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Chaire Unesco pour la Culture de la paix

18 au 22 Janvier 2021

COURS D’INTRODUCTION AU
DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE (D.I.H) ou DROIT DES CONFLITS ARMES
Volume horaire : 10 H

Objectifs du Cours :

 Définir le Droit international Humanitaire, le situer au sein du DIP, expliquer le développement


de ses règles, ses principes et ses principaux concepts.
 Appréhender les règles du droit humanitaire notamment celles relatives à la protection des
individus, des groupes, des lieux et des biens et celles se rapportant aux restrictions des
moyens et méthodes de guerre.
 Comprendre les enjeux et les règles liées à la qualification juridique des conflits armés et autres
situations de violence.
 Comprendre les enjeux et défis liés à la mise en œuvre du DIH.
 Comprendre le mandat et le rôle du comité international de la Croix rouge (CICR)

Plan du cours

Dates Progression du Cours

Lundi 18 Définition du DIH, sa place au sein du droit international Public ;


L’origine du DIH (droit de la Haye, de Genève, coutumier);
Leçon I Distinction entre le Jus ad bellum et le jus in Bello.
Distinction entre droit de l’Homme et DIH ;
Généralités sur le Rappel des principes et sources du DIH ;
DIH Définition du Champ d’application du DIH

Mardi 19 Les règles de protection


La protection des personnes (Les combattants, les blessés et naufragés, les civils,
Leçon II les prisonniers de guerre)
Les règles de restrictions
Présentation des Les principes relatifs à la conduite des hostilités
règles du DIH Les règles de restriction des méthodes de guerre
Les règles de restriction du choix des armes
Mercredi 20
Leçon III Les règles objectives de qualification des conflits armés
La qualification Conflit armé international (CAI)
juridique des Conflit armé non international (CANI)
conflits et le droit Troubles et tensions internes ou autres situations de violence
applicable
Les acteurs de la mise en œuvre du DIH
Jeudi 21 La mise en œuvre de prévention
Leçon IV La mise en œuvre de contrôle
La mise en œuvre La mise en œuvre de répression
du DIH Les Défis liés à la mise en œuvre du DIH
Vendredi 22 Une organisation particulière
Un Mandat international de diffusion et de protection
Leçon V Un mandat de diffusion et de protection
Le mandat et le Un rôle en matière humanitaire
rôle du CICR Identifier les activités principales du CICR et ses moyens d’action.

NB : Ce cours n’a qu’un caractère purement indicatif. Il a été conçu à partir d’une compilation de documents publics
disponibles sur internet et particulièrement sur le site du CICR. Sans aucun préjudice lié aux évaluations finales,
les auditeurs sont encouragés à étendre leurs lectures en vue d’approfondir leurs connaissances des concepts
évoqués dans le cadre de ce cours de 10h.

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Introduction

Le droit international humanitaire est une discipline juridique formées à partir de règles issues
de pratiques coutumières très anciennes adoptées par les acteurs internationaux afin de régler certains
problèmes liés à leurs rapports de belligérance. Ces règles codifiées au milieu du XIXe dans un objectif
humanitaire restent cependant, relativement males connues en raison d’une part de leur caractère
technique mais surtout de leur moment d’application que sont les situations de conflits armés. Les
occasions d’enseignement du DIH constituent d’excellents moyens de mieux faire connaitre ces règles
auprès de publics divers.
Le présent cours d’introduction au droit international humanitaire a pour but de faire de connaître
aux auditeurs les règles de base appelées à être mise en œuvre dans des situations d’extrêmes
violences sur la base de considération humanitaires. Ces règles visent principalement à règlementer la
conduite des hostilités et à les préciser les obligations ainsi que les responsabilités des nations
belligérantes.
Dans le cadre de ce cours nous essayerons de jeter les bases de la connaissance du droit
humanitaire qui pourront être appondis par chacun de nous. Dans un souci de clarté et de simplification
de l’apprentissage à un groupes d’auditeurs aux diverses formations, nous avons choisi de structurer
ce cours en cinq leçons qui permettront de développer des thématiques spécifiques :
 Leçon 1 : Les généralités sur le DIH
 Leçon 2 : La présentation des règles du DIH
 Leçon 3 : La qualification juridique des conflits
 Leçon 4 : La mise en œuvre du DIH
 Leçon 5 : Le rôle et le mandat du CICR en matière de DIH

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Leçon I : Les généralités sur Droit international Humanitaire

Cette première leçon se propose de présenter un panorama global du Droit International


Humanitaire (DIH) autour de la définition, des principes, règles fondamentales qui le régissent, des
sources et d’une distinction avec le droit international des droits de l’Homme (DIDH).

1.1. Définition du DIH, sa place au sein du droit international Public

Le Droit International Humanitaire ou droit applicable aux conflits armés, désigne un ensemble de règles
internationales, d'origine conventionnelle ou coutumière, spécifiquement destinées à régler les
problèmes humanitaires découlant directement des conflits armés, internationaux ou non, et qui
restreignent, pour des raisons humanitaires, le droit des Parties au conflit à utiliser les méthodes et
moyens de guerre de leur choix et protègent les personnes et les biens affectés par le conflit. Nous
abrègerons l’expression Droit International Humanitaire par DIH ou droit humanitaire. Cette définition
présente la finalité du DIH et ses principaux objectifs.

Les règles et principes du DIH ne sont pas uniquement des préceptes moraux ou philosophiques ou
des coutumes sociales. Elles s’inscrivent dans le vaste ensemble de règles et principes régulant la
coordination et la coopération entre les membres de la Communauté internationale qu’est le Droit
international public. Le DIH constitue un régime détaillé de droits et d’obligations imposés aux
différentes parties à un conflit armé. Il fait à ce titre partie intégrante du Droit international public.

1.2 Origine du Droit International Humanitaire (D.I.H)

L’année 1864 est admise comme l’année de création du DIH en raison de l'adoption, au cours de cette
année, de la Première Convention de Genève. Cependant, il faut remonter loin dans les pratiques
coutumières des peuples pour trouver l’origine réelle du DIH. Il faut ainsi admettre que les règles du
Droit humanitaire ne sont pas complètement nouvelles. Cependant, les règles coutumières dont elles
sont issues avaient un caractère rudimentaire, épars, géographiquement. Elles n'avaient pas été
établies principalement pour des raisons humanitaires, mais plutôt pour des raisons économiques.

Par exemple :
• L'interdiction d'empoisonner des puits (Conv. Haye en 1899) visait à faciliter l'exploitation des zones
conquises ;
• L’l'interdiction de tuer les prisonniers de guerre (3e Conv. de Genève de 1949) visait à préserver la
vie de futurs esclaves et / ou faciliter l'échange de prisonniers de guerre. On trouve

Les origines documentées du DIH remontent au milieu du XIXe siècle avec l’adoption du
premier traité universel de Droit Humanitaire à Genève en 1864. Ce traité tire son origine de l’expérience
vécue d’un homme d’affaire suisse, Henry Dunant en 1859 sur le champ de la bataille sanglante,
opposant les armées française et autrichienne dans la ville de Solferino dans le Nord de l'Italie. Il a été
très marqué par la violence de la bataille et particulièrement par la situation des blessés laissés sur le
champ de bataille qu’il a aidé à secourir avec l'aide de la population locale. Il publia un livre en 1862
intitulé, Un souvenir de Solferino, dans lequel il décrit précisément les horreurs de la bataille et propose
trois mesures pratiques destinées à améliorer le sort des victimes de guerre. Il propose ainsi :

1) Que des sociétés de secours volontaires soient établies dès le temps de paix dans tous les
pays afin de servir, en période de conflit, d'auxiliaires aux services médicaux militaires.
2) Que les Etats concluent un traité international garantissant légalement la protection des
blessés militaires et du personnel médical qui leur porte secours.
3) Qu'un signe international d'identification et de protection du personnel sanitaire et des
installations sanitaires soit adopté.

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Ces trois propositions étaient simples. Elles ont eu pourtant des conséquences profondes et
durables. • Tout le système des Sociétés Nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (il y en
a aujourd'hui 183 dans le monde)4 découle de la première proposition / mesure ; • La seconde
proposition (mesure) donna naissance à la "Première convention de Genève" en 1864, • La troisième
proposition (mesure) conduisit à l'adoption de l'emblème protecteur de la croix rouge et du croissant
rouge.

Le traité de 1864 est le fruit de la conférence diplomatique organisée à l’initiative de la Suisse en


1864 à Genève. Il comportait 10 articles concis qui donnaient une forme légale aux propositions de
Dunant et a créé un statut spécial pour le personnel médical. Cette convention d’origine a été remplacée
par des traités plus modernes, plus étendus et plus détaillés dans le but d’un élargissement constant
des catégories de victimes de guerre protégées par le droit humanitaire (blessés militaires, malades et
naufragés, prisonniers de guerre, civils dans les territoires occupés, enfin l'ensemble de la population
civile), mais aussi l'expansion des situations dans lesquelles les victimes sont protégées (conflits armés
internationaux et non internationaux); et une mise à jour et la modernisation régulière des traités, pour
prendre en compte les réalités des conflits récents.

1.3. Les principes et règles principales du DIH

Le DIH est conçu pour équilibrer les préoccupations humanitaires et la nécessité militaire, la
guerre et les sujets de l'état de droit en limitant son effet destructeur et atténuer les souffrances
humaines. Il est construit autour des principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité, de la solidarité
et de la responsabilité et de non-discrimination.

Par ailleurs, le DIH ne recherche ni à supprimer les conflits armés ni à se prononce pas sur le
droit d’un État de déclarer la guerre à un autre État ou de recourir à la force armée contre cet État (jus
ad bellum,). Le DIH se concentre sur le (jus in bello) qui régit le comportement des parties engagées
dans un conflit armé, quelles que soient les raisons de ce conflit et quelle que soit la partie qui a ouvert
les hostilités.
Le jus ad bellum détermine le droit de recourir à la force armée. L’article 2.4) de la Charte des
Nations Unies dispose que : « Les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations
internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou
l’indépendance politique de tout État […] ». En d’autres termes, la guerre n’est pas un moyen acceptable
de régler les différends entre États.
La Charte des Nations Unies prévoit néanmoins deux exceptions à cette règle : pour les cas de
légitime défense individuelle ou collective en réponse à une agression d’un autre État ou groupe d’États
(art. 51 ); et sur autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU (agissant sur la base du Chapitre VII de
la Charte), pour maintenir la paix et la sécurité internationales.
L’interdiction de recourir à la force ne s’applique pas aux conflits armés non internationaux

Le jus in bello s’est développé quand l’usage de la force était un type licite de relation
internationale, lorsque les Etats avaient le droit de faire la guerre (i.e. quand ils avaient le jus ad bellum).
Il traite donc de la réalité d’un conflit sans considération des motifs ou de la légalité d’un recours à la
force. Il en réglemente uniquement les aspects ayant une portée humanitaire. Ses dispositions
s’appliquent également à l’ensemble des parties au conflit, indépendamment des motifs du conflit et de
la justesse de la cause défendue par l’une ou l’autre partie.

1.4. Les principales règles du Droit international humanitaire

Le droit international humanitaire peut être résumé en sept règles fondamentales qui sous-tendent les
Conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels de 1977 et 2005.
 Les personnes hors de combat et celles qui ne prennent pas directement part aux hostilités ont
droit au respect de leur vie et de leur intégrité tant morale que physique. Elles doivent en toutes
circonstances être protégées et traitées humainement, sans distinction de caractère
défavorable.
 Il est interdit de tuer ou de blesser un ennemi qui se rend ou qui est hors de combat.
 Les blessés et les malades doivent être recueillis et soignés par celle des parties au conflit dont
ils relèvent. La protection couvre aussi les personnels de santé, ainsi que les structures
médicales, les moyens de transport et l’équipement sanitaires.

