Filtrage de Donnees Sismiques Multicomposantes Et
Filtrage de Donnees Sismiques Multicomposantes Et
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Caroline Paulus
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THESE
DOCTEUR DE L’INPG
par
Caroline PAULUS
le 25 septembre 2006
Titre :
JURY
Introduction 5
1 Éléments de sismique 9
1.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1.1 Prospection sismique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1.2 Acquisitions terrestres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.1.3 Types d’enregistrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2 Physique des ondes sismiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.1 Ondes élastiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.2 Différents milieux de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.3 Polarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.4 Trajets des différentes ondes sismiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
1.3 Modélisation des signaux sismiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.3.1 Modèle des signaux 1-Composante (1C) . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.2 Modèle des signaux n-Composante (nC) . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.4 La séparation d’ondes : une étape majeure du traitement . . . . . . . . . . . 26
1.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1
2 TABLE DES MATIÈRES
5 Estimation de la polarisation 99
5.1 Introduction sur l’analyse de polarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.1.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.1.2 Intérêts de l’analyse de polarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.1.3 Comment faire l’analyse de polarisation ? . . . . . . . . . . . . . . . . 105
5.2 Méthode basée sur la matrice spectrale large-bande multicomposante . . . . . 108
5.2.1 Estimation du rapport d’amplitude et du déphasage . . . . . . . . . . 109
5.2.2 Exemple sur un jeu de données synthétiques . . . . . . . . . . . . . . . 111
5.3 Applications sur des données sismiques simulées et réelles . . . . . . . . . . . 114
5.3.1 Comparaison de la méthode proposée avec la méthode de Flinn . . . . 115
5.3.2 Application sur un profil sismique de données réelles . . . . . . . . . . 117
5.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Bibliographie 153
4 TABLE DES MATIÈRES
Introduction
La sismique est une méthode de prospection qui permet d’avoir une connaissance sur les
structures géologiques du sous-sol grâce à l’analyse des ondes élastiques qui se propagent dans
le sol. Les méthodes sismiques sont essentiellement utilisées en prospection pétrolière dans le
but de localiser et caractériser des gisements d’hydrocarbures ou de gaz naturel. Elles peuvent
aussi être utilisées en génie civil pour la construction de grands ouvrages tels que des ponts,
des digues, etc.
Le traitement des données sismiques apparaı̂t donc comme un formidable champs d’appli-
cation pour les traiteurs de signaux. La diversité des milieux étudiés se traduit par une
grande complexité des signaux à traiter. L’analyse visuelle des données issues des campagnes
sismiques est alors impossible. Le traitement du signal intervient donc en proposant des
méthodes de représentation et de caractérisation permettant de faciliter l’interprétation de
ces signaux.
5
6 Introduction
débruitage des données qui est une étape fondamentale du processus d’interprétation des
profils sismiques. L’objectif de nos traitements est d’améliorer le rapport signal à bruit, de
séparer et de caractériser les ondes présentes. Autrement dit, le but est de rehausser l’informa-
tion pertinente pour l’application visée par rapport à l’information considérée comme inutile,
en utilisant les propriétés physiques du signal telle que la polarisation. Une fois les ondes
séparées, nous nous attachons à caractériser plusieurs de leurs attributs : leur polarisation,
mais aussi leur direction et leur temps d’arrivée sur l’antenne de capteurs. L’extraction de ce
type d’information est une problématique typique en traitement d’antenne.
Nous commençons cette étude par un chapitre introductif permettant de fixer le cadre du
travail en présentant quelques généralités sur la prospection sismique et les caractéristiques
des signaux auxquels nous allons nous intéresser. Un bref rappel sur la physique des ondes
est tout d’abord proposé car il s’avère nécessaire à l’élaboration d’un modèle mathématique
pour les signaux reçus sur les antennes de capteurs multicomposantes.
Par la suite, le travail de thèse s’organise en deux grandes parties. La première s’attaque
aux problèmes de filtrage et de séparation des ondes. Nous commençons par un état de l’art
des méthodes de séparation d’ondes en allant des méthodes les plus classiquement utilisées
(filtres f −k et τ −p) aux méthodes les plus récentes (filtre 3C-SVD...). Nous proposons ensuite
une nouvelle technique adaptée au traitement des signaux multicomposantes, basée sur une
extension de la méthode de filtrage utilisant la matrice spectrale (Spectral Matrix Filtering).
Nous présentons en détails les principes de ce traitement basé sur la décomposition d’une ma-
trice spectrale large bande multicomposante. La définition de cette matrice assure la prise en
compte de toute l’information disponible à la fois sur l’ensemble des composantes et sur tous
les canaux fréquentiels, permettant ainsi un filtrage efficace. Le sigle anglais MCWB-SMF
pour ”MultiComponent WideBand Spectral Matrix Filtering” désigne cette méthode dans le
reste du document. Pour valider cette méthode, nous présentons des simulations et montrons
que les résultats du filtrage sont meilleurs que ceux obtenus avec les méthodes présentées dans
l’état de l’art. Enfin, nous appliquons la méthode sur des signaux réels issus de campagnes
sismiques terrestres.
Le chapitre 6 est consacré à l’estimation de la Direction D’Arrivée des ondes. Après avoir
présenté les méthodes Haute Résolution (HR), nous faisons le choix d’étendre l’algorithme
MUSIC (MUltiple SIgnal Classification) au cas large bande multicomposante. Cette méthode
Introduction 7
HR permet l’estimation conjointe des directions et des temps d’arrivée sur l’antenne des
différentes ondes. L’algorithme, appelé MCWB-MUSIC (MultiComponent WideBand MU-
SIC), prend en compte l’ensemble de l’information disponible sur le signal sans avoir à utiliser
d’opérateurs de focalisation en fréquence. Nous comparons ensuite les performances de cet
algorithme avec d’autres algorithmes HR en terme de pouvoir de résolution et de variance de
l’estimateur.
8 Introduction
Chapitre 1
Éléments de sismique
Sommaire
1.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1.1 Prospection sismique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1.2 Acquisitions terrestres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.1.3 Types d’enregistrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.1.3.1 Enregistrements monocomposantes . . . . . . . . . . . . . . 13
1.1.3.2 Enregistrements multicomposantes (2C/3C/4C) . . . . . . 14
1.2 Physique des ondes sismiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.1 Ondes élastiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.1.1 Les ondes de volume . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.1.2 Les ondes de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.2.2 Différents milieux de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.3 Polarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.2.4 Trajets des différentes ondes sismiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
1.2.4.1 Réflexion, transmission, réfraction . . . . . . . . . . . . . . 21
1.2.4.2 Cas des ondes élastiques : couplage de mode . . . . . . . . 22
1.2.4.3 Phénomènes d’atténuation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.3 Modélisation des signaux sismiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.3.1 Modèle des signaux 1-Composante (1C) . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.2 Modèle des signaux n-Composante (nC) . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.4 La séparation d’ondes : une étape majeure du traitement . . . . 26
1.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
9
10 Chapitre 1. Éléments de sismique
Le but de cet chapitre introductif est de fixer le cadre de travail proposé et de présenter
les caractéristiques des signaux auxquels nous allons nous intéresser dans ce manuscrit. Nous
commençons par quelques généralités sur les acquisitions de données sismiques et sur les
différents types d’enregistrements sismiques disponibles.
Un résumé des bases de la physique des ondes sismiques est ensuite proposé car il s’avère
nécessaire à l’élaboration d’un modèle mathématique pour les signaux sismiques multicom-
posantes.
Après avoir présenté les bases de physique nécessaires et le modèle utilisé, nous revien-
drons sur la problématique de ce travail. En effet, une fois les signaux sismiques enregistrés
sur un réseau de capteurs, une série de traitements est réalisée afin d’arriver au but recherché
par le géophysicien, à savoir l’interprétation des données en vue de la caractérisation des
couches du sous-sol. Dans notre cas, nous nous intéressons plus particulièrement à l’étape
d’amélioration de rapport signal à bruit et de séparation des ondes qui consiste à isoler les
ondes susceptibles d’apporter de l’information sur la nature du sol. De nombreuses méthodes
ont déjà été développées dans le cas d’enregistrements sismiques monocomposantes (c’est à
dire enregistrant les signaux dans une seule direction de l’espace), cependant peu de méthodes
sont adaptées au cas des enregistrements multicomposantes (plusieurs directions orthogonales
de l’espace).
1.1 Généralités
1.1.1 Prospection sismique
Le sous-sol de notre planète renferme une grande quantité de richesses exploitables par
l’homme. Pour pouvoir utiliser ces ressources, il est nécessaire de connaı̂tre la stratigraphie
et les structures géologiques présentes dans le sous-sol. Ces informations n’étant pas directe-
ment décelables à la surface de la terre, il faut avoir recours à des moyens de prospection. La
méthode géophysique la plus utilisée pour imager les structures du sous-sol est la méthode de
prospection sismique où l’on utilise les propriétés élastiques ou acoustiques du terrain et
sa capacité à transmettre les ondes. Les différentes couches sont alors caractérisées par divers
attributs telles que la vitesse de propagation des ondes, l’atténuation, la densité...
La prospection sismique consiste à produire des séismes de faible amplitude à partir d’un
dispositif de source émettrice qui seront enregistrés sur un dispositif d’acquisition
composé de capteurs. Ce dispositif d’acquisition peut prendre des formes très variées sui-
vant les caractéristiques recherchées : antennes horizontales ou verticales, en réseau, en étoile,
circulaires... Dans la suite, nous nous intéressons au cas d’antennes horizontales linéaires et
uniformes (c-à-d avec un pas, ou intertrace, constant entre les capteurs). L’enregistrement
obtenu sur un capteur est appelé trace sismique et l’ensemble de ces traces forme un profil
sismique. Un des axes correspond à l’abscisse géographique des récepteurs le long du profil
d’acquisition et l’autre axe correspond au temps d’écoute et peut être directement relié à la
profondeur (cf. Fig. 1.1) [Yil01].
Les événements sismiques présents sur l’enregistrement correspondent à l’arrivée des ondes
sismiques sur le réseau de capteurs après propagation dans le sous-sol. L’énergie émise par
1.1. Généralités 11
le dispositif source se répartit entre les ondes de volume et les ondes de surface. La sismique
réflexion privilégie ce premier type d’ondes car ce sont elles qui remontent à la surface après
s’être réfléchies sur des interfaces. Ces interfaces correspondent à une variation de l’impédance
acoustique et caractérisent les limites entre les différentes couches géologiques du sous-sol.
L’analyse d’un profil sismique permet donc d’obtenir une information sur la structure stra-
tigraphique et lithologique du sol dans le cas où la géométrie de l’ensemble de la campagne
d’acquisition est connue avec précision (position précise des sources et des capteurs).
a b
Capteurs a Source b
0
Onde
directe 0.02
Couche 1 0.04
0.06
Interface Onde
0.08
réfléchie 1
Couche 2
Onde 0.1
Interface
réfléchie 2
0.12
Couche 3
0.14 Capteurs
0 5 10 15 20 25 30
Temps (s)
Fig. 1.1 – Exemple synthétique de prospection sismique (sismique réflexion) au moyen d’un
réseau de capteurs et d’une source placée en son centre. Le sous-sol est modélisé par 3 couches
(figure de gauche) dans lesquelles sont visualisés les trajets de trois ondes arrivant sur des
capteurs symétriques par rapport à la source (une onde directe et deux ondes réfléchies).
La figure de droite montre le profil sismique résultant de l’enregistrement des signaux sur
l’ensemble des capteurs formant l’antenne.
Puits 1 Puits 2
Source Capteurs
Sismique
Emetteur
réflexion
Couche 1
Sismique Sismique
de puits réfraction
Couche 2
Emetteur
Emetteur
Sismique Recepteur
inter−puits
Couche 3
parallèlement à la surface.
– Sismique de puits
La sismique de puits permet d’obtenir des informations plus précises en terme de
résolution et de profondeur dans la mesure où le système est descendu dans un puits.
La source est située à la surface terrestre mais les capteurs sont situés dans le puits. Il
n’y a alors plus d’ondes de surface mais des ondes dites de tube qui sont générées par
la discontinuité de vitesse qui existe entre la roche et l’eau ou la boue présente dans
le puits. Si la source est à la verticale du puits, on obtient un profil sismique vertical
(PSV), sinon un profil sismique oblique (PSO) [Har92, Har00].
Enfin, si nous disposons de plusieurs puits, nous avons de la sismique inter-puits (cross-
well ). Ce type d’acquisition facilite l’investigation des zones situées entre les puits
[Har92].
– Sources
Plusieurs types de sources peuvent être utilisés en sismique terrestre [SG82, She87,
MGC01] : les explosions qui fournissent un signal très bref en temps, les camions vi-
breurs qui envoient un signal large-bande dans le sous-sol et sont particulièrement uti-
lisés par les compagnies de géophysique dans les régions habitées et enfin les chutes de
masses (de moins en moins utilisées à cause de leur manque de maniabilité).
– Capteurs
Les capteurs utilisés sont appelés géophones. Classiquement, ils sont composés d’un
aimant fixe autour duquel une bobine mobile peut coulisser. Le passage d’une onde
sismique provoque le mouvement de l’aimant qui va générer un courant induit dans la
bobine. Ce courant, par son amplitude, traduit la vitesse du déplacement provoqué par
le passage d’une onde sismique. Les géophones enregistrent les vibrations du sol dans une
certaine direction de l’espace. Ils peuvent être utilisés seuls (capteurs monocomposantes)
ou en doublets ou triplets formant ainsi un trièdre (capteurs multicomposantes) et
1.1. Généralités 13
Comme nous l’avons vu brièvement, les acquisitions énumérées dans la partie 1.1.2 per-
mettent l’enregistrement des signaux dans un plan vertical contenant l’axe source-capteurs.
Les capteurs monocomposantes utilisés enregistrent les signaux dans une seule direction de
l’espace qui est la verticale.
Ce type d’acquisition est appelé profil 2D car l’enregistrement est fonction de deux variables :
la distance source-capteurs et la durée d’enregistrement qui correspond à la profondeur (en
effet, plus un évènement sismique se produit en profondeur et plus il met longtemps à reve-
nir à la surface). Il permet d’obtenir une image d’une ”tranche” du sous-sol (Fig. 1.3 à gauche).
Afin de reconstituer de façon plus fidèle le sous-sol, il est de plus en plus fréquent que l’on
image des volumes de terrain. La méthode 2D peut alors être étendue à un réseau de capteurs
quadrillant la surface ; dans ce cas nous parlons de sismique 3D (Fig. 1.3 à droite) [CGP00].
Ce quadrillage est obtenu par mise en place de plusieurs lignes d’antenne. Les enregistrements
dépendront alors d’une troisième variable de distance qui désigne la position des différentes
acquisitions 2D translatées, on obtient alors un cube de données sismiques.
Enfin, si la mesure est faite à différentes dates sur une même région avec le même dispositif
3D, nous ajoutons une nouvelle variable temporelle et nous obtenons un enregistrement 4D.
Ces enregistrements peuvent être fait à plusieurs jours, voir plusieurs mois d’intervalle. Ce type
d’acquisition 4D est souvent utilisé pour la surveillance de réservoirs d’hydrocarbures (moni-
toring) et permet une extraction maximale des constituants d’un réservoir [She87, MC98].
Distance 1
Source
Distance
Source Capteurs Distance 2
Capteurs
Couche 1 Couche 1
Couche 2 Couche 2
Temps Temps
2D 3D
Source y
x
Capteurs 3C
z
Couche 1
Couche 2
Temps
500
Composantes 550
600
500
650
550
700
DIstance (m)
600
750
500
650
800
550
700
DIstance (m)
850
600
750
900
650
800
950
700
DIstance (m)
Distance
850
1000
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
750 Temps (s)
900
800
950
850
1000
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
900 Temps (s)
950
1000
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
Temps (s)
Temps
Fig. 1.5 – Section sismique multicomposantes. Chaque ”tranche” correspond à l’ensemble des
traces reçues sur une des composantes.
Dans le cas d’une acquisition sismique marine, il est possible de réaliser des enregistre-
ments 4C. Les capteurs utilisés possèdent 4 composantes (un géophone 3C formant un trièdre
et un hydrophone enregistrant l’information de pression).
La possibilité d’avoir accès aux mouvements du sous-sol dans les trois directions de l’es-
pace et aux variations de pression à l’interface sol-eau permet une meilleure caractérisation
des champs d’ondes propagés et notamment l’accès à l’information de polarisation des ondes
(cf. paragraphe 1.2.3). Cette information est très importante en prospection sismique car
1.2. Physique des ondes sismiques 15
elle permet de faire la différence entre différents types d’ondes (ondes de surface, ondes de
volume...) qui sont la marque d’un évènement sismique particulier [She02]. Connaı̂tre la pola-
risation permet une identification plus fine du type d’onde et donc une description plus exacte
des structures du sous-sol investigué.
En sismique, c’est au début des années 90 que les capteurs multicomposantes ont commencé à
remplacer les capteurs scalaires [Cal99]. Ces acquisitions multicomposantes sont actuellement
en plein développement et offrent de nouvelles perspectives en imagerie et en caractérisation
sismique.
→
−
Si l’on considère un vecteur déplacement défini par le potentiel scalaire Φ tel que U =
−−→ −→→−
gradφ avec rot Ψ = 0, l’équation des ondes devient :
1 ∂2Φ
∆Φ = . (1.3)
VP2 ∂t2
Cette équation correspond à l’équation de propagation des ondes P (ou ondes primaires)
appelées aussi ondes de compression. Elles correspondent à des vibrations longitudinales qui
agitent les particules en tout point du milieu parallèlement à la direction de propagation (cf.
Fig. 1.6). Si on note (Oxz) le plan vertical du profil formé par la direction source-récepteur
(x) et la verticale (z), alors les déplacements des particules ont lieu dans le plan (Oxz). Le
déplacement du sol qui accompagne le passage des ondes P se fait par dilatation et compression
successives. Ces ondes se propagent à la fois dans les liquides et les solides et ont une vitesse
de propagation VP qui est égale à :
s
λ + 2µ
VP = . (1.4)
ρ
Les ondes P sont les plus rapides et sont donc généralement enregistrées en premier sur les
capteurs, d’où leur nom.
1 ∂ 2 Ψi
∆Ψi = . (1.5)
VS2 ∂t2
Cette équation correspond à l’équation de propagation des ondes S (ou ondes secondaires)
appelées aussi ondes de cisaillement (shear waves). Elles correspondent à des vibrations trans-
versales qui agitent les particules en tout point du milieu perpendiculairement à la direction
de propagation. Ces déplacements perpendiculaires ont lieu soit dans le plan du profil (x,z)
et ces ondes sont alors appelées ondes SV (vibration dans le plan vertical)(cf. Fig. 1.6), soit
perpendiculairement au plan du profil et ces ondes sont appelées ondes SH (vibration dans le
plan horizontal)(cf. Fig. 1.6). Ainsi, les mouvements du sol s’effectuent perpendiculairement
au sens de propagation de l’onde. Ces ondes ne se propagent pas dans les liquides. Elles ont
une vitesse de propagation VS qui est égale à :
r
µ
VS = . (1.6)
ρ
La vitesse des ondes S est généralement plus lente que celle des ondes P.
à moindre vitesse).
Les ondes de volume se propagent comme les rayons lumineux : elles peuvent être réfléchies
ou réfractées, c’est-à-dire déviées à chaque changement de milieu. Elles peuvent ainsi suivre
des trajets très complexes à l’intérieur de la Terre. Leur temps de parcours dépend de ce
trajet, elles n’arrivent donc pas toutes en même temps au même endroit. Nous voyons cela
plus en détails dans la partie 1.2.4.
L’ensemble de ces ondes de surface forme ce que l’on appelle le ”ground-roll” en sismique
pétrolière et caractérise le bruit de surface [She02, MACG99]. Il est présent dans la plupart
des enregistrements sismiques. Ces ondes sont caractérisées par une très forte énergie, par des
vitesses relativement faibles, et un contenu fréquentiel basse fréquence. La plupart du temps,
ce sont des ondes de Rayleigh ou de pseudo-Rayleigh (dans le cas où le milieu n’est pas ho-
mogène). Le ”ground-roll” a tendance à masquer les évènements intéressants (ondes réfléchies
par exemple). Pour le géophysicien pétrolier, ce sont des ondes à éliminer, généralement par
des filtrages. Pour le géotechnicien, c’est plutôt l’inverse car l’étude de ces ondes donne des
informations sur les formations proches de la surface.
1.2.3 Polarisation
La polarisation d’une onde décrit le comportement des particules du sous-sol au passage de
cette onde. L’image de la houle qui avance horizontalement mais oscille verticalement donne
une idée de ce qu’est la polarisation. La polarisation d’une onde appartient à un plan appelé
plan de polarisation qui peut être stationnaire ou bien changer d’orientation au cours de la
propagation.
1.2. Physique des ondes sismiques 19
Dans le domaine des ondes élastiques, suivant la nature de la source émise et les milieux
traversés, les ondes sismiques peuvent avoir différents types de polarisation :
– polarisation rectiligne : la direction de l’oscillation est constante,
– polarisation elliptique : la direction de l’oscillation tourne autour de l’axe de propagation
à la fréquence de l’onde.
Les ondes longitudinales (de type P) et transversales (de type S) ont des polarisations linéaires
orientées respectivement dans la direction de la propagation de l’onde et perpendiculairement
à la direction de propagation. Pour les ondes de surface telles que les ondes de pseudo-Rayleigh,
la polarisation est beaucoup plus complexe et se rapproche d’un mouvement elliptique.
Source
x
Capteurs 2C
z
Dans ces conditions, nous allons exprimer les relations existantes entre les signaux recueillis
sur chaque composante. Nous considérons les signaux recueillis sur des capteurs à deux com-
posantes, notées X et Z. La composante X est une composante horizontale colinéaire à l’axe de
l’antenne et la composante Z est une composante verticale (Fig. 1.7). Dans le but de pouvoir
modéliser des déphasages directement dans le domaine temporel, nous allons travailler sur les
signaux analytiques1 . On peut alors donner l’expression du signal analytique h(t) enregistré
par un capteur à deux composantes X et Z :
à ! à !
hx (t) 1 1
h(t) = =√ w(t) = p w(t) (1.7)
hz (t) 1 + α2 αejϕ
1
Le signal analytique sA (t) d’une signal monodimensionnel réel s(t) est le signal complexe donné par la
relation sA (t) = s(t) + jH(s(t)), avec H(.) la transformée de Hilbert d’un signal réel [Vil48]
20 Chapitre 1. Éléments de sismique
avec :
– w(t) est une ondelette,
– la phase de w(t) est la phase de la composante X, hx (t),
– ϕ est le déphasage entre les composantes X et Z,
– α est le rapport d’amplitude entre les composantes X et Z.
