la nappe varie de 5 mètres au est caractérisée par une teneur en sels élevée
pied des Kebdana à 60 mètres en bordure de la rendant son exploitation problématique. Les eaux
lagune. dont la concentration en sels est comprise entre 2
Des essais de débit effectués sur 24 forages ont et 8 g/1 couvrent 80 % de la superficie de la nappe.
permis de calculer les valeurs des transmissivités Seulement 8 % des eaux ont une salinité inférieure
T et de la perméabilité K. Les valeurs trouvées pour à 2 g/1 (fig. 84).
T et K vont en augmentant de l'amont vers l'aval La teneur en sels augmente de l'amont vers
hydraulique mais ces coefficients sont faibles : l'aval de la nappe ; on observe de plus, près de
5,3.10-2 à 9,5.10-7 m2/s pour T, et 7,2.10-3 à l,9.10-7 m/s Nador, une invasion d'eau de mer.
pour K.
Les eaux ont un faciès chloruré-sodique pour
CARACTERES CHIMIQUES 85 %, le reste ayant un faciès chloro-sulfaté calci-
La composition chimique des eaux de cette nappe que et magnésien (fig. 86 et 87).
90
80
70
60
Ca
+M
50
Cl
g
4 +
SO
40
30
20
10
0
10
20
30
40
Na
3
O
50
+K
HC
3 +
CO
60
70
80
90
lement la seule alimentation de la nappe. Les deux nappe vers le Bou-Areg a été calculé d'après la
parties de la nappe (Gareb et Bou-Àreg) sont sépa- formule de Darcy Q = T.i.l après des essais de
rées pour cet essai de bilan qui tient compte des pompage effectués sur trois forages ; la valeur
travaux de A.M. Derekoy. moyenne est de 40 1/s/km soit, pour une largeur
de 5,5 km, un débit de 220 1/s ou 7.10 6 m 3 /an.
LA NAPPE DU GAREB
En conclusion, les apports à la nappe sont de:
Les apports proviennent de l'infiltration des 32.10 6 m3 /an, et les prélèvements de 25.10 6 m3 /an.
précipitations et des eaux de ruissellement issues Le solde positif de ce bilan théorique s'élève à
des massifs montagneux. Le coefficient d'infiltra- 7.106 m3 /an, ou 200 1/s, et rend compte de la montée
tion sera pris égal à 10 %, car trois des quatre de la nappe durant cette période.
années considérées ici sont pluvieuses. La nappe
couvrant une superficie de 290 km 2 , le volume LA NAPPE DU BOU-AREG
d'eau moyen annuel infiltré serait de 12.10 6 m3 /an,
ou 360 1/s. Au S, le massif des Kerker est formé L'infiltration des précipitations (10 % de 400 mm)
de terrains très peu perméables si bien que l'eau sur les 160 km 2 de la plaine représente quelque
qui en ruisselle aboutisse dans la plaine ; il est 6.10 6 m3 /an ou 200 1/s ; l'infiltration en plaine des
possible d'évaluer à 30 % de la pluviométrie (égale eaux de ruissellement provenant des massifs mon-
à 500 mm) l'apport à la nappe du Gareb. Au N, tagneux (bassin de 330 km2 ) est de : 33.10 7 X 0,1 X
l'oued Selouane draine en partie la montagne et 0,5 = 16,5.106 m3/an ou 525 1/s avec un coefficient
l'alimentation en direction du Gareb ne doit pas d'infiltration de 10 % en plaine dû à la bonne
dépasser 10 %. Les surfaces intéressant l'écoulement perméabilité des massifs montagneux et au ruis-
vers la plaine sont de 50 km2 au S et 110 km2 au N, sellement vers la Sebkha qui recueille 90 % de
ce qui fixe les infiltrations à partir du ruissellement sur ces eaux. A ces deux éléments s'ajoute l'apport de
les bordures de la plaine autour de 20.10 6 m3/an, soit ta nappe du Gareb estimé précédemment à 7.10 6
600 l/s fictifs continus. m3 /an ou 220 1/s.
Les prélèvements dans la nappe sont dus à
Les prélèvements à la nappe sont dus aux irri-
l'irrigation par pompage: 0,25 1/s/ha sur 800 hec-
gations par pompage sur 1 100 hectares avec une
tares soit: 200 1/s ou 6.10 6 m3/an. Les prélèvements
évapotranspiration moyenne annuelle de 0,25 1/s/ha,
pour l'alimentation humaine sont de 30 1/s ou
soit 275 1/s ou 10.106 m3/an. L'utilisation pour usage
1.10 6 m3 /an et l'évaporation sur les 2 000 hectares
domestique représente environ 15 1/s ou 0,5.10 6
où la nappe est à moins de 5 mètres de profondeur
m3 /an, et le drainage par l'oued Selouane est en
s'élève à 2 000 X 0,07 = 140 1/s ou 4.106 m3/an.
moyenne de 50 1/s ou 1,5.10 m3 /an. Entre 1962 et
1966 une surface de la nappe de 3 000 hectares en En conclusion, les apports à la nappe seraient
moyenne a été à moins de 5 mètres de profondeur ; de 29,5.10 6 m 3 /an alors que les sorties égalent
avec un coefficient d'évaporation de 0,07 1/s/ha, 11.10 6 m 3 /an. Le solde positif est de l'ordre de
l'évaporation peut être assimilée à un prélèvement 18.106 m3/an, volume qui s'écoule dans la Sebkha-Bou-
de 210 1/s ou 6,5.106 m3/an. L'écoulement de la Areg.
Les deux méthodes de classement utilisées sont Les eaux souterraines sont en majorité, d'après
celles de Greene (FAO) et Riverside (normes amé- Greene, de qualité douteuse et mauvaise pour l'irri-
ricaines). gation ; seules les eaux dont le résidu sec est le
Malgré des résidus secs généralement élevés, les plus faible sont considérées comme bonnes (au SE
eaux superficielles sont partiellement utilisées pour de Monte-Arrouit), mais ne représentent que 10 %
l'irrigation. L'oued Selouane au pont de Selouane de la surface couverte par la nappe. D'après River-
(n° 1448/6 IRE) a pour 3 années de mesure (1965 à side, ces eaux sont pratiquement toutes classées
1967), donné un résidu sec à 180°C variable de 4,8 C 4 pour la salinité (résidu sec > 1,5 g/1), c'est-à-dire
à 6,7 g/1 ; le quotient de sodium de Greene est considérées comme fortement salées et S 2 à S 4
compris entre 68 et 73 et les eaux sont classées pour la composition chimique. Il s'agit donc d'eau
G 4 S 4 d'après Riverside. Ce sont donc des eaux ne pouvant être utilisée que pour irriguer des
de mauvaise qualité pour l'irrigation. cultures très résistantes aux sels.
180 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
L'irrigation effective de 9 700 hectares est prévue de contrôle des remontées des nappes consécutives
dans le Gareb. La création de ce périmètre irrigue à la mise en eau des périmètres ; il semble qu'une
nécessitera la construction d'une station de refoule- profondeur de 2 à 3 mètres du niveau piézométri-
ment sur le canal du Sebra, d'une conduite de que sous la surface du sol soit indispensable pour
refoulement, d'un canal d'amenée, d'un tunnel de éviter la saturation des terres dans la zone radicu-
3,8 km de longueur et d'un canal principal. Une laire et empêcher les concentrations en sels des
deuxième station de refoulement sera construite sur eaux de la nappe puis des sols dues à l'évaporation
le canal principal et une conduite forcée aboutira ainsi que les remontées de sels lorsque les terres
à un canal super haut-service. sont mal ou peu lessivées.
Une superficie brute de 12 300 hectares doit être Les bonnes caractéristiques hydrauliques de la
irriguée dans la plaine du Bou-Areg, et son amé- région sud de Monte-Arrouit peuvent permettre le
nagement est en co ur s ; un tunnel calibr é po ur drainage par pompage dans cette partie du Gareb.
12 m 3 /s et long de 10,3 km fait passer les eaux La perméabilité parfois faible de la plaine du Bou-
de la plaine du Sebra dans celle du Bou-Areg ; Areg nécessitera la création d'un réseau de drainage
un canal d'amenée fait suite à ce tunnel et aboutit par fossés d'interception et poteries enterrées, afin
à une chute de 66 mètres au pied de laquelle se de maintenir l'eau à une profondeur acceptable.
trouvera le barrage de compensation de l'oued Les besoins totaux en eau sont évalués à 120
Sidi-Amar. Une usine hydroélectrique est en cours millions de m 3 /an pour le Gareb, et 139 millions
de construction pour turbiner les eaux de la chute. de m 3 /an pour le Bou-Areg. Les débits de pointe
Les deux canaux principaux Est et Ouest du Bou- pour le mois d'août sont de 5,6 m3 /s pour le Gareb,
Areg partiront du barrage de compensation. et 7 m3/s pour le Bou-Areg.
La qualité chimique des eaux d'irrigation est L'irrigation des plaines du Gareb et du Bou-Areg
mentionnée dans le chapitre « Beni-Bou-Yahi — Beni- représente un investissement d'environ 160 millions
Snassène ». de dirhams auquel s'ajoute le coût des divers
Le développement actuel et futur des irrigations ouvrages (barrages et canal tête morte) communs à
par gravité dans les plaines du Gareb et du Bou- l'ensemble des périmètres de la Basse-Moulouya
Areg pose un important problème de drainage et (voir le chapitre Beni-Bou-Yahi - Beni-Snassène).
R E F E R E N C E S
CARLIER Ph. (1966) : Cartes de la nappe phréatique de la nombr. tabl., 14 coupes, 5 logs de sondages, 1 carte h.t.,
plaine du Bou-Areg (province de Nador) ; notice inéd. HAMEL Ch. & JEANNETTE A. (1961) : Présentation
explicative. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 6 pp., 2 cartes
h.t. au 1/20 000. géologique
CARLIER Ph. (1967) : Cartes de la nappe phréatique de la et structurale du Rif nord oriental. Mines & Géol..
plaine du Gareb ; notice explicative. Rapp. inéd. Rabat, n° 14, pp. 7-16, 1 fig., 1 carte h.t., bibl. HAMEL
MTPC/DH/DRE, 20 pp., 8 fig., 3 cartes h.t. Ch. (1967) : Etude géologique de la terminaison
DEREKOY A. M. & MORTIER F. (1961) : Hydrogéologie de la occidentale de la chaîne du Gareb (avant-pays du Rif
plaine du Gareb et du Bou-Areg. Mines & géol., Rabat, oriental). Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 199, 78 pp.,
n° 14, pp. 83-91, 4 fig., tabl, bibl. 29 fig., 2 pl. h.t., (Cartes & Coupes), bibl. Mission
DEREKOY A. M. (1965) : Contribution à l'étude hydrogéo- régionale de la Basse Moulouya de l'ONI (1964) ;
logique de la Basse-Moulouya (Maroc oriental) (thèse
Doct. Univer. Nancy). 221 pp., 32 cartes, 35 diagr., Avant-projet d'aménagement et de mise en valeur de
la Basse Moulouya. Arch. MTPC/DH/DRE, Rabat.
inéd.
193
I. 26
par
La cuvette sédimentaire de la Haute-Moulouya d'Aouli et fait un coude brusque vers l'E, puis
s'allo nge d'W en E entre le Haut Atlas q ui en reprend la direction NNE à la sortie de ce massif
forme la limite sud, et le Moyen Atlas à l'E et au où il devient le cours moyen. Les affluents de la
NE ; au N, la limite est plus complexe : elle est rive droite ont tous une origine haut-atlasique (O.
constituée des deux massifs primaires de Bou-Mia Oudrhès, O. Ansegmir, O. Outat) et ceux de la
et d'Aouli qui sont des unités hydrogéologiques rive gauche moyen-atlasique (O. Kiss, O. Aguersif,
indépendantes, et du sillon d'Itzer qui est une haute
O. Boulajoul).
vallée moyen-atlasique, perpendiculaire à celle de
la Hauîe-Moulouya. La population de la vallée se chiffrait en 1960
Le bassin hydrogéologique de la Haule-Moulouya à 82 500 habitants en majorité berbères. Les princi-
couvre 4 500 km2 dont 85 % de plaines et 15 % de pales ressources économiques sont constituées par
montagnes. Il est drainé par l'oued Moulouya qui l'élevage (300 000 têtes de bétail pour les ovins et
prend sa source à Alemsid dans la zone de jonction caprins et 6 000 têtes pour les bovins), les cultures
des deux Atlas. Son cours prend une direction NE (10 000 ha irrigués), la nappe alfatière et les activités
bissectrice entre les directions moyen-atlasique NNE minières (mines de plomb argentifère de Mibladen
et haut-atlasique ENE. Il bute contre le massif et Aouli).
GEOLOGIE
La série stratigraphique débute par des formations bordure des massifs primaires et triasiques avec une
paléozoïques dont l'âge n'a pu encore être déter- épaisseur plus faible et un faciès néritique. Le Lias
miné avec certitude. Il s'agit des schistes métamor- moyen (Domérien) est constitué de calcaires francs
phisés et des granites formant les môles hercyniens et de calcaires construits de 200 à 400 m d'épaisseur,
des massifs de Bou-Mia et surtout d'Aouli. Elle se qui affleurent sur le flanc nord du Haut Atlas, sur
poursuit par les marnes rubéfiées, les dolérites et la bordure orientale du Moyen Atlas (sillon d'Itzer
les basaltes du Permo-Trias, affleurant sur le pour- et au N de Midelt (massif d'Aouli). Le Lias supé-
tour des massifs primaires. rieur est partout absent dans la vallée. Le Dogger
La série jurassique qui vient ensuite commence affleure sur la bordure nord du Haut Atlas, au S
par le Lias inférieur dont les 300 à 600 mètres de et à l'E de Midelt ; il est constitué de 600 à 800 m
dolomies et de calcaires visibles en bordure du de marnes et de calcaires et se termine par des
Haut Atlas s'enfoncent très rapidement sous la plaine faciès néritiques et continentaux. Le Jurassique
dont ils forment le substratum, et réapparaissent en supérieur est absent.
194 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le Crétacé débute par des marnes et grès rouges Les formations tertiaires sont constituées de 5 à
de 150 m d'épaisseur (Cénomanien inférieur), surmon- 30 m de conglomérats et de calcaires lacustres plis-
tés par 50 m de marnes jaunes ou vertes (Cénoma- sotés et à fort pendage N (Eocène et Oligocène),
nien supérieur) et suivis de 40 m de calcaires affleurant au S et SW de Midelt. Viennent ensuite
blancs (Turonien). Cette série affleure tout le long 30 à 250 m de conglomérats, puis des marnes roses,
du Moyen Atlas et entre le massif d'Aouli et la des calcaires lacustres, des marnes blanches (Mio-
cène) qui occupent la plus grande superficie de
Haut Atlas, à l'E de Midelt. la cuvette.
Station de jaugeage
A S
2 Principaux périmètres irrigués
L
AT
AD
AY
0 5 10 15 20 25 km
SI
O.
BO
O.
UL
AJ
OU
L
2310 O. Z
AÏD ITZER Ksabi
O. A
F
O.
AG SI
N UE AS
KIS
RC M
E
S
IF LI
Y OU
MIA
' A
O
OUTAT
M 1 BOU 2 4
MIDELT
IR
GM
O.
Arhbalou 3
SE
A
UY
AN
ULO
O.
RHES
MO
O. 2822
O. OUD
Arhbala
2690
Tounfite
A S 3757 3465
L
AT
3042
A UT
H
F IG . 91 — Haute Moulouya et sillon d'itzer, plan de situation et schéma géologique. Principaux périmètres
irrigués : 1. Arhbalou-n'Serdane ; 2. Bou-Mia ; 3. oued Ansegmir ; 4. Midelt ; 5. Enjil
HAUTE-MOULOUYA 195
Le Plio-Villafranchien, avec ses 40 m de marnes de 200 à 300 mètres au S de la plaine, 500 à 800
grises, de conglomérats et de grès affleurant à l'E au centre et tend vers zéro au N.
de Midelt (Gara Midelt) et sur l'oued Oudhrès, fait
la jonction avec le Quaternaire constitué de poudin- Un sondage récent (1969) exécuté par le Service
gues, de galets, de sables, d'argiles sableuses et de d'étude des gîtes minéraux de la Division de la
travertins se répartissant dans les piémonts et cônes Géologie, à proximité de la vallée de l'Ansegmir
des Atlas. (X = 538, Y = 228, Z = 1580) a traversé 370 m
de Villafranchien puis de Mio-Pliocène sous faciès
La tectonique de la plaine est caractérisée par détritique, puis 110 m de Lias moyen daté par micro-
l'influence de ses deux bordures atlasiques : le Haut faunes, constitué d'alternances de marnes et de
Atlas, formé d'anticlinaux failles d'axe WSW-ENE calcaires dans la partie supérieure et de marnes et
et chevauchant vers le N, et le Moyen Atlas, plissé de dolomies dans la partie inférieure. Sous le Lias
largement suivant une direction SW-NE et déversé moyen ont été recoupés 60 m de marnes chocolat
vers l'E. Une récente campagne de géophysique attribuées au Permo-Trias, alors que le socle grani-
(1966) a permis de préciser la structure profonde tique était atteint à la profondeur de 540 m. Aucune
de la plaine. Elle a mis en évidence une faille venue d'eau n'a été signalée dans le Lias dont on
majeure de direction E-W au pied du Haut Atlas ignore même, faute d'observation, s'il était aquifère.
et effondrant le Lias. Le toit du Lias forme ensuite Les résultats de ce sondage où manquent les basaltes
un vaste synclinal dissymétrique sous la plaine, du Permo-Trias, le Dogger et le Crétacé et où le
de même direction que l'accident atlasique, et qui Lias est d'épaisseur réduite confirment l'hypothèse
s'interrompt au N sur le parallèle de Midelt. La d'une « île de Bou-Mia - Aouli » qui serait demeurée
profondeur du Lias varie donc beaucoup : elle est émergée jusqu'au Crétacé.
CLIMATOLOGIE
La hauteur moyenne annuelle des précipitations Les températures ne sont connues qu'à Midelt
est très variable sur l'ensemble du bassin et est très et à Arhbala, où les moyennes annuelles sont de
étroitement liée à l'altitude et l'exposition. Dans la 14,5 et 13,2°C respectivement. La température maxi-
plaine, elle oscille entre 235 mm (Midelt) et 360 mm male moyenne est atteinte en juillet (33,8 et 32,9°C)
(Itzer). Sur les bordures montagneuses, occidentale et la minimale en janvier (0,2 et - 1,3°C).
notamment, elle dépasse 400 mm et atteint même
660 mm à Arhbala. Le nombre de jours de pluie Aucune donnée n'existant sur l'évapotranspira-
par an est de 40 à 70 en moyenne. Le régime des tion ( E T P ) , le calcul par la méthode de Thornth-
précipitations est caractérisé par deux maxima : le waite a donné les résultats suivants à Midelt, avec
plus élevé est toujours en décembre ; le second la moyenne pluviométrique de la période 1925-1949
est en mars sur la bordure occidentale, et en avril (226 mm) et la moyenne thermométrique de la
sur la bordure méridionale. période 1930-1956.
Mois J F M A M J Jt A S O N D Année
Pluviométrie 10 24 22 34 24 12 6 8 22 22 26 16 226
HYDROLOGIE
Deux stations de jaugeages téléphériques fonc- pont de la route principale n° 21 : 960 km2 de bassin
tionnent en Haute-Moulouya depuis 1959. versant ; altitude 1 400 m.
• Zaïda sur l'oued Moulouya en amont du pont A l'occasion d'une étude hydrologique synthé-
de la route principale n° 21 : 1 673 km 2 de bassin tique du bassin de la Moulouya on a pu reconstituer
versant ; altitude 1 470 m. par corrélation les débits à Zaïda et Ansegmir pour
la période 1952-1966 ; les résultats, de valeur très
• Ansegmir sur l'oued Ansegmir en aval du satisfaisante, sont les suivants :
Concentration des eaux, résidu sec à 180°C en 0,3 à 0,8 0,2 à 0,3
g/l ........................................................................
Des mesures mensuelles sont faites sur des stations D'autre part, un réseau de 13 sections a été choisi
simplifiées (échelles limnimétriques) installées sur pour le prélèvement mensuel d'échantillons d'eau
les sections des principaux oueds de la vallée (O. pour analyses chimiques et dépôt solide.
Oudhrès, O. Aguercif, O. Boulajoul, O. Taarat).
HYDROGEOLOGIE
982 points d'eau ont été recensés en Haute- dages (dont 2 artésiens) représentant 1765 mètres
Moulouya, dans le sillon d'Itzer et les massifs de forés, et 3 rhettara ont été dénombrés.
Bou-Mia et d'Aouli , 620 puits, 347 sources, 12 son-
HAUTE-MOULOUYA 197
Ces points d'eau se rattachent à plusieurs niveaux La carte du toit du substratum liasique permet
aquifères dans les différentes formations perméables d'orienter les recherches par forages dans les zones,
de la vallée et de ses bordures. où sa profondeur n'excède pas 400 mètres. La zone
intéressante s'allonge d'W en E sur le parallèle de
GRANITES ALTERES DU PRIMAIRE Ce niveau Midelt, où le toit du Lias peut être compris entre
aquifère se localise dans les massifs de Bou-Mia et 200 et 400 m de profondeur. Cette zone pourrait
d'Aouli. Il peut être en charge sous le Trias. Trois faire l'objet de recherches par forages pour la
sources à faible débit (0,1 à 1 1/s) y ont été création éventuelle de points d'eau destinés aux
reconnues (débit total = 2 1/s). Elles sont l'indice troupeaux.
d'une nappe peu puissante et peu épaisse dans un
horizon peu perméable. CALCAIRES DU DOGGER
CALCAIRES ET DOLOMIES DU LIAS Ce niveau Ces calcaires affleurent sur la bordure du sillon.
dont la profondeur sous la plaine est mal connue, d'Itzer dans sa partie nord (Enjil). Un niveau
alimente la plupart des grosses sources de la bordure aquifère s'y manifeste par une trentaine de sources
nord du Haut Atlas (Anzad-ou-Founès dont le débit de déversement à débit très variable mais faible
est voisin de 1 m3/s) et de la bordure orientale du dans l'ensemble (0,1 à 5 1/s). La concentration des
Moyen Atlas sur le sillon d'Itzer (Aïn-Laraïs — 250 eaux est faible (500 mg/1) et la température basse
1/s). (14°C).
Le prolongement du Lias sous la plaine de la Haute- La recherche de ce nouvel aquifère peut se
Moulouya, entre le Haut Atlas et les massifs de révéler intéressante sous le sillon proprement dit,
Bou-Mia - Aouli a été étudié récemment par une mais il n'existe aucune donnée pour estimer sa
campagne de géophysique électrique (1966) profondeur. Elle peut en effet être très importante
complétée par une campagne de sismique réfraction étant donné la tectonique régionale en panneaux
(1969). Un seul sondage (cf. géologie) a recoupé failles et effondrés suivant la direction moyen-
une centaine de mètres de Lias à proximité de la atlasique SW-NE. Des recherches profondes dans
vallée de l'Ànsegmir mais il ne semble pas que cette ce secteur ne sont pas à écarter s'il est prévu un
formation ait été riche en eau. Tous les autres développement intense de cette cuvette dont la
sondages exécutés dans la région n'ont pas atteint nappe phréatique (voir plus loin) suffit actuelle-
le Lias. ment pour satisfaire les besoins.
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ORIENTAL 26 - HAUTE MOULOUYA
MIDELT 11.8 0.2 13.7 1.1 16.5 3.4 19.5 5.9 22.6 8.5 28.4 12.4 33.8 16.3 33.2 16.0 28.1 12.6 21.6 8.3 16.2 4.3 12.4 1.0 21.5 7.5
MIDELT 6.0 7.4 10.0 12.7 15.6 20.4 25.0 24.6 20.4 15.0 10.2 6.7 14.5 230 - 42, 5 E1 B'2 db'3 230 2450 (P) 1952-1961
FIG. 92
198 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
irrigation
Dans cette région, le principal aménagement des Les principaux périmètres irrigués sont les
eaux est d'origine traditionnelle et intéresse la mise suivants :
en valeur agricole par l'irrigation. Le tableau sui-
vant donne la répartition des terres irriguées inven- • Dans la Haute-Moulouya à l'amont de Zaïda,
toriées, avec la distinction entre les surfaces irriguées près d'Arhbalou-n'Serdane, un peu plus d'une
par des ressources en eaux pérennes, et celles qui centaine d'hectares sont irrigués de manière
ne bénéficient que des eaux de crues. pérenne à partir de sources, d'un forage et
d'eaux superficielles. Des chapelets de péri-
21 300 hectares sont irrigués, dont 13 300 par mètres existent également le long de la Mou-
des eaux pérennes. La consommation d'eau corres- louya et de l'oued Oudrhès. Les périmètres
pond à environ 170.10 6 m3/an dont 140.10 6 m3/an de Bou-Mia (750 ha irrigués pérennes) ont fait
d'eaux pérennes ; cette consommation est relative- l'objet d'aménagements récents des ouvrages
ment peu élevée car à peu près 50 % des périmètres de prises et des Séguias.
sont aménagés et cultivés de façon moderne. Seuls
quelques améliorations de prises et quelques béton- • Le sous-bassin de l'Ansegmir, grâce à des
nages de Séguias maîtresses ont intéressé les princi- ressources en eau abondantes, est un des mieux
paux d'entre eux. D'une façon générale des moder- irrigués : 3 550 ha, dont 1 750 irrigués pérennes
nisations ou des extensions des superficies irriguées sont en voie d'aménagement dans le coûts
ne peuvent être envisagées car beaucoup de péri- aval. Toutes les irrigations sont alimentées à
mètres existants manquent d'eau en été. partir de l'oued.
Bassin : Haute-Moulouya et sillon d'Itzer-Enjil : superficies irriguées par sous-bassins versants et origine des
eaux d'irrigation (exprimées en hectares irrigués]
200 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
• Dans le sous-bassin comprenant les oueds de l'Ansegmir et de l'oued Sidi -Ayad se situe
la rive gauche de la Moulouya entre Zaïda et le périmètre de Midelt (2 000 ha dont 1 800
la confluence avec l'Ansegmir existent de pérennes) qui a fait l'objet d'aménagements
nombreux périmètres qui souffrent d'un manque importants et d'études agro-économiques. Ce
d'eau chronique à l'étiage des oueds. Les plus périmètre est alimenté à l a fois par des cap-
étendus sont ceux des oueds Boulaajoul (Itzer, tages de sources et par l'oued Outat.
700 ha) et Bouhafs (1 200 ha dont 900 pérennes)
qui ont été plus ou moins aménagés. Ce secteur • Le sous-bassin de l'oued Sidi-Ayad est le
semble à priori assez favorable pour l'exécu- moins riche en eaux pérennes et les 2/3 des
tion de retenues collinaires qui pourraient irrigations se font à partir des eaux de crues.
améliorer considérablement la situation actuelle Le périmètre d'Enjil des Ikhatar (1 340 ha dont
de l'agriculture. 240 d'irrigation pérenne) est le plus important ;
un petit barrage haut de 8 m y a été construit,
• Dans le sous-bassin des affluents de la rive mais les ressources en eau, uniquement d'ori-
droite de la Moulouya entre les confluents de gine superficielle, sont insuffisantes.
Equipement hydroélectrique
L'équipement hydroélectrique du haut bassin de turbines qui totalisent une puissance de 1 210 kw
la Moulouya comporte les deux centrales de Flilo (production annuelle : 5 millions de kw/h). Sidi-Saïd
et de Sidi-Saïd qui appartiennent à la Société des est une centrale souterraine installée au confluent
Mines d'Aouli. Flilo est situé à 11 km au N de Midelt,
des oueds Moulouya et Outat, à 12,5 km de Midelt ;
sur l'oued Outat ; l'aménagement comprend un
barrage poids dérivant environ 200 1/s dans un sa puissance installée est de 2 200 kw et sa produc-
canal long de 5 km qui conduit l'eau, après une tion est de l'ordre de 10 millions de kw/h. Toutes
chute haute de 110 m, à une usine équipée de 3 les eaux turbinées sont restituées à la Moulouya-
Eau alimentaire
La fourniture d'eau alimentaire aux localités ne ment avant d'être livrées à la consommation. Itzer
pose pas de problème insurmontable dans cette est alimenté par la source Nba-Ahmed (121/30) qui
légion. Midelt (8 000 habitants) est alimentée par fournit 1 000 m3/jour. Boù-Mia et Arbalou-n'Serdane
la so ur ce d e l 'o ued O u ta t ( 6 5 9 /3 8 ) à r ai so n d e
4 500 m 3 /jour. Tounfite est pourvu à raison de sont pourvus par des pompages dans des puits
400 m 3 /) à partir de deux barrages de prise sur susceptibles de livrer respectivement 350 et 1 500
l'oued Tadmert ; les eaux ne subissent aucun traite- m3/jour.
Thermalisme
Enfin on citera pour mémoire les sources ther-mo- comme des exurgences provenant d'un réseau de
minérales de Tizi n'Zou (9/38) situées dans la vallée diaclases. Les eaux sont chaudes (36 à 38°C) et
de l'oued Ansegmir à l'amont des gorges de peu minéralisées (760 mg/1 de résidu sec à 180°C) ;
Tabouazant vers 1 650 m d'altitude. Elles compren-
nent 11 émergences situées sur les deux rives de elles ont une nette parenté avec d'autres sources
l'oued sur près d'un km. Ces sources gisent dans thermo-minérales du Haut Atlas oriental et ne font
le Lias moyen calcaréo-marneux et sont considérées pas l'objet d'exploitation.
C O N C L U S I O N S
Le massif primaire d'Aouli situé à la limite de ment pas le franchir en grandes quantités autrement
la Haute et de la Moyenne Moulouya constitue un que dans l'oued Moulouya. Le bilan global des
seuil hydrogéologique ; les eaux souterraines du ressources en eau de la Haute-Moulouya peut donc
bassin de la Haute-Moulouya ne peuvent certaine- s'effectuer au niveau du massif d'Aouli. A l'heure
HAUTE-MOULOUYA 201
actuelle, l'agriculture dérive des oueds les quantités profonds qui paraissent à priori être de meilleure
maximales des débits de base qui peuvent être qualité (Lias surtout) ne permettent pas actuellement
prélevés à l'aide d'ouvrages rudimentaires et de d'envisager des possibilités d'accroissement artificiel
quelques prises modernes ; ces débits de base pro- du rôle naturellement régulateur joué par ces réser-
viennent du drainage des nappes aquifères et s'élè- voirs ; une tentative a été faite dans la vallée de
vent à environ 140.10 6 m3/an. Les débits des crues l'oued Ansegmir et s'est soldée par un échec dû
sont peu utilisés (30.10 6 m3 /an environ sur un aux piètres qualités de l'aquifère turonien.
écoulement de crue qui est de l'ordre de 260.10 6 La Haute-Moulouya n'est pas une région à voca-
m3/an à Aouli) faute d'ouvrages de retenue suscep- tion agricole et seule une agriculture de subsistance
tibles de les accumuler. Y est pratiquée. Par contre cette région a incontes-
tablement une vocation d'élevage extensif. Les
L'extension de l'agriculture irriguée est possible steppes à armoises y sont bien développées et
dans cette région dont les potentiels en terres et en constituent une appréciable potentialité fourragère ;
eaux sont suffisants. Compte tenu du bilan d'eau par ailleurs les ressources en eau, bien dispersées,
de l'ensemble du bassin de la Moulouya et des permettent pratiquement partout l'abreuvement du
équipements existants ou en cours d'édification à bétail puisque, si l'on considère une distance de
l'aval, il ne semble pas possible d'envisager prochai- 5 km comme un maximum entre les points d'eau
nement un aménagement important destiné à stocker et les lieux de pâturage, on écarte seulement quelque
sur place les eaux de crues dont l'aval a besoin. 150 km2 non pâturables sur les 4 500 km2 du bassin.
Une amélioration de l'irrigation pourrait cependant Le développement du nombre et de la qualité des
intervenir grâce à quelques retenues collinaires points d'eau mené parallèlement à la protection des
dont l'influence serait faible sur le bilan de la Mou- pâturages contre des défrichements malencontreux
louya. Par ailleurs, la qualité médiocre des aquifères devraient agir sensiblement sur l'économie de cette
superficiels et la méconnaissance des aquifères région.
R E F E R E N C E S
CHAPOND G. & COLAS des FRANCS E. (1961) : Reconnaissance Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 6 pp., 1 coupe géol. de
hydrogéologique du sillon Itzer-Enjil. Rapp. inéd., forage.
MTPC/DH/DRE, 8 pp., 1 carte géol. au 1/200 000, 1 NGUYEN QUANG T. (1964) : Rapport de fin de sondage :
coupe géol., diagr. log., 1 diagr. en losange. forages de reconnaissance en Haute-Moulouya. Rapp.
LAZAREVIC D. (1969) : Etude hydrogéologique du bassin inéd. MTPC/DH/DRE, 16 pp., 1 fig., 8 coupes géol. de
versant de la Moulouya. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, forages.
58 pp., 52 fig.. 60 tabl. SOMET (1969) : Etude des potentialités hydro-agricoles
NGUYEN QUANG T. (1963) : Rapport de fin de sondage ; des provinces de Fès et de Taza. Rapp. inéd. Ministère
forage de reconnaissance dans la Haute-Moulouya. de l'Agriculture, Rabat.
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
203
I. 27
LA MOYENNE MOULOUYA
Par
La Moyenne-Moulouya se situe entre les lati- du Moyen Atlas dont la haute et longue crête
tudes 32°50' N et 33°50' N et de part et d'autre de constitue un ensemble lithologique plutôt dur et
la longitude 4° W. Ses limites s'organisent de la puissamment plissé et faille. L'érosion a profondé-
manière suivante ; ment entaillé les crêtes en raison de l'altitude, des
reliefs par rapport au niveau de base de la Mou-
● Au N, le seuil de Yacoubate, orienté E-W, louya et d'un climat très humide et froid. L'énorme
marque le passage de la Moyenne à la Basse-Mou- masse de matériaux en provenance du Moyen et
louya. Il se caractérise par un resserrement de la du Haut Atlas s'est accumulée pour former le relief
vallée et un bombement topographique. actuel de la rive gauche et a même débordé, par
● A l'W, la limite est représentée par la base
endroits, sur la rive droite. La rive gauche se pré-
sente, géomorphologiquement en vastes glacis aux
du Moyen Atlas où commencent les piémonts et
pieds des versants, en cônes largement ouverts vers
cônes de déjection. Elle est orientée SW-NE.
la Moulouya. La même disposition s'observe pour
● Au SW, la limite entre Moyenne et Haute- la bordure haut atlasique.
Moulouya n'est pas nettement marquée dans le La rive droite se raccorde aux Hauts-plateaux
relief. Elle est liée, schématiquement, à une ligne du Rekkame par une succession de trois ou quatre
NE-SW à environ 40 km à l'W de Missour et bordant paliers à topographie plane. Au S, la rive droite
le massif primaire d'Aouli. s'élargit considérablement pour former la cuvette
● Au S, la limite du bassin suit la base du Haut
de Talsinnt qui se raccorde aux Hauts-plateaux vers
le NE et au Haut Atlas vers le S. Les reliefs plans
Atlas, orientée W-E.
des Hauts-plateaux, peu arrosés par les pluies, sont
● A l'E, la limite est constituée par la bordure entaillés linéairement par un réseau hydrographique
des Hauts-plateaux du Rekkame, jusqu'au seuil de très ramifié et très encaissé. L'érosion, très faible,
Yacoubate vers le N. n'a pu transporter que des masses restreintes de
matériaux vers la vallée, masses d'accumulations qui.
Pour une superficie totale de 16 800 km2, la se sont étendues plus ou moins loin suivant les
Moyenne-Moulouya compte 6 % de montagnes conditions climatiques et forment les paliers succes-
(Moyen et Haut Atlas), 55 % de plateaux (Rekkame) sifs actuels. La bordure des Hauts-plateaux, orientés
et 39 % de plaines qui constituent la vallée pro- N-S, recoupe la Moulouya peu avant le seuil de
prement dite, zone qui est étudiée ici. Yacoubate et des buttes témoins jalonnent la rive
Les formes du relief de la Moyenne-Moulouya droite.
se caractérisent par une opposition topographique L'hydrographie de la plaine est axée sur l'oued
marquée de part et d'autre de l'oued Moulouya, Moulouya, long de 150 km dans son cours moyen
dont l'altitude moyenne est d'environ 860 m. (460 km au total). Il reçoit un grand nombre
La rive gauche se présente sous forme d'un large d'affluents dont peu sont pérennes; il s'est installé
plan (20 km) incliné régulièrement vers l'oued et sur une gouttière préexistante formée entre Moyen
se raccordant insensiblement aux versants abrupts et Haut Atlas dans le cours supérieur et entre Moyen
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
Atlas et Rekkame dans le cours moyen. Sa direction guées se trouvent sur les banquettes limoneuses du
SW-NE, dite atlasique, est en accord avec la struc- Quaternaire récent. Les cultures céréalières et ma-
ture synclinale et subsidente de la cuvette dans raîchères (orge, blé, maïs, luzerne, oignons, navets...)
laquelle il coule, et avec les accidents qui le bor- couvrent uniquement les besoins domestiques. L'oli-
dent à l'E et à l'W. Aucun des affluents de l'oued vier est l'arbre fruitier de la Moyenne-Moulouya
Moulouya n'est très important dans son cours et il couvre les plus grandes surfaces ; l'huile qu'on
moyen. Ils se joignent très rapidement à lui et les en tire est à la base du commerce agricole de toute
réseaux ne s'organisent pas de la même manière cette région. Les autres arbres fruitiers sont exploi-
sur les rives droite et gauche. Sur la rive gauche, tés pour la consommation locale. L'alfa est une res-
un petit nombre d'oueds (O. Chourf-ech-Cherg, O. source non négligeable : il couvre les piémonts des
Cherg-el-Ard, O. Beni-Ouriach) parviennent dans Moyen et Haut Atlas et du Rekkame sur plus de
la vallée où chacun se ramifie en d'innombrables 50 000 ha ; coupé et serré en bottes, il est exporté
lits peu encaissés, divaguant sans cesse et se perdant vers Guercif et le Maroc occidental (usine de traite-
avant de parvenir à la Moulouya. La rive droite ment prévue dans les prochaines années).
est découpée par un réseau très ramifié d'oueds
dans le Rekkame. Ils confluent pour ne former au L'élevage est une ressource essentielle ; le cheptel
débouché dans la vallée qu'une dizaine d'affluents comprend quelque 7 000 bovins, 300 000 ovins et
qui rejoignent directement la Moulouya. 250 000 caprins. On note une densité moyenne de
30 ovins au km2 et une densité de 4 ovins par habi-
Sur le plan de la géographie humaine, la Moyen- tant ; mouton et olives sont pratiquement les seuls
ne-Moulouya est une région économique à vocation produits d'exportation de la région. L'élevage est
agricole et commerciale, pourvue de terres irriga- extensif et se pratique sur les pâturages naturels
bles, d'eau et de voies de communications. Les de steppes à armoises vers le S et de steppes à alfa
populations se groupent en villages ou douars au vers le N ; l'élevage des ovins apparaît beaucoup
centre des zones cultivées. Elles se chiffraient à plus dense sur la rive gauche de la Moulouya que
près de 60 000 habitants (recensement de 1960) et sur la rive droite, essentiellement en raison des
atteignent actuellement 80 000 habitants ; elles sont meilleures possibilités d'abreuvement qui permettent
constituées essentiellement par l'ethnie arabe. une plus grande extension des zones pâturables.
Toutefois il ressort nettement que les potentialités
Les principales ressources sont la culture et
pastorales de la Moyenne-Moulouya sont très infé-
surtout l'élevage dont le revenu entre pour 80 %
rieures à celles de la Haute-Moulouya.
dans le revenu total de la région. Les resso urces
en eau actuellement exploitées permettent d'irri- La seule industrie commercialisée est la fabrica-
guer 15 000 ha environ ; les surfaces cultivées en tion de l'huile d'olive qui se fait suivant un procès-
sec sont mal connues et d'ailleurs variables selon sus archaïque. L'artisanat est très réduit : tissage de
les années car les superficies emblavées dépendent la laine (tapis, vêtements locaux) et tressage de l'alfa
essentiellement de la pluviosité. Les surfaces irri- (cordes, paniers).
GEOLOGIE
La Moyenne-Moulouya se divise en trois domai- tertiaire et quaternaire de la vallée s. str. qui est
nes géologiques distincts : étudié ici.
• à l'W, le domaine triasique et jurassique de la La géologie de cette région a été reconnue à
bordure orientale du Moyen Atlas plissé et faille ; partir de 1934 par G. Choubert (cartes Reggou et
Missour, au 1/200 000, tirage provisoire Agfacolor,
• à l'E, le domaine secondaire des Hauts-plateaux 1952). Depuis, aucune étude d'ensemble n'a été effec-
du Rekkame (Meseta oranaise), à structure calme ; tuée, sinon celle de R. Raynal sur le Quaternaire
• au centre, le domaine subsident à remplissage (de 1950 à 1961).
Stratigraphie
Les terrains les plus anciens sont ceux du Crétacé. nes versicolores à gypse), n'affleurant qu'en bordure
CRETACE du Rekkame avec une épaisseur moyenne d'une tren-
Venant après une longue période d'émersion, le taine de mètres ; puissant de 200 m dans la cuvette
Cénomanien débute par des dépôts lagunaires (mar- de Talsinnt, il se biseaute vers le N.
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
205
Quaternaire : galets limons argiles, calc. lacustres, marnes et conglomérats BOU YACOUBATE
Tertiaire : marno - grès BASSE MOULOUYA
Crétacé : marneux à la bases, calcaire au sommet.
Dogger : calcaire dolomies marnes.
ne
Lias : alcaires di
h er Fekkous 350
Trias : marnes T in
J.
Source ou groupe de sources
Tendit
Puits
Forage artésien
Reggou
Forage non artésien
Prise sur oued Naceur Friissa
u
bo
Prise bétonnée J.
O.Bi Ouriach
Site de barrage
0 5 10 15 20 25 km
ïssa
O._ S. A
Od. Ali
S
O. El Orjane
A
Tissaf
Ch
L
eg
ant
el A Outat el Haj
Tsio
rd
T
300
E
Y
a
uy
lo
O
ou
M
M
O.
REKKAM
Ch
ed
ouf
Ou
ec
h
ch
erg
Missour
t
rhi
Ta
J.
t
Ouizre
lt
afe
md
Ta
250
O.
J.