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 Les emblèmes de la croix rouge et du croissant rouge symbolisent cette protection et doivent
être respectés.
 Les combattants capturés et les civils se retrouvant sous l’autorité d’une partie adverse ont droit
au respect de leur vie, de leur dignité, ainsi que de leurs droits individuels et de leurs convictions.
Ils doivent être protégés contre tout acte de violence ou de représailles. Ils ont le droit de
correspondre avec leurs proches et de recevoir des secours.
 Toute personne bénéficie de garanties fondamentales en matière judiciaire. Nul ne peut être
tenu responsable d’un acte qu’il ou elle n’a pas commis. Nul ne peut être soumis à la torture
physique ou mentale, à des peines corporelles ou à un traitement cruel ou dégradant.
 Les parties à un conflit et les membres de leurs forces armées n’ont pas un choix illimité en ce
qui concerne les méthodes et moyens de guerre. L’emploi d’armes ou de méthodes de guerre
qui sont de nature à causer des maux superflus ou des souffrances inutiles est prohibé.
 Les parties à un conflit doivent en tout temps faire la distinction entre la population civile et
les combattants afin d’épargner les personnes et les biens civils. Les attaques ne doivent
viser que des objectifs militaires.

1.5. Le DIH et le droit international des droits de l’homme

Le DIH et le droit international relatif aux droits de l’homme sont des branches complémentaires du
droit international qui partagent un certain nombre d’objectifs. Ils ont l’un et l’autre pour objet de protéger
la vie, la santé et la dignité des individus. Elles ont été constituées au fil du temps, indépendamment
l’une de l’autre, et reposent sur des sources différentes. Si leurs champs d’application se recoupent
parfois, les mécanismes visant à les faire respecter sont différents.

Le DIH ne s’applique qu’en période de conflit armé, international ou non, et vise, pour des raisons
humanitaires, à limiter les effets de la guerre sur les individus et les biens. Le DIDH, lui, s’applique en
tout temps – en situation de conflit armé comme en temps de paix. Le DIH lie toutes les parties à un
conflit armé, y compris les forces armées des États et les groupes armés non étatiques. Le DIDH ne lie
que les États, dans leurs relations avec les individus. Tout être humain a des droits fondamentaux.
Néanmoins, certains de ces droits peuvent être suspendus temporairement dans des situations où la
vie de la nation est menacée, comme lors d’une guerre.
Inversement, le DIH ne souffre aucune dérogation car il porte uniquement sur la situation exceptionnelle
du conflit armé.

Le DIH et le DIDH se recoupent sur un certain nombre de points : la protection de la vie humaine ;
l’interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants ; l’interdiction de
l’esclavage et de la servitude ; la protection des garanties judiciaires fondamentales ; le droit à
l’alimentation ; le droit à des soins de santé.
Le DIH et le DIDH reconnaissent la responsabilité pénale individuelle pour : les crimes de guerre, tels
que définis par le DIH ; et le génocide et les crimes contre l’humanité, tels que définis par le DIH et le
DIDH.

I.6. Les sources du droit international Humanitaire

Comme le DIH est une partie intégrante du Droit International Public, ses sources correspondent,
logiquement, à celles de ce dernier, telles qu’elles sont définies dans l’article 38(1) du Statut de la Cour
international de justice.

 Les conventions internationales (prière de noter que le mot convention vaut aussi pour celui
de traité) ;
 La coutume internationale comme preuve d’une pratique générale acceptée comme étant le
droit ;
 Les principes généraux de droits reconnus par les nations civilisées ;
 Les décisions judiciaires et la doctrine des publicistes les plus qualifiés…comme moyen
auxiliaire de détermination des règles de droit.

Les traités et la coutume sont les principales sources du droit international Public. Au regard du DIH,
les traités les plus importants sont les Conventions de Genève de 1949, les protocoles additionnels de
1977, et ce que l’on appelle les Conventions de la Haye.

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Le DIH comporte deux branches distinctes :
Le « droit de Genève », formé de l’ensemble de règles qui protègent les victimes des conflits armés,
comme les soldats « hors de combat » (combattants blessés et prisonniers de guerre) et les personnes
civiles qui ne participent pas ou ne participent plus directement aux hostilités ;
Le « droit de La Haye », constitué par l’ensemble des règles qui définissent les droits et obligations
des belligérants dans la conduite des hostilités et limitent les méthodes et moyens de guerre.

1.7 : Le champ d’application matériel du D.I.H

Le Droit International Humanitaire (DIH) s’applique dans deux types de situations conflictuelles très
différentes : Les conflits armés internationaux et les conflits armés non-internationaux.

Les Conflits armés internationaux: est « guerre déclarée ou de tout autre conflit armé surgissant entre
deux ou plusieurs des hautes parties contractantes, même si l’état de guerre n’est pas reconnu par l’une
d’elles ».

Conflits armés non-internationaux : un conflit opposant sur le territoire d’un Etats les forces armées
et des groupes armés ou des groupes armés entre eux.

Le DIH n’est pas applicables dans les situations de violence ou de tensions internes. Ce point a été
clairement mentionné par l’article 1(2) du protocole Additionnel II qui dispose : « Le présent protocole
ne s’applique pas aux situations de tensions internes, de troubles intérieurs, comme les émeutes, les
actes isolés et sporadiques de violence et autres actes analogues, qui ne sont pas considérés comme
des conflits armés »

Leçon II : La présentation des règles du Droit international Humanitaire

INTRODUCTION

Le droit international humanitaire (DIH), parfois appelé « droit de la guerre » ou « droit des
conflits armés », est composé de règles destinées à protéger les personnes qui ne participent pas,
ou plus, aux hostilités et à limiter les moyens et méthodes de guerre. En d’autres termes, le DIH est
formé de règles inscrites dans des traités internationaux ou issues de la coutume et spécifiquement
destinées à régler des questions d’ordre humanitaire directement liées aux conflits armés, qu’ils soient
de nature internationale ou non internationale.

II.1. LES RÈGLES DE PROTECTION

Le DIH protège des personnes, des lieux et des biens en période de conflit armé.

II.1.1. La protection des personnes et des groupes

Le DIH protège certaines catégories de personnes des effets des hostilités. Il s’agit notamment
des personnes qui ne prennent pas ou plus part aux hostilités, telles que : les blessés, les
malades et les naufragés, qu’ils soient militaires ou civils ; les personnels de santé et le personnel
religieux, qu’ils soient militaires ou civils ; les personnes détenues dans le cadre d’un conflit armé,
notamment les prisonniers de guerre ; les civils.

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Les parties à un conflit sont tenues, en toutes circonstances, de respecter la vie de ces
personnes, leur dignité et leur intégrité mentale et physique, de leur fournir une assistance matérielle et
de les traiter avec humanité et sans discrimination. Cela signifie :
Qu’il soit interdit de tuer ou de blesser des ennemis qui se rendent ou ne sont pas en mesure
de se défendre ;
Que les blessés et les malades doivent être recueillis et soignés ;
Que les civils ne doivent pas faire l’objet d’attaques délibérées ;
Qu’il faut faciliter l’accès des civils à l’aide humanitaire ;
que les prisonniers et les détenus doivent recevoir une nourriture, des moyens d’hébergement
et des soins médicaux suffisants et pouvoir échanger des messages avec leurs proches ; ils doivent
également bénéficier de garanties procédurales et judiciaires.

Il ne peut être fait exception à l’interdiction d’attaquer délibérément des civils que lorsque des
civils participent directement aux hostilités, par exemple lorsqu’ils prennent les armes contre l’ennemi.
En pareil cas, ils peuvent être pris pour cible d’une attaque, mais seulement tant que dure leur
participation directe aux hostilités. Pour constituer une participation directe aux hostilités, un acte doit
remplir tous les critères suivants :
 Il doit atteindre un certain seuil de nuisance. Tel est le cas lorsque l’acte est susceptible de
nuire aux opérations militaires ou à la capacité militaire d’une partie belligérante, lorsqu’il est de
nature à blesser ou tuer des civils, à mettre des combattants hors de combat, ou à détruire des
biens civils.
 Il doit exister une relation directe de causalité entre l’acte et le préjudice susceptible de résulter
de cet acte ou d’une opération militaire coordonnée dont cet acte fait partie.
 Il doit y avoir un lien de belligérance. Cela signifie que l’acte doit être préparé spécifiquement
pour atteindre le seuil de nuisance requis, à l’avantage d’une partie au conflit et au détriment
d’une autre.

II.1.1. 1. Les blessés, les malades et les naufragés

Relativement à la protection des blessés, des malades et des naufragés, qu’il s’agisse de civils
ou de militaires le DIH impose qu’ils soient traités humainement. Il est par conséquent strictement
interdit de les tuer, de les exterminer ou de les soumettre à quelque traitement inhumain ou dégradant
que ce soit, tel que la torture ou des expériences médicales. Ils doivent être protégés des dangers et
des menaces, en particulier des représailles, des pillages et des mauvais traitements. Ils doivent être
recherchés et recueillis sans délai, pour être protégés des effets des hostilités. Ils doivent recevoir dès
que possible tous les soins médicaux requis par leur état. Il ne peut être établi d’ordre de priorité en
matière de traitement que sur la base de critères médicaux et nul ne doit faire l’objet d’une discrimination
pour des raisons de loyauté, de nationalité, de sexe, de race ou de religion.
Outre l’obligation qui leur est faite de fournir des soins médicaux aux personnes blessées,
malades ou naufragées, les États parties aux Conventions de Genève doivent : autoriser les services
médicaux civils et militaires à accomplir leur travail dans les situations de conflit ; s’abstenir d’attaquer
des structures médicales afin qu’elles puissent opérer dans les zones de conflit (les personnels de santé
doivent être considérés comme neutres) ; prendre des mesures analogues pour protéger les
ambulances et les hôpitaux, qui peuvent être signalés au moyen de l’emblème de la croix rouge, du
croissant rouge ou du cristal rouge ; déterminer à l’avance quels navires seront utilisés comme navires-
hôpitaux en temps de guerre, car il est difficile de réquisitionner et d’équiper ces navires une fois qu’un
conflit a éclaté ; et en faire autant pour les aéronefs destinés au transport sanitaire.

II.1.1. 2. Les personnes détenues ou internées dans le cadre d’un conflit armé

Les personnes privées de liberté bénéficient non seulement des protections générales
conférées par le DIH aux personnes qui ne participent pas, ou plus, aux hostilités, mais aussi d’une
protection spécifique. Les deux principales formes de détention à long terme dans les conflits armés
sont l’internement (rétention administrative pour des raisons de sécurité) et la détention (aux fins de
l’exercice de procédures pénales).
Les prisonniers de guerre dans les conflits armés internationaux Les prisonniers de guerre sont
généralement des membres des forces armées de l’une des parties à un conflit qui ont été capturés par
l’ennemi. La troisième Convention de Genève mentionne également d’autres catégories de personnes
qui ont droit au statut de prisonniers de guerre ou le droit d’être traitées comme tels, comme les

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membres de milices et de corps de volontaires qui font partie des forces armées ou de mouvements de
résistance.
Il convient de noter que le statut de prisonnier de guerre n’existe pas dans les conflits armés
non internationaux. Cependant, les parties à de tels conflits peuvent décider conjointement d’appliquer,
par analogie, les règles applicables aux conflits armés internationaux. Toutefois, le DIH confère des
droits et des protections spéciaux aux prisonniers de guerre.
Ceux-ci doivent être traités avec humanité en toutes circonstances et protégés contre les actes
de violence et d’intimidation, les insultes et la curiosité du public. Ils ont droit au respect de leur vie, de
leur dignité, de leurs droits individuels, ainsi que de leurs convictions politiques, religieuses et autres.
Le DIH prévoit également des conditions minimales de détention, qui couvrent des questions telles que
l’hébergement, la nourriture, l’habillement, l’hygiène et les soins médicaux. Les prisonniers de guerre
ont le droit d’échanger des nouvelles avec leurs proches. Les parties à un conflit doivent libérer tous les
prisonniers de guerre sans délai après la fin des hostilités actives, sauf si elles décident de les
poursuivre et de les incarcérer pour crime de guerre ou pour d’autres violations du DIH. En pareil cas,
les prisonniers doivent bénéficier d’un procès équitable et ne peuvent se voir infliger une peine
inhumaine s’ils sont reconnus coupables.

II.1.1. 3. Les internés civils dans les conflits armés internationaux

Une partie à un conflit peut interner des civils pour des raisons impératives de sécurité et doit
les relâcher aussitôt que ces raisons cessent d’exister. Les internés civils doivent être informés des
raisons de leur internement et avoir la possibilité de faire réexaminer leur internement sans délai par un
tribunal ou un collège administratif. Si l’internement est maintenu, l’interné a le droit de le faire
réexaminer au moins deux fois par an. Les règles régissant le traitement des internés civils sont très
semblables à celles qui s’appliquent aux prisonniers de guerre. Certaines des conditions sont plus
favorables, notamment en ce qui concerne le regroupement des familles séparées.