Tous les signaux h, hx , hz , w sont sous leur forme analytique. Le vecteur p définit l’ellipse de
polarisation.
1 0.5
Composante
0.1
0.2
0
0
−0.1
−0.2
−0.2
−0.4 −0.3
−0.6 −0.4
0 20 40 60 80 100 120 −1 −0.5 0 0.5 1
Temps Amplitude de la composante Horizontale
Fig. 1.8 – Onde polarisée linéairement (signaux en phase) : signaux enregistrés sur la com-
posante Verticale Z et Horizontale X (à gauche) et diagramme de polarisation associé (à
droite)
1 0.4
Composante
Verticale
Amplitude de la composante Verticale
0.8 0.3
Composante
Horizontale
0.2
0.6
0.1
0.4
Amplitude
0
0.2
−0.1
0
−0.2
−0.2
−0.3
−0.4 −0.4
−0.6 −0.5
0 20 40 60 80 100 120 −1 −0.5 0 0.5 1
Temps Amplitude de la composante Horizontale
Fig. 1.9 – Onde polarisée elliptiquement (signaux déphasés) : signaux enregistrés sur la com-
posante Verticale Z et Horizontale X (à gauche) et diagramme de polarisation associé (à
droite)
Si les signaux reçus sur les deux composantes X et Z sont en phase et diffèrent unique-
ment en amplitude (Fig. 1.8), alors la polarisation de l’onde associée à ces signaux est linéaire
(ϕ = 0). Cette appellation vient de l’allure du diagramme de polarisation associé. Ce dia-
gramme, appelé aussi figure de Lissajous, correspond au tracé de l’amplitude de l’une des
composantes en fonction de l’amplitude de l’autre composante. Dans le cas d’une onde pola-
1.2. Physique des ondes sismiques 21
r
i
(1)
x
O
(2)
t
Onde transmise
La valeur de l’angle d’incidence détermine la façon dont les ondes vont se propager à l’interface
des milieux. Ainsi, lorsque l’angle de transmission est de 90 degrés, on atteint l’angle critique
noté ic :
ic = arcsin(V1 /V2 ). (1.10)
Toute onde dont l’angle d’incidence est supérieur à ic n’est pas transmise, il y a réflexion
totale. Dans le cas où l’onde atteint l’interface exactement avec l’angle critique i c , il y a
création d’ondes réfractées. L’onde ainsi produite va se propager à la vitesse V 2 un certain
temps à l’interface entre les deux milieux avant d’être réémise vers la surface. Enfin, si l’onde
atteint l’interface avec un angle d’incidence inférieur à l’angle critique, il y a création à la fois
d’une onde réfléchie et d’une onde transmise. Ces considérations sont valables dans le cas où
V2 > V1 et sont représentées schématiquement sur la figure 1.11.
V2 > V1
z
Onde incidente Onde réfléchie
i Ondes
réfractées
ic Onde réfléchie
Onde totalement
incidente
(1) x
(2) O
Onde transmise
i < ic
i = ic
i > ic
En résumé, les différents types de méthodes sismiques sont liés à la valeur des angles
d’incidence des ondes. Ainsi, pour des angles d’incidence i < ic , on est dans le cas de la
sismique réflexion, si i = ic de la sismique réfraction et si i > ic de la sismique réflexion grand
angle. Dans ce dernier cas, il n’y a plus de transmission mais uniquement de la réflexion.
de conversion.
z
S réfléchie
P incidente
P réfléchie
rs
i
rp
(1) Vp1 Vs1
PSfrag replacements x
O
(2) Vp2 Vs2
tp
P transmise
ts
S transmise
– Atténuation géométrique
En se propageant, l’amplitude de l’onde va s’atténuer du fait de l’expansion du front
d’onde. Cette atténuation du mouvement des particules est proportionnelle à la distance
r parcourue par l’onde. L’amplitude de l’onde décroı̂t suivant une loi en 1/r soit 1/V t
avec t le temps de parcours et V la vitesse de propagation de l’onde. Cette atténuation
est toujours présente, indépendamment du milieu.
– Atténuation du milieu
Chaque milieu possède un certain facteur de qualité Q [Lav86] qui caractérise de manière
quantitative l’absorption de ce milieu et qui est sans dimension. Plus ce facteur de
qualité est faible, plus le milieu traversé par l’onde est atténuant et plus il s’éloigne du
cas élastique. En revanche, plus il est élevé et moins la roche absorbe l’énergie.
avec :
– wp (t) le signal émis par la source p. Ce terme est déterministe et contient l’information
sur l’évolution du signal émis au cours du temps,
– ap l’amplitude de la source p aléatoire,
– bi un bruit additif supposé gaussien, blanc temporellement et spatialement, et décorrélé
des sources,
– τi (θp ) le retard dû au temps de propagation entre la source p et le capteur i. Ce terme
dépend de θp , qui est la direction d’arrivée (DDA) de la source p par rapport à la nor-
male de l’antenne.
∆ sin(θp )
ξi (θp ) = (i − 1)ξ(θp ) = (i − 1) (1.15)
V
avec V la vitesse de propagation de l’onde dans le milieu et ∆ le pas inter-capteurs.
1.3. Modélisation des signaux sismiques 25
Capteur i ∆ i+1
∆ sin(θp )
θp
PSfrag replacements
avec :
– X(f ) = [x1 (f ), · · · , xi (f ), · · · , xNx (f )]T un vecteur de taille Nx contenant les signaux
enregistrés sur l’ensemble des capteurs à la fréquence f . T correspond à la transposition.
X(f ) est appelé vecteur d’observation ;
h i
– S x (f ) = Sx 1 (f ), · · · , Sx p (f ), · · · , Sx P (f ) une matrice de taille Nx × P dont les co-
lonnes sont les vecteurs directionnels (steering vector en anglais) décrivant la propaga-
tion de chaque onde sur l’antenne avec Sx p (f ) = [sx,1,p (f ), · · · , sx,i,p (f ), · · · , sx,Nx ,p (f )]T
et sx,i,p (f ) = wp (f )e −j2πf τi (θp ) . Tous ces termes sont déterministes ;
Si l’on a Nf échantillons fréquentiels, les signaux décrits par ce modèle peuvent être
organisés dans une matrice X ² CNx ×Nf telle que :
X = { xi,f = xi (f ) | 1 ≤ i ≤ Nx et 1 ≤ f ≤ Nf }. (1.17)
Les lignes de cette matrice correspondent aux transformées de Fourier des traces sismiques.
tableau de taille Nx × Nt × Nc .
Dans la suite, par souci de simplification des écritures, nous considérons le cas de capteurs à
deux composantes (2C), notées X pour la composante horizontale dans le plan de l’antenne
et Z pour la composante verticale (Nc = 2).
Si l’on suppose que l’équation (1.13) correspond au signal reçu sur le capteur i à la
fréquence f et sur la composante X, on peut exprimer le signal reçu sur la composante Z du
même capteur par :
P
X
zi (f ) = αp ejϕp ap wp (f )e−j2πf τi (θp ) + bi (f ) (1.18)
p=1
Les signaux décrits par ce modèle peuvent être organisés dans un tableau T de taille
Nx × Nf × Nc , avec dans le cas deux composantes :
Il est d’abord nécessaire de définir la notion de signal et de bruit. De façon générale, nous
appelons signal sismique ou ”signal pertinent”, tous les événements enregistrés dont on peut
tirer une information. Tout ce qui ne fait pas partie du signal pertinent sera considéré comme
bruit. Ce bruit est en fait constitué d’événements différents. Tout d’abord, le bruit sismique lié
au sous-sol est un signal non modélisable qui correspond physiquement à des hétérogénéités,
à la non-stationnarité en distance des réflecteurs et aux phénomènes de diffraction. À ce bruit
se superposent des bruits d’origines très diverses non identifiables tels que des phénomènes
1.4. La séparation d’ondes : une étape majeure du traitement 27
Composante
Distance
Temps
Fig. 1.14 – Exemple de séparation de deux ondes et du bruit sur un profil sismique multi-
composante simulé
La plupart des méthodes de séparation d’ondes existantes sont utilisables sur des enre-
gistrements monocomposantes ou bien sur des enregistrement multicomposantes en les ap-
pliquant indépendamment sur chaque composante. Bien que les enregistrements multicom-
posantes tendent à être de plus en plus utilisés en sismique, encore assez peu de méthodes
de séparation d’ondes leur sont dédiées [HH03, NP94a, MBVP06]. Ainsi, un des objectifs de
cette thèse est de proposer une nouvelle méthode de séparation d’ondes adaptée aux
profils sismiques multicomposantes.
1.5 Conclusion
Dans cette première partie, nous avons proposé le contexte de l’étude et présenté les ca-
ractéristiques principales des signaux qui vont être traités tout au long de cette thèse. Ces
signaux correspondent à l’enregistrement d’ondes sur des réseaux de capteurs multicompo-
santes lors de campagnes d’acquisitions sismiques. Nous avons présenté brièvement la physique
de la propagation et les conséquences sur la nature des signaux. Enfin, nous avons présenté
les différentes phases du traitement de ces données et en particulier la phase de séparation
des ondes qui va susciter notre intérêt par la suite.
Première partie
Cette première partie présente une méthode originale de séparation d’ondes et d’améliora-
tion du rapport signal à bruit adaptée aux données sismiques de type multicomposante. Cette
méthode est basée sur la matrice spectrale.
Nous commençons par un état de l’art des méthodes de séparation d’ondes en allant de
celles les plus classiquement utilisées aux plus récentes notamment dans le domaine multicom-
posante. Cet état de l’art ne se veut pas exhaustif tant la diversité des méthodes est importante
et nous nous focalisons sur les méthodes dites à gabarit et matricielles.
Ensuite, nous nous focalisons sur le descriptif de la méthode que nous proposons pour
réaliser une séparation efficace des ondes polarisées reçues sur des réseaux de capteurs multi-
composantes. Nous présentons en détail les principes de ce traitement basé sur la décomposi-
tion d’une matrice spectrale large bande multicomposante. La définition de cette matrice assure
la prise en compte de toute l’information disponible à la fois sur l’ensemble des composantes
et sur tous les canaux fréquentiels. Pour désigner cette méthode, nous utilisons le sigle anglais
MCWB-SMF pour ”MultiComponent WideBand Spectral Matrix Filtering”.
La validation de la méthode sera effectuée par son application sur des signaux sismiques
synthétiques et réels et par la comparaison de ses performances avec celles des méthodes
décrites dans l’état de l’art.
Enfin, pour conclure cette partie consacrée à la séparation des ondes et l’amélioration
du rapport signal à bruit, nous proposons un tableau comparatif des différentes méthodes de
filtrage en présentant, pour chacune, les avantages et inconvénients.
29
30
Chapitre 2
Sommaire
2.1 Méthodes à gabarit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.1.1 Filtrage f − k . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.1.2 Filtrage τ − p . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.2 Méthodes matricielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.2.1 Filtrage par décomposition en valeurs singulières (SVD) . . . . . . . 36
2.2.1.1 Cas d’une antenne de capteurs 1C . . . . . . . . . . . . . . 36
2.2.1.2 Extension au cas multicomposante : 3C-SVD . . . . . . . . 40
2.2.2 Filtrage par décomposition de la matrice spectrale (SMF) . . . . . . 43
2.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
31
32 Chapitre 2. État de l’art sur les méthodes de séparation d’ondes
Cette partie correspond à un état de l’art des méthodes de séparation d’ondes, allant des
plus classiques tel que le filtre f − k aux plus récentes tel que le filtre 3C-SVD. Cet état de
l’art n’est pas exhaustif tant il existe un grand nombre de méthodes [MLMG04, MRL99].
Mari et Glangeaud [MG94] ont proposé de classer ces traitements en trois catégories : les
méthodes à gabarit, matricielles et paramétriques [Esm90]. Nous avons fait le choix de décrire
les méthodes issues des deux premières classes. Ces méthodes sont toutes adaptées au cas
d’enregistrements monocomposantes hormis la méthode 3C-SVD qui peut traiter des données
de type multicomposante. Ceci est bien en adéquation avec le fait qu’il existe un très grand
nombre de traitements adaptés aux données monocomposantes mais encore assez peu pour
les données multicomposantes [HH03, NP94b, NP94a, MBVP06].
2.1.1 Filtrage f − k
Le filtre f − k utilise la transformée fréquence - nombre d’ondes (transformée f − k) qui
s’obtient en prenant le module de la double transformée de Fourier en temps et en distance de
la section sismique initiale. f correspond aux fréquences temporelles et k aux fréquences spa-
tiales aussi appelées nombres d’ondes. Ce filtre, appelé également ”filtre en vitesse”, est très
souvent utilisé en séparation d’ondes sismique car le paramètre discriminant pour séparer
les événements est leur vitesse (entité facilement interprétable). Il a été introduit pour la
première fois en sismique par Embree et al. [EBB63]. Il est facile d’utilisation et assez effi-
cace. Ce filtre a été utilisé à plusieurs reprises notamment pour atténuer l’effet des multiples
[CS91, Han88] ou pour séparer les champs d’ondes montants et descendants dans les profils
sismiques verticaux [SG85].
Cette transformée est particulièrement intéressante dans le cas de signaux p(t, x) décrivant
la propagation d’une onde plane h(t) à une vitesse constante V et observée sur un réseau de
capteurs espacés régulièrement suivant l’axe des distances x. Dans ce cas, le signal observé
p(t, x) en temps sur chaque capteur peut s’écrire comme :
f
|P (f, k)| = |T Fx {T Ft {p(t, x)}}| = |H(f )|δ(k + ). (2.4)
V
Dans le plan f − k, δ(k + f /V ) représente une droite passant par l’origine du plan et de
pente égale à −V . Ainsi, la représentation d’une onde plane h(t) se propageant à la vitesse V
est une droite. Si le spectre de l’onde H(f ) est large-bande (ondelette limitée en temps), la
représentation f − k de l’onde aura une forme allongée d’axe principal une droite d’équation
k + f /V = 0.
Dans le cas d’une onde dispersive dont la phase varie au cours de la propagation, cette droite
ne coupe plus l’axe k à l’origine mais à une certaine position qui est proportionnelle au
déphasage de l’onde [MGM04].
4
20
40
Frequence temporelle en Hz
60 3
80
Distance en m
100 2
120
140
1
160
180
0
−4 −2 0 2 4
200 Frequence spatiale en 1/m −4
x 10
La figure 2.1 présente une onde plane simulée se propageant à une vitesse V = 8000 m/s
et un bruit additif. La figure 2.2 correspond à la représentation f − k associée (|P (f, k)|). À
partir de la droite tracée dans le plan f − k, il est possible de retrouver la vitesse de groupe
de l’onde par :
f
Vestim = . (2.5)
k
Le bruit présent dans cette section peut être filtré en appliquant un filtre en éventail autour
du motif de l’onde dans le plan f − k. Le résultat du filtrage est présenté sur la figure 2.3
dans le plan temps - distance et sur la figure 2.4 dans le domaine f − k.
34 Chapitre 2. État de l’art sur les méthodes de séparation d’ondes
20
40 4
60
Frequence temporelle en Hz
80 3
Distance en m
100
120 2
140
160
1
180
200
0
−4 −2 0 2 4
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 Frequence spatiale en 1/m −4
Temps en s x 10
Fig. 2.3 – Onde filtrée par un filtre f − k en Fig. 2.4 – Représentation f − k associée à
éventail l’onde filtrée de la figure 2.3
La double transformée permet donc de séparer des ondes planes de vitesses différentes,
d’estimer leurs vitesses de groupe et d’améliorer le rapport signal à bruit. Cependant, en rai-
son de l’opération de transformée de Fourier selon l’axe des distances, le filtre f − k nécessite
un grand nombre de capteurs pour être efficace. De plus, l’application d’un masque avec une
transition brutale (de type fonction porte) en fréquence peut entraı̂ner des rebonds dans le
domaine temporel (cf. Fig. 2.3). Afin d’éviter ces effets de bords, il peut être construit en
utilisant des coefficients de type Hanning pour définir la zone de transition.
Par ailleurs, le critère principal du filtre f − k étant la vitesse, les ondes ayant la même vitesse
ne pourront être séparées. De plus, pour les ondes réfléchies (non-planes), la discrimination en
vitesse n’est pas toujours simple. Mais ce filtre est tout de même une procédure très utilisée
en raison de sa simplicité de mise en oeuvre.
Ce filtre a été étendu au cas des acquisitions 3D [GDD02, KCSA03]. On le nomme alors
filtre f − kx − ky 3D. Il est réalisé en mettant en cascade les transformées de Fourier le long
de chaque dimension spatiale. Le filtrage est ensuite effectué en multipliant les coefficients de
la transformée de Fourier 3D par un masque à 3 dimensions.
2.1.2 Filtrage τ − p
Le filtre τ − p, appelé aussi filtre de Radon [Bar84], utilise la transformée de Radon (ou
transformée de Hough). τ correspond au temps d’arrivée de l’onde sur le premier capteur et
est aussi appelé intercept et p est la lenteur (inverse de la vitesse). Cette transformée consiste
à faire la sommation de la section sismique dans le plan temps - distance selon des droites de
pente p positionnées à l’intercept τ et correspond à une décomposition en ondes planes. Elle
transforme donc les profils sismiques enregistrés comme des fonctions du temps t et de l’offset
x en des fonctions de l’intercept τ et de la lenteur p. La transformée de Radon, utilisée en
sismique pour la première fois dans les années 80 [Cha81, MCTD86, Die88], est depuis décrite
par de nombreux auteurs [RH90a, RH90b, GML+ 90] notamment pour son utilité concernant
la suppression des multiples [FM92].
2.1. Méthodes à gabarit 35
Pour une section sismique r(t, x), sa transformation de Radon directe s’exprime par :
Nx
X
R(τ, p) = T R[r(t, x)] = r(τ + ip∆x , i∆x ) (2.6)
i=1
Nx
X
r(t, x) = T RI[R(τ, p)] = R0 (τ − ix∆p , i∆p ) (2.7)
i=1
d
avec ∆p le pas d’échantillonnage en lenteur et R0 (τ, p) = dτ T Hτ [R(τ, p)] la dérivée selon τ de
la transformée de Hilbert de R selon τ .
La figure 2.5 montre la transformation τ − p d’un profil sismique contenant une onde
directe de vitesse constante et deux ondes réfléchies de vitesses variables. Par transformée
τ − p, on voit que l’onde directe se focalise en un point de l’espace alors que les ondes
réfléchies deviennent des hyperboles.
Lenteur p
0
Onde
directe 0.02
0.04
0.06
Onde
0.08
réfléchie 1
Onde 0.1
réfléchie 2
0.12
Intercept
PSfrag replacements 0.14 Capteurs
0 5 10 15 20 25 30
τ Temps (s)
Cette méthode présente beaucoup d’intérêt pour la suppression des multiples et est bien
adaptée pour les ondes de vitesse constante même en présence de fluctuations d’amplitude.
Cet outil est très utilisé pour la détection des ondes réfléchies pour lesquelles est appliquée
une paramétrisation hyperbolique [Yil02, Hug98, ZG94a]. Cependant, comme pour le filtre
f − k, l’application du masque peut engendrer des effets de bords nécessitant l’utilisation de
fenêtres d’apodisation.
36 Chapitre 2. État de l’art sur les méthodes de séparation d’ondes
Le principe de ce filtre est basé sur la décomposition en valeurs singulières des données
initiales X ² RNx ×Nt , avec :
X = { xi,t = xi (t) | 1 ≤ i ≤ Nx et 1 ≤ t ≤ Nt } (2.8)
avec Nx le nombre de capteurs et Nt le nombre d’échantillons temporels. Ainsi, cette matrice
peut se décomposer dans le plan temps-distance en Nx sections singulières [GL96] :
N
X
X = U x ∆ Ut T = λi ux i ut Ti (2.9)
i=1
avec :
– N = min(Nx , Nt ), soit N = Nx dans le cas général de la sismique où le nombre de
capteurs est plus petit que le nombre de points,
– ∆ est une matrice pseudo-diagonale de taille Nx × Nt contenant sur sa diagonale les
valeurs singulières λi ordonnées de façon décroissante λ1 ≥ · · · ≥ λN x ≥ 0,
– Ux = [ux 1 , · · · ux Nx ] est une matrice orthogonale de taille Nx ×Nx contenant les vecteurs
singuliers gauches uxi (ou vecteurs propres de la matrice XX T ),
– Ut = [ut 1 , · · · ut Nt ] est une matrice orthogonale de taille Nt × Nt contenant les vecteurs
singuliers droits ut i (ou vecteurs propres de la matrice X T X).
Les propriétés des matrices Ux et Ut peuvent se résumer par :
Ux Ux T = I
Ut Ut T = I (2.10)
λ1 ≥ · · · ≥ λ N x ≥ 0
avec I la matrice identité. Les matrices Ux et Ut étant orthogonales, ceci assure l’unicité de
la décomposition [Bro94].
2.2. Méthodes matricielles 37
Le produit de deux vecteurs ux i ut Ti est une matrice de rang 1 [GL96] de même taille
qu’une section sismique (Nx × Nt ). Par conséquent, on voit d’après l’équation (2.9) que la
matrice des données initiales se décompose en une somme pondérée de matrices de rang 1 ap-
pelées sections singulières. La valeur singulière λk (pondération) peut être interprétée comme
l’amplitude associée à la k ème section singulière.
P
X Nx
X
X = Xs + Xb = λi ux i ut Ti + λk ux k ut Tk . (2.12)
i=1 k=P +1
Afin de vérifier l’efficacité de cette méthode de filtrage, nous présentons deux exemples
simulés de signaux reçus sur une antenne de capteurs à une composante. Nous nous plaçons
dans un cas simple où l’antenne enregistre une seule onde et du bruit additif.
Dans le premier cas, nous sommes en présence d’une onde de vitesse non infinie (n’arri-
vant pas au même instant sur les capteurs) additionnée à du bruit blanc. La matrice X des
données initiales est de taille Nx × Nt avec Nx = 10 capteurs et Nt = 128 échantillons. La
partie signal, correspondant à la matrice Y est présentée en figure 2.6 et les données bruitées
X en 2.7. Les valeurs singulières issues de la décomposition par SVD de la matrice bruitée
38 Chapitre 2. État de l’art sur les méthodes de séparation d’ondes
0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
Capteurs
Capteurs
5 5
6 6
7 7
8 8
9 9
10 10
11 11
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Temps Temps
Fig. 2.6 – Matrice du signal Y Fig. 2.7 – Matrice des données bruitées X
4.5
3.5
2.5
1.5
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
Capteurs
Capteurs
5 5
6 6
7 7
8 8
9 9
10 10
11 11
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Temps Temps
sont toutes non nulles (Fig. 2.8). Le rang de la matrice initiale est r = Nx . En prenant par
exemple P = 4, on obtient un sous-espace signal X s et un sous-espace bruit X b de dimension
Nx × Nt (cf. Fig. 2.9 et 2.10). On constate que les parties signal et bruit des données n’ont
pas été bien séparées vu qu’une partie de l’onde reste présente dans le sous-espace bruit et
que le bruit est également présent dans le sous-espace signal.
