Avare
Avare
Avare
L’Avare
Molière
Livret pédagogique
Établi par Jean-Claude LANDAT,
professeur au lycée professionnel Robert-Desnos
de Crépy-en-Valois
et professeur associé à l’I.U.F.M. d’Amiens
Conception graphique
Couverture et intérieur : Médiamax
Mise en page
PAON
Illustration
Harvey Stevenson
RÉPONSES AU X Q U E S T I O N S 4
Acte I, scène 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Acte I, scène 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
A c t e I V, s c è n e 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 5
A c t e I V, s c è n e 7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 8
A c t e V, s c è n e 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 1
A c t e V, s c è n e 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 3
A c t e V, s c è n e 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 7
BIBLIOGRAPHIE C O M P L É M E N TA I R E 48
3
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Avertissement
Les questions « Au fil du texte » sont regroupées autour de onze rubriques
qui n’apparaissent pas systématiquement mais reviennent régulièrement selon
les extraits choisis.
Ces questions permettent le développement des compétences de lecture,
d’écriture et d’expression orale de l’élève associé à l’acquisition des notions
relatives à l’étude de la langue sans jamais négliger la dimension culturelle.
Elles offrent au professeur la possibilité de proposer à ses classes des activités
variées qu’il organisera en fonction du niveau de ses élèves et de ses objectifs
pédagogiques.
Outre le texte qui reste naturellement le support principal, le travail sur
l’image et sur la mise en scène prend toute la place qui lui est due.
Cette partie du livret contient toutes les réponses aux questions et quelques
remarques et suggestions didactiques et pédagogiques.
A C T E I , S C È N E 3 ( p. 2 1 )
Remarque préliminaire
L’étude des scènes d’exposition d’une pièce de théâtre est toujours fonda-
mentale. Elle doit permettre :
– la « mise en appétit » pour la lecture intégrale de l’œuvre ;
– une familiarisation avec les personnages et les liens qui les unissent ;
– une vision claire des principaux enjeux de l’intrigue.
De cette étude dépend souvent la motivation nécessaire à la lecture et aux
travaux proposés. Il convient de lui apporter le dynamisme et l’enthousiasme
nécessaires.
4
Acte I, scène 3
3. Cléante nous dépeint Mariane comme une très belle jeune fille pauvre,
d’une honnêteté adorable, qui s’occupe avec beaucoup de dévouement de sa
mère très âgée et presque toujours malade (lignes 153 à 166).
4. Valère et Cléante redoutent essentiellement un refus catégorique d’Harpa-
gon à leur projet dans la mesure où celui-ci est avare, égoïste et peu sensible
aux passions de la jeunesse.
5. Valère et Cléante aiment et veulent épouser respectivement Élise et
Mariane mais ils doivent surmonter un obstacle de taille : le refus d’Harpagon.
Prolongement
On pourra opportunément demander aux élèves de mettre en relation la défi-
nition de la scène d’exposition avec ces cinq réponses, ce qui permettra un tra-
vail de synthèse qui se prolongera (selon le temps dont dispose le professeur)
par la lecture rapide d’un groupement de textes sur quelques scènes d’exposi-
tion de comédies de Molière.
◆ É TUDIER UN THÈME :
LA RELATION MAÎTRE ET VALET AU XVII E SIÈCLE
9. • Harpagon paraît très en colère, agressif, autoritaire et menaçant à l’égard
de La Flèche.
– Il emploie beaucoup d’impératifs : « Hors d’ici tout à l’heure […]. Allons […]
sors vite […] Va-t’en l’attendre […]. Sors d’ici, encore une fois […] Tais-toi […] Te
tairas-tu ? […] Allons, rends-le-moi sans te fouiller. […] va-t’en à tous les diables ».
5
RÉPONSES AUX QUESTIONS
– De plus, il l’injurie : « maître juré filou, vrai gibier de potence […] pendard […] traître
[…] mouchard […] coquin […] un pendard de valet […] ce chien de boiteux-là ».
– Il le menace : « que je ne t’assomme […]. Je te baillerai de ce raisonnement-ci par les
oreilles (Il lève la main pour lui donner un soufflet.) […]. Je te rosserai, si tu parles ».
• Quant à La Flèche, il exprime d’abord son étonnement : « Pourquoi me chassez-
vous ? […] Qu’est-ce que je vous ai fait ? […] Comment diantre voulez-vous qu’on
fasse pour vous voler ? » Ensuite, il se rebelle et se montre ironique, voire inso-
lent : « Je parle… je parle à mon bonnet […].Tenez, voilà encore une poche : êtes-vous
satisfait ? »
10. Cette scène témoigne de l’autorité abusive du maître qui utilise son valet
comme véritable souffre-douleur : son valet lui « appartient », comme le dit
l’expression consacrée. Mais le valet résiste, se montre rebelle et querelleur. On
retrouve ici le rôle du valet de comédie qui consiste à mettre en lumière les
défauts du maître.
◆ É TUDIER LE COMIQUE
11. • Exemples de comique de mots :
– « La peste soit de l’avarice et des avaricieux ! » (ligne 270).
– « Je parle… je parle à mon bonnet » (ligne 289).
– « Et moi, je pourrais bien parler à ta barrette » (ligne 290).
– « Qui se sent morveux, qu’il se mouche » (ligne 296).
• Exemples de comique d’exagération :
– « maître juré filou, vrai gibier de potence » (lignes 208 et 209).
– « un espion de mes affaires, un traître, dont les yeux maudits assiègent toutes mes
actions, dévorent ce que je possède, et furettent de tous côtés » (lignes 224 à 227).
• Exemples de comique de gestes :
– « sors vite, que je ne t’assomme » (ligne 216).
– (Il lève la main pour lui donner un soufflet.) (didascalie lignes 244 et 245).
– « Montre-moi tes mains.
– Les voilà.
– Les autres.
– Les autres ?
– Oui.
– Les voilà. » (lignes 249 à 254).
– (Il tâte le bas de ses chausses.) (didascalie ligne 257).
– (Il fouille dans les poches de La Flèche.) (didascalie ligne 269).
– (La Flèche, lui montrant une des poches de son justaucorps.) (didascalie ligne
300).
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Acte I, scène 3
7
RÉPONSES AUX QUESTIONS
A C T E I , S C È N E 5 ( p. 3 7 )
◆ Q UE S ’ EST - IL PASSÉ ENTRE - TEMPS ?
1. Harpagon a pris la décision de marier Élise au seigneur Anselme et Cléante
devra épouser « une certaine veuve ». Quant à Harpagon, il épousera Mariane.
2. Cléante, surpris, a un « éblouissement » (ligne 471) et doit aller « boire dans la
cuisine un grand verre d’eau claire » (lignes 473 et 474).
Élise réagit violemment en opposant à son père un refus catégorique : « Cela
ne sera pas, mon père » (ligne 496).
