Toxicomanie
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Toxicomanie
I. DEFINITIONS
— La toxicomanie est vue selon l'OMS comme un désir ou un besoin invincible de
consommer une substance ; une tendance à augmenter la dose (tolérance) ; une
dépendance psychologique et souvent physique à l'égard des effets ; des conséquences
(émotives, sociales, économiques) nuisibles.
— La tolérance se manifeste par une diminution progressive des effets obtenus avec
une même dose au fur et { mesure de la répétition des administrations. L’organisme
s’oppose { l’action de la drogue en diminuant sa capacité à répondre.
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LES STIMULANTS
STIMULANTS MINEURS
Caféine
La caféine ou triméthylxanthine, contenue dans le café, le thé, le chocolat, est un
psychostimulant mineur qui augmente la vigilance et l'éveil, dont la toxicité est faible
mais la dépendance psychique et la tolérance qu'elle crée est importante.
Effets généraux : excitation, stimulation.
Signes distinctifs : tremblements, nervosité, accélération du rythme cardiaque.
Nicotine
(Cf. cours Tabagisme)
STIMULANTS MAJEURS
Cocaïne & dérivés
Les diverses formes :
La cocaïne
La cocaïne est le principal alcaloïde obtenu à partir de la distillation des feuilles séchées
du cocaïer (arbuste tropical de la famille des érythroxylacées). C’est une poudre blanche
qui correspond à l'ester méthylique de la benzoylecgonine.
Chlorhydrate de cocaïne (sniffée, fumée, injectée) : poudre blanche cristalline
obtenue par le raffinage de la cocaïne.
Smack ou « speed ball » (injecté) : chlorhydrates de cocaïne + héroïne
Rock-cocaïne (inhalée) : chlorhydrate de cocaïne + lidocaïne
Crack ou « free-base » (fumé) : chlorhydrates de cocaïne + NaHCO3 + eau
Ce mode de fabrication est simple, et moins coûteux que la purification du chlorhydrate
afin de le rendre injectable. Ceci explique le succès de cette forme, d'autant plus que
pour obtenir un effet comparable, il en faut de moins grandes quantités que le
chlorhydrate.
Fumer du crack procure le même flash intense qu'une injection intraveineuse de
cocaïne. Mais l'effet est plus bref (de 2 à 20 minutes) et la « descente » plus brutale.
L'euphorie disparaît donc très rapidement ; pour la retrouver, il faut refumer. La
dépendance psychique s'installe très vite, parfois dès les premières cigarettes.
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Mode d’action :
Dépendance et tolérance :
La dépendance psychique est très forte, car liée à l'effet flash du produit.
La dépendance physique étant peu prononcée (insomnie, fatigue, agitation).
La tolérance n'est pas démontrée.
Amphétamines
La classe pharmacologique des amphétamines englobe différentes substances
individuelles qui sont toutes des dérivés des phényl-éthylamines.
Ils sont proches, structurellement et dans leurs effets des catécholamines. Ce sont des
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amines α-sympathomimétiques les plus actives pour le SNC.
Les molécules d’amphétamines les plus utilisées { des fins toxicomaniaques sont :
L’amphétamine (Speed, Crystal), euphorisant, stimulant majeur.
Le méthylenedioxyamphétamine (MDA), euphorisant.
Le méthylenedioxyéthylamphétamine (MDEA), euphorisant et stimulant...
La diméthoxyamphétamine (DOM) ou "pilule de paix", hallucinogène.
Le méthylènedioxymétamphétamine (MDMA) ou "ecstasy".
ECSTASY (MDMA) H
O N
CH3
Noms de rue : CH3
O
Pilule d'amour - Adam - XTC - Air ball - Fantasy - Paradise – Zen - Blue Jay -Clarity - Dove
- Earth Ball - Empathy - Hug-Drug - M&M, MDM - Californian Sunset - Venus...
Mécanisme d’action :
L’ecstasy se lie aux transporteurs de sérotonine et les empêche de repêcher la
sérotonine et de la transporter vers l’intérieur du dendrite. L’ecstasy peut aussi faire en
sorte que les transporteurs, au lieu de capter la sérotonine, en déversent dans la
synapse. L’ecstasy entraîne une augmentation du taux de sérotonine dans les synapses
ce qui, au niveau comportemental, génère des sentiments d’euphorie et d’empathie.
Par la libération de dopamine dans le cerveau, la MDMA a des effets psychostimulants
qui accélèrent le rythme cardiaque et diminuent la fatigue.
La MDMA contribue également { l’augmentation de la concentration de la noradrénaline.
Effets recherchés :
Les personnes qui consomment de l’ecstasy apprécient les sensations plaisantes qu’elle
procure : euphorie, excitation, activité motrice accrue, insomnie, augmentation de la
vigilance, des perceptions et de la confiance en soi, facilité de l’expression des émotions
et anorexie (la prise d’amphétamine conduit { une baisse de l’appétit, car la drogue
interagit avec l’hypothalamus, dont la fonction est le contrôle de l’appétit).
Effets secondaires :
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Diminution des capacités auditives et visuelles et de la capacité de se concentrer ;
Diminution de la sensibilité à la douleur ;
Hypertonie musculaire, rhabdomyolyse ;
Convulsions, coma.
Principales complications :
LES PERTURBATEURS
Cannabis
Le cannabis, produit illicite le plus largement consommé au monde, provient du chanvre
indien (cannabis sativa) qui est une plante originaire d’Asie centrale mais présente
actuellement dans de nombreux autres pays y compris l’Algérie malheureusement.
