Procédure de Sauvegarde Des Entreprises en Difficulté.
Procédure de Sauvegarde Des Entreprises en Difficulté.
Procédure de Sauvegarde Des Entreprises en Difficulté.
de licence fondamentale
A mes chers parents, pour tous leurs sacrifices, leur amour, leur tendresse, leur soutien et
leurs prières tout au long de mes études.
A toute ma famille pour leur soutien tout au long de mon parcours universitaire.
Que ce travail soit l’accomplissement de vos vœux tant allégués, et le fuit de votre soutien
infaillible.
Amine
2
REMERCIEMENTS
Enfin, je remercie mes amis qui ont toujours été là pour moi. Leur soutien inconditionnel
et leurs encouragements ont été d’une grande aide.
3
SOMMAIRE
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : La procédure de sauvegarde (Dispositions
générales)
Chapitre 1 : Finalité et caractéristiques de la procédure de sauvegarde
Section 1 : Les caractéristiques de la procédure de sauvegarde
Section 2 : Finalité de la procédure de sauvegarde
Chapitre 2 : Conditions d’ouverture de la procédure de sauvegarde
Section 1 : Les conditions objectives et subjectives
Section 2 : Les conditions procédurales
DEXIEME PARTIE : Le déroulement de la procédure
Chapitre 1 : Le jugement d'ouverture de la procédure de sauvegarde
Section 1 : L’adoption du jugement d'ouverture
Section 2 : Les effets de jugement d’ouverture
Chapitre 2 : Le plan de sauvegarde
Section 1 : L'élaboration du plan de sauvegarde
Section 2 : L'adoption du plan de sauvegarde
CONCLUSION
TABLE DES MATIERES
BIBLIOGRAPHIE
4
Principales abréviations
Annexe Ann.
Article art.
Avril avr.
Bulletin Officiel BO
Cassation cass.
Chambre ch.
Code de commerce C. com.
Commissaire comm.
Édition éd.
Général gén.
Loi L.
Octobre oct.
Page p.
Président prés.
Règlement règl.
Tribunal de commerce T. com.
5
INTRODUCTION
Comme vous le savez, l’entreprise, à l’instar d’une personne physique, a une vie pendant
laquelle elle peut se trouver face à des incidents qui peuvent mettre en péril sa pérennité. Les
causes sont multiples : elles peuvent être d’ordre interne comme la défaillance du système de
gouvernance, les conflits sociaux ou des difficultés financières ; mais elles peuvent également
être d’origine externe comme la survenance de crise économique, les problèmes du marché
ou autres.
Les premières à être touchées par ces difficultés sont les petites et moyennes entreprises,
car elles sont en général sous capitalisées et n’ont pas les compétences nécessaires pour les
confronter. De même, la défaillance d’une entreprise d’une certaine taille, peut avoir des
conséquences graves, non seulement sur l’emploi, mais aussi sur l’activité économique de son
marché. Il est courant que les termes de « défaillance » et « difficulté » soient confondus.
Toutefois, la défaillance fait référence un degré de difficultés important.
Etant donné que l’entreprise est le pilier de tout tissu économique, sa vie devient la
préoccupation essentielle du législateur. C’est ici où le droit des entreprises en difficulté entre
en jeu, dans la mesure où il offre des outils à l’entreprise afin ,de prévenir les difficultés avant
que sa situation ne soit sérieusement compromise ,d’organiser judiciairement son sauvegarde
lorsqu’ elle justifie de difficultés qu’elle n’est pas en mesure de surmonter, d’organiser
judiciairement son redressement lorsqu’elle est en situation de cessation de paiement, et enfin
de procéder à sa liquidation judiciaire lorsque sa situation est irrémédiablement compromise.
Ce droit est régit par le nouveau livre 5 du code de commerce sous l’appellation Les
procédures des difficultés de l’entreprise institué par la loi 73-17 du 19 avr. 2018 qui a abrogé
et remplacé le livre 5 de la loi 15-95 promulgué par le Dahir du 1er Août 1996 relatif au code
de commerce régissant particulièrement les difficultés de l’entreprise. En effet, Cette
législation nouvelle répond à la nécessité d’adaptation des entreprises marocaines aux
exigences de l’environnement économique et financier et doit alors, pour être efficace,
prendre en considération toutes les difficultés que peuvent rencontrer celles-ci, sans attendre
leur traduction financière.
6
On peut affirmer que le droit marocain des entreprises en difficulté institue, désormais, un
changement des mentalités à l’égard des entreprises en difficultés ; l’accent étant désormais
mis sur la prévention de l’entreprise et sur la nécessité de sauvegarder l’entreprise en tant
qu’entité viable et génératrice d’emplois.
1
CHALAT Alaedine, « la procédure de sauvegarde : étude comparée », mémoire de master « juriste
d’affaires », F.S.J.E.S Souissi- Rabat, sous la direction du Pr. Farid KHALIDI, année universitaire : 2017-2018,
P.6.
2
Le code de commerce marocain de 1913 a concrétisé la notion de la faillite : « » االفالس, ce dernier était un droit
purement sanctionnateur, tendant la réalisation de l’actif pour le seul but de payer le passif du débiteur failli.
3
SQUALLI Ibraim, « la sauvegarde des entreprises en difficulté : l’approche marocaine et comparée », thèse
en vue de l’obtention du grade de doctorat en droit privé, FSJES-FES, sous la direction du professeur Abdellah
MAGHRICH, année universitaire 2016- 2017, P.6.
4
Loi. n° 15-95 formant C.Com marocain, promulguée par le Dahir n° 1-96-83 du 15 rabii 1417 (1 août 1996).
7
Il fallait attendre donc, la loi n° 73-175 en vertu de laquelle le législateur marocain a
essayé de donner un nouveau souffle au droit des entreprises en difficulté, et ce, à travers une
conciliation entre deux intérêts purement conflictuels, ceux du débiteur en difficulté, qui
cherche à être a sauvé dans les meilleures conditions possibles d’une part, et les créanciers
qui en attente, dont le règlement de leurs créances représente une priorité vitale pour eux.
L’apport certainement le plus emblématique de la réforme, l’introduction d’un nouveau mode
de règlement des difficultés révolutionne l’approche des procédures collectives. Une nouvelle
procédure constitue le vif de notre sujet à savoir la procédure de sauvegarde.
A cet égard, la procédure de sauvegarde est considérée comme une procédure qui est
venue substituer la logique de sanction à une logique d’accompagnement et d’assistance. Elle
s’inspire de la loi française du 26 Juillet 2005 qui, à son tour, s’inspire du fameux chapitre 11
américain sur les procédures collectives.
L’étude de ce sujet est d’une importance cruciale, dans la mesure où il permet de mettre la
lumière sur la sauvegarde, comme procédure (nouvelle au Maroc) hydrique, à mi-chemin
entre une procédure purement préventive, légères et sans grande efficacité, et les procédures
collectives-redressement ou liquidation-réservées aux entreprises en état de cessation de
paiement, fortement marquées par l’exorbitance de leur régime juridique, par la contrainte et
la rigueur de leurs dispositions.
Est-ce que la procédure de sauvegarde apporte elle un traitement efficace et radical, et ce,
pour satisfaire les différents intervenants en la matière ?
5
La loi n° 73-17 du 23 avr. 2018 modifiant et complétant le livre V du code de commerce relatif au droit des
entreprises en difficulté.