3. Ce coup de théâtre va à l’encontre des projets de Cléante et de Valère qui
ont déjà décidé de leur mariage puisque Cléante aime Mariane et qu’Élise
aime Valère. Cléante entre ainsi en concurrence avec son propre père. La ques-
tion pour le spectateur est de savoir comment une telle situation va se dénouer.
◆ L IRE L’ IMAGE
4. Il s’agit d’Élise et d’Harpagon. Élise est à demi agenouillée, les mains jointes,
le visage relevé et le regard fixé sur son père. Elle paraît prier et implorer.
Harpagon la domine. Bien campé sur ses jambes, les bras écartés, les poings ser-
rés, le visage crispé et le regard pénétrant et inquiétant, il est menaçant et
semble sur le point de frapper.
5. Le visage et l’attitude d’Élise expriment sa crainte, son inquiétude mais
peut-être aussi sa révolte face à un père dont elle redoute les décisions.
Quant à Harpagon, il exprime la violence de sa colère, son profond mécon-
tentement, sa rage de constater que sa fille résiste à ce qu’il a décidé pour elle.
6. Les répliques des lignes 484 à 507 (scène 4), pour tout ou partie, peuvent
servir de légende.
8
Acte I, scène 5
11. Le conditionnel est ici employé pour indiquer ce que seraient susceptibles
de dire les gens qui ne seraient pas d’accord avec Harpagon. Le conditionnel
exprime ici des actions non réalisées mais seulement hypothétiques.
12. Par ce procédé,Valère fait valoir ses propres idées sans le dire. Il utilise ainsi
un double langage afin de ne pas s’attirer les foudres d’Harpagon tout en lui
faisant entendre des arguments pertinents.
◆ É TUDIER L’ ARGUMENTATION
13. Le seigneur Anselme est un « homme aussi riche que sage » (ligne 527) ; « un
parti considérable ; c’est un gentilhomme qui est noble, doux, posé, sage, et fort accom-
modé, et auquel il ne reste aucun enfant de son premier mariage » (lignes 536 à 539) ;
et surtout, il accepte de se marier « sans dot » (lignes 554, 569, 576 et 585).
14. Les arguments qu’oppose Valère (sans oser les présenter comme siens) sont
les suivants :
« c’est un peu précipiter les choses » (lignes 541 et 542) ; « le mariage est une […]
grande affaire […] il y va d’être heureux ou malheureux toute sa vie […] un engage-
ment qui doit durer jusqu’à la mort » (lignes 565 à 567) ; « l’inclination d’une fille
est une chose […] où l’on doit avoir de l’égard […] cette grande inégalité d’âge, d’hu-
meur et de sentiments rend un mariage sujet à des accidents très fâcheux » (lignes 572
à 575) ; « mieux ménager la satisfaction [des] filles que l’argent […] ; ne les […] point
sacrifier à l’intérêt » (lignes 579 à 581).
15. Valère présente ses arguments comme ceux qui émaneraient d’Élise, de
« gens » et d’autres pères moins sensibles à l’argent.
9
RÉPONSES AUX QUESTIONS
◆ É TUDIER LE COMIQUE
16. • Parmi les nombreux exemples d’ironie de Valère liés au « sans dot », on peut
citer principalement sa dernière réplique de la scène (lignes 641 à 647 : « Oui,
l’argent est plus précieux […] de probité »).Valère affirme le contraire de ce qu’il veut
faire entendre, ce que comprennent Élise et les spectateurs mais pas Harpagon.
• Exemple de répétition : « Sans dot ». Ce procédé comique est souvent
employé par Molière. On pourra citer « Le poumon » du Malade imaginaire
(acte III, scène 10) et « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? » des
Fourberies de Scapin (acte II, scène 7).
• Exemple de flatterie : « vous ne sauriez avoir tort, et vous êtes toute raison »
(lignes 524 et 525).
◆ À VOS PLUMES !
17. Cet exercice d’expression écrite permettra aux élèves de développer un
point de vue. Il ne sera sans doute pas inutile de préciser les critères de réus-
site induits par ce sujet :
– exposer un point de vue ;
– prendre en compte un point de vue opposé ;
– maîtriser l’emploi du conditionnel présent.
Exemples : Il y a des gens qui pourraient me dire que… mais je prétends que… ;
Certains soutiendraient même que… mais j’affirme que… ; Qui oserait pré-
tendre que… ?
Selon le niveau des classes, il conviendra de construire collectivement avec les
élèves un argumentaire. Le mariage : engagement plus stable, plus conforme
aux traditions religieuses, plus solennel. Satisfaction des parents. Idées de contrat,
de cérémonie, de cadeaux, de voyage de noces, etc. Le concubinage : plus de
liberté, moins de contrainte, plus de souplesse. Banalisation de la vie à deux.
Les temps changent : le PACS, le travail des femmes, le chômage qui ne per-
met pas immédiatement une vie stable, etc.
◆ M ISE EN SCÈNE
18. Harpagon la prononce aux lignes 554, 569, 576 et 585 ; Valère aux
lignes 555, 586, 621, 645 et 646.
19. On peut imaginer les instructions de mise en scène suivantes.
Ligne 554 : ton solennel ou très réjoui d’Harpagon qui insiste sur chaque syllabe.
10
Acte II, scène 2
Prolongement
Le problème du ton d’un texte est important et plus particulièrement au
théâtre. Lire ou dire sur le ton juste, c’est montrer que l’on a bien compris le
texte mais c’est aussi donner une interprétation du texte. C’est peut-être l’oc-
casion de visionner la célèbre tirade du nez de Cyrano de Bergerac et d’en-
treprendre des exercices de diction simples et ludiques.
A C T E I I , S C È N E 2 ( p. 5 0 )
◆ L IRE L’ IMAGE
4. La gravure représente une scène où l’argent est au centre de l’activité et des
préoccupations des personnages.
11
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Au centre, un jeune homme, debout, tient dans sa main une bourse pleine. Derrière
lui, au premier plan, un personnage agenouillé, sans chapeau (un valet), recherche
ou range l’argent ou des petits objets de valeur (bijoux…) dans un coffre.
Il s’agit d’une transaction financière. Sur la table, de l’argent est répandu et un
troisième homme, assis, a ouvert un coffret et semble recevoir ou donner de
l’argent : il s’agit de l’usurier qui donne son titre à cette gravure.
À ses côtés, quatre femmes observent la scène. L’intérieur est cossu (hauteur
des murs, grande cheminée, salle immense avec une large ouverture donnant
sur une vaste cour où des laquais s’occupent de chevaux), autant d’éléments
témoignant de la richesse des bourgeois et des nobles usuriers.
On peut ajouter que la disposition des personnages place l’emprunteur seul
face au groupe de personnes représentant l’usure : il est en position de faiblesse
(seul face à cinq personnes) et en position de demandeur et de respect (il est
debout, l’usurier est assis pour le recevoir).
