Comprendre Interaction Electrostatique
Comprendre Interaction Electrostatique
Comprendre Interaction Electrostatique
Compétences transversales :
- S’approprier l’information.
- Réaliser une expérience, un schéma. Observer et décrire les phénomènes. Utiliser un
tableur.
- Extraire des informations des données et les exploiter.
- Proposer un protocole.
- Elaborer un modèle.
- Valider un modèle.
- Communiquer à l’écrit en utilisant un vocabulaire scientifique et en utilisant l’outil
informatique.
- Etre autonome, respectueux des règles de vie de classe et de sécurité.
1
ACT. 1: PETITE HISTOIRE DE L’ELECTRICITE « STATIQUE »
C'est le fameux mathématicien et philosophe grec Thalès
de Milet (celui du théorème !) qui fit la première
découverte scientifique d'un phénomène électrique.
Au VIème siècle J.-C., Thalès observe une curieuse
propriété de l'ambre jaune appelé êlektron en grec : cette
résine fossile attire de petits corps légers lorsqu’on la
frotte à de la fourrure. Ne disposant pas alors de nos
connaissances actuelles, il attribue à l’ambre un caractère
divin. Aujourd’hui, nous savons que cette propriété ne se limite pas à l’ambre : de nombreux
matériaux comme le plastique ont la faculté d’attirer de petits objets une fois frottés.
C’est à la fin du XVIIème siècle que reprennent les travaux sur l’électricité
grâce notamment à William Gilbert (1544-1603). Ce savant anglais qui fut
le médecin de la reine Elisabeth I, reprend les expériences des grecs et
s’intéresse aussi aux phénomènes magnétiques. Il publie en 1600 un
ouvrage De Magnete, Magneticisque Corporibus, et de Magno Magnete
Tellure (Du magnétisme et des corps magnétiques, et du Grand Aimant de
la Terre) dans lequel il utilise le mot êlektron pour qualifier les
phénomènes associés à l'électricité.
En 1662, Otto von Guericke (1602-1686) qui était alors le maire de la ville de Madgebourg
en Allemagne et célèbre pour l’invention de la pompe à vide, met au point la première
machine électrostatique qui générait des décharges électriques. Cette machine sera améliorée
par d’autres savants et permettra des découvertes majeures comme la distinction entre
conducteur et isolant par Stephen Gray (1666-1736). Ce savant anglais est le premier, en
1729, à classer les matériaux en deux catégories : les isolants comme l’ambre, le verre, la soie
qui, après frottements, peuvent attirer des corps légers et les conducteurs comme les métaux,
le corps humain qui n’ont pas cette faculté. Il établit également que l’on peut électriser un
corps non électrisé en les mettant en contact avec un autre corps électrisé.
Au XVIIIème siècle, le chimiste français Charles François de
Cisternay du Fay (1698-1739) alors Grand Intendant du Jardin du Roi,
reprend les expériences de Gray. Il observe alors que deux objets
constitués du même matériau et électrisés de la même façon se
repoussent. Ainsi, deux tiges de verre frottées avec de la soie se
repoussent, tout comme deux morceaux d'ambres frottés avec la
fourrure. Il établit aussi que le verre frotté et l’ambre frottée s’attirent. Il
fait alors l’hypothèse qu’il existe deux sortes d’électricité comme le
montre ce court extrait issu de ces mémoires publiées en 1733 « Il y a
deux sortes d’électricité […] l’une que j’appelle électricité vitrée, et l’autre électricité
résineuse. Le caractère de ces deux électricités est de se repousser elles-mêmes et de s’attirer
l’une l’autre. Ainsi un corps de l’électricité vitrée repousse tous les autres corps qui
possèdent l’électricité vitrée, et au contraire il attire tous ceux de l’électricité résineuse. »
Si Du Fay pensait que ces deux types d’électricité étaient liés à la nature
des corps, Benjamin Franklin (1706-1790), inventeur du célèbre
paratonnerre et co-rédacteur de la déclaration d’indépendance des Etats-
Unis d’Amérique, attribue ces deux types d’électricité à l’existence de
deux types de charges électriques qu’il distingue par les signes + et − ; les
électrisations positives et négatives étant liées à l'excès ou à la perte d'un
« fluide électrique » unique. Il choisit arbitrairement de donner le signe +
aux charges électriques portées par une tige en verre frottée et le signe −
aux charges portées par l’ambre frottée.
2
Il développe cette théorie à partir de 1750, énonce le principe de conservation de la charge
électrique, et interprète l'attraction exercée par un corps électrisé sur un corps léger par une
action à distance. Cette même théorie a été développée indépendamment par l’anglais
William Watson (1715-1787).