NT
L SIN
TA
SEUIL D'AOULI
HAUTE MOULOUYA
650
600
HAUT ATLAS
_
La transgression atteint son apogée au Turonien l'érosion ne l'a pas décapé et où les accumulations
pendant lequel la Moyenne-Moulouya est envahie quaternaires ne l'ont pas recouvert. Au S de Tissaf,
par l'E et par l'W. Des hauts-fonds s'alignent suivant le Plio-Villafranchien prend le faciès de calcaires
les directions atlasiques (WSW-ENE, et N-S). Le Céno- lacustres, de grès et de marnes blanches.
mano-Turonien présente le faciès de calcaires blancs
plus ou moins marneux et à silex, d'une soixantaine QUATERNAIRE
de mètres d'épaisseur. Très fossilifère (huîtres, néri- L'alternance des périodes à climats pluvieux
nées, oursins, ammonites), il forme les reliefs struc- (pluviaux) et secs (interpluviaux) s'est traduite par
turaux de la vallée sur la bordure du Rekkame depuis l'érosion, le transport et le dépôt de matériaux de
Talsinnt jusqu'à Si-Aïssa, et affleure en petits poin- qualité et de structure différentes. Les pluviaux
tements redressés aux pieds du Moyen Atlas (Tam- successifs correspondent aux diverses phases d'éro-
dafelt, Tsiouannt, Reggou, Fekkous). sion-sédimentation. Le Moulouyen (q 5) est le plus
ancien. Il correspond à un intense découpage des
Au Sénonien, la régression commence et se reliefs moyen-atlasiques. Ses dépôts, épais de plus
manifeste par une sédimentation semi-continentale : de 100 m (cône de Beni-Ouriach), se caractérisent
on rencontre près de Tissaf une cinquantaine de par des galets et des blocs libres. Ils ont été repris
mètres de marnes rouges à huîtres et de calcaires par les pluviaux suivants, ce qui a beaucoup réduit
blancs à cérithes. leurs affleurements. Le Salétien (q 4) affleure sur les
deux rives de la Moulouya en vastes glacis hétéro-
TERTIAIRE gènes constitués de blocailles grossières et épaisses,
La Moyenne-Moulouya émerge définitivement. La d'origine fluvio-glaciaire. L'Amirien (q 3) se présente
vallée devient une cuvette subsidente où se dépo- aussi en larges glacis formés de galets peu épais
sent les formations continentales et lacustres. plus ou moins liés dans un ciment calcaire grossier.
Le Tennsiftien (q 2 ) forme un glacis polygénique
L'Oligo-Miocène se manifeste en petits affleu- encroûté superficiellement et des terrasses de petits
rements de calcaires blancs lacustres de 20 à 30 m galets et cailloutis, d'origine périglaciaire, dominant
d'épaisseur (Tsiouannt). Le Miocène supérieur ou l'oued Moulouya. Le Soltanien (q 1 ) franche nette-
Pontien représente de larges superficies ; il est ment car il est entièrement alluvial ; il est caracté-
constitué de marnes jaunes très gypsifères et gré- risé par des marnes sableuses roses à grises, se
seuses, de 30 à 100 m d'épaisseur ; des bancs de disposant en terrasses le long de la Moulouya. Le
conglomérats plus ou moins épais peuvent y être Rharbien (A) correspond aux dépôts alluviaux sub-
intercalés. Sur les rives de l'oued Moulouya, la série, actuels ; il forme dans le lit des principaux oueds
épaisse de 25 à 30 m, comporte des marno-grès rubé- une banquette limoneuse tapissée de galets avec
fiés, des bancs de conglomérats englobant des lesquels se déposent des limons provenant du Solta-
lentilles de grès, des marno-calcaires roses à filets nien. Des dunes existent dans le lit de l'oued
blancs et gypse et des marnes jaunes. Sur la rive Moulouya.
droite, des placages miocènes épais de 10 à 15 m
sont surtout gréseux (grès rubéfiés à granules de Les formations marécageuses dites de Tissaf pro-
gypse, arènes, marno-grès blancs). Les phases tecto- viennent des dépôts de la source de Tissaf ; elles
niques qui se sont produites à la fin du Miocène se sont étalées en éventail à partir de la source vers
(Pontico-Pliocène) se sont traduites, sur la bordure la Moulouya et ont déposé, depuis le Plio-Villa-
du Rekkame, par des émissions de laves basaltiques franchien jusqu'au Quaternaire moyen (Amirien),
(ankaratrites à olivine et grenats). des calcaires lacustres, des marnes blanches gyp-
seuses, des lits de tufs et des blocs de travertins.
Le Plio-Villafranchien est formé d'un conglomé- Leur épaisseur est variable du fait qu'elles se sont
rat peu consolidé de 5 à 20 m d'épaisseur. Il affleure déposées dans une cuvette, mais elle ne dépasse
en concordance sur le Miocène supérieur partout où jamais 25 m.
Tectonique
La plaine de la Moulouya est une cuvette de l'appui de celles qui avaient été effectuées entre
subsidence qui a subi le contre-coup des mouve- 1952 et 1956, a permis de compléter les données sur
ments orogéniques alpins en les amortissant. Sur la la structure profonde de la plaine et tout particuliè-
rive gauche, deux axes anticlinaux mio-pliocènes rement de cartographier le toit du substratum résis-
dissymétriques, d'orientation atlasique (NE-SW), cor- tant ; celui-ci, constitué par des dolomies de l'Aalé-no-
respondent sans doute à des cassures profondes.
Bajocien, affleure dans le Moyen-Atlas et le
Une campagne de géophysique (1966), venant à Rekkame, de part et d'autre de la vallée.
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
MOYENNE-MOULOUYA 207
Ce substratum se présente comme un vaste syn- Le substratum et les terrains secondaires qui le
clinal dissymétrique plongeant très lentement du recouvrent sont affectés d'accidents de direction
Rekkame vers le Moyen Atlas qu'il rejoint par atlasique (WSW-ENE) dont le principal semble
une remontée brutale. L'anticlinal de la bordure correspondre au lit de la Moulouya.
atlasique peut être déversé et faille sur le flanc re-
dressé du synclinal de la plaine.
CLIMATOLOGIE
(fig. 94)
Bien que située sur la latitude de régions relati- 7. Leur examen statistique montre qu'ils obéissent
vement humides, la Moyenne-Moulouya présente à la loi de Gauss quand le nombre d'années est sui-
de fortes analogies avec les zones présahariennes fisant (cas d'Outat-el-Haj ). Dans le cours de l'an-
(climat semi-aride). Cela tient à sa continentalité née, on observe en général un maximum principal
fortement exagérée p a r l'étendue, l'altitude et de printemps (avril-mai) et un secondaire d'automne
l'orientation des zones orographiques qui l'enca- (septembre-octobre) ; il existe de même un minimum
drent, et qui ont pour effet de bloquer et d'épuiser principal d'été (juillet-août) et un secondaire d'hi-
les fronts chauds porteurs de pluie. Parmi les fac- ver (janvier).
teurs prédominants du climat de cette région, il faut
citer sa large ouverture vers les zones présaharien- TEMPERATURES
nes à l'E et au S, et enfin son altitude moyenne de La vallée présente de très forts écarts de tempé-
l'ordre de 800 m. rature. A Outat-el-Haj, la moyenne annuelle est de
16,9°C. La température maximale moyenne est atteinte
PRECIPITATIONS en juillet et août (36,8 et 36,6°C respectivement), et
Le module pluviométrique annuel de la Moyen-ne- la minimale en janvier (-1,9°C). L'écart atteint
Moulouya oscille autour de 200 mm. Pour une donc près de 39°C. La saison chaude dure quatre
même année, les modules sont dans l'ensemble com- mois (juin à septembre). Pendant deux à trois mois
parables d'une station à l'autre. D'une année sur (décembre à février), la température minimale avoi-
l'autre, ils peuvent varier dans un rapport de 2 à sine O°C.
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ORIENTAL 27 - MOYENNE MOULOUYA
FIG. 94
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
HYDROLOGIE
La seule station de jaugeage fonctionnant depuis L'étiage se produit de juillet à octobre ; les hautes
plusieurs années en Moyenne-Moulouya est celle eaux ont lieu à deux époques : janvier-février et
de Missour sur l'oued Moulouya. Exploitée depuis avril-mai. L'analyse des résultats suivant la méthode
février 1959, elle est équipée d'échelles limnimétri- de Pardé, montre que le bassin versant a un régime
ques et d'un câble pour prise de profils avec cyclo- pluvio-nival de type méditerranéen. Le coefficient
potence. Le bassin versant de la Moulouya à Missour de ruissellement théorique calculé pour les débits
est de 10 400 km2 (altitude de la station : 875 m). La de crue, varie dans une proportion de 8 à 12 %. En
reconstitution des débits à Missour a été effectuée fait, le ruissellement ne devient important que lors-
pour la période 1952-59 par corrélation avec les que les hauteurs de pluie sont suffisamment conti-
débits à Guercif et Dar-el-Caïd situés à l'aval. nues dans le temps et dans l'espace ; ainsi, on
remarque qu'une pluie forte venant après une période
Le volume moyen débité annuellement est de de sécheresse, ruisselle très peu, alors qu'une pluie
456 Mm3 pour la période 1952-1966 correspondant à modeste venant après une période pluvieuse ruis-
un module de 14,5 m 3 /s, et à un module spécifique selle beaucoup plus. On peut à ce propos citer deux
de 1,5 1/s/km2. En tenant compte des volumes préle- exemples : 12 % de ruissellement avec 190 mm de
vés pour l'irrigation à l'amont de Missour (220 millions pluie (mai 1963), et 58 % avec 23 mm (juin 1963).
de m 3 /an) l'apport naturel serait de 670 Mm 3 et
le module spécifique de 2,1 1/s/km 2, La hauteur de On s'est attaché (SOMET, 1969) à séparer les
pluie moyenne du bassin versant est de 368 mm par écoulements de base et les écoulements de crue aux
an, soit un volume d'eau de 3 800 Mm 3 . La crue stations hydrologiques. La séparation s'effectue gra-
maximum enregistrée à Missour pour la période phiquement sur les hydrogrammes des débits jour-
février 1959 - août 1966 est de 440 m3 /s (27/5/63). naliers mesurés, sans tenir compte de la décroissance
Les calculs statistiques montrent que la Moulouya semi-logarithmique caractérisant le tarissement,
a débité au moins 72 m 3 /s dix fois par an, 36 m 3 /s approximation suffisante pour cette estimation.
trente fois par an et 16 m 3 /s quatre-vingt-dix fois Connaissant les consommations évaluées par ailleurs,
par an. il a été possible de reconstituer les débits naturels
de la Moulouya à Missour et à Dar -El-Caïd ; à
Le débit moyen annuel maximum enregistré sur partir de ces valeurs, on a estimé en fonction des
cette même période est de 38,6 m 3 /s et le minimum rapports de surface des bassins, les débits naturels
5,3 m 3 /s. Les débits saisonniers moyens atteignent à l'entrée (Aouli) et à la sortie (Yacoubate) du bassin
6,6 m 3 /s en auto mne (septembre à novembre), de la Moyenne-Moulouya. Les résultats sont les
15,7 m 3 /s en hiver (décembre à février), 26,8 m 3 /s suivants : (pour la station de Dar -el-Caïd, on a
au printemps (mars à mai) et 8,9 m3/s en été (juillet- exclu ci-dessous les apports de l'affluent Melloulou,
août). établis à Guercif).
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
MOYENNE-MOULOUYA 209
(km2) base crue total base crue total base crue total
Missour ......................... 10 300 165 290 455 185 40 225 390 290 680
Dar-el-Caïd (affluent 21 800 470 340 810 250 45 295 470 340 810
Melloulou exclu) . .
La distinction entre débits de base et de crue Des prélèvements d'échantillons et mesures par
est particulièrement intéressante à connaître dans échelles limnimétriques sont faits sur les principaux
le cas de la Moulouya où les prélèvements s'effec- affluents de la Moulouya : oueds Chouf-ech-Cherg
tuent au fil de l'eau. En outre, les débits de base
peuvent grossièrement être assimilés au dégorge- et Cherg-el-Ard. Une nouvelle station de jaugeage
ment des nappes d'eau souterraines et constituent de type téléphérique a été construite à Outat-el-Haj
ainsi une approche de l'importance des nappes sur la Moulouya et a commencé à fonctionner à
aquifères. la fin de l'année 1968.
HYDROGEOLOGIE
Quelque 500 points d'eau ont été recensés en Les eaux de ces sources sont toutes froides (13
Moyenne-Moulouya. Leur étude géologique et phy- à 15°C), ont un pH alcalin de 8,60 à 8,65 et un résidu
sico-chimique a permis de distinguer sept niveaux sec à 180°C toujours très faible, le plus souvent
aquifères principaux. autour de 250 mg/1. Le faciès chimique des eaux
est bicarbonaté calcique et magnésien.
NAPPE DES CALCAIRES DU DOMERIEN La source Aïn Titaouine, 216/23 (fig. 95), est
OU LIAS MOYEN caractéristique du gisement des sources du Domérien.
Elle apparaît au contact des marnes triasiques épais-
Ces calcaires lités en bancs d'épaisseur variable ses et des calcaires lités du Domérien et son débit
ont une puissance totale de l'ordre de 100 mètres. est important (80 1/s). L'Aïn Eschlar, 211/23 (fig. 96),
Les affleurements se situent dans le cœur de l'anti- représente un autre mode de gisement, lié à un
clinal de la bordure moyen-atlasique lorsque l'érosion contact par faille.
a pu creuser assez profondément pour les dégagez
sous la couverture du Secondaire. Les affleurements Il est à signaler qu'un sondage (57/23) effectué
couvrent environ 40 km2 entre Almis des Marmou- sur la rive droite de la Moulouya a recoupé le
cha et Reggou, dans la zone nord-ouest (fig. 93). Domérien calcaire sous la vallée entre 347 et 547 m
Une dizaine de sources sont issues de ces formations de profondeur sans qu'aucune venue d'eau n'ait été
et débitent un total de 375 l/s assez constants d'une observée. Ce renseignement isolé intéressant un
saison à l'autre. Ce débit de déversement est l'indice aquifère calcaire n'a pas évidemment de significa-
d'une nappe puissante qu'il est difficile de délimiter tion définitive, mais une exploitation éventuelle des
calcaires en profondeur et loin des affleurements
car les extensions des calcaires en dehors des
est très certainement aléatoire.
affleurements sont inconnues. L'alimentation de la
nappe s'effectue par infiltration des eaux de pluie
mais aussi très certainement par abouchements avec DOLOMIES DE L'AALENO-BAJOCIEN
d'autres niveaux aquifères (dolomies du Bajocien Ces dolomies forment l'armature de l'anticlinal
en particulier) grâce à des contacts par failles. de la bordure moyen-atlasique (500 km2 ) et affleu-
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
W E
Adrar akhmoun
m J. Tsiouant
2200
1000
700
400
0 1 2 3 4 5 10 km
Quaternaire ancien : Eboulis Bajocien : Dolomies Trias : marnes rouges violettes à gypse et sel
Pliovillanfranchien : Conglomérats Lias sup. : Marnes schisteuses
Faille visibles et supposée
Miocène supérieur : Conglomérats et Lias moy. / Calcaires gris lités
marnes jaunes (Domerien)
Oligocène : Lentille des calcaires lacustres Lias inf. : Calcaires dolomitiques Niveau de la nappe et sources
de Tsiouant
Fig 95 — Type de gisement des sources du Domérien (Aïn Titaouine, 216/23) et alimentation latérale de sources du Plio-
quaternaire (Aïn Assou 213/23 et Ain Boumelouch 262/23)
rent sur près de 3 000 km.2 dans le Rekkame. Leur (rive droite) ; si une communication entre les deux
épaisseur est de 400 m environ. Dans la vallée elle- sortes d'exutoires (non confirmée jusqu'à mainte-
même, on compte, en rive gauche, douze sources de nant) existe dans les dolomies, la variation des
trop-plein au contact de la faille bordière du caractéristiques hydrochimiques peut provenir de
Moyen Atlas et, en rive droite, une source et six plusieurs facteurs : longueur du cheminement, len-
sondages artésiens profonds qui exploitent cette teur de la circulation donc longueur du temps de
formation. contact, augmentation de la pression et de la tem-
pérature, et par suite des dissolutions et des échanges
Les eaux de la rive gauche ont une température
de base entre l'eau et le terrain.
basse (14 à 15°C) et un pH alcalin (8 à 8,2 mesuré
L'analyse type est la suivante (en mg/1) :
sur le terrain). Les sources ont un débit unitaire
important (30 1/s), et donnent au total 350 1/s. Le
faciès chimique est bicarbonaté calcique et magné- Ca Mg Na + Cl SO4 CO3
sien avec une concentration de 250 mg/1 en moyenne. K
La figure 97 donne un exemple du gisement d'une
Rive gauche 50 30 5 20 10 120
source issue du Bajocien.
..
Les eaux de la rive droite ont une température
élevée due à une origine profonde (27 à 31°C), et Rive 160 70 100 200 350 130
un pH neutre (7 à 7,3). Le débit total est de 380 1/s droite . . . .
(240 1/s pour la seule Aïn Tissaf). Ce sont des eaux
sulfatées calciques et magnésiennes à résidu sec
de 1 à 1,5 g/1.
L'hypothèse (fig. 98) de l'alimentation partielle
On notera les différences entre les eaux des deux de la nappe de l'Aaléno-Bajocien de la rive droite
rives, bien que provenant toutes de la même for- de la Moulouya, et par conséquent des sources du
mation. Elles sont dues à l'origine proche (rive type de celle de Tissaf, à partir d'infiltrations sur
gauche) ou lointaine (rive droite), au type de le Moyen Atlas (rive gauche) a été avancée (Simo-
sources de déversement (rive gauche) ou profondes not, 1965) , l'argumentation s'appuyait sur les faits
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
MOYENNE-MOULOUYA 211
A. El Kbir m
2800
S N 2600
2400
211/23 1800
1600
1400
1200
1000
5 km 4 3 2 1 0
F IG. 96 — Type de gisement d'une source du Domérien, Aïn Eschlar (211/23). Barrière étanche à l'écoulement dans
les calcaires, constituée par une remontée de Trias imperméable dans un compartiment faille
suivants : la source de Tissai est artésienne et l'eau la vallée de la Moulouya paraît actuellement peu
est relativement chaude d'une part et, d'autre part, probable car, tout bien considéré, l'impluvium de
les possibilités d'infiltration de la pluie dans les 3 000 km 2 constitué par l'extension des dolomies
formations dolomiliques de la rive droite de la dans le Rekkame permet d'expliquer largement les
Moulouya et du Rekkame paraissent réduites du 250 1/s de l'Aïn Tissaf et les quelque 150 1/s des
fait qu'une couverture imperméable les masque sources et forages qui s'y alimentent si l'infiltration
presque partout. Une campagne de géophysique par ne représente que 2 % de la pluie moyenne annuelle
méthode électrique (fig. 99) a été exécutée (1966) (200 mm au minimum) ; en outre la température de
27°C des eaux de l'Aïn-Tissaf n'est pas suffisamment
dans le but de suivre le prolongement en profon-
élevée pour expliquer une provenance lointaine
deur des dolomies du Rekkame jusqu'à la Mou- après un trajet très profond sous la vallée de la
louya ; cette campagne a été suivie par l'exécution Moulouya.
d'un sondage profond implanté sur la rive gauche
de la Moulouya, près d'Outat-el-Haj (1966), sondage Six sondages profonds de 270 à 700 m ont été
qui fut arrêté à 750 m de profondeur sans être sorti effectués sur la bordure nord-est de la Moyenne-
des formations marno-calcaires du Bathonien dont le Moulouya et exploitent les dolomies du Bajocien.
mur était attendu vers 500 - 600 m de profondeur et L'eau était toujours artésienne, avec des débits
se situerait probablement vers 900 m. En fait l'hypo- parfois intéressants (2 sondages à 30 1/s, 1 à 60 1/s
jaillissants au sol). Les niveaux piézométriques se
thèse d'une continuité du réservoir des calcaires
situaient généralement autour de la cote 800 m
bajociens entre le Moyen Atlas et le Rekkame sous comme l'Aïn Tissaf.
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
W E
J. bou Naceur
Adrear Tirnest
Tirnest
m Cirque du
3000 Taouchguelt K'bir A. Jdida
A. Mertouma
2500
A. si Ali
2000
1500
1000
500
1 5 10 14 km
F IG . 97 — Type de gisement d'une source du Bajocien (Aïn Jdida - 201/23) et abouchement du Bajocien avec les conglo-
mérats du Miocène supérieur et les éboulis quaternaires (Aïn Mertouma, 203/23)
GRES DU CALLOVIEN sec est faible (500 mg/1), dans le deuxième il est
élevé (2 000 mg/1). La faible étendue des affleure-
Les grès affleurent dans la région de Fritissa et ments du Callovien exclut une alimentation directe
au N de la Moulouya à partir du douar Ben-Ayadet.
de cette nappe. L'alimentation se fait suivant deux
Leurs affleurements sont très réduits (quelques dizai-
processus : abouchement des grès et marnes sur la
nes de kilomètres carrés) ; 23 sources, 3 puits et
nappe des dolomies du Bajocien au contact de la
3 forages sont à rattacher à cette nappe. Ces points
faille de bordure moyen-atlasique d'une part (fig.
d'eau s'échelonnent, pour la plupart, le lo ng de
la rive gauche de la Moulouya. Les puits sont creusés 100), et communication avec la nappe des conglo-
sur le périmètre irrigué de Tendit. Le niveau aqui- mérats du Miocène supérieur, eux-mêmes alimentés
fère se situe dans des bancs de grès jaunes d'épais- par les dolomies, et transgressifs sur les grès et
seur variable (10 à 60 m) et des bancs de marnes. marnes, d'autre part.
Les débits sont variables mais toujours faibles
L'eau des dolomies (bicarbonatée calcique et
(0,001 à 2 1/s) et totalisent 25 1/s. Les caractères
physico-chimiques sont très variables suivant que magnésienne) garde ce faciès dans les conglomérats
l'eau sort d'un banc de grès ou de marne. La tem- (roches à fissures) puis dans les grès, l'infiltration
pérature varie de 17 à 20°C, le pH est alcalin (8,0). se faisant alors à proximité des exutoires. L'eau des
La concentration varie de 0,5 à 3 g/1, mais oscille dolomies devient sulfatée calcique lorsqu'elle ne
surtout autour de 1 g/1. Le faciès chimique est de circule que dans les grès et les marnes, depuis le
deux natures : bicarbonaté calcique et magnésien Moyen Atlas jusqu'à la Moulouya, ayant eu alors
(eaux des grès, dans l'ensemble) ou sulfaté calcique le temps de dissoudre les éléments argileux du
(eaux des marnes). Dans le premier cas, le résidu Callovien et de s'en charger.
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
W E
J. Naceur
J. Tirnest
Tirnest
2600
Plaine d'El Orjane
Hauts plateaux
Terrasses de Tissaf
2200
O. Moulouya Tissaf
1800
1400
1000
600
200
0 1 2 3 4 5 10 15 20 25 km
F IG . 98 — Coupe hydrogéologique W-E de la Moyenne-Moulouya au niveau de Tissaf dans l'hypothèse où les infiltra-
tions de la, pluie sur le Moyen Atlas alimenteraient partiellement le réservoir des calcaires Bajociens de la
rive droite de la Moulouya. Cette hypothèse est actuellement abandonnée
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
F 0
0 66
34
65
33
32
0
0
F
0
40 REGGOU
6
400 TIRNEST
31
F
0
350 50
300 F
250
00 100
2
0
15
150
F
F 0
250
67
30
0
100 200
150
F
20
F 0
50
100 150
0
65 50
100 F 150
El Orjane
uya
ul o
200 Mo FRITISSA
150
Oued
F
200
0
68
350
34
33
0
Outat el Hajj
0
30
0
0
Faille : possible ou probable
40
Forage artésien
500
Forage
Puits
0 10 km
550
31
32
30
0 0
67 68
0
F IG . 99 — Courbes isohypses du toit de l'aquifère profond dans la moitié nord de la Moyenne-Moulouya d'après les
campagnes de géophysique de 1954 et 1966
MOYENNE-MOULOUYA 215
de 0,12 m pour un débit de 10 1/s (transmissivité = sans changement notable de faciès (légère augmen-
4,6.10-2 m3/s). tation du résidu sec et de la température) et se
La température varie entre 18 et 20°C. Le pH est déverse dans la Moulouya. Par suite de l'étalement
toujours alcalin et le faciès bicarbonaté calcique des conglomérats dans la vallée, le volume infiltré
et magnésien avec une concentration voisine de ne se retrouve pas entièrement dans les exutoires.
500 mg/1 ; les caractères de ces eaux sont donc Cette nappe du Miocène supérieur de la rive gauche
comparables à ceux des eaux des dolomies de de la Moulouya présente des avantages pour l'exploi-
l'Aaléno-Bajocien. tation : sa faible profondeur, le nombre de puits
existants, sa situation sous les zones cultivées et
L'analyse chimique type est la suivante (en enfin les promesses que semblent contenir les résul-
mg/1) : tats fournis par le seul essai de débit effectué. On
a pu établir de cette nappe une carte piézométrique
au 1/30 000, assez imprécise (agrandissement du
Na + 1/100 000), mais qui a l'avantage de donner une
Ca Mg Cl SO4 CO3 image approchée de la surface piézométrique
K
(fig. 101). L'écoulement se fait avec une faible pente,
vers le NE, c'est-à-dire en oblique vers la Moulouya.
Les variations saisonnières d'altitude de la nappe
70 45 10 70 60 140
montrent qu'il y a deux maxima (mai-juin et novem-
bre-décembre) et deux minima (septembre-octobre et
février). Elles s'accordent bien avec le régime des
La surface affleurante des conglomérats miocènes pluies en tenant compte d'un retard à l'alimentation
étant très réduite, sauf au S de Missour, l'alimenta- d'environ un à deux mois. Les courbes isocônes
tion de cet horizon ne peut provenir que de la nappe montrent une augmentation de salure d'W en E,
du Bajocien qui s'abouche aux conglomérats donc du Moyen Atlas vers la Moulouya, ce qui
s'appuyant au contact de la faille du Moyen Atlas. confirme l'alimentation atlasique de cette nappe.
Cette communication hydraulique est prouvée par
l'identité chimique des eaux de trois sources situées CONGLOMERATS DU MIOCENE SUPERIEUR EN
à quelques dizaines de mètres de celles du Bajocien RIVE DROITE
et où la liaison paraît évidente. L'eau des dolomies Bien que situés à proximité, de pari et d'autre
s'infiltre à tous les niveaux de conglomérats le long de la Moulouya, les conglomérats du Miocène supé-
de la faille ; elle descend ensuite dans la vallée rieur contiennent deux nappes différentes par leurs
m W E
J. Ben Ferji
1600
Mezlrou
A. Sbaf
Puits de Tendith 353/23
219-271-282/23
_ O. Moulouya
A. Rouirat 318/23
800
400
0 0 5 10 15 km
Conglomérats
MIOCENE SUP. Dolomies BAJOCIEN Ligne de discordance
Marnes jaunes
F IG . 100 — Type de gisement des sources et puits du Miocène supérieur et du Callovien alimentés par les eaux
des dolomies du Bajocien
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
8
77
6
77
4
77
2
77
0
78
2
S. MOUSSA
770
78
784
OUTAT EL HAJ
768
762
766
0
764
76
0 500 1000 m
F IG. 101 — Allure de la surface piézométrique de la nappe des conglomérats du Miocène supérieur dans la
région d'Outat-el-Haj
Na +
Ca Mg Cl SO4 CO3
K
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
MOYENNE-MOULOUYA 217
W E
Zerzaïa Sondage Ouahar II
300 O. Moulouya
200
100
0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 m
Terrasses amiriennes puis soltaniennes QUATERNAIRE RECENT Marnes à phalodomyes ! BATHONIEN INFERIEUR
F IG. 102 — Nappe des conglomérats du Miocène supérieur (rive droite de la Moulouya). Alimentation à partir d'une
nappe profonde (dolomies de l'Aaléno-Bajocien) grâce à des zones de failles
L'alimentation de ces sources se fait par infiltra- 8,4. On distingue deux faciès chimiques : eaux
tion des eaux de pluie et par des pertes de l'Aïn sulfatées calciques avec une concentration entre 1
TiTaouine (80 1/s) dans le Moyen Atlas (fig. 95). et 2 g/1, eaux chlorurées sodiques avec une concen-
L'eau de pluie se sale au contact des marnes miocè- tration supérieure à 2 g/1 (jusqu'à 7 g/1). La concen-
nes et l'eau de l'Aïn Titaouine se sale en drainant tration des eaux se fait par dissolution des sels
les marnes du Trias sur lesquelles elle coule avant contenus dans la roche aquifère et par évaporation
de s'infiltrer. (proximité de la surface). Le débit des sources est
toujours très faible sauf cas exceptionnel (0,5 l/s).
FORMATIONS MARECAGEUSES QUATERNAIRES Le débit total atteint à peine 25 1/s. L'alimentation
DE TISSAF peut se faire soit par les pertes de l'Aïn Tissaf soif
Les formations marécageuses de Tissaf provien- par les pertes le long de la faille de Tissaf et par
nent des dépôts d'une zone d'épandage formée en infiltration latérale à tous les niveaux.
éventail à partir de la source artésienne de Tissaf AUTRES FORMATIONS
en rive droite de la Moulouya. Cette source à gros
débit (240 1/s) alimente une nappe peu puissante Certaines sources à débit variable apparaissent
dans ses propres dépôts (fig. 103). dans les principaux lits d'oueds (Moulouya, Aïssa,
Tissaf, Si-Brahim). D'autre part, l'Aïn Jorf-el-Ham-
Vingt-six sources y ont été identifiées sortant mam a une eau très salée (concentration 7 g/1, faciès
de marnes blanches gypseuses, de marno-calcaires chloruré sodique) du fait de sa stagnation dans les
lacustres, de calcaires lacustres, de tufs. Quelques- marnes rouges salées du Miocène supérieur sur la
unes sortent même des conglomérats miocènes, mais rive droite de la Moulouya. De petites nappas
sont incontestablement de même origine. Elles se restreintes existent dans les alluvions fines de petites
situent à la périphérie de l'éventail et à proximité cuvettes où elles sont exploitées par des puits dont
de la Moulouya. La plupart d'entre elles sont exploi- le niveau d'eau est très proche du sol et qui servent
tées (fig. 104) par des tranchées (drains) et des puits de point d'eau pour le ravitaillement des troupeaux
creusés dans ces formations. La température des eaux (Hassi-el-Ahmar). En résumé quatre niveaux aqui-
oscille autour de 19 à 20°C. Le pH varie de 7,3 à fères présentent un grand intérêt: l’un a des réser-
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
W E Gara de Tissaf
A. Tissaf 21/23
Tissaf m
A. Mkhinzal 1100
34/23
Terrasse amirienne
A. Bouzid cultivée
A. Jir II A. Guergtane 236/23 Route de Guercif 1000
248/23 22/23
O. Moulouya Terrasse soltanienne
cultivée 900
800
700
600
0
km 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1
Terrasses amirienne, tensiftienne et soltanienne QUATERNAIRE récent Calcaires blancs sub-continentaux SENONIEN
étagées de Tissaf vers l'oued Moulouya
Calc. et monocalc. lacustres^passant à des calc. QUATERNAIRE ancien Calcaires CENOMANO- TURONIEN
tuffeux et des tufs vers Tissaf au bord de la Moulouya
QUATERNAIRE ancien Faille
Marnes blanches lacustres à gypses ( Moulouyen - solétien
F IG . 103 — Mode de gisement et d'alimentation des sources issues des formations marécageuses quaternaires de
Tissaf
100
Calcaires tuffeux
4 lacustres
e
ienn
ltan
3 Marnes blanches e so
rass
lacustres gypseuses Ter
2 Terrasse cultivée
Marnes calcaires 31/23 Nappe peu en charge
lacustres
1 Drain collecteur
Conglomérats
Miocène sup. Bassin particulier
0 Puits et drain
20 40 60 80 100 120 140 160
FIG.104 Irrigation par drains et puits dans la nappe des formations marécageuses de Tissaf (Ferme
de Maajine- Bouziane)
ves importantes, les trois autres sont directement droite et gauche) dont les réserves sont sans doute
exploitables. plus faibles que celles de la nappe profonde mais
faciles d'accès et déjà partiellement exploitées.
Dans le premier cas, on trouve la nappe de
l'Aaléno-Bajocien dont les réserves sont probable- Dans l'ensemble toutes les eaux sont bonnes pour
ment énormes, mais difficilement exploitables, vu l'irrigation et la consommation (fig. 105) si l'on
sa profondeur. Dans le deuxième cas, on trouve les excepte celles de la nappe du Quaternaire de Tissaf
nappes du Callovien et du Miocène supérieur (rives envers lesquelles des précautions sont indispensables.
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
MOYENNE-MOULOUYA 219
100
Ca
Cl
+M
g
4 +
SO
0
3
O
HC
Na
+K
3 +
CO
100
F IG. 105 — Représentation sur diagramme en losange de la composition des eaux des
principaux aquifères de la Moyenne-Moulouya
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
En Moyenne comme en Haute-Moulouya, le prin- lement à partir des eaux superficielles et sur-
cipal aménagement des eaux est d'origine tradition- tout des eaux de crue. Deux grands périmètres
nelle et intéresse la mise en valeur agricole par se partagent les irrigations : Almis des Mar-
l'irrigation. Le tableau suivant donne la répartition moucha (1400 ha dont 430 pérennes) et Ahl-
des terres irriguées inventoriées, avec la distinction Missour (865 ha dont 435 pérennes) ; tous deux
entre les surfaces irriguées par des ressources en ont fait l'objet d'aménagements et seraient
eau pérennes, et celles qui ne bénéficient que des susceptibles d'extensions.
eaux de crues en hiver et au printemps.
• Dans le sous-bassin compris entre Missour et
L'étude SOMET (1969) apporte de nombreuses Outat-el-Haj (oued Cherg-el-Ard exclu) exis-
précisions sur l'irrigation et les consommations en tent 37 périmètres totalisant 1 675 ha dont
eau correspondantes dans la Moyenne-Moulouya. Au seulement 810 pérennes ; tous sont de taille
total 15 000 ha sont irrigués dont 10 000 par des eaux modeste. Les plus importants sont les 2 péri-
pérennes et 5 000 par des eaux de crue dérivées mètres de Missour (200 ha au total susceptibles
des oueds. Les eaux pérennes proviennent pour d'être étendus) et ceux de Ksar-Saïd-Taalit
70 % des oueds, pour 27 % du captage et de l'amé- (270 ha) et Tameslent (290 ha) qui, situés dans
nagement de sources et pour 3 % de l'exhaure à le Haut Atlas sont essentiellement des périmè-
partir de puits et forages. Les périmètres sont au tres d'eau de crue. Deux barrages de prise ont
nombre de 163 et les 3/4 des surfaces irriguées et été édifiés sur la Moulouya pour l'alimentation
des ouvrages correspondant n'ont fait l'objet d'aucun des périmètres de Missour.
aménagement susceptible de les moderniser. Les
consommations en eau paraissent de ce fait assez • Dans le sous-bassin du Cherg-el-Ard, les péri-
faibles ; 4 200 ha pérennes modernisés utilisent un mètres d'Outal-el-Haj (900 ha dont 600 pérennes)
module de 0,3 à 0,4 l/s/ha contre 0,25 1/s/ha pour et d'El-Orjane (1 100 ha dont 400 pérennes) sont
quelque 1 500 ha pérennes traditionnels et 0,1 1/s/ha en cours d'aménagement. Six autres petits péri-
pour les 5 200 ha d'eau de crue ; au total, les consom- mètres totalisent 300 ha. Le débit de l'oued
mations d'eau s'élèvent à 90.10 6 m3 /an pour les est abondant et un site de barrage existe.
irrigations pérennes et 15.10 6 m3/an pour les irriga-
tions d'hiver. La situation des surfaces irriguées se • Le sous-bassin de la Moulouya compris entre
présente ainsi (fig. 90) : Outat-El-Haj et Yacoubate (oued Bou-Rached
exclu) comporte 3 260 ha irrigués, dont 3 060 ha
• Dans le sous-bassin amont de la Moulouya pérennes essentiellement alimentés à partir des
compris entre Aouli et Missour (affluent rive oueds ; les plus importants sont Tendit (1390
gauche du Chouf-ech-Cherg exclu), 58 péri- ha), Ben-Essefrat (316 ha), El-Assouag (155 ha).
mètres ont été recensés comportant un total La source artésienne de Tissaf dessert un péri-
de 4 385 ha (dont 3 470 ha irrigués pérennes). mètre de 230 ha susceptible d'extension. Les
Les périmètres sont de petite taille et manquent forages artésiens de la rive droite alimentent
d'eau ; l'importance des aménagements de l'irrigation de 120 ha environ en déversant
sources qui alimentent le tiers des irrigations plus d'eau que nécessaire ce qui crée des
font que les extensions paraissent difficiles en risques de formation de sols salins dus à
général car toute l'eau disponible est utilisée. l'évaporation. Outre Tendit qui est un périmè-
Les périmètres les plus importants sont ceux de tre moderne susceptible de s'étendre, plusieurs
Azrou-Rou (300 ha) et de Ksabi (250 ha), ce aménagements ont été effectués sur une dizaine
dernier ayant fait l'objet d'aménagements de périmètres.
(ouvrage de prise en Moulouya, bétonnage de
séguia). • Le sous-bassin de l'oued Bou-Rached enfin est
fort peu irrigué (235 ha dont 120 pérennes).
• Dans le sous-bassin du Chouf-ech-Cherg, 12 Les apports de l'oued sont minimes et les péri-
périmètres ont été recensés (985 ha pérennes mètres sont petits et peu susceptibles d'être
et 2 000 ha d'eau de crue), alimentés essentiel- étendus.
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
MOYENNE-MOULOUYA
22
1
-
Oued Chouf-ech-Cherg ................................... 12 985 2 000 2 985 2 540 445
-
Moulouya RG et RD entre Missour el Outat-
el-Haj ............................................................... 37 810 865 1 675 1445 230
L'extension des irrigations serait possible car pâtures peuvent être rendues accessibles aux trou-
les potentiels en terre et en eau existent, mais il peaux qui ne les fréquentent pas actuellement faute
faut constater que les ressources en eau sont déjà de points d'eau. Or les besoins en eau pour l'abreu-
hypothéquées au bénéfice de l'aval (Basse-Mou- vement du bétail sont sans communes mesures avec
louya). Plusieurs aménagements de périmètres sont ceux de l'agriculture et n'interviennent pratiquement
néanmoins réalisés chaque année. pas dans le bilan global des ressources. Si l'on
admet qu'une distance de 5 km est un maximum
Les efforts de l'Etat en matière d'aménagement entre les lieux de pâturage et les points d'eau on
de cette région doivent s'orienter vers un accrois- peut délimiter les surfaces non pâturables. Celles-ci
sement de l'élevage qui constitue déjà la ressource se répartissent ainsi, en Moyenne-Moulouya (d'après
essentielle de la Moyenne-Moulouya. De nouvelles SOMET, 1969).
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
La configuration générale en synclinal de la peut admettre qu'il ne sort pas d'eau du bassin
Moyenne-Moulouya permet d'avancer que toutes ailleurs qu'à Yacoubate, c'est-à-dire dans l'oued
les eaux souterraines accumulées dans l'ensemble Moulouya.
du bassin versant entre les seuils hydrogéologiques Les prélèvements d'eau s'effectuent pour l'ali-
d'Aouli à l'amont et de Yacoubate à l'aval, ont mentation des hommes et des troupeaux, mais sur-
comme exutoires essentiels l'oued Moulouya et les tout pour l'irrigation : 15 000 ha dont 10 000 irrigués
prélèvements par pompages et puisages. L'évapora- par des eaux pérennes et 5 000 par des eaux de
tion sur les nappes souterraines est certainement crue. Les volumes d'eau consommés par l'agriculture
faible et peu susceptible d'être récupérée et l'on sont évalués à 90 millions de m 3 /an pour les irriga-
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﺮﻏﺎﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
MOYENNE-MOULOUYA 223
lions pérennes eT à 15 millions de m 3 /an pour les n'étaient pas indispensables pour couvrir les besoins
irrigations d'hiver. des périmètres modernes de la Basse-Moulouya.
Les apports naturels de la Moulouya à Yacoubate L'économie de la région étant essentiellement
(sortie du bassin de la Moyenne-Moulouya) sont pastorale (80 % du revenu total des habitants) peut
évalués à 800.10 6 m3/an (dont 460.10 6 m3 de débit de encore se développer dans cette voie si les zones
base et 340.106 m3 de débit de crue) ; les apports actuellement non pâturables par manque d'eau sont
naturels à Aouli, à l'entrée de la Moyenne-Mou- rendues accessibles aux troupeaux grâce à la
louya se chiffrent à 400.10 6 m3/an, dont 140 de débii création de points d'eau pérennes et si les périmè-
de base et 260 de débit de crue. Les apports prove- tres irrigués qui doivent être aménagés s'orientent
nant du bassin versant de la Moyenne-Moulouya vers une production fourragère riche. La création de
s'élèvent par conséquent à 400.10 6 m 3 /an dont points d'eau, après les recherches locales d'usage
320.10 6 m 3 de débit de base et 80.10 6 m 3 de débîi (niveau aquifère, profondeur, débits unitaires, qua-
de crue. Il est à noter que la part du débit de base, lité de l'eau, coût des captages) constitue l'objectif
débit régularisé par les eaux souterraines, est extrê- essentiel des études hydrogéologiques à poursuivre
mement importante dans ce bassin et se trouve rela- en Moyenne-Moulouya, principalement dans le sous-
tivement peu exploitée sur place (90.10 6 m3/an de bassin versant situé à l'amont de Outat-El-Haj et
consommés) contrairement à ce qui se produit dans d'une manière plus générale sur la rive droite de
le bassin de la Haute-Moulouya. Ceci tient au fait la Moulouya. Toute autre exploitation importante
que les 3/4 des surfaces irriguées n'ont fait l'objet d'eau souterraine viendra en fait aggraver le bilan
d'aucun aménagement et sont cultivées de façon général de la Moulouya à Mechra-Klila et ne paraît
traditionnelle, peu intensive et très empirique. donc pas souhaitable dans l'état actuel des connais-
L'Etat pourrait évidemment aménager les plus inté- sances sur le bilan global des ressources en eau et
ressants d'entre eux (ce qui revient à accroître les des options prises pour l'équipement de la Basse-
consommations en eau) si les eaux excédentaires Moulouya.
REFERENCES
CHOUBERT G. (1937) : Sur la géologie de la Moyenne Mou- Thèse Fac. Lettres Paris, Rabat, 618 pp., 79 fig., 52
louya et de la terminaison orientale du Haut Atlas. phot, tabl., bibl.
C.R. acad. Sel, Paris, t. 204, n° 8, pp. 606-608, 1 carte.
Russo Ph. (1928-29) : Sur la présence et la signification
DRESCH J. & RAYNAL R. (1953) : Formes glaciaires et péri- de dépôts du Miocène continental rouge dans la
glaciaires dans le Moyen Atlas. C.R. somm. Soc. géol. Moyenne Moulouya (Maroc oriental) C.R. Congr. Ass.
Fr., 11, pp. 195-197. franc, avanct. Sel, La Rochelle, publ. Paris 1929, pp.
189-191.
RAYNAL R. (1951) : Notes de stratigraphie et de morpholo- SIMONOT M. (1965) : Etude hydrogéologique de la Moyenne
gie en Moyenne Moulouya. Quelques données nou- Moulouya partie nord. Thèse Doct. 3 e cycle, Paris,
velles, sur le Tertiaire continental. Notes Serv. géol. 248 pp., 102 fig., 2 cartes, 33 tabl., 20 tabl. annexes,
Maroc, t. 6, n° 95, pp. 51-66, 2 fig. 7 pi., phot., inéd. MTPC/DH/DRE.
R AYNAL R. (1852) : Quelques données nouvelles au sujet S IMONOT M. (1967) : Rapport de fin de chantier : sondage
de l'Oligo-Miocène du bassin de la Moulouya (Maroc). en Moyenne Moulouya. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE,
C.R. somm. Soc. géol. Fr., 3 pp., 43-45, 2 fig. 3 pp., 1 pl,
SOMET (1969) : Etude des potentialités hydro-agricoles
RAYNAL R. (1961) : Plaines et piedmonts du bassin de la des provinces de Fès et de Taza. Inéd. Ministère de
Moulouya (Maroc oriental). Etude géomorphologique. l'Agriculture, Rabat.