Sont employés les tiges, feuilles et fleurs femelles, séchées et pulvérisées (marijuana),
puis, après tamisage, la poudre est agglomérée en bloc (résine ou haschisch).
Après extraction par un solvant organique de la résine, on obtient l'huile de cannabis ;
Elle est destinée à être imprégnée sur du papier à rouler des cigarettes ou à être
incorporée dans des préparations culinaires.
Le cannabis contient plus de 400 substances actives, dont plus de 60 cannabinoides. Les
principaux cannabinoides responsables d'effets pharmacologiques chez l’homme :
Le δ9 – tétrahydrocannabinol (δ9-THC), principal produit psycho-actif chez l’homme ;
Le δ8 – tétrahydrocannabinol, moins psycho-actif que le δ9-THC ;
Le cannabidiol ;
Le cannabinol, non psycho-actif mais aurait une activité anti-inflammatoire.
CH3
OH
H
H
CH3
O
H3C
Fig. Structure chimique du δ9-THC
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Mode d'action :
Dépendance et tolérance :
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Plante Et Champignons Partie utilisée Principe actif Effets
Stimulant hallucinogène :
Khat
modifications de l'humeur
D-norpseudo- hallucinations, troubles
éphédrine digestifs, perturbation du
sommeil, troubles sexuels
et accidents cardiaques.
Champignon
Psilocybes « Psilocybe entier Logorrhée, confusion
psilocybine
semilanceata, Psilocybe mentale, hallucinations
cyanescens » affectant l’ensemble des
perceptions.
LES DEPRESSEURS
Les opiacés
Le pavot à opium, Papaver somniferum, appartenant à la famille des Papavéracées.
L’opium est le latex exsudé par les capsules du pavot, lorsqu’elles sont incisées.
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Il est consommé de toutes les façons possibles, il peut être avalé, injecté ou bien fumé.
Aujourd'hui, la plus grande partie de l’opium issu des cultures illicites de pavot est
destiné à en extraire la morphine qui sert de matière première à la production d’héroïne.
Les dérivés naturels de l’opium :
L’opium contient une trentaine d’alcaloïdes différents dont la structure est dérivée soit
du noyau phénanthrène (morphine, codéine, thébaïne ...) soit de l’isoquinoléine
(papavérine, narcotine, narcéine ...).
Les dérivés synthétiques de l’opium :
Héroïne
Action pharmacologique :
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Dépression et tendances suicidaires.
Coma ± profond et troubles cardiaques.
Chez la femme : irrégularité ou absence des règles, infections de l’utérus ou des
trompes de Fallope pouvant induire la stérilité ;
En raison du passage placentaire, le nouveau né développera un syndrome de
sevrage à la naissance.
Dépendance et tolérance :
Dépendance physique est très importante (le syndrome de sevrage est très
pénible mais jamais mortel : agitation, tremblements, angoisse, anorexie,
douleurs, tachycardie, hypertension, diarrhées et vomissements).
Dépendance psychique très importante : la recherche du produit a pour unique
but d'atténuer l'état de souffrance du manque et non de retrouver les sensations
agréables du début.
Tolérance forte et rapide.
La méthadone, opioïdes synthétiques, est employée comme traitement de substitution de
l’héroïne.
Le GHB produit une ivresse semblable à celle apportée par l'alcool. Il est recherché pour
ses propriétés désinhibitrices, pseudo-aphrodisiaques (augmente la libido) et sédatives.
Son utilisation est devenue criminelle (c’est la drogue versée dans les boissons dans les
boites de nuit, souvent { l’insu des personnes « femmes+++ » : drogue des violeurs) dans
le cadre de pratiques dites « soumission chimique ».
C’est un analogue du GABA qui entraine :
A petite quantité : euphorie ;
A grande quantité : effets sédatifs, trouble de la mémoire, du jugement et de
l’attention ;
A très grande quantité : troubles respiratoires, risque de coma, troubles cardiaque,
tremblements, convulsions.
Dépendance :
Ethanol
(Cf. cours Alcool éthylique)
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Les cheveux
Les cheveux incorporent la plupart des xénobiotiques présents dans le sang. La
recherche des drogues dans ce milieu s’avère extrêmement utile en complément de leur
mise en évidence dans d’autres milieux biologiques.
Il s’agit d’un milieu de conservation exceptionnel, peu biodégradable, dont la matrice
protège bien les molécules organiques et qui n’est pas adultérable. De plus le recueil des
cheveux est moins invasif et plus aisément contrôlable que les prélèvements de sang et
d’urine. Il présente l’avantage, selon sa longueur, de pouvoir remonter { une prise de
drogues de quelques jours à plusieurs mois et même de plusieurs années avant l’analyse
(le cheveu pousse environ 1 cm par mois). En réalisant des analyses de segments, il est
donc possible de caractériser le profil de consommation et d’établir un calendrier
d’exposition.
L’analyse des cheveux trouve ses applications en médecine légale, en médecine du
travail, en médecine du trafic et dans la lutte antidopage.
Méthodes d’analyse
En fonction de la drogue à rechercher, différentes méthodes peuvent être employées :
— Techniques spectrophotométriques ;
— Chromatographie sur couche mince (CCM) ;
— Immunochromatographie (tests rapides) ;
— La technique enzymatique EMIT (Enzyme Multiplied Immunoassay Technique) et
l’immunopolarisation de fluorescence FPIA (Fluorescence Polarization
ImmunoAssay) ;
— Chromatographie en phase liquide (HPLC) ;
— Chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (CPG-SM) ;
— Chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse tandem
(CPG-SM/SM).
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