II.1.1. 4. Les personnes privées de liberté dans les conflits armés non internationaux

Les personnes privées de liberté dans le cadre d’un conflit armé non international doivent être
traitées avec humanité et sans discrimination en toutes circonstances. Leur statut est régi par l’article 3
commun aux quatre Conventions de Genève et par les articles 4, 5 et 6 du Protocole additionnel II. Les
protections prévues par le Protocole additionnel II s’appliquent aux personnes internées ou détenues
pour des raisons liées à un conflit armé, ainsi qu’aux personnes faisant l’objet de poursuites pour des
infractions pénales commises dans le cadre d’un conflit armé. Ces règles, bien que moins détaillées et
moins claires que les règles qui protègent les prisonniers de guerre et les internés civils dans les conflits
armés internationaux, sont néanmoins contraignantes pour tous les États et tous les groupes armés
non étatiques.

II.1.1. 5. La protection générale des civils

Le DIH dispose que les parties à un conflit doivent s’efforcer de protéger les civils et les biens
civils et ne doivent jamais les prendre pour cibles. Pourtant, de nos jours, les civils sont souvent les plus
durement touchés par les conflits armés. Dans les conflits contemporains, il n’est pas rare qu’il y ait
plus de victimes civiles que de victimes militaires. Pire encore, le contrôle de la population est souvent
l’un des enjeux majeurs des affrontements et les civils deviennent parfois une cible directe. Plusieurs
facteurs sont en cause dans cette situation, notamment l’animosité croissante entre groupes ethniques
et religieux, l’effondrement des structures étatiques, la lutte pour le contrôle des ressources naturelles,
le fait que les armes sont largement disponibles, la propagation du terrorisme et le nombre croissant de
conflits asymétriques (conflits dans lesquels les parties ont des capacités militaires inégales).
Le manque de protection des civils dans les conflits armés vient souvent de ce que les parties
ne respectent pas le DIH, plus que de défaillances des règles qui le régissent.
Protéger les civils signifie, au sens large, veiller à ce que les autorités et les groupes armés
s’acquittent de leurs obligations au regard du DIH et des règles connexes du droit relatif aux droits de
l’homme.

La quatrième Convention de Genève et les Protocoles additionnels de 1977 prêtent une


attention particulière aux civils, qui sont exposés non seulement aux opérations militaires, mais aussi à
l’abus de pouvoir et à d’autres atteintes à leur dignité. Dans ce cadre, le DIH garantit les droits
fondamentaux de chaque individu.

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Les citoyens d’un pays partie à un conflit qui se trouvent en territoire ennemi doivent être
autorisées à regagner leur pays d’origine sauf si cela crée un danger pour la sécurité ou l’économie de
l’État concerné. Si ces personnes décident de ne pas rentrer ou n’ont pas obtenu le droit de le faire,
elles doivent être traitées comme des étrangers en temps de paix. Elles peuvent être internées ou
assignées à résidence si nécessaire, mais doivent pouvoir faire appel de ces mesures.

De même, les civils vivant sous occupation armée sont couverts par des règles spécifiques
destinées à les protéger des abus de la puissance occupante et à maintenir, dans le territoire occupé,
la situation telle qu’elle était avant l’invasion. Le DIH vise à maintenir le statu quo car, en droit
international, l’occupation armée est considérée comme une situation temporaire. En pareille situation,
les civils se voient accorder certains droits et ne peuvent être sanctionnés en raison de leur statut. Il est
interdit, par exemple, d’expulser les habitants du territoire occupé ou de les déplacer d’une partie dudit
territoire à une autre. La puissance occupante ne peut ni installer ses propres ressortissants sur le
territoire occupé ni le modifier en détruisant des habitations ou des infrastructures (sauf s’il y a des
raisons militaires de le faire).

Les femmes et les enfants sont spécialement vulnérables dans les situations de conflit armé.
Les règles régissant leur traitement sont destinées à répondre aux besoins qui leur sont propres. Les
enfants doivent bénéficier des soins et de l’attention dont ils ont besoin. Pour les parties à un conflit
armé, cela signifie : veiller à ce que les enfants de moins de 15 ans ne prennent pas part directement
aux hostilités ; veiller à ce que l’on prenne correctement soin des enfants devenus orphelins ou séparés
de leur famille du fait d’un conflit armé ; veiller à ce que les enfants ne soient pas livrés à eux-mêmes,
à ce qu’ils puissent pratiquer librement leur religion et poursuivre leur scolarité ; séparer les enfants qui
doivent être emprisonnés des adultes (sauf s’ils sont détenus avec leur famille) ; s’abstenir d’appliquer
la peine de mort à toute personne âgée de moins de 18 ans au moment des faits ; et aider les enfants
évacués d’un pays étranger à regagner leur pays et à rejoindre leur famille.
Les parties à un conflit armé doivent également être attentives aux besoins spécifiques des
femmes en matière de protection, de santé et d’assistance. Les femmes enceintes et les jeunes mères
doivent faire l’objet d’une attention particulière et toutes les femmes doivent être protégées de la
violence sexuelle. Les femmes emprisonnées doivent être placées sous la responsabilité directe
d’autres femmes. Lorsque des femmes enceintes ou ayant des enfants à charge sont arrêtées dans le
cadre d’un conflit armé, leur situation doit être traitée en priorité et elles ne doivent pas être condamnées
à la peine de mort.

Garanties fondamentales pour toute personne touchée par un conflit armé Les pratiques
suivantes sont interdites en toutes circonstances : les actes de violence portant atteinte à la vie, à la
santé ou au bien-être physique ou mental des personnes, en particulier le meurtre, la torture, les peines
corporelles et les mutilations ; les atteintes à la dignité de la personne, en particulier les traitements
humiliants ou dégradants, le viol, la prostitution forcée ou toute forme d’attentat à la pudeur ; la prise
d’otages ; les peines collectives ; la menace de l’un quelconque de ces actes.
À ces garanties fondamentales s’ajoutent des garanties judiciaires qui s’appliquent dans les
procédures pénales, et des garanties procédurales qui protègent les droits des personnes détenues
dans d’autres circonstances telles que l’internement et la détention administrative.

Les garanties judiciaires et procédurales prévues par le DIH sont un ensemble de règles
destinées à faire en sorte que les individus au pouvoir d’une partie à un conflit bénéficient d’un procès
équitable et ne soient pas illégalement ou arbitrairement privés de leurs droits et libertés fondamentaux.
Ces règles sont énoncées dans les Conventions de Genève et les Protocoles additionnels I et II, et
s’appliquent aux conflits armés internationaux et non internationaux. Elles établissent des conditions
minimales qui n’interdisent en aucun cas un traitement plus favorable. Ces règles s’appliquent en tout
temps et en tout lieu aux États parties aux Conventions de Genève et à leurs protocoles additionnels.
Les États doivent veiller à ce que les obligations que leur font ces instruments soient incorporées dans
leur législation, par exemple dans leur code de procédure pénale et leurs règlements de procédure et
de preuve et/ou dans leur Constitution. Il ne peut être dérogé à ces règles, même lorsque la sécurité de
l’État ou la nécessité militaire semblent l’exiger. Le non-respect des garanties judiciaires et procédurales
constitue, dans la plupart des cas, une violation grave du DIH.
Les principales garanties judiciaires sont les suivantes : le principe de la responsabilité pénale
individuelle ; le principe de la légalité : pas de crime ni de sanction sans loi ; l’interdiction de la double
incrimination (autrement dit, nul ne peut être jugé deux fois pour la même infraction) ; le droit de l’accusé
d’être jugé par un tribunal indépendant et impartial et sans retard excessif ; le droit de l’accusé d’être

9
informé de la nature et de la cause de l’infraction qui lui est reprochée ; les droits et moyens de la
défense, par exemple le droit d’être assisté d’un avocat qualifié et librement choisi ; le droit à une aide
juridictionnelle gratuite ; le droit de l’accusé de se faire assister d’un interprète ; le droit de l’accusé de
communiquer librement avec son conseil ; le droit de l’accusé de disposer du temps et des facilités
nécessaires à la préparation de sa défense ; le droit de l’accusé d’interroger les témoins ; la
présomption d’innocence ; le droit de l’accusé d’être présent à son procès ; le droit de l’accusé de ne
pas témoigner contre lui-même et de ne pas s’avouer coupable ; le droit de l’accusé de voir son
jugement prononcé en public ; le droit de l’accusé d’être informé de son droit de faire appel. Les
garanties procédurales sont notamment : le droit d’être informé des motifs de l’internement / de la
détention administrative ; le droit d’être enregistré et détenu dans un lieu d’internement / de détention
administrative officiellement reconnu ; l’examen de la légalité de l’internement / de la détention
administrative, effectué par un organisme indépendant et impartial ; le droit à un examen périodique de
la légalité du maintien en détention ; le droit pour la personne internée ou placée en détention
administrative de recevoir l’attention médicale et les soins médicaux qu’exige son état.

II.1.2. La protection des lieux et des biens

II.1.2.1. La protection des lieux

Certains lieux et biens, tels que les hôpitaux, les ambulances et les biens culturels (les lieux de
culte, les œuvres d’art et les monuments historiques), sont protégés par le DIH et ne doivent pas être
attaqués. Le DIH interdit en outre d’attaquer ou de détruire des biens indispensables à la survie de la
population civile (par exemple, les installations servant à l’approvisionnement de denrées alimentaires
ou à la distribution d’eau potable) et les ouvrages contenant des forces dangereuses (par exemple, les
barrages et les centrales nucléaires).
Le DIH prévoit un certain nombre d’« emblèmes distinctifs » clairement reconnaissables –
notamment la croix rouge, le croissant rouge et le cristal rouge – qui sont utilisés pour identifier les
personnes et les biens protégés.

Les structures médicales et les moyens de transport sanitaire

Les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels prévoient l’obligation pour les États
de respecter et de protéger en toutes circonstances les structures, les personnels de santé et les
moyens de transport sanitaire affectés à des fonctions médicales. Ces protections sont nécessaires
pour que les blessés et les malades puissent recevoir des soins médicaux. Les structures médicales,
les personnels de santé et les moyens de transport sanitaire peuvent être identifiés par la croix rouge,
le croissant rouge ou le cristal rouge. Ils ne doivent pas être attaqués, sauf s’ils sont utilisés pour
commettre des actes hostiles et seulement après avertissement.

II.1.2.2. Les biens culturels

Les biens culturels sont les lieux et objets consacrés à la religion, à l’art, à la science ou à
l’éducation. Ils incluent également les monuments d’histoire et d’architecture. Il faut veiller tout
particulièrement à ne pas endommager des biens culturels. La destruction de biens culturels peut être
considérée comme une tentative de détruire l’identité culturelle de toute une société. Les mesures prises
pour défendre les biens culturels d’une population et, partant, pour promouvoir le respect de sa dignité,
fait par conséquent partie intégrante de l’opération humanitaire visant à protéger cette population. La
Convention de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé et ses protocoles ont
été adoptés pour protéger les biens culturels, qui peuvent être identifiés au moyen de l’emblème défini
dans la convention, un bouclier bleu et blanc.
L’environnement naturel Le conflit armé peut causer des dégâts étendus, durables et graves à
l’environnement, notamment du fait de l’utilisation de certaines armes. Le DIH vise à protéger
l’environnement de tels dommages.

10
II.1.2.3. Les ouvrages et installations contenant des forces dangereuses

L’expression « ouvrages et installations contenant des forces dangereuses » désigne les


structures telles que les barrages, les digues et les centrales nucléaires. Même si ces ouvrages et
installations deviennent des objectifs militaires, ils ne doivent pas faire l’objet d’attaques, car cela
pourrait libérer des forces dangereuses et causer des pertes considérables parmi les civils. Les
ouvrages d’art et installations contenant des forces dangereuses peuvent être identifiés au moyen d’un
symbole constitué de trois ronds orange vif.

II.1.2.4. L’Emblème

Afin de garantir la protection des personnes, des lieux et des biens, le DIH a institué un certain
nombre d’emblèmes utilisés comme signe distinctif clairement reconnaissables. Les emblèmes de la
croix rouge, du croissant rouge, du lion-et-soleil rouge et du cristal rouge sont des symboles reconnus
sur le plan international qui expriment sous forme visible l’assistance et la protection neutres et
impartiales auxquelles ont droit, en vertu du DIH, les personnes blessées et malades dans les conflits
armés. Il importe de préciser que le lion-et-soleil rouge n’est plus utilisé de nos jours.