225
I. 28
LE RE K K A M E
Par
Marc SIMONOT
Le Rekkame est une unité géographique faisant sur la vallée (oueds Hammam, Keddou, Timersat,
la jonction entre les Hauts-plateaux à l'E et la Tissaf, Aïssa, Ouahar) qui se jettent directement
Moyenne-Moulouya à l'W. C'est l'unité structurale dans la Moulouya. Tous ces oueds sont intermit-
la plus occidentale de la Meseta oranaise. Au N la tents, secs pendant la plus grande partie de l'année
plaine de Guercif et la Chaîne des Horsts et au S et ne coulant qu'après des pluies importantes et
le Haut Atlas, limitent le Rekkame qui fait partie du prolongées ou répétées. Dans ces rares cas, ils ont
bassin versant de la Moyenne-Moulouya. Cette un régime torrentiel et érodent fortement leur lit
région, d'une superficie d'environ 7 000 km2, se pré- et leur bassin versant.
sente comme un quadrilatère de 90 km de longueur
(N-S) et 30 à 50 km de largeur (E-W). L'altitude de Le Rekkame est une région économique à voca-
ces plateaux est très régulière: elle varie de 1000 tion pastorale nomade avec très peu de ferres
à 1 500 m, avec une altitude moyenne de 1 250 mètres. cultivables et des pâturages pauvres. La population
Du fait de sa structure, la pente est très faible (1 à n'étant pas fixée, sauf dans quelques rares douars
2 %) sur l'ensemble du Rekkame sauf au contact peu peuplés (Bouloufane, Hassi-el-Ahmar), elle a
de la vallée où elle atteint 15 %. La direction de été estimée à 22 000 personnes en 1960. Les nomades
cette pente est partout E ou NE. Les reliefs aplanis ont une origine complexe rattachée aux ksouriens
ont été et sont encore entaillés par une multitude du Sud ; ils vivent sous la tente (khaïma), entourés
d'oueds très ramifiés. Celte forme d'érosion est liée de leurs troupeaux de moutons (55 000 têtes en
au fait que le Rekkame constitue la bordure occi- 1961) et de chèvres (28 000 têtes), de chameaux
dentale des Hauts-plateaux au-dessus de la vallée (550) et de mulets (2 350). Leur migration est liée
de la Moyenne-Moulouya. Les précipitations relati- à deux facteurs qui sont l'eau et le pâturage. Ils
vement faibles n'ont pu entailler que cette bordure se déplacent du S vers le N en hiver et dans l'autre
à peu de distance et peu profondément. L'érosion a sens en été.
été faible comparativement au versant atlasique de En dehors de l'élevage qui constitue pratique-
la Moulouya et s'est faite linéairement. Des buttes ment leur seule richesse, les nomades tirent quel-
témoins de l'ancienne bordure demeurent sur la ques ressources supplémentaires en coupant l'alfa
rive droite de la Moulouya. Le Rekkame est donc qui leur est racheté par les coopératives alfatières
formé d'un réseau très ramifié d'oueds donnant un des Hauts-plateaux, en cultivant quelques ares de
« chevelu » typique. Cette myriade d'oueds se blé, orge ou luzerne sur des alluvions d'oueds
rassemble en quelques lits seulement au débouché lorsqu'ils s'y fixent pendant un temps suffisant.
GEOLOGIE
ya
lou
M ou
O.
350
ed
Fritissa
m
Ah
etit
Kh
Bouloutane
Tissaf
300
Pontico-
Basaltes Pliocène
Dolomies LIAS
N
I
Faille
S
Forage
O.
L
Puits
A
ed
T
do
Source 0 5 10 15 20 km
u
Daya
Rdir
700
Stratigraphie
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ORIENTAL 28 - REKKAME
(BERGUENT) 14.3 0.1 16.0 0.8 18.7 3.1 21.4 5.0 25.7 8.0 32.0 12.6 39.6 16.2 39.6 16.6 34.1 14.0 25.7 9.2 19.2 4.8 14.8 1.7 25.1 7.7
(BERGUENT) 7.2 8.4 10.9 13.2 16.8 22.3 27.9 28.1 24.0 17.4 12.0 0.2 16.4 240 - 43,0 E1 B' 3 db'2 240
FIG. 107
228 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Paléogéographie et tectonique
Le Rekkame était, au Secondaire, une zone de dans l'ensemble, mais hachurée, dans le détail, de
plateau continental à sédimentation calme. Il a petites failles : synclinaux et anticlinaux réduits.
émergé en bloc à la fin du Bathonien et n'a été
touché que partiellement par la transgression céno- Le Rekkame est constitué d'un vaste flanc mono-
manienne. Le Tertiaire est caractérisé par une clinal à pendage de 3 à 4° vers l'W, limité au
sédimentation continentale correspondant aux mou- contact de la plaine par des failles importantes
vements orogéniques atlasiques qui se sont étouffés NE-SW mises en évidence par la géophysique
dans le Rekkame en lui donnant une structure calme (Tissaf - Aïn-Aïssa) et par les éruptions de laves.
CLIMATOLOGIE
Il n'existe aucune station météorologique sur le en hiver. Le nombre de jours de pluie est de 30 à
Rekkame par suite de l'absence d'habitat fixe néces- 40 par an.
saire pour y effectuer les observations. Les carac- Comme pour la pluviométrie, il n'existe pas de
téristiques climatiques ne sont donc pas connues, résultats concernant la thermométrie. Le régime
mais peuvent être rapprochées de celles des stations thermique est identique à celui de la Moyenne-
des Hauts-plateaux (Aïn-Beni-Mathar et Tendrara) Moulouya avec des températures plus basses en
pour lesquelles on dispose de 30 années de mesures. hiver et plus hautes en été.
L'extrapolation est possible du fait de la similitude
des facteurs orographiques. La classification de Thornthwaite range le Rek-
kame dans le même type climatique que la Moyenne-
La hauteur des pluies est voisine de 200 mm
Moulouya et que les Hauts-plateaux, à savoir un
(250 mm à Aïn Beni-Mathar et 210 mm à Tendrara
climat aride, mésothermique sec, à continantalité
contre 160 mm à Outat-el-Haj). Le régime annuel
exagérée et influences altimétriques très peu mar-
est à peu près identique à celui de la Moyenne-
Moulouya, si ce n'est que les deux maxima pluvio- quées.
métriques se produisent à des mois variables mais L'évapotranspiration n'est pas connue, mais
toujours l'un au printemps, l'autre en automne, sans l'assèchement rapide des nombreux lacs collinaires
prédominance marquée de l'un ou de l'autre. Il y artificiels (rdirs) montre qu'elle est intense et égale
a aussi deux minima, le principal en été et le second ou supérieure à 1 mètre par an.
HYDROLOGIE
Comme il a été dit précédemment, il n'y a pas Malgré le nombre d'ouvrages de retenue construits
d'oued pérenne dans le Rekkame. Cependant, la sur ce réseau intermittent du Rekkame, il n'existe
ramification intense qui se rattache à un tout petit pas de donnée quantitative sur les débits écoulés.
nombre d'oueds au débouché sur la vallée de la L'éloignement, la rareté des crues, le grand nombre
Moulouya ainsi que l'étroitesse des sous-bassins d'oueds à surveiller rendent prohibitif tout équipe-
versants explique que les pluies, lorsqu'elles sont ment. Tout au plus est-il possible d'estimer une
suffisamment intenses et prolongées ou répétées, crue de temps en temps lorsque l'occasion se présente
donnent naissance à des débits de ruissellement et ces mesures, faites empiriquement, ne peuvent
importants qui se transmettent très rapidement, pas être très précises. Dans presque tous les cas
érodent brutalement et débordent. Il faut tout de observés, le débit de pointe dépasse rarement quel-
même noter que ces crues sont très peu nombreuses; ques dizaines de mètres cubes par seconde ; le plus
en année moyenne, il ne s'en produit pas plus de souvent le débit moyen est de l'ordre du m 3 /s et
trois ou quatre importantes et c'est un maximum les crues ne durent, en moyenne, que quelques
rarement atteint. heures, la décrue étant tout aussi rapide.
REKKAME 229
Il existe une soixantaine de points d'eau dans l'oued Tissaf, un sur l'oued Aïssa). Une vingtaine
le Rekkame ce qui est fort peu vu la superficie de d'ouvrages sont prévus dans les années à venir,
cette région et explique bien les caractères écono- pour les raisons énoncées ci-dessus, leur construc-
miques et sociaux. Ils se répartissent en puits et tion est aléatoire, car la Division des Ressources
citernes (trente) exploitant essentiellement des under- en Eau a proposé d'autres solutions moins coûteu-
flow, en rdirs (dix) qui sont des petites retenues ses et plus avantageuses. Ces solutions consistent
artificielles, en sources (dix dans un seul horizon à recenser et tester tous les underflows intéres-
aquifère), en forages (huit) et en dayas (quatre) sants et surtout à effectuer une reconnaissance
qui sont des bassins fermés retenant temporairement par forages dans les nappes profondes.
les eaux de pluies.
LES PUITS
LES RDIRS Les puits sont foncés, pour la plupart, à proximité
Ce sont actuellement les seuls points d'eau exis- immédiate des oueds les plus importants tant en
tant pour le ravitaillement du bétail, d'où leur très largeur qu'en épaisseur d'alluvions. Ils exploitent
grande importance. Cependant, l'expérience montre alors les faibles quantités d'eau qui se sont mises:
que la solution qui consiste à élever une petite à l'abri de l'évaporation dans la masse des alluvions.
digue dans le lit des oueds les plus intéressants par Ces puits ne sont équipés que de poulie et sont
leur bassin versant d'une part, le volume de la utilisés par les nomades comme point d'eau potable.
retenue d'autre part, représente de nombreux incon- Quelques puits exploitent des petites nappes isolées
vénients majeurs : dans des alluvions fines au centre de minuscules
vallées qui tranchent dans le paysage par leur
• Le remplissage de la retenue n'est pas automa-
verdure et par les rares cultures que les nomades y
tique puisque lié au ruissellement, lequel est
tentent.
négligeable en année sèche. Dans ce cas, les
pertes par évaporation, infiltrations et consom- LES CITERNES
mation ont vite fait de vider la retenue. Les citernes sont des cuves cimentées, enterrées
• Du fait de l'érosion intense due à l'absence de à proximité d'un oued avec lequel elles communi-
couverture végétale et au régime torrentiel des quent. Lors des écoulements, une partie de l'eau est
écoulements, l'eau de ruissellement est considé- déviée dans la citerne qui constitue alors un point
rablement chargée de particules en suspension d'eau. Ce système a été pratiqué surtout à l'W du
formant des dépôts solides qui comblent la Rekkame et l'expérience a montré que le rendement
retenue en quelques années ou plutôt après un ne justifiait pas la dépense. En effet, ces citernes
certain nombre de crues. sont très rapidement comblées par les matériaux
transportés par l'eau et la rareté des écoulements
• Les volumes retenus sont généralement faibles, ne permet pas un renouvellement régulier de la
les ouvrages devant être réduits pour ne pas être citerne dont le faible volume est très rapidement
trop coûteux (prix actuel d'un rdir = environ épuisé.
350 000 Dh) ; aussi, à moins d'être renouvelés
au moins deux fois par an, ils ne suffisent pas LES SOURCES ET LES FORAGES Les rares
à compenser toutes les pertes. forages et les quelques dizaines de sources
recensés dans le Rekkame ont permis de
• Dans le cas de cr ues d e fréquence décennale distinguer deux niveaux aquifères :
ou cinquantenaire, certains ouvrages calculés
trop étroitement sont emportés. • Aaléno-Bajocien : trois forages exploitent une
nappe dans les calcaires dolomitiques et dolomies.
• L'eau retenue est, en général, d'assez mauvaise
Cette nappe est à rattacher à celle qui est mise en
qualité tant chimique que bactériologique.
évidence sur la rive droite de la Moulouya. Elle
• Enfin, il a été constaté que la plupart des ouvra- a les mêmes caractéristiques (température élevée :
ges existant ont été construits sans une recon- 27°C et résidu sec de plus de 1 g/1). La continuation
naissance géologique préliminaire qui aurait de cette nappe dans les dolomies du Rekkame est
évité des erreurs. Par exemple, un rdir construit à peu près certaine et mérite donc d'être plus large-
tout récemment (1966) sur le substratum dolomi- ment reconnue. En effet, si cette nappe est rencon-
tique de l'Aalëno-Bajocien parcouru d'un réseau trée dans toutes les zones du Rekkame, so n
serré de fissures, se remplit en quelques heures, exploitation permettrait la création d'un réseau de
et se vide en quelques jours. points d'eau pour l'abreuvement des troupeaux,
• Une dizaine de rdirs ont été construits dans le l'alimentation en eau potable des humains et, peut-
Rekkame sur les principaux oueds (deux sur être, leur fixation prolongée. Cette solution présente
l'oued Sabraïne, trois sur l'oued Sefoula, un sur les avantages suivants sur celle du rdir :
230 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
— point d'eau pérenne et indépendant Deux nouveaux forages ont été exécutés en 1969
dans le Haut-Rekkame de façon à apprécier les
— coût moins élevé (150 000 Dh) possibilités d'exploitation de la nappe de l'Aaléno-
— eau de qualité chimique acceptable Bajocien. Le premier (4/24 : X = 697,7 ; Y = 329,2 ,
Z = 1 130 m) a traversé 94 m de marno-calcaires du
— possibilité de placer les points d'eau aux empla- Bajocien supérieur puis 263 m de calcaires dolomi-
cements adéquats (passage des troupeaux). tiques de l'Aaléno-Bajocien suivis de 18 m de
Toarcien marneux avant de pénétrer le Lias calcaire
jusqu'à la profondeur finale de 450 m ; les venues
d'eau ont été enregistrées dans l'Aaléno-Bajocien.
Le niveau piézométrique s'établissait à la profondeur
de 263 m (cote 867 m) ; un débit de 2,7 1/s pour
_ AOUINET MESSAOUD
AIN 24 m de rabattement put être exhauré après acidifi-
( I.R.E. 268/23 ) cation ; la transmissivité était de l'ordre de 3.10-3
5 W E m2/s. Le second forage (13/24 : X = 698,8 ,
4
3
S Y = 344,0 ; Z = 1 175 m) profond de 400 m a
2 pénétré de 320 m dans les calcaires et dolomies de
1 l'Aaléno-Bajocien, y rencontrant un niveau d'eau
0
20 40 60 80 100 120 m profond de 209 m (cote 966 m) ; après acidification,
un débit de 1,1 1/s pour 15 m de rabattement pouvait
être obtenu. L'eau était de bonne qualité dans les
AIN HAJAR
( I.R.E. 47/23 )
deux cas (1 g/1 de résidu sec à 180°C) mais il faut
5
reconnaître que sa profondeur la rend pratique-
4 W E
ment inexploitable ; si l'on peut concevoir l'exploi-
3 S
tation par éolienne munie de tiges en bois, il faut
demeurer conscient du fait que ces régions ne sont
2
pas habitées en permanence et que le matériel,
1 trop fragile, risque fort d'être rapidement détérioré.
0 Du point de vue hydrogéologique, ces sondages
20 40 60 80 100 120 m
semblent prouver l'existence d'une nappe géné-
ralisée dans l'Aaléno-Bajocien, nappe qui s'alimen-
terait au N du Rekkame, dans la Gada de Debdou
haute et bien arrosée et s'écoulerait vers la Mou-
AIN AOUINET MCKHEL louya (Aïn Tissaf, cote 800 m). On se rapportera à
( I.R.E. 70/23 ) ce sujet au chapitre précédent (Moyenne-Moulouya)
W E
et en particulier au paragraphe traitant de la nappe
5
de l'Aaléno-Bajocien.
4
• Bathonien ; ce niveau aquifère est reconnu
3
par cinq sources (fig. 108) et deux forages situés
2
S
à l'E de Fritissa des Oulad-Jerrar. Ils exploitent les
1
différents niveaux perméables du Bathonien (cal-
caires à huîtres et calcaires oolithiques). Les débits
0 sont faibles (5 1/s au total) et ne permettent pas
20 40 60 80 100 120 m
d'envisager, tout du moins dans l'immédiat, une
Alluvions
Quaternaire
reconnaissance de ce niveau dont la présence n'est
Tuf
Marnes
effective que dans une zone réduite du Rekkame.
Grès en alternance Callovien
Calc. coquilliers
C O N C L U S I O N S
Le Rekkame est une région particulièrement L'étude des différentes solutions appliquées à la
déshéritée et les conditions précaires de subsistance recherche de l'eau, c'est-à-dire puits, rdirs et fora-
Y impliquent un mode de vie itinérant. L'éloigne- ges, conclue que la solution « forage » a été la
ment, la rareté et l'intermittence des points d'eau moins exploitée alors que c'est elle qui peut pré-
sont les problèmes majeurs. La sédentarisation des senter les plus grands avantages, bien que les
nomades, déjà rendue difficile par des siècles difficultés d'exploitation d'une eau souvent pro-
d'accoutumance, ne sera possible que lorsque seront fonde ne soient pas à mésestimer. Il est conseillé,
dans les années à venir, d'étendre la reconnaissance
créés des points d'eau pérennes permettant à la fois par forage sur l'ensemble du Rekkame.
l'alimentation des personnes et du bétail, et la
culture de quelques hectares. Ces cultures couplées Il faudra aussi pousser l'étude des sous-écoule-
avec la cueillette de l'alfa permettraient l'installa- ments dont certains ne sont pas à négliger et peuvent
tion plus ou moins prolongée d'un certain nombre fournir des débits intéressants. Des essais de pompa-
ge détermineront les conditions d'exploitation.
de familles. La construction, en cours, de la route
Enfin, la solution rdir ne devra être appliquée
goudronnée de Aïn-Beni-Mathar à Outat-el-Haj, qui qu'en dernier recours et après les reconnaissances
traversera le Rekkame, est déjà un premier pas vers géologiques approfondies qui ont jusqu'alors été
cet objectif. négligées.
R E F E R E N C E S
FELLAHI M. (1958) : Etude hydrogéologique dans le plateau M ED IO N I R. (1968) : Carte géologique du Maroc au
du Rekkame au NE d'Outat-el-Haj. Rapp. inéd. 1/100 000. Feuille Matarka (Hauts-plateaux). Notes & M.
MTPC/DH/DRE, 5 pp. Serv. géol. Maroc, n° 191.
MEDIONI R. (1960) : Contribution à l'étude géologique des M EDIONI R. (1968) : Notice explicative de la carte géolo-
Hauts Plateaux méridionaux marocains. Notes Serv. gique du Maroc au 1/100 000, feuilles Hassi-el-Ahmar
géol. Maroc, t. 19, n° 149, pp. 7-53, 8 fig., 5 phot., et Matarka. Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 190 bis-191
bis, 42 pp.
1 carte h.t. en coul. au 1/500 000, bibl.
M ED IO N I R. (1968) : Carte géologique du Maroc au SIMONOT M. (1965) : Etude hydrogéologique de la Moyenne
Moulouya (partie nord). Thèse doct. hydrogéol., Paris,
1/100 000. Feuille Hassi-el-Ahmar (Hauts-plateaux). 223 pp., nombr. fig., tabl. et cartes, pl. h.t., inéd.
Noties & M. Serv. géol. Maroc, n° 190. MTPC/DH/DRE.
233
I. 29
par
Marc SIMONOT & Jean-Pierre THAUVIN
On appelle Chaîne des Horsts une bande mon- coup plus au N, à l'aval d'El-Aïoun, pour former
tagneuse de 20 à 30 km de large qui s'étend sur l'O. Ksob également affluent de la Moulouya.
100 km de long depuis la plaine de Guercif à l'WSW
jusqu'à la frontière algérienne à l'ENE entre le L'habitat de ces montagnes est constitué par une
couloir Taourirt-Oujda au N, et les Hauts-plateaux majorité arabe et une minorité berbère vivant dans
et le Rekkame au S. D'W en E, cette chaîne est de gros villages dont les principaux sont El-Rhoress,
jalonnée par les massifs des Beni-Chebel et Beni- Jerada, Touissit et Bou-Beker, ces trois derniers étant
Koulal traversés par l'oued Za, et enfin par les peuplés essentiellement par les ouvriers travaillant
monts de Jerada, Tiouli et Bou-Beker. dans les mines. Par ailleurs, des nomades sillonnent
les zones à pâturage avec leurs troupeaux, surtout
Cette unité essentiellement montagneuse a une en période sèche. Le recensement de 1960 fournit
altitude moyenne de 1 200 m ; les points culminants, le chiffre de 60 000 habitants environ.
d'W en E, sont le jbel Narguechoum (1373 m), le
jbel Tiouli (1617 m), le jbel Hamza (1600 m) et le Jorf- Du fait de l'absence de plaine, cette région ne
Smaïne (1400 m). dispose pas de terres irriguées sauf sur quelques
terrasses quaternaires en bordure de l'oued Za.
Les réseaux hydrographiques drainant la Chaîne Comme sur les Hauts-plateaux, la grande richesse
des Horsts sont d'importance variable : toute la réside dans l'élevage. En 1960, cette région comptait
partie méridionale et occidentale est drainée par 80 000 ovins, 40 000 caprins, 5 000 bovins et 3 000
l'oued Za (appelé El-Haï à l'amont de Guefaït, dans équidés.
les Hauts-plateaux) qui se jette dans la Moulouya
à l'aval de Taourirt. Le secteur oriental alimente Dans l'E de la chaîne, c'est le sous-sol qui consti-
l'oued Isly qui s'écoule vers le N en direction tue la principale source de revenu. . Les mines
d'Oujda et de la plaine des Angad. La partie d'anthracite de Jerada et celles de plomb et de zinc
centrale du versant nord est drainée par deux de Touissit - Bou-Beker font vivre plusieurs milliers
petits oueds, non pérennes, qui se réunissent beau- de familles.
GEOLOGIE
(fig. 109)
La Chaîne des Horsts est constituée par un socle en touches de piano, elle a provoqué des zones de
primaire relevé et en partie caché par une couver- subsidence et de hauts-fonds marquées par les diffé-
ture secondaire et tertiaire, localement quaternaire. rences de puissance et de faciès des dépôts. Les
Elle est caractérisée par une tectonique d'abord
souple puis cassante, ayant joué dès le Primaire et principales lignes de fracture sont orientées WSW-
ayant rejoué lors de l'orogenèse atlasique ; respon- ENE, les autres surtout WNW-ESE. Antérieurement
sable d'une structure en horsts et grabens, ou plutôt à cette tectonique cassante, la phase majeure post-
3° 2°30' 2° OUJDA
Barrage de
Mechra Klile
a
uy EL AIOUN
ulo T
ly
o A
U J D R S
O. Is
O .M O
-
R T H O
A O U R I
R T D E
A L G E R I E
34°30' L O I I T
C O U A S S
R Guenfouda U I Touissit E R
O
A T - B K Bou - Beker
Z K K U
E
TAOURIRT B O
Oued
DE A
A INE R A D
T P L J E
S ROH
R MET D E
O S T
JERADA
Za
H R
E H O
D UX
E TEA
I N A PLA
A T ZA
L A Guefaït
Pontico-Pliocène et Quaternaire = marnes, calcaires lacustres
P R D
F E alluvions, éboulis...
A U El Rhoress
T ' O M Jurassique supérieur : marnes et grès
L TS
E
E
K HAU
D Lias et Dogger : Dolomies et calcaires plus ou moins marneux
K
A
M Trias : marnes, basaltes...
Faille
0 25 km_
CLIMATOLOGIE
La pluviométrie, connue en six stations, varie des nuages venant du N. Aussi est-elle bien arrosée
entre 260 et 450 mm. Ces variations ne sont pas liées aux dépens des Hauts-plateaux et du Rekkame.
aux différences d'altitude mais plutôt, semble-t-il, Dans ces reliefs, constitués en majeure partie de
aux microclimats. Il semble qu'un module de 350 mm roches perméables, la pluie joue un rôle important
soit assez représentatif de cette chaîne. en alimentant les nappes profondes qui se retrou-
vent dans les plaines du nord ou dans les Hauts-
Deux maxima pluviométriques se situent en plateaux du sud.
décembre et en avril, le minimum ayant toujours
lieu en juillet-août. Il n'existe aucune station thermométrique dans
cette région montagneuse où les hivers sont rigou-
La Chaîne des Horsts constitue une barrière reux (gel fréquent et chutes de neige plusieurs fois
climatique importante qui arrête la majeure partie par an) et les étés relativement frais.
HYDROLOGIE
Il y a assez peu à dire sur l'hydrologie de la l'ordre de 0,12 m3/s. Le débit moyen mensuel le plus
Chaîne des Horsts, qui ne possède pas de cours élevé se situe en moyenne en avril-mai ; la plus
d'eau en propre. L'oued Isly, jaugé depuis 1963 à forte crue observée a eu lieu en mai 1963, avec un
la station de Guennfouda, a un débit moyen annuel débit maximum instantané de 1 100 m3 /s.
fictif continu de 0,8 m3/s. Le débit d'étiage est de
236 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ORIENTAL 29 - CHAINE DES HORSTS
FIG. 110
L'oued Za est jaugé régulièrement depuis 1956 à d'étiage est rarement inférieur au mètre-cube/se-
Taourirt, où son bassin versant a une superficie de conde ; le débit maximum instantané enregistré a été
8 000 km 2 dont une faible partie (de l'ordre de de 102 m3/s en septembre 1963, alors que la crue
500 km 2 ] dans la Chaîne des Horsts. Son débit millénaire aurait un débit instantané maximum de
moyen annuel est de l'ordre de 3 ms/s ; le débit l'ordre de 4 000 m3/s.
HYDROGEOLOGIE
La Chaîne des Horsts par elle-même ne présente, Aussi les renseignements qui y ont été recueillis
du point de vue hydrogéologique, qu'un intérêt ne sont-ils pas très fournis. On étudiera successive-
médiocre puisque les ressources en eau dont elle ment le horst de l'oued Za, le horst des Zekkara,
dispose ne sont que rarement exploitables sur place le graben du Métroh, le horst de Jerada, le horst
et n'ont fait l'objet que d'études d'intérêt local. de Touissit - Bou-Beker, et la plaine de Guennfouda.
Le horst de l'oued Za
On englobe sous ce terme toute la partie occiden- Ce secteur a régionalement une allure synclinale
tale de la chaîne, limitée au S par les affleurements à grand rayon de courbure, cassée par des accidents
paléozoïques du horst de Debdou et du Mekkam, et WSW-ENE ; sa partie méridionale pend vers le N,
à l'E par une ligne joignant approximativement El- alors que tout le reste pend vers le S. L'oued Za,
Rhoress à la terminaison occidentale de la plaine de qui le traverse du SE au NW, en est tout le long de
Métroh. son cours le point bas topographique et joue le même
CHAINE DES HORSTS 237
rôle sur le plan structural : il draine donc la plus 2 1/s le plus souvent) ; le débit global connu est
grande partie de cette région, en ce qui concerne inférieur à 50 1/s. Par contre le rôle drainant de
aussi bien les eaux superficielles que les eaux souter- l'oued Za est plus important : les jaugeages effectués
raines. Seules les bordures occidentales de la région simultanément aux stations hydrologiques d'El-
sont drainées vers la plaine de Guercif. Rhoress et de Taourirt montrent une augmentation
sensible du débit de 350 à 500 1/s au printemps 1969.
Les granites, schistes paléozoïques et formations Les anciennes sources d'El-Rhoress, situées à une
diverses triasiques (marnes et grès rouges, basaltes) douzaine de mètres du lit actuel de l'oued Za, sont
affleurent largement au S, au SE et NE et, d'une maintenant taries au bénéfice d'émergences occultes
façon plus sporadique, au N. Leur couverture est dans l'oued même.
essentiellement jurassique : dolomies du Lias sur les
bordures et calcaires du Dogger au centre ; les A part les points d'eau déjà cités, les autres se
marnes toarciennes, quand elles existent, n'ont que résument à quelques puits n'exploitant que les sous-
quelques dizaines de mètres de puissance. Les hori- écoulements des oueds de la région, avec des débits
zons calcaréo-dolomitiques par contre sont beau- exhaurés minimes. Le site de barrage d'El-Rhoress a
coup plus importants et atteignent plusieurs reçu un commencement d'étude en 1946, et a été
centaines de mètres, ainsi qu'on peut le voir sur les partiellement reconnu en 1948 par cinq sondages
affleurements et les quelques rares sondages effec- (quatre de 10 à 20 m, et un de 60 m).
tués : le sondage 13/17, situé à quelques kilomètres
au NE d'El-Rhoress a traversé plus de 400 m de Une nouvelle étude sommaire de terrain a été
Jurassique calcaire indifférencié, puis 200 m de menée en 1968. Situé dans une gorge (calcaires du
Trias avant d'atteindre le socle. Le sondage 112/17, Lias) très encaissée, le site est topographiquement
situé au débouché du Foum Debdou dans la plains très favorable. Sur le plan géologique, la fractura-
de Tafrata a traversé 200 m de calcaires du Dogger, tion et la karstification du Lias, très irrégulières,
20 m de marnes toarciennes et 380 m de dolomies laissent prévoir d'importants travaux d'étanchéisa-
du Lias avant d'atteindre le Trias. Ce forage et le tion difficiles à chiffrer ; à titre d'exemple, les
190/17 situé à une dizaine de kilomètres au NNE, essais d'eau sommaires effectués en 1948 ont montré
ont été exécutés pour la recherche minière et ne parfois des pertes totales et les autres fois des
se sont donc pas préoccupés des venues d'eau ; on absorptions de 0 à 26 1/mn/m sous des pressions de
sait seulement qu'ils ont obtenu tous les deux un 5 kg/cm 2 . Un barrage de 35 m de hauteur créerait
débit de 2 l/s avec 20 m de rabattement, et que une retenue de 150 Mm 3 , mais le problème réside
le niveau piézométrique se situait dans le Dogger. dans le fait que l'oued Za fournit une partie du
Il semble donc à première vue qu'une faible quan- débit de la Moulouya barrée à Mechra-Klila, et
tité d'eau seulement s'écoule vers la plaine de qu'en conséquence l'eau retenue à El-Rhoress serait
Guercif. à déduire de l'approvisionnement des périmètres de
Un assez grand nombre de sources existent dans la Basse-Moulouya.
le massif mais elles sont de très faible débit (0,5 à
Cet ensemble est limité au N et à l'W par le la moitié est constituée de petites sources dont le
couloir Taourirt-Oujda, à l'E par la petite plaine débit, le plus souvent inférieur au litre/seconde,
de Guennfouda qui forme la transition avec le horst ne dépasse jamais 5 1/s. Les eaux du Lias sont
de Touissit - Bou-Beker, et au S enfin par le graben douces (200 à 300 mg/1 de résidu sec), assez dures,
de Métroh. Le substratum paléozoïque et triasique et nettement bicarbonatées magnésiennes et calci-
n'apparaît qu'au NE, et y est entouré d'une large ques (la présence de carbonates, sans être exception-
auréole de dolomies liasiques qui apparaissent aussi, nelle, est assez rare). Lorsque le cheminement
sporadiquement, sur la lisière nord de la chaîne. souterrain s'est fait au contact du Trias, les eaux
Partout ailleurs n'affleurent que les calcaires aaléno- sont un peu plus chargées (400 à 700 mg/1 en géné-
bajociens. L'épaisseur de la couverture jurassique ral), essentiellement en sodium, chlorures et sulfates.
n'est pas connue mais ne doit pas dépasser 300 m. Les puits intéressent soit les nappes de sous-écoule-
ments d'oueds, soit de petites nappes de versants.
Les points d'eau inventoriés sont presque fous On y rencontre les deux types chimiques précédents
situés sur la bordure nord du massif primaire. Ils mais le résidu sec est pratiquement toujours compris
sont au nombre d'une cinquantaine, dont plus de entre 500 et 1 000 mg/1.
238 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Le graben de Métroh
Encastré entre les horsts des Zekkara et de Jerada, encore état de formations calcaréo-dolomitiques à
ce bassin forme les plaines dites du grand Métroh 250 m de profondeur. Un niveau d'eau (dont la pro-
(à l'W) et du petit Métroh (à l'E). On n'y voit fondeur est inconnue) aurait donné à l'analyse un
affleurer que du Quaternaire, ancien sur les pié- résidu sec de plus de 30 g/1 (essentiellement chloro-
monts, récent au centre. Les reliefs qui l'entourent sulfaté sodique). L'absence complète de puits dans
sont surtout des calcaires aaléno-bajociens sauf au la plaine indique qu'il n'y existe pas de nappe
SE où apparaissent aussi les dolomies liasiques. On phréatique. Les populations nomades qui s'y arrê-
ignore tout de l'hydrogéologie de cette plaine. Un tent s'approvisionnent en eau à des petites sources
sondage ancien exécuté en son centre ne fait pas qui jaillissent sur son pourtour.
Le horst de Jerada
Le bassin houiller de Jerada a une allure syncli- du N et du S de l'oued Za. Les différentes sources
nale d'axe E-W, dont le flanc nord est adouci et de Guefaït sortent des dolomies et calcaires dolo-
le flanc sud fortement redressé. La couverture mitiques aaléno-bajociens (« dalle des Hauts-pla-
calcaréo-dolomitique secondaire, reprise avec le socle teaux»), à pendage sud de 20° environ. Bien que
lors des plissements atlasiques, forme maintenant un ces formations existent également, mais réduites,
horst allongé d'W en E, coupé par des fractures en rive gauche de l'oued Za, c'est en rive droite
WSW-ENE et NNW-SSE. Cet ensemble, qu'il est que se situent les sources les plus nombreuses et
difficile de séparer, à l'W et au NE, des horsts de les plus importantes. Guefaït étant à proximité immé-
l'oued Za et de Touissit - Bou-Beker, est par contre diate de la grande faille séparant la Chaîne des
très bien limité au N par le graben de Métroh et Horsts et l'effondrement de l'oued El-Haï, l'origine
au S par le grand effondrement de l'oued El-Haï où des sources est probablement due à cet accident
les formations de remplissage miocène atteignent tectonique ainsi qu'à l'oued Za qui a entaillé la
plusieurs centaines de mètres. couverture pontienne jusqu'à l'aquifère calcaire.
Plus d'une dizaine de sources, dont beaucoup sont
Outre le bassin carbonifère qui occupe tout le aménagées en bassins, sont disposées sur plusieurs
centre du horst, on trouve sur les bordures, et centaines de mètres de longueur et une trentaine
largement représentés, les dolomies et calcaires de mètres de dénivellation ; les plus hautes sourdent
dolomitiques du Lias, pouvant dépasser 300 m directement de l'Aaléno-Bajocien mais la plupart
d'épaisseur. Au NW du massif, toute la bordure jaillissent dans des éboulis ou des tufs ; leur débit
sud de la plaine de Métroh est constituée de cal- global ne dépasse pas 100 1/s ; dans ce groupe est
caires aaléno-bajociens. Enfin, localisés à l'E dans rangée l'Aïn-Rhaless, située au bord de la route
le graben de Tiouli, apparaissent les séries marno- à quelque 2 km avant Guefaït. D'autres sources
gréseuses, très épaisses, du Jurassique supérieur. apparaissent au bas de la terrasse irriguée ; plus
Structuralement, la plus grande partie de cette froides, leurs eaux sont un mélange d'eaux profon-
chaîne pend vers le N, et c'est donc dans cette des et de réinfiltrations d'irrigations ; leur total est
direction qu'il est le plus vraisemblable que s'écou- de l'ordre de 20 1/s. En contrebas du village, là où
lent les eaux du Jurassique. Néanmoins la limite l'oued Za s'encaisse dans l'Aaléno-Bajocien, la
sud du horst est constituée par un important rem- grosse source du marabout de Sidi-Abderrahmane
plissage de Miocène continental imperméable qui (n° 48/18) jaillit des dolomies avec un débit de
pourrait donc obliger les eaux à monter en surface l'ordre de 100 1/s. Enfin sur la rive gauche, face
contre cet obstacle, aidées en ceci par la fracturation au village, d'autres sources surgissent au voisinage
importante de cette zone. C'est sur ces critères que des calcaires ; légèrement plus salées que les précé-
s'appuyait E. Stretta (1952, p. 201) quand il consi- dentes, elles totalisent un débit de 20 1/s environ.
dérait que les importantes sources de Guefaït consti- Si les débits ponctuels ne peuvent être qu'estimés
tuaient le drainage de la chaîne située au N. On pour le mo ment, le débit total des sources est
a eu tendance ces dernières années à ranger Gue- connu par jaugeages différentiels de l'oued Za à
faït dans la nappe artésienne des Hauts-plateaux, l'amont et à l'aval : aux mois d'avril mai et juin
mais on revient actuellement à l'interprétation de 1969, il a été respectivement de 190, 130 et 235 1/s.
E. Stretta. En fait, seule l'étude détaillée, actuelle- Or les débits donnés par E. Stretta pour juillet
ment en cours, de la géologie locale et des condi- 1948 atteignent la somme de 425 1/s, et pourtant
tions de gisement des sources de cette région l'année 1947-48 a été incomparablement plus sèche
permettra de déterminer les rapports des aquifères que l'année 1968-69. Les débits d'alors ont-il été
surestimés, ou les conditions hydrogéologiques ont-
CHAINE DES HORSTS 239
elles changé en 20 ans ? De toutes manières il faut Aïn Beni-Mathar (Berguent). La qualité chimique
remarquer qu'elles ont changé au cours du Qua- des eaux ainsi que leurs caractères physiques sont
ternaire puisque les plus grosses sources sont situées identiques à ceux des eaux des autres secteurs de
maintenant vers la base des grosses masses traver- la Chaîne des Horsts. C'est aussi le secteur d'Aïn
tineuses. Tabouda qui pourvoiera en eau (200 1/s) la centrale
thermique en construction à Jerada (voir chapitre «
Une vingtaine d'autres sources se manifestent Hauts-plateaux»).
dans ce même horizon aquifère du Dogger-Lias.
Elles se déversent en majorité sur le versant nord Une mention doit être faite pour la source d'Aïn
du horst dans le Jorf-el-Kelb et dans le massif des Hallouf (n° 3/12), qui sort dans le petit massif liasi-
Zekkara. Le débit total atteint une cinquantaine de que situé entre le houiller de Jerada et la petite
litres par seconde. Une autre série de sources se plaine de Guennfouda. Son débit d'une trentaine
manifestent près de Jerada, à El-Aouïnet, et déversent de litres/seconde a été utilisé pour l'alimentation
environ 10 1/s des calcaires du Dogger-Lias au en eau d'Oujda.
contact du Trias. Ces points d'eau alimentaient L'exhaure minier n'est pas très important. Les
Jerada avant la mise en service des forages artésiens deux principales galeries de Jerada fournissent de
de l'Aïn Tabouda (100 1/s), sur la plaie-forme de 20 à 50 1/s d'une eau très chargée.
On englobera sous ce terme les massifs situés l'W par la plaine de Guennfouda et au N par celle
au NE de la Chaîne des Horsts, limités au S par le des Angad.
horst paléozoïque de Jerada, à l'E par l'Algérie, à
Dans la région de Touissit - Bou-Beker sensu
stricto, on peut distinguer du NW au SE, séparés
( 1020 )
par des accidents SW-NE de faible rejet, le graben
de Tazougart - Ras-Asfour, les horsts du Chebket-el-
AR
T Hamra et de Bou-Beker, le graben de Missiouine, la
201/12
UG
440
T AZ
O ( 1000) horst de Menjel-Akhal, et le graben de Tiouli. Sur
le socle paléozoïque et triasique, on trouve une
Touissit Bou-Beker trentaine de mètres (exceptionnellement 50 m) de
RA dolomies du Lias, devenant marneuses vers le haut
L HAM
BKET E
CHE et passant aux calcaires marneux du Dogger très
Oued el Himer 214/12 peu épais (10 m au maximum). Au-dessus, le Juras-
188/12
217/12
( 1000 )
E sique supérieur marno-gréseux (surtout marneux au
IOUIN
( 930 ) 205/12
I E
( 960 )
( 960 ) MISS Callovo-Oxfordien, et gréseux au Lusitanien) a,
191/12
( 1000 )
suivant les endroits, de quelques dizaines à quel-
E R
185/12
ques centaines de mètres d'épaisseur.
G
AL
KH
LA La plupart des quelques sources connues dans
A L
NJE
ME
ce secteur ont un faible débit (0,5 à 2 1/s), sujet à
d'importantes variations saisonnières. L'Aïn Taïrete
Tiouli
néanmoins (n° 2/12) a un débit d'une quinzaine de
litres/seconde. Une demi-douzaine de sondages de
reconnaissance et d'exploitation d'eau ont été exé-
820
840
900 à 1 300 mg/1, et un type mixte sans ion nette- très faible teneur en chlorures, sulfates et alcalins.
ment dominant (voir fig. 112). Les eaux des sources L'Aïn Mchimech (n° 1853/12) a une eau du même
sont différentes : à titre d'exemple celle de Touissit type mais avec un peu plus de chlorures et de
(n° 19/12) qui sort du Lias à proximité des schistes r Mg
Viséens a une concentration de 300 mg/1 avec un sulfates, et un rapport --------- = 3. Son captage pour
type nettement bicarbonaté calco-magnésien et une rCa
D'après H. SCHOELLER
DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU Rés. sec 1/?
et E. BERKALOFF à 25°C
Teneurs en mg/l Figuré dh pH
n° IRE à 180° C
+ mmhos
Ca + + Mg + + Na + K + Cl - SO -- ° fr
4 mg/l /cm
10 000
10 000
188 800
Forages
191 1050
10 000
201 900
10 000
milliéquivalents
19 300
Sources
231 240
1853 340
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
O. Isly
238
750
210
0
440 76
5
75
0
77
212 209
Zraïg
354
n A. Hallouf
ou 353
ajf
355
h
J .A
78
Guernaz 0
356
0
79
ana
1299
Guenfouda
S ouf
1208
5 ou-
79
J. B
t
usle
1300
O. Tao
0
80
359
A. Guenfouda
365
360
358 361 5
378 363 80
364
366 362
363 0
81
435
a
u ss 368
5
Mo
81
376 39
hb 1370 375
Se 377 371
372
373
374
r
meu
J. Sa
J. Nora
A. El Haja
805 810
363
Limons, travertins, conglomérats quaternaires Puits avec son N° I.R.E.
237
Formations volcaniques quaternaires Forage avec son N° I.R.E.
Marnes et grès du Jurassique moyen et sup. 815 Courbe isopièze
Calcaires et dolomies du Lias Source
Formations primaires et argiles du Trias
l'alimentation de Touissit est en cours, pour un 120 1/s par six forages
débit de 20 1/s environ. Ce centre et celui de Bou- 180 1/s par les galeries de mine.
Beker sont de plus alimentés par deux forages (191
Le massif du jbel Hamra, situé immédiatement
et 201/12) débitant 10 1/s chacun. L'exhaure minier
au S d'Oujda, appartient structuralement à ce secteur
glo b al d ans ces d eux ce ntr es est d e l'o r d r e d e
de la Chaîne des Horsts. La nappe du Lias qu'il
180 1/s. contient est abondamment exploitée par forages
Au total, ce secteur d'environ 250 km 2 de superficie pour l'alimentation de la ville d'Oujda, et sera donc
fournit environ 350 1/s se décomposant en : 50 étudiée avec cette ville dans le chapitre « Couloir
1/s par les sources de Taourirt - Oujda ».