8
Pour répondre à cette problématique, nous traiterons dans un premier temps la procédure
de sauvegarde, et ses dispositions générales dans une première partie(I), pour ensuite mettre
le point sur le déroulement de la procédure dans une deuxième partie(II).
9
PREMIÈRE PARTIE :
LA PROCÈDURE DE SAUVEGARDE
(DISPOSISIONS GÈNÈRALES)
Il s’agit donc d’une procédure préventive volontariste réservée au chef d’entreprise, a pour
but de préserver l’entreprise en difficulté (chapitre1). Cette procédure est ainsi réservée au
débiteur qui n’est pas en cessation des paiements, comme en témoignent ses conditions
d’ouverture (chapitre2).
6
C.com. art. 560
7
Lethielleux, Laetitia , D r o i t d e s e n t r e p r i s e s e n d i f f i c u l t é , Gualino.éd 2012, p88
10
Chapitre 1 : Finalité et caractéristiques de la procédure de
sauvegarde
Outre le but ultime qui est de favoriser la réorganisation de l'entreprise conformément au plan
fixé par le tribunal, la procédure de sauvegarde a pour objectifs de neutraliser la situation
financière de l’entreprise et assurer la continuité d’exploitation (Section 2).
Aux termes de l’article Article 561 du code de commerce La procédure de sauvegarde peut
être ouverte sur demande de toute entreprise qui, sans être en état de cessation des paiements,
justifie de difficultés qu’elle n’est pas en mesure de surmonter de nature à la conduire à la
cessation des paiements.
Il s'agit donc d'une procédure préventive, destinée à anticiper la survenance d'une cessation
des paiements (paragraphe2). De fait, elle a un caractère nécessairement volontariste et ne
peut donc être ouverte qu'à la seule demande du débiteur (paragraphe1).
8
C.com .art. 561
11
ses impératifs. Son avantage est qu’elle ne dépouille pas le chef de l’entreprise de ses
attributions et pouvoirs9.
C'est donc au débiteur, et à lui seul, qu'incombe le choix de faire appel au juge pour
trouver une solution à ses difficultés. Le tribunal ne peut donc jamais ouvrir une procédure de
sauvegarde à la demande d'un créancier, voire du ministère public. Ce pouvoir discrétionnaire
de demande d’ouverture de la sauvegarde exprime la volonté de responsabiliser le débiteur et
de l’encourager dans une démarche d’anticipation des difficultés de l’entreprise. Demander
l’ouverture de sauvegarde peut être vu comme un acte de gestion responsable en présence de
difficultés graves et insurmontables mettant l’entreprise en danger10.
Pour une entreprise qui n’est pas en cessation des paiements, mais qui rencontre des
difficultés insurmontables, il est possible de demander une procédure de sauvegarde. Le but
étant de traiter le plus en amont possible les difficultés de l’entreprise, contrairement au
redressement où la situation est déjà extrêmement délicate et a de fortes probabilités d’aboutir
sur une procédure de liquidation judiciaire.
9
Farhi, Sarah , L e s p r o c é d u r e s c o l l e c t i v e s a p r è s l a l o i P A C T E , Gualino.éd 2019, p16
10
Henry, Laurence-Caroline Antonini-Cochin, Laetitia , L ' e s s e n t i e l d u d r o i t d e s e n t r e p r i s e s e n
d i f f i c u l t é , Gualino.éd 2019, p65
11
C.com. art. 560
12
dispositions particulières. Les deux procédures sont similaires et ont des objectifs communs :
neutraliser la situation financière de l’entreprise, en optimisant l’actif du débiteur, il faut
maîtriser son passif (paragraphe1) et assurer la continuation de l’exploitation (pargraphe2).
Dès lors que le débiteur connaît des difficultés de nature à le conduire à la cessation des
paiements, il est engagé dans un processus financier dont la poursuite le conduirait à une telle
situation. Il convient donc, dès l’ouverture de la procédure de sauvegarde, de rompre ce processus
financier pour éviter la cessation des paiements : tout en optimisant l’actif du débiteur (A), il faut
maîtriser son passif (B).
A. Optimiser l’actif
12
C.com .art. 710
13
C.com .art. 711
13
2. Aux dépens des associés
Si, du fait des pertes constatées dans les documents comptables, les capitaux propres sont
inférieurs au quart du capital social, l’assemblée est d’abord appelée à reconstituer ces
capitaux à concurrence du montant proposé par le syndic et qui ne peut être inférieur au quart
du capital social. Elle peut également être appelée à décider la réduction et l’augmentation du
capital en faveur d’une ou plusieurs personnes qui s’engagent à exécuter le plan14.
L’exécution des engagements pris par les actionnaires ou associés, ou par de nouveaux
souscripteurs est subordonnée à l’acceptation du plan par le tribunal. À défaut, les clauses
d’agrément sont réputées non écrites. À cette fin, toute clause exigeant l’acceptation de
l’entreprise ou des associés pour la cession parts sociales, titres de capital ou valeurs
mobilières est réputée non écrite.
Les revendications, qui consistent à faire reconnaître le droit de propriété, sont touchées
par le particularisme des procédures collectives davantage que la simple restitution d’un bien
dont la propriété n’est pas contestable.
La revendication des meubles ne peut être exercée que dans le délai de trois mois suivant
la publication du jugement ouvrant la procédure de redressement ou de liquidation
judiciaire15. Le propriétaire d’un bien est dispensé de faire reconnaître son droit de propriété
lorsque le contrat portant sur ce bien a fait l’objet d’une publicité 16.
Peuvent être récupérées, si elles existent en nature, en tout ou partie, les marchandises dont
la vente a été résolue antérieurement au jugement ouvrant la procédure soit par décision de
justice, soit par le jeu d’une condition résolutoire acquise 17. Peuvent être récupérées
également les marchandises expédiées à l’entreprise tant que la tradition n’en a point été
effectuée dans ses magasins ou dans ceux du commissionnaire chargé de les vendre pour le
14
Vidal, Dominique Giorgini, Giulio Cesare , C o u r s d e d r o i t d e s e n t r e p r i s e s e n d i f f i c u l t é
, Gualino.éd 2016, pt213
15
C.com. art. 700
16
C.com. art. 701
17
C.com. art. 702
14
compte de l’entreprise18. Peuvent être récupérées, à condition qu’elles se retrouvent en nature,
les marchandises consignées à l’entreprise, soit à titre de dépôt, soit pour être vendues pour le
compte du propriétaire19. Peuvent également être récupérés, s’ils se retrouvent en nature au
moment de l’ouverture de la procédure, les biens vendus avec une clause de réserve de
propriété subordonnant le transfert de propriété au paiement intégral du prix 20.
Néanmoins, la revendication n’est pas recevable si, avant leur arrivée, les marchandises
ont été vendues sans fraude, sur factures ou titres de transport réguliers. Ainsi, dans tous les
cas, il n’y a pas lieu à revendication si le prix est payé immédiatement21. Si le bien dont le
vendeur a réservé la propriété est revendu, peut être revendiqué le prix ou la partie du prix qui
n’a pas été payée, ni fait l’objet d’une remise de lettre de change, de billet à ordre ou d’un
chèque, ni inscrit en compte courant entre le débiteur et l’acheteur à la date du jugement
ouvrant la procédure22.