Dans ce cas, le débruitage n’est absolument pas efficace puisque l’onde non-alignée est
2.2. Méthodes matricielles 39
présente sur l’ensemble des sections singulières. Il faut dans ce cas choisir P = N x et par
conséquent X s = X et X b = 0.
Pour être efficace, le filtre nécessite au préalable un pré-traitement qui consiste en une
correction de la vitesse des ondes à séparer pour les rendre à vitesse apparente infinie (en
compensant le retard trace à trace, une onde arrive alors au même instant sur tous les cap-
teurs). Dans le cas d’une onde dispersive, il est nécessaire de corriger à la fois la vitesse de
phase et la vitesse de groupe [MGM04, MJLMG04].
0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
Capteurs
Capteurs
5 5
6 6
7 7
8 8
9 9
10 10
11 11
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Temps Temps
Fig. 2.11 – Matrice du signal Y Fig. 2.12 – Matrice des données bruitées X
6.5
5.5
4.5
3.5
2.5
1.5
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Nous allons maintenant voir sur un exemple le cas d’une onde alignée (vitesse infinie). La
partie signal, correspondant à la matrice Y est présentée en figure 2.11 et les données bruitées,
la matrice X en 2.12. Les valeurs singulières issues de la décomposition de la matrice bruitée
sont présentées sur la figure 2.13. On constate que la première valeur singulière est beaucoup
plus grande que les autres. La courbe de décroissance des valeurs singulières présente ainsi un
changement de courbure (cassure) permettant de faire la troncature en deux sous-espaces. En
prenant donc P = 1, on obtient les figures 2.14 et 2.15 désignant respectivement le sous-espace
signal et le sous-espace bruit.
Dans ce cas, on voit que le débruitage est efficace car l’onde est représentée uniquement par
la première section singulière. Néanmoins, du fait de la répartition de l’amplitude du bruit
sur l’ensemble des valeurs singulières, il existe un bruit résiduel (colinéaire au signal) dans le
40 Chapitre 2. État de l’art sur les méthodes de séparation d’ondes
0 0
1 1
2 2
3 3
4 4
Capteurs
Capteurs
5 5
6 6
7 7
8 8
9 9
10 10
11 11
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Temps Temps
sous-espace signal. Cet exemple justifie donc l’intérêt de réaliser une correction de la vitesse
des ondes en pré-traitement du filtrage SVD, de façon à compenser les retards.
Il est aussi possible d’effectuer la décomposition par SVD non pas de la matrice des
données initiales mais de la matrice de covariance issue de ces données. Cette méthode, qui
s’appelle transformation de Karhunen-Loeve a été introduite en sismique par Hémon et Macé
en 1978 [HM78], puis reprise par la suite [DK92, DKM91, KD91, KD99, Kir01]. Nous ne la
présenterons pas dans ce manuscrit.
Enfin, pour relâcher la contrainte non physique d’orthogonalité imposée par la décomposi-
tion SVD sur les vecteurs décrivant les ondelettes et la propagation, une méthode a été
développée récemment. Elle combine la SVD et une analyse en composantes indépendantes
(ICA) et est appelée SVD-ICA [VM02, VML04, VBM02, MBVP06]. Les résultats obtenus en
terme de filtrage avec la SVD-ICA sont meilleurs que ceux obtenus avec le SVD classique car
la contrainte d’orthogonalité est relâchée.
Après avoir exposer les fondements de la SVD, nous allons présenter ici la 3C-SVD (ou
3D-SVD) qui est une extension du filtre SVD aux tableaux tridimensionnels développée par
Le Bihan [LBG04]. Ce filtre est applicable à la fois sur des données issues d’acquisitions
sismiques à 3 dimensions (3D-SVD), ou sur des données 2D acquises avec des capteurs mul-
ticomposantes (3C-SVD) [GMM01, LBLM01, MMG+ 03, MBV03, LBG04].
Cette méthode, basée sur la HO-SVD (Higher Order Singular Value Decomposition), fut ori-
ginellement proposée par Tucker et développée par la suite par De Lathauwer.
Avant de généraliser le filtre SVD au cas multicomposante, nous allons d’abord présenter
les notations d’algèbre multilinéaire nécessaires [Kro83, Lat97, LMV00].
On définit le produit n-modal, noté ×n , comme le produit d’un tableau avec une matrice.
Le produit ×n d’un tableau A de taille (I1 × I2 × · · · × In × · · · × IN ) par une matrice B de
2.2. Méthodes matricielles 41
Pour une section sismique 2D notée X ² RNx ×Nt , on peut écrire la SVD classique en utilisant
le produit n-modal :
X = ∆ × 1 Ux ×2 Ut (2.14)
où les matrices ∆, Ux et Ut sont identiques aux matrices définies dans l’équation (2.9).
En utilisant cette notation, il est possible d’étendre la SVD au cas de données multicompo-
santes. On note T ² RNx ×Nt ×Nc le cube des données initiales dans le domaine temporel. La
décomposition de celui ci s’exprime par :
T = D × 1 Ux ×2 Ut ×3 Uc (2.15)
Tx ² RNx ×Nt Nc
Tt ² RNt ×Nx Nc
(2.16)
Tc ² RNc ×Nx Nt .
Ainsi, les matrices Ux , Ut et Uc sont les matrices singulières gauches obtenues respective-
ment lors de la décomposition par SVD des trois matrices dépliantes Tx , Tt et Tc . Le tableau
D est obtenu en utilisant l’expression inverse de la 3C-SVD suivante :
D = T × 1 Ux T ×2 Ut T ×3 Uc T . (2.17)
Comme nous l’avons vu pour le cas des matrices, la SVD permet de déterminer l’approxi-
mation de rang r d’une matrice. Cette notion peut-être étendue aux tableaux tridimensionnels
et se formule alors comme un problème d’approximation de rang (rx , rt , rc ), avec :
ri = rang(Ti ). (2.18)
Ces rangs sont estimés en observant la décroissance des valeurs singulières issues des SVD
des trois matrices dépliantes. On notera r̃x , r̃t et r̃c les valeurs estimées de ces rangs. Ils
correspondent aux rangs du sous-espace signal dans les trois modes du tableau.
Comme dans le cas monocomposante, l’espace des données initiales est alors décomposé
en deux sous-espaces, le sous-espace signal et le sous-espace bruit :
T =T +T (2.19)
s n
42 Chapitre 2. État de l’art sur les méthodes de séparation d’ondes
N
Nx2
NNc
1
N3
Nt N1
Nc Y
Nx
N Tc (1)
2
N
Nt3
N3
Nt
NNc
1
N3
Nt Nx
N TYx(2)
Nx
N
2
2
Nc1
N
N1
Nc
Nc
N 1
Nt3
N
PSfrag replacements Nx N3
Nt TYt (3)
N2
N Nt
2
T = T × 1 Ux ×2 Ut ×3 Uc . (2.20)
s s s s
Ce sous-espace signal doit être vu comme une troncature de rang (r̃ x , r̃t , r̃c ) du tableau de
départ (Fig. 2.17). La recherche de la troncature de rang est identique à celle du cas mono-
composante mais appliquée à chaque mode.
N
Nc1
PSfrag replacements
(1)
NNc
1 UUc
N1
Nc NNc
N2
Nx 1
r̃c N3
Nt
Nt
N N
Nt3
3
N2
N2 N 3 UU(3)t
Nx Nx UU(2)
x N2
Nx Nt
YT CD r̃t
r̃x
Fig. 2.17 – Schéma de la 3C-SVD d’un tableau. Les zones grisées correspondent aux parties
conservées pour former le sous-espace signal
La séparation par 3C-SVD possède plusieurs avantages. Tout d’abord, c’est un traitement
2.2. Méthodes matricielles 43
dédié aux données multicomposantes qui permet donc une prise en compte globale de l’infor-
mation présente sur toutes les composantes de tous les capteurs. De plus, ce traitement est
facile à mettre en place car il se ramène à faire de simples SVD (2 dimensions) sur les matrices
dépliantes issues du cube de données. Néanmoins, comme dans le cas 2D, la méthode nécessite
un pré-traitement pour aligner les ondes que l’on souhaite séparer. Enfin, la détermination de
la taille du sous-espace signal (recherche de r̃x , r̃t et r̃c ) est soumise à la même subjectivité
que dans le cas 2D.
Il est à noter que le filtre SVD a aussi été étendu au cas des tableaux sismiques multi-
composantes en utilisant des quaternions. Cette méthode, développée par Le Bihan [LBM04],
range les données multicomposantes dans une matrice quaternionique. Chaque composante
directionnelle du signal est alors associée à une composante quaternionique (i, j, k ). Nous ne
détaillons pas cette méthode ici, mais le lecteur pourra se référer à [LBM02, LBS03, LBM04]
pour plus de détails.
Les différents éléments de cette équation sont décrit dans le paragraphe 1.3.1. Pour accéder
à l’information contenue dans les vecteurs de propagation Sp (f ), on peut utiliser la matrice
x
spectrale de taille Nx × Nx définie à chaque fréquence par :
densités spectrales de puissance d’interaction (dspi). L’estimée de cette matrice est composée
de plusieurs termes :
P
Γ(f ) = E{ Pp=1 Sx p (f )Sx p (f )H |ap |2 }
P
+E{ Pi,j6=i=1 Sx i (f )Sx j (f )H ai a∗j }
+E{S x (f )A B(f )H } + E{B(f )AH S x (f )H } (2.23)
+E{B(f )B(f )H }.
Le premier terme de l’équation (2.23) caractérise les interactions des ondes avec elles-
mêmes, le deuxième les interactions des diverses ondes entre elles, le troisième terme les
interactions des diverses ondes avec le bruit, et enfin, le dernier est représentatif du bruit.
L’opérateur de lissage E joue un rôle très important car il doit permettre d’obtenir une
décorrélation des ondes et du bruit et des ondes entre elles (diminution du 2ème et du 3ème
terme) dans le cas où les ondes ne sont pas parfaitement décorrélées. Le lissage correspond
en fait à un moyennage sur les diagonales de la matrice spectrale ainsi qu’à la convolution
par une fenêtre le long des fréquences (voir paragraphe 3.2.1). Cette étape de lissage doit
également permettre d’obtenir une matrice spectrale inversible.
Si on vérifie les hypothèses émises, il s’en suit que :
Ainsi, sous cette hypothèse, la partie signal est un espace de dimension P . Cet espace
est engendré par les vecteurs colonnes Sx p (f ) de la matrice S x (f ). Or, cette matrice étant
inconnue, le but est soit de trouver la matrice S x (f ), soit de trouver une autre base qui en-
gendrera le même sous-espace. En pratique, observons la décomposition en valeurs singulières
de S x (f ) :
S x (f ) = U (f )∆1/2 (f )V H (f ) (2.25)
avec :
– U (f ) la matrice orthogonale Nx × Nx des vecteurs singuliers gauches,
– V (f ) la matrice orthogonale P × P des vecteurs singuliers droits,
– ∆1/2 (f ) la matrice Nx × P pseudo-diagonale contenant les valeurs singulières.
La base orthonormale équivalente de S x (f ) est donc formée par les P premiers vecteurs co-
lonnes de la matrice U (f ). Si l’on remplace dans l’équation (2.24) S x (f ) par sa décomposition
(éq. (2.25)), on obtient alors :
On remarque donc que si le bruit est blanc spatialement, on peut trouver la matrice U (f )
par décomposition en valeurs propres (EVD) de Γ(f ) selon la formule [WK85a] :
Nx
X
Γ(f ) = λi (f )ui (f ) uH
i (f ) (2.27)
i=1
La matrice spectrale peut donc être séparée en une partie signal Γs (f ) et une partie bruit
Γb (f ) telle que :
P
X Nx
X
Γ(f ) = Γs (f ) + Γb (f ) = λi (f )ui (f ) uH
i (f ) + λk (f )uk (f ) uH
k (f ). (2.29)
i=1 k=P +1
Le sous-espace généré par les plus petites valeurs propres correspond au sous-espace bruit
et le sous-espace complémentaire qui lui est orthogonal correspond au sous-espace signal car il
est égal au sous-espace engendré par les vecteurs de propagation. Ceci justifie donc l’intérêt de
projeter les données sur les vecteurs propres correspondant aux premières valeurs propres dans
le but de séparer le signal du bruit [WK85a]. Une fois la matrice Γ(f ) estimée et décomposée,
le filtrage est donc effectué par projection des données sur la partie signal.
En pratique, le filtrage, réalisé à chacune des Nf fréquences, se décompose selon les étapes
suivantes :
- Pour chacune des Nf fréquences :
* Estimation de la matrice Γ(f b ),
* Décomposition en valeurs propres de Γ(f b ) pour obtenir les valeurs propres et vecteurs
propres associés,
* Sélection des P premiers vecteurs propres associés aux P plus grandes valeurs propres
correspondant au sous-espace signal = V ect(u1 (f ), · · · , uP (f )) (P est obtenu par
observation de la décroissance des valeurs propres),
* Projection de X(f ) sur le sous-espace signal :
P
X
X s (f ) = hX(f ), ui (f )i ui (f ) (2.30)
i=1
problème dès que l’on est en présence de plusieurs ondes ou d’ondes dispersives.
Par exemple, si l’onde à isoler n’est pas dominante à certaine fréquence, alors la projection
sur le premier vecteur propre ne correspondra pas à l’onde souhaitée suivant la fréquence.
Prenons un autre exemple : le cas de deux ondes ayant des bandes passantes disjointes
(Bp1 , Bp2 ). Le premier vecteur propre décrira l’onde 1 pour les fréquences de Bp1 et l’onde
2 pour les fréquences de Bp2 . Par conséquent, ces ondes ne seront pas séparables.
Enfin, il se peut que le nombre de vecteurs propres nécessaires pour décrire l’espace signal ne
soit pas constant suivant les fréquences traitées.
Ces problèmes proviennent essentiellement du fait que les Γ(f ) (construites fréquence par
fréquence) ne contiennent pas toute l’information liée au signal car les termes correspondant
à l’interaction entre deux fréquences différentes ne sont pas utilisés.
2.3 Conclusion
Ce chapitre a permis de réaliser un état de l’art des méthodes de séparation d’ondes les plus
couramment utilisées en sismique pour des enregistrements monocomposantes. Nous avons
décrit les deux principaux types de méthodes (à gabarit et matricielles) en nous focalisant sur
ces dernières. Les méthodes matricielles basées sur la décomposition en valeurs singulières ont
été présentées dans leurs versions monocomposantes et multicomposantes. Un présentation
de la méthode matricielle en fréquence (SMF) a été réalisée.
Les limites de ce filtre multi-bande étroite justifient l’introduction de la matrice spectrale
large-bande qui va résoudre bon nombre de ces problèmes. De plus, nous nous intéressons
aux données multicomposantes. Ceci nous emmène donc à proposer une méthode de filtrage
multidimensionnel utilisant une matrice spectrale large-bande multicomposante.
Chapitre 3
Sommaire
3.1 Modèle du signal et définition de la matrice spectrale large-bande
multicomposante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.1.1 Modèle du signal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.1.2 Définition de la matrice spectrale large-bande multicomposante . . . 49
3.1.3 Rang des matrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.2 Étapes du filtrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.2.1 Estimation de la matrice spectrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.2.1.1 La moyenne en distance (lissage spatial) . . . . . . . . . . . 52
3.2.1.2 La moyenne en fréquence (lissage fréquentiel) . . . . . . . . 53
3.2.1.3 Utilisation conjointe d’une moyenne en distance et en fréquence 55
3.2.1.4 La moyenne de dispositifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.2.2 Estimation du sous-espace signal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.2.2.1 Décomposition de la matrice spectrale large-bande multi-
composante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.2.2.2 Calcul des premiers vecteurs propres . . . . . . . . . . . . . 56
3.2.2.3 Projection sur le sous-espace signal . . . . . . . . . . . . . 58
3.3 Influence de l’arrangement en long-vecteur . . . . . . . . . . . . . 58
3.4 Liens entre vecteurs de propagation et vecteurs propres . . . . . 59
3.5 Pré-traitement possible : correction de vitesse . . . . . . . . . . . 61
3.6 Exemple : onde de vitesse infinie avec un bruit additionnel . . . 62
3.7 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
47
48 Chapitre 3. Filtrage matriciel spectral large-bande multicomposante
Nous allons maintenant présenter, dans cette partie, la méthode que nous avons développée
dans le but de séparer des ondes sur des données sismiques multicomposantes. L’objectif est de
proposer une technique qui se doit d’être efficace, peu contraignante vis à vis de la campagne
d’acquisition et la plus automatique possible. Pour cela, nous avons donc choisi d’étendre
le filtre par matrice spectrale (SMF) au cas large bande et multicomposante (MCWB-SMF
pour MultiComponent WideBand Spectral Matrix Filtering). Cette méthode, que nous allons
expliciter par la suite, a fait l’objet de plusieurs publications [PMG04, PMG05, PMM05].
Ainsi, le tableau T peut être réarrangé sous forme d’un long-vecteur, noté T de longueur
Nx Nf Nc contenant tous les canaux fréquentiels de tous les capteurs pour chaque compo-
sante. Il existe de multiples façons d’arranger un tableau en long-vecteur, mais nous verrons
dans la section 3.3 que l’arrangement choisi n’a aucune influence sur le résultat du traitement.
où X(fi ) et Z(fi ) sont des vecteurs de taille (Nx ) correspondant au ième canal fréquentiel
du signal reçu sur chacun des Nx capteurs respectivement sur les composantes X et Z.
T =S A+B (3.2)
avec : £ ¤
– S = S 1 , · · · , S p , · · · , S P une matrice de taille Nx Nf Nc × P dont les colonnes décrivent
la propagation des P ondes le long des Nx capteurs de l’antenne pour toutes les
3.1. Modèle du signal et définition de la matrice spectrale large-bande multicomposante 49
fréquences et toutes les composantes. Ces colonnes correspondent donc aux vecteurs
de propagation large-bande multicomposante. Tous les termes qui les constituent sont
déterministes ;
– A = [a1 , · · · , ap , · · · , aP ]T est un vecteur de taille P contenant les amplitudes aléatoires
des sources ;
– B le vecteur de longueur Nx Nf Nc des bruits additifs supposés gaussiens, indépendants
des signaux sources, blanc temporellement et spatialement, et non-polarisé.
avec :
sp = [k Tp,f1 , · · · , k Tp,fi , · · · , k Tp,fN f ]T (3.4)
et :
e −j2πf τ1 (θp )
..
.
−j2πf τi (θp )
k p,f = wp (f ) e (3.5)
..
.
e −j2πf τNx (θp )
où τi (θp ) = τ0,p + ξi (θp ) correspond au temps de propagation du signal entre la source p et le
capteur i (eq. (1.14)). S p , sp , k p,f sont respectivement des vecteurs de taille Nx Nf Nc , Nx Nf
et Nx .
Γ = E{T T H }. (3.6)
Γ est de dimension Nx Nf Nc × Nx Nf Nc .
l’ensemble des capteurs pour deux fréquences et deux composantes directionnelles données.
La structure de Γ peut s’exprimer de la façon suivante :
à !
ΓX,X ΓX,Z
Γ= (3.7)
ΓZ,X ΓZ,Z
avec ΓX,X et ΓZ,Z les matrices spectrales large-bande monocomposantes pour les composantes
X et Z. Ces termes sont localisés sur les blocs de la diagonale principale de Γ. Les autres blocs
correspondent aux matrices spectrales inter-composantes qui contiennent l’information rela-
tive à l’interaction entre les différentes composantes. Les ondes reçues sur les composantes X
et Z étant corrélées (car elles sont polarisées), ces termes contiennent l’information liée à la
polarisation que nous utiliserons par la suite (voir chapitre 5). La figure 3.1 illustre l’organi-
sation d’une matrice spectrale large bande et notamment ses liens avec la matrice spectrale
classique (multi bande étroite) et la matrice spectrale large bande [Gon99].
X Z
capteur 1
composante
X
capteur 1
freq Nf
capteur Nx
capteur 1
freq 1
ΓZ,X ΓZ,Z
capteur Nx
composante
Sfrag replacements Z
capteur 1
freq Nf
capteur Nx
Les hypothèses sur la décorrélation des sources et du bruit et sur la blancheur du bruit,
3.1. Modèle du signal et définition de la matrice spectrale large-bande multicomposante 51
Γ = S ΓA S H + σb2 I = Γs + Γb (3.8)
où
– ΓA est la matrice spectrale des sources de dimension P × P ,
– S est la matrice de propagation décrite plus haut de dimension Nx Nf Nc × P ,
– Γs et Γb sont respectivement les matrices spectrales large-bande multicomposantes de
la partie signal de l’observation et du bruit, chacune de dimension Nx Nf Nc × Nx Nf Nc .
Si les ondes sont faiblement corrélées ou décorrélées, nous allons montrer que ΓA =
E[A AH ] est de rang P tout comme Γs . Et donc, si le bruit est blanc (spatialement, fréquentielle-
ment et non polarisé), le sous-espace engendré par les P vecteurs propres associés aux P plus
grandes valeurs propres issues de la décomposition de la matrice spectrale, correspond au
sous-espace signal. De plus, les Nx Nf Nc − P plus petites valeurs propres de Γ sont égales à
σb2 (puissance du bruit) et les vecteurs propres associés sont orthogonaux aux colonnes de la
matrice de propagation S.
On définit N comme étant la racine carrée hermitienne de la matrice spectrale des sources
ΓA :
ΓA = N N H . (3.9)
Alors, le rang de Γs se déduit de l’équation (3.8) et est égal au rang du produit S.N .
Dans le cas du filtrage matriciel classique bande-étroite, il est très facile de montrer que le
rang de la matrice spectrale des observations non-bruitées est égal à P . En effet, sous l’hy-
pothèse de décorrélation des sources, les matrices ΓA et N sont de rang plein (P ) et donc le
rang de la matrice des observations non-bruitées et de même rang que la matrice S. Or cette
matrice de propagation de taille (Nx × P ) est de type Vandermonde et son rang est donc égal
à sa plus petite dimension, soit P .