La plaine de Guennfouda
Entre les horsts des Zekkara, de Jerada, et de tous les puits existant dans la plaine, cinq seule-
Touissit - Bou-Beker, la petite plaine de Guennfouda ment sont régulièrement exploités, au débit total
dispose de ressources en eau très intéressantes. d'environ 20 1/s.
Entourée de massifs dolomitiques du Lias, elle est Les quelques sources existant dans le secteur,
presque fermée à l'aval par une importante coulée dont les débits varient entre 2 et 20 1/s et dont
volcanique quaternaire (fig. 113). certaines sont, ou ont été, captées pour la ville
Une nappe phréatique existe dans la plaine, d'Oujda (Aïn Hallouf, Aïn Guennfouda), sont des
contenue dans les alluvions quaternaires et, à l'aval, indices d'une nappe profonde dans les dolomies
dans les basaltes fissurés et les cinérites. Elle s'écoule du Lias ; l'existence de celle-ci semble également
vers le N avec une pente mo yenne de l'ordre de prouvée par le débit relativement important de la
1 %, et est drainée par l'oued Isly, pérenne de ce nappe phréatique et de l'oued Isly. Néanmoins cette
fait sur plus de 10 km. D'importantes études y ont nappe n'a pas encore été reconnue et ne saurait
l'être, avant tout, que par une campagne de géo-
été faites depuis 1950, en particulier dans le goulet
physique (électrique ou sismique réfraction) et par
volcanique, en vue de capter 150 ou 200 1/s pour
quelques sondages profonds.
l'alimentation en eau d'Oujda. Les forages exécutés
dans les cinérites et basaltes ont traversé ces for- Les qualités chimiques des eaux de sources, de
mations sur plusieurs dizaines de mètres, parfois puits, de forages et d'oueds ont beaucoup d'affinités
150 m, et ont montré que leur fissuration était très entre elles, avec un type commun carbonate calci-
hétérogène entraînant des perméabilités et des débits que et magnésien et un résidu sec de l'ordre de
très variables : pour des rabattements de l'ordre de 550 mg/1 (voir fig. 114) ; la tendance sulfatée sodique
10 m, les débits variaient entre 8 et 45 1/s environ. des eaux d'oued et de forages s'explique par le
La somme des débits extraits ne dépassant guère cheminement des eaux sur ou dans les formations
70 1/s, le projet d'adduction a été abandonné. Sur volcaniques.
C O N C L U S I O N S
Les ressources en eau de la Chaîne des Horsts Ces ressources ne représentent qu'un intérêt
sont constituées essentiellement par la nappe du Lias- restreint sauf pour la zone de Guennfouda. Dans les
Dogger qui semble généralisée. La potentialité de horsts, la création de points d'eau pour l'abreuve-
cette nappe ne peut être estimée au vu des ment des troupeaux est la seule utilisation possible
résultats épars qui ont été recueillis à son sujet. et rentable. Les ressources en eau ne pouvant être
Le débit global recensé est d'environ 1,2 m 3 /s en utilisées sur place, c'est vers les plaines ou pla-
comptant les sources de Guefaït. teaux proches qu'il faut prévoir leur aménagement.
R E F E R E N C E S
BAUCHAU C. (1965) : Les minéralisations plombo-zincifères MORTIER F. & SADEK M. (1960) : Poursuite de la reconnais-
du pays des Horsts. Introduction, m : Colloque sui- sance du rôle hydrogéologique de la coulée volcanique
des gisements stratiformes de plomb, zinc et manga- de Guennfouda — oued Nachef. Rapp. inéd. MTPC/
nèse du Maroc (2 mai - 14 mai 1962). Notes & M. Serv. DH/DRE, 10 pp., 3 cartes, 7 fig., 2 fig. h.t. donnant les
géol. Maroc, n° 181, pp. 13-19, 2 fig., 1 tabl. coupes et caract. de 2 sondages.
HORON O. (1952) : Contribution à l'étude du bassin houiller NGUYEN QUANG T. (1963) : Note sur les ressources en eau
de Djerada (Maroc oriental). Notes & M. Serv. géol. de Guennfouda (Maroc oriental). Rapp. inéd. MTPC/
Maroc. n° 89, 178 pp., 18 dépl. h.t., bibl. DH/DRE, 7 pp., 1 carte, 1 coupe.
CHAINE DES HORST 243
NGUYEN QUANG T. (1964) : Rapport de fin de sondage ; fo- STRETTA E. (1952) : Etude hydrogéologique du bassin de
rages d'exploitation dans la région de l'oued Nachef l'Oued El-Haï (Hauts-Plateaux du Maroc oriental).
(Oujda). Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 13 pp., 2 logs Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 102, 225 pp., 33 fig.
géol., 10 diagr. (thèse Univ. Aix-Marseille).
S AMSON Ph. (1965) : Le gisement plombo-zincifère de
Touissit : monographie et interprétation géologique in : V OIRIN J. (1965) : Géologie du gisement plombo-zincifère
Colloque sur des gisements stratiformes de plomb, zinc de Bou-Beker, in : Colloque sur des gisements strati-
et manganèse du Maroc, (2 mai - 14 mai 1962). Notes formes de plomb, zinc et manganèse du Maroc (2 mai -
& M. Serv. géol. Maroc, n° 181, pp. 69-91, 8 fig., 4 tabl. 14 mai 1962). Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 181, pp.
SIMONOT M. (1968) : Note sur l'alimentation en eau potable 21-68, 30 fig., 4 pl,
de Touissit. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 2 pp.
D'après H. SCHOELLER
DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU Rés. sec 1/?
et E. BERKALOFF à 25°C
Teneurs en mg/l Figuré à 180° C dh pH
n° IRE
+ mmhos
Ca + + Mg + + Na + K + Cl - SO -- ° fr
4 mg/l /cm
10 000
10 000 Oued
Isly 570 45
Forage
10 000 212/12 530 45
10 000 Puits
580 48
milliéquivalents
1299/12
Source
3/12 530 44
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
FIG. 114 — Représentation logarithmique de la- composition chimique des eaux de te-
région de Guennfouda
245
I. 30
par
Les Hauts-plateaux forment une unité géographi- fermés ou semi-fermés et des chotts. Le chaînon
que et géologique bien définie : ils appartiennent des Trarirt divise cette région en deux secteurs :
structuralement à la Méséta oranaise et représen- les Hauts-plateaux septentrionaux et les Hauts-pla-
tent la terminaison occidentale du grand sillon des teaux méridionaux.
chotts algéro-tunisiens. C'est une vaste et monotone
plaine d'altitude toujours supérieure à 1 100 m Les Hauts-plateaux sont, par excellence, le domai-
décroissant du S vers le N, parsemée de reliefs ne de la steppe à alfa sur les reliefs (sols encroûtés
arrondis, de chotts, de dunes et de dayas. et convenablement drainés) et de l'armoise dans les
zones limoneuses des oueds, les dayas et autres
Les travaux de R. Médioni pour la géologie des emplacements où l'eau de pluie séjourne quelques
Hauts-plateaux, de E. Stretta et J.C. Dupuy pour jours. Les arbres très rares dans cette région se
la nappe captive profonde de Aïn-Beni-Mathar ont réfugient le long des oueds et surtout dans les
été utilisés pour la rédaction de cette étude. dayas.
Les Hauts-plateaux marocains forment une vaste La population est très clairsemée et nomade. Elle
région naturelle située au S d'Oujda, limitée au vit essentiellement de l'élevage du mouton, de
N par les Monts de Jerada et le jbel Beni-Bou- quelques maigres cultures de céréales et de la
Yala, à l'E par la frontière algérienne, au S par la cueillette de l'alfa. Une partie importante s'est fixée
chaîne de Bou-Arfa, et à l'W par les plateaux du en travaillant aux mines de Jerada et de Touissit-Bou-
Rekkame et la crête majeure du Haut Atlas oriental. Beker. La population s'élevait à 33 595 habitants en
Ces surfaces tabulaires sont drainées vers la Médi- 1960. L'élevage est l'un des plus riches et des plus
terranée par un système hydrographique important recherchés du Maroc. Il est constitué de 300 000 ovins,
dont le drain principal est l'oued Charef qui est 65 000 caprins et de 20 000 autres têtes de bétail,
appelé oued El-Haï à partir de Aïn-Beni-Mathar, en majorité des chameaux mais aussi des ânes.
puis oued Za à partir de Guefaït et qui se jette dans
la Moulouya. D'autre part il existe plusieurs bassins
GEOLOGIE
Stratigraphie
Sur les Hauts-plateaux septentrionaux, des terrains nord des Hauts-plateaux septentrionaux. Les basaltes
primaires (schistes carbonifères) affleurent, en par- renferment des intercalations de calcaires noirs. Ce
ticulier dans la boutonnière du Mekam au NW. Le système a été traversé sur 260 m par le forage 26/18,
Permo-Trias comprend des formations marneuses et dans lequel les schistes psammitiques du Primaire
basaltiques ; il affleure sur les bordures ouest et ont été atteints à 525 m de profondeur.
246 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Par contre, sur les Hauts-plateaux méridionaux, de calcaires marneux, de grès calcaires, de dalles
la série sédimentaire visible débute seulement au à brachiopodes et de lumachelles à oursins ou à
Bajocien. Les mers jurassiques et crétacées étaient, huîtres. L'érosion n'a laissé subsister le Bathonien
dans cette région, peu profondes, ainsi qu'en témoi- que dans les synclinaux ou en placage sur les flancs
gnent des séries d'épaisseur plus faible que dans d'anticlinaux surbaissés. De ce fait, la série n'est
la zone atlasique ; les faciès sont néritiques, lagu- jamais complète , sa puissance peut atteindre 150 m
naires voire continentaux. Les faciès à ammonites dans le grand synclinal Krakir-Tendrara, mais elle
font complètement défaut. reste comprise ailleurs entre 10 et 60 m.
Le Lias se présente sous le faciès classique des L'Infracénomanien représente le complexe supé-
dolomies et calcaires dolomitiques ; il affleure au rieur de la série détritique jurassico-crétacée. Sur
N de Guefaït et sur la terminaison ouest du jbel Sidi- les Hauts-plateaux, cette série débute partout par
El-Abed. La coupe de Beni-Yala au N de Guefaït un conglomérat formé de bancs lités d'épaisseur
montre de bas en haut des calcaires dolomitiques variable avec des éléments de petite taille, allant
bleuâtres, des dolomies grossières, des dolomies et du gravier au galet de 10 cm de diamètre avec un
calcaires à joints marneux, enfin des marnes ciment gréseux ou calcaire. Elle se poursuit par des
rouges à intercalations de calcaires grumeleux grès de couleur rouge ou violette avec stratifica-
correspondant au Toarcien. Seuls quelques forages tions entrecroisées. Latéralement, ces grès peuvent
ont atteint le Lias : l'Aïn Tabouda I (14/18), qui, passer à des formations plus grossières, même conglo-
après 20 m de Toarcien a traversé 60 m de calcaires mératiques. Des calcaires, des silex et du gypse se
dolomitiques fins, de dolomies fines grisâtres à rencontrent au sommet de la série dont l'épaisseur
joints marneux, et de dolomies grossières ; l'Aïn est variable : 150 m pour les conglomérats au S du
Tabouda II (22/18) qui a traversé 9 m de dolomies synclinal de Tebouttet et 15 à 20 m au N.
sans rencontrer l'Aaléno-Bajocien, ni le Toarcien ;
enfin l'Aïn Tabouda VI (46/18) qui a traversé succes- Le Cénomanien et le Cénomano-Turonien font
sivement 9 m de calcaires de l'Aaléno-Bajocien, suite à la période de sédimentation détritique de
50 m de Toarcien et 134 m de dolomies et calcaires l'Infracénomanien. Une grande transgression recou-
dolomitiques du Lias avant d'atteindre, à 344 m vre une partie importante de l'Afrique du Nord.
de profondeur, les marnes et les basaltes du Trias.
La base du Cénomanien est représentée au S par
L'Aaléno-Bajocien ou « calcaires et dolomies » ou des mar nes vertes et rouges à gyp se contenant
« dalle » des Hauts-plateaux possède un faciès litho- des intercalations de bancs gréseux et calcaires. Le
logique très caractéristique formé d'un empilement sommet de l'étage correspond aux calcaires blancs
de couches calcaires et dolomitiques bien litées. La lités à fossiles silicifiés (rudistes, huîtres, plicatules
puissance de chaque banc varie entre 0,2 et 2 m. et oursins). Le Turonien est formé de calcaires
Les calcaires sont à grain très fin, de couleur grise blancs massifs, à lits de silex, dont la distinction
ou blanche. Les dolomies ont un aspect variable avec ceux du Cénomanien est très difficile. Les deux
allant de la dolomie massive à une roche finement termes de la série sont groupés pour cette raison.
cristalline. La série débute en général par un Les calcaires blancs cénomano-turoniens, surmontant
conglomérat de transgression. Ces couches sont les les marnes cénomaniennes, forment des corniches
plus anciens affleurements observés dans les Hauts- très caractéristiques et constituent un important
plateaux méridionaux. Elles ne contiennent que fort niveau aquifère pour tous les Hauts-plateaux méri-
peu de fossiles: quelques plicatules et térébratules. dionaux.
L'épaisseur maximum visible de cette série est
d'environ 500 m, la puissance totale pouvant attein- Le Sénonien est marqué par une régression géné-
dre 400 à 500 m. rale et renferme très peu de fossiles. Dans le syncli-
nal de Matarka - Foum-Aggaï, il est formé de marnes
L'Aaléno-Bajocien et le Lias constituent l'aquifère rouges continentales avec passées sableuses, puis
de la nappe captive de Aïn Beni-Mathar. d'une corniche de calcaires jaunes et enfin d'un
Le Bajocien supérieur-Bathonien forme une série complexe marno-calcaire marin se terminant par une
d'allure variée et très fossilifère. Les affleurements dalle gréseuse surmontée d'un calcaire crayeux avec
sont restreints: synclinal de Krakir-Tendrara, N du des débris de pinces de crustacés. Au jbel Ten-
massif de Tendrara, Foum-Aggaï et sur les Hauts- drara, la série a une puissance de 100 m et on dis-
plateaux septentrionaux dans le synclinal El-Rhoress- tingue, de bas en haut des marnes rouges à gypse,
Guefaït. Cet étage se présente sous forme de bancs des calcaires jaunes, des marnes rouges, des calcaires
durs, épais de 0,2 à 1 m, alternant avec des niveaux oolithiques roses, des marnes et grès rouges et enfin
marneux d'une puissance variant de 1 à 5 m. Les au sommet des calcaires lacustres à silex (Oligocène
marnes toujours plus ou moins sableuses, sont présumé). La série de grès rouges du Chott Tigri
blanches, grises ou jaunes. Les bancs durs sont formés est sénonienne ; l'épaisseur visible de ces assises
de calcaires à grains fins, de calcaires oolithiques, est évaluée à 500 m.
HAUTS-PLATEAUX 247
Le Mio-Pliocène est représenté par des formations Le Quaternaire occupe sur les Hauts-plateaux
continentales : alternance d'argiles plus ou moins d'immenses étendues largement recouvertes par des
sableuses, de sables, de grès et de calcaires lacus- dépôts et croûtes superficielles. Les formations flu-
tres à silex avec un grain très fin. Les successions viatiles comprennent une haute surface villafran-
sont différentes dans l'espace, de même que l'épais- chienne formée d'une croûte calcaire épaisse de 1
seur de cette série qui dépend, schématiquement, à 2 m, puis une moyenne terrasse conglomératique
de la topographie du toit du Jurassique. De quelques encroûtée, à 15 ou 20 m d'altitude relative et enfin
dizaines de mètres au S de la plate-forme de Aïn Beni- une basse terrasse caillouteuse encroûtée bien déve-
Mathar, elle augmente au fur et à mesure vers le N loppée dans les cours d'eau au N de Tendrara, et
jusqu'à dépasser 300 m. L'épaisseur moyenne est de dont l'altitude oscille entre 5 et 6 m. Le lit actuel
150 m au milieu de la plate-forme. Dans des oueds est creusé dans une terrasse limoneuse
l'effondrement de l'oued El-Haï, elle peut dépasser rose non encroûtée de 3 à 4 m d'altitude. Ce niveau
800 m.
correspond au Soltanien. Les formations de piémont
Il arrive très fréquemment que la nappe du sont essentiellement des éboulis et des regs de
Jurassique circule jusque dans le Mio-pliocène, sa pente.
mise en charge étant assurée par la première inter-
Le modelé des Hauts-plateaux est du type semi-
calation argileuse importante du Miocène ; celle-ci
aride mais est adouci par l'abondance des atterris-
ne forme pas un niveau continu et sa position par
rapport au sol et au toit du Jurassique est très sements quaternaires et l'étendue de la nappe
variable. alfatière.
Une première esquisse structurale des Hauts-pla- ques modifications au schéma structural d'E. Stretta
teaux septentrionaux a été publiée en 1952 par R. (R. Medioni, 1969), mettant en évidence en particu-
Stretta : cet auteur distinguait essentiellement trois lier les caractères suivants :
unités structurales, du Nord vers le Sud. • Prédominance d'une direction de fracturation
• L'effondrement de l'oued El-Haï où le sub SW-NE qui, vers le N, entre en composition avec
stratum jurassique est par endroit rejeté à une un système W-E à WSW-ENE, c'est-à-dire paral-
profondeur de 1 500 m ; cet important graben est lèle aux structures du Pays des Horsts ; au niveau
limité par deux accidents : l'un, au N, s'étend de de la plate-forme de Berguent, la composition de
Guefaït vers l'E, et semble atteindre son rejet maxi ces deux systèmes de failles a pu avoir comme
mum à la hauteur de la route Oujda - Aïn-Beni- corollaire une plus grande fracturation des forma-
Mathar ; l'autre au S, qui se suit à partir d'El-Rhoress tions carbonatées du Dogger, ce qui pourrait expli-
à l'W, disparaît vers l'E sous les terrains pontico- quer les remarquables caractéristiques hydrauliques
pliocènes et quaternaires. des forages implantés sur cette plate-forme.
• Relative indépendance structurale du Mekam
• La plate-forme Berguent-Tabouda, zone où le
et de la plate-forme d'Aïn-Beni-Mathar (Berguent)
toit du jurassique, partout proche de la surface a
qui seraient séparés par une ligne de failles.
pu être suivi par de nombreux sondages et diverses
campagnes géophysiques et affleure même dans • Individualisation au sein de « l'effondrement
l'oued Mesakhsa, à quelques kilomètres à l'E d'Aïn- de l'oued Charef» d'E. Stretta, d'un horst qui, à
Beni-Mathar. Pour E. Stretta (1952), la plate-forme travers la plate-forme d'Aïn-Beni-Mathar - Tabouda
de Berguent - Tabouda constituait un horst enfoui semble réaliser une liaison structurale SW-NE entre
sous le Pontico-pliocène et dont seules émergeaient l'axe de Matarka et le jbel Sidi-El-Abed.
les zones d'affleurements jurassiques du pourtour D'importants travaux (dont certains étaient en
oriental du Mekam et du jbel Sidi-El-Abed. cours au moment de l'impression de cet ouvrage)
devraient prochainement permettre de préciser la
• L'effondrement de l'Oued Charef, graben qui structure profonde des Hauts-plateaux septentrio-
s'étendait entre la plate-forme de Berguent - Tabou naux, dont la meilleure connaissance pourra appor-
da et le chaînon des Trarirt. ter quelques lumières sur les mécanismes d'alimen-
Depuis, des campagnes géophysiques plus impor- tation ancienne ou actuelle de la nappe captive
tantes, couvrant tous les Hauts-plateaux, ainsi que d'Aïn-Beni-Mathar, et ainsi de mieux contrôler son
de nouveaux sondages, ont permis d'apporter quel- exploitation.
J. Beni - Yala
J. Jerada
a
eid Guéfaït 1
J. Ab
O. Z
a
400
O. ed
El H Ab
aï
i El
d
Si
A
J. Bo
u Se
L
rraj
2
G
BERGUENT
AM
E
EK
M
J. Tiodadène
R I
E
r
ado
J. N
3
i 350
Rharb
Chott
JENANE
RHATER
Guelta
ft
rlou
m
eh
ya
Tan
Ra
O.
Tharradet
O.
Trarit
u
Bo
ej
Charef
O.
Aou
Matarka 300
O.El
O.
TENDRARA
ï
gga
m A
Fou
raba
Bou G
a
louy
Mou
250
O.
Chott Tigri
Foum Messaoud
- Arfa
J. El Ourak J. Bou
llalib
J. Je
P L A I N E D E T A M L E L T BOU - ARFA
750 800 850
Fig. 115 : Hauts-plateaux : Schéma géologique et tectonique et points d'eau. Les trois domaines
tectoniques du schéma de E. Stretta (1952) sont séparés par des accidents W-E., et
sont numérotés du N vers le S : 1. Effondrement de l'oued El-Haï : 2. Plate-forme de
Berguent-Tabouda ; 3. Effondrement de l'oued Charef. Les accidents SW-NE ont été
mis en évidence récemment par géophysique (R. Medioni 1969)
HAUTS-PLATEAUX 249
CLIMATOLOGIE
(fig. 116)
Le climat des Hauts-plateaux est caractérisé par son Deux maxima se placent l'un à la fin de l'hiver
aridité relative en comparaison avec la zone côtière et au printemps, l'autre à l'automne. La répartition
atlantique qui s'allonge entre les mêmes latitudes. Ce des pluies d'une année à l'autre est très irrégulière,
type de climat est lié à une avancée du milieu sub- les écarts sont importants et il n'est pas rare de voir
désertique en direction de la Médi-terranée due tomber en une semaine la moitié des précipitations
principalement à la disposition des chaînes de totales de l'année. A titre d'exemple, la station de Aïn-
montagnes qui accentuent la continen-talité du Maroc Beni-Mathar a reçu 371 mm en 1949, 303 mm en
oriental. Ces steppes semi-arides sont brûlantes l'été 1962 mais seulement 62 mm en 1945. Le coefficient
mais balayées par les orages et les vents glacés d'hiver. d'irrégularité atteint 6.
PLUVIOMETRIE TEMPERATURE
La pluviométrie moyenne est assez constante sur Sur toute l'étendue des Hauts-plateaux, il peut
l'ensemble des Hauts-plateaux. Elle se situe aux geler depuis la fin octobre jusqu'en mai. Le thermo-
alentours de 200 mm par an ; bien que des données mètre descend fréquemment au-dessous de — 5°C
précises manquent pour étudier les variations des entre décembre et février. On a enregistré un mini-
indices pluviométriques, on peut constater une mum absolu de — 8,8°C à Bou-Arfa, de — 11°C à
baisse assez notable du N vers le S ; on a en effet Trarirt et de — 7,5°C à Aïn-Beni-Mathar ; ces trois
les moyennes suivantes : extrêmes se placent en février. L'été, les tempéra-
tures maxima mo yennes varient autour de 37°C
Aïn-Beni-Mathar : 244 mm (période 1935-1965) et les minima autour de 15°C. Il n'y a pas de transi-
Tendrara : 218 mm (période 1935-1965) tion entre les basses températures de mars et la
Bou-Arfa : 195 mm (période 1935-1965) forte chaleur accompagnée de vents de sable d'avril
et mai.
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ORIENTAL 30 - HAUTS PLATEAUX ET BASSIN DE BERGUENT
BERGUENT 14.3 0.1 16.0 O.8 18.7 3.1 21.4 5.0 25.7 8.0 32.0 12.6 39.6 16.2 39.6 16.6 34.1 14.0 25.7 9.2 15.2 4.8 14.8 1.7 25.1 7.7
BERGUENT 7.2 8.4 10.9 13.2 16.8 22.3 27.9 28.1 24.0 17.4 12.0 8.2 16.4 240 - 49,5 E1 B'3 db'2 240
Fig. 116
250 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
HYDROLOGIE
Les Hauts-plateaux septentrionaux sont drainés trois jours par an lors de très fortes pluies. Ses
par un oued appelé successivement d'amont en crues sont très brutales et il inonde alors la pres-
aval : Charef (vieux), El-Haï (vivant) et Za qui est que totalité du futur périmètre de Ras-El-Aïn.
un affluent rive droite de la Moulouya. L'oued
Charef est intermittent tandis que l'oued El-Haï a Les Hauts-plateaux méridionaux ne possèdent
un cours pérenne à partir de Aïn-Beni-Mathar grâce que des cours d'eau rendus temporaires par la
aux sources de Ras-El-Aïn issues de bancs calcaires sécheresse du climat continental, peu pluvieux, et
fissurés du Lias présent à faible profondeur. A Gue- par l'absence d'exutoires importants comme il en
faït, un deuxième et abondant exutoire du Lias existe au N. Ils s'écoulent vers le S dans la plaine
calcaire complète l'alimentation de l'oued El-Haï du Tamlelt ou bien meurent dans les chotts à l'E.
qui prend alors le nom d'oued Za. Le réseau hydrographique des Hauts-plateaux se
Les mesures de débit s'effectuent d'amont en partage donc en trois bassins :
aval :
• celui de l'oued Charef draine vers le N le ruis
• à la station d'Aïn-Beni-Maihar depuis avril 1969, sellement provenant de la Sebkha Bou-.Graba, du
Foum Aggaï, du flanc nord du massif de Tendrara
• à l'amont de Guefaït depuis avril 1969,
et de la bordure orientale du Rekkame ;
• à l'aval de Guefaït depuis avril 1969,
• l'oued Bou-Arjam collecte les oueds naissant sur
• à la station d'El-Rhoress depuis avril 1969, la bordure septentrionale du Chott Tigri et débouche
• à la station de Taourirt depuis 1923, mais les au N dans le Chott Rharbi où il disparaît ;
résultats ne sont exploitables que depuis 1959. Cette • les oueds Mouloudoua et Falet recueillent les
station a enregistré pour la période 1959-1969 un eaux du flanc SE du massif de Tendrara et vont
débit moyen annuel de 2,70 m3/s, soit 85,14 Mm3 /an
se perdre au S dans la plaine du Tamlelt.
avec des débits moyens de 6,5 m3/s (hautes eaux
de juin) et de 0,8 m 3 /s (étiage d'août). Le plus fort Sur les bordures montagneuses (jbel Tendrara-
débit moyen mensuel a été de 24,6 m 3 /s au cours Trarirt), les cours d'eau sont encaissés dans des
du mois de mai 1963 et le plus faible de 0,10 m 3 /s gorges où, en période de pluie prolongée, ils ont
au cours du mois d'août 1967. une puissance d'érosion linéaire très accentuée ; à
Ce réseau est complété par l'oued Mesakhskha la sortie des montagnes, ils s'étalent en nappe
qui vient d'Algérie et qui ne débite que deux ou d'épandage.
HAUTS-PLATEAUX 251
HYDROGEOLOGIE
Les formations calcaires et dolomitiques du Juras- d'origine profonde mais entrant en contact avec
sique constituent le terrain aquifère le plus impor- le Mio-Plio-Villafranchien, a une salinité dépassant
tant en étendue, en puissance et en capacité 1 g/1 et un faciès légèrement chloro-sulfaté calcique.
hydraulique. Les terrains plus récents n'apportent Les eaux proprement phréatiques, circulant dans le
aux ressources en eau de la région qu'un appoint Quaternaire, se concentrent par évaporation et
minime ; il n'existe pas sur les Hauts-plateaux de atteignent une salinité élevée (1 à 6 g/1) avec un
nappe phréatique importante : quelques lentilles faciès calcique pour les plus douces, chloruré sodi-
de sables ou de calcaires lacustres fissurés se compor- que pour les autres.
tent comme des niveaux perméables et aquifères au
sein des formations continentales du plateau (Néo- Le bassin de l'oued Charef ne possède pratique-
gène et Plio-Villafranchien). ment pas de sources, en dehors de celles de Matarka
au SW et d'Oglat-Cedra dans le lit de l'oued Charef;
Le bassin de Aïn-Beni-Mathar est un ancien les débits sont insignifiants.
chott, vaste étendue plane et fermée, qui a ultérieu-
rement perdu son caractère endoréique lors du La région de Tendrara et du Chott Tigri est aussi
creusement de la cluse de Guefaït. Au premier stade extrêmement pauvre en points d'eau : puits Bel-
correspondent des sources anciennes telles que Freysset creusé dans les marno-grès de la base du
l'Aïn Rhoress, l'Aïn Kriane, l'Aïn Tabouda et la Crétacé et donnant un faible débit mais une eau
source de l'oued Charef ; actuellement ces sources de bonne qualité (résidu sec de 480 mg/1) ; sources
sont en voie de disparition par suite de l'obturation de Tendrara situées au centre d'une large cuvette
des griffons par des dépôts sulfo-carbonatés dus à de calcaires grossiers du Crétacé et isolés du Juras-
la forte évaporation dans le Quaternaire ancien et sique par des marnes rouges ; sources du Chott
une zone marécageuse couverte d'une végétation de Tigri issues de niveaux alternativement gréseux et
joncs entoure les buttes souvent sèches ; seule, l'Aïn argileux de l'Oligo-Miocène ; eaux phréatiques du
Tabouda possède encore un débit, mais il est infé- Chott Tigri, en liaison avec les formations gypso-
rieur à 1 1/s. Les sources de type récent sont duos salines du Sénonien et du Quaternaire, avec une
au dernier cycle d'érosion qui, après l'ouverture de concentration pouvant dépasser 2 g/1.
la cluse de Guefaït, a creusé de grandes dolines en
donnant naissance à des arrivées d'eau importantes Dans le Chott Rharbi, les eaux ont une concen-
comme celles de Guefaït et de Aïn-Beni-Mathar dont tration de 1 à 5 g/1 et un faciès sulfaté calcique
il sera fait mention plus loin. L'eau de ces sources, (exemple du puits 15/25).
sommaires et incomplets ; en particulier les caracté- tration verticale de plus de 250 m après avoir
ristiques hydrauliques de la nappe font entièrement traversé tous les niveaux argileux du Mio-Pliocène
défaut, les méthodes d'essai de pompage appliquées avant d'atteindre le Dogger.
de nos jours étant alors inconnues. Le débit total
fourni par ces forages est d'environ 1 m 3 /s. Dans Une autre origine a été envisagée à partir du
la plupart des cas, les premières venues d'eau et NE, c'est-à-dire à partir de l'Algérie. Trois forages
l'artésianisme se manifestent dès les niveaux infé- (41, 42 et 44/18) ont été implantés sur le passage
rieurs sableux et conglomératiques du Miocène, présumé des eaux. Le premier atteint le Dogger au
mais ces venues sont faibles (une dizaine de litres bout de 10 m, le deuxième ne recoupe pas le Dogger
par seconde). Il faut une pénétration profonde du et atteint le Lias à 381 m, le troisième a atteint le
forage dans les calcaires et dolomies de l'Aaléno- Dogger à 32 m et le Lias à 320 m. Les débits obtenus
Bajocien ou du Lias pour obtenir un meilleur débit. par pompage (respectivement 1,7, 2 et 2 1/s pour
Il apparaît donc que le Miocène, quand il est des niveaux piézométriques à 16,5, 9 et 12,5 m) ne
aquifère, a une mauvaise perméabilité, alors que reflètent pas la valeur de la nappe profonde. Cette
l'approfondissement des forages permet d'atteindre hypothèse était d'ailleurs peu vraisemblable du fait
les fissures d'un réseau karstique dans les calcaires de l'exiguïté de l'impluvium, du faible module
et dolomies du Dogger et du Lias. pluviométrique et de la forme du toit de la nappe.
Le tracé de la surface piézométrique est très déli- On en revient donc à la recherche d'une zone
cat, la pente étant très faible. Il est très difficile de d'alimentation suffisamment vaste, bien arrosée, et
déterminer un axe d'écoulement de la nappe ; néan- en liaison lithologique et tectonique avec la plate-
moins, il semble qu'il y ait un écoulement préféren- forme de Aïn-Beni-Mathar pouvant justifier une
tiel NW-SE en direction de Aïn-Beni-Mathar. nappe mettant au jour actuellement près de 2 m 3 /s
sans qu'il soit encore apparu de signes d'épuisement.
L'alimentation de la nappe de Aïn-Beni-Mathar C'est donc le critère « nappe puissante = alimenta-
est encore très mal connue. L'importance des débits tion puissante » qui a orienté les recherches vers les
exhaurés semblerait impliquer une origine alloch- systèmes d'accumulation reconnus que sont le Haut
fone d'une grande partie des eaux, mais il n'est pas et le Moyen Atlas. Beaucoup d'éléments y sont
du tout sûr que cette « alimentation » continue à réunis : vastes surfaces affleurantes du Dogger et
s'effectuer à l'heure actuelle. Or, les seuls bassins du Lias, présence de nappes dans ces horizons du
susceptibles de donner un important débit artésien Haut et du Moyen Atlas à des cotes élevées (1 400
à Aïn-Beni-Mathar sont, d'une part, le Haut Atlas, à 1 600 m) pouvant expliquer l'artésianisme de la
et, d'autre part, le Moyen Atlas via le Rekkame. Les nappe de Aïn-Beni-Mathar, pluviométrie élevée
zones du transit étant également inconnues, l'indé- (400 à 800 mm par an, plus la neige). Malheureuse-
termination reste entière. En effet, un éventuel ment, la continuité des calcaires et dolomies du
cheminement d'eaux profondes à partir du Moyen Dogger et du Lias n'est pas démontrée, et de plu?,
Atlas (200 km) paraît à priori bien hasardeux, aussi, l'énorme distance qui sépare la zone d'alimentation
allons-nous passer en revue les différentes autres des exutoires constitue un autre inconvénient ma-
origines proches envisagées. jeur (fig. 117). Pour notre part, l'hypothèse la plus
juste serait celle de J. Margat (rapport sur le projet
Les infiltrations sur le bassin versant de l'oued d'étude des réservoirs aquifères profonds). Pour cet
Charef peuvent être considérées comme négligeables. auteur, le Lias recevrait l'essentiel de ses apports
La hauteur de pluie moyenne annuelle (200 mm) ne par l'aire d'alimentation située à l'W et au SW du
peut fournir cette infiltration massive qui seule, Mekam (niveaux piézométriques probables entre
peut expliquer la puissance de la nappe profonde ; 1000 et 1 100 m). Les pressions doivent alors décroî-
de plus, l'évaporation est intense et les sols sont tre vers le N, vers l'E, ainsi que vers l'W (Rekkame)
imperméables dans l'ensemble. Il suffit de parcourir dans la mesure où les faciès aquifères du Lias s'y
les Hauts-plateaux après une pluie importante pour poursuivent. L'Aaléno-Bajocien serait alimenté prin-
constater l'imperméabilité des sols. Il se forme aussi- cipalement par le Lias comme tendrait à le prouver
tôt de vastes étendues d'eau (plusieurs dizaines de les essais de débit effectués sur le forage 58/18 où
kilomètres carrés) sur les parties planes et des mares les deux nappes ont été mises en évidence avec des
dans les creux de la topographie où l'eau demeure niveaux piézométriques différents mais dont l'exploi-
aussi longtemps qu'elle n'est pas reprise par évapo- tation par pompage de la nappe du Dogger entraîne
ration. L'absence de croûtes salées prouve aussi une baisse de niveau dans le Lias.
qu'il n'y a pas de contact sol-eau au-delà de quel-
ques centimètres. L'infiltration au fil des oueds est Quand au débit aux émergences, le même auteur
formule l'explication suivante ; «par suite de l'abais-
tout aussi négligeable, les oueds n'étant en eau que
sement du niveau de base à une date géologique
2 ou 3 fois par an et leur lit étant en général imper- récente (Flandrien) lors de la capture de l'ancien
méable. Enfin, il est difficile d'imaginer une infil- « Chott de Aïn-Beni-Mathar » par l'oued Za, il est
Quatenaire (alluvions) Lias (calcaires) Sources
WSW ENE
Miocène (calcaires, marnes, conglomérats) Trias (marnes rouges) Forages artésiens
Créatcé (marnes, marno-calcaires) Primaire ( schistes) non artésiens
2500
O. Moulouya REKKAME Chebka Remila HAUTS PLATEAUX Berguent
2000 O. Charef
1500
1000
500
FIG. 117 — Coupe hydrogéologique schématique entre le Moyen Atlas et Aïn-Beni-Mathar (Berguent) montrant une
possibilité d'alimentation lointaine de la nappe captive de Berguent, à partir du Moyen Atlas et via le
Rehkame. Cette hypothèse est actuellement délaissée
HAUTS-PLATEAUX 253
possible qu'un rééquilibre entre le débit aux émer- nappe profonde ne subit pas d'oscillations impor-
gences et celui des apports actuels ne soit pas tantes. Pour le piézomètre 46/18, l'amplitude moyenne
encore atteint et qu'un régime de tarissement pro- mensuelle est de 8 cm, les extrêmes étant de ± 25 cm
longé se manifeste encore ». par rapport à la valeur moyenne. Les variations
sont encore ininterprétables, le nombre d'années de
CARACTERISTIQUES HYDRAULIQUES mesure étant insuffisant, mais il semble qu'il y ait
DE LA NAPPE plutôt une remontée de la nappe.
Les variations de charge peuvent se déduire de
celles des débits des forages artésiens et des sources, Le débit spécifique est d'environ 0,1 1/s/m pour
mais les mesures n'ont pas toujours été ni régulières, les forages qui n'exploitent que la franche aquifère
ni précises. Cependant, les différentes mesures de correspondant aux sables du Miocène de base. Ces
pressions sur les principaux forages de Ras-El-Aïn sables possèdent donc une très mauvaise perméa-
et de Aïn Tabouda, ainsi que les mesures mensuelles bilité. Pour l'ensemble des forages ayant atteint soit
sur le piézomètre 46/18 (fig. 118) montrent que la les calcaires de l'Aaléno-Bajocien, soit les dolomies
8,5 m
9,50 m
N° 690 P.
1964 1965 1966 1967 1968 1969
F IG . 118 — Variations du piézomètre 46/18 situé à proximité de l'Aïn Tabouda. La chute de niveau de mars
1989 est consécutive à des essais prolongés à fort débit réalisés quelques centaines de mètres à l'aval
sur des forages d'exploitation
254 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
du Lias, le débit spécifique est de l'ordre de 1 à Pour les essais de pompage effectués sur les
2 1/s/m, sauf pour les forages situés sur les bombe- forages 56 et 57/18 situés autour de Ras-El-Aïn, le
ments anticlinaux du Jurassique de l'Aïn Tabouda rabattement est de 4,80 m pour le premier à un
et de Ras-El-Aïn. En effet, les forages de l'Aïn débit de 130 1/s et de 3,80 m pour le second à un
Tabouda fournissent des débits spécifiques de 2 à débit de 115 1/s. L'influence sur les autres forages
5 1/s/m, et ceux de Ras-El-Aïn des débits spécifiques est peu sensible (r = 500 m et rabattement maximum
de 30 à 40 1/s/m. de 0,30 m). Le forage 58/18 a mis en évidence la
présence de deux nappes distinctes dans les calcaires
Ces grandes variations dans les débits spécifi- du Dogger et dans les dolomies du Lias. La première
ques d'un même aquifère montrent bien la présence nappe a des caractéristiques hydrauliques bien
d'un écoulement karstique et de mouvements tectoni- meilleures que la deuxième mais la qualité chimique
ques créant dans des zones relativement restreintes des eaux est à peu près identique.
des fractures et des fissures qui augmentent consi-
dérablement la perméabilité.
Débit Cote de Tempé-
Deux campagnes de forages, l'une aux sources spécifique la rature
de Ras-El-Aïn pour l'extension du périmètre d'irri- en 1/s/m nappe °C
gation, l'autre à l'Aïn Tabouda pour l'alimentation m
en eau d'une usine thermique à Jerada, ont permis Nappe du Dog 25 924 23°5
de procéder à des essais prolongés et de fournir des ger ..............
données complémentaires très utiles pour déterminer
Nappe du Lias 5 925,5 29°5
les principales caractéristiques hydrauliques de cette
nappe. Les résultats sont consignés dans le tableau ci-
contre.
N° I R E Profon- Profon- Profon- Cote de Niv. Piézom. Débit Transmis- Epaisseur Perméa- Coefficient Tempé-
deur du deur du deur la nappe en m par artésien sivité en d'aquifère bilité en d'emma- rature en
Dogger Lias (m) totale NGM rapport au en 1/s au m2/s capté en m m/s gasinement °C
(m) (m) sol sol %
64/18 141 — 285 925,34 + 22 141 3,5.10-2 144 2,4.10-4 6,4.10-4 26°
Ces chiffres sont assez contradictoires et semblent à 0,5 par suite de l'abondance des chlorures (plus de
montrer que les nappes du Dogger et du Lias sont 7 milliéquivalents) tandis que les rapports r Mg/Ca
distinctes puisqu'elles n'ont pas tout-à-fait la même sont voisins de 1 et même supérieurs quand le
cote. Mais, lors des essais de débit effectués sur forage est très avancé dans les calcaires dolomiti-
le forage 57/18, on a constaté un rabattement de ques et dolomies ; l'indice d'échange de base est
0,20 m dans la nappe du Lias. Par conséquent, le très faible montrant une eau à circulation lente. Ces
pompage dans la nappe du Dogger influe sur la eaux ont un faciès sans prédominance nette d'anion
nappe du Lias, ce qui tendrait à confirmer une ou de cation et les diagrammes semi-logarithmiques
liaison hydraulique suivie entre elles. En conclu- (d'après Schoeller et Berkaloff) montrent une homo-
sion, nous admettrons donc que les nappes du généité assez remarquable des eaux de la nappe
Dogger et du Lias doivent communiquer entre elles, de l'Aaléno-Bajocien et du Lias avec une propor-
mais que pour l'emplacement précis de Ras-El-Aïn, tion plus forte de bicarbonates que de sulfates.
il semblerait que ces 2 nappes soient distinctes ou
du moins que leurs communications soient très Par contre, à Ras-El-Aïn, la composition chimique
faibles. des eaux des sources et des forages change :
Du 13 mars au 14 avril 1969, des essais de débit • Le résidu sec est plus élevé : 1,5 g/1.
simultanés ont été effectués à l'Aïn Tabouda sur
les forages 64 et 65/18. Ces 2 forages ont débité • Les rapports r SO4/C1 sont proches de l'unité
pendant 693 heures à 100 1/s chacun et, à la fin par suite de l'augmentation de la proportion des
des essais, les rabattements étaient respectivement sulfates.
de 23,20 m pour le 64/18 et de 21 m pour le 65/18.
• Les rapports r Mg/Ca sont voisins de 1 (augmen-
Pendant ces essais, ont été suivies les variations
tation de la concentration en ion Ca++).
de pression de 4 forages situés de 100 à 1 5 5 0 m
des deux précédents. Aucune variation dans leur • L'indice d'échange de base est nettement plus
pression n'a été notée. Par contre, le niveau piézo- élevé, la circulation de l'eau étant plus rapide aux
métrique du 46/18 situé 2 675 m plus au S est passé zones d'émergence.
de 8,94 m le 13 mars à 9,76 m le 11 avril (fig. 118).
Le 13 avril, soit 2 fours après la fin des essais, le En conclusion, les eaux des sources de Ras-El-Aïn
niveau était remonté à 9,01 m. Il est donc assez et des forages situés à proximité des sources sont
étonnant que des forages situés à proximité du 64 semblables et plus salées que celles des forages
et du 65/18 n'aient subi aucune influence alors que pénétrant plus profondément dans les calcaires dolo-
le piézomètre 46/18 a enregistré un rabattement de mitiques du Dogger. Les proportions de Mg++ et
0,82 m. Peut-être faut-il y voir un écoulement préfé- HCO3- diminuent, mais par contre les concentra-
rentiel de la nappe du Dogger à Aïn Tabouda du tions en sulfates et en chlorures augmentent nette-
N vers le S. ment lors de la remontée des eaux à travers le Mio-
Pliocène argilo-sableux (augmentation de l'indice
CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES d'échange de base).