3.2. La restitution
L’action en restitution est facultative, la demande en restitution n’est enfermée dans aucun
délai. L’action en restitution a pour objet la remise du bien. Elle est ouverte à celui qui
invoque un droit de propriété dont le titre est reconnu. Lorsque cette reconnaissance résulte
d’une action en revendication, nous avons vu que l’action en revendication emporte de plein
droit demande en restitution. L’action en restitution proprement dite se rencontre donc dans le
cas où le droit de propriété est reconnu sans action en revendication 23 .
Ainsi, le propriétaire d’un bien est dispensé de faire reconnaître son droit de propriété
lorsque le contrat portant sur ce bien a fait l’objet d’une restitution sans action en
revendication 24. Cette disposition intéresse au premier chef le crédit-bailleur, mais elle peut
concerner d’autres contrats.
18
C.com. art. 703
19
C.com. art. 704
20
C.com. art. 705
21
C.com. art. 707
22
C.com. art. 709
23
Vidal, Dominique Giorgini, Giulio Cesare , C o u r s d e d r o i t d e s e n t r e p r i s e s e n d i f f i c u l t é
, Gualino.éd 2016, pt215.
24
C.com. art. 701
15
B. Maîtriser le passif
Dès lors que les difficultés de l’entreprise comportent un passif exigible ou susceptible de
l’être, il faut pouvoir le tenir à l’écart. Par passif« général », on entend le passif antérieur à
l’ouverture de la procédure collective autre que celui qui résulte de créances salariales. Ce
créancier antérieur au jugement d’ouverture est la victime de choix de la défaillance du
débiteur, sacrifié au titre de la discipline collective de la procédure et en faveur du
financement de la période d’observation et de la recherche d’un redressement. Ce «
cantonnement » des créances antérieures a un effet immédiat, le gel du passif antérieur (1),
lequel est suivi d’un effet durable manifesté par un régime strict de déclaration et de
vérification des créances (2).
1. Le « gel » du passif
Tout acte ou tout paiement passé en violation des dispositions de l’article précédent est
annulé à la demande de tout intéressé, présentée dans un délai de trois ans à compter de la
conclusion de l’acte ou du paiement de la créance. Lorsque l’acte est soumis à publicité, le
délai court à compter de celle-ci28.
25
Vidal, Dominique Giorgini, Giulio Cesare , C o u r s d e d r o i t d e s e n t r e p r i s e s e n d i f f i c u l t é
, Gualino.éd 2016, pt284
26
C.com. art. 690
27
C.com. art. 690
28
C.com. art .691
16
1.2. L’arrêt des poursuites individuelles
Les instances en cours sont suspendues jusqu’à ce que le créancier poursuivant ait procédé
à la déclaration de sa créance. Elles sont alors reprises de plein droit, le syndic dûment appelé,
mais tendent uniquement à la constatation des créances et à la fixation de leur montant32.
Le jugement d’ouverture arrête le cours des intérêts légaux et conventionnels, ainsi que
tous intérêts de retard et majorations. L’arrêt du cours des intérêts est définitif, y compris dans
le cas où l’entreprise bénéficierait d’un plan; c’est donc une « suppression » des
intérêts.33Ainsi que les hypothèques, nantissements, privilèges ne peuvent plus être inscrits
postérieurement au jugement d’ouverture de la procédure34.
Tous les créanciers dont la créance a son origine antérieurement au jugement d’ouverture
de la procédure, à l’exception des salariés, adressent la déclaration de leurs créances au
syndic 35. La déclaration porte le montant de la créance due au jour du jugement d’ouverture
de la procédure en précisant dans le cas de redressement judiciaire la partie due à terme. Elle
précise la nature du privilège ou de la sûreté dont la créance est éventuellement assortie.
29
C.com. art. 686
30
C.com. art. 686
31
C.com. art. 686
32
C.com. art. 687
33
Vidal, Dominique Giorgini, Giulio Cesare , C o u r s d e d r o i t d e s e n t r e p r i s e s e n d i f f i c u l t é
, Gualino.éd 2016, pt192.
34
C.com. art .699
35
C.com. art. 719
17
La déclaration contient également, les éléments de nature à prouver l’existence et le
montant de la créance si elle ne résulte pas d’un titre ; à défaut, une évaluation de la créance
si son montant n’a pas encore été fixé ; les modalités de calcul des intérêts pour le cas où leur
cours reprendrait dans l’exécution d’un plan de continuation ; l’indication de la juridiction
saisie si la créance fait l’objet d’un litige 36.
Le chef d’entreprise remet au syndic la liste certifiée de ses créanciers et du montant de ses
dettes huit jours au plus tard après le jugement d’ouverture de la procédure, sauf lorsque la
procédure a été ouverte sur sa demande 37.
36
C.com. art .721
37
C.com. art. 722
38
Vidal, Dominique Giorgini, Giulio Cesare , C o u r s d e d r o i t d e s e n t r e p r i s e s e n d i f f i c u l t é
, Gualino.éd 2016, pt197.
39
C.com. art. 566
18
Chapitre 2 : Conditions d’ouverture de la procédure de
sauvegarde
Une distinction est jugée primordiale entre les critères objectifs, liés au déclenchement de la
procédure de sauvegarde d’une part (paragraphe 1), et les critères subjectifs de cette dernière
(paragraphe 2).
Ainsi, l’interdiction pour une entreprise déjà en cessation des paiements de bénéficier
d'une procédure de sauvegarde explique l'obligation faite au tribunal de convertir la procédure
40
Lethielleux, Laetitia , D r o i t d e s e n t r e p r i s e s e n d i f f i c u l t é , Gualino.éd 2012,p14
41
Coquelet, Marie-Laure, Entreprises en difficulté. Instruments de paiement et de crédit , Dalloz.
Ed 2017, p82.
19
de sauvegarde en procédure de redressement judiciaire s'il est découvert, après coup, une
cessation des paiements antérieure au prononcé du jugement d'ouverture de la sauvegarde 42.
La situation financière désignée sous le nom de « cessation des paiements » a été définie
par le législateur marocain à l’article 575 du Code de commerce, une entreprise est en état de
cessation des paiements lorsqu'il lui est impossible « de faire face à son passif exigible au
moyen de son actif disponible ». De même l’article 561 stipule que « La procédure de
sauvegarde peut être ouverte sur demande de toute entreprise qui, sans être en état de
cessation des paiements, justifie de difficultés qu’elle n’est pas en mesure de surmonter de
nature à la conduire à la cessation des paiements».
La cessation des paiements a donc un rôle important comme une valeur de démarcation43
(A). Il est important alors de distinguer l'état de cessation des paiements d'autres difficultés
rencontrées par l'entreprise (B).
A. La cessation de paiement
L'existence d'une cessation des paiements suppose la réunion de deux éléments, le premier
est l’existence d’un passif exigible. Ce dernier, ne doit pas permettre de faire face à l’actif
disponible de l’entreprise44.
La notion de « passif exigible» comprend l'ensemble des dettes certaines dont l'existence
actuelle est incontestable, liquides dont la valeur est déterminée ou déterminable
et exigibles dont le terme est échu même si les tiers créanciers n'ont rien réclamé. Le passif
exigible correspond donc au passif échu de l'entreprise au jour du jugement d'ouverture de la
procédure. Il vise le passif qui n'a pas été payé alors qu'il aurait dû l'être45.À titre d'exemples,
le montant d'un prêt bancaire dont l'échéance du remboursement n'est pas encore survenue au
jour où le tribunal statue sur la demande d'ouverture de la procédure de redressement
42
C.com. art. 564
43
Ann.
