Hydroécologie végétale

Fonctionnement écologique des

hydrosystèmes

M. Trémolières

2011
 Plan du cours
I Introduction
Des concepts : Continuum fluvial, Hydrosystème fluvial
II Relation Fonctionnement -Diversité
Diversité des géoformes, des sols, des habitats et des communautés
III Structuration de l’espace alluvial
Le profil longitudinal
Le profil transversal
IV Rôle des interfaces dans l’hydrosystème fluvial
V Aménagements, conséquences et principes de gestion écologique
Les rivières et les fleuves des écosystèmes ouverts ,
chaîne interdépendante d’amont en aval

Ce sont des systèmes longitudinaux solidaires dans lesquels la

dynamique des systèmes aval dépend des processus physico-
chimiques qui se déroulent à l’amont

Deux concepts
•Le continuum fluvial
•L’hydrosystème fluvial
 Le concept de
continuum
fluvial
Vannote et al. 1989

2007
 Flux en spirale des éléments nutritifs dans un
chenal rectiligne et dans une plaine d’inondation

2007
Concept d’hydrosystème fuvial
Flux bidirectionnels dans plusieurs dimensions

2007
 Diversité des cours d’eau
Diversité des géoformes : cas des styles fluviaux

2007
Les méandres d’un
secteur fluvial
Largeur de la surface
photographiée 2km

2007
Zone de tressage du Tagliamento (Italie)
Le Rhin avant les
aménagements
Localisation du Polder d’Erstein
Secteur de tresses et anastomoses
 Diversité des sols

Pédogénèse en milieu alluvial dépend

Du matériel parental / les alluvions fluviatiles

De l’hydrodynamique et du transport sédimentaire

Facteur dominant ou contraignant de la pédogénèse

EAU : les crues et la présence d’une nappe alluviale

 Diversité des Sols

Genèse des sols

Facteur majeur : eau
•Action érosive liée aux
crues
•Présence d’une nappe qui
détermine l’hydromorphie

Action des organismes

(faune du sol, bactéries-
champignons)

Les sols alluviaux sont des

sols jeunes peu évolués dits
« azonaux »

Profil de sol alluvial (Guenat et al. 2003)

2007
 (Party 2003)

Diversité des Sols

Exemple du polder d’Erstein :
Zone non inondée depuis plus d’un siècle
(secteur ouest) et depuis 30 ans (secteur
est de la digue des hautes eaux)

digue des hautes eaux

Diversité des habitats et des communautés

2007
 Limon- Diversité
argile fonctionnelle
Sable
en relation
avec la
nature des
sédiments
Exemple d’un
méandre

2007
Structuration de l’espace dans la zone alluviale

Analyse de la réponse du tapis végétal aux gradients :

Longitudinal lié à la pente et la nature des dépôts alluviaux
(granulométrie)
Transversal : la distance par rapport au chenal principal
conditionne le régime des apports d’eau
Vertical : le niveau des nappes permanentes varie des zones les
plus proches du chenal aux dépôts surélevés
Structuration de l’espace dans la zone alluviale

Eléments pris en considération

•D’ordre géographique :
•le profil longitudinal
•Le profil transversal
L’exemple de la plaine du Rhin
Profil longitudinal du Rhin entre Bâle et Mayence
Profil transversal dans la plaine du Rhin dans le
secteur des tresses et anastomoses
Structuration de l’espace dans la zone alluviale

Eléments pris en considération

•D’ordre écologique : système ouvert
•Apport externe d’eau , d’énergie de
nutriments
•Conséquences : eutrophisation ,
végétation hygrophile
•Différence entre végétation zonale et
azonale
 Evolution du profil longitudinal

Bassin hydrographique découpé schématiquement en 3 zones :

• Cours supérieur caractérisé par une pente forte, action érosive
importante
D’où l’installation d’une vallée en V plus ou moins ouverte en
fonction de la nature des roches, alluvionnement grossier