Par conséquent, il reste à déterminer le rang de la matrice S composée des P vecteurs de pro-
pagation large-bande multicomposante. Dans le cas bande-étroite, la détermination du rang
52 Chapitre 3. Filtrage matriciel spectral large-bande multicomposante
Dans le cas du traitement des données sismiques, l’opérateur mathématique E (éq. 3.6)
est remplacé par des opérateurs de moyennage, tels que les lissages spatiaux ou fréquentiels
ou les deux conjointement. Leur but est de réduire l’influence des termes correspondant aux
interactions des différentes sources (cf. éq. 2.23), rendant ainsi possible l’inversion de la matrice
spectrale. Trois types de moyennes sont possibles :
– la moyenne en distance ou lissage spatial ;
– la moyenne en fréquence ou lissage fréquentiel ;
– la moyenne de dispositifs.
Sous−antenne 1
Moyenne sur 3 capteurs
Sous−antenne 2
Sous−antenne 3
La matrice spectrale lissée spatialement, noté Γ b s , est définie par la moyenne arithmétique
des matrices spectrales obtenues à partir des réalisations correspondant à chaque sous-antenne :
2K
X s +1
bs = 1
Γ T ks T H
ks (3.13)
2Ks + 1
ks =1
où T ks est un long-vecteur de longueur (Nx −2Ks )Nf Nc correspondant aux données reçues sur
la sous-antenne ks . Shan [SWK85] a prouvé que si le nombre de sous-antennes est supérieur au
nombre de sources P alors la matrice spectrale des sources est non-singulière, et donc de rang
plein. Cependant, pour que le lissage spatial n’introduise pas trop de biais dans l’estimation,
il est nécessaire que les ondes soient localement planes sur une distance au moins égale aux
nombres de sous-antennes (2Ks + 1). De plus, chaque sous-antenne étant de taille Nx − 2Ks
capteurs, il y a une perte de deux capteurs par ordre de lissage supplémentaire (effet de bord).
Par conséquent, l’ordre de lissage est limité à Ks ≤ Nx2−1 . Pour palier ce problème de la perte
des capteurs, il existe plusieurs façons de procéder. Il est par exemple possible de dupliquer
les canaux extrêmes ou encore de rajouter des canaux à zéros pour garder la taille initiale des
données.
Une autre façon d’implémenter le lissage spatial consiste à réaliser une moyenne sur une
fenêtre glissante sur les diagonales de la matrice Γ (la moyenne portant alors sur 2K s + 1
termes [Mar88]). Cette méthode, totalement comparable à la méthode précédente, fournit la
même estimation.
de lissage fréquentiel appliqué aux données, nous obtenons 2Kf + 1 sous-bandes fréquentielles
de taille Nf . Ainsi, à partir du long-vecteur T , le lissage permet d’obtenir 2Kf +1 long-vecteurs
décalés fréquentiellement. La figure 3.3 illustre un exemple de décomposition en sous-bandes
fréquentielles avec Nf = 10 et Kf = 2.
Composantes fréquentielles fictives
Composantes fréquentielles réelles
Spectre
f
Sous−bande 1
Sous−bande 2 Moyenne sur
5 fréquences
Sous−bande 3
Sous−bande 4
Sous−bande 5
b f correspond à la moyenne
L’estimateur de la matrice spectrale par moyenne en distance Γ
des réalisations obtenues après décalage fréquentiel :
2Kf +1
1 X
bf =
Γ T kf T H (3.14)
kf
2Kf + 1
kf =1
où T kf est un long-vecteur de taille (Nx Nf Nc ) correspondant aux données reçues sur la kfème
sous-bande fréquentielle. Contrairement à la moyenne en distance où il y a généralement perte
de capteurs par effets de bord, il n’y a pas dans ce cas de perte de canaux fréquentiels. En
effet, la perte de canaux fréquentiels peut modifier profondément la nature des signaux. Par
conséquent, on ajoute des canaux fictifs remplis de zéros sur les bords ce qui n’introduit pas
un biais gênant.
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−Nt 0 Nt
Temps
Ce type de moyenne permet de favoriser une onde, lorsque celle-ci a été ramenée à une
incidence voisine de la normale par pré-traitement (mise à plat). Ceci peut s’expliquer par
le fait que la moyenne en fréquence revient à appliquer une pondération en temps sur les
fonctions de corrélation. Une pondération de type Tukey [BT59] élevée à une certaine puis-
sance est couramment utilisée [?]. Le choix de l’exposant permet de faire varier la largeur de
3.2. Étapes du filtrage 55
2K
X s +1 2K
X f +1
b= 1
Γ T ks ,kf T H
ks ,kf . (3.15)
(2Ks + 1)(2Kf + 1)
ks =1 kf =1
Le rang de la matrice spectrale ainsi estimée est égal à K. Pour pouvoir réaliser une
séparation efficace des ondes et du bruit, il est nécessaire de choisir K supérieur à P .
Γ bH .
b=Γ (3.16)
56 Chapitre 3. Filtrage matriciel spectral large-bande multicomposante
Cependant, même après les lissages spatiaux et/ou fréquentiels, la matrice spectrale large-
bande multicomposante possède toujours une importante déficience de rang car le rang de Γ b
est égal à K avec K ¿ Nx Nf Nc . Par conséquent, nous avons :
λi = 0 pour K + 1 ≤ i ≤ Nx Nf Nc . (3.19)
L’équation (3.17) devient alors :
K
X
b=
Γ λi ui uH
i . (3.20)
i=1
Introduisons une nouvelle matrice, notée C, contenant les K vecteurs d’observation obte-
nus par lissages spatiaux et/ou fréquentiels. Cette matrice, de taille Nx Nf Nc × K, est définie
par :
.. .. ..
. . .
T
C = 1,1 · · · T ks ,kf · · · T
2Ks +1,2Kf +1 (3.21)
.. .. ..
. . .
| {z }
K=(2Ks +1)(2Kf +1)
3.2. Étapes du filtrage 57
où les T ks ,kf correspondent aux long-vecteurs lissés spatialement et fréquentiellement (cf.
éq. (3.15)). Ainsi, tous les long-vecteurs obtenus lors de l’étape d’estimation sont concaténés
dans cette matrice C. Les matrices C et Γ b sont directement liées par la relation suivante :
b = 1 C CH .
Γ (3.22)
K
Nous allons montrer que la diagonalisation de la matrice C H C de taille K × K est une bonne
b de taille Nx Nf Nc × Nx Nf Nc car les premiers
alternative à la diagonalisation coûteuse de Γ
vecteurs propres de Γ b associés aux valeurs propres dominantes sont directement liés à ceux
H
de C C.
√
δ1 0
.
..
√
0 δK
H
C =U ∆VH =U V (3.23)
0 ··· 0
.. ..
. .
0 ··· 0
avec U et V les matrices des vecteurs singuliers gauche et droite, ∆ une matrice pseudo-
√
b à
diagonale contenant les valeurs singulières de C notées δi . Le calcul de C C H , égal à Γ
une constante multiplicative près, donne :
δ1 0
..
. 0 0
0 δK H
C C H = U ∆ ∆H U H =U
U .
(3.24)
0 0
δ1 0
.. H
C H C = V ∆H ∆ V H = V . V . (3.25)
0 δK
Ainsi, en effectuant une décomposition peu coûteuse de C H C car la matrice est de taille
réduite, on obtient les matrices V et les valeurs δi . Par identification entre les équations (3.17)
et (3.24), on peut alors déduire les valeurs propres et les K premiers vecteurs propres de Γ b:
58 Chapitre 3. Filtrage matriciel spectral large-bande multicomposante
λ1 0
λ2
0
..
.
Λ=
avec λi = δi pour 1 ≤ i ≤ K
(3.26)
0 λK
| {z }
K
0 0
| {z }
Nx Nf Nc
et :
1
U i = √ C V i avec 1 ≤ i ≤ K. (3.27)
δi
Pour conclure, nous obtenons par ce type d’algorithme les valeurs propres et vecteurs
propres de Γb par le biais de la décomposition de C H C de taille K × K au lieu de C C H de
³ ´3
taille Nx Nf Nc × Nx Nf Nc . Le temps de calcul est donc amélioré d’un facteur Nx NKf Nc .
avec h , i le produit scalaire de deux vecteurs. Le résultat de cette projection est un vecteur
large-bande multicomposante de longueur Nx Nf Nc . La projection sur le sous-espace bruit T b
est obtenue par soustraction de T s aux données initiales :
K
X
Tb = T − Ts = hT , ui i ui . (3.29)
i=P +1
T j = Ωi,j T i (3.30)
avec Ωi,j une matrice de permutation (matrice carrée de coefficients 0 ou 1, telle qu’il n’y a
qu’un seul 1 par ligne et par colonne).
On considère Γi la matrice spectrale large-bande multicomposante obtenue à partir du long-
vecteur T i et Γj celle obtenue à partir de T j . Ainsi, chacun de ces termes s’écrit :
H
Γi = E[T i T i ] = U i Λi U H
i
H (3.31)
Γj = E[T j T j ] = U j Λj U H
j
.
H
Γj = E[T j T j ]
H
= E[Ωi,j T i T i H
Ωi,j ]
H
(3.32)
= Ωi,j Γi Ωi,j
= Ωi,j U i Λi U H
i
ΩH
i,j
.
Par identification entre les équations (3.31) et (3.32), on obtient une relation liant les matrices
des vecteurs propres de Γi et Γj et une relation liant leurs valeurs propres :
Uj = Ωi,j U i
(3.33)
Λj = Λi .
Pour achever le raisonnement, il ne reste plus qu’à vérifier que la projection sur les sous-
espaces signal et sous-espaces bruit sont indépendantes de l’arrangement en long-vecteur en
montrant que T js = Ωi,j T is , ce qui s’exprime par :
PP
T js = hT j , ujk i ujk
Pk=1
P i
= k=1 hΩi,j T , Ωi,j uik iΩi,j uik
PP (3.34)
= Ωi,j k=1 hT i , uik i uik
= Ωi,j T is .
Ainsi, les mêmes données filtrées sont obtenues lorsque l’on réarrange les long-vecteurs T is et
T js sous la forme d’un tableau sismique. On peut donc conclure que la façon dont le long-
vecteur est formée n’influe pas sur le résultat du filtrage.
Soit deux sources supposées décorrélées, dont les vecteurs de propagation sont notées S 1 et
S 2 et les densités spectrales des sources ΓA1 et ΓA2 . La matrice spectrale va s’exprimer :
Γ = S 1 ΓA1 S H H 2
1 + S 2 ΓA2 S 2 + σb I = Γs + Γb . (3.35)
uH
1 u2 = 0
uH
1 u1 = 1 (3.36)
H
u2 u2 = 1.
D’autre part, Γs peut s’écrire sous la forme d’une somme de deux matrices de rang 1,
bâtie sur les vecteurs et valeurs propres.
Γs = λ1 u1 uH H
1 + λ 2 u2 u 2 . (3.37)
ΓA1 S 1 S H H H H
1 + ΓA2 S 2 S 2 = λ1 u1 u1 + λ2 u2 u2 (3.38)
(ΓA1 uH H H H H
1 S 1 )S 1 + (ΓA2 u1 S 2 )S 2 = λ1 u1 . (3.39)
Pour faciliter la lecture de l’expression, les scalaires sont mis entre parenthèses. On a aussi la
relation symétrique suivante :
(ΓA1 uH H H H H
2 S 1 )S 1 + (ΓA2 u2 S 2 )S 2 = λ2 u2 . (3.40)
Ces deux dernières relations montrent que u1 et u2 sont des combinaisons linéaires de S 1 et
S 2 . Ils sont donc tous deux dans le sous-espace vectoriel à deux dimensions défini par S 1 et
S 2 . Or, u1 et u2 étant les données, c’est la réciproque qui nous intéresse. À savoir, les deux
vecteurs de propagation S 1 et S 2 appartiennent au sous-espace vectoriel à deux dimensions
définis par les vecteurs unitaires et orthogonaux u1 et u2 .
Nous avons donc montré que les vecteurs de propagation appartiennent à la même base
que les vecteurs propres issus de la diagonalisation de la matrice spectrale. Mais ceux-ci ne
permettent pas de déterminer totalement les vecteurs de propagation par identification directe
avec les vecteurs propres.
Un travail de ce type a été réalisé par Thirion et al. [Thi95, TLM96, TML96] pour le cas
de la matrice spectrale classique (multi-bande étroite). Ils ont montré que l’égalité entre les
vecteurs propres et les vecteurs de propagation dépend essentiellement du rapport d’énergie
entre les différentes ondes et de leur degrés de corrélation. Ainsi, dans le cas deux ondes, les
deux vecteurs de propagation sont identifiables aux deux vecteurs propres dans le cas où les
ondes sont décorrélées et ont des énergies différentes.
3.5. Pré-traitement possible : correction de vitesse 61
Plusieurs méthodes permettent d’estimer le retard entre deux traces et ainsi corriger la
vitesse d’une onde pour la rendre infinie [Spe81]. L’une d’elles est basée sur les statistiques
d’ordre deux, notamment sur le calcul de la fonction d’inter-corrélation entre un signal de
référence et ce même signal retardé en temps. Cette fonction mesure les similitudes entre les
deux signaux dans le domaine temporel.
Dans le cas de deux signaux reçus sur deux capteurs i et k recevant des copies décalées de la
source p et suivant le modèle de l’équation (1.12), lorsque le décalage entre les deux signaux
correspondra au retard τi (θp ) − τk (θp ), la fonction d’inter-corrélation sera maximum. Il est
ainsi possible d’estimer la valeur du retard et ainsi de le corriger.
D’autres méthodes consistent à évaluer les retards entre deux signaux en utilisant les
statistiques d’ordre supérieur dans le domaine spectral, comme l’ont démontré Nikias et
Pan ([NP88]) et développé ensuite Vrabie et Mars [VM01]. Ils ont montré que le retard ap-
paraı̂t dans le bispectre comme une mesure de phase. Une telle approche est particulièrement
intéressante dans le cas de la présence de bruit gaussien dans les signaux du fait que tous les
multispectres du bruit plus grands que deux sont alors identiquement nuls. Néanmoins, en
pratique, cette technique demande un temps de calcul assez long et une grande place mémoire.
Une autre technique, tout aussi populaire, est basée sur la minimisation de l’erreur qua-
dratique entre les deux signaux pour différents retards possibles. Pour deux signaux reçus sur
deux capteurs i et k recevant l’onde p et suivant le modèle de l’équation (1.12), l’erreur est
minimum lorsque le retard appliqué est égal à τi,p − τk,p . Ainsi pour un ensemble de retards
r testés, l’erreur quadratique s’exprime comme suit :
Nt
X
Ek,i (r) = [xk (n) − xi (n − r)]2 (3.41)
n=1
avec Nt le nombre d’échantillons temporels. Cette méthode fournit de bons résultats mais
elle a l’inconvénient d’être très lente car elle réalise une recherche exhaustive du retard. Pour
résoudre ce problème, un algorithme de descente de gradient a été combiné à la méthode
[PRM04].
Les figures 3.5 et 3.6 montrent un exemple de profil sismique avant et après correction de
vitesse par la méthode basée sur la minimisation de l’erreur quadratique.
62 Chapitre 3. Filtrage matriciel spectral large-bande multicomposante
0 0
10 10
20 20
30 30
40 40
Temps
Temps
50 50
60 60
70 70
80 80
90 90
100 100
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
Capteurs Capteurs
Fig. 3.5 – Profil sismique initial Fig. 3.6 – Profil après correction de vitesse
Les signaux ont été reçus sur une antenne linéaire composée de 12 capteurs chacun à 3
composantes X, Y et Z. Les données initiales (Fig. 3.8) sont composées de l’onde de vitesse
infinie (Fig. 3.7) et d’un bruit additif. Avant filtrage, le rapport signal à bruit (RSB 1 ) vaut
−3.5dB. L’objectif est d’améliorer le RSB en filtrant le bruit.
Composante X Composante Y Composante Z
Composante X Composante Y Composante Z
0 0 0
0 0 0
2 2 2
2 2 2
4 4 4
4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6
8 8 8
8 8 8
10 10 10
10 10 10
12 12 12
12 12 12
Fig. 3.7 – Modèle du signal Fig. 3.8 – Profil des données initiales
propres. La figure 3.9 montre la décroissance des 20 premières valeurs propres. La première
valeur propre domine largement les autres. L’espace défini par le premier vecteur propre sera
identifié comme le sous-espace signal et nous projetons les données sur ce vecteur. Le résultat
de cette projection est proposé à la figure 3.10 et la différence entre les données ”modèle”
(Fig. 3.7) et la projection sur le sous-espace signal (Fig. 3.10) est donnée sur la figure 3.11.
L’objectif est atteint, le RSB vaut 14dB après filtrage contre −3.5dB avant. L’onde a été
bien isolée comme le montre la faible différence qu’il existe entre le modèle et l’onde filtrée
(Fig. 3.11).
5
x 10
4
3.5
2.5
1.5
0.5
0
5 10 15 20
2 2 2 2 2 2
4 4 4 4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6 6 6 6
8 8 8 8 8 8
10 10 10 10 10 10
12 12 12 12 12 12
Fig. 3.10 – Données filtrées : projection des Fig. 3.11 – Différence entre les données
données sur le sous-espace signal filtrées et le modèle du signal
Le tableau 3.1 donne l’erreur moyenne quadratique entre le signal modèle (Fig. 3.7) et
l’onde filtrée (Fig. 3.10) pour différents ordres de lissage spatial Ks et fréquentiel Kf .
Ce tableau permet de voir que les résultats du filtrage dépendent fortement des ordres de
lissage spatial et fréquentiel choisis. Il est possible de faire plusieurs constats. Tout d’abord,
on constate que dans le cas de ces données, il est toujours bénéfique de combiner les deux
types de lissage. Ensuite, on voit que les performances se dégradent dès lors que l’on prend
des ordres de lissages trop élevés (Ks ou Kf ≥ 8). Dans le cas de cette simulation, le meilleur
résultat est obtenu pour Ks = 6 et Kf = 4.
64 Chapitre 3. Filtrage matriciel spectral large-bande multicomposante
HH K
H f 0 2 4 6 8
Ks HH H
0 ] 82.10−4 51.10−4 41.10−4 39.10−4
2 77.10−4 18.10−4 13.10−4 13.10−4 16.10−4
4 42.10−4 10.10−4 7.10−4 8.10−4 13.10−4
6 34.10−4 8.10−4 6.10−4 8.10−4 12.10−4
8 26.10−4 10.10−4 9.10−4 11.10−4 16.10−4
Tab. 3.1 – Erreur quadratique moyenne entre le modèle et l’onde filtrée pour différentes
valeurs d’ordre de lissage spatial et fréquentiel
Cependant, ces propos sont à nuancer suivant le type de données à traiter. Ainsi, dans le
cas précédent, nous sommes en présence d’une onde de vitesse infinie et spatialement station-
naire sur l’ensemble des capteurs. Par conséquent, les lissages introduisent peu de biais sur
l’estimation de la matrice spectrale. Ce qui n’est pas le cas dès lors que l’on est en présence
d’une onde de vitesse non infinie ou qui n’est pas stationnaire spatialement.
Nous avons vu que pour une onde de vitesse non-infinie, la fonction d’inter-corrélation
entre deux traces n’est pas centrée en zéro (retard non nul) et donc que le lissage fréquentiel
introduit un biais. Seule l’onde à incidence normale (vitesse infinie) est non biaisée, toutes
les autres ondes le sont. Le biais est d’autant plus important que l’incidence de l’onde sur
l’antenne est grande. En pratique, en présence d’une onde pentée, un faible lissage fréquentiel
est admissible mais on privilégie quand même le lissage spatial.
De même, le lissage spatial n’est pas adapté aux ondes non stationnaires localement en
distance. Pour que ce lissage n’introduise pas de biais, il est donc nécessaire que l’onde soit
au moins stationnaire sur les 2Ks + 1 capteurs utilisés pour faire la moyenne. Si ce n’est pas
le cas, on privilégie le lissage fréquentiel pour réaliser l’estimation de la matrice spectrale.
3.7 Conclusion
Ce chapitre a permis de proposer une méthode de filtrage permettant de traiter de façon
globale les données multidimensionnelles issues de campagnes sismiques multicomposantes.
La méthode proposée réalise une approche fréquentielle de ce problème de séparation entre
la partie signal et la partie bruit. Elle est basée sur une décomposition en sous-espaces à
partir d’une matrice spectrale large-bande multicomposante estimée. Elle prend en compte
l’ensemble des interactions entre les fréquences de tous les capteurs et toutes les composantes
directionnelles. Nous allons voir par la suite les intérêts physiques que peuvent avoir une
telle méthode dans le cas des données sismiques multicomposantes, notamment vis à vis des
problèmes de dispersion et de caractérisation de la polarisation des ondes.
Chapitre 4
Sommaire
4.1 Application du filtrage sur des données synthétiques . . . . . . . 67
4.1.1 Simulation 1 : Amélioration du rapport signal à bruit . . . . . . . . 67
4.1.1.1 Le jeu de données synthétiques . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4.1.1.2 Filtrage des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4.1.1.3 Structure de la matrice spectrale . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.1.1.4 Structure des vecteurs propres . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.1.1.5 Impact du filtrage sur le spectre des signaux . . . . . . . . 71
4.1.1.6 Impact du filtrage sur le diagramme de polarisation . . . . 71
4.1.2 Simulation 2 : Séparation d’ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
4.1.2.1 Le jeu de données synthétiques . . . . . . . . . . . . . . . . 72
4.1.2.2 Filtrage des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
4.1.2.3 Structure de la matrice spectrale . . . . . . . . . . . . . . . 73
4.1.2.4 Structure des vecteurs propres . . . . . . . . . . . . . . . . 74
4.1.2.5 Impact du filtrage sur le spectre des signaux . . . . . . . . 76
4.1.2.6 Impact du filtrage sur le diagramme de polarisation . . . . 76
4.1.3 Discussion sur la méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
4.1.3.1 Problème de l’aliasing spatial . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
4.1.3.2 Apport de la modélisation large-bande et multicomposante 79
4.2 Comparaison avec d’autres filtres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.2.1 Simulation 1 : Amélioration du rapport signal à bruit . . . . . . . . 81
4.2.1.1 Application du filtre f − k . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.2.1.2 Application du filtre τ − p . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.2.1.3 Application du filtre SM F . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.2.1.4 Application du filtre SV D . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.2.1.5 Application du filtre 3C − SV D . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.2.2 Simulation 2 : Séparation d’ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.2.2.1 Application du filtre f − k . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.2.2.2 Application du filtre τ − p . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.2.2.3 Application du filtre SM F . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
65
66 Chapitre 4. Applications sur des données sismiques synthétiques et réelles
2 2 2
2 2 2
4 4 4
4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6
8 8 8
8 8 8
10 10 10
10 10 10
12 12 12
12 12 12
Fig. 4.1 – Modèle du signal Fig. 4.2 – Profil des données initiales
propres. La figure 4.3 montre la décroissance des 20 premières valeurs propres. La première
valeur propre dominant largement les autres, l’espace définit par le premier vecteur propre
est identifié au sous-espace signal et nous projetons les données sur ce vecteur. Le résultat de
cette projection est présenté à la figure 4.4 et la différence entre les données de départ bruitées
et la projection sur le sous-espace signal est donnée sur la figure 4.5 (sous-espace bruit).