44
C.com. art. 575
45
Coquel et, Marie-Laure, Entreprises en difficulté. Instruments de paiement et de crédit, Dalloz.
Ed 2017, p85.
20
judiciaire ou de liquidation judiciaire. Ainsi, la notion de passif exigible devait s'entendre d'un
passif exigé, c'est-à-dire dont le paiement a été réclamé, dans les faits, par le créancier 46.
D’après l’article 561 du code de commerce, la procédure de sauvegarde peut être ouverte
sur demande de toute entreprise qui, sans être en état de cessation des paiements, justifie de
difficultés qu’elle n’est pas en mesure de surmonter de nature à la conduire à la cessation des
paiements.
D'une manière générale, les « difficultés que l'entreprise ne peut pas surmonter seule »
correspondent aux événements ou circonstances suffisamment graves pour ne pas être
résolues par les seuls moyens de l'entreprise, exclusion donc faite de la prise en compte de
l'aide éventuelle de tiers (par exemple, la garantie qu'un groupe pourrait fournir à l'entreprise
sujette à ce type de difficultés.
46
La Cour de cass. française (Com. 25 nov. 2008, D. 2009. AJ 17, obs. A. Lienhard)
47
Coquelet, Marie-Laure, Entreprises en difficulté. Instruments de paiement et de crédit ,
Dalloz. Ed 2017, p86.
21
La nature (sociale, juridique, comptable, économique ou financière) desdits événements
importe peu, alors que la survenue de la cessation des paiements résulte exclusivement de la
caractérisation d'une situation comptable et financière précise, l'insuffisance de l'actif
disponible pour faire face au passif exigible. Plus précisément, pour la jurisprudence
(françaises), les difficultés insurmontables ne visent ni des empêchements anodins ou de
simples difficultés passagères, ni, à l'inverse, une situation telle qu'on puisse en déduire la
survenance d'une cessation des paiements, qu'elle soit immédiate, imminente, ou même plus
lointaine. C'est la raison pour laquelle l'établissement d'un lien entre les difficultés
insurmontables et l'éventualité d'une cessation des paiements, et donc de problèmes à
caractère comptable, financier ou économique, n'est aucunement requis pour caractériser ces
difficultés.
Par ailleurs, les difficultés insurmontables, sauf si elles ont été précédées d'une cessation des
paiements, ouvrent le droit de demander à bénéficier de la procédure de sauvegarde, alors que
la survenue de la cessation des paiements exclut cette procédure et impose de solliciter
l'ouverture d'une procédure collective, selon le cas, soit de redressement, soit de liquidation
judiciaire48.
2. L’insolvabilité
L'insolvabilité est l'état d'une entreprise dont l'ensemble du passif est supérieur à l'ensemble
des éléments d'actif. Concrètement, cette situation est caractérisée par l'absence de ressources
ou de biens saisissables propres à l'entreprise permettant d'apurer l'ensemble de ses dettes, ne
serait-ce que de façon échelonnée. Parvenir au constat d'insolvabilité revient donc à apprécier
la situation de l'entreprise à l'aune de son entier patrimoine, c'est-à-dire en fonction de la
totalité de ses créances et biens (principalement, de ses biens meubles et immeubles,
corporels et incorporels) formant son entier actif, par rapport à la totalité de ses obligations ou
dettes contractées, formant son entier passif.
48
Vie de l’entreprise, «La cessation des paiements», partie 1, la notion de cessation des paiements. Adresse
URL : https://www.infogreffe.fr/informations-et-dossiers-entreprises/dossiers-thematiques/cessation-
activite/dossier-la-cessation-des-paiements.html
22
l'actif de l'entreprise formant son patrimoine, mais deux sous-ensembles de ces masses, à
savoir la partie de l'actif dite « immédiatement disponible » à la partie du passif
dite « immédiatement exigible ».
Par conséquent, la notion d'insolvabilité se différencie nettement de celle de cessation des
paiements49.
Le constat de cessation des paiements résulte essentiellement d'un examen des échéances
immédiates, c'est-à-dire des dettes à régler sur le très court terme et des créances à encaisser
dans les mêmes délais, et ne fournit par conséquent aucune indication sur la pérennité de
l'entreprise. A l'inverse, la situation irrémédiablement compromise de l'entreprise procède
d'une analyse prospective de ses résultats. Elle vise, en effet, le cas de l'entreprise dont la
situation est complètement obérée et sans issue ou qui se trouve dans l'impossibilité manifeste
d'être redressée. La continuité de son exploitation, projetée dans un avenir prévisible, ne peut
plus être assurée dans des conditions normales de fonctionnement, par exemple, sans la
fourniture de moyens ou de soutiens anormaux ,c'est-à-dire abusifs, ruineux, voire frauduleux
tels que l'octroi de crédits bancaires destinés en fait à masquer une situation continuellement
déficitaire, et donc l'insuffisance d'actif réellement disponible 50.
49
Vie de l’entreprise, «La cessation des paiements», partie 1, la notion de cessation des paiements. Adresse
URL : https://www.infogreffe.fr/informations-et-dossiers-entreprises/dossiers-thematiques/cessation-
activite/dossier-la-cessation-des-paiements.html
50
Vie de l’entreprise, «La cessation des paiements», partie 1, la notion de cessation des paiements. Adresse
URL : https://www.infogreffe.fr/informations-et-dossiers-entreprises/dossiers-thematiques/cessation-
activite/dossier-la-cessation-des-paiements.html
23
A cet égard, la poursuite d'une exploitation déficitaire n'est pas automatiquement
synonyme de cessation des paiements. Ainsi, la continuité de l'exploitation même déficitaire
d'un exercice sur l'autre peut être assurée par la fourniture de moyens abusifs, ruineux, voire
frauduleux. C'est le cas, par exemple, de l'usage détourné de crédits bancaires aux seules fins
de masquer l'insuffisance d'actif réellement disponible et donc une cessation des paiements
parfois assez ancienne.
Bon à savoir : l'exploitation poursuivie dans de telles conditions caractérise une faute de
gestion du dirigeant, au même titre que l'omission pure et simple de toute déclaration par ce
dernier de la cessation des paiements 51.
51
Vie de l’entreprise, «La cessation des paiements», partie 1, la notion de cessation des paiements. Adresse
URL :https://www.infogreffe.fr/informations-et-dossiers-entreprises/dossiers-thematiques/cessation-
activite/dossier-la-cessation-des-paiements.html
52
C.com .art.545
53
C.com.art. 546
54
C.com. art.546
24
Il est à noter que l’acquisition de la qualité de commerçant doit être appréciée à la lumière
de l’article 6 et 7 du CDC qui énumère les activités attribuant cette qualité dès lors qu’elles
sont exercées de manière habituelle ou professionnelle 55.
Ensuite et en application de l’article 11 du code de commerce, toute personne qui en dépit
d’une interdiction d’une déchéance ou d’une incompatibilité exerce habituellement une
activité commerciale est réputée commerçante.
Au but de ce qui précède le droit des difficultés des entreprises ne s’applique pas aux,
associations au but non lucratif, activités agricoles, entreprises ayant pour objet une activité
civile, entreprises commerciales qui ne révèle pas des difficultés de nature à compromettre
son exploitation ou qui a honoré ses dettes, les entreprises soumises à un texte de
redressement particulier tel que les entreprises d’assurance.