• Cours moyen à pente et vitesse d’écoulement plus faible ,

alluvionnement avec des sables et graviers

• Cours inférieur avec développement d’une plaine alluviale

Pente presque nulle, vitesse d’écoulement très faible surtout en
période d’étiage, alluvionnement : limons, argiles
 Evolution du profil longitudinal

A l’amont les vallées intra-alpines

• Vallée en V :
ripisylve de saules arbustifs (Salix
pentandra, Salix daphnoides)
Sur les marges bas marais : formation
d’aulnes verts (Alnus viridis)
Formation d’aulnes
verts (Alnus viridis)
Formation de saule daphné
(Salix daphnoides)
2007
 Salix daphnoides

2007
 Evolution du profil longitudinal

A l’amont les vallées intra-

alpines
• Vallée en auge
Sur bancs de galets : formation à
argousier
 Evolution du profil longitudinal

A l’amont les vallées intra-alpines

• Vallée en auge
Sur bancs de galets : formation Salix eleagnos

à argousier
Sur bancs de graviers : saulaie à
S daphnoides, S eleagnos
Sur bancs de sable : Aulnaie
blanche
Communauté d’aulne blanc (Alnus
incana) Communauté d’aulne noir
2007
Les types de végétation précédents sont des
formations instables

Devenir de la végétation dans le temps :

la succession végétale

Rappel : Définition d’une succession

Processus de colonisation d’un biotope par les
organismes vivants et les changements dans le
temps de la composition floristique ou faunistique
après qu’une perturbation ait détruit partiellement
ou totalement l’écosystème préexistant
Succession primaire : dynamique d’occupation
d’un espace avec mise à nu du substrat ou
disposition d’une nouvelle ressource

Succession secondaire : processus de

recolonisation de la végétation après destruction
partielle ou totale de la végétation préexistante et
où le substrat initial est conservé (Ex cultures
abandonnés, friches , coupes)
Quelles méthodes utilise-t-on pour dégager les lois de
la succession?
• Méthode déductive ou synchronique
• Méthode inductive ou diachronique

Dans les vallées intra-alpines

Aulnaie blanche formation à épicéa,
hêtre ou sapin (forêt zonale)
Argousier forêt de pin sylvestre ou de
montagne , avec lande à Ericacées (formation
pionnière persistante)
Saulaie formation zonale avec espèces
pionnières 2007
 Zonation (dimension spatiale)– succession
Dans la plaine végétale alluviale (dimension temporelle) : le
alluviale du secteur tressé stade pionnier, ici la saulaie, est progressivement
ou tresse-anastomoses remplacé par la chênaie-frênaie-ormaie, stade
terminal à bois dur

Exemple de la plaine du Rhône

La végétation pionnière en
Durance : les saules arbustifs

Bords de Loire

2007
La saulaie blanche

Individu mâle de
Salix alba (Saule
blanc)

2007
 Salix alba

Salix fragilis

Des espèces
caractéristiques Salix viminalis

Salix eleagnos
2007
 La saulaie- peupleraie
noire

Populus nigra
Individu femelle

2007
 Schéma simplifié
topographie Gradient
hydrique Forêts à bois dur
+élevé + sec

Forêts à bois tendre

+bas + humide texture

+ sec
À chêne pédonculé

2 gradients : À orme champêtre

Frênaie- À peuplier noir Peupleraie noire
•inondabilité ormaie

•granulométrie Erable negundo Saulaie à saule

du substrat Saulaie pourpre de haut
Saule blanc dominant
peupleraie niveau
Peuplier noir dominant
Saulaie à saule à 3 Saulaie à saule
+ humide étamines et saule pourpre de bas
des Vanniers niveau
Alluvions fines Alluvions grossières
2007
Comparaison entre un secteur à tresses et anastomoses et un secteur à méandres
(Schnitzler et al. 1990)

tolerant

2007
Evolution du profil longitudinal
Composition des lianes ligneuses et herbacées

2007 (Schnitzler et al. 1990)