Malgré ces progrès importants, cette nouvelle science reste cantonnée aux salons des cours
d’Europe où l’on réalise des expériences d’électricité pour se divertir ; elle ne fournit pas
d’applications pratiques car il s’agit en effet d’électricité de forme « statique ». C’est grâce
aux travaux d’Alessandro Volta (1745-1827) et notamment à l’invention de sa célèbre pile en
1800, que l’électricité entrera dans une ère nouvelle.
3
8. Benjamin Franklin explique que les électrisations positives et négatives sont ANA
liées à l'excès ou à la perte d'un « fluide électrique » unique. De quelle
particule élémentaire s’agit-il ?
………………………………………………………………………………..
9. Lorsqu’on frotte de l’ambre avec de la fourrure, l’ambre porte des charges
électriques négatives. Expliquer comment ces charges négatives sont arrivées ANA
ici.
………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………..
10. Franklin a énoncé le principe de conservation des charges. En vertu de ce ANA
principe, si l’ambre possède des charges négatives, quelles charges sont
apparues sur la partie frottée de la fourrure ?
………………………………………………………………………………..
11. D’après les informations du texte, dans quel cas y-a-t-il répulsion entre des ANA
charges électriques ?
………………………………………………………………………………..
12. D’après les informations du texte, dans quel cas y-a-t-il attraction entre des
charges électriques ? ANA
………………………………………………………………………………..
Correction :
1. Origine grecque.
2. Electron, électricité, électronique, électrolyse, électroscope, électrostatique …
3. Par frottement et par contact.
4. Non.
5. Les isolants, après frottements, peuvent attirer des corps légers ; les conducteurs n’ont pas
cette faculté. Définition du collège : un isolant ne conduit pas le courant électrique,
contrairement à un conducteur.
6. On trouve les neutrons et les protons dans le noyau atomique et les électrons dans le
nuage électronique qui entoure le noyau.
7. L’électron.
8. Il s’agit de l’électron.
9. Lorsqu’on frotte de l’ambre avec de la fourrure, l’ambre arrache des électrons à la
fourrure et porte alors des charges électriques négatives.
10. En vertu de ce principe, si l’ambre possède des charges négatives, la partie frottée de la
fourrure porte des charges positives (un déficit d’électron).
11. Des charges de même signe se repoussent.
12. Des charges de signe opposé s’attirent.
13. On parle d'électricité « statique » parce qu’il n'y a pas de circulation des charges
électriques, contrairement au courant électrique.
4
ACT. 2 : SUR LES TRACES DE THALES, GRAY ET DU FAY
Vous disposez d’un bac dans lequel vous trouverez un pendule électrostatique (boule de
papier aluminium suspendue à un fil non conducteur), des pailles en PVC, une tige en ébonite,
une tige en verre, une tige en métal, un chiffon en laine, une étoffe en soie et en coton ainsi
qu’un étrier pour poser vos tiges et un sèche-cheveu.
Votre mission consiste à mettre en œuvre des expériences d’électrisation pour vérifier les
constats de Thalès, Gray et de Du Fay.
Vous disposez de 10 minutes pour identifier les faits à vérifier et pour proposer à votre
professeur des expériences. Une fois votre fiche complétée et validée, vous devez les réaliser.
Vos capacités expérimentales seront évaluées en continu durant cette activité. Un compte-
rendu détaillé présentant votre mission sera rendu à la fin. Un vocabulaire scientifique adapté,
des explications claires et des schémas légendés sont attendus. Vous disposerez de diverses
fiches pour vous aider à réaliser votre tâche. Faites appel à votre professeur pour obtenir ces
fiches si besoin et pour accéder au matériel nécessaire.
Un petit conseil, pour réussir vos expériences, il faut travailler en atmosphère non humide
avec des objets bien secs et frotter bien fort !
Validation
Faits à vérifier Expérience mise en œuvre Matériel à utiliser
professeur
Thalès
Gray
Du Fay
5
GRILLE D’EVALUATION (durée de l’activité expérimentale : 1 heure)
Binôme : ……………………………………………………………………………………………
COMPTE RENDU
Réaliser un schéma détaillé de l’expérience (soin,
**
légende, organisation).
Extraire des informations des données
**
expérimentales.
Evaluation Rendre compte de façon écrite de manière
***
du compte- synthétique et structurée (problématique posée,
rendu ***
réponse argumentée, conclusion).
Rendre compte de façon écrite en utilisant un
**
vocabulaire adapté et une langue correcte.
Soigner sa production. *
ATTITUDE
Respect du matériel et des consignes de sécurité,
*
rangement de la paillasse à la fin
Note
Chaque ( *) compte 0,5 point /5 /3 /3 /5 /4
/20
Les items en bleus correspondent aux aides possibles : ôter les points d’autonomie si l’élève a
eu recours aux fiches d’aide (« coups de pouce »).