55
Les dispositions de l’article 6 ci-dessus ont été modifiées et complétées en vertu de l’article premier du Dahir
n°1-18-110 du 2 joumada I 1440 (9 janvier 2019) portant promulgation de la loi n° 89-17 modifiant et
complétant la loi n° 15-95 formant code de commerce ; BO n° 6788 du 16 chaual 1440 (20 Juin 2019), p.1472.
56
C.com. art. 561
57
C.com. art. 577
25
3- La liste des créanciers avec la précision de leurs adresses, le montant de leurs
créances, les garanties accordées
4- La liste des débiteurs avec la précision de leurs adresses, le montant de leurs dettes,
les garanties accordées
5- Le tableau des charges
6- La liste des salariés et de leur représentant le cas échéant
7- Extrait du modèle 7 du registre de commerce
8- La situation de la balance de l’entreprise pour les trois derniers
L’ensemble de ses documents doivent être tâtés et visés par le chef de l’entreprise, en cas
d’impossibilité de présenter l’un de ces documents ou de les présenter en totalité, le chef
d’entreprise doit préciser les motifs justifiant cette impossibilité. Par ailleurs, il lui est tout à
fait possible de présenter d’autres documents qui permettent de clarifier la nature des
difficultés à laquelle est confrontée l’entreprise 58.
Le chef d’entreprise doit déposer sans délai à la caisse du tribunal le montant nécessaire à
la couverture des frais de publicités et du déroulement de la procédure, le montant de ces frais
est fixé par le président du tribunal59.
Sous peine d’irrecevabilité, le chef d’entreprise doit joindre à sa demande un projet de plan
de sauvegarde, ce projet doit déterminer toutes les obligations nécessaires afin de sauvegarder
l’entreprise et les modalités de conserver son activité ainsi que les moyens de son
financement, il doit également préciser les modalités de règlement des dettes et des garanties
accordées pour l’exécution du plan de sauvegarde60.
58
C.com. art. 561
59
C.com. art. 561
60
C.com. art. 562
26
Le débiteur est en principe l’auteur du projet de plan de sauvegarde. Cette solution est
parfaitement logique dans la mesure où la sauvegarde est une procédure volontaire par
nature61.
61
Vidal, Dominique Giorgini, Giulio Cesare , Cours du droit des entreprises en difficulté, Gualino.éd 2016,
p216.
27
DEUXÈME PARTIE :
LE DÈROULEMENT DE LA PROCÈDURE
28
Chapitre 1 : Le jugement d'ouverture
La décision d'ouvrir une procédure de sauvegarde est une décision grave tant pour le
débiteur que pour ses créanciers. Le prononcé du jugement d’ouverture n’est pas
immédiatement effectué après la demande d’ouverture. Un délai est laissé au Tribunal pour
apprécier la situation du débiteur. En effet, Les informations nécessaires pour que le tribunal
statue en connaissance de cause sont d’abord données par le débiteur lui-même. L’article 561
du Code de commerce exige que le chef d’entreprise « expose la nature des difficultés de
nature à compromettre la continuité de l’exploitation » .Ce même article énumère les
documents, comptables, économiques, sociaux et juridiques, qui doivent être joints à la
demande.
62
C.com. art. 563
63
C.com. art. 563
29
Paragraphe 2 : Date d'effet et publicité
Le jugement d'ouverture produit ses effets à compter de sa date, c'est-à-dire à zéro heure le
jour où il est rendu 64.Tous les actes accomplis par le débiteur le jour du jugement d'ouverture
sont donc réputés avoir été conclus après l'ouverture de la procédure .Le jugement d'ouverture
est l'objet d'une quadruple publicité65 :
-Il est mentionné sans délai au registre du commerce local et au registre du commerce central.
-Le greffier, dans les huit jours de la date du jugement, publie un avis de la décision dans un
journal d’annonces légales autorisé à publier les annonces légales, juridiques et
administratives et au BO avec la dénomination sociale de l’entreprise telle que figurant sur le
registre de commerce et le numéro d’immatriculation. Il invite les créanciers à déclarer leurs
créances au syndic désigné. Cet avis est affiché au panneau réservé à cet effet au tribunal.
-Il doit être fait mention du jugement dans les registres du gouvernorat des biens immobiliers
ou les registres de l’immatriculation des navires et des avions ou autres registres destinés à cet
effet, le cas échéant.
-Dans le même délai de huit jours, le jugement est notifié au chef d’entreprise et au syndic par
les soins du greffier.
64
C.com. art. 584
65
C.com. art. 584
30
sauvegarde. Il s'agit d'une procédure préventive, destinée à anticiper la survenance d'une
cessation des paiements. De fait, elle a un caractère nécessairement volontaire et ne peut donc
être ouverte qu'à la seule demande du débiteur. Compte tenu de l'ensemble de ces
particularités, il est logique que le débiteur conserve la plénitude de son pouvoir de
gestion66.
Il s’agit de :
66
Coquelet, Marie-Laure , E n t r e p r i s e s e n d i f f i c u l t é I n s t r u m e n t s d e p a i e m e n t e t d e
c r é d i t , Dalloz. Ed 2017, p135.
67
C.com. art . 566
68
C.com. art. 567
69
C.com. art. 568
31
s’ouvre par une période de diagnostic : la période d'observation. Cette période a pour but
d'élaborer un bilan économique et social de l'entreprise afin de permettre au juge d'évaluer ses
possibilités réelles de sauvegarde et déterminer les mesures les plus appropriées pour assurer
« la poursuite de l'activité économique, le maintien de l'emploi et l'apurement du passif »70.
Cette mesure à un impact sur la trésorerie de l’entreprise, en transformant les dettes à court
terme en dettes à moyen et long terme.
70
C.com. art. 560
71
Coquelet, Marie-Laure, Entreprises en difficulté. Instruments de paiement et de crédit ,
Dalloz. Ed 2017, p283.
32
payer toute créance née après le jugement d’ouverture, non mentionnée au I de l’article L.
622-17. Ces interdictions ne sont pas applicables au paiement des créances alimentaires »72.
D’après une lecture attentive de cet article, on déduit que le législateur marocain a partagé
l’idée du législateur français, tout en précisant que le jugement décidant l’ouverture d’une
procédure de sauvegarde emporte, de plein droit, interdiction de payer toute créance née
antérieurement au jugement d’ouverture73.
Le principe de continuation des contrats en cours constitue l’une des pièces maîtresses du
sauvetage de l’entreprise en procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire. Ce
principe déroge du droit commun des contrats, il organise le maintien forcé des relations
contractuelles, en paralysant le jeu de la résolution pour inexécution ainsi que celui de
l’exception d’inexécution propre aux contrats synallagmatiques. En d’autres termes,
l’inexécution antérieure du contrat ne constitue pas un obstacle à sa continuation74.
Les dettes nées après l’ouverture de la procédure de sauvegarde est qui sont en rapport
avec le fonctionnement de l’entreprise ou de l’activité de celle-ci, en cours de la période de la
72
C.com. français.art. L622-7, al. 1er
73
C.com.art. 690
74
COQUELET Marie-Laure, « Entreprises en difficulté : instrument de paiement et de crédit », Dalloz, 3ème
éd., P. 157
75
C.Com. art.699
33
préparation de la solution doivent être réglée à leur date d’échéance. En cas d’impossibilité de
règlement à l’heure d’échéance, ces dettes doivent être payées par priorité sur toutes les autres
créances, qu’elles soient ou non assorties de privilèges ou de garanties. La seule exception à
cette règle concerne les dettes bénéficiant des privilèges au terme de l’article 588 du code de
commerce à savoir les dettes des salariés. En cas de pluralité de créance répandant aux
conditions précités le règlement s’effectue en conformité avec la législation en vigueur76.