Les emblèmes ont deux fonctions.

Premièrement, ils sont le signe visible de la protection accordée, pendant les conflits armés, au
personnel, aux unités et aux transports sanitaires des forces armées, ainsi qu’au personnel religieux
(usage protecteur).
Deuxièmement, les emblèmes montrent qu’une personne ou un bien est associé au Mouvement
international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (usage indicatif). Le Mouvement se compose du
CICR, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et de
l’ensemble des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

II.1.2.4.1. L’Emblème comme signe protecteur,

L’emblème est destiné en premier lieu à être utilisé à des fins de protection par les services
sanitaires des forces armées sur terre, en mer et dans les airs. L’emblème protecteur peut en outre être
utilisé, avec l’autorisation expresse des autorités publiques compétentes et sous leur contrôle, par le
personnel sanitaire civil, par les hôpitaux et autres unités médicales civiles, ainsi que par les moyens
de transport civils affectés aux soins et à la prise en charge des blessés, des malades et des naufragés
en temps de conflit armé. Comme l’emblème est conçu pour représenter la protection due à certaines
personnes et à certains biens en temps de conflit armé, il doit être aussi grand que possible, de manière
à être visible même à une grande distance. L’emblème en soi ne confère pas la protection : il est
simplement le signe visible de la protection accordée par les Conventions de Genève et leurs Protocoles
additionnels.

II.1.2.4.2. L’Emblème comme signe indicatif

L’emblème est aussi employé à des fins indicatives, en temps de guerre ou en temps de paix,
afin de montrer qu’une personne ou un bien a un lien avec le Mouvement ou avec l’une de ses
composantes. Dans ce cas, l’emblème doit être de petite dimension, afin d’éviter toute confusion entre
les usages protecteur et indicatif.

Le CICR et la Fédération internationale ont le droit d’utiliser l’emblème en tout temps, que ce
soit à titre protecteur ou à titre indicatif.

En 2005, le Protocole additionnel III a reconnu un nouvel emblème distinctif : le cristal rouge
destiné à être utilisé dans les mêmes conditions et aux mêmes fins que les emblèmes définis par les
Conventions de Genève. Il offre une option supplémentaire aux États qui ne souhaitent pas utiliser la
croix rouge ou le croissant rouge. En effet,

Le Protocole additionnel III autorise aussi les Sociétés nationales des États qui décident
d’utiliser le cristal rouge à faire figurer à l’intérieur du cristal un autre emblème ou signe, à condition qu’il
remplisse deux conditions.

11
Premièrement, cet emblème ou signe doit avoir déjà été effectivement utilisé.
Deuxièmement, il doit avoir été l’objet d’une communication par l’intermédiaire du dépositaire
(le Conseil fédéral suisse) aux autres Hautes Parties contractantes (les autres États parties aux
Conventions de Genève) ainsi qu’au CICR avant l’adoption du Protocole additionnel III. Actuellement,
l’unique emblème qui répond à ces deux conditions est le bouclier rouge de David, utilisé par la Société
nationale israélienne.

II.1.2.4. 3. Les abus de l’emblème

Tout emploi de l’emblème, en temps de conflit armé ou en temps de paix qui n’est pas
expressément autorisée par le DIH, constitue un abus et est par conséquent interdit. L’abus peut être
de trois types : l’imitation, l’usurpation, la perfidie.
•• L’imitation est l’utilisation d’un signe qui, par sa forme ou sa couleur, pourrait être confondu avec
l’un des emblèmes reconnus ;
•• L’usurpation est l’utilisation de l’emblème par une personne ou par une organisation qui n’y est pas
autorisée (entreprises commerciales, établissements médicaux ou pharmacies, organisations non
gouvernementales ou personnes privées, etc.). L’usurpation inclut aussi l’utilisation de l’emblème par
des personnes autorisées, mais de manière non conforme aux règles de DIH ;
•• La perfidie est l’utilisation de l’emblème pour feindre un statut protégé afin de tuer, de blesser ou de
capturer un adversaire.
L’usage perfide de l’emblème dans des situations de conflit armé constitue un crime de guerre.
L’abus de l’emblème en temps de guerre ou en temps de paix peut compromettre tout le système de
protection institué par le DIH, car les parties belligérantes pourraient perdre confiance dans la fonction
protectrice de l’emblème. En sapant la signification publique de l’emblème, l’abus peut aussi entraver
l’accès du Mouvement dans des conditions de sécurité aux personnes et aux communautés touchées
par des crimes humanitaires et ébranler sa capacité de fournir des services d’assistance et de
protection.
Le DIH précise que les États doivent prendre des mesures pour empêcher et réprimer les abus
de l’emblème en temps de guerre comme en temps de paix et promulguer des mesures législatives
régissant l’emploi et la protection de l’emblème, en prévoyant des sanctions et des pénalités
appropriées en cas d’abus.

II.2. LES RÈGLES D’INTERDICTION

L’on distingue les interdictions relatives à la conduite des hostilités et les interdictions relatives
aux moyens de guerre.

II.2.1. Les interdictions relatives à la conduite des hostilités

Le premier traité international relatif à ces questions, la Déclaration à l’effet d’interdire l’usage
de certains projectiles en temps de guerre, fut adopté à Saint Pétersbourg en 1868. Ce texte a mis en
évidence quatre principes de base de la conduite des hostilités sont : Nécessité militaire, Humanité,
Chevalerie, Proportionnalité :

1. Nécessité militaire : les belligérants ne peuvent utiliser que la puissance de force nécessaire pour
vaincre l’ennemi, pas pour l’annihiler ;
2. Humanité : il n’est pas permis d’utiliser des types et degrés de violence qui ne sont pas nécessaire
pour vaincre l’opposant ;
3 Chevalerie : Comprend un certain degré de justice et garantit un minimum de comportement civilisé
même dans le conflit ;
4. Proportionnalité : les dommages et incidents engendrés par une opération militaire ne doivent pas
être hors de proportion avec l’avantage concret et direct anticipé lors de l’attaque.

Le DIH est un compromis entre deux principes – celui de nécessité militaire et celui d’humanité
– qui le sous-tendent et qui façonnent l’ensemble de ses règles. En vertu du principe de nécessité
militaire, les parties à un conflit ne peuvent recourir qu’aux méthodes et moyens nécessaires pour
atteindre l’objectif militaire légitime d’un conflit, qui ne sont pas autrement interdits par le DIH. Le degré
et le type de force auxquels les parties peuvent recourir sont par conséquent limités à ce qui est

12
nécessaire pour vaincre l’ennemi dans les délais les plus brefs, avec le moins de pertes humaines et
matérielles possible.
Le principe d’humanité interdit aux parties à un conflit d’infliger des souffrances ou des
destructions qui ne sont pas nécessaires pour atteindre l’objectif légitime d’un conflit.
Distinction, proportionnalité et précaution Le DIH vise à protéger les civils durant les conflits en
réglementant la conduite des hostilités, c’est-à-dire la manière dont les parties à un conflit armé mènent
leurs opérations militaires. Il s’appuie sur trois principes :
Distinction : les parties doivent en tout temps faire la distinction entre les civils et les biens
civils, d’une part, et les combattants et les objectifs militaires, d’autre part. En d’autres termes, une partie
à un conflit armé ne peut diriger ses attaques que contre des combattants et des objectifs militaires. Les
attaques directes contre des civils ou des biens civils sont prohibées. De même, les attaques sans
discrimination (c’est-à-dire les attaques qui ne visent pas un objectif militaire précis ; qui font appel à
une méthode ou un moyen de guerre qui ne peut viser un objectif militaire précis ; ou à une méthode
ou un moyen de combat dont les effets ne peuvent être limités comme l’exige le DIH) sont interdites.
Proportionnalité : les blessures causées à des civils, ainsi que les pertes humaines et
matérielles occasionnées à la population civile, ne doivent pas être excessives par rapport à l’avantage
militaire direct et concret attendu de l’attaque.
Précaution : les parties doivent veiller en permanence à épargner les civils et les biens civils
durant les opérations militaires. Cela peut impliquer de vérifier par deux fois qu’une cible est bien un
objectif militaire ou de prévenir efficacement la population civile avant de lancer une attaque.
Interdictions et restrictions visant certains moyens et méthodes de guerre Interdictions et
restrictions générales Le DIH interdit les méthodes et moyens (armes) de guerre qui : visent
principalement à répandre la terreur parmi la population civile ; ne font pas de distinction entre les
combattants et les civils (et leurs biens) ; causent des maux superflus ou des souffrances inutiles ;
portent gravement et durablement atteinte à l’environnement naturel.

Certaines méthodes de guerre sont expressément interdites par le DIH conventionnel et


coutumier. Ainsi, il est interdit de recourir à la perfidie pour tuer, blesser ou capturer un adversaire.
La perfidie est définie à l’article 37 du Protocole additionnel I comme « les actes faisant appel, avec
l’intention de la tromper, à la bonne foi d’un adversaire pour lui faire croire qu’il a le droit de recevoir ou
l’obligation d’accorder la protection prévue par les règles du droit international applicable dans les
conflits armés ». Cela inclut notamment le fait de feindre d’être blessé ou malade pour attaquer un
ennemi.
Certaines méthodes de guerre sont expressément interdites par le DIH conventionnel et
coutumier. Ainsi, il est interdit : de refuser de faire quartier : les forces de l’adversaire doivent se voir
accorder la possibilité de se rendre et de se constituer prisonnières ; de piller la propriété privée ;
d’affamer la population civile ; et de recourir à la perfidie pour tuer, blesser ou capturer un adversaire.
La perfidie est définie à l’article 37 du Protocole additionnel I comme « les actes faisant appel, avec
l’intention de la tromper, à la bonne foi d’un adversaire pour lui faire croire qu’il a le droit de recevoir ou
l’obligation d’accorder la protection prévue par les règles du droit international applicable dans les
conflits armés ». Cela inclut notamment le fait de feindre d’être blessé ou malade pour attaquer un
ennemi.

II.2. Les interdictions concernant l’utilisation de certaines armes

Le DIH interdit les moyens (armes) de guerre qui : visent principalement à répandre la terreur
parmi la population civile ; ne font pas de distinction entre les combattants et les civils (et leurs biens) ;
causent des maux superflus ou des souffrances inutiles ; portent gravement et durablement atteinte à
l’environnement naturel.
L’utilisation de certaines armes est limitée voire totalement interdite par le DIH conventionnel et
coutumier. Ces armes sont : les poisons et armes empoisonnées ;
les armes chimiques et biologiques ; les balles qui s’épanouissent ou explosent dans le corps humain
(balles dum-dum) ; les armes qui ont pour effet principal de blesser par des éclats qui ne sont pas
localisables par rayons X ; les projectiles explosifs et inflammables ; les mines, pièges et dispositifs
similaires ; les armes incendiaires et les armes avant tout destinées à brûler des biens ou des
personnes ; les armes à laser aveuglantes ; les restes explosifs de guerre ; les mines antipersonnel ;
les armes à sous-munitions.

13
Leçon III : La qualification juridique des situations de violence

La qualification juridique des situations de violence constitue une question centrale qui pose
d’énormes problèmes juridiques quant à la mise en œuvre du droit international humanitaire. Pour mieux
assimiler les contours de cette notion, il est essentiel d’examiner la démarche du CICR (1), les critères
objectifs de qualification (2) et les critères d’interprétation dégagés par la jurisprudence
internationale (3).