5. Cette gravure peut évoquer la situation de Cléante (l’emprunteur),
d’Harpagon (l’usurier) et de maître Simon (l’intermédiaire).
On peut imaginer que la scène représente maître Simon en train d’emprunter
ou de rendre l’argent à Harpagon pour le compte de Cléante (et pour les inté-
rêts d’Harpagon).
Plus largement, cette gravure de Le Plautre, intitulée L’usurier pourra trouver
sa place dans une discussion sur l’argent au XVII e siècle.
6. Quelques idées : « Un prêt exorbitant » ou « L’argent va à l’argent » ou
encore « Comment s’enrichir quand on est déjà riche ? », etc.
Prolongement
On pourra prolonger ce travail par la lecture et l’étude de la rubrique
« Contexte historique : l’argent au XVII e siècle » (pp. 156 à 159 de l’ouvrage
Bibliocollège). Ce qui permettra aux élèves de se familiariser avec un aspect
du contexte socio-historique de ce siècle et d’apprendre à relier un texte à la
date de sa publication.
12
Acte II, scène 2
◆ É TUDIER L’ ARGUMENTATION
15. Pour Harpagon, Cléante fait « une honteuse dissipation du bien que (ses)
parents (lui) ont amassé avec tant de sueurs » (lignes 189 et 190).
13
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Pour Cléante, Harpagon ne rougirait pas « de déshonorer sa condition par les com-
merces […], de sacrifier gloire et réputation au désir insatiable d’entasser écu sur écu »
(lignes 191 à 194).
16. C’est maître Simon qui se fait l’interprète du cynisme de Cléante : « il n’a
plus de mère déjà, et […] il s’obligera, si vous voulez, que son père mourra avant qu’il
soit huit mois » (lignes 155 à 157).
Harpagon : « La charité, Maître Simon, nous oblige à faire plaisir aux personnes,
lorsque nous le pouvons » (lignes 158 à 160).
17. Pour satisfaire à leur passion (l’argent / l’amour), les deux personnages se
lancent dans des propos et des actions extrêmes qui peuvent être dangereuses.
Les traits de caractère communs que l’on peut dégager : la passion, l’excès, la
franchise.
◆ À VOS PLUMES !
18. Les élèves pourront s’inspirer du débat qui a pu être engagé lors de la
confrontation des réponses à la question 14.
A C T E I I , S C È N E 5 ( p. 6 3 )
◆ Q UE S ’ EST - IL PASSÉ ENTRE - TEMPS ?
1. Harpagon s’absente pour aller voir son argent. Il vit dans la hantise qu’on le
lui vole et ne se sent rassuré que quand il est en sa présence.
2. Frosine est une entremetteuse. Son rôle consiste à favoriser des relations par
son intermédiaire : ici pour Harpagon et Mariane, mais ce sera aussi le cas plus
tard pour Cléante et Mariane. Elle est censée percevoir de l’argent pour ce
« travail ».
3. La Flèche met bien en garde Frosine sur l’extrême avarice d’Harpagon.
14
Acte II, scène 5
15
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Prolongement
On pourra ici convoquer et réactiver la notion de types de textes par un bref
rappel de l’argumentation, de la narration et de l’injonction en demandant aux
élèves de retrouver dans L’Avare des exemples et constituer ainsi un groupe-
ment de textes :
– argumentatif : Cléante/Harpagon s’opposant à propos de l’argent ou de
Mariane (acte II, scène 2 – acte IV, scène 3) ;
– narratif : le récit du naufrage par Mariane et Valère (acte V, scène 5) ;
– injonctif : Harpagon donnant des instructions à ses domestiques pour le repas
à préparer en l’honneur de Mariane (acte III, scène 1).
◆ É TUDIER LE COMIQUE
13. Exemple de comique lié aux jeux d’opposition : celle entre les flatteries de
Frosine et l’attitude du vieillard Harpagon.
Exemple de comique lié aux types de caractère : l’avarice et la flatterie pous-
sées à l’extrême par Harpagon et Frosine.
Exemple de comique lié aux jeux de scène : mimiques, mouvements, gestes
que l’on imagine… Mais aussi, le comportement d’Harpagon qui, alternative-
ment, se réjouit et se crispe selon qu’il s’agit de dépenser de l’argent ou au
contraire d’en gagner.
◆ À VOS PLUMES !
14. On insistera ici sur les consignes précises (présence de trois qualités et des
mots de liaison appropriés) que l’on présentera comme des critères de réussite.
Critères auxquels il faut, bien entendu, ajouter l’originalité des idées, la
recherche des mots justes, la qualité de l’orthographe…
◆ M ISE EN SCÈNE
15. Cette activité, si elle ne tourne pas à la franche rigolade, doit montrer à
quel point le jeu, la mise en scène est une composante essentielle du théâtre.
◆ L IRE L’ IMAGE
16. Il s’agit d’Harpagon et de Frosine. Harpagon se détourne de Frosine, le
regard absent, lointain, la moue dubitative. Cette expression du visage laisse
percevoir le désaccord, la fuite, le refus d’entendre et d’agréer ce qu’on lui dit.
Quant à Frosine, elle se penche vers Harpagon et tente d’être souriante sans y
parvenir. Cette attitude exprime sa volonté de « communiquer » avec
Harpagon, de se faire entendre et de se faire comprendre. Elle semble
consciente de la difficulté de l’entreprise.
16
Acte III, scène 1
17. « Il prend un air sévère » (lignes 430 et 431), « Il prend un air gai »
(ligne 435) ; « Il reprend un visage sévère » (ligne 443), « Il reprend un air gai »
(lignes 446 et 447), « Il reprend son air sérieux » (ligne 453).
18. Ces changements brusques d’attitude sont liés à chaque fois aux propos de
Frosine qui tantôt lui demande de l’argent (mine renfrognée d’Harpagon), tan-
tôt lui parle de l’intérêt que lui témoigne Mariane (mine réjouie d’Harpagon).
19. Il s’agit d’une mise en scène de Jérôme Savary datant de 1999. Nul
n’ignore ses options de modernité et d’originalité sur les mises en scène de
textes classiques.
La tenue vestimentaire d’Harpagon (déjà démodée pour l’époque) avec le
bonnet, la collerette, la couleur sombre des vêtements sans la moindre fantai-
sie révèle son tempérament avare car, bien que riche, il ne cherche pas à se pré-
senter à son avantage. Il ne pense qu’à amasser de l’argent et le reste n’est pour
lui que futilités.
Frosine, au contraire, est éclatante et très féminine. Elle est très élégante avec
son chapeau fleuri et que l’on devine coloré ; sa robe décolletée est particuliè-
rement seyante. À cette tenue vestimentaire s’ajoute une splendide chevelure
qui orne un visage très maquillé. Tout ceci révèle une forte personnalité qui
cherche à séduire et à convaincre. Le signe (euro) peint sur sa poitrine signale
en outre son objectif final : gagner de l’argent.
