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7 CENTRALES À CYCLE COMBINÉ

Les excellents rendements qu'atteignent aujourd'hui les centrales électriques à cycle


combiné (supérieurs à 60 % sur PCI), sont le résultat de l'intégration en une seule
unité de production de deux technologies complémentaires en terme de niveau de
température : les turbines à gaz, qui fonctionnent à haute température (dans une
machine aérodérivée les gaz entrent typiquement à 1300 °C dans la turbine de
détente, et en ressortent vers 500 °C), et les centrales à vapeur, qui opèrent à des
températures plus basses (entre 450 °C et 30 °C dans ce cas).
Nous avons vu section 2.1.5.1 que la régénération permet d'augmenter sensiblement
le rendement du cycle de Brayton, mais que le pourcentage d'énergie ainsi récupéré
est d'autant plus faible que les niveaux de température et de pression auxquels
travaille ce cycle sont plus élevés. Dans les turbines à gaz modernes, la régénération
est rarement possible ou économiquement intéressante. Une autre manière de
valoriser l'enthalpie résiduelle des gaz d'échappement est de s'en servir comme
source chaude pour un deuxième cycle de production d'énergie mécanique. Les
cycles combinés correspondent à cette nouvelle génération de centrales thermiques.

Figure 7.1.1
Le principe d'un cycle combiné consiste à faire fonctionner en cascade une ou
plusieurs turbines à gaz, suivies d'une centrale à vapeur dont la source chaude est la
source froide des turbines à gaz (figure 7.1.1). Dans ces conditions, les gaz
d'échappement de la turbine à gaz sont valorisés dans une chaudière de récupération
où l'on produit de la vapeur qui est ensuite détendue dans une turbine à
condensation. Le cycle combiné ainsi obtenu est un mariage particulièrement réussi
dans la recherche de l'amélioration du rendement thermique : avec les matériels
disponibles actuellement, les rendements atteints dépassent 55 % et sont donc
supérieurs à ceux que l'on peut espérer, même à moyen terme, des futures centrales à
vapeur les plus avancées.

Signature numérique de Copyright

Copyright 2001-2005 Gicquel Renaud 2001-2005 Gicquel Renaud


ID : cn=Copyright 2001-2005 Gicquel
Renaud, c=FR
La signature n'a pas été vérifiée. Date : 2005.07.23 10:14:31 +02'00'

Extrait de "Systèmes Energétiques, tome 2", Presses de l'Ecole des Mines de Paris
208 Systèmes énergétiques

Comme on le verra section suivante, dans un cycle combiné simple du type de celui
présenté ci-dessous, la turbine à gaz fournit les deux tiers de la puissance totale. La
turbine à vapeur, alimentée en vapeur surchauffée à des conditions de 85 - 100 bars
et 510 - 540 °C, fournit le tiers restant.

7.1 CYCLE COMBINÉ SANS POSTCOMBUSTION


Le cycle combiné le plus simple (dit sans
postcombustion) est représenté figure 7.1.2 :
la température des gaz à l'échappement d'une
turbine à gaz pouvant dépasser 550 °C, ni-
veau de température maximal atteint dans un
cycle à vapeur, il est tout à fait possible de
récupérer l'enthalpie disponible en sortie
d'une turbine à gaz pour chauffer un cycle à
vapeur d'eau.
Moyennant quelques hypothèses simplifica-
trices, il est possible de construire un
diagramme entropique permettant, par un jeu
convenable d'échelles, de superposer les
deux cycles thermodynamiques (figure
7.1.2). Sur ce diagramme, où le travail fourni
est proportionnel à l'aire du cycle, la turbine
à gaz fournit plus de puissance que le moteur
à vapeur (les deux tiers du total en pratique).
On peut parfois améliorer le rendement du
cycle en recourant aux diverses modifi- Figure 7.1.2
cations étudiées lors de la présentation du
cycle à vapeur : resurchauffe et prélèvements.
Toutefois, comme on le verra plus loin, la problé-
matique d'optimisation du cycle à vapeur diffère sen-
siblement de celle des centrales de grande puissance,
du fait des pincements qui apparaissent dans le
générateur de vapeur récupérateur (GVR).
7.1.1 PERFORMANCES GLOBALES
Les échanges enthalpiques au sein d'un cycle combiné
peuvent être résumés par le schéma de la figure 7.1.3.
• la turbine à gaz reçoit la chaleur Qg de la source
chaude. Il en sort d'une part un travail utile τg, et
d'autre part une chaleur (Qv + Qp). Le premier
terme correspond à la chaleur fournie au cycle à
vapeur, le second à des pertes ;
• le cycle à vapeur produit un travail utile τv, et
rejette au condenseur la chaleur Qc.
Appelons ηg le rendement de la turbine à gaz, ηv celui Figure 7.1.3
du cycle à vapeur, ηcc celui du cycle combiné, et ε
l'efficacité du GVR, c'est-à-dire le rapport de Qv à Qp + Qv :