76
C.com. art. 565
34
CHAPITRE 2 : Le plan de sauvegarde
Pour ce faire, la procédure débute par une période d’observation de l’entreprise. La période
d'observation est une période de diagnostic lors de laquelle sont appréciées la viabilité de
l’entreprise et les possibilités de restructuration propres à en assurer la continuité sous la
gestion du chef de l’entreprise77. La période d’observation est également le temps de
l’élaboration du plan pour sauver l’entreprise, appelé, « plan de sauvegarde». Le régime
juridique du plan de sauvegarde et du plan de redressement obéit à de nombreuses règles
communes. La durée de ce plan ne peut excéder 5 ans78.
Pour élaborer le plan de sauvegarde, un bilan économique et social doit être réalisé
(section1). Ensuite le plan doit être adopté par une décision du Tribunal (section 2).
La notion de plan est une notion complexe que le droit peine à cerner. Le plan n'est pas
assimilable à un contrat judiciaire. Il est une décision de justice dont l'originalité principale
réside dans son caractère négocié. Cette décision est précédée d'une phase de préparation qui
conduit à l'élaboration d'un bilan économique et social de l’entreprise ainsi que d'un projet de
plan de sauvegarde (paragraphe 1), soumis à la consultation des créanciers (paragraphe 2).
Le bilan financier, économique et social de l'entreprise est dressé par le syndic, avec le
concours du chef de l’entreprise 79. Ce bilan a pour objet de préciser l'origine, l'importance et la
nature des difficultés de l'entreprise. Il constitue un instrument essentiel d’information du tribunal
77
COQUELET Marie-Laure, « Entreprises en difficulté .Instrument de paiement et de crédit », Dalloz, 3ème
éd., P. 183
78
C.com. art. 571
79
C.com. art. 569
35
dans la perspective de l’examen des solutions envisageables dans le cadre du traitement des difficultés
du débiteur80.
- exposer et justifier le niveau et les perspectives d'emploi ainsi que les conditions sociales
envisagées pour la poursuite d'activité et le cas échéant les éventuels licenciements.
- recenser, annexer et analyser les offres d'acquisition présentées par des tiers et indiquer la ou
les activités dont l'arrêt ou l'adjonction est proposé pour permettre le redressement.
Des solutions particulières sont posées lorsque l'entreprise est une société. Lorsque le
projet de plan envisage une modification du capital social. A cet égard, le syndic peut
demander au conseil d’administration, au directoire ou au gérant, selon le cas, de convoquer
l’assemblée générale extraordinaire ou l’assemblée des associés. Si, du fait des pertes
constatées dans les documents comptables, les capitaux propres sont inférieurs au quart du
capital social, l’assemblée est d’abord appelée à reconstituer ces capitaux à concurrence du
montant proposé par le syndic et qui ne peut être inférieur au quart du capital social. Elle peut
également être appelée à décider la réduction et l’augmentation du capital en faveur d’une ou
plusieurs personnes qui s’engagent à exécuter le plan.
L’exécution des engagements pris par les actionnaires ou associés, ou par de nouveaux
souscripteurs est subordonnée à l’acceptation du plan par le tribunal. À défaut, les clauses
d’agrément sont réputées non écrites. À cette fin, toute clause exigeant l’acceptation de
80
Vidal, Dominique Giorgini, Giulio Cesare , C o u r s d e d r o i t d e s e n t r e p r i s e s e n d i f f i c u l t é
, Gualino.éd 2016, pt215.
81
C .com. art. 596
36
l’entreprise ou des associés pour la cession parts sociales, titres de capital ou valeurs
mobilières est réputée non écrite82.
La viabilité des propositions faites par le syndic pour assurer la continuité de l'activité de
l'entreprise nécessite la consultation préalable des créanciers. Il est nécessaire de savoir si ces
derniers sont d'accord avec les propositions de délais de paiement et de remises de dettes
contenues dans le projet de plan83.
82
C.com. art. 599
83
Coquelet, Marie-Laure , E n t r e p r i s e s e n d i f f i c u l t é I n s t r u m e n t s d e p a i e m e n t e t d e
c r é d i t , Dalloz.éd 2017, p284.
84
C.com. art. 601
85
C.com. art. 602
37
L’accord de chaque créancier, présent ou représenté, sur les propositions de règlement du
passif est recueilli par écrit. Le défaut de participation à la consultation collective vaut
acceptation des propositions présentées par le syndic86.
Ensuite, le syndic dresse un état des réponses faites par les créanciers au terme de leur
consultation individuelle ou collective 87.
Le chef d’entreprise et les contrôleurs sont consultés sur le rapport indiqué à l’article 595
du code de commerce, par le syndic par lettre recommandée avec accusé de réception. Le
chef d’entreprise fait connaître ses observations au syndic dans les huit jours 88.
Lorsqu'il existe une possibilité sérieuse pour l'entreprise d'être sauvegardée, le tribunal
arrête le plan de sauvegarde qui met fin à la période d'observation. (Paragraphe 1)
.L’achèvement ou bien L’inexécution de plan met fin à la procédure de
sauvegarde (paragraphe 2).
Sur le rapport du syndic et après avoir entendu le chef d’entreprise et les contrôleurs, le
tribunal statue sur l’homologation du plan de sauvegarde lorsqu’il existe des possibilités
sérieuses de sauvegarde de l’entreprise. La décision du tribunal devrait être en conformité
avec les dispositions de l’article 623 et les alinéas de 1 à 6 dans l’article 624 ainsi que les
articles 625 à 627 et 629 à 632 du code de commerce89.
En effet, l'adoption d'un plan de sauvegarde conduit le plus souvent à une restructuration
plus ou moins profonde des conditions d'exploitation de l'entreprise afin de garantir la
poursuite de son activité pour l’avenir. Le plan arrêté par le tribunal définit également les
conditions de l'apurement du passif né avant le jugement d'ouverture sous forme de délais de
paiements et remises de dette.
86
C.com. art. 603
87
C.com. art. 604
88
C.com. art. 605
89
C.com. art. 570
38
Les personnes qui exécuteront le plan, même à titre d’associé, ne peuvent pas se voir
imposer des charges autres que les engagements qu’elles ont souscrits au cours de sa
préparation90. Le plan de continuation arrêté par le tribunal indique, le cas échéant, les
modifications apportées à la gestion de l’entreprise en vertu des dispositions qui suivent et les
modalités d’apurement du passif déterminées en application des articles 630 à 634 de code de
commerce.
Lorsque l’entreprise a fait l’objet d’une interdiction d’émettre des chèques en raison de
faits antérieurs au jugement d’ouverture d’une procédure de redressement, le tribunal peut
prononcer la suspension des effets de cette mesure pendant la durée d’exécution du plan et du
règlement du passif. La résolution du plan met fin de plein droit à la suspension de
l’interdiction. Le respect des échéances et des modalités prévues par le plan vaut
régularisation des incidents91.