III.1. La démarche du CICR

La qualification par le CICR d’une situation de violence comme étant un conflit armé revêt une
importance capitale pour les parties en conflit et les victimes de cette violence, car in fine le droit
applicable dépend de cette étape préliminaire. La qualification d’une situation donnée par le CICR est
effectuée d’une manière objective et indépendante et se fonde souvent sur deux principales sources :
d’un côté, les informations recueillies sur le terrain par les délégations du CICR, de l’autre, les
informations provenant de sources fiables et crédibles, principalement des organisations non
gouvernementales (ONG). Dans la conjecture où le CICR considère qu’une situation de violence a
atteint le seuil de conflit armé, il suit une démarche assez spéciale : communiquer en toute confidentialité
aux parties concernées sa qualification juridique. Ce faisant, le CICR vise à instaurer avec lesdites
parties un dialogue constructif en vue de garantir le respect des règles du droit international humanitaire,
y compris la protection des victimes des conflits. En cas de non-respect persistant des règles et
principes du droit international humanitaire, le CICR procède à la publication de sa qualification ; il s’agit
d’une sanction morale pour mobiliser l’opinion publique internationale
En pratique, le CICR a eu l’occasion de recourir à la publication de sa qualification dans deux
cas précis : les situations en Syrie (2012) et en Ukraine (2014) qualifiées de « conflit armé interne ».
Parfois, pour des raisons opérationnelles, le CICR s’abstient dans certaines situations (particulièrement
des situations d’urgence nécessitant des besoins humanitaires) de communiquer sa qualification aux
parties, afin d’apporter assistance à la population civile. La qualification juridique d’une situation de
violence par le CICR est dépourvue de toute valeur juridique ; les parties destinataires ne sont pas
tenues de s’y conformer. Toutefois, en raison du mandat conféré au CICR par les États parties aux
Conventions de Genève, ceux-ci prennent en considération conformément au principe Pacta sunt
servanda 55 les qualifications formulées par l’institution d’Henry Dunant.

III.2. Les critères objectifs de qualification

Une situation de violence peut évoluer dans le temps et se transformer d’une catégorie de conflit
armé à une autre. Ce qui rend la tâche du CICR davantage compliquée pour qualifier les faits et préciser
le corpus normatif applicable. C’est la raison pour laquelle le CICR a dégagé des critères objectifs de
qualification des combats.
Ainsi, dans le cadre d’un conflit armé non international (CANI), le CICR retient les critères du
niveau d’intensité de la violence et du degré d’organisation du groupe armé.
À cet effet, l’article 1er, alinéa 1 du Protocole additionnel I de 1977 détermine son champ
d’application, à savoir les conflits armés non internationaux se déroulant […] sur le territoire d’une haute
partie contractante entre ses forces armées et des forces armées dissidentes ou des groupes armés
organisés qui, sous la conduite d’un commandement responsable, exercent sur une partie de son
territoire un contrôle tel qu’il leur permette de mener des opérations militaires continues et concertées
[…]. De ce fait, les critères mentionnés dans ce paragraphe permettent de distinguer un conflit des
situations de tensions internes ou de troubles intérieurs.

En revanche, ces éléments ne sont pas à vrai dire considérés comme des aspects constitutifs
de l’existence d’un conflit armé international (CAI), qui porte sur l’emploi de la force entre deux États.
En ce sens, l’article 2, alinéa 1 commun aux quatre conventions de Genève s’applique « en cas de
guerre déclarée ou de tout autre conflit armé surgissant entre deux ou plusieurs des hautes parties
contractantes, même si l’état de guerre n’est pas reconnu par l’une d’elles ».

14
Cette dernière formalité (déclaration de guerre) n’est pas prise en compte s’agissant de
l’application du droit international humanitaire. Pour supputer l’existence des critères précités, certaines
conditions doivent être remplies ; à titre d’exemple, le niveau d’intensité de la violence est déterminé
suivant des indicateurs précis, tels que la durée et la gravité des affrontements armés, les catégories
d’armes utilisées, le nombre de combattants et de troupes armées, le nombre de victimes et l’étendue
des dommages causés par les combats.
D’autres facteurs sont mis en lumière pour apprécier le degré d’organisation du groupe armé :
l’existence d’une chaîne de commandement, l’exécution des ordres, la capacité de planifier et de lancer
des opérations militaires, ainsi que la capacité de recruter, former et équiper de nouveaux combattants.
Les cas de qualification peuvent comprendre d’autres situations plus complexes, telles que les conflits
armés internes internationalisés 56 et les conflits mixtes.
Un conflit armé non international peut s’internationaliser dans les hypothèses suivantes :
a. l’État victime d’une insurrection reconnaît les insurgés comme des belligérants ; b. un ou plusieurs
États étrangers interviennent avec leurs propres forces armées en faveur d’une des parties ; c. deux
États étrangers interviennent avec leurs forces armées respectives, chacun en faveur d’une des parties
57. Pour ce qui est du conflit mixte, ce dernier concerne l’intervention d’un ou plusieurs États tiers dans
un conflit armé non international ; en l’espèce, le droit applicable varie en fonction des parties qui
s’affrontent. Lorsqu’un État décide d’accorder son consentement à l’intervention d’un État tiers sur son
territoire pour combattre, par exemple, un groupe armé non gouvernemental, le conflit n’est pas réputé
international. Par ailleurs, un conflit qui éclate sur le territoire d’un État entre deux ethnies distinctes,
pourvu qu’il réponde aux critères d’intensité, de durée et de participation, peut être qualifié de conflit
armé non international. Les critères cités ci-devant ont fait l’objet d’interprétation jurisprudentielle par
les juridictions internationales.

Les conflits armés internationaux (CAI) sont ceux dans lesquels un ou plusieurs États
recourent à l’emploi de la force armée contre un ou plusieurs autres États. Les règles applicables
aux conflits armés internationaux s’appliquent également durant :
Un conflit armé entre un ou plusieurs États et une organisation internationale (c’est-à-dire une force
multinationale) ; une guerre de libération nationale (à certaines conditions) ; et une situation
d’occupation.

Les conflits armés non internationaux (CANI) sont des conflits qui se déroulent sur le
territoire d’un seul État, entre les forces armées gouvernementales et un ou plusieurs groupes
armés non étatiques, ou entre de tels groupes. Un grand nombre des conflits armés actuels sont de
nature non internationale. Pour que les hostilités soient considérées comme un conflit armé non
international, elles doivent atteindre un certain degré d’intensité et les groupes qui y participent doivent
être suffisamment organisés.

Les règles qui s’appliquent à un conflit particulier dépendent de son caractère international ou
non international.
 Les conflits armés internationaux sont soumis à une large gamme de règles, notamment celles
énoncées dans les quatre Conventions de Genève et le Protocole additionnel I.
 Les conflits armés non internationaux font l’objet d’un ensemble de règles plus restreint, qui
sont énoncées dans l’article 3 commun aux quatre Conventions de Genève et dans le Protocole
additionnel II. L’article 3 commun s’applique aux « conflit[s] armé[s] ne présentant pas un
caractère international et surgissant sur le territoire de l’une des Hautes Parties contractantes
» (voir article 3 commun, paragraphe 1 des Conventions de Genève). Il s’agit des conflits armés
auxquels participent un ou plusieurs groupes armés non étatiques. Les conflits armés non
internationaux peuvent opposer les forces armées d’un État et des groupes armés non étatiques
organisés, ou uniquement des groupes de cette nature.

Le Protocole additionnel II s’applique aux conflits armés « qui se déroulent sur le territoire d’une
Haute Partie contractante entre ses forces armées et des forces armées dissidentes ou des groupes
armés organisés qui, sous la conduite d’un commandement responsable, exercent sur une partie de
son territoire un contrôle tel qu’il leur permette de mener des opérations militaires continues et
concertées et d’appliquer le présent Protocole. » (Voir l’article premier, paragraphe 1 du Protocole
additionnel II.) La définition des conflits armés non internationaux est donc plus restreinte dans le
Protocole additionnel II que dans l’article 3 commun.

15
L’écart existant entre les règles conventionnelles applicables aux conflits armés internationaux
et celles qui s’appliquent aux conflits armés non internationaux est progressivement comblé par le droit
coutumier, qui s’applique de manière générale à tous les types de conflits armés. Les traités relatifs aux
armes s’appliquent eux aussi, quel que soit le type de conflit armé.

La classification des différents types de conflits n’est pas laissée à l’appréciation des parties,
mais repose sur des éléments objectifs et n’exige pas de déclaration de guerre officielle ou de
reconnaissance de la situation. L’existence d’un conflit armé – et donc l’application du DIH – dépend de
ce qui se produit effectivement sur le terrain. A l’exception des quelques règles déjà applicables en
temps de paix, le DIH commence à s’appliquer dès qu’un conflit armé surgit. Dans les conflits armés
internationaux, cela signifie lorsque la première personne protégée est touchée par le conflit, lorsque la
première portion de territoire est occupée, ou lorsque la première attaque est lancée ; dans les conflits
armés non internationaux, il y a conflit armé dès qu’un certain degré de violence et d’organisation des
parties est atteint.
L’article 3.4 commun aux Conventions de Genève dispose clairement que l’application de
l’article 3 « n’aura pas d’effet sur le statut juridique des Parties au conflit ». En conséquence, l’application
du DIH à un conflit armé non international ne confère jamais de caractère international à ce conflit, pas
plus qu’elle ne confère de statut particulier aux parties à ce conflit (autre que la personnalité juridique
internationale nécessaire pour avoir des droits et obligations en DIH).
Pour autant, il est souvent difficile de déterminer si un conflit est international ou non
international. Ces dernières années, il est arrivé que des conflits internationaux et non internationaux
se déroulent simultanément sur un même territoire. La multitude des parties et leurs relations
conflictuelles sont une caractéristique importante des conflits armés contemporains. En ce qui concerne
les acteurs étatiques, le nombre d’interventions étrangères dans des conflits armés contribue au nombre
de plus en plus important d’acteurs concernés. Quant aux acteurs non étatiques, il est fréquent qu’un
grand nombre de groupes armés fluides, qui se multiplient et se fragmentent, prennent part aux
combats. Dans bon nombre de situations, des États tiers et des organisations internationales
interviennent, lesquelles deviennent parfois elles-mêmes parties au conflit. Des questions relatives à la
classification se posent souvent lorsqu’il existe un manque d’informations précises sur la nature de la
participation de tierces parties et lorsque ces dernières ne reconnaissent pas leur participation aux
hostilités. En pareil cas, le droit applicable dépend de la nature de la relation qui lie les parties au conflit.

Des cas de concurrence entre des conflits armés internationaux et non internationaux.

Imaginons une situation où :

L’État A est engagé dans un conflit armé non international (CANI) avec un groupe armé non étatique ;
L’État B rejoint le conflit en conduisant des actes d’hostilité aux côtés du groupe armé non international
;
L’État A et le groupe armé non étatique sont toujours engagés dans un conflit armé non international
(CANI) ;
Cependant, les États A et B sont désormais engagés dans un conflit armé international (CAI).
La situation évolue et :
L’État C rejoint le conflit aux côtés de l’État A ;

L’État A et le groupe armé non étatique sont toujours engagés dans un conflit armé non international ;
L’État C et le groupe armé non étatique sont désormais engagés dans un conflit armé non international
;
Les États B et C sont désormais engagés dans un conflit armé international si des affrontements armés
se produisent entre eux.

III.3. Les critères d’interprétation de la jurisprudence internationale

Les juridictions pénales internationales 58, particulièrement le Tribunal pénal international pour
l’ex-Yougoslavie (TPIY) et la cour Internationale de justice (CIJ), ont contribué à interpréter les critères
consacrés à la qualification des conflits armés.
De manière concrète, la jurisprudence de ces tribunaux a permis de préciser l’interprétation des
critères énoncés dans le Protocole additionnel II, ainsi que les conditions d’internationalisation des

16
conflits armés internes. Les critères de qualification des conflits armés ne doivent pas relever de
manière subjective du pouvoir discrétionnaire des États.