La température des eaux des forages exploitant Suivant la classification de Greene, toutes les
la nappe profonde se maintient d'une façon remar- eaux des sources et forages exploitant la nappe
quable entre 24°C et 28°C, sauf celle du forage 4/18 captive de Aïn-Beni-Mathar sont bonnes pour l'irri-
qui n'atteint que 20,5°C. Les eaux ne semblent pas gation. D'après les normes américaines (Riverside)
avoir des températures en fonction du degré géother- que l'on considère comme très sévères, ces eaux
mique lié à la profondeur puisque l'eau du forage sont réparties en deux groupes, C3S1 et C4S1. Dans
4/18 qui provient de la base du Miocène à 129 m le groupe C3, la salure est comprise entre 0,5 et
de profondeur a une température de 20,5°C tandis 1,5 g/1, les eaux sont salées pouvant provoquer
que celle du forage 27/18 qui atteint l'Aaléno- une salinisation assez rapide des sols limitant les
Bajocien à 14 m a une température de 26°C. Il faut rendements des plantes sensibles aux sels (agrumes,
donc chercher la cause de ces écarts soit dans des haricots) et pouvant même limiter, au moment de
anomalies de géothermie soit dans une différence la germination, les rendements des plantes plus
d'alimentation. résistantes telles que le coton, la betterave, la
Sur le plan de l'hydrochimie, les eaux des luzerne, etc. Dans le groupe C4, les salures sont
calcaires et dolomies de l'Aaléno-Bajocien et du Lias supérieures à 1,5 g/1, les eaux fortement salées ne
ont des résidus secs oscillant autour de 1 g/1 ; les peuvent être utilisées que pour l'irrigation des
rapports r SO4/C1 sont presque toujours inférieurs cultures très résistantes aux sels.
HAUTS-PLATEAUX 257
D'après H. SCHOELLER
DIAGRAMME D'ANALYSE DE L' EAU Rés. sec 1/?
et E. BERKALOFF à 25°C
Teneurs en mg/l Figuré dh pH
n° IRE à 180° C
+ mmhos
Ca + + Mg + + Na + K + Cl - SO -- ° fr
4 mg/l /cm
10 000
10 000
15/25
10 000 17/18
5/18
10 000
milliéquivalents
14/18
11/18
12/24
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
Cette nappe est à distinguer de celle de Aïn-Beni- q ue effectuées sur le forage 12 /24 o nt mo ntr é
Mathar bien que circulant dans les mêmes que les intercalations de couches marneuses dans
formations. Cette séparation est rendue nécessaire les calcaires sont fréquentes et que les formations
par de grandes différences de structure tectonique calcaires proprement dites sont peu épaisses. Ces
{horst de l'oued Charef), de profondeur et de carac- résultats expliquent les caractéristiques hydrauliques
téristiques hydrauliques. La limite serait constituée médiocres de ce forage.
par la faille d'effondrement de l'oued Charef, de
direction E-W qui passe à quelques kilomètres au D'autres forages (onze) exécutés dans cette zone
S de Aïn-Beni-Mathar. ont atteint des niveaux aquifères peu abondants au
sein de lentilles sableuses dans les formations mio-
Quatre forages ont été exécutés récemment dans pliocènes (38/18).
cette région ; ils ont traversé le Mio-Pliocène conti-
nental argileux et calcaire, et rencontré les calcaires Les eaux de cette nappe sont douces et de bonne
fissurés aquifères de l'Aaléno-Bajocien aux profon- qualité pour la consommation humaine, l'irrigation
deurs de 113, 119, 162 et 220 mètres. Les calcaires et l'alimentation du bétail. Elles ont un faciès sulfaté
et dolomies du Domérien semblent être le niveau calcique et magnésien. Les eaux du Mio-Pliocène
aquifère principal : ils ont été atteint à 189 m (18/25), continental où abondent les niveaux gypso-salins
280 m (19/25) et 337 m (12/24). Le débit spécifique sont très différentes de celles du Lias. Elles ont une
est important et atteint 9 1/s/m au forage d'Oglat- concentration en sel plus élevée (1,3 à 4 g/1) mais
Cedra (18/25). Les opérations de carottage électri- permettent la sauvegarde des troupeaux.
HYDROGEOLOGIE APPLIQUEE
Aménagement de points d'eau
Les quelques points d'eau intéressant la nappe nécessite un apport d'eau de plus de 200 1/s que
phréatique sont sommairement aménagés et sont seule la nappe profonde pouvait fournir. Les trois
utilisés pour abreuver les troupeaux des nomades. premiers forages foncés dans la région de l'Aïn
Les équipements importants concernent la nappe Tabouda (59, 61 et 62/18) ont donné des résultats
profonde. relativement décevants (respectivement 41, 16 et
28 1/s artésiens), aussi le quatrième fut-il implanté
La nappe captive de Aïn-Beni-Mathar est exploi- aux sources de Ras-El-Aïn où les débits sont très
tée par 18 forages artésiens servant à l'irrigation de élevés ; 75 1/s furent ainsi mis à jour. Pour des
900 hectares dont 600 dans la région de Aïn-Beni- raisons économiques (longueur des canalisations),
Mathar même, 250 dans la région de l'Aïn Tabouda un cinquième forage fut décidé à proximité du 36/18
et le reste à Guefaït. Les quatre nouveaux forages qui alimente la mine de Jerada. Ce forage a fourni
effectués en 1967 et 1968 autour des sources vont 141 1/s et il ne semble pas qu'il y ait une influence
permettre de porter les superficies irriguées de 600 immédiate sur le forage de la mine. Un sixième
à 1 000 hectares sur le périmètre de Aïn-Beni-Mathar. forage 65/18 a été alors implanté à 445 m au N
du précédent et un débit de 160 1/s a été obtenu.
L'alimentation du centre de Aïn-Beni-Mathar se Il est bien évident que ces 3 forages s'influencent
fait à partir du forage ar tésien de l'Aïn Kriane mutuellement mais des essais de débit de longue
(n° 11/18 - 5 1/s). durée (1 mois) sur les forages 64 et 65/18 au débit
total de 200 1/s ont montré qu'il n'y avait pratique-
La nappe profonde fournit l'eau qui alimente le ment pas de diminution de débit sur le 36/18.
centre minier de Jerada. Un forage artésien débite
85 1/s dans une canalisation de 13 km qui amène La nappe du bassin de l'oued Charef et du Chott
l'eau jusqu'à une station de refoulement où elle est Rharbi est actuellement faiblement exploitée ; les
envoyée à la mine sous 21 kg de pression. Environ quinze forages sont équipés d'éolienne ou de pompe
15 1/s sont utilisés pour l'alimentation en eau pota- immergée pouvant débiter quelques litres par
ble. seconde au maximum. Le débit total est de l'ordre
de 20 1/s mais peu d'essais concluants ont été effec-
Une série de 6 forages doit permettre l'alimenta- tués sur ces forages. Etant donné la grande profon-
tion d'une centrale thermique à Jerada destinée à deur du niveau piézométrique, cette nappe est
utiliser les excédents de charbon. Cette centrale vraisemblablement sous-exploitée.
HAUTS-PLATEAUX 259
Barrage d'El-Rhoress
L'oued Za a creusé des gorges profondes dans Cet ouvrage, en dehors des possibilités hydro-
le massif des Beni-Yala. En aval d'El-Rhoress existe électriques qu'il offrirait, permettrait d'une part,
un site qui pourrait convenir dans un rétrécissement l'extension du périmètre irrigué de Taourirt et,
des calcaires et calcaires dolomitiques du Lias et d'autre part, la mise en valeur de la plaine de Tafrata
du Bajocien à pendage amont du massif des Beni- (Guercif).
Koulal.
Un grand ouvrage (70 m de haut) de type voûte En réalité, ce projet de barrage est intimement
pourrait y être ancré et fournirait un volume de lié au bilan général de la Moulouya et à la priorité
retenue de 400 Mm3. Cependant, ce projet, réalisable apportée au remplissage de la retenue de Mechra-
sur le plan technique, est d'un intérêt relatif. En Klila et donc à l'irrigation des périmètres équipés
effet, le débit mo yen annuel de l'oued Za étant ou en voie d'équipement dans la Basse-Moulouya.
de 2,9 m3 /s, nous aurons seulement 90 à 100 Mm 3 Le bilan de la Moulouya étant connu et ne permet-
d'eau par an dans la retenue. D'autre part, la cote
tant que d'assurer un volume tout juste suffisant
de la retenue exigerait un deuxième barrage sur
un affluent qui se jette dans l'oued Za, en aval du aux irrigations de la Basse-Moulouya, il semble
barrage. On ne peut donc envisager qu'un ouvrage assez peu vraisemblable que ce projet de barrage
de 35 m de haut avec une retenue de 150 Mm 3 . soit retenu.
C O N C L U S I O N S
GENETIER B. (1962) : Note concernant l'essai de pompage Russo Ph. (1926) : Recherches géologiques sur le territoire
du sondage 46/18 dans la région de Berguent. Rapp. des Hauts-Plateaux (Maroc oriental). A. Univ. Lyon,
inéd. MTPC/DH/DKE. nouv. sér. fasc. 46, 195 pp., 51 fig., texte, 1 pl. h.t.,
MARGAT J. (1969) : Note sur le projet d'étude des réservoirs 1 carte géol. en coul. au 1/500 000 (thèse Sci., Lyon).
profonds du Maroc oriental. Rapp. inéd. Serv. géol.
Maroc. S ADEK M. (1961) : Rapport sur la campagne de forages
MEDIONI R. (1960) : Contribution à l'étude géologique des exécutés pour le Génie Rural dans la province d'Oujda
Hauts-Plateaux méridionaux marocains. Notes Serv. en 1960-1961. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
géol. Maroc, t. 19, n° 149, pp. 7-53, 8 fig., 5 phot.,
1 carte h.t. en coul. au 1/500 000, bibl. S IRETTA E. (1952) : Etude hydrogéologique du bassin de
MEDIONI R. (1969) : Projet d'étude des réservoirs aquifères l'oued El-Haï (Hauts-Plateaux du Maroc oriental).
profonds du Maroc oriental. Etudes sur la nappe cap- Notes & M. Serv. géol. Maroc, n° 102, 225 pp., 33 fig.
tive de l'Aïn-Beni-Mathar (Berguent). Mise au point
stratigraphique et structurale sur les Hauts-Plateaux THAUVIN J.-P. (1968) : Projet d'étude des réservoirs aqui-
septentrionaux. Programme des travaux à réaliser en fères profonds du Maroc oriental. Rapp. inéd. MTPC/
1969-1970. Rapp. inéd. Serv. géol. Maroc. DH/DRE, 13 pp., 1 carte.
N GUYEN Q UANG T. (1963) : La nappe captive profonde de
la plate-forme de Berguent. Rapp. inéd. MTPC/DH/ THAUVIN J.-P. (1969) : Indices climatiques de Thornthwaite
DRE, 12 pp., 1 coupe géol., 3 diagr., 1 tabl. h.t., 1 pour 110 stations du Maroc. Rapp. inéd. MTPC/DH/
carte h.t. D.RE.
261
I. 31
LE BASSIN DE GUERCIF
par
Philippe CARLIER & Marc SIMONOT
Le bassin de Guercif est limité au N par la chaîne Sangal (200 km2 ; 300 m) ; au S, la plaine de Mahrouf
des Beni-Bou-Yahi - Beni-Snassène, au SW par le (150 km2; 700 m). Ces quatre secteurs possèdent de
Moyen Atlas et au SE par la chaîne de Debdou. Par nombreux caractères communs, notamment en ce qui
sa position entre le couloir de Taza et celui de concerne les précipitations, la végétation, et l'occu-
Taourirt dans le sens W-E, et entre la Moyenne et pation humaine. Sur le plan géomorphologique, le
la Basse-Moulouya dans le sens S-N, cette région bassin de Guercif est constitué d'une surface plio-
constitue à bien des égards une zone de transition. villafranchienne recouverte au centre par un rem-
Elle est coupée en deux par l'oued Moulouya qui plissage plus récent.
reçoit, en rive gauche, les oueds Melloulou et
Msoun, originaires respectivement du Moyen Atlas Le principal centre habité est Guercif (8 000 habi-
et du Rif. On peut la diviser en quatre plaines : au tants) ; mis à part quelques douars peu peuplés
centre et à l'W, la plaine du Jel, d'une superficie (quelques centaines d'habitants) isolés dans le bassin
de 650 km 2 , et d'altitude moyenne 350 m ; à l'E, et le plus souvent reliés par des routes goudronnées,
la plaine de la Tafrata (500 km 2 de superficie et la population est semi-nomade et vit de l'élevage
500 m d'altitude moyenne) ; au N, la plaine de du mouton.
GEOLOGIE
Stratigraphie
Le Primaire forme le socle rigide de la Gada de Le Lias inférieur est représenté par des calcaires
Debdou. Il est représenté par des schistes violacés noirs et des dolomies massives avec quelques bancs
ou brunâtres et des bancs de quartzites, affectés marneux. Il affleure surtout aux jbels Haloua et
d'accidents WNW-ESE. Il affleure au S de la plaine Richa et au N du jbel Mazgout.
de Tafrata et à l'E de la plaine de Mahrouf ; un
Le Domérien est concordant sur le Lias inférieur
petit batholite de granite hercynien est venu se
avec des calcaires lités. Il est bien représenté à la
mettre en place dans ce massif primaire. Par ailleurs,
Gada de Debdou où sa puissance atteint 100 mètres.
le S du jbel Mazgout, à l'W de la plaine de Sangal,
est formé également de schistes primaires injectés Le Dogger, formé de marno-calcaires et de dolo-
de granites. mies à silex, affleure dans toute la partie supérieure
Le Trias est constitué par des argiles rouges de la Gada de Debdou, avec une puissance de 300
bariolées avec du sel et du gypse et localement des à 400 mètres. Il est également représenté à l'E de la
niveaux de basaltes doléritiques. Il recouvre le plaine de Tafrata. Le Lias et le Dogger sont perméa-
Primaire de la Gada de Debdou et du jbel Mazgout bles en grand et affleurent sur les points hauts où
et affleure au coeur de certains anticlinaux juras- les précipitations sont supérieures à celles de la
siques (jbel Richa, jbel Haloua). Le Primaire et le plaine, constituant ainsi une réserve hydrogéolo-
Trias constituent le substratum imperméable. gique importante et bien alimentée.
262 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Schéma structural
Des études récentes (1964) montrent que le bassin Dans la plaine de Tafrata, le substratum jurassi-
de Guercif se présente comme une cuvette dont le que est formé essentiellement par une zone syncli-
substratum est formé par les couches jurassiques nale orientée E-W et remontant lentement vers le
affleurant sur les bordures. Cette cuvette est rem- N. Au S, le Jurassique est décroché de la Gada de
plie par des sédiments miocènes, pliocènes et Debdou par un effondrement important affectant
quaternaires. aussi le Primaire. Les marnes miocènes sont absentes
mais les dépôts plio-quaternaires continentaux sont
Dans la plaine de Sangal, le substratum jurassi-
que s'enfonce progressivement du N au S. Le volcan très développés (200 mètres d'épaisseur).
du jbel Guiliz limite cette plaine au S. Une zone Dans la plaine de Mahrouf, le substratum est
synclinale traverse la plaine du NW au SE. Des constitué par un synclinal dissymétrique orienté
marnes miocènes y ont été rencontrées, dans les NE-SW. Le flanc ouest se redresse rapidement et
sondages, vers 60 mètres de profondeur. Un remplis- réapparaît aux jbels Haloua et Richa. Le flanc est se
sage plio-quaternaire avec des couches de cinérites relève plus doucement jusqu'à l'effondrement qui
forme la plaine actuelle. marque la séparation, avec la Gada de Debdou où
Dans la plaine du Jel, le substratum affleure au le rejet est de l'ordre de 800 mètres. Un anticlinal
pont de la route de Sakka, sur l'oued Msoun, puis orienté NW-SE sépare cette plaine de celle de la
s'enfonce vers l'E et remonte brutalement le long Tafrata entre Fritissa et Debdou. Le remplissage
d'une ride anticlinale de direction moyen-atlasique continental mio-pliocène et quaternaire est très
(SW-NE). Un deuxième accident d'allure anticlinale important avec un caractère subsident. Cette plaine
parallèle au précédent passe au SE de Msoun. Un et celle de la Tafrata constituent une limite entre
remplissage de grès et de marnes miocènes et de deux domaines géologiques distincts : le Moyen
dépôts plio-quaternaires très importants (épaisseur Atlas, à l'W, avec une tectonique jurassienne, et
supérieure à 400 mètres) comble la plaine du Jel la Gada de Debdou, à l'E, avec une tectonique
qui est nettement subsidente. cassante de socle.
CLIMATOLOGIE
(fig. 120)
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ORIENTAL 31 - BASSIN DE GUERCIF
Classification Thornthwaite
Evaporation Evaporation mesurée
Moyennes des températures moyennes (°C)
Nom de la station ETR Indice Type d'après (P=Piche B=Bac) (mm)
(mm) global climatique Turc (mm)
J F M A M J J A S O N D Ann. Quantité Période
GUERCIF 10.0 11.8 14.6 17.0 20.2 24.7 29.0 29.0 25.6 20.8 15.4 11.4 19.0 200 - 40,3 E1 B'3 db'4 200
FIG. 120
vérifie soif au cours d'une même année (plus de bre et atteint 18°C en juillet. Les hivers sont rela-
100 mm en un mois), soif d'une année à l'autre tivement rigoureux ; le gel est possible de novem-
(91 mm pour l'année agricole 1930-31, 462 mm pour bre à avril, mais n'intervient en réalité avec une
1962-63). Le coefficient d'irrégularité atteint 5. Les relative fréquence qu'en décembre et janvier où
pluies ont une efficacité très faible surtout en été sont enregistrés régulièrement quelques minima
où elles ne permettent pas le développement ou journaliers entre 0 et — 2°C (exceptionnellement — 5
l'entretien de la végétation. ou — 6°C). L'été, la température s'élève chaque
année à plusieurs reprises au-dessus de 40°C, tandis
Théoriquement, l'évapotranspiration qui dépasse
que les maxima moyens oscillent autour de 37°C.
1 m par an, est toujours supérieure aux précipi-
tations et aucune infiltration n'est possible. La
nature même des sols imperméables et l'état de la INDICES CLIMATIQUES
végétation accentuent ce phénomène. Par consé- Calculés par la méthode de C.W. Thornthwaite,
quent, il apparaît que l'alimentation des nappes ces indices confirment le climat défavorable du
phréatiques ne peut se faire que de deux manières : bassin de Guercif. L'évapotranspiration potentielle
infiltrations latérales au niveau des oueds et abou- est de 985 mm par an et les indices d'aridité et
chements ou mouvements ascendants des nappes d'humidité atteignent respectivement 80,5 et 0, l'in-
profondes alimentées, elles, dans les reliefs où le dice global étant de — 48,3. Le type climatique est
climat est plus humide. noté E1 B'3 d b'4, ce qui correspond à un climat
aride, mésothermique avec peu ou pas de surplus
TEMPERATURES de précipitations. La concentration estivale de
La température moyenne est élevée : 19°C à l'efficacité thermique atteint 49,5 %, ce qui est un
Guercif ; les écarts sont très grands et très brusques ; peu faible pour le climat thermique de la station
l'amplitude des écarts de températures moyennes mais ne permet pas de parler d'une influence
maxima et minima est de l'ordre de 12°C en décem- océanique.
264 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
HYDROLOGIE
Trois oueds importants traversent la plaine de Le Msoun est sujet également à de très grosses
Guercif: la Moulouya et ses deux affluents de la variations ; souvent à sec, il atteignit un débit de
rive gauche, le Melloulou et le Msoun. pointe de 204 m3 /s lors de la crue de mai 1963. Le
débit moyen annuel mesuré au pont de la route de
La Moulouya (bassin versant de 24 400 km2) a un
Sakka est de 1,83 m3 /s (15 années de mesures :
débit moyen de 28,4 m3/s, mesuré à la station de Dar-
1952-1966). Les apports naturels reconstitués en ra-
El-Caïd à Guercif, à l'aval de la confluence avec le
joutant les prélèvements de l'amo nt s'élèvent à
Melloulou (période de référence : 1952-1966). Ce
63.10 6 m3 /an dont 10 Mm3 d'écoulement de base et
débit varie dans de grandes proportions, de 1,5 à
4 800 m 3 /s en pointe de crue (en mai 1963). Les 53 Mm3 d'écoulement de crue.
débits moyens d'étiage sont de l'ordre de 4 m 3 /s Les autres oueds, moins importants, sont, presque
(août) ; pour avril, le débit moyen sur 15 années toujours secs et ne coulent qu'à la suite de violents
est de 66,7 m3 /s. Compte tenu des prélèvements à orages.
l'amont qui sont à peu près répertoriés, on peut
reconstituer les apports naturels moyens à Dar-El- La salure des oueds varie suivant la saison. Au
Caïd ; ceux-ci sont de l'ordre de 1 250.10 6 m3 /an printemps les eaux de crue qui proviennent de la
répartis en 720 Mm3 de débit de base et 530 Mm3 de fonte des neiges sont douces (300 à 400 mg/1). Les
débit de crue. eaux des crues d'automne et d'hiver sont plus char-
Le Melloulou (bassin versant de 2 600 km2) a un gées en sels (800 à 900 mg/1), car le lessivage des
débit moyen annuel mesuré de 12 m3/s (station de terrains entraîne de nombreux sels. La salure des
Guercif) ; les débits instantanés varient de 0,30 à eaux du Msoun est de 1 à 2 g/1 en étiage. Les eaux
1 100 m3/s (crue maximum enregistrée en mai 1963). de la Moulouya sont plus chargées en sels que celles
Le débit moyen du mois d'étiage est de 2,3 m 3 /s du Melloulou ; cette différence découle vraisembla-
(août) et celui d'avril de 30,2 m3 /s (15 années de blement de celle des débits spécifiques, qui sont
mesures, 1952-1966). Compte tenu des prélèvements quatre fois supérieurs pour le Melloulou, et de la
d e l'a mo nt le s ap p o r ts natur els so nt éval ués à nature lithologique des bassins versants mais aussi
445.106 m3/an répartis en 255 Mm3 d'écoulement de du fait des return-flow d'eaux d'épendage ayant servi
base et en 190 Mm3 d'écoulement de crue. aux irrigations, phénomènes trois fois plus impor-
tants dans la Moulouya que dans le Melloulou. A
Le Melloulou et la Moulouya ont actuellement
le même débit d'étiage à leur confluence malgré la la sortie du bassin de Guercif, les eaux de la Mou-
disproportion des bassins versants ; ce fait s'explique louya peuvent être classées dans le faciès chloro-
par la nature essentiellement calcaire du bassin du sulfaté calcique et magnésien, sauf pendant la pé-
Melloulou, qui joue un rôle important de régulari- riode de concentration minima (crues de printemps)
sation du débit et par le jeu des prélèvements à où elles deviennent carbonatées calciques et ma-
l'amont. gnésiennes.
HYDROGEOLOGIE
Le bassin de Guercif contient une nappe phréa- hydrauliques et hydrochimiques les distinguent. La
tique dans chacune des quatre plaines individua- carte piézométrique montre qu'il existe deux écou-
lisées précédemment ; en fait, elles n'en forment lements dirigés vers le N et convergent dans la
qu'une car elles communiquent et s'alimentent l'une plaine de Sangal : celui des plaines de Mahrouf et
l'autre, d'amont en aval ; seules, les caractéristiques de Tafrata au SE, et celui de la plaine du Jel au
SW.
C'est une nappe assez profonde (30 m) circulant vers le S (Aïn-Guettara) mais la partie la plus impor-
dans un remplissage de limons argileux pliocènes tante coule vers le N (Aïn-Sidi-Youssef et plaine de
et quaternaires. Tafrata).
Une faible partie (10 %) de la nappe s'écoule L'alimentation de cette nappe est de trois sortes ;
BASSIN DE GUERCIF 265
infiltration des eaux de pluie, « return-flow » des aménagés. Il existe cependant un sondage (220/17)
sources de la Gada de Debdou (voir le chapitre où le débit exploitable qui est de quelques dizaines
« Chaîne des Horsts ») et abouchement des blocs ju- de litres/seconde pourrait permettre éventuellement
rassiques effondrés (sondage 202/17) et des calcaires la création d'un petit périmètre irrigué. Ce forage
jurassiques des jbels Richa et Haloua. Le débit de exploite la nappe profonde du Jurassique butant,
cette nappe est d'environ 25 1/s, dont le tiers est par le jeu d'une faille SW-NE, contre le remplissage
exploité par 3 sources, 5 sondages et une dizaine de mio-pliocène.
puits. Les perméabilités observées dans les sondages
T 3 (98/17) et T 4 (99/17) sont de l'ordre de 1.10-4 La qualité chimique des eaux est bonne, les rési-
m/s. dus secs ne dépassent pas 500 mg/1 ; les limons dans
Il n'est pas possible d'obtenir de gros débits lesquels l'eau circule ne sont pas salés. Les eaux ont
dans cette nappe, mais des points d'eau pour l'ali- une grande parenté chimique avec celles de la Gada
mentation des hommes et du bétail peuvent être de Debdou dont elles proviennent en grande partie.
O
SANG
74/11 77/11
.Z
Plio-vallafranchien (Conglomérats) U
NE D 88/11
a
76/11
Miocène (Marnes) PLAI
T
OU
Jurassique supérieur (Grès, calcaires) AZG
J. M
Jurassqiue moyen et supérieur
(Marno-calcaires, dolomies) Z
LI
Lias (Calcaires, dolomies) UI
.G
78/11
Trias (Argiles, sel, gypse, basaltes) J TAOURIRT
425
0
Primaire (Granite) 40 375
Primaire (Schistes, quartzites) 94/17
45/17 259/11 A. GOUTITIR 3/17
EL
Courbes isopiézomètriques) UJ
46/16
174/16
I NED 0
PLA
95/17
Forages
0 5 10 15 km
5 35 75
93/17 32 3 0
175/16 40 5
1/16 42 50
75/16 4
ne
a
ifai
uy
n
rér sou _475
ulo
ep MSOUN O. M 0
app 50
Mo
167/16
N 121/16 GUERCIF 92/17 5
52
TAZA 165/17
204/17
0
_ 63/16 209/17 55
223/17
122/16 TA
400 TADDERT 263/16 50/17
T A RFA 97/17 5 400
E 57
IN ED
PLA 222/17
lou 0
ll ou 31/17 60
Me
d
Oue
5
62
ed 96/17
65
0
Ou 112/17
J. MAHROUF
A
ICH 221/17
J. R
UA
LO
375
BOU YACOUBATE 98/17 DEBDOU 375
HA
99/17
203/17
J.
262/16
202/17
675 GADA
70
201/17
0
200/17 UF DE
UM AHRO
NE D DEBDOU
625 650 675 PLAI 700 725
litre par seconde. Elle circule dans les limons et gressivement de l'W vers l'E jusqu'à la rupture de
cinérites quaternaires. Une rupture de pente se pro- pente où les teneurs sont de 800 mg/1, puis elles se
duit vers l'E où la pente devenant beaucoup plus chargent à nouveau en sels jusqu'à atteindre 7 g/1.
faible (3 pour 1 000) et la circulation plus lente, les Seuls quelques points d'eau pour les troupeaux peu-
eaux se chargent en sels. Les eaux se dessalent pro- vent être créés à partir de cette nappe.
Nappes profondes
Le petit nombre de forages de reconnaissance été mise en évidence lors des récentes recherches
exécutés à ce jour ne permet pas de fournir des d'eau pour l'alimentation de Msoun. Le Miocène de
renseignements complets sur les caractéristiques des base gréseux et le Jurassique situés sous le Quater-
nappes profondes. naire et le Miocène marneux, contiennent probable-
Dans la plaine de Mahrouf, le substratum juras- ment une ou plusieurs nappes profondes en charge.
sique effondré en zone synclinale semblerait bien La hauteur de mise en charge sous les marnes mio-
alimenté au vu des bonnes caractéristiques enregis- cènes est de l'ordre de 900 m ; l'artésianisme est donc
trées sur le forage 220/17 qui a fourni, aux essais, très possible, la cote du sol étant d'environ 400 m.
un débit de 100 1/s, mais ce seul point d'eau est La présence d'un important massif de travertins d'une
insuffisant pour confirmer cette hypothèse. Le niveau superficie de 2 km 2 , déposé par des eaux issues du
aquifère rencontré est à une cote voisine de celle de Lias ou du Dogger à proximité d'un accident pro-
la nappe phréatique. fond souligné par un pointement de Trias à l'W
Dans la plaine de Tafrata, les calcaires jurassiques permet de penser qu'à une époque récente, une
contiennent une nappe profonde qui, vers le N, peut nappe profonde se manifestait. Une secousse séis-
se mettre en charge sous le Miocène marneux. La mique a peut-être coupé les circuits hydrologiques.
présence d'une source thermale à Gouttitir en est un Des recherches récentes (1966) par forages profonds
indice positif. et après des indices favorables fournis par une cam-
pagne de géophysique (1964) ont été négatives. Il
Dans la plaine de Sangal, le Jurassique marno- s'est révélé que le substratum jurassique s'enfonçait
calcaire qui forme le substratum de cette région, très rapidement sous la plaine du Jel et qu'il était
laisse présager qu'il n'existe vraisemblablement pas par trop onéreux d'essayer de l'atteindre. Le premier
de ressources hydrogéologiques profondes. forage situé à une dizaine de kilomètres au N des
Dans les confins nord-ouest de la plaine du Jel, affleurements a traversé 750 m de marnes tortonien-
une nappe intéressant le Jurassique dolomitique a nes sans atteindre le Miocène de base.
Underflows
Les trois principaux oueds qui transitent dans la seulement. En étiage, la majorité d'entre eux devien-
plaine de Guercif sont la Moulouya, le Melloulou nent secs.
et le Msoun. Le Melloulou est aussi pourvu d'un underflow
dont la reconnaissance est en cours et promet des
La Moulouya a un sous-écoulement reconnu et résultats intéressants. L'alimentation en eau potable
exploité tout le long de son lit par de nombreux de Guercif se fait à partir de cet underflow.
puits, surtout dans la région de Guercif. Aucune L'underflow de l'oued Msoun a été reconnu en
recherche n'a été encore effectuée pour calculer plusieurs points, notamment pour l'alimentation du
les débits de sous-écoulement mais les puits qui village de Msoun. Il s'est révélé inexploitable tant
trouvent l'eau entre 6 et 15 m sont exploités à des par la faiblesse des débits exhaurés que par la
débits de l'ordre de 5 à 10 1/s en période humide salure élevée de l'eau.
78/11
10 000 76/11
77/11
10 000
milliéquivalents
204/17
96/17
202/17
100
1 000
--
CO 3 combiné
--
( CO 3 + HCO 3 - )
1 000
milliéquivalents
1 000 -
NO 3
1 000
1 000
1 000
1 000
10 10
100
100
100
100
100
100
1 1
10
10
10
10
10
10
10
0.1 0.1
10
HYDROGEOLOGIE APPLIQUEE
Alimentation en eau
Sur la quarantaine de forages réalisés dans la A Msoun (800 habitants), l'alimentation se faisait
plaine de Guercif, 7 se sont révélés stériles, les autres à partir d'un puits exploitant l'underflow de l'oued
ont fourni des débits de 1 à 25 1/s et au total, 125 1/s Msoun, mais ne fournissait pas d'eau en quantité et
ont été mis à jour. en qualité suffisante (salure dangereuse surtout en
L'ensemble des puits et sources constitue avec été : 4 g/1). Un forage de reconnaissance situé à
les forages un réseau de points d'eau d'alimentation 7 km au NE a mis au jour un débit de 3 1/s dans un.
relativement dense (maille moyenne de 6 km). niveau aquifère du Jurassique. Cette eau est de
L'eau est presque partout de qualité chimique ac- bonne qualité (800 mg/1) et permettra l'alimentation
ceptable (moins de 1 g/1) sauf dans certaines zones du centre, par gravité, à titre définitif.
des plaines du Jel et de Sangal et notamment dans
la région de Msoun. La source thermale d'Aïn-Gouttitir se situe à la
L'alimentation en eau potable des principaux limite nord-est du bassin, en rive droite de la Mou-
centres de la plaine se fait surtout à partir de puits. louya à proximité d'affleurements du Jurassique su-
périeur et moyen. La température des eaux est élevée
À Guercif (8 000 habitants), un puits exploite
l'underflow du Melloulou avec galerie drainante (49° C) ; la composition chimique est du type chlo-
(5 1/s) mais en étiage de l'oued (aggravé par les ruré et sulfaté, avec une forte teneur en fluor (3 à
prises amont), le niveau d'eau passe sous la galerie 4 mg/1) et la minéralisation est importante (11 g/1
et l'alimentation du centre devient précaire. Un pro- de résidu sec à 180° C). La source est captée et diri-
jet de nouveau puits avec galerie drainante posée gée vers une piscine et des baignoires ; l'origine de
sur le fond imperméable de l'oued et remontant son la minéralisation est à rechercher dans des contacts
lit est en cours d'exécution. profonds avec le Trias gypsifère.
Irrigation
Deux grands périmètres équipés et irrigués de Le périmètre d'eau de crue de Taddert a une su-
façon moderne représentent la richesse agricole es- perficie de 2 850 hectares irrigués par le Melloulou.
sentielle du bassin de Guercif. En outre, 600 à 700 ha Ce périmètre manquant d'eau en été, la possibilité
sont irrigués de manière pérenne le long du Mellou- de construction d'un barrage de retenue sur l'oued
lou entre les confluents du Zobzite et de la Moulouya, Guettaf affluent majeur du Melloulou, avait été étu-
contre une vingtaine d'hectares dans la vallée du diée pour combler le déficit d'été. Une autre solution
Msoun. consistant à exploiter l'underflow de l'oued Mellou-
lou doit être expérimentée prochainement. Les débits
Le périmètre de Guercif (plaine du Jel) avec une actuellement prélevés sur l'oued Melloulou pour ce
superficie de 1 400 hectares est irrigué par les eaux périmètre sont de 3 m 3 /s en période humide et de
du Melloulou (pour la plus grande part) et de la 1 m3/s (3 jours par semaine) en période sèche (juin-
Moulouya qui fournissent, en période d'hiver, près octobre). Pendant cette deuxième période, l'oued
de 2 m3/s continus permettant l'irrigation de 1 400 ha Melloulou est entièrement capté par les prises qui
et seulement 1 m3/s 4 jours par semaine pendant la alimentent les périmètres de Guercif et de Taddert.
période sèche qui limite les irrigations pérennes à L'oued devient donc sec en aval et n'alimente plus
400 ha. la Moulouya.
270 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Sur la rive gauche de la Moulouya, au N de être élevée si ce n'est en période de crue puisque
Guercif, il existe des potentialités en terres pour la la majeure partie des écoulements de la Moulouya
création d'un nouveau périmètre irrigué. Ce projet est réservée au remplissage de la retenue du barrage
dépend essentiellement de la quantité d'eau pouvant de Mechra-Klila en aval pour la desserte des péri-
être prise dans la Moulouya, quantité qui ne peut mètres modernes de la Basse-Moulouya.
C O N C L U S I O N S
Le bassin de Guercif est caractérisé par un climat n'est-il possible qu'à partir des eaux superficielles
aride, mais possède une nappe phréatique bien répar- ou d'underflow, les eaux souterraines devant être
tie mise en évidence par les campagnes de sondages réservées pour les besoins domestiques et le bétail.
et l'étude des points d'eau. Les résultats des essais Par contre, il existe des chances de trouver des
de débits ont montré que les perméabilités des ter- débits intéressants (artésiens) dans certains aquifères
rains aquifères sont faibles et que de gros débits ne profonds (Tafrata, Jel et Mahrouf) qui devront faire
peuvent être obtenus, sauf cas exceptionnel. Les l'objet de recherches hydrogéologiques susceptibles
potentialités aquifères souterraines ne dépassent pas d'apporter des possibilités de développement à cette
1 m3 /s, aussi le développement des zones irriguées vaste plaine déshéritée.
REFERENCES
BENZAQUEN M., MEDIONI R. & HAMEL Ch. (1965) : Etude MARGAT J. (1955) : Programme de prospection géophysique
stratigraphique préliminaire des formations du bassin de la plaine de Tafrata. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE,
de Guercif. Rapp. inéd. Division Mines & Géol., Rabat. 7 pp., 3 pl.
C HAPOND G. (1961) : Etude hydrogéologique de la plaine M ARGAT J. (1955) : Rapport sur la plaine de Mahrouf.
de Guercif. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 19 pp., 6 pl., Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 10 pp., 2 pl.
3 cartes, 1 diagr. log. M ORTIER F. (1960) : Etude par géophysique de la structure
de la plaine de Tafrata. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE,
CHAPOND G. (1961) : Rapport sur la campagne de 9 son- 8 pp., 1 carte h.t, 1 fig. h.t., 2 schémas h.t.
dages d'exploitation dans la plaine de Guercif. Rapp.
inéd. MTPC/DH/DRE, 19 pp., 1 tabl., 9 diagr. d'essais MORTIER F., FELLAHI M. & HAZAN R. (1959) : Résultats de
de pompage. la campagne de forages hydrogéologiques effectués en
1958 dans la région de Guercif. Rapp. inéd. MTPC/
FELLAHI M. & MORTIER F. (1958) : Découverte de nappes DH/DRE, 21 pp., 2 tabl., 20 fig. h.t., 1 carte h.t.
aquifères dans la région de Guercif (Maroc oriental).
Mines S géol, Rabat, n° 3, pp. 38-41, 1 carte. OBERLIN J.-J. (1955) : Hydrogéologie de la plaine de la
Tafrata. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
HAZAN R. & CHAPOND G. (1960) : Projet d'équipement des RAYNAL R. (1961) : Plaines et piedmonts du bassin de la
forages de la plaine de Guercif. Rapp. inéd. MTPC/ Moulouya (Maroc oriental). Etude géomorphologique.
DH/DRE, 8 pp., 20 fig. Thèse Fac. Lettres Paris, Rabat, 618 pp., 79 fig., 52
LANGLE P. (1954) : Contribution à l'étude des sols de la phot., tabl., bibl.
région de Guercif. Les sols du périmètre irrigable de WILBERT J. (1956) : Contribution à l'étude des sols de la
Taddert. Soc. Sci. natur. & phys. Maroc, Trav. Sect. plaine de Guercif. Soc. Sci. natur. & phys. Maroc,
pédologie, t. 8-9, pp. 3-20, 2 fig., 1 carte. Trav. Sect. pédologie, t. 10-11, pp. 105-115, 1 carte h.t.
271
I. 32
LE COULOIR TAOURIRT-OUJDA
Par
NGUYEN QUANG TRAC & MARC SIMONOT
Le couloir Taouriri-Oujda a été défini comme encadrement structural. La limite orientale du couloir
unité géographique et géologique par L. Gentil est artificiellement constituée par la frontière algéro-
(fig.123). marocaine bien que la plaine de Marnia en Algérie
ne puisse être dissociée de la plaine des Angad. La
Cette région allongée entre Taourirt et Oujda est limite occidentale s'arrête à Taourirt où s'ouvre la
encadrée au N par les massifs de Beni-Bou-Mahiou plaine de Guercif. Le couloir est jalonné par quatre
et Beni-Snassène et au S par les monts de l'Ayat, zones plus ou moins vastes et individualisées qui
Zekkara et Touissit-Bou-Beker (bordure des Hauts- sont, d'W en E : le secteur de Taourirt, la région d'El-
plateaux). La géologie, la tectonique et l'hydrogéo- Aïoun, la plaine de Bou-Houria et la plaine des
logie du couloir Taourirt-Oujda ont pour base cet Angad.
GEOLOGIE
Les terrains primaires, schistes et quartzites, appa- Le Dogger, pratiquement absent sur le flanc sud
raissent au cœur des anticlinaux (jbel Aster sur la des Beni-Snassène, ne se trouve que dans les Zekkara,
bordure sud des Beni-Snassène). Dans les Zekkara, sous un faciès souvent dolomitique (jbel Darf, au S
grès, phtanites et calcaires récifaux s'y associent. d'El-Aïoun).
Le Trias est représenté par des argiles rouges et Le Callovo-Oxfordien est constitué par un ensem-
des dolérites avec des bancs calcaires intercalés. ble de marnes et de grès pouvant passer à des cal-
caires marneux ou dolomitiques. Le Kimméridgien
Le Domérien forme l'affleurement le plus étendu calcaréo-dolomitique et le Portlandien calcaire ou
et le plus caractéristique de tout le paysage enca- marneux terminent la série du Jurassique supérieur,
drant le couloir Taourirt — Oujda, avec ses hautes largement représentée dans les Beni-Bou-Mahiou où
falaises dolomitiques des Beni-Snassène, des Zekkara, sa puissance totale dépasse 1 000 m.
du jbel Hamra, des monts de l'Ayat et du Nargue- Les séries tertiaires et quaternaires seront traitées
choum. La série comprend des dolomies ou calcaires en détail à propos des plaines de Bou-Houria et des
dolomitiques surmontés de calcaires à chailles puis Angad. L'importance des coulées basaltiques du Plio-
de calcaires en dalles à lits marneux. L'épaisseur Quaternaire s'étendant du goulet de Guennfouda
totale peut atteindre 500 m. jusqu'aux environs d'Oujda est à souligner.
CLIMATOLOGIE
Les connaissances actuelles sur la climatologie du d'El-Aïoun, Sidi-Moussa, Bessara, Aïn-Sfa, El-Alleb,
couloir Taourirt — Oujda proviennent essentielle- Taourirt (pluviométrie), dont les données s'étendent
ment des renseignements fournis par les stations sur la période 1933-63.
d'Oujda (pluviométrie et température) et les stations
750 800
UX
A L G E R
N TA
ORIE
Naïma
500
O. Sefrou
ou
DE
N
INE
ad
SE
PLA
In
AS
A.Sfa D
GA
t
am
SI Bou - Houria
J.
u
SN
AN
bo
jd
z
re
m
MAH
eg
Ta
U IOU
BENI
O.
BO
M
J.
I E
J. Ah OUJDA
mar L
NI akhda DE
BE r INE
PLA UR
IA Si Yahya
U HO
O.
BO
Ks
Redim
bou
ob
O.
CIF
450
El Aïoun
Isly
E
ya ED
GUER
lou O. S_ba
AIN
ou PL sil
a
O.
O
t A
.M un ÏM et
.E
O o NA M
lA
Tkh J .
ss
J. SIT
TOUIS
as
DE
O
i
. El
ud ra Guenfouda
Yho kka TS SI Boubeker
arf l Ze
J.