Pour quantifier les résultats du filtrage, nous avons calculé l’erreur moyenne quadratique
entre le modèle (Fig. 4.1) et le signal estimé (Fig. 4.4). Ces calculs ont été effectués pour
l’ensemble des méthodes pour pouvoir effectuer une comparaison des performances, et sont
résumés dans la table 4.1 en section 4.2.3. Dans l’instant, nous nous attachons uniquement à
faire une description qualitative des résultats obtenus avec le filtre.
En terme d’amélioration de rapport signal à bruit, les résultats obtenus sont relativement
bons. Sur les composantes X et Y, l’onde a été totalement isolée du bruit. Les RSBs valent
13dB. Sur la composante Z, l’amélioration du rapport signal à bruit est aussi très nette (2dB
au lieu de -13dB), cependant la forme de l’onde obtenue reste légèrement bruitée et sa vitesse
de propagation n’est pas tout à fait correcte.
5
x 10
3
2.5
1.5
0.5
0
2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
2 2 2 2 2 2
4 4 4 4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6 6 6 6
8 8 8 8 8 8
10 10 10 10 10 10
12 12 12 12 12 12
Fig. 4.4 – Projection des données sur le sous- Fig. 4.5 – Projection des données sur le sous-
espace signal espace bruit
4.1. Application du filtrage sur des données synthétiques 69
2000
200
400 1800
600
ΓX,X 1600
800 1400
1000 1200
1200
1000
ΓY,X ΓY,Y
PSfrag replacements 1400
800
1600
600
1800
400
2000 ΓZ,X ΓZ,Y ΓZ,Z
200
2200
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 2200
Dans le cas où le profil sismique ne contient qu’une seule onde, le sous-espace signal est
alors de dimension 1. Il est définit par le premier vecteur propre issu de la décomposition de
la matrice spectrale (colinéaire au vecteur de propagation de la source).
Lorsque l’on observe le module du premier vecteur propre (Fig. 4.7(b)), on constate que l’on
retrouve l’information fréquentielle relative au signal (Fig. 4.7(a)). Ce vecteur est formé en
mettant bout à bout les composantes fréquentielles issues de la transformée de Fourier du
”modèle”, suivant l’équation (3.1).
70 Chapitre 4. Applications sur des données sismiques synthétiques et réelles
Composante
0.09 0.09
X Y Z
0.08 0.08
0.07 0.07
0.06 0.06
0.05 0.05
0.04 0.04
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 0
0 500 1000 1500 2000 0 500 1000 1500 2000
(a) (b)
Fig. 4.7 – (a) Module de la TF de l’ensemble des traces du profil sismique ”modèle” mis sous
forme de long-vecteur. (b) Module du 1er vecteur propre issu de la MCWB-SMF
0.08 0.08
0.07 0.07
0.06 0.06
0.05 0.05
0.04 0.04
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 0
0 500 1000 1500 2000 0 500 1000 1500 2000
(a) (b)
Fig. 4.8 – (a) Module de la TF de l’ensemble des traces du profil sismique correspondant
au bruit mis sous forme de long-vecteur. (b) Module d’un des vecteurs propres issu de la
MCWB-SMF appartenant au sous-espace bruit
Si l’on observe le module d’un autre vecteur propre (Fig. 4.8(b)), supposé appartenir au
sous-espace bruit, on constate que l’on ne retrouve pas d’information fréquentielle relative au
signal. Si l’on compare l’allure du module de ce vecteur, supposé appartenir au sous-espace
bruit, à celle du vecteur obtenu en faisant la transformée de Fourier de la partie ”Bruit” du
modèle, on remarque que ces deux vecteurs ont des allures très similaires.
4.1. Application du filtrage sur des données synthétiques 71
0 0 0
10 10 10
−1 −1 −1
10 10 10
Puissance (dB)
Puissance (dB)
Puissance (dB)
−2 −2 −2
10 10 10
−3 −3 −3
10 10 10
−4 −4 −4
10 10 10
Modele
Apres filtrage
−5
Avant filtrage −5
10 10
0 20 40 60 0 20 40 60 0 20 40 60
Frequence Frequence Frequence
Fig. 4.9 – Spectres des signaux sur les différentes composantes : modèle, avant et après filtrage
La figure 4.9 représente les différents spectres obtenus sur les 3 composantes. Pour une
composante donnée, chaque tracé correspond à la moyenne sur l’ensemble des traces sismiques
des spectres du signal modèle (sans bruit), du signal de départ (avec bruit) et du signal
après filtrage (sous-espace signal). On constate que le lobe du signal ”utile” apparaı̂t dans
les données après filtrage (trait continu) alors qu’il ne l’était pas forcément avant filtrage
(notamment sur la composante Z) (trait discontinu). De plus, le niveau du bruit est réduit
sur l’ensemble des trois composantes et cela sur toute la plage des fréquences.
Sur la figure 4.10 sont présentés trois diagrammes de polarisation. Ils caractérisent l’état
de polarisation de l’onde et correspondent au tracé de l’amplitude de la composante Y en
fonction de l’amplitude de la composante X. De gauche à droite, le diagramme est tracé pour
les données initiales bruitées, puis sur les données ”modèle” et enfin sur les données après
filtrage (sous-espace signal). La polarisation de l’onde est linéaire comme nous pouvons le
constater sur la figure du milieu réalisée sur les données ”modèle”. Avant l’étape de filtrage, il
est impossible de connaı̂tre la polarisation de l’onde (figure de gauche). Après le filtre (figure
de droite), on constate que l’on retrouve bien la forme linéaire attendue. Le filtre permet
donc d’améliorer le diagramme de polarisation et montre que l’onde filtrée a bien la même
polarisation que l’onde ”modèle” (même inclinaison de l’axe et taille de segment).
72 Chapitre 4. Applications sur des données sismiques synthétiques et réelles
Amplitude de la composante Y
Amplitude de la composante Y
0.2 0.2 0.2
0 0 0
2 2 2
2 2 2
4 4 4
4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6
8 8 8
8 8 8
10 10 10
10 10 10
12 12 12
12 12 12
Fig. 4.11 – Modèle du signal Fig. 4.12 – Profil des données initiales
Les vecteurs propres associés à ces deux valeurs propres définissent donc le sous-espace cor-
respondant au sous-espace signal. Lorsque l’on réalise la projection sur le premier vecteur
propre, correspondant à la valeur propre de plus forte amplitude, on peut obtenir l’Onde 1
filtrée. La projection sur le deuxième vecteur propre permet quand à elle de filtrer l’Onde 2
de vitesse non-infinie. Les figures 4.14 et 4.15 nous montrent les deux ondes ainsi extraites.
En terme de séparation de champs d’ondes et d’amélioration de rapport signal à bruit,
les résultats obtenus sont bons. En effet, la projection sur un des deux premiers vecteurs
propres nous permet bien d’isoler l’une ou l’autre des deux ondes. Nous avons pu filtrer
quasi-parfaitement l’onde 1 qui possède une vitesse infinie. L’onde 2 dont la vitesse n’est pas
infinie a été isolée mais il reste du bruit et il y a une perte d’amplitude sur les capteurs aux
extrémités. Ceci est essentiellement dû au lissage spatial qui introduit un effet de bord.
Dans la suite, nous présenterons les résultats obtenus avec les autres types de filtres sur le
même jeu de données.
5
x 10
6
0
2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
2 2 2 2 2 2
4 4 4 4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6 6 6 6
8 8 8 8 8 8
10 10 10 10 10 10
12 12 12 12 12 12
et l’onde 2 prédomine sur le bloc diagonal ΓZ,Z . Sur ce type de simulation, on voit alors
l’intérêt de travailler sur les données multicomposantes dans leur ensemble. En effet, si on
réalise un traitement par matrice spectrale large-bande composante à composante [GMG98],
la projection sur les premiers vecteurs propres issus des matrices spectrales large-bande de
chaque composante permet d’isoler l’onde 1 sur les deux composantes X et Y ,et l’onde 2 sur
la composante Z comme le montre la figure 4.17.
2500
200
400
2000
600 ΓX,X
800
1500
1000
1200
1600
1800
500
2000
2200
ΓZ,X ΓZ,Y ΓZ,Z
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 2200
2 2 2
4 4 4
Capteurs
6 6
Capteurs
Capteurs
8 8 8
10 10 10
12 12 12
Fig. 4.17 – Filtrage matriciel large-bande réalisé indépendamment sur chaque composante en
projetant sur le premier vecteur propre
deux ondes.
Lorsque l’on observe le module des deux premiers vecteurs propres (Fig. 4.18(b)), on constate
que l’on retrouve l’information fréquentielle relative au signal (Fig. 4.18(a)) et qu’il y a bien
égalité entre les vecteurs de propagation et les vecteurs propres estimés.
0.1 0.1
0.09 0.09
0.08 0.08
0.07 0.07
0.06 0.06
0.05 0.05
0.04 0.04
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 0
0 500 1000 1500 2000 0 500 1000 1500 2000
(a) (b)
Fig. 4.18 – (a) Module de la TF de l’ensemble des traces du profil sismique ”modèle” cor-
respondant à l’onde 1 (en trait discontinu) et à l’onde 2 (en trait plein) mis sous forme de
long-vecteur. (b) Module du 1er vecteur propre (en trait discontinu) et du deuxième vecteur
propre (en trait plein)
76 Chapitre 4. Applications sur des données sismiques synthétiques et réelles
0 0 0
10 10 10
−1 −1 −1
10 10 10
Puissance (dB)
Puissance (dB)
Puissance (dB)
−2 −2 −2
10 10 10
−3 −3 −3
10 10 10
Modele onde 1
−4
10 Apres filtrage −4
10
−4
10
Avant filtrage
0 20 40 60 0 20 40 60 0 20 40 60
Frequence Frequence Frequence
Fig. 4.19 – Spectre des signaux sur les différentes composantes (modèle, avant et après filtrage)
pour l’onde 1
0 0 0
10 10 10
−1 −1 −1
10 10 10
Puissance (dB)
Puissance (dB)
Puissance (dB)
−2 −2 −2
10 10 10
−3 −3 −3
10 10 10
Modele Onde 2
−4 Apres filtrage −4 −4
10 10 10
Avant filtrage
0 20 40 60 0 20 40 60 0 20 40 60
Frequence Frequence Frequence
Fig. 4.20 – Spectre des signaux sur les différentes composantes (modèle, avant et après filtrage)
pour l’onde 2
1 1 1
0 0 0
−1 −1 −1
1 1 1
0 0 0
−1 −1 −1
Nous allons montrer que la méthode de filtrage matriciel spectral proposée permet de trai-
ter des données même si celles-ci sont aliasées spatialement. En effet, pour la mise en place
de la méthode, la transformée de Fourier était réalisée uniquement sur les traces temporelles,
nous permettant ainsi de nous affranchir de tout problème d’aliasing spatial.
Nous allons montrer les résultats du filtrage sur des données aliasées 1C (Fig. 4.23(a)).
La distance entre les capteurs est choisie arbitrairement égale à 1 mètre. Par conséquent,
d’après le théorème de Shannon, la fréquence spatiale maximum admise pour le signal est
kmax = 1/2kshannon = 0.5m−1 . Or, l’onde utilisée dans le modèle se propage avec une vitesse
telle que le retard de l’onde entre deux traces successives vaut ne = 1.7 échantillons et
la fréquence centrale temporelle de l’onde vaut fc = 0.3 Hz. On peut alors en déduire la
fréquence centrale spatiale de l’onde qui vaut :
fc
kc = = fc × ne = 0.3 × 1.7 = 0.51m−1 > kshannon . (4.1)
V
4.1. Application du filtrage sur des données synthétiques 79
0 0
2 2
4 4
Capteurs
Capteurs
6 6
8 8
10 10
12 12
0 50 100 0 50 100
Temps Temps
(a) (b)
Fig. 4.23 – (a) Profil sismique aliasé. (b) Profil sismique filtré par la matrice spectrale large-
bande
0.4
Frequence temporelle
0.3
0.2
0.1
0
−0.5 −0.3 −0.1 0.1 0.3
Frequence spatiale
Les données utilisées sont donc aliasées comme nous le confirme le diagramme f − k du profil
sismique initial (Fig. 4.24).
Après avoir appliqué le filtrage par matrice spectrale large bande, on obtient le résultat de
la figure 4.23(b). L’onde a été parfaitement filtrée du bruit (l’erreur moyenne quadratique
entre les données filtrées et le modèle vaut 18.10−4 ) bien que les données soient aliasées
spatialement.
De plus, nous allons voir que la modélisation large-bande multicomposante apporte d’autres
80 Chapitre 4. Applications sur des données sismiques synthétiques et réelles
avantages.
2 2 2 2 2 2
4 4 4 4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6 6 6 6
8 8 8 8 8 8
10 10 10 10 10 10
12 12 12 12 12 12
Fig. 4.25 – Onde extraite par filtrage f-k Fig. 4.26 – Onde extraite par filtrage τ − p
Néanmoins, le filtre f −k possède des inconvénients indéniables. Tout d’abord, les résultats
dépendent fortement du masque appliqué dans le plan f −k. De plus, ce filtre ne peut fonction-
ner que si le nombre de capteurs est suffisamment grand, et uniquement si les contraintes de
Shannon sur l’échantillonnage en distance sont respectées. Ces contraintes s’avèrent extrême-
ment pénalisantes dans le cadre de la prospection sismique où les coûts sont tels que les
compagnies pétrolières tentent de réduire au maximum le nombre de capteurs utilisés en aug-
mentant l’espacement entre ces derniers. Enfin, ce filtre ne tient pas compte de l’information
3C.
2 2 2 2 2 2
4 4 4 4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6 6 6 6
8 8 8 8 8 8
10 10 10 10 10 10
12 12 12 12 12 12
Fig. 4.27 – Onde extraite par filtrage SMF Fig. 4.28 – Onde extraite par filtrage SVD
Les résultats obtenus grâce au filtre basé sur la SVD (Fig. 4.28) sont ici très mauvais. En
effet, ce filtre ne permet pas de filtrer une onde si l’on n’a pas au préalable rendue sa vitesse
infinie.
8 20
2 2 2 9
7
18
4 4 4
8 6
16
5
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6
7 14
4
8 8 8 12
6 3
10
10 10 10 2
5
1 8
12 12 12
4 0 6
0 50 100 0 50 100 0 50 100 5 10 15 20 10 20 30 40 50 60 1 1.5 2 2.5 3
Temps Temps Temps (a) (b) (c)
Fig. 4.29 – Onde extraite par 3C − SV D Fig. 4.30 – Décroissance des valeurs propres
Le même problème se pose avec l’extension du filtre SVD au cas multicomposante dans
le cas d’une onde dont la vitesse n’est pas infinie. Toutefois les résultats (Fig. 4.29) sont
meilleurs que ceux obtenus avec la SVD. Il y a un compromis à faire sur le choix du nombre
de vecteurs singuliers à garder (choix de rx , rt et rc ). Si ce nombre est trop petit, il est
impossible de récupérer tout le signal ”utile”. En revanche, s’il est trop grand, le signal
”utile” est entièrement récupéré mais seule une faible partie du bruit est enlevée.
4.2. Comparaison avec d’autres filtres 83
2 2 2 2 2 2
4 4 4 4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6 6 6 6
8 8 8 8 8 8
10 10 10 10 10 10
12 12 12 12 12 12
Fig. 4.31 – Onde 1 extraite par filtrage f-k Fig. 4.32 – Onde 2 extraite par filtrage f-k
Fig. 4.33 – Diagramme f-k de l’Onde 1 ex- Fig. 4.34 – Diagramme f-k de l’Onde 2 ex-
traite par filtrage f-k traite par filtrage f-k
Sur cet exemple, les résultats obtenus avec le filtre f − k sont très satisfaisants même
si on peut voir de très faible résidu de l’onde 2 sur le profil de l’onde 1 extraite, sur les
premiers capteurs. Dans le cas où deux ondes non dispersives ont des vitesses de propagation
proches ou identiques, le filtre f − k ne pourra pas séparer ces ondes même si elles arrivent sur
l’antenne à des temps d’arrivée différents car le filtre f − k utilise principalement la vitesse
comme facteur de discrimination.
2 2 2 2 2 2
4 4 4 4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6 6 6 6
8 8 8 8 8 8
10 10 10 10 10 10
12 12 12 12 12 12
Fig. 4.35 – Onde 1 extraite par filtrage τ -p Fig. 4.36 – Onde 2 extraite par filtrage τ -p
séparées et la majeure partie du bruit a été enlevée. Cependant, comme pour la simulation 1,
les amplitudes n’ont pas été préservées et les résultats dépendent encore fortement du masque
appliqué.
2 2 2 2 2 2
4 4 4 4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6 6 6 6
8 8 8 8 8 8
10 10 10 10 10 10
12 12 12 12 12 12
Fig. 4.37 – Onde 1 extraite par filtrage SMF Fig. 4.38 – Onde 2 extraite par filtrage SMF
Le filtre SMF a été réalisé en appliquant le filtre classique fréquence à fréquence indépendam-
ment sur chaque composante avec les paramètres suivants : Ks = 4 pour le lissage spatial et
32 pour l’exposant de la fenêtre d’apodisation de Tuckey. Le filtre ne permet pas de séparer les
2 ondes comme on peut le voir sur la figure 4.37, qui correspond à la projection des données
sur le premier vecteur propre et la figure 4.38, la projection sur le deuxième vecteur propre.
Ceci vient du fait que les deux ondes ont des spectres disjoints comme nous l’avons vu à la
section 4.1.3.2.
Les résultats obtenus avec le filtre SVD sont assez mauvais pour les deux ondes (Fig. 4.39
et Fig. 4.40).
4.2. Comparaison avec d’autres filtres 85
2 2 2 2 2 2
4 4 4 4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6 6 6 6
8 8 8 8 8 8
10 10 10 10 10 10
12 12 12 12 12 12
Fig. 4.39 – Onde 1 extraite par filtrage SVD Fig. 4.40 – Onde 2 extraite par filtrage SVD
(Première section singulière) (Deuxième section singulière)
2 2 2 2 2 2
4 4 4 4 4 4
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
6 6 6 6 6 6
8 8 8 8 8 8
10 10 10 10 10 10
12 12 12 12 12 12
Fig. 4.41 – Onde 1 extraite par filtrage 3C − Fig. 4.42 – Onde 2 extraite par filtrage 3C −
SV D SV D
Les résultats obtenus à l’aide du filtrage 3C-SVD sont présentés sur la figure 4.41 pour
l’onde 1 et la figure 4.42 pour l’onde 2. La majeure partie du bruit a été enlevée. L’onde 1 a
été relativement bien séparée bien qu’il reste une petite partie de l’onde 2 qui était colinéaire
à l’onde 1. Cependant, le filtre 3C-SVD ne permet pas de réaliser un bon filtrage de l’onde 2
dont la vitesse n’est pas infinie. Il aurait fallu pour cela réaliser un recalage de vitesse.
Globalement, les méthodes fournissant les meilleurs résultats sur les deux exemples synthé-
tiques proposés sont le filtrage matriciel large-bande multicomposante et le filtre f − k. Ces
86 Chapitre 4. Applications sur des données sismiques synthétiques et réelles
EQM
Filtrage MCWB-SMF 29.10−4
Filtrage f −k 24.10−4
Filtrage τ -p 63.10−4
Filtrage SMF 133.10−4
Filtrage SVD 259.10−4
Filtrage 3C-SVD 129.10−4
filtres ont réalisé une bonne séparation des champs d’ondes et enlevé la quasi-totalité du bruit
présent.
Nous allons maintenant présenter les avantages et inconvénients de chacune des méthodes
testées en comparaison avec la méthode MCWB-SMF.
Le première catégorie des méthodes testées correspond aux méthodes à gabarit et com-
prend le filtre f − k et le filtre τ − p. Ces filtres fournissent de très bons résultats. Cependant,
leur inconvénient majeur est qu’ils nécessitent l’intervention de l’utilisateur pour réaliser le
masque dans le domaine associé, avant de revenir dans le domaine temps-distance. De plus,
un désavantage propre au filtre f − k est qu’il nécessite un grand nombre de traces sismiques
avec un échantillonnage spatial élevé ce qui rend les campagnes d’acquisitions coûteuses et
contraignantes. Pour le filtre τ − p, un ré-échantillonnage en p est effectué.
La deuxième catégorie des méthodes testées correspond aux méthodes matricielles. Elle
comprend la décomposition en valeurs singulières (SVD) [CU01, FU88, KL80, Tri03], son
extension : la 3C-SVD [GMM01, LBG04, LBLM01, MBVP06, MMG+ 03], et les différents
types de filtrage utilisant la matrice spectrale classique (SMF) [Mer76, Sam83, Bie83, BK83,
MG90, GGM93], et large-bande multicomposante (MCWB-SMF) [PMG04, PMG05, PMM05,
4.3. Applications sur des données réelles 87
PM06]. Comme nous l’avons vu, ces méthodes construisent d’abord une certaine matrice qui
peut être la matrice des données initiales dans le plan temps-distance pour la SVD, ou encore
une matrice spectrale. Ces matrices sont ensuite décomposées suivant leurs vecteurs singuliers
ou leurs vecteurs propres. Ces filtres sont utilisés à la fois pour séparer des ondes et pour
améliorer le rapport signal à bruit en séparant l’espace des données en deux sous-espaces : le
sous-espace signal et le sous-espace bruit. On les appelle aussi méthode par sous-espaces.
Pour-être efficace, les filtres basés sur la SVD nécessitent au préalable un alignement des ondes
pour les rendre de vitesse infinie. En revanche, la matrice spectrale peut fonctionner sans pré-
traitement sur les ondes. Cependant, toute son efficacité dépend de l’étape d’estimation de la
matrice spectrale.