Exemple de liane
ligneuse : le lierre
grimpant en forêt
alluviale

2007
En résumé sur l’axe longitudinal

2007
 Distribution des secteurs
géomorphologiques en fonction du
substrat (alluvions, sol) dans la
vallée du Rhin supérieur

2007
Profil transversal

2007
 Axe rhénan champ d’inondation de
l’Ill

Caractéristiques physico-chimiques selon un axe transversal

Profil transversal : répartition des associations végétales
2007
 Vicariance géochimique
Dans les plaines alluviales (Schnitzler et al. 1992)

basique acide

gravier Salix eleagnos

S. daphnoides Salix fragilis

Sable ou limon S. triandra

Salix alba
S. viminalis

Gradient amont aval du profil longitudinal du Rhin

Gradient transversal Est-Ouest, du Rhin à l ’Ill

Salix x rubens remplace S. alba sur substrat faiblement acide et S.

fragilis dans les sites calcaires
 Anemone nemorosa

Tapis d’ail des ours en

Scilla bifolia sous bois de forêt
alluviale au printemps

2007
 Quelques espèces invasives

2007
Solidago canadensis
Renouée du japon
Fallopia japonica

2007
Impatiens royllei

2007
 Rôle des interfaces

Interface (écotone) : zone de contact entre deux unités ou

écosytèmes contigus où se produisent des échanges de
matière et d’organismes
Schéma de l’écotone et de sa biodiversité
Les écotones au sein d’un hydrosystème fluvial
Connectivité : paramètre du fonctionnement d’un éco-complexe
ou d’un paysage , qui met en lien les différents écosystèmes
ou unités

2007
Fonctionnement
des écotones

2007
Transferts
directs
Niveau piézométrique et
répartition des espèces
Cas des transferts
d’eau et répartition des
espèces
Zonation transversale de la
végétation terrestre

2007
•Transferts d’éléments nutritifs :
De la surface à la nappe ou du fleuve aux bras latéraux
•Apports de MO : la litière dans le cours d’eau
teneur en azote conditionne l’appétence
Désoxygénation des eaux

•Transferts de sédiments
Dépôts alluviaux
Turbidité des eaux

•Transferts biotiques
Rôle de filtre physique
Effet végétation : ralentit
les flux, ombrage

Rôle de filtre :
réduction des
transferts
d’éléments
nutritifs N et P
2007
 Relations entre la
qualité des eaux
souterraines et la
succession végétale
alluviale

2007
2007
2007
Dynamique de l’azote dans les sols
alluviaux en fonction de la période
hydrologique
2007
 Recyclage de la matière organique

Printemps Eté Automne Hiver Printemps

Herbacées
vernales (Ail
des ours,
Arum,
Ficaire…)
Chute des
feuilles de
lierre Décomposition

Chute massive

Décomposition rapide
(Aulne, frêne, peuplier

Décomposition lente
(chêne)
 Echanges rivière –nappe

2007
 Fonctionnement par
pulsation : « Flood
pulse »

2007
Productivité piscicole comparée entre des systèmes aquatiques
connectés et déconnectés

2007
 Aménagements des cours d’eau
(Régularisation endiguement-canalisation)
Conséquences :
Raccourcissement du cours d’eau , augmentation de la pente et de la
force tractrice

Régularisation des niveaux d’eau et diminution de l’amplitude des

battements de nappe

Stabilisation de la topographie des chenaux,

Réduction de la diversité des mosaïques de milieux

Exhaussement des milieux terrestres

Les aménagements du Rhin
Impacts sur les écosystèmes
Réduction de la charge alluvionnaire

Pollution des eaux et des sols

Pertes des surfaces inondables

Evolution des communautés végétales

Le Rhin canalisé , chenal rectiligne

2007
Un exemple de perte de surfaces inondables dans la plaine du Rhin
Evolution des communautés avec la suppression des inondations
(d’après Pautou in Piégay et al. 2003)
 La restauration : définition de concepts de
base

Des définitions
Trajectoire d’écosystème : succession naturelle et tous les autres
itinéraires que peut suivre un écosystème sous les différentes
pressions qu’il subit