As
g J. D rf e ON
ia
Ma
ire Jo M
Z HORST El Himer
zo
DE
DES
uz
Taourirt
A INE DD
INE
CH 10
00
HA
E
IN A
PL
HAUTS PLATEAUX
MON
TS DE
L'AYA
T
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ORIENTAL 32 - COULOIR DE TAOURIRT- OUJDA
Classification Thornthwaite
Evaporation Evaporation mesurée
Moyennes des températures moyennes (°C)
Nom de la station ETR Indice Type d'après (P=Piche B=Bac) (mm)
(mm) global climatique Turc (mm)
J F M A M J J A S O N D Ann. Quantité Période
OUJDA 9.6 10.6 12.9 14.8 17.8 22.0 25.8 26.0 23.2 18.2 13.6 10.6 17.1 330 - 36, 5 DB'3 db'4 330 1580 (P) 1952-1961
FIG. 124
HYDROLOGIE
Les oueds qui traversent le couloir Taourirt — L'oued Ksob n'a fait l'objet d'aucune mesure hy-
Oujda sont tous intermittents sauf les plus importants drométrique, mais son régime doit être très voisin de
qui sont l'Isly, le Ksob et surtout le Za. celui de l'oued Isly. Il prend naissance dans la région
L'oued Isly est l'objet de contrôles fréquents à la d'El-Aïoun et se jette dans la Moulouya entre les
station de Guennfouda depuis octobre 1963. Le débit barrages de Mechra-Klila et de Mechra-Homadi. Son
moyen annuel est de 0,80 m 3 /s, le débit d'étiage cours est pérenne dans sa partie inférieure grâce à
étant de 0,12 m 3 /s et le débit moyen de crue d'en- la résurgence de son sous-écoulement.
viron 600 m3 /s. En mai 1963, une crue maximum a
été enregistrée avec un débit de pointe de 1 100 m3/s. L'oued Za ne fait que longer pendant une tren-
L'oued Isly traverse la plaine des Angad et rejoint taine de kilomètres la partie méridionale de la région
la Tafna en Algérie. Dans cette plaine, l'oued n'est de Taourirt, depuis la sortie de la Chaîne des Horsts
en eau qu'aux périodes de crues (hiver et printemps) jusqu'à la confluence avec la Moulouya. On rap-
et reste sec en étiage, tout le débit étant détourné
par des barrages de dérivation au profit de l'agricul- pellera (cf. chapitre Chaîne des Horsts) que le débit
ture en amont d'Oujda. Seule une faible partie de moyen annuel à Taourirt (8 000 km2 de bassin versant
son cours est en eau pendant l'étiage par suite du utile) est de 3 m3/s et que les étiages sont toujours
drainage de la nappe phréatique. soutenus, rarement inférieurs à 1 m 3 /s.
HYDROGEOLOGIE
Le secteur de Taourirt
Constitué principalement par une épaisse couver- Pour l'alimentation en eau du centre de Taourirt,
ture de Miocène marneux et défavorisé par un climat des recherches par forages peu profonds (20 m) dans
sub-aride, ce secteur ne possède pratiquement pas le sous-écoulement de l'oued Za ont donné de bons
de ressources en eau souterraine exploitables. Seul résultats. Ce sous-écoulement circule dans des allu-
l'oued Za a permis la création d'un périmètre irrigué vions composées de conglomérats et de sables dont
de 3 000 ha s'étendant le long de son lit sur les ter- la perméabilité peut s'élever jusqu'à 4.10-3 m/s, va-
rasses quaternaires allongées entre Taourirt et la leur obtenue dans le forage qui alimente Taourirt de-
confluence avec la Moulouya. Ce périmètre est com- puis 1960 avec un débit continu de 20 1/s. Ce débit
posé de 14 prises dont 4 bétonnées et de 73 km de pourra être éventuellement augmenté jusqu'à 35 1/s
canaux dont 25 bétonnés. dans l'avenir.
Une extension de ce périmètre a été envisagée Dans la région de Taourirt, quelques points d'eau
grâce à la construction d'un barrage à El-Rhoress pour l'abreuvement des troupeaux ont été créés à
sur l'oued Za dans les gorges du massif des Beni- partir de puits et de sources qui exploitent, pour la
Koulal (cf. chapitre Chaîne des Horsts). Ce projet plupart, les sous-écoulements des nombreux oueds
est techniquement réalisable, mais sa rentabilité sur qui sillonnent la région. A partir de ces rares points
le plan strictement économique n'est pas prouvée ; d'eau, des canalisations souterraines amènent l'eau
d'autre part et surtout, l'édification de ce barrage jusqu'aux zones défavorisées, créant ainsi un réseau
priverait la retenue de Mechra-Klila d'une partie non relativement homogène de points d'alimentation. Les
négligeable des eaux de la Moulouya dont l'oued Za débits mis à jour atteignent environ 30 1/s mais leur
est un riche affluent. Un choix devra intervenir à amélioration ne peut être envisagée. D'autres ressour-
assez court terme entre les zones à développer : ces pourraient être exploitées dans les sous-écoule-
périmètres de la Basse-Moulouya ou zones amont ments mais les débits disponibles n'excèdent pas
telle ce secteur de Taourirt si l'on parvient à réduire 100 1/s, le débit ponctuel exploitable est de l'ordre
les besoins théoriques de la Basse-Moulouya lorsque de 1 à 3 1/s. Des recherches par forages sont prévues
le périmètre aura atteint un « régime de croisière », sur la bordure occidentale du massif des Beni-Koulal.
ou encore si l'on renonce à une partie des aménage- Leur succès peut changer considérablement l'aspect
ments haut-services de la Basse-Moulouya. de cette région.
La région d'El-Aïoun
Encadrée par les Beni-Snassène au N et la zone naires et plio-villafranchiens, présente une structure
des Horsts des Haddine-Zekkara au S, la région d'El- complexe se composant :
Aïoun, largement recouverte par les terrains quater-
COULOIR TAOURIRT-OUJDA 275
• Au N, d'une succession d'anticlinaux déjetés et s'écoule vers l'W et a des caractéristiques chimiques
failles; voisines de la nappe profonde dont elle semble issue.
• Au S, d'une série monoclinale liasique relevée, Ces recherches ont permis d'augmenter les res-
par rapport à la série kimméridgienne affleurant à sources d'environ 15 1/s, débit bien faible en valeur
l'W, par une grande faille de direction N-S (Draa-el- absolue, mais extrêmement précieux pour cette ré-
Rhezlane et Kef-el-Mehalla). gion.
Les ressources en eau souterraine de cette région
se réduisent à quelques émergences très faibles de 765
sous-écoulements qui ne sont en fait que des ruis-
0
59
sellements retardés. La recherche d'une nappe pro- 14
0
10
61
10 bis R.P. N° 1
Aïoun et alimente une nappe phréatique de faible 232
EL AÏOUN
étendue dans le Plio-Villafranchien et le Quaternaire
151
(fig. 125). Deux sondages de 250 m et 200 m de pro-
152
fondeur ont atteint les marnes et calcaires marneux 144
0
débit effectués sur l'un de ces forages, qui est arté-
58
9
sien, ont montré que la nappe du Lias était bien 141
139
136
d 135
Oue
Un autre forage implanté à El-Aïoun même ex- 200
Irsane
445
ploite la nappe phréatique et montre que les marnes,
conglomérats et calcaires du Plio-Villafranchien qui 138 580
forment le terrain aquifère, ont une perméabilité Puits avec son n° I.R.E. Courbe isopièze
La plaine de Bou-Houria
La plaine de Bou-Houria, de près de 300 km2 de • le Permo-Trias représenté par des dolérites à
superficie (fig. 126), est entourée au N par les Beni- ciment calcaire intercalées d'argiles rouges du jbel
Snassène, à l'E par le jbel Megrez et le jbel Mrhiris, Aster et du Jorf-Abonine.
au S par le jbel Naïma et à l'W par une ligne de
collines rattachant le jbel Naïma aux montagnes des • le Lias inférieur et moyen formé par des falaises
Beni-Bou-Mahiou. de dolomies au N dans les jbels Rhil-Malze, Attouma
Elle fait partie d'un bassin presqu'entièrement fer- et Debdou, au S, dans le jbel Terbabmis et à l'E dans
mé, compris entre le bassin de l'oued Isly à l'E et le jbel Megrez. Les dolomies sont surmontées de
celui de l'oued Bou-Rdim, affluent de la Moulouya, calcaires de faciès différents entre les bordures nord
à l'W. Tous les thalwegs, la plupart du temps à sec, et est. L'épaisseur totale de la série peut atteindre
aboutissent à une cuvette limitée par la courbe topo- 350 m.
graphique 625 mètres. • le Lias supérieur, le Bajocien et le Jurassique
La série stratigraphique apparaît entièrement au supérieur composés de calcaires en dalles séparés par
cœur d'anticlinaux évidés. Elle comprend : des lits marneux, et de calcaires marneux ou dolo-
• le Primaire constitué par les schistes et les mitiques suivis d'une épaisse série marneuse. L'épais-
quartzites des jbels Aster et Soltane. seur totale de la série est de 1 450 m.
276 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Taforalt
770 780 790 800
200
3
4000
500 0
400
500
600
Quaternaire Faille visible ou supposée
Crétacé Axe anticlinal
F IG. 126 — Plaine de Bou-Houria. Carte géologique schématique des bordures et isohypses du toit du substratum juras-
sique d'après géophysique (sismique réfraction)
Les forages profonds exécutés dans la plaine ont De par sa structure, la cuvette de Bou-Houria est
rencontré une série de marnes bariolées à gypse de une zone de transition entre les Beni-Snassène au N
80 m d'épaisseur environ attribuées au Miocène et et la zone des Horsts des Zekkara — Beni-Yala au S.
surmontées par les formations de remplissage du Elle a subi le contre-coup de la mise en place de ces
Quaternaire : alternances de limons, conglomérats, deux massifs.
calcaires lacustres et basaltes, ces derniers dans le
secteur oriental de la plaine (50 à 100 m d'épaisseur LA NAPPE PHREATIQUE (fig. 127)
totale). Trois sondages ont atteint en profondeur Elle circule dans les formations quaternaires, sur
(30 à 170 m) des calcaires du Jurassique (voir ci-des- le substratum imperméable constitué par les marnes
sous, nappe profonde). du Miocène.
Au point de vue tectonique, la plaine de Bou- Une récente étude (1966) a permis d'établir, cal-
Houria correspond schématiquement à une zone syn- culé sur 3 ans (1963-1966), le bilan de cette nappe
clinale effondrée encadrée par deux zones anticli- dont la superficie est égale à 300 km2 environ. Le
nales allongées dans le sens E-W : l'anticlinal de gradient hydraulique, calculé d'après les courbes
piézométriques, varie de 0,5 à 2 pour 1 000, la pente
Bou-Houria—Aïn-Sfa au N et celui du jbel Naïma
moyenne et la plus fréquente étant de 1,5 pour 1 000.
au S.
La profondeur du niveau piézométrique varie de 14
à 38 m en période de recharge maximum avec une
Des études de surface et deux campagnes de sis-
profondeur moyenne de 22 m, et de 18 à 42 m en
mique réfraction (1955-1958) ont confirmé cette struc- période de décharge maximum avec une profondeur
ture d'ensemble et ont permis de la détailler. En moyenne de 28 m. La puissance de l'aquifère sur
particulier, le substratum de la cuvette présente l'ensemble de la nappe est en moyenne de 10 à 15
quelques rides anticlinales d'assez faible amplitude m (avec des valeurs extrêmes de 2 m et de 45 m).
et affectées de failles de direction E-W (fig. 126). Le volume du terrain aquifère est donc de 3 à
784 786 788 790 800 792 794
640
592 600
635
594
0
630 40
800
593
625 620
800
580
4
58
2
0
58
40
DOUAR DRARZA
0
0
58
60 615
593
0
40
400 460
600 610 R.S.
N° 4
03
400
592
G
I
T 592
B E N I M O U SS I R O U A T 5
60
A
I H
N C
E 200 U
B O
G
N
E
M
I
N
E
B 458
0
60
STRATIGRAPHIE HYDROCHIMIE
Résidus secs en mg/l
Limons - Alluvions - Croûtes : QUATERNAIRE inférieur à 400
615
0
0
60
62
PIEZOMETRIE Compris entre 400 et 600 520
40
0
62
B
0
Sondage
Eolienne
785 790
20
10
450
10
20
20
³
1.10¯² 0¯
1.1
T>1.10-² 1.10¯³ <T< 1.10-² T< 1.10¯³ 1.10¯³<T<1.10¯² T< 1.10¯³ T<1.10¯³
ou ou ou
h<10 10<h<20 h>20 h<10 10<h<20 h<10
10 < Qe<50 5<Qe<10 Qe<5
La plaine des Angad, en bordure de laquelle se LA NAPPE PHREATIQUE (fig. 129) Elle s'écoule
trouve la ville d'Oujda, s'étend sur une superficie du S vers le N dans des terrains postmiocènes, sur un
de 460 km2 environ. substratum imperméable formé par les marnes du
Miocène. Celles-ci affleurent en quelques points au
Au N, les Beni-Snassène la limitent par des fa-
NE du jbel Hamra. Leur position en profondeur dans
laises dolomitiques du Domérien (jbel Arze). Les
jbels Megrez et Harraza la séparent de la plaine de la plaine a été reconnue par plusieurs forages, par
Bou-Houria à l'W. Au S, l'anticlinal liasique du jbel des campagnes de géophysique et par
Hamra domine la ville d'Oujda tandis qu'à l'E la extrapolations à partir des essais de débit sur la
frontière algérienne limite artificiellement cette plaine nappe phréatique. Leur puissance, par contre, est mal
bien qu'elle soit en continuité hydrogéologique avec connue. Dans la région de l'oued Nachef, deux forages
la plaine algérienne de Marnia. ont traversé ces marnes sur des épaisseurs de 60 m et
160 m, alors qu'un autre forage, près d'Oujda, n'a pas
Les roches volcaniques du Plio-Quaternaire af- atteint leur base après 400 m. Plus au nord, un
fleurent largement au SW d'Oujda dans la région forage récent a atteint 700 m sans sortir de ces
de l'oued Nachef ; elles font partie d'une coulée qui marnes (Aérogare des Angad).
s'étend sur 20 km du goulet de Guennfouda qui limite
les affleurements calcaires des monts de Touissit — La structure du toit des marnes miocènes (fig. 130)
Bou-Beker au S, jusqu'aux portes d'Oujda. Celte for- est caractérisée avant tout par une flexure au centre
mation volcanique joue un rôle important dans l'hy- de la plaine, de direction SW-NE influençant nette-
drogéologie de la plaine des Angad. ment les caractéristiques de la nappe phréatique et
1220 ?
3 STRATIGRAPHIE HYDROCHIMIE
G
1223 Quaternaire
1218
Résidu sec inférieur à 1 g/l
a
Arz
1229 ?
3 Plio - Quaternaire Résidu sec compris entre 1 et 2 g/l
J.
0 2 Mio - Pliocène Résidu sec compris entre 2 et 3 g/l
70
2
Résidu sec compris entre 3 et 4 g/l
46
60
0 1219 Lias, Jurassique
0
475 3 Primaire Résidu sec compris entre 4 et 5 g/l
3
3 _
Résidu sec supérieur à 5 g/l
47
0 PIEZOMETRIE (Juil. - Août 1965)
43
F
Forage
0
Courbes izopièzes
Section du front de nappe pour le
48
0
1217
Direction des écoulements calcul du bilan hydraulique
49
2
0
1222
3 43
0
A
4 450
1 L
50
1214
0
1
440
G
E
1211
470
520 1221 1210
E
1250
1
1226
2 2 D
C
R
ira 0
530
lin
e el
kb B 45 I
Tin
ia E
0
46
1251 A
2
1216 470
1 1207 480
Khenja
ou 1 490
J. B 500 2 1209
0
50
0 ga
80 Zer 1206
55 1
465 0
470 1 510
900 480 1213
3
490 1208
m
500 4 520
aï
z
egre
N
J. M _ 600
2 1202
530 5
I
u
Bo
1205
0
53
70
700 2 2
0
O.
IV 1201
53
540
0
! 1 3 1204
II
raz
1212
ou
III
460 Ha 1 2 540
J.
550
ef
y
Isl
Nach
5 2
OUJDA 550
ris 4 1203
rhi
.
O
M 1200
J. 3 560
159
580 2 570
2
O.
J. Mellah 1
143
600 2 580
Ezraïg
1125
590 1253 151
455
t
mra
ïre
1 1199 J. Ha
Ta
ne 1255
lta
So
O.
J. 805 800 815 820 825 830
F IG. 129 — Nappe phréatique de la plaine des Angad, schéma hydrogéologique. Géologie, piézométrie, hydrochimie
COULOIR TAOURIRT-OUJDA 281
constituant une limite hydrogéologique qui permet lée Guennfouda — oued Nachef, se localisent essen-
de diviser la nappe en deux domaines ; Angad sud tiellement dans une zone s'allongeant du SW au NE
et Angad nord. Au SE de la flexure, la pente descend d'Oujda, tandis que, dans le reste de la plaine, la
régulièrement du S vers le N. Au N de la flexure, nappe circule dans les formations alluviales et détri-
un fossé s'allonge suivant la direction SW-NE tandis tiques.
que le toit des marnes remonte lentement vers le N.
Une campagne de forages avec essais de débit
Au NW d'Oujda, la topographie des marnes est carac-
a permis de déterminer les caractéristiques hydrauli-
térisée par une bosse dont l'altitude est supérieure
ques essentielles de ces formations. Les meilleurs
au niveau de la nappe phréatique et qui crée ainsi
aquifères sont les basaltes et les cinérites fissurés, les
une zone sans nappe, tandis qu'immédiatement au S
conglomérats à éléments volcaniques peu cimentés,
deux sillons profonds ont permis le passage de la
les graviers et galets enrobés dans un limon sableux.
coulée volcanique plio-quaternaire de l'oued Nachef.
Leur perméabilité est comprise entre 1 et 10.10-4 m/s
La nappe phréatique circule dans différentes for- et leur transmissivité entre 1,1 et 3.10-2 m2/s. Viennent
mations plio-quaternaires : cinérites, cendres basal- ensuite les basaltes et tufs basaltiques peu fissurés,
tiques, basaltes compacts ou fissurés, limons à lits de les conglomérats à ciments marneux, les galets et
galets et de graviers, conglomérats et, accessoire- graviers enrobés dans un limon argileux, avec une
ment, calcaires lacustres francs ou marneux. Les perméabilité comprise entre 1 et 10.10-5 m/s et une
formations volcaniques, partie intégrante de la COU - transmissivité de l'ordre de 1,2 à 7,5.10-3 m2/s- Les
< à 350 m
de 350 à 400
350
de 400 à 450
de 450 à 500
de 500 à 550
400
> à 550
400 Flexure
350
470
0
40
0
45
550 500
A
500
L
450
460
G
E
0
40350 OUJDA 550
0
400
500
40
I
E
350
F IG. 130 — Plaine des Angad. Isohypses du substratum imperméable (marnes miocènes) de la nappe phréatique
282 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
plus faibles perméabilités se trouvent dans des li- Dans les Angad nord, la profondeur de la nappe,
mons, avec des valeurs égales ou inférieures à très grande à l'W (75 m) diminue progressivement
1-10- 6 m/s et des transmissivités variant de 3,6 à vers le NE jusqu'à 15 m, sauf dans le secteur corres-
4,8.10-4 m2/s. pondant à la flexure du Miocène.
CARACTÉRISTIQUES DE LA NAPPE A l'amorti de la nappe, dans la région de l'oued
L'examen de la forme et du gradient de la surface Nachef et au pied du jbel Hamra, la pente est très
piézométrique permet de distinguer nettement les forte, égale ou supérieure à 1 %. Elle diminue ensuite
deux domaines Angad sud et Angad nord. Dans vers l'aval, en particulier le long d'une zone s'éten-
l'ensemble, la nappe coule du S et du SW vers la dant d'Oujda vers le NE où la pente n'est plus que
plaine de Marnia, en Algérie. de 0,2 %. Ce secteur correspond à une zone de drai-
nage de la nappe par les formations volcaniques très
Dans les Angad sud, au SW d'Oujda, la profon- perméables.
deur de la nappe (fig. 131) varie entre 20 et 50 m.
Elle traduit avant tout la topographie de la coulée Dans les Angad nord, la pente de la nappe est
basaltique. Dans le secteur d'Oujda et au SE, la pro- plus régulière et assez faible : 0,5 % en moyenne.
fondeur de l'eau dépasse rarement 20 ou 25 m. L'oued Elle ne traduit pas une bonne transmissivité de l'aqui-
Isly draine même la nappe sur une distance de quel- fère mais plutôt une mauvaise alimentation de la
ques kilomètres au N d'Oujda. nappe dans cette partie de la plaine.
A
L
G
E
20 R
I
60
70
470 30
40 20
40
40 30
50 50
60
40
20
70
30
20 30 20
50
10
10
10
40 20
30
20
10
70
60
30
20
30
20
50 20
10
40
10
30
30
40
20
40
30
20
20
460 30
40
10
40
OUJDA
50 30 30
30
40
50
50
60
50
40
F IG. 131 — Plaine des Angad. Profondeur de la nappe phréatique, en mètres, sous la surface du sol
COULOIR TAOURIRT-OUJDA
10
0
15
0
Les maxima pluviométriques de la région corres- 460 200
pondent aux mois de décembre et janvier, et acces-
soirement à mars et avril, tandis que les variations 150
positives de la nappe se font sentir dès le mois de 200
OUJDA
novembre suivant. On peut donc conclure que le 50
810 820
HYDROCHIMIE
Près de 800 prélèvements d'eau par an sont effec- F IG. 132 — Plaine des Angad. Puissance de l'aquifère de
tués sur l'ensemble de la nappe. Leur analyse montre la nappe phréatique ; isopaques en mètres
que la nappe des Angad est relativement salée. Le
planimétrage des cartes de résidus secs à 180° C
donne les résultats suivants :
1963 1965
En 1963, plus de 90 % de la superficie de la La presque totalité des eaux des Angad nord a
nappe avaient une concentration inférieure à 2 un faciès alcalin tandis que celles des Angad sud
g/1 et les secteurs à salure supérieure à 3 g/1 sont neutres ou de faciès alcalino-terreux. La subdi-
occupaient une superficie inférieure à 1 % ; en vision de la plaine en deux domaines se retrouve
1965, la salure a augmenté sur l'ensemble de la donc dans la composition des eaux.
nappe puisque seulement 60 % de la superficie a
une concentration inférieure à 2 g/1. BILAN DE LA NAPPE PHRÉATIQUE
La campagne de forages de reconnaissance de 1960
Les résultats d'analyse ont été portés sur un a fourni des données ponctuelles sur les transmissi-
diagramme en losange (fig. 133) et se vités de l'aquifère. Ces transmissivités ont été extra-
répartissent de la manière suivante : polées à l'ensemble de la nappe pour en faire le
• 40 % des eaux ont un faciès « neutre ». Parmi bilan ; une réactualisation récente de ces essais an-
elles, les 3/4 tendent vers le faciès chloro-sulfaté ciens a montré qu'ils furent généralement de trop
calcique et magnésien. courte durée pour être très valables. De nouveaux
essais réalisés en 1969 ont permis de corriger les pré-
• 35 % des eaux sont chloro-sulfatées calciques cédents résultats, en particulier sur les sections de
et magnésiennes. calculs de débits E et F (fig. 129) ; ailleurs, les anciens
• 18 % ont le faciès chloro-sulfaté alcalin. résultats ont été conservés en attendant la fin d'une
nouvelle campagne de mesures (1970).
• 7 % seulement sont bicarbonatées calciques et En appliquant la loi de Darcy le long de deux
magnésiennes. fronts de nappe, l'un à l'amont, l'autre à l'aval, on
Les faciès n'ont pas beaucoup changé de 1963 calcule le débit qui entre dans la nappe et celui qui
à 1965, l'augmentation de salure se traduisant par en sort.
une augmentation de la proportion du faciès Le débit d'entrée est calculé suivant une ligne de
chloro-sulfaté calcique et magnésien au dépens front de nappe correspondant aux isopièzes 510 et
du faciès « neutre ». 520 et subdivisée en cinq sections.
TOTAL 1 345
Dans la partie de la nappe située à l'amont hy- les alimentations par le NW.
draulique de cette ligne les prélèvements par pom-
page sont évalués à 50 1/s environ, ce qui donne Le débit de sortie est calculé suivant une ligne
comme ordre de grandeur du débit d'alimentation de de front de nappe qui longe la frontière algéro-maro-
la plaine le chiffre de 1 400 1/s auxquels s'ajoutent caine (isopièzes 450 à 430) et divisée en sept sections.
COULOIR TAOURIRT-OUJDA 285
100
Nappe phréatique
Nappe liée à la Angad nord
nappe profonde
nappe phréatique
Angad sud
Ca
Cl
+M
g
4 +
SO
0
3
O
HC
Na
+K
3 +
CO
100
FIG. 133 — Représentation sur diagramme en losange des différents types d'eau de la nappe
phréatique de la plaine des Angad
286 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
TOTAL 1045
1 000 1/s environ franchissent donc la frontière • L'eau qui retourne à la nappe après les irriga-
pour aller alimenter la plaine de Marnia en Algérie. tions : elle correspond à 15 % du débit pompé à
Plus de 50 % (540 1/s) passent par les sections A, B cette fin (600 1/s environ) soit 100 1/s.
et C, c'est-à-dire par la plaine des Angad sud et le • Enfin les apports délicats à estimer, de la nappe
reste par les Angad nord. profonde par suite de drainance à travers les marnes
Estimation du bilan du Miocène.
L'alimentation de la nappe comprend : Le total des apports à la nappe est certainement
supérieur à 1 700 1/s et se situe probablement entre
• Le débit de 1 400 1/s à l'amont ; il correspond à 2 000 et 2 500 1/s car les derniers essais de débit ont
un apport allogène dont l'origine (déversement d'au- montré que les chiffres obtenus lors de la campagne
tres nappes adjacentes) sera développée ultérieure- de 1960 étaient très sous-estimés.
ment.
Les exutoires de la nappe comprennent :
• L'infiltration des eaux de pluie ; le surplus du
bilan hydrique calculé sur dix ans (1946-1956) d'après • Les 1 000 1/s qui passent en Algérie et qu'on
Thornthwaite est égal à 7 % de la pluviométrie, soif peut considérer artificiellement comme exutoire.
25 mm de la hauteur d'eau, qui se répartissent, à peu • Le débit de 600 1/s pompé dans la nappe pour
près pour moitié, entre le ruissellement et l'infiltra- l'irrigation.
tion , celle-ci serait alors de 12,5 mm, ce qui corres-
pond à un débit fictif continu de l'ordre de 200 1/s. • Le drainage par l'oued Isly évalué à 150 1/s
On obtiendrait 250 1/s en admettant que 5 % de la (moyenne annuelle extrapolée des mesures de jau-
pluviométrie s'infiltre sur la plaine. geage effectuées à la frontière algérienne).
COULOIR TAOURIRT-OUJDA 287
• L'évapotranspiration qui constitue le complé- 60 1/s ; les deux autres (1 125 et 1 127/12) peuvent
ment aux sorties. donner un débit global de 160 1/s, mais ne sont ex-
L'estimation des différents facteurs du bilan est ploités qu'à 115-120 1/s.
faite sur des données (T surtout) dont la précision est Ces forts débits issus des calcaires domériens du
sommaire et doit être revue prochainement. jbel Hamra ou de leur couverture ne peuvent pro-
venir de l'impluvium, assez limité, de ce massif. Il
Dans l'état actuel des connaissances de la nappe
faut donc faire intervenir une alimentation plus loin-
phréatique de la plaine des Angad, le bilan peut
taine de cet anticlinal et de la nappe phréatique des
être évalué d'une façon prudente comme suit : le
Angad. Il y a déjà une vingtaine d'années que l'hy-
débit d'alimentation est compris entre 2 000 1/s et
pothèse a été admise d'une alimentation par un
2 500 1/s dont la moitié est utilisée ou perdue dans
arrière-pays calcaire, situé au S, mais aux limites
la plaine et l'autre moitié passe en Algérie.
encore imprécises. On pensait que la coulée volca-
nique occupant le goulet de Guennfouda jouait le
ORIGINE DES EAUX DE LA NAPPE PHRÉATIQUE
rôle de relais en recevant les eaux du Lias profond
A travers la section de front de nappe correspon- et en les transmettant à la nappe phréatique des
dant aux isopièzes 510 — 520 m, le calcul a montré Angad et à la nappe profonde du jbel Hamra. En fait,
qu'il passe un débit de 1 000 à 1 500 1/s environ. Il les forages exécutés en 1952 dans ce goulet ne mirent
est évident que les infiltrations de l'eau de pluie à jour qu'un débit de 60 1/s. Entre 1959 et 1962, l'étude
sur la surface de la plaine située à l'amont de cette fui reprise sur les mêmes bases mais avec des moyens
section ne peuvent pas fournir à elles seules ce débit accrus comportant une campagne de géophysique
puisqu'elles ne sont que de l'ordre de 200 1/s pour (gravimétrie et électrique) et six forages accompa-
toute la plaine. Il faut donc admettre qu'il y a un gnés d'essais de pompage.
déversement important dans la nappe phréatique à
partir d'une nappe adjacente. Deux de ces forages sont restés dans les forma-
tions volcaniques et les quatre autres ont atteint les
L'examen de la carte isopiézométrique de la nappe calcaires. Sur chacun de ces derniers, deux nappes
phréatique montre des zones de drainage très accen- ont été isolées, correspondant à ces deux formations
tuées à partir de la coulée volcanique de l'oued Na- différentes. Des essais de débit séparés ont été effec-
chef et à partir du jbel Hamra, au SW et au S d'Oujda. tués chaque fois. Ils ont montré, que la perméabilité
C'est donc la nappe profonde du Lias qui alimente la des formations volcaniques est de l'ordre de 1.10-5 m/s
nappe phréatique par drainance à travers les marnes tandis que celle des calcaires dolomitiques du jbel
du Miocène, car la charge de la nappe profonde est Hamra est de 1.10-3 m/s. L'ordre de grandeur du
supérieure à celle de la nappe phréatique. Effecti- débit spécifique de la nappe du Plio-Quaternaire est
vement, les études entreprises sur cette nappe pro- de 1 1/s/m tandis que celui du Lias est supérieur à
fonde ont montré qu'elle était assez riche pour par- 10 1/s/m. Il faut donc supposer que la nappe du
ticiper à l'alimentation de la nappe phréatique. jbel Hamra est alimentée directement par les calcaires
liasiques en profondeur à partir des monts de Touis-
LA NAPPE CAPTIVE PROFONDE DU LIAS sit — Bou-Beker qui constituent son véritable château
Le principal indice superficiel de la nappe captive d'eau et qu'elle alimente ensuite par failles la nappe
profonde sous la plaine des Angad est la source de des Angad. Quant à la coulée volcanique de Guenn-
Sidi-Yahia au SE d'Oujda qui donne un débit variant fouda — oued Nachef, son rôle de relais hydrau-
entre 220 et 300 1/s avec une température moyenne lique est très discutable. Cette coulée participe cer-
de l'eau de 25° C. Cette source se manifeste à la tainement à l'alimentation de la nappe phréatique
faveur d'un accident affectant le Lias du jbel Hamra. des Angad, ainsi que le montre l'allure des isopièzes,
Ce massif est un anticlinal faille de direction E-W à mais cette participation paraît faible.
cœur primaire et triasique dont les flancs sont com-
CARACTÉRISTIQUES HYDROGÉOLOGIQUES DE LA
posés des calcaires dolomitiques et des dolomies
NAPPE CAPTIVE PROFONDE DU JBEL HAMRA
aquifères du Domérien, surmontés par les marnes du
Miocène qui forment le niveau imperméable mettant La nappe s'écoule dans les calcaires dolomitiques
en charge l'aquifère liasique. et les dolomies du Domérien, souvent très fracturés,
D'autre part, cinq sondages (151, 1 125, 1 127, 143 avec une pente de 0,5 % 0 environ vers le N.
et 159/12), exécutés en 1948 et en 1959 pour l'alimen- La perméabilité de ces calcaires est excellente,
tation en eau d'Oujda, ont montré la poursuite en comme il a été signalé, avec des valeurs comprises
profondeur du flanc nord de l'anticlinal du jbel entre 1 et 2.10-3 m/s. Du point de vue pratique, leur
Hamra. Ils ont rencontré les calcaires dolomitiques exploitation par forage présente des incidents mi-
du Domérien aux profondeurs respectives de 62, 95, neurs qui peuvent mener à de graves erreurs d'inter-
120, 194 et 489 m. Les trois sondages exécutés en prétation : les déblais de forage peuvent passer dans
1948 (151, 143 et 159/12) ont fourni un débit total de le terrain et colmater les fissures des calcaires, ce
288 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
qui crée de fortes pertes de charge et augmente con- tion, et le reste dans les forages. Les quatre derniers
sidérablement le rabattement. Ainsi sur le forage forages exécutés depuis 1960 fournissent à eux seuls
1 125/12, au cours d'un essai, en passant du débit de plus de 300 1/s dont les 2/3 alimentent la ville
49 1/s à 72 1/s on a vu le rabattement passer de 1,06 d'Oujda. Le reste doit être utilisé pour l'irrigation
à 18 m. Une opération de nettoyage dans le forage a d'un périmètre de 200 ha dans la région de l'oued
permis de décolmater les fissures. L'essai de débit Nachef, actuellement en cours d'équipement.
exécuté après cette opération a donné des rabatte-
ments de 1,66 et 3,60 m pour 58 1/s et 85 1/s. La nappe profonde dans la plaine des Angad nord
Un autre forage (1 253/12) implanté d'après les Des recherches ont aussi été entreprises dans ce
renseignements recueillis par la campagne de recon- secteur afin de pallier en partie la pauvreté de la
naissance géophysique dans le secteur de l'oued nappe phréatique.
Nachef, et en vue d'exploiter la nappe profonde
pour l'irrigation, a fait l'objet d'une acidification à la Après une campagne de sismique réfraction, qua-
tre forages de reconnaissance ont été exécutés. Un
suite des importantes pertes de charge observées
seul a atteint les calcaires dolomitiques du Lias. Les
lors des essais (rabattements de 5,95 m et 13,16 m pour
autres ne sont pas sortis du Jurassique moyen ou
31,4 1/s et 44 l/s). Cette acidification a diminué les
supérieur à des profondeurs de 200 m, 320 m et 430 m.
pertes de charge de 90 % en supprimant les débris
colmatant le forage tout en élargissant les fissures Un nouveau forage (1968) exécuté dans un but stra-
des calcaires. On a obtenu par la suite des rabatte- tigraphique n'a pas atteint la base des marnes du
ments de 2 m et 4,50 m pour des débits de 35 1/s Miocène à la profondeur de 700 m au droit de l'aéro-
et 60 1/s. gare des Angad.
Les eaux du Lias du jbel Hamra ont une concen- Ces travaux ont montré que la structure du socle
jurassique et liasique dans les Angad nord prolon-
tration comprise entre 500 et 1 200 mg/1. Leur faciès
geait le style de horsts et grabens des Hauts-plateaux
chimique est bicarbonaté calcique et magnésien avec
avec des panneaux décalés les uns par rapport aux
une légère tendance chlorurée sodique. autres par des failles de direction ESE — WNW avec
La température des eaux varie entre 25° C et 33° C
des rejets importants. Cette structure rend les recher-
suivant la profondeur de captage.
ches aléatoires et coûteuses car rien ne dit à priori
que les alimentations demeurent possibles dans un
EXPLOITATION DE LA NAPPE PROFONDE
réservoir pareillement compartimenté. Il paraît même
Le débit total fourni à l'heure actuelle par la beaucoup plus probable que l'exutoire de la nappe
nappe profonde s'élève à plus de 600 1/s, dont 250 à profonde est la nappe phréatique (par drainance et
la source de Sidi-Yahia qui est captée pour l'irriga- contacts par failles).
C O N C L U S I O N S
Dans l'avenir, les efforts de recherche hydrogéo- blir une carte hydrogéologique au 1/50 000 et un
logique devront porter sur les plaines de Bou-Houria bilan qui sera aisément précisé grâce à quelques
et des Angad. essais supplémentaires. Le développement de l'irriga-
Le bilan complet de la nappe phréatique de Bou- tion dans la plaine a été envisagé sur la base provi-
Houria doit être établi par des études précisant les soire d'un pompage de 500 1/s prélevés sur le débit
zones d'alimentation et les exutoires ; en attendant, souterrain quittant le Maroc. En fonction de l'évolu-
sa surveillance doit être continuée afin de suivre son tion de la nappe, ce débit aurait pu être augmenté
évolution en fonction des pompages qui augmentent ultérieurement ; cependant le statut foncier des terres
rapidement. Il n'a pas été constaté de baisse anormale de la plaine se prête mal à une mise en valeur sous
jusqu'à maintenant, ce qui peut laisser supposer que la promotion de l'Etat qui pourrait se limiter à con-
la nappe a une certaine richesse, qui devra être pré-
seiller l'initiative privée qui dispose des moyens
cisée et chiffrée.
nécessaires à la création de stations de pompage et
Les connaissances sur la nappe phréatique des d'équipements d'irrigation.
Angad sont déjà assez avancées puisqu'on a pu éta-
COULOIR TAOURIRT-OUJDA 289
La nappe profonde du jbel Hamra, qui n'est pas d'Oujda. Il est néanmoins très probable que les
encore bien connue quantitativement, présente de nappes phréatiques et profondes des Angad consti-
grandes possibilités pour permettre des exploitations tuent un même ensemble aquifère et que par consé-
ponctuelles à débit élevé. Son exploitation par fo-
quent la mise en exploitation intensive de la nappe
rages, par tranches successives de 100 à 200 1/s, avec
une surveillance étroite des forages déjà exploités, phréatique (plus facile et moins onéreuse) constitue
est préconisée, notamment lorsqu'il s'agira de satis- le mode d'exploitation optimum des ressources sou-
faire les besoins en eau grandissants de la ville terraines.
R E F E R E N C E S
AMBROGGI R. (1946) : Alimentation en eau de la ville d'Ouj- NGUYEN QUANG T. (1963) : Les ressources en eau de la ré-
da. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. gion de Guennfouda (Maroc oriental). Rapp. inéd.
MTPC/DH/DRE, 7 pp., 1 carte, 1 coupe.
BRISSAUT M. (1963) : Résultats et interprétation prélimi-
naire des essais de débit effectués en 1960 dans la NGUYEN QUANG T. (1964) : La campagne de forages de re-
plaine des Angad. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 6 pp., connaissance dans la plaine des Angad. Rapp. inéd.
2 tabl., 1 carte. MTPC/DH/DRE, 14 pp., 2 tabl., 3 cartes.
COMBE M. (1968) : Développement des irrigations dans la NGUYEN QUANG T .(1964) : Carte hydrogéologique de la
plaine des Angad ; ressources en eau mobilisables plaine des Angad au 1/50 000. Publ. Min. Trav. publ.
immédiatement et programme des interventions pos- & Communic, Rabat.
sibles de l'Etat. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 3 pp.,
1 fig. NGUYEN QUANG T. (1964) : Rapport de fin de sondages ;
forages d'exploitation dans la région de l'oued Nachef
GENETIER B. (1962) : Alimentation en eau de la ville d'El- (Oujda). Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 13 pp., 2 coupes
Aïoun ; essai de pompage du forage n° 211/11. Rapp. géol. de forages, 10 diagr. d'essais de pompage.
inéd. MTPC/DH/DRE, 3 pp.
S ADEK M. (1961) : Compte rendu du forage exécuté au
HAZAN R. (1960) : Alimentation en eau de Taourirt ; résul- centre d'El-Aïoun, Rap. inéd. MTPC/DH/DRE.
tats des essais de débit et détermination des caracté-
ristiques du pompage. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, S ADEK M. (1961) : Rapport de sondage oued Nachef (I à
3 pp., 4 fig. IV). Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
HAZAN R & S ADEK M. (1963) : Alimentation en eau de la S IMONOT M. (1966) : Etude hydrogéologique de la plaine
ville d'Oujda. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 21 pp., de Bou-Houria, Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 90 pp.,
coupes de forages, diagr. des essais de débit, coupes 3 fig., 2 cartes hydrogéol. au 1/20 000, 1 carte géol.
géol, au 1/50 000, 44 tabl.
M ORTIER F. (1955) : Alimentation en eau d'Oujda par SIMONOT M. (1966) : Note sur la découverte d'une rivière
captage des eaux souterraines du goulet de Guenn- souterraine à El-Aïoun, Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE,
fouda. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 1953-1955. 2 pp., 3 tabl., 1 carte hydrogéol.
MORTIER F. (1957) : La nappe du jbel Hamra. Rapp. inéd. S IMONOT M. (1967) : Rapport de fin de sondage ; forage
MTPC/DH/DRE. de l'Aïn Sfa, n° 1 728/12. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE,
3 pp., 1 pl.
M ORTIER F. (1958) : Note préliminaire pour l'alimentation
en eau de Taourirt. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE. S TRETTA E. (1949) : Etudes hydrogéologiques au Maroc
oriental. La nappe ascendante d'Oujda. B, Soc. Sci.
MORTIER F. (1959) ; Etude hydrogéologique de la partie natur. Maroc, t. 29, pp. 41-50.
inférieure du bassin de l'oued Isly : plaine des Angad
(Maroc oriental). Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 17 pp., STRETTA E. (1951) : Etudes hydrogéologiques et travaux de
7 pp. d'annexes, nornbr. tabl., 4 graph., 3 fig., 5 cartes, reconnaissance du goulet de Guennfouda, (alimenta-
1 diagr., 2 cartes h.t. tion en eau de la ville d'Oujda). Rapp. inéd. MTPC/
DH/DRE, 1951-1953.
MORTIER F. & SADEK M. (1960) : Poursuite de la reconnais-
sance du rôle hydrogéologique de la coulée volcanique STRETTA E. (1951) : Alimentation en eau des mines de Bou-
de Guennfouda-Oued Nachef. Rapp. inéd. MTPC/DH/ Beker et Touissit. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 1951-
DRE, 10 pp., 3 cartes, 7 fig. h.t. 1953.
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﻐﺮاﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
291
I. 33
par
Philippe CARLIER
PRESENTATION GEOGRAPHIQUE
(fig. 134)
Les montagnes des Beni-Bou-Yahi et Beni-Snassène cit ; les paysages deviennent plus arides et l'occu-
sont situées à l'extrémité nord-orientale du Maroc ; pation humaine est beaucoup moins dense. La popu-
elles s'étendent de la frontière algérienne à la plaine lation des 9 communes partiellement ou entièrement
du Guerrouaou suivant une orientation WSE-ENE. situées dans le massif était de 100 000 habitants au
Le massif a une longueur de 130 km et une largeur recensement de 1960. Actuellement cette population
moyenne de 25 km ; il constitue le relief le plus im- doit être d'environ 125 000 habitants avec un faux
portant de la région, culminant à 1 532 m au Ras- d'accroissement annuel de 3 %. La densité est com-
Fourhal. A l'E et surtout à l'W de ce sommet, le mas- prise entre 20 et 40 habitants au km 2 . La population
sif perd progressivement de l'altitude : 600 m à la est rassemblée dans les vallées et à proximité des
frontière algérienne, 400 m près de la Moulouya. Les sources de bordures qui alimentent de petits péri-
vallées entaillent profondément le massif ; la cou- mètres irrigués. Le revenu est faible dans ces régions,
verture végétale est assez dense avec des forêts de moins de 150 Dh par personne et par an.
chênes et de thuyas.
La Moulouya traverse les Beni-Snassène en des
L'occupation humaine est surtout importante dans gorges profondes qui se sont avérées propices à l'im-
la partie orientale du massif que traverse un réseau plantation de barrages (Mechra-Klila et Mechra-Ho-
de bonnes routes et pistes. Vers l'W, le relief s'adou- madi).