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Centrales à cycle combiné 209

Qv Qg Qv 1 Qv
ε=Q +Q = Q +Q Q =
p v p v g 1 - ηg Qg

τg + τv Qv
ηcc = Qg = ηg + ηv Q = ηg + ε (1 - ηg) ηv
g

ηcc = ηg + ε (1 - ηg) ηv (7.1.1)


Le rendement du cycle combiné est égal à la somme de celui de la turbine à gaz et
du produit de son complément à un par l'efficacité du GVR et par le rendement du
cycle à vapeur.
À titre d'exemple, avec ηg = 0,29, ηv = 0,32, et ε = 0,83, on obtient ηcc = 0,48.
7.1.2 RENDEMENT ET PUISSANCE RÉDUITES
La puissance réduite peut ici aussi s'exprimer sous la forme :
βc
θ-r
W0 = ηcc (7.1.2)
θ-1

η rendement et puissance réduite d'un cycle combiné


55%
r = 20 r = 15 r = 10
50%
r=5
45%
θ=4 θ = 4,5
40%

35%
θ=3 θ = 3,5
30%

25%

20%
W0
15%
0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30 0,35 0,40

Figure 7.1.4
En supposant en première approximation que le rendement du cycle à vapeur varie
linéairement avec la température d'échappement de la turbine à gaz, on obtient en
terme de rendement global et de puissance l'abaque présenté sur la figure 7.1. On y
reconnaît, dans la partie inférieure gauche, la partie correspondant à la turbine à gaz
seule (figure 2.1.13). L'apport du cycle à vapeur est particulièrement significatif : 50
à 60 % de puissance supplémentaire et des gains de rendement de 30 à 50 % selon
les niveaux de température et le rapport de compression.

7.2 CYCLE COMBINÉ AVEC POSTCOMBUSTION


Il est aussi possible de réaliser une postcombustion des gaz d'échappement de la
turbine, pour disposer de plus de puissance sur le cycle à vapeur, et surtout pour
pouvoir mieux réguler le cycle combiné. On parle alors de cycle combiné à post-
combustion (figure 7.2.1). Le rendement chute bien sûr légèrement car la chaleur

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210 Systèmes énergétiques

apportée par la postcombustion n'est pas valorisée dans la TAG. Dans ce cas, la
puissance totale se répartit environ pour moitié entre chaque machine.
Ce type de cycle se rencontre surtout lorsque
l'on convertit des centrales à vapeur classiques
en centrales à cycle combiné, en leur ajoutant
un cycle de tête à gaz. La centrale classique
disposant déjà de sa chaudière, la postcom-
bustion peut y être réalisée sans que des
investissements lourds soient nécessaires.
Par ailleurs, de nombreuses variantes sont
envisageables en matière de cycles combinés :
il est par exemple possible, au niveau de la
turbine à gaz, d'effectuer un refroidissement
intermédiaire pendant la compression, ou une
réchauffe. Des cycles plus complexes sont à
l'étude. Leur présentation détaillée sort du
cadre de cet ouvrage : nous nous limiterons à Figure 7.2.1
quelques considérations thermodynamiques
sur un équipement clé du cycle combiné : le générateur de vapeur récupérateur. Pour
d'autres développements, le lecteur pourra se référer à la thèse d'H. Abdallah
référencée en fin de chapitre 2.