Cette photographie montre bien l’opposition de tempérament des deux per-
sonnages.
A C T E I I I , S C È N E 1 ( p. 7 6 )
17
RÉPONSES AUX QUESTIONS
18
Acte III, scène 1
19
RÉPONSES AUX QUESTIONS
– « c’est un coupe-gorge qu’une table remplie de trop de viandes » (lignes 135 et 136).
– « il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger » (lignes 138 et 139).
– « Je n’y manquerai pas […] je réglerai tout cela comme il faut » (lignes 152 à 154).
– « Maître Jacques fait bien le raisonnable » (ligne 195).
• Quant à maître Jacques, il est honnête mais naïf : il parle des choses qui
fâchent et « ne saurai(t) souffrir les flatteurs » (lignes 199 et 200). Sa réplique
(lignes 216 à 238) lui sera préjudiciable, à lui qui aime son maître (ligne 206).
13. Harpagon, flatté par Valère, lui apporte toute sa reconnaissance et ses com-
pliments (lignes 140 à 144). À l’inverse, il bat maître Jacques (ligne 239) qui
pourtant lui veut du bien (ligne 206).
14. Molière prouve ainsi l’hypocrisie sur laquelle sont fondés les rapports
sociaux : flatter les puissants pour obtenir leur soutien au mépris de la vérité
et de l’honnêteté. On pense à l’attitude des courtisans à la cour du Roi. À ce
propos, on pourra renvoyer à quelques fables et moralités de La Fontaine.
◆ É TUDIER LA PLACE
ET LA FONCTION DE L’ EXTRAIT DANS L’ ŒUVRE
15. Pour se venger, maître Jacques accusera Valère d’avoir volé la cassette
d’Harpagon, ce qui sera source d’un quiproquo célèbre.
◆ É TUDIER LE COMIQUE
16. • Les exemples de comique de gestes sont nombreux : le mouvement du cha-
peau qui cache les imperfections de la livrée des valets (lignes 33 à 35) ; le chan-
gement de tenue de cocher et de cuisinier pour maître Jacques (lignes 81 et 82) ;
Harpagon se précipitant pour faire taire maître Jacques alors que celui-ci énonce
simplement un menu ; enfin, Harpagon battant maître Jacques (ligne 239).
• Les oppositions entre les attitudes de l’avare, du flatteur et du serviteur zélé
et naïf sont source de comique de caractère.
• Quant au comique de mots, on retiendra l’erreur d’Harpagon « Il faut vivre
pour manger… » (lignes 142 et 143) ainsi que le parallélisme des répliques entre
Valère et maître Jacques aux lignes 195 à 197 : « Maître Jacques fait bien le rai-
sonnable. » / « Monsieur l’intendant fait bien le nécessaire. »
◆ M ISE EN SCÈNE
17. On peut imaginer que les acteurs sont respectueusement alignés au fond
de la scène ou répartis sur les côtés ou encore à la queue leu leu en attente des
instructions les concernant. Certains d’entre eux peuvent pouffer de rire ou,
20
Acte III, scène 7
◆ À VOS PLUMES !
18. Il sera bon de veiller à la compréhension de la question. Il s’agit de dire le
contraire de ce qu’affirme Harpagon. On pourra également vérifier le degré
de maîtrise des élèves dans l’emploi et l’écriture de l’impératif. Ce qui pourra
donner éventuellement lieu à une mise au point sur les particularités de ce
mode.
A C T E I I I , S C È N E 7 ( p. 8 9 )
21
RÉPONSES AUX QUESTIONS
◆ É TUDIER LA PLACE
ET LA FONCTION DE L’ EXTRAIT DANS L’ ŒUVRE
10. Ces deux sujets sont Mariane et l’argent.
22
Acte III, scène 7
11. « souffrez, madame, que je me mette ici à la place de mon père » (lignes 421 et
422).
12. Jusque-là, Harpagon avait le pouvoir. Il ordonnait et tout semblait se pas-
ser conformément à ses désirs. À présent, Cléante prend la parole, donc le pou-
voir. Il risque peu à peu de prendre l’argent de son père et aussi celle qu’il veut
épouser.
◆ L IRE L’ IMAGE
17. Il s’agit d’Élise, de Frosine, de Mariane, de Cléante et d’Harpagon.
23
RÉPONSES AUX QUESTIONS
◆ À VOS PLUMES !
23. Bien insister sur les procédés d’écriture imposés (l’emploi de superlatifs et
éventuellement l’aspect ironique du texte) qui devraient permettre aux élèves
d’enrichir leurs compétences d’écriture par la conscience qu’ils acquièrent de
la mise en mots.
24
A c t e I V, s c è n e 3
A C T E I V , S C È N E 3 ( p. 1 0 2 )
25
RÉPONSES AUX QUESTIONS
Le vouvoiement marque une rupture : Harpagon prend ses distances avec son
fils, il entre en conflit et en concurrence avec lui. Il le traite en ennemi, en
étranger.
Le retour au tutoiement exprime la colère, le mépris, l’indignation du père
envers son rival.
◆ É TUDIER LE VOCABULAIRE
11. Pour parler de Mariane, Cléante emploie les termes suivants : « Son air est
de franche coquette ; sa taille est assez gauche, sa beauté très médiocre, et son esprit des
plus communs » (lignes 122 à 124).
12. « Une jeune personne […] faite pour donner de l’amour […]. La nature […] n’a
rien formé de plus aimable […] cette aimable fille a des sentiments d’amitié qui ne sont
pas imaginables […] une tendresse qui vous toucherait l’âme […] un air le plus char-
mant du monde […] on voit briller mille grâces en toutes ses actions : une douceur pleine
d’attraits, une bonté toute engageante, une honnêteté adorable » (acte I, scène 2, lignes
153 à 165).
13. Les deux attitudes de Cléante sont tout à fait opposées. Au cours de la
scène 2 de l’acte I, Cléante confie à sa sœur l’effet que Mariane, qu’il vient de
rencontrer, produit sur lui. Avec toute l’émotion née de ce coup de foudre,
Cléante s’exprime sur un ton enflammé, passionné, plein d’ardeur et de senti-
ments.
En revanche, au cours de la scène 3 de l’acte IV, Cléante cherche à cacher à
son père son amour pour Mariane. Par conséquent, il utilise un vocabulaire
dévalorisant sur un ton détaché, lointain et indifférent.
Prolongement
Inviter les élèves à travailler sur les antonymes, les champs lexicaux et l’emploi
d’un vocabulaire valorisant ou dévalorisant qui traduit implicitement les pen-
sées ou les intentions d’un personnage ou d’un auteur.
14. « mais c’était pour vous plaire » (ligne 129), « mais pour vous faire plaisir, mon
père » (ligne 145), « je me ferai cet effort pour l’amour de vous » (lignes 149 et 150).