6
FICHES D’AIDE (activité expérimentale)
A distribuer si besoin
Thalès a observé que l’on pouvait électriser de l’ambre afin qu’il attire de petits objets
légers comme des brins de paille, des cheveux ou des plumes. Faites de même ! Si vous
ne savez pas quoi substituer à l’ambre faites appel au coup de pouce n°2.
Gray a classé les matériaux en deux catégories : les isolants comme l’ambre, le verre, la
soie qui, après frottements, peuvent attirer des corps légers et les conducteurs comme les
métaux, le corps humain qui n’ont pas cette faculté. Réalisez des expériences
d’électrisation des différents matériaux dont vous disposez et classez-les en deux
catégories.
Gray a également établi que l’on peut électriser un corps en les mettant en contact avec
un autre corps électrisé. Le pendule peut vous montrer la voie, électrisez-le !
Du Fay a électrisé des objets constitués de différents matériaux pour observer leurs
interactions. Il a établi deux types de comportements selon la nature des matériaux
employés. Identifiez les matériaux qu’il faut utiliser et « mettez le pied à l’étrier » !
Coup de pouce n°2 : Au secours, je ne sais pas quel matériau utiliser pour
réaliser une électrisation
Certes, vous ne disposez pas d’ambre. Recherchez si certains matériaux se trouvant dans
le bac ne pourraient pas le remplacer ; une indication du 1er paragraphe peut vous aider.
Maintenant à vous de frotter bien fort !
Touchez la boule du pendule avec la main pour bien la décharger et approchez une tige
de PVC frottée avec de la laine jusqu’à toucher la boule.
Que se passe-t-il juste après le contact ? Interpréter vos observations.
Coup de pouce n°4 : Au secours, je ne sais pas comment vérifier les constats
de M. Du Fay
Vos tiges de verre et de PVC doivent être bien sèches. Frotter le PVC avec le chiffon de
laine et la tige de verre avec de la soie ou du coton.
Installez une tige frottée sur l’étrier de sorte qu’elle soit en équilibre. Electrisez par
frottement une autre tige et approchez-là de la première.
Observez. Recommencez en changeant l’une des tiges. Vous devez réaliser 3
expériences.
7
SUR LES TRACES DE COULOMB
En 1784, Charles Augustin Coulomb met au point une
expérience réalisée à l'aide d'une balance de torsion de son
invention pour déterminer la force qui s'exerce entre deux
corps électriquement chargés. En 1785, il annonce ses
résultats à l’académie des Sciences dans un premier
mémoire.
Le dispositif mesure environ un mètre de hauteur. Un fil
d'argent très fin est au cœur de l'instrument. Son extrémité
supérieure est pincée dans un micromètre de torsion, sorte
de bouton muni d’un index métallique et de graduations
allant de 0 à 360 permettant de mesurer sa rotation (fig. 2
sur la planche en haut à droite). Ce bouton sert donc à
tordre ce fil sur lui-même de façon contrôlée.
Une petite sphère métallisée A est fixée à un bout d'une tige horizontale isolante suspendue au
fil d’argent. Sur l’autre extrémité se trouve un contrepoids électriquement neutre. La tige est
en équilibre et la torsion du fil d’argent est alors nulle.
On charge une sphère métallisée B et on l'introduit dans le cylindre de verre par un orifice
situé à l’aplomb de la sphère A. A son contact, la sphère mobile A acquiert une charge de
même signe : les deux sphères A et B se repoussent, ce qui met la tige isolante en rotation. La
tige se met à tourner jusqu’à atteindre sa position d'équilibre : la torsion du fil compense alors
exactement la force de répulsion électrique.
On mesure alors l'angle dont a tourné la
Micromètre (bouton gradué) sphère A sur la bande de papier entourant
le cylindre de verre (écart en °). On peut
Fil d’argent modifier la force électrostatique s’exerçant
Sphère B reliée entre les sphères en modifiant la torsion du
à une tige Contrepoids fil d’argent à l’aide du micromètre et
neutre procéder à une nouvelle mesure de l’écart.
Sphère
mobile A Il s’agit d’une expérience extrêmement
Tige isolante délicate. La balance est sensible aux
moindres vibrations. Les sphères se
déchargent rapidement et sont sensibles
Cylindre de verre aux influences électriques de
l’environnement.
Seules trois mesures figurent dans le mémoire que Charles Coulomb présenta à l’Académie
des Sciences en 1785 :
On précise que la force de torsion FT qui, à l’équilibre, est égale à la force de répulsion
électrostatique F, est proportionnelle à la torsion totale du fil qui vaut :
Torsion totale (en °) = écart angulaire entre les sphères + index du micromètre
8
Activité 3 : Modéliser l’interaction coulombienne
1. Ouvrir le tableur Open Office et créer une feuille de calcul présentant le tableau
précédant auquel vous ajouterez une ligne correspondant à l’angle de torsion REA
totale. Programmer les cellules pour calculer la torsion totale.