Enfin, le filtrage MCWB-SMF est la seule des méthodes prenant en compte toute l’information
disponible au niveau fréquentiel et au niveau de la polarisation. Par conséquent, ce filtre donne
de très bons résultats, comparables à ceux avec le filtre f − k, à la différence qu’il n’impose
pas de contraintes sur l’échantillonnage spatial et ne nécessite pas la création de masques.
50 50
100 100
150 150
200 200
Distance (m)
Distance (m)
250 250
300 300
350 350
400 400
450 450
500 500
50 50
100 100
150 150
200 200
Distance (m)
Distance (m)
250 250
300 300
350 350
400 400
450 450
500 500
0.4
Frequence temporelle f
0.3
0.2
0.1
0
−0.4 −0.2 0 0.2 0.4
Frequence spatiale k
0.4
Frequence temporelle f
0.3
0.2
0.1
0
−0.4 −0.2 0 0.2 0.4
Frequence spatiale k
Fig. 4.45 – Diagramme f-k des données initiales (en haut) et de l’onde de pseudo-Rayleigh
lente extraite(en bas)
Dans le cas de la sismique réflexion, seules les ondes réfléchies apportent de l’information
sur la structure du sol. Par conséquent, un des buts de la séparation des ondes est d’isoler ces
ondes réfléchies des autres ondes ”parasites” telles que les arrivées directes, les ondes de sur-
face, le ”ground-roll”, les onde réfractées... L’algorithme de filtrage ayant tendance à favoriser
les ondes possédant les énergies les plus fortes telles que l’onde directe ou le ”Ground-roll”.
4.3. Applications sur des données réelles 89
50 50
100 100
150 150
200 200
Distance (m)
Distance (m)
250 250
300 300
350 350
400 400
450 450
500 500
50 50
100 100
150 150
200 200
Distance (m)
Distance (m)
250 250
300 300
350 350
400 400
450 450
500 500
La méthode sera d’abord utilisée pour isoler les ondes de plus forte énergie pour ensuite les
soustraire aux données de départ et ainsi récupérer les ondes réfléchies qui sont généralement
de très faible énergie.
90 Chapitre 4. Applications sur des données sismiques synthétiques et réelles
50 50
100 100
150 150
200 200
Distance (m)
Distance (m)
250 250
300 300
350 350
400 400
450 450
500 500
50 50
100 100
150 150
200 200
Distance (m)
250 250
Distance (m)
300 300
350 350
400 400
450 450
500 500
Ce premier jeu de données réelles est issu d’une campagne de prospection sismique réalisée
dans la vallée de Chantourne près de Grenoble en France. Le dispositif mis en place contenait
4.3. Applications sur des données réelles 91
une source de type explosif et un réseau linéaire de 47 capteurs à deux composantes. Une
des composantes, la composante horizontale X, est située dans le plan contenant la source et
le réseau de capteurs et l’autre composante correspond à la composante verticale Z. La dis-
tance entre les géophones, correspondant à l’échantillonnage spatial, est de 10 mètres. L’offset
spatial, c’est à dire la distance entre la source et le premier capteur, est de 50 mètres. Les
données ont été échantillonnées avec un pas d’échantillonnage de 16 ms et l’enregistrement
a duré 4 secondes. La figure 4.43 correspond aux données initiales directement enregistrées
sur les composantes verticales (à gauche) et horizontales (à droite) du réseau de capteurs. On
peut identifier différents champs d’ondes sur l’une des composantes ou sur les deux. Ainsi,
sur la composante verticale, on peut identifier une onde réfractée, une onde réfléchie ayant
une amplitude relativement élevée (à environ 0.5 secondes) associée à un réflecteur profond
et deux ondes de surfaces dispersives de pseudo-Rayleigh caractérisées par des vitesses appa-
rentes relativement faibles et un contenu basse fréquence. Sur la composante horizontale, on
distingue les deux ondes de surface mais aussi une onde réfléchie de très faible amplitude et
noyée dans le bruit généré par les ondes de surface (à environ 1.2 secondes).
Le but du traitement est donc de séparer les différents champs d’ondes en commençant par
ceux de plus forte énergie pour ainsi arriver à isoler les champs d’ondes réfléchies.
Composante X Composante Z
0 0
Onde
directe
10 10 Onde
de surface
20 20
30 30
Distance (m)
Distance (m)
Onde
40 40 aérienne
50 50
Onde Onde
réfractée réfléchie
60 60
70 70
80 80
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
Temps (s) Temps (s)
Composante X Composante Z
20 20
25 25
30 30
35 35
40 40
Distance (m)
Distance (m)
45 45
50 50
55 55
60 60
65 65
70 70
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
dire en enlevant successivement les ondes de forte énergie qui n’intéressent pas le géophysicien.
Dans cette étude, les enregistrements donnés par l’”IFP School” par Jean-Luc Mari cor-
4.3. Applications sur des données réelles 93
Ce profil a été utilisé pour définir les paramètres d’acquisition d’une plus large campagne
de sismique réflexion ultérieure. La figure 4.50 correspond aux données initiales reçues sur les
composantes horizontale X et verticale Z de l’antenne. Ce profil contient différents champs
d’ondes tels que : une onde directe, une onde réfractée, une onde de surface basse fréquence
et une onde aérienne haute fréquence. De plus, sur la composante verticale et dans la gamme
des distances comprises entre 30 et 60 mètres, on distingue un événement ayant une vitesse
apparente très élevée et qui correspond à une onde réfléchie. La vitesse de l’onde directe est
de 900 m/s et celle de l’onde réfractée observée dans la gamme de distances 16 à 71 mètres
est de 1620 m/s. Pour le traitement de ces données, nous nous sommes restreint à une gamme
de distance contenant l’information intéressante, c’est à dire entre 16 et 71 mètres (Fig. 4.51).
Composante X Composante Z
20 20
25 25
30 30
35 35
40 40
Distance (m)
Distance (m)
45 45
50 50
55 55
60 60
65 65
70 70
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
Temps (s) Temps (s)
Le traitement par la matrice spectrale a été appliqué successivement deux fois. La figure
4.52 correspond à l’extraction du champs d’onde réfracté. Ce champs d’onde est ensuite sous-
trait aux données initiales pour former la section résiduelle de la figure 4.53. On peut nette-
ment distinguer sur ce profil les ondes réfléchies. L’extraction de ce champ d’ondes réfléchies
principal est réalisée en appliquant une seconde fois le filtre matriciel. L’onde extraite est
montrée sur la figure 4.54.
94 Chapitre 4. Applications sur des données sismiques synthétiques et réelles
Component X Composante Z
20 20
25 25
30 30
35 35
40 40
Distance (m)
Distance (m)
45 45
50 50
55 55
60 60
65 65
70 70
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
Temps (s) Temps (s)
Composante X Composante Z
20 20
25 25
30 30
35 35
40 40
Distance (m)
Distance (m)
45 45
50 50
55 55
60 60
65 65
70 70
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
Temps (s) Temps (s)
4.4 Conclusion
Dans cette première partie, nous avons exposé une méthode de séparation d’onde et
d’amélioration du rapport signal à bruit adaptée à la sismique multicomposante et au problème
qui nous était posé. On rappelle que le but était de proposer une méthode efficace, imposant
peu de contraintes (pas besoin de pré-traitement sur les données, pas de contraintes sur la
4.4. Conclusion 95
Pour répondre à ce problème, nous avons décidé d’étendre le filtrage matriciel classique
au cas multicomposante. Après avoir fait un bref état de l’art des méthodes de séparation
d’ondes existantes dites à gabarit et matricielles, nous avons décrit le fonctionnement de la
méthode en détails. Nous l’avons ensuite comparée aux autres méthodes pour ainsi pouvoir
la valider et montrer ses performances.
En récapitulatif, nous proposons un tableau comparatif de tous les filtres testés ainsi que le
filtre MCWB-SMF avec pour chacun ses avantages et ses inconvénients, son efficacité relative
en terme de séparation d’ondes et d’amélioration de RSB et enfin, les références bibliogra-
phiques principales qui lui sont associées.
La méthode proposée étant validée sur les simulations et sur les données réelles, il s’agit
maintenant de l’exploiter au maximum en vue de caractériser les ondes qui ont été séparées.
Dans la partie suivante, nous allons donc nous intéresser à la caractérisation des attributs des
ondes séparées, à savoir leur polarisation, leur direction d’arrivée et leur temps d’arrivée sur
l’antenne (offset).
96
Méthodes Type
de de Avantages Inconvénients Efficacité Références
filtrage méthode
nC - Bon résultat dans de nombreux cas - Sensible aux paramètres utilisés ++ [PMG04] [PMG05]
matricielle - Alignement des ondes non- pour le lissage spatial et [PMM05] [PM06]
MCWB- obligatoire fréquentiel
Attributs de polarisation et de
direction d’arrivée
Cette deuxième partie aborde des problèmes couramment rencontrés en traitement d’an-
tenne, à savoir la caractérisation de divers attributs des ondes sismiques. Nous allons dans
les deux chapitres qui suivent nous intéresser tout d’abord à l’estimation de la polarisation,
puis à celle de la direction d’arrivée des ondes sur une antenne. Le but étant de proposer des
méthodes performantes et adaptées pour des données enregistrées sur des capteurs multicom-
posantes.
Nous avons vu que depuis plusieurs décennies nous assistons à une utilisation grandissante
des capteurs multicomposantes car ces capteurs permettent l’accès à une plus grande quantité
d’information et donc une meilleure caractérisation des structures géologiques.
Un des traitements fondamentaux est l’analyse de polarisation, c’est à dire l’analyse du
mouvement des particules au passage d’une onde. Après un état de l’art des différentes
méthodes existantes, nous proposerons une méthode basée sur les matrices issues de la décompo-
sition de la matrice spectrale large bande multicomposante.
Un deuxième traitement fondamental est l’estimation des directions d’arrivée des ondes.
Nous nous intéresserons plus particulièrement aux méthodes dites à Haute Résolution puis
nous proposerons une méthode adaptée aux signaux large bande enregistrés sur des antennes
vectorielles.
Enfin dans le but de valider les deux méthodes proposées, nous les testerons sur des si-
gnaux sismiques synthétiques et nous comparerons leurs performances avec celles des méthodes
classiquement utilisées.
97
98
Chapitre 5
Estimation de la polarisation
Sommaire
5.1 Introduction sur l’analyse de polarisation . . . . . . . . . . . . . . 100
5.1.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.1.2 Intérêts de l’analyse de polarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.1.3 Comment faire l’analyse de polarisation ? . . . . . . . . . . . . . . . 105
5.1.3.1 Pré-traitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
5.1.3.2 Méthode basée sur la matrice de covariance . . . . . . . . . 106
5.2 Méthode basée sur la matrice spectrale large-bande multicom-
posante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
5.2.1 Estimation du rapport d’amplitude et du déphasage . . . . . . . . . 109
5.2.2 Exemple sur un jeu de données synthétiques . . . . . . . . . . . . . . 111
5.3 Applications sur des données sismiques simulées et réelles . . . . 114
5.3.1 Comparaison de la méthode proposée avec la méthode de Flinn . . . 115
5.3.1.1 Estimation du déphasage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
5.3.1.2 Estimation des paramètres pour des rapports d’amplitude
variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
5.3.1.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
5.3.2 Application sur un profil sismique de données réelles . . . . . . . . . 117
5.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
99
100 Chapitre 5. Estimation de la polarisation
Durant plusieurs décennies, les antennes sismiques composées de capteurs à une seule
composante (1C) ont été l’outil le plus utilisé en géophysique pour l’exploration pétrolière.
Cette approche scalaire a atteint un degré important de maturité tant au niveau des tech-
nologies d’acquisition que des traitements. Cependant, du fait du caractère bidimensionnel
(2D) de l’approche monocomposante, ces enregistrements n’apportent pas toujours l’infor-
mation suffisante pour distinguer les différentes ondes présentes. De plus, le besoin croissant
d’améliorer la résolution afin d’accéder à plus de détails dans les structures géologiques, a
préparé le terrain de l’exploration sismique à plusieurs composantes.
Ainsi, une plus grande quantité d’information sur les ondes sismiques peut être retrouvé
à partir des enregistrements et des analyses vectoriels. Un des traitements sismiques fonda-
mentaux des enregistrements multicomposantes est l’analyse de polarisation. Cette analyse
implique le calcul des paramètres qui décrivent le mouvement des particules associé à la pro-
pagation d’une onde sismique. Ce mouvement des particules du sol au passage d’une onde a
été identifié pour la première fois comme induisant des paramètres utiles par Jolly en 1956
[Jol56]. La première tentative de mesure du mouvement des particules revient à Shimshoni et
Smith en 1964 [SS64]. Ils ont défini avec succès une méthode d’analyse de polarisation pour des
données de tremblement de terre. En 1965, Flinn [Fli65] propose une méthode plus élaborée
pour l’analyse de la polarisation qui est basée sur la matrice de covariance des données. De-
puis, de nombreux autres algorithmes d’analyse de polarisation ont été développés pour des
applications en exploration sismique [GMML90, SH90, JMG91].
a
b
ψ
2a2 x
O
PSfrag replacements
2a1
Dans le cadre de la sismique, suivant leur nature, les ondes peuvent avoir des polarisa-
tions très différentes (cf. Fig. 1.6). Nous présentons maintenant la polarisation associée aux
principales ondes rencontrées en sismique :
– les ondes P de polarisation linéaire dans la direction de propagation de l’onde,
– les ondes SV de polarisation linéaire perpendiculairement à la direction de propagation
et dans le plan vertical,
– les ondes SH de polarisation linéaire perpendiculairement à la direction de propagation
et dans le plan horizontal,
– les ondes de Love de polarisation linéaire (propagation de type SH),
– les ondes de Rayleigh de polarisation elliptique,
102 Chapitre 5. Estimation de la polarisation
Z Z Z
X X X
Pour plus de détails sur ces différentes ondes, le lecteur pourra se reporter au chapitre 1.
La géométrie de nos capteurs à 2 composantes X et Z ne nous permet pas d’avoir accès à
l’information de polarisation des ondes de Love et des ondes SH. Cette information serait
accessible dans le cas où l’on aurait des capteurs à trois composantes X, Y et Z tel que Y
serait dans le plan horizontal et perpendiculaire à la direction de l’antenne.
Bien que l’examen visuel des diagrammes de polarisation permette un jugement intuitif
sur la nature du mouvement des particules, cette approche n’est pas utilisable dans le cas
de l’exploration sismique où l’on dispose de très important volumes de données. Il a donc
été nécessaire de proposer des méthodes automatiques permettant l’estimation de paramètres
décrivant le diagramme de polarisation lié à une onde, à savoir l’ellipticité et l’angle d’azimut.
En fait, nous n’avons pas directement accès à cette information car nous avons accès à l’am-
plitude des signaux en sortie des capteurs. Il est donc nécessaire de faire le lien entre les
paramètres de polarisation issus de la physique et ceux auxquels nous avons réellement accès
à savoir les rapports de phase et d’amplitude (α et ϕ) existant entre les signaux reçus sur les
composantes X et Z des capteurs.
Born et Wolf [BW80] ont fait le lien entre les paramètres α et ϕ et les paramètres de l’ellipse
e et ψ en décrivant les équations suivantes :
Exemple
Composante X Composante Z
0 0
5 5
10 10
Capteurs
Capteurs
15 15
20 20
25 25
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Temps Temps
0.8
Composante X
Fenetre 1 Fenetre 2 Composante Y
0.6
0.4
Amplitude
0.2
−0.2
−0.4
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
Amplitude de la composante Y
Amplitude de la composante Y
0.2 0.2
0 0
−0.2 −0.2
−0.4 −0.4
−0.6 −0.6
−0.8 −0.8
−0.5 0 0.5 −0.5 0 0.5
Amplitude de la composante X Amplitude de la composante X
(a) (b)
Fig. 5.5 – (a) Diagramme de polarisation de l’onde 1 réalisé sur la fenêtre 1, (b) Diagramme
de polarisation de l’onde 2 réalisé sur la fenêtre 2
Dans le contexte de l’exploration sismique, Shieh et Herrmann [SH90] d’une part et Per-
elberg et Hornbostel [PH94] d’autre part ont utilisé l’analyse de polarisation pour éliminer
des événements non utiles correspondant à du bruit (par exemple le ”ground-roll”). Spencer
et al. [SSC88] ont utilisé la polarisation pour déterminer la direction d’une couche ou d’un
plan de faille à proximité d’un puits.
réflection. Ainsi, les images P résultantes doivent permettre une meilleure interprétation de la
structure géologique et les sections S doivent apporter de l’information sur le sous-sol. De plus,
la façon dont l’énergie des ondes S répond de façon unique aux structures et aux anomalies
dans la terre permet d’obtenir de précieuses informations sur l’anisotropie, la caractérisation
de fracture et la porosité [MC91].
Une autre application assez courante réalisée à partir des ondes S est l’identification et l’in-
terprétation du phénomène de dédoublement des ondes S. Ce phénomène se produit lorsque
qu’une onde S se propageant à travers une fracture se dédouble pour former deux ondes
de polarisations orthogonales et de vitesses différentes. Crampin [Cra85] a montré comment
l’identification de l’onde rapide permet de trouver l’orientation du champ de contrainte hori-
zontal et comment le retard entre l’onde rapide et l’onde lente indique le degrés de rupture.
Nous rappelons que l’entité physique que nous contrôlons au travers de l’analyse de po-
larisation est le vecteur décrivant le mouvement des particules. Le succès de cette analyse
dépend fortement de l’exactitude avec laquelle les données enregistrées représentent les vrais
champs d’ondes et de la capacité de la technique d’analyse de polarisation à mesurer avec
précision les caractéristiques de ce champs d’onde. Par conséquent, lors de toute étape de
pré-traitement visant par exemple à réduire le bruit, il est nécessaire de s’assurer que cette
dernière n’engendre pas de distortion sur le mouvement de la particule.
5.1.3.1 Pré-traitement
Pour que l’information issue de l’analyse permette de calculer les orientations de certains
évènements géologiques, les paramètres de polarisation doivent être calculés en respectant des
directions de référence prédéterminées (habituellement la direction verticale et la direction
en ligne). Enfin, si une égalisation d’amplitude selon les directions temporelles ou spatiales
est nécessaire durant la phase de pré-traitement, le facteur d’amplitude appliqué aux données
doit être identique sur toutes les composantes.
Un filtrage fréquentiel est souvent requis comme un traitement préalable à toute analyse
de polarisation. En effet, il permet de stabiliser le mouvement des particules en réduisant
le bruit. Cependant, un filtre trop sélectif en fréquence compromet une analyse correcte de
la polarisation car il peut atténuer l’amplitude du signal et introduire par conséquent de
la distortion sur le mouvement des particules. Le filtre médian [DB95], pourtant très utilisé
dans le traitement des profils sismiques verticaux (PSV), n’est pas recommandé car il introduit
des changements d’amplitude entre les composantes. Par conséquent, il peut être judicieux
d’utiliser plutôt des filtres de type f − k ou τ − p.
106 Chapitre 5. Estimation de la polarisation
Des différentes options possibles, l’approche temporelle sur une trace unique permet une
introduction facile du concept d’analyse de polarisation. Hearn et Hendrick [HH99] ont réalisé
une comparaison des algorithmes basés sur cette approche. Leur différence essentielle se fait
au niveau des temps de calculs, très variables d’un algorithme à l’autre. Parmi les approches
les plus efficaces et les plus stables, on peut citer l’algorithme développé par Flinn en 1965
[Fli65] utilisant la matrice de covariance. Nous détaillons cette méthode ci-dessous car elle
nous sert par la suite de base de comparaison avec la méthode que nous proposons.
L’idée est d’obtenir les deux axes principaux de l’ellipse dans le plan de polarisation en
utilisant une analyse en composantes principales (ACP) des données reçues sur les compo-
santes X et Z du capteur i sur N échantillons temporels. Cet algorithme examine donc le
rapport entre les différentes composantes des données (xi , zi ) par l’analyse de la matrice de
covariance Ri définie comme suit :
xz
N
" #
X xi (n)2 xi (n)zi (n)
Ri = (5.11)
xz
n=1
zi (n)xi (n) zi (n)2
avec T l’opérateur de transposition et λ1 > λ2 . Les vecteurs propres et les valeurs propres
(λ1 , λ2 ) sont liés aux axes de l’ellipse décrivant le mouvement des particules et peuvent être
obtenus en réalisant une décomposition en valeurs propres de la matrice de covariance. La
contribution de chaque terme de l’équation (5.12) est liée à l’amplitude de la valeur propre
associée. Dans le cas d’une onde de polarisation linéaire, la décroissance des valeurs propres
fait apparaı̂tre une valeur propre dominante λ1 . Le vecteur propre associé u1 correspond
5.1. Introduction sur l’analyse de polarisation 107
alors à la direction du mouvement des particules (angle d’azimuth). Dans le cas d’une onde
de polarisation elliptique, les deux valeurs propres ont des amplitudes proches. Il est donc
possible d’estimer les paramètres de polarisation e et ψ à partir de λ1 et λ2 et de leurs
vecteurs propres associés par les formules suivantes :
p
e= λ2 /λ1 (5.13)
et : µ ¶
−1 u1,z
ψ = tan (5.14)
u1,x
avec (u1,x , u1,z ) les coordonnées du vecteur u1 dans le plan (Oxz). Si la polarisation est
linéaire, λ1 est très grand par rapport à λ2 , par conséquent e est proche de 0. Si la polarisa-
tion est elliptique, e varie entre 0 et 1. Enfin, e vaut 1 dans le cas d’une polarisation circulaire.
Revenons sur l’exemple synthétique de la figure 5.3 qui contient deux ondes de polarisation
linéaire pour la plus rapide et elliptique pour la plus lente et testons la méthode Flinn. Nous
prenons pour cela les signaux de la figure 5.4 enregistrés sur le capteur 12. L’analyse de
la polarisation de la première onde est réalisée sur la fenêtre 1 (soit entre les échantillons
temporels 25 et 48) et celle de la deuxième onde sur la fenêtre 2 (entre les échantillons 55 et
85).
Pour l’onde 1, la décomposition en valeurs propres de la matrice de covariance construite sur
la fenêtre 1 fournit les valeurs et vecteurs propres suivants :
λ1 ' 3.2
λ2 ' 0.0
u1 = (0.83, 0.55)
u2 = (0.55, −0.83).
On a bien λ1 À λ2 , ce qui correspond bien à une onde de polarisation linéaire (e = 0). Si l’on
trace les vecteurs u1 et u2 sur le diagramme de polarisation (Fig. 5.6(a)), on voit que u1 se
superpose parfaitement à la droite du diagramme, ce qui confirme que l’angle d’azimut ψ est
correctement estimé.