15. À la fin de cette scène, Cléante parle à son père de façon résolument agres-
sive, insolente, vindicative et menaçante : « Hé bien ! puisque les choses en sont
venues là, je vous déclare, moi […] j’aurai d’autres secours peut-être qui combattront
pour moi » (lignes 191 à 196) ; « C’est vous qui allez sur les miennes ! et je suis le
premier en date » (lignes 199 et 200) ; « l’amour ne connaît personne » (lignes 204
26
A c t e I V, s c è n e 3
et 205) ; « Toutes vos menaces ne feront rien » (lignes 209 et 210) ; « Point du tout »
(ligne 213).
◆ É TUDIER LA PLACE
ET LA FONCTION DE L’ EXTRAIT DANS L’ ŒUVRE
16. Les spectateurs et les personnages principaux connaissaient ce nœud de
l’intrigue. Seul Harpagon ignorait la relation de son fils avec Mariane. De cette
ignorance viennent son énorme surprise et la violence de sa réaction, très
attendue des lecteurs et spectateurs.
17. On peut laisser l’imagination des élèves s’exprimer. Que peut-il arriver
quand un père et son fils se disputent la même personne ? Les réponses varie-
ront selon que les élèves mettent le problème sur un plan personnel ou s’il
reste dans le cadre des comédies de Molière qui obéissent à des règles : coups
de théâtre, fin heureuse…
18. La scène est tragique : l’issue du conflit engagera la vie de deux hommes.
Si l’on fait référence à la tragédie racinienne ou cornélienne, les passions vont
jusqu’au bout de leur logique et trouvent leur issue dans la mort.
Ici, le conflit est traité sous sa forme comique : milieu bourgeois, père qui piège
son fils, insultes, menaces, cris, coups de bâtons, etc.
◆ À VOS PLUMES !
19. On peut en plus demander aux élèves de jouer cette conversation. On
veillera alors à la cohérence qu’ils devront apporter dans le changement de
registre : tutoiement/vouvoiement.
◆ L IRE L’ IMAGE
20. L’intérêt de ce cadrage pour une photographie (ou pour une scène de
film) est de mettre particulièrement en valeur les visages et les émotions qu’ils
expriment. Il permet souvent la dramatisation d’un moment clé dans une
scène de cinéma ou de théâtre filmé.
21. Cléante présente un visage grimaçant, il semble mordre sa lèvre inférieure,
le regard « planté » sur Harpagon. On a l’impression qu’il est sur le point de le
mordre. Cette expression exprime la colère, la rage, la fureur.
Le visage et le cou d’Harpagon sont crispés, le regard est fuyant et les lèvres
pincées. Il semble contenir une vive colère qu’il a du mal à maîtriser.
22. Ces physionomies correspondent aux dernières répliques de la scène, à par-
tir de : « Oui, mon père, c’est ainsi que vous me jouez ! » (ligne 190 jusqu’à la fin).
27
RÉPONSES AUX QUESTIONS
A C T E I V , S C È N E 7 ( p. 1 1 3 )
◆ É TUDIER LA GRAMMAIRE
7. Les phrases exclamatives : « Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier !
Justice, juste Ciel ! »
Les phrases interrogatives : « Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où
se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il
point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? »
8. L’emploi de ces deux types de phrase révèle une grande agitation de la part
d’Harpagon. Ce dernier est perdu, bouleversé, au bord de la folie.
◆ É TUDIER LE DISCOURS
9. Harpagon s’adresse à lui-même tout d’abord, puis à son argent, à des inter-
locuteurs imaginaires ensuite, au public enfin.
10. Lui-même : « Rends-moi mon argent, coquin… Ah ! c’est moi » (ligne 388).
28
A c t e I V, s c è n e 7
Son argent : « mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ; on m’a privé de
toi » (lignes 390 à 392).
Des interlocuteurs imaginaires : « Euh ? que dites-vous ? Ce n’est personne »
(lignes 398 et 399).
Au public : « Que de gens assemblés ! […] Eh ! de quoi est-ce qu’on parle là ? […]
Quel bruit fait-on là-haut ? […] N’est-il point caché là parmi vous ? » (lignes 404 à
410).
11. Il s’agit d’un faux dialogue dans la mesure où Harpagon, seul sur scène,
s’adresse à des interlocuteurs qui ne sont pas en mesure de lui répondre.
◆ É TUDIER LE MONOLOGUE
12. Monologue est issu du grec « monos » qui signifie « seul » et de l’élément
« logos » : « discours ».
13. Ce monologue revêt une dimension tragique dans la mesure où il met en
scène un homme au bord de la folie, désespéré de voir lui échapper ce qu’il a
de plus cher au monde : son argent.
14. Toutefois, c’est l’aspect comique qui est privilégié dans l’écriture et la mise
en scène de ce moment de la pièce : comique de l’absurde quand Harpagon
se désigne lui-même comme coupable ; burlesque par les exagérations, la per-
sonnification de l’argent, l’interpellation du public, etc.
◆ É TUDIER L’ ÉCRITURE
15. Ces accumulations sont très nombreuses : en dehors des exclamations et
interrogations déjà citées (réponse à la question 7), on peut ajouter :
– « j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais » (lignes 389 et 390) ; (1)
– « mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! » (lignes 390 et 391) ; (2)
– « mon support, ma consolation, ma joie » (lignes 392 et 393) ; (3)
– « je me meurs, je suis mort, je suis enterré » (lignes 395 et 396) ; (4)
– « à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. » (lignes 403 et 404) ; (5)
– « Allons vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences
et des bourreaux » (lignes 412 à 414). (6)
16. Les phrases (3), (4) et (6) présentent une gradation ascendante.
17. Ces procédés d’écriture donnent un rythme (souvent ternaire) aux diffé-
rentes périodes de la phrase. Ils sont aussi l’un des ressorts du comique.
29
RÉPONSES AUX QUESTIONS
◆ É TUDIER LA PLACE
ET LA FONCTION DE L’ EXTRAIT DANS L’ ŒUVRE
18. Ce monologue est situé à la dernière scène de l’acte IV. Il précède immé-
diatement l’acte qui mettra en scène le dénouement. Il est donc un moment
charnière de la comédie.
19. Ce monologue confirme le trait de caractère dominant du personnage, à
savoir l’avarice poussée à son paroxysme. Dans les scènes précédentes,
Harpagon n’hésitait pas à sacrifier ses propres enfants pour laisser libre cours à
sa passion de l’argent. Cette fois, il est prêt à se sacrifier lui-même.
20. Cette scène pourrait laisser entrevoir un dénouement tragique si, comme
dans les tragédies raciniennes, les personnages allaient jusqu’au bout de leurs
passions. Or, ici, un public averti sait qu’il s’agit d’une comédie et s’attend à ce
que Molière mette en scène un coup de théâtre, un stratagème permettant une
fin heureuse pour tous les personnages.