Le tribunal donne acte des délais et remises accordés par les créanciers au cours de la
consultation. Ces délais et remises peuvent, le cas échéant, être réduits par le tribunal. Pour
les autres créanciers, le tribunal impose des délais uniformes de paiement sous réserve, en ce
qui concerne les créances à terme, des délais supérieurs indiqués par les parties avant
l’ouverture de la procédure. Ces délais peuvent excéder la durée du plan. Le premier
paiement doit intervenir dans le délai d’un an.
90
C.com. art. 623
91
C.com. art. 625
92
C.com. art. 627
93
C.com. art. 629
39
Le montant des échéances peut être progressif. Dans ce cas, leur montant annuel ne peut être
inférieur à 5% de leur montant total retenu par le plan.
Le tribunal peut libérer de la condition des délais les petites créances dans la limite d’un
total de 5% de la masse homologuée dans le plan sous réserve que le montant de chaque
créance n’excède pas 0,5% du passif estimé 94.
En cas de vente d’un bien grevé d’un privilège spécial, d’un nantissement ou d’une
hypothèque, les créanciers bénéficiaires de ces sûretés ou titulaires d’un privilège général,
sont payés sur le prix après le paiement des créanciers qui les priment. Ce paiement anticipé
s’impute sur le principal des premiers dividendes à échoir ; les intérêts y afférents sont remis
de plein droit 96.
Lorsque le plan est achevé, le Tribunal doit constater la complète exécution du plan ,
il prononce la clôture de la procédure. Au contraire, Le tribunal peut ordonner la résolution du
plan de sauvegarde et décider en conséquence le redressement ou la liquidation judiciaire du
fait de l’inexécution des obligations déterminées dans le plan de sauvegarde. Cette décision
peut intervenir d’office ou à la demande de l’un des créanciers et ce après audition du chef de
l’entreprise ou du syndic. En cas de substitution du redressement judiciaire à la procédure de
sauvegarde, les créanciers soumis à ce plan doivent déclarer leurs créances et leurs garanties
telles qu’elles figurent dans le plan et ce après déduction des sommes perçues. Si le tribunal a
opté pour la substitution de la liquidation judiciaire à la procédure de sauvegarde, les
créanciers soumis à ce plan doivent déclarer la totalité de leurs créances et les garanties après
déduction des sommes perçues. Les créanciers, dont les créances sont nées après l’ouverture
de la procédure de sauvegarde déclarent également leurs créances, ces déclaration sont
94
C.com. art. 630
95
C.com. art. 631
96
C.com. art. 632
40
soumises aux dispositions du chapitre 12, section 6 du nouveau livre V du code de commerce.
Il est à noter que la procédure de sauvegarde n’est pas soumise aux règles de la période
suspecte telle que définie par le livre 11 section 6 97.
97
C.com. art. 573
41
CONCLUSION
Le chef d’entreprise demeure l’unique chef d’entreprise, son projet de plan de sauvegarde
est examiné par un syndic qui sera chargé d’établir un bilan financier, économique et social
de l’entreprise avec la participation du chef d’entreprise. Le plan de sauvegarde détermine les
modalités de remboursement du passif de l’entreprise et les conditions de poursuite de
l’activité. Si le chef d’entreprise exécute les termes du plan de sauvegarde, le tribunal
prononce la clôture de la procédure. En cas d’échec dans l’exécution du plan de sauvegarde,
le tribunal peut d’office ou soit sur demande de l’un des créanciers, ordonner la conversion de
la procédure en redressement ou en liquidation judiciaire. Cette conversion peut également
intervenir si à la suite de l’ouverture de la procédure de sauvegarde, il s’avère que l’entreprise
est en cessation des paiements.
Au-delà des critiques qu’on a pu lire au sujet du risque d’allongement des délais des
procédures (dans hypothèse d’un échec de la sauvegarde convertie en redressement), ainsi
que l’inconvénient de ne pas être confidentielle. L’introduction de cette nouvelle procédure
42
inscrit l’anticipation et la prévention du risque économique de l’entreprise au cœur de notre
droit commercial. Ce changement de paradigmes permet d’espérer une moindre mortalité des
entreprises marocaines. Cela nous mène à poser la question suivante : est-ce que la
procédure de sauvegarde serait-elle bénéfique sur le long-terme pour les entreprises
marocaines ? Ou on parle seulement d’une solution provisoire qui ne répond pas aux
exigences du tissu économique national.
43
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION............................................................................................................................................................................6
PREMIERE PARTIE : La procédure de sauvegarde (Dispositions générales)……………..10
Chapitre 1 : Finalité et caractéristiques de la procédure de sauvegarde………...……………...11
Section 1 : Les caractéristiques de la procédure de sauvegarde …………………….………..11
Paragraphe1 : Le caractère volontariste …………………………………………………………………………...11
Paragraphe2 : Le caractère préventif …………………………………………………………………………………12
Section 2 : Finalité de la procédure de sauvegarde ……………………………………………………………...12
Paragraphe1 : Neutraliser la situation financière ………………………………………………………………..13
A. Optimiser l’actif..............................................................................................................................................................13
1. Aux dépens des droits du conjoint ..............................................................................................................13
2. Aux dépens des associés.....................................................................................................................................14
3. Aux dépens des titulaires de droits réels................................................................................................. 14
3.1. Les revendications........................................................................................................................................14
3.2. Les restitutions................................................................................................................................................15
B. Maîtriser le passif........................................................................................................................................................... 16
1. Le « gel » du passif..............................................................................................................................................16
1.1. Interdiction de payer…............................................................................................................................. 16
1.2. L’arrêt des poursuites individuelles........................................................................................17
2. La déclaration des créances………………………........................................................................17
Paragraphe 2 : Assurer la continuité d'exploitation……………………………………………………………18
Chapitre 2 : Conditions d’ouverture de la procédure de sauvegarde ………………………………………19
Section 1 : Conditions objectives et subjectives..............................................................................……………….19
Paragraphe 1 : Les conditions objectives……………………………………………………………………….19
A. La cessation de paiement……………………………………………………………………………………..…20
B. Distinction de la cessation des paiements d'autres difficultés…………………………………..21
1. Les difficultés que l'entreprise ne peut pas surmonter seule………………………………..21
2. L’insolvabilité…………………………………………………………………………………………………22
3. La situation irrémédiablement compromises………………………………………………….23
44
4. La situation d’une exploitation déficitaire…..................................................................................... 23
Paragraphe 2 : Les conditions subjectives……………………………………………………………………….24
Section 2 : Conditions procédurales………………………………………………...………25