GEOLOGIE
Les Beni-Snassène se divisent en deux parties géo- par le Jurassique supérieur. Les falaises qui le domi-
logiquement distinctes : d'une part l'anticlinal à nent sont constituées par des calcaires dolomitiques
noyau paléozoïque injecté d'un batholite granitique du Kimméridgien ou du Portlandien. Plus à l'W
des Beni-Snassène orientaux, d'autre part l'anticlinal s'étend le massif tabulaire à dominance de Jurassique
complexe à faible courbure des Beni-Snassène occi- des Beni-Bou-Yahi.
dentaux (ou Beni-Bou-Mahiou) entièrement couvert
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﻐﺮاﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
Jurassique
U
-A
CA
Malm ou Dogger DU RE
NA
Saïda
Salouane
Lias G
BOU - AR
Permo-Trias EG
PRINCIPAL
Primaire
Selouane ALGERIE 500
0 2 4 6 8 10 km Oued
Unité des Senhadja
d
ue
Granites TRIFFA
O
PL Kiss
AIN rte A
E Ke Mt Arouit
D A N
PLAINE DU GAREB B
TU
e
DU K E
Iran
NN
DES
EL
1123/7
ed
Ou Moulouya A. Kiss
KE Tistoutine
Oued
RT Chrraa Ahfir
E CANAL EN
PROJET
A. Régada
1274/7
Zaio Oued
Berkane
271/7 !
1075/7 ! A. Arhbal
PL 5/7 1267/7 1268/7
AI Saf-Saf PLAINE 6/7 911/7 964/7 777/7
NE
A. Abulloul !
DU Oued Seb
ra
el
309/11 480
gz
308/11
SEB
Ze
RA
N E A. Arroz !
Oued S S E
S N A
BARRAGE NA
L 307/11 !
CA Ras Fourhal
Hassi - Berkane
N I Taforalt
B E
Talezzert
E
S
RT
EL
GUERRUAOU H
MO
NN
A
TU
Y
TE
Bou Houria
U
TE
HIO
Mt HOMADI MA
U-
BO 460
U
O I
B
BEN
Mt KLILA
Retenue
I
N
E
B
El Aioun
700
720
760
780
800
F IG . 134 — Schéma hydrogéologique de la chaîne des Beni-Bou-Yahi — Beni-Snassène et schéma de l'aménagement hydraulique de la Basse-Moulouya
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﻐﺮاﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
CLIMATOLOGIE
Les données météorologiques sont très incomplètes viennent en juin. Mais en réalité seuls cinq mois par
car les relevés n'ont été effectués que très irréguliè- an sont vraiment humides ; ce sont les mois de dé-
rement. Cinq stations sont implantées dans la région cembre à avril. Le nombre de jours de pluie par an
des Beni-Bou-Yahi — Beni-Snassène. est faible : 40 à 50 et pour rarement plus de trois
journées consécutives ; il s'agit surtout d'orages
Les précipitations sont très irrégulières et il n'exis- courts et violents. Il s'ensuit que l'eau n'a pas le
te pas d'année moyenne mais plutôt une succession temps de pénétrer dans le sol ; il se produit un ruis-
d'années sèches et d'années humides. A Taforalt par sellement en nappe qui se concentre par la suite en
exemple il est tombé 227 mm d'eau en 1960-61 et quelques ravineaux dont les débits habituellement
796 mm en 1962-63. Cette irrégularité, caractéristique nuls se révèlent alors considérables. Ce régime en-
des climats méditerranéens, est particulièrement ac- traîne une perte d'eau très importante par évapora-
cusée dans cette région à cause du relief assez marqué tion et ruissellement. Il n'a pas été effectué de me-
qui accentue l'influence d'une faible variation de la sures précises à ce sujet dans cette région.
direction des vents pluvieux.
La hauteur moyenne des pluies annuelles est Les températures sont beaucoup plus constantes
assez forte, surtout à l'E du massif, les résultats de d'une année à l'autre que les précipitations. Dans
la période 1933-63 sont groupés sur le tableau sui- les parties élevées du massif (Ras-Fourhal) les gelées
vant (fig. 135). ne sont pas rares et 5 à 10 chutes de neige se pro-
duisent chaque année. Peu de mesures ont été faites
La répartition des pluies au cours de l'année est concernant la température, quelques résultats exis-
assez homogène dans la région ; les premières pluies tent en 2 stations mais couvrent des périodes d'ob-
tombent à la fin de septembre alors que les dernières servation différentes et toutes deux très courtes :
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ORIENTAL 33 - CHAINES DES BENI BOU YAHI ET BENI SNASSENE
Fig. 135
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﻐﺮاﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
HYDROLOGIE
Les Beni-Bou-Yahi et les Beni-Snassène sont drai- est de 520 km et son bassin versant de 53 000 km2 à
nés pour leur plus grande partie par l'oued Moulou- l'embouchure. Le module est évalué à 41 m 3/s à
ya et ses affluents. L'extrémité orientale est drainée Mechra-Homadi (85 m3/s en avril et 7,4 m3/s en août,
par l'oued Kiss et des bassins fermés existent au S mois d'étiage).
des Beni-Snassène (cuvette de Bou-Houria) et à l'W
(Guerrouaou). Le tableau ci-dessous donne les caractéristiques
des principaux affluents de la rive droite de la Mou-
La Moulouya traverse la barrière des Beni-Snas- louya qui intéressent les Beni-Snassène ; les rensei-
sène par des gorges étroites et profondes entre gnements sont inexistants sur les oueds de la rive
Mechra-Klila et Mechra-Homadi ; sa longueur totale gauche qui en général ne sont pas pérennes.
L'oued Kiss a un faible débit (70 à 120 1/s) ; sa son débit pérenne ne semble pas dépasser 100 1/s
pente est de 1 % et sa longueur de 26 km ; les crues avec une variabilité assez élevée. L'oued Regada
sont rares. L'oued Cherraa draine trois vallées des draine 82 km2 au N des Beni-Snassène ; ses crues
Beni-Snassène (Zegzel, Ouartass et Beni-Ouklane) ; sont considérables ; il est intermittent.
HYDROGEOLOGIE
Les Beni-Snassène occidentaux
Cette région est beaucoup plus intéressante du écoulement vers le N, sur le flanc nord du massif.
point de vue hydrogéologique que la partie occiden- Cette nappe n'a. que peu d'exutoires en surface et
tale du massif. Des grottes sont les témoins d'une aucune émergence importante au-dessus de la cote
circulation karstique qui fut autrefois très impor- où elle est mise en charge par les terrains impermé-
tante : gorges du Zegzel par exemple avec la source ables de couverture (Dogger et Callovo-Oxfordien).
de la grotte du chameau (Aïn Bourbah). L'Aïn Aoullout a pris naissance grâce à la cassure
provoquée par une faille importante ; son débit varie
La pluviosité de ce secteur (de l'ordre de 550 mm) entre 15 et 100 1/s. L'Aïn Regada, source intermittente,
ainsi qu'un coefficient d'infiltration probablement éle- est liée à un système compliqué de syphons. L'Ain
vé dans les calcaires et dolomies du Lias ont pour Arhbal est située à la cote 300 au S d'Ahfir ; son débit
conséquence l'existence d'une nappe en charge, avec est de 30 à 50 1/s.
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﻐﺮاﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
Les sources de l'oued Riss, situées à la cote 235 de 4 878 mètres ; six d'entre eux se sont révélés arté-
ont un débit moyen de 15 1/s ; elles sont captées pour siens avec un débit maximum variant de 0,5 1/s (IRE
l'alimentation de la ville d'Ahfir. 1 122/7J à 54 1/s (1279/7). Le tableau ci-après ras-
Douze forages de reconnaissance ont été effectués semble les principales données concernant les forages
dans cette nappe pour une longueur cumulée totale exploités :
Les eaux de la nappe des Beni-Snassène occiden- chloruré sodique (308/11) ou sont sans prédominance
taux sont de qualité chimique passable à impotable nette de cations ou d'anions (313/11).
pour la consommation humaine ; elles ont un faciès
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﻐﺮاﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
Les eaux d'origine liasique de la nappe des Beni- Ces eaux sont très douces et peuvent générale -
Snassène orientaux montrent un faciès bicarbonaté ment être consommées directement par l'homme.
calcique.
Nappe des
Beni-Snassène orientaux
Date Teneur en mg/1 R.S.
N° IRE de prélè-
vement Ca Mg K+Na Cl SO4 CO3H à 180°
C
Source Aïn Kiss 23-4-57 125,0 51,0 216,0 418,0 112,0 156,0 1 120 1
696/7 29-1-67 152,0 230,5 276,0 550,0 197,0 329,5 800
Source Aïn Arhbal août 50 86,0 36,5 8,0 21,5 18,5 201,0 314
817/7 23-4-57 71,0 31,0 9,0 7,0 19,0 176,0 320
Source Aïn Regada mars 50 69,5 62,0 43,0 95,5 113,5 163,5 600
812/7 23-7-65 44,0 41,5 42,0 71,0 134,5 323,5 498
Forage d'alimenta- 18-3-63 84,0 34,0 61,5 106,5 105,5 323,5 ' 600
tion de Berkane 6/7 28-4-65 48,0 41,5 106,5 195,5 48,0 311,0 648
Les calcaires liasiques affleurent sur environ Actuellement les sources sont utilisées pour ali-
220 km2 et reçoivent une hauteur moyenne annuelle menter des douars et irriguer de petits périmètres
de 550 mm de pluie. Ces calcaires sont très permé- situés au piémont du massif. Les forages servent pour
ables, la valeur du coefficient d'infiltration doit être
de l'ordre de 30 % ce qui chiffre la quantité d'eau l'alimentation du centre de Berkane (25 1/s du 6/7
infiltrée autour de 36.106 m3/an ou 1 m3/s fictifs conti- IRE), en points d'eau publics et alimentation des
nus. Le débit total des sources d'origine liasique est douars (40 1/s du 1279/7 et 8 1/s du 777/7), bains
estimé à 350 1/s pour le seul flanc nord et le débit publics (1,5 1/s du 1 268) et irrigation (45 1/s du
total artésien des forages mis en exploitation est au
1274/7).
maximum de 120 1/s.
Dans les gorges de la Moulouya se situent deux Sur la rive gauche une galerie tête-morte calibrée
barrages construits pour permettre l'irrigation des pour 17 m3/s est en cours d'aménagement et conduira
plaines de la Basse-Moulouya. les eaux dans la plaine du Sebra, où le canal principal
du Sebra est achevé depuis 1964 sur 16 km et doit
• A l'amont des gorges, le barrage réservoir de être prolongé sur 14 km.
type poids arqué de Mechra-Klila a une hauteur de
64 m, une longueur en crête de 305 m et une capacité Un tunnel de 10,3 km terminé en 1967, permet de
de retenue totale de 730 millions de m 3 à la cote faire passer 12 m 3 /s dans la plaine du Bou-Areg
218,00 dont 535 millions de m3 pour la retenue utile. depuis le canal principal du Sebra. Une chute de
La construction, commencée en 1960, a été interrom- 66 m est en cours d'équipement avec une usine hy-
droélectrique d'une puissance de 6,8 mégawatts et
pue en mai 1963 par une crue exceptionnelle de la
un barrage de compensation d'où partiraient les deux
Moulouya (6 075 m3/s au niveau du barrage), qui a
canaux principaux E et W du Bou-Areg. Enfin il est
entraîné le glissement du terrain d'ancrage de la rive prévu une station de refoulement sur le canal du
droite et détruit la presque totalité des installations Sebra pour irriguer la plaine du Gareb, l'eau passera
du chantier. par un canal d'amenée puis par un tunnel de 3,8 km
pour atteindre le canal principal ; il est également
Les travaux ont repris en 1965 et l'ouvrage a été
prévu un canal super haut-service alimenté à partir
achevé durant l'été 1967. Une usine hydroélectrique
du canal principal. La superficie maximum irrigable
d'une puissance de 23 mégawatts a été installée au sur la rive gauche est de 30 500 ha.
pied du barrage, sa production annuelle moyenne
est de 85.106 kwh. La régularisation de l'oued Moulouya permettra,
au terme de l'aménagement, l'irrigation de 70 000 ha,
• A la sortie des gorges, le barrage poids de la production de 80 à 90 millions de kwh d'électricité
Mechra-Homadi a une hauteur de 56 m et une lon- par an et éventuellement l'alimentation en eau de
gueur en crête de 215 m, pour une capacité de retenue centres urbains et d'usines (en particulier dans la
de 42 millions de m3. Les travaux ont débuté en 1950 région de Nador).
et ont été achevés en juin 1956 ; le chantier a égale-
ment été partiellement détruit par une crue en septem- Les besoins totaux en eau sont évalués à 806 mil-
bre 1951. Ce barrage sert à la dérivation des eaux lions de m3 par an au départ de la retenue de Mechra-
dans deux canaux principaux rive droite et rive Homadi ; le rendement global des réseaux est pris
gauche. Sur la rive droite de la Moulouya, une gale- égal à 0,633. Le débit de pointe maximum des équipe-
rie tête-morte puis un canal principal bas-service ments est de 36 m3 /s correspondant aux besoins du
dit canal des Triffa, sont réalisés et mis en eau sur mois d'août.
75 km depuis 1963 ; le débit en tête est fixé à 18 m3/s ; ce
canal sera prolongé vers le N et complété par un canal Le débit moyen interannuel de la Moulouya à
haut-service. La superficie maximum irrigable est de l'entrée de la retenue de Mechra -Ho madi est de
40 000 ha sur la rive droite ; 10 000 ha utilisent 1 040.106 m3, l'évaporation à partir des 5 000 ha de la
actuellement l'eau de la Moulouya et 6 000 ha sont retenue est d'environ 74.10 6 m3/an, la consommation
complètement équipés. totale pour l'aménagement de la Basse-Moulouya est
ﻣﺠﻠﺔ ﺟﻐﺮاﻓﯿﺔ اﻟﻤﻐﺮب
égale à 806 + 74 = 880.106 m3/an. Les variations mesurée sur l'eau du canal principal est comprise
interannuelles du débit sont importantes, le débit entre 1,2 et 1,5 millimhos/cm à 25° C et le « Sodium
minimum annuel est de 400.106 m3 alors que le débit Adsorption-Ratio » varie de 1,8 à 2,3. La classe C3
maximum annuel atteint 2 390.106 m3. indique une eau fortement salée, pouvant provoquer
La composition chimique de l'eau d'irrigation a une salinisation assez rapide des sols et limitant les
été étudiée par des prélèvements d'échantillons dans rendements des plantes sensibles aux sels et la caté-
le canal principal des Triffa. Le résidu sec à 180° C gorie S1 indique une eau peu alcalinisante ne pou-
varie de 0,7 à 1,2 g/1 mais se stabilise autour de 1 g/1 vant amener plus de 12 % de sodium sur le complexe
depuis la mise en eau du barrage de Mechra-Klila : adsorbant des sols ; ces normes sont un peu trop
l'eau a un faciès sans prédominance nette de cations sévères pour les pays à climat semi -aride tel le
ou d'anions. La qualité de l'eau pour l'irrigation, Maroc.
d'après le quotient de sodium de Greene, est bonne ;
ce quotient est égal à 30 ou 31. D'après les normes Le total de l'aménagement représente un investis-
de « U.S. Salinity Laboratory » cette eau se classe sement de l'ordre de 500 millions de dirhams dont
dans la catégorie C3 S1 ; la conductivité électrique 73 millions pour le barrage de Mechra-Klila.
R E F E R E N C E S
CARLIER Ph. (1965) : Rapport sur l'exécution de trois fora- Sciences de Nancy, inéd. MTPC/DH/DRE.
ges de reconnaissance dans les secteurs de Mahjouba MUNITION L. (1958) : Etude géologique de la région de
et Aklim (plaine des Triffa). Rapp. inéd. MTPC/DH/ Mechra-Klila (Basse-Moulouya). (Application à l'étude
DRE, 6 pp., 6 fig., 1 carte. d'un projet de barrage). Notes & M. Serv. géol. Maroc,
n° 140, 96 pp., 16 fig., 11 pl. de phot, 5 pl. h.t, bibl.
CARLIER Ph. (1967) : Rapport sur l'exécution de deux fora-
ges au sud de Berkane. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, M UNITION L. (1962) : Les formations liasiques des monts
6 pp., 3 fig. des Beni-Snassène (Maroc oriental). B. Soc. géol. Fr,
T sér., tome 4, n° 1, pp. 102-108, 4 fig. (8 coupes) bibl.
CARLIER Ph. (1967) : Barrage de Mechra-Klila : Absorp-
tions des sondages d'injections. Rapp. inéd. MTPC/ MORTIER F. (1959) : Projet de barrage de retenue à Mechra-
DH/DRE. Klila ; étude géologique. Rapp. gén. sur l'aménagement
hydraulique de la Basse-Moulouya. Rapp. inéd. MTPC/
GENETIER B. (1963) : Rapport d'essai de débit à Aïn Rega- DH/DRE, 20 pp.
da. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, 6 pp., 8 fig. STRETTA E. (1950) : Hydrogéologie du flanc nord des Beni-
D EREKOY A.M. (1965) : La nappe ascendante du Lias du Snassène en amont de Berkane. Notes Serv. géol. Ma-
flanc nord des Beni-Snassène. 2 me thèse, Faculté des roc, t. 2, n° 74, pp. 213-221, 1 fig.
301
I. 34
par
Philippe CARLIER
La plaine des Triffa est limitée par le massif des moyenne de 75 habitants au km 2 mais la répartition
Beni-Snassène au Sud, la ride des Ouled-Mansour au de population est très irrégulière et correspond au
Nord, l'oued Kiss à l'Est et l'oued Moulouya à l'Ouest niveau de mise en valeur des divers secteurs de la
Le centre de cette plaine est très mal drainé naturel- région. Au lotissement de Madarh, la densité atteint
lement si bien que la zone de Madarh était encore 600 habitants au km2, les secteurs de Bou-Griba, Sli-
marécageuse avant 1933, c'est-à-dire avant le début mania et Ahfir, dépassent 100 habitants au km 2. Les
des aménagements. Les sols sont fertiles et ont per- 3/4 de la population sont composés de ruraux vivant
mis le développement d'une agriculture riche et mo- dans des douars qui groupent chacun une centaine
derne. Du point de vue géomorphologique, cette de foyers. Les douars anciens sont établis au pied de
plaine se présente sous forme d'un cône de déjection la montagne où existent des sources. L'habitat dispersé
très large et très aplati depuis le piémont des Beni- se rencontre en plaine dans les zones récemment
Snassène. A l'Ouest de l'oued Cherraa, la zone de mises en valeur. Cette population est entièrement
Bou-Griba a des sols peu épais qui surmontent une sédentaire.
puissante dalle de calcaire moulouyen (Quaternaire
ancien) ; cette région est couverte par un glacis, La plaine des Triffa comprend trois agglomérations
coiffé d'une croûte, l'ensemble étant découpé par urbaines : Berkane, chef-lieu du Cercle, important
des vallées profondes et étroites. marché agricole et centre commercial ; Ahfir, ville
frontière et centre commercial et Saïdia station bal-
Au Nord, la plaine côtière de Saïdia se développe néaire.
entre la Méditerranée et les falaises des Ouled-Man- Le développement du périmètre irrigué a entraîné
sour. La présence conjointe d'une nappe phréatique un afflux de population en provenance des régions
salée et pauvre, et de sols argileux salés, rend diffi- sèches voisines et particulièrement des montagnes des
cile la mise en valeur de cette plaine. Une belle Beni-Snassène. En tenant compte de l'accroissement
plage de sable fin longue de 11 km a permis le déve- de la population au taux de 3 % par an, le nouveau
loppement de la station balnéaire de Saïdia. revenu par habitant serait au terme de l'aménage-
ment (1982) de 810 Dh par an, soit le double du
La plaine des Triffa comprend 5 communes rura-
niveau actuel.
les (Aïn-Regada, Aklim, Arhbal, Madarh et Zegzel)
et 3 centres autonomes (Ahfir, Berkane et Saïdia) qui La plaine des Triffa forme une vaste dépression
totalisaient 111 748 habitants au recensement de 1960 ; synclinale remplie de sédiments néogènes et qua-
avec un taux d'accroissement d'environ 3 % par an, ternaires. Les bordures de cette plaine sont au Nord-
la population actuelle (décembre 1967) doit dépasser Ouest et à l'Ouest, la chaîne des Kebdana qui se pré-
130 000 habitants dont 35 000 pour le centre de Ber- sente comme une ride anticlinale complexe, fortement
kane. La densité de la population rurale est en plissée, accidentée et déversée au Sud ; l'autochtone
780
760
_
Plio - Quaternaire Faille
Forages et piézomètres
Crétacé Cap d'eau
Malm ou Dogger
Jurassique
Lias
E
Unité des Senhadja 30 1001
AN
35 1149
40
BD
45 MA
KE
Diorites et microdiorites NS
A
OU
R
Hj
500
L
Od
500 0 2 4 6 8 10 km
G
50
AL
E
IS
L
EL
HR
75
UD
R
25
UK
BO Ou
I
BO
ed
E
A
D
85
A
ada
UL
N 1270 Rég
O
d'Aïn 95
A A. Zerga 1010
ture A. Marja 1018 1017 Café Maure Ki
ss
Cola Madarh
D
KHEN
1009
Oue
1122
B
OUSS
A. Beida 160
TU
d
E 17080
NN
1 90
AL
EL
A
1029 1
a
K IP
uy
C FA 0 972
TRIF
lo
Ras el Ma IN 10
ou
370 PR
M
Ou 997 J. D
RAA
Ahfir
ed 708
Ar
SM
Che DES 150 IMO 200
hb
rraa UN
120130 40
al
110 1
A. Regada
50 55 PL
AINE 80 90
Zaio ed 60 65
812
J. AMJER
Ou 70
860
75 Berkane 25
0
Saf - Saf LIM
AK
Ou
BOU -GRIBA
ed
RA
CA
Sebra SEB
NA
480
L
DU 307 CANAL
NE
PLAI 100
N
E
150
E
PR
IN
S
CI
S
PA
A
L
A. Almaa !
N
S
IA
UAH I
CHO E
N Berkane
B
760
780
F IG . 136 — Schéma géologique et hydrogéologique des plaines des Triffa — Sebra
PLAINE DES TRIFFA 303
de cet avant-pays atlasique supporte des éléments vertes accompagnées de grès calcarifères jaunes ou
charriés d'affinité rifaine ; la série stratigraphique bruns et enfin de conglomérats à galets arrondis et
comprend essentiellement du Jurassique recouvert en ciment tendre, gréseux ou crayeux.
discordance par la transgression du Miocène anté-
Le Villafranchien comprend des calcaires, des
nappe que surmonte une série charriée comprenant
calcaires marneux et des marnes lacustres (Ahfir, Aïn-
du Primaire, du Trias et du Lias. Le bombement anti-
Regada, Ras-el-Ma, Nord de la flexure d'Hassi-Smia).
clinal du massif des Beni-Snassène constitue la bor-
L'épaisseur de ces formations est mal connue ; des
dure sud ; ce massif comprend des terrains primaires
forages en o nt traver sé 8 5 m (1270/7) et 115 m
qui affleurent dans la partie la plus élevée, auxquels
(1 122/7). Parfois des limons rouges encroûtés et re-
succèdent le Trias et le Lias qui forment tout autour
couverts d'une dalle de 3 m d'épaisseur surmontent
une auréole bordée en outre de plis qui compliquent
le Pliocène et peuvent être attribués à cet étage,
sa structure. Au nord, la ride anticlinale des Ouled-
ainsi que certains petits massifs de travertins qui
Mansour est formée de Pliocène.
apparaissent dans la plaine des Triffa, à l'Ouest d'Ah-
Les affleurements de Miocène anté-nappe existent fir, à Ras-el-Ma et Aïn-Zerga en bordure de la Mou-
au Sud d'Ahfir, sous les croûtes et travertins, et pré- louya.
sentent des bancs de conglomérats à ciment gréseux ; Le Salétien est essentiellement caillouteux : cail-
le long de l'oued Arhbal, ces conglomérats contien- loutis du cône de déjection adossé aux Beni-Snassène
nent de gros éléments dé calcaires jurassiques liés et terrasses caillouteuses de l'oued Cherraa.
par un ciment gréso-calcaire ; sur les buttes témoins
du Jurassique supérieur entre Berkane et Saf-Saf se L'Amirien et le Tennsiftien sont représentés par
trouvent quelques petits affleurements démantelés de des limons rouges, argileux, à granules blancs de
la même formation. calcaire pulvérulent. Des croûtes feuilletées et nodu-
leuses se forment sur les apports tennsiftiens.
Le Miocène post-nappe (Miocène supérieur) est
représenté par des marnes gréseuses dures et des Le Soltanien est caractérisé par des limons rouges
calcaires marneux verdâtres, épais de 50 mètres au qui recouvrent l'ensemble des dépôts précédents.
Nord de l'affleurement liasique de l'oued Kiss. Au- Le Rharbien comprend des alluvions fines sablon-
dessus se trouvent des calcaires rubanés siliceux et neuses, non encroûtées, de couleur gris rosé.
des marnes vertes à gypses, puis des calcaires mar-
neux en plaquettes. Au Sud de l'affleurement liasique La plaine côtière de Saïdia est un véritable delta
du Kiss apparaissent successivement des faciès lagu- de la Moulouya, ne remontant guère au-delà du
naires, lacustres et littoraux, puis des marnes grises Quaternaire supérieur. Par contre dans la série qua-
micacées à huîtres surmontées de calcaires siliceux ternaire des Ouled-Mansour, il a été observé des
rubanés. La présence de tufs micacés est caractéris- limons roses soltaniens. Il existe au pied de la fa-
tique du Miocène supérieur. laise dominant la plaine côtière, des sables marins
rharbiens sous 1 mètre de limons. Une faune actuelle
Le Pliocène n'est jamais très bien différencié du y a été découverte. Il n'y a pas trace d'encroûtement
Miocène sous-jacent et du Villafranchien qui le sur- de ces dépôts. L'altitude maximale de l'horizon marin
monte ; il apparaît dans les Ouled-Mansour sous est de + 3 m. La falaise a donc été sculptée par une
forme de marnes bleues ou verdâtres contenant des mer du Quaternaire récent, dont le niveau moyen
faunes abondantes vers le sommet, puis des marnes était à peine supérieur au niveau actuel.
CLIMATOLOGIE
Les précipitations dans les Triffa sont essentielle- Les maxima d'intensité de pluie relevés en 24
ment irrégulières. Cette irrégularité se manifeste dans heures sont de 132 mm à Ahfir, 194 mm à Aïn-Regada,
la quantité d'eau tombant d'une année à l'autre, dans 170 mm à Berkane et 141 mm à Madarh.
l'intensité des pluies et dans leurs variations dans Les pluies se répartissent au cours de l'année de
l'espace et le temps. façon assez homogène sur l'ensemble de la région :
les 3/4 de la pluie tombent entre décembre et avril
Les pluies diminuent de l'Est vers l'Ouest, du Sud alors que juillet et août sont presque totalement secs.
vers le Nord dans la plaine, alors qu'elles s'accrois- Le nombre de jours de pluie est faible, compris entre
sent dans la plaine côtière. 35 et 70 par an ; le plus souvent il s'agit d'orages
courts et violents.
Le tableau ci-dessous groupe les résultats de quel- Les températures sont beaucoup plus constantes
ques stations intéressant la plaine des Triffa (fig. 137). d'une année à l'autre que les précipitations. La tem-
304 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
CLIMATOLOGIE 1933-1963
MAROC ORIENTAL 34 - PLAINES DU ZEBRA ET DES
TRIFFA
FIG. 137
pérature moyenne annuelle est légèrement plus éle- quelquefois juillet. Les gelées sont assez fréquentes
vée au Sud de la plaine (Bou-Griba et Berkane) qu'en dans la cuvette de Madarh. Les moyennes annuelles
son centre (Madarh). Le mois le plus froid est janvier, sont indiquées dans le tableau ci-dessous qui com-
quelquefois février et le mois le plus chaud est août, plète la figure 137.
La plaine des Triffa a un climat de type semi - dans la zone aride, mésothermique, Zaïo étant à la
aride assez chaud en hiver au Sud, et un climat de limite du mégathermique. Malgré la différence de
type aride assez froid vers le Nord (Madarh) et vers mode de calcul de l'évapotranspiration réelle, les
l'Ouest (Bou-Griba). résultats obtenus par la méthode de Turc sont pres-
que identiques à ceux donnés par la méthode de
Les diagrammes ombrothermiques, qui permettent Thornthwaite. Toutes les stations indiquent un climat
d'effectuer une synthèse rapide des données pluvio- sec en été et des surplus très modérés ou nuls en
métriques et thermiques ont été établis pour les sta- hiver. Enfin l'influence modératrice de la mer sur
tions de Berkane et Zaïo. l'amplitude thermique est sensible : la concentration
estivale de l'efficacité thermique est faible. Toutefois
A Berkane la saison sèche va de mai à octobre,
la plaine du Sebra a une influence marine plus faible.
alors qu'elle s'étend de mai à novembre à Zaïo ; les
mois chauds (maxima journaliers moyens supérieurs En conclusion les traits caractéristiques du climat
à 30°) sont juillet et août à Berkane et s'étendent de la région sont :
entre juin et septembre à Zaïo.
• les valeurs élevées des températures,
La plaine du Sebra et la région de Bou-Griba sa • l'hygrométrie assez importante et variable,
placent dans l'étage aride ; dans la cuvette des Triffa
le climat est semi-aride à la limite de l'aride. • l'évapotranspiration élevée,
Les indices de Thornthwaite et l'évapotranspira- • l'irrégularité et le régime souvent orageux d'une
tion réelle selon Turc montrent que la région se situe pluviométrie assez faible.
HYDROLOGIE
OUED MOULOUYA Snassène » qui traite également de la composition
L'oued Moulouya est régularisé avant son entrée chimique de l'eau lâchée pour l'irrigation).
dans la plaine des Triffa par le barrage de retenue L'oued reçoit au cours d e son trajet en plai ne
de Mechra-Klila et par le barrage de dérivation de les apports du drainage de la nappe phréatique des
Mechra-Homadi (cf. chapitre « Beni-Bou-Yahi — Beni- Triffa par l'oued Cherraa et par la colature d'Aïn-
306 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Regada qui draine le secteur irrigué de Madarh. Les des lâchers effectués aux barrages. Quelques exem-
autres cours d'eau se jettant dans la Moulouya en ples de concentrations en sels totaux en divers em-
aval de Mechra-Homadi sont temporaires. placements répartis d'amont en aval figurent ci-des-
La composition chimique de l'eau de l'oued dans sous :
cette partie de son cours est très variable et dépend
Le faciès de l'eau est sans prédominance nette Le tableau ci-dessous résume les caractéristiques
d'anions ou de cations pour les teneurs en sels les hydrologiques des principaux oueds ou bassins de la
plus faibles inférieures à 1,5 g/1 et prend le type plaine des Triffa :
chloruré sodique lorsque la salinité augmente.
rouges superficiels se sont déposés surtout dans les gorges du Zegzel, Ouartass et Beni-Ouaklane. Mais
fonds de thalwegs étroits et la croûte apparaît à nu c'est surtout l'oued Zegzel qui lui assure une certaine
en de nombreux points sur les plateaux. pérennité, grâce à des sources d'origine liasique.
La Basse-Moulouya reçoit en rive droite un cer- Après avoir reçu son affluent, l'oued Beni-Ouklane
tain nombre de cours d'eau pérennes qui seront dé- près de Berkane, l'oued Gherraa coule sur un trajet
crits brièvement ci-dessous. Tous ces cours d'eau rectiligne de 12 km — distance la plus courte entre
sans exception doivent leur pérennité à leur alimen- la Moulouya et Berkane — pour rejoindre la Mou-
tation par des sources liées à la nappe profonde du louya. A l'aval de Berkane, sur un parcours de 4 km
Lias, dont l'étude est présentée par ailleurs. environ, il alimente la nappe phréatique, puis au-delà
de ce tronçon, il draine la nappe jusqu'à la Mou-
OUED KISS louya (fig. 136).
L'oued Kiss forme la limite orientale du périmètre On dispose de peu de mesures de débit sur cet
de la Basse-Moulouya et constitue la frontière avec oued ; le débit pérenne ne semble pas dépasser
l'Algérie. Son débit est faible ; le débit moyen an- 100 1/s. Evidemment la variabilité du débit est assez
nuel serait de 70 à 120 1/s. Entre Ahfir et la mer, élevée suivant les différentes périodes de l'année.
l'oued draine la nappe des Triffa et l'on note plu-
sieurs petites sources dans son lit. Son débit sert à OUED ARBHAL
irriguer une étroite bande alluviale de 690 ha (430 L'oued Arbhal tire son nom de la source qui lui
sur la rive marocaine, 260 sur la rive algérienne) le donne naissance (l'Aïn Arbhal) et qui est liée à la
long de son cours. De petits barrages de fortune, 17 nappe profonde du Lias ; l'oued constitue le confluent
en tout, pourvoient à l'alimentation des Séguias. Sa des oueds Bou-Ahfier et Charaf, qui ni l'un ni l'autre
pente est de 1 % environ et sa longueur de 26 km ne sont pérennes. Comme tous les cours d'eau —
pour un trajet en ligne droite de 19 km. pérennes ou non — du flanc nord des Beni-Snassène,
Deux problèmes morphologiques se posent au su- son débit est utilisé au mieux pour irriguer les étroi-
jet de cet oued : celui de sa cluse à travers les cal- tes terrasses fertiles de la vallée. Après la sortie de la
caires du « horst du Kiss », et celui de son cours vallée, l'oued Arbhal traverse une partie de la plaine
ancien vers la Moulouya. Déjà en 1911 L. Gentil, des Triffa au Sud-Ouest d'Ahfir, sur un trajet de
constatant que « par un détour de 4 à 500 mètres vers 5 km environ, avant de rejoindre l'oued Kiss ; en
l'Ouest, l'oued aurait pu éviter cette roche dure qui étiage l'oued est pratiquement à sec au cours de son
faisait obstacle au creusement de son lit », considérait trajet en plaine, le débit entier étant consommé par
cette gorge du Kiss comme un bel exemple de vallée les irrigations d'amont.
surimposée. On doit d'ailleurs noter le changement
OUED REGADA
de direction de la vallée du Kiss lorsque l'oued s'en-
gage dans les gorges. J. Savornin, dès 1930, émettait L'oued Regada est le plus redoutable du flanc nord
l'hypothèse d'un écoulement du Kiss vers la Moulou- des Beni-Snassène, avec ses crues dévastatrices, ali-
ya au Quaternaire ancien ; la présence de galets mentées par un bassin versant de 82 km 2 . Il n'est
d'andésites rencontrés au niveau du Quaternaire an- pas pérenne en tant qu'oued lié à un bassin versant,
cien dans certains points de la région du lieu-dit mais plutôt intermittent puisqu'il est alimenté, à sa
« Café-Maure » tend à confirmer cette hypothèse. descente des vallées, par la source intermittente d'ori-
Les crues de l'oued Kiss, assez rares, ont causé en gine liasique d'Aïn Regada, d'où il tire son nom.
mai 1964 des inondations catastrophiques dans la Son lit est prolongé artificiellement dans la plaine
plaine. par la colature d'Aïn-Regada, à partir de la traversée
du canal principal vers le lieu-dit « Café-Maure ».
OUED CHERRAA Après Café-Maure, la colature traverse d'Est en Ouest
L'oued Cherraa draine trois vallées étroites et pro- la zone de Madarh et rejoint le ravin naturel de
fondes dans les Beni-Snassène en amont de Berkane : Merja qui descend à la Moulouya.
HYDROGEOLOGIE
La nappe phréatique
MER
Cap de l'eau
MEDIT
ERRAN
EE
a
ad M
an
ans
bd
Profondeur inférieure à 5 m our
10
Ke
500
20
ya
lou
O.
" comprise entre 5 et 10 m Mo
u ALGERIE
10
20
20
10
" sipérieure à 10 m
10
20O
20 ue
Café Maure d
Madarh
30
Khen Kis
s
nous 10
sa 10
20
30
40
40
50 50
10
Ou 10 40 Ahfir
ed 60
d
J. Draa
Oue
Si Mimo
Chera
a
une
10
20
20
30
Berkane 20
10
10 5
lim
Saf-Saf 10
10
Ak
20
480
N E
30 S S E
S N A
20
30
N I
40
B E
760
780
800
Fig.138 — Plaine des Triffa. Profondeur de la nappe phréatique en novembre 1966. Isobathes sous la surface du
sol en mètres
Ouest de l'oued Gherraa, la base imperméable est for- faible en aval du confluent de l'oued Cherraa, la
mée par les marnes du Jurassique supérieur et valeur moyenne de T sur 8 essais est 5,1.10-4 m2 /s ;
moyen ; l'aquifère est constitué par le Quaternaire le débit atteignant la Moulouya doit être inférieur
et les grès calcaires du Jurassique supérieur. à 100 1/s pour un front de nappe de 15 km et une
pente de 1 %. Par contre en amont du confluent les
L'étude des caractéristiques hydrauliques de la calcaires jurassiques sont fracturés et ont un coeffi-
nappe phréatique a été effectuée par des essais de cient d'emmagasinement élevé (un essai à 80 1/s sur 3e
débit réalisés sur 72 forages et puits entre 1958 et puits d'Aklim n'a donné aucun rabattement) ; l'écou-
1965. Ces mesures ont permis de définir deux zones lement vers la Moulouya doit être important sans
de transmissivité au centre de la plaine ; au Nord, qu'il soif possible actuellement de le déterminer avec
la valeur moyenne de T sur 19 essais est 1,6.10-2 m2/s précision.
et au Sud, la valeur moyenne de T sur 23 essais est
5,5.10-2 m2/s. Les valeurs extrêmes de T varient entre Les courbes isopiézométriques (fig. 136) ont été tra-
1,8.10-1 et 3.10-5 m2/s. Les terrains quaternaires ont une cées d'après les mesures du niveau de nappe obtenue
meilleure perméabilité que les calcaires lacustres dans 155 puits et piézomètres en février 1966. La direc-
marneux et peu fissurés du Villafranchien situés au- tion générale d'écoulement est Sud-Nord puis SE-NW.
dessous, ce qui a pour conséquence une transmissi- La pente de la surface piézométrique est de 2 à 2,5 %
vité plus élevée lorsque le niveau de la nappe monte en amont et devient très faible au centre de la plaine
et baigne ces formations de bonne perméabilité. (0,2 à 0,3 %) pour augmenter vers le Nord ou le
L'écoulement de la nappe vers la Moulouya est très Nord-Ouest où elle prend une valeur moyenne de
PLAINE DES TRIFFA 309
1 %. Ces variations de pente correspondent à des ment après l'étiage de 1966. La profondeur de la sur-
différences de transmissivité des terrains aquifères : face piézométrique est comprise entre 1 mètre au
au piémont des Beni-Snassène la circulation de l'eau centre du secteur de Madarh et 70 mètres près de
est difficile à cause de la faible perméabilité des grès Berkane ; elle est généralement à moins de 30 mètres
à intercalations marneuses du Jurassique supérieur ; de profondeur, ne dépasse 50 mètres que dans un
au centre de la plaine, l'eau s'accumule derrière la étroit secteur au Nord-Est de Berkane et remonte à
flexure d'Hassi-Smia qui forme barrière et gêne le moins de 10 mètres dans la zone de Madarh — Café-
drainage vers l'aval ; au Nord la pente augmente Maure et dans de petits secteurs à l'Ouest des Ouled-
car la nappe circule dans les terrains peu perméables Mansour, au Sud du jbel Draa-Sidi-Mimoun et à
du Villafranchien. Entre Bou-Griba et Aklim à l'Ouest l'Ouest de Berkane.
de la plaine, les calcaires du Jurassique supérieur
présentent une zone de bonne perméabilité mise en L'épaisseur de la nappe est mal connue en raison
évidence par l'écartement des courbes isopièzes. des imprécisions concernant la profondeur du sub-
L'oued Kiss draine une faible surface de la nappe, stratum imperméable. Il est probable qu'au centre de
de 15 à 20 km2 et l'oued Cherraa alimente la nappe la plaine la nappe a au moins 100 mètres d'épaisseur
sur 3 à 4 km de son cours en aval de Berkane sur la contre seulement 5 à 20 mètres au Nord et à l'Ouest.
rive droite, alors qu'il la draine sur le reste du trajet. Les graphiques des variations du niveau piézomé-
Les courbes isobathes de la nappe (fig. 138) ont trique montrent les fluctuations des puits témoins ou
été tracées d'après les relevés de novembre 1966, piézomètres implantés dans différents secteurs de la
époque où le niveau de la nappe remontait légère- plaine (fig. 139 et 140) ; des mesures y sont effectuées
300 300
200 200
100 100
mm
mm
0 0
m
m
1001/7
4 4
1018/7
1009/7
8 8
12 12
16 16
1017/7
20 20
1010/7
24 24
28 28
307/7
32 32
1029/7
36 36
40 40
J F MA MJ J A S O N D J F MA MJ J A S O N D J F MA M J J A S O N D J F MA M J J A S O N D J F MA MJ J A S O N D J F MA MJ J A S O N D
1956 1957 1958 1959 1960 1961
F IG. 139 — Fluctuations piézométriques de la nappe phréatique de la plaine des Triffa entre 1956 et 1961. La
profondeur de l'eau est exprimée en mètres sous la surface du sol. Le graphique pluviométrique situé
en haut de la, figure correspond à la station de Berkane
310 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
300 300
200 200
100 100
mm
mm
0 0
m
m
1018/7
1001/7
4 4
1009/7
8 8
1010/7
12 12
708/7
16 16
1017/7
20 20
708/7
24 24
307/11
28 28
32 32
1029/7
36 36
40 40
J F MA M J J A S O N D J F MA M J J A S O N D J F MA M J J A S O N D J F MA M J J A S O N D J F MA M J J A S O N D J F MA M J J A S O N D
1962 1963 1964 1965 1966 1967
F IG . 140 — Fluctuations piézométriques de la nappe de la plaine des Triffa entre 1962 et 1967 et pluviométrie à
la station de Berkane
régulièrement depuis 11 ans. Les quantités d'eau Pour le secteur irrigué de Madarh — Café-Maure
apportées par l'irrigation gravitaire depuis 1963 (piézomètre 1 018/7), il faut, en plus des facteurs énu-
s'ajoutent aux précipitations sur 20 % de la surface mérés ci-dessus, faire intervenir deux autres formes
de la nappe phréatique. Le graphique représente la d'apports d'eau à la nappe : l'infiltration d'une partie
résultante des divers phénomènes qui agissent sur des eaux d'irrigation (de l'ordre de 25 % du total)
les fluctuations de la nappe. Ces phénomènes qui et l'influence des mouvements de la nappe en amont.
varient avec les secteurs vont être analysés ci-des- L'amplitude annuelle des fluctuations piézométriques
sous. est très atténuée par rapport au secteur précédent et
reste comprise entre 0,75 m et 3,50 mètres ; cepen-
Le secteur compris entre le canal principal et les dant une remontée moyenne de 10 m a été enregis-
Beni-Snassène [708/7 et 1 029/7 sur les graphiques) trée sur ce secteur en 1962-63 et 1963-64 à cause des
n'est pas actuellement irrigué ; la surface de la nappe précipitations très fortes et de l'insuffisance du drai-
varie avec les infiltrations des eaux de pluie sur la nage aval. L'année 1965-66, très sèche, a vu s'amorcer
plaine et les infiltrations des eaux de ruissellement une nouvelle baisse de la nappe, baisse limitée à
provenant de la montagne. Il existe également une 1,50 m en moyenne à cause de l'apport des eaux
alimentation souterraine depuis la nappe profonde d'irrigation.
captive mais elle est difficile à mettre en évidence.