Index du
0 20 40 60 80 100 130 160 200 250 300 360
micromètre (en °)
Ecart entre les
32,5 26 22,5 19 16 14,5 13 10,5 8 6,5 5,5 4
sphères (en °)
1
Peter Heering, On Coulomb's inverse square law. American Journal of Physics, 1992, 60, 988–996.
9
En 2005 à l'Institut de Technologie de Californie (Caltech), le professeur Alberto A. Martinez
tente à son tour de reproduire l'expérience de Coulomb. Au terme de quatre mois
d'expérimentation acharnée, il affirme : « Ces résultats convergent vers une conclusion :
Coulomb a obtenu par l'expérience les résultats qu'il rapporte2. ».
Voici les résultats obtenu par le professeur Martinez lors d’une série de mesures réalisées le
24 août. L’expérimentation dura du mois de mai au mois d’août 2005 et comporta de
nombreuses séries de 3 mesures (18 séries figurent dans sa publication scientifique) ; seules
trois séries ont été retenues dans cette activité. Elles sont représentatives de l’ensemble des
résultats obtenus.
4. Sachant que Coulomb fut profondément marqué par les travaux d’Issac Newton ANA
sur la gravitation universelle, justifier les soupçons de ces scientifiques.
2
Alberto A. Martínez, Replication of Coulomb’s Torsion Balance Experiment, Archive for History of Exact Sciences, 2006,
60, 517-563.
10
Résultats de la modélisation :
Expérience de Coulomb
700
f(x) = 35601,1 x^-1,92
600
400
300
200
100
0
5 10 15 20 25 30 35 40
1
L’expérience de Coulomb indique que la torsion est proportionnelle à (car 1,92
écart²
2). On sait que la force de torsion FT est proportionnelle à l’angle de torsion totale. Comme
la force de torsion compense la force de répulsion électrostatique à l’équilibre, on peut en
1
conclure que la force électrostatique est proportionnelle à (l’écart angulaire est
d²
proportionnel à la distance entre les sphères puisque leur distance au fil reste constante).
Expérience de Coulomb
Expérience de Heering
700
400
f(x)f(x)
= 35601,1 x^-1,92
= 2232 x^-1,15
600
350
Torsion totale (en °)
Torsion totale (en °)
500
300
250
400
200
300
150
200
100
100
50
00
50 105 15
10 20
15 25
20 30
25 35
30 40
35
Ecart
Ecartentre
ente les sphères
sphères(en
(en°)°)
L’expérience réalisée par Heering indique que la force électrostatique n’est pas
1
proportionnelle à car la puissance est ici égale à -1,15 et non à -2.
d²
En 1785, Faraday (1791-1867) n'est pas encore né. Pourtant, des électriciens amateurs
utilisaient des grilles métalliques autour de leurs dispositifs pour les protéger des
perturbations. Coulomb mentionne avoir pris beaucoup de précautions lors de son
expérimentation mais il n’évoque jamais avoir eu recours à ce type d’écran. De plus, il n’a
publié que trois mesures seulement. C’est pour ces raisons, que Heering remet en question
les résultats de Coulomb.
11
Expérience 10 de Martinez
350
f(x) = 45509,53 x^-1,98
300
200
150
100
50
0
10 15 20 25 30 35 40
1
L’expérience 10 indique que la force électrostatique est proportionnelle à (1,98 2).
d²
De même pour les résultats suivants. Seuls trois essais sur les nombreuses expériences
réalisées par Alberto Martinez et son équipe ont été retenus dans cette activité. L’ensemble
des résultats indique une moyenne de 2,05 aux incertitudes près. Voir l’article publié sur le
site suivant :
https://webspace.utexas.edu/aam829/1/m/Coulomb_files/CoulombExperiment-1.pdf
300 250
250
200
200
150
150
100
100
50
50
0 0
10 15 20 25 30 35 40 45 15 20 25 30 35 40 45 50 55
Ecart entre les sphères (en °) Ecart entre les sphères (en °)
Un site très riche proposant des expériences, des archives, des vidéos :
http://www.ampere.cnrs.fr/
http://www.ampere.cnrs.fr/parcourspedagogique/zoom/coulomb/fortification/index.php
Le premier des sept mémoires de Coulomb lus à l'Académie entre 1785 et 1791 :
http://cnum.cnam.fr/CGI/gpage.cgi?p1=107&p3=8CA121-1%2F100%2F416%2F79%2F316
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