La notion de conflit armé et les critères qui s’y attachent ont été précisés par le TPIY, dans son
arrêt du 15 juillet 1999. Selon la chambre d’appel, […] un conflit armé est de caractère international s’il
oppose deux ou plusieurs États. De plus, un conflit armé interne qui éclate sur le territoire d’un État peut
devenir international (ou, selon les circonstances, présenter parallèlement un caractère international) si
i) les troupes d’un autre État interviennent dans le conflit ou encore, si ii) certains participants au conflit
armé interne agissent au nom de cet autre État. De plus, la chambre de première instance de la même
juridiction rappelle qu’ […] un conflit armé existe chaque fois qu’il y a recours à la force armée entre
États ou un conflit armé prolongé entre les autorités gouvernementales et des groupes armés organisés
ou entre de tels groupes au sein d’un État.
Les critères de l’intensité et de l’organisation des parties sont des éléments décisifs pour
caractériser l’existence d’un conflit armé non international au sens de l’article 3 commun aux quatre
Conventions de Genève. Du reste, Dans un conflit armé de caractère interne ou mixte, ces critères
étroitement liés servent, au minimum, uniquement aux fins de distinguer un conflit armé du banditisme,
d’insurrections inorganisées et de courte durée ou d’activités terroristes, qui ne relèvent pas du droit
international humanitaire

Sur le plan pratique, les chambres de première instance des juridictions pénales internationales
à l’instar de celle saisie dans l’affaire Tadić ont estimé que […] le critère tiré des violences armées
prolongées se rapportait davantage à l’intensité de ces violences qu’à leur durée. Afin d’apprécier
l’intensité des violences, les Chambres ont tenu compte d’éléments symptomatiques dont aucun n’est
par lui-même essentiel pour établir que les combats sont suffisamment intenses. Parmi ces éléments,
il faut citer le nombre, la durée et l’intensité des différents affrontements, les types d’armes et autres
matériels militaires utilisés, le nombre de munitions tirées et leur calibre ; le nombre de personnes et le
type de forces engagées dans les combats ; le nombre de victimes ; l’étendue des destructions ; le
nombre de civils ayant fui la zone des combats. L’engagement du Conseil de sécurité des Nations Unies
peut également témoigner de l’intensité d’un conflit. La chambre de première instance II du TPIY
rappelle, pour l’intensité des violences, d’autres aspects tels que […] le blocus ou le siège de villes et
leur pilonnage intensif ; […] l’existence de lignes de front entre les parties et le déplacement de ces
lignes de front ; l’occupation d’un territoire, de villes et de villages ; […] l’existence d’ordres ou d’accords
de cessez-le-feu et les efforts des représentants d’organisations internationales pour obtenir et faire
respecter des accords de cessez-le-feu 65. Pour ce qui est des groupes armés, […] les chambres de
première instance ont tenu compte de plusieurs éléments symptomatiques dont aucun n’est par lui-
même essentiel pour établir que la condition d’« organisation » est remplie. Parmi ces éléments, il faut
citer l’existence d’une structure de commandement, de règles de discipline et d’instances disciplinaires
au sein du groupe ; d’un quartier général ; le fait que le groupe contrôle un territoire délimité ; la capacité
qu’a le groupe de se procurer des armes et autres équipements militaires, de recruter et de donner une
instruction militaire ; la capacité de planifier, coordonner et mener des opérations militaires, notamment
d’effectuer des mouvements de troupes et d’assurer un soutien logistique ; la capacité de définir une
stratégie militaire unique et d’user de tactiques militaires ; et la capacité de s’exprimer d’une seule voix
et de conclure des accords comme des accords de cessez-le-feu ou de paix . D’un autre côté, la
chambre d’appel du TPIY a mis en lumière le critère du « contrôle global » sur le groupe pour attribuer
à un État les actes commis par des groupes armés non étatiques.

Ainsi, dans l’affaire Tadić, elle a indiqué que pour imputer la responsabilité d’actes
commis par des groupes militaires ou paramilitaires à un État, il faut établir que ce dernier exerce un
contrôle global sur le groupe, non seulement en l’équipant et le finançant, mais également en
coordonnant ou en prêtant son concours à la planification d’ensemble de ses activités militaires. Ce
n’est qu’à cette condition que la responsabilité internationale de l’État pourra être engagée à raison des
agissements illégaux du groupe. Il n’est cependant pas nécessaire d’exiger de plus que l’État ait donné,
soit au chef du groupe soit à ses membres, des instructions ou directives pour commettre certains actes
spécifiques contraires au droit international. Et d’ajouter que […] le contrôle exercé par un État sur des
forces armées, des milices ou des unités paramilitaires subordonnées peut revêtir un caractère global
(mais doit aller au-delà de la simple aide financière, fourniture d’équipements militaires ou formation).
Cette condition ne va toutefois pas jusqu’à inclure l’émission d’ordres spécifiques par l’État ou sa
direction de chaque opération. Le droit international n’exige nullement que les autorités exerçant le
contrôle planifient toutes les opérations des unités qui dépendent d’elles, qu’elles choisissent leurs
cibles ou leur donnent des instructions spécifiques concernant la conduite d’opérations militaires ou

17
toutes violations présumées du droit international humanitaire. Le degré de contrôle requis en droit
international peut être considéré comme avéré lorsqu’un État (ou, dans le contexte d’un conflit armé,
une partie au conflit) joue un rôle dans l’organisation, la coordination ou la planification des actions
militaires du groupe militaire, en plus de le financer, l’entraîner, l’équiper ou lui apporter son soutien
opérationnel. Les actes commis par ce groupe ou par ses membres peuvent dès lors être assimilés à
des actes d’organes de fait de l’État, que ce dernier ait ou non donné des instructions particulières pour
la perpétration de chacun d’eux 68.

Pour sa part, la Cour internationale de justice (CIJ) a mis l’accent sur le critère du « contrôle
effectif » des opérations militaires au détriment de celui du « contrôle global ».
Elle considère que le critère du « contrôle global » est inadapté, car il distend trop, jusqu’à le
rompre presque, le lien qui doit exister entre le comportement des organes de l’État et la responsabilité
internationale de ce dernier. Dans son arrêt du 27 juin 1986 (affaire des Activités militaires et
paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci : Nicaragua c. États-Unis d’Amérique), la CIJ a rappelé
que, […] même prépondérante ou décisive, la participation des États-Unis à l’organisation, à la
formation, à l’équipement, au financement et à l’approvisionnement des contras, à la sélection de leurs
objectifs militaires ou paramilitaires et à la planification de toutes leurs opérations demeure insuffisante
en elle-même, pour que puissent être attribués aux États-Unis les actes commis par les contras au
cours de leurs opérations militaires ou paramilitaires au Nicaragua. Il faut que les États-Unis aient
ordonné ou imposé la perpétration des actes contraires aux droits de l’homme et au droit humanitaire
allégués par l’État demandeur.
En vue d’engager la responsabilité de l’État, la juridiction de La Haye a précisé il convient de
prouver que ces personnes ont agi selon les instructions ou sous le « contrôle effectif » de ce dernier.
Néanmoins, il convient de prouver que ce […] « contrôle effectif » s’exerçait, ou que ces instructions ont
été données, à l’occasion de chacune des opérations au cours desquelles les violations alléguées se
seraient produites, et non pas en général, à l’égard de l’ensemble des actions menées par les personnes
ou groupes de personnes ayant commis lesdites violations. Finalement, la jurisprudence des juridictions
internationales demeure divergente quant aux critères d’interprétation des conflits armés : alors que la
CIJ exige le critère strict de « contrôle effectif », un critère flou et sans aucune définition, le TPIY favorise
quant à lui le critère souple du « contrôle global ». Les conséquences de la qualification sont à
considérer par rapport au régime juridique applicable dans les conflits armés.

Leçon IV : LA MISE EN ŒUVRE DU DIH

INTRODUCTION

La mise en œuvre couvre toutes les mesures qui doivent être prises pour assurer le plein
respect des règles du DIH. Ainsi, il est non seulement nécessaire d'appliquer ces règles lorsque les
combats ont commencé mais aussi de prendre certaines mesures, en temps de paix comme en temps
de guerre, pour s'assurer que toutes les personnes, civiles et militaires, connaissent les règles du DIH
; les structures, les dispositions administratives et le personnel nécessaires à l'application du DIH soient
en place ; les violations du DIH soient prévenues et, le cas échéant, réprimées.
Tous les États ont l'obligation claire d'adopter et d'appliquer des mesures de mise en œuvre du
DIH. Ils doivent en tout premier lieu adopter des mesures sur le plan national en vue d’assurer la mise
en œuvre du DIH. Celles-ci peuvent être prises par un ou plusieurs ministères, par le pouvoir législatif,
les tribunaux, les forces armées ou d'autres instances étatiques.
Les organes professionnels et éducatifs, la Société nationale de la Croix-Rouge ou du
Croissant-Rouge ou d'autres organisations volontaires peuvent également avoir un rôle à jouer en cette
matière.
Les instruments du DIH énoncent un ensemble de mesures qui doivent être prises par les États.
Aux termes des Conventions de Genève de 1949, de leurs Protocoles additionnels de 1977 relatifs à la
protection des victimes des conflits armés, de la Convention de la Haye de 1954 pour la protection des
biens culturels et de son deuxième Protocole de 1999.

18
VI.1. Les mesures de mise en œuvre préventive

Les mesures visant à la mise en œuvre préventive du DIH concernent principalement la


diffusion, (art.47 de la conv I), la désignation d’un conseiller juridique au sein des armés (art. 82 du
protocole I, l’harmonisation de la législation nationale avec les dispositions du DIH.

Les mesures principales consistent à préparer les traductions des Conventions et Protocoles
précités dans les langues nationales; diffuser aussi largement que possible leur contenu, tant au sein
des forces armées que dans l'ensemble de la population; Les Etats doivent veiller à incorporer l’étude
dans les programmes d’instruction militaire et, si possible, civile, de telle manière que les principes en
soient connus de l’ensemble de la population, notamment des forces armées combattantes, du
personnel sanitaire et les aumôniers.’’

Dans ce sens, il convient de former et nommer des conseillers juridiques au sein des forces
armées, prévoir la création et/ou l'établissement du règlement. Il convient également de mettre en place
des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et d'autres sociétés de secours
volontaires.

Sur le plan législatif, les Etats sont invités à adapter leur législation pénale afin de punir les
crimes de guerre. Si le système constitutionnel exige que les règles des traités internationaux soient
transposées par une législation nationale dans le Droit interne, une telle législation doit être adoptée en
temps de paix. Les règles de DIH n’ont pas d’effet direct. Même lorsque les dispositions de DIH font
directement partie du Droit interne conformément au système constitutionnel d’un Etat donné ou lorsque
le DIH coutumier s’applique directement en Droit interne, une législation nationale doit être Adoptée
pour que ce Droit soit opérationnel. Si la législation nationale n’a pas fixé de peine, personne ne peut
être puni par les juridictions nationales pour les violations de DIH, même pour les infractions graves.
Seule la législation nationale peut intégrer ces règles dans la version interne du Droit pénal (e.g. les
éléments des crimes, les moyens de défenses et le régime des infractions). Seule la législation nationale
peut déterminer quelles Juridictions civiles ou militaires vont juger ces violations, et quels Procureurs et
Juges nationaux peuvent effectivement exécuter l’obligation de l’Etat d’appliquer le principe de la
Compétence universelle pour juger ou extrader les criminels de guerre et fournir une assistance
mutuelle en manière criminelle, y compris aux tribunaux internationaux.

Les Etats doivent prendre certaines mesures pratiques pour être effectivement en conformité
avec le DIH. Le personnel qualifié et des conseillers juridiques doivent être entrainés en temps de paix
pout être opérationnels en temps de guerre. Á titre d’exemple, la mise en œuvre préventive s’exprime
par l’adoption de mesures visant à prévenir tout abus de l'emblème de la croix rouge et du croissant
rouge et des autres signes distinctifs ;

Les Services consultatifs du CICR aident les États à définir des mesures législatives,
administratives et pratiques pour mettre en œuvre au niveau national les règles internationales
protégeant les enfants touchés par des conflits armés. Ils ont produit à cette fin deux documents de
référence :

VI.2. Les mesures de mise en œuvre de contrôle

Les mesures s’inscrivant dans la cadre du contrôle concernent la surveillance du respect des
dispositions du droit international humanitaire au cours du conflits armé.Cette tâche revient aux
différents commandements militaires mais également au CICR. Il s’agit de s’assurer que les règles du
droit humanitaire sont respectées dans les décisions et actes intervenant. Il s’agit pour les
commandements de veiller à mettre fin à toute violation constatée du droit humanitaire par les soldats.
 Une autre mesure consiste à s'assurer que les personnes, biens et lieux protégés soient
correctement identifiés, signalés et protégés.

 Obligation de prendre les mesures nécessaires pour supprimer les infractions au DIH. Cette
responsabilité est dérivée de l’obligation générale de respecter DIH (voir supra part I a) mais
elle a été réaffirmée expressément dans chaque Convention.