Prolongement
À quelques scènes du dénouement, on pourra étudier les éléments et les fonc-
tions du nœud de l’action dans une pièce de théâtre. Il sera opportun de rap-
peler les principaux nœuds de l’intrigue de L’Avare en se référant au tableau
des pages 150 et 151 du « livre élève » proposant un travail sur le schéma dra-
matique. Ces nœuds seront alors mis en relation d’une part, avec les aspirations
des personnages et d’autre part, avec les stratagèmes mis en place pour tenter
de les dénouer.
Cette réflexion pourra être élargie à l’aide d’exemples puisés dans d’autres
pièces de théâtre connues des élèves.
◆ L IRE L’ IMAGE
21. « Arrête. Rends-moi mon argent, coquin… (Il se prend lui-même le bras.) Ah !
c’est moi » (lignes 387 et 389).
22. Le visage hagard, les yeux grands ouverts, le regard fixe, les bras tendus et
crispés suggèrent la folie. La « veste » ouverte ajoute à cet instant de folie : plus
rien ne compte pour Harpagon que cette perte ; son apparence est le cadet de
ses soucis. On peut ajouter à cette attitude la façon dont est présenté le person-
nage : en contre-plongée avec un dégradé allant du noir profond au gris clair en
passant par le visage blafard du comédien. L’ombre du personnage projetée sur
le mur accentue l’obscurité. Cette apparition suscite l’inquiétude, l’angoisse…
30
A c t e V, s c è n e 3
23. Il s’agit ici de laisser libre cours à la réaction des élèves sans induire, par un
questionnement trop précis, leurs réponses. Il peut être également intéressant
de montrer qu’à partir d’un même texte, on peut avoir des représentations dif-
férentes en fonction de sa sensibilité, de sa culture. D’où l’intérêt d’analyser la
« réception » de l’œuvre selon les époques mais aussi de façon synchronique
selon les âges, les milieux sociaux, les pays de cultures différentes… On pourra
également travailler sur la comparaison avec la représentation d’Harpagon à un
autre moment de la même scène à l’aide de l’image de la p. 111.
A C T E V , S C È N E 3 ( p. 1 2 7 )
31
RÉPONSES AUX QUESTIONS
◆ É TUDIER LE COMIQUE
12. Le principal exemple de comique de situation est le quiproquo défini
ci-dessus (réponse aux questions 10 et 11).
32
A c t e V, s c è n e 5
◆ É TUDIER LA PLACE
ET LA FONCTION DE L’ EXTRAIT DANS L’ ŒUVRE
13. Les propos de Valère sont mesurés et contrastent avec ceux d’Harpagon :
« une offense » (ligne 147), « ma faute » (ligne 148). Il affirme que son amour est
désintéressé (lignes 173 à 175, 198 et 199), qu’il envisage le mariage et qu’il
respecte Élise.
14. Il s’agit de la dernière réplique de la scène : « Ce sont des noms qui ne me
sont point dus ; et quand on saura qui je suis… » (lignes 268 à 271).
15. Le dénouement est très proche. Pourtant rien ne semble le laisser entre-
voir : aucune des intrigues ne semble se dénouer. Que va-t-il advenir des
amours de Valère et d’Élise ? De celles de Marianne et de Cléante ? Harpagon
va-t-il retrouver sa cassette et épouser Mariane ? Aucun élément de réponse
n’est perceptible. Le spectateur habitué aux pièces de Molière attend le coup
de théâtre qui va permettre un dénouement de comédie.
◆ À VOS PLUMES !
16. La difficulté pour l’élève sera, dans la plupart des cas, de donner au texte
une vraisemblance et une cohérence, d’où la nécessité de bien « encadrer » cet
exercice qui peut s’avérer à la fois amusant et formateur.
A C T E V , S C È N E 5 ( p. 1 3 6 )
33
RÉPONSES AUX QUESTIONS
◆ É TUDIER LA GRAMMAIRE
6. et 7. Ligne 357 : « Allez » – aller.
– Ligne 357 : « Cherchez » – chercher.
– Lignes 358 et 359 : « ne prétendez pas » – prétendre.
– Ligne 360 : « Songez » – songer.
– Ligne 366 : « Apprenez » – apprendre.
8. L’emploi de ce mode révèle que ces personnages ont de l’autorité et sont
sûrs d’eux-mêmes.
◆ É TUDIER LE RÉCIT DE M ARIANE ( LIGNES 397 À 411)
9. Le récit de Mariane commence à la ligne 400 : « Le Ciel ne nous fit point
[…] ». Ce qui précède relève du discours.
10. Il s’agit du passé simple.
11. – Ligne 400 : « fit » – faire.
– Ligne 401 : « sauva » – sauver.
– Ligne 402 : « furent » – être.
– Lignes 402 et 403 : « recueillirent » – recueillir.
– Ligne 404 : « rendit » – rendre.
– Ligne 405 : « retournâmes » – retourner.
– Lignes 405 et 406 : « trouvâmes » – trouver.
– Ligne 407 : « passâmes » – passer.
– Ligne 408 : « alla » – aller.
34
A c t e V, s c è n e 5
Le naufrage
Liberté retrouvée
13. Il s’agit du récit des mésaventures de Mariane et de sa mère qui ont vécu
une période très difficile. Par le choix de ses mots, Mariane rend ce récit par-
ticulièrement touchant : « triste naufrage » ; « la perte de notre liberté » ; « un débris
de notre vaisseau » ; « dix ans d’esclavage » ; « quelques malheureux restes d’une suc-
cession qu’on avait déchirée » ; « barbare injustice » ; « presque vécu que » , « vie lan-
guissante ».
14. Ce récit ne relève pas de la comédie mais plutôt du genre romanesque ou
du conte.
◆ É TUDIER LA PLACE
ET LA FONCTION DE L’ EXTRAIT DANS L’ ŒUVRE
15. Alors que le dénouement est proche, un triple coup de théâtre met le
spectateur face à une situation nouvelle : Anselme est le père de Valère et de
Mariane. D’autre part, Anselme refuse d’épouser une jeune fille contre son
gré : ceci modifie les données de l’intrigue et permet au spectateur d’entrevoir
une fin miraculeuse et conforme aux dénouements habituels de comédie.
16. Lignes 321 et 322 : « Ce n’est pas mon dessein de me faire épouser par force, et
de rien prétendre à un cœur qui se serait donné ».
35
RÉPONSES AUX QUESTIONS
36
A c t e V, s c è n e 6
A C T E V , S C È N E 6 ( p. 1 4 2 )
◆ L IRE L’ IMAGE
1. Anselme se trouve en page de droite et Harpagon à gauche.
2. Anselme est élégant avec son chapeau large aux bords remontés, sa per-
ruque ou ses cheveux abondants. Il est maquillé, ce qui à l’époque est le signe
que l’on soigne sa personne y compris pour un homme. Les broderies au cou
et aux poignets donnent du relief à sa tenue vestimentaire. D’autre part, sa
canne au pommeau raffiné s’apparente à un objet de luxe. On remarquera éga-
lement les bagues du personnage.