λ1 ' 2.2
λ2 ' 1.0
u1 = (0.99, 0.08)
u2 = (0.08, −0.99).
Cette fois ci, λ1 et λ2 ont des amplitudes beaucoup plus proches, ce qui confirme que l’on a
une onde de polarisation elliptique (0 < e < 1). Lorsque l’on trace les vecteurs u 1 et u2 sur
le diagramme de polarisation (Fig. 5.6(b)), on voit que ces vecteurs correspondent aux axes
principaux de l’ellipse de polarisation. Ainsi, sur cet exemple simple de deux ondes séparées
temporellement, la méthode de Flinn réalise une analyse précise de la polarisation.
108 Chapitre 5. Estimation de la polarisation
0.8 0.8
U1
0.6 0.6
Amplitude de la composante Y
Amplitude de la composante Y
0.4 U1 0.4
0.2 U2 0.2
U2
0 0
−0.2 −0.2
−0.4 −0.4
−0.6 −0.6
−0.8 −0.8
−0.5 0 0.5 −0.5 0 0.5
Amplitude de la composante X Amplitude de la composante X
(a) (b)
Fig. 5.6 – (a) Diagramme de polarisation de l’onde 1 réalisé sur la fenêtre 1, (b) Diagramme
de polarisation de l’onde 2 réalisé sur la fenêtre 2
En utilisant le système des équations (5.8) à (5.10), il est possible d’obtenir le rapport
d’amplitude et le déphasage entre les composantes X et Z à partir de e et ψ :
s
2
1 tan2 (2ψ
+ sin (2 tan−1 (e)))
α = tan sin−1 (5.15)
2 1 + tan2 2ψ
Ãs !
2 −1 (e))(1 + tan2 2ψ)
sin (2 tan
ϕ = sin−1 . (5.16)
tan2 2ψ + sin2 (2 tan−1 (e))
Dans cette méthode, la longueur de la fenêtre temporelle est un facteur qui influe sur les
résultats de l’analyse de polarisation. Son choix découle d’un compromis entre résolution et
stabilité. Ainsi, si la fenêtre est choisie trop petite, l’analyse de polarisation devient instable.
En revanche, si elle est trop grande, la résolution décroı̂t et les paramètres estimés sont alors
trop lissés. Le choix de la longueur de la fenêtre se fait donc essentiellement en fonction des
données.
Enfin, l’inconvénient majeur des algorithmes basés sur ce traitement est qu’ils supposent
que la fenêtre d’analyse contient un unique évènement sismique. Si ce n’est pas le cas et si
plusieurs évènements interfèrent sur la fenêtre, le mouvement résultant des particules sera
une combinaison des mouvements des particules des différentes ondes présentes. L’analyse de
polarisation ne sera alors pas pertinente.
T = SA + B (5.17)
P Nx Nf Nc
X X
Γ = Γs + Γb = λi ui uH
i + λk uk uH
k . (5.18)
i=1 k=P +1
Si l’on admet que les P sources sont décorrélées et ont des énergies différentes (voir
paragraphe 3.4), alors chacun des P premiers vecteurs propres issus de la décomposition de la
matrice spectrale peut être identifié au vecteur de propagation de l’une des P sources. Ainsi,
les P matrices de rang un, que l’on note Γs,p , correspondent chacune à la matrice spectrale
d’une des sources. Elles s’expriment comme suit :
Γs,p = λp up uH
p (5.19)
ou bien encore :
Γs,p = ΓAp S p S H
p (5.20)
avec ΓAp la densité spectrale de la source p et S p le vecteur de propagation de la source p.
Nous allons voir que les paramètres de polarisation de chaque onde p peuvent être ca-
ractérisés en fonction des éléments de la matrice spectrale Γs,p .
On rappelle que :
- τi (θp ) est le temps de propagation entre la source et le capteur i pour l’onde p,
- αp et ϕp sont respectivement le rapport d’amplitude et le déphasage entre les compo-
santes X et Z correspondant à l’état de polarisation de l’onde p,
- wp est l’ondelette émise par la source p.
110 Chapitre 5. Estimation de la polarisation
X Z
i=1
X
i=1
f=Nf
i=Nx
i=1
f=Nf
i=Nx
On peut alors déduire des estimateurs pour les paramètres de polarisation de l’onde p sur
chaque capteur i. En effet, le rapport d’amplitude entre la composante X et Z sur la capteur
i à la fréquence f s’exprime par :
v
uΓ
u s,p(Z,Z) (i, f )
cp (i, f ) = t
α . (5.26)
Γs,p (i, f )
(X,X)
5.2. Méthode basée sur la matrice spectrale large-bande multicomposante 111
cp (i, f ) = arg[Γs,p
ϕ (i, f )]. (5.27)
(X,Z)
Bien souvent, le milieu de propagation est considéré comme isotrope. Par conséquent,
les paramètres de polarisation d’une onde sont indépendants de la fréquence et du capteur
considéré. On peut alors obtenir une meilleure estimation en les moyennant à la fois sur les
fréquences et les capteurs.
Cependant, pour avoir une estimation correcte, la moyenne doit être faite non pas sur l’en-
semble des fréquences mais seulement sur les fréquences appartenant à la bande passante du
signal. Pour cela, on estime la largeur de bande du signal L3dB = [finf , fsup ] à −3dB. On
réalise ensuite la moyenne sur les fréquences appartenant à cette bande.
Les estimateurs ainsi obtenus sont :
v
u
u XNx fXsup Γs,p (i, f )
u 1 (Z,Z)
cp = t
α (5.28)
card(L3dB ).Nx Γs,p (i, f )
i=1 f =finf (X,X)
Nx fX
X sup
1
cp = arg
ϕ Γs,p (i, f ) (5.29)
card(L3dB ).Nx (X,Z)
i=1 f =finf
L’estimation de la matrice spectrale des données initiales (Fig. 5.8) se fait avec les pa-
ramètres de lissage Ks = 3 et Kf = 1. On décompose ensuite la matrice en vecteurs et valeurs
propres. Au vu de la décroissance des valeurs propres, on décide de garder les deux premières
sections propres qui correspondent chacune à une onde :
Γs,1 = λ1 u1 uH H
1 et Γs,2 = λ2 u2 u2 . (5.30)
Les figures 5.11(a) et (b) montrent les modules de Γs,1 et de Γs,2 (les matrices spectrales de
l’onde 1 et 2). Ainsi, en projetant les données initiales sur le premier vecteur propre u1 , on
obtient l’onde 1 (Fig. 5.9) et sur le deuxième vecteur propre u2 , l’onde 2 (Fig. 5.10).
600
500 500
1000 400
1500 300
2000 200
2500 100
3000
500 1000 1500 2000 2500 3000
Fig. 5.8 – Module de la matrice spectrale des données initiales de taille 3072 × 3072 (avec
3072 = 24 × 64 × 2 = Nx × Nf × Nc )
5 5
5 5
10 10 10 10
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
15 15 15 15
20 20
20 20
25 25
25 25
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Temps Temps Temps Temps
Fig. 5.9 – Onde 1 filtrée avec la méthode Fig. 5.10 – Onde 2 filtrée avec la méthode
MCWB-SMF MCWB-SMF
et la composante Z. On les note Γs,1 et Γs,1 (resp. Γs,2 et Γs,2 ). Les blocs (2)
(X,X) (Z,Z) (X,X) (Z,Z)
et (3) correspondent aux matrices interspectrales de l’onde 1 (resp. 2) contenant les interac-
tions entre les composantes X et Z. On les note Γs,1 et Γs,1 (resp. Γs,2 et Γs,2 ).
(X,Z) (Z,X) (X,Z) (Z,X)
La figure 5.12 montre plusieurs courbes. Les deux premières (en clair) correspondent au
module de la diagonale des blocs (1) et (4) de la matrice spectrale de l’onde 1. Elles permettent
à la fois de déterminer la bande de fréquence L1 = [finf 1 , fsup1 ] utilisée pour l’estimation des
paramètres de polarisation mais aussi de réaliser l’estimation du rapport d’amplitude entre
5.2. Méthode basée sur la matrice spectrale large-bande multicomposante 113
550
500
500 500
450
400
1000 1000
350
(1) (2) (1) (2)
300
1500 1500
250
150
2500 2500 100
Fig. 5.11 – (a) Module de la matrice spectrale de l’onde 1 Γs,1 . (b) Module de la matrice
spectrale de l’onde 2 Γs,2 .
Tab. 5.1 – Valeurs réelles et estimées des rapports d’amplitude et des déphasages ca-
ractéristiques de la polarisation des ondes 1 et 2
les composantes X et Z :
v
u
u Nx fX
X sup1 Γs,1 (i, f )
u 1 (Z,Z)
c1 = t
α . (5.31)
Nx card(L1) Γs,1 (i, f )
i=1 f =finf 1 (X,X)
La troisième courbe (en gras) de la figure 5.12 représente la phase de la diagonale du bloc
(2). Elle permet d’obtenir le déphasage entre les composantes X et Z en réalisant une moyenne
des points de cette courbe sur la fenêtre 1 :
Nx fX
X sup1
1
ϕc1 = arg Γs,1 (i, f ) . (5.32)
Nx card(L1) (X,Z)
i=1 f =finf 1
Les valeurs obtenues pour les paramètres de polarisation des ondes 1 et 2 sont résumées
dans le tableau 5.1. On constate que les résultats sont très satisfaisants car la méthode pro-
posée a permis de réaliser une analyse de polarisation très précise.
114 Chapitre 5. Estimation de la polarisation
−1
−2
Fenetre 1
de taille
−3 card(L1)*Nx
PSfrag replacements
−4
0 200 finf 1 Nx fsup1 Nx 800 1000 1200 1400
Fig. 5.12 – En trait clair, module des diagonales des blocs (1) et (4) de la matrice spectrale
de l’onde 1 (Fig. 5.11(a)). En trait foncé, phase de la diagonale du bloc (2) de la matrice
spectrale de l’onde 1 (Fig. 5.11(a))
−1
−2
Fenetre 2
−3 de taille
card(L2)*Nx
PSfrag replacements
−4
0 200 400 600 finf 2 Nx fsup2 Nx 1200 1400
Fig. 5.13 – En trait clair, module des diagonales des blocs (1) et (4) de la matrice spectrale
de l’onde 2 (Fig. 5.11(b)). En trait foncé, phase de la diagonale du bloc (2) de la matrice
spectrale de l’onde 2 (Fig. 5.11(b))
Voici donc la procédure que nous proposons pour un profil sismique à 2 composantes :
– étape 1 : filtrage du profil sismique par la méthode MCWB-SMF en vue de réduire le
bruit et d’isoler l’onde dont on souhaite faire l’analyse de polarisation,
– étape 2 : à partir de la matrice spectrale de l’onde ainsi séparée, estimation du déphasage
et du rapport d’amplitude entre les deux composantes pour chaque capteur avec la
méthode de la matrice spectrale,
– étape 3 : à partir du profil débruité issu de l’étape 1, estimation du déphasage et du
rapport d’amplitude entre les deux composantes pour chaque capteur avec la méthode
de Flinn.
Dans les cas que nous allons étudier, la polarisation des ondes ne varie pas avec la distance,
par conséquent, pour une onde donnée, on estime le rapport d’amplitude et le déphasage entre
les composantes en réalisant une moyenne des paramètres trouvés sur chaque capteur.
Nous présentons plusieurs courbes d’EAM pour l’estimation de ϕ pour les différents cas
suivants :
– onde polarisée elliptiquement avec ϕ = 0 rad et α = 0.8 : Figure 5.14
– onde polarisée elliptiquement avec ϕ = 0.4 rad et α = 0.8 : Figure 5.15
– onde polarisée elliptiquement avec ϕ = 0.8 rad et α = 0.8 : Figure 5.16
– onde polarisée elliptiquement avec ϕ = 1.2 rad et α = 0.8 : Figure 5.17
0.8
Matrice spectrale Matrice spectrale
Flinn Flinn
0.7
1
0.6
0.8
0.5
EAM
EAM
0.6 0.4
0.3
0.4
0.2
0.2
0.1
0 0
−10 −5 0 5 10 15 −10 −5 0 5 10 15
RSB en dB RSB en dB
Fig. 5.14 – Erreur absolue moyenne pour Fig. 5.15 – Erreur absolue moyenne pour
l’estimation du déphasage en fonction du l’estimation du déphasage en fonction du
RSB (Étude du cas d’une onde avec ϕ = 0 RSB (Étude du cas d’une onde avec ϕ = 0.4
rad et α = 0.8) rad et α = 0.8)
0.5
Matrice spectrale Matrice spectrale
Flinn Flinn
0.45
0.25
0.4
0.35
0.2
0.3
EAM
EAM
0.25 0.15
0.2
0.1
0.15
0.1
0.05
0.05
0 0
−10 −5 0 5 10 15 −10 −5 0 5 10 15
RSB en dB RSB en dB
Fig. 5.16 – Erreur absolue moyenne pour Fig. 5.17 – Erreur absolue moyenne pour
l’estimation du déphasage en fonction du l’estimation du déphasage en fonction du
RSB (Étude du cas d’une onde avec ϕ = 0.8 RSB (Étude du cas d’une onde avec ϕ = 1.2
rad et α = 0.8) rad et α = 0.8)
5.3.1.3 Conclusion
Nous pouvons tirer plusieurs conclusions des courbes d’EAM présentées précédemment.
Tout d’abord, indépendamment de la méthode utilisée, on constate que l’analyse de la po-
larisation est bien évidemment très sensible au bruit et donc les estimations sont meilleures
lorsque le RSB augmente.
5.3. Applications sur des données sismiques simulées et réelles 117
0.5 0.25
Matrice spectrale Matrice spectrale
Flinn Flinn
0.45
0.4 0.2
0.35
0.3 0.15
EAM
EAM
0.25
0.2 0.1
0.15
0.1 0.05
0.05
0 0
−10 −5 0 5 10 15 −10 −5 0 5 10 15
RSB en dB RSB en dB
Fig. 5.18 – Erreur absolue moyenne pour Fig. 5.19 – Erreur absolue moyenne pour
l’estimation du rapport d’amplitude en fonc- l’estimation du rapport d’amplitude en fonc-
tion du RSB (Étude du cas d’une onde avec tion du RSB (Étude du cas d’une onde avec
ϕ = 1 rad et α = 0.2) ϕ = 1 rad et α = 0.6)
0.25
Matrice spectrale
Flinn
0.2
0.15
EAM
0.1
0.05
PSfrag replacements
ϕ 0
−10 −5 0 5 10 15
RSB en dB
Fig. 5.20 – (a) Erreur absolue moyenne pour l’estimation du rapport d’amplitude en fonction
du RSB (Étude du cas d’une avec que ϕ = 1 rad et α = 1)
Pour l’estimation du déphasage, la méthode basée sur la matrice spectrale est toujours beau-
coup plus performante que ne l’est la méthode de Flinn et cela indépendamment de la valeur
du rapport d’amplitude entre les composantes.
Concernant l’estimation du rapport d’amplitude, les performances dépendent de la valeur de
ce rapport. Ainsi, pour des rapports proches de 1 (amplitude de l’onde égale sur les deux
composantes), la méthode de Flinn fournit de meilleurs résultats que la méthode de la ma-
trice spectrale. En revanche, dès que ce rapport s’éloigne de 1 (amplitude différente sur les
composantes), alors la méthode de la matrice spectrale fournit de meilleurs résultats que la
méthode de Flinn.
grenoblois. Dans la partie 4.3, la méthode de séparation MCWB-SMF a permis de séparer les
différents champs d’onde présents, à savoir les deux ondes de Rayleigh, et les ondes réfléchies.
50 50
100 100
150 150
200 200
Distance (m)
Distance (m)
250 250
300 300
350 350
400 400
450 450
500 500
Nous nous proposons de tester l’algorithme d’analyse de polarisation sur l’onde de pseudo-
Rayleigh lente (Fig. 5.21). Cette onde a une polarisation elliptique comme nous le montre le
diagramme de polarisation réalisé entre la composante verticale et la composante horizontale
sur un capteur (Fig. 5.24). Au vu du profil sismique, la polarisation de l’onde semble ne pas
varier en fonction de la distance et les amplitude de l’onde sur les deux composantes semblent
très proches. Ceci est confirmé par l’analyse de polarisation effectuée sur chaque capteur en
utilisant la méthode de la matrice spectrale.
1
180
0.9
160
0.8
140
0.7
120
Rapport d’amplitude
0.6
Dephasage ( °)
100
0.5
80
0.4
60
0.3
40 0.2
20 0.1
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 Distance (m)
Distance (m)
Fig. 5.22 – Estimation du déphasage entre Fig. 5.23 – Estimation du rapport d’ampli-
la composante verticale et la composante ho- tude entre la composante verticale et la com-
rizontale en fonction de la distance posante horizontale en fonction de la distance
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
Composante Verticale
Composante Verticale
0.2 0.2
0 0
−0.2 −0.2
−0.4 −0.4
−0.6 −0.6
−0.8 −0.8
−0.8 −0.6 −0.4 −0.2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 −0.8 −0.6 −0.4 −0.2 0 0.2 0.4 0.6 0.8
Composante Horizontale Composante Horizontale
5.4 Conclusion
L’intérêt de ce chapitre était de proposer une méthode permettant de réaliser une analyse
précise de la polarisation des ondes contenues dans un profil sismique multicomposante.
Après avoir présenté l’intérêt et les différentes façons de réaliser cette analyse de polarisation,
nous avons proposé une méthode utilisant les matrices de rang un issues de la décomposition en
valeurs propres de la matrice spectrale large bande multicomposante. Ainsi, on a pu montrer
que l’information de polarisation des ondes, à savoir le rapport d’amplitude et le déphasage
entre les composantes, se trouve dans les diagonales principales et secondaires de ces matrices.
Cette méthode propose donc une approche fréquentielle qui permet d’estimer les paramètres
de polarisation à toutes les fréquences de la bande du signal et sur tous les capteurs. De plus,
elle ne présente pas les inconvénients que possèdent les approches temporelles qui sont liés
au choix de la fenêtre d’analyse et qui supposent qu’une unique onde est présente dans cette
fenêtre.
Enfin, pour valider cette méthode, nous l’avons comparée sur des données synthétiques à la
méthode de Flinn classiquement utilisée en analyse de polarisation. Les résultats obtenus sont
120 Chapitre 5. Estimation de la polarisation
très encourageants car dans la majorité des cas testés, la méthode proposée est beaucoup plus
performante que la méthode de Flinn.
Chapitre 6
Sommaire
6.1 Méthode à haute résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
6.1.1 MUSIC ou goniomètre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
6.1.2 MUSIC Actif Large-bande (MUSICAL) . . . . . . . . . . . . . . . . 125
6.1.3 Long-Vecteur-MUSIC (LV-MUSIC) : cas des données multicomposantes127
6.2 MultiComponent WideBand MUltiple SIgnal Classification (MCWB-
MUSIC) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
6.3 Étude des performances de MCWB-MUSIC . . . . . . . . . . . . 131
6.3.1 Application de MCWB-MUSIC en sismique . . . . . . . . . . . . . . 131
6.3.2 Nombre de sources détectables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
6.3.3 Étude du pouvoir de résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
6.3.4 Étude de la variance de l’estimateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
6.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
121
122 Chapitre 6. Estimation de la direction d’arrivée des ondes
Après un état de l’art des méthodes existantes, nous proposerons une méthode adaptée à
notre problématique de signaux multicomposantes et nous comparerons ses performances en
terme de variance des estimateurs et de pouvoir de résolution.
Les premières extensions aux signaux vectoriels ont été faites par Schmidt [Sch81] et
Ferrara [FP83] puis par Wong [WZ00] pour l’algorithme MUSIC. Des algorithmes pour es-
timer les DDAs des sources polarisées en électromagnétisme ont été proposés aussi dans
[Hua93, SV93, LS94, NP94b].
Nous allons donc nous intéresser à cette catégorie de méthodes et plus précisément à la
méthode MUSIC et ses dérivées. MUSIC a été développé de façon indépendante aux États-
6.1. Méthode à haute résolution 123
Unis par Schmidt [Sch79, Sch81, Sch86] et en France par Bienvenu et Kopp [BK79, BK83].
Le principe de cette méthode, basée sur la décomposition de la matrice spectrale en deux
sous-espaces signal et bruit, est de réaliser la projection d’un vecteur modèle sur l’espace
restreint au sous-espace bruit.
Nous considérons donc les signaux reçus sur une antenne constituée de Nx capteurs et qui
résultent de la combinaison linéaire de P ondes planes (avec P < Nx ) et d’un bruit supposé
blanc spatialement, gaussien et indépendant des ondes (cf. éq. 2.21) :
P
X
X(f ) = S x (f ) A + B(f ) = Sx p (f )ap + B(f ). (6.1)
p=1
On suppose que le milieu est homogène isotrope, que les ondes sont décorrélées entre elles et
que le bruit est décorrélé des ondes.
On estime la matrice spectrale de taille (Nx , Nx ) définie à chaque fréquence par :
Nous avons vu au paragraphe 2.2.2 que les observations sont contenues dans un espace de
dimension Nx et que dans cet espace, les signaux sources forment un sous-espace de dimension
P . De plus, sous certaines conditions (cf. paragraphe 3.4), la contribution de chaque source
dans la matrice spectrale est donnée par un terme de rang un et coı̈ncide avec un vecteur
propre. La matrice spectrale peut être décomposée en une partie signal Γs (f ) et une partie
bruit Γb (f ) à partir des vecteurs issus de la décomposition en valeurs propres :
P
X Nx
X
Γ(f ) = Γs (f ) + Γb (f ) = λi (f )ui (f )uH
i (f ) + λk (f )uk (f )uH
k (f ). (6.3)
i=1 k=P +1
U s (f ) = [u1 (f ), · · · , uP (f ) ] (6.5)
£ ¤
U b (f ) = uP +1 (f ), · · · , uNx (f ) . (6.6)
124 Chapitre 6. Estimation de la direction d’arrivée des ondes
avec Λs (f ) une matrice diagonale contenant les P plus grandes valeurs propres. Si l’on mul-
tiplie l’équation (6.4) à droite par U b (f ), on obtient :
ce qui implique :
S x (f )H U b (f ) = 0 (6.10)
ou encore en fonction des vecteurs de propagation correspondant à chaque source p :
Sx p (f )H U b (f ) U b (f )H Sx p (f ) = 0. (6.11)
D’après la relation (6.11), on constate que les vecteurs de propagation des ondes sont
orthogonaux au sous-espace bruit. Par conséquent, leur projection sur Π(f ) est nulle. L’algo-
rithme MUSIC exploite cette propriété en réalisant la projection d’un vecteur modèle e(θ, f )
sur l’estimée du sous-espace bruit.