Ecosystème de référence : point de repère par rapport auquel on va

évaluer le succès d’une restauration
Seuil d’irréversibilité : zone, valeur que franchit le système lorsqu’il ne
peut revenir à l’état antérieur
 Modèle décrivant la dégradation
des écosystèmes et des 3 voies
majeures envisagées pour y
2007
remédier (Aronson et al.1993)
Modèles d’intervention en 3 voies
La Restauration transformation intentionnelle d’un système pour
rétablir l’état initial (historique à définir), retrouver les fonctions et la
structure des écosystèmes
La Réhabilitation consiste à remettre l’écosystème sur sa
trajectoire pour qu’il puisse retrouver ses fonctions, grâce à une
intervention forte mais limitée dans le temps
La Réaffectation modification d’un écosystème qui privilégie une
fonction , donne un nouvel usage à l écosystème
 Les attributs vitaux du cycle biologique pour l’évaluation de sa réponse
à une perturbation récurrente

•Coefficient d’infiltration d’eau des pluies

•Richesse floristique en espèces
pérennes
•Coefficient d’efficacité des pluies
•Richesse floristique en espèces
annuelles •Réserve en eau disponible
•Spectre biologique
•Durée de disponibilité en eau du sol
•Diversité alpha et béta
•MO du sol
•Recouvrement de la végétation
•Biomasse aérienne •CEC
•Productivité
•Efficacité d’utilisation de l’azote
•Présence et activité des espèces clés de
voûte • Abondance de la faune détritivore
•Stocks de graines viables dans le sol
•Infectivité potentielle par les bactéries et
•État de surface du sol les mycorhizes
 Gestion écologique des grands fleuves

Pourquoi protéger les hydrosystèmes?

•Ressource en eau
•Fonction d’écrêtement des crues assurée par les plaines alluviales

•Ils ont valeur de patrimoine naturel par :

Leur Biodiversité élevée
Leur Productivité biologique élevée
Leur fonction d’Habitats refuge en zone fortement anthropisée
Leur fonction d’Habitats relictuels
Foyers de dissémination pour de nombreuses espèces
3 options :
La préservation pour les fleuves qui ont subi peu d’impact
L’Abandon
La Restauration

Procédures d’intervention
Respecter les principes suivants :
•Chaque secteur doit être perçu comme dépendant du bassin versant
amont
•Chaque secteur est perçu comme un secteur en équilibre
•Les échanges latéraux et verticaux jouent un rôle primordial dans le
fonctionnement durable des secteurs fonctionnels (importance des
interfaces)
 Options pour la gestion
• Amélioration de la qualité des eaux
• Contrôle des débits, maîtrise des flux clés , perturbations
contrôlées
• Intervention sur
les habitats ou biotopes
les biocénoses : plantations, choix des espèces, maîtrise
des espèces invasives
• Contrôle des activités humaines

Nécessité de prendre en compte 3 approches : écologique,

économique et impact sur la santé (Schéma)
2007 D’après Zilliox
Documents extraits de :
Amoros et Petts 1993 Hydrosystèmes fluviaux. Ed Masson
Piégay et al. 2003 Les forêts riveraines des cours d’eau. Ecologie, fonctions,
gestion Ed IDF
Bayley P.B. 1995 Understanding large river-floodplain ecosystems.
Bioscience, 45(3). 153-158.
Carbiener R & Schnitzler A 1990 Evolution of major pattern models and
processes of alluvial forest of the Rhine in the rift valley (France/Germany).
Vegetatio 88, 115-129.
Pautou G. & Décamps H 1985 Ecological interactions between the alluvial
forests and hydrology of the upper Rhône. Arch. Hydrobiol 104, 13-37.
Naiman R.J. & Décamps H. 1997 The ecology of interfaces: riparian zones
Ann Rev Eco. Syst. 28, 624-658.
Le Floch E. & Aronson J. 1995 Ecologie de la restauration , définition de
quelques notions de base. Nature Sciences et Société 3, 29-35