Le chapeau d’Harpagon, au contraire, est plutôt triste avec ses bords rabattus sur
les oreilles. Ses cheveux sont raides et sa coiffure sans recherche ni soin parti-
culier, bien entendu son visage n’est pas maquillé. Ses vêtements sont sans relief
ni aucune élégance. De plus, la collerette était déjà démodée pour l’époque.
Enfin, la canne est rustre et sans aucun raffinement ni recherche esthétique.
37
RÉPONSES AUX QUESTIONS
3. Pierre Savignac montre par ses dessins qu’il a bien compris qu’Anselme est
un homme riche, généreux et recherchant avant tout le bonheur de ses
enfants. Ce qui se voit non seulement dans la tenue vestimentaire mais aussi
dans l’allure altière et le sourire d’un homme serein et équilibré. Le choix de
l’illustrateur est de le montrer un peu « enveloppé », ce qui représente tradi-
tionnellement la joie de vivre.
Il a également bien compris l’avarice d’Harpagon en faisant du personnage un
homme rongé par son vice, triste, méfiant, sur ses gardes et qui ne rayonne pas
par la joie de vivre : il est un peu voûté et son visage est d’une tristesse qui n’a
d’égale que la médiocrité de sa tenue vestimentaire. Harpagon est ici bien
maigre : cf. son visage allongé et ses mollets.
4. Anselme est un honnête homme, il respecte les sentiments des autres, sait
les écouter et les comprendre. Il est généreux.
Harpagon est avare, égoïste. Il ne pense qu’à son propre intérêt, à son argent et
demeure totalement indifférent au bonheur et au malheur d’autrui.
L’un est ouvert et altruiste, l’autre est renfermé et égoïste.
5. Quelques répliques d’Harpagon, caractéristiques de son inhumanité :
– Lignes 14 et 15 : « Il n’y a point de supplice assez grand pour l’énormité de ce
crime ».
– Lignes 21 et 22 : « je veux que vous arrêtiez prisonniers la ville et les faubourgs ».
– Lignes 55 et 56 : « Oui, coquin ; et je m’en vais te pendre, si tu ne me le rends. »
– Lignes 118 à 120 : « Ciel ! à qui désormais se fier ? […] et je crois après cela que
je suis homme à me voler moi-même. »
– Lignes 127 et 128 : « Comment, traître, tu ne rougis pas de ton crime ? »
– Lignes 149 et 150 : « Comment ! pardonnable ? Un guet-apens ? un assassinat de
la sorte ? »
– Lignes 154 et 155 : « Quoi ? mon sang, mes entrailles, pendard ? »
– Lignes 260 à 262 : « Rengrégement de mal ! surcroît de désespoir ! »
– Lignes 272 et 273 : « Ah ! fille scélérate ! fille indigne d’un père comme moi ! »
– Lignes 276 à 278 : « (À Élise.) Quatre bonnes murailles me répondront de ta
conduite ; (à Valère) et une bonne potence me fera raison de ton audace. »
– Lignes 281 et 282 : « tu seras roué tout vif ».
– Lignes 296 et 297 : « et il valait bien mieux pour moi qu’il te laissât noyer que de
faire ce qu’il a fait ».
– Lignes 474 et 475 : « Je n’ai point d’argent à donner en mariage à mes enfants. »
38
Retour sur l’œuvre
Quelques répliques d’Anselme prouvant qu’il est d’un tout autre tempérament
qu’Harpagon :
– Lignes 321 et 322 : « Ce n’est pas mon dessein de me faire épouser par force ».
– Ligne 352 : « De grâce, laissez-le parler ».
– Lignes 414 et 415 : « Embrassez-moi, mes enfants, et mêlez tous deux vos trans-
ports à ceux de votre père. »
– Lignes 465 et 466 : « Le Ciel, mes enfants, ne me redonne point à vous pour être
contraire à vos vœux. »
– Lignes 476 et 477 : « Hé bien ! j’en ai pour eux (de l’argent) ; que cela ne vous
inquiète point. »
– Lignes 483 et 484 : « Allons jouir de l’allégresse que cet heureux jour nous présente. »
– Lignes 495 et 496 : « il faut lui pardonner cette imposture ».
– Lignes 498 et 499 : « Allons vite faire part de notre joie à votre mère. »
R E T O U R S U R L ’ Œ U V R E ( p. 1 4 4 )
◆ L ES PERSONNAGES
1.
Traits distinctifs Personnages
Entremetteuse, flatteuse, intrigante, cupide Frosine
Jeune aristocrate, imposteur, cynique, intelligent Valère
Rival de son père, dépensier, amoureux, irrespectueux Cléante
Noble, napolitain, généreux, honnête homme Anselme
Naïf, franc, rancunier, accusateur Maître Jacques
Réservée, craintive, amoureuse, terrorisée par son père Élise
Riche bourgeois, veuf, avare, despote Harpagon
Pauvre, amoureuse, docile, vit avec sa mère Mariane
Observateur, malin, voleur mais loyal envers son maître La Flèche
39
RÉPONSES AUX QUESTIONS
7. C’est en sauvant Élise de la noyade que Valère est tombé amoureux d’elle.
C’est à la suite d’un naufrage que l’on a cru les enfants et la femme d’Anselme
morts et que ceux-ci ne se sont pas revus depuis.
8. Harpagon accuse Valère de lui avoir dérobé sa cassette alors que Valère croit
qu’il lui reproche de s’être engagé auprès de sa fille, Élise.
40
Retour sur l’œuvre
41
RÉPONSES AUX QUESTIONS
42
PROPOSITION
DE SÉQUENCE DIDACTIQUE
◆ O BJECTIFS DE LA SÉQUENCE
Lire L’Avare pour :
– identifier les règles d’écriture spécifiques d’un genre littéraire : la comédie ;
– relier la pièce aux conditions de production et de réception de son époque.
L’étude s’appuiera aussi sur l’introduction et les rubriques du dossier
Bibliocollège : « Retour sur l’œuvre », « Structure de la pièce », « Il était une
fois Molière… », « L’argent au XVII e siècle », « L’Avare : une comédie de mœurs
et de caractères », « Groupement de textes : portraits de travers humains ».