Ce vecteur modèle correspond en fait aux retards sur les différents capteurs associés à la
direction d’observation θ (cf. Fig. 6.1). Le retard introduit sur le capteur i s’exprime comme
suit :
∆ sin(θ)
ξi (θ) = (i − 1) (6.12)
V
avec V la vitesse de propagation de l’onde dans le milieu et ∆ le pas inter-capteur.
Le traitement étant fréquentiel, on applique pour chaque capteur i un déphasage fonction de
la fréquence égal à :
∆ sin(θ)
ψi,θ,f = −2πf ξi (θ) = −2πf (i − 1) = (i − 1)ψθ,f . (6.13)
V
Le vecteur directionnel contient donc les déphasages à appliquer sur les Nx capteurs pour
une direction de visée θ. Ce vecteur, noté e(θ, f ), s’exprime par :
1
..
.
1 −j(i−1)ψθ,f
e(θ, f ) = e . (6.14)
Nx .
..
e−j(Nx −1)ψθ,f
6.1. Méthode à haute résolution 125
Capteur i ∆ i+1
∆ sin(θ)
θ
PSfrag replacements
Ce vecteur modélise l’arrivée d’une onde de direction θ sur l’antenne de capteurs. Les P
directions d’arrivées des ondes correspondent aux minima de la fonctionnelle suivante :
Une première insuffisance de MUSIC tient au fait qu’il est impossible de réaliser l’estima-
tion de l’offset, ou temps de retard, qui correspond au temps de propagation de l’onde entre
la source et le capteur de référence (puisque seul des retards relatifs sont obtenus).
Une deuxième insuffisance de cet algorithme réside dans le fait qu’il travaille en bande étroite.
L’estimation de la direction d’arrivée d’une onde sera correcte si l’on se place à une fréquence
appartenant au spectre de cette onde. Le problème se pose si l’on est en présence de deux
ondes ayant des spectres disjoints. Ainsi, l’estimation de leurs directions d’arrivées fera ap-
paraı̂tre un seul pic si l’on se trouve à une fréquence appartenant à l’une des deux bandes
passantes ou bien aucun pic si l’on est en dehors.
rection d’arrivée et d’autre part de rendre possible l’estimation de l’offset. Cette méthode est
dite ”active” car elle suppose la forme du signal émis wp connue.
Dans notre cas, nous sommes en présence d’une source et de trajets multiples dans le
sol, chaque source de notre modèle correspond en fait à un trajet, par conséquent, on peut
considérer le signal source wp comme égal au signal w émis par la source réelle.
U s = [u1 , · · · , uP ] (6.21)
£ ¤
U b = uP +1 , · · · , uNx . (6.22)
Le principe de l’algorithme MUSICAL se déduit directement de MUSIC classique. On
réalise une projection orthogonale d’un vecteur modèle large bande sur le sous-espace bruit.
Ce vecteur modèle a la forme suivante :
6.1. Méthode à haute résolution 127
w(f1 )e−j2πf1 τ0 e(θ, f1 )T
1 ..
d(θ, τ0 ) = . (6.23)
Nx Nf
w(fN f )e−j2πfN f τ0 e(θ, fN f )T
avec e(θ, f ) le vecteur directionnel bande étroite défini à l’équation (6.14) et w(f ) le signal
émis par la source à la fréquence f .
Ce vecteur d(θ, τ0 ) modélise l’arrivée d’une onde de direction θ et d’offset τ0 sur l’antenne
de capteurs. Ainsi, on cherchera les P maxima de la fonctionnelle suivante :
1
M U SICAL(θ, τ0 ) = (6.24)
d(θ, τ0 )H Π d(θ, τ0 )
avec Π = U b U Hb
. Les estimées des directions d’arrivée et des offsets correspondent aux P
couples de valeur de (θ, τ0 ) qui rendent la fonctionnelle MUSICAL maximale.
Cet algorithme présente l’avantage de pouvoir détecter un nombre de sources plus impor-
tant que l’algorithme MUSIC classique : Nx Nf − 1 au lieu de Nx − 1 sources [Boz96, Gon99].
On considère une source polarisée émettant un champ d’onde stationnaire. Après s’être
propagé ce champ d’onde est enregistré sur une antenne linéaire composée de N x capteurs à
Nc composantes. Toujours par souci de simplification, nous ne considérons que le cas N c = 2
(composante horizontale X et verticale Z). On rappelle l’expression des signaux reçus sur les
deux composantes du capteur i :
P
xi (f ) = Pp=1 ap wp (f )e−j2πf τ0,p e−j2πf ξi (θp ) + bi (f ),
P (6.25)
zi (f ) = Pp=1 αp ejϕp ap wp (f )e−j2πf τ0,p e−j2πf ξi (θp ) + bi (f )
avec αp et ϕp respectivement le rapport d’amplitude et le déphasage entre le signal reçu sur
la composante Z et celui reçu sur la composante X et qui rendent compte de l’état de polari-
sation de l’onde p.
où X(f ) et Z(f ) sont des vecteurs de longueur Nx correspondant à la ième fréquence du signal
reçu sur chacun des Nx capteurs respectivement sur les composantes X et Z.
Cette matrice contient l’ensemble des relations statistiques à l’ordre deux entre toutes
les composantes de tous les capteurs. Elle peut être décomposée en Nx Nc valeurs et vecteurs
propres. Compte-tenu des hypothèses de décorrélation entre les sources, et entre les sources et
le bruit, on peut associer les P premières valeurs propres au sous-espace signal et les N x Nc −P
dernières au sous-espace bruit. On peut alors construire le projecteur orthogonal sur le sous
espace bruit définit par :
Π(f ) = U b (f ) U b (f )H (6.28)
où la matrice U b (f ) contient les Nx Nc − P vecteurs propres correspondant au sous-espace
bruit.
1
LV − M U SIC(θ, f, α, ϕ) = . (6.30)
g(θ, f, α, ϕ)H Π(f ) g(θ, f, α, ϕ)
Pour une fréquence f choisie dans la bande passante du signal, la fonctionnelle admet
des maxima locaux pour des valeurs de (θ, α, ϕ) correspondant aux sources présentes dans le
signal. En faisant varier θ ainsi que les paramètres de polarisation dans un intervalle de valeurs,
avec un pas choisi, on calcule ainsi une hyper-surface. Les paramètres des sources estimées
correspondent aux P premiers maxima de cette hyper-surface. Il est possible d’introduire des
informations a priori sur les sources qui permettent ainsi d’optimiser la recherche et de réduire
le temps de calcul. Par exemple, si les paramètres de polarisation des différentes sources ont été
estimés au préalable (cf. chapitre 5), la fonctionnelle LV-MUSIC se réduit à une fonctionnelle
dépendant d’un seul paramètre. Cependant, cet algorithme possède la même limitation que
l’algorithme MUSIC concernant le choix de la fréquence d’analyse.
direction d’arrivée et d’offset des ondes dans le cas de données reçues sur des antennes de
capteurs multicomposantes.
Comme pour la méthode MUSICAL, la méthode proposée suppose que la forme du signal
émis est connue. Si ce n’est pas le cas, il est possible d’obtenir une estimation de ce signal
par des méthodes de maximum de vraisemblance déterministe [FLC95, Lar92]. L’algorithme
proposé prend en compte l’ensemble de la bande passante des signaux reçus sur les différentes
composantes des capteurs de l’antenne, permettant ainsi d’améliorer les performances de l’es-
timation de la direction d’arrivée et de l’offset.
Nous nous plaçons dans un contexte identique à celui énoncé au chapitre 3 sur le filtrage
matriciel spectral large-bande multicomposante MCWB-SMF. Nous rappelons que le modèle
matriciel des signaux reçus sur les Nc = 2 composantes des Nx capteurs et sur l’ensemble des
Nf bandes de fréquences s’expriment sous la forme :
T =S A+B (6.31)
avec :
– T le long-vecteur des observations de longueur Nx Nf Nc ,
– S une matrice de taille Nx Nf Nc × P dont les colonnes décrivent la propagation des P
ondes reçues sur l’antenne et correspondent aux vecteurs de propagation large-bande
multicomposante,
– A le vecteur de longueur P contenant les atténuations complexes aléatoires des sources ;
– B le vecteur de bruit de longueur Nx Nf Nc . Ces bruit sont supposés aléatoires, indépendants
des signaux sources, blanc temporellement et spatialement et non-polarisé.
Chaque source est caractérisée par les paramètres suivant : θp la direction d’arrivée (DDA),
τ0,p l’offset, et αp et ϕp les paramètres de polarisation.
Γ = E{T T H }. (6.32)
Nous avons vu que cette matrice spectrale peut être décomposée après troncature de rang
en un sous-espace signal et un sous-espace bruit :
Γ = U s Λs U H
s
+ U b Λb U H
b
. (6.33)
Nous devons alors construire un vecteur directionnel large bande multicomposante qui a
la forme suivante :
à !
1 d(θ, τ0 )
h(θ, τ0 , α, ϕ) = (6.34)
Nx Nf Nc αejϕ d(θ, τ0 )
130 Chapitre 6. Estimation de la direction d’arrivée des ondes
avec Πs = U s U H
s
le projecteur sur le sous-espace signal.
Cette fonctionnelle admet des maxima locaux pour des valeurs de (θ, τ0 , α, ϕ) corres-
pondant aux sources présentes dans le signal. En faisant varier θ, τ0 et les paramètres de
polarisation dans un intervalle de valeurs, avec un pas choisi, on calcule ainsi une hyper-
surface. Cette fonctionnelle dépendant de quatre paramètres, la recherche des maxima de
6.3. Étude des performances de MCWB-MUSIC 131
cette hyper-surface devient très vite lourde en calcul si l’on souhaite estimer les paramètres
avec une bonne précision.
En utilisant, la méthode d’estimation de polarisation décrite dans le chapitre 5, il est pos-
sible d’obtenir les paramètres de polarisation (αp ,ϕp ) de chaque onde. On peut alors fixer
les paramètres α et ϕ du vecteur h(θ, τ0 , α, ϕ) aux valeurs ainsi estimées, la fonctionnelle
MCWB-MUSIC devenant ainsi seulement fonction de la direction d’arrivée θ et de l’offset τ 0 .
Composante X Composante Z
0 0
ONDE 1
ONDE 2
ONDE 3
ONDE 4
5 5
10 10
Capteurs
Capteurs
15 15
20 20
25 25
30 30
0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120
Temps Temps
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
peut constater que les valeurs estimées sont très proches des valeurs réelles (pourcentage
d’erreur compris entre 0 et 4%).
−6
x 10
11
coupe offset = 27
coupe offset = 47
coupe offset = 77
coupe offset = 92
10
5
−3 −2 −1 −0.5 0 1.1 2 3
DOA (en echantillons)
la figure 6.8. La majeure partie du bruit a été enlevée des données bruitées.
La fonctionnelle MCWB-MUSIC (Fig. 6.9) est obtenue avec pour la DDA ξ(θ) un pas de
calcul de 0.05 sur l’intervalle [-3 ;3] et pour l’offset τ0 un pas de calcul de 1 sur l’intervalle
[0 ;127]. On constate que les quatre ondes ont été détectées bien que nous n’ayons que quatre
capteurs.
La figure 6.10 correspond à des coupes pour des offsets fixés et égaux à ceux des quatre
ondes. Les valeurs estimées pour la DDA et l’offset des quatre ondes sont récapitulées dans
le tableau 6.2. On peut constater que les valeurs estimées sont assez proches des valeurs
réelles (pourcentage d’erreur compris entre 0 et 20%). La perte de précision par rapport à la
simulation précédente est probablement dû au fait que le nombre de capteurs est faible et que
134 Chapitre 6. Estimation de la direction d’arrivée des ondes
Composante X Composante Z
Composante X Composante Z
Onde 1 0 0
0 0
Onde 2
Onde 3 0.5 0.5
0.5 0.5
Onde 4
1 1
1 1
1.5 1.5
1.5 1.5
2 2
2 2
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
2.5 2.5
2.5 2.5
3 3
3 3
3.5 3.5
3.5 3.5
4 4
4 4
4.5 4.5
4.5 4.5
5 5
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100 5 5
Temps Temps 0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Temps Temps
Fig. 6.6 – Profil du modèle du signal Fig. 6.7 – Profil des données initiales
Composante X Composante Z
0 0
0.5 0.5
1 1
1.5 1.5
2 2
Capteurs
Capteurs
2.5 2.5
3 3
3.5 3.5
4 4
4.5 4.5
5 5
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Temps Temps
1600
coupe pour offset = 21
coupe pour offset = 30
1400 coupe pour offset = 80
coupe pour offset = 46
1200
1000
800
600
400
200
0
−3 −2 −1 −0.5 0 0.8 1 2 3
DOA (en echantillons)
5 5
5 5
10 10 10 10
Capteurs
Capteurs
Capteurs
Capteurs
15 15 15 15
20 20 20 20
Onde 1
25 25 25 25
Onde 2
30 30 30 30
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Temps Temps Temps Temps
Fig. 6.11 – Profil du modèle du signal Fig. 6.12 – Profil des données initiales
Les résultats de MUSIC classique appliqué indépendamment sur les deux composantes
sont présentés en trait discontinu sur la figure 6.13. On observe qu’en appliquant MUSIC
classique sur la composante X, la fonctionnelle ne présente qu’un seul pic, correspondant à
une valeur moyenne des DDAs théoriques des deux ondes (retard d’environ -0.1 échantillon).
Sur la composante Z, on observe à nouveau un seul pic centré sur le retard 0.
En revanche, l’algorithme MCWB-MUSIC (en trait plein sur les figures 6.13 à 6.15) réalise
une bonne détection des deux ondes bien que l’un des pics ne soit pas parfaitement bien posi-
tionné à la valeur théorique (traits verticaux). Pour l’onde de retard ξ(θ) = −0.2 échantillons,
la DDA estimée est bien de −0.2 mais pour l’onde de retard ξ(θ) = 0.0 échantillons, la DDA
estimée est de 0.04.
Les résultats obtenus avec l’algorithme large bande MUSICAL appliqué indépendamment
sur les deux composantes sont présentés en trait discontinu sur la figure 6.14. Sur les compo-
santes X et Z, la forme des courbes laisse penser qu’il y a deux ondes présentes mais il est
difficile de donner avec précision leur DDA.
Enfin, la figure 6.15 montre les résultat obtenus avec l’algorithme LV-MUSIC en trait dis-
continu. L’algorithme étant multicomposante, l’estimation se fait conjointement sur les deux
composantes. On obtient alors un unique pic au niveau de l’onde 1 (DDA=0). La forme du
pic ne laisse pas penser qu’il y a deux ondes dans l’enregistrement et il est donc impossible
d’estimer la DDA de la deuxième onde.
1
MCWB−MUSIC
MUSIC sur la composante X
0.9 MUSIC sur la composante Z
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−2 −1.5 −1 −0.5 −0.2 0 0.5 1 1.5 2
DOA en echantillons
1
MCWB−MUSIC
MUSICAL sur la composante X
0.9 MUSICAL sur la composante Z
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−2 −1.5 −1 −0.5 −0.2 0 0.5 1 1.5 2
DOA en echantillons
Sur la figure 6.16, nous avons représenté l’erreur quadratique moyenne pour l’estimation
de la DDA avec les algorithmes cités ci-dessus. L’expression utilisée est la suivante :
1 ³ b
´2
EQMθ = θ−θ (6.39)
N
138 Chapitre 6. Estimation de la direction d’arrivée des ondes
1
MCWB−MUSIC
LV−MUSIC
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−2 −1.5 −1 −0.5 −0.2 0 0.5 1 1.5 2
DOA en echantillons
−2
10
MCWB−MUSIC
MUSIC
MUSICAL
LV−MUSIC
−3
10
EQM
−4
10
−5
10
−18 −16 −14 −12 −10 −8 −6 −4 −2 0
RSB (dB)
6.4 Conclusion
Dans cette partie, nous avons proposé une méthode permettant d’estimer des attributs
importants des ondes sismiques, à savoir leur direction d’arrivée (DDA) et leur temps d’ar-
rivée sur l’antenne (offset). La technique proposée se devait d’être adaptée à notre problème
de signaux large bande reçus sur des antennes de capteurs multicomposantes. C’est pourquoi,
nous avons décidé de réaliser une extension de l’algorithme Haute Résoltution MUSIC pour
l’adapter à notre cas.
Nous nous sommes concentrés sur les méthodes dites à Haute Résolution, car elles présentent
l’avantage d’être en théorie de résolution infinie. Une des méthodes HR les plus performantes
est la méthode MUSIC. Cette méthode a suscité beaucoup d’intérêt et de nombreuses exten-
sions de cette méthode ont été proposées dans la littérature. Nous nous sommes plus parti-
culièrement intéressés à deux d’entre elles, appelées MUSICAL et LV-MUSIC. La première
est en fait une extension au cas large bande ce qui permet conjointement une estimation de
l’offset et de la DDA et la deuxième est une extension au cas multicomposante. Chacune de
ces deux extensions améliore les performances de l’algorithme.
Traitant des signaux large bande reçus sur des antennes multicomposantes, un développe-
ment logique a été de proposer une extension de l’algorithme MUSIC classique au cas large
bande multicomposante. La méthode s’appelle donc MCWB-MUSIC pour MultiComponent
WideBand-MUSIC. Cette méthode est basée sur une projection d’un vecteur directionnel
large bande multicomposante sur le sous-espace signal issu de la décomposition de la matrice
spectrale large bande multicomposante.
Après avoir comparé les performances de l’ensemble de ces algorithmes en terme de va-
riance des estimateurs et de pouvoir de résolution, nous arrivons à la conclusion que la prise en
compte de l’information de polarisation et de la cohérence fréquentielle des signaux améliore
fortement les performances statistiques de l’estimateur de la DDA et permet de réaliser une es-
timation de l’offset. Le tableau (6.4) récapitule les différentes extensions de MUSIC présentées
dans ce manuscrit avec pour chacune d’elles ses avantages et inconvénients.
140
Méthodes Type Matrice Vecteur Avantages Inconvénients Références
spectrale directionnel
MUSIC 1C N c · Nf e(θ, f ) = - Méthode type HR - Bande étroite [Sch79, Sch81]
1
MUltiple bande matrices . - Pas d’estimation de l’offset [Sch86, BK79]
.
étroite de taille .
- Choix de la fréquence [BK83]
SIgnal
−j(i−1)ψθ,f
1/Nx e
N x × Nx d’analyse
Classification .
.
.
−j(Nx −1)ψθ,f
e
MUSICAL 1C Nc matrices d(θ, τ0 ) = - Large Bande - Connaissance du signal source [Gou94, GB95]
w(f1 )e−j2πf1 τ0 e(θ, f1 )
MUSIC Actif large de taille - Estimation de l’offset
.
1/Nx Nf .
Large bande bande N x Nf × N x Nf .
−j2πfN f τ0
w(fN f )e e(θ, N f )
avec θ la direction d’arrivée, τ0 l’offset, ψθ,f le déphasage entre deux capteurs successifs, w(f ) la forme de la source émise à la fréquence f et α et ϕ les paramètres de polarisation
Conclusions et perspectives
Dans ce travail de recherche, nous nous sommes intéressés à établir de nouvelles méthodes
de séparation et de caractérisation des ondes pour le traitement des signaux sismiques multi-
composantes. Le contexte de notre étude est celui de la prospection sismique où l’on dispose
d’un ensemble de signaux reçus sur une antenne de capteurs à plusieurs composantes. Les
traitements proposés se devaient de prendre en compte l’intégralité de l’information dispo-
nible en vue d’améliorer les performances par rapport aux méthodes existantes. L’efficacité
des algorithmes proposés a été illustrée sur des données synthétiques mais aussi réelles, pro-
venant de campagnes sismiques.
141
142 Conclusions
sa capacité à améliorer la qualité de la séparation des ondes sur des profils multicomposantes.
Les perspectives de ces travaux sont multiples et nous pouvons les classer en deux grands
types : les unes liées à des méthodes de traitement de signal, les autres liées à la physique.
Une première perspective intéressante serait le passage des statistiques d’ordre deux
aux statistiques d’ordre supérieur (SOS). En effet, l’hypothèse de bruit blanc émise par les
méthodes basées sur la matrice spectrale est assez restrictive et cette hypothèse n’est en réalité
pas toujours vérifiée dans le cas de la sismique. Un moyen de passer outre cette contrainte sur le
bruit serait d’utiliser les statistiques d’ordre supérieur. Ces statistiques présentent l’avantage
majeur de s’annuler dans le cas de signaux gaussiens. Ainsi, sous des hypothèses beaucoup
plus réalistes de bruit gaussien coloré, cette extension présenterait certainement un réel intérêt.
Une deuxième perspective, à plus long terme, serait l’utilisation d’une modélisation ten-
sorielle plutôt que la modélisation long-vecteur des données telle que cela a été proposé dans
ce travail. En effet, bien que l’approche long-vecteur ait de nombreux avantages, notamment
sa simplicité et son adaptabilité aux algorithmes développés dans le cas scalaire, on pour-
rait envisager une version tensorielle des algorithmes basés sur la matrice spectrale. Ainsi,
la séparation et la caractérisation des ondes se feraient à partir de la décomposition de type
PARAFAC ou TUCKER d’un tenseur spectral large bande multicomposante. Bien que cette
modélisation serait très coûteuse en temps de calcul et en place mémoire, elle aurait certai-
nement de nombreux avantages, en permettant notamment de garder la cohérence trimodale
(distance, fréquence, composante) des données.
Enfin, d’autres perspectives sont liées à la physique. Il pourrait être intéressant de tra-
vailler non pas directement sur les signaux de déplacements issus des capteurs sismiques, mais
sur des variations de ces déplacements suivant deux directions de l’espace sur la surface du
sol. Ces variations permettent alors de construire deux quantités utiles pour l’analyse des
champs d’ondes, le divergent et le rotationnel du vecteur déplacement. Ces deux quantités
sont fondamentales car directement liées à l’équation des ondes.
Pour finir, et par souci de répondre au mieux aux problématiques actuelles, il serait en-
visageable d’intégrer dans notre traitement une quatrième dimension qui est la dimension
temporelle liée à la répétition des mesures sismiques à différents moments. En effet, les me-
sures sismiques répétées dans le temps peuvent aider à suivre l’état de réservoirs de pétrole
ou de gaz en cours d’exploitation. Il serait alors judicieux d’ajouter cette dimension dans
nos traitement, par le biais, soit d’une modélisation long-vecteur, soit tensorielle pour ainsi
permettre de suivre l’évolution des réservoirs.
144 Conclusions
Bibliographie
145
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