Paragraphe 1 : Le dépôt d’une demande accompagnée d’un document……………...…...25
Paragraphe 2 : Le règlement et frais de la procédure………………………...……………26
Paragraphe 3 : Le projet de plan de sauvegarde…………………………….…………….26
DEUXIEME PARTIE : Le déroulement de la procédure..................................................28
Chapitre 1 : Le jugement d'ouverture de la procédure de sauvegarde……………..…………29
Section 1 : L’adoption du jugement d'ouverture……………………………………………29
Paragraphe 1 : Information préalable du tribunal…………………………………………29
Paragraphe 2 : Date d'effet et publicité……………………………………………………30
Section 2 : Les effets de jugement d’ouverture de la procédure……………………………30
Paragraphe 1 : Les pouvoirs du chef d’entreprise et du syndic…………...………………30
Paragraphe 2 : Les effets provisoires du jugement d’ouverture………..…………………31
A. La période d’observation……………………………………………………………31
B. La suspension provisoire des poursuites……………………………………………32
C. L’interdiction des paiements…………………………………………………...…...32
D. La continuation des contrats en cours………………………………………………33
E. L’interdiction de l’inscription des sûretés………………..…………………………33
F. Les créances nées……………………………………………………………………33
Chapitre 2 : Le plan de sauvegarde………………………………..…………………………35
Section 1 : L'élaboration du plan de sauvegarde……………………………………………35
Paragraphe 1 : Le bilan financier, économique et social de l'entreprise et le projet de
plan………………………………………………………………………………………...35
Paragraphe 2 : La consultation des créanciers………………….…………………………37
CONCLUSION…………………………………………………………………...…………42
45
Bibliographie
Thèses et Mémoires
Textes de lois
Dahir n° 1-18-26 du 2 shaaban 1439 (19 avr. 2018) portant promulgation de la loi n° 73-17
modifiant et remplaçant le livre V de la loi n° 15.95 formant code de commerce relatif aux
difficultés de l’entreprise
Webographie
Droit marocain, «Cours de droit marocain des entreprises en difficulté », Sur : https://cours-
de-droit.net/cours-de-droit-des-entreprises-en-difficulte-au-maroc-a130729868/ (Site consulté
mars 2019)
Vie de l’entreprise, «La cessation des paiements», partie 1, la notion de cessation des
paiements.Sur :https://www.infogreffe.fr/informations-et-dossiers-entreprises/dossiers-
thematiques/cessation-activite/dossier-la-cessation-des-paiements.html (Site consulté le 24
mars 2015)
46
Revues et articles
Selma El Hassani Sbai, Réforme du droit marocain des entreprises en difficultés : un échec
anticipé ?, 6 JUIN 2018, URL : https://www.contrepoints.org/2018/06/06/317645-reforme-
du-droit-marocain-des-entreprises-en-difficultes-un-echec-anticipe
Souf.chahid, Les évolutions de la nouvelle loi sur les entreprises en difficulté, LE 25 AVRIL
2018, URL : https://telquel.ma/2018/04/25/les-evolutions-de-la-nouvelle-loi-sur-les-
entreprises-en-difficulte_1592334/?utm_source=tq&utm_medium=normal_post
47
Annexes
Faits :
*Un ancien salarié de l’entreprise STROC industrie porte plainte suite au fait qu’il n’a pas
reçu son salaire pendant plus de 7 mois et en plus de ceci, il y a eu continuité des
prélèvements des charges sociales de la part de l’entreprise alors qu’elle ne les a pas reversées
à la CNSS.
* Le demandeur formule une requête portant sur l’ouverture d’une procédure de liquidation
judiciaire à l’égard de l’entreprise ainsi que l’établissement d’une expertise comptable à cette
dernière.
*Mr ZIATT, PDG de l’entreprise affirme la situation financière difficile de cette dernière.
D’où, celle-ci est débitrice d’environ 300MDH avec un actif de 500MDH. Mr ZIATT ne nie
pas les accusations qui lui ont été adressées sauf qu’il précise que celles-ci ne concernent pas
l’ensemble de ses salariés.
*L’entreprise STROC INDUSTRIE formule alors une requête en opposition dans laquelle
elle demande le refus de la requête initiale vu que le demandeur n’est pas qualifié
juridiquement pour demander une liquidation judiciaire, ainsi que l’entreprise n’est pas en
état de cessation de paiement.
La partie défenderesse demande alors l’ouverture d’une procédure de sauvegarde.
Celle-ci appuie sa demande par le fait qu’elle possède un ensemble de commandes
notamment avec l’OCP jusqu’à 2026 ; le projet de développement de l’énergie solaire ainsi
que d’autres infrastructures aussi bien au niveau national qu’international.
L’avocat du défendeur accompagne sa requête par un ensemble d’éléments à savoir : les états
de synthèse du dernier exercice comptable, le projet du plan de sauvegarde en arabe et en
français, la liste des créanciers et débiteurs…
* Le tribunal demande une expertise comptable qui a été faite par Mr SEFRIOUI Mohamed.
En effet, les dettes de l’entreprise sont divisées en 2 à savoir :
En revanche Mr SEFRIOUI confirme que STROC industrie peut surmonter cette situation
difficile, qu’elle a juste besoin d’un délai pour couvrir ses dettes, qu’elle est toujours en
activité et qu’elle n’est pas en état de cessation de paiement .
* Pour conclure :
Dans un premier lieu, le procureur du Roi se déclare pour une position intermédiaire : le
redressement judiciaire plutôt que le plan de sauvegarde souhaité par l’entreprise.
48
Le parquet note que : « l’entreprise est toujours en activité, emploie des ouvriers et dispose
d’actifs ». Le procureur du roi fait aussi sienne les déclarations d’un top management «
capable de dépasser les difficultés de son entreprise ».
Dans un deuxième lieu, suite à plusieurs audiences dont la dernière qui date du 28-06-2018, le
procureur du roi affirme l’ouverture de la procédure de sauvegarde vu que toutes les
conditions requises sont réunies.
*Le syndic indique avec le concours du chef d ‘entreprise, qu’il doit dresser dans un rapport
détaillé le bilan financier, économique et social de l’entreprise au vu de ce bilan , le syndic
propose au tribunal soit l’approbation du projet du plan de sauvegarde ou sa modification soit
le redressement de l’entreprise soit la liquidation judiciaire .
Motifs :
Les conditions légales requises à l’ouverture d’une procédure de sauvegarde ont été
réunies dans le cas de STROC INDUSTRIE à savoir :
Toutefois, le fait de ne pas prendre toutes les mesures nécessaires pour sauver l’entreprise
conduira celle-ci à arriver à un état de cessation de paiement et par conséquent elle serait
sujette à une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.
Enoncé :
2. CAS DE SOTRAVO
FAITS :
°2006 : - SOTRAVO a un projet de construction « Ibn Batouta », grâce auquel ‘elle arrive à
signer une convention avec groupe EL OMRAN et le chef du gouvernement.
- Suite à cette convention ainsi qu’à la crise du secteur des BTP ; SOTRAVO se
trouve confronté à de sérieuses difficultés financières car, il s’est avéré que les
institutions étatiques n’ont pas exécutées leur part du marché ;
- L’entreprise a supporté un ensemble de dettes dont le montant s’élève à
23MMDH qu’elle n’a pas pu rembourser et ceci est dû au fait qu’elle n’a pas
réussi à vendre ses constructions.
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°2013 : - SOTRAVO a signé également une convention avec l’ONCF.
Malheureusement, ce projet a échoué suite à sa non-conformité internationale.
Vu qu’elle n’est pas en état de cessation de paiement, SOTRAVO décide donc de déposer
une requête auprès du tribunal de commerce dans laquelle elle demande l’ouverture de la
procédure de sauvegarde tout en appuyant sa demande avec tous les documents nécessaires
(art577).
Motifs :
Apres avoir examiné l’affaire en ch.de conseil, on a conclu que la crise financière de
SOTRAVO est due principalement à la construction du projet Ibn Batouta.
Par ailleurs, il a été prouvé que l’entreprise n’est pas en état de cessation de paiement ainsi
que l’existence de difficultés financières insurmontables sans l’adoption d’un plan de
sauvegarde.
Par conséquent, toutes les conditions requises sont réunies pour que le juge statue en
faveur de SOTRAVO.
Enoncé :
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