PREMIÈRE SÉANCE
Axes de lecture/ Notions Supports Activités des élèves
objectifs abordées utilisés
Émettre des Avare/ Première et Dénoter/connoter la
hypothèses de économe. quatrième de première de couverture.
lecture. Didascalie couverture Lire l’introduction
Définir des initiale. (titre, auteur, pp. 5 et 6, la didascalie
horizons Intrigue. genre théâtral...). initiale et les scènes 1
d’attente. Stratagème. Introduction et 2. Répondre aux
Dégager les Scènes (pp. 5 et 6). questions 1 à 5 de la
enjeux des d’exposition. Didascalie page 21. Rédiger
scènes initiale (p. 7). un texte énonçant les
d’exposition. Scènes 1 et 2. horizons d’attente.
43
PROPOSITION DE SÉQUENCE DIDACTIQUE
TROISIÈME SÉANCE
Axes de lecture/ Notions Supports Activités des élèves
objectifs abordées utilisés
Recenser et Comique de Au choix : I, 3, Lire et replacer dans
étudier les mots, questions 11 et leur contexte les scènes
procédés d’exagération, 12 ou I, 5, choisies. Répondre
comiques mis de gestes, de question 16 ou aux questions relatives
en œuvre par situation, de II, 5, question au comique de ces
Molière. répétition, 13 ou III, 7, scènes. Rédiger une
de caractères. questions 13 à synthèse sur les
La farce, 16 ou V, 3, procédés comiques
l’ironie, la question 12. utilisés par Molière.
flatterie...
QUATRIÈME SÉANCE
Axes de lecture/ Notions Supports Activités des élèves
objectifs abordées utilisés
Élaborer une Personne et Toute la pièce. Travaux de groupe :
typologie des personnage. Tableau de la chaque groupe doit
personnages de Classe page 150 pour faire le portrait de deux
L’Avare pour sociale. sélectionner les personnages : Harpagon
définir la Portrait scènes où et Anselme ; Élise et
comédie de physique apparaissent les Valère ; Mariane et
mœurs et de et moral. personnages à Cléante ; Frosine et
caractères. étudier. maître Simon ;
Questions La Flèche et
relatives à ces maître Jacques.
personnages Rendre compte
dans ces scènes. oralement des travaux
« L’argent au de groupe.
XVII e siècle ». Rédiger une synthèse
« L’Avare, écrite sur les person-
une comédie de nages de la comédie
mœurs et de classique.
caractères ».
44
PROPOSITION DE SÉQUENCE DIDACTIQUE
CINQUIÈME SÉANCE
Axes de lecture/ Notions Supports Activités des élèves
objectifs abordées utilisés
Dégager les Se référer au groupement de textes « Portraits de travers
enjeux des humains » (pages 165 à 174) et à la proposition
comédies d’exploitation pédagogique du livret pédagogique
de Molière. (pages 46 et 47).
SIXIÈME SÉANCE
Axes de lecture/ Notions Supports Activités des élèves
objectifs abordées utilisés
Analyser et Stratagème. Acte V, scènes Lire le dénouement.
caractériser un Coup de 5 et 6, questions Répondre aux questions
dénouement théâtre. relatives à ces pp. 136 à 138, 142 et
de comédie. Dénouement. deux scènes 143. Porter un juge-
(pp. 136 à 138 ment sur la vraisem-
et 142 et 143). blance du dénouement.
Dégager les leçons à
tirer de ce dénouement.
Rédiger une synthèse
plus générale sur le
dénouement des
comédies.
SEPTIÈME SÉANCE
Axes de lecture/ Notions Supports Activités des élèves
objectifs abordées utilisés
Situer L’Avare La tragédie et Questionnaires. À partir de
et Molière au la comédie. « Il était une questionnaires élaborés
XVII e siècle. Le classicisme. fois Molière... » par le professeur, les
(pp. 152 à 155). élèves entreprendront
Usuels du des recherches qui
CDI. permettront de situer
Sites Internet. L’Avare et Molière
dans le cadre du
XVII e siècle.
45
E X P LO I TAT I O N
DU GROUPEMENT DE TEXTES
◆ « Mais lorsque vous peignez les hommes, il faut peindre d’après nature ; on veut
que ces portraits ressemblent ; et vous n’avez rien fait, si vous n’y faites reconnaître
les gens de votre siècle. » (Dorante dans La Critique de l’École des femmes,
scène 6, Molière, 1663).
Le groupement de textes proposé est précisément destiné à montrer aux
élèves que, dans chacune de ses pièces, Molière met en scène les défauts des
hommes afin de les en corriger par le rire.
On peut évoquer, comme le suggère la gravure de Daumier en ouverture
de ce groupement de textes, le rôle de la caricature : comment forcer le trait
pour mieux en rire…
Après Harpagon, l’avare, nous proposons la (re)découverte de cinq autres
personnages aux noms évocateurs. Il s’agit de Tartuffe, l’hypocrite, de Dom
Juan, le séducteur, d’Argan, l’hypocondriaque, de Magdelon, la précieuse
ridicule et d’Alceste, le misanthrope.
L’étude de ce groupement de textes pourra être entrepris en prolongement
d’une séance consacrée à l’étude du personnage d’Harpagon dans le cadre
de la lecture intégrale de la pièce. Elle peut aussi intervenir, selon le niveau
de la classe et des objectifs pédagogiques du professeur, à l’issue de la lec-
ture de L’Avare pour construire la notion d’un genre littéraire : la comédie
de mœurs et de caractères.
Au-delà de ces objectifs, le but « supérieur » du groupement de textes sera
d’inciter les élèves à lire (ou à voir) par curiosité – et pourquoi pas, par plai-
sir –, une ou plusieurs des comédies dont sont tirés ces extraits.
Le professeur pourra utiliser tout ou partie des textes proposés et, selon les
cas, organiser les activités des élèves par un travail individuel sur plusieurs
textes ou par un travail de groupe, chaque groupe ne travaillant que sur un
seul texte. Dans ce cas, une large place devra être accordée aux comptes
rendus afin que la confrontation des textes soit réelle et opérante.
◆ Proposition d’un questionnaire unique pour tous les textes :
Après avoir lu attentivement l’extrait plusieurs fois et recherché les mots
difficiles à l’aide d’un dictionnaire, vous répondrez aux questions suivantes :
1. Quelle est la nature de l’extrait : monologue, tirade, dialogue (en vers ou
en prose, etc.) ?
2. Précisez le titre de la pièce, sa date, son auteur.
3. Replacez l’extrait dans son contexte en vous aidant du paratexte.
4. Qui parle ? À qui s’adresse-t-il(elle) ? De quoi ou de qui est-il question ?
46
E X P LO I TAT I O N DU GROUPEMENT DE TEXTES
47
BIBLIOGRAPHIE
COMPLÉMENTAIRE
◆ S UR L’AVARE
– L’Avare, mises en scène et commentaires de Charles Dullin, coll. « Les
Introuvables », Éd. d’Aujourd’hui, 1983.
– Revue de la Comédie-Française, n° 177, juin 1989.
– Lazard Madeleine, La Comédie humaniste et ses personnages, PUF, 1978.
– Planchon Roger, Préface de l’édition du Livre de Poche, 1986.