7.3 OPTIMISATION DES CYCLES COMBINÉS


L'analyse thermodynamique du cycle combiné sans postcombustion a montré que le
rendement global est donné par l'équation (7.1.1) : ηcc = ηg + ε (1 - ηg) ηv.
Cette expression montre qu'il est aussi important d'optimiser le cycle à vapeur que le
générateur de vapeur récupérateur, et donc son efficacité ε. Les difficultés
proviennent de ce que le problème est fortement contraint et qu'il peut y avoir
contradiction entre ces deux objectifs.
Nous avons déjà donné section 5.6.2 quelques indications sur la problématique
d'optimisation du GVR. Nous avons notamment vu que la température de rejet des
gaz dans l'atmosphère doit être suffisamment élevée pour éviter toute condensation.
Mais comme on cherche aussi à la baisser le plus possible pour récupérer l'enthalpie
disponible, on constate qu'en règle générale il est inutile d'effectuer de forts
prélèvements sur ce type de centrale à vapeur, les gains restant faibles.
L'optimisation d'un tel cycle combiné repose sur la réduction de ses irréversibilités
internes, qui peuvent être regroupées en trois grandes catégories : les irréversibilités
d'origine mécanique, qui prennent place dans le compresseur et les turbines, les
irréversibilités de combustion, et les irréversibilités purement thermiques, liées aux
écarts de température au sein des échangeurs.
Beaucoup a déjà été fait pour limiter les irréversibilités mécaniques, et la réduction
des irréversibilités de combustion est directement liée à la température maximale des
fumées, elle-même dépendant de la résistance des matériaux composant la chambre
de combustion et surtout les premiers étages de détente de la turbine à gaz (stator et
rotor).
Nous nous intéresserons donc dans ce qui suit uniquement à la réduction des
irréversibilités thermiques, c'est-à-dire à l'optimisation des centrales dont la

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Centrales à cycle combiné 211

température de sortie de turbine est fixée. Ces irréversibilités proviennent des écarts
de température entre les parties chaudes et les parties froides du cycle.
Dans les installations de cogénération étudiées au chapitre 8, les problèmes se
posent de manière similaire, notamment si les besoins en vapeur à haute et moyenne
pression sont importants.
Dans une centrale à cycle combiné, la veine des gaz chauds sortant de la turbine à
gaz doit être refroidie par l'eau du cycle de récupération à vapeur. Dans un cycle à
un seul niveau de pression, cette eau entre dans l'échangeur à l'état liquide à environ
30 °C, après avoir été comprimée par les pompes d'alimentation situées en aval du
condenseur. Elle est ensuite échauffée jusqu'à la température d'ébullition
correspondant à sa pression (économiseur). Elle est alors vaporisée, à température
constante, puis surchauffée, avant d'être détendue dans la turbine à vapeur. Le
schéma de la figure 5.6.7 représente les échanges de chaleur au sein de l'échangeur
entre les gaz chauds et l'eau. Le diagramme enthalpique associé montre que, si l'on
s'impose pour des raisons techniques une valeur minimale des pincements
(différences de température entre les deux fluides), entre les points 6 et 9 d'une part,
et entre les points 4 et 11 d'autre part, les échanges de chaleur se font en fait avec
des écarts beaucoup plus grands dans la quasi-totalité de l'échangeur. Ceci provient
de la nécessité de vaporiser l'eau, qui induit un "palier" très important à température
constante.
L'exemple Thermoptim 7.3.1 correspond à un tel cycle combiné. Les gaz chauds
sortent de la turbine à gaz à 565 °C, et la pression maximum du cycle vapeur est
égale à 120 bars. Dans ces conditions, il est impossible de refroidir les gaz en
dessous de 173 °C, ce qui représente une perte significative (figure 7.3.1).

Figure 7.3.1

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212 Systèmes énergétiques

Le bilan exergétique de ce cycle combiné peut être établi comme indiqué section
1.2.2, ce qui conduit au tableau 7.1.