19
L’art. 49 (3) de la Convention I dispose que :

 ‘’ Chaque Partie contractante prendra les mesures nécessaires pour faire cesser les actes
contraires aux dispositions de la présente Convention, autres que les infractions graves définies
à l’article suivant.’’
 En dehors de cette obligation générale, les Art. 87 (1) et (3) du protocole I créent une
responsabilité spéciale pour les commandants militaire à cet égard :
 ‘’I. Les Hautes Parties contractantes et les parties au conflit doivent charger les commandants
militaires, en ce qui concerne les membres des forces armées placés sous leur commandement
et les autres personnes sous leur autorité, d’empêcher que soient commises des infractions aux
Conventions et au présent Protocole et de les réprimer et de les dénoncer aux autorités
compétentes.
 […]
 Les Hautes Parties contractante et les Parties au conflit doivent exiger de tout commandant qui
a appris que des subordonnées ou d’autres personnes sous son autorité vont commettre ou ont
commis une infraction aux Conventions ou au présent Protocole qu’il mette en œuvre les
mesures qui sont nécessaires pour empêcher de telle violations des Conventions ou du présent
Protocole et, lorsqu’il conviendra, prenne l’initiative d’une action disciplinaire ou pénale à
l’encontre des auteurs des violations.’’
 La dernière disposition importante discutée dans cette section est l’obligation d’assurer le
respect du DIH établie à l’Art. I commun aux quatre Conventions et Protocole Additionnel I. Sur
la base de cette disposition, les Etats s’engagent non seulement à respecter (c’est le principe
pacta sunt servanda) ² mais aussi à faire respecter le droit international humanitaire. La Cour
Internationale de justice a reconnu que ce principe fait partie du Droit international coutumier et
s’applique aussi au Droit des conflits armés non internationaux. En vertu de ce principe, non
seulement l’Etat affecté par une violation peut prendre des mesures pour l’arrêter, mais tous les
autres Etats parties aux traités du DIH doivent aussi agir contre l’infraction.12

Cependant, la question de savoir comment un Etat devrait réagir à une telle violation tout en restant
en conformité avec le Droit de la responsabilité des Etats est encore débattue. Est-ce que chaque Etat
devrait prendre individuellement toutes les mesures qu’il prendrait en cas de violation ‘’bilatérale’’ ? Ou
est-ce qu’il est nécessaire que les Etats se coordonnent ? L’article 89 du Protocole I ne fournit pas de
réponse claire quand il dispose que, dans les cas de violation les Etats doivent ‘’agir, tant conjointement
que séparément, en coopération avec l’Organisation des Nations Unies et conformément à la Charte
des Nations Unies’’
Pour répondre à une violation, les Etats peuvent prendre toute action conforme au Droit international
général et qui n’est pas exclue par le DIH (comme les représailles contre les personnes protégées).
Bien que les limites supérieures des actions d’un Etat pour faire « respecter » soient encore
indéterminés, il est certain qu’un Etat viole l’Article I commun aux conventions s’il encourage ou aide
aux violations d’un autre Etat. L’indifférence absolue viole aussi sans conteste le texte de cette
disposition, mais malheureusement cela se produit fréquemment dans la réalité.

 Le système des Puissance Protectrices

Selon le Droit international, un étranger bénéficie de la protection diplomatique de son pays d’origine
(i.e. si il/elle est arrêté(e), il/elle recevra l’assistance légale et matérielle du personnel diplomatique ou
consulaire basé dans le pays de détention). Lorsque l’absence de relations diplomatiques entre le pays
de visite ou de résidence de la personne et son pays d’origine rend la protection diplomatique directe
impossible, le pays d’origine peut désigner un autre Etat - une puissance protectrice – pour protéger
ses intérêts et ceux de ses citoyens dans le pays de visite ou de résidence. Cette nomination n’est
valide que si les trois Etats concernés sont d’accord. Le Droit international humanitaire a tiré profit de
cette règle traditionnelle et l’a développée pour mettre en œuvre ses propres règles. Le DIH établit que
ses dispositions ‘’sera[ont] appliquée[s] avec le concours et sous le contrôle des puissances
protectrices’’.
Dans un conflit armé, de telles Puissances Protectrices doivent évidemment être choisies parmi les
Etats neutres ou d’autres Etats non impliqués dans le conflit. Plus de 80 dispositions des Conventions
et du protocole mentionnent Les puissance Protectrices dans les rôles suivants : organisation des visites
aux personnes protégées, supervision des missions de secours et d’évacuation, réception des
demandes des personnes protégées, assistance dans les procédures judiciaires contre les personnes
protégées, transmission d’informations, de documents, de biens de secours etc. La plupart de ces

20
tâches sont communes avec celles du CICR. Cette dualité est volontaire, dans l’espoir qu’elle mènera
à un respect accru du DIH.
Le DIH oblige les parties au conflit à designer des puissances protectrices. Le problème principal
de cette obligation est de désigner un Etat pour lequel les trois Etats concernés sont d’accord. Selon
les conventions, si aucune Puissance Protectrice ne peut être désignée faute d’accord, une puissance
détentrice ou occupante peut demander à un Etat tiers d’agir comme substitut de Puissance Protectrice.
Si même cela ne fonctionne pas, les Etats peuvent recourir à une organisation humanitaire, comme le
CICR, pour jouer le rôle de substitut de Puissance Protectrice13 (Quasi-substitut de puissance
Protectrice). Le Protocole I a précisé cette procédure de désignation.
Néanmoins, conformément à l’approche de coopération que nécessite l’application du DIH, aucune
puissance Protectrice ne pourra agir efficacement -et d’ailleurs un Etat neutre refusera d’agir – sans le
consentement des deux belligérants.

VI.3. Les mesures de mise en œuvre répressive

Le Droit international humanitaire fait obligation aux Etats de sanctionner toute violation aux
droit international humanitaire en veillant à accorder les garanties fondamentales et judiciaires aux
personnes protégées en période de conflit armé.

 Les juridictions nationales

Les États sont tenus de prendre les dispositions particulières suivantes pour poursuivre et
réprimer les crimes de guerre :

Premièrement, un État doit se doter d’une législation qui interdise et réprime les infractions graves aux
Conventions de Genève et au Protocole additionnel I, soit en adoptant une loi distincte, soit en modifiant
le droit pénal existant. Ces lois doivent s’appliquer à tous les individus, quelle que soit leur nationalité,
qui commettent ou donnent l’ordre de commettre des infractions graves au DIH. Elles doivent également
couvrir les violations résultant d’un manquement à l’obligation légale d’agir. Enfin, elles doivent couvrir
les actes commis tant sur le territoire de l’État qu’en dehors de celui-ci. Elles doivent également prévoir
des sanctions tenant compte de la gravité des crimes.
Deuxièmement, un État doit rechercher les responsables présumés d’infractions graves. Il doit
poursuivre ces individus devant ses tribunaux ou les extrader pour qu’ils soient jugés dans un autre
État. Il doit ouvrir une enquête sur tous les crimes de guerre qui auraient été commis par ses
ressortissants ou par ses forces armées nationales, ou sur son territoire, ainsi que sur tous les autres
crimes de guerre à l’égard desquels il est compétent et, si cela se justifie, engager des poursuites contre
les auteurs présumés de ces crimes.
Troisièmement, un État doit exiger du commandement de son armée qu’il prévienne les infractions
graves et les autres crimes de guerre et qu’il prenne des mesures contre les individus placés sous son
autorité qui commettent de telles infractions.
Quatrièmement, les États devraient se prêter mutuellement assistance dans toute procédure pénale
relative à des infractions graves et à d’autres crimes de guerre.
Cinquièmement, un État doit également prendre les mesures nécessaires pour faire cesser tous les
actes contraires aux dispositions du DIH autres que les crimes de guerre, par exemple, sous forme de
sanctions pénales ou disciplinaires.

 Les poursuites internationales

Afin d’assurer un système de mise en œuvre plus efficace destiné à prévenir, faire cesser et
réprimer les crimes internationaux les plus graves – notamment les crimes de guerre, plusieurs
juridictions pénales internationales ont été créées.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a établi deux tribunaux pénaux internationaux pour juger certains
crimes – dont des violations du DIH – commis sur le territoire de l’ex-Yougoslavie et en lien avec les
événements qui ont touché le Rwanda. Avec la fermeture officielle du Tribunal pénal international pour
le Rwanda à la fin de l’année 2015 et le mandat du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie
qui arrive bientôt à son terme, leurs fonctions essentielles seront reprises par le Mécanisme international
appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux internationaux.
Des tribunaux « mixtes », tels que le Tribunal spécial pour la Sierra Leone et les Chambres
extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, ont aussi été mis en place. Ces juridictions

21
associent des caractéristiques des systèmes judiciaires nationaux et internationaux. D’autres
juridictions continuent d’être créées8.
En outre, une Cour pénale internationale (CPI) compétente pour connaître des violations graves du DIH
constituant des crimes de guerre (article 8 du Statut de la CPI) a été créée par un accord international
en 1998. La CPI a commencé à fonctionner en 2002, après la ratification du Statut de la CPI par 60
États.
Ces juridictions complètent les mécanismes de répression prévus en droit international, et
représentent un progrès important en matière de prévention et de répression des violations graves du
DIH et du droit international des droits de l’homme (DIDH). La CPI et ses activités font l’objet d’une
attention continue de la communauté internationale, mais, comme l’indique clairement le préambule du
Statut de la CPI, la responsabilité de poursuivre les auteurs de crimes internationaux, notamment de
crimes de guerre, incombe au premier chef aux États. La compétence de la CPI ne peut être invoquée
que si un État n’a pas la volonté ou est dans l’incapacité de mener véritablement à bien les poursuites
visant des individus qui relèvent de sa compétence. C’est le principe de complémentarité prévu par le
Statut de la CPI. Les États parties au Statut de la CPI doivent par conséquent adopter la législation
autorisant les poursuites visant les responsables de crimes internationaux dans les tribunaux nationaux.
Les États parties au Statut de la CPI doivent également prendre des mesures pour faciliter la
coopération judiciaire.

 Crimes relevant de la compétence de la CPI

Génocide (article 6)
Le Statut de la CPI définit le génocide comme l’un quelconque des actes commis dans l’intention de
détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux :
Le meurtre de membres du groupe ;
Le fait de causer une atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
La soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction
physique totale ou partielle ;
Le fait d’imposer des mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
Le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.

Cette définition renforce l’article 2 de la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime
de génocide.
Crimes contre l’humanité (article 7)
Au sens du Statut de la CPI, les crimes contre l’humanité sont des actes commis
8 Il s’agit notamment de la Cour pénale spéciale en République centrafricaine, de l’Institut judiciaire
spécialisé du Kosovo réinstallé à La Haye (Kosovo Reloquète Specialist Judicial Institution) et des
Chambres africaines extraordinaires au Sénégal.37

 Respect des garanties judiciaires et procédurales

Les garanties judiciaires et procédurales prévues par le DIH sont un ensemble de règles destinées à
faire en sorte que les individus au pouvoir d’une partie à un conflit bénéficient d’un procès équitable et
ne soient pas illégalement ou arbitrairement privés de leurs droits et libertés fondamentaux.
Ces règles sont énoncées dans les Conventions de Genève et les Protocoles additionnels I et II, et
s’appliquent aux conflits armés internationaux et non internationaux. Elles établissent des conditions
minimales qui n’interdisent en aucun cas un traitement plus favorable.
Ces règles s’appliquent en tout temps et en tout lieu aux États parties aux Conventions de
Genève et à leurs protocoles additionnels. Les États doivent veiller à ce que les obligations que leur
font ces instruments soient incorporées dans leur législation, par exemple dans leur code de procédure
pénale et leurs règlements de procédure et de preuve et/ou dans leur Constitution.
Il ne peut être dérogé à ces règles, même lorsque la sécurité de l’État ou la nécessité militaire semblent
l’exiger. Le non-respect des garanties judiciaires et procédurales constitue, dans la plupart des cas, une
violation grave du DIH.
Les principales garanties judiciaires sont les suivantes :
 Le principe de la responsabilité pénale individuelle ;
 Le principe de la légalité : pas de crime ni de sanction sans loi ;
 L’interdiction de la double incrimination (autrement dit, nul ne peut être jugé deux fois pour la
même infraction) ;

22
 Le droit de l’accusé d’être jugé par un tribunal indépendant et impartial et sans retard excessif
;
 Le droit de l’accusé d’être informé de la nature et de la cause de l’infraction qui lui est reprochée
;
 Les droits et moyens de la défense, par exemple le droit d’être assisté d’un avocat qualifié et
librement choisi ;
 Le droit à une aide juridictionnelle gratuite ;
 Le droit de l’accusé de se faire assister d’un interprète ;
 Le droit de l’accusé de communiquer librement avec son conseil ;
 Le droit de l’accusé de disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa
défense ;
 Le droit de l’accusé d’interroger les témoins ;
 La présomption d’innocence ;
 Le droit de l’accusé d’être présent à son procès ;
 Le droit de l’accusé de ne pas témoigner contre lui-même et de ne pas s’avouer coupable ;
 Le droit de l’accusé de voir son jugement prononcé en public ;
 Le droit de l’accusé d’être informé de son droit de faire appel.
 Les garanties procédurales sont notamment :
 Le droit d’être informé des motifs de l’internement / de la détention administrative ;
 Le droit d’être enregistré et détenu dans un lieu d’internement / de détention administrative
officiellement reconnu ;
 L’examen de la légalité de l’internement / de la détention administrative, effectué par un
organisme indépendant et impartial ;
 Le droit à un examen périodique de la légalité du maintien en détention ;
 Le droit pour la personne internée ou placée en détention administrative de recevoir l’attention
médicale et les soins médicaux qu’exige son état.