L'amplitude annuelle des fluctuations qui était de 1,5 Dans le secteur ouest de Madarh (piézomètre
mètre en 1961/1962 a atteint 13,50 mètres en 1963/ 1 009/7) non irrigué, intervient un nouveau facteur :
1964, l'influence d'une pluie se manifeste avec envi- les émergences de la nappe qui atténuent l'ampli-
ron 2 mois de retard. tude annuelle et facilitent le drainage. Les débits
PLAINE DES TRIFFA 311
maxima et minima mesurés pour les 4 sources princi- 1966. Les eaux dont la salinité est inférieure à 2 g/1,
pales sont 1 000 et 200 1/s au total (Aïn Beïda, Aïn maximum admissible pour l'irrigation et la consom-
Merja, Ras-el-Ma et Aïn Zerga). mation humaine, représentaient 54 % de l'étendue de
Le secteur à l'Ouest de l'oued Cherraa (piézomètre la nappe en 1963, 14 % en 1966 et 20 % en 1968
307/11) a vu depuis le début des irrigations en 1957 après amélioration du drainage. Cet accroissement de
et avec les fortes précipitations de 1962 à 1965 la la salinité des eaux est dû au développement des
nappe monter de 20 m ; la sécheresse de 1965-66 a irrigations et aux fortes pluies ayant entraîné une
entraînée une baisse de 3 mètres. Avant l'irrigation, remontée importante de la surface de la nappe s'ac-
l'amplitude annuelle des variations piézométriques compagnant d'une augmentation de la salinité par
ne dépassait guère 1 mètre dans ce secteur. dissolution et évaporation.
La nappe de la plaine côtière (piézomètre 1 001/7) Les eaux à salinité élevée (supérieure à 4 g/1) se
s'écoule vers la mer et subit l'influence prédominante rencontrent au Nord de la plaine en aval du secteur
des apports de la pluie. Les fluctuations annuelles de Madarh où le sel des eaux évaporées et prove-
sont faibles, inférieures à 1 mètre. nant du lessivage du terrain, s'accumule à l'aval de
La concentration des eaux de la nappe phréatique la zone irriguée. Ailleurs, au Nord de Berkane et
varie entre moins de 0,5 g/1 et plus de 11 g/1. En dans la région de Bou-Griba, la forte salinité a vrai-
1968 (fig. 141) 80 % des eaux de la nappe ont une semblablement pour origine une faible vitesse d'écou-
concentration en sel supérieure à 2 g/1 contre 46 % lement des eaux qui leur permet d'atteindre une
en 1963 et 86 % en 1966 ; 21 % ont une concentration concentration élevée dans un terrain qui est peu
supérieure à 4 g/1 contre 10 % en 1963 et 36 % en salifère.
M ER
Cap de l'eau
MEDIT
ERRAN
EE
3 Courbe isocône 3
4
Limite pratique de la nappe 2
Saïdia
O ul
a
ad
an
nso
bd
ur
Ke
500
ya 8
lou
O.
1
2
3
3
Ou 3
ed
2 Ahfir
d J. Draa
O ue 4 Chera Si Mim
oune
a 1
1 2
1
8
2
6 Berkane 6 3
4
6
lim
2
Saf-Saf 6
4
Ak
1
4
3
2
3
2
1
1 8
480
S E N E
S N A S
N I
B E
760
780
800
F IG . 141 — Plaine des Triffa. Isocônes de la nappe phréatique exprimées en résidu sec à 180° C. Les prélèvements ont
été effectués entre novembre 1967 et février 1968
312 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
60 % des eaux ont un faciès chloro-sulfaté cal- • de l'infiltration des eaux d'irrigation gravitaire.
cique et magnésien, 30 % un faciès chloruré sodique Avec un coefficient de 25 % (le volume d'eau distri
et 10 % sont sans prédominance nette d'anion ou de bué a été en moyenne de 60.10 6 m3 /an) on obtient
cation (fig. 142) ; il s'agit dans ce cas d'eaux assez 15 millions de m3/an pour l'alimentation de la nappe.
douces (résidu sec inférieur à 1,5 g/1). Les sorties de la nappe comportent :
BILAN THEORIQUE • l'évapotranspiration à partir des eaux d'irriga-
Un bilan théorique peut être tenté pour la partie tion par pompage sur 5 000 hectares avec un prélè
située au Nord de l'oued Gherraa ; la période consi- vement de 0,15 1/s/ha soit 24.10 6 m3 /an.
dérée va de septembre 1962 à août 1967, soit 5 années • les exutoires naturels : sources de Ras-el-Ma,
pendant lesquelles la pluviométrie moyenne a été de Aïn Merja, Aïn Beïda, drainage (par l'oued Kiss et
500 mm sur la plaine et de 700 mm sur le massif des par l'oued Cherraa) et artificiels (colature de Rega-
Beni-Snassène (pluviométrie supérieure à la moyenne da) ; leur débit moyen est d'environ 700 1/s ou
d'environ 30 %). 22.106 m3/an.
Les apports à la nappe proviennent : • le drainage par la Moulouya calculé suivant la
• de l'infiltration sur la plaine des précipitations ; formule Q = T.i.l. ; le débit est de l'ordre de 100 1/s
le coefficient d'infiltration sera pris égal à 10 %, car ou 3.106 m3/an.
trois années sur cinq sont très pluvieuses ; pour une • l'évaporation sur 1 500 hectares ou la nappe se
surface de 300 km2, le volume d'eau infiltré serait de trouve à moins de 5 mètres de profondeur ; le débit
15.106 m3/an. évaporé est estimé à 0,07 1/s/ha soit 3.10 6 m3 /an.
• de l'infiltration des eaux de ruissellement ve En conclusion, les apports s'élèveraient à 15.10 6
nant du massif des Beni-Snassène pour un bassin + 6.10 6 + 21.10 6 + 15.10 6 = 57.10 6 m3 /an et les
versant de 80 km 2 ; ce bassin étant très perméable, sorties à (24 + 22 + 3 + 3) 10 6 - 52.10 6 m3 /an. Le
seules les grosses pluies ruissellent en plaine si bien solde positif de ce bilan théorique s'élève à 5.10 6
qu'en moyenne le volume d'eau s'infiltrant dans la m 3 /an et rend compte de la remontée de la nappe
nappe phréatique est estimé à 10 % soit 6.10 6 m3 /an. entre 1962 et 1967 avec une amplitude de 2 à 11
• de l'alimentation par abouchement direct et par mètres selon les secteurs. La recherche du coefficient
drainance depuis la nappe ascendante du Lias sans S correspondant à un emmagasinement de 5.106 m3/an
laquelle la nappe des Triffa n'existerait vraisembla- pendant 5 ans pour une surface de 30 000 hectares et
blement pas de manière permanente. Les massifs cal- 6 mètres de remontée moyenne de la nappe, le vo-
caires très perméables peuvent contribuer à l'alimen- lume de terrain aquifère étant de 18.10 8 m3, donne S
tation de la nappe de la plaine grâce à un bassin de l'ordre de 1 % ; cette valeur est inférieure à celles
d'infiltration en montagne de 200 km2 où le coefficient mesurées effectivement à partir des essais de pom-
d'infiltration est pris égal à 30 % ; avec une pluvio- page (2 %) ; cependant cet essai de bilan doit être
métrie de 550 mm l'apport est de 36.106 m3/an. A ce considéré comme un ordre de grandeur, à cause des
volume il faut déduire le débit des sources d'origine incertitudes qui pèsent sur les valeurs du coefficient
liasique situées sur la bordure nord des Beni-Snas- d'infiltration, sur l'importance des eaux d'irrigation
sène et celui des forages, soit 470 1/s ou 15.106 m3/an ; gravitaire retournant à la nappe et sur la valeur de
il reste 21.10 6 m3/an pour alimenter la nappe phréa- l'évapotranspiration affectant la nappe lorsqu'elle est
tique des Triffa. peu profonde.
La nappe profonde
Cette nappe a été étudiée dans le chapitre « Béni- Bou-Yahi — Beni-Snassène ».
90
80
70
60
Ca
+M
50
Cl
g
4 +
SO
40
30
20
10
10
20
30
40
Na
3
O
50
+K
HC
3 +
CO
60
70
80
90
FIG. 142 — Représentation sur diagramme en losange de la composition chimique des eaux de
la nappe phréatique de la plaine des Triffa
314 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
pour la plupart ont moins de 80 mètres de profon- ble de la plaine et la bordure nord des Beni-Snassène
deur ; 14 forages de reconnaissance et d'exploitation ont permis de délimiter l'extension de la nappe pro-
de plus de 250 mètres (y compris les forages de la fonde vers le Nord en mettant en évidence un réseau
bordure nord des Beni-Snassène étudiés au chapitre de failles Est-Ouest.
« Beni-Bou-Yahi — Beni-Snassène») et 17 puits de
reconnaissance et puits témoins d'une profondeur Plus de 1 100 points d'eau ont été inventoriés dont
maximum de 50 mètres. 250 sont équipés de pompes, alors que des mesures
Trois campagnes de sismique réfraction et deux piézométriques et chimiques sont pratiquées men-
campagnes de résistivité électrique couvrant l'ensem- suellement, sur 19 puits témoins et 10 piézomètres.
Les sources (Ras-el-Ma, Aïn Merja, Aïn Beïda, pompage (environ 250). Mais étant donné la salure
Aïn Zerga, Sidi-Hassas, etc.) ont des débits inter- élevée (les 4/5 ont un résidu sec supérieur à 2 g/1)
saisonniers et interannuels très variables, leurs débits ces eaux devront être éliminées par un drainage
varient de 0,5 à plus de 1 m3/s pour l'ensemble des approprié au fur et à mesure de l'extension des irri-
sources. gations gravitaires. Toutefois l'eau pompée pourra
servir d'appoint à celles amenées depuis la Mou-
De nombreux puits sont équipés en stations de louya.
La zone de Madarh se situe au cœur du périmètre zone basse (3 000 ha environ). Deux zones purent être
des Triffa où elle se présente sous forme d'une cuvette individualisées : une zone en amont-écoulement de
pratiquement fermée (sauf vers l'Ouest où existent un la nappe, de bonne transmissivité (T compris entre
passage vers la Moulouya) dont la superficie est de 4 et 6.10 2 m 2 /s) et une zone aval correspondant
3 000 ha. Du fait de cette topographie, le centre de aux anciennes zones marécageuses, de transmissivité
la cuvette était naturellement marécageux ; des tra- moins bonne (T inférieure à 1.10-2 m2/s). Les coeffi-
vaux de drainage superficiel entrepris en 1933, suivis cients d'emmagasinement sont proches dans les deux
par une mise en valeur active au moyen de l'irriga- zones et voisins de 2,5.10-2. Les débits de la nappe
tion par pompages ont amélioré la situation en pro- s'écoulant à l'aval de Madarh vers la Moulouya
voquant une baisse appréciable de la nappe phréa- furent ainsi chiffrés à une centaine de 1/s seulement,
tique. alors que le débit à évacuer pour maintenir la nappe
à plus de 5 m de profondeur se situerait autour de
L'amenée dans la plaine des Triffa des eaux gra- 3 m 3 /s au terme de l'équipement des surfaces à
vitaires en provenance du barrage de Mechra-Klila mettre en eau en amont.
et la mise en irrigation des secteurs amont risquant
de modifier l'équilibre atteint à Madarh justifièrent A partir de ces résultats, une solution de drainage
dès 1958 des études détaillées de l'hydrodynamique par pompage fut proposée ; elle utilisait les nom-
de la nappe afin de prévoir la mise en place d'un breuses installations existantes auxquelles s'ajoute-
système de drainage efficace. Après la mise en eau raient progressivement de nouveaux ouvrages im-
de l'amont (1962-63) et l'arrivée des eaux gravitaires plantés dans la zone amont où les fortes transmissi-
jusqu'à Madarh (suivie d'un arrêt brutal des stations vités et diffusivités permettent l'exhaure de débits
de pompage), on put assister entre 1963 et 1966 à importants. Une première étape consistait en l'équi-
une spectaculaire remontée de la nappe qui, en pement approprié de 20 à 30 puits existant et suscep-
même temps, se sala considérablement ; les mises en tibles d'extraire un total de 1 m 3 /s ; elle fut mise
eau n'étaient pas seules responsables de ces phéno- en application à titre transitoire en 1965-1966 mais
mènes qui se trouvaient accélérés par une séquence simplement aux fins d'entretenir un rabattement suffi-
pluviométrique très humide (1962-1965), mais la réa- sant pour exécuter les réseaux de drainage superficiel
lisation immédiate d'un drainage fut décidée. (drains de 2,5 à 3 m de profondeur) qui constituèrent
finalement la solution retenue.
Les études dynamiques de la nappe consistèrent,
entre 1958 et 1963, en la réalisation d'une quarantaine Le drainage par pompage représentait pourtant
d'essais de pompage constituant un quadrillage de la une solution souple et bien moins onéreuse en frais
PLAINE DES TRIFFA 315
d'équipement ; elle possédait en outre l'avantage de solution qui posait de nombreux problèmes de fonc-
réutiliser en partie les eaux pompées pour l'irrigation, tionnement, d'entretien et d'encadrement humain,
après un mélange avec les eaux amenées depuis problèmes plus simplement résolus au prix d'un
Mechra-Klila afin d'abaisser la salure de l'eau redis- équipement superficiel incomparablement plus coû-
tribuée. Il faut néanmoins reconnaître que c'était une teux.
La plaine des Triffa a une superficie totale brute d'eau nécessaires au départ du barrage de Mechra-
irriguée actuellement d'environ 15 000 hectares dont Homadi ; le débit de pointe est de 19 m 3 /s en août.
10 000 sont alimentés par gravité à partir des ou-
vrages d'accumulation créés sur la Moulouya (la sa- L'ensemble du plan d'aménagement ainsi que la
lure totale moyenne de l'eau d'irrigation gravitaire qualité chimique des eaux d'irrigation sont traités
est de 1 g/1). A cela s'ajoutent 430 hectares irrigués en détail au chapitre « Beni-Bou-Yahi — Beni-Snas-
depuis l'oued Kiss dans la région de Saïdia. sène ».
Les projets actuels prévoient l'irrigation par les L'équipement de cette plaine représente un inves-
eaux de la Moulouya de 40 000 hectares dans la tissement d'environ 190 millions de Dirhams y com-
plaine des Triffa représentant 430 millions de m 3 /an pris le canal tête-morte de la rive droite.
R E F E R E N C E S
CARLIER Ph. (1966) : Cartes de la nappe phréatique de la DEREKOY A.M. (1965) : Contribution à l'étude hydrogéolo-
plaine des Triffa ; notice explicative. Rapp. inéd., gique de la basse Moulouya (Maroc oriental) (thèse
MTPC/DH/DRE, Rabat, 17 pp., 2 cartes h.t. Doct. Univ. Nancy). 221 pp., 32 cartes, 35 diagr., nombr.
CARLIER Ph. (1966) : Note sur les dernières mesures con- tabl., 14 coupes, 5 logs de sondages, 1 carte h.t.
cernant l'évolution piézométrique et technique de la
nappe phréatique du secteur de Madarh (plaine des M ORTIER F. (1956-1957) : Etude hydrogéologique de la
Triffa). Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, Rabat, 5 pp., plaine des Triffa. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE.
1 fig., 2 cartes.
Mission régionale de la Basse Moulouya (1964 : Avant-
CARLIER Ph. (1968) : Etude chimique des eaux souterraines projet d'aménagement et de mise en valeur de la Basse-
de la plaine des Triffa. Rapp. inéd. MTPC/DH/DRE, Moulouya. Rapp. inéd., arch. MTPC/DH/DRE.
Rabat, 9 pp., 3 tabl, 8 fig., 1 carte.
13
PREFACE
Le travail qui nous est présenté est l'œuvre de l 'équipe des techniciens
de la Division des Ressources en Eau appartenant à la Direction de l'Hydraulique.
Cette équipe multidisciplinaire est constituée par des spécialistes de climatologie,
d'hydrologie, d'hydrogéologie et d'hydraulique souterraine qui concourent aux re-
cherches et aux réalisations marocaines depuis de nombreuses années. Les fruits de
leurs efforts de synthèse seront précieux au Maroc même, à tous les responsables
de l'équipement et de la mise en valeur du territoire ; sur le plan international,
les ouvrages constitueront la contribution marocaine à la décennie hydrologique
internationale qui se déroule sous l'égide de l'UNESCO (1965-1975).
AHMED HAKIMI
Directeur de l'Hydraulique
15
Sous le titre «Ressources en Eau du Maroc» pa- les eaux thermominérales, les problèmes de pollution
raîtront de 1971 à 1973, une série d'ouvrages dont et les problèmes d'invasion marine de réservoirs
celui-ci est le premier tome édité. Tous les tomes aquifères continentaux, l'alimentation des centres
suivants sont en cours de préparation et à des stades urbains, les eaux salées et leur utilisation, les études
plus ou moins avancés de la rédaction. marocaines sur simulateurs et ordinateurs, etc. Un
bilan général des ressources en eau et un état des
Trois tomes seront nécessaires pour traiter, région eaux utilisées et de celles demeurant disponibles
par région et suivant un découpage par bassins apportera une conclusion à cette série d'ouvrages.
hydrogéologiques, les grandes unités suivantes :
Parallèlement sont édités séparément deux autres
Tome 1 — Domaine rifain et Maroc oriental ouvrages qui compléteront la précédente série. Le
Tome 2 — Plaines et bassins du Maroc atlantique premier* comporte la bibliographie analytique hy-
drogéologique et hydrologique de fous les rapports
Tome 3 — Massifs et plateaux du Moyen et du publiés ou inédits de la Division des Ressources en
Haut Atlas, Eau pendant la période 1958-68 ; cet ouvrage qui a,
bien entendu, servi de base à la rédaction de l'ou-
Domaine anti-atlasique et présaharien, vrage principal est édité sous le numéro 220 de la
Domaine saharien. collection des Notes et Mémoires du Service géolo-
gique du Maroc (année 1969) ; dans la même collec-
Le découpage en bassins hydrogéologiques corres- tion, une bibliographie sélective pour la période
pond grossièrement au découpage en grands ensem- allant de l'origine des recherches jusqu'à 1957 inclus
bles géologiques structuraux définis par G. Choubert avait déjà été publiée** (1958). Le second ouvrage
et J. Marçais, classification qui a été adaptée chaque publié parallèlement comprendra la carie hydrolo-
fois qu'il était nécessaire pour faire intervenir des gique et la carte hydrogéologique du Maroc avec
considérations de gisement aquifère. leurs notices explicatives ; ces documents sont en
On trouvera dans la bibliographie hydrogéolo- cours d'élaboration.
gique analytique du Maroc (1969) une carte récapi-
Toutes ces publications : quatre ouvrages princi-
tulative où sont situés les 7 domaines et les 46 bassins
paux et deux ouvrages annexes sont éditées sous une
hydrogéologiques ainsi que les limites administra-
double couverture. La première est celle de la collec-
tives des 21 Provinces du Maroc.
tion des Notes et Mémoires du Service géologique
Un quatrième tome suivra, traitant les grands su- du Maroc (Division de la Géologie du Ministère du
jets d'intérêt général tels que : la climatologie du Commerce, de l'Industrie, des Mines et de la Marine
Maroc, l'hydrologie des grands bassins fluviaux, marchande), collection qui réalisera l'édition et la
l'hydraulique souterraine et la géophysique appli- diffusion internationale. La seconde sera propre au
quées aux études de ressources en eau, la législation Ministère des Travaux Publics et des Communica-
des eaux au Maroc et ses problèmes d'application, tions et aura une large diffusion nationale.
5. Tangérois
T OME 3. Massifs, chaînes et plateaux du domaine
6. Bassin du Kerte atlasique :
7. Plaines du Gareb et du Bou -Areg. 21. Moyen Atlas plissé et Causse moyen-atlasique
22. Haut Atlas occidental
Domaine du Maroc orienial :
23. Massif ancien du Haut Atlas
26. Hauie-Moulouya, sillon d'Itzer
24. Haut Atlas calcaire
27. Moyenne-Moulouya 25. Haut Atlas oriental et plaine de Tamlelt.
28. Rekkame
29. Chaîne des Horsts Domaine du sillon sud-atlasique :
30. Hauts-plateaux et bassin de Aïn Beni-Mathar 35. Plaine du Souss et bassin de Tiznit
(ex-Berguent) 36. Bassin de Ouarzazatfe
31. Bassin de Guercif 37. Bassin de Ksar-es-Souk — Boudenib.
32. Couloir Taourirl-Oujda
Domaine Anti-atlasique :
33. Beni-Bou-Yahi — Beni-Snassène
34. Plaine des Triffa. 38. Chaîne anti-atlasique, zone axiale
39. Anti-Atlas oriental
T OME 2. Plaines et bassins du versant atlantique :
40. Moyenne vallée du Dra
8. Plateau de Meknès-Fès et couloir Fès-Taza 41. Bas-Dra et Bani
9. Plaine du Rharb et bassin du Dradère 42. Bassin de l'oued Noun
10. Méséta centrale et Méséta côtière 43. Tarfaya et Hamada du Dra.
11. Rehamna
Domaine du sud-est marocain :
12. Chaouïa et plaine de Berrechid
13. Plateau des phosphates 44. Bassin du Tafilalt
par
Michel COMBE
HISTORIQUE
Les premières mesures du débit des oueds maro- voir la mise en valeur du pays. Dans cet esprit, le
cains remontent à 1912, mais c'est à partir de 1918 Service de l'Hydrologie (Circonscription de l'Hydrau-
que des stations de jaugeage permanentes sont équi- lique du Ministère des Travaux Publics et des Com-
pées sur les principaux cours d'eau. La Direction des munications) et le Centre des Etudes Hydrogéolo-
Travaux Publics, agissant par ses Circonscriptions de giques (Direction des Mines et de la Géologie du
l'Hydraulique, supporte cette activité qui ne se trouve Ministère de l'Industrie, du Commerce, des Mines,
réellement coordonnée qu'après l'institution en 1943 de l'Artisanal et de la Marine marchande) sont re-
d'un Service hydrologique. groupés en un seul et même service dénommé Service
des Ressources en Eau, rattaché à la Direction des
Le début des recherches hydrogéologiques se situe Etudes Générales de l'Office National des Irrigations ;
en 1924 ; entre 1924 et 1946 les investigations sont dans le dahir portant création de l'Office, il est spé-
menées successivement ou parallèlement par le Bu- cifié que le service ainsi créé procède « sur l'ensemble
reau hydrogéologique de l'Institut Scientifique Ché- du territoire national... aux recherches sur les res-
rifien, le Comité d'Etudes des Eaux Souterraines sources en eau et en étudie les possibilités de valo-
(Société des Sciences Naturelles du Maroc), la Mis- risation... ». Peu après, un bureau d'hydrométéorolo-
sion hydrologique du Souss (Direction des Travaux gie agricole est adjoint au Service des Ressources
Publics) et la Mission hydrogéologique des territoires en Eau. Ainsi se trouve créé un service original, dis-
du sud marocain (Service des Mines). En 1946, le posant de tous les moyens et prérogatives nécessaires
Centre des Etudes Hydrogéologiques (CEH) est créé pour l'étude du cycle de l'eau à l'échelon national.
et rattaché au Service géologique. Sa compétence
s'étend à l'ensemble du territoire, dans les domaines A la dissolution le 6 novembre 1966, de l'Office
de la recherche et de l'étude des eaux souterraines. de Mise en Valeur Agricole (OMVA) qui avait suc-
cédé en 1965 à l'Office National des Irrigations, le
En 1961, l'Office National des Irrigations voit le Service des Ressources en Eau est transféré dans
jour ; cet établissement public, placé directement son intégralité au Ministère des Travaux Publics et
sous la tutelle administrative de la Présidence du des Communications, au sein de la Direction de
Conseil, est chargé de concentrer les moyens, regrou- l'Hydraulique dont il constitue l'une des trois divi-
per les compétences, harmoniser les concours dans la sions (Division administrative — Division des Amé-
domaine de l'hydraulique agricole, afin de promou- nagements — Division des Ressources en Eau).
ATTRIBUTIONS
La Division des Ressources en Eau procède, sur Pour ce faire, elle procède à des investigations par
l'ensemble du territoire, à l'étude du cycle général forages, essais de pompage, géophysique, études hy-
de l'eau et de ses incidences sur la vie sociale et drochimiques etc., et suit d'une façon continue l'évo-
économique de la nation. Elle est donc appelée à éta- lution des masses d'eau par un réseau de piézomètres,
blir, d'une manière qualitative et quantitative, l'in- de stations de jaugeages et de stations météorolo-
ventaire systématique et le bilan des ressources en giques ; elle élabore et publie les synthèses de tou-
eau sous toutes ses formes, et à définir les modalités ies ces études, dans l'optique d'une valorisation opti-
de leur exploitation et de leur conservation. mum des eaux. Elle étudie les problèmes d'alimen-
20 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
tation en eau des centres habités et des installations la plus grande partie des études géologiques et hy-
industrielles, et ceux liés aux besoins de l'agriculture drologiques nécessaires à l'implantation et à la cons-
tant dans les domaines de l'irrigation que dans celui truction de barrages, et à contrôler les incidences de
du drainage ; elle est ainsi amenée à proposer et à nouvelles installations de prélèvements ou d'épan-
contrôler des travaux d'amélioration, de réalimenta- dage sur la masse (quantité et qualité) du potentiel
tion artificielle ou de création de captages, à assumer liquide du pays.
ORGANISATION
La Division des Ressources en Eau comprend Les centres régionaux se partagent l'ensemble du
un échelon central à Rabat et onze centres régio- territoire, chacun agissant à l'intérieur de limites
naux (fig. 1). précises. Le centre régional se tient dans la ville la
plus importante du périmètre d'activité, et dispose
L'échelon central comprend la direction et des d'annexes lorsque le besoin s'en fait sentir ; ainsi, le
services spécialisés qui interviennent sur l'ensemble centre de Tanger dispose d'annexes à Larache et Al-
du territoire, en fonction des besoins particuliers. Hoceima. Les centres régionaux sont placés sous la
Le directeur et son adjoint s'appuient sur deux chefs responsabilité d'un ingénieur qui dispose en principe
de services, l'un responsable de tout ce qui concerne de deux adjoints techniques dans les domaines des
les eaux superficielles, l'autre de tout ce qui se rap- eaux superficielles et des eaux de surface. Ils
porte aux eaux souterraines. Le service des eaux assurent les mesures de routine, les études générales
superficielles dispose de bureaux de synthèse et de bilan des nappes,, les études particulières, le
d'études météorologiques et hydrologiques et d'un contrôle et souvent la gestion de tous travaux (forage,
géophysique...) aussi bien pour le compte du service
bureau d'entretien et d'équipement des stations de
que pour celui des autres ministères, des offices ou
mesures. Le service des eaux souterraines groupe un des particuliers qui en font la demande. Ils tiennent
bureau d'hydraulique souterraine, un bureau d'in- à jour le fichier des points d'eau et renseignent tous
ventaire des ressources (fichiers), un bureau des tra- les utilisateurs qui s'adressent à eux. Les centres
vaux et un bureau de géologie appliquée au génie régionaux sont placés sous l'autorité directe du chef
civil. de la Division.
MOYENS PERMANENTS
Les moyens de la Division des Ressources en Eau, Le parc de véhicules comprend 74 unités. Ce sont
au 1 er janvier 1968, étaient les suivants : essentiellement des véhicules tout terrain (jeeps et
camions deux-ponts). Le parc de matériel comprend
Le personnel permanent (observateurs météorolo- des groupes électrogènes destinés à l'alimentation des
giques non compris) s'élevait à 421 personnes dont la unités de pompage pour essais de débit, une gamme
répartition par qualifications figure dans le tableau ci- étendue de pompes et, bien entendu, tout le matériel
dessous. de mesures hydrométriques classiques. Tous les cen-
tres régionaux sont équipés de petits laboratoires qui
Les crédits de fonctionnement du service s'élèvent permettent l'analyse sommaire des eaux (résistivités
par année à environ 1 000 000 Dh ($ 200 000), il s'y et chlorures) et celle du dépôt solide charrié par les
ajoute approximativement 250 000 Dh ($ 50 000) de rivières ; en outre, deux laboratoires de chimie des
frais de personnel. eaux fonctionnent actuellement.
MOYENS D'ETUDE
La Division des Ressources en Eau utilise bien La Division exploite elle-même pour ses propres
entendu tous les renseignements disponibles auprès besoins un réseau climatologique, et effectue toutes
d'autres services publics comme la Division de la les mesures réalisées dans le pays dans les disciplines
Géologie (Ministère des Mines) en ce qui concerne de l'hydrologie superficielle et de l'hydrogéologie.
les cartes géologiques existantes et en cours d'exé-
cution, ou le Service de la Météorologie nationale Le réseau météorologique de la Division comprend
pour la climatologie. au 1.1.68 : 40 stations climatologiques complètes
ORGANIGRAMME
CENTRE REGIONAUX DIVISION DES RESOURCES
SERVICES CENTRAUX
EN EAU DU MAROC
(COMPRENANT DES ECHELONS :
HYDROMETRIE, HYDROGEOLOGIE
ET SERVICES GENERAUX sous
LA DIRECTION D'UN HYDROGEO-
LOGUE CHEF DE CENTRE ) BUREAU DE SYNTHESES ET
D'ETUDES HYDROGEOLOGIQUES
BUREAU
OUJDA SERVICE D'EQUIPEMENT ET
D'ENTRETIEN DES
MAROC ORIENTAL - HAUTS PLATEAUX HYDROMETRIE STATIONS DE
MESURES
FES
KENITRA
CHEF DE DIVISION SERVICES
RHARB - MAMORA GENERAUX
CHEF ADJOINT
ADMINISTRATION
PERSONNEL
MATERIEL - MARCHES
CASABLANCA COMPTABILITE
MARRAKECH
BUREAU DE
HAOUZ - HAUT-ATLAS L'HYDRAULIQUE SOUTERRAINE
TAROUDANT BUREAU DE
L'INVENTAIRE DES
SOUSS -S.W. MAROC RESSOURCES
EN EAU
ANTI-ATLAS OCCIDENTAL (FICHIERS)
SERVICE
OUARZAZATE HYDROGEOLOGIQUE
BUREAU DES
DRAA- ANTI-ATLAS ORIENTAL TRAVAUX
GEOPHYSIQUE
ET FORAGE
KSAR - ES - SOUK
BUREAU DE GEOLOGIE
TAFILALT- S.E. MAROC APPLIQUEE AU GENIE CIVIL
FIG. 1
22 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
C.R. KSAR-ES-SOUK
C.R. TAROUDANNT
C.R. CASABLANCA
C.R. OUARZAZATE
C.R. MARRAKECH
C.R. BENI-MELLAL
RABAT (central)
C.R. BERKANE
C.R. KENITRA
C.R. TANGER
C.R. OUJDA
TOTAUX
C.R. FES
Ingénieurs hydrogéolo-
Ingénieurs hydrogéolo 5 — 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2
Ingénieurs
gues hydrologues
.............................. 5 — — — — — — — — — — — 5
Ingénieurs hydraulique
souterraine ................... 3 — — — — — __ — — — 3
Dessinateurs, topogra
phes ................................ 7 2 1 1 1 1 1 2 1 1 1 1 20
Laborantins ..................... — 1 — — 1 — 1 — — — — — 3
Commis administratifs . 9 1 1 — — 1 1 1 1 1 1 — 17
Chauffeurs, mécani
9 5 2 6 5 3 3 3 2 5 4 5 52
c i e n s ............................
Secrétaires, dactylogra
phes .............................. 5 1 1 2 — 1 — 2 1 1 — 1 16
Observateurs d'hydro
logie ............................... — 12 — 12 23 10 13 — 12 18 9 4 113
Manoeuvres, gardiens .. 9 5 2 6 2 2 1 1 2 7 5 5 47
71 40 12 41 49 25 29 13 29 49 32 31 421
(pluie, températures maxima et minima, parfois tem- Le réseau hydrologique marocain comprend au
pératures à plusieurs profondeurs dans le sol, hygro- ler janvier 1968, 135 points permanents d'observation,
métrie, direction et intensité du vent, évaporation...) se décomposant en :
et 180 stations pluviométriques. Ce réseau s'accroît - 48 stations équipées de téléphériques -
régulièrement chaque année, soit par rééquipement
d'anciennes stations, soit par création de nouveaux 22 stations équipées de cyclopotences
postes qui ne peuvent être pris en charge par la - 49 stations simplifiées équipées d'échelles limni-
Météorologie nationale. Jusqu'à présent, la Division métriques
est le seul organisme à avoir édité des annuaires - 16 stations sur ouvrages (barrages d'accumula-
météorologiques, qui sont présentés par bassin ver- tion ou de prise)
sant et par année. D'autre part, des synthèses météo-
rologiques sont effectuées par l'ingénieur du service Les mesures limnimétriques sur les stations sont
pour des besoins particuliers. effectuées 3 fois par jour par des observateurs à
ORGANISATION DES RECHERCHES
2
3
demeure. En temps de crue et décrue, les mesures itinérante d'essais. Les centres régionaux ont effec-
deviennent horaires ; les mesures limnimétriques tué en 1967, 119 essais selon les méthodes Theis-
accumulées sont donc au nombre d'environ 200 000 Jacob totalisant 4 500 heures de mesures de descente
par année. et de remontée du plan d'eau ; l'équipe d'essais de
débit testait dans le même temps 34 ouvrages, tota-
En complément aux mesures limnimétriques, des lisant 1 100 heures de mesures. En outre, le bureau de
jaugeages de routine sont effectués périodiquement l'hydraulique souterraine interprète et réinterprète
ainsi que des jaugeages de crues et de décrues qui chaque année un assez grand nombre d'essais an-
permettent d'étalonner les courbes de tarage des sta- ciens.
tions. Les équipes volantes de jaugeurs, au nombre
de 35, ont exécuté au cours de l'année 1968, 2 300 En sus des résultats apportés par ses réseaux de
jaugeages aux stations installées sur les grands oueds mesures, la Division des Ressources en Eau dispose
marocains. De plus, ces équipes ont réalisé 2 700 de crédits annuels d'étude ou d'équipement pour
mesures de débit sur des drains, sources, petits oueds, améliorer la connaissance de ses zones de surveil-
rhétaras... dans le cadre de l'inventaire des ressources lance. Ces crédits sont planifiés à moyen terme,
en eau ou à la demande des périmètres irrigués. compte tenu de programmes de priorité dressés par
Les prélèvements et analyses de débit solide des le service ; pour l'hydrométrie, ces sommes sont
cours d'eau s'élèvent à 2 400 unités. consacrées à la construction de nouvelles stations de
mesures et à leur équipement en matériel ; l'hydro-
Le réseau hydrologique se développe chaque géologie emploie ses crédits à la réalisation de cam-
année, au rythme de deux ou trois stations nouvelles pagnes géophysiques régionales et à des travaux de
en moyenne, et cette progression se maintiendra jus- puits et de forages destinés à la reconnaissance, et
qu'en 1972. surtout à l'évaluation quantitative des ressources
Le réseau de surveillance des nappes aquifères des nappes d'eau souterraines.
comprend, au 1er janvier 1968, 2 113 piézomètres et
Les sommes affectées par l'Etat chaque année aux
puits-témoins à mesures périodiques (mensuelles en
recherches et équipements nouveaux sont de l'ordre
général, mais parfois hebdomadaires). Les 30 équipes
de 1 500 millions de dirhams pour l'hydrologie et
d'agents de points d'eau de la Division ont ainsi rele-
5 500 millions de dirhams pour l'hydrogéologie. Il
vé en 1967, 25 300 mesures piézométriques, accompa-
est à souligner que l'effort financier important con-
gnées de mesures de conductivité électrique et de
senti par l'Etat en matière d'investigations hydromé-
températures des eaux sur l'ensemble de ce réseau.
triques et hydrogéologiques ne s'est pas ralenti de-
Le fichier central des points d'eau comprend actuelle-
puis 1961, date à laquelle les crédits furent portés
ment 60 000 à 70 000 fiches, et le travail d'inventaire
au niveau mentionné ci-dessus. Grâce à cet effort, un
se poursuit régulièrement, ainsi que l'analyse chimi-
pas très important a été franchi en quelques années
que des eaux superficielles et souterraines (5 000 ana-
dans l'évaluation quantitative des ressources en eau
lyses par an en moyenne).
du Maroc qui se sont avérées très supérieures à ce
Des essais de pompage destinés à fournir les carac- qui avait été avancé auparavant. Les crédits ouverts
téristiques hydrauliques des nappes et à prévoir les au titre du Plan 1968-1972 permettront d'affiner ces
équipements des ouvrages d'exploitation sont effec- connaissances qui, dans certains secteurs, demeurent
tués par les centres régionaux ainsi que par l'équipe encore assez sommaires.
Sans vouloir anticiper sur les conclusions de cette Les volumes actuellement exploités dans les nappes,
série d'ouvrage, il paraît toutefois utile de fixer tout ainsi que ceux qui pourraient être récupérés dans ces
de suite l'ordre de grandeur des ressources en eau du nappes sur l'évaporation et les écoulements vers la
Maroc. mer ou au-delà des frontières peuvent se chiffrer au
total à 3,5 milliards de m3 /an. Les ressources en eau
Sur une période de 30 ans le volume annuel des qui se renouvellent chaque année atteignent donc
précipitations est de 150 milliards de m3, répartis sur quelque 25 milliards de m3, soit 17 % des précipita-
300 des 500 000 km2 du Maroc ; il est négligeable tions.
sur les 200 000 km2 très arides du Sud marocain.
Le ruissellement des eaux de pluie et le dégorge- Compte tenu des eaux salées et d'une régulari-
ment des nappes aquifères apportent aux rivières sation qui devrait pouvoir atteindre 70 % des res-
une moyenne de 21 milliards de m3/an qui, s'il n'exis- sources, on retient le chiffre de 16 milliards de m3/an
tait pas d'ouvrages de retenue, gagneraient naturel- pour le volume des ressources mobilisables. A la fin
lement la mer, le désert ou l'extérieur des frontières. du Plan quinquennal 1968-1972, et en considérant les
24 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
aménagements en cours de réalisation, le Maroc sera utilisations : alimentation humaine : 300 millions de
en voie d'exploiter 50 % de ses ressources en eau m3/an ; industrie : 200 millions de m3/an , agriculture :
mobilisables, avec la répartition suivante pour les 7,5 milliards de m3/an.
R E F E R E N C E S
AMBROGGI R. & MARGAT J. (1981) : Les recherches hydro- COMBE M. (1969) : Ressources en eau du Maroc, état des
géologiques au Maroc. Le centre des études hydrogéo- connaissances en 1968 — Mines & géol, n° 29, pp. 5-12,
logiques (1946-1960). Notes & M. Serv. géol. Maroc, & Mém. BRGM, n° 76, pp. 859-86R
n° 153, 56 pp., 4 fig., 8 phot., bibl.
COMBE M. (1968 et 1969) : Rapports d'activités de la Divi- HAZAN R. & MUNITION L. (1964) : Le service des ressources
sion des Ressources en Eau pour les années 1967 et en eau de l'Office National des Irrigations. Note inéd.
1968. Rapp. Inéd. MTPC/DH/DRE.
317
10. Domaine rifain : chimie des eaux (d'après J. Margat, 1961 : Répartition des
eaux au Maroc) .................................................................................................................... 41
11. Tableau climatologique de la zone axiale du Rif (Dorsale et Bokoya) .......... 44
12. Tableau climatologique de la zone axiale du Rif (Haouz de Tétouan) .............. 44
13. Schéma hydrogéologique du Haouz de Tétouan et de ses bordures .................... 47
14. Schéma hydrogéologique de la Dorsale calcaire et de ses bordures .................. 49
15. Rapports tectoniques du massif du Lechhab avec les unités voisines ............... 50
16. Retombée du Jbel Lechhab à Cherafate .................................................................... 50
17. Klippe de Talambote ........................................................................................................ 50
18. Coupe structurale interprétative vers l'Oued Lao ................................................. 51
19. Type d'eaux souterraines de la Dorsale calcaire .................................................... 52
20. Plaine de Martil, piézométrie de la nappe phréatique (relevés d'avril 1966) . . 53
21. Plaine de Martil : variations piézométriques de la nappe phréatique ............ 54
22. Pla ine d e Martil : typ es d' eau d e la napp e phré atiqu e ................................... 56
23. Plaine de Martil : types d'eau de la nappe « inférieure » (vers 50 m de
profondeur) .............................. : ........................................................................................... 57
24. Plaine d'Oued-Lao : piézométrie de la nappe phréatique .................................... 58
25. Plaine d'Oued-Lao : variations piézométriques de la nappe phréatique ............ 59
318 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
87. Plaine du Gareb et du Bou -Areg. Représentation en losange des eaux des
nappes phréatiques .............................................................................................................. 178
88. Domaine du Maroc oriental : limites des bassins versants hydrologiques et
hydrogéologiques ................................................................................................................. 184
89. Domaine du Maroc oriental : isohyètes schématiques pour la période 1933 -
1963 ........................................................................................................................................ 186
90. Domaine du Maroc oriental : prélèvements d'eau pour l'irrigation da ns le
bassin versant de la Moulouya .................................................................................. 190
91. Haute-Moulouya et sillon d'Itzer, plan de situation et schéma géologique.
Principaux périmètres irrigués ....................................................................................
92. Tableau climatologique de la Haute-Moulouya ..................................................... 197
93. Moyenne-Moulouya, schéma géologique et hydrogéologique .............................. 205
94. Tableau climatologique de la Moyenne-Moulouya .............................................. 207
95. Type de gisement des sources du Domérien et alimentation latérale de sources
du Plio-Quaternaire ........................................................................................................ 210
96. Type de gisement d'une source du Domérien, Aïn Eschlar (211/23) .............. 211
97. Type de gisement d'une source du Bajocien et abouchement du Bajocien avec
les conglomérats du Miocène supérieur et les éboulis quaternaires .. ................ 212
98. Coupe hydrogéologique W-E de la Moyenne-Moulouya au niveau de Tissaf .. 213
99. Courbes isohypses du toit de l'aquifère profond dans la moitié nord de la
Moyenne-Moulouya d'après les campagnes de géophysique de 1954 et 1966 .. 214
131. Plaine des Angad. Profondeur de la nappe phréatique sous la surface du sol.
132. Plaine des Angad. Puissance de l'aquifère de la nappe phréatique .................. 283
133. Représentation sur diagramme en losange des différents types d'eau de la
nappe phréatique de la plaine des Angad .................................................. 285
134. Schéma hydrogéologique de la Chaîne des Beni-Bou-Yahi — Beni-Snassène
et schéma de l'aménagement hydraulique de la Basse-Moulouya ................. 292
135. Tableau climatologique de la Chaîne des Beni-Bou-Yahi — Beni-Snassène 294
136. Schéma géologique et hydrogéologique des plaines des Triffa-Sebra .............. 302
137. Tableau climatologique de la plaine des Triffa .................................................... 304
138. Plaine des Triffa. Profondeur de la nappe phréatique en novembre 1966 . . . . 308
139. Fluctuations piézométriques de la nappe phréatique de la plaine des Trifîa
entre 1956 et 1961 ............................................................................................................... 309
140. Fluctuations piézométriques de la nappe de la plaine des Triffa entre 1962
et 1967 et pluviométrie à la station de Berkane ................................................... 310
141. Plaine des Triffa. Isocônes de la nappe phréatique exprimées en résidu
sec à 180°C ........................................................................................................................ 311
142. Représentation sur diagramme en losange de la composition chimique des
eaux de la nappe phréatique de la plaine des Triffa ........................................ 313