TABLEAU 7.1 BILAN EXERGÉTIQUE DU CYCLE COMBINÉ À UN NIVEAU DE PRESSION

bilan exergétique T0 = 288,15 K = 15 °C

transfo τ Q m∆h Tk ∆xq m∆xh ∆xhi % pertes


(kW) (kW) (kW) (K) (kW) (kW) (kW)
éco. gaz -1371 -1371 -681 212 6,35 %
éco. eau 1371 1371 469
vapo. gaz -1231 -1231 -768 133 4,00 %
vapo. eau 1231 1231 634
surch. gaz -699 -699 -498 102 3,06 %
surch. eau 699 699 395
compr. eau 12 12 12
turb. vap. -1235 -1235 -1447 211 6,33 %
condenseur -2077 -2077 288 0 -64 64 1,91 %
compr. air 3320 3320 3017 304 9,10 %
turb. gaz -5121 -5121 -5358 237 7,12 %
ch. comb. 6356 6356 4381 1974 59,15 %
échappement -100 100 2,99 %
cycle -3024 -2077 1254 -6 3337 100,00 %

sigma(xq+) 6356
sigma(tau+) 0,00

rendement exergétique 47,5 %

Le rendement exergétique atteint 47,5 %, les irréversibilités principales se situant


toujours dans la chambre de combustion (60 %). Les autres pertes se répartissent de
manière assez équilibrée entre les divers composants et à l'échappement. Par ordre
décroissant, elles prennent place dans le compresseur d'air, la turbine à gaz, la
turbine à vapeur, l'économiseur, le vaporiseur, le surchauffeur, à l'échappement et
dans le condenseur.
Les irréversibilités dans les turbomachines représentent 22,5 % du total. Les
constructeurs poursuivent leurs efforts pour les réduire et des progrès très importants
ont déjà été réalisés au cours des dernières décennies. Par conséquent les possibilités
d'amélioration sont de plus en plus faibles.
Les pertes dans le GVR et celles à l'échappement sont liées, comme nous l'avons
déjà vu. Elles représentent 16 % du total, et 27 % des pertes hors chambre de
combustion. Leur réduction correspond donc à un enjeu important. L'échange de
chaleur idéal correspondrait au cas où la courbe de refroidissement des gaz et celle
d'échauffement de l'eau seraient parallèles. L'échangeur fonctionnerait alors à
contre-courant et les irréversibilités seraient minimales. Ceci est malheureusement
irréalisable avec de l'eau, et le cycle à un seul niveau de pression comporte de fortes
irréversibilités internes.
Pour améliorer les performances du cycle, on utilise plusieurs circuits de vapeur à
des niveaux de pressions différents (deux, trois ou même quatre). L'aire en grisé de

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Centrales à cycle combiné 213

la figure 7.3.2 montre de manière schématique la réduction des irréversibilités


obtenue avec un cycle à deux niveaux de pression.
L'optimisation de tels cycles est un problème
complexe, car, pour obtenir le meilleur refroi-
dissement de la veine de gaz chauds, on dispose de
nombreux degrés de liberté sur les niveaux de
pression, sur les débits correspondants, et sur le
placement des échangeurs (en série ou en
parallèle). La figure 7.3.3 donne un exemple de
réalisation industrielle de GVR à trois niveaux de
pression, avec l'ensemble du cycle combiné. La
figure 7.3.4 montre l'aspect extérieur d'un GVR
supercritique monotubulaire, et la figure 7.3.5
représente l'arrangement des échangeurs d'un
GVR à deux niveaux de pression pour une unité
de cogénération non optimisée.
Figure 7.3.2
Ce problème d'optimisation est tout à fait
nouveau. Il ne se posait pas dans les centrales électriques anciennes, qui, pour des
raisons technico-économiques liées à la résistance thermique des aciers de la
chaudière et à la teneur en soufre des fumées, étaient le siège de très grosses
irréversibilités. Il n'existe donc pas de méthode éprouvée pour le résoudre.

Figure 7.3.3 : Documentation Alstom Power

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