La mise en œuvre du DIH dans les conflits armés non internationaux

La protection juridique des victimes de conflits armés non internationaux étant beaucoup moins
importante et moins étendue que pour les conflits internationaux, il est logique que les mesures de mise
en œuvre soient aussi moins développées
Il y a en fait, seulement deux mécanismes de mises en œuvre en droit international humanitaire
qui s’appliquent aux conflits armés non internationaux : l’obligation de diffuser le DIH ‘’aussi largement
que possible’’ et le droit du CICR d’offrir ses services. Le premier mécanisme est identique à la
disposition parallèle applicable pour les conflits armés internationaux. Le second signifie que dans ces
conflits le CICR n’a aucun droit d’entreprendre ses activités d’examen, de protection et d’assistance ; il
peut seulement offrir ses services à chaque partie au conflit et ensuite les mettre en place avec d’autres
parties qui les acceptent. Cette limitation implique clairement qu’une offre du CICR n’interfère jamais
avec les affaires internes de l’Etat concerné. En outre, une telle offre, comme toutes les mesures de
mise en œuvre du DIH dans les conflits armés non internationaux, ne peut attribuer aucun statut
juridique aux parties des conflits.

Bien qu’elles ne soient pas juridiquement applicables aux conflits armés non internationaux, les
mesures préparatoires que le DIH des conflits armés internationaux a établies en temps de paix auront
aussi une influence bénéfique sur le respect du DIH dans les conflits armés non internationaux. Par
exemple, construire des hôpitaux loin des objectifs militaires potentiels, restreindre correctement
l’utilisation de l’emblème de la croix rouge et du croissant rouge et ordonner aux combattants de porter
des plaques d’identité auront le même effet sur les conflits armes internationaux et non internationaux.
En pratique les forces armées entrainent les soldats pour les conflits armés internationaux. Si un tel
entrainement est réalisé correctement les soldats auront les mêmes réactions dans un conflit arme non
international que celles qu’ils auraient dans un conflit arme international. D’ailleurs, aux niveaux plus
bas de la hiérarchie militaire, les règles de comportement sont exactement les mêmes.

23
Leçon IV : Le mandat et le rôle du CICR

Introduction

Le CICR est une organisation humanitaire neutre, impartiale et indépendante, qui a pour mandat
d’aider et de protéger les personnes touchées par un conflit armé ou par d’autres situations de violence.
Par « autres situations de violence », il faut entendre des situations où la violence est exercée par des
groupes importants d’individus et entraîne des conséquences sur le plan humanitaire, sans toutefois
atteindre le seuil d’un conflit armé
Le CICR a été créé le 17 février 1863 par cinq citoyens suisses sous le nom de Comité
international de secours aux militaires blessés. Cette organisation avait pour but de donner effet aux
propositions fautes par Henry Dunant dans son livre, « un souvenir de Solferino » et, particulièrement,
de porter secours aux militaires blessés.
Le CICR a son siège à Genève et dispose de délégations ou mission dans au moins 8o pays.

V.1. Statut juridique du CICR : organisation sui generis

Du point de vue de son statut, le CICR n’est pas une organisation comme les autres. Elle
n’appartient ni à la famille des organisations non gouvernementales (ONG), ni à celle des organisations
internationales (OI).

Le CICR a été créé avec le statut de simple société avant d’obtenir en 1915 le statut d’Association
dotée de la personnalité juridique selon le droit civil suisse. Elle a reçu en vertu des conventions de
Genève de 1949 et de ses principaux protocoles 1977, un mandat international.

Il est reconnu ainsi au CICR, un Statut sui generis c’est-à-dire particulier. Elle est reconnue comme
une Institution unique possédant une personnalité juridique internationale et un statut spécial en droit
international. De ce fait, le CICR :
 Reçois un financement des Etats.
 Conclu un accord de siège avec les Etats et Dispose de privilèges diplomatiques et immunités
(immunité)
 Mandat permanent des États
 N’accepte aucun représentant d’État
 Est organisé de manière autonome et indépendante

Ce statut juridique distingue le CICR des organisations intergouvernementales (telles que les
institutions spécialisées des Nations Unies) et des ONG. Ce statut lui permet de fonctionner
indépendamment des gouvernements et de venir en aide, de manière impartiale, aux personnes qui ont
le plus besoin de protection et d’assistance

V.2. Composition :

Le CICR fait partie du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui


comprend les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et la Fédération
internationale des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant-Rouge. Ainsi,
 Le CICR aide protège les victimes des conflits armés et autres situations de violence ;
 Les Sociétés nationales au nombre de 189 dans le monde agissent dans leurs pays
respectifs lors de catastrophes naturelles et autres situations de violence,
 La Fédération coordonne en lien avec le CICR l’action internationale des Sociétés
nationales lors de catastrophes survenant en dehors du contexte d’un conflit armé.

Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge fonctionne sur la base


d’un ensemble de principes fondamentaux régissant toutes ses composantes.

24
V.3. Les principes fondamentaux du mouvement :

Le mouvement international de la Croix rouge fonctions sur la base de sept principes fondamentaux.

Humanité : en vue de porter secours sans discrimination aux blessés des champs de bataille,
Impartialité : pour ne fait aucune distinction de nationalité, de race, de religion, de condition sociale
et d’appartenance politique.
Neutralité : Afin de garder la confiance de tous, le Mouvement ne prend part aux hostilités et, en
tout temps, aux controverses d’ordre politique, racial, religieux et idéologique.
Indépendance : Auxiliaires des pouvoirs publics dans leurs activités humanitaires et soumises aux lois
qui régissent leurs pays respectifs, les Sociétés nationales doivent pourtant conserver une autonomie
qui leur permette d’agir toujours selon les principes du Mouvement.
Volontariat : Il est un Mouvement de secours volontaire et désintéressé.
Unité : Il ne peut y avoir qu’une seule Société de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge dans un
même pays. Elle doit être ouverte à tous et étendre son action humanitaire au territoire entier.
Universalité : Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, au sein duquel
toutes les Sociétés ont des droits égaux et le devoir de s’entraider, est universel.

V.4. Le mandat du CICR :


.
Le mandat du CICR a deux sources :
 Des Etats à l’occasion de l’adoption des quatre Conventions de Genève de 1949 et des
Protocoles additionnels de 1977 et de 2005.
 Du Statuts du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge adopté en
1986.
Ces instruments attribuent au CICR un mandat d’assistance, de prévention et de protection :
 Des compétences expresses (attribuées par les Conventions de Genève)
 Un Droit d’initiative : CICR peut offrir ses services (selon les Conventions)
 Un Droit d’initiative (selon les Statuts)

Le mandat du CICR se demeurent exclusivement humanitaire. Il n’a aucune implication dans la


résolution des conflits et dans les procédures judiciaires. Il mène ses actions selon les principes :
d'humanité - d’impartialité - de neutralité - d'indépendance chers au mouvement.

V.5. Le rôle ou les activités du CICR

Le CICR joue un rôle essentiellement humanitaire. Ses activités ont pour objet de protéger la
vie, la santé et la dignité des personnes touchées par la violence et s’inscrivent dans trois domaines
d’action distincts – assistance, protection et prévention.

V.5.1. Assistance :

V.5.1.1. L’Assistance peut être humanitaire ou technique.

An plan de l’Assistance humanitaire, le CICR apporte aide aux personnes touchées par un conflit armé
ou par d’autres situations de violence. Elle aide les populations

 Populations sinistrées : en leur fournissant de l’eau, des vivres et des abris, en améliorant leur
situation économique, en renforçant les services de santé (notamment les soins aux blessés de
guerre et aux détenus), en assurant une prise en charge et une identification appropriée des
morts, et en apportant un soutien aux victimes de mines terrestres et de munitions non
explosées.
En 2020, en côte d’Ivoire implication dans la sensibilisation contre le Covid 19 en lien avec la société
nationale.

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V.5.1.2. L’Assistance technique

Le CICR dispose de Services consultatifs en droit international humanitaire crée sur


recommandation du Groupe d'experts intergouvernemental sur la protection des victimes de guerre
(janvier 1995) Approuvée par la XXVIe Conférence de la Croix-Rouge (décembre 1995). Le Rôle de ce
service est de promouvoir la ratification des traités de DIH et d’aassister les gouvernements dans le
processus d'adoption des mesures nationales nécessaires pour la mise en œuvre du DIH.

V.5.2. Prévention : Le CICR agit aux échelons mondial, régional et local pour promouvoir le
respect du droit international humanitaire et les principes humanitaires. Il contribue à la mise en œuvre
du droit international humanitaire.

 Traduction des traités et de documents pertinents


 État des lieux des droits nationaux
 Avis juridiques

Aide à la rédaction législative notamment sur (la protection de l'emblème, la répression des crimes
de guerre, la mise en œuvre du Statut de Rome, la prohibition des mines antipersonnel…)

 Œuvre au développement du droit


 Droit créé en réponse à des situations et problèmes humanitaires
 Droit en continuel développement
 Développement d'un droit pratique et moderne

 Œuvre à l’acceptation des règles

 Participation des États aux traités du DIH


 Respect et mise en œuvre
 Diffusion

Le CICR œuvre à la Connaissance des règles du DIH et conviction de leur utilité par ceux qui
doivent les appliquer.

V.5.3. La protection :

Le CICR s’efforce de protéger la vie, la santé et la dignité des personnes civiles (y compris des
personnes détenues) touchées par un conflit armé ou par d’autres situations de violence. Pour ce faire,
Le CICR encourage les autorités publiques et les autres acteurs concernés à assumer les
responsabilités qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et des autres règles qui
protègent les personnes touchées par la violence. Le CICR mène son action en faveur des personnes
Détenues et des personnes disparues.

V.5.3.1. Le CICR et les personnes détenues :

L’intervention du CICR dans les lieux de détention à l’endroit de toutes les personnes privées
de leur liberté vise à préserver la vie et la santé des détenus et à s’assurer que les autorités remplissent
leurs obligations.

Ainsi, le CICR effectue régulièrement des visites aux prisonniers de guerre et internés civils.
A l’occasion d’un CAI, empêcher les délégués du CICR d’accomplir leur mission équivaut à une violation
du droit humanitaire.
En revanche, pour les CANI et pour les détenus hors du contexte conflit armé, il n'existe pas de
base conventionnelle explicite d'accès du CICR aux personnes privées de liberté. Ainsi, juridiquement,
les états qui ne sont pas en situation de conflit n'ont pas l'obligation d'accepter les visites du CICR à
des détenus. Cependant, en vertu de son droit d’initiative, le CICR peut offrir ses services en vue de
visiter les détenus ; de fait, nombre de gouvernements acceptent cette proposition.

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V.5.3.2. CICR et les Personnes disparues :

Toutes les personnes dont la famille est sans nouvelles et qui, selon des informations fiables et
crédibles, ont été portées disparues en raison d'un conflit armé –international ou non international – ou
de toute autre situation de violence.

Dans ces situations, les familles ont un besoin de savoir et un besoin de reconnaissance du
problème de la part des autorités. Les familles ont comme premier besoin fondamental celui de savoir
ce qui est arrivé à la personne disparue c’est-à-dire où elle est, ou si elle est morte ou elle est encore
vivante. Autrement dit, les familles sont laissées dans un état de doute constant. Il faut les aider à :
 Surmonter les conséquences psychologiques et psychosociales
 Faire face aux problèmes légaux ou administratifs
 Faire face aux difficultés économiques et financières

Dans cette optique, l’action du CICR se concentre sur le rétablissement des liens familiaux : entre
les membres de la même famille ayant perdu le contact pour cause de détention, déplacement
(Refugiés, PDI et Migrants) et de